Je ne sais comment se passe les «game of skate» à République, mais chez nous, en Maurienne, il se s’agit jamais de gagner, mais plutôt de faire apprendre ses tricks à son «adversaire». Bref du coup la majorité des parties sont interminables, car, en effet, ce n’est pas un, ni deux essais qui vous seront accordés, mais le nombre d’essais nécessaire qu’il vous faudra pour replaquer cette foutue figure. Et même si ça vous paraît impossible, et que vous voulez abandonner, le type en face vous donnera en général encore au moins 3 essais. Si par hasard il vous arrive de replaquer à l’arrache, vous ne pourrez pas vous en contenter, car en général, c’est là que votre «adversaire» vous sortira le classique : «Allez, just’un redo !». Bref si vous voulez skater tranquille, n’acceptez jamais de faire un «game of skate» avec les gamins du «Versus DIY Skatepark» de la Combe-des-Moulins... Croyez-moi, car si par malheur je me laisse faire et accepte, et bien, une fois l’épreuve terminée, je n’ai plus de force pour skater ! Comme quoi finalement, l’esprit d’équipe olympique, on l’a peut-être déjà à Saint-Jean-de-Maurienne ! (rires) Bref, tout ça pour dire que je viens de (ré) apprendre frontside 5-0 grind grâce à mon pote «La Torche» (Olympique ?), et ça, ça fait vraiment plus plaisir que n’importe quelle médaille ! Allez et puis merde allez, «Just’un Redo !» G.I.Jey
Versus Skatezine & Plus #169 / Mars 2021 / @Versus_Skatezine Couverture : Jérémie Vial (Gerwack) / Boardslide / Madrid / Photo : G.I.Jey
FS 5-0 / Damien Descotis
Salut Nico ! Comment vas-tu ? Bon je vais te laisser te présenter, et nous expliquer par la même occasion comment un ingénieur en environnement peut se retrouver au final designer de skatepark ?! Salut J ! Tout va bien, merci encore pour ta proposition. Alors j’ai 32 ans, je suis originaire de Mulhouse en Alsace et je fais du skate depuis bientôt 20 ans. J’ai commencé par œuvrer dans une petite association qui se prénomme Esskahuit. Notre but était d’obtenir un skatepark en béton dans notre commune (Wittenheim). On a donc commencé à dessiner notre skatepark idéal avec les copains, pour montrer à la mairie qu’une alternative au skatepark modulaire existant et vieillissant était possible. Je me souviens qu’on avait fait les premiers schémas sur Paint… J’ai ensuite commencé à m’intéresser au dessin en 3D sur Sketchup et depuis je n’ai jamais arrêté. Suite à cette première expérience concluante, notre association a pu conseiller d’autres communes aux alentours. En parallèle, on a aussi toujours fait un peu de DIY, en bois ou en béton. Début 2015, un pote m’a envoyé une offre d’emploi pour un job de designer chez Vertical. A l’époque je travaillais comme ingénieur dans un bureau d’études qui s’occupe de sites et sols pollués, donc pas grand chose à voir avec les skateparks. J’adorais ce boulot et mes collègues, c’était hyper intéressant, même si les gros sites industriels où j’allais n’étaient pas vraiment attirants. J’ai postulé à l’annonce sans réelle attente, un peu par curiosité. 6 mois plus tard, j’étais sur mon premier chantier. Pendant les deux premières années, je m’occupais à la fois de la conception au bureau et de la construction sur les chantiers. Aujourd’hui je ne touche plus vraiment de taloches, car j’ai trop de travail au bureau, mais je continue à organiser et suivre les chantiers. Un pote, dont je ne donnerai pas le nom, qui bosse pour une boîte, que je ne citerai pas non plus, un jour m’a dit : «Je fais le plus beau métier du monde, pour la pire boîte du monde !». Il me disait ça car il n’en pouvait plus de devoir chercher des compromis entre les locaux qui pensent avoir la science infuse niveau design, les mairies qui veulent un truc le plus sécuritaire possible, et ses patrons qui veulent être en mesure de construire l’ensemble le plus rapidement possible, au moins cher, etc... Du coup, ça se passe comment pour toi ? Pas trop dur d’allier travail et passion ? Aha c’est sûr que sur le papier, dessiner des skateparks, c’est un métier de rêve. Dans la réalité et comme dans tous les métiers, tu as des phases très intéressantes et d’autres un peu moins. C’est vrai que ce n’est pas toujours évident de trouver le meilleur compromis. Tu dois être à l’écoute des futurs utilisateurs, respecter les contraintes du client, faire en sorte que le projet soit viable pour l’entreprise, et organiser tout ça au mieux
