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L’élégant Kent Nagano, l’un des nombreux chefs d’orchestre qui nous ont fait l’honneur de diriger nos orchestres. Toujours discret, il avait néanmoins une présence inexplicable qui a conduit à des moments incroyables.
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The elegant Kent Nagano, one of the many conductors who have performed with us. Always discreet, he nevertheless had an inexplicable presence that led to incredible moments.
Photo: DRUn orchestre au nom d’UBS Verbier a toujours accueilli des orchestres de jeunes, mais 2000 a été une année charnière, celle qui marqua les débuts de l’UBS Verbier Festival Youth Orchestra. Sans l’appui d’une grande banque, cet orchestre symphonique n’aurait jamais vu le jour. Il a rayonné dans le monde entier avant d’être rebaptisé Verbier Festival Orchestra en 2009.
Les sources du projet remontent à la fin des années 1990. À l’époque, Martin T:son Engstroem est proche de Georges Gagnebin, l’un des sponsors du Festival. Travaillant à la Société de Banque Suisse puis à l’Union de Banques Suisses dès 1998, le patron du Private Banking demande à Martin T:son Engstroem comment «monter un orchestre de jeunes» – rien à voir avec Verbier. Son idée? Promouvoir les valeurs de la banque auprès de ses clients. Cet orchestre voyagerait dans le monde entier et donnerait des concerts au nom d’UBS. Riche idée, certes, mais difficile à réaliser.
Martin T:son Engstroem décline la proposition. «Oublie, c’est trop compliqué…», lance-t-il à Georges Gagnebin. Mais le banquier et Martin Liechti, un collègue haut placé d’UBS, insistent. Le Suédois se creuse la tête. Et tandis qu’il parle un jour au téléphone avec Kent Nagano, le chef lui souffle cette suggestion: «Pourquoi ne pas faire une collaboration avec UBS? Pourquoi ne pas créer un orchestre de jeunes qui serait en résidence pendant l’été à Verbier et qui ferait des tournées internationales à l’automne pour la banque?» Bingo! Une formule gagnant-gagnant permettant au Festival d’avoir «son» orchestre et au groupe bancaire d’avoir une vitrine pour ses clients.
An Orchestra for UBS Verbier had always welcomed youth orchestras, but in 2000 came a decisive moment when the Festival gained its own outfit, the UBS Verbier Festival Youth Orchestra. Without the support of a big bank, such an orchestra, of symphonic size, could never have seen the light of day, let alone tour the world, as it did before being rebaptised the Verbier Festival Orchestra in 2009.
We have to go back a few years to find the project’s origins, in Martin T:son Engstroem’s close relationship with Georges Gagnebin, one of the Festival’s sponsors. Formerly head of Private Banking for the Société de Banque Suisse (SBS) and now, since 1998, with the Union de Banques Suisses (UBS), Gagnebin asks Martin T:son Engstroem how to create a youth orchestra, independently of Verbier. His goal is to promote his bank’s values to its clients. The orchestra would tour the world, giving concerts in the name of UBS. It’s a great idea, for sure, but hard to make a reality.
Engstroem is not enthusiastic: “Forget it,” he says,“it’s too complicated.” But Gagnebin and Martin Liechti, also holding a top position at UBS, keep asking. Engstroem gives the question some thought. And then one day, when he’s chatting on the phone with Kent Nagano, the latter comes out with a suggestion:“Why not go for a collaboration with UBS? Why not form a youth orchestra that would be in residence at Verbier during the summer and make international tours in the autumn for the bank?”Bingo! A win-win solution gives the Festival its own orchestra at last and the banking group a showcase for its clients.
James Levine, directeur musical
Encore faut-il une figure charismatique pour faire rayonner l’orchestre au-delà de la petite Suisse. Martin T:son Engstroem contacte alors son ami James Levine. Il sait que le chef américain a gardé des souvenirs émus de ses années d’apprentissage au Festival d’Aspen dans le Colorado. La montagne, la nature, la musique: tout cela, Levine le retrouverait à Verbier. «Après quinze étés consécutifs à Bayreuth et Salzbourg, il voulait tenter une autre expérience», raconte Engstroem. James Levine sera directeur musical de l’UBS Verbier Festival Youth Orchestra de 2000 à 2007.
Le passage au nouveau millénaire est alors un symbole fort pour lancer l’aventure. Martin T:son Engtroem et son associé Claudio Vandelli – nommé responsable musical – organisent au printemps 2000 des auditions dans neuf villes, de New York à Hong Kong, en passant par Zurich. Ils se mettent en contact avec des directeurs de Hautes écoles de musique qui leur recommandent des élèves. «La première année, nous avons reçu 900 candidatures de 60 pays», explique Claudio Vandelli. Après un premier écrémage, 600 musiciens sont convoqués et, parmi ceux qui se présentent, 108 de 29 pays sont finalement retenus. Une sélection drastique qui place déjà la barre très haut pour la première cuvée de l’orchestre.
It still needs a charismatic figure to give the orchestra some presence beyond little Switzerland. So Engstroem contacts his friend James Levine, whom he knows came through a similar experience as a student at the Aspen Festival. Mountains, nature, music: all of that Levine will find again at Verbier.“After fifteen successive summers at Bayreuth and Salzburg, he was ready for a change,” Engstroem recalls. Levine is duly to be music director of the UBS Verbier Festival Orchestra from 2000 to 2007. The arrival of a new millennium provides a powerful symbol for the venture. Engstroem and his associate Claudio Vandelli, head of the Festival’s orchestra administration, arrange auditions in the spring of 2000 in nine cities, from New York to Hong Kong by way of Zurich. They make contact with heads of conservatories, who recommend pupils. “The first year,”Vandelli recalls,“we had 900 applicants from 60 countries.” After a preliminary review, 600 advance for live auditions, and from those, 108 from 29 different countries are finally accepted – a drastic selection process that right away places the bar very high for this first vintage of the Verbier orchestra.
