31.07.21
Une grande histoire lie Matthias Goerne et Franz Schubert. Le baryton a interprété le Winterreise (« Le Voyage d’hiver ») avant-hier avec le pianiste Nikolaï Lugansky. Ce cycle de lieder – qu’il n’est pas loin d’avoir chanté trois cents fois en concert – est selon lui avec la 9e Symphonie de Beethoven « l’œuvre la plus touchante de l’humanité en raison de son texte, qui la rend très concrète. Elle met au centre un simple être humain, représentant toute personne vivant en ce monde ». Impossible dans ce cas de se lasser : « La complexité entre la musique et l’idée générale du Winterreise sont en un sens sujettes à des interprétations infinies ». L’écriture de Schubert et le texte suivent les temporalités d’un personage, qui commence à « penser à son passé en sentant qu’il s’agit de la seule façon d’avoir un meilleur avenir ». Les allers-retours temporels rejoignent les différentes vues de l’esprit créées par cette figure centrale de « voyageur » : « J’essaye toujours de lier les exigences du texte, de l’histoire et de la musique, et de trouver cela en moi ». Le Winterreise se termine par un « grand point d’interrogation, dans Der Leiermann. Le personage se retrouve devant le premier être humain depuis le début de son voyage. C’est une marque d’espoir. Cela est très caractéristique de Schubert de ne jamais proposer de lied 100% négatif. Il y a cette toute petite lumière à la sortie du tunnel ». Ce soir, ces touches positives scintillent avec le VFCO, dans une sensation différente de celle avec piano pour le chanteur, comme dans Im Abendrot : « la douceur de ce lied, avec ses longues lignes, le rend plutôt difficile. Avec l’orcheste, il peut vite devenir trop complexe et s’éloigner de l’idée originale de l’œuvre. Les piano peuvent devenir en un instant des mezzo-forte, et les mezzo-forte peuvent devenir des fortissimo ». Les couleurs musicales dépendent aussi des arrangeurs, dont Webern, Reger et Alexander Schmalcz, figurant en bonne place ce soir pour savourer le génie d’un compositeur qui a donné ses lettres de noblesse au lied romantique. Propos recueillis par Thibault Vicq
Matthias Goerne © Marie Staggat
Sur la route des lieder The Lieder’s path
Matthias Goerne and Franz Schubert have a great history together. The baritone performed the Winterreise (‘Winter Journey’) the day before yesterday with pianist Nikolai Lugansky. This song cycle - which he has performed almost three hundred times in concert - is, in his opinion, along with Beethoven’s 9th Symphony, «the most touching piece for humanity because of the text, which makes it very concrete. It places a simple human being at the centre, who represents everyone in this world». The complexity between the music and the whole idea of the Winterreise is allows for endless interpretation. Both Schubert’s writing and the text follow the temporalities of a character, who begins to «think about his past years, feeling that this is the only way to have a better future”. The temporal round trip joins the different views of the mind created by this central figure of ‘traveler’: «I always try to find a correspondence between what the text, the story and the music ask for, and to find it in myself’. Winterreise ends with a «big question mark in Der Leiermann. The character finds himself before he sees the first human being on his journey. This implies hope. It’s typical of Schubert that he never has a completely negative song. There’s this tiny light at the end of the tunnel». Those positive touches sparkled with the VFCO, in a different feel to the piano for the singer, as in Im Abendrot: «It’s a delicate song because it’s soft, with long lines. With an orchestra it can become complex and move away from the original idea of the song. Instead of piano, you can have mezzo-forte immediately, and instead of mezzo-forte, you can have fortissimo at the end. The musical colours also depend on the arrangers, including Webern, Reger and Alexander Schmalcz, who are featured prominently this evening to savour the genius of a composer who gave the romantic lied its letters of nobility. Interviewed by Thibault Vicq
Financial Planning Workshop avec la Banque Julius Baer Financial Planning Workshop with Bank Julius Baer
© Silvia Laurent
Si le doute planait encore, les 15 derniers mois l’ont définitivement balayé : pour les musiciens sans contrat d’embauche fixe, la planification financière est un défi de taille. Les revenus ne sont pas garantis et tombent de façon irrégulière. À eux d’organiser leur propre retraite et de financer leur onéreuse formation au conservatoire. De ce fait, de nombreux musiciens commencent leur carrière endettés.
The last 15 months have made it clear, if it was not clear before, that financial planning is a huge challenge for musicians without permanent employment. They have an irregular income. Not only that, they must take retirement provision into their own hands. In addition, studying at a conservatoire is expensive and so many musicians are already in debt when they start their career.
