Amiens à travers les âges

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13 CRIMES NON ÉLUCIDÉS

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ARCHIVES 10Z882 Maisons Douillet sur le parvis de la cathédrale d’Amiens. (1904)

LES MAISONS DU PARVIS DE LA CATHÉDRALE

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a place précédant le parvis de la cathédrale était très fréquentée : les nombreuses reliques de la Cathédrale attiraient les pèlerins et de plus, Amiens se trouvait sur un chemin menant à SaintJacques-de-Compostelle. On y a donc longtemps trouvé hôtels et tavernes. La place avait alors une surface de la moitié de celle qu’elle occupe de nos jours. À la fin du XIXe siècle, la municipalité souhaite dégager la vue sur la cathédrale et on projette de reconstruire les maisons entourant la place. On met en valeur la vue sur le portail de la Vierge dorée en 1878 en élargis-

sant la rue Robert de Luzarches (du nom du premier architecte de la cathédrale). Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) intervient en 1872 dans ces projets sur le futur aménagement et propose de respecter l’histoire de cette place. Il préconise d’éviter tout bâtiment monumental. L’architecte Edmond Douillet (18511936) à partir de 1904 implante des maisons à façade néo-médiévale. Elles seront détruites lors de la Seconde Guerre mondiale sauf les maisons des extrémités. Il s’agit sur l’angle avec la rue Henri IV de la maison de l’architecte Douillet lui-même et d’autre part de la

maison du Pèlerin faisant angle avec la rue André, au style médiéval et à pans de bois. Des façades classiques remplaceront les maisons détruites et Pierre Dufau (1908-1985), l’architecte de la seconde reconstruction d’Amiens complétera l’ensemble avec un jeu de terrasses au nord. Des bâtiments très récents ont remplacé cette ouverture de P Dufau : contestés, ils sont à moins de 10 mètres de la cathédrale classée au patrimoine mondial… Au sud, Bernard Bougeault (né en 1923) à la fin des années 60 érigera la Maison de Verre qui fut aussi en son temps l’objet d’une polémique.

HORS-SÉRIE

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ARCHIVES N°10Z2885 Carte postale de la rue Porte de Paris (non datée)

LA RUE PORTE DE PARIS L’actuelle rue des Otages ’actuelle rue des Otages a porté les noms de rue des grandes écoles, rue Saint-Nicolas aux Pauvres Clercs, rue du Collège, rue des Jésuites et rue de la Porte de Paris. Celle-ci était une imposante porte de l’enceinte de la ville construite en 1470 : elle sera détruite en 1823. La rue prit le nom de « rue des Otages » suite à une décision de juillet 1931. Les Allemands prirent treize otages le 31 août 1914 pour garantir le versement des réquisitions de guerre qu’ils imposaient à la ville. Ces otages comprenaient le procureur général, l’adjoint au maire et les conseillers municipaux. Le maire

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Alphonse Fiquet (1841-1916) était de santé trop fragile pour supporter ce sort bien qu’il avait été volontaire. La municipalité a souhaité les honorer collectivement. L’Hôtel Bouctot-Vagniez se situe au numéro 36 de la rue des Otages.

de la finance normande. En 1906, ils donnent

Deux grosses fortunes bourgeoises Construit entre 1901 et 1911, dans le style Belle Epoque, il porte le nom des jeunes époux qui le commandèrent. Marie-Louise Vagniez et André Bouctot se sont mariés au début du XXe siècle : ils représentaient deux grosses fortunes bourgeoises, issues d’une importante filature amiénoise et du monde

tion intérieure. L’hôtel est inscrit à l’inven-

à Louis Duthoit la somme colossale alors d’un million de francs or pour leur faire un bel hôtel particulier. Louis (1868-1931) est le fils de l’architecte de la basilique d’Albert, Edmond : son frère se chargera de la décorataire supplémentaire des monuments historiques. En face, se trouve le lycée Madeleine Michelis, en briques et pierres créé en 1883. Depuis 1975, il porte le nom d’un professeur agrégé de lettres : résistante arrêtée en 1944, elle est étranglée mi-février 1944 à Paris.

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ARCHIVES N°15FI123 Vue de la gare du nord, début XXème siècle (carte postale)

LA GARE DU NORD Place Fiquet a gare principale d’Amiens se situe sur la place Fiquet qui porte depuis 1916 le nom d’un maire d’Amiens mort en charge. Alphonse Fiquet (1841-1916) fabricant de velours, fut maire, conseiller général, député et sénateur. Auparavant la place se nommait « esplanade de la gare ». Elle avait été édifiée sur l’emplacement des fortifications latérales de la porte de Noyon du XIVe siècle. À l’origine sont construits deux bâtiments car il y aura simultanément deux gares ouvertes au public : la gare de la Compagnie du nord et celle de la Compagnie de Boulogne. Toutes deux ont cofinancé l’en-

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semble ainsi que l’entrée monumentale qui les réunissait. Les deux pavillons étaient parfaitement jumeaux. Devant eux, se trouvaient deux jardins publics engazonnés. L’entrée va disparaître dès le début du XXe siècle. En 1950, on construit la gare actuelle Les voitures à chevaux pouvaient emprunter l’entrée monumentale et stationner à l’intérieur. On accédait alors aux voies de plainpied. La salle des pas perdus comprenait déjà un marchand de journaux. Inaugurée en juin 1847, la gare accueillera son premier train sur un débarcadère provisoire.