BS Smith / Christophe Schmitt
pour les collègues qui sont sur le chantier. J’ai appris avec le temps qu’il était presque impossible de satisfaire tout le monde, mais j’essaye de faire au mieux. J’imagine qu’en les citant je vais me faire taper sur les doigts, mais peu importe, ça n’est pas moi qui prive les mairies et les générations futures d’avoir des parks dignes de ce nom... Bref, comment expliques-tu qu’en France, en 2021, des boîtes comme SSC, Territoire Skatepark, E2S, etc aient encore le droit d’exercer ? On peut dire que les fabricants de toboggan sont remplacés par d’autres acteurs... Beaucoup de monde pensait qu’en passant aux skateparks en béton, on pourrait s’affranchir des erreurs de conception, ou des constructions foireuses, mais ce n’est pas le cas. Je pense qu’il faut être encore plus rigoureux quand on dessine et construit en béton. La conception et la construction de skateparks relèvent le plus souvent de marchés publics. Toutes les entreprises peuvent y répondre et si le marché n’est pas cadré, la sélection du titulaire est très délicate. Encore très souvent, c’est le critère économique qui est le plus important pour les décideurs. Heureusement, certains comprennent que dans ce domaine, les compétences
techniques et les références sont d’autant plus importantes. Le marché doit normalement être attribué au “mieux disant” et non pas au “moins disant”. Il faut aussi dire qu’il y a très peu d’acteurs sur le marché, alors que la demande est grandissante. Il n’est donc pas étonnant que certaines entreprises, même moins qualifiées, arrivent à se placer... Je vais t’avouer qu’avant que je me penche sérieusement sur la question, je trouvais les prix des skateparks exorbitants. Maintenant je comprends mieux. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à continuer de prêcher la bonne parole du chantier participatif. Pourrais-tu expliquer à nos lecteurs les différentes étapes, et les coûts, de la construction d’un skatepark ? Avant même la construction, sans compter toute la phase de conception, il faut un relevé topographique, pour modéliser le terrain, et une étude géotechnique, pour connaître la nature du sous-sol et adapter si besoin les principes constructifs. La construction commence par les terrassements. Le terrain est décaissé puis remblayé et compacté avec des matériaux qui vont permettre de renforcer la portance du sol. Le skatepark est ensuite mis en forme. On peut ensuite poser les copings, les cornières, les rails, etc. Viennent ensuite les travaux de coffrage et la pose des guides, qui vont servir de “moule” pour couler le béton. Enfin on peut installer les armatures, pour renforcer le béton et éviter qu’il ne fissure. Une fois cette préparation réalisée, on peut projeter ou couler le béton, qui sera ensuite réglé, shapé et taloché sous plusieurs passes et avec différents outils, pour avoir un béton lisse, sans creux ni bosse. Le béton peut finalement être protégé par un “sealer” et sécher pendant 28 jours. Les skaters oublient souvent cette dernière étape et pénètrent comme des sauvages sur les chantiers… Il est pourtant important de laisser le béton tranquille, surtout les premiers jours, car même s’il est sec en surface, la réaction chimique prend du temps et les impacts peuvent laisser des traces en profondeur et faire éclater le béton plus tard. Tiens, un autre truc qui n’est pas très clair pour le commun des mortels en France : Pourquoi les bureaux qui dessinent les plans des skateparks ne les construisent pas directement ? Et pourquoi se retrouve-t-on parfois avec la boîte de TP locale à la construction ? En France, c’est la loi qui sépare les pratiques, qu’un bureau d’études ou un architecte ne peut pas construire. Il existe cependant un cas particulier qui s’appelle la “conception-réalisation”, qui permet de fournir un projet complet. A l’étranger, les règles peuvent être différentes et le “design+build” est souvent la norme. Pour la boîte de TP locale, c’est ce que j’expliquais plus tôt avec les appels d’offres. Si les cahiers des charges et les critères d’attribution ne sont pas assez contraignants, n’importe qui peut y répondre et avoir le marché...
