Huchon Victor Pierre Vincent Ecole Nationale Supérieur d’Architecture Paris Val-de-Seine
QUINTESSENCE DE LA MATIÈRE : L’ARCHITECTURE DE PETER ZUMTHOR
2017 S6-10.13 Rapport de Licence A-LTO
Quintessence 1 nom féminin du latin quintus, cinquième, et essentia, essence Substance éthérée que certains philosophes de l'Antiquité ajoutaient comme cinquième élément aux quatre éléments traditionnels. Littéraire. Ce qu'il y a de plus raffiné en quelque chose, ce qui est l’essence même de quelque chose.
RAPPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE
1 - Dictionnaire Le Larousse
INTRODUCTION Mes deux premières années d’études à L’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Val-de-Seine m’ont beaucoup appris sur le processus de conception d’un projet et la notion de vision dans l’espace. L’entrée en troisième année m’a cependant fait ressentir un certain manque lié à la question du matériau et de la construction en architecture, que je n’avais alors jamais vraiment mis en lien avec les qualités spatiales de mes projets. Le matériau est à mon sens un élément de l’architecture trop peu abordé de façon pratique et théorique en licence. Il est pourtant directement lié à toute question architecturale, dans la mesure où une décision spatiale amène forcément des prises de positions en termes de matérialité pour que l’architecture prenne vie et ne reste pas une pure abstraction mentale. Nous avons la chance, dans notre école, de disposer d’une matériauthèque et il me semble indispensable que notre enseignement tire profit de la richesse de cet ensemble. Celle-ci recense plus de 15000 produits et matériaux dont plusieurs maquettes constructives très formatrices tant du point de vue détail de construction que de la mise en œuvre. Tout ces matériaux référencés en un seul lieu à notre portée pourrait poser la question d'un nouvel enseignement théorique lié à la matériauthèque, et pourquoi pas d'une expérimentation du matériau à échelle 1:1. Comme le dit Jean-Christophe Bailly dans son essai Échantillons, « le discours des matériaux [...] se déroule par rapport au récit noble des gestes spatiaux comme une sorte d’infrahistoire fractionnée en détails dont les bâtiments contiennent les grains, qui sont tous des grains de réel. En effet, le matériau est trivial, il est ce qui vient rappeler à l’architecture sa destination. Mais au sein de cette quasi-humilité, il rayonne, il décide de son propre chant. Lourd ou léger, riche ou pauvre, brut ou travaillé, il est comme une rengaine ou comme un pas qui traîne, il est ce qui entraîne l’architecture à ne pas seulement se rêver, mais pourtant, du sein même de sa position réaliste, il se met lui aussi à rêver. » 2 Dès lors la matérialité abordée, le projet devient réel, par l’aspect concret de la matière. Cette question physique du matériau est indissociable de l’architecture et de son
RAPPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE
rôle statique, rôle rendu possible seulement par la matière transposée en construction. On décide, par son choix, du « langage » du bâtiment, comment l’édifice va parler. Par cette 1 - Dictionnaire Le Larousse 2 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.49
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décision, la dimension constructive entre en jeu, au service du projet, pour sa mise en oeuvre, même imaginaire. Enfin, la composition, faire chanter les matériaux, par un soin apporté à leurs utilisations et leurs assemblages dans la création d’espace et par conséquent « d’atmosphères ». Il s’agit de comprendre l’utilité de la matérialité dans le processus de conception architectural, son authenticité ainsi que son impact sur un ensemble. On questionnera sa technicité et ses qualités multiples dans un bâtiment, et sa façon d’appeler les sens du corps. L’articulation des différentes parties de cette étude fait écho à l’évolution de la matière en elle-même. Partant des qualités qui lui sont propres, passant par la technique qu’elle convoque et finissant par le spirituel qu’elle confère. Nous étudierons donc les qualités intrinsèques du matériaux et son autonomie. Puis nous aborderons la technique au service du matériau. Enfin nous nous porterons à analyser la poétique des matériaux. Le matériau sera étudié en dialogue avec le travail de l’architecte Peter Zumthor. Peter Zumthor a en effet renouvelé le rapport à la matière, en rupture avec le mouvement post-moderne qui la manipulait au service d’images et de symboles. Son agence apporte, d’une façon singulière, une vision novatrice de l’utilisation et de l’expression du matériau, à la fois directe et conceptuelle, intemporelle et contemporaine. Son architecture trouve au sein du matériau un terrain d’action commun avec l’architecture, qui l’ancre intensément dans la réalité du monde. A l’image du quintus de quintessence, nous prendrons, pour appuyer ces propos, cinq bâtiments de Peter Zumthor. Avec ces exemples seront étudiés les cinq matériaux les plus communs en architecture. On abordera donc la pierre, l’acier, le verre, le béton et le bois.