Autrefois, les hautes écoles de musique ignoraient largement les aspects financiers. Même si ces derniers sont davantage intégrés aux programmes aujourd’hui, les musiciens free-lance en début de carrière ont encore besoin d’être accompagnés. Pour cette raison, Julius Baer a organisé un Financial Planning Workshop pour les indépendants lors du Verbier Festival de cette année. Des experts financiers ont expliqué aux étudiants de l’Academy comment réussir à payer leurs factures, rembourser des emprunts, économiser et mettre en place une solution de prévoyance malgré des revenus irréguliers.
Financial aspects, once largely ignored by conservatoires, have increasingly found their way onto the curriculum. Questions can nonetheless arise, especially at the start of a professional career, where freelancers need support. For this reason, Julius Baer held a financial planning workshop for the Verbier Festival Academy musicians again at this year’s Festival. Financial experts explained the students how to pay their bills, pay off their debts, save for rainy days and plan for retirement despite having an irregular income.
Le grand intérêt témoigné à l’atelier illustre à quel point la planification financière fait désormais partie intégrante de la carrière des jeunes musiciens : plus de 100 étudiants de la Verbier Festival Academy âgés de 16 à 32 ans y ont participé.
Interest in the workshop was strong, underlining the fact that today financial planning is an integral part of the career of a young musician: over 50 Verbier Festival Academy students between the age of 16 and 32 took part.
Domaine Jean-René Germanier, La passion du vin depuis 1896 A passion for wine since 1896
Gilles Besse & Jean-René Germanier © droits réservés
LE DOMAINE ET SON CAVEAU, LIEUX CHARGÉS D’HISTOIRE THE DOMAINE AND ITS WINE CELLAR – PLACES STEEPED IN HISTORY Bénéficiant du micro-climat chaud et sec qui prévaut dans la région - en été du moins -, le domaine se situe depuis 1896 dans le hameau de Balavaud, sur la commune de Vétroz, au cœur du Valais et de la Vallée du Rhône. Situées à l’entrée du village, les impressionnantes caves, ainsi que les locaux consacrés à la vinification, à la maturation et à la mise en bouteille, peuvent être visités sur demande. Un lieu en particulier mérite le détour : l’ancien caveau voûté bicentenaire dans lequel nos premières vendanges se vinifièrent en 1896. Aujourd’hui, cette salle splendide, chargée d’histoire et d’émotion, est entièrement dédiée au plaisir et à la connaissance du vin. Aménagé pour accueillir jusqu’à 70 personnes, le caveau est idéal pour déguster les vins dans une ambiance authentique et chaleureuse. Il reste ouvert en temps normal afin de permettre aux amateurs de passage de s’offrir une parenthèse de plaisir et de dégustation en découvrant notre gamme de vins dans un cadre parfaitement approprié. En soirée, il est ouvert le vendredi et le samedi, ainsi que sur réservation sept jours sur sept.
Our Domaine is located in Balavaud, a hamlet of the comune of Vétroz situated at the heart of the Valais and the Rhone Valley, famous for its warm, dry microclimate in the summer months. Our imposing wine cellar and other facilities for winemaking, aging and bottling greet visitors at the entrance to the village and are open for tour by appointment. A site of particular interest and well worth a detour is the ancient bicentennial vaulted cellar where our earliest vintages were pressed in 1896. Today this splendid hall steeped in history and emotion is entirely dedicated to the fascination of the world of wine. The cellar is equipped to accommodate groups of up to seventy and offers ideal conditions for wine-tasting in authentic traditional surroundings. Under normal weather conditions it maintains normal business hours in order to allow wine-loving visitors to stop and discover our wines with a leisurely tasting in a uniquely appropriate setting. Evening tastings are also possible on Fridays and Saturdays, and, by appointment, any day of the week.
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UNE VITICULTURE DE POINTE, AU PLUS PRÈS DE LA NATURE STATE-OF-THE-ART VITICULTURE, SIDE-BY-SIDE WITH NATURE L’amour de notre métier nous incite à privilégier la qualité avant tout. Avec cet objectif, et afin d’obtenir des vins concentrés, nous limitons volontairement les rendements. Nous recherchons constamment des moyens d’innover, de valoriser des terroirs et de redécouvrir certaines spécialités.
Out of love for the art of winemaking quality is our highest priority. The commitment to quality is also one to wines of pronounced character, which means a voluntary limitation of yield per vine. We are constantly in search of innovative methods, of the true character of our terroirs, of forgotten varieties awaiting rediscovery.
Nous visitons toutes nos parcelles régulièrement. En particulier durant l’automne afin de déterminer la date de récolte, un élément essentiel pour le caractère futur de nos vins.
Each of our vineyard parcels receives regular, individual care, above all in the fall in order to fix the date of harvest, the pivotal moment for the future character of our wines.