Pour notre tout premier concert avec l’UBS Verbier Festival Orchestra nouvellement fondé en 2000, James Levine avait proposé trois solistes: Dmitry Hvorostovsky, Gil Shaham et Jean-Yves Thibaudet.
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For our very first concert with the new UBS Verbier Festival Orchestra in 2000 James Levine had suggested three soloists: Dmitry Hvorostovsky, Gil Shaham and Jean-Yves Thibaudet.
Une collectivité au-delà des individualités
Pour les organisateurs, le pari est énorme. Non seulement il faut héberger et nourrir les musiciens à Verbier, mais aussi organiser des répétitions trois semaines en amont du Festival. «James Levine a fait venir quatorze chefs de pupitre de l’Orchestre du Metropolitan Opera de New York (MET) pour pouvoir former et encadrer les jeunes à Verbier, dit Martin T:son Engstroem. En 2000, il avait demandé dix jours de répétition avant le premier concert», de quoi avoir suffisamment de temps pour monter l’orchestre et souder les musiciens.
À peine arrivés à la fin juin à Verbier, le travail commence. Les musiciens sont soumis à un entraînement intensif digne d’un fitness. Ils ont six programmes différents à apprendre pour dix-sept jours de Festival. Encadrés par les coaches du MET, ils répètent d’abord pupitre par pupitre, en sections séparées. Puis, les différentes sections de l’orchestre sont assemblées pour que les musiciens jouent tous ensemble comme un grand organisme.
Beyond Individuals, a Community For the organisation, it’s a big undertaking. Not only must the young musicians be housed and fed in Verbier, there are also rehearsals to be arranged for the three weeks leading up to the Festival.“James Levine had fourteen principals come over from the Metropolitan Opera to prepare and mentor the young people at Verbier,” says Engstroem. “In 2000 he asked for ten days of rehearsals before the first concert,” in order to set up the orchestra and solder the musicians together.
Hardly have they arrived in Verbier, at the end of June, than work begins.The musicians are subjected to an intensive régime, as if they were in athletic training. They have six different programmes to learn for the seventeen days of the Festival. Supervised by the MET coaches, they rehearse at first section by section.Then the various sections of the orchestra are fused so that the musicians can begin to play together like some vast organism.
Des chefs au rayonnement planétaire
Outre cet apprentissage très structuré, Verbier offre la possibilité unique – et c’est ce qui le distingue des autres orchestres de formation – de jouer sous la direction de plusieurs chefs différents. Et pas n’importe lesquels! Qu’ils s’appellent Zubin Mehta, Kurt Masur, Wolfgang Sawallisch, Valery Gergiev, Paavo Järvi, Yuri Temirkanov ou Gustavo Dudamel, c’est l’élite musicale qui se produit à Verbier. Ces chefs imposent chacun leur geste, leur style, leur façon de travailler, dans le répertoire symphonique et opératique. Confrontés à cette variété d’approches, les jeunes musiciens doivent continuellement s’adapter. Une manière de simuler la vie d’un orchestre professionnel.
Not only is the apprenticeship highly structured, Verbier gives the musicians the chance to work with several different conductors –and by no means just any. Zubin Mehta, Kurt Masur, Wolfgang Sawallisch, Valery Gergiev, Paavo Järvi, Yuri Temirkanov, Gustavo Dudamel: it’s the musical elite that comes to Verbier. These conductors bring their own gestures, styles, ways of working, in both symphonic repertoire and opera. Facing different approaches, the young musicians have to adapt continually – to behave, that is, like a professional orchestra.
Quand Yuri Temirkanov était motivé, il était incroyable. Quel merveilleux mélange entre tradition et connaissance.
— When Yuri Temirkanov was motivated he was amazing. What a wonderful mixture between tradition and knowledge.
Photos: Stéphane Ouzounoff, 1998
James Levine lui-même est comblé après le premier concert, fixé au 21 juillet 2000, qui affiche la Symphonie La Grande de Schubert. Sur un ton euphorique, très américain, il déclare à la presse: «Je vis un rêve. Si on m’avait dit que le concert se passerait si bien, jamais je ne l’aurais cru.» Et d’ajouter: «Croyez-moi, je les ai fait répéter jusqu’au moindre détail, ils ont travaillé comme les vieux orchestres du passé.» Les musiciens le confirment et, comme le fait remarquer un jeune altiste américain interviewé en 2003, «l’orchestre est une merveilleuse parabole» par son mélange de nationalités. «Je me suis sentie transformée après les dix jours de travail avec Levine», confie pour sa part une violoniste genevoise.
James Levine himself is beaming after the first concert, which takes place on July 21, 2000, with Schubert’s “Great ” C major Symphony on the programme. In a tone of euphoria, very American, he tells the press: “I’m living a dream. If anyone had told me the concert would go so well, I’d never have believed them.”And he adds:“Believe me, I had them rehearse down to the least detail; they worked like the old orchestras of the past.” The musicians confirm it, and, in the words of a young American viola player interviewed in 2003,“the orchestra is a marvellous metaphor” in its mix of nationalities. “I felt myself transformed after ten days of working with Levine,”a violinist from Geneva confides.
Dès ses débuts, l’orchestre du Festival a instauré un système d’alternance: chaque année, 60 à 70% des postes sont conservés, le reste étant de nouvelles recrues engagées sur audition dans le monde entier. Parce que la sélection est compétitive, certains des musiciens ont dû auditionner plusieurs fois avant d’y être admis! C’est le cas du corniste neuchâtelois Lionel Pointet, qui a intégré l’orchestre de 2013 à 2015. «Participer au Festival est stressant, parce que les programmes sont très difficiles, disait-il en 2013. Il faut apprendre à recevoir des critiques en face, à vite s’adapter. On n’a pas droit à dix chances non plus pour que ce soit parfait. La pression est forte à un moment donné, mais quand le concert arrive, elle s’en va assez souvent: ça fait place à l’adrénaline, à une très grande motivation et à l’envie de jouer.»
