Feuilleteur hs eglises

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LES CLOCHERS RACONTENT NOTRE HISTOIRE L’affiche de Mitterrand, pour la présidentielle de 1981, le représente sur fond du village de Sermages, dans la Nièvre, et de son église romane. Depuis aussi longtemps qu’on s’en souvienne, les clochers des églises rythment nos paysages. Qu’on soit athée ou croyant n’y change rien. Édifiés en grand nombre dans les Hauts-de-France, ces édifices religieux – églises ou abbayes – témoignent d’une richesse passée. Souvent endommagés, et même détruits, au rythme des invasions, ils ont souvent été restaurés, voire reconstruits. De fait, ils racontent notre histoire. Voilà pourquoi nous y sommes attachés. Si l’église de Mitterrand était romane, le patrimoine religieux des Hauts-de-France est essentiellement gothique. Avec quelques-unes des plus anciennes et plus belles cathédrales du pays. Gothique et catholique puisqu’il n’existe pas de temples, de synagogues ou de mosquées de même valeur patrimoniale dans la région. Nous avons choisi de vous en présenter cinquanteneuf. À partir de deux critères : l’intérêt patrimonial de l’édifice et son ouverture au public. C’est pourquoi, par exemple, une abbaye comme celle du Mont des Cats en Flandre n’y figure pas. Allons plus loin encore. Voici, dans cet ouvrage, nos dix « coups de cœur : : la cathédrale d’Amiens, la cathédrale de Beauvais, la cathédrale de Soissons, la cathédrale de Laon, l’abbaye de Saint-Riquier, l’abbaye de Valloires, l’abbatiale de Saint-Germer-de-Fly, les églises fortifiées de Thiérache, la cathédrale NotreDame de Saint-Omer et la collégiale d’Aire-sur-laLys. YVES SMAGUE

HORS-SÉRIE LA VOIX DU NORD-COURRIER PICARD/MARS 2018 Coordination rédactionnelle : Yves Smague, rédacteur en chef adjoint (La Voix du Nord ) et Isabelle Mathan Infographies : Jean-Philippe Dervaux et Sylvie Laarj. Conception et réalisation graphique : Quentin Desrumaux, Sylvie Laarj, Yann Laumond et José Rei. Recherches iconographiques : Gérard Banckaert Responsable des produits spéciaux : Olivier Facon. Rédacteurs en chef : Patrick Jankielewicz (La Voix du Nord ) et Mickaël Tassart (Courrier picard ). Directeurs de la publication : Gabriel d’Harcourt (La Voix du Nord ) et Jean-Dominique Lavazais (Courrier picard ). Imprimerie : Imprimerie Mordacq, ZI du Petit-Neufpré, 62120 Aire-sur-la-Lys. Photos en une : la cathédrale Notre-Dame à Laon, l’abbaye de Vaucelles aux Rues-des-Vignes et la basilique Notre-Dame de l’Immaculée Conception à Boulogne-sur-Mer. Photos en dernière : l’église Saint-Chrysole à Comines, la cathédrale Notre-Dame à Calais et l’abbaye de Valloires à Argoules.

Le groupe Rossel La Voix opte pour des matériaux respectueux de l’environnement : le papier, les encres (sans composés organiques volatils). Il s’engage aussi avec CITEO pour le recyclage des papiers. Ce magazine peut être recyclé. Pensez au tri. Provenance du papier : Finlande et Belgique. Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées.