Ce train venait de Paris et ne comprenait qu’un seul wagon. On partait alors de Paris à 8 heures du matin pour arriver à Amiens à 17 heures… La reine Victoria a emprunté ces quais. En 1916 et 1918, la gare est la cible de gros bombardements, mais elle sera surtout ruinée lors de la Seconde Guerre mondiale. En 1950, on construit la gare actuelle dans un style plus froid et de 1942 à 1953, Auguste Perret (18741954) réalise la place pour mieux l’intégrer dans la ville. Il choisit de remblayer la place de plusieurs mètres de gravats. Les travaux s’achèvent en 1957.


ARCHIVES N°15FI6 Amiens, vue générale d'Amiens et du port d'Aval prise depuis l'usine à gaz. Début XXe siècle Auteur : L. Caron

LE PORT D’AVAL e port d’aval est terminé en 1743. Avant lui, existait le Quai, seul port d’Amiens. Le boulevard du port d’aval est installé sur le tracé des fortifications médiévales de la ville. Avant la Seconde Guerre mondiale, il était surnommé « la rue des garnis » (autre nom des maisons closes) et bénéficiait d’une réputation sulfureuse. Il est reconstruit dans les années 40 : il sera alors décidé de raser toutes les maisons de la rive est. La place Vogel portait depuis 1866 le nom de « place de l’Impératrice » : elle recouvrait une partie du canal de la Somme. Le commandant Jean François Vogel (1821-1870)

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a trouvé la mort à la Citadelle en novembre 1870 alors qu’il tentait de résister aux Prussiens. Le château d’eau est construit entre 1751 et 1753. C’est l’œuvre du jardinier-fontainier municipal Jean-Jacques Jumel-Ricquier (mort en 1789). Des motifs de congélations L’architecte hydraulique est Bernard Forest de Bélidor (1698-1761). Il devait permettre d’envoyer l’eau dans toute la ville grâce au mécanisme hydraulique installé dans sa partie basse. L’eau venait du bastion de Longueville par un aqueduc et le château permettait de la monter dans la haute tour à plus de 25

mètres de hauteur. Très vite le débit fut insuffisant et on décida d’utiliser les eaux de la Selle. La façade de bâtiment est en briques et pierres de bossage et présente une vasque monumentale (qui a remplacé dès le départ la fontaine prévue sur les plans d’origine). Sa tourelle a été raccourcie par rapport à l’origine. La vocation aquatique est perceptible au travers des motifs de congélations qui l’ornent. Le château d’eau est classé au titre de monuments historiques en 2017. Il ne sert plus de château d’eau mais héberge le service des eaux d’Amiens Métropole.


ARCHIVES N°10Z2864 Carte postale de la Somme, les Sports nautiques : perspective du pont du Cange (non datée)

LE BÂTIMENT DES SPORTS NAUTIQUES 2 Boulevard du Cange

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e bâtiment de bois à l’architecture très finement ouvragée attire le regard dès qu’on quitte le boulevard Beauvillé : il se situe juste avant le pont Du Cange, juste à la fin du chemin de halage. La carte postale comporte une erreur puisqu’elle mentionne le pont Baraban en arrièreplan alors qu’il s’agit du pont Du Cange. La société appelée « Le Sport Nautique d’Amiens » fut fondée en décembre 1865. C’est en 1867 qu’auront lieu les premières régates d’aviron qu’elle organise. Cette construction était destinée dès son origine à abriter des bateaux. Le bâtiment de bois a

été inauguré le 29 mars 1890. Il avait pris la suite d’un garage à bateaux qui appartenait à la Société des canotiers d’Amiens, absorbée par le Sport Nautique quelques années auparavant. L’édifice fut construit entièrement en bois. Un tremplin de 15 mêtres de haut Il est équipé de deux galeries qui forment des tribunes, permettant une belle vue sur les bateaux évoluant au milieu de la Somme lors des régates et des entraînements. A une époque, un haut tremplin de plus de quinze mètres aujourd’hui disparu permettait aux

plus audacieux des nageurs de se jeter dans le fleuve et fut à l’origine de nombreuses cartes postales. Ce hangar à bateaux sera rénové vers 1890 et mis aux normes cent ans plus tard, en 1998. Pendant la Première Guerre mondiale, on y installa des douches. De nos jours, seule l’ossature est d’origine : les murs en bois ont en fait été refaits et sont recouverts vers l’intérieur d’un galandage de briques qui consolide l’ensemble. Le garde-corps en bois qui entoure la toiture est remarquable de finesse. La passerelle Samarobriva permet aux piétons de passer aisément et rapidement de l’arrière de ce bâtiment au parc Saint-Pierre.

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