No 5 22 juillet 2019
le Quotidien ACADEMY
MAINSTAGE
JARRETT MCCOURT, DE NEW YORK À VERBIER
Valery Gergiev avec le Verbier Festival Orchestra ©Lucien Grandjean
UNE AUTRE IDÉE DE LA LUMIÈRE À l’occasion des cent ans de l’opéra Die Frau ohne Schatten, le Verbier Festival confie la baguette à son Directeur musical Valery Gergiev pour une version de concert cinq étoiles. La mirifique partition de ce conte philosophique aux multiples interprétations nécessite en effet d’être servie par une distribution aguerrie au répertoire romantique ou post-romantique allemand, mais pas seulement. Le maestro russe transforme tout ce qu’il touche en or – en atteste sa version de référence au Théâtre Mariinsky en 2011 – et c’est tout naturellement qu’il parvient à s’emparer des mirages straussiens. La partition suggestive, en proie au pouvoir de l’imagination, fait consteller un éventail d’émotions de théâtre et d’affects universels qui immergent les spectateurs dans des flots harmoniques et mélodiques inouïs. Les moyens orchestraux gigantesques définissent un lien de roc entre les métamorphoses instrumentales et vocales, comme en poussière d’étoiles. L’intrigue psychanalytique, manifeste humaniste signé par le fidèle librettiste et écrivain Hugo von Hofmannsthal, achève de faire entrer La Femme sans ombre dans le panthéon des chefs-d’œuvre intemporels où les apparences ne sont jamais celles que l’on croit.
The Verbier Festival celebrates the century anniversary of the opera Die Frau ohne Schatten with a five-star concert version under the baton of its Music Director Valery Gergiev. The fabulous score and philosophical libretto require an experienced distribution able to dive into German romanticism, postromanticism and even beyond. The Russian maestro is an alchemist who transforms every single piece into gold. Undoubtedly, he has strong knowledge of the work for recording it at the Mariinsky Theatre in 2011. The power of imagination thrives through the theatrical and universal feelings underlined by the powerful harmonies and melodies of this masterpiece. Hugo von Hofmannsthal’s psychanalytic plot reveals timeless humanism beyond the art of metamorphosis: the gigantic orchestra part offers an interpretation of what should be seen within the constant illusion the spectators are settled in. Inside Richard Strauss’ mind lies a mirage that can never be forgotten.
Jarrett a été auditionné à New York en 2016. « Il n’y a qu’une seule place au tuba, donc les musiciens sont invités pour une durée de trois ans ». En arrivant à Verbier, il connaissait déjà quelques cuivres rencontrés à New York ou au Festival de Lucerne l’année dernière. La riche programmation du Festival lui permet d’étendre son répertoire : « Après la 5e de Chostakovitch la semaine dernière, je vais jouer la 9e de Bruckner, Petrouchka et la 2e de Mahler. Die Frau est un énorme engagement : nous n’avons pas l’occasion de jouer de l’opéra très souvent, c’est une grande chance. Je n’avais travaillé que les extraits les plus connus de la 9e de Mahler, de Die Frau ohne Schatten et de la 2e de Mahler. J’apprends beaucoup de cette expérience et les amoureux de la musique seront ravis de pouvoir entendre ces œuvres ! » Jarrett had his audition in New York in 2016. «There is only one tuba position so the musicians are invited for three years». Before coming to Verbier he had met some of the American brass players in New York before and at the Lucerne Festival last summer. The programme of the Festival is an opportunity for him: «I did Shostakovich 5 last week, and I will play Bruckner 9, Petrouchka and Mahler 2. Die Frau ohne Schatten is an enormous undertaking. We don’t get the chance to play opera very often, and this is a huge one!». About his own experience: «I had only played excerpts of Bruckner 9, Die Frau or Mahler 2 before. It’s really great for my own learning and for people who really care about music!»
Thibault Vicq
22 juillet | 18:00 | Salle des Combins
Jarrett McCourt ©Thibault Vicq