PATRIMOINE DES HAUTS-DE-FRANCE : NOS ÉGLISES ET NOS ABBAYES

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SOMMAIRE

P.96 | SAINT-QUENTIN

NOS ÉDIFICES INCONTOURNABLES

P.100 | SAINT-RIQUIER

P.12 | ABBEVILLE

L’abbaye royale

La collégiale Saint-Vulfran

P.104 | SOISSONS

P.16 | AIRE-SUR-LA-LYS

La cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais

La collégiale Saint-Pierre

NOS ÉDIFICES REMARQUABLES

P.20 | ALBERT

La basilique Notre-Dame de Brebières P.24 | AMIENS

La cathédrale Notre-Dame P.28 | ARGOULES

L’abbaye de Valloires P.32 | ARRAS

La cathédrale et l’abbaye Saint-Vaast P.36 | BEAUVAIS

La cathédrale Saint-Pierre P.40 | BEAUVAIS

La maladrerie Saint-Lazare P.44 | BOULOGNE-SUR-MER

La basilique Notre-Dame de l’Immaculée Conception P.48 | CALAIS

La basilique Saint-Quentin

P.110 | AMIENS | L’église

Saint-Honoré | BEAUVAIS | L’église Saint-Étienne

P.111 | AVESNES-SUR-HELPE | La P.112 | BEAUVAIS | L’abbaye

Saint-Quentin | BONNEUIL-EN-VALOIS | L’abbaye Notre-Dame de Lieu-Restauré

P.113 | BOUVINES | L’église |

Saint-Pierre BURELLES | L’église Saint-Martin

P.114 | CAMBRAI | L’église

Saint-Géry | CAYEUX-SUR-MER | La chapelle Notre-Dame de la Mer

P.115 | CHIRY-OURSCAMP | L’abbaye | COMINES | L’église

Notre-Dame Saint-Chrysole

P.116 | COMPIÈGNE | L’église

Saint-Antoine | DUNKERQUE | La chapelle Notre-Dame des Dunes

L’église Notre-Dame

P.117 | ESQUELBECQ | L’église

P.52 | CAMBRAI

P.118 | GRAVELINES | L’église

La cathédrale Notre-Dame de Grâce P.56 | CROIX

L’église Saint-Martin P.60 | DOUAI

La collégiale Saint-Pierre P.64 | LAON

La cathédrale Notre-Dame RUES-DES-VIGNES L’abbaye de Vaucelles

|

P.120 | LILLE | L’église

Saint-Maurice

P.121 | LILLERS | La

collégiale Saint-Omer | MAILLY-MAILLET | L’église Saint-Pierre

P.122 | MAUBEUGE | L’église |

Saint-Pierre - Saint-Paul MONTREUIL-SUR-MER | L’abbatiale Saint-Saulve

P.123 | PLOMION | L’église

Notre-Dame de l’Assomption | PONTPOINT | L’abbaye royale du Moncel

P.124 | ROUBAIX | L’église

P.76 | NEUVILLE-SOUS-MONTREUIL

|

Saint-Martin ROUPY | L’église Saint-Rémi

P.125 | SAINT-LEU

D’ESSERENT | L’église Saint-Nicolas | SAINT-MARTIN-AUX-BOIS | L’église Saint-Martin

P.80 | NOYON

La cathédrale Notre-Dame

Saint-Willibrord HESDIN | L’église Notre-Dame

FERTÉ-MILON | L’église Saint-Nicolas | LE CATEAU-CAMBRÉSIS | L’église Saint-Martin

P.72 | LILLE

La chartreuse Notre-Dame des Prés

P.126 | SAINT-MICHEL | L’abbaye

de Saint-Michel en Thiérache | TROISVAUX | L’abbaye Notre-Dame de Belval

P.84 | SAINT-AMAND-LES-EAUX

La tour abbatiale P.88 | SAINT-GERMER-DE-FLY

P.127 | SENLIS | La

L’abbatiale Saint-Germer et la chapelle de la Vierge

P.128 | SOISSONS | L’abbaye

P.92 | SAINT-OMER

La cathédrale Notre-Dame PAGE 4

Saint-Folquin

P.119 | LA

P.68 | LES

La cathédrale Notre-Dame de la Treille

collégiale Saint-Nicolas

cathédrale Notre-Dame Saint-Jean des Vignes

P.129 | VALENCIENNES | L’église | WAZIERS | L’église P.130 | INDEX

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Saint-Géry Notre-Dame des Mineurs


TOUTES DES ÉGLISES MAIS… - Une cathédrale est une église où se trouve le siège de l’évêché. - Une collégiale est une église attribuée à un « collège de clercs », donc à un ensemble d’ecclésiastiques. - Une basilique est une grande église bâtie sur un plan comparable à celui de la basilique de Rome et qui abrite une relique ; ou une église honorée par le pape pour son importance religieuse. - Une abbatiale est l’église d’une abbaye... même quand l’abbaye a disparu.