BS Disaster / Jean Feil
Tous les mecs qui construisent des skateparks que j’ai rencontrés sont tous à moitié cinglés (rires). En même temps, pour se taper des journées de 30h d’affilées, il faut l’être. Ça va, ça n’est pas trop dur de gérer les équipes sur les chantiers ? Dans son interview dans Juice, Monk (RIP), disait que ça n’était pas toujours évident, et qu’il était souvent obligé d’aller sur place pour régler de nombreux conflits divers et variés... Cinglés je ne sais pas, mais ce sont des passionnés c’est sûr. Sinon, il serait impossible de faire ce qu’ils font. N’importe quel maçon abandonnera le chantier en voyant le travail que cela représente pour avoir un béton lisse et de qualité. Je ne me souviens pas avoir dû me rendre sur un chantier pour régler un souci avec les gars sur le terrain. S’il y a des choses à gérer c’est plus souvent avec les autres entreprises ou avec les donneurs d’ordre. Je sais que tu vas me détester pour cette question, mais je me dois de te la poser ! (rires) Comment vis-tu le fait que Vertical produise (encore) des modules en métal et des installations de street workout ? N’est-ce pas difficile de garder une crédibilité / légitimité face aux skateurs à cause de cela ? Vertical existe depuis 1989, c’est une des entreprises les plus vieilles d’Europe dans le domaine des skateparks. Vertical a commencé par construire des rampes, avec une structure métallique. On a donc un atelier de serrurerie, avec tout le matériel qu’il faut pour couper, cintrer, souder, etc… Cela nous permet d’ailleurs de construire nous-même tous les curbs, rails, copings dont on a besoin pour nos parks en béton. Pour les skateparks modulaires, il arrive malheureusement que les communes ne veulent pas investir dans un skatepark en béton. Surtout en Suisse, où le foncier coûte très cher, il est parfois compliqué de trouver un terrain qui sera bétonné et figé pour les 40 prochaines années. Malheureusement, l’activité skatepark ne permet pas encore de faire vivre toute l’équipe toute l’année. Le street workout permet notamment de donner du travail en plus à mes collègues de l’atelier qui ne vont pas sur les chantiers. Je ne vois pas ça comme un produit concurrent mais complémentaire, mais je peux comprendre que ça soit dur à comprendre pour certains. Je sais que ton métier est prenant. Entre les réunions, les heures devant l’ordinateur, les déplacements, ta copine et tes chats, je me demandais si tu arrivais encore à trouver le temps de skater ? (rires) Ahah heureusement oui ! Il y a eu une année où j’étais très pris par le travail et je n’ai pas beaucoup skaté… J’ai perdu des tricks, du pop, de
BS Ollie / Damien Descotis
l’assurance et c’est très frustrant… Depuis j’essaye de skater au moins une fois par semaine, hiver comme été, et plus dès que je peux, même si ce n’est que 10 minutes. Ma copine sait que j’en ai besoin, sinon je deviens très vite invivable ! Et puis le fait de mettre un pied sur mon skate me permet de prendre du recul et de me rappeler que je fais ce boulot avant tout pour que les gens s’amusent sur un bout de bois. D’ailleurs tu es également impliqué dans la création d’un park dans ta ville il me semble ? Et puis tu n’es jamais contre aider des potes à construire / dessiner des trucs non plus ! Merci encore d’ailleurs pour tes visuels pour notre DIY de Saint-Jean-de-Maurienne. T’avais même fais un zine pour le Black Cross Bowl non ? Allez, parle nous un peu de tout ça ! Et du projet chez Éric Antoine par la même occasion ! Oui j’essaie d’aider mes potes pour obtenir un park digne de ce nom depuis longtemps. C’est un processus (politique) qui prend beaucoup de temps, même si la demande est forte. Heureusement un budget participatif a récemment été voté il y a quelques mois et la ville devrait mettre à disposition un terrain pour que l’on puisse construire un petit projet DIY participatif et légal, en attendant un projet plus important. C’est une bonne solution (à court terme) car cela devrait permettre de construire un peu ce que l’on veut et assez rapidement. La ville verra que les jeunes sont prêts
FS 5-0 / Stephen Dock