Nous estimons aussi que la culture de la vigne doit permettre de produire la meilleure qualité de raisin dans le respect de l’environnement. Pour cette raison, nous avons été des pionniers dans l’introduction il y a quinze ans de la production intégrée. Elle garantit une utilisation raisonnée des produits. Aujourd’hui, nous nous plaçons à nouveau parmi les précurseurs, en nous orientant vers des pratiques régies par le souci de l’environnement, comme l’enherbement des vignes. Nous avons également, depuis plus de 5 ans, 3 domaines qui sont cultivés dans le respect des normes Bio Suisse.
We also believe that the care of our vineyards must seek the highest quality grapes while also observing the greatest respect for the environment. For this reason we were among the pioneers in the introduction of integrated production fifteen years ago. This method guarantees the sustainable use of chemical intervention. Today we remain in the vanguard of viticultural practice in harmony with the environment such as planting grass between the rows of vines. For the last five years, we have likewise maintained three estates that are cultivated according to the norms of the label Bio Suisse.
De Moscou à Verbier From Moscow to Verbier Nikita Shkuratov et Karina Moiseeva ont reçu une bourse de la Fondation Neva pour participer à l’aventure VFJO. Impressions croisées. Nikita Shkuratov (18 ans) et Karina Moiseeva, (16 ans) étudient au Gnessin State Musical College de Moscou et font partie des trois violonistes russes du Verbier Festival Junior Orchestra bénéficiant d’une bourse de la Fondation Neva. Le petit écran leur a mis le pied à l’étrier de leur vocation d’instrumentiste à l’âge de 4 ans : pour lui, un vieux film où un personnage jouait du violon ; pour elle, une émission de télévision où le contact visuel et sonore a été immédiat. Les deux adolescents sont ravis de leur participation à cette 28e édition, et jouissent de l’expérience des coachs et du chef James Gaffigan. Nikita souligne que ce dernier « connaît très bien les difficultés des jeunes musiciens et explique de façon très détaillée le programme à l’orchestre ». Ils partagent le goût d’une émulation collective dans un « superbe orchestre de grands musiciens » et dans un « environnement fantastique, entouré de montagnes, où on peut respirer un air sain ». Le programme varié et ardu, incluant symphonie, concertos et même opéra, se présente comme un grand défi. Bien que le jeune homme connaisse la musique russe, il admet que « Prokofiev n’est Joint impressions from Nikita Shkuratov and Karina Moiseeva, who have been granted a scholarship from the Neva Foundation to participate in the VFJO adventure. Nikita Shkuratov (18 years old) and Karina Moiseeva, (16 years old) study at the Gnessin State Musical College in Moscow. They are two of the three Russian violinists from the Verbier Festival Junior Orchestra who have been granted a scholarship by the Neva Foundation. By the age of 4, television had led them both to an instrumentalist’s career: he watched an old movie with a character playing the violin; she had an instant sonic and visual crush with the violin while watching a TV programme. The two teenagers are very happy to be part of this 28th edition. They benefit from their coaches’ and James Gaffigan’s experience. Nikita emphasises that the conductor “knows young musicians’ difficulties very well and he explains the programme very well to the orchestra”. They are both keen on collective emulation in a “great orchestra with amazing
pas seulement difficile pour la technique que ses œuvres demandent, mais aussi pour leur compréhension ». Pour sa troisième année au sein du VFJO, il rassure sa camarade sur la facilité de communication entre musiciens : « Je parlais très peu anglais quand je suis venu pour la première fois à Verbier, mais ça allait de mieux en mieux chaque année. C’est le bon moment pour pratiquer ». L’accès aux concerts des artistes invités tout au long du Festival est aussi source d’enthousiasme : « En Russie, aller à un concert d’Evgeny Kissin est très compliqué parce que c’est souvent complet ou très cher ». Rendez-vous demain aux Combins pour les voir à l’œuvre dans La Bohème de Puccini !
Nikita Shkuratov & Karina Moiseeva © Thibault Vicq
musicians“ and in a “wonderful environment surrounded by mountains, with fresh air”. The varied and difficult programme, which includes a symphony, concertos and even an entire opera, is a big challenge. Although the Nikita Shkuratov knows Russian music, he admits that “Prokofiev is not only hard regarding technique, but it is also really difficult to understand”. For him, it is the third year he has visited Verbier, and he tells Karina Moiseeva that she has nothing to worry about: ”For my first time in Verbier I barely spoke English, but then it got better every year. It’s a good experience to practise”. They are both filled with enthusiasm for accessing the invited artists’ concerts: “In Russia we cannot go to a concert of Evgeny Kissin so easily because it always sold out or really expensive”. They will perform Puccini’s La Bohème tomorrow at the Salle des Combins. Propos recueillis par Interviewed by Thibault Vicq
l a v i r t u o s i t é n’ e s t r i e n sans le partage
la culture russe du mécénat
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