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I.
L’AUTONOMIE DU MATÉRIAU Le matériau est une notion très riche en architecture, puisqu’elle est l’essence même
de toute construction. Trois années durant, l’occasion m’a été donnée d’aborder - et ce, à de nombreuses reprises - cette question sous différentes sensibilités. La perception que j’en avais initialement n’a eu de cesse d’évoluer, au fil d’enseignements et de lectures. Le fruit de ce cheminement se trouve ici exposé sous l’angle de l’interprétation que j’en ai faite.
1. L’AUTHENTICITÉ DE LA MATIÈRE Qu’est ce qui nous permet de distinguer matériau, matière et matérialité ? Un matériau se définit d’après le dictionnaire Larousse comme « une substance quelconque utilisée à la construction des objets, des bâtiments ». 3 On peut identifier plusieurs familles de matériaux : les matériaux bruts appelés aussi minéraux (pierre), les matériaux métalliques (acier), les matériaux organiques (bois) et les matériaux composites (verre et béton). Un matériau s’apparente à une substance d’origine naturelle ou artificielle, que l’humain essaie de modeler, de travailler. En effet, chaque matériau possède ses propres critères que ce soit par son aspect, sa forme ou encore son graphisme. Un matériau possède également des propriétés distinctives en vue d’un usage bien spécifique. C’est ainsi que dans le but de créer, ce matériau va être sélectionné par l’homme, pour ses qualités de mise en œuvre et/ou ses qualités esthétiques. La définition de la matière quant à elle est beaucoup plus délicate et complexe à déterminer. D’après Le Larousse « Une matière est une substance constituant les corps, douée de propriétés physiques ».
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Dans le domaine des Beaux Arts la matière est définie
comme « un matériau travaillé dans une oeuvre, une pâte picturale ». 3 Afin de mieux caractériser la matière et dresser un lien avec l’architecture, je me suis rapproché des courants de pensées philosophiques notamment de l’historien de l’art français Henri Focillon et du philosophe français Henri Bergson. « La matière est telle que nous la percevons ». 3 -La perception se ET définit comme « l’action de percevoir par les RAPPORT DE LICENCE REF , ANNEXES BIBLIOGRAPHIE organes des sens »
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et est notre premier contact avec le monde matériel. Une matière à
l’inverse d’un matériau exhorte des perceptions intimement liées à nos sens. 1 - Dictionnaire Le Larousse 2 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.49
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3 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, Paris : Éditions Flammarion, 2013
La matérialité est entendue comme l’état d’un corps constitué de matière, doté d’une substance matérielle mais est aussi perçu comme une texture et une corporéité. La matérialité résulte donc du matériau ; les divers aspects de la matière forme là un tout.
2. LA QUINTESSENCE La matérialité convoque les sens avant tout. Un espace architectural va être interprété sensitivement par l’observateur sans qu’il le décide. Il va voir grâce à la lumière, il va sentir grâce au mouvement de l’air, il va toucher avec ces mains. Selon moi, en architecture, les sens sont au nombre de cinq et le gout y est remplacer par la Quintessence. Ce dernier regroupe les autres sens et y amène une nouvelle dimension, plus propre à l’interprétation. Il est par définition non définissable car il est une synthèse des sensations premières que le cerveau humain traduit en sentiment. Ces sens peuvent être explicités par l’acier qui résonne, l’odeur boisé du cèdre, la fraicheur du béton, les reflets d’une façade en verre ou l’aspect rugueux d’une pierre.