à se bouger et qu’il y a une communauté pour faire vivre le lieu derrière. C’est beaucoup grâce au DIY que je fais ce métier aujourd’hui. Comme beaucoup, j’ai été très inspiré par Pontus Alv. Pendant longtemps, on avait l’image des gros projets DIY aux USA, comme Burnside ou Washignton Street. En regardant la première vidéo de Pontus, The Strongest Of The Strange, on voit des spots plus petits, plus simples à construire et tout autant génial à skater. Le Black Cross Bowl a été construit en 2006 à Bâle, à 40 km de chez moi. A l’époque c’était le seul bowl dans les environs, en plus d’être un spot hors du commun. Il a malheureusement été englouti par des projets immobiliers, mais son âme est encore là avec Port Land. En 2016, 10 ans après la création du Black Cross Bowl, les locaux ont voulu faire une exposition commémorative et une série de fanzine. Quand Oli Buergin m’a parlé du projet, j’ai tout de suite voulu participer. Le fanzine compile quelques photos et des illustrations. L’idée du spot chez Eric Antoine est née après le premier confinement au printemps 2020. Je pense que beaucoup de gens ont rêvé d’avoir un spot dans le jardin à ce moment ! Le concept de base était une micro-rampe en béton, pour que sa fille puisse y apprendre à faire du skate aussi. On a bossé sur les plans au mois d’avril et la micro c’est transformé en un truc plus marrant, avec un quarter avec pool coping d’un côté, corner avec norping de l’autre et un petit slappy le long. Et comme il a reçu une belle bétonnière pour son anniversaire, il ne pouvait plus reculer ! Il a préparé le spot avec quelques potes au mois de juin et on a coulé le béton un weekend de juillet avec l’aide d’Oli, RJ et Pudi. Le résultat est super, il y a vraiment de quoi se marrer. Bon et bien on a fait le tour Nico. Tu veux rajouter quelque chose ? Remercier quelqu’un en particulier ? Et bien peut-être ma chère et tendre Cléa qui me supporte mon skate et moi depuis de nombreuses années ! Et puis un coucou à mes copains d’Alsace, des Vosges, de Suisse, d’Allemagne et d’autres contrées lointaines… Et merci à toi pour ton investissement et ton travail, hâte de venir skater avec toi à Saint Jean de Maurienne !
Salut Paul ! Comment vas-tu ? Bon je ne vais pas faire semblant d’essayer de te présenter, puisque je ne connais pas grand-chose de ton parcours. Bon j’ai bien lu quelques trucs dans ton petit entretien avec David Tura dans «à propos» il y a quelques années déjà, mais c’est tout. Peu importe, chose certaine,» Z-Movie» est une de mes vidéos favorites ! Et rien que pour ça je suis trop content que tu aies accepté ma requête pour cette interview. Je suis né à Rouen (Normandie) en 1977 et j’y ai découvert le skate en 1990. J’ai commencé à filmer mes potes vers 14-15 ans. Après le lycée, où j’avais un peu étudié le cinéma, j’ai pas mal bourlingué entre les US et les stations de ski de Haute Savoie. En 1999 j’ai passé 4 mois à New York où je bossais comme serveur et j’ai pu m’acheter une TRV900 (la petite soeur de la VX100). Je me suis retrouvé à Barcelone en 2001 et c’est là que j’ai commencé à filmer avec des “pros”. Julian Dykmans était mon voisin et c’est donc par lui que s’est faite la connexion avec Antiz. Et c’est là que les ennuis ont vraiment commencés… Salut Jeremy! Merci beaucoup pour le compliment sur Z-Movie. Moi aussi c’est une de mes vidéos préférées ! (de celles que j’ai réalisées bien sûr... C’était vraiment une super époque pour Antiz. Après le succès de la première vidéo (Antizipated) on s’était regroupé sur Lyon avec Loic Benoit, Hugo Liard, Julien Bachelier et Steve Forstner. Presque aucun de nous n’avait de vrai boulot en dehors d’Antiz alors on faisait vraiment ça à plein temps et ça a porté ses fruits. J’avais eu l’idée de faire ces petites scènes tirées de films cultes pour les intros et tout le monde à joué le jeux. Et puis le jeune Sam Partaix est arrivé avec des footages de ouf ! La sauce a bien pris. Tu m’arrêtes si je dis des conneries, mais c’est Ludo Azémar qui a pris le relais à la caméra chez Antiz n’est-ce pas ? On peut savoir le pourquoi du comment ? Car de l’extérieur, vous aviez vraiment l’air de former une superbe équipe ! Pour le passage de relais avec Ludo ça s’est fait assez naturellement. Après dix ans à bosser pour Antiz il a quand même fallu que j’aille gagner un peu d’argent et du coup je n’avais plus le temps d’aller sur toutes les tournées. Ludo est le mec le plus gentil de la terre alors ça n’as pas été dur pour lui de s’intégrer. Après Lyon j’ai vécu 5 ans à Barcelone durant lesquels je filmais toujours pour Antiz mais vers la fin chacun des gars du crew d’origine commencé à aller dans sa propre direction. Après ça je suis allé m’installer en Autriche vers 2013 je crois. Je me suis retrouvé un peu déconnecté et j’ai plus ou moins arrêté de filmer pendant quelques années.