LA PICARDIE TERRE DE CATHÉDRALES

A

vec ses six cathédrales, la Picardie est la terre du gothique. Elle compte les plus anciens édifices de France, et aussi les plus remarquables d’Europe. NotreDame d’Amiens est la plus grande cathédrale de France, Saint-Pierre de Beauvais possède la plus haute voûte gothique. Même si Notre-Dame de Noyon et Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons ont énormément souffert de la Première Guerre mondiale, les cathédrales ont traversé de façon exceptionnelle les siècles en dépit des conflits et des pillages. Une situation d’exception comparée au Nord - Pas-de-Calais. Alors oui, ces chefs-d’œuvre d’architecture se dressent toujours dans le ciel, majestueux, témoins de son évolution. D’ailleurs, avec ces six cathédrales bâties entre 1140 et 1260, et même si elles ne sont pas toutes terminées, c’est une véritable histoire de l’architecture religieuse qui se présente à nous. Noyon, Senlis et Laon sont tout à fait représentatives de la première génération avec quatre niveaux d’élévation (grandes arcades, tribunes, triforium et fenêtres). La cathédrale Notre-Dame de Laon est un bel exemple de ce gothique primitif avec sa longue nef à dix travées. Avec Soissons, Amiens, Beauvais, on passe de quatre à trois niveaux (grandes arcades, triforium et hautes fenêtres), mais les prouesses techniques, l’inventivité et l’ingéniosité des bâtisseurs font que les murs gagnent en hauteur. Les architectes jouent avec les pleins et les vides au profit de larges verrières, élèvent la nef, en quête de lumière, pour aboutir à cette période phare du gothique. Le chœur de Saint-Pierre de Beauvais – le plus haut chœur gothique au monde (48 mètres) – en est une parfaite illustration. Si les cathédrales ont résisté aux conflits, il n’en est pas de même des autres édifices religieux de Picardie. La région a été particulièrement touchée par la Première Guerre mondiale mais, au lendemain de ce conflit, elle connaît une période de reconstruction. Dans les années vingt et trente, huit cents édifices seront rebâtis. Cela va de la petite église de village, comme l’église Saint-Nicolas à Coullemelle (près de Montdidier), à la basilique, comme Notre-Dame de Brebières à Albert, avec une reconstruction à l’identique. Textes : ISABELLE MATHAN

Merci pour leur aide à Aurélien André, archiviste du diocèse d’Amiens, et à Frédéric Vienne, archiviste du diocèse de Lille qui a notamment dirigé « Notre-Dame de la Treille. Du rêve à la réalité. Histoire de la cathédrale de Lille » (2002) et « L’histoire du diocèse de Lille et de son territoire, du Moyen Âge à nos jours » (2012).

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LES ÉTONNANTES ÉGLISES FORTIFIÉES DE THIÉRACHE ...................................................... À partir du IXe siècle et pendant tout le Moyen Âge, on a construit, en France, des églises fortifiées. Il s’agissait de protéger les villageois des désordres de l’époque, des bandes de pillards comme des guerres. Elles existent donc dans toute la France mais elles ne sont jamais aussi nombreuses et aussi diversifiées qu’en Thiérache, terre de multiples invasions. On en compte plus de soixante, bâties pour la plupart aux XIIe et XIIIe siècles, fortifiées aux XVIe et XVIIe et réparties sur le nord de l’Aisne et les Ardennes. Certaines sont tout à fait remarquables. Ces églises sont souvent construites sur un promontoire, elles possèdent des constructions de défense (donjons, meurtrières, échauguettes) à l’image des forteresses et, à l’intérieur, une salle refuge pour les villageois. Il est vrai qu’à l’image de la fable des trois petits cochons, les paysans ne disposaient que de maisons en torchis et en bois. Parfois des maisons tout autour servent de remparts à ces églises. Plusieurs circuits permettent de les visiter, d’autant plus facilement qu’elles ne sont, en général, distantes que de quelques kilomètres. Parmi les églises les plus spectaculaires, notamment vu de l’extérieur : Archon, Aubenton, Beaurain, Burelles, Dohis, Plomion, Autreppes, Englancourt, Esquéhéries (photo Christophe Lefebvre ci-dessus), Gronard, Jeantes, La Bouteille, Lerzy, Montcornet, Origny-en-Thiérache, Parfondeval, Prisces, Vervins, Wimy.