Travailler pendant neuf ans avec James Levine en tant que directeur musical de l’UBS Verbier Festival Orchestra a été une période incroyable, non seulement pour les musiciens de l’orchestre, mais aussi pour moi.
— Working nine years with James Levine as music director of the UBS Verbier Festival Orchestra was an amazing time not only for the orchestra’s musicians but also for me.
From the very start, the Festival orchestra institutes a system whereby 60-70% of the players are re-engaged for the following year, the other positions being opened to new musicians. Because the selection process is competitive, some of the players have to audition several times before being admitted. That’s the case for Lionel Pointet, a horn player from Neuchâtel, who was a member of the orchestra from 2013 to 2015.“It’s stressful taking part in the Festival, because the programmes are very difficult,” he says in 2013. “You have to learn to take direct criticism, to adapt yourself quickly. You don’t have ten chances to make it perfect any longer. There’s intense pressure at any given moment, but during the concert that most often gives way to adrenalin, to immense motivation and the desire just to play.”
«Le niveau a toujours été élevé», commente Rimma Bergeron-Langlois, violoniste qui a été premier violon solo (Konzertmeister) à l’UBS Verbier Festival Orchestra dès ses débuts. «Peut-être qu’il s’est encore accru maintenant parce que le nombre de postulants n’a cessé d’augmenter.» Les répétitions avec James Levine, elle s’en souvient comme si c’était hier. Le chef américain arrivait toujours avec une grande serviette sur l’épaule. «C’est incroyable combien il savait capter notre attention. Il ne faisait pas de grands gestes – il n’aimait pas ça –, mais il faisait en sorte qu’on le regarde. Il pouvait être très critique mais d’une ma nière positive.» Le clarinettiste serbe Aleksandar Tasić a lui aussi fait partie de la première génération à Verbier. «En répétition, il était très calme, il n’élevait jamais la voix. On aurait entendu une mouche voler.»
“The level has always been high,”comments Rimma Bergeron-Langlois, who was leader of the UBS Verbier Festival Orchestra in the early days.“Perhaps it’s even higher now because there are more applicants.” She remembers the rehearsals with James Levine as if it were yesterday. He always came with a big towel on his shoulder.“It was incredible how he knew how to seize our attention. It’s not that he made big gestures – he didn’t like that – but he made you watch him. He could be highly critical, though in a positive way.” The Serbian clarinettist Aleksandar Tasić also belonged to this first generation of the Verbier orchestra.“In rehearsal he was very calm, never raised his voice. You could have heard a pin drop.”
Elektra pour les dix ans du Festival
De concert avec Avi Shoshani et Martin T:son Engstroem, James Levine élabore des programmes sur mesure pour l’orchestre. Il dirige une symphonie de Mahler par an (un cycle demeuré incomplet). Mais il choisit aussi la Symphonie Fantastique de Berlioz (jouée au Forum économique mondial de Davos en janvier 2003), la Neuvième de Beethoven, Till L’Espiègle de Strauss ou Le Bœufsur le toit de Milhaud… A-t-il les yeux plus gros que le ventre? Pour les dix ans du Festival en 2003, il dirige Elektra de Strauss en version de concert! Un opéra qui figure tout simplement parmi les plus difficiles. Un volcan en fusion, qui réclame autant d’adrénaline que de sang-froid de la part des musiciens et des chanteurs.
In collaboration with Avi Shoshani and Engstroem, Levine builds programmes tailormade for the orchestra. Besides an annual performance of a Mahler symphony (a cycle which remains incomplete), he gives them Berlioz’s Symphonie fantastique (played at the World Economic Forum in Davos in January 2003), Beethoven’s Ninth, Strauss’s Till Eulenspiegel, Milhaud’s Le Bœuf sur le toit.
If all this seems like biting off more than you can chew, in 2003, for the 10th Festival, he picks out what is quite simply one of the most difficult scores in the repertoire: Strauss’s Elektra, to be given in concert – a volcanic eruption, demanding as much intensity as control on the part of the musicians and singers.
Notre tout premier opéra en version de concert a eu lieu en 2003. Levine a dirigé Elektra avec Luana Devol dans le rôle éponyme et Inga Nielsen dans le rôle de Chrysothémis.
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We gave our very first opera in concert performance in 2003 Levine conducted Elektra with Luana Devol in the title role and Inga Nielsen as Chrysothemis.
Photo (gauche): Jaydie Putterman, 2003
Photo (droite): Mark Shapiro, 2003
Un puissant outil de marketing
Très vite, en raison de la palette des chefs invités, Verbier devient une adresse mondialement prisée. Cette aventure, on l’a dit, n’aurait pas pu voir le jour sans la banque UBS au départ, qui a investi près de 100 millions de francs. «L’orchestre a eu un coût très important, mais ça a donné une image mondiale à UBS », explique Georges Gagnebin. Une image fondée sur la jeunesse, l’audace, la compétitivité et la formation musicale.
Chaque automne, l’UBS Verbier Festival Orchestra part en tournée. UBS lance alors une campagne publicitaire dans les aéroports du monde entier. On y voit de grandes affiches avec des photos des jeunes musiciens, en concert ou en répétition, avec des slogans incitatifs. «Cette initiative a été saluée à l’époque comme l’une des plus innovantes dans le monde de la culture, poursuit Georges Gagnebin. Pour nous, il y avait Alinghi et l’ UBS Verbier Festival Orchestra. Dans un cas comme dans l’autre, on était dans l’émulation, la performance.»