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DVL Depuis, tu bosses essentiellement avec Vans Europe c’est bien cela ? C’est arrivé comment d’ailleurs ? Grâce à Chris Pfanner (Team Manager Vans Europe) ? Parce que je sais que ça fait un moment que vous êtes sur la route ensemble... Depuis les années Yama Skateboards non ? En Autriche après avoir été cuisinier pendant 2 ans j’avais trouvé un boulot de caméraman dans une petite chaine de télé régionale. Je filmais des fêtes de villages et des concours d’haltérophilie...C’était vraiment horrible! Et puis un jour j’ai reçu un coup de fil de Chris qui venait de devenir team manager et me proposait de venir sur une tournée Vans. T’imagines la délivrance! Je connaissais Chris depuis longtemps car il y avait un super lien entre Antiz et Yama et on avait fait des tours avec les deux teams réunis. Et puis il vivait aussi à Barcelone quand j’y étais et donc on avait filmé ensemble plusieurs fois. Est-ce toujours aussi plaisant qu’à tes débuts comme boulot ? Je dis ça parce qu’il y a quelques années t’avais le même âge que les skateurs que tu filmais... Mais maintenant, certains doivent tout juste avoir la moitié de ton âge non ?! (rires) T’arrives encore à supporter le «drink all day - skate all night» life-style ? Car apparemment il y a 2-3 spécialistes du genre dans votre équipe ! (rires)
Oui ça va ça se passe plutôt bien. Au début je stressais un peu parce qu’avec une marque comme Vans t’as quand même pas mal la pression, disons qu’il y a des attentes... Mais Chris fait un boulot incroyable! Sa personnalité et sont énergie font que tout le monde a envie de donner le meilleur de soi même. Lui même n’est pas le dernier à ouvrir les canettes mais il a toujours la bonne idée de prendre un airbnb assez loin du centre ville et ça a tendance à calmer les ardeurs de ceux qui voudraient aller se perdre dans les bars et les clubs. Et oui c’est vrai que j’ai une grosse différence d’age avec certains riders mais ça ne me dérange pas du tout. Au contraire, je suis content de passer du temps avec des jeunes, ils sont vachement plus fun que la plupart des gens de mon age! Je suis content de partager cette période de leur vie avec eux. Ces gars ont des vies incroyables, parfois tumultueuses, alors j’essaie de leur apporter un peu de sagesse avec mon expérience. Du coup t’arrives tout de même à allier vie de famille et les tournées ? C’est pas toujours facile, surtout pour ma femme qui est parfois obligée de poser des vacances quand je pars en tournée. Avant ma mère en profitait pour venir de France s’occuper de nos deux filles mais là avec les restrictions ça devient compliqué. Ma femme bosse à plein temps alors en dehors des tournées je suis père au foyer. Partez-vous toujours avec les mêmes photographes ? Car j’imagine que selon les spots, ça ne doit pas toujours être évident de travailler ensemble non ? C’est Davy Van Laere qui fait les photos. On est deux à filmer alors le pauvre a toujours un fisheye dans son cadre! En plus il est hyper rigoureux avec ses photos, tout le temps entrain de crier aux passants de dégager ou aux riders de ne pas trainer devant ses flashs. Je ne dis pas qu’il n’y a pas un petit coup de gueule de temps en temps mais on s’entend super bien et en général ça fonctionne à merveille. Au fait j’me d’mandais : Tu filmes encore au fisheye ? Ou tu laisses ça aux «jeunes» caméramen qui t’accompagnent ? (rires) Ha! Ha! Max (mon partenaire) a la plus grosse caméra et aussi le meilleur fisheye, alors en effet c’est plus souvent lui qui s’y colle. Mais on essaye quand même d’alterner et ça se fait assez naturellement. On est généralement nombreux sur ces tournées et ça arrive que trois ou quatre types essayent une line en même temps, donc on se partage la tache. J’avoue que par rapport à mes débuts c’est maintenant un sacré luxe