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Abbeville

LA COLLÉGIALE SAINT-VULFRAN FICHE PRATIQUE Style : gothique flamboyant. Construction : la première pierre est posée en 1488. La première messe est célébrée en 1524 dans une chapelle. Caractéristiques : la construction de la collégiale pose de nombreux problèmes aux bâtisseurs car elle se situe au milieu d’un terrain marécageux. On plante alors des pilotis en chêne de 2 mètres de long, reliés entre eux par une sorte de mortier. Le chantier s’interrompt en 1539, faute de financements. Puis du fait des guerres de religion et des invasions. Le chantier reprend en 1661 avec la construction du chœur. L’église est achevée en 1663. En 1852, un rapport de l’architecte Eugène Viollet-le-Duc conduit le maire d’Abbeville à interdire l’exercice du culte. Les campagnes de restauration commencent dans les années 1860 pour assurer la solidité du bâtiment. La collégiale est classée monument historique en 1840. Horaires : la collégiale Saint-Vulfran est ouverte d’avril à septembre, du mardi au samedi, 10 h-18 h ; dimanche et lundi, 14 h-18 h (19 h en juillet et août) ; octobre, novembre, janvier, février, mars, tous les jours, 14 h-17 h ; du 1er au 24 décembre, tous les jours : 14 h-19 h ; du 26 au 31 décembre, tous les jours, 14 h-18 h. Tarifs : entrée libre. Visites guidées tous les jours selon disponibilité du guide : 4 euros, gratuit pour les moins de 16 ans accompagnés. Adresse : parvis Saint-Vulfran. Renseignements : office de tourisme de la baie de Somme, 1, place de l’Amiral-Courbet à Abbeville. Tél. : 03 22 24 27 92. www.abbeville-tourisme.com

SOMME Elle devait être la plus belle église du Ponthieu. La façade et les tours de la collégiale Saint-Vulfran impriment leur forte présence dans le centre-ville d’Abbeville depuis le XVIe siècle. Elle a beau être inachevée, la collégiale porte en elle une partie de l’histoire de la ville et de ses habitants. Le témoignage d’un passé riche et prestigieux.

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ABBEVILLE | LA COLLÉGIALE SAINT-VULFRAN

DU PUR STYLE FLAMBOYANT

E

n entrant dans la collégiale, on est frappé d’emblée par la hauteur du lieu. La voûte s’élève à plus de 31 mètres. La volonté du chapitre de vingt-six chanoines de Saint-Vulfran était de posséder « la plus belle église du Ponthieu ». Le roi de France, les comtes de Ponthieu, les corporations de métiers, dont celle des merciers, ont tous été sollicités financièrement pour participer à la construction. Les pierres provenaient des falaises de Beaumetz (entre Abbeville et Doullens) et de Pont-Rémy (au sud d’Abbeville). À l’intérieur, trois niveaux ponctuent l’espace : les grandes arcades, le triforium et les fenêtres hautes. Mais l’impression de hauteur est accentuée encore par les sommets des piliers qui ne se terminent pas par des chapiteaux, mais semblent se diluer dans les entrelacs de la voûte. La collégiale Saint-Vulfran a été construite pour accueillir les reliques de Vulfran, ancien archévêque de Sens. Né au milieu du VII e siècle, Vulfran était issu d’une famille noble. Archevêque de Sens, il est parti évangéliser le nord de la France et la Frise (les Pays-Bas actuels), avant de se retirer dans un monastère. Ses reliques furent transférées à Abbeville par les comtes de Ponthieu avec la volonté de lui dédier une église « digne de lui ».

À cette période, Abbeville est une ville plutôt prospère, et les travaux avancent rapidement. Le bloc de façade, qui s’élève à près de 56 mètres de haut, est achevé en 1502. Le style retenu sera le gothique flamboyant. Vers 1530, les premiers problèmes de financements surgissent ; une clôture provisoire est installée à l’est, clôture qui deviendra définitive. Le chantier s’arrête en 1539. Il faut attendre la fin du XVIIe siècle pour que le chœur et la partie orientale de la collégiale soient achevés. Le chœur est moins riche en décoration que le reste de l’édifice, toujours pour des raisons financières. Durant la Révolution, l’église Saint-Vulfran devient le temple de la Raison. Au début de la Seconde Guerre mondiale, au cours de la Bataille de France, le 20 mai 1940, Abbeville subit un pilonnage de l’artillerie allemande qui déclenche un violent incendie et détruit une grande partie de la ville et de la collégiale. Seules les tours et la façade seront épargnées. La collégiale a été restaurée et rendue au culte en 1998. Textes : PASCALE ENGEL Photos : FRED DOUCHET

PROTÉGER LA VILLE CONTRE LA PESTE La nouvelle collégiale qui fut érigée avait également pour vocation de protéger Abbeville contre la peste qui sévissait dans la région à la fin du XVe siècle. La première pierre fut posée le 7 juin 1488, et la construction débuta par la façade occidentale, pour permettre de continuer à célébrer la messe dans le chœur.

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À VOIR AUSSI

L’église du Saint-Sépulcre à Abbeville. Construite au XVe siècle et modifiée au XIXe dans un style gothique flamboyant. À voir pour le grand ensemble de vitraux contemporains d’Alfred Manessier et la chapelle gothique de la Mise au tombeau. Place du Saint-Sépulcre. Tél. : 03 22 24 27 92 (office de tourisme). Le carmel à Abbeville. Ancien couvent des capucins puis des carmélites. À voir pour les jardins, l’ensemble patrimonial du XVIIe siècle. Rue des Capucins. Tél. : 03 22 24 27 92 (office de tourisme). L’église Saint-Christophe à Mareuil-Caubert (6 km au sud). Église romane à voir pour le portail du XIIe siècle et la nef, construite au XIe siècle et modifiée ensuite. Grande rue. Tél. : 03 22 24 11 46 (mairie).


Albert

LA BASILIQUE NOTRE-DAME DE BREBIÈRES FICHE PRATIQUE Style : néo-byzantin. Construite en briques et en pierres blanches, la basilique Notre-Dame de Brebières affiche, à l’intérieur, un style plus « orientaliste ». Elle privilégie aussi, pour certaines sculptures, l’Art Déco. Construction : entre 1885 et 1897 par l’architecte Edmond Duthoit. Reconstruction à l’identique, après les destructions de la Grande Guerre, par le fils de l’architecte, Louis Duthoit, entre 1927 et 1931. Caractéristiques : classé aux Monuments historiques en 2004, l’édifice se caractérise par sa haute tour carrée de 78 mètres évoquant un minaret et coiffé d’une vierge dorée à l’or fin. La nef fait 83 mètres de long, 35 mètres de large et 23 mètres de haut. Horaires : d’octobre à mars, 9 h-17 h ; d’avril à septembre, 9 h-18 h. Tarifs : visites libres individuelles gratuites. Visites à thèmes, visites guidées, montées au clocher (sur réservation). Adresse : place d’Armes. Renseignements : office de tourisme Pays du Coquelicot, 9, rue Gambetta à Albert. Tél. : 03 22 75 16 42. www.tourisme-paysducoquelicot.com

SOMME Construite à la fin du XIXe siècle à l’endroit où l’on découvrit une statue de la Vierge,la basilique est de style néo-byzantin, en pierres blanches et en briques. La façade est surmontée d’une tour couronnée par une Vierge dorée à l’or fin que tous les soldats britanniques de la Première Guerre mondiale connaissaient.

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ALBERT | LA BASILIQUE NOTRE-DAME DE BREBIÈRES

UN ÉDIFICE-PHARE POUR VOYAGER, ENTRE HISTOIRE ET TRADITIONS

L

e pape Léon XIII a baptisé Notre-Dame de Brebières « la Lourdes du Nord » en 1901, tant l’affluence des fidèles était grande pour se recueillir devant la statue de la Vierge miraculeuse, trouvée par un berger. Il a érigé l’église en basilique cette

même année. Selon la légende, le berger, étonné par le comportement de ses brebis qui s’éloignaient du troupeau, aurait frappé le sol avec son bâton. Une voix féminine lui aurait demandé d’arrêter. En creusant le sol, le berger aurait alors mis au jour une statue de la Vierge, « la Madone à la brebis ». STYLE ORIENTAL ET OCCIDENTAL Un oratoire est construit à l’emplacement de la découverte au Moyen Âge, puis une église en 1704 ; un pèlerinage local s’instaure peu à peu. Devant le nombre de plus en plus important de fidèles, le curé d’Albert, Anicet Godin, prend la décision, en 1882, de bâtir un édifice plus important. L’architecte amiénois Edmond Duthoit est retenu pour la construction de la nouvelle église. Inspiré par ses voyages au Moyen-Orient, il imagine de faire coïncider les styles oriental et occidental. L’édifice possède ainsi une tour carrée qui évoque parfois un minaret mais elle est sur-

« QUAND LA VIERGE D’ALBERT TOMBERA, LA GUERRE S’ARRÊTERA » ............................................. Le clocher-porche de Notre-Dame de Brebières, haut de 62 mètres, est surmonté d’un dôme portant une statue dorée de la Vierge avec l’enfant Jésus. Une œuvre du sculpteur amiénois Albert Roze. Haute de 5 mètres, elle est visible de très loin. En octobre 1914, la basilique est sous le feu de l’artillerie allemande. Le 15 janvier 1915, plus de 2 000 obus touchent la basilique et un projectile frappe le socle sur lequel repose la Vierge. La statue se retrouve suspendue dans le vide, en équilibre précaire. Une carte postale la représente à l’horizontale, la tête dans le vide, vers le sud. Les soldats britanniques, en la voyant ainsi, se répètent la prédiction : « Quand la Vierge d’Albert tombera, la guerre finira. » La statue restera ainsi près de trois ans. La ville est prise le 26 mars 1918 par les Allemands qui font de la basilique une tour d’observation. Elle est finalement touchée par un tir anglais le 16 avril 1918 à 15 h 30. Une réplique de la « Vierge dorée » est réinstallée lors de la reconstruction de l’édifice entre 1927 et 1931. La basilique est reconstruite elle aussi grâce aux dons de la ville de Birmingham. La toiture du dôme et la dorure de la statue ont été restaurées fin 2016.

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montée d’une statue de la Vierge. Le sol et la façade sont décorés de mosaïques. Dans la partie haute du chœur, une mosaïque représente le couronnement de la Vierge : détruite pendant la Grande Guerre, elle a été refaite d’après les dessins originels durant l’Entre-deuxguerres. Dévastée par les bombes allemandes en 1915, la basilique est reconstruite dans le même style en 1929 par Louis Duthoit, le fils d’Edmond Duthoit. Il conserve la brique et la pierre blanche pour l’extérieur et les arches en plein cintre décorées de mosaïques pour l’intérieur. Une galerie extérieure située à 60 mètres au-dessus du sol permet de faire le tour du clocher. La cantatrice américaine Barbara Hendricks a donné un concert de la paix accompagné par l’Orchestre de Picardie, le vendredi 1 er juillet 2016 à la basilique d’Albert. Textes : PASCALE ENGEL Photos : FRED DOUCHET

.................................................... À VOIR AUSSI L’église Saint-Pierre à Mailly-Maillet (13 km au nord). Lire en page 121.


OISE

L’ÉGLISE SAINT-MARTIN DE SAINT-MARTINAUX-BOIS

S

OISE

L’ÉGLISE SAINT-NICOLAS DE SAINT-LEU D’ESSERENT

L’

église Saint-Nicolas et l’ancien prieuré dominent toujours la ville de Saint-Leu d’Esserent sur leur éperon rocheux. L’ancienne église prieurale a été construite pour les moines du prieuré clunisien de SaintLeu fondé en 1081 par le comte Hugues de Dammartin qui donna aux moines « des biens et le droit de navigation » . Le prieuré a abrité très vite une communauté de 25 moines. De l’ensemble monastique subsistent aujourd’hui l’église, une porte monumentale, le cloître, une partie des fortifications… La proximité des carrières de pierre à Saint-Leu d’Esserent et à Saint-Maximin, explique peut-être les dimensions imposantes de l’église. L’église est un édifice de transition : son chevet est de style roman, la nef de style gothique. C’est de Saint-Leu d’Esserent qu’a démarré, en 1358, la Jacquerie, cette révolte qui va s’étendre au-delà du Beauvaisis et qui se terminera par le massacre des paysans, les « Jacques ». L’église a été épargnée à la Révolution et les bâtiments conventuels, divisés en trois, ont été vendus en 1795. Ce sont aujourd’hui des propriétés privées fermées au public. La façade occidentale a été restaurée au XIXe siècle. L’église continue de remplir sa mission d’église paroissiale.

FICHE PRATIQUE Style : roman et gothique. Construction : entre 1140 et 1210. Caractéristiques : l’église est classée monument historique en 1840. L’ensemble du prieuré a été classé en 1862. Horaires : de mai à fin septembre, le dimanche, de 15 h à 18 h, visite assurée par l’association Héritage Lupovicien. Tél. : 06 87 22 86 59. www.heritagelupovicien.fr Visites libres le reste de l’année. Renseignements à la médiathèque au 03 44 56 05 34 ou à l’office de tourisme au 03 44 56 38 10. L’église est ouverte pour les cérémonies religieuses (messe un dimanche sur deux). Adresse : 1, rue de l’Église.

a silhouette s’élève au-dessus des champs, des forêts et des prés du plateau picard. Dans le petit village de Saint-Martinaux-Bois à qui elle a donné son nom, l’église Saint-Martin passe pourtant presque inaperçue. De la riche abbaye fondée en 1080 par des chanoines de l’ordre régulier de Saint-Augustin, il ne reste, aujourd’hui, que l’église et quelques bâtiments conventuels, comme l’ancienne hostellerie destinée aux hôtes de passage qu’il faut longer avant d’arriver au pied de l’église. En y entrant, on est saisi par la hauteur et la luminosité du lieu. On se retrouve devant un chœur de 25 mètres de hauteur. Pas de nef ni de transept. Des centaines de passionnés d’architecture viennent découvrir chaque année ce joyau de l’art gothique rayonnant. Ses stalles, qui datent de la fin du XVe siècle, sont, avec celles d’Amiens, les plus belles du nord de la France ; sur les miséricordes et les appuie-mains sont sculptés des scènes, des personnages, des monstres, des animaux qui s’inspirent de proverbes de la vie quotidienne. L’abbaye a du mal à se relever des destructions de la guerre de Cent Ans, des invasions des Bourguignons... Elle fut vendue par lots entre 1791 et 1797. L’église devint alors l’église paroissiale de Saint-Martin-aux-Bois. Texte : P. E. Photo : D. T.

Texte : P. E. Photos : DOMINIQUE TOUCHART

FICHE PRATIQUE Style : gothique et gothique rayonnant. Construction : XIIIe siècle. Caractéristiques : l’église est classée monument historique depuis 1840. Les autres bâtiments et vestiges de l’abbaye ont été classés ou inscrits en 1984. Horaires : en dehors des offices, l’église est fermée en permanence. L’association Stalles de Picardie la fait découvrir tous les dimanches de juillet et août et pendant les Journées du patrimoine. www.abbaye-saint-martin-aux-bois.fr Tél. : 03 44 51 03 55 (mairie). Adresse : 520, rue de l’Abbaye.

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