Éditorial L’idée a germé et nous a réuni, Val, Philippe et moi : éditer un Play Hockey Collector ! Le voici sorti de presse, un bel annuaire que nous avons le plaisir et la fierté de vous offrir en cette fin de saison de championnat et à l’aube des JO de Rio où notre équipe nationale messieurs portera tous nos espoirs de médaille. Nous avons eu à cœur de dresser un état des lieux de la planète hockey belge, en prenant du recul, en abordant différentes thématiques, en analysant et en appréciant, en donnant la parole aux figures marquantes de notre sport favori : aux représentants de la FIH, des Fédérations belges, aux présidents de clubs, aux joueurs et joueuses de nos équipes nationales, à leurs coaches et entraîneurs, aux jeunes et aux moins jeunes, sans oublier les conseillers médicaux et certains fabricants d’équipements ou infrastructures. Bref, une sorte de portfolio rassemblant les points de vue et les visions à court et plus long terme ayant comme trait commun la pratique et le développement du sport qui nous réunit. N’hésitez pas à savourer cet ouvrage, à en feuilleter quelques pages, à lire l’un ou l’autre article, à poser votre Collector sur la table de chevet, à le reprendre et à le refeuilleter, à le partager avec vos co-équipier(e)s au sein de vos clubs, à nous communiquer vos appréciations, c’est votre Collector Hockey ! Nous vous en souhaitons bonne lecture ! Val, Philippe, Didier
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Play Hockey • Collector • 2016
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B E LG I A N H O C K E Y P H OTO G R A P H E R
M O D E R N A R T GA L L E R I E S
F UJ I F I L M
B O N B O N . SA LO N D’A RT I SA N C U I S I N I E R « M Y K I TC H E N A L P H A B E T »
C O M P R E S S I O N - C É SA R
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9/02/2016 16:41:36
SOMMAIRE
ersofyourlife
LE HOCKEY BELGE SUBIRA-T-IL LA RANÇON DE SA GLOIRE ? GENTLEMEN, YOUR ATTENTION PLEASE ! ÊTES-VOUS CORPORATE ? AU SERVICE DES CLUBS ET DES MEMBRES TOUS ENSEMBLE AU SOMMET LE BONHEUR EST-IL DANS L’EXIL ? CHACUN SA ROUTE, CHACUN SON TERRAIN SARDAR, LE MAGICIEN INDIEN EN QUÊTE DE RÉDEMPTION INTERVIEW LEANDRO NEGRE NICOLAS COLSAERTS/FÉLIX DENAYER ANNE ZAGRÉ/MAX LOOTENS OLIVIER ROCHUS/LIESELOTTE VAN LINDT L’EHL ENTRE TRADITION ET INNOVATION HOCKEY EN SALLE, ENTRE SATISFACTION ET FRUSTRATION LE HOCKEY EN TOUTE SÉCURITÉ L’ENTRAINEMENT, ÇA COMMENCE À TABLE ! HYDRATATION DU SPORTIF RED LIONS PRÊTS À COMBLER NOS ESPOIRS LES PLUS FOUS ? RED PANTHERS INTERVIEW DE NIELS THIJSSEN LES PORTES DE BEGOLD SONT TOUJOURS OUVERTES C’EST LA LOI DU PLUS FORT COMMENT COMBINER HOCKEY ET ÉTUDES LAURINE DELFORGE SE PRÉPARE POUR RIO L’ARGENT INDIEN RÉGIT LE HOCKEY, IL FAUDRA S’Y HABITUER GAZON SYNTHÉTIQUE WOMEN’S HOCKEY LEAGUE
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EDITEUR RESPONSABLE Bernard de Wasseige RESPONSABLES PROJET
Didier Henet
PLAY HOCKEY COLLECTOR EST UNE PUBLICATION DE Edition Ventures SA Lasne Business Park Chaussée de Louvain 431D 1380 Lasne Tel : 02/379 29 90 Fax : 02/379 29 99 www.editionventures.be
Valentin Thiery
JOURNALISTES
Valérie Decallonne
Eddy Demarez
Philippe De Putter
Floris Geerts
Werner Thys
Laurent Toussaint PHOTOS phdph.com Philippe D. Photography Sprl Chée de Bruxelles 155 – 1560 Hoeilart 0475/43 51 65 – philippe.d@skynet.be LAYOUT Emeric de Baré IMPRIMERIE Corelio Printing
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Play Hockey • Collector • 2016
Bertrand Lodewyckx
Pierre Vangrootloon
© PHDPH.com
Le hockey belge subira-t-il la rançon de sa gloire ?
Texte Pierre Vangrootloon Photo PHDPH
Valeurs, identité, fair-play : les nouvelles missions des écoles de jeunes
Comment le hockey noir-jaune-rouge parviendra-t-il à résoudre cette équation complexe : vivre avec son temps tout en étayant sa croissance et sans perdre ses valeurs et son identité ? Si balancée de la sorte, cette problématique peut faire mal au crâne, il apparaît que c’est par sa base que le monde de la petite balle blanche peut en ressortir grandi. « Cela reste l’une de nos prérogatives : défendre les valeurs de fair-play et de respect des autres inhérentes à la pratique de notre sport ». A l’ARBH, Serge Pilet, le secrétaire général, en est convaincu : « c’est par l’éducation et la formation que le hockey parviendra à préserver ses lettres de noblesse ». Lentement mais sûrement, le hockey se développe à travers de nouvelles régions où il faisait jusqu’à alors figure de mystérieuse disci-
pline. D’Arlon en passant par Saint-Trond. Logiquement, les nouveaux venus qui tentent leurs premiers essuie-glaces ne proviennent désormais plus toujours d’une tradition familiale ou d’une catégorie sociale privilégiée. Ils ne sont pas tombés dedans quand ils étaient petits et doivent appréhender au-delà de la conduite de balle, les us et coutumes du petit monde du hockey. Lorsqu’on tend l’oreille au bar de l’un ou l’autre club, d’aucuns s’insurgent de comportements de plus en plus inquiétants au bord des terrains, ou des réactions excessives envers l’arbitrage. Alors, le hockey doit-il craindre pour son identité ? A la Fédération, on a tôt fait de tempérer
ces événements occasionnels tout en restant vigilant. « Il faut enfoncer le clou au sein des comités sportifs. Par ailleurs, l’ARBH communique à cet égard au sein des clubs via des campagnes d’affichages et de banderoles autour des terrains ainsi qu’en distribuant des chartes », tonne Serge Pilet. Ces débordements qui restent jusqu’ici inquantifiables car complexes voire impossibles à recenser, sont dans la majorité des matricules immédiatement délibérés et sanctionnés. « Ces dérives proviennent aussi du fait que les enjeux sont de plus en plus importants » , souligne également le secrétaire général de la Fédé. Play Hockey • Collector • 2016
Père et fils, même passion, même style, même engagement !
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Mais qu’en pensent les responsables des écoles de jeunes les plus réputées du royaume et quelles sont leurs méthodes ?
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Erik Gysels - Braxgata
Xavier De Greve – Waterloo Ducks
Jean-Philippe Charlot – Orée
« Il ne faut pas vivre dans le passé »
« Il y a beaucoup de talents mais un manque d’encadrement »
« On privilégie le dialogue aux sanctions »
Le président l’assume tout de go : le Braxgata est un club jeune qui a été fondé par une bande de potes qui n’avaient aucune expérience dans le hockey. « Très rapidement, notre stratégie a été de se focaliser sur la base : les plus petits. » Si son club n’a pas hérité d’une tradition séculaire, Erik Gysels n’en reste pas moins un amoureux du jeu, pétri d’une philosophie où la jeunesse tient le premier rôle : « Notre envie est simple : on veut créer de l’émulation au sein des équipes. Concrètement, les jeunes doivent se faire progresser mutuellement. Et on n’hésite pas à faire s’entraîner nos joueuses les plus talentueuses de 15 ou 16 ans avec l’équipe première des Dames. Autre exemple : mon fils qui joue en U18 s’entraîne parfois avec la DH. Pour lui, jouer avec Luypaert, c’est incroyable et ça le fait grandir. » Avant de poursuivre : « D’ailleurs si Loïc Luypaert et Shea McAleese ont rejoint l’équipe, c’est pour leur talent certes mais surtout leur expérience sans que cela ne barre la route aux jeunes qui proviennent de notre école. Et l’identité du club est préservée. » Le but de l’homme fort du Brax est aussi de créer de l’ambiance : « Il faut que les gens qui viennent au club, qu’ils jouent ou non, vivent une expérience. Il s’agit de repenser le hockey au-delà du match en tant que tel. » Résolument optimiste, Erik Gysels balaye d’un revers de la main les jérémiades au sujet de la perte des valeurs. « Il ne faut pas vivre dans le passé ! Le hockey se développe et s’ouvre à un public plus large, cette mutation est évidente et liée aussi à la professionnalisation de notre discipline. »
Depuis plusieurs années déjà, la réputation du club brabançon n’est plus à faire en matière de formation. Le projet initié par feu Coco De Saedeleer a été parfaitement prolongé par Paul Van Laethem avant d’atterrir dans les mains de Xavier De Greve. Le coach de l’équipe première gère également l’école des jeunes. Cela lui promet des journées bien remplies et un solide héritage à porter mais Coche est ravi de relever un tel défi. « Je suis un ancien de la maison, donc je connaissais parfaitement les rouages. La force du Wadu, c’est de pouvoir représenter une équipe de Top niveau dans toutes les catégories. Pour cela, il y a un long processus entamé auprès des plus jeunes via une phase appelée ‘Développement Hockey’ jusqu’en U14 où on dégage des équipes ‘Top Hockey’ . Et le but de cette filière est à terme de faire monter nos talents jusqu’en équipe première. » Si l’école des jeunes est soldout, Xavier De Greve observe, malgré tout, une carence en joueuses. « C’est un problème régional. A Anvers, il y a 50% de garçons et 50% de filles dans les clubs. Ici, il n’y en a que 25%. » Un autre aspect qui l’inquiète concerne le recrutement d’entraîneurs compétents. « Avec le boum du hockey et la demande énorme qui s’en dégage, on se retrouve avec beaucoup de jeunes talents mais un manque d’encadrement. Pour y pallier, l’Adeps a mis sur pied une formation destinée aux coaches. » Et pour faire face aux comportements inappropriés, le club s’est doté d’une cellule éthique dont la mission est de tuer dans l’œuf n’importe quel dérapage.
Biberonné par le vieux sage Alain Geens, Jean-Philippe Charlot vit sa quatrième saison à la tête des jeunes (U14 à U19). Et il ne tarit pas d’éloges à l’égard de son mentor qui est aussi le directeur technique du club : « C’est le couteau suisse de l’Orée. » Dans le sillage de l’ancien entraîneur de l’équipe nationale, l’homme entend prolonger sa vision et sa philosophie. Ce qui caractérise le club bruxellois, « c’est avant tout son envie d’innover et de toujours rester à la page » , explique-t-il. « Les techniques d’entraînement ne cessent d’évoluer : que cela soit au niveau du rythme, de l’organisation ou de l’espace sur le terrain. Il y a toujours moyen de progresser. » Avec ses 850 jeunes, l’Orée développe une approche méthodique soigneusement élaborée. « Jusqu’aux U12, il nous paraît primordial de conserver un brassage entre les différents niveaux de joueurs et joueuses. Ce n’est qu’à partir des U14 que l’aspect performance et compétition entre en jeu. » Par ce système, on observe que pas moins de 18 des 20 équipes d’âge sont alignées au sein de catégories relevées. « Il faut dire aussi que chacun de nos jeunes est évalué minutieusement à la fin de la saison. » Rien n’est laissé au hasard au rayon encadrement tout comme en ce qui concerne le comportement. « Avec les succès de notre équipe nationale, le hockey s’est médiatisé et est devenu plus populaire. C’est donc naturel qu’il y ait une évolution du public, qui n’est pas toujours éduqué aux rouages de ce sport. » Et pour remédier aux dérapages, « qui restent exceptionnels » , l’Orée « privilégie le dialogue aux sanctions ».
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Gentlemen, your attention please !
Texte Pierre Vangrootloon Photos Anne-Françoise Tasnier
Depuis sa création en 2003, la catégorie des Gentlemen a enregistré une progression phénoménale de son taux de participants. De 4 équipes la première saison, les Gents ont atteint le chiffre record de… 104 ! Une croissance fulgurante qui aurait abîmé l’esprit initial insufflé par ses fondateurs. Alors les Gents, victimes de leur succès ? C’est du moins le ressenti de son président fondateur Marc Defise, qui avait été soutenu dans son entreprise par Coco De Saedeleer et Alain Geens à l’époque. « A la base, on avait lancé ce projet pour initier les parents à la pratique du hockey. La plupart accompagnaient leur bambin le samedi au bord des terrains, mais ne connaissaient toujours pas les règles. Et l’idée, c’était de leur permettre de se retrouver le lundi soir pour décompresser et s’amuser. On faisait péter le champagne à la mi-temps et les rencontres étaient totalement dénuées d’esprit de compétition. Avec l’explosion du nombre de participants, cela a un petit peu changé… » Autre particularité de cette formule inédite réservée aux plus de 35 ans, les matches se disputent sur demi-terrain à 7 contre 7. « C’était beaucoup plus facile à rassembler qu’une équipe de 11, surtout lors d’un déplacement à Anvers », sourit-il. Mais si l’initiative était de faire se rencontrer les papas avant un bon dîner, en quelques années à peine, de nombreux férus de la gagne s’y sont greffés et en ont parfois oublié les préceptes de base. « C’est vrai que par rapport à la charte élaborée par les Gents, l’esprit s’est un peu envolé. » Et cette dynamique s’explique par le débarquement d’un flux de joueurs provenant notamment des Vétérans ou des Mineures. « Alors qu’on voulait faire tout le contraire ! », siffle Marc Defise. « J’espérais que parmi ces
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papas néo-hockeyeurs qui jouaient en Gents, une frange file en Vets. Mais c’est le processus inverse qui s’est installé : des joueurs trop forts ont rejoint les Gents. Qui plus est, un fossé générationnel s’est installé entre les 35-40 ans et ceux de la première vague qui ont maintenant 55 et plus. » Néanmoins, il ne faut pas dramatiser. « La bonne ambiance reste de mise globalement et en 13 ans très peu d’accidents sont à déplorer », poursuit l’instigateur de cette ligue. Alors, quelles solutions redonneront envie aux amateurs de la première heure de regoûter à un verre de mousseux ? « Peut-être faudrait-il repenser le système.
On pourrait subdiviser les trois ligues existantes ou carrément réformer le schéma de la compétition » , suggère Benoît Coppieters, Office Manager à l’ARBH. Faisons le pari que ces messieurs parviendront à décrocher un Gentlemen’s agreement. Off course… LES LADIES BIENTÔT PRIVÉES DE MOITIÉ ? Du côté des Ladies, qui évoluent sur un terrain entier, la Fédé envisage prochainement de revoir la formule et de l’adapter à celle des Gents : soit 7 vs 7 sur un demi. Un vote aura lieu à l’ARBH dans le courant du mois d’avril. Si la décision devait être avalisée, elle ne serait d’application qu’à partir de la saison 2017-2018.
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Êtes-vous corporate ? Cela fait désormais huit ans que Gaëtan Derenne est à la tête de Hockey Corporate, un projet qui surfe sur un succès exponentiel. Des 10 petites équipes qui constituaient la première édition de ce tournoi conviant des employés d’entreprises publiques ou privées à tâter le stick, on en dénombre désormais plus de 130 émanant de 108 sociétés.
Texte Pierre Vangrootloon Photos G. Derenne
Chaque année, une série d’événements sont organisés entre mai et juin. « C’est une période creuse durant laquelle il est plus facile de profiter des infrastructures d’un club et cela juste avant les grandes vacances, ce qui permet une affluence plus importante », souligne Gaëtan Derenne. Le concept a rapidement séduit les grosses sociétés comme les plus petites structures et l’aspect ponctuel est privilégié pour une raison toute simple : « c’est une grande fête sportive et cela doit le rester. Etendre ce projet à toute l’année via le développement d’une ligue le dénaturerait. Qui plus est, ce ne serait pas envisageable pour un problème d’infrastructures, les terrains sont déjà pour la plupart saturés. » Au-delà de l’aspect festif engendré par l’imagination des participants via des déguisements, des concours ou même la réalisation de petits films, « cette initiative constitue une formidable expérience de team building pour les entreprises. Cela renforce le sentiment d’appartenance des employés à leur firme grâce à un objectif commun : vaincre le concurrent ! », analyse l’initiateur du projet. Grosso modo au sein des participants, une personne sur deux a déjà pratiqué le hockey. Dès lors, les organisateurs ont planché sur trois niveaux de jeu : débutant, fun et expert. Cela permet de satisfaire tout le monde et d’éviter qu’il y ait de trop importantes divergences de niveau entre les équipes. Une formule gagnante qui envisage désormais de se développer en Flandre. Comme quoi, être corporate, ça paie. Et surtout dans le hockey… Play Hockey • Collector • 2016
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La fédération change de peau et s’installe à Auderghem, sur le site du Parc Hockey club. 16
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Au service des clubs et des membres
Texte Laurent Toussaint Photos PHDPH
D’ici quelques mois, le hockey belge fêtera déjà le quatrième anniversaire d’une scission, acceptée à contrecœur par beaucoup. Mais, au final, cette régionalisation « forcée » semble s’être révélée plutôt bénéfique pour l’ensemble des acteurs de la discipline dans notre pays. Etat des lieux. La troisième tentative avait donc été la bonne pour le hockey belge qui n’avait eu d’autre choix que d’accepter la régionalisation après deux premières tentatives avortées en 2002 et 2004. En juin 2012, l’assemblée générale votait donc en faveur de la scission, qui était devenue inexorable pour pouvoir continuer à bénéficier des subsides octroyés par les deux Communautés via le Bloso (devenu Sport Vlaanderen depuis le 1er janvier dernier) et l’Adeps. La Ligue francophone de hockey (LFH) et la Vlaamse Hockey Liga (VHL) voyaient donc le jour, chapeautées par l’Association royale belge de hockey (ARBH), qui reste, toutefois, en charge des championnats nationaux honneur, 1 et 2, et des équipes nationales. Un changement effectué tout en douceur qui a immédiatement fait ses preuves comme le souligne Serge Pilet, le secrétaire général de la Fédération. « La scission était déjà une réalité au moment où je suis arrivé à l’ARBH et je dois bien reconnaître que je ne trouve que des points positifs à la manière dont nous travaillons aujourd’hui au niveau du hockey belge. Je rappelle tout de même que la raison principale pour laquelle la scission a été votée était financière. Il n’y avait pas d’autres raisons. Il était principalement question d’assurer le financement de notre discipline grâce à des subsides importants et assurer ainsi notre fonctionnement mais aussi financer de manière durable les équipes nationales. » Et même si certains membres estiment qu’ils ont été mis au pied du mur par une décision qui ne les concernait pas réellement, cette mutation des structures n’a, au final, eu que très peu de conséquences sur la pratique de leur sport. « Cette scission n’a pas eu un réel impact sur le quotidien des hockeyeurs si ce n’est au niveau de l’organisation de certains championnats, poursuit Serge Pilet. Toutefois, aujourd’hui, grâce à cette régionalisation, les
gens doivent nettement moins se déplacer dans le pays pour disputer des rencontres de championnat. Finis les déplacements entre Knokke et Arlon ou que Tournai joue à Neerpelt le samedi matin à 8h30. » LE SECRET DE LA RÉUSSITE DE CETTE SCISSION Il demeure certainement dans la bonne entente qui règne depuis les premiers jours entre les différentes entités. Un élément souligné d’emblée par Patrick Keusters, le président de la Ligue Flamande : « Je pense que l’élément essentiel de cette réussite collective, c’est le fait que les bonnes personnes se retrouvent au bon endroit. Il y a un parfait esprit de transparence et de collaboration dans notre manière de travailler au quotidien. Cette coopération est fructueuse à tous les niveaux. L’important est que les trois entités soient gagnantes lorsque nous prenons des décisions. Le rapprochement physique entre les différentes structures va naturellement dans le même sens et dans un esprit de
cohérence. Cette scission a été orchestrée de manière intelligente par tous les acteurs et c’est naturellement tout bénéfice pour les membres et les clubs du pays. » L’ARBH, la VHL et la LFH partagent les mêmes locaux, ce qui facilite tout naturellement les contacts et les échanges d’informations au quotidien. Une proximité géographique toute bénéfique pour les clubs et les membres qui demeurent au centre du projet. Pour Yves Henet, le président francophone, il faut toutefois se montrer vigilant : « Le bilan est évidemment positif pour le moment. La décision était la bonne car elle nous a permis de mener une politique de développement à travers la vitrine des équipes nationales. La situation devenait réellement intenable pour les clubs du Royaume vu la réalité politique du pays. Nous avons donc procédé à cette évolution au bon moment. Je reconnais que la collaboration est excellente. Nous tentons
Inauguration des nouveaux locaux de la fédération en présence de : en bas à gauche, Marc Coudron, René Collin ministre wallon des sports et infrastructures sportives, Yves Henet (LFH). En haut en partant de la gauche : Serge Pilet, Patrick Keusters (VHL), Christophe Van Dessel (VHL) et Dominique Coulon (LFH).
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50.000 MEMBRES EN 2020 ! Le hockey a grandi et s’est développé sereinement dans notre pays depuis 15 ans pour figurer, aujourd’hui, dans le top 5 des disciplines pratiquées dans notre royaume. L’ARBH comptait, au 1er janvier 2016, 38.953 membres dont 33.965 joueurs effectifs. « La croissance de notre sport est conséquente puisque le nombre de membres augmente environ de 10% chaque année, précise Serge Pilet. Nous espérons d’ailleurs dépasser les 40.000 vers la fin de la saison. Mais cette évolution a de nombreuses implications sur le travail de la Fédération et des deux Ligues nationales puisque nous devons nous montrer à la hauteur de la confiance accordée par nos membres. »
d’apporter le meilleur service possible aux clubs. Tant que l’histoire du hockey dans notre pays reste positive, tout se passera bien au niveau du respect des valeurs, des résultats et de la croissance. Mais qu’en sera-t-il si la situation change et qu’elle se complique pour l’une ou l’autre raison ? Je ne suis pas naïf. Nous avons déjà vu certaines dissensions entre les deux entités sur certains dossiers. Il faut donc rester attentifs et dialoguer pour rester sur la même longueur d’onde et poursuivre dans la même direction. »
Avec une proportion relativement équilibrée entre les deux parties du pays en termes de membres ou de clubs, la discipline possède encore de belles perspectives pour la poursuite de son développement. Le grand défi sera de pouvoir absorber cette augmentation du volume de membres en proposant des infrastructures adéquates et en augmentant le nombre de terrains aux quatre coins du pays mais surtout à Bruxelles. EVOLUTION DU NOMBRE DE MEMBRES ARBH : 1995 13.000 membres 2000 13.300 membres 2005 17.400 membres 2010 25.000 membres 2015 38.500 membres
consiste principalement à œuvrer au développement du hockey dans notre région, poursuit Yves Henet. Nous avons un rôle important dans l’accompagnement des membres et des clubs (développement de la structure, encadrement et gestion.), nous organisons les championnats et, enfin, nous concentrons une large partie de nos efforts sur deux pôles importants : la formation et le développement des infrastructures. Le plus important pour l’avenir est, aujourd’hui, de mettre en place une réforme des championnats.
Avec un budget annuel qui avoisine les 6 millions d’euros, dont la moitié consacrée aux équipes nationales, la Fédération dispose donc, aujourd’hui, de moyens importants. UNE CROISSANCE CONTRÔLÉE ET MAÎTRISÉE La grande chance du hockey belge contrairement à d’autres Fédérations qui ont également dû accepter la régionalisation, comme le volley ou le rugby, c’est qu’il peut s’appuyer sur une discipline qui est aussi développée dans les deux parties du pays avec un nombre quasi équivalent de membres et de clubs de chaque côté de la frontière linguistique. Une situation qui permet aux deux Ligues de travailler à la même vitesse en menant des projets semblables. « Notre travail 18
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Il est encore trop tôt pour expliquer ce changement car nous sommes actuellement en train de présenter cette évolution aux dirigeants à travers le pays. Nous aimerions pouvoir mettre cela en pratique au plus vite mais cela ne se fera qu’avec un feu vert de tous les clubs. » Les trois entités sont, en tous cas, bien conscientes que l’essentiel de leur tâche est la palette des services qu’ils proposent au quotidien. Et l’explosion du nombre de hockeyeurs doit être clairement
contrôlée, maîtrisée et compensée par des engagements au sein des différentes structures pour pouvoir répondre à la demande de plus en plus importante de la part des affiliés. C’est l’enjeu essentiel du projet pour ces prochaines années. DES BUDGETS NÉCESSAIRES POUR ATTEINDRE LE SOMMET MONDIAL Avec un budget annuel qui avoisine les 6 millions d’euros, dont la moitié consacrée aux équipes nationales, la Fédération dispose donc, aujourd’hui, de moyens importants pour accompagner en bon père de famille la poursuite de l’évolution du hockey belge et permettre aux Red Lions et aux Red Panthers de s’installer durablement au sommet mondial. Un dernier point qui suscite trop souvent encore des commentaires, car de nombreux membres estiment que trop d’argent est consacré à ces deux équipes au détriment d’autres projets. Une affirmation que réfute le secrétaire général : « Les montants alloués à l’ensemble des équipes nationales à tous les niveaux sont avant tout constitués de subsides octroyés par Sport Vlaanderen, l’Adeps et le COIB. Ces 3 millions d’euros sont nécessaires pour maintenir nos équipes à ce niveau-là sur l’échiquier mondial. Mais la proportion de l’apport annuel de la Fédération à cette somme globale est restée la même en termes de pourcentage. Ce que les gens oublient, c’est que ces montants importants ne seraient pas investis dans les clubs par le politique s’ils n’étaient pas destinés aux équipes nationales. Ce sont des montants qui sont utilisés pour soutenir les sports qui rayonnent au niveau international. » Malgré cette politique ambitieuse, concertée et réfléchie, certains estiment donc qu’il est toujours de bon ton de critiquer la Fédé. « En choisissant ce métier, je savais que ce serait comme cela, conclut encore Serge Pilet. Mais je le répète, nous faisons notre maximum au quotidien pour répondre à toutes les demandes et à toutes les questions de nos membres. Je sais que les gens se plaignent beaucoup de la programmation, par exemple, mais c’est parce que nous tenons compte de très nombreux facteurs et des demandes spécifiques. Un de nos gros problèmes, c’est que nous ne communiquons toujours pas assez sur ce que nous faisons. Le grand public ne comprend pas toujours certaines décisions qui sont prises ou certains choix qui sont posés. C’est à nous d’être plus pédagogues ! »
ET SI MARC COUDRON REPARTAIT POUR UN TOUR ? Lorsqu’il a succédé, en 2005, à Jean-Claude Leclef qui, après dix ans de mandat, souhaitait remettre son tablier, Marc Coudron présentait un CV sportif impressionnant avec 358 sélections sous le maillot national et un double Stick d’Or (1987 et 1996). Ses références au niveau gestion et management étaient, elles, un peu moins évidentes. Mais qu’importe. Le Bruxellois a rapidement fait l’unanimité. Homme charismatique et de dialogue, qui a toujours réussi à bien s’entourer, le Bruxellois (46 ans) est devenu rapidement le porte-drapeau d’une discipline en pleine mutation. En dix ans et trois mandats, il a relevé avec brio l’ensemble des défis posés par une adhésion croissante (129% en 15 ans !) et il est parvenu à parfaitement manœuvrer, il y a trois ans, une fédéralisation devenue inéluctable. Mais à mi-mandat, les premières questions se posent sur la suite de l’aventure. Le président souhaite-t-il éventuellement faire un pas de côté afin de consacrer un peu plus de temps à sa petite famille, et à ses trois enfants, mais aussi à sa carrière professionnelle qu’il mène toujours de front puisque, pour rappel, sa fonction à la tête de l’ARBH n’est pas rémunérée : « A l’heure actuelle, je n’ai toujours pas pris la moindre décision quant à mon avenir, précise Marc Coudron (Président ARBH) et Serge Pilet (secrétaire général de la fédération).
d’emblée Marc Coudron. Mon mandat n’expire qu’en 2017 et je suis toujours autant passionné par le hockey. Je ne veux pas me fixer un éventuel agenda afin de décider de mon avenir à la tête de l’ARBH. Nous verrons d’abord s’il y a d’autres candidats. Si ce n’est pas le cas, je serai obligé de continuer. Mais ce qui compte, ce n’est pas ma personne mais bien le projet qui sera mis en place pour les quatre prochaines années. » QUE VA-T-IL SE PASSER EN JUIN 2017 ? Le Bruxellois, qui est aussi membre du COIB et du board de la FIH, est-il prêt à passer la main ? L’ARBH peut-elle gérer une succession à un moment clé de son histoire ? Quel candidat aussi emblématique pourrait incarner demain le futur du hockey belge ? Les questions sont nombreuses, les réponses moins évidentes. Mais, comme souvent en Belgique, la solution envisagée pourrait être innovante et inédite. Marc Coudron pourrait se présenter pour assumer un quatrième mandat, mais d’une durée de deux ans seulement, afin de consolider encore un peu plus la position des deux ligues mais surtout pour éviter, tous les quatre ans, de renouveler, au même moment, les trois postes de président. Il pourrait alors ensuite laisser la main, le sentiment du devoir accompli. Les paris sont d’ores et déjà ouverts !
« A l’heure actuelle, je n’ai toujours pas pris la moindre décision quant à mon avenir. »
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« Tous ensemble au sommet »
Texte Valentin Thiery Photos PHDPH
Le plan 2016/2020+ de l’ARBH a pour objectif de faire progresser le hockey belge en prenant tout le monde en considération, des équipes nationales aux plus petites formations des plus petits clubs. Avec les élections de 2017 en toile de fond, Marc Coudron, président de la Fédération, fait le point. Jusqu’où le hockey se développera-t-il en Belgique ? Personne ne peut le prédire. Par contre, il est possible de réfléchir pour lui permettre de grandir dans les meilleures conditions partout sur le territoire. Cette réflexion, l’ARBH l’a expliquée dans son plan 2016/2020+. « Un plan qui devait rapidement voir le jour. On ne gère pas les 16.000 membres de 2005 comme les 39.000 actuels. On devait passer un cap sans quoi nous
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allions décroître , débute Marc Coudron, président de la Fédération, réduire l’écart avec le top mondial était l’un des objectifs après l’intronisation de « Coco. » Une fois les qualifications pour Londres 2012 actées, le but était de ramener une médaille dans les tournois majeurs féminins et masculins. Une mission plus ou moins accomplie chez les hommes (2 e ) à l’Euro 2013 et la World League 2015 mais seulement 5 e à la Coupe du Monde 2014 à La Haye. Côté
féminin, au-delà de la fulgurante ascension en Belgique (parité prévue pour 2020), les résultats des Red Panthers étaient en deçà des espérances, en témoigne leur absence à Rio 2016. « La prochaine étape pourrait être tous ensemble au sommet » , suggère Marc Coudron. « Mais pas uniquement les équipes nationales. Les arbitres, les jeunes, les vétérans, la salle. Le seul but est le développement du hockey belge dans son ensemble. »
3 clés pour un horizon 2016/2020 à succès CONSTRUIRE AVEC LES CLUBS UN MODÈLE DE CROISSANCE PERMETTANT D’ACCUEILLIR 50.000 MEMBRES DANS UN ENVIRONNEMENT DE QUALITÉ D’ICI 2020. « C’est une évolution naturelle. Aujourd’hui beaucoup trop de clubs sont saturés. Nous avons noté qu’il faudrait dix nouveaux terrains par an pour absorber tout le monde. Nous mettrons aussi en place des actions pour faire perdurer les valeurs de notre sport. Enfin, nous continuerons de soutenir les clubs, anciens et nouveaux, en leur donnant les outils adéquats car les présidents, bénévoles ou administrateurs ont de plus en plus la pression. » CONSTRUIRE UN MODÈLE SPORTIF QUI PERMETTRA À NOS ÉQUIPES NATIONALES DE VISER DES PODIUMS OLYMPIQUES DANS LA CONTINUITÉ. « Nous irons chercher une médaille pour les hommes (comme en 2016) et un Top 5 à 8 pour les dames aux JO 2020 (puis une médaille en 2024). Pour y parvenir, les entraînements seront très importants. Les 4 séances par semaine pour les joueurs, est-ce tenable ? », s’interroge Marc Coudron. Dans le plan de l’ARBH, il n’est pas question de déconnecter les clubs de l’équipe nationale mais il est indispensable de trouver une formule pour la DH afin d’augmenter le niveau du championnat en limitant la fatigue des internationaux avant les compétitions. « Voilà pourquoi il faudra bien se concerter avec les clubs », commente-t-il.
« Point de vue financier, si nous continuons de pousser, davantage d’argent sera nécessaire. » La volonté est donc de dégager 4 à 5 millions contre les 3,3 millions actuels, d’après 2016/2020+ qui évoque entre autres l’idée d’un crowdfunding pour soutenir le projet de médaille. » La Fédération souhaite aussi la construction d’un centre d’excellence unique et des centres d’entraînement régionaux, afin d’offrir les meilleures conditions. « Nous ne pouvons pas sortir du train. Si tu sors du train, tu perds le niveau, les résultats et donc de l’argent. Le Bloso, l’Adeps, le COIB et les sponsors nous soutiennent car nos équipes nationales sont au top et nos jeunes jouent bien. C’est dans cette idée-là que je suis déçu de la non-qualification des filles pour le Brésil. Avec elles, nous aurions eu deux locomotives pour tirer l’ensemble du hockey belge vers le haut. En termes d’impact médiatique, ça aurait été autre chose. Bien sûr, ce sont les équipes nationales qui sont les plus visibles. Mais nous disposons d’autres locomotives qui font progresser notre sport. Le travail des clubs par exemple. La preuve, à Londres 2012 où l’Argos, Knokke, l’Avia ou l’Indiana étaient représentés. Bref, je veux que tout le monde profite du développement du hockey. Mon rêve, c’est d’avoir l’équipe hommes et l’équipe dames aux Jeux 2020, mais aussi un et une arbitre. Et pourquoi pas déjà à la Coupe du Monde 2018 ? Au niveau top club, j’aimerais qu’une de nos formations gagne l’EHL. Plus localement, que tout le monde s’y retrouve dans le fonctionnement du championnat. » Play Hockey • Collector • 2016
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CONSTRUIRE UN MODÈLE DE GOUVERNANCE AVEC LES LIGUES ET LES CLUBS PERMETTANT UNE GESTION DE QUALITÉ DE CHACUN DES ORGANES, DANS UNE OPTIQUE DE COHÉRENCE ET DE COLLABORATION. Le plan prévoit notamment de mieux communiquer avec les clubs et le monde extérieur, mais aussi d’avoir les groupes de travail les plus compétents possibles. Mais en 2017, il y a des élections. Faudra-il réorganiser les rôles au niveau des comités et des commissions dans les Ligues ? Les trois présidents sont en fin de mandat. Yves Henet (LFH), Patrick Keusters (VHL) et Marc Coudron continueront-ils ? Le plan 2016/2020+ sera-t-il remis en question ? L’actuel homme fort de la Fédération n’est pas inquiet. « Nos potentiels successeurs peuvent ne pas s’inscrire dans la même idée de projet. J’espère juste que cela reste positif pour notre sport. Le seul problème selon moi, c’est l’apparition de forces contraires, qu’on ne soit plus dans un schéma où on cherche des solutions ensemble mais plutôt où on est opposé. On en est à des dizaines de kilomètres, mais il faut rester vigilant. » Pour « chercher des solutions ensemble », mieux vaut avoir une bonne collaboration. À en croire les présidents des trois Ligues, aucun souci de ce point de vue. « Je suis ravi », confirme Marc Coudron. « C’est aussi ça la force du hockey. Les secrétaires généraux, les différents staffs, les gens en dessous ou dans les clubs : nous disposons de personnes de qualité ». Et Patrick Keusters de confirmer : « La gouvernance a bien été établie lors de la scission en 2012. Elle favorisait la collaboration entre la coupole (ARBH) et les deux Ligues. Il n’y a pas de problème dans le travail qui se fait au quotidien. Beaucoup des gens de la Fédération ou des Conseils d’Administration se connaissent depuis longtemps et ont des vues communes sur le hockey et ses valeurs. Les structures sont mises en place pour que le futur se passe harmonieusement. De plus, ni le Bloso ni l’Adeps ne nous pousseraient à être plus indépendants. Ce serait contre-productif. » Yves Henet va également dans ce sens. « Les élections seront un tournant à bien négocier. Les conventions qui lient les différentes entités seront à renouveler. Jusqu’à présent, tout se passe très bien. Notre point fort est de disposer de vrais gestionnaires qui font tourner les clubs et les fédérations. » « TOUT NE POURRA PAS ÊTRE RÉALISÉ » Présenté à l’Assemblée générale début juin 2015, le plan a globalement été bien accueilli par le Bloso, l’Adeps, le COIB et les sponsors, d’après Marc Coudron. « Mais par définition, tout ne pourra pas être réalisé. Le côté sportif est très aléatoire. On visait Rio pour les filles, il y a finalement eu un accident de parcours. L’impact des Jeux sera peut-être plus grand que prévu avec une augmentation de membres supérieure aux 10% estimés. En tout cas, je reste idéaliste et naïf en espérant que les choses se développent. En relisant mon premier discours comme président, j’ai constaté que je l’étais déjà il y a 10 ans. »
« C’est aussi ça la force du hockey. Les secrétaires généraux, les différents staffs, les gens en dessous ou dans les clubs : nous disposons de personnes de qualité. » 22
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LE HOCKEY VEUT DEVENIR UN SPORT VERT Indépendamment du plan 2016/2020+, Marc Coudron a lancé quelques idées pour faire passer le hockey au 21e siècle en le rendant plus écolo. Et si le système de tax shelter réservé au monde de l’audiovisuel s’appliquait aux infrastructures sportives ? Le tax shelter, c’est ce qui permet à des sociétés de réduire leur bénéfice imposable en fonction des investissements faits dans des œuvres audiovisuelles. Appliqué au sport, cela permettrait de développer et/ou moderniser des infrastructures sportives. « Lors de chaque stade de la construction de ces nouvelles installations, il y aura une obligation d’audit pour garantir que
les conditions soient bien respectées. On pourra penser exclusivement en termes de zéro déchet et zéro émission. Les bâtiments pourront également être utilisés par des personnes âgées ou des écoles pendant les heures creuses. Enfin , les autorités réduiront de manière importante leurs investissements publics », explique le président de l’ARBH. « Côté francophone, on se retrouvera avec 55.000€ de dépenses en moins. Sans compter l’impact sur l’emploi ou la TVA. » Et si l’optique de jouer au hockey devenait une pratique plus écolo ? « D’après mes estimations, chaque membre fait en moyenne environ 1000km par an. Pendant 4 ou 5 ans, chacun pourrait payer
1€ de cotisation en plus. Grâce à cet argent, on planterait des arbres à Madagascar qui compenseraient toutes les émissions de CO2 des hockeyeurs en Belgique ». Et si la dernière piste s’appellait « Get and Give » ? « J’aimerais que les surplus et les fins de série de matériel sportif dûs à un changement de sponsor par exemple, soient envoyés dans les pays où le hockey a du mal à se développer. Ainsi, les 84 clubs belges parraineraient les 84 fédérations les moins favorisées ». « Nous ne sommes pas dans notre bulle. On doit se prendre en main au niveau des responsabilités sociétales. »
Pendant 4 ou 5 ans, chacun pourrait payer 1€ de cotisation en plus. Grâce à cet argent, on planterait des arbres à Madagascar qui compenseraient toutes les émissions de CO2 des hockeyeurs en Belgique.
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De nouveaux championnats en 2017/2018 ? L’Association Royale Belge de Hockey a présenté aux clubs son projet de réforme des championnats vers la mi-février. Le plan définitif sera ensuite proposé en Assemblée Générale puis voté lors d’une A.G. extraordinaire. Il n’y aura peut-être bientôt plus qu’une équipe par club dans le championnat de Belgique de hockey. Du moins dans la compétition « Belgian » . « Belgian », c’est le nom donné aux championnats nationaux dames et messieurs qui ne compteront que les équipes premières des clubs. Exit donc les Léopold 3 (D.1), Leuven 3 (D.2) et divisions régionales. Côté féminin comme masculin, il y aura en DH, en D.1, en D.2, en D.3A et D.3B, 12 équipes fanions. Les 2e et 3e noyaux des clubs se retrouveront eux dans la branche « Open » du championnat. De la poule DH « Open » jusqu’à Régionale 3 « Open », il y aura également 12 équipes. Les messieurs seront dans l’obligation d‘avoir une équipe en « Belgian » pour inscrire une ou plusieurs équipes en Open, mais pas chez les dames, propose-t-on dans le projet. Parmi les raisons de cette réforme, l’ARBH a pointé la gestion de la croissance (+/- 8% par an). « Nous prévoyons 50.000 membres d’ici 2020. Malheureusement, les terrains ne suivent pas cette croissance », explique Xavier Caytan, le président de la Commission Compétitions. « Pour le moment, nous pouvons gérer. Mais vu le nombre d’équipes qui augmente sans cesse, nous avons imaginé de réorganiser les championnats pour que tout le monde s’y retrouve, puisse jouer mais puisse aussi évoluer au niveau le plus juste. Actuellement, certaines équipes 3 ne peuvent monter de division car leur équipe première y est. Dans le championnat réserve, les équipes 2 des clubs présentent souvent des éléments au niveau de mineure. Cette harmonisation permettra en outre aux petits clubs de gar-
der leurs talents pour tenter de monter dans la hiérarchie. Dans l’autre sens, les grands clubs pourront confier leurs jeunes à un championnat réserve compétitif et attractif. » LA PROMOTION DU HOCKEY FÉMININ A ÉGALEMENT ÉTÉ MISE EN AVANT DANS LE PROGRAMME. Chez les dames, une catégorie +30/+35 voit le jour. Elle jouera sur un terrain complet. Les Ladies passent par contre sur un demi-terrain à 7 contre 7. « Avec la création de ce nouveau championnat juniors vétérans, il y aura plus de possibilités et de facilités à créer de nouvelles équipes. » Les championnats féminins se dérouleront le samedi. Cela devrait permettre à certains arbitres nationaux de faire des doubles weekends. Car dans le projet de l’ARBH, les DH et D.1 « Belgian » ainsi que la DH « Open » disposeront d’arbitres officiels. Tout comme toutes les divisions « Belgian » messieurs et la DH « Open » qui joueront le même jour. « Le Comité a beaucoup travaillé pour avoir de nouveaux arbitres. Notamment grâce au système d’e-learning, qui a déjà fait 24 nouveaux arbitres nationaux (à la mi-février). Ces nouveaux hommes en jaune devront nous permettre en 2017/2018 d’assumer plus de matchs, principalement chez les Dames où juste la DH est couverte actuellement. Nous avons donc fait un double pari : d’abord faire que ce soit possible d’assumer autant de rencontres et que des vocations se révèlent chez certains », conclut Xavier Caytan.
La LFH, LA VHL et le BIH ont également des défis d’avenir Que ce soit au nord ou au sud du pays, la scission du hockey en 2012 a été bien gérée. La Ligue Francophone, la Vlaamse Liga et le Belgian Indoor Hockey ont de nouveaux objectifs bien précis. En février 2016, 39.422 membres étaient affiliés à l’Association Royale Belge de Hockey dans 84 clubs. Une progression hallucinante depuis les Jeux de Pékin qui s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui, notamment grâce à la scission du hockey belge. En Flandre comme dans la partie francophone du pays, ce sport ne cesse de grandir et amène avec lui un lot de nouveaux défis. « Nous sommes parvenus à croître tout en faisant comprendre aux clubs qu’il fallait mettre en route un système de formation », explique Patrick Keusters, président de la Vlaamse Hockey Liga. « Nous avons également réussi à stimuler la création de nouvelles entités là où il n’y en avait pas, tout en ayant de la qualité. Faire un effort du côté des régions moins tournées vers le hockey était d’ailleurs une volonté du Bloso. Les objectifs de répartition géographique devraient être atteints d’ici un an. 24
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Après, notre mission sera de consolider tout ce qui a été entrepris pour que les clubs ne s’essoufflent pas. Nous avons investi dans la création, maintenant il faut les faire perdurer en continuant notamment à stimuler les initiatives de formation, que ce soit au niveau joueurs, entraîneurs ou arbitres. C’est un chantier commun à prendre à bras le corps avec la LFH et l’ARBH. » Côté francophone, on est également content de ce qui a été accompli. De nouveaux clubs comme le Rix connaissent un énorme succès mais une fois de plus, il va falloir maîtriser cette popularité grandissante. « Gérer la croissance de manière contrôlée est l’un des enjeux majeurs. Qui dit plus de membres, dit des infrastructures et des programmes d’accompagnement de qualité. Et puisque la famille hockey s’agrandit, il faut veiller à ce que les valeurs qui font notre sport ne soient pas mises
en danger », livre à son tour Yves Henet, président de la Ligue Francophone de Hockey. « Concernant la formation, nous devons nous adapter en fonction des besoins des clubs. Nous allons d’ailleurs édicter des normes en espérant qu’ils parviennent à suivre. Par rapport à d’autres sports, on est un peu à la traîne niveau formation même si je pars du principe que notre encadrement est de qualité. En se basant sur l’Adeps, ce sera mieux structuré. Par rapport aux points à travailler, les services de base comme les problèmes juridiques, l’organisation des championnats où les qualifications doivent évoluer. On ne peut pas continuer avec les anciens moyens. L’autre chose à améliorer selon moi, c’est faire conaître nos actions et mieux communiquer avec les clubs. Je trouve qu’on vend assez mal les initiatives qu’on met en place et les clubs ne savent pas toujours ce qui est à leur disposition. »
ET LA SALLE DANS TOUT ÇA ? En passant de 420 à 500 équipes de 2015 à 2016, la saison indoor de hockey est de plus en plus populaire. Pour éviter de devoir refuser des équipes à l’avenir et faire progresser tout le monde, Philippe Truyens, le coordinateur des équipes nationales, a un idéal : que chaque club ait sa propre salle. « Peut-être que c’est utopique. Mais nous voulons tendre vers ça. On pourrait alors faire des matchs allers-retours comme en outdoor. Ce ne serait plus un casse-tête pour le calendrier. Au Racing, cela a coûté 20.000 euros pour 3 mois tout compris (locations, entraîneurs,...) C’est encore un budget, oui. Il faudrait alors être créatif pour créer un équilibre. » L’autre ambition du comité salle, c’est l’organisation d’un tournoi international en Belgique. « Ça fait pas mal de temps qu’on y travaille. On a déjà essayé d’organiser ça au Collège Saint Pierre. Namur a également tenté le coup mais n’a pas été pris. Quand je vois comment c’est organisé ailleurs, je me dis qu’on ferait ça mieux chez nous. Ce serait une bonne chose pour le hockey en salle, dans la continuité des bons résultats obtenus dernièrement. Mais une fois de plus, il faut que ce soit rentable. On ne peut pas se lancer dans une aventure qui nous ferait perdre 15.000€ qu’on n’a pas. »
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Le bonheur est-il dans l’exil ?
Texte Pierre Vangrootloon Photos PHDPH
ENTRETIEN CROISÉ AVEC DEUX KETS QUI ASSUMENT TOTALEMENT UNE TRAJECTOIRE QUI N’A RIEN DE SADO -MASSO, ET ENCORE MOINS D’UNE COOPTATION DE FRANC-MASSON.
Coéquipiers au Waterloo Ducks, les deux lascars ne revêtiront jamais la liquette des Red Lions. Ils ont fait le choix de profiter de leur double nationalité pour défendre une autre patrie. Charles Masson chante désormais la Marseillaise en Bleu, quant à Luca Masso, il a rejoint les Caballeros argentins. La décision est tombée en 2014 pour Masson et l’an dernier pour Masso. Tout simplement car leur futur en équipe nationale belge apparaissait bouché, la faute à une génération dorée aussi dense que talentueuse. Dès lors, il leur fallait abandonner l’idée de suivre les mêmes traces que leurs partenaires de jeu de la Drève d’Argenteuil sur la route de Rio. A savoir Boccard, de Paeuw ou Dohmen. Même si leur vie se dessine à travers les contours du Plat Pays via des parcours qui les ont vu porter les couleurs des Espoirs, mais aussi se lancer dans des études de marketing
à l’Ephec pour Luca et de Sciences politiques à Saint-Louis pour Charles, ils ont abandonné leur zone de confort pour se lancer dans l’inconnu. S’EXILER POUR CONTINUER À S’EXPRIMER SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE « On ne voulait pas passer notre tour pour vivre d’autres grands moments dans notre sport. Et puis, il y avait le risque de ne plus jamais participer à une compétition », clament-ils en chœur. Pour eux, cette expérience s’inscrit comme une école de vie. Et le prix à payer pour cette ambition, ils sont prêts à s’en acquitter. Luca Masso aux côtés de son ami et coéquipier de club du Watducks, J.J. Dohmen, mais chacun à présent dans l’équipe du pays de son choix.
Quel premier bilan tirez-vous de cette expérience sous votre nouvelle vareuse ? Charles Masson : « Tout se passe bien. Je connaissais la plupart du noyau pour avoir joué de nombreuses fois contre eux en U21. La moyenne d’âge est très jeune, il y a beaucoup de gars de ma génération (1992). Malgré tout, j’ai été surpris du niveau de certains, surtout du point de vue technique. D’autre part, j’ai rencontré des nouveaux qui ont émergé et m’ont impressionné. » Luca Masso : « Mon intégration se déroule bien, le groupe est très ouvert. J’ai été très rapidement accepté et je m’entends bien avec tout le monde, peut-être plus avec certains comme Callioni, avec qui j’ai joué à l’Orée, mais aussi Brunet ou Rossi qui évoluent aussi en Belgique. » Est-ce qu’il y a des différences majeures dans la manière de s’entraîner ? C.M. : « Disons que c’est une organisation totalement différente du fait des distances. Concrètement, une fois par semaine, on se retrouve à Lille avec ceux qui jouent en Belgique ou dans le Nord de la France. Sinon, il y a l’organisation de nombreux stages très intensifs étalés sur plusieurs jours. Mais sinon, les méthodes sont globalement les mêmes et l’encadrement professionnel comme en Belgique. Qui plus est, le hollandais Wouter Tazelaar a intégré le staff de l’équipe de France et a amené une rigueur et une réelle plus-value : la preuve, on a gagné la World League 2. Il a fait progresser l’équipe. » L.M. : « En Argentine, c’est une autre culture et une autre façon de s’entraîner. Si en Belgique, on va scinder l’aspect purement hockey et le physique, là-bas on mixe le
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tout en un bloc : entraînement physique, natation et enfin le hockey. C’est une autre manière de travailler. Ce que je remarque, c’est que le coach est particulièrement exigeant mais, vu ses résultats, il a prouvé que cela payait. » Que manque-t-il à la France et l’Argentine pour encore franchir un palier ? L.M. : « La ligue argentine est encore trop faible et il y a des problèmes d’infrastructures. Les meilleurs éléments quittent rapidement le pays pour évoluer en Europe où ils gagnent plus d’argent et où les conditions sont meilleures. Néanmoins, on sent que le hockey se développe en Argentine : ça bouge énormément surtout au niveau des filles. C’est impressionnant ! D’autre part, avec ses derniers résultats, notamment une médaille de bronze lors de la dernière Coupe du monde, l’Argentine a prouvé sa valeur sur la scène internationale. De fait, cela a débloqué des budgets. » C.M. : « Il faut également augmenter le niveau du championnat français. La majorité des joueurs de l’équipe nationale proviennent de trois grosses écuries : Saint-Germain, Lille et le Racing Club de France. A cela s’ajoutent ceux qui évoluent à l’étranger, principalement en Belgique. Qui plus est, il y a sans doute moins d’inves-
tissements en France car l’équipe ne joue pas les premiers rôles et donc reçoit moins de subsides. Mais un résultat pourrait faire changer la donne. C’est une formation qui a un gros potentiel. » Et lorsque vous avez rejoué face à votre pays natal, quelles sensations avez-vous ressenti ? L.M. : « C’est très spécial. Je pense que j’aurais le même sentiment si je devais jouer contre l’Orée avec le Wadu. C’est assez difficile à décrire. » C.M. : « Oui, c’est très particulier parce qu’on
les connait tous. C’est comme jouer contre des potes, c’est particulier. » Du fait de votre proximité avec les Lions, est-ce que vous jouez le rôle d’insider auprès du staff argentin ou français ? C.M. : « Tactiquement, on ne va jamais leur révéler de grosses infos, mais on peut les conforter dans leurs choix. Peut-être qu’on peut donner l’un ou l’autre tip comme par exemple : le dribble préféré de tel ou tel joueur mais ça s’arrête à ça. » L.M. : « Ils passent déjà des heures en analyse vidéo, ils connaissent leur boulot. Donc, non, ils n’en ont pas vraiment besoin. »
Charles Masson lors de la WL3 à Brasschaat en Bleu Blanc Rouge face au Pakistan.
Et les Jeux de Rio, qu’en attendez-vous ? C.M. : « Hélas pour moi, je les suivrai à la télévision. Avec la nouvelle formule introduisant les quarts de finale, cela permet aux outsiders de créer la surprise et cela ouvre davantage le tableau. L.M. : « J’espère que j’en serai. Ce nouveau format handicape surtout les plus grosses équipes car dans le passé, une fois sorti des poules, il leur suffisait de gagner un match pour s’offrir une médaille. Désormais il faudra en remporter deux. »
« On ne voulait pas passer notre tour pour vivre d’autres grands moments dans notre sport. » Outre-Manche, un cas plus étonnant encore met en lumière le choix des frères Gleghorne de défendre les couleurs de deux pays voisins. Frères amis, frères ennemis, Mark se bat pour l’Angleterre et Paul défend les couleurs de l’Irlande.
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© PHDPH.com
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Texte Pierre Vangrootloon Photos PHDPH La Gantoise
Comment les dirigeants de clubs appréhendent l’avenir ?
Chacun sa route, chacun son terrain Certains viennent de naître, d’autres envisagent une renaissance alors que quelques-uns respirent la prospérité. Sans oublier les clubs qui se demandent comment passer un nouveau palier sans s’asphyxier. Depuis plusieurs années déjà, le hockey belge connaît une croissance d’adhérents réglée comme du papier à musique. 10% chaque saison. Le royaume compte près de 40.000 affiliés à ses quatre coins et plus seulement sur l’axe historique Bruxelles-Anvers. Et cela s’inscrit comme une évidence au vu des listes d’attente qui s’amoncellent au sein des institutions « historiques ». « A Bruxelles principalement, des clubs comme l’Ombrage, l’Orée ou le Léopold sont handicapés : les problèmes d’infrastructures entravent la croissance et l’arrivée de potentiels nouveaux membres », constate Serge Pilet, secrétaire général de l’ARBH. « A court terme, une solution réside dans la mutualisation des terrains notamment pour les écoles des jeunes. Il y a de nombreux terrains de foot en synthétique qui pourraient accueillir des hockeyeurs dans la capitale. » A ce type de proposition, ils sont nombreux, à l’instar de Fabrice Rogge, le président de La Gantoise, à ne pas abonder dans le même sens. « C’est sans doute envisageable dans un premier temps, mais invivable si l’on se projette plus loin ». Qui plus est, « un terrain de hockey a des spécificités propres par rapport à un revêtement conçu pour le football », observe pour sa part Erik Gysels du Braxgata. Quoi qu’il en soit, « il va falloir être plus créatif et dialoguer avec le pouvoir politique : le salut des clubs de la capitale passera par-là », clame Serge Pillet. RÉGIONALISATION ET DIVERGENCES DE VISIONS En attendant, c’est en province que de nouveaux bastions de la petite balle blanche s’implantent ces dernières années. Et là, on observe un contraste saisissant entre la LFH (Ligue Francophone de Hockey) et la VHL (Vlaamse Hockey Liga) quant à la stratégie à adopter en la matière. Si l’on compte près de dix nouveaux clubs en Flandre, la Wallonie en dénombre seulement… deux.
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A la Ligue flamande, on privilégie la création de nouveaux matricules via le Bloso (équivalent de l’Adeps). Mais ensuite, la plupart des instigateurs privés doivent se débrouiller pour mettre sur pied leur projet. Si ces initiatives font souffler un vent de fraîcheur dans des régions où le hockey restait méconnu comme à Saint-Trond, le développement d’infrastructures reste un véritable casse-tête. Au sud du pays, la création de nouveaux clubs est, quant à elle, financée à hauteur de 75% par la Région Wallonne et son organisme Infrasport. Grâce à cette aide pécuniaire, le club est plus rapidement opérationnel mais se retrouve, dès lors, lié aux pouvoirs publics. D’ici 2018, la Ligue Francophone a pointé six projets de clubs à faire accoucher : Marche-en-Famenne, Bastogne, Enghien, Hannut, Neufchâteau et Dinant. Avec l’ambition d’implanter le hockey aux quatre coins de la Wallonie… AUTANT DE CLUBS, AUTANT DE STRATÉGIES Il y a les petits nouveaux comme le Rix qui surfent sur une croissance fulgurante de leur nombre d’adhérents. Des institutions comme le Dragons qui ont professionnalisé leur organigramme à l’instar d’un club de foot. A Gand, la direction développe un projet ambitieux autour du renouveau de ses infrastructures. Du côté du Braxgata, le credo managérial réside dans la diversification des activités du club. Bref, il y a de tout pour tous les goûts en matière de politique sportive au plat pays. Grande bouffée d’oxygène pour nos amis louvanistes ! De l’espace et du confort pour le dernier né de nos clubs qui a fraichement inauguré ses nouvelles installations lors de la reprise du championnat DH en février dernier.
La preuve avec 4 exemples qui démontrent que la révolution du hockey passe par des visions et des ambitions aussi diverses que variées. 1. ASSURANCE TOUS RIX Il n’est désormais pas facile de trouver une place de parking le samedi matin du côté de la Rue du Tilleul à Rixensart. Parents et gamins affluent à un rythme infernal, le tout sous les yeux ravis de Marc Laffut, président du Rix Hockey Club. « Nous comptons près de 550 membres dont 340 jeunes et une centaine de Gents
et Ladies. Sans oublier, un bon nombre d’adultes inscrits en Hockey Loisir », sourit-il. Après une première saison sur le terrain de l’Oranje, le Rix dispose désormais de son propre mouillé depuis bientôt un an et d’un clubhouse entièrement rénové par des volontaires. En à peine deux ans d’existence, le club
brabançon a connu une croissance phénoménale avec comme rançon de la gloire : « il y a déjà une liste d’attente pour les inscriptions ! Ils sont 60, dont majoritairement des jeunes, à y figurer. » Et ce succès en termes d’adhérents, le club s’y attendait. Désormais, un second terrain ne serait donc pas un luxe…
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« Ce qui a fait notre réussite ? Le projet date de 5 ou 6 ans et s’est développé lentement via une bande de copains. Le projet a mûri et, finalement, grâce à l’aide de la commune, on a pu le mettre sur pied. Nous nous attendions à ce que cela fonctionne, il y avait une réelle demande et un nombre important de pré-inscriptions donc ce n’est pas une surprise. » Autant dire que les risques avaient été soigneusement évalués par le Rix. Et en ce qui concerne la politique du club, le dirigeant du BW n’est pas prêt à transiger : « chez nous, on vise à maintenir un esprit convivial dans un cadre purement lié au plaisir. Concrètement, ce n’est pas parce qu’un gamin est meilleur qu’il sera privilégié : c’est le même temps de jeu pour tout le monde » ! Contrairement à d’autres institutions comme chez ses voisins du Waterloo Ducks, « où parfois l’encadrement laisse à désirer pour les équipes plus faibles par rapport aux formations du top », conclut-il. Avec le Lara, Louvain-la-Neuve ou encore le Wadu aux côtés du Rix, le hockey brabançon semble avoir encore quelques beaux jours devant lui… 2. LE DRAGONS OU L’ARCHE DE NOWÉ Ils sont deux à gouverner le navire de Brasschaat : Hans Borstlap et Philippe Nowé. Et cette direction bicéphale jouit d’une réussite remarquable au vu du palmarès de son Philippe Nowé, co-président du Dragons avec Hans Borstlap, lors de la World League 3 à Brasschaat.
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équipe première. Champion incontesté, le Dragons apparaît plus fort que jamais et pourrait, qui sait, s’offrir un sacre historique en EHL cette année. Bref, tout roule d’autant que la croissance est au beau fixe, l’école des jeunes sur des rails et l’organisation d’un tournoi international - la World League l’an dernier- a satisfait le club. Mais la plus grande fierté de Philippe Nowé s’inscrit à travers les efforts entrepris par la cellule Top Hockey, soit les équipes élites. « Quand on voit que le Dragons est le fournisseur principal de l’équipe nationale, il n’y a pas plus belle récompense pour notre travail réalisé en amont ». Pour développer ce projet à bien, « le principal est de dessiner une structure solide et un encadrement de qualité : Il y a plus de 60 entraîneurs et toutes les équipes premières disposent d’un coach professionnel. » Au-delà d’un organigramme rappelant celui d’un club de foot de premier choix, le Dragons observe un passage en douce vers la professionnalisation des acteurs du hockey. « Pour vivre du hockey, il faut envisager différentes casquettes au sein du club : joueur, entraîneur, membre de la direction technique. On diversifie également la manière de rétribuer via une voiture en leasing, des primes de match. Par ce biais-là, c’est vivable. »
Mais bien sûr, la plupart des hommes de Jean Willems n’envisagent pas ce rythme de vie à long terme et ils sont nombreux à travailler ou à étaler leurs études en parallèle. « Et c’est ce qui fait la beauté de ce sport ! Les gens le pratiquent purement par passion, ce n’est pas encore devenu un métier. L’argent n’a pas encore pris le pas sur les valeurs comme dans d’autres disciplines. » L’été prochain, cette « petite » entreprise qui ne connaît pas la crise entend s’atteler à la construction d’un quatrième terrain. « Ce qui fera du Dragons le seul club en Belgique à en disposer d’autant ! » A plus long terme, le plan 20/20 élaboré par le comité sportif compte revoir certains aspects de sa politique. « Le Top niveau est important en équipes d’âge comme en DH et chez les Dames, mais nous ne devons pas oublier la base et rester attractif pour tous, même ceux qui sont juste là pour se faire plaisir et participer à la troisième mi-temps », pointe Philippe Nowé. 3. LE BRAX VEUT SE DIVERSIFIER AU MAX En Division Honneur, le club ne cache désormais plus ses ambitions après son rang de surprenant sixième au terme de la défunte saison. Une réussite que l’on doit en partie à la stratégie développée par sa direction depuis plusieurs années, dont son président Erik Gysels. Et pourtant, le boss du Brax nous l’a répété à plusieurs reprises, il n’aime pas qu’on parle du « Club d’Erik Gysels » lorsqu’on évoque le matricule anversois. Car à Boom, on prône la réussite collective et l’on tient à rappeler qu’il ne s’agit pas d’un processus autocratique : « Chaque membre est propriétaire du club. Si certains investissent plus que d’autres, lorsqu’on vote à l’assemblée générale, chaque vote a la même valeur », insiste l’homme d’affaires. Sa réussite sportive et sa bonne santé financière, le Braxgata les a construites « sans le moindre euro de subsides ». Une fierté pour son président et qui lui confère un avantage inestimable : l’indépendance totale. « Tout nous appartient, dès lors lorsqu’on veut organiser un événement, on ne doit pas négocier avec la commune comme c’est le cas au Watducks par exemple. Il n’y a aucune interférence des pouvoirs locaux ou publics. » Avec un investissement estimé à 3,5 millions d’euros étalé sur 10 ans, le Brax entend prolonger son développement à travers de nouvelles infrastructures. « Nous allons construire un
complexe indoor qui nous permettra de jouer en salle à domicile et qui servira aussi aux clubs de basket et de judo de Boom. A cela, il faut ajouter un fitness de haut niveau ». Ce centre sportif sera également loué aux écoles du coin pour les activités sportives en période hivernale. D’ailleurs, avec la location de ses infrastructures pour des séminaires ou lors de Tomorrowland (c’est là que David Guetta & Co se dorent la pilule avant leur set), le Brax exploite ses ressources et les intègre au maximum dans son business model. Lorsqu’on lui demande les secrets de cette success-story, l’homme a l’œil qui brille et lâche les deux mots-clés de sa stratégie : « Filles et famille. Car à la base, nous avons été parmi les premiers à développer le hockey féminin en Belgique. On est partis de cette question toute simple : comment faire en sorte que les jeunes jouent au hockey et se détournent du foot ? On s’est dit qu’il fallait attirer les filles en se disant que les familles suivraient et ainsi que les garçons s’y intéresseraient. » Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec plus de 1.100 membres actifs désormais, le pari est relevé. Mais en tant que club de province, il fallait proposer des services et un encadrement irréprochables. « Si vous regardez l’Orée ou le Victory, les gamins y vont à vélo. Au Brax, c’est plus compliqué. Mais les parents ne veulent pas toujours jouer au taxi. On a donc fait en sorte qu’ils se sentent bien au club. Il fallait créer une communauté, un cadre où toute la famille puisse y trouver
son compte : les enfants sur le terrain, les parents au clubhouse. » Au final, le produit « vert et blanc » tourne plutôt bien au vu des relevés du bar. « Entre 50.000 et 60.000€ par mois de chiffre d’affaires chaque mois. Désormais, le week-end, ce sont les enfants qui demandent à leurs parents de rentrer et non l’inverse », sourit Erik Gysels. Avant d’organiser l’Euro 2013, « le plus grand défi » de son président, le club a pris son temps. « L’idée c’est de ne pas grandir trop vite car ça peut être dangereux. Il faut prendre le temps d’investir. » Bref, « Hâtez-vous lentement ». Voilà sans doute le proverbe qui convient le mieux à ce visionnaire accro au stick. 4. ÇA LEUR IRA COMME UN GAND ! Du moins ils l’espèrent. Le projet incroyablement ambitieux, doux euphémisme s’il en est, de La Gantoise est de placer le club flandrien au rang de pièce maîtresse sur l’échiquier du hockey noir-jaune-rouge. Au programme de ce plan, « La Gantoise 2020 » : des infrastructures flambant neuves dès 2017. « A l’instar de ce qu’a réalisé le club de football de la ville, le déménagement apparaissait comme une évidence pour transformer une institution qui était logée au même endroit depuis 100 ans. Une fois installés, nous disposerons de trois terrains mouillés », se réjouit déjà Fabrice Rogge, le président du club. Pour ce dirigeant, l’aspect primordial de
cette métamorphose se révèle aussi simple qu’essentiel : « Amener les gens à faire du sport. Et surtout, que les 1.000 hockeyeurs et hockeyeuses de Gand soient heureux. » Mais c’est aussi l’envie de bousculer le centre de gravité du hockey belge établi sur l’axe Bruxelles-Anvers qui l’anime. « L’idée est d’y intégrer La Gantoise. » Pour mener à bien cette mission lancée il y a deux ans, Fabrice Rogge et son équipe ont réfléchi à une approche globale goupillée autour d’une gestion sportive irréprochable entre le Top niveau et le hockey récréatif ainsi qu’une santé financière au beau fixe. « Pour cela, nous avons pris le temps d’élaborer notre stratégie. Car grandir, c’est investir mais aussi et surtout savoir patienter. » Pour ce faire, le club a diversifié ses investissements et partenariats afin d’éviter de ne dépendre que de quelques « mécènes. » « C’est très dangereux comme plan de gestion, s’il l’un ou l’autre quitte le navire, tout le club risque alors de couler. Nous voulions éviter cela absolument. » Quant à la politique sportive, le président ne s’en cache pas : le Dragons constitue la référence au niveau de son école de jeunes. Cette nouvelle structure qui vise « l’excellence » sera dirigée par Pascal Kina. « Il a un CV impressionnant, une vision tactique incroyable et c’est un vrai pro ! » Soit, tous les ingrédients requis pour intégrer cette nouvelle équipe de choc.
Le projet du futur club de La Gantoise.
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Sardar Texte Laurent Toussaint Photos PHDPH
SINGH Carte d’identité
le magicien indien en quête de rédemption L’Inde rêve de reconquérir le sommet du hockey mondial et de renouer, enfin, avec un podium lors des Jeux de Rio. Et le pays tout entier compte bien sur Sardar Singh, toujours considéré par une majorité comme un héros national, pour y parvenir… 34
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Prénom : Sardar Nom : Singh Lieu de naissance : Rania (Inde) Age : 29 ans Taille : 1m76 Poids : 82kg Nombre de selections : 236 Buts : 14 Club : Chandigarh Dynamos (2005-2006) Hyderabad Sultans (2006-2008) KHC Leuven (2010-2011) HC Bloemendaal (2013-2014) Clubs Hockey India League : Delhi Waveriders (2013 – 2014 -2015) Jaypee Punjab Warriors (2016) Profession : Officier de police et joueur de hockey Particularité : plus jeune joueur indien à avoir porté le brassard de capitaine en équipe nationale à 21 ans (Sultan Azlan Shah Cup en 2008) Distinction : Il a été récompensé du Padma Shri, la quatrième plus haute récompense civile indienne en 2015 Palmares : • Médaille d’or aux Jeux asiatiques en 2007 et en 2015. • Médaille de bronze au Champions Challenge en 2007. • Membre de l’équipe FIH All-Star team en 2010.
Qu’il semble loin le temps où l’équipe nationale indienne balayait tout sur son passage lors des compétitions internationales majeures… Durant près de quarante ans, le pays a terminé onze fois sur le podium aux JO en douze éditions (entre 1928 et 1980), avec six médailles d’or à la clé, de 1928 à 1956. Mais c’était au temps du véritable hockey sur gazon ! Qu’il semble loin le temps où le hockey était encore le premier sport national et même une véritable religion pour toute une nation… Aujourd’hui, la situation a bien changé. C’est le cricket qui fait l’objet d’un véritable culte de la part des 1,27 milliards d’habitants que compte le pays. Qu’il semble loin le temps où Sardar Singh était considéré comme une espèce de demi-dieu, une véritable icône, par une large partie de la population… Le capitaine indien occupait une place privilégiée dans le cœur d’une grande partie du peuple adepte de la petite balle blanche mais, depuis plusieurs mois, le héros de la sélection nationale traverse une période délicate et semble occuper une situation inconfortable aussi bien en équipe nationale qu’en club. « Personne ne doit rien me dire. Je démontrerai ma véritable valeur sur le terrain. Mais tout le monde peut donner son avis. Je n’ai aucun souci avec cela. Il y a des hauts et des bas dans la vie. » Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Sardar a été véritablement le moteur de cette équipe indienne. L’homme par qui transitaient toutes les balles. Le maître à jouer et à penser de l’Inde. Mais le joueur, originaire de l’état d’Haryana, est à la peine depuis la Coupe du monde, à La Haye. Moins tranchant, plus lent, peu inspiré, il détient, pourtant, toujours les clés pour transcender ses partenaires et permettre à la sélection nationale de renouer, enfin, avec un podium lors des Jeux de Rio. RETOUR SUR LA SUCCESS-STORY D’UN HOMME ADULÉ QUI A VOUÉ TOUTE SON EXISTENCE AU HOCKEY… C’est dans le petit village de Sant Nagar, dans la province d’Haryana, au Nord de l’Inde que Sardarada, son véritable prénom, a grandi avec ses parents et son frère Didar. Une famille sikh heureuse mais qui éprouvait pas mal de difficultés pour réussir à nouer les deux bouts au quotidien. « A 12 ans, Sardar nous a demandé de lui acheter une paire de chaussures de hockey, expliquait encore récemment son papa, Gurnum Singh, dans une interview au Times
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Sardar Singh (Inde) et Alexandre De Pauw (Bel)
« Personne ne doit rien me dire. Je démontrerai ma véritable valeur sur le terrain. Mais tout le monde peut donner son avis. Je n’ai aucun souci avec cela. Il y a des hauts et des bas dans la vie. » of India. « Mais c’était largement au-dessus de nos moyens. Mon épouse a passé une journée entière à essayer de le convaincre de changer d’avis et d’abandonner ce sport sans avenir. Car, à cette époque, la discipline était loin d’offrir des perspectives aussi lucratives qu’aujourd’hui. » Mais, sans succès. A cette époque, Sardar fait déjà preuve de qualités exceptionnelles et manie la balle comme personne. Il passe des heures à jouer avec son plus jeune frère sur un terrain en herbe à proximité du domicile familial. Et la chance finit par frapper, un jour, à sa porte. Ses capacités ne laissent pas indifférent et il intègre l’académie de hockey de Ludhiana. Tout s’enchaîne ensuite très rapidement pour la future star indienne de la discipline qui effectue ses débuts en équipe nationale juniors. Les prémices sont pourtant délicates. Le jeune Sardar éprouve de sérieuses difficultés à évoluer à son meilleur niveau devant une foule compacte. Sur le terrain, il est impressionné par le public en raison de son énorme timidité. Très 36
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Moritz Fürste (Ger) en contact avec Ashley Jackson (GB)
discret dans le groupe, et sur le terrain, ses premières prestations au niveau international ne sont guère à la hauteur mais, à la surprise générale, il intègre tout de même le noyau A. Et là, rapidement, c’est la révélation et le début d’une carrière exceptionnelle comme joueur puis comme capitaine de la sélection. Sardar devient rapidement le maître à jouer et le leader naturel de l’Inde. Sa vista, sa précision, sa technique, sa puissance et son aura sur le jeu lui permettent de gagner, petit à petit, le cœur des supporters. Il prouve avec ses coéquipiers que le travail et le collectif peuvent permettre à la nation historique du hockey de retrouver, un jour, ses lettres de noblesse et le sommet mondial. Et les Indiens apprécient de plus en plus cet homme timide, humble et travailleur. « Les Indiens possèdent un lien émotionnel très fort avec le hockey, explique Mihir Vasavda, journaliste au quotidien Indian Express. Si un joueur s’illustre et performe, ils se prennent immédiatement d’affection pour lui. Dans le cas de Sardar, il est très différent de ses compatriotes dans le sens où il poursuit une existence très moderne dans son quotidien et qu’il parvient à mixer le style indien traditionnel avec beaucoup de modernité. Il est costaud, il joue intelligemment et il est très fort techniquement. Il parvient à faire des choses exceptionnelles la balle au stick et peu d’autres joueurs peuvent l’égaler à ce niveau-là. Enfin, en dehors du terrain, il est extrêmement poli,
Robert van der Horst (Neth) et Eddie Ockenden (Aus)
Plus adulé que Jamie Dwyer en Australie, Moritz Fürste en Allemagne ou Robert van der Horst aux Pays-Bas, Sardar est une des stars de la nation. modeste et conserve une attitude très discrète malgré son statut. C’est un élément important que les Indiens apprécient retrouver chez les sportifs de haut niveau. » Plus adulé que Jamie Dwyer en Australie, Moritz Fürste en Allemagne ou Robert van der Horst aux Pays-Bas, joueur FIH 2015, ancien joueur de Louvain (il a évolué une demi-saison dans le championnat de Belgique) Sardar est une des stars de la nation. Même s’il ne peut rivaliser avec les étoiles du cricket, le capitaine de la sélection figure assurément dans le top 5 des sportifs les plus appréciés du pays aux côtés de Leander Paes et Sania Mirza (tennis), Saina Nehwal (badminton) ou Vijender Singh (boxe). SARDAR, LE CHOUCOU DES SPONSORS Dans le Penjab, dans la Région d’Orissa, à Mumbai, à Bengalore ou même à Delhi, Sardar est le chouchou des sponsors (boissons, marques d’équipements sportifs…) avec des contrats annuels estimés à plus de 60.000€. Lors de la première édition de la Hockey India League, en 2013, il devient d’ailleurs, sans surprise, le joueur indien le plus « coûteux » de la compétition. Il est acquis par les Delhi Waveriders pour la somme de 78.000$. Dans la foulée, il est même élu « Joueur de la saison ». Tout ce que touche celui que certains présentent comme le digne successeur de Dhyan Chand, le plus grand joueur indien (et du
monde ?) de tous les temps, se transforme en or. On parle d’un biopic à Boolywood avec la star du genre, Ranbir Kapoor, pour l’incarner à l’écran. Son histoire d’amour chaotique et pleine de rebondissements avec Ashpal Kaur, la première joueuse internationale anglaise de hockey aux racines indiennes, fait la une des premières pages des magazines aux quatre coins du pays. On ne parle plus que de lui mais malheureusement son rendement sur les terrains devient de moins en moins flagrant. Sardar perd de sa superbe et sent dans la nuque le souffle de la relève et de la jeune star, Akashdeep Singh. Après trois saisons avec les Delhi Waveriders, son contrat n’est pas renouvelé. Il retrouve tout de même de l’embauche du côté des Jaypee Punjab Warriors mais avec un salaire annuel réévalué à « seulement » 58.000$. En équipe nationale aussi, il se montre moins percutant et précieux que lors des campagnes précédentes. Heureusement, lors de la finale de la World League, à Raipur, en décembre dernier, il est l’un des artisans de la conquête de la médaille de bronze remportée par son pays face à l’Allemagne. « Il y a encore un an, l’équipe était totalement dépendante de lui, complète encore le journaliste Mihir Vasavda. Et, dans un sens, c’est encore et toujours le cas aujourd’hui parce qu’il contrôle réellement le
jeu. La plupart des joueurs indiens n’excellent pas réellement dans une situation de pression extrême. Mais Sardar apporte énormément à ce niveau-là. Il peut distribuer le jeu, créer des opportunités de but pour les attaquants et il peut mettre du tempo en milieu de terrain. Il pense très rapidement et prend souvent les bonnes décisions. C’est ce qui le rend indispensable sur un terrain. Son influence sur le jeu indien peut être également résumée par le fait qu’il n’a pas manqué la moindre rencontre en sélection depuis les Jeux de Londres alors que quatre coaches différents se sont déjà succédé à la tête du groupe en comptabilisant Roelandt Oltmans. A l’exception du gardien P.R. Sreejesh et du médian Manpreet Singh, il y a peu d’éléments qui peuvent en dire autant. Cela prouve donc la réelle Sardar dépendance de l’équipe indienne. » Le regard de Sardar et de ses coéquipiers est d’ores et déjà tourné vers Rio de Janeiro. Les Indiens ont rendez-vous avec leur prestigieux passé. La septième nation mondiale compte bien retrouver le chemin du podium. Le groupe a travaillé en conséquence depuis des mois et son guide naturel a retrouvé de sa superbe depuis plusieurs mois. Sardar est clairement de retour aux affaires et il compte bien en faire profiter tout son peuple qui rêve à nouveau de s’enflammer pour les exploits de son équipe nationale… Play Hockey • Collector • 2016
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© PHDPH.com
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Texte Laurent Toussaint Photos PHDPH
Leandro
Negre A 70 ans, Leandro Negre a de l’énergie à revendre. L’an dernier, il a visité plus de 30 pays et a passé près de 200 jours à l’étranger. Mais, c’est chez lui, à Barcelone, dans un petit bar où il a ses habitudes, que le président de la Fédération internationale de hockey a accepté de nous rencontrer pour un entretien de plus de trois heures lors duquel il a répondu à toutes les questions dans un français quasi impeccable. Le Catalan n’a esquivé aucune interrogation même au moment d’aborder l’apparente toute puissance de l’Inde au niveau mondial. Entretien sans concession avec l’homme qui veut concrétiser l’essai en un troisième mandat à la tête de la FIH. 40
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« Le hockey est un produit qui doit être toujours plus attractif et séduisant. »
Carte d’identité Prénom : Leandro Nom : Negre Nationalité : Espagnol Age : 70 ans Fonction actuelle : Président de la FIH depuis 2008. Parcours : Président de la Fédération espagnole de hockey de 1984 à 1992. Président de la Fédération européenne de hockey de 2003 à 2008. Club : CF Junior (Barcelone). Il a commencé le hockey à l’âge de 5 ans. Carrière sportive : Gardien de but de talent, il a participé avec son pays aux Jeux olympiques de Mexico (1968). Particularité : Il sera le candidat proposé par le comité exécutif pour exercer un troisième mandat à la tête de la fédération internationale, en novembre prochain, à Dubaï.
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Leandro, êtes-vous satisfait de la place qu’occupe, actuellement, le hockey sur l’échiquier mondial ? « Le hockey, et le sport en général, ont énormément évolué durant ces dix dernières années. Mais nous sommes très heureux et très fiers parce que nous avons réussi à placer notre discipline parmi les plus reconnues à l’échelle mondiale. C’est évident que nous sommes encore loin du football, du tennis ou de l’athlétisme, mais nous avons acquis une position reconnue et écoutée au sein du CIO. Il existe une belle reconnaissance de notre travail au quotidien et des transformations en douceur que nous avons effectuées au cours de ces dernières années. » La discipline a changé fortement au cours de cette dernière décennie ? « Oui, et pour être parfaitement honnête, ces évolutions ont été dictées principalement par les chaînes de télévision en raison de l’importance croissante des droits de retransmission des compétitions sportives. Il était devenu capital pour obtenir un véritable financement du hockey au niveau mondial d’offrir un produit, notre sport, encore un peu plus séduisant et plus attractif pour attirer les télévisions et les annonceurs. C’était obligatoire pour signer des contrats, gagner plus d’argent et, ensuite, pouvoir investir dans de multiples projets à différents niveaux. » Vous avez volontairement utilisé le mot produit pour parler du hockey ? « Bien entendu. C’était mon intention. Mais attention, le produit, ce n’est pas uniquement le match. C’est également tout ce qui existe autour. C’est mettre sur pied un événement qui va bien au-delà du match et des athlètes. Vous pouvez produire le meilleur vin rouge du monde mais si vous le mettez simplement en bouteille, il sera difficile à vendre. Mais si vous placez une belle étiquette sur celle-ci, que vous développez du marketing et instaurez une bonne communication, les ventes vont décoller. C’est ce que nous voulons instaurer au niveau de notre sport et c’est sur quoi nous travaillons encore aujourd’hui. C’est une nouvelle stratégie que nous avons décidé de mettre en place afin de pérenniser le succès du hockey au niveau mondial. » 42
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« La réussite de la Belgique est un exemple pour de nombreux pays ! » Etant donné le lien particulier qui unit notre pays à Leandro Negre qui a vécu à Bruxelles et qui a toujours adoré passer énormément de temps chez nous, le succès international des Red Lions trouve un écho tout particulier chez le Catalan. « Je suis très fier et heureux pour la Belgique. Je cite d’ailleurs très souvent votre exemple de réussite quand je voyage à travers le monde. J’ai suivi attentivement votre parcours pour atteindre le top 5 mondial. Le travail qui a été effectué par la Fédération et par les clubs est tout simplement formidable. C’est capital pour la poursuite du développement de notre sport que de nouvelles nations entrent dans la course pour remporter des trophées et des compétitions. C’est à présent le cas avec les Red Lions qui figurent à chaque fois parmi les favoris pour la victoire finale aux côtés de l’Australie, de l’Allemagne ou des Pays-Bas. Cette concurrence va offrir plus de spectacle et de suspense lors des prochains grands tournois internationaux et lors du tournoi olympique, l’été prochain. » Et lorsque l’on évoque cette réussite, le nom du président de l’ARBH ne tarde pas à venir sur la table. Le Bruxellois est reconnu pour son travail au sein de la FIH tout comme pour la vision d’avenir qu’il a défendu, dès son premier mandat, pour le hockey belge : « Marc Coudron est une personne remarquable et un membre très actif de notre comité exécutif. Il a été le meilleur joueur belge durant des années et il est resté très proche du hockey et des joueurs. Ses positions au niveau international sont extrêmement bénéfiques dans notre travail. » Spectateur attentif des derniers grands tournois, Leandro Negre possède une opinion très réaliste sur le jeu proposé par notre équipe nationale messieurs : « La Belgique a axé son développement sur le collectif et ne s’est donc pas reposée sur le talent individuel pour construire son équipe. Votre pays a compris que c’était l’élément le plus important dans le hockey moderne même si certains joueurs sortent naturellement du lot comme votre capitaine John-John Dohmen. » Remise du diplôme d’organisateur de tournoi labelisé FIH par Leandro Negre à Marc Coudron et Hans Borstlap (Dragons) lors de la World League 3 à Brasschaat.
VERS DE NOUVELLES ÉVOLUTIONS DANS LE JEU ? Beaucoup d’amateurs regrettent la disparition du côté familial du hockey qui devient un sport de plus en plus professionnel… « Je comprends parfaitement ces reproches et les inquiétudes liés à cette mutation car je viens aussi du hockey traditionnel. Mais si nous n’avions pas changé notre approche, nous serions restés une discipline familiale et simplement amusante. Nous n’aurions pas acquis cette importance dans le monde sportif actuel. Il ne faut pas se voiler la face. Le sport est devenu un grand business. Les temps ont changé. Nous avons agi en professionnels en proposant une vision d’avenir pour le sport. Si nous n’avions rien fait et nous n’avions pas pris les décisions qui ont été les nôtres ces dix dernières années, le hockey se serait retrouvé, aujourd’hui, en dehors du courant sportif mondial. Cela nous a permis d’engranger de l’argent et de l’utiliser pour le développement de la discipline au niveau mondial. » Dans un futur proche, y aura-t-il encore des changements dans le règlement ou dans le jeu ? « Très certainement. Mais je rappelle tout de même que nous n’avons pas changé les règles mais bien les règlements. C’est différent. Les règles sont permanentes, l’évolution du jeu, non. Je précise aussi que toutes les nouvelles idées ne viennent pas uniquement de la FIH. L’EHL ou l’India League sont également des stimulateurs d’idées. L’EHL a toujours été un véritable laboratoire pour étudier des modifications ou des adaptations du jeu comme avec l’introduction de la self-pass. Nous avons déjà beaucoup avancé pour accélérer le jeu et le rendre plus attractif. Il est donc important de se poser un petit peu et d’évaluer ces changements. » Vous avez déjà des idées précises de futures évolutions ? « Nous allons commencer à réfléchir tranquillement à une adaptation du penalty corner. Le p.c. occupe une place essentielle et capitale dans le hockey moderne. Ce que nous envisageons pour le futur, c’est éventuellement d’agrandir le cercle et de le reculer de 5 mètres jusqu’à l’autre cercle pointillé. Cela permettra de diminuer l’importance des p.c., de disposer d’un cercle plus grand, donc bien plus compliqué à défendre et, ainsi, d’augmenter, si possible, le nombre de buts marqués de plein jeu. Mais nous sommes conscients qu’il s’agit de changements laborieux à mettre en
place. Il faudra donc effectuer de nombreux tests. Nous allons très bientôt contacter l’EHL pour en discuter et voir si cela les intéresse de tester cela durant les prochaines saisons. Mais l’idéal serait que cette nouvelle règle soit d’application pour les Jeux de Tokyo en 2022. » Le hockey peut-il être un précurseur dans d’autres sports comme le football par exemple ? « J’en suis persuadé. Nous possédons énormément de particularités ou de spécificités intéressantes dont le football pourrait s’inspirer. Et c’est un grand supporter du Barça qui vous le dit ! Le football est ainsi l’unique sport dans lequel l’arbitre est encore seul aux commandes du temps. Le foot pourrait également s’inspirer de notre système de cartes et d’exclusion temporaire. Pourquoi n’opterait-il pas non plus sur un système de changements comme en hockey ? Les joueurs pourraient ainsi se reposer et le niveau du jeu resterait plus constant durant les 90 minutes. Enfin, que dire de l’utilisation de la vidéo ? Les instances du football disposent déjà de plus de 20 caméras dans les stades. L’évolution ne sera pas compliquée à mettre en place. Enfin, je pense que la self-pass pourrait aussi accélérer le jeu et le rendre plus agréable à suivre. En 2010, j’avais d’ailleurs rencontré Sepp Blatter et Michel Platini pour leur expliquer notre manière de travailler et de réfléchir au niveau du hockey mais finalement cela n’avait abouti à rien. » En parlant d’évolution, l’arbitrage vidéo suscite à nouveau de nombreux commentaires. Les supporters ne comprennent pas toujours les décisions prises alors que cela semble clair à l’image. « Je tiens d’emblée à préciser une chose. Les images que l’arbitre vidéo peut visionner sont d’une toute autre définition que celles diffusées sur les écrans géants dans le stade. J’ai fait cette expérience et cela explique déjà de nombreuses décisions. Lorsque nous avons lancé cette révolution, les arbitres n’étaient pas favorables à cette innovation. Mais je leur ai immédiatement expliqué que c’était pour les aider et les défendre. Tout le monde commet des erreurs et ce n’est pas cela le plus important. A l’heure actuelle, il y a nettement moins de discussions sur le terrain. Et tout le monde respecte la décision qui est prise au final. C’est cela le plus important. »
« Le hockey 5s est l’avenir de notre sport ! » Même si le hockey a retrouvé une place de choix sur l’échiquier sportif mondial depuis une petite dizaine d’années, il doit poursuivre sa réflexion afin de développer sa croissance aux quatre coins de la planète. Et la FIH compte bien sur une nouvelle discipline pour parvenir à s’installer durablement, et à moindre coût, dans de nombreux pays émergents comme en Afrique ou en Amérique centrale.
« Nous sommes arrivés à la conclusion que le hockey sur gazon et son pendant en salle ne sont pas complémentaires. C’est finalement un tout autre sport. Nous avons bien essayé de mettre en place des changements ou de tenter certaines évolutions. Malheureusement, comme la discipline est contrôlée par l’Allemagne, nous nous sommes heurtés à une opposition contre laquelle nous n’avons rien pu faire ! Mais si vous regardez attentivement qui est réellement concerné par la discipline, cela se limite à l’Allemagne, l’Autriche et trois ou quatre pays de l’Est. Quand nous organisons un événement de la taille de la Coupe du monde en salle, la FIH perd de l’argent ! Voilà pourquoi nous croyons tellement au hockey 5s. » Voilà donc la carte secrète de Leandro Negre et de la FIH pour accroître sa notoriété. Un jeu à 5 contre 5, bien plus simple, plus intuitif, disputé dans des infrastructures bien moins coûteuses et extrêmement pratiques à installer quelle que soit la région du monde. « Le hockey 5s peut se jouer partout : en Jamaïque, à Trinité et Tobago, en Chine… Les règles sont extrêmement simples et compréhensives par tout le monde. Le terrain se monte facilement et il n’y a pas besoin d’installations complexes pour commencer à jouer. Le succès est énorme. Lors des Jeux de la Jeunesse, à Nanjing, le président du CIO, Thomas Bach, a assisté à la finale et il m’a demandé quand nous allions nous décider à remplacer le hockey à 11 par le hockey à 5 aux JO. Je lui ai répondu que j’avais une bien meilleure proposition à lui faire. Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir les deux comme le volleyball et le beach volley ? Il s’agit d’un sport réellement passionnant et excitant. Je veux le développer au cours des prochaines années et je pense que 2024 est une échéance réaliste pour y parvenir. »
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La première édition de la World League qui s’est tenue à New Delhi a essuyé un fameux revers en termes de public. Un ticket à 50 cents d’euro et une région de l’Inde qui ne vibre pas pour le hockey ont eu raison de cette édition.
L’INDE ET L’AFRIQUE AU CŒUR DES PROJETS DE DÉVELOPPEMENT même que les télévisions européennes ne sont toujours pas prêtes à payer et à investir de gros moyens pour diffuser du hockey. Je ne peux que me répéter. Cette manne financière est utilisée pour promouvoir notre sport dans l’ensemble des pays membres de la FIH. »
Certains se plaignent, aujourd’hui, de la position prédominante de l’Inde et de son influence à l’échelle mondiale. Est-ce une critique que vous pouvez entendre ? « Depuis toujours, nous éprouvons des difficultés à attirer les sponsors. Mais il existe un pays au monde où le hockey est un véritable sport national : c’est l’Inde. Le pays est une nation émergente avec une croissance impressionnante. Nous avons donc décidé de passer du temps aux côtés de la Fédération indienne pour reconstruire quelque chose de solide dans le pays au niveau du hockey après des années très compliquées. Les plus grands sponsors de la FIH à l’heure actuelle, comme Hero Motors, sont indiens. Et je précise que tout l’argent récolté ne sert pas ou 44
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ne retourne pas en Inde. Il est consacré à l’ensemble des projets que nous menons aux quatre coins de la planète. Pour le moment, nous investissons beaucoup en Afrique où nous croyons énormément à la possibilité de développer notre sport, principalement chez les filles. Ce qui peut constituer un véritable déclencheur pour le futur. Voilà pourquoi cet argent est essentiel. » Le juteux contrat de longue durée (8 ans et estimé à 250 millions de $) signé avec le puissant réseau indien de télévision Star Sports a, lui aussi, fait couler beaucoup d’encre. « C’était une merveilleuse opportunité que nous ne pouvions pas refuser. Je rappelle tout de
Comprenez-vous que le grand public ait parfois l’impression que l’Inde exerce, grâce à cela, une certaine pression sur la FIH et que le pays a hérité de tous les tournois majeurs sur la période 2014-2018 ? « Je reconnais que, ces dernières années, nous avons effectivement gâté l’Inde et nos sponsors mais c’était uniquement au bénéfice de tous les autres pays qui pratiquent le hockey. Toutefois, je veux tout de même préciser que nous avons offert les mêmes opportunités à tous les pays. Et peu de nations ont répondu à notre appel. Mais je confirme que nous souhaitons, à présent, établir des relations, et signer des contrats, à long terme avec les nations demandeuses. Nous ne fixons pas d’exclusive. Nous tablons sur un minimum de quatre ans, ce qui permet aux deux parties de construire un projet solide. Les sponsors apprécient la continuité. C’est faux de dire que tout va à l’Inde puisque nous organisons également de grandes compétitions avec l’Argentine et l’Angleterre. »
les télévisions européennes ne sont toujours pas prêtes à payer et à investir de gros moyens pour diffuser du hockey.
Quels sont les grands défis qui s’offrent à vous et à la FIH au moment de vous représenter pour un troisième mandat à la tête du hockey mondial ? « Nous avons déjà effectué d’énormes progrès mais c’est la continuité qui demeure essentielle pour poursuivre notre croissance. Nous allons nous atteler à certains chantiers prioritaires comme la Coupe du monde qui devra s’organiser avec plus d’équipes, dans des stades différents, sur une plus longue période et avec
un maximum de deux matches par jour. Nous voulons aussi affiner la formule de la finale de la World League et organiser une véritable ligue entre les huit dernières équipes lors du quatrième et dernier tour. Enfin, nous devons déterminer quels sont nos véritables objectifs avec le hockey 5s. C’est un instrument qui possède un énorme potentiel et qui peut avoir des conséquences sur le hockey à 11. Voilà pourquoi il faudra bien réfléchir et avoir les idées claires concernant son expansion. »
Nous allons nous atteler à certains chantiers prioritaires comme la Coupe du monde qui devra s’organiser avec plus d’équipes, dans des stades différents, sur une plus longue période et avec un maximum de deux matchs par jour.
LE HOCKEY EN BALANCE POUR LES JEUX 2020 ? Leandro Negre est également très influent au sein du CIO et ses relations ont toujours été excellentes avec les différents présidents qui se sont succédé à la tête de celui-ci. Et, au moment d’évoquer le futur olympique de la discipline, le président de la FIH s’est montré très rassurant. Il n’a jamais été réellement question que le hockey disparaisse un jour du programme des JO même si cela a fait les gros titres de la presse en février 2013.
« Je peux vous expliquer le fin mot de l’histoire. Soyons très clairs, notre sport n’a jamais été en danger même si certaines circonstances ont fait que le hockey a figuré dans la liste des cinq sports menacés aux côtés du canoë, de la lutte, du pentathlon moderne et du taekwondo. Après les Jeux de Londres, un seul membre du comité exécutif a cité le hockey comme potentiel candidat à l’exclusion du programme olympique. Voilà la seule et unique raison pour laquelle nous avons figuré sur cette liste. Il n’existait aucun autre argument réaliste qui pouvait nous porter préjudice après l’immense réussite des JO
2012. Mais cela nous a tout de même permis d’ouvrir les yeux et de mettre en place une véritable politique pour le futur. Et nous sommes, à présent, dans une position beaucoup plus forte. » Cela signifie que le futur est assuré et que le hockey possède un bel avenir olympique. « Il n’y a plus aucune crainte à avoir. Le hockey aura encore l’opportunité d’écrire de nouvelles pages de son histoire aux Jeux. J’ai reçu tous les apaisements nécessaires à ce sujet-là de la part de Thomas Bach. Les discussions actuelles se situent à un tout autre niveau. Ce ne sont plus les sports qui sont mis en balance mais bien les disciplines qui les composent comme en athlétisme, en natation ou en gymnastique. L’objectif est de diminuer le nombre de disciplines et de pouvoir ainsi intégrer d’autres sports au programme. » De quoi rassurer définitivement tous les amateurs de hockey de la planète… !
La FIH a appris de ses erreurs et s’est dirigée pour sa deuxième édition vers une partie du pays plus réceptive à ce sport. Un set de DJ et une interprète qui officiait dans le dialecte de la région furent pour beaucoup dans la réussite de ce rendez-vous.
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La FIH vient d’apporter une nouvelle modification à son règlement concernant les coup-francs dans la zone des 5 mètres autour du cercle (à l’intérieur des pointillés). La balle doit désormais rouler au moins cinq mètres avant de pouvoir rentrer dans le cercle, sauf si elle est touchée auparavant par un défenseur adverse. Le joueur peut également jouer la balle, seul, un nombre illimité de fois, mais celle-ci doit parcourir au minimum cinq mètres avant qu’il puisse l’envoyer à l’intérieur du cercle.
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C’est le nombre de terrains de hockey dont dispose, à l’heure actuelle, notre pays. Les derniers projets ont permis à Embourg, à Rixensart, au Daring et à Louvain de disposer d’une nouvelle surface de jeu flambant neuve. D’autres clubs comme le Jaguar, à Perwez, devraient très bientôt disposer, enfin, de leur premier terrain. Avec 83 clubs reconnus officiellement, Hannut étant le dernier venu et le 42e membre de la Ligue francophone de hockey, cela signifie qu’il reste encore du pain sur la planche en Belgique pour que chacun dispose de ses propres infrastructures pour la pratique de la discipline.
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Le record de sélections en équipe nationale belge est toujours détenu par l’actuel président de la Fédération, Marc Coudron, avec 358 rencontres internationales. Le Bruxellois est suivi dans le classement par Maxime Luycx (345), Thierry Renaer (339) et Xavier Reckinger (326). Au pied du podium, on retrouve actuellement le capitaine des Red Lions, John-John Dohmen et ses 320 sélections. Mais le joueur du Waterloo Ducks est le seul international toujours en activité à figurer dans le top 5 qui est complété par l’actuel entraîneur du Dragons, Jean Willems (312).
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C’est un record ! Sofie Gierts (Antwerp) a décroché le prestigieux stick d’or, la plus haute récompense individuelle du hockey belge, à six reprises au cours de sa magnifique carrière en division d’honneur. Un exploit qui ne semble pas prêt d’être égalé. Chez les Messieurs, c’est Thierry Renaer (Leuven) qui occupe la tête du classement avec trois sacres durant sa carrière. A noter également que seuls deux joueurs étrangers ont remporté le stick d’or dans notre pays. Il s’agit de l’Argentin Juane Garreta (2006) et de l’Espagnol Pau Quemada (2015).
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Magnifique histoire que celle de ces trois générations de champions qui ont marqué indubitablement l’histoire des JO. L’Allemand Andreas Keller a remporté la médaille d’or en 1992, à Barcelone. Mais il ne fut pas le premier de son illustre famille de hockeyeurs à monter sur le podium lors des Jeux Olympiques. Avant lui, son grand-père Erwin s’empara de l’argent, en 1936 à Berlin, tandis son père Carsten décrocha l’or en 1972 à Munich !
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Sept nations sont à l’origine de la FIH: l’Autriche, l’Espagne, la Hongrie, la Suisse, la Tchécoslovaquie, la France et la Belgique. La Fédération Internationale de hockey a été créée à l’initiative de Paul Léautey, le 7 janvier 1924, à Paris. Installée initialement à Bruxelles, la puissante instance a déménagé à Lausanne en 2005.
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Notre équipe nationale Messieurs a participé aux Jeux Olympiques à 12 reprises. A Anvers, en 1920, elle avait remporté la médaille de bronze qui demeure toujours, à l’heure actuelle, son meilleur classement. Son palmarès lors des onze autres participations : 1928 (4e), 1936 (9e), 1948, 1952, 1956 (7e), 1960 (11e), 1964, 1968 (9e), 1972 (10e), 1976 (9e), 2008 (9e) et 2012 (5e). De leur côté, les Red Panthers ont seulement disputé les Jeux à Londres en 2012. Il s’agissait d’une première dans l’histoire du sport belge car elles étaient la première équipe féminine de l’histoire du sport belge à se qualifier pour les JO.
Depuis mai 2014, la FIH a décidé de limiter la longueur maximale des sticks à 105 centimètres. Une réponse exigée par certains, suite à l’utilisation par Jeremy Gucassoff, le gardien belge du Racing et de l’équipe nationale, d’un stick spécial, et fabriqué pour l’occasion, lors des séances de Shoot-Out lors de certaines compétitions internationales (EHL et World League). Avant cela, le règlement concernant l’équipement indiquait simplement que le stick devait peser au maximum 737 grammes mais ne stipulait rien sur sa longueur !
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Juste récompense pour le milieu de terrain, Robert Van der Horst, qui a été élu meilleur joueur de l’année 2015 par la Fédération Internationale de hockey. Le capitaine des Red Lions, John-John Dohmen, était également nominé, mais il n’a rien pu faire pour empêcher le capitaine des Oranje et d’Oranje Zwart de s’imposer. Le Néerlandais, qui avait remporté le titre espoirs, il y a 10 ans, et avait surtout déjà été nominé à six reprises, a logiquement été récompensé pour une nouvelle saison tout simplement exceptionnelle. Chez les Dames, c’est sa compatriote Lidewij Welten qui s’est imposée alors que les trophées espoirs ont été remis à la Britannique Lily Owsley et à l’Allemand Christopher Rühr.
La Fédération Internationale de hockey regroupe, aujourd’hui, 132 pays membres. Lors du Hockey Revolution Congress, organisé à Marrakech en novembre dernier, la FIH a accueilli cinq nouvelles fédérations en son sein : le Burundi, le Cameroun, la Sierra Leone, le Vietnam et Haïti. C’est en Afrique que la discipline possède encore la plus grande marge de progression puisque sur 54 nations, seules 21 sont actuellement membres de la Fédération Internationale. Mais le problème principal d’une plus large expansion réside dans les infrastructures puisque très peu de pays disposent de terrains synthétiques mouillés (Afrique du Sud, Egypte et Ghana).
Une victoire en EHL est prestigieuse mais également plutôt lucrative. En effet, le vainqueur de la compétition repart avec la coquette somme de 20.000€. Le finaliste empoche, de son côté, un beau chèque de 10.000€ tandis que le médaillé de bronze repart avec 5.000€. Enfin, le meilleur joueur du tournoi se voit remettre la somme de 5.000€.
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COLSAERTS/DENAYER
Sur le green ou sur l’astro, ils pensent déjà à Rio
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Texte Valentin Thiéry Photos PHDPH
Passionné de golf, le Red Lion Felix Denayer va sans doute croiser la star belge Nicolas Colsaerts aux Jeux Olympiques de Rio. Interview croisée de ces deux fans de hockey.
112 ans que les amateurs de golf attendaient ça. Les 18 trous et la petite balle blanche font enfin leur retour dans le programme des Jeux Olympiques. Ce sera pour août 2016 à Rio. Pas question cette fois-ci de n’avoir que des représentants américains et canadiens comme c’était le cas en 1904 à Saint-Louis (USA). Pour cette édition, ils seront 60 joueurs et autant de joueuses du monde entier. Nicolas Colsaerts, l’un des plus grands golfeurs belges, sera plus que probablement de la partie. « Je n’ai pas l’habitude de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais je le sens bien », commente le professionnel de 33 ans. « Si je reste dans le Top 250 mondial, ce sera certainement bon. Je dois donc juste continuer à marquer des points. Le mécanisme de qualification est un peu compliqué mais faites-moi confiance, je serai à Rio. Et tout mon calendrier est construit pour que je sois là-bas dans les meilleures conditions. »
Carte d’identité Prénom : Nicolas Nom : Colsaerts Date de naissance : 14 novembre 1982 Age : 33 ans Club : Anahita (Île Maurice) Pro : depuis 2000 Palmares : vainqueur en 2012 du Volvo World Match Play Championship, premier joueur belge à être sélectionné et à remporter la Ryder Cup (2012).
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Une autre personnalité du sport noir-jaune-rouge est enchantée de la réapparition de la discipline au Brésil. Le Red Lion Felix Denayer est un grand amateur de golf depuis sa plus tendre enfance. Le hockeyeur anversois use souvent ses putters et tire son chariot quand il n’est pas en équipe nationale ou au Dragons. « J’adore être relax, dehors et au calme pendant 3 heures. Puis le côté physique est moins dur », livre celui qui a un handicap de 14, club en mains. « J’ai découvert ce sport grâce à mon papa. Aujourd’hui, j’apprécie pouvoir jouer avec tout le monde, notamment mon grand-père de 80 ans. Je suis également attentif aux résultats des golfeurs belges. Dont Nicolas Colsaerts. Je me souviens de sa Ryder Cup en 2012. Il a eu un peu plus de mal mais désormais il recommence à mieux jouer. Ce serait top de le voir à Rio. » Peut-être auront-ils l’occasion de taper la balle au Brésil ? Que ce soit sur un green ou un astro, peu importe. Les deux personnalités partagent un intérêt commun pour le golf et le hockey. Car Nicolas Colsaerts a aussi manié le stick étant jeune. Mais chacun a pris son chemin avec le succès qu’on leur connaît. A 26 ans, Felix Denayer va rentrer dans le cercle assez fermé des Belges ayant trois JO à leur palmarès. « Ce serait assez spécial oui. Mais beaucoup de choses peuvent encore se passer d’ici
les Jeux. Bien sûr que je veux y aller. Je ne suis toutefois pas à l’abri d’une blessure ou d’une non sélection. Donc j’espère y faire une bonne performance. Mais j’espère aussi que ce ne sera pas ma destination finale. Tokyo 2020 me trotte déjà un peu dans la tête même si on en est très loin. » Quant au Bruxellois, il rentrera dans l’histoire du golf et du sport belge avec cette première participation. « Je n’y avais jamais pensé car la discipline n’était pas aux Jeux. Maintenant c’est devenu un must. Les JO sont une histoire qui vit au sein de notre famille depuis que mon arrière-grand-père a participé à ceux de 1928, 1936 et 1948. Mais pour nous Européens, la Ryder Cup reste le Graal devant des épreuves comme le Masters d’Augusta ou le British Open. Avec le temps, les Jeux Olympiques pourraient devenir un tournoi phare. » En Amérique du Sud, Nicolas Colsaerts sera dans doute accompagné du golfeur anversois Thomas Pieters. « Nous sommes très proches depuis trois ans. C’est un futur top 50 mondial et son début de carrière est formidable. Croyez-moi, on n’a pas fini de faire parler de nous », confie-t-il avant que Felix Denayer ne conclue : « Je suis également ses résultats. Il a vraiment faim de victoire et j’ai l’impression qu’il est vraiment très discipliné. »
Prénom : Félix Nom : Denayer Date de naissance : 31 janvier 1990 Age : 26 ans Club : KHC Dragons Sélections : 226 Palmares : JO de Pékin 2008, Londres 2012 vice-champion d’Europe 2013 champion de Belgique 2010, 2011 et 2015
Felix Denayer lors de la World League 3 qui se ponctua par une place de finaliste pour notre BNT face à l’Australie mais surtout une qualification pour les JO de Rio.
GOLFEUR ET HOCKEYEUR PRO, DEUX STATUTS OPPOSÉS Au contraire des Red Lions, Nicolas Colsaerts est souvent laissé à lui-même :« Après Rio, tu te mets sérieusement au golf. » Adressés à son fils, ces mots proviennent de la maman de Felix Denayer. « Une carrière aurait été compliquée vu la concurrence », explique le médian du Dragons. « Et aujourd’hui, je ne pourrais pas aller du collectif vers l’individuel. Quand j’ai choisi le hockey, c’était aussi pour faire un sport d’équipe. Depuis les U14, je suis avec Tom Boon ou Simon Gougnard. On est plus que des coéquipiers. On passe des bons et des mauvais moments. On se soutient. Ça me manquerait beaucoup de ne plus être accompagné. Quand je vois certains sportifs qui arrivent seuls à Lanzarote pendant les stages, je me dis qu’on a beaucoup de chance. » À l’étranger 11 mois par an, Nicolas Colsaerts reconnaît qu’il a un seul regret en tant que golfeur : « Le jeu collectif, les vestiaires, l’entraînement et l’ambiance me manquent énormément. C’est pour ça que j’ai adoré mes sélections en Ryder Cup. Les formules en équipe m’ont d’ailleurs beaucoup réussi. Mais effectivement, devoir se préparer seul, c’est n’est pas le plus drôle. On y fait très attention. Mon manager profite de certaines semaines d’entraînement pour inviter Thomas Pieters ou Thomas Detry. Quant aux périodes compliquées, je les gère avec mon équipe qui est ma seule bouée : les fidèles parmi les fidèles, quelques amis, des complices sur le Tour et mes parents, fan inconditionnels. »
Le soutien des proches c’est une chose. Celui financier ou au niveau des études en sont une autre. Là aussi, les deux sports ne sont pas toujours logés à la même enseigne. « Combiner l’université et l’équipe nationale était difficile », témoigne Felix Denayer qui vient d’être nommé étudiant-athlète de l’année 2015 de l’Université d’Anvers. « Il m’est arrivé de forcer dans les deux domaines et d’être blessé ou malade. » Une fois sa thèse remise (il espère avant Rio), « Flex » aura donc un diplôme de sciences éco, gage de sécurité pour son avenir. Pour Nicolas Colsaerts, c’est encore plus compliqué : « Le hockey possède une fédération qui soutient le sport de haut niveau. En golf, il faut tout faire tout seul et ne pas se tromper. J’ai eu la chance de tomber sur trois personnes formidables. Sans eux, je n’aurais pas participé à la Ryder Cup. Je dois aussi saluer mes sponsors, aussi fidèles qu’indispensables. Quant au futur, je n’y regarde pas. Au grand dam de mon manager qui tente de me sensibiliser à mon avenir en économisant un maximum pour ma prochaine vie de non compétiteur. Moi je reste dans le présent. J’ai encore de belles années et c’est à cela que va mon énergie. Après, on verra bien. » CES HOCKEYEURS À L’AISE AVEC UN CLUB EN MAIN Nos deux experts sont d’accord : le hockey et le golf présentent beaucoup de similitudes « Des joueurs de hockey qui se débrouillent bien en golf... Vous en voulez combien ? » La question de Nicolas Colsaerts parle d’ellemême. Un paquet de bons manieurs de stick prestent également bien sur les greens.
« Je suis allé avec Sébastien Dockier (Den Bosch) et Arthur Van Doren (Dragons) en Angleterre quelques jours pour taper la balle. Et la dernière fois que j’ai joué avec Harrison Peeters (Beerschot, pas loin de l’handicap 0) et Philippe Goldberg (T.2 Red Lions), j’ai perdu car au dernier tour, ma balle était dans les bois », rigole Felix Denayer. « Comme au hockey, il faut être très précis. Comme au hockey au moment de marquer, tu ne peux pas rater l’opportunité de la mettre dans le trou. Enfin il faut aussi être régulier. Au golf, tu foires un peu, ta carte est quasi à la poubelle. Balle au stick, tu dois aussi être constant pour gagner des titres. »
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Carte d’identité
Christian Vander Gracht (Well), Philippe Vanhemelen (Orée), la famille Toussaint : autant de personnes plutôt à l’aise sur un green. « Et peu importe la génération », ajoute Nicolas Colsaerts : « J’étais avec Tom Boon une des premières fois qu’il a tapé avec un club. Je me suis dit que les bons hockeyeurs sont parmi les sportifs qui auront le plus d’aptitudes pour faire du golf. Si tu sais viser en lucarne, hauteur planche ou à plat, tu comprendras le concept de trajectoire de la balle et la technique pour y parvenir. Pour la « touch », il faudra des heures d’entraînement. Mais à aucun moment vous n’en rencontrerez qui passeront complètement à côté. » Et comme un exemple vaut mieux qu’un beau discours, sachez que le père de Nicolas Colsaerts a été champion de Belgique senior en golf après avoir joué 20 ans en D1 de hockey.
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Etudiant et sportif de haut niveau, une combinaison exigeante
zagrÉ/LOOTENS
Tout athlète n’a pas le privilège de gagner près de 23 millions d’euros par an comme Lionel Messi. La plupart doivent donc penser à leur futur et cela passe souvent par l’obtention d’un diplôme d’études supérieures. Seulement, comme l’université et les hautes écoles, le sport de haut niveau est particulièrement pointilleux. Exemples avec la sprinteuse Anne Zagré et le hockeyeur du Racing, Max Lootens.
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« Qui veut, peut. » Voilà sans doute la maxime qui collerait le mieux à tous ces sportifs de haut niveau qui mènent en parallèle des études supérieures. Surtout quand l’une prépare les Jeux Olympiques de Rio 2016 et l’autre une Coupe du Monde U21 de hockey. C’est le cas de la sprinteuse bruxelloise Anne Zagré et du Racingman Max Lootens. À l’Ichec en sciences commerciales ou à la Vrije Universiteit Brussel en bio-ingénieur, les deux athlètes ont des agendas de ministre pour parvenir à leurs objectifs personnels : performer dans leur discipline sans négliger leur avenir. Ils le savent très bien, ils ne gagneront pas de l’or en barre et un coup de malchance est vite arrivé. A 25 et 18 ans, la jeune femme et l’Anversois sont toutefois soumis à deux régimes bien différents. Ils s’entraînent de manière intensive mais niveau études, l’un a tout de même plus de facilités que l’autre. « La VUB aide vraiment à tout régler entre mes cours et mes entraînements. J’ai quelqu’un de l’Université qui me suit et qui prend de mes nouvelles. Par rapport à Anvers où les études sont la priorité, j’ai beaucoup d’avantages. Des coéquipiers en U21 comme Henri Raes ou Grégory Stockbroeckx sont dans cette ‘ unif’ là. Pour le moment ça va, car il n’y a pas de grosse compétition. Mais en décembre 2016 pour la Coupe du Monde, ils auront des soucis que je n’aurai pas », explique l’étudiant de première année qui a réussi ses six examens en janvier (il a reporté le septième).
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De son côté, la native de Uccle est davantage laissée à elle-même mais peut compter sur des professeurs plutôt conciliants. « Cette année est un peu différente car je n’ai plus que mon mémoire à présenter (sur... la reconversion des sportifs de haut niveau). Quand j’ai débuté à l’Ichec, il n’y avait rien pour les sportifs de haut niveau. Puis c’est devenu un peu plus pro mais je n’ai pas un statut spécifique. J’ai pu étaler mes cours, c’est aussi pour ça que je suis occupée depuis huit ans, mais c’est permis pour tout étudiant. En fait, ça dépend de la volonté de la personne en face de moi pour déplacer des examens. Généralement, les professeurs acceptent mais ils ne sont pas vraiment au courant de mes entraînements ou compétitions. Pour les cours, il est important d’avoir des élèves sur lesquels je peux compter quand je suis à l’étranger. » La volonté de participer à des compétitions prestigieuses est donc le principal moteur de nos deux interlocuteurs. « Beaucoup commencent mais beaucoup arrêtent aussi. Je pense que c’est une question d’encadrement familial et d’éducation », commente Anne Zagré.
Et le défenseur flamand d’étayer : « Tout le monde n’a pas mes avantages mais je suis persuadé que c’est possible de combiner. Si je n’avais pas le statut de sportif de haut niveau à la VUB, je n’aurais pas arrêté les U21 pour autant. J’aurais simplement eu moins de temps pour être 100% hockey. La discipline est aussi primordiale. Quand tu n’as pas hockey, il faut bosser mais ne pas oublier non plus de prendre un peu de repos. Si tu veux, tu peux. » La tête bien sur les épaules, les deux athlètes sont dans une période très importante de leur carrière. Dans quelques mois, Anne Zagré ne visera rien de moins que la finale des Jeux Olympiques. « Ce sera difficile mais possible, sinon je ne le dirais pas », rigole-t-elle. « Avant ça, j’ai les championnats d’Europe. Si je n’ai pas fini mon mémoire d’ici août, ce n’est pas grave. Je travaillerai un peu dessus, ça me permettra de penser à autre chose que le sport. En tout cas, je n’ai pas l’impression que la gestion de mes études ait un impact sur mes résultats. »
Carte d’identité Prénom : Anne Nom : Zagré Date de naissance : 13/03/1990 Age : 26 ans Club : Royal Excelsior Club Brussels Études : Master en sciences commerciales à l’Ichec (Bruxelles) Palmares : demi-finale Jeux Olympiques 2012 4 fois championne de Belgique du 100m 4e aux Championnats d’Europe 2014 en 110m haies.
Prénom : Max Nom : Lootens Date de naissance : 12/10/1997 Age : 28 ans Club : Racing Bruxelles Études : 1e année bio ingénieur à la VUB Parcours : Dragons (de 7 à 18 ans), Racing.
Le choc des générations : Ronald Brouwer, ancien international hollandais et Max Lootens, U21 et aspirant à notre BNT.
Motivation, patience et discipline pour atteindre les sommets Quant à Max Lootens, malgré ses 18 ans, il jouera le coup à fond pour faire partie du noyau de 18 qui partira en Inde à la Coupe du Monde. Le groupe est pour l’instant composé de 25 éléments. « C’est cette année que je dois évoluer, sans me relâcher. Le groupe est vraiment très fort mais je ne pense pas à la sélection. Je fais juste mon effort, ensuite on verra. » ENTRAÎNEMENTS, COMPÉTITIONS, BOULOT, DODO. EMPLOI DU TEMPS D’ANNE ZAGRÉ Il est assez chargé. Entre son mémoire, ses entraînements et ses périodes de relâche, la sprinteuse n’a plus énormément de temps pour elle. « Au début de mes études, j’étais en cours du jour. Mais depuis 3 ans, je suis passée en horaire décalé ce qui me laisse plus de temps pour tout. Je préfère cette situation. Puis mon coach est professionnel, ce qui n’était pas le cas avec le précédent. Donc nous pouvons placer les séances n’importe quand dans la journée. Généralement je m’entraîne de 11h à 13h puis je fais mes soins. En fin d’après-midi, mes cours commencent. Dès que j’ai du temps libre, j’en profite aussi pour travailler. Ne pas faire d’études supérieures n’était pas envisageable pour moi. Il fallait que j’aie une
assurance pour la suite. L’athlétisme, ça dure un temps. Et on ne sait jamais ce qui peut se passer. Une grave blessure ou un manque de performances peut rapidement survenir. » UNE JOURNÉE AVEC MAX LOOTENS C’est aussi le parcours du combattant. Comme toute sa semaine, d’ailleurs. Sauf le samedi, son unique jour de repos pendant lequel il prépare quand même la rencontre de championnat du lendemain. « Les entraînements avec le Racing, ceux avec les U21, les séances de « personal performance », le fitness et les cours du lundi au vendredi : je n’ai pas beaucoup de temps libre. Pendant le blocus de janvier, les entraînements m’ont pris du temps. Je perdais facilement une demi-journée d’étude quand ils n’étaient pas programmés à Bruxelles. Je me levais plus tôt pour travailler mais quand j’étais sur le terrain, je voyais ça comme un bon break. » BIEN CHOISIR L’AMÉNAGEMENT DE SES TEMPS LIBRES Mieux vaut être bien entouré quand on vit à 100 à l’heure. De ce point de vue-là, la Bruxelloise et l’Anversois ont de la chance d’être bien encadrés. « Je pense arriver à gérer ma vie sociale et
ma famille, oui. C’est une habitude que j’ai prise puisque je cours depuis mes 15 ans. Je vis toujours chez ma maman avec mes frères et sœurs. Ils ont une importance quotidienne. Ma sœur a fait les mêmes études que moi et m’aide pour mon mémoire. Puis au jour le jour, c’est chouette d’avoir un soutien. Sans oublier mes amis qui sont aussi très présents. » Max Lootens est quant à lui dans une situation un peu différente. Citoyen et joueur de hockey de Brasschaat jusqu’à l’an dernier, il a décidé de rejoindre Bruxelles pour ses études et le hockey, se retrouvant forcément esseulé. « Quitter le Dragons a été très dur mais je devais avoir plus de minutes en Division d’Honneur pour aller à la Coupe du Monde. Et les avantages qu’offrait la VUB ont également pesé dans la balance. Laisser ma famille et mes amis n’a pas été facile non plus. Tout est nouveau ici à Bruxelles, où j’habite. J’essaye quand même de voir mes copains de l’école tous les 20 jours. J’ai aussi une copine que je vois environ deux fois par semaine. En fait, il faut bien choisir comment aménager ses temps libres. C’est compliqué mais j’ai la chance d’avoir de bons potes, une chouette équipe et une famille sportive qui sont tous très compréhensifs. Tout ça me donne beaucoup de force pour affronter les défis. »
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La nouvelle vie chargée de ces sportifs retraités
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Gagner le double à Roland-Garros ou disputer les Jeux Olympiques de Londres, ça n’a pas de prix. Mais ces joies sont de courte durée par rapport aux années d’après-carrière qu’un ancien sportif de haut niveau doit aborder. Comparaison entre le tennisman Olivier Rochus et la hockeyeuse Lieselotte Van Lindt. Mercredi 1er octobre 2014. Ethias Trophy de Mons. L’Autrichien Gerald Melzer bat Olivier Rochus et envoie le Belge à la retraite après 15 années de tennis professionnel. « Mon opération à la hanche un an plus tôt a déclenché ma réflexion. J’ai perdu mon classement, je ne récupérais plus du tout, j’étais dans les 400e au classement ATP et je n’arrivais plus à enchaîner plusieurs victoires d’affilée pour reprendre des points. Il fallait donc tourner la page. Ces sacrifices, ces moments difficiles, les entraînements, le stress : j’en ai bavé mais tout ça est fini », commente le joueur de 35 ans, non sans émotion, qui avait alors déclaré qu’il était prêt pour sa nouvelle vie. Dimanche 30 août 2015. Olympic Park de Londres. La Belgique bat l’Italie et finit 5e en Coupe d’Europe de hockey. C’est le dernier match de la capitaine Lieselotte Van Lindt qui tire sa révérence sur la scène internationale. « J’avais promis à mes parents d’arrêter les Red Panthers pour venir travailler à fond dans leur magasin après avoir participé aux Jeux Olympiques 2012 car avant, j’étais souvent absente. Mais étant jeune, je voulais retenter une expérience aux JO. Vu que nous avons loupé la qualification pour Rio lors de la World League en juillet 2015, j’ai décidé de conclure l’aventure car c’était trop compliqué de combiner les deux », confie la joueuse Louvaniste de 26 ans qui aura ponctué ses folles années par une décevante 7e place à la WL et sans médaille an août dernier. « Dommage. »
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RAQUETTE ET STICK RANGÉS, ILS N’ONT PAS LE TEMPS DE S’EMBÊTER Du jour au lendemain, même si leur réflexion ne s’est pas faite sur un coup de tête, les deux athlètes ont logiquement changé de vie sans pour autant être plus à leur aise. Après s’être consacrée corps et âme au maillot noir-jaune-rouge, Lieselotte Van Lindt est à plein temps dans le commerce de ses parents qui sont opticiens. Quant au vainqueur de Roland-Garros 2004 en double, il fréquente encore beaucoup les courts. « Il faut que je reste actif. Je n’aime pas glander », lâche sans détour l’Auvelaisien. « Voilà pourquoi j’entraîne à l’Association Francophone de Tennis (depuis janvier, il s’occupe du Belge Arthur De Greef, ATP 225), je suis parrain de l’Académie Garisart à Arlon et je fais toujours mes interclubs en France. Je gagne donc un peu ma vie de cette manière mais j’ai également mis de l’argent de côté pendant ma carrière. Je ne dois donc pas travailler comme un dingue chaque jour. Puis je peux aussi m’adonner à
mon autre passion qu’est le golf. Quand il fait bon, j’essaye d’aller jouer 3 ou 4 fois par semaine. Ça me fait du bien d’aller marcher une heure et de ne penser à rien. Bref, je continue d’être très actif et je prends aussi du temps pour moi. » Et l’ancienne capitaine de l’équipe nationale de hockey de nous livrer son emploi du temps. « Je pense que je suis plus occupée que l’an passé. Avant, j’étais libre le soir car nous avions les séances en journée avec la Belgique. Désormais, je me lève à 7h30 et je n’arrête pas jusque 21h30 après mon entraînement en club. Le samedi je bosse aussi. Je dois toujours me dépêcher pour arriver à l’heure au terrain. » UN PEU DE NOSTALGIE, MAIS PAS TROP L’après-carrière pour chaque athlète de haut niveau peut être un moment délicat. Que ce soit dans le sport individuel ou collectif, le style de vie change beaucoup et il faut rapidement s’en accommoder.
Carte d’identité Prénom : Olivier Nom : Rochus Date de naissance : 18 janvier 1981 Age : 35 ans Pro : 1999 à 2014 Palmares : vainqueur de Roland-Garros 2004 en double avec Xavier Malisse 8e de finale en 2003 à Wimbledon 8e de finale en 2004 à l’US Open et 8e de finale en 2005 à l’Australian Open
Prénom : Lieselotte Nom : Van Lindt Date de naissance : 10 mai 1989 Age : 26 ans Club : KHC Leuven (DH) Sélections : +/- 165 Palmares : Jeux Olympiques Londres 2012 Championnats d’Europe 2011, 2013 et 2015 Coupe du Monde 2014.
Lieselotte van Lindt face à Maria Verschoor lors de la Coupe du Monde à La Haye.
A priori, nos deux athlètes n’ont pas eu trop de mal à manager ça. « La semaine après mon arrêt, j’étais déjà bien occupé. Puis je savais que Mons était mon dernier tournoi donc j’avais prévu des choses à faire » , ajoute Olivier Rochus. « Le fait que tout s’arrête d’un coup n’est pour autant pas évident à maîtriser. Tu te retrouves chez toi, tout seul, alors que la veille, un paquet de spectateurs t’applaudissaient. Tu vois des anciens adversaires à Indian Wells sous les projecteurs depuis ton salon à la TV et en Belgique, il fait 2 degrés. J’ai parfois des petits moments de nostalgie et je comprends que certains puissent tomber en dépression. Mais je pense que je suis parvenu à bien gérer ma vie de Monsieur-Tout-LeMonde. Et après 15 années au top, ça fait du bien. Prendre soin de toi, aller chez le kiné, répondre aux journalistes, les blessures, les voyages de Coupe Davis, l’attente du classe ment : quand on sort de là, on se dit qu’il y a pas mal de pression. Par contre le stress, je l’ai toujours mais en tant que coach car je vis les matchs à fond. Enfin je dois aussi souligner l’aide de mes proches pour pas ser d’une vie à l’autre. Il n’y en avait pas tant que ça d’ailleurs. L’après-carrière, c’est aussi à ce moment qu’on se rend
compte de qui nous entoure réellement. Et c’est assez surprenant par rapport à cer taines personnes. Ceux qui prenaient des nouvelles pendant que tu jouais ne le font plus spécialement maintenant. » Les choses sont toutefois différentes pour la hockeyeuse flamande puisqu’elle est passée d’un sport d’équipe à un travail en effectif très réduit. « J’ai plutôt bien vécu ma décision. Je ne la regrette pas du tout. Je trouvais l’équipe nationale vraiment chouette mais finalement, c’était un peu trop et je voulais moi-même arrêter. Après la Coupe d’Europe 2015, pendant que mes anciennes coéquipières reprenaient les entraînements, j’étais contente d’être dans mon magasin. Par contre, quand elles auront un grand tournoi, ça va me manquer. Ça ne veut absolument pas dire que je veux recom mencer. J’ai fait des Coupes d’Europe, une Coupe du Monde mais les Jeux Olympiques, c’est incomparable. Et Tokyo 2020, c’est dans trop longtemps. Je vois moins mes copines de l’équipe nationale mais on essaye tout de même d’aller manger ensemble régulière ment. Cet arrêt, ça me permet aussi de voir d’autres amies pour lesquelles j’étais plus absente avant. Au boulot, je m’amuse moins qu’en équipe nationale, évidemment. Mais il y a toutefois un esprit d’équipe. »
DES IDÉES POUR L’AVENIR A terme, Lieselotte Van Lindt va reprendre le magasin familial, elle qui a arrêté l’architecture après trois ans d’étude avant de reprendre des cours du soir pour devenir opticienne. Sa voie paraît donc toute tracée à défaut de pouvoir aller à Rio. Par contre son implication future dans l’équipe de Division d’Honneur louvaniste n’est pas si évidente. « Je suis en train de voir si je vais continuer la saison prochaine. » Olivier Rochus sait également vers quoi il va se diriger. Que ce soit dans sa vie privée ou professionnelle. « Où je me vois dans dix ans ? Papa de deux enfants, tranquillement. Avoir des petits bouts et construire une autre vie. Quoi qu’il en soit, si la famille s’agrandit, ça va changer les choses. Peut-être que j’entraînerai encore un peu. Dans le golf ou dans le tennis. Il faudra voir aussi les opportunités. Je recevrai peut-être une proposition pour faire quelque chose en Coupe Davis ? J’ai en tout cas quelques petites idées à gauche à droite. » En avril prochain, Olivier partira de nouveau à l’étranger pour accompagner Arthur De Greef dans ses entraînements et tournois. Quant à Lieselotte Van Lindt, en plus de devenir un pion essentiel dans le fonctionnement du magasin familial, elle jouera un grand rôle dans la périlleuse mission du maintien de Leuven en DH.
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rencontres
Carte d’identité
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L’EHL
entre tradition et innovation Texte Laurent Toussaint Photos PHDPH
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Le Dragons reste le club belge à qui l’EHL a pour l’instant le mieux réussi.
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Trois de nos compatriotes ont le privilège de pouvoir se targuer d’avoir gagné l’EHL: Thomas Briels, Vincent Vanasch et Elliot Van Strydonck ici à l’image.
Lancée à grands renforts de pub et de communication, la prestigieuse compétition européenne, qui en est déjà à sa 9e édition, tarde à trouver un second souffle. Révolutionnaire et novatrice, l’EHL a rapidement séduit mais, aujourd’hui, elle doit poursuivre son développement pour rester une véritable référence à la pointe du hockey mondial. Retour dans le passé. Nous sommes en 2006, à Vilnius, lors d’une réunion de travail du conseil de la Fédération européenne de hockey. La société néerlandaise Pro Sport, une agence média et marketing spécialisée en sport, est invitée à venir présenter son projet de grande compétition européenne, une idée révolutionnaire pour relancer l’intérêt du hockey de clubs en Europe. Cela fait des mois que les tractations s’effectuent en coulisses pour monter un nouveau tournoi international permettant de repousser les barrières, de tester de nouvelles règles mais aussi de voir s’affronter la crème des joueurs du Vieux Continent. Leandro Negre, président de l’EHF, à cette époque, adhère immédiatement au projet ambitieux et est, d’ailleurs, à la manœuvre pour mettre le projet sur les rails. Les premiers retours sont enthousiastes et l’European Hockey League ne tarde pas à convaincre les plus sceptiques. Le vendredi 26 octobre 2007, à Wassenaar (HGC), l’Athletic Terrassa et Grange HC s’affronte lors du tout premier match de l’histoire de l’EHL. 56
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Le nouveau format tranche avec l’ancienne formule en perte de vitesse. La volonté principale des organisateurs est de mettre en place un rendez-vous innovant, plus passionnant, plus excitant, plus spectaculaire, toujours en quête de reconnaissance de la part du grand public. Les clubs sont la base même de la discipline et la volonté première est également de renforcer et de promouvoir le statut de ceux-ci en leur offrant de nouvelles opportunités (plus de visibilité médiatique, plus de spectateurs, une meilleure qualité de retransmission des rencontres…). DÈS SON LANCEMENT, L’EHL JOUE À FOND SON RÔLE DE PRÉCURSEUR. Pionnier des nouvelles règles, le tournoi est un véritable laboratoire à ciel ouvert qui permet de mettre au jour une série de nouveautés qui sont, aujourd’hui, les principaux fondements du hockey moderne, après leur application par la FIH, à l’échelle mondiale. La self-pass, qui remplace les coup-francs, demeure certainement l’évolution la plus incroyable et la plus pertinente puisqu’elle a fondamentalement changé le jeu en accélérant considérablement la vitesse et l’intensité des matchs. Et ce n’est pas tout, l’introduction des quart-temps, des cartes vertes (et les deux minutes de suspension qui l’accompagnent), de l’arbitrage vidéo, des shoot-outs ou de la possibilité de jouer la balle au-dessus de l’épaule (en position non dangereuse) ont permis au hockey d’attirer un nouveau
public et de rendre les duels européens bien plus passionnants. « Notre sport a franchi un palier supplémentaire avec l’EHL, reconnaît Elliot Van Strydonck, le défenseur du Léopold qui dispute déjà sa 4e édition de la compétition. Tant au niveau médiatique que dans le jeu lui-même. Les nouvelles règles qu’ils ont décidé de mettre en place, chaque saison, ont rendu notre sport encore plus rapide et plus attrayant pour le grand public. C’est incontestablement la plus belle des compétitions à disputer en club. Vous affrontez les meilleures équipes européennes et vous n’avez aucun droit à l’erreur pour vous imposer et avoir une chance de remporter le trophée ! » ET DU CÔTÉ DES ARBITRES La perception de la compétition est excellente comme le confirme Gregory Uyttenhove, qui connaît par cœur le tournoi pour y avoir officié à de multiples reprises. « Toutes ces innovations ont définitivement changé le sport. Elles l’ont surtout rendu plus compréhensible pour les non-initiés. Le jeu est beaucoup plus rapide, plus spectaculaire, plus intense. Malheureusement, le revers de la médaille, c’est qu’il y a un fossé encore plus important qui s’est créé entre le hockey ‘récréatif’ et le hockey ‘professionnel’, où d’autres règles sont parfois applicables…» Mais ce que l’EHL a également changé, c’est le rapport à l’argent. Avec un budget de fonctionnement annuel estimé à plus de 1,3 millions d’euros (débloqué en partie par la banque néerlandaise ABN-Amro, principal sponsor du tournoi, depuis déjà 9 saisons), le comité d’organisation qui finançait, lors des premières
éditions, la venue et le logement des équipes, doit, lui aussi, faire face à une situation financière compliquée suite à la crise de ces dernières années. Si la réussite sportive est incontestable, la situation budgétaire est légèrement moins confortable. L’organisation coûte cher et les moyens de production nécessaires pour assurer les retransmissions télévisées pèsent lourd dans la balance. Elle doit donc pérenniser son existence en s’assurant des rentrées conséquentes. Voilà pourquoi le cahier des charges pour l’organisation des week-ends européens a parfois tendance à décourager les candidats potentiels. En Belgique, seuls l’Antwerp (2007) et le Dragons (2011) ont déjà accueilli le premier tour de l’EHL. Et si la direction du tournoi souhaite ardemment que la compétition revienne dans notre pays, les dirigeants des clubs du royaume se montrent eux bien plus frileux. Des obligations que la ville de Barcelone a, de son côté, trouvées suffisamment attrayantes pour signer un juteux contrat qui lui permettra d’accueillir le Final 4 durant ces trois prochaines années. UNE COMPÉTITION À L’IMAGE DE LA LIGUE DES CHAMPIONS ? L’EHL se trouve à présent à la croisée des chemins. Forte de ses succès passés et de sa notoriété, elle peut aujourd’hui transformer l’essai. Son impact a été énorme depuis ses origines mais le problème, pour les sports de niche comme le hockey, est de maintenir, au minimum, un certain standard au niveau de l’innovation et de l’image qu’elle souhaite véhiculer tout en réussissant à poursuivre
sa croissance et son développement. Le rachat, en février dernier, des actions de Pro Sport par le groupe espagnol de Mediapro va d’ailleurs dans ce sens avec l’ambition de redynamisation de la licence. Le défi sera de toucher un public toujours plus large, si possible, dans des zones géographiques où le hockey ne parvient pas à décoller. Pour Gregory Uyttenhove, il est naturellement important de poursuivre dans cette voie mais en évitant de bouleverser trop régulièrement les habitudes : « Je pense que l’EHL doit continuer à évoluer, en laissant peut-être un peu plus de temps entre deux changements de règles. Nous avons connu tellement de changements lors de cette dernière décennie, où les règles entre l’EHL, les compétitions nationales et les compétitions internationales différaient parfois. Je pense qu’il est bon de connaître, à présent, une période de deux ans sans changement, où juste avec quelques légères harmonisations. Après, les arbitres sont bien conscients qu’il faut sans cesse remettre notre sport en question pour demeurer un sport olympique, conserver de l’attrait pour les jeunes et attirer toujours plus de téléspectateurs. » EHL, CHANGEMENT DE FORMULE ? La principale nouveauté qui pourrait offrir encore un peu plus d’ampleur et d’exposition au rendez-vous, c’est, pourquoi pas, changer quelque peu la formule en proposant une véritable compétition, organisée sur une plus longue période, avec les meilleures nations européennes.
Une idée qui est d’ailleurs défendue par Leandro Negre, le président de la FIH : « L’EHL pourrait évoluer vers un format avec des rencontres en formule aller-retour, en semaine, comme le fait déjà le football avec la Ligue des Champions. Cela permettrait aux clubs une plus large exposition mais aussi de proposer des affiches de grande qualité à leurs supporters. L’ingrédient essentiel de ce projet que j’ai porté dès le début est de placer le club au cœur des préoccupations. Le hockey sur le Vieux Continent peut et doit s’inspirer de la recette à succès de la Hockey India League. Il existe de nombreux enseignements à tirer de la réussite indienne. Les partenaires commerciaux potentiels pourraient trouver un bien plus grand intérêt à soutenir ce type de compétition. Cette solution pourrait être extrêmement bénéfique pour l’ensemble des intervenants, que ce soient les joueurs, les clubs ou les sponsors. Pourquoi même ne pas réfléchir à un nouveau format avec des joueurs indiens qui viendraient renforcer les équipes européennes ? Cela pourrait permettre d’attirer de nouveaux sponsors et élargir encore le nombre de fans potentiels auxquels nous nous adressons ! » L’EHL se trouve donc à la croisée des chemins et devant un véritable challenge. Il doit maintenir et conserver un équilibre toujours fragile entre ce qui compose l’essence même du sport et les contraintes imposées par les annonceurs et les diffuseurs, mais surtout entre la tradition et l’innovation… Tom Boon et Simon Gougnard, alors sous les couleurs de Bloemendaal, adulés par leurs ultras après leur match fou face au Dragons.
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OREGON hockey
Oregon Hockey est une entreprise belge, créée en 2015 par trois Hockeyeurs Alaric Dekelver, Benoit Van Volsem et Alexis De Raedemaeker. Passionnés de hockey depuis leur plus jeune âge, les associés ont eu la brillante idée de devenir de jeunes entrepreneurs en associant cette passion à leur vie professionnelle. Le hockey est un sport en expansion constante en Belgique depuis la participation des Red Lions aux Jeux Olympiques de Pékin. "Nous voulions nous démarquer dans le monde du hockey en proposant une marque locale" déclarent nos jeunes entrepreneurs. Pourquoi le nom Oregon Hockey Désireux d’innover en suivant le courant actuel tourné vers l’écologie et le respect de l’environnement, les jeunes associés ont décidé de mettre la nature en avant dans leur projet. L’utilisation du lin dans les sticks associée au concept de découverte ont fait penser à l’ état d‘Oregon. Cet état, jadis reconnu pour ses récoltes de lin, offre des étendues vertes sans limites qui représentent parfaitement l’état d’esprit dans lequel s’inscrit Oregon Hockey. Cette innovation dans la création des sticks permet une amélioration du confort de jeu tout en gardant une rigidité optimale. CUVELIER Dimitri EHL 2016 KO16 MHC Oranje ZwartRoyal Léopold
Textile
La gamme de textile est developpée en collaboration avec une société belge également. Oregon Hockey veut s’inscrire dans le courant écologique en marche. Tous les produits sont conçus à partir de cotton organique, ce qui garanti une production saine et un respect de l’environnement. Oregon Hockey se base sur quatre piliers, durabilité, performance, futur et respect. Chaque stick ou produit usé est envoyé en Côte d’Ivoire pour une deuxième vie. La société veille à ce que les conditions des travailleurs soient respectées. La qualité des produits proposés est élevée afin d’améliorer les performances des sportifs de haut niveau. La marque belge s’investi beaucoup dans le respect de l’environnement et nous réserve de beaux projets dans le futur.
Sticks
Oregon Hockey propose trois gammes de sticks de qualités différentes afin de s'adapter au niveau de chacun. Le pourcentage des matières diffère en fonction des gammes. Le stick haut de gamme est composé de 90% de carbone, 5% de kevlar et 5% de lin. Il s’agit du stick le plus rigide de la marque. Ces sticks visent directement des joueurs ayant un niveau de hockey avancé. Le stick milieu de gamme se compose de 70% de carbone, 25% de kevlar et 5% de lin. Ces sticks sont destinés aux joueurs de niveau intermédiaire et gardent une rigidité suffisante afin de satisfaire le public visé par cette gamme. Le stick entrée de gamme est composé de 50% de carbone, 40% de kevlar et 10% de lin. Il a été étudié afin de satisfaire les joueurs novices ainsi que les jeunes passant du stick enfant au stick adulte. Les Stick portent chacun un nom représentant la faune présente en Oregon, Wolf , Bear, Owl, Puma, Duck et Beaver (pour les enfants). De nombreux joueurs sont déjà tombés sous le charme de la qualité offerte par la marque aussi bien par les sticks que par le textile. Tant chez les hommes que chez les femmes, les joueurs de la «Oregon Family » sont éparpilés aux quatre coins de la Belgique voire du globe. Les remarques positives ont vite afflué; « J’avais peur de ne pas m’habituer au changement de marque de stick mais j’ai été très surpris par la puissance de frappe et par le toucher de balle très fluide, une sensation que je n’avais jamais eue, un vrai régal de jouer avec le Bear 1» confie Maxime Saussez, joueur DH au Royal Daring Hockey Club. Oregon Hockey est promis à un bel avenir. Les associés sont ambitieux et ont soif de réussite.
Le hockey en salle en Belgique Texte Bertrand Lodewyckx Photos PHDPH
Entre satisfaction et frustration
Deux mois après la fin de la saison indoor, les bilans sont contrastés, tant du point de vue sportif qu’au niveau de la progression de la discipline dans notre pays. Si le hockey indoor grandit dans toutes les catégories d’âge, l’élite du hockey belge a encore tendance à bouder la saison en salle, coincée en plein pendant la trêve d’une saison extérieure éprouvante. Lorsque l’on tente d’émettre un avis extérieur sur la saison de hockey… à l’intérieur, difficile de se faire une opinion bien tranchée. A vrai dire, les éléments positifs qui illustrent la progression du hockey en salle en Belgique sont plus nombreux que ceux qui sont négatifs. En termes chiffrés, le résultat est encourageant puisque le nombre d’équipes a augmenté de 7% par rapport à l’année passée. L’engouement
public a lui aussi été au rendez-vous avec plus de 1.000 personnes qui s’étaient déplacées au Parc à Mitrailles de Court-St-Etienne pour assister aux finales indoor. « Nous avons également mis en place une plateforme de e-learning qui permet d’avoir plus d’arbitres en salle. Le 4 Nations organisé en décembre a été un franc succès, la programmation des rencontres a été bien
meilleure et le nombre de plaintes pour mauvais comportement a diminué. Bref, nous avons trouvé un mode de fonctionnement et d’organisation qui marche » ajoute Patrick Van den Berghe, le président de la Fédération de hockey en salle. Un constat qui met en lumière la volonté constante des responsables de l’indoor de placer leur discipline au cœur du hockey belge. Play Hockey • Collector • 2016
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Mais force est de constater que le mouvement n’est pas encore en marche chez les meilleurs hockeyeurs belges du pays. Tant en division d’honneur messieurs que dames, les spectateurs n’ont que trop souvent assisté à des rencontres loin du niveau attendu. Equipes incomplètes, parfois même sans aucun remplaçant, remarques incessantes adressées aux arbitres, on ne peut pas dire que tous les clubs, d’habitude appliqués à l’extérieur, se soient réellement investi en salle, particulièrement lors du 1 er tour. LE RACING ET NAMUR UN CRAN AU-DESSUS Les hommes d’Olivier Nonnon et de Kholopov, deux entraineurs au caractère bien trempé, ont heureusement relevé le spectacle et dominé la compétition presque de la tête et des épaules. Dire que leurs parcours ont été faciles serait quelque peu exagéré mais seul Louvain a été capable de surprendre Namur au premier tour tandis que les Rats n’ont pas concédé la moindre défaite de toute la saison. La raison d’une telle domination, qui dure maintenant depuis près de dix ans ? Les deux meilleurs ennemis du hockey indoor sont quasiment les seuls à s’entrainer sérieusement en semaine et à afficher des effectifs complets tous les dimanches. Il n’est donc pas étonnant qu’ils se retrouvent en finale, sans avoir pu se départager en trois rencontres de championnat. Le double champion en titre, Namur, affrontait ceux qui ont remporté six titres consécutifs entre 2007 et 2013 pour une finale de gala qui s’annonçait totalement indécise. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que les spectateurs ont été gâtés par les seize buts inscrits, dont… douze du Racing. Lucas de Mot & Cie n’ont fait qu’une bouchée de leur adversaire en pratiquant un jeu ultra rapide et efficace. C’est bien simple, les Rats étaient sur un nuage ce jour-là et Namur, en méforme, n’a pu que constater les dégâts. « On s’était vraiment bien préparés pendant toute la saison pour cette finale. On est arrivés comme un bloc et c’est cela qui a fait en sorte qu’on a pu remporter cette magnifique finale », se réjouissait Lucas de Mot. Le score de 12-4 a beau ne pas refléter la saison des deux finalistes, la prestation uccloise a été une belle promotion pour la discipline. 60
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UN SECOND TITRE CONSÉCUTIF POUR LES NIVELLOISES En dames, le Pingouin, qui avait terminé le premier tour et les playoffs en tête, a parachevé son œuvre en finale en remportant un second titre consécutif face aux dames du White Star. Pourtant menées de deux buts après un quart d’heure, les Nivelloises ont renversé la vapeur en 2e mi-temps pour l’emporter 4-2.
la 4e place avec une seule victoire au compteur. Nos équipes nationales disputaient également leurs Euro respectifs, les messieurs en division B, les dames en division A. Privés des Red Lions et des Red Panthers, en stage à l’étranger et bien souvent interdits d’intégrer les équipes nationales indoor, les Belges ont connu des destins croisés. Les troupes d’Anthony Potter n’auraient tout simplement pas pu faire mieux.
Finale Racing - Namur
LA BELGIQUE AUX PORTES DU TOP EUROPÉEN Moins de trois semaines plus tard, le Pingouin poursuivait sur sa bonne lancée en Coupe d’Europe, à Dundee, en Ecosse. Après avoir réussi à récolter le budget nécessaire pour disputer le championnat européen B, Anouk Raes et ses coéquipières ont réalisé un magnifique parcours en terminant à la deuxième place. Une médaille d’argent synonyme de montée en division A pour une équipe qui ne s’attendait pas à un si bon résultat. Du côté des messieurs et de Namur, descendu en division B, l’objectif était également de remonter au sein de l’élite européenne. Mais les Escargots n’ont terminé qu’à
Invaincus tout au long de la compétition, Gilles Jacob & cie ont logiquement terminé à la 1e place et sont promus en division A. Cerise sur le gâteau, Tanguy Zimmer a été élu joueur du tournoi tandis que Matteo Gryspeerdt en était le meilleur gardien. « On s’attendait à être plus mis sous pression. Nous avons bien suivi les consignes et cela a payé. Sincèrement une belle équipe s’est formée et cela a été une superbe expérience » , souriait Gilles Jacob. De quoi voir l’avenir avec sérénité dans un noyau qui devrait rester stable dans les années à venir.
La tâche était par contre plus difficile pour les dames qui arrivaient avec une nouvelle équipe dans le top européen du hockey en salle. Résultat : une dernière place et une redescente logique et attendue en division B. Bref, les résultats au niveau continental sont mitigés avec de belles performances et quelques déceptions. Symboles de la situation du hockey en salle en Belgique.
PEU DE SALLES ET UN CALENDRIER SERRÉ Malgré les nombreuses initiatives de la Fédération indoor, le hockey en salle reste encore marginal par rapport à son grand frère de l’extérieur. « Notre mission est de progresser et de faire oublier cette vue tronquée qui fait croire que l’indoor est le complément « passe-temps » à la saison outdoor pendant les congés de Noël et les grandes gelées… On croit plus au hockey en salle qu’avant et il y a une réelle volonté de faire de l’indoor une discipline à part entière. Il y a encore quelques barrières à faire sauter, mais on y arrive ! », explique Patrick Van den Berghe.
Parmi les principaux problèmes, le calendrier, coincé en plein pendant la trêve hivernale, freine le développement de l’indoor au plus haut niveau. Le modèle allemand pourrait être une solution. Le championnat est concentré en quelques week-ends de championnat où les joueurs jouent jusqu’à quatre matches. Une façon de laisser souffler quelques semaines après la fin de l’outdoor et de pouvoir pleinement se consacrer à ce sport qui est pratiqué par les plus grands joueurs allemands. Mais plus qu’un problème de calendrier, c’est l’image du hockey en salle qu’il faudrait changer. A nouveau, les Allemands font office d’exemple puisque l’indoor y est considéré comme un sport à part entière, bénéfique pour le jeu extérieur. Le style allemand découle d’ailleurs des principes de la salle avec des passes rapides et une défense très rigoureuse. « Il serait utile d’avoir une meilleure connexion avec les staffs des Red Lions et des Red Panthers, qui ne laissent pas nos internationaux évoluer en indoor », souligne Patrick Van den Berghe, qui pense déjà aux autres options possibles, « une alternative serait de pousser les équipes nationales indoor et former des noyaux de joueurs performants spécialistes de la salle. Mais il reste du chemin à parcourir pour y arriver ». Le manque d’infrastructures pose aussi régulièrement problème. Les salles sont bien souvent réservées pour d’autres sports et il faut s’y prendre très tôt pour les louer pendant le week-end. En semaine, impossible ou presque pour beaucoup d’équipes de s’entrainer. Progresser rapidement et former les jeunes au hockey indoor sur le long terme relève donc du parcours du combattant. C’est ainsi que l’asbl Sports 2U a acquis plusieurs surfaces de jeu démontables et qu’elle a déjà installé à plusieurs endroits. L’exemple du Parc à Mitrailles de Court-St-Etienne est celui à suivre. Pendant près d’un mois, deux terrains de hockey indoor étaient à la disposition des équipes qui voulaient s’entrainer, alors que le Racing disposait également d’une surface de jeu montée dans ses installations pour la durée de la saison indoor. Des débuts encourageants et qui montrent la voie à suivre aux dirigeants des clubs, à l’instar de la Gantoise, qui a prévu un parquet indoor dans ses futures installations. « On parle de cette option avec différents clubs qui sont intéressés à avoir une surface indoor dans leurs installations. Les avantages sont évidents : plus de plages horaires pour s’entrainer, des rentrées plus importantes pour
Le hockey en salle est pour les jeunes joueurs et joueuses avant tout un moment de plaisir et l’occasion de pratiquer un jeu plus offensif en touchant beaucoup la balle. les clubhouses , l’avantage de jouer à domicile, etc. Nous sommes en train d’établir un cahier des charges pour que ce soient bien des terrains indoor, et nous étudions un modèle économique pour que l’opération soit réalisable. C’est une des pistes pour l’avenir de l’indoor, qui manque cruellement d’infrastructures », conclut le président de la Fédération du hockey en salle. LE HOCKEY EN SALLE, FUN ET FORMATEUR Le hockey en salle est pour les jeunes joueurs et joueuses avant tout un moment de plaisir et l’occasion de pratiquer un jeu plus offensif en touchant beaucoup la balle. Mais le hockey indoor est aussi avant tout une très bonne formation pour l’avenir des meilleurs pratiquants, comme des moins bons. Ce n’est pas pour rien que le nombre de membres des catégories U9 à U19 est en constante augmentation. Pour la plupart des équipes, les journées de hockey en salle permettent de souder l’esprit d’équipe et d’apprendre des techniques biens spécifiques de l’indoor, utiles à l’extérieur. Jouer dans des petits espaces sans pouvoir jouer en 3D force les jeunes à faire travailler leur imagination et à exercer de nouveaux gestes. Mais la technique individuelle est loin d’être le secret des bons joueurs d’indoor. Le plus important ici est d’avoir une technique de base irréprochable. Un contrôle qui rebondit un peu trop haut et c’est la faute tandis que les passes doivent être précises et puissantes. Un entrainement parfait qui servira aussi à l’extérieur. Sans oublier la défense basse, stick à terre et des duels constants. Et si le hockey en salle fait la part belle à l’offensive avec de nombreux buts, la défense est la première obligation du joueur indoor. Bref, le hockey en salle permet à chaque jeune de travailler des aspects primordiaux du hockey moderne, le tout dans une bonne ambiance et qui permet de casser la routine de la saison extérieure. Play Hockey • Collector • 2016
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Texte Carine Maillard Photo PHDPH
Le hockey
en toute sécurité Le hockey est un sport formidable, qui nécessite et développe de multiples aptitudes et qualités. Mais il peut aussi s’avérer éprouvant, voire dangereux. Pour savoir à quoi il faut être attentif durant les entraînements et matches, voici l’expérience du Dr Nicolas Vandenbalck, médecin spécialisé en traumatologie du sport, qui a dirigé la Commission médicale de l’ARBH et a longtemps suivi l’équipe nationale masculine. Nicolas Vandenbalck, pensez-vous que le hockey est un sport particulièrement exigeant et si oui, en quoi ? « En effet, le hockey combine un nombre important d’aptitudes et apporte des bénéfices sur bon nombre de plans. Ainsi, il est très exigeant au niveau de la psychomotricité, nécessitant coordination, concentration et agilité, un peu comme le tennis. C’est pourquoi son apprentissage est plus long que d’autres sports comme le football : il est difficile de le pratiquer avant l’âge de 5 ans. » Quelles aptitudes sont les plus sollicitées ? « Le hockey joue sur plusieurs filières énergétiques et musculaires. Selon moi, c’est un sport complet car tout le corps est sollicité. Il développe à la fois l’endurance et la résistance, avec des alternances de course et de déplacements courts très rapides. Le rythme de jeu et l’effort physique sont tels que le repos est nécessaire, et qu’il est impossible ou presque de s’économiser durant le match. Des études ont ainsi rapporté que les joueurs de hockey ont une meilleure condition physique que d’autres sportifs, car ils sont soumis à des exercices aérobies et anaérobies. Les premiers sollicitent et améliorent la consommation d’oxygène par l’organisme, améliorent la performance cardiaque, la santé musculaire, l’endurance… Il s’agit généralement d’exercices d’intensité moyenne sur une plus longue durée. Quant aux seconds, ils augmentent la force et la masse musculaire, lors d’activités intenses et brèves. La complémentarité des efforts est donc tout bénéfice ! » Les blessures sont-elles fréquentes et quelles parties du corps sont les plus concernées ? « Les risques principaux, pour les hockeyeurs, sont les tendinopathies, essentiellement au niveau de l’épaule, du poignet et du tendon d’Achille, très sollicités lors des mouvements répétitifs, et les douleurs au dos du fait de la position penchée quasiment en permanence. Cellesci sont souvent favorisées par un raccourcissement du muscle psoas. Ce risque peut cependant être largement limité par des exercices de stretching adaptés de ce dernier. Si selon certaines études, le risque de souffrir du dos n’est pas plus élevé chez les hockeyeurs, d’autres pointent du doigt le fait que la surcharge inhérente à la position typique du joueur peut avoir pour conséquence une diminution de la hauteur des disques et des changements dans la forme des vertèbres.
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D’autres parties du corps qui peuvent souffrir de certains mouvements spécifiques du hockey sont la hanche et l’aine. Ceci est lié au fait que la flexion de la hanche est importante ; il peut en résulter un conflit antérieur, entre le col du fémur avec le cotyle (cavité articulaire de la hanche). On le voit surtout chez des joueurs qui pratiquent le sleep, un mouvement qui exige une torsion importante du corps dans une position très basse. Une arthrose précoce pourrait en résulter. En cas d’atteinte importante, une chirurgie précoce peut s’imposer, mais en règle générale une simple rééducation est suffisante. Des problèmes à l’aine peuvent aussi se manifester chez les hockeyeurs : on l’appelle pubalgie de l’athlète. Mais il faut le souligner : les blessures sont moins le résultat de la pratique du sport même que des traumatismes subis durant le jeu, suite à un contact avec le stick d’un adversaire ou de la balle. Une bonne partie d’entre elles sont aussi dues au terrain : chutes sur l’épaule chez le joueur qui plonge pour un tip-in, traumatismes au poignet, entorses... » Le hockey peut-il dès lors être considéré comme un sport risqué, voire dangereux ? « Il peut en effet y avoir des blessures du fait de l’environnement, du stick, de la balle, mais des mesures sont prises pour les limiter, dans la mesure du possible. Par exemple, certains clubs ont encore des terrains synthétiques sablés ; or, en cas de chute, ce type de revêtement peut être à l’origine d’éraflures très importantes. Ils sont dès lors remplacés, quand les moyens le permettent, par des terrains mouillés. Le stick est fait de matières de plus en plus dures, composites, comme le carbone ou le kevlar et qui occasionnent régulièrement des dégâts… Les balles hautes sont interdites, comme chacun le sait, pour réduire les risques de blessures. Quand on sait la vitesse que ces balles dures peuvent atteindre, on imagine les dégâts qu’elles peuvent faire lorsqu’un joueur les reçoit. » Pour se prémunir de pareilles blessures, il est important de bien porter les protections exigées par la fédération… Voire plus ? « Certainement, mais les protections préconisées aujourd’hui me semblent suffisantes. A condition évidemment de choisir les plus efficaces. Par exemple, il ne faut pas acheter des guêtres de foot-
ball, car elles ne protègent pas les malléoles, particulièrement exposées lors des matches de hockey. Le protège-dents, quant à lui, limite le risque, mais face à un coup de stick sur la bouche, par exemple, il ne pourra pas éviter certaines catastrophes ! Cependant, il est essentiel d’en mettre un, pour protéger les dents de coups plus légers. De toute manière, il est aujourd’hui obligatoire… L’idéal est celui moulé par un dentiste ; plus cher, il sera sinon plus efficace, en tout cas plus confortable. Le gant est aussi utile pour amortir les chocs avec la balle : il est vrai que les lésions aux doigts ne sont pas rares. Aux USA, dans les écoles où le hockey est pratiqué, le port de protections au niveau des yeux est obligatoire : lunettes spéciales en plastique ou faites de « cage » en acier, pour amortir les coups. Ce genre de protection est néanmoins interdit par la Fédération Internationale de Hockey, car il pourrait occasionner des blessures aux autres joueurs. » Peut-on aussi prendre des mesures pour éviter les blessures liées à des problèmes musculo-squelettiques ? « Cela passe par une bonne préparation. Vu l’augmentation importante du nombre de joueurs, la Fédération a insufflé dans les clubs une prise de conscience d’une bonne préparation physique. Dans la plupart des grands clubs, les joueurs reçoivent donc un entraînement physique spécifique, axé sur l’endurance, les techniques de course, les changements de direction, les étirements actifs et statiques… Notons que les étirements ne sont pas utiles avant 10 ans, les enfants sont encore souples à cet âge ; ils deviennent indispensables ensuite, car plus on grandit, plus on devient raide… Les étirements en mouvement (actifs) sont alors plus efficaces que ceux réalisés au bord du terrain. Mais ceux-ci valent aussi mieux que rien ! Il faut cependant rester attentif à l’âge auquel on propose des entraînements plus physiques ou plus fréquents : trop de sport peut mener à des problèmes au moment de la croissance d’un enfant. D’ailleurs le nombre de pathologies de surmenage, comme des ostéochondroses, sont en augmentation chez les sportifs, telle que la maladie de Sever ou d’Osgood-Schlatter, propres à cette période de la vie. » Peut-on dès lors affirmer qu’à condition de suivre les conseils de précautions, le hockey est un sport adapté à tous, quel que soit l’âge ? « Je n’en suis pas convaincu : il s’agit d’un sport exigeant, parfois violent et qui sollicite, on l’a dit, de nombreuses aptitudes. Je ne suis pas certain que des personnes de plus de 60 ans, avec des genoux dans un mauvais état, en tireront beaucoup de bénéfice… Néanmoins, la fédération a créé des catégories de débutants plus âgés (Gent, Ladies), de junior-vétérans qui sont donc séparés des vétérans… pour respecter à la fois les différences d’âge et l’expérience. Je pense donc que chacun peut trouver le groupe qui lui convient. Le hockey a ainsi évolué intelligemment ! »
Analyse de la flexibilité des articulations des joueurs par les médecins sportifs du Top Sportlab.
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Texte Nathalie Evrard Photos Shutterstock PHDPH
L’entraînement,
ça commence à table ! Nutrition et performance sportive sont étroitement liées. En effet, les sportifs de haut niveau reconnaissent qu’une alimentation adaptée les aide à mieux performer. Pour guider les joueurs de hockey dans leur choix nutritionnel, nous avons rencontré Serge Pieters, diététicien de l’Institut Paul Lambin. Quels sont les facteurs qui facilitent la pratique sportive ? « Actuellement, que ce soit dans le domaine sportif ou ailleurs dans la société, nous recherchons tous la performance. Le hockey n’y a pas échappé, et ce phénomène a pris une ampleur considérable ces dernières années. Avant tout, l’amélioration de la performance dépend du temps passé à faire l’activité et à la qualité de chaque entraînement. L’amélioration constante de la performance fait suite à des programmes d’entraînements physiques, techniques et psychologiques des plus rigoureux. Plus un athlète s’appliquera sur une longue période, plus il développera son talent sportif. Mais, une alimentation équilibrée est incontournable pour améliorer la performance sportive. »
Quel est le conseil nutritionnel n° 1 à proposer aux sportifs ? « Être vigilant par rapport à son poids ! Et ce conseil doit faire partie de la stratégie de tout sportif. Dans de nombreuses disciplines, la baisse du poids est un facteur de performance puisque le ‘rapport poids/ puissance’ est un bon critère pour évaluer le potentiel d’un sportif. Si le poids baisse, ce rapport augmente. Dans les sports d’endurance par exemple, la performance passe par la notion du poids et du pourcentage de masse grasse optimaux. On a pris conscience que dans un sport tel que le hockey, du poids pour du poids, ça ne servait à rien, qu’il fallait avant tout un muscle moins gras, plus endurant également, donc avec moins de masse grasse. »
« Si bien que de plus en plus de sportifs s’adjoignent les services de nutritionnistes du sport, qui proposent des protocoles de terrain avant-pendant-après l’effort, qui gèrent le poids idéal en fonction du calendrier sportif, des compétitions, pour souvent veiller à maintenir un poids pendant l’intersaison avec une limite haute et une limite basse (maximum 2 kilos). Mais attention, cette vigilance par rapport au poids ne doit pas tourner à l’obsession. L’objectif est de perdre du poids régulièrement, en s’y prenant à l’avance (maximum 500g par semaine). Le mot ‘régime’ ne doit pas être utilisé, il faut éduquer nos jeunes sportifs à une alimentation équilibrée adaptée au sport pratiqué tout au long de l’année. » 64
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Quelle est l’alimentation idéale en période d’entraînement « Le principe de base du sportif de haut niveau est le respect de la pyramide alimentaire. En pratique, quelques règles diététiques simples et de bon sens permettent d’atteindre ces objectifs. Ceci passe avant tout par une alimentation structurée au cours de la journée avec une répartition des apports caloriques en 3 ou 4 repas. Enfin, le meilleur garant de l’équilibre alimentaire reste la variété et la diversité alimentaire : assurer à chaque repas principal la fourniture de 4 ou 5 composantes de chaque famille alimentaire, à savoir légumes, viande, poisson ou œuf, produit laitier, fruit. » « Pour les collations, qui doivent être clairement distinguées d’un grignotage, un produit laitier, un fruit, éventuellement un produit céréalier. Chez le sportif, les erreurs nutritionnelles les plus fréquemment observées sont des rations trop pauvres en glucides, en fruits et légumes et trop riches en protéines et en graisses. » Buvez régulièrement, toute déshydratation s’accompagne d’une baisse significative de la performance. « Un autre point fondamental de la ration du sportif sera l’apport hydrique qui devra être largement augmenté pour permettre le maintien d’une bonne hydratation de l’organisme tout en sachant que les pertes sudorales du sportif peuvent être très importantes. Ces pertes en eau sont accompagnées de pertes minérales importantes elles aussi. On veillera donc à boire régulièrement tout au long de la journée y compris pendant l’effort (perdre 1% de son poids de corps en eau durant l’effort entraîne une perte d’efficacité musculaire de 10%). Afin d’assurer une bonne couverture hydrique et minérale, on consommera des eaux plus ou moins riches en minéraux ou des boissons de l’effort. » Quelle est l’alimentation d’après-match ? « Après un match ou un entraînement acharné, il faut avant tout se réhydrater et très vite s’alimenter pour permettre au corps de récupérer et de reconstituer les stocks utilisés au cours de l’activité. Car les sportifs doivent toujours se préparer à l’échéance suivante. Ceci demande beaucoup de discipline et c’est un processus qui, une fois bien appliqué, permettra de performer à un niveau optimal. » « La collation idéale après l’effort c’est par exemple une banane (pour le sucre et l’énergie) et deux laits chocolatés (pour les protéines). Si le processus de récupération n’est pas amorcé immédiatement après le match, il y aura un manque d’énergie dans les muscles et ceci peut mener à de la fatigue, de moins bonnes performances, parfois même à des blessures. » « Le repas après l’effort doit avant tout garantir une bonne récupération. Idéalement, il se compose de féculents (pâtes, riz, pomme de terre, pain...) pour achever la recharge des réserves en glycogène, d’une ration de viande maigre, de poisson ou d’œufs, pour compléter l’apport protéique nécessaire à la récupération musculaire, et de légumes et fruits riches en vitamines et minéraux. L’apport de graisses doit rester limité. En dessert : un laitage pour reconstituer ses réserves de calcium et un fruit. » Et puis attention à la 3e mi-temps ! « La troisième mi-temps au hockey a beaucoup de succès ! Rappelons que l’alcool a un impact négatif sur la récupération du sportif et diminue fortement le phénomène de cicatrisation (risque de blessure musculaire). »
Buvez régulièrement, toute déshydratation s’accompagne d’une baisse significative de la performance. Que pensez de la prise de compléments alimentaires chez le sportif ? « Une alimentation équilibrée est tout à fait suffisante pour répondre aux besoins quotidiens du sportif. Le recours à tout complément alimentaire n’est absolument pas nécessaire et les supplémentations systématiques peuvent tout au moins s’avérer inefficaces voire dangereuses. C’est le cas pour les antioxydants dont la prise immodérée à l’issue des séances d’entraînement pourrait retarder la mise en place des adaptations musculaires. » La seule vitamine qu’il est conseillé de prendre systématiquement est la vitamine D. « La vitamine D est significativement associée à la puissance musculaire et la force des sportifs, il est donc conseillé de prendre un complément nutritionnel au bon dosage, d’autant plus que nous manquons de vitamine D. Celle-ci a la particularité d’être synthétisée par la peau, sous l’action des rayons ultraviolets solaires. En principe, une exposition « raisonnable » à l’astre solaire, dans le cadre d’activités de plein air, suffit à couvrir l’essentiel des besoins de l’organisme ; l’alimentation y contribuant pour environ un quart. Mais, en pratique, la réalité est bien différente… la majorité de la population présente une insuffisance en vitamine D. Tous les experts insistent sur l’importance de la prise de vitamine D. »
On veillera donc à boire régulièrement tout au long de la journée y compris pendant l’effort. Perdre 1% de son poids de corps en eau durant l’effort entraîne une perte d’efficacité musculaire de 10%. Et le magnésium ? « Beaucoup de sportifs sont également carencés en magnésium, celui-ci intervient dans la décontraction musculaire, et dans une meilleure gestion de l’effort et du stress. Une supplémentation via l’alimentation (eau riche en magnésium, céréales, …) et/ou un complément nutritionnel sont recommandés. » « Une supplémentation en fer et en calcium est également parfois conseillée, mais uniquement sous avis médical, et tout en maintenant une alimentation équilibrée. Avaler des sels de calcium oui, mais en n’oubliant pas de consommer aussi un yaourt. » Play Hockey • Collector • 2016
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« En période d’activité sportive intense, certains sportifs utilisent néanmoins certains compléments nutritionnels, leur usage doit être pratiqué ponctuellement, sur une durée limitée, et sous la surveillance d’un professionnel de santé. » Et pourtant les sportifs utilisent aussi d’autres compléments, notamment des poudres protéinées… « Une alimentation équilibrée couvre les besoins du sportif, et l’ajout de poudre est contre-indiqué. Cependant, dans certains cas de récupération ou de prise de masse musculaire, l’utilisation des poudres protéiques a lieu dans le but de compléter l’alimentation quotidienne. Difficile ensuite de s’y retrouver entre les différentes formes de poudre proposées sur le marché : poudre de soja, de chanvre, whey isolat ou concentré qui sont des protéines dites rapides, ou encore caséines, protéines à assimilation lente. Sans oublier, que ce type de complément est généralement contaminé par des substances dopantes ; on estime qu’1 produit sur 6 est contaminé, et même 1 produit sur 2 si le produit est acheté sur Internet. Les produits labellisés offrent un certain contrôle. » Que penser de la créatine ? « La créatine est auréolée d’une myriade de bienfaits. Elle augmenterait la masse musculaire, l’endurance, la force, l’énergie et les performances. Pas étonnant que sa consommation explose. Si l’efficacité a été prouvée en laboratoire sur 1 sportif sur 2, elle n’a jamais montré la moindre augmentation de performance sur le terrain ! La provenance de la créatine est souvent obscure, et le risque d’intoxication n’est pas impossible. La béta-alanine est un acide aminé qui fait actuellement l’objet de nombreuses recherches, elle a un rôle fondamental dans la production de carnosine, cet acide aminé qui neutralise l’acide lactique qui s’accumule lors d’exercice intense. Elle réduit donc les douleurs et la fatigue musculaire. » Toute la puissance de Hayward, sleeper des Black Sticks Néo-Zélandais.
Les barres énergétiques sont-elles utiles aux sportifs ? « Des dizaines de barres énergétiques différentes se retrouvent sur les étagères de magasins d’alimentation, de pharmacies, ou de magasins pour sportifs. Plus ou moins sucrées avec de nombreuses saveurs (chocolat, fruit, céréales...), leur principal avantage : la facilité d’utilisation. » « Le choix d’une barre énergétique dépend principalement de l’utilisation que vous voulez en faire. Elles seront donc classifiées selon le moment où vous allez la consommer. » « Avant et pendant l’entraînement, préférez une barre énergétique contenant de 200 à 300 calories dont plus de 75% de cette énergie provient des glucides. » « Évitez les barres riches en protéines (plus de 8g) et en lipides, ceux-ci retardent la digestion. » « Pour la récupération, après l’effort, on préférera les barres plus protéinées. Mais en aucun cas, les barres ne peuvent remplacer un régime alimentaire équilibré. » Attention aux boissons énergétiques ? « Contrairement aux boissons pour sportifs dont la composition s’adapte bien aux besoins pendant les matches, la plupart des boissons énergétiques contiennent une concentration de glucides supérieure à 10% qui va ralentir l’absorption des liquides par les intestins vers le sang, ce qui nuit à la réhydratation lors d’exercices. Seulement pour cette raison, les joueurs de hockey ne devraient pas consommer ces boissons énergétiques avant ou pendant un match. Également, la quantité de caféine contenue dans ces boissons peut nuire à la performance, car la caféine est un diurétique et un laxatif ce qui peut causer une déshydratation. » Avez-vous bu suffisamment ? « Si votre urine est claire comme une bière blonde, vous avez un bon taux d’hydratation, si par contre votre urine à la couleur d’une bière brune, il est urgent d’augmenter votre consommation en eau. » Que boire pendant le sport ? « De l’eau ou une boisson de l’effort. Celle-ci peut être une boisson du commerce (on apprendra à lire l’étiquetage car elles ne peuvent pas contenir plus de 4 à 6 % de sucre) ou une boisson maison (200 ml jus raisin + 300 ml eau + 1 pincée de sel ou 2 à 3 cuillères à soupe de grenadine dans la gourde). » A siroter tout au long de l’effort !
Contrairement aux boissons pour sportifs dont la composition s’adapte bien aux besoins pendant les matches, la plupart des boissons énergétiques contiennent une concentration de glucides supérieure à 10%. 66
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Hydratation connaître ses besoins Texte Carine Maillard Photos PHDPH
En cas de déshydratation, en plus des risques pour leur santé, les sportifs voient leurs performances chuter drastiquement. C’est pourquoi il est toujours bon de savoir quand, combien et quoi boire, en fonction de ses propres besoins… Notre corps, constitué majoritairement d’eau, a constamment besoin d’apports hydriques pour fonctionner. En moyenne, chez un non-sportif, ce besoin équivaut à 2,5 à 3 litres par jour ; chez un sportif, ces chiffres peuvent monter jusqu’à 3,5 litres… en moyenne ! Car les jours de fortes chaleurs ou pendant un match, les besoins peuvent exploser ! Près de la moitié des apports hydriques est fournie par l’alimentation, mais l’essentiel l’est par les boissons. Depuis de nombreuses années, des études ont démontré l’effet délétère d’une hydratation insuffisante sur les performances : une déshydratation mineure, de seulement 2%, induit une diminution des performances sportives de 20% ! Et si elle s’élève à 4%, la baisse de performance varie entre 40 et 60%. Et l’on ne parle même pas des risques pour la santé, comme les coups de chaleur, les vertiges, une diminution des capacités à réfléchir (avec un risque accru d’accident), des troubles musculaires et tendineux (claquages, élongations…), mais aussi cardiaques ! Quelles quantités ? Le sportif doit dès lors apprendre à connaître ses besoins. Il peut le faire simplement en se pesant avant et après l’effort (entraînement, match, course…) pour voir le poids perdu : la perte d’un kilo équivaut à la perte d’un litre d’eau. Il sait dès lors la quantité dont il a besoin lors de cet effort. Pour s’assurer une hydratation optimale, il est essentiel de boire avant, pendant et après le sport. Avant le sport pour l’entamer avec les bonnes quantités d’eau et d’électrolytes dans l’organisme. Quelques heures avant la compétition, par exemple, il est recommandé de boire par petites quantités régulières, entre 100 et 200 ml toutes les 15 à 20 minutes. Le sportif devra aussi boire pendant l’effort, et évidemment après, afin de bien se réhydrater. Mais pour être certain de compenser les pertes hydriques, il est aussi recommandé de continuer à bien boire les jours qui suivent.
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Que faut-il boire ? Après la question de la quantité, reste celle de la qualité. Si l’effort ne dépasse pas une heure, l’eau fera largement l’affaire avant, pendant et après. Par contre, s’il est plus long ou particulièrement intense, le corps perd non seulement beaucoup d’eau, mais aussi pas mal d’électrolytes. Ceux-ci sont des sels minéraux qui se trouvent dans l’organisme ; ils sont importants car ils interviennent dans des fonctions vitales : transmission d’influx nerveux, distribution de l’eau dans l’organisme, gestion de la tension de tous les types de muscles… C’est pourquoi il est recommandé de veiller à être bien hydraté avant l’effort. Pendant et après, par exemple une compétition, l’eau risque de ne pas suffire. C’est pourquoi des boissons énergétiques ont été conçues. A ne pas confondre avec les boissons énergisantes, qui n’apportent pas les électrolytes nécessaires aux sportifs ! Elles seront donc idéalement consommées durant le match, toujours à petites doses pour éviter les ballonnements qu’elles peuvent provoquer. Pour compenser la perte hydrique, le sportif peut alterner avec de l’eau. Après la compétition ou la période sportive intensive, il est bon de poursuivre dans un premier temps (8 à 24h) avec ces boissons énergétiques et de l’eau, pour continuer à combler le déficit en eau, sels minéraux et glucides. Ensuite, il suffira de continuer à bien boire de l’eau, pour maintenir le taux idéal d’hydratation et d’électrolytes. Il n’y a pas de quantité de boissons énergétiques optimale à consommer : le besoin varie d’une personne à l’autre, en fonction de ses pertes en électrolytes, qui sont elles-mêmes déterminées par la génétique, le type d’alimentation, la quantité de transpiration émise ou encore l’effort réalisé par l’organisme pour s’acclimater à la chaleur. C’est pourquoi il est bon de s’interroger sur ses besoins et de réagir en fonction de son propre organisme !
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Les Red Lions semblent enfin prêts à combler nos espoirs les plus fous ! Nos hockeyeurs sont-ils prêts à écrire une page d’histoire au cours de cet été ? Sont-ils assez solides pour avoir une grande chance, ou en tout cas une chance réaliste, de décrocher une médaille ?
Texte Laurent Toussaint Photos PHDPH 70
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Une question que se posent tous les véritables fans de hockey de ce pays depuis bientôt quatre ans, c’est-à-dire depuis cette belle et prometteuse 5e place au Jeux olympiques de Londres en 2012. Une question à laquelle j’aurais tendance à répondre de façon positive. Un « oui » qui n’aurait pas été aussi franc voici six mois, après le Championnat d’Europe à Londres, un « oui » qui aurait alors pu ressembler à un « non, vous êtes fous, ils ne sont pas prêts » ! Car l’été dernier à Londres, nous avons connu une énième déception en deux ans, après, il faut le souligner, un beau championnat d’Europe à Boom en 2013. Les belles prestations aux Jeux de Londres et à Boom ont laissé place à une série de désillusions : 5e en finale de World League à Delhi, 5e à la Coupe du Monde à La Haye, 8e au Champions Trophy en Inde, 5eencore au Championnat d’Europe à Londres… A chaque fois, il a manqué ce petit je-ne-sais-quoi dans les phases cruciales (voir encadré pour l’analyse de ces résultats). CHAMPIONNAT D’EUROPE : LE POINT DE RUPTURE La 5e place au Championnat d’Europe a heureusement eu d’heureuses conséquences. Les sempiternelles explications « tout va bien, c’est un accident de parcours, on a manqué de chance, vous verrez la prochaine fois, on a tout de même progressé… » n’étaient désormais plus crédibles. La vérité éclatait enfin : « le résultat est à nouveau en deçà de nos espérances et il est clair pour tous qu’il faut prendre le problème à bras le corps et réagir énergiquement. » La direction de la fédération et Bert Wentink, directeur technique, ont fait preuve de clairvoyance en analysant précisément les problèmes des joueurs et de l’équipe dans leur ensemble après le douloureux championnat d’Europe. Tout remettre en question à 10 mois des Jeux de Rio était prendre un risque énorme, mais un risque nécessaire. MCLEOD : LA BOUFFÉE D’AIR FRAIS Jeroen Delmee, d’un style assez froid, a fait un excellent travail en tant que T2. Mais devenu T1, il a enfermé les joueurs dans un carcan purement tactique. Il en a presque fait des robots : « je décide comment nous jouons, vous pouvez émettre vos idées mais je n’en tiens pas compte ». Jeroen Delmee a donc été écarté au profit d’une personnalité plus extravertie qui privilégie le partage avec les joueurs.
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MCLeod ne veut pas de robots,il veut des joueurs qui pensent ensemble, qui se sentent importants, qui prennent des initiatives créatives. Le contraste entre Jeroen Delmee et Shane McLeod ne pouvait pas être plus grand ! Le Néo-Zélandais envisage le coaching de manière positive, sans pleurs ni grincements de dents. Lors des entraînements aussi, il est toujours positif, prodiguant conseils et encouragements. Il laisse les joueurs trouver les bonnes solutions aux exercices demandés, et si cela ne marche pas, il les laisse expliquer ce qui ne va pas et voit comment il peut les aider. Avec cette façon de procéder, le gain est double : les joueurs prennent conscience de leur importance, ce qui les renforce mentalement, et ils deviennent plus aptes à analyser ce qu’ils font et pourquoi on le leur demande. C’est la meilleure façon de booster le mental des troupes, ce qui est probablement le plus gros travail encore à faire avec les Lions. On peut considérer Shane McLeod comme une figure paternelle qui n’hésite pas à donner tout genre de conseil et qui, en douceur, amène les joueurs à grandir. Cette approche chaleureuse correspond à la mentalité belge, bien plus que celle plus froide et directe de l’école hollandaise de Lammers et Delmee. C’était une approche ‘top-down’ distanciée : je dis comment il faut faire et c’est à vous de le faire. Il ne reste que peu, voire pas de place pour l’initiative personnelle, la créativité ou l’inventivité. Un autre problème, et non des moindres, était la barrière de la langue. Un gros problème pour Lammers et, en moindre mesure pour Delmee. Lammers ne parlait pas le français et, s’il faut lui reconnaître un talent certain pour la communication et sa facilité à s’exprimer, il n’a jamais su faire passer son message auprès des francophones. Et tout cela se reflétait sur le jeu des Lions. Un jeu solide certes, mais qui manquait de fraîcheur, de surprise. Et les adversaires n’avaient aucune peine à affronter les Belges avec un jeu aussi lisible et prévisible.
Tom Boon et Sébastien Dockier, victorieux des Argentins lors de la World League Final à Raipur.
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Les joueurs ne sont pas des robots Avec McLeod, les joueurs ne sont plus des numéros, des pions que l’on place et dont on attend qu’ils réagissent simplement, presque sans réfléchir, aux consignes données. McLeod travaille avec des hommes, des humains, et il sait parfaitement qui a besoin de quoi et de quelle manière chaque personne fonctionne. Ceci parce que McLeod connait de nombreux jeunes depuis longtemps. Il travaillait déjà avec certains comme coach dans un club et auprès des jeunes. Les autres, il les connait pour les avoir vu œuvrer dans les rencontres en Belgique.
Le but est bien entendu d’optimaliser l’implication des joueurs dans l’équipe. Un bel exemple de cette approche est la façon dont il a réparti les 20 joueurs présents pour la finale de World League (du 27/11 au 6/12/2015) en 3 groupes : les communicateurs, les régulateurs et les supporters. L’idée est que les joueurs prennent conscience de leur rôle dans l’équipe et de ce qu’ils peuvent attendre de leurs coéquipiers lorsque quelque chose ne se déroule pas comme prévu.
Qui est qui ?
MAIS QUE VEUT-IL DIRE PAR CES TROIS TERMES ? 3 types de joueur Avant tout, cette distinction faite entre les joueurs n’est en aucun cas un jugement de valeur. Un type de joueur n’est pas supérieur à un autre. C’est tout simplement une sorte de classification en fonction des points forts de chacun.
1. LES COMMUNICATEURS Ils sont, pour McLeod, les joueurs qui détectent le plus rapidement les problèmes ou changements en cours de match et ont la capacité de le faire savoir aux autres pour trouver ensemble une solution. Les communicateurs sont là pour aider l’équipe via un coaching précis et positif.
Qui fait quoi ?
Voici les abréviations et le nom du joueur correspondant : TOM SIM SEB JIM VIC TUUR STOCK VINNIE MIMI CED TOMA BUD GAUT DIM FLO J2 FLEX COZ TCHOUC PINO
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Tom Boon Simon Gougnard Sébastien Dockier Alexander Hendrickx Victor Wegnez Arthur Van Doren Manu Stockbroekx Vincent Van Asch Jeremy Gucassoff Cédric Charlier Thomas Briels Alexandre de Paeuw Gauthier Boccard Dimitri Cuvelier Florent van Aubel John-John Dohmen Felix Denayer Tanguy Cosyns Jérome Truyens Loïck Luypaert
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Les couleurs font référence à la place du joueur dans le jeu. Bleu clair gardien de but Bleu foncé défenseur Vert milieu de terrain Rouge attaquant
2. LES RÉGULATEURS Ils doivent se concentrer sur ce qu’ils font pour aider l’équipe, tout en comprenant ce que font les autres. Ils aident les autres en prestant euxmêmes du mieux possible. 3. LES SUPPORTERS Il est moins important de détecter ou voir le problème. Leur force est l’aide qu’ils peuvent apporter dans la résolution de la situation. Leur rôle est de transmettre l’information et de suivre les instructions, tout en gardant à l’idée que leur tâche est importante : ils aident leurs coéquipiers à mieux jouer.
Pour beaucoup, ce fut une expérience étonnante, voire dérangeante. Au sein de leurs clubs respectifs, les Lions sont tous des communicateurs, car il semble normal qu’ils aient un rôle de locomotive, de leader, ils sont ceux qui montrent l’exemple. Et puis, plus drôle, il y en a certains dont l’opinion qu’ils avaient d’eux même différait radicalement de ce que les autres pensaient, et qui n’avaient jamais imaginé comment les autres les percevaient. Pour être concret, voici la répartition du groupe des 20 joueurs en finale de World League à Raipur. Force est de constater que
dans le groupe des communicateurs figurent essentiellement des milieux de terrain expérimentés. Ce sera peut-être un cliché, mais à l’arrière, seul Luypaert est un communicateur, les autres purs défenseurs (Boccard est cependant attaquant dans son club), y compris le gardien, sont des régulateurs. 5 JOUEURS ONT UN RÔLE DOUBLE Cédric Charlier est le seul communicateur-régulateur. Gauthier Boccard est le seul régulateur-supporter. Flo Van Aubel, JohnJohn Dohmen et Dimitri Cuvelier, sont trois communicateurs-supporters.
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Tout pour y arriver… Une chose est sûre, la motivation pour réussir est bien là. Pour preuve, les joueurs ont cette saison quitté en masse la compétition des Pays-Bas afin de tout mettre au point en vue du but ultime : une médaille à Rio. Ils ont l’occasion de s’entraîner ensemble 4 jours par semaine, un rythme similaire à celui de l’Australie, pays qui est actuellement l’exemple à suivre. Les Red Lions sont assurément sur la bonne voie. Mais est-ce suffisant pour battre leurs adversaires habituels lors des Jeux ? QUI SONT CES CONCURRENTS ? Déjà, le cercle des prétendants s’est élargi par rapport aux précédents Jeux olympiques. Alors qu’aux Jeux de Londres trois candidats sérieux se dégageaient du lot, l’Australie, l’Allemagne et les Pays-Bas, la situation a changé. L’Australie est en très net progrès, depuis avant les Jeux de Londres même, et émerge très clairement comme favori. Ayant fait forte impression lors de la Coupe du Monde de 2014 à La Haye et en finale de World League en novembre 2015, les Kookaburras seront dans la course pour la médaille d’or. Ils disposent de plus d’un impressionnant noyau, une trentaine de joueurs quasiment tous interL’Allemagne, l’Argentine, les Pays-Bas, l’Angleterre et l’Australie forment à eux 5 nos concurrents les plus directs.
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changeables, jusqu’aux deux premiers gardiens de but. Même avec de nombreux blessés, la qualité de leur jeu ne devrait pas en pâtir. Seul petit espoir pour la concurrence : lors des Jeux olympiques, les Australiens ont parfois cédé sous la pression. Ce fut le cas à Pékin en 2008 et à Londres en 2012. Mais lors d’autres grands tournois mondiaux, ils ont toujours assuré. LES RIVAUX DE L’AUSTRALIE Derrière l’Australie, la compétition pourrait bien être très ouverte entre plusieurs pays. La Belgique avec nos Lions, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Angleterre et… l’Argentine. Chez les dames, l’Argentine figure dans le top 3 depuis plusieurs années et les hommes ont nettement progressé, ce qui fait aujourd’hui de ce pays un adversaire à craindre. Même si, sauf surprise, l’Argentine reste un cran en dessous des quatre concurrents directs de l’Australie. Mais qu’ont donc les Kookaburras que les autres pays n’ont pas ? Les internationaux, certainement dans l’année qui précède les Jeux, ne jouent plus à l’étranger. Ils passent tout leur temps ensemble. Le noyau de l’équipe compte une trentaine de joueurs de force égale, ce que les autres pays n’ont pas. Ils sont techniquement bons, physiquement les meilleurs, et ont énormément de culot. Ils défient, intimident, sont mentalement solides et jouent d’une manière presque arrogante. CHANGEMENT DE FORMULE QU’EST-CE QUI VA DÉTERMINER L’ORDRE DES ÉQUIPES ET QUI SERA EN COURSE POUR L’ARGENT ET LE BRONZE ? Il est intéressant d’en parler car la formule du tournoi olympique de hockey a été modifiée. S’il y a toujours 12 pays répartis en deux poules de
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6 équipes, il ne faudra plus impérativement terminer dans les deux premiers pour se qualifier en vue d’une médaille. Désormais les quatre premiers de chaque poule poursuivent l’aventure. C’est l’introduction de quarts de finale en quelque sorte. Avec deux pays derrière soi en fin de phase de poule, on garde donc toutes ses chances. Une nouvelle formule qui modifiera l’approche stratégique lors des matchs de poule, même s’il reste préférable de terminer dans les deux premiers afin d’affronter au tour suivant un adversaire plus facile et, dans le cas des Red Lions, pas l’Allemagne ou les Pays-Bas, par exemple, puisque les Australiens sont dans la même poule que les Belges. Pour le reste, qu’est-ce qui pourrait déterminer le classement ? Qui donne le meilleur penalty corner, qui est physiquement au mieux de sa forme, qui peut au mieux réagir en cas de coup dur ? Celui qui va émerger au bon moment. Celui qui évitera l’Australie en quarts de finale… Et là, les Lions sont bien placés ! ET LE MENTAL ? Assez ironiquement, le mental de notre équipe des Lions s’est nettement amélioré depuis qu’ils ne travaillent plus avec un psychologue du sport attitré. Cette tâche est en grande partie assurée par le nouveau coach. Le fossé qui s’était creusé entre les joueurs et le staff technique s’est comblé avec McLeod. Un psychologue du sport intervient toujours, mais ce n’est pas spécialement toujours le même. Il est choisi en fonction du problème à traiter et du joueur concerné. Cette nouvelle approche semble porter ses fruits, comme le prouve la 2e place en World League l’an dernier. Un tournoi où l’on a vu jouer une équipe entière et non plus des initiatives individuelles (je pense à Manu Stockbroekx en Coupe du Monde à La Haye, Dorian Thiery en demi-finale de World League à Brasschaat, à Simon Gougnard au Championnat d’Europe à Londres…).
Jake Whetton, attaquant des Kookaburras, a voué son dos à son pays. Il a clairement l’Australie dans la peau !
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Quels changements depuis les Jeux de Londres ? L’acquis le plus important est probablement l’expérience que les grands tournois des dernières années ont apportée. Les plus jeunes joueurs de la sélection sont aujourd’hui mieux formés aux compétitions de haut niveau que ne l’étaient ceux du noyau de l’équipe des Jeux de Londres. Ce véritable trésor d’expérience engrangé en moins de quatre ans est inestimable et pourrait jouer un rôle déterminant à Rio. Sur le plan physique, le groupe a également développé des atouts. Les nouveaux joueurs qui ont intégré l’équipe ont progressivement acquis plus de qualités que leurs prédécesseurs. Le noyau est ainsi drastiquement amélioré. Et les joueurs qui ont rejoint l’équipe ont tous eu une expérience internationale positive en tant que jeunes et sont mentalement plus solides que par le passé. L’équipe comporte aussi plus de spécialistes du penalty corner et dispose donc d’une arme redoutable. A Londres, on pouvait compter sur Tom Boon et Jérôme Dekeyser. Aujourd’hui, ils s’appellent Boon, Cosyns, Luypaert, Denayer… UNE ÉQUIPE RÉNOVÉE Alors, qui est parti, qui est arrivé depuis Londres et qu’elle est leur valeur ajoutée ? Le groupe de 16 joueurs de Londres 2012 : Vincent Vanasch, Xavier Reckinger, Benjamin Van Hove, Félix Denayer, Alexandre de Saedeleer, John-John Dohmen, Maxime Luycx, Jérôme Truyens, Jérôme Dekeyser, Florent van Aubel, Thomas Briels, Cédric Charlier, Gauthier Boccard, Jeffrey Thys, Simon Gougnard, Tom Boon Ont quitté l’équipe Reckinger, Van Hove, Desaedeleer, Luycx et Dekeyser. LES NOUVEAUX DEPUIS LONDRES Dans le noyau des 24, qui ont participé au stage à Capetown du 15 janvier au 1er février sont au nombre de 12 : Cosyns, Cuvelier, de Paeuw, Dockier, Hendrickx, Luypaert, Stockbroekx, Thiery, Van Strydonck, Arthur van Doren, Loic Van Doren, Wegnez. 78
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C’EST À LA FOIS BEAUCOUP ET ESSENTIEL Certains joueurs apportent une réelle plus-value. Je pense en premier lieu à la défense qui sera sensiblement plus forte à Rio qu’à Londres : Arthur van Doren, Loïc Luypaert, Manu Stockbroekx, Elliot Van Strydonck et le polyvalent Dorian Thiery, aussi efficace à l’arrière qu’en milieu de terrain. Le changement en milieu de terrain et à l’avant est peut-être moins spectaculaire mais là encore, chaque nouveau venu est un pion important. Tout ceci ne laisse planer aucun doute sur l’évolution positive des Lions en quatre ans. A l’approche des Jeux de Rio, il leur reste probablement à travailler leur assurance afin de contrôler au mieux le culot des Australiens. Devenir plus arrogants, un peu plus pervers, ce qui s’imposera
(outre une condition physique au top) pour contenir l’Australie et mettre le feu aux tibias. LA CONCURRENCE Quelle est la condition actuelle des autres grandes équipes ? L’Australie : elle est aussi forte qu’à Londres. On avait pensé que ce ne serait pas le cas pour Rio du fait que certains bons joueurs auraient atteint la trentaine, mais ils ont prouvé que l’âge n’avait pour le moment aucune influence, tout en complétant l’effectif par des forces plus jeunes. L’Angleterre : pas ou peu de sang neuf, mais cela reste une équipe coriace, difficile à battre, avec un esprit de compétition très affirmé.
Les résultats de ces dernières années : Les Pays-Bas : une des meilleures équipes au niveau technique, sans émergence de nouveaux jeunes talents. L’atout des ‘Oranje’ reste le corner de Mink Van der Weerden. Pour le reste, l’équipe manque de caractère dans les moments cruciaux, d’esprit combatif et de condition physique. L’Allemagne : c’est une équipe qui est toujours aux Jeux. Après ceux de Londres, on a pu émettre quelques doutes. A l’exception du Championnat d’Europe à Boom en 2013 où ils ont terminé premier, les prestations furent en demi-teinte : 7e en finale de World League à Delhi, 6e en Coupe du Monde à La Haye, 2e au Championnat d’Europe à Londres mais en l’emportant de justesse face à l’Angleterre en demi-finale et en prenant des coups face aux Pays-Bas en finale, 7e en finale de World League en 2015. L’Argentine : en très net progrès mais, dans l’ensemble, toujours un cran en deçà des autres pays. CONCLUSION La direction de la Fédération et le directeur technique ont le mérite d’avoir, après le Championnat d’Europe à Londres, correctement
JO 12 CE 13 WL 14 CM 14 CE 15 WL 15 Australie 3 - 4 1 - 1 Pays-Bas 2 3 1 2 1 4 Allemagne 1 1 7 6 2 7 Belgique 5 2 5 5 5 2 Angleterre 4 4 3 4 4 6 Argentine 10 - 8 3 - 5 analysé la situation et pris une décision drastique et courageuse à 10 mois des Jeux de Rio. Jeroen Delmee, avec son approche ‘hollandaise’ (top-down, je décide, vous exécutez, voir ci-dessus) a été écarté et remplacé par une personnalité plus humaine dont l’expérience est prouvée. Shane McLeod a ainsi mené les Lions à la 2e place en finale de World League. Les joueurs se sentent libérés et, spontanément, jouent de mieux en mieux. La Belgique peut enfin à nouveau rêver d’une médaille olympique. ET APRÈS RIO ? Shane McLeod pourrait être le coach qui, pour la première fois depuis le bronze à Anvers en
1920, mène le hockey belge jusqu’à la médaille. Mais il faut déjà préparer l’après-Rio. Pas question que l’on laisse tout aller une fois le but atteint. La fédération semble œuvrer dans ce sens en intégrant Michel van den Heuvel au staff. QUELQUES SCÉNARIOS SONT POSSIBLES Bert Wentink, directeur technique, architecte et moteur de l’équipe, arrête après les Jeux. Idem pour McLeod qui, depuis sa nomination, a toujours déclaré que son rôle de coach fédéral s’arrêtait après Rio, quel que soit le résultat. La fédération aimerait le garder plus longtemps. Le nommer directeur technique pour remplacer Wentink est peut-être une bonne option.
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Alors, à nouveau un Hollandais ?
Michel van den Heuvel aux côtés de Shane McLeod.
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Michel van den Heuvel pourrait donc reprendre le flambeau de coach fédéral. Si McLeod n’est pas intéressé par le poste de directeur technique, van den Heuvel est aussi un candidat pour ce job. Lorsqu’il a été annoncé que le Hollandais Michel van den Heuvel rejoignait le staff de McLeod, il y a eu quelques froncements de sourcils. N’avait-on pas dit que c’en était terminé avec « l’école hollandaise » ? Oui, mais la personnalité de van den Heuvel est différente de celle de Lammers et Delmee. Michel van den Heuvel est un Brabançon. Il est ‘Hollandais’ par sa méthode très directe mais sa mentalité se rapproche plus de la mentalité belge et flamande. Il s’occupe actuellement surtout des défenseurs et le courant passe très bien avec les joueurs. Pour citer ce qu’en dit quelqu’un qui le connaît bien : « Michel ne pratique pas la langue de bois et pousse chaque entraînement à 300%. En comparaison avec Lammers et Delmee, il est Play Hockey • Collector • 2016
beaucoup plus extraverti, plus Flamand que Hollandais en quelque sorte. » Reste la question de la barrière de la langue. Je présume que le français de van den Heuvel est meilleur que celui des deux autres Hollandais… Autre argument en sa faveur, il connait, via le club Oranje-Zwart, fort bien certains de nos Lions (Vanasch, Briels, Van Strydonck). Michel van den Heuvel a de quoi présenter des références flatteuses : deux titres nationaux ces deux dernières années et la victoire en Euro Hockey League la saison dernière avec le club Oranje-Zwart. Il a aussi gagné du galon avec Bloemendaal, trois fois champion. Il a également travaillé avec l’équipe nationale, sans obtenir les résultats escomptés. Si sa grande ambition était de devenir coach fédéral, il n’a pas réussi avec cette équipe à créer des surprises. Ce qui est par ailleurs le cas de tous les autres coaches depuis 2000, car l’équipe masculine n’a plus jamais remporté la Coupe du Monde ou les Jeux olympiques.
Suite à un différend concernant la politique à suivre en vue des Jeux de 2012, il a été licencié par la KNHB début avril 2010 et remplacé un peu après par Paul van Ass. Après l’été 2010, il est devenu coach fédéral de l’équipe du Pakistan, dans l’optique des Jeux de Londres 2012. Mais la fédération pakistanaise a subitement rompu le contrat le 15 mars 2012. Après les JO de Londres, il est retourné dans son ancien club Oranje-Zwart comme coach des messieurs, où il avait signé un contrat de quatre ans en janvier 2012. Pour sa première saison, l’équipe s’incline en finale des playoffs du championnat face à Rotterdam. La saison suivante, 2013-2014, van den Heuvel décroche le titre et atteint la finale de l’Euro Hockey League, battu par le Harvestehuder à l’issue des shoot-outs. La saison 2014-2015 aura été la meilleure de l’histoire des Oranje-Zwart : champion de Hollande et victoire en Euro Hockey League.
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La Coupe d’Europe de Londres restera dans les mémoires comme le tournoi qui imposa une profonde remise en question au sein de notre BNT.
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Que s’est-il (mal) passé entre les JO 2012 et le Championnat d’Europe à Londres ? Le grand doute de ces deux dernières années au sujet des Lions s’est transformé en vague d’optimisme à l’issue de la finale de World League à Raipur en novembre : nous avons à nouveau une chance de médaille à Rio. Désormais cités parmi les favoris, les Lions n’avaient que le statut d’outsider jusqu’à cette finale de World League 2015. Comment en était-on arrivé là ?
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Après une 5e place aux JO de Londres avec une jeune équipe, l’euphorie était justifiée. Les années suivantes étaient pleines de promesses et l’écart avec le top mondial serait rapidement résorbé, avec au bout du chemin, une médaille à Rio. BALLET DE COACHES Rien n’a été laissé au hasard. Le coach Colin
Batch a quitté son poste après Londres, remplacé par Marc Lammers, coach incontesté aux Pays-Bas. Lammers semblait être l’homme qu’il nous fallait pour abattre les derniers obstacles avant le top mondial. C’est un « selfmade man » qui a plus que prouvé ses capacités. Il sait ce qu’il faut faire pour décrocher une médaille (d’or) aux Jeux olympiques.
Coupe du Monde à La Haye. L’Angleterre nous prive d’une place en demi-finale. Nous terminerons 5e du tournoi.
Marc Lammers l’a fait avec l’équipe féminine des Pays-Bas. Il était aussi prédestiné à devenir coach fédéral des messieurs, ce qui ne lui a jamais été accordé. L’heure était donc de prendre une sorte de revanche avec les Belges. Et Lammers a semblé pouvoir combler les attentes, car l’année après Londres l’espoir était de rigueur sous sa direction, avec deux victoires sur l’Australie en demi-finales de la World League à Rotterdam. Un peu plus tard cette même année, les jeunes Lions aux dents longues ont disputé un très bon championnat d’Europe (hasard ou pas) à Boom, à domicile. Ils y ont signé une victoire sur l’Allemagne, champion olympique et deuxième nation la plus forte après l’Australie, et ont ridiculisé l’Angleterre (numéro 4). Disputant la finale, la Belgique a cette fois dû s’incliner face aux allemands.
Résultat : l’argent. Mais il devenait officiel que nous appartenions désormais au top mondial, car lors d’un championnat d’Europe, à l’exception de l’Australie, tous les grands sont présents. A partir de maintenant, nous irons à chaque tournoi pour décrocher une médaille. EUPHORIE TEMPORISÉE L’heure était donc venue de confirmer, en Inde. En janvier 2014 se déroulait à New Delhi la finale de World League, avec le top mondial au grand complet, y compris l’Australie. Ce sera un premier désenchantement. En World League, le match de quarts de finale est crucial, c’est l’épreuve à réussir pour ne pas rater son tournoi. Les Lions se sont qualifiés via la phase de poules, mais cela ne les inquiète pas. L’adversaire en quarts de finale est l’Angleterre. Les Lions dominent mais s’inclinent 1-0. Ils termineront à la 5e place. Premier bémol, qui sera traduit en « accident de parcours. » Des jeunes joueurs intègrent l’équipe, on expérimente. Le tournoi qu’il ne faut pas rater, c’est la Coupe du Monde, de fin mai à mi-juin 2014, à La Haye. Il faut cette médaille et on l’aura. Mais La Haye sera la deuxième désillusion, coup sur coup. Lors de la Coupe du Monde, il faut terminer dans les deux premiers en phase de poules si l’on veut rester dans la course pour une médaille.
Thomas Briels lors de la World League 3 à Brasschaat. les Lions y décrocheront leur qualification pour Les JO.
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Les Lions font un beau parcours et, pour le dernier duel, un partage avec l’Angleterre leur suffit pour accéder aux demi-finales. Mais aux moments cruciaux, les Lions commettent de stupides erreurs (d’appréciation). Ils gaspillent leurs possibilités d’arbitrage vidéo, ce qui se retournera contre eux quand l’Angleterre, au bout du rouleau, bénéficiera d’une pénalité injustifiée et marquera le point gagnant. L’objectif du match nul n’est pas atteint, la Belgique termine à nouveau 5e, sans médaille. A nouveau, il n’a pas manqué grand-chose. PAS GRAND-CHOSE… TROP SOUVENT La progression est stoppée, l’équipe stagne, pire encore, Marc Lammers jette l’éponge. Il invoque des raisons personnelles pour justifier officiellement son départ prématuré, moins de deux ans après sa prise de fonction. Est-ce la véritable explication, le doute est permis. Lammers a-t-il cru qu’il n’avait pas de l’or entre les mains ? C’est son assistant, Jeroen Delmee, Hollandais lui aussi et ancien joueur de haut niveau, qui reprend le poste de coach.
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Sous l’ère Lammers, Jeroen Delmee était le cerveau tactique et il est plus proche des joueurs. Il comprend et parle un peu le français. Au contraire de Lammers avec qui la barrière de la langue était un réel problème d’après ce que l’on entend raconter. Mais l’équipe va-t-elle s’améliorer avec Delmee ? La réponse est malheureusement… non. Le Champions Trophy en Inde en décembre 2014 est le premier tournoi depuis le changement de coach. Les Lions font un beau parcours en phase de groupes, mais l’étape déterminante en Champions Trophy est à nouveau le résultat obtenu en quarts de finale. Les Lions semblent capables de battre l’Inde mais, portés par la liesse des supporters locaux, les Indiens l’emportent 4-2. Ici, les Lions ont montré une vulnérabilité psychologique. Eliminés, ils terminent 8e et derniers. Un troisième tournoi raté… TOUJOURS CE MANQUE DE FORCE MENTALE Un revirement urgent s’impose, car le rêve de médaille olympique a pris quelques mauvais coups. Le prochain tournoi se dispute heureusement à domicile : les demi-finales de la World
La personnalité de Shane McLeod qui privilégie l’écoute des ses joueurs a immédiatement conquis les cœurs et boosté le mental de notre équipe.
Lions perdent les pédales et les Allemands, rusés, vont en profiter un maximum. Ils remarquent en début de 4e quart temps que les Lions comptent un homme de trop sur le terrain : carton jaune pour le capitaine. Il est trop tard, c’est la déculottée. Une petite défaite n’aurait pas été une catastrophe, mais 4-0… Il faut maintenant l’emporter face à l’Irlande. En soi, ce n’est pas un problème, ils sont 14e mondiaux. Mais ils sont à ce moment sur un nuage car ils se sont, pour la première fois en plus d’un siècle, qualifiés pour les Jeux olympiques. Les Lions ont plus de qualités mais malgré tout, cela ne se passe pas comme prévu. Ils épuisent rapidement leur arbitrage vidéo, l’utilisant sans discernement (tiens, encore !) et sont menés à deux reprises. En début de dernier quart temps, Boccard prend un stupide carton jaune et est envoyé (injustement) 10 minutes sur le banc. L’équipe n’arrive pas à réagir correctement et à redresser la barre. Résultat : pas de victoire, pas de demi-finales, pas de médaille, et un nouvel échec.
League à Brasschaat, fin juin début juillet 2015. Cette fois, les Lions entament gentiment le tournoi, progressant au fil des rencontres. Dans le match décisif face à l’Irlande, qu’ils ne sont pas obligés de gagner, les Lions dominent logiquement mais ne seront réellement rassurés qu’au coup de sifflet final. Ils atteignent donc la finale mais s’inclinent sans surprise face à l’Australie, plus forte et plus rusée. En conclusion, les Lions ont presté en fonction de leur classement, sans plus. Et contre l’Angleterre (qu’ils repoussent à la 5e place mondiale), ils n’ont à nouveau pas réussi à vaincre. Ce n’était pas absolument indispensable cette fois, et ce n’était pas non plus un match crucial. Et le fait que les Lions aient eu tant de mal avec la modeste équipe d’Irlande a pour ainsi dire été passé sous silence. Ce qui n’était pas vraiment nécessaire… ENCORE UN RATAGE La suite, c’est le Championnat d’Europe à Londres en août 2015. Avec une entrée en matière désastreuse face à l’Allemagne. Les trois premiers quarts temps sont bons, les Lions sont à jeu égal avec les champions olympiques en titre et champions d’Europe, et prennent même l’avantage. Le but de Boon est injustement refusé, et les Belges s’effondrent une nouvelle fois, comme s’ils étaient incapables de réagir à un coup dur. Les Allemands vont alors tout réussir. Les
Jérome Truyens en Coupe d’Europe contre l’équipe de France. Une nation française qui évolue avec un groupe rajeuni et qui a laissé une très belle impression à Brasschaat et à Londres.
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Loïck Luypaert, axe central de notre défense et sleeper, en finale de World League.
Physiquement, les Lions sont parmi les plus solides et vont encore progresser avec 4 journées d’entraînement par semaine jusqu’à Rio, et techniquement, ils ont beaucoup de qualités. Le penalty corner reste à améliorer LES REMÈDES La conclusion est sévère : après les JO de Londres, les Lions ont participé à de grands tournois (finale World League, Champions Trophy, Coupe du Monde, Championnat d’Europe) et, à une exception près, n’ont jamais été au top. Cela s’est souvent joué à peu de choses : 5e en World League, 5e en Coupe du Monde 2014, 5e au Championnat d’Europe 2015. Ils doivent acquérir plus de maturité. Ils doivent mieux résister au stress et apprendre à mieux gérer les situations délicates. C’est la seule manière de décrocher un résultat alors que les circonstances n’y sont pas propices. Il est également temps que l’un ou l’autre meneur se manifeste. Et il existe un fil rouge dans ces résultats imprévisibles : à domicile, les choses se passent plutôt bien, car ils ont plus de prise sur les conditions et circonstances. Dans les autres cas, c’est toujours « close, but no cigar. » Après le Championnat d’Europe à Londres, il reste moins d’un an avant Rio. Que faire pendant ce temps ? Que changer pour enrayer cette 86
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évolution négative, pour inverser la tendance, pour ne plus stagner, pour franchir cette dernière étape vers le sommet ? Physiquement, les Lions sont parmi les plus solides (et vont encore progresser avec 4 journées d’entraînement par semaine jusqu’à Rio), et techniquement, ils ont beaucoup de qualités. Le penalty corner reste à améliorer. Une médaille à Rio, cela reste jouable, mais à condition d’améliorer la force mentale de l’équipe et de faire bonne figure en finale de World League fin novembre. Pas terminer 5e, pas avec un petit pas grand-chose qui manque… On entend de plus en plus souvent cette remarque : comment cela va-t-il avec les Lions ? Ils ne cessent de répéter qu’ils vont décrocher une médaille mais cela ne se réalise pas. Or, argent ou bronze à Rio, oui ça devrait aller… La sympathie du public, et pire peut-être, celle des sponsors, est occupée à s’émousser. C’est pourquoi la finale de World League, fin novembre en Inde, est extrêmement importante. C’est le moment clé. Il faut absolument
vaincre une fois « the usual suspects », l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Australie. Et si cela ne réussit pas, les Lions ne seront ni plus ni moins que outsiders pour une médaille à Rio. Après une quinzaine d’année d’efforts, ce serait une énorme déception. Un aboutissement raté pour cette génération. Mais on ne peut en arriver là. Les véritables Lions doivent se réveiller ! La direction de la Fédération et le directeur technique ont le mérite d’avoir, après le Championnat d’Europe à Londres, correctement analysé la situation et pris une décision drastique et courageuse à 10 mois des Jeux de Rio. Jeroen Delmee, avec son approche ‘hollandaise’ (top-down, je décide, vous exécutez, voir ci-dessus) a été écarté et remplacé par une personnalité plus humaine dont l’expérience est prouvée. Shane McLeod a ainsi mené les Lions à la 2e place en finale de World League. Les joueurs se sentent libérés et, spontanément, jouent de mieux en mieux. La Belgique peut enfin à nouveau rêver d’une médaille olympique.
Niels Thijssen, coach des Red Panthers depuis octobre
« Les filles doivent recommencer à rêver de grands tournois »
Texte Werner Thys Photos PHDPH
Jusqu’en juin prochain, Niels Thijssen est le coach de nos Red Panthers. Ce Hollandais de 33 ans cédera alors la place à sa compatriote Ageeth Boomgaardt, mais restera assistant avec John Goldberg. « Mon rôle principal en tant que coach suppléant ? Maintenir la cohésion de l’équipe, la rendre plus forte et lui redonner l’envie de vaincre. »
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Originaire de Venlo, Niels Thijssen n’a pas fait une grande carrière en tant que joueur. « Avec le club de Breda, j’ai atteint mes limites en première division, admet Niels Thijssen. Mais j’avais déjà développé une passion pour le coaching et j’ai commencé très jeune à encadrer les joueurs de 8 ans. A 25 ans, j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de joueur. » Une passion qui le mène à devenir coach assistant de l’équipe dames du Push Breda, avant de devenir coach titulaire de la même équipe. En 2010 il est à nouveau assistant, mais cette fois au très réputé Den Bosch. C’est à l’époque où il était au Push Breda qu’il établira des liens avec la Belgique, via des contacts avec Jeroen Baart, alors actif comme joueur. L’aventure belge de Niels Thijssen débute en 2011 en tant que
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coach de l’Antwerp. Avec, comme résultat, 3 titres nationaux. Dont le dernier en mai de l’année passée quand, à la toute fin du match, Caroline Struijk a marqué en finale des playoffs face au Watducks. « Après ce troisième titre en quatre ans, j’ai estimé que j’avais fait mon travail auprès des dames de l’Antwerp. Il n’y avait plus de véritable défi, explique Niels Thijssen. Mon but était, tout en coachant l’équipe nationale féminine U18, de me concentrer pendant un an sur ma petite affaire ‘Recruit a Student’. Ce qui n’aura finalement duré que deux mois, puisque j’ai été sollicité par Bert Wentink pour devenir coach par intérim des Red Panthers. Je n’ai pas dû réfléchir longtemps car j’avais toujours rêvé de devenir coach au plus haut niveau. »
LES REVERS FONT PARTIE DU SPORT Niels Thijssen a pris sa nouvelle fonction fin octobre, alors que nos dames venaient d’essuyer quelques revers : la non-qualification pour les Jeux de Rio en demi-finale de World League à Brasschaat et la demi-finale perdue au Championnat d’Europe à Londres. « N’ayant pas été impliqué dans ces deux tournois, j’ai peu de choses à en dire. La non-qualification pour Rio 2016 a porté un grand coup au moral, cela va sans dire. Lors de conversations en particulier avec nos filles, j’ai pu les convaincre que la déception fait partie du sport de haut niveau. Il y a toujours des hauts et des bas. En 2010, ce sont les Lions qui ont raté leur ticket pour la
Coupe du Monde, ce qui n’a pas freiné leur progression. Un beau projet ne peut pas voler en éclats après une défaite. Les Panthers doivent continuer à penser aux grands tournois et rester un exemple pour la jeunesse.Il est un fait que pour nos joueuses il va s’écouler un certains temps entre le dernier Championnat d’Europe et les prochains rendez-vous importants. Mais dès l’année prochaine nous avons déjà une demi-finale de World League à La Rasante et, un mois plus tard, le Championnat d’Europe à Amsterdam ». EN CE QUI CONCERNE LA SÉLECTION Il est remarquable que peu de joueuses aient abandonné l’équipe. Après la World League à Brasschaat, Anne-Sophie De Scheemaekere a
mis un terme à sa carrière internationale, suivie, après Londres, de la capitaine Lieselotte Van Lindt et de Caroline Wagemans. Un peu plus tard, ce sont Barbara Nelen et Judith Vandermeiren qui ont décidé de se recentrer sur leurs études. Mais des « anciennes » comme Louise Cavenaille, Jill Boon, Anouk Raes, Emilie Sinia, Stephanie De Groof et notre Stick d’Or Alix Gerniers se sont envolées pour l’Espagne en janvier pour le premier stage d’un nouveau cycle de quatre ans. « Barbara et Judith ont opté pour d’autres priorités, ajoute Niels Thijssen. Nous n’avons pas évoqué un éventuel retour, mais tout reste possible. Quiconque détient un passeport belge peut espérer être sélectionné. »
La World League 2017 attendue avec impatience Le stage en Espagne a permis aux Red Panthers de tirer un trait sur une année 2015 en demi-teinte au niveau des résultats. Reboostés, staff et joueuses ont entamé un nouveau cycle de quatre années. L’an prochain, le Championnat d’Europe à Amsterdam figure à leur programme, mais les objectifs principaux sont la qualification pour la Coupe du Monde de 2018 à Londres et pour les Jeux olympique de 2020 à Tokyo. Nos panthères ont l’an prochain la possibilité de se qualifier à domicile pour la Coupe du Monde. Une demi-finale de la World League sera organisée à La Rasante et ce tournoi sera qualificatif pour la Coupe. C’est donc, pour les dames, la deuxième fois consécutivement qu’une demi-finale de la World League se déroule en Belgique. « C’est une nouvelle fois une belle opportunité de promouvoir le hockey dans notre pays », explique Serge Pilet, secrétaire-général de l’ARBH. « Nous avions déployé beaucoup de moyens pour obtenir l’organisation du tournoi qualificatif pour les Jeux et, en fin de compte, avons été agréablement surpris que cette organisation nous soit confiée. A domicile, nos Red Panthers se doivent de décrocher la qualification pour la Coupe du Monde. Nous avons encaissé un revers l’an dernier mais le programme se poursuit et l’ambition reste entière. » « Quant à l’aspect financier, une telle organisation représente un certain budget mais, d’autre part, nous économisons sur les frais de voyage. Nous évitons un déplacement, en Nouvelle-Zélande peutêtre, où nous aurions dû être sur place une semaine avant le tournoi. »
Niels Thijssen entouré de ses « Belles » qui constituent son nouveau groupe de Dames nationales.
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Stephanie Vanden Borre lors des shootouts contre le Japon à La World League Semi final.
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STAGE EN ESPAGNE : BEAUCOUP DE TRAVAIL ET DE DISCUSSIONS Le stage des Panthers en Espagne au mois de janvier s’est déroulé en deux phases. Après avoir investi une grande maison à Alicante où joueuses et staff on vécu ensemble pendant quelques jours, la sélection s’est rendue à Valencia pour jouer trois matches face à l’Espagne. Par rapport aux tournois de Brasschaat et de Londres, quatre nouvelles joueuses (re-)intégraient la sélection : Maureen Beernaert (Gantoise) de retour après blessure, ainsi que Anne-Sophie Weyns (Herakles). Les vraies nouvelles venues étaient Sophie Limauge (Watducks) et Silke Steenackers (Braxgata). « Au cours de ce stage, on a travaillé dur mais aussi beaucoup parlé, explique Niels Thijssen. Le séjour à Alicante était placé sous le signe du team building et nous avons beaucoup parlé de l’avenir. Ce fut très constructif et le bilan a dépassé mes espérances. » A Valencia, les Panthers ont donc affronté l’Espagne à trois reprises. Un match nul (2-2) et deux défaites (5-0 et 4-1). « Ces rencontres doivent être replacées dans leur contexte, ajoute Niels Thijssen. Les Belges se retrouvaient pour la première fois depuis trois mois alors que les Espagnoles sont en pleine préparation pour Rio. Si la défaite par 5-0 était justifiée, le match perdu 4-1 aurait tout autant pu se solder par un 3-3. » Play Hockey • Collector • 2016
DANS SA FONCTION DE COACH FAISANT FONCTION, NIELS THIJSSEN DISTINGUE TROIS PHASES. « Le stage en Espagne était la fin d’une première phase. La deuxième est en cours et se termine fin mai. Entretemps nous jouerons à deux reprises à domicile contre l’Argentine, et fin mai deux rencontres encore face à l’Angleterre, à Bisham. La troisième phase sera la préparation d’un tournoi entre quatre pays, en Irlande à la fin juin. » Le tournoi en Irlande sera également l’occasion de faire connaissance avec la nouvelle coach, Ageeth Boomgaardt. Niels Thijssen passera-t-il le flambeau avec un petit pincement au cœur ? « Absolument pas, répond-il en riant. Je suis intérimaire et les accords sont très clairs depuis le début. Il va de soi que j’aurai d’autres tâches et j’ai fort envie de commencer comme assistant avec John Goldberg. » AGEETH BOOMGAARDT : UNE PRO Mi-janvier, l’ARBH annonçait l’arrivée d’Ageeth Boomgaardt (43 ans) comme coach des Panthers, à partir du mois de juin. « Depuis cette annonce, nous nous sommes rencontrés à deux reprises, raconte Niels Thijssen. Elle n’est pas encore impliquée dans notre travail, elle nous suit de loin dirais-je, car avec son équipe de Laren elle est embarquée dans la lutte pour le titre aux Pays-Bas, ce qui monopolise toute son attention. »
Le 5 août prochain aura lieu la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Ce sera sans aucun doute une journée difficile pour nos panthères. Niels Thijssen décrit la nouvelle coach comme une vraie professionnelle. « Ageeth a tout vécu dans le hockey, elle sait de quoi elle parle. Je me souviens avoir été ‘confronté’ à elle par le passé : j’étais coach assistant au Den Bosch et elle était coach des Oranje-Zwart. » OBJECTIF TOKYO : UN PROGRAMME SUR QUATRE ANS Le 5 août prochain aura lieu la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Ce sera sans aucun doute une journée difficile pour nos panthères. « Cela va raviver la déception, bien sûr, mais comme je l’ai déjà dit, cela fait partie du sport. Et devant leur TV, elles pourront se consoler en supportant les Red Lions. » Après le tournoi olympique, notre équipe nationale dames aura en ligne de mire la demi-finale de World League sur le terrain de La Rasante, fin juin 2017. Un tournoi d’importance car une
qualification pour la Coupe du Monde 2018 à Londres est en jeu. « En ce qui me concerne, la préparation à ce tournoi a débuté dès octobre dernier. Nous devons impérativement décrocher notre ticket pour Londres. » Avec un tel objectif, aucun faux pas n’est effectivement permis. Au contraire de la dernière Coupe du Monde, en 2014 à La Haye, celle de Londres en 2018 accueillera 16 pays au lieu de 12. « Nous devons tenir compte qu’après les Jeux olympiques nous descendons de la 12e à la 14e place mondiale, poursuit Niels Thijssen. Après Rio, l’Espagne et l’Inde passeront devant nous. Et derrière nous, des pays comme l’Irlande, l’Italie, le Canada et le Chili sont impatients de participer à cette Coupe du Monde. Mais l’ensemble du staff est mobilisé pour aller de l’avant, et jouer cette Coupe du Monde sera la cerise sur le gâteau. Nous avons entamé un programme de 4 ans, jusqu’aux Jeux de Tokyo en 2020. Nous avons de nombreuses bonnes joueuses prêtes à assurer la relève et il nous faut oublier au plus vite la non-qualification pour Rio. Les Red Panthers sont encore capables de nous surprendre ! » Malgré tous les efforts consentis durant de longs mois, c’est dans une profonde douleur que nos Dames voient s’envoler leurs chances de qualification pour les J.O. de Rio.
Enthousiasme à La Rasante C’est donc sur le terrain flambant neuf de La Rasante à Woluwe-Saint-Lambert que l’on pourra voir l’an prochain une bonne partie de l’élite féminine mondiale. Club riche par son histoire, La Rasante souhaite voir rapidement progresser son équipe dames. « Nous sommes ravis que La Rasante accueille cet important événement, déclare Serge Pilet. Il y a longtemps que Bruxelles n’a plus été le théâtre d’un grand tournoi. Et c’est également une facilité pour les équipes étrangères participantes, avec la proximité de l’aéroport et de nombreux hôtels. » « L’organisation de tournois de cette envergure n’est pas dans la tradition de La Rasante et accueillir la World League représente donc un défi. La Rasante figurait déjà parmi les clubs candidats à recevoir le tournoi de qualification olympique en 2015 et il n’y a par conséquent aucun doute sur l’enthousiasme de tous ses membres. Ce tournoi ne peut être que bénéfique pour le hockey féminin dans notre pays. » Mi-février, Serge Pilet a reçu confirmation de la Fédération internationale que la prochaine Coupe du Monde se disputera à 16 pays, tout comme chez les messieurs. L’attribution des places se fait selon le système habituel. Outre l’Angleterre, pays organisateur, les 5 champions continentaux sont qualifiés. Les 10 places restantes sont attribuées en fonction du classement à l’issue des demi-finales de la World League. « Ce ne sont que des bonnes nouvelles, conclut Serge Pilet, et nous ne pouvons absolument pas rater la Coupe du Monde 2018. »
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PROUD SPONSOR OF THE ROYAL RACING CLUB
www.pldw.be BRUXELLES - NAMUR - LIÈGE - MEISE - HASSELT - ANVERS - WAREGEM - SINT-MARTENS-LATEM
MEMBE R OF
Dernière saison en Belgique pour Murray Richards, High Performance Manager
Texte Werner Thys Photos PHDPH
« Les portes de BeGold sont toujours ouvertes » Depuis 2011, l’Australien Murray Richards, 39 ans, est le High Performance Manager de la Fédération belge de hockey. Son job : rechercher les jeunes talents et, via les équipes de jeunes, les préparer à intégrer les Red Lions et les Red Panthers. En septembre prochain, Murray Richards clôture un important chapitre belge qui aura duré 16 années, et retourne en Australie. Play Hockey • Collector • 2016
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Murray Richards aux cotés de son mentor, Bert Wentink, directeur technique des équipes nationales belges.
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C’est après la non-sélection de son équipe, The Kookaburras, pour les Jeux de 2000 que Murray Richards est arrivé chez nous. « En Belgique, j’ai fait un parcours complet : champion en tant que joueur à l’Antwerp, coach fédéral de l’équipe dames, et High Performance Manager de l’ARBH », nous raconte Murray Richards. Aujourd’hui, il estime qu’il est temps de rentrer Down Under, sur la sympathique Sunshine Coast. Mais avec Elien, son épouse, et ses enfants Grace (2 ans et demi) et Harper (9 mois), une visite en Belgique est déjà à l’agenda. « Je ne cache pas que je suis heureux de rentrer chez moi, explique Richards. Mon contrat de quatre ans se termine, j’ai vu l’évolution du travail des jeunes et, à tous niveaux, toujours plus d’implication et d’enthousiasme. Et je n’ai aucun souci pour l’avenir, tout a été prévu pour ma succession. Si je rentre en Australie, c’est pour des raisons familiales. Bien sûr, rien ne dit que je ne replongerai pas dans le milieu du hockey, mais depuis le décès de mon père il y a quelques années, j’ai décidé de me recentrer sur ma famille. »
QUELS AVANTAGES ? « Cette nouvelle procédure a de nombreux avantages, explique Richards. Grâce à la répartition en districts, les équipes sont mieux équilibrées. Pas uniquement sur le terrain, géographiquement aussi. Les jeunes sont également moins stressés. Auparavant, ils devaient s’entraîner pendant près d’une année avant d’affronter cette semaine de mai qui allait décider de tout. Nous avons à présent la possibilité d’évaluer plus souvent les jeunes au travail de sorte qu’un jour ‘sans’ aura de moins lourdes conséquences. Cette nouvelle façon de procéder a bien sûr un coût, mais il reste proportionnel à la plus-value qu’elle engendre. »
Dénicher des talents pour les équipes des Red Lions et Red Panthers était donc la principale fonction de Richards au cours de ces dernières années. Un travail qui commence bien évidemment à la base de la pyramide, chez les jeunes de 13 et 14 ans. La sélection dans cette catégorie d’âge a été adaptée la saison dernière. En quelques mots, auparavant les jeunes s’entraînaient par province et les élus disputaient en mai le « Delhaize Interprovincial Tournament. » Avec pour mission de s’y distinguer pour être intégrés au programme
Les jeunes sélectionnés pour le programme BeGold à l’issue du District Tournament du mois de mai, franchissent une première étape vers une possible sélection en Red Lions ou Red Panthers. Ils passent alors en principe par toutes les catégories d’âge : de U15 à U16, puis U18 et enfin U21. « Tous ces jeunes ont du potentiel, poursuit Richards. S’ils ne font pas de bêtises, que leur implication et motivation reste au top, ils doivent a priori arriver au bout du chemin. Il y a bien quelques défections lors du passage de U16 à U18, car on passe d’un
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BeGold U14 et U15. A présent, tous les clubs envoient leurs jeunes à deux journées de sélection à l’issue desquelles les entraîneurs des six districts composent leurs équipes. Les équipes s’entraînent en cours de saison et jouent trois rencontres face aux teams des autres districts. Avant l’apothéose du mois de mai, avec les deux journées du « Delhaize District Tournament. »
Manu Stockbroekx : « La volonté mène à tout » Intégrer l’équipe nationale sans avoir suivi le parcours traditionnel au sein des équipes jeunes, tel est le cas de notre Red Lion, Manu Stockbroekx : « Vers mes quinze ans, j’étais partagé entre le hockey et mon école, chez les Jésuites. Je n’étais pas le meilleur des élèves et j’y consacrais donc beaucoup d’énergie. Alors que mes copains allaient à l’école à Brasschaat, je devais tous les jours aller jusqu’à Anvers. J’ai dû faire un choix et j’ai décidé de me concentrer sur mes études et de quitter la sélection nationale U16. » Un choix qui n’a cependant pas gommé le hockey des pensées de Manu Stockbroekx. Le sport a commencé à lui manquer et, essentiellement par lui-même, il s’est frayé un chemin pour renouer avec le hockey au plus haut niveau. « J’ai arrêté l’école et passé mon diplôme au jury central. J’avais plus de temps libre et j’ai travaillé ma condition physique avec un coach personnel. Lors d’un stage d’hiver en 2011, on m’a proposé d’intégrer les Boys U18 et, la même année, nous étions champions d’Europe à Utrecht. » Et depuis lors, on peut dire que la balle roule pour Manu Stockbroekx. Tout s’est parfaitement bien passé dans les équipes nationales jeunes et il a eu de plus en plus d’occasions dans son club des Dragons. « Mes premières minutes de jeu au Dragons, je les dois à Colin Batch. Chaque fois que Thierry Stumpe était fatigué, je pouvais monter au jeu (rire !). Ensuite, le courant est bien passé avec Eric Verboom et j’ai eu ma place à part entière dans l’équipe. Chez les Red Lions j’ai ‘profité’ en 2013 de la blessure de Cédric Charlier, qui n’a pas pu participer au deuxième tour de la World League à Paris ; j’ai donc pris sa place et tout s’est enchaîné. C’est la preuve qu’il ne faut jamais baisser les bras et qu’à force de volonté et de travail, on peut réaliser tous ses rêves. »
programme d’une année à un programme sur deux ans. Idem lors de la transition de U18 à U21. Il est inévitable que la pyramide se rétrécisse au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’équipe A. Mais nous essayons de maintenir la sélection la plus large possible afin qu’un maximum de joueurs puissent profiter du programme national. » EN CAS DE NON-SÉLECTION ? Il peut aussi arriver qu’un joueur passe au travers des mailles du filet et ne soit pas remarqué par les coaches et mentors. « Chaque année, nous invitons 30 à 40 jeunes qui nous sont signalés par les responsables des clubs. Nous les testons et, si le résultat est probant, ils peuvent intégrer le programme. Ainsi, les portes de BeGold sont toujours ouvertes. » « Arthur Da Costa de l’Herakles en est un exemple. On ne l’a pas vu dans les équipes jeunes avant sa sélection en U18, où il a l’an dernier disputé un excellent championnat d’Europe. Ou encore Manu Stockbroeckx qui avait décroché en U16 et qui est aujourd’hui une valeur sûre des Red Lions. » Il est clair en tout cas pour Murray Richards et pour l’ARBH en général, que la progression des joueurs en séries jeunes a plus d’importance que le résultat des équipes. « Mon rôle étant de fournir des joueurs à l’équipe nationale, tout est fait pour assurer leur progression de U14 jusqu’en U18, ajoute Richards. Dans ces séries jeunes, nous n’exigeons jamais la victoire, mais bien de terminer parmi les quatre meilleurs au niveau européen. Chaque coach a bien sûr le droit de fixer ses propres buts et priorités. Les Boys U16
ont par exemple remporté un prestigieux tournoi à Breda l’an dernier. C’est toujours bon à prendre et prouve que nous ne faisons pas fausse route. » Murray Richards est assez fier du système de sélection des jeunes de l’ARBH, l’un des meilleurs au monde selon lui. « En Australie, le système est assez similaire mais fonctionne par Etat. En Belgique, tout est plus centralisé, ce qui facilite le travail. L’Australie compte bien entendu plus de joueurs et donc plus de talents potentiels. » « Par contre, l’exemple à ne pas suivre est celui de la France. Les jeunes U21 ont disputé la finale à New Delhi en 2013, mais toute l’attention était uniquement focalisée sur cette équipe. Conséquence de ce manque de prévoyance, les Français n’ont aujourd’hui plus aucune équipe en division A. » Dans quelques mois, Murray Richards mettra donc un point au bas d’un important chapitre au sein du hockey belge. Une belle évolution à laquelle il a assisté au premier rang. « Ce que les enfants arrivent à faire aujourd’hui avec une balle, en comparaison avec il y a une dizaine d’années, est tout simplement prodigieux. Lorsque j’ai cessé d’être coach des Red Panthers en 2010, je n’avais nullement l’ambition de devenir High Performance Manager. Mais j’ai été enrôlé, grâce à Bert Wentink, et ce job a été et reste passionnant. On est aux premières loges pour voir évoluer la personnalité des jeunes et voir leurs rêves se réaliser. Quand on aime le hockey, rien n’est plus gratifiant. Et soyez-en assuré : au cours des dix prochaines années, la Belgique a un rôle à jouer sur la scène internationale. » Play Hockey • Collector • 2016
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Texte Valentin Thiery Photos PHDPH
« C’est la loi du plus fort » La professionnalisation du hockey amène les instances internationales à être de plus en plus exigeantes par rapport aux conditions d’organisation des tournois. Du qualificatif au Beerschot en 2012 à la World League à La Rasante en 2017, les règles ont beaucoup évolué et les sommes allouées ont gonflé. La Belgique va-t-elle encore pouvoir s’affirmer ?
MALGRÉ UNE KYRIELLE DE CONTRAINTES, CES TROIS PERSONNALITÉS ONT GAGNÉ LEUR PARI ! Serge Pilet, secrétaire général de l’ARBH, actif dans l’organisation de la World League 2015 au Dragons, son club de toujours. « Je ne sais pas si la Belgique soumettra une candidature pour des tournois de la période 2019/2022. Les montants payés actuellement sont beaucoup trop élevés pour nous. C’est la loi du plus fort. Seuls les politiques pourraient intervenir. Mais comme ce sont de grosses manifestations à obtenir longtemps à l’avance, on n’est pas certain qu’une législature sera d’accord de poursuivre le projet de la précédente. »
Le bénévolat est une des clés de la réussite d’un tournoi. La World League de Brasschaat a pu compter sur une équipe de ball boys de 1er choix. 96
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Patrick Goldberg, l’éternel serviteur du Beerschot où le qualificatif des dames pour Londres 2012 s’est disputé. « Avec les nouvelles impositions, je ne recommencerais plus un tournoi comme ça. C’est la dernière fois que ça a été humain, que l’organisation était bon enfant. Aujourd’hui vu les charges, ça devient trop risqué. »
Erik Gysels, le président du Braxgata qui décrocha l’organisation de l’Euro en 2013. « Organiser un gros événement en Belgique comme une Coupe du Monde, vu l’argent qu’il faut désormais débloquer, on peut oublier. Mais pourquoi ne pas organiser une nouvelle Coupe d’Europe ? »
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Coupe du Monde 2014 à La Haye. La compétition s’installe dans un stade de football de 15.000 places. Pari réussi !
LE BEERSCHOT A ENVOYÉ LES PANTHERS AUX JEUX DE LONDRES « Je ne vous donnerai pas de chiffres, mais nous avons terminé en positif », débute Patrick Goldberg. « Le cahier des charges était beaucoup moins lourd que ceux d’aujourd’hui. Puis la Fédération, avec qui nous avions une entente extra, nous avait aidés à réduire les diktats de la FIH, ce qui n’était pas négligeable. Pour moi, cette expérience était encore plus positive d’un point de vue humain. Tous les bénévoles et les dirigeants du club ont retroussé leurs manches. Nos deux présidents nettoyaient les tribunes le dernier jour ! Il y avait aussi une bonne ambiance avec la FIH malgré qu’elle soit très pointilleuse. Finalement, on s’est bien amusés et cela restera un excellent souvenir. D’autant plus que quand tu bosses pour ça, tu te dis que la qualification des filles pour les JO, c’est aussi un petit peu grâce à nous. »
De droite à gauche lors de l’EK de Boom: Erik Gysels, Elio Di Rupo, Marijke Fleuren (Présidente EHF), Marc Coudron, Edward Bikens (Braxgata).
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LE BRAXGATA A IMAGINÉ ACCUEILLIR LA COUPE DU MONDE 2022 Après le Champions Challenge de 2007, le club de Boom a accueilli l’Euro 2013, « une réussite » selon son président. Et ce à tous points de vue. « On a terminé en positif surtout au niveau des infrastructures puisque nous avons investi environ 250.000€ dans l’éclairage et le nouveau tapis. À côté de ça, nous avons eu une augmentation de 150 membres l’année d’après et des liens se sont créés entre les différents membres grâce au volontariat. Certains ont même intégré des cellules du club. Notre image de marque a aussi grandi. En revanche nous n’avons pas attiré de nouveaux sponsors car il fallait bien faire la distinction entre l’organisation d’un tournoi international et le club du Braxgata. » À la différence du Dragons et du Beerschot, c’est l’European Hockey Federation qui chapeautait l’événement. « Le cahier des charges était très dense. Mais puisque l’EHF est une plus petite structure que la FIH, nous étions davantage laissés à nous-mêmes. Les mois qui précédaient la compétition, nous étions un peu plus relax que ne l’a été le Dragons. » Bref, un excellent souvenir pour ces ambitieux dirigeants qui avaient même étudié la possibilité d’accueillir la Coupe du Monde 2022. Mais une nouvelle fois, les contraintes
financières ont joué un grand rôle. « La FIH voulait une garantie d’1,5 à 2 millions d’euros. Nous en avons plutôt suggéré une de 300.000 en proposant de partager les bénéfices entre la Fédération internationale et l’ARBH. Tout le monde aurait été gagnant. La FIH aurait eu un pays hôte et des volontaires très motivés. Et nous aurions été contents d’organiser le tournoi. Mais ça a été refusé. »
La Rasante prévoit la fête du hockey à Bruxelles
La Coupe d’Europe de Boom marqua les esprits de tous en innovant avec ses DJ et soirées multiples. Du jamais vu sur la planète hockey. Un concept qui ne tarda pas à être récupéré par la FIH lors des World Leagues qui suivirent en Inde.
LÉGER BÉNÉFICE ATTENDU POUR LE DRAGONS Des pylônes d’éclairage à rajouter pour 75.000€. Des tribunes. Des tentes. Le voyage des officiels ou le fee demandé par la FIH : le Dragons a dû allonger environ 2,5 millions pour la World League 2015. « On a pris un risque financier oui » , confirme Serge Pilet. « Mais nous devrions clôturer avec un léger bénéfice. Ça a été un boulot dantesque. J’ai
eu six visites de représentants de la FIH avant le tournoi pour avoir un aperçu des avancées. La longueur des dug-out, les vestiaires à telle distance du terrain, des règles sur les bains de glace : ils ont été très stricts. À côté de ça, quand je parlais avec une personne de la FIH qui suivait l’organisation de la finale de la World League à Raipur, il me disait qu’il n’avait pas grand chose à dire puisque c’est l’Inde qui s’en occupait. Comme ce pays fournit les deux plus gros sponsors de la FIH, ça leur permet certaines choses. » L’INCIDENT DE LA DEMI-FINALE ENTRE LES RED LIONS ET L’INDE, ENCORE DANS TOUTES LES TÊTES. Prévue le vendredi en soirée, la rencontre avait été déplacée à 18h30, un horaire désastreux en Belgique mais exigé par les Indiens. « Que représentent 2000 spectateurs belges par rapport à 25 millions de personnes en Inde ? Ça a été un gros manque à gagner. On parle de 30 à 40.000€. Malgré tout, nous avons très bien géré l’aspect financier du tournoi, sans dérapage. Enfin, un autre gros point positif, c’est que l’événement a permis à notre sport d’être mis en avant. Grâce aux retransmissions télévisées, nous avons pu toucher davantage de personnes. »
Une demi-finale de la World League féminine sera organisée à La Rasante en juin et juillet 2017. À 16 mois du début des festivités, état des lieux avec Guy Bouckaert, le chef de projet désigné par le club bruxellois. Les Red Panthers se retrouveront à La Rasante dans un peu plus d’un an pour tenter de décrocher leur billet pour la Coupe du Monde 2018 à Londres. Comme les joueuses, les organisateurs de ce 3e tour de la WL sont sur le pont. « Notre coup d’envoi a déjà été donné avec les gens de la Fédération et certains bénévoles » , explique Guy Bouckaert, le chef de projet de l’événement. « Vers avril/mai, j’aimerais qu’on ait finalisé les responsabilités et rôles de chacun. Les grands chantiers devront aussi l’être, tout comme la préparation des packages de sponsoring. EEnfin, pour l’été, nous devrons être d’accord sur tous les budgets. Le montant général débloqué avoisinera les 1,2 million d’euros. » Ce n’est donc pas encore le rush à Woluwe-Saint-Lambert mais on sait très bien qu’il arrivera rapidement vu l’ampleur du travail à abattre. « Nous avons déposé notre candidature en connaissance de cause puisque nous savions les exigences d’organisation. J’ai quand même été surpris par le cahier des charges. Ça fait réfléchir. Mais en parlant avec certaines personnes, apparemment il y a peut-être moyen de négocier certains points. Et heureusement. Car très honnêtement, si toutes les contraintes de la FIH devaient être respectées, il y aurait des pertes magistrales. Dans ce cas-là, soit on ne fait jamais rien car il y a un risque, soit on se lance. À nous de faire de ce rendez-vous un succès en étant créatifs et inventifs pour rentabiliser. » Avec le concours de la commune et le support officieux de plusieurs clubs de la Région, La Rasante veut profiter de l’événement pour faire la fête du hockey à Bruxelles. « Nous aimerions que le tournoi se déroule du 21 juin au 2 juillet (la FIH le prévoit du 28 au 9). C’est à peu près une période blanche pour les étudiants qui pourront alors nous aider comme bénévoles. Mais pas seulement de chez nous. C’est important d’enlever son étiquette de club pour ce genre de manifestation et de pouvoir compter sur une mobilisation générale. J’aime aussi l’idée de prévoir un espace où les clubs bruxellois pourront faire leur promotion et accueillir de nouveaux membres. On va aussi s’associer avec Visit Brussels. Enfin l’échevin Eric Bott est très impliqué dans le projet puisque la commune est partie prenante. » La Rasante va en outre bétonner des accords pour minimiser les pertes. Si c’est le cas, elles se partageront équitablement. « Ce sont les coûts fixes qui pourraient être pénalisants. Mais il y aussi des points que nous ne gérons pas. Les pays présents, par exemple. Avoir les Pays-Bas et l’Allemagne amènerait plus de monde que la Corée du Sud. » Avec ses deux équipes premières en Division 2 nationale, La Rasante veut enfin se servir de l’événement pour s’affirmer et confirmer son ambition de revenir à un meilleur niveau.
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PUBLI
LE HOCKEY ET EY :
ÇA MATCHE EY est depuis quelques années sponsor de la Fédération belge de hockey. A priori, une entreprise spécialisée dans l’audit, la comptabilité, le conseil fiscal et la consultance, n’a pas de lien logique avec le sport de haut niveau. Christophe Ballegeer, directeur de la communication chez EY, y voit toutefois des similitudes. Tout comme pour nos équipes nationales, EY veut être le meilleur dans son domaine, avec des collaborateurs en pleine forme. Christophe, lorsque je pense à un rapport d’audit, je ne perçois pas immédiatement le lien avec le sport de haut niveau. Un lien que EY n’hésite pas à faire. Pourquoi ? « Tout comme les athlètes, nous travaillons quotidiennement pour fournir les meilleures prestations possibles. Tout comme dans le sport de haut niveau, nous travaillons avec des ‘champions’ toujours en forme. C’est pourquoi nous avons décidé d’un partenariat avec le COIB et l’ARBH ». Mais un partenariat va plus loin qu’un simple sponsoring. « Quand EY a commencé sa collaboration avec le COIB, nous leur avons demandé de lancer chez nous quelques initiatives sportives. Nos collaborateurs peuvent désormais participer à de grandes courses comme les 20km de Bruxelles ou les Antwerp 10 Miles, des compétitions d’aviron, de cyclisme, etc. Au sein de l’entreprise, nous organisons aussi des compétitions de football et de volleyball. Nous avons aussi un programme Fit4job pour tous nos collaborateurs. L’idée de ce programme est d’améliorer la gestion de l’énergie par de meilleures habitudes de vie et d’alimentation et la remise en cause des routines installées. Les résultats sont probants : les participants ont plus d’énergie, sont en meilleure forme et se remettent plus rapidement des situations de stress (au travail). Il aurait été aberrant de s’associer au sport
et de ne pas proposer d’activités sportives et de repas équilibrés. Notre démarche doit rester logique ». A côté du COIB, EY a aussi associé son nom à la Fédération belge de hockey. Comment vous êtes-vous trouvés ? « Le travail d’équipe est primordial chez nous. Le groupe est plus fort qu’un individu. Chaque année, nous engageons environ 300 nouveaux collaborateurs. Nous les évaluons non seulement sur leurs capacités techniques, mais aussi sur leur sociabilité, leur aptitude à travailler en équipe, etc. Nous avons donc cherché un sport d’équipe qui prône les mêmes valeurs que EY : respect, intégrité, professionnalisme et travail d’équipe ». L’image de marque du hockey belge et celle de EY se correspondent donc parfaitement. « Nous nous considérons comme une marque d’élite et désirons nous profiler auprès d’autres marques d’élite comme le COIB et les équipes belges de hockey. Le hockey est un sport pour jeunes et moins jeunes, hommes et femmes. Cette diversité est un plus. Nous recherchons différents types de collaborateurs car c’est la diversité des horizons et des formations qui mène à de meilleures décisions et de meilleurs résultats ». Le sponsoring n’est jamais à sens unique. Qu’est-ce qu’il vous apporte ? « L’impact de la présence de notre logo sur les vêtements de l’équipe nationale est difficile à exprimer en chiffres. Nous constatons par contre que les gens du monde du hockey nous trouvent plus facilement. Une cinquantaine de nos collaborateurs jouent aussi au hockey. Nous recevons de nombreux CV émanant de personnes liées au hockey. Quelques internationaux font des stages chez nous. N’oubliez pas que nous collaborons aussi au projet ‘Rising Track’ de Jérôme Truyens ». Floris Geerts
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Comment concilier le hockey de haut-niveau avec des études
« Madame, je peux aller aux JO s’il vous plaît ? » Texte Pierre Vangrootloon Photos PHDPH
« Un esprit sain dans un corps sain. » Si nos Red Lions et Red Panthers ont parfaitement intégré cette devise ancestrale, gérer simultanément un cursus et leur passion au Top niveau s’assimile plus que jamais à un chemin de croix. Entre un système scolaire qui ne fait pas toujours de concessions et des exigences sportives toujours plus élevées, bienvenue dans le quotidien overbooké de nos équipes nationales. « Au fil des années, c’est devenu de plus en plus difficile de mener de front des études et le hockey au haut-niveau. Terminer un cursus en 4 ou 5 ans, ce n’est plus possible », souffle Eric Pirenne, le Manager des Red Lions. D’ailleurs, lors de cette année « olympique », quasiment toute l’équipe a décidé de mettre sa formation entre parenthèses pour se focaliser à 100% sur le hockey. Avec quatre jours d’entraînements hebdomadaires consacrés à l’équipe nationale, cela semble plutôt justifié. Désormais, étaler son programme sur 7 ou 8 ans, au lieu des 4 ou 5 nécessaires à l’obtention d’un Master par exemple, se révèle une formule courante. « Cela est envisageable depuis qu’il est possible de dispatcher des crédits d’une année à l’autre, ce qui est déjà une petite évolution. Car par le passé, il leur était obligatoire de clôturer un programme avant de suivre les cours de l’année suivante », poursuit la nounou de nos ambassadeurs noir-jaune-rouge. Néanmoins, Eric Pirenne et la Fédé doivent souvent se muter en avocats pour défendre les cas de leurs joueurs auprès des établissements scolaires. « Nous devons très régulièrement rédiger des justificatifs pour prouver qu’ils sont absents pour des raisons valables ». Et parfois ces requêtes ne sont pas toujours bien per-
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çues. « Le problème, c’est que l’on observe de grandes disparités entre les écoles. Certaines comprennent et acceptent rapidement mais d’autres se montrent moins réceptives. » Au-delà de ces contraintes quotidiennes, un autre handicap frappe ceux et celles qui s’affichent comme la vitrine du hockey belge. « A cause de ces étalements, ils se retrouvent sur le marché de l’emploi avec plusieurs années de retard et sans expérience. Et ils doivent faire face à d’autres aspirants plus jeunes. Si comme prof de sport, leur carrière constitue une plus-value, pour ceux ou celles qui veulent devenir banquier(e)s ou ingénieurs, avoir disputé les JO n’est pas forcément un atout », souligne Eric Pirenne. Enfin, un dernier élément à prendre en compte dans cette double carrière, est la pression sociale à laquelle ils sont confrontés. « Si aux USA, le statut de sportif de haut-niveau est soutenu, ce n’est pas encore le cas en Belgique. La famille et l’entourage poussent souvent nos athlètes à travailler. Ce qui est légitime puisqu’ils ne pourront pas vivre du hockey. Mais cela pollue leur concentration et ils s’inquiètent pour leur reconversion », conclut le manager des Lions.
MON ÉCOLE N’A PAS ÉTÉ TRÈS CONCILIANTE Arthur Van Doren - Red Lion Diplômé du CESS via Jury central « J’ai commencé mon aventure avec l’équipe nationale à 17 ans. Lorsque j’ai participé à mon premier tournoi à Melbourne, mon école ne s’est pas montrée très conciliante et a refusé de déplacer ma session d’examens. Je n’ai pas pu valider mon année là-bas et j’ai dû passer par une école de Jury central pour obtenir mon diplôme. Si certains professeurs étaient compréhensifs et ont essayé de m’aider, pour d’autres, je devais privilégier mes études au sport. C’est le problème de l’enseignement belge en général : il n’est pas assez préoccupé par le cas des sportifs. Après les JO, je devrais commencer à travailler comme représentant pour une société liée à la construction. »
A défaut d’une ambiance de blocus optimale, on s’accommode comme on peut en cherchant le meilleur compromis pour réviser dès que le moment se présente.
A FORCE DE TOUT FAIRE À FOND, ON RISQUE LE BURNOUT Aisling D’Hooghe - Red Panther En première année de Psychomotricité au Parnasse « Mon école a fait preuve d’ouverture d’esprit et m’a permis d’élaborer un programme adapté. Mais étant donné qu’on ne disputera hélas pas les JO, auprès de certains profs, c’est parfois plus difficile de demander des changements. Ils ne comprennent pas, ne me prennent pas au sérieux et je suis immédiatement renvoyée en seconde session. Physiquement, c’est très dur car on est constamment occupé, on a très peu de moments pour souffler et ça nous bouffe. A force de tout faire à fond, on risque le burnout. J’ai souvent pensé à abandonner l’un ou l’autre mais c’est inenvisageable, il faut donc mordre sur sa chique. »
« Si aux USA, le statut de sportif de haut-niveau est soutenu, ce n’est pas encore le cas en Belgique. La famille et l’entourage poussent souvent nos athlètes à travailler. Ce qui est légitime puisqu’ils ne pourront pas vivre du HOCKEY. »
IL FAUDRAIT S’INSPIRER DU MODÈLE HOLLANDAIS Vincent Vanasch - Red Lion En dernière année de Kinésithérapie à l’Isek « C’est très fatigant et compliqué à gérer car pour repasser un examen, il faut que cela se déroule dans la même période. Et quand c’est impossible, je suis contraint de le passer en deuxième session. On a alors le couteau sur la gorge. Les mentalités évoluent doucement mais en général les professeurs ne réalisent pas que le sport de haut-niveau prend beaucoup de temps. Les règlements ne sont pas toujours flexibles et ne font pas de concessions. Suite à mon passage en Hollande, je considère qu’il faudrait s’inspirer de leur modèle où le sport est davantage favorisé et plus de facilités sont proposées. Je vais finir mes 4 ans d’études en 8, cela fait du bien d’arriver au bout. » Play Hockey • Collector • 2016
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Félix Denayer a pu compter sur une université compréhensible. Cela n’est néanmoins pas toujours évident quand les examens sont proches des compétitions.
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Initiatives et alternatives Doucement, les mentalités évoluent. Certaines institutions comme la VUB, Universiteit Antwerpen, l’ICHEC et dernièrement l’ULB ont développé un département permettant l’encadrement des doubles carrières. « C’est un changement positif. Ces universités ont compris que l’athlète tient un rôle d’exemplarité », glisse Eric Pirenne. D’autre part, certains sportifs, comme c’est le cas pour Arthur Van Doren, débutent leur carrière avant leur majorité, et se tournent alors parfois vers des écoles privées de Jury central. « Chaque élève est différent. Pour le sportif de haut niveau motivé, il peut bénéficier d’un programme alternatif avec des horaires adaptés et une préparation spécifique individuelle lié à son agenda », explique Magali Heller de la structure Dream Your Life, une école privée qui innove dans l’accompagnement personnalisé des sportifs. Enfin, pour concilier hockey et études, L’ECB (Ecole de Commerce Bogaerts) a développé un programme flexible permettant le développement sportif de ses élèves tout en menant un Bachelier en Business et Marketing. Si ce n’est pas gratuit (le minerval est de 7.800€), DavidIan Bogaerts, le directeur de l’école, se félicite d’accueillir à la rentrée prochaine un joueur de l’équipe première du Léo parmi ses élèves.
CONNAISSEZ-VOUS LE CROWDFUNDING ? Derrière ce terme assez compliqué se cache une technique
Que reçoit concrètement l’investisseur ou le « Tracker » en retour ?
relativement élémentaire : lever des fonds pour aider
Pas de return financier mais un cadeau personnel du sportif
des projets à voir le jour.
proportionnel à l’intervention financière. Par exemple, un T-shirt, une casquette, ... voire une rencontre avec l’athlète. Mais surtout
De quelle façon ?
la satisfaction de contribuer à un noble projet sportif.
C’est simple : intéresser un public aussi large que possible, via les réseaux sociaux par exemple, à soutenir une entreprise. Cela peut
En Belgique, les sportifs de - très - haut niveau jonglent trop souvent
concerner différents horizons. Une Start Up, un livre, un disque...
seuls entre un job trop peu rémunérateur, la recherche
mais aussi un projet sportif.
incontournable de sponsors et les périodes d’entraînement,
Il y a quelques semaines, à l’initiative de 4 jeunes sportifs, tous
stages ou compétitions.
universitaires, et parmi lesquels Jérôme Truyens, membre de l’Equipe Nationale belge de hockey, et Morgane Vouche, ex-membre de
C’est ici que RISINGTRACK intervient en donnant une visibilité
l’Equipe Nationale belge de hockey, la plateforme RISINGTRACK
à l’athlète et son projet. Bien sûr, le rôle de ce dernier reste
a vu le jour (www.risingtrack.com).
primordial. Il doit continuer à motiver et galvaniser son entourage, ses relations, ses supporters et ne pas s’en remettre à la seule action
Spécialisée dans le soutien de projets ou d’acteurs sportifs. Mieux
de RISINGTRACK.
que quiconque ses créateurs connaissent l’importance des moyens financiers dans la quête d’objectifs ou de l’excellence.
Un objectif financier réaliste est déterminé de commun accord
Leur but est simple : avaliser et encourager un projet cohérent
ainsi qu’une durée pour tenter de l’atteindre. Tout comme en sport,
développé et présenté par un sportif ou un team. Pas d’objectif
aucune certitude de réussite n’est jamais acquise, mais les gouttes
financier démesuré mais simplement apporter, au quotidien,
d’eau font les rivières et les rivières vont à la mer.
l’aide indispensable à la réussite du projet.
SOUTENONS RISINGTRACK ET ENCOURAGEONS LE SPORT ET LES SPORTIFS. COMME LE DISAIT SI BIEN LE BARON PIERRE de COUBERTIN : « L’ESSENTIEL EST DE PARTICIPER ».
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Delforge se prépare pour Rio Laurine Delforge, seule arbitre belge aux Jeux Olympiques Texte Floris Geerts Photos PHDPH
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Au mois d’août prochain, Laurine Delforge sera la seule hockeyeuse belge en action à Rio de Janeiro. Depuis ses 16 ans, cette Bruxelloise combine le hockey de haut niveau et l’arbitrage. Elle joue depuis plusieurs années en division d’honneur à l’Antwerp. Bien que son père soit également arbitre, Laurine Delforge n’a jamais songé à faire carrière dans ce domaine. Elle participera pourtant cet été à son deuxième grand tournoi.
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« Depuis mes débuts en tant qu’arbitre j’ai toujours continué à jouer. Alors que je jouais encore en équipe nationale en moins de 21 ans, j’ai donné la préférence au hockey en U21 et à l’Antwerp. J’ai inversé la tendance à partir du moment où je n’ai pas été sélectionnée pour les Red Panthers. Et à l’Antwerp, on a bien compris que je devais de temps en temps m’absenter pour arbitrer un tournoi international ».
Quand êtes-vous devenue arbitre international ? « En 2012, la Belgique comptait deux arbitres de renom, Céline Martin-Schmets et Marine De Witte. Etant toutes deux indisponibles pour un tournoi en Afrique du Sud, je n’ai pas hésité. J’ai postposé mes examens et suis partie trois semaines en Afrique du Sud. J’ai décroché mon badge international et tout s’est enchaîné ».
Et si l’Antwerp dispute les playoffs, vous partirez tout de même arbitrer d’autres matches ? « Si l’on atteint les playoffs, je range mon sifflet pour le week-end. Je ne mélange pas les deux activités. Quand je fais quelque chose, j’essaye de le faire au mieux. Je ne pourrais d’ailleurs pas me concentrer à 100% sur un arbitrage avec un match dans les jambes. Et pour les matches de playoffs, il faut avoir un mental à 150%. Ce serait faire preuve de manque de respect vis-à-vis des joueurs que de combiner les deux ».
Envisagiez-vous alors d’arbitrer en Coupe du Monde ou aux Jeux olympiques ? « Pas au début. Ce n’est qu’après avoir pu arbitrer lors de la Coupe du Monde à La Haye que j’ai compris qu’un arbitrage aux Jeux n’était pas inaccessible. Pour ma première Coupe du Monde, mon premier grand tournoi, j’ai pu arbitrer le matche pour les 5e et 6e places. J’ai alors compris que je pouvais penser aux Jeux olympiques ».
Donc pas de sortie la veille d’une rencontre. « Si je joue le samedi et que j’arbitre le dimanche, un petit verre après le match est de rigueur, mais pas de sortie effectivement. Il ne faut pas oublier que j’arbitre une des meilleures compétitions au monde ».
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Les joueurs et joueuses vous respectent-ils plus du fait que vous jouez vous-même à un haut niveau ? « Du fait que je joue encore, j’ai déjà une bonne lecture du jeu. Mais chez les messieurs, leur respect vient surtout du fait que je suis une femme. Apparemment les hommes y sont sensibles. C’est aussi très agréable d’arbitrer les
messieurs car les matches en division d’honneur et les entraînements des Red Lions sont très rapides. Dommage que les femmes ne puissent arbitrer de grands tournois internationaux masculins ». « Il y a des différences entre le hockey féminin et masculin. Outre la différence de vitesse, les réactions des joueurs sont différentes. Si l’arbitre commet une erreur, les messieurs n’y pensent plus après deux minutes. Par contre, les dames me rappelleront un an après que j’ai sifflé une pénalité lors d’une rencontre alors qu’il n’y avait pas de faute. Chez les dames, tout est plus émotionnel ». Les joueurs connaissent-ils bien les règles ? « Certains joueurs et coaches ne connaissent pas toutes les règles… Plus le niveau est élevé, meilleure est la connaissance des règles. J’entends bien parfois des remarques qui ne sont pas correctes, mais comme les règles changent régulièrement, ce n’est pas évident. Mais en règle générale, les joueurs maîtrisent le sujet. Par contre, les spectateurs… Si le public est nombreux, cela n’a pas d’importance, vous n’entendez pas les remarques, ce qui n’est pas le cas s’il y a peu de spectateurs. Mais cela ne peut en aucun cas avoir aucune influence sur la manière de gérer la rencontre ».
Les joueurs essayent d’influencer l’arbitre. Avec quels joueurs êtes-vous sur vos gardes ? « Avec Tanguy Zimmer (joueur du Léopold, ndlr) car il est lui-même arbitre. Il conteste souvent. Le plus difficile est alors de ne pas douter de soi-même. Ou de penser que vous vous êtes effectivement trompé. Au niveau international, ce sont surtout les vedettes qui, sur base de leur statut, tentent d’influencer les arbitres. Et même si les arbitres en sont bien conscients, ce genre de joueurs et joueuses mettent inconsciemment une certaine pression ».
Bien sûr, les Jeux de Rio sont pour moi les premiers, mais j’espère avoir l’occasion d’arbitrer d’autres grands tournois. Sur ce genre d’événement, il y a une douzaine d’arbitres qui tous sont au taquet. Ce sont les internationaux qui contestent le plus souvent l’arbitre ? « Non, au contraire. Ils font même preuve de plus de respect pour l’arbitre. Des joueurs comme Felix Denayer ou John-John Dohmen sont avant tout concentrés sur le jeu. Et il ne m’étonnerait pas que ce soit une chose que l’on apprend en équipe nationale. Lorsque, en tant qu’international, vous apostrophez l’arbitre, c’est l’avertissement assuré ». Comme vous l’avez souligné, les règles du hockey évoluent constamment. Comment les arbitres internationaux sont-ils impliqués ? « Quand une nouvelle règle entre en application, la FIH (Fédération Internationale de Hockey, ndlr) sollicite nos commentaires après le tournoi. Ce qui, en fait, est trop tard. Actuellement les règles changent environ tous les six mois. D’un côté, c’est positif et prouve que notre sport évolue rapidement. D’un autre côté, cela devient de plus en plus compliqué pour tout le monde de comprendre toutes les règles. Pour un téléspectateur occasionnel, le hockey est devenu un sport difficile à suivre. Il y a beaucoup de règles mineures qui, de plus, comportent des exceptions. Si le hockey veut se médiatiser, il serait sage de simplifier ».
Etre au top au Brésil Quel est votre but ultime en tant qu’arbitre ? Les Jeux de Rio sont-il une apothéose ou simplement vos premiers Jeux olympiques ? « Bien sûr, les Jeux de Rio sont pour moi les premiers, mais j’espère avoir l’occasion d’arbitrer d’autres grands tournois. Sur ce genre d’événement, il y a une douzaine d’arbitres qui tous sont au taquet pour donner le meilleur et continuer à arbitrer de grands matches. Commencer à imaginer les rencontres que l’on aimerait arbitrer n’est pas la méthode à suivre ». Les Red Panthers ne se sont pas qualifiées pour Rio. Est-ce pour vous une opportunité pour arbitrer de grandes rencontres ? « Je ne suis pas sollicitée pour plus d’arbitrages. Le fait que notre équipe féminine ne soit pas qualifiée implique que je suis éligible pour toutes les rencontres. Le fait d’arbitrer plus souvent dépend de mes prestations. Je ne me rends pas au Brésil avec l’idée que je vais siffler un quart ou une demi-finale. J’essaye simplement d’être au top avant d’y aller ». Comment se déroule votre préparation ? « Pour les Jeux olympiques, j’ai une préparation particulière. Via un projet crowdfunding j’ai pu financer cette préparation. Je consulte déjà Jef Brouwers, psychologue du sport. J’entraîne également ma vue avec un spécialiste des yeux. Il me semble que Vincent Vanasch suit aussi ce parcours. Je vois aussi un coach pour peaufiner mon ‘body language’ et je m’implique dans un entraînement physique pour arbitres. Avec mes entraînements à l’Antwerp, je suis une des arbitres les plus en forme, mais entre la fin de la saison et les Jeux, il faut compter que trois mois vont s’écouler. Il est donc nécessaire de s’entraîner. Les Jeux olympiques sont l’occasion idéale pour fournir ces efforts et améliorer une foule de détails. En temps normal, je ne l’aurais jamais fait. Et si la formule du crowdfunding est idéale pour financer ce projet, c’est aussi une manière de prouver que, à côté des athlètes, les arbitres aussi s’entraînent pour arriver aux Jeux olympiques ». Donc vous vous auto-financez. La fédération belge prévoit-elle un encadrement pour les arbitres ? « La fédération organise un entraînement physique une fois par mois, mais il n’y a aucune session spécifique. Ce qui est dommage, car le niveau du hockey en Belgique ne cesse de progresser. Je ressens régulièrement une difficulté croissante dans l’arbitrage. Le soutien existe, mais il n’est pas assez concret ». Et du côté de la FIH ? « Lors de chaque tournoi international, les arbitres sont présents une semaine avant l’événement. On se prépare ensemble pour le tournoi, par des activités de team building par exemple. Pour le reste, c’est chacun pour soi. Espérons qu’un meilleur encadrement se mette en place pour les prochaines années ». Et une meilleure rémunération, car même au niveau international, les arbitres ne sont pas payés. « La FIH prend en charge les frais de transport et d’hébergement, mais pour le reste les arbitres ont beau siffler, aucun ne s’enrichit ! Si vous devez prendre congé au boulot pour arbitrer un tournoi, une compensation est néanmoins prévue. C’est déjà un bon début. Pour ma part, l’arbitrage résulte d’une passion pour le sport. Si l’on veut y voir un attrait financier, autant chercher tout de suite ailleurs ».
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Laurine, finaliste heureuse des Play Off de l’année dernière avec son club de l’Antwerp.
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Dans ce pays aux milles contrastes, le prix d’un ticket peut s’avérer être une fortune pour certains et pourtant, tous seront vendus les jours où l’Inde se produit. Plusieurs heures de file seront néanmoins nécessaires pour enfin pouvoir assister aux prestations de l’équipe nationale du pays.
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Texte Floris Geerts Photos PHDPH
L’argent indien régit le hockey, il faudra s’y habituer Permettez-moi de commencer par une évidence qui dérange encore beaucoup de monde dans le milieu du hockey : l’argent régit le monde, l’argent régit le sport, donc l’argent régit aussi le hockey. Que cela plaise ou non… pas moyen d’y échapper.
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Feux d’artifice pour l’entrée des joueurs et cérémonial digne d’un show. Le hockey est vendu comme un spectacle à l’heure où la TV règne en maître sur les stades.
Que l’argent régisse le monde du sport ne demande plus d’explications depuis de nombreuses années. C’est une évidence mondiale. Et le très noble hockey n’échappe pas à la règle. Mais comme la puissance de l’argent ne se ressent que depuis peu de temps dans le hockey, et est donc un phénomène récent, nous sommes encore nombreux à avoir du mal à l’accepter et à lui faire une place. C’est aussi une arme à double tranchant : d’un côté l’argent aide le sport à progresser, de l’autre c’est un outil d’influence, provoquant des distorsions et donc aussi des frustrations. L’argent, c’est tout à la fois le bien et le mal. Dans notre monde moderne et dans le monde du sport, c’est même devenu une loi naturelle. Si cette donnée incontournable depuis des années dans les sports populaires est devenue indiscutable, le monde du hockey doit encore s’y habituer. Mais s’y habituer n’est bien évidemment pas la même chose qu’accepter sans broncher tout ce que cela comporte. APPELER UN CHAT, UN CHAT Pour aborder un problème, il faut d’abord le nommer. Il n’est un secret pour personne que l’afflux d’argent dans le hockey provient d’Inde. Personne ne peut contester que le réveil de l’Inde en tant que grande nation du hockey soit une victoire pour notre sport. Il y a trois ou quatre ans, un projet qui sommeillait depuis un temps déjà a été traduit en faits concrets grâce à de puissants entrepreneurs du pays du hockey. Après des décennies d’engourdissement, l’Inde veut et va retrouver une place parmi les grandes nations du hockey. Et nous devons considérer ceci comme une victoire pour un sport qui a de plus en plus de difficultés à survivre comme sport olympique. De plus en plus de voix se sont élevées pour supprimer le hockey du programme : pas assez populaire, pas assez mondial. Une tendance qui disparaîtra avec l’Inde revenue au premier plan. Reste à combiner ceci avec le fait de rendre le jeu plus passionnant par une série d’innovations et adaptations dans les règles de jeu et dans la manière de médiatiser le hockey. Ces deux aspects ont toujours été favorables au sport : plus d’argent et un produit plus attractif. L’ARRIVÉE DES « GROS SOUS » DANS LE HOCKEY Nous devons nous en réjouir sans réserve : la renaissance de l’Inde est cruciale pour la survie du hockey comme sport olympique incontesté. Mais en même temps, il va de soi que tout n’est
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pas ‘pour le mieux dans le meilleur des mondes’ car le hockey n’échappera pas à la folie qui contamine tout sport régi par l’argent et par un financement qui provient essentiellement d’une même source. Inévitablement, il faudra faire face au syndrome du ‘donnant-donnant’. Nous investissons, nous aidons le sport, donc nous décidons. C’est ainsi que l’on en arrive à des distorsions. Celui qui paie, détermine, choisit, pousse, décide… Cela s’est produit de façon trop poussée dans le hockey ces dernières années mais ce n’est pas un cas isolé. Pire encore, c’était prévisible. Si l’on prend le sport mondial le plus riche, le football, c’est l’Europe qui décide de beaucoup de choses car c’est d’Europe que vient la plus grande part des financements. QUELLES EN SONT LES CONSÉQUENCES ? Lors des rencontres de Coupe du Monde, les heures doivent être adaptées à l’Europe. Les rencontres doivent être diffusées en prime time à la TV, pas moyen de faire autrement. En ce qui concerne les Jeux olympiques, l’essentiel du financement provient d’Amérique. En conséquence logique, les sports les plus appréciés des Américains sont programmés aux heures les plus intéressantes pour une diffusion TV aux Etats-Unis. Quand on finance les 4/5 du circuit olympique, c’est une exigence qui n’est pas contestée. Tout le monde accepte et se range à la loi du plus fort. ACCEPTER MAIS RESTER CRITIQUE Pour le hockey, le financement vient donc d’Inde. Il est donc compréhensible que les heures de diffusion en Inde soient prioritaires. Sauf que dans le monde du hockey, on n’en est pas encore au point de tout accepter sans broncher. SI C’EST INCORRECT OU INJUSTIFIÉ, IL FAUT SE DÉFENDRE Ainsi, la chaîne sportive indienne Star TV a voulu que lors de la dernière finale de World League 3, ne se disputent que 2 matches par jour au maximum, ce qui a entraîné un désavantage pour les Red Lions. Ils ont dû jouer leur demi-finale le samedi et la finale le dimanche. Alors que l’Australie jouait vendredi et dimanche et avait donc un jour de repos entre les deux. Lors des demi-finales de World League 3 à Brasschaat, les heures des rencontres ont été adaptées à l’heure indienne, pas à la belge. Pour l’organisation belge, les comptes étaient faits. Les sponsors étaient mécontents d’avoir moins d’audience TV du fait des horaires incon-
grus. Les organisateurs ont enregistré moins de spectateurs et donc moins de revenus. Perte des deux côtés. Mais il faudra s’y habituer car cela ne risque pas de beaucoup changer dans un futur proche. Qui paie, décide… C’est ainsi, que cela plaise ou non, même en hockey. Mais cela ne signifie pas qu’il faut tout accepter sans broncher ou protester. Les exigences posées pour un tournoi en Europe ne peuvent pas être plus contraignantes que pour un tournoi en Inde. Ce qui est malheureusement actuellement le cas. Nous en reparlerons. PEU D’IMPACT SUR LES COMPÉTITIONS NATIONALES Si l’on examine les compétitions nationales, quel est l’impact de l’argent indien ? Pour commencer, soyons clair : ce qui est vrai pour les compétitions internationales l’est aussi pour les compétitions nationales. L’exemple le plus frappant est à nouveau celui du football : il y a d’énormes différences de qualité entre les compétitions les plus riches et celles qui disposent de budgets moindres, et le fossé ne fait que se creuser. L’été prochain, on peut s’attendre à une distorsion encore plus grande car les équipes de premier league anglaise recevront environ 140 millions d’euros pour les droits de retransmission TV de leurs matches.
Remise du chèque du meilleur joueur de la rencontre à Arthur Van Doren lors du match contre l’Inde lors de la dernière World League Final qui s’est tenue à Raipur en décembre dernier.
Même le Bayern, l’un des clubs les plus riches au monde, a fait savoir qu’il ne pourrait plus concurrencer les clubs britanniques. En comparaison, le hockey est toujours préservé et la compétition ne rencontre pas beaucoup de désagréments suite à l’arrivée de l’argent indien. FAIRE RAPIDEMENT DE L’ARGENT EN INDE En hockey, la India League attire les meilleurs joueurs mais ne dure que six semaines et, de plus, tombe au milieu de la saison en Europe. Et les gains sont encore loin de ceux des athlètes qui sont en préparation d’une Coupe du Monde ou des Jeux olympiques. En année olympique, comme cette année 2016, les internationaux belges ont reçu interdiction d’aller jouer en Inde en janvier et février. Cela perturberait la préparation olympique. Les Australiens par contre peuvent participer à la Hockey India League. En année pré-olympique, ils ne peuvent pas jouer de compétition en Europe. Mais six semaines en Inde, la fédération n’y est pas opposée et entretemps les internationaux ne doivent pas être rémunérés puisqu’ils se remplissent les poches en India League. Play Hockey • Collector • 2016
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Déploiement des «très grands moyens locaux» pour tenter de se défaire d’un maximum d’insectes aux abords de la zone de jeu. On vous laisse juge des conditions dans lesquelles les sportifs de haut de niveau doivent physiquement prester.
Les mieux payés reçoivent entre 50 et 80.000€ pour 6 semaines. Ce qui n’est rien comparé aux footballeurs quand l’on sait que Kevin Debruyne gagne 300.000€ par semaine à Manchester City. Pour sa première participation à l’India League, Tom Boon a empoché 82.000€ et était alors l’un des joueurs les mieux payés. Cette fois, il n’a pas reçu l’autorisation. L’influence sur les compétitions reste donc limitée. Les compétitions les plus fortes sont toujours les mêmes : Pays-Bas, Allemagne, Belgique… L’Espagne a plus de difficultés ces dernières années mais cela est dû à la crise financière. 1 MILLION POUR LA FINALE DE WORLD LEAGUE Un problème plus présent est celui de la World League. Si cette nouvelle compétition mondiale est un atout pour le hockey, le fait qu’elle soit financée par l’Inde pose problème. Les finales se disputent la plupart du temps en Inde. Selon la loi de l’argent, c’est logique. Hero, fabricant indien de vélomoteurs, est sponsor principal de la FIH (Fédération Internationale de Hockey) et son souci est d’obtenir un return.
Cette envie de l’Inde d’accueillir les finales ainsi que le Champions Trophy et les Coupes du Monde est encore renforcée par le fait que la chaîne sportive Star TV soit le deuxième grand partenaire de la FIH. Elle prend tous les frais de production et de diffusion à sa charge. Pour la finale de World League cette année, la province de la ville hôte, Raipur, a reçu 1 million d’euros. DES EXIGENCES ACCRUES POUR LES ORGANISATIONS EN INDE En soi, ceci n’est pas si grave, si ce n’est que les conditions dans lesquelles se déroulent les tournois en Inde sont loin d’être idéales, pour le dire de manière sympathique. La première finale a eu lieu à New Delhi où le smog est insupportable et les terrains rendent les joueurs malades. L’eau utilisée pour arroser les terrains est pleine de bactéries et la moindre goutte ingérée par un joueur non-Indien provoque des désagréments. Et les insectes qui rendent malade, la qualité de la nourriture… Des termes comme impardonnable
Les mieux payés reçoivent entre 50 et 80.000 € pour 6 semaines. Ce qui n’est rien comparé aux footballeurs quand l’on sait que Kevin Debruyne gagne 300.000 € par semaine à Manchester City.
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et même criminel sont ici tout à fait appropriés. De plus, la participation du public à Delhi, une ville qui n’est pas spécialement ‘branchée’ hockey, était assez désolante. Alors pourquoi jouer là ? Tout simplement parce que celui qui tenait les cordons de la bourse le voulait ainsi. Pour l’organisation de la prochaine Coupe du Monde messieurs, l’Inde prévoirait un budget de 5 millions d’euros. En fonction des normes en hockey, il y a de quoi avoir le vertige. Pour la Coupe du Monde dames, l’Angleterre annonce 3 millions d’euros, ce qui est beaucoup. Et la question est de pouvoir récupérer la mise. Peut-être par une hypothèque sur les prochaines organisations de Coupe du Monde. LA FIH DEVRAIT INTERVENIR Ceci nous amène à un autre problème : l’argent ne peut pas aveugler et engendrer l’arbitraire. Pour ces organisations, l’Inde doit se conformer aux mêmes règles que celles imposées aux autres pays. Au top de la FIH, il est temps d’avoir un peu de courage. Ce qui n’a pas été démontré jusqu’à présent. Que les exigences vis-à-vis des organisateurs européens soient plus strictes que pour les Indiens est indéfendable. De plus, de grosses sommes sont exigées pour l’organisation des demi-finales de World League par exemple. Brasschaat a payé environ 300.000€ pour le tournoi. Comment récupérer son investissement
lorsqu’on est de plus en plus obligé de se plier aux désirs des sponsors principaux de la FIH ? Il est inadmissible que la santé des joueurs soit mise en danger pour des raisons commerciales et même par pur intérêt personnel. Il n’y a pas que le smog, l’eau qui rend malade, les insectes ou la nourriture. Les stades sont délabrés, les conditions de travail pour la presse sont déplorables (sièges branlants, salle de presse qui n’en a que le nom, internet capricieux...). LA COURSE À LA NOUVEAUTÉ A DES LIMITES Une autre donnée, mais qui n’est pas à attribuer exclusivement aux Indiens, est la tendance à constamment améliorer le sport pour le rendre plus attractif pour le public TV. Il n’y a rien de mal à cela et le hockey est déjà devenu plus attractif et profite de plus d’audience. Le meilleur exemple est l’introduction de l’arbitrage vidéo. Une idée qui a également séduit le football. La self-pass a rendu le jeu plus fluide, l’introduction des quarts-temps lui donne plus d’intensité…
Mais ces expérimentations vont parfois trop loin et peuvent nuire au jeu et aux joueurs. L’arrivée d’un cameraman avec steadycam sur le terrain, qui court entre les joueurs alors que se prépare un penalty-corner, c’est un peu trop. Mais pourquoi pas une mini caméra sur le casque du gardien ? Les images seront encore plus spectaculaires et cela ne gênera personne. Les diffuseurs d’images TV sont constamment en recherche d’améliorations afin de proposer des produits plus attractifs et le défi actuel est d’être au cœur de l’action. Il suffit de regarder les autres sports : caméra sur les vélos des cyclistes, embarquées sur les Formule 1, sur les paniers de basket… les exemples sont légion. Mais un cameraman qui gambade entre les joueurs lors d’une phase de jeu aussi cruciale qu’un penalty-corner, c’est aller trop loin, même si jusqu’à présent il semble que personne ne s’en soit plaint.
SUPPRIMER LE CHAMPIONS TROPHY Ce qu’il faut réformer d’urgence, c’est le tournoi annuel sur invitation qu’est le Champions Trophy. Il avait été mis sur pied pour combler les trous entre les championnats continentaux, la Coupe du Monde et les Jeux olympiques afin de ne pas devoir patienter deux ans avant d’avoir un tournoi qui réunisse toutes les grandes nations. Ceci convenait particulièrement aux pays où il n’y a pas de réelle compétition : Inde, Pakistan, Corée, Australie… Le Champions Trophy est un pur tournoi commercial qui subsiste parce que le financier indien le souhaite. Mais depuis que la World League existe, le Champions Trophy n’a plus de raison d’exister, si ce n’est une raison purement commerciale. Les Indiens adorent et paient pour y aller. Les Européens le considèrent comme le tournoi de trop et s’en servent comme terrain de test pour de nouvelles choses et laisser les plus jeunes acquérir de l’expérience. Play Hockey • Collector • 2016
Prise de possession du terrain par la TV qui est à présent devenue le nouveau maître du sport. Du jamais vu jusqu’ici, en pleine phase de PC, les caméras se figent devant la gardienne qui cherche sa concentration.
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REVALORISER LA WORLD LEAGUE La World League est une véritable compétition qui donne un sérieux coup de pouce à la mondialisation. Il faut la valoriser, la rendre plus importante que les championnats continentaux, la placer juste en dessous de la Coupe du Monde et des Jeux Olympiques. Cela aidera le sport, au contraire du Champions Trophy qui n’est ni plus ni moins qu’un anachronisme. En finale de World League, on voit les 8 meilleurs. Au Champions Trophy, tout dépend du bon vouloir du financier. Ce ne seront jamais les
Et au niveau belge ? Quelles sont les nouvelles, qu’est-ce qui bouge ? Il est réjouissant de savoir que tout va bien, même si la pression sur la fédération est grande pour assurer les meilleures prestations possible lors des grands championnats et surtout aux Jeux. Comprenez : si possible, prendre une médaille. En ce qui concerne le programme des équipes nationales, la fédération dépend fortement de trois instances : le COIB, l’ADEPS et Sport Vlaanderen. La fédération est satisfaite du soutien fourni par ces organismes, mais n’oublions pas que la hauteur du soutien est en rapport avec le niveau des prestations. Si le niveau baisse, le soutien diminue. A côté de cela, le sponsoring est un apport appréciable mais ne représente qu’une fraction du budget nécessaire. Pour être clair, en hockey, un gros sponsor apporte un montant qui est de plusieurs dizaines de fois inférieur à celui qu’apporte annuellement un gros sponsor d’un bon club de football belge. Le budget de l’ARBH est par exemple 40 fois moindre que celui du club d’Anderlecht.
Le Docteur Narinder Bartra, président de la fédération indienne de hockey et Kelly Fairweather, FIH Chief Executive.
6 ou 8 meilleurs qui participeront, car l’Inde en veut pour son argent. Et ce sont toujours d’interminables palabres tant au sujet de la formule – nombre d’équipes, forme du tournoi – que sur les dates du tournoi. Cette année encore. Initialement les messieurs devaient jouer en Argentine. Mais suite à des problèmes avec l’Argentine, ce sera finalement à Londres. Pour les dates, ce sera du 10 au 17 juin, ce qui n’est pas très judicieux puisque en pleine période de préparation des Jeux. Mais, par hasard, cela convient aux Lions. Le coach McLeod voit cela comme une bonne alternative au stage qui était initialement prévu à Valencia à la même période. Mais les Hollandais par contre n’y seront pas, par crainte de saboter leur préparation. Alors, ce ‘stage’ à Londres sera-t-il bénéfique pour les Lions ? Nous aurons la réponse au mois d’août, à la fin des Jeux de Rio. 118
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Au niveau des clubs, on est cette saison très satisfait de l’initiative des chaînes TV payantes. Play Sports et Be tv diffusent chaque semaine un compte rendu en direct d’une rencontre le dimanche après-midi, ainsi que de courts reportages sur les réseaux publics et sites web. Les chaînes payantes investissent dans le sport en supportant les frais de captation : 26 rencontres en live à 10.000 et jusqu’à 15.000€ par captation. Cela représente un investissement entre 250.000 et 300.000€ par saison. La saison prochaine sera également couverte et l’initiative est appréciée et n’apporte que du bon au sport. Les clubs sont mieux visibles par le grand public, les sponsors sont enthousiastes, et cela génère des revenus supplémentaires pour les clubs. Cette nouvelle stratégie de ne plus systématiquement ne diffuser que du football mais aussi d’autres sports dans lesquels les Belges sont bons est une excellente initiative. Des émissions en direct sur les compétions, matches européens, équipes nationales en basketball, en volleyball et désormais en hockey, c’est une victoire pour notre sport.
AMÉLIORER LA FORMULE WORLD LEAGUE Pour revenir à la World League, si la bonne idée est de supprimer le Champions Trophy, la formule de la World League a bien besoin d’être reprise en main. Peu de gens peuvent vous expliquer pourquoi, par exemple, les tournois de demi-finales de cette World League sont plus importants que les finales. C’est parce que les demi-finales octroient les tickets pour les JO. De plus, dans ces tournois de demi-finales, c’est le stade des quarts de finale qui
est crucial, alors que les demi-finales et la finale n’apportent rien de plus. La finale est importante pour le prestige car elle peut rapporter beaucoup de points, plus que dans les championnats continentaux. La bonne nouvelle est que la FIH est occupée à repenser la formule pour effectivement l’adapter. Ces jours-ci les réunions se succèdent au siège de Lausanne.
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Le hockey se vit intensément sur Be tv! Le meilleur des matches du Championnat de Belgique de hockey et des Playoffs sont à suivre en exclusivité sur Be tv.
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Grâce au gazon synthétique le hockey est devenu beaucoup plus rapide
Texte Floris Geerts Photos PHDPH
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Le tournoi olympique de hockey débute le dimanche 7 août à Rio de Janeiro. A l’Olympic Hockey Center, les rencontres se disputeront sur gazon synthétique, ce qui n’étonne personne. L’époque où l’on voyait voler des mottes de gazon lors d’un tir est révolue. L’apparition du gazon synthétique est l’évolution la plus marquante dans ce sport. Michel Lootens a vécu cette transition en tant que joueur. Aujourd’hui il fournit la moitié de l’Europe en terrains synthétiques.
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Lorsque l’équipe américaine de baseball des Houston Astros a investi le stade couvert de l’Astrodome en 1965, le sport s’est trouvé confronté à un problème nouveau : dans ce stade impressionnant, la pelouse naturelle se mourait par manque de lumière naturelle. Il fut donc décider d’y installer un gazon synthétique, une nouveauté à l’époque, qui allait rapidement prendre le nom d’AstroTurf. Et lorsqu’on demanda à Tug McGraw, lanceur des New York Mets, son opinion sur cette surface, à savoir s’il préférait le synthétique ou l’herbe naturelle, il eut cette réponse légendaire : « Je ne sais pas, je n’ai encore jamais fumé d’AstroTurf ! » Après le baseball, d’autres sports ont adopté ce nouveau type de surface et, en 1976 à Montréal, le tournoi olympique de hockey s’est déroulé sur gazon synthétique. Dans la décennie qui a suivi, les clubs belges ont commencé à investir dans le gazon synthétique. Ancien joueur international du Dragons, Michel Lootens a vécu cette transition : « Cela a été un énorme progrès pour le sport. » Il se souvient des dimanches où, avant de jouer, il fallait aplanir les monticules de terre laissés par les taupes. « Subitement, nos terrains sont devenus comme des billards, il suffisait d’aller jouer. » « A l’époque, il n’y avait que deux terrains mouillés à Bruxelles, se souvient Michel Lootens. Au Dragons, nous ne disposions pas de subsides et, pour réduire les coûts, le club a opté pour un terrain sablé. Pour ce genre de terrain,
on répand environ 26 kilos de sable par mètre carré, ce qui donne un peu l’impression de jouer sur une dalle de béton. » UN COÛT ÉLEVÉ De nos jours encore, la construction d’un terrain synthétique reste un investissement conséquent. « Cela a amélioré le jeu, mais chaque glissade vers la balle entraînait des brûlures, et le sable pouvait aussi pénétrer dans les blessures. Tout au long de la saison, nous avions tous les genoux écorchés », raconte Michel Lootens en riant. Hormis ces abrasions, la surface ‘style béton’ était une véritable torture pour toutes les articulations. « Vous devriez voir mes genoux. Le sport de haut niveau sur des surfaces aussi dures les ont malmenés. Alors que par le passé les compétitions se déroulaient indifféremment sur gazon naturel, terrain sablé ou terrain mouillé, un match de division d’honneur tout comme un match international doit se jouer sur un terrain mouillé de qualité. C’est tout simplement meilleur pour le corps », déclare notre expert en gazon synthétique qui en vend aujourd’hui dans de nombreux pays européens. UN TERRAIN MOUILLÉ N’EST PAS L’AUTRE Il existe différentes formules pour le réaliser. Selon Michel Lootens, la meilleure formule reste la plus onéreuse. Elle consiste à décaisser le terrain pour y couler une dalle de béton avant de lui appliquer une couche
de e-layer (asphalte élastique absorbant les chocs), pour terminer avec le tapis de gazon synthétique. « Si le e-layer est conforme aux normes de la FIH, le terrain synthétique n’impose pas plus de contraintes physiques au joueur qu’un terrain naturel, voire moins. Dans un terrain synthétique, cette couche de e-layer est la partie la plus chère. » D’AUTRES ALTERNATIVES… « Il existe des alternatives moins onéreuses mais aussi moins durables et plus contraignantes pour les articulations. L’une d’elles consiste en une couche plus mince de caoutchouc, ce qui rend le terrain plus dur, avec un impact non négligeable sur la charge imposée aux articulations. Ce type de sous-couche a également l’inconvénient de s’user beaucoup plus vite qu’un e-layer. » Sur un terrain mouillé bien conçu, les seules blessures rencontrées sont des abrasions. « Certainement quand le terrain est neuf. La surface peut alors se comparer à du papier de verre. Après un an, cette rugosité disparait, ce qui rend aussi la surface plus rapide. L’un des plus anciens terrains mouillés se situe à Auderghem, juste à côté des bureaux de l’ARBH. Après 30 ans, il est toujours en très bon état, nous confirme Michel Lootens.
La seule chose à prévoir pour ce genre de terrain est le remplacement du tapis et une vérification du e-layer. » La construction d’un terrain mouillé implique un budget conséquent : environ 300.00€. Il n’est donc pas étonnant que lorsque ces terrains se sont répandus, la suprématie de l’Inde, puissance mondiale dans le monde du hockey, ait été mise à mal. Même si l’Inde est occupée à combler son retard ces dernières années, le manque de terrains mouillés reste un problème. En Belgique, pratiquement chaque club peut faire jouer et entraîner ses jeunes sur ce genre de terrain, alors qu’en Inde, les jeunes internationaux ne font connaissance avec cette surface que vers 19 ou 20 ans. Ce qui nécessite une grande adaptation, Michel Lootens en sait quelque chose : « Le hockey a beaucoup changé avec l’arrivée du gazon synthétique. Un terrain impeccable rend déjà le jeu beaucoup plus rapide. Les joueurs doivent par conséquent être plus athlétiques et plus techniques. » Mais un simple terrain synthétique n’est pas la solution : la FIH impose que les rencontres internationales soient jouées sur terrain mouillé. Pour des pays pauvres, outre l’investissement pour les terrains, l’utilisation de l’eau est une lourde charge.
Le hockey, un sport de plus en plus plus écologique ? A côté de cet aspect économique, un débat s’est ouvert sur le thème écologique. Début février, Marc Coudron, président de l’ARBH, a déclaré que le hockey devait devenir un sport plus écologique. Mais l’arrosage des terrains nécessite de grandes quantités d’eau. Bien qu’une partie de cette eau soit récupérée, une partie non négligeable est perdue. Et dans le futur, cette eau deviendra plus rare et plus chère. « De nombreuses recherches sont actuellement effectuées en vue de développer des terrains qui ne devraient plus être arrosés, tout en conservant les qualités des terrains mouillés actuels, explique Michel Lootens. Ce sera la prochaine génération des terrains de hockey ». Une des solutions envisagées est un système d’irrigation qui mouillerait le terrain par le dessous. Mais le défi dans le milieu du gazon synthétique reste de diminuer drastiquement, voire supprimer totalement la consommation d’eau. Ce serait bien sûr une avancée pour les pays les plus pauvres, mais pas uniquement. En Australie déjà, grande nation du hockey, on fait de plus en plus marche arrière en revenant aux terrains sablés, quelque peu désuets. Question de budget mais surtout de bonne gestion de l’eau face à sa raréfaction.
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Women’s Hockey League
« Nous avons aujourd’hui plus d’athlètes sur le terrain » Si l’on a beaucoup parlé ces dernières années de la progression de nos équipes nationales, la compétition au sein de nos frontières se défend très bien aussi. La Audi Hockey League rivalise avec le top européen et les dames – avec la Women’s Hockey League - sont en constante évolution. Alix Gerniers et Charlotte De Vos sont bien placées pour nous en parler. Pour évaluer notre hockey féminin au niveau des clubs, le commentaire de Niels Thijssen, coach de la Fédération, est éloquent : « Les meilleures équipes belges – elles sont quatre ou cinq – rivalisent désormais avec les quatre équipe de bas de tableau de la division d’élite hollandaise, ce qui était loin d’être le cas il y a deux ans à peine. Une évolution que l’on doit à des entraînements plus intensifs et un travail plus professionnel de la part des clubs. Nous avons aujourd’hui plus d’athlètes sur le terrain. » ALIX GERNIERS : COLLABORER AU PROJET DE LA GANTOISE Elue Stick d’Or 2015, Alix Gerniers fêtera ses 23 ans au mois de juin. Et pourtant, c’est déjà sa septième saison au sein de l’équipe première de La Gantoise. « La compétition féminine a beaucoup évolué au cours de ces années, nous dit Alix Gerniers. De plus en plus de bonnes joueuses étrangères arrivent chez nous et le rythme de jeu s’est accéléré. Il y a de moins en moins de différence de niveau entre les équipes. En division honneur, on peut juste encore faire une différence entre les six premières et les deux ou trois dernières équipes. » Après une saison 2014-2015 en demi-teinte, Alix Gerniers espère goûter à nouveau aux playoffs avec La Gantoise. « L’an dernier nous avons eu beaucoup de blessées et cela a été une mauvaise saison. Nous voulons absolument revenir dans la course. Cette saison, je pense que Braxgata est l’équipe la plus forte, mais si le stress des playoffs nous épargne, nous serons en lutte pour le titre national. »
Alix Gerniers est heureuse au sein de son équipe d’amies à La Gantoise et n’envisage pas – pour le moment – de s’exiler aux Pays-Bas. « Le championnat hollandais ne m’intéresse pas vraiment, explique notre Stick d’Or. Je suis encore étudiante et les déplacements entre Renaix et les Pays-Bas sont conséquents. Mais on ne sait jamais, je peux changer d’avis dans deux ou trois ans. Cela dépendra aussi de l’évolution de La Gantoise. Le club a mis un très beau projet sur pied, Gantoise 2020, et je veux absolument y participer. » Le fait qu’Alix Gerniers s’empare du Stick d’Or 2015 n’est pas une surprise. C’est Niels Thijssen qui le lui a remis dans le studio de Play Sports, et le 21 février, à l’occasion du match Gantoise–Leuven, c’est son club qui l’a mise à l’honneur. « Cette année, le Stick d’Or était décerné par les joueuses elles-mêmes, ce qui procure un plaisir supplémentaire. Et j’apprécie au plus haut point que La Gantoise ait remporté ce match contre Leuven ! » « Quant à dire à quoi je dois cette distinction… L’an dernier La Gantoise était en difficulté avec une équipe déforcée pour cause de nombreuses blessures et, parmi les rescapées, j’ai eu un rôle à jouer. J’ai l’impression que mes coéquipières, tant au club qu’en équipe nationale, m’ont accordé plus de confiance. Mais au-delà, il m’est difficile de parler moi-même de mes prestations. Il n’arrive d’ailleurs pas souvent que je sois satisfaite de ma prestation après un match. »
déception reviendra certainement à la surface, Mais dès qu’ils seront terminés l’équipe pourra à nouveau se focaliser sur l’avenir. » Et concernant le stage de janvier des Red Panthers avec Niels Thijssen coach ad interim, Alix Gerniers se montre très satisfaite. « Il est actuellement difficile pour l’équipe nationale de retrouver sa motivation et j’étais très curieuse de voir comment ce stage allait se dérouler. Et ce fut une bonne surprise. Le nouveau staff technique savait que ce serait difficile et l’approche a été excellente. Les sessions de team building ont fait beaucoup de bien. » « Je me réjouis que de nombreuses joueuses souhaitent persévérer dans le projet Panthers plutôt que de mettre fin à leur carrière sur une note négative. Tant que nous avons un bon niveau, il n’y a aucune raison d’arrêter. Nous n’irons pas à Rio mais d’autres défis se présenteront. En ce qui me concerne, je vise Tokyo en 2020. »
Texte Werner Thys Photos PHDPH
Alix Gerniers, lauréate du stick d’or 2015, est fêtée par ses coéquipières d’équipe nationale Barbara Nelen et Emilie Sinia lors de son déplacement au Braxgata.
LE STAGE DES RED PANTHERS : UNE RÉUSSITE Avec les Red Panthers, Alix Gerniers devra encore patienter une bonne année avant de voir de nouveaux rendez-vous d’importance à l’agenda. « Quand les Jeux débuteront, la Play Hockey • Collector • 2016
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Cassy Boey (Watducks) et Carlota Bonastre (Antwerp) lors de la finale des play off 2015.
CHARLOTTE DE VOS : LE PLAISIR DE JOUER Ancienne capitaine des Red Panthers, Charlotte De Vos n’a plus joué en division honneur belge depuis neuf ans. Pendant sept ans elle a défendu les couleurs Oranje-Zwart et l’an dernier elle jouait en nationale 1 au Victory. « Le niveau a incontestablement progressé, mais comme j’ai également progressé, il est difficile d’estimer cette évolution, déclare Charlotte De Vos. Auparavant il y avait un entraînement par semaine, maintenant c’est trois ou quatre, avec en prime un programme physique. »
Et pourquoi pas le coaching mental ? Dans le futur, Charlotte De Vos n’envisage pas de devenir coach. Par contre l’aspect mental l’attire beaucoup plus. « Au Victory, j’assure la préparation mentale des équipes jeunes et je trouve cela très intéressant. J’ai acquis pas mal d’expérience au cours de ma carrière et je continue à suivre des formations. J’ai encore pas mal de choses à faire, pas nécessairement dans le milieu du sport, peut-être aussi dans le monde des affaires. » L’avenir nous le dira !
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La saison dernière, Charlotte De Vos a connu un changement radical, passant de l’élite néerlandaise à la première division belge. « On ne peut bien sûr pas comparer les deux compétitions mais j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer la saison dernière, nous raconte Charlotte De Vos. J’ai intégré le Victory et c’est gratifiant de pouvoir participer à la réalisation des ambitions de son club, à savoir la promotion en division honneur. » Pour les clubs qui connaissent ce sacre, la promotion est bien souvent de courte durée. Ce fut l’an dernier le cas de Brugge et de Lara mais en ce qui concerne le Victory, le club semble cette année en bonne voie pour s’assurer un séjour prolongé au sommet. « Même avec l’équipe qui nous a permis cette promotion, le maintien n’était pas assuré, confie Charlotte De Vos. L’arrivée de quelques bonnes joueuses étrangères pourra probablement nous permettre de confirmer notre place en division honneur. » Mais Charlotte De Vos reste un pion essentiel dans le jeu de son équipe. Elle l’a encore prouvé mi-février lors de phases cruciales sur le terrain du White Star. Le Victory l’a emporté 1-2, et
De Vos, à la base du premier but grâce à une passe décisive, a ensuite signé le but victorieux à deux minutes du coup de sifflet final. C’est après le Championnat du Monde 2014 à La Haye que Charlotte De Vos a décidé de mettre un terme à sa carrière avec les Red Panthers. « Je ne regrette pas cette décision. Il était temps pour moi de passer à autre chose et c’était le bon moment pour le faire. Je ne garde que d’excellents souvenirs de ces belles rencontre que j’ai eu l’occasion de vivre. » « C’est physiquement que cela devenait difficile pour moi. Et les nombreux entraînements et préparations commençaient aussi à peser sur le mental. » Charlotte De Vos n’a donc pas participé au tournoi qualificatif pour les Jeux olympiques, à Brasschaat, mais l’a suivi de très près. « Quand vous constatez que le ticket olympique vous passe entre les doigts pour une poignée de secondes, vous êtes de tout cœur avec ces filles. Vous ressentez pleinement leur déception, pas uniquement pour le tournoi en lui-même mais aussi pour tous ces efforts consentis pendant près de quatre ans subitement réduits à néant. »
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THURSO
OU L’ACCOMPLISSEMENT D’UN RÊVE D’ECOSSE Belle entrée en matière pour la marque THURSO, nouvelle venue sur le marché belge du hockey. Adoptée d’entrée de jeu par Tom Boon qui ne jure plus que par les sticks de la marque, la notoriété de THURSO se répand depuis comme une trainée de poudre à travers tout le pays sous le prestigieux label « marque de Tom Boon ». Les produits de la marque sont aujourd’hui disponibles à Bruxelles, Anvers et prochainement Gand. Poursuivant son développement, THURSO ouvre son premier THURSO CONCEPT STORE dans le prestigieux quartier du Prince d’Orange à Uccle. Derrière cette success-story se cache une véritable stratégie entrepreneuriale qui ambitionne de faire de THURSO une marque forte et internationale alliant sportswear et lifestyle. Le hockey belge est une manière pour THURSO de tester sa proposition de valeur dans un marché de niche. La collaboration de Tom Boon est un
élément essentiel de cette stratégie. Son jeu spectaculaire et sa personnalité attachante lui donnent une aura exceptionnelle auprès des jeunes hockeyeurs. L’histoire de THURSO débute mi-2015 avec la victoire de son équipe au Beach Hockey du Zoute. Ce succès donne une belle visibilité à la marque sur les réseaux sociaux renforcée par le partenariat avec les Tom Boon Hockey Camps. Depuis, THURSO croule sous les demandes de sponsoring émanant de Belgique et de l’étranger. THURSO parvient à s’attirer les faveurs d’Anouk Raes (Red Panther/Pingouins), de Jérôme Dekeyser (ex- Red Lion/Braxgata) et de plusieurs joueurs évoluant en Division d’Honneur. Une vingtaine de jeunes hockeyeurs participant au programme BeGold (équipes nationales jeunes à partir des U15) sont aujourd’hui également sponsorisés par THURSO.
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THURSO EST TRÈS FIÈRE D’ACCOMPAGNER LE DÉVELOPPEMENT DE CES JEUNES TALENTS QUI ENCHANTERONT LE HOCKEY BELGE DE DEMAIN Le marché du hockey belge est difficile. De nombreuses marques de sticks (une quinzaine) essayent d’exister sur un marché étroit et cloisonné. Pour réussir, THURSO n’a pas le choix, elle doit avoir une proposition de valeur innovante et ambitieuse, ce qui passe nécessairement par l’e-commerce et un développement à l’international. THURSO a de beaux atouts pour relever ce défi. Outre une relation privilégiée – tant sur le plan sportif que humain – avec Tom Boon, THURSO remplit les conditions d’une marque forte. La marque est distinctive et légalement protégée à l’international depuis 2011. Le deuxième atout de la marque, c’est son univers. Un univers riche de sens avec un excellent storytelling autour de deux thèmes forts : l’Ecosse et la « beachlife ». L’Ecosse car le propriétaire et CEO de la marque, Gauthier Broze, est diplômé de la faculté de droit d’Edimbourg et qu’il nourrit pour le pays – et son équipe de rugby - une infatigable passion. Mais aussi parce que le hockey moderne est né dans les Highlands, sa forme ancestrale étant encore pratiquée aujourd’hui sous le nom de « shinty ».
THURSO tient ses valeurs fondamentales de cette allégorie : maîtriser ce qui doit l’être et accepter sereinement ce qui nous dépasse, c’est-à-dire nos limites. Les limites peuvent être physiques, techniques ou mentales. Elles peuvent être repoussées mais jamais dépassées. Réussir demande de la lucidité et de la persévérance. C’est une philosophie d’existence. THURSO est une marque ancrée dans l’histoire, elle prolonge l’esprit et la tradition des sports d’équipe britanniques. Sa devise est « Never Surrender ». Les sticks THURSO sont déclinés dans des couleurs originales contrastées avec des éléments techniques sombres, noir mat, carbone, kevlar, etc. Pas question chez THURSO de parler d’un stick bleu, blanc ou rouge. Pour le bleu vous direz « Boucan Canot », pour le blanc « Peahi Jaws » et pour le rouge « Bourbon Island ». Ces noms d’outre-mer sont des célèbres plages de surf à Hawaï, en Australie, aux Maldives, à la Réunion, etc. Tom Boon joue avec tous les modèles au gré de ses humeurs même si le très exclusif « Sultan Reef » reste son favori. Une identité forte ne suffit pas pour rencontrer le succès. Il faut ensuite s’atteler à construire un solide réseau de distribution tout en préservant la réputation de la marque. THURSO suit la stratégie des marques de luxe qui consiste notamment à ne pas dissocier les produits de leur univers. Après avoir créé des THURSO corners dans des magasins multimarques à Anvers, Stockel, Gand et Nivelles.THURSO ouvre son propre concept store dans le prestigieux quartier du Prince d’Orange à Uccle, dans le triangle d’or formé par les clubs ucclois de l’élite, le Racing, le Léo et le Wellington.
Enfin, le principal atout de THURSO, celui auquel la marque tient le plus, c’est tous ces jeunes qui aiment La « beachlife » car THURSO est une ville balnéaire sep- la marque et la soutiennent chaque jour sur les tertentrionale connue pour abriter un des plus célèbres spots rains de hockey et les réseaux sociaux. THURSO a de surf. À THURSO, pas de palmiers, ni de sable fin, créé un concept fort autour de ces fidèles, la THURSO uniquement des vagues déferlantes de l’Atlantique nord, NATION. C’est un esprit communautaire qui transune mer glaciale couleur pétrole et un ciel chargé balayé cende l’appartenance à un club ou à un pays. La par les vents. Le surf y est pratiqué par des passionnés en THURSO NATION incarne l’adhésion aux valeurs de la combinaison thermique prêts à défier une nature sauvage marque et à la volonté de les partager sur les terrains mais magnifique. mais également dans la vie quotidienne.
THURSO, UNE MARQUE ATTACHANTE À SUIVRE ET UN UNIVERS À DÉCOUVRIR SANS TARDER SUR LE SITE : WWW.THURSO-HOCKEY.COM
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THURSO CONCEPT STORE Le THURSO CONCEPT STORE propose principalement des produits de la marque (sticks, textile, sacs, accessoires, etc.), des montres en série limitée mais également des produits innovants ou exclusifs provenant d’autres marques belges ou internationales. Dans le même temps, THURSO développe également un site de e-commerce qui sera lancé dans la foulée des Jeux Olympiques de Rio 2016. Chaussée de Waterloo, 1503 1180 Uccle (Prince d’Orange) Ouverture Mai 2016 www.thurso-hockey.com