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DVL d’avoir un autre caméraman avec qui partager le boulot. Et puis sa permet de prendre plus de risque avec les angles : des fois tu voudrais prendre un angle particulier mais il est de l’autre coté de la route et y’a peut-être une bagnole qui va passer devant toi au moment du trick. Si ça arrive tu sais que l’autre aura sans doute moins foiré que toi... Et sinon Ashes griptape dans tout cela ? C’est toujours d’actualité ? Tiens parle nous un peu de Steve Forstner par la même occasion s’il te plait ! P’tain c’te part’ dans Z-Movie quoi !? Wow !!! Oui Ashes ça continue. Ça marche même plutôt bien mais je manque cruellement de temps pour pouvoir gérer ça correctement. J’avais en effet lancé la marque avec Steve Forstner mais depuis qu’il bosse pour NHS (et donc Mob) il a été un peu obligé de prendre ses distances. Steve est un de mes meilleurs amis et aussi un de mes skaters préférés. Il est en tout cas celui avec qui j’ai toujours préféré filmer. Quand Steve te demande de sortir la camera tu sais qu’il va se passer quelque chose. Il ne va pas forcement rentrer le trick mais il ne va certainement pas faire semblant d’essayer. Quand on filmait pour Z-Movie j’avais souvent peur pour lui. Je l’amenais sur des spots que je trouvais à Lyon et quand il me disait que oui, il allait les skater, j’en venais presque parfois à regretter de lui avoir montrés. J’avais trouvé un set de 19 marche près de chez nous
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avec très peu d’élan et la replaque en downhill... On y est allé juste tous les deux, il a sauté direct. Malheureusement ça lui a valu de pas mal se blesser et sa carrière n’a pas été aussi longue qu’elle aurait dû l’être. Ça a été dur pour lui d’accepter le fait de devoir passer à autre chose mais là il a vraiment trouvé un bon job avec NHS et je pense qu’il est heureux et qu’il est très bon dans ce qu’il fait. Bon moi perso, j’dois ça drôle, mais je sais que ça peut «choquer» du monde... En effet en 2021, quoi que tu fasses tu vas te retrouver avec une «communauté» sur le dos, des «défenseurs» d’une cause ou d’une autre, les bien-pensants, les donneurs de leçon, etc ... Bref, tout ça pour dire que dans «Tom’s Tales», «Kingdom for a cooler», «Mockba Life», il y a toujours quelques passages de «hi-jinx» comme ils appellent ça dans les vidéos «Baker». C’est quoi ton avis sur la chose ? Quand j’ai abordé ce sujet avec Guillaume Périmony, j’ai bien senti que cet «aspect» du skate le gênait... Ha! En effet c’est un sujet qui mérite d’être débattu... Moi même je me dis souvent que ce n’est pas très malin de «promouvoir» la consommation d’alcohol dans nos vidéos. Mais j’essaye de faire ça de façon raisonnable en montrant plus le côté convivial de la chose. Qu’on le veuille ou non, c’est quelque chose de très présent dans le skate et on ne peut pas faire semblant que ça n’existe pas. Ce n’est pas en cachant les bières dans les vidéos de skate qu’on va résoudre le problème de l’alcoolisme. Par contre en effet montrer Dustin Dollin boire un shot avant de se jeter sur un rail de 15 marches c’est complètement stupide. Moi quand je montre Doobie avec un chapeau à fleurs qui s’écroule entre deux tables de restaurant c’est surtout parce que ça me fait marrer, c’est pas pour donner envie aux gens de l’imiter. Mais j’ai conscience que peut-être il est une idole pour certains donc je me dois de ne pas le réduire à ça. Face à une démarche artistique (la vidéo) les gens doivent être capables de faire preuve de discernement et je fais confiance aux jeunes pour se rendre compte que quand ils voient une ou deux canettes défiler dans la vidéo en réalité y’en au moins 100 de plus hors champ!!! Je plaisante bien sûr. Le but de ma démarche n’est pas de présenter ça comme un truc glamour, c’est juste qu’il se trouve que c’est ce qui se passe autour de moi alors je le filme. J’aime montrer ce qui se passe vraiment. Je n’aime pas quand il y a trop d’artifices où quand on te donne une vision trop altérée de la réalité. Dans notre crew je t’assure que personne ne boit de Redbull! Les bières se voient, mais j’espère que ce n’est pas le seul truc que les gens retiennent de la vidéo. Après c’est très probable qu’on ait une certaine influence et donc aussi une part de responsabilité vis à vis de notre public. Et autant qu’on montre le côté fun du fait de boire des bière on
devrait aussi parler des ravages que l’alcool peut causer. Je pense que ça se résume dans la phrase «Remember P-stone» : se souvenir que comme lui, il faut savoir profiter de la vie, mais aussi que ça peut avoir des conséquences dramatiques. Moi je brasse de la bière à la maison, c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup et que j’aime partager. Bref avec Vans Europe on a une mascotte qui s’appelle Tom the Cooler et il a pris une telle place dans le van que ça aurait été déloyal de ne pas lui donner son heure de gloire. T’arrives encore à skater un peu ? Tu t’es mis au slappies comme tous les vieux ou bien ?! (rires) Ouai bien sûr je skate le plus souvent possible. Mais c’est dur de trouver le temps libre avec la vie de famille. Y’a pas longtemps j’ai passé 3h au skatepark avec ma fille ainée et elle s’est bien amusé. C’est loin d’être son premier centre d’intérêt mais au moins ça me donne l’espoir de faire quelques bonnes sessions sans trop culpabiliser... T’as des vidéos qui t’ont marqué dans ta jeunesse ? Et dernièrement ? P’tain la nouvelle mode de filmer la gueule du type, le trick, puis ses chaussures en gros plan je trouve ça nul ! Vas-y raconte un peu ce qui fait la différence entre un bon filmeur et... Un bon filmeur ! Moi j’ai grandi avec les vidéos Powel, Santa Cruz, H-Street, World Industries... Toutes m’ont marqué. À l’époque c’était tout le contraire d’aujourd’hui : quand tu étais skater à Rouen en 1990 n’importe quelle vidéo que tu pouvais te mettre entre les mains c’était de l’or. Mais celles qui me plaisaient le plus c’était celles auxquelles je pouvais m’identifier. Y’avait des tonnes de parts de vert dans ces vidéos mais ça ça ne nous parlait pas du tout parce que nos skateparks ne ressemblaient pas à ça. Par contre voir Guy Mariano dans Video Days, un mec de notre age qui skatait dans la rue, c’était complètement fascinant mais c’était aussi très accessible. Les vidéos récentes qui m’ont le plus marqué sont les vidéos GX1000 : Adrenalin Junkie et Roll Up. Bill Strobeck a apporté quelque chose de nouveau avec sa façon de filmer (même si Dan Wolfe filmait déjà comme ça bien avant lui), et qu’on aime ou non il faut avouer que c’est efficace. Mais ce qu’ont fait les gars de GX1000 c’est juste incroyable. Dans une ville comme San Francisco qui a une telle histoire, ils ont pris ce qu’il y avait de plus primitif dans le skate et ils en ont fait quelque chose de totalement nouveau. Personne ne skatait les downhills comme ça avant eux. C’est filmé et monté de façon assez brut, avec une super bande son, ça me plait.
DVL D’autres conseils pour des kids qui voudraient faire ce taf un jour ? Regardez des films, écoutez de la musique. Bon ben voilà Paul, on a fait le tour je crois bien ! Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Tu veux rajouter quelque chose ? Remercier quelqu’un en particulier ? Ouai je voudrais remercier tous les gars d’Antiz qui ont cru en ce pauvre Rouennais qui ne savait absolument pas ce qu’il faisait et puis Chris Pfanner pour m’avoir donné le boulot dont je rêvais.
Gerwack / BS Slasher
Gerwack / wedding cake
Colin / BS Flip
Le Nouveau Mowaide Que les choses soient claires, on est nul en skate. Et en skate-trip, plus les jours passent, plus notre niveau skateboardistique faiblit, dû à plusieurs facteurs, notamment à celui du whisky Chinois bon marché... Gerwack - Gertrude - Trude - Trudisme - moine Trudiste - Diste - Disto - DismoWaïde --> Le Nouveau Mowaïde !!! Je ne connais pas trop Dragon Ball Z mais c’est à peu prêt le même principe. Là où le commun des mortels faiblit au fil du combat, Mowaïde c’est l’inverse. Une semaine à skater toute la journée et à faire la fête tous les soirs, lui il rajeunit. Il « s’affute » comme disent les sportifs olympique. Sous la direction de notre GI Jey en Chef, la transformation est impressionnante, le de nier jour il grindait les corners pleine verticale. La prochaine fois? on prévoit au moins une semaine de plus !