La vue - Voir ; Le toucher - Toucher ; LA QUINTESSENCE - RESSENTIR ; L’ouïe - Ecouter ; L’odorat - Sentir
Mais au delà du premier aspect lié aux sensations, et à la lecture immédiate que la matérialité convoque, la mémoire du matériaux vient élever la perception de la matière. Comme l’explique bien Jean-Christophe Bailly : « A tout ce qui dans le matériau est trace et mémoire vient s’ajouter ce qui lui vient de son pouvoir d'enregistrement (…) Mais ceci vaut pour tout, et le monde sonore aussi bien, quel que soit par ailleurs le silence des lieux : des bruits que cherche à étouffer le tapis d’un immeuble par ces baguettes de cuivre jusqu’au fracas qu’au contraire RAPPORT Haussmannien DE LICENCE - retenu REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE semblent avoir entendu les colonnes de fonte d’un espace de l’âge industriel, il y a toute une variété de sonorités dont les matériaux se font l’écho involontaire. » 4 L’auteur entend Le parLarousse enregistrement, ce que le matériaux va « retenir ». Les traces, l’usure, 1 - Dictionnaire mais aussi ce qui n’est pas visible. cela peut être la craquelure d’un béton comme le bois qui 2 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, grise, c’est l’histoire du matériau. 2013, p.49 3 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, Paris : Éditions Flammarion, 2013 4 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.51
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Terre1
Pierre1
Eau1
Acier et Verre2
Feu3
Béton3
Air3
Bois1
Pour aller plus loin encore, une nouvelle dimension s’ajoute : l’énergie de la matière. Celle-ci s’accorde avec la définition du terme « quintessence » : « Substance éthérée que certains philosophes de l'Antiquité ajoutaient comme cinquième élément aux quatre éléments traditionnels. »
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Si l’on se détache des croyances occidentales nous pouvons considérer que le matériau a une énergie. En effet par sa naissance, par son processus de création; on convoque les différents « éléments traditionnels ». Ils sont le feu, la terre, l’eau et l’air. Si l’on prend le béton, il comprend deux éléments : l’eau et la terre. La brique quant-à elle convoque les quatre éléments. L’homme récolte la terre, la mélange à l’eau pour lui donner une forme. Puis cette forme durcit sous l’emprise du feu, et refroidit finalement grâce à l’air. L’homme peut ressentir les différentes étapes de constitution du matériau par ses sens. L’énergie des éléments naturels se déplace à travers la matière, qui la restitue au système sensoriel. Les éléments, la matière et les sens forment alors une unité naturelle, par le biais de l’énergie.
3. CULTURE ET SYMBOLIQUE Bergson décrit la matière comme étant un pur produit de notre esprit et de notre perception et rattache à la matière, lui aussi, la notion de mémoire, considérant le souvenir comme « une perception affaiblie » : « Nos perceptions sont sans doute imprégnées de souvenirs et inversement un souvenir, comme nous le montrerons plus loin, ne redevient présent qu’en empruntant le corps de quelques perceptions où il s’insère ». 6 Le souvenir va donc jouer un rôle dans la perception que l’on va avoir de la matière. La matière est donc extrêmement subjective, totalement personnelle et en étroite liaison avec la personnalité de chaque individu et de son inconscient. « La mémoire pratiquement inséparable de la
RAPPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE
perception, intercale le passé le présent». 6 RAPPORT DE LICENCE - REFdans , ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE Il existe une dimension imaginaire, particulièrement important en architecture. Les matériaux symbolisent des états de choses et suscite des associations d'idées. On remarque 1 - Dictionnaire Le Larousse 1 - Dictionnaire Le Larousse que ces symboliques liées aux matériaux diffèrent selon les pays et les cultures. Le verre et 2 - Jean-Christophe « Échantillons » dans La moderne, phrase urbaine, Paris : Éditions du l’acier par exemple,Bailly, représentent l’architecture et sont étroitement liésSeuil, à la 2 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.49 révolution industrielle. La pierre symbolise la richesse et le pouvoir lorsqu’on se promène à 2013, p.49 « City Macé, » de Londres ou Manhattan New En France, elle évoque les 3 -La Arnaud « Texte choisis et présentés parYork. Arnaud » dans La matière, Paris :plutôt Éditions 3 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » : Éditions Flammarion, 2013 fortifications et l’époque médiévale. Plus récemment, on dans a vu La lesmatière, maisonsParis pavillonnaires, Flammarion, 2013 s’identifier à cela et se vêtir de façade en pierre. En France, la maison en bois est assimilée 4 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 4 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.51 2013, p.51 5 - Dictionnaire Le Larousse, op. cit. 5 - Dictionnaire Le Larousse, op. cit. 6 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, ibid. 6 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, ibid.
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Vogue, 1997, Swimsuit in Thermes of Vals
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par le grand public à la « cabane et la baraque en planche » alors que dans de nombreux pays c'est la construction la plus commune. Tout ces exemples montrent les symboles liés à la culture et à l’histoire. Bien sûr il s’agit de l’avis du grand public mais de nombreux architectes s’efforcent de déroger à cette règle. On remarque notamment le rayonnement des matériaux historiques comme la pierre, la brique et le bois. Parallèlement les matériaux de constructions industriels, dévalorisés, comme le contreplaqué, la fibre-ciment, les panneaux en plastique, le métal déployé, les tôles gaufrées font leur retour après des années d’oublis et apparaissent à la surface de bâtiments représentatifs, au centre de l'expérience visuelle. « Les travaux de Joseph Beuys et de quelques artistes du mouvement de l’Arte Povera sont pour moi riches d’enseignements. Ce qui m’impressionne, c’est la mise en oeuvre précise et sensuelle des matériaux dans ces travaux. Elle parait s’ancrer dans des savoirs anciens sur l’usage par l’homme de la matière, mais en même temps mettre au jour l’essence même du matériau, qui est libre de toute signification héritée d’une culture (...) Le sens qu’il s’agit d’insister au coeur de la matérialité se situe au delà des règles de composition et de même la tactilité, l’odeur et l’expression acoustique des matériaux ne sont que des éléments de la langue dans laquelle nous devons parler. Le sens apparaît lorsqu’on réussit à produire dans l’objet architectural des significations propres pour certains matériaux de construction, qui ne deviennent perceptibles de cette manière que dans cet objet. Lorsque nous tendons à ce but, nous devons constamment nous demander ce que peut signifier un matériau donné dans un contexte architectural donné». 7 Ici Zumthor exprime bien ce lien entre matière, symbolique et architecture et comment l’on peut passer outre ces limites d’ordre culturel en créant de nouvelle signification avec la
RAPPORT - Rarchitectural. EF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE matière au DE seinLICENCE d’un objet
L’existence et l’authenticité d’un objet dépendent donc de l’expression élémentaire de son essence par les sens. Son ordre, lié aux caractéristiques de sa matérialité, ainsi que les 1 - Dictionnaire Le Larousse anomalies et les traces qu’il enregistre participent pleinement à cette expression. Tandis que la symbolique l‘énergie de la matière touche au Paris spirituel. Toutdu cela fait 2 - dimension Jean-Christophe Bailly, «etÉchantillons » dans La phrase urbaine, : Éditions Seuil, 2013, p.49 de la matière. l’autonomie 3 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, Paris : Éditions Flammarion, 2013 4 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.51 5 - Dictionnaire Le Larousse, op. cit. 6 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, ibid. 7 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, Bâle : Birkäuser, 2008. 8 - Louis Kahn, Silence et Lumière, choix de conférences et entretiens, Paris : édition du
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Faรงade du Kunsthaus Bregenz
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Source : Photos personnelles
II.
LE MATÉRIAU DANS LE PROCESSUS DE CONCEPTION: DE LA CONSTRUCTION…
Comme évoqué précédemment, la matière se trouve être un objet de caractère à part entière, riche d’une identité et d’une authenticité qui lui est propre. Les éléments qu’elle convoque servent son influence sur la conception et la construction du projet architectural, qu’il convient de dépeindre.
1. MATÉRIAU VECTEUR DU PROJET Comment la matérialisation du projet peut-elle être abordée ? Deux stratégies prévalent : soit le matériau est le point de départ du projet, soit la conception s’affranchit au début des choix matérielles pour y revenir plus tard. Si le choix des matériaux intervient dès l’origine, projet et construction se développent à partir des propriétés et de la signification du matériaux. À l’inverse, lorsque le projet est conçu indépendamment du matériaux, la matérialisation intervient dans un second temps, avec une nécessaire adaptation. Cette dimension constructive de la matière crée de nouvelles problématiques. La structure, l’aspect que l’on souhaite donner au bâtiment. Anciennement, le choix des matériaux résultait des ressources se trouvant à proximité. Cela déterminait la faisabilité du projet. Les traditions régionales se sont donc développées en lien direct avec les matériaux et les savoir-faire locaux. Cette habitude a évolué avec le temps et aujourd’hui les matériaux voyagent avec les architectes et leurs idées. En rupture avec le post-modernisme, certains architectes contemporains ont travaillé, et travaillent encore aujourd’hui, sur cet aspect physique du matériau, et son autonomie conceptuelle dans le processus d’élaboration du projet. Parmi eux, Peter Zumthor a développé un travail particulièrement riche sur la question. Il prend la matière comme médiatrice d’un concept. Le processus d’élaboration du projet se développe autour de questions conceptuelles et constructives liées au matériau. Prenons pour exemple le musée de Bregenz en Autriche. Peter Zumthor pour ce bâtiment, décide d’utiliser le verre dépoli après avoir retenu du site un lien étroit avec le lac de Constance et la brume qui y tombe. Ce choix va directement guider le projet. Il imagine de manière très primaire une lanterne sur le fleuve et pour arriver à ses fins il devra réfléchir avec le matériau, ses possibles utilisations et ses capacités. Lorsque que louis Kahn dit :
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La chapelle Bruder Klaus
Photo de maquette experimentale
Photo de maquette experimentale
Photo de maquette experimentale
Photo de la mise en oeuvre Source : Peter Zumthor, RĂŠalisation et Projet, ibid.
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« si tu demandes à une brique ce qu’elle veut être, elle te dira : une voûte. Parfois tu demandes au béton d’aider la brique et la brique est très heureuse ». 8 On peut ainsi questionner le matériau pour savoir ce qu’il veut être. Pour le musée de Bregenz, le béton veut porter, et le verre veut sculpter la lumière. On remarque ainsi que lorsque l’on choisit le matériau celui-ci oriente certes, mais il installe du concret à l’étape conceptuelle. On réfléchit déjà à la construction au stade de projet, à la mise en oeuvre de ce matériau. C’est seulement lors de mon dernier semestre de licence, qu’il m’a été demandé de prendre en considération le matériau dès les premières étapes du projet. Sensible à ce manque je me suis orienté vers ce sujet sur la matérialité en architecture. Je ne me suis donc pas interrogé sur le geste architectural que je voulais créer mais plutôt sur l’ambiance du lieu que je voulais retranscrire avec mon bâtiment, quel manque il y avait à combler, et avec quoi je devais m’accorder. Tout cela par la matérialité. Je me suis donc demandé si des personnes s’imaginaient vivre dans un bâtiment en acier corten, si le bois n’était pas mieux, à quel moment je devais utiliser un matériau plutôt qu’un autre, est-ce que cette matérialité s’accordait bien avec le parc qui lui faisait face. Toutes ces problématiques, apparaissaient à la fin de mes projets les semestres précédents, il me restait donc peu de temps pour le matérialiser. Cette nouvelle méthodologie a permis d’avoir une ligne directrice tout au long du processus de création.
RAPPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE RAPPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE 2. RÉINVENTER LE MATÉRIAUX PAR SA MISE EN OEUVRE Le matériau est questionné au delà de sa forme, et de son aspect, par sa mise en 1 - Dictionnaire Le Larousse oeuvre. comme Le le dit si bien Peter Zumthor : 1 - Dictionnaire Larousse 2 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, : vous«pouvez la scier,» la poncer, la percer, la fendre, polir, elle 2 -« Prenez Jean-Christophe Échantillons dans La phrase urbaine, Pariset: la Éditions du aura Seuil, 2013, p.49 une pierreBailly, 2013, p.49 toujours un aspect différent ». 9 3 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, Paris : Éditions 3 - Arnaudriche Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, Paris Éditions Flammarion, 2013 Lorsqu’un fermier allemand demande à Zumthor de réaliser une chapelle en: l’honneur Flammarion, 2013 de Bruder Klaus, Son Saint-Patron, l'architecte répond qu'il est trop cher. Quelques jours 4 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, plus tard, et déclare qu'il prêturbaine, à faire laParis chapelle gratuitement 4 - Jean-Christophe Bailly, « d'avis Échantillons » dans La est phrase : Éditions du Seuil, car 2013, p.51Zumthor change 2013, p.51elle aussi, voue un culte à « Bruder Klaus », plus connu sous le nom de Saint sa mère, 5 - Dictionnaire Le Larousse, op. cit. Nicolas. Il cherche donc pendant plusieurs années à allier une manière de construire peu 5 - Dictionnaire Le Larousse, op. cit. onéreuse enlever la choisis dimension noble dupar culte divin. C’est donc en 2008, 6 - Arnaudsans Macé, « Texte et présentés Arnaud » dans La matière, ibid.deux ans plus 6 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, ibid. tard que Herman-Josef Scheidtweiler, reprend contact avec Zumthor. L’architecte est 7 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, Bâle : Birkäuser, 2008. 7 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, Bâle : Birkäuser, 2008. 8 - Louis Kahn, Silence et Lumière, choix de conférences et entretiens, Paris : édition du 8 - Louis 1996. Kahn, Silence et Lumière, choix de conférences et entretiens, Paris : édition du Linteau, Linteau, 1996. 9 - Peter Zumthor, Atmosphères, Bâle : Birkