Extrait du Patrimoine T3

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PATRIMOINE PICARD

Tome 3

ÉDITORIAL ’est déjà le troisième tome du Patrimoine picard ! C’est bien simple : à chaque reportage, Pascale Engel est rentrée en nous disant : « Je ne pourrai pas parler de ce lieu cette fois. Je ne vais pas arriver à tout dire ! Il faudra faire un autre numéro. » Et nous le faisons. Pas uniquement parce qu’il y a tant à dire et à montrer. Aussi parce que le succès, en kiosque, de ces numéros, ne se dément pas. Nos lecteurs adorent découvrir ce qu’ils connaissent et voient sous un jour neuf, grâce aux explications éclairées de notre amie qui, numéro après numéro, voit se renforcer ses connaissances sur l’architecture, l’histoire, la culture picardes. L’Art déco d’Amiens, l’abbatiale de Saint-Leu-d’Esserent, la tapisserie de Beauvais… Comment voudriez-vous que nous n’en parlions pas ? Et ce n’est pas fini. La Picardie regorge d’endroits insoupçonnés, de demeures méconnues, de maisons inattendues, de bâtiments iconoclastes. Nous n’avons pas encore fini de les répertorier. La patte de ce tome 3 est entièrement féminine. Léa Cazanas est venue apporter son regard et ses compétences techniques pour sa fabrication. Le résultat est conforme à notre collection, avec un je-ne-sais-quoi de plus neuf. Et du moulin Passe-Avant aux splendides beffrois de la Somme, de l’Oise à l’Aisne, du littoral aux terres des combats, c’est toute la Picardie qui se raconte encore et toujours.

PATRIMOINE PICARD - Tome 3 Août 2018 - Hors-série édité par le Courrier picard

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Directeur de la publication : Jean-Dominique Lavazais Rédaction en chef : Jean-Marc Chevauché Coordination : Véronique Villain Textes : Pascale Engel Maquette : Gérard Garcia

Crédits photos : Fred Douchet - Fred Haslin Dominique Touchart Guillaume Clément - Léa Cazanas Photos ci-contre : à gauche La Hottée du diable, à droite Amiens. Aucune partie de ce livre ne pourra être reproduite ni diffusée sous aucun moyen électronique, mécanique ou d’autre nature, sans l’autorisation écrite des propriétaires des droits de l’éditeur.

Impression : presse flamande © 2018 - Courrier picard

Éditions Courrier picard 5, boulevard du Port d’Aval CS 41 021 - 80 010 Amiens Cedex 1 Tél. 03 22 82 60 00 hors-serie@courrier-picard.fr www.courrier-picard.fr

© Dominique Touchart

Mise en page : Léa Cazanas

Jean-Marc Chevauché


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LES HORTILLONNAGES D’AMIENS

© Guillaume Clément

LE BONHEUR EST DANS LA NATURE

Un site de 300 hectares, fréquenté toute l’année par les Amiénois. Un des trésors de la capitale picarde, pour qui aime la nature et la détente.

C’est un lieu unique au monde, que se partagent les promeneurs, les cyclistes, les touristes, les artistes et les maraîchers. Il y a mille et une bonnes raisons de venir aux Hortillonnages. Un site de 300 hectares de nature, préservé au cœur d’Amiens. Les touristes viennent s’y promener en barque aux beaux jours ; les Amiénois qui y possèdent une parcelle, et tous ceux qui apprécient la détente, fréquentent le lieu toute l’année, et s’y rendent à pied, en barque, à vélo. Les Hortillonnages sont un des trésors d’Amiens, pour qui aime le repos, le dépaysement et la nature. Ce site naturel s’étend au XVIe siècle sur quelque 1 500 hectares, et sera façonné peu à peu par

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l’homme. L’étymologie du mot est latine : « hortus » signifie « jardin ». Hortellus serait en quelque sorte un petit jardin. Cette origine explique aussi que l’on ait attribué aux Romains l’aménagement du site ; mais l’existence des Hortillonnages n’est attestée vraiment qu’à partir du XIIe siècle, dans des documents d’archives liés à des « transactions de terres maraîchères dans des îlots situés le long de la Somme ». Ce sont les hortillons, maraîchers d’Amiens, et les habitants de Camon, Rivery et Longueau, qui ont drainé les bras d’eau, creusé les canaux d’irrigation, en surélevant les levées de terre, pour cultiver la terre noire et fertile. Les légumes poussent plus facilement sur ces terres enrichies par la présence d’alluvions et gagnées sur le milieu naturel et l’eau.


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PROFESSION HORTILLON

© Guillaume Clément

Jusqu’au début du XXe siècle, les hortillons travaillaient la terre manuellement, pour faire vivre leur famille et contribuer à en nourrir d’autres. Ils apportaient leurs produits à Amiens trois fois par semaine, au marché sur l’eau. Il pouvait y avoir près de 150 bateaux alignés le long du quai. C’était le rôle de l’hortillonne, la femme de l’hortillon, de vendre les légumes et les fruits. Chaque hortillon avait son hangar à bateau bien à l’abri. Chaque barque à cornet mesure 10 mètres de long ; elle est conçue avec un fond plat offrant plus de stabilité et permettant de circuler sur les rieux (canaux) peu profonds. La proue en forme de cornet relevé permet un accès direct à la berge, sans risque de l’endommager. Les barques sont manœuvrées à la perche.

Le lieu offre de nombreuses possibilités de promenade.

FRUITS ET LÉGUMES DANS LES BARQUES À CORNET Au XVIIIe siècle, 47 familles d’hortillons fournissent la ville en légumes frais. Elles habitent le quartier SaintLeu, se rendent dans les Hortillonnages à pied à l’aube, et reviennent dans leurs barques à cornet avec leurs paniers en osier et leurs mannes chargés de légumes et de fruits. Sur des photos anciennes, on voit les hortillons proposer aux Amiénois leurs produits frais sur le marché

sur l’eau. À l’époque, ils s’y rendaient trois fois par semaine. Ils étaient encore 950 au XIXe siècle. Aujourd’hui, une dizaine d’hortillons continue de proposer chaque samedi matin, place Parmentier, à Amiens, légumes et fruits cultivés dans les Hortillonnages. Le troisième dimanche de juin, les maraîchers vêtus de leurs costumes traditionnels descendent la Somme dans des barques à cornet, décorées de fleurs, pour une fête qui réunit les Amiénois et visiteurs d’un jour. De 1 500 hectares au XVe siècle, le site se réduit à 500 hectares au début du XXe siècle. La canalisation

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Un écrin de nature en plein centre-ville et aux portes de la vallée de la Somme pour les Amiénois et les touristes.

de la Somme, en 1825 et la construction du chemin de fer en 1846, sont passées par là. La situation évolue encore à partir de la Seconde Guerre mondiale. La pression immobilière, la concurrence d’autres pays, la pénibilité de la profession… La culture maraîchère amiénoise connaît une période de régression. De nombreuses parcelles sont transformées en jardins d’agrément, par les Amiénois en mal de nature. Aujourd’hui, les Hortillonnages occupent une superficie d’environ 300 hectares ; ils s’étendent aux communes de Camon, Rivery, Longueau… Plus de 65 kilomètres de canaux cernent quelque 400 îles, divisées en plus de mille propriétés. C’est un lieu propice au repos, à la promenade. Les Hortillonnages sont aussi un lieu de création paysagère et artistique pour des créateurs dans le cadre du festival Arts, villes et paysages. Que l’on y vienne à

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vélo, à pied ou en barque, pour y travailler ou s’y détendre, ce site unique au monde est un lieu de promenade fragile à préserver.


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Certaines parcelles sont devenues des jardins d’agrément.

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Une association pour « la protection et le secours des Hortillonnages » est née en 1975. Elle se bat contre le projet d’une rocade routière qui devait détruire le site. Elle obtient gain de cause, et œuvre depuis, pour la promotion du site. Le maintien du site est un travail de tous les hivers. L’association apporte une aide technique aux adhérents pour l’entretien des fossés privés, le renforcement et le maintien des berges… et se charge de ceux du domaine public. Elle propose des promenades en barque électrique pour les visiteurs du 1er avril à fin octobre afin de financer l’entretien du site.

© Guillaume Clément

UNE ASSOCIATION POUR L’ENTRETIEN DU SITE

Depuis le Moyen Âge, le maraîchage est l'activité principale des hortillons.

INFOS PRATIQUES Amiens (80) Association pour la protection et la sauvegarde du site et de l’environnement des hortillonnages.

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