Very soon, in response to its roster of conductors, Verbier becomes an address of worldwide renown. As already noted, this whole venture would not have been possible without UBS there at the outset. The bank has invested close to 100 million francs.“The orchestra was very expensive, but it gave UBS a global image,” explains Georges Gagnebin, “an image based on youth, daring, competitiveness and musical training.”
Each autumn the UBS Verbier Festival Orchestra embarks on a tour. At this point UBS launches a publicity campaign in airports around the world. Big posters show young musicians in concert or in rehearsal, with incentive slogans.“This initiative,” Gagnebin goes on, “was hailed at the time as one of the most innovatory in the world of culture. For us at UBS, there was the sailing team Alinghi and the UBS Verbier Festival Orchestra. In the one case as in the other, it was all about emulation.”
Lang Lang a joué le Troisième Concerto pour piano de Rachmaninoff en 2003, sous la direction de James Levine.
— Lang Lang performed Rachmaninoff’s Third piano concerto with James Levine conducting in 2003
Les plus grandes salles du monde Mais ce qui est plus remarquable encore, ce sont les salles où l’orchestre donne ses concerts: Musikverein de Vienne, Philharmonie de Berlin, Carnegie Hall et Avery Fisher Hall de New York, Walt Disney Concert Hall de Los Angeles, Opéra de Sydney, Suntory Hall à Tokyo: de quoi rendre jaloux les orchestres professionnels les plus reconnus!
«C’était une grosse organisation, témoigne Michaela Braun, alors responsable des tournées d’orchestre chez UBS. On voulait donner l’opportunité à ces jeunes de jouer dans des grandes salles avec des solistes célèbres.» Vadim Repin, Hilary Hahn, Maxim Vengerov, la jeune Anna Netrebko, Lang Lang, Bryn Terfel (à Shanghai, Mel bourne et Sydney) et Martha Argerich (avec Charles Dutoit en 2007 en Amérique du Nord et en Europe) participent à ces tournées. Des concerts destinés aux clients d’UBS bien sûr, mais aussi ouverts au public.
«Nous sommes allés jouer dans plus de 80 villes, s’exclame Georges Gagnebin, à Beijing, Shanghai, Bangkok, Osaka, Tokyo, Singapour, Sydney, Melbourne, Buenos Aires, São Paolo, New York, Chicago, Los Angeles, Montréal, Barcelone, Stockholm, Varsovie…» C’est avec l’UBS Verbier Festival Orchestra que James Levine s’est produit pour la première fois en Russie, à la Grande Salle du Conservatoire de Moscou, en 2003. «Un événement!», se souvient Mi chaela Braun. Paavo Järvi, Neeme Järvi, Herbert Blomstedt, Mstislav Rostropovitch (75 ans), Charles Dutoit et Jiří Bělohlávek font aussi partie de l’équipée.
The Greatest Concert Halls of the World No less remarkable are the venues in which the orchestra gives its concerts: the Musikverein in Vienna, the Philharmonie in Berlin, Carnegie Hall and Avery Fisher Hall in New York, Disney Hall in Los Angeles, the Sydney Opera House, Suntory Hall in Tokyo – enough to make a leading professional orchestra sit up.
“It was a big operation,” says Michaela Braun, then in charge at UBS of the orchestra’s tours.“We wanted to let these youngsters play in great concert halls with celebrated soloists.”
Vadim Repin, Hilary Hahn, Maxim Vengerov, the young Anna Netrebko, Lang Lang, Bryn Terfel (in Shanghai, Melbourne and Sydney) and Martha Argerich (with Charles Dutoit in 2007 in North America and Europe) take part. The concerts are for UBS clients, of course, but open to the general public.
“We visited more than 80 cities,”exclaims Georges Gagnebin.“Beijing, Shanghai, Bangkok, Osaka, Tokyo, Singapore, Sydney, Melbourne, Buenos Aires, São Paolo, New York, Chicago, Los Angeles, Montreal, Barcelona, Stockholm,Warsaw…” It’s with the UBS Verbier Festival Orchestra that James Levine appears for the first time in Russia, in the Great Hall of the Moscow Conservatory in 2003.“An event!” Michaela Braun remembers.PaavoJärvi, Neeme Järvi, Herbert Blomstedt, Mstislav Rostropovitch (at 75), Charles Dutoit and Jiří Bělohlávek are also on the team.
2005 : la naissance de l’orchestre de chambre
En 2005, une nouvelle étape est franchie avec la création d’un orchestre de chambre en résidence. L’idée est d’avoir une structure plus légère pour les tournées à l’étranger. UBS finance également cet ensemble composé d’anciens membres parmi les plus accomplis du Verbier Festival Orchestra. Il y a donc désormais deux formations en résidence l’été: le Verbier Festival Orchestra (orchestre symphonique) et le Verbier Festival Chamber Orchestra (orchestre de chambre), des tournées étant organisées à l’automne. Aujourd’hui, la plupart de ces musiciens occupent des postes prisés dans des orchestres de renom. Mais en 2005, tout est encore à faire. C’est Dimitry Sitkovetsky qui dirige le premier concert à New York avec Renée Fleming en soliste. Maxim Vengerov intensifie ce travail lors d’un séjour de trois semaines dans un kibboutz en Israël. L’objectif est de préparer l’UBS Verbier Festival Chamber Orchestra en vue d’une tournée dans 22 villes au Canada, aux États-Unis et en Europe (avec des concerts au Carnegie Hall de New York, au Musikverein de Vienne, au Concertgebouw d’Amsterdam et aux BBC Proms de Londres). Au menu: des Concertos pour violon et la SymphonieN°29 de Mozart.
A new stage is reached in 2005 with the creation of a chamber orchestra, in residence at the Festival but prompted principally by the need for a more flexible touring ensemble. UBS finances this small group of former members of the Verbier Festival Orchestra. So now there are two ensembles in residence each summer: the Verbier Festival Orchestra and the Verbier Festival Chamber Orchestra, tours being organised for the autumn. Most of the players today occupy coveted positions in renowned orchestras, but in 2005 all that lies far ahead. Dmitry Sitkovetsky conducts the first concert in New York with Renée Fleming as soloist, followed by Maxim Vengerov who intensifies the work with a threeweek period at a kibbutz in Israel. The aim is to prepare the UBS Verbier Festival Chamber Orchestra for a tour of 22 cities in Canada, the United States and Europe (with concerts at Carnegie Hall, the Vienna Musik-verein, the Concertgebouw in Amsterdam and the BBC Proms in London). On the menu: Mozart’s violin concertos and his Symphony n°29.
Le Verbier Festival Chamber Orchestra est un groupe de musiciens très soudés qui se connaissent depuis des années. Avant chaque concert, ils partagent un moment pour s’encourager mutuellement avec leur bien-aimé directeur musical Gábor Takács-Nagy.
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The Verbier Festival Chamber Orchestra is a closely-knit group of musicians who know each other for years. Before each concert they come together for a moment of mutual encouragement with their much loved music director Gábor Takács-Nagy.
Photo: Nicolas Brodard, 2016.
En 2006, la première tournée de notre Verbier Festival Chamber Orchestra a été organisée avec Maxim Vengerov comme soliste et chef d'orchestre. Nous avons donné 22 concerts en Amérique du Nord et en Europe.
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In 2006 the first tour of our Verbier Festival Chamber Orchestra took place with Maxim Vengerov as soloist and conductor. We performed 22 concerts in North America and Europe.
Photo: Mark Shapiro, 2006.
«Maxim était très exigeant, se souvient Rimma Bergeron-Langlois, violoniste et Konzertmeister lors de la tournée. Chaque note devait être à sa juste place. J’ai encore ces pièces mémorisées dans les doigts tellement nous les avons répétées!» Last but not least, Maxim Vengerov enregistre avec ses 30 musiciens les Concertos N°2 et 4 et la Symphonie concertante de Mozart avec l’altiste Lawrence Power pour EMI.
“Maxim was very demanding,”recalls Rimma Bergeron-Langlois, leader of this orchestra, too.“Each note had to be in its proper place. I still have these pieces under my fingers, we rehearsed them so much!”
With his 30 musicians Vengerov records for EMI the two violin concertos in D and the Sinfonia Concertante with Lawrence Power.
Gábor Takács-Nagy, directeur musical du Verbier Festival Chamber Orchestra
Souffrant d’une douleur à l’épaule, Vengerov est obligé de passer le flambeau à Gábor Takács-Nagy, nommé bientôt directeur musical de l’orchestre. «Je l’avais entendu mener un concert avec les jeunes de l’académie Tibor Varga à Sion et j’aimais beaucoup son énergie», explique Martin T:son Engstroem. Invité à diriger l’orchestre de chambre une première fois en 2007, le chef hongrois partage d’emblée une complicité avec les musiciens. «Dès le premier contact avec Gábor, nous sommes tombés amoureux de lui, et lui de nous, raconte le clarinettiste Aleksandar Tasić. Ce fut une symbiose. Sa spécialité, c’est le répertoire hongrois et Bartók naturellement, mais il a une façon de faire sonner Mozart et Beethoven qui ne ressemble à nulle autre.»
Suffering from shoulder pain,Vengerov is forced to pass the torch to Gábor Takács-Nagy who is named the first music director.“I’d heard him conduct a concert with the young people of the Tibor Varga Conservatory in the cantonal capital of Sion, and I loved his energy,”says Engstroem. Invited to conduct the chamber orchestra for the first time in 2007, the Hungarian musician is immediately on the same side as the players.“From our first contact with Gábor, we fell in love with him, and he with us,” says Aleksandar Tasić. “It was a symbiosis. His speciality is the Hungarian repertoire including Bartók, naturally, but he has a unique way of making Mozart and Beethoven sound.”
Gábor Takács-Nagy est le directeur musical de notre Verbier Festival Chamber Orchestra et dirige en même temps le programme de musique de chambre de l’Académie. Un homme extrêmement inspirant.
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Gábor Takács-Nagy is the music director of our Verbier Festival Chamber Orchestra and at the same time leads the Academy’s chamber music programme. What an inspiring man he is!
De haut en bas:
Daniel Harding
András Schiff
Antonio Pappano
From top to bottom: Daniel Harding
András Schiff
Antonio Pappano
Photos: Aline Paley, 2013 2016 2017
Le violoniste et Konzertmeister espagnol Roberto González-Monjas acquiesce. «Le Verbier Festival Chamber Orchestra est comme une famille d’individus très proches, presque des amis, de différentes générations.» Que ce soit sous la direction de Gábor Takács-Nagy, Daniel Harding, András Schiff, Antonio Pappano, Michael Tilson Thomas ou encore sans chef, cet ensemble a donné des concerts de haut vol. Depuis une dizaine d’années, seul l’orchestre de chambre de Verbier part en tournée à l’étranger. Il se produit chaque automne au magnifique Schloss Elmau en Bavière, mais aussi en Chine, ailleurs en Asie, aux ÉtatsUnis et au Moyen-Orient.
The Spanish violinist and orchestra leader Roberto González-Monjas adds:“The Verbier Festival Chamber Orchestra is a family of very close friends from several generations.” Whether under the direction of Gábor TakácsNagy, Daniel Harding, András Schiff, Antonio Pappano, Michael Tilson Thomas – or without a conductor – the ensemble has given peerless concerts. For the past ten years, it alone has been touring abroad, appearing every autumn at the magnificent Schloss Elmau in Bavaria, but also in China, elsewhere in Asia, the United States and the Middle East.
2008 : le grand orchestre menacé d’extinction
Fin 2007, le Festival vit des heures noires lorsque UBS décide subitement de se retirer du financement. Alerté par un mail anonyme le mettant en garde sur les intentions du département mécénat d’UBS, Martin T:son Engstroem est d’abord décontenancé. «J’étais à Lyon pour un concert avec Charles Dutoit et Martha Argerich quand j’ai reçu ce mail. C’était une situation très dramatique, angoissante. J’ai immédiatement contacté Georges Gagnebin pour lui demander s’il était au courant. Par bonheur, c’est un homme calme, réfléchi. Il a toujours été un roc sur lequel s’appuyer dans ce genre de situation.»
Loin de s’affoler, le banquier – qui avait alors quitté le directoire d’UBS pour devenir vice-président du conseil d’administration de la banque Julius Baer – réagit illico. «En urgence, j’ai contacté le Canton du Valais en passant par le Conseil d’État et la Commune de Bagnes – tout cela dans la plus grande discrétion, poursuit Georges Gagnebin. Nous avons compris qu’on ne pouvait plus faire de tournées, mais que nous pouvions continuer avec l’orchestre durant le Verbier Festival. Et puis nous avons fait un budget: il nous fallait 1,4 million de francs par année. J’ai transpiré, mais avec le Canton du Valais, la Commune et la Loterie Romande pour 50% du budget, des fon dations et nous sommes arrivés à trouver cette somme. C’est un sauvetage dont je suis fier et qui me procure beaucoup de satisfaction encore dix ans après.» L’aventure du Verbier Festival Orchestra peut continuer, même si les tournées dans le monde entier sont désormais annulées en raison de leur énorme coût.
At the end of 2007, the Festival experiences dark days as a result of UBS’s sudden decision to cease its support. Alerted anony mously of the bank’s sponsorship department’s intentions, Engstroem is initially disconcerted: “I was in Lyon for a concert with Charles Dutoit and Martha Argerich when I received this email. It was a very dramatic situation, anxiety-provoking. I immediately contacted Georges Gagnebin to ask him if he knew about it. Fortunately he is a calm, thoughtful man. He has always been a rock on whom we could rely in this kind of situation.”
Far from panicking, Gagnebin, who had left his UBS directorship to become vicechairman of the board of another Swiss banking house, Julius Baer, reacts at once. “I immediately contacted the Canton of Valais through the State Council and the Commune of Bagnes, all in the utmost confidence. We realised we could no longer undertake tours, but we could carry on with the orchestra during the Verbier Festival. And then we settled on a budget: we needed 1.4 million francs a year. I held my breath, but with the Canton of Valais, the Commune and the Loterie Romande providing 50% of the budget, and foundations and private patrons the remaining 50%, we had what we needed. It’s a rescue I’m proud of, and one that still gives me a lot of satisfaction ten years later.” The adventure of the Verbier Festival Orchestra can continue, even though tours around the world are now over because of the enormous cost.
Le Verbier Festival Junior Orchestra a été fondé en 2013 60 enfants âgés de 15 à 18 ans viennent littéralement du monde entier. Beaucoup d’entre eux n’ont jamais quitté leur foyer auparavant. Tous ne parlent pas couramment l’anglais. Mais que de souvenirs pour la vie!
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The Verbier Festival Junior Orchestra was founded in 2013 60 kids aged 15 to 18 coming together from literally all over the world. Many had never left home before. Not all spoke fluent English. But what a memory for life!
Photo: Nicolas Brodard, 2013
Le dernier «bébé» parmi les orchestres
Encouragé par le succès du Verbier Festival Orchestra et du Verbier Festival Chamber Orchestra, le Festival choisit d’expérimenter en 2013 avec un nouvel orchestre de musiciens encore plus jeunes. Le Verbier Festival Junior Orchestra (appelé à l’origine le Music Camp) a été lancé avec le soutien de personnalités comme Stephen de Heinrich et de la Loterie Romande et réunit des adolescents de 15 à 18 ans. Ils sont conviés à faire leurs gammes de musiciens d’orchestre sous la direction d’un chef très expérimenté et d’envergure internationale: Daniel Harding (lequel sera bientôt secondé par d’autres baguettes). L’approche globale de Harding inclut des exercices créatifs qui affinent les capacités d’écoute et de communication d’une manière ludique.
Même si les répétitions sont difficiles au premier abord, ces adolescents font des progrès considérables. «C’est presque inquiétant de voir à quel point ils sont bons!», s’exclame le violoniste Roberto GonzálezMonjas qui les a coachés plus d'une fois. «Je suis plein d’espoir en l’avenir quand je vois des enfants si curieux et avides d’apprendre.»
The Last ”Baby” among
Encouraged by the success of the Verbier Festival Orchestra and the Verbier Festival Chamber Orchestra, the Festival decides in 2013 to experiment with a new orchestra of even younger musicians. Launched with backing from visionaries including Stephen de Heinrich and the Loterie Romande, the Verbier Festival Junior Orchestra (originally called the Music Camp) offers kids aged 15 to 18 the chance to take their first steps as orchestral musicians under the direction of a very experienced and internationally esteemed conductor: Daniel Harding. His holistic approach includes creative exercises that fine-tune listening and communication skills in a playful manner that resonates with the young musicians.
Although rehearsals are difficult at first, the teenagers make considerable progress. “It’s almost worrying how good they are!” exclaims violinist Roberto González-Monjas who coached them more than once.“It makes me hopeful for the future when I see kids so curious and eager to learn.”
Tous vous le diront: Verbier a changé leur vie. À lui seul, l’exemple des frères Koncz (une fratrie autrichienne) illustre les success stories des anciens membres du Verbier Festival Orchestra. Arrivé à l’âge de 17 ans à Verbier, l’aîné, le violoncelliste Stephan Koncz, a été engagé une année après comme remplaçant au Wiener Staatsoper. Il a ensuite été admis à l’Académie Karajan de Berlin, programme de formation qui lui a permis d’accéder à l’Orchestre philharmonique de Berlin.
Everyone will tell you Verbier changed their lives.The example of the Austrian-Hungarian Koncz brothers alone is enough to illustrate the success of former members of the Verbier Festival Orchestra. Having come to Verbier at 17, the cellist elder brother Stephan was hired a year later as a substitute in the orchestra at the Vienna State Opera. He was then admitted to the “Karajan Academy”, the Berlin Philharmonic’s orchestral training programme, subsequently winning a position in the orchestra.
Je considère la musique de chambre comme la meilleure façon de communiquer entre les artistes, mais aussi comme la meilleure façon d'apprendre pour les jeunes musiciens. On voit ici le jeune Christoph Koncz entre Leonidas Kavakos et Kim Kashkashian qui se produisent ensemble.
— I see chamber music as the best possible way to communicate between artists but also the best for young musicians to learn. Here is young Christoph Koncz between Leonidas Kavakos and Kim Kashkashian performing together.
Le cadet Christoph Koncz n’est pas moins doué. «J’accompagnais déjà mon frère à 14 ans aux répétitions de l’orchestre à Verbier pendant l’été. Je me rappelle très bien quand ils ont préparé Elektra avec James Levine en 2003!» À 16 ans déjà, Christoph Koncz – visage blond poupin, mais incroyablement mature dans son attitude – auditionne pour entrer à son tour dans l’orchestre. «Je me souviens qu’il connaissait très bien ses traits d’orchestre», explique Claudio Vandelli. «Il avait tout appris par cœur, s’exclame Martin T:son Engstroem. C’est lui qui a dé cidé pour nous qu’il voulait entrer dans l’orchestre!»
Un musicien précoce, le plus jeune à avoir jamais été admis dans les rangs du Verbier Festival Orchestra. En 2008, il est engagé à l’Orchestre de l’Opéra d’État de Vienne, rampe d’accès au prestigieux Orchestre philharmonique de Vienne où il a été rapidement nommé chef d’attaque des seconds violons.
Les deux frères sont aussi actifs au Verbier Festival Chamber Orchestra ; ils ont participé plusieurs fois à des tournées et Christoph y a même tenu le rôle de chef d’orchestre !
Younger brother Christoph is equally gifted “At 14 I was going with my brother to the orchestra’s rehearsals in Verbier during the summer. I have vivid memories of them preparing Elektra with Levine in 2003.” At only 16, Christoph, blond and baby-faced, auditioned for the orchestra.“I re member he knew his orchestral excerpts very well,”says Claudio Vandelli. “He had learned everything by heart!” adds Engstroem.“He was the one who decided, not us, that he had to enter the orchestra!” Here was a precocious musician indeed, the youngest musician ever to be accepted into the Verbier Festival Orchestra. In 2008, he was hired by the Orchestra of the Vienna State Opera (a means of access to the Vienna Philharmonic), where he was soon appointed leader of the second violins.
The two brothers are also active with the Verbier Festival Chamber Orchestra, having performed on tour with the ensemble several times, Christoph even taking the role of conductor.
Un rêve exaucé
Autre surdoué, Roberto González-Monjas a décroché le poste de premier violon solo à l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte-Cécile de Rome après ses années de formation à Verbier. À 20 ans, il voulait déjà devenir Konzertmeister. Mais il a failli enterrer son rêve à cause d’une personne d’influence qui l’en avait dissuadé. «Ma mère trouvait injuste de briser le rêve d’un adolescent. Elle m’a inscrit – sans que je le sache – pour que j’auditionne à l’orchestre de Verbier. Je n’avais rien à perdre, j’ai tenté ma chance.»
Contre toute attente, le violoniste espagnol passe l’audition… jusqu’à être sélectionné parmi les Konzertmeister au sein du Verbier Festival Orchestra! Dès son premier été à Verbier, en 2011, il a le privilège de jouer le grand solo du poème symphonique Une vie de héros de Strauss sous la baguette de Neeme Järvi. «Cette expérience a changé ma vie: elle m’a donné confiance en moi.» C’est dire combien un seul événement, un tournant pris au bon moment peut influer sur la carrière entière d’un musicien.
Another extraordinarily gifted musician, Roberto González-Monjas gained the post of leader of the orchestra of the Accademia Nazionale di Santa Cecilia in Rome after his years of training at Verbier. At age 20 he had already dreamed of becoming an orchestra leader, but he almost abandoned the idea, because of doubts raised by a person of influence. “My mother felt it was unfair to mess with a young person’s dream. She registered me, without my knowledge, to audition for the Verbier orchestra. I had nothing to lose; I tried my luck.”
Against all odds, the Spanish violinist not only passes the audition but is selected as one of the leaders of the Verbier Festival Orchestra. In his first summer at Verbier, in 2011, he has the privilege of playing the great solo in Strauss’s Ein Heldenleben under the baton of Neeme Järvi. “This experience changed my life. It gave me selfconfidence,” he says – a mark of how a single event, a turn taken at the right time, can affect a musician’s entire career.
Roberto González-Monjas est membre et Konzertmeister du Verbier Festival Orchestra depuis son plus jeune âge. Plus tard, il est devenu Konzertmeister de notre orchestre de chambre. Cette photo a été prise après une sonate de Beethoven qu’il a jouée avec Yuja Wang en 2017.
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Roberto González-Monjas was a member and also concertmaster at a young age of the Verbier Festival Orchestra. Later he became concertmaster of our Chamber Orchestra. This photo was taken after Beethoven sonata he played with Yuja Wang in 2017
Photo: Aline Paley, 2017
Charles Dutoit, directeur musical de 2009 à 2017
Dès 2009, Charles Dutoit succède à James Levine comme directeur musical du Verbier Festival Orchestra. «Nous avons fait tant de choses!», déclarait en 2017 le chef lausannois: « Pelléas et Mélisande de Debussy, La Damnation de Faust de Berlioz, la Turangalîla-Symphonie de Messiaen avec Jean-Yves Thibaudet, Don Quichotte , la Symphonie alpestre et Salomé de Richard Strauss, la 1re symphonie de Mahler – qu’ils ont d’ailleurs très bien jouée –, la Neuvième de Beethoven. Mais auparavant, j’avais déjà fait des tournées avec le Verbier Festival Orchestra. Je me souviens même d’une tournée avec d’innombrables destinations qui a commencé à Los Angeles et s’est terminée à Stockholm!»
Ce qu’il a cherché à inculquer à tous ces jeunes? «Un orchestre, c’est surtout “l’école d’orchestre” par rapport au style de la musique que l’on joue. Quand vous avez un premier hautbois formidable, il le sera toujours, mais dans les cordes, il faut amalgamer les musiciens parce qu’ils viennent d’un peu partout. Je suis toujours très attentif à cette question du style et du son.»
On l’aura remarqué dans ses interprétations du répertoire français, en particulier Pelléas et Mélisande et La Damnation de Faust.
Charles Dutoit, Music Director from 2009 to 2017
In 2009, Charles Dutoit succeeds James Levine as music director of the Verbier Festival Orchestra.“We did so much!” the Lausanne-born conductor declared in 2017: “Debussy’s Pelléas et Mélisande, Berlioz’s La Damnation de Faust, Messiaen’s Turangalîla Symphony with Jean-Yves Thibaudet, Massenet’s Don Quichotte, Strauss’s Alpine Symphony and Salome, the First Symphony of Mahler (which they played very well), the Ninth of Beethoven. But I had already toured with the Verbier Festival Orchestra before that. I remember a tour with countless destinations that started in Los Angeles and ended in Stockholm!”
What had he sought to instil in his young musicians?“To make them an orchestra, more especially an ‘orchestral school’ in relation to whatever style of music they play. When you have a great first oboe, that musician will be great no matter what, but when it comes to the strings, you have to amalgamate the musicians, because they come from everywhere. I am always very concerned about this question of style and sound.” That much was evident from his interpretations of the French repertoire, particularly Pelléas et Mélisande and La Damnation de Faust.
La nomination récente du directeur musical Valery Gergiev ouvre désormais une nouvelle ère. Contrairement à ce que l’on pourrait croire avec un homme si demandé, il est prêt à y consacrer du temps et à soigner le travail avec l’orchestre. Les jeunes musiciens ont besoin d’explications. «Quand vous avez une certaine expérience, vous avez envie de la partager, en particulier si vous avez des jeunes en face de vous, disait-il durant le Festival en 2008. Moimême, je me sens bien quand je vois que la sonorité de l’orchestre se déploie et s’étend après quarante minutes ou une heure de répétition, non pas parce qu’ils frappent et jouent fort de leurs instruments, mais en raison de la flexibilité et de la richesse des idées musicales.»
The recent appointment of Valery Gergiev as music director opens a new era. Contrary to what one might expect of a man with so much on his plate, it’s a fair bet he’ll take good care of the Verbier orchestra. Young musicians need expl anations.“When you have some experience, you want to share it, especially if you have young people in front of you,”he said at the Festival in 2008.“For myself, I feel good when I hear how the sound of the orchestra unfolds and extends after forty minutes or an hour of rehearsal, not because they hit hard and play loudly, but because of the flexibility and richness of the musical ideas.”
Le regard et l’attention de Valery Gergiev ont toujours incité le Verbier Festival Orchestra à se dépasser. —
The eyes and caring attention of Valery Gergiev have always stimulated the Verbier Festival Orchestra to reach further.
Photo: Nicolas Brodard, 2010.
Il suffit de voir la mine enjouée de ces musiciens sur scène pour mesurer à quel point ils vivent l’expérience du Festival avec intensité. Qu’ils viennent d’Europe, d’Asie, des États-Unis, d’Amérique du Sud ou d’Australie, ils sont prêts à mouiller leur chemise pour donner corps aux œuvres symphoniques qu’ils interprètent. Cet enthousiasme combiné à une palette de chefs d’envergure (Antonio Pappano, Esa-Pekka Salonen, Gianandrea Noseda…) assure l’étincelle première que perdent certains orchestres professionnels rompus à leur métier, mais dépourvus de l’émotion de la découverte.
You only have to see the joy on the faces of the musicians on stage to know that they live for the Verbier Festival experience. Whether from Europe, Asia, North or South America or Australia, the Orchestra’s musicians are completely committed. Each player’s passion, combined with the imput of an unparalleled roster of conductors (Antonio Pappano, Esa-Pekka Salonen, Gianandrea Noseda…), ensures that the Verbier Festival Orchestra retains the spark that is easily lost by professional orchestras, experienced in their craft but no longer excited by discovery.
Valery Gergiev ne s’était pas produit au piano en public depuis vingt-cinq ans, mais en 2015, il a relevé le défi d’interpréter le Concerto pour 3 pianos de Mozart avec ses amis Daniil Trifonov et Denis Matsuev.
— Valery Gergiev hadn’t performed the piano in public for twenty-five years but accepted a challenge in 2015 to perform Mozart’s Concerto for 3 Pianos with his friends Daniil Trifonov and Denis Matsuev.
Photo (haut): Nicolas Brodard, 2015
Photo (bas): Mark Shapiro, 2004