Lio / FS Rock
Lio / BS smith
Le pantalon de Jey Madrid en mai, il fait environ 35°C la journée. Selon les dire des locaux, il fait encore « frais » ! Jey n’a jamais mit un short de sa vie, question de principe, un pantalon noir, un t-shirt Slayer et c’est tout ! Mais un seul pantalon pour une semaine quand même, c’est optimiste. D’autant que le skate-trip ne s’est pas du tout passé comme prévu. En effet, je ne sais par quel miracle, mais nous avons skaté absolument tout les jours ! Le pantalon en question, un jean noir de bonne facture, a vu sa couleur changer, avec la sueur du dit whisky chinois au fur et à mesure des journées caniculaires. Pour finir plus raide encore que le corps meurtri de notre GI Jey, qui j’insiste, a skaté comme vous ne l’avez jamais vu, jusqu’à la de nière heure du dernier jour sur le DIY «Escombros» ! (Selon des rumeurs, le pantalon aurait tenu encore quelques semaines supplémentaire et vu d’autres pays...) Pour conclure, j’ai vu pour la première fois Jey, grinder des corners en FS 5-0 à l’infini, avec un pantalon finalement brun / bordeaux et le deuxième Jé (encore apprenti Mowaïde sur le moment) plaquer un « presque » handrail après avoir poser sa galette : tout est dit ! Merci à Collin pour la fin du trip et allez à Madrid ca vaut le coup, on a rencontré que des gens bien! Lio
Gerwack / 50-50 transfert
jey / door
Viva Espagna ! Petit retour sur cette semaine : Deuxième fois pour ma part à Madrid, une ville exceptionnelle pour tous ceux qui recherche du soleil, de bons tapas et de bons skateparks. Les transports en commun sont vraiment pratiques, on prend plaisir à sillonner toute la capitale. Nous voilà postés à proximité de notre rue fétiche, près de notre bars préféré « chez le chinois», bref tout pour bien faire ! J’ai été surpris de découvrir autant de nouveaux spots et content de revenir à d’autres comme «Népal». D’ailleurs merci au poteau d’éclairage dans celui-ci, seul coin d’ombre ! La semaine a été un vrai condensé riche en rebondissements, avec la venue d’un invité surprise «Colin», la session au DIY, l’initiation à un apéro chez des locaux avec un super accueil. Merci à la Van Damn, Lio pour notre premier skatetrip ensemble, merci Jey, un vrai team manager reporter photographe... Mais arrête de vendre des pains aux chocolat dans les gares (rires). J’espère vous avoir donné envie d’aller là-bas, n’hésiter pas vous ne serez pas déçu ! Gerwack
Lio / blunt transfert
jackpot ! Partir en skate-trip avec Gerwak et Lionel était pour tout dire une vraie partie de poker. Sachant qu’en général, je ne suis pas chanceux aux jeux, et que ça allait être mon seul et unique skate-trip de l’année, autant dire que je prenais des risques. Ouais, grosse blind direct quoi. Avec dans les mains une carte comme Gerwack, qui peut tout aussi bien être un «As de coeur» comme un «2 de pique», et Lio qui lui vacille plus entre le «10 de trèfle (à 7 feuilles)» et le «Roi de carreau», je n’avais en effet aucune certitude de «gagner» (Traduisez par-là : Faire beaucoup de skate, sans se prendre la tête et sans se blesser si possible). Et bien je n’ai pas passé mon tour. J’ai tenté le tout pour le tout : Tapis (sur Madrid) ! Et, même si après avoir vu le flop ça semblait perdu d’avance, le déroulement du reste de la partie a été tout bonnement incroyable : Gerwack, qui se lève tôt le matin pour faire
Gerwack / FS slasher
jey / slasher
lio / fs smith
Lio / BS lipslide boardslide sur un «presque vrai» handrail ? Allez, arrête ton bluff ! Et bien non, regardez la couverture ! Lio qui ne se blesse pas et qui fait des backside lipslide ?! Suite royale ! Découvrir l’excellent «Escombro DIY» le dernier jour ?! C’était comme voir le 4ème As sortir sur la rivière ! Et le tout, mesdames et messieurs, sans se noyer dans le whisky et la bière qui sont vraiment bon marché dans la capitale Espagnole. Bref, jackpot ! Merci encore les gars. Fuck you loser d’Covid, j’ai trop hâte de repartir ! On me souffle dans l’oreillette que le prochain tournois se jouera au casino de Suvilahti DIY en Finlande... Et bien «all in» sans même regarder le flop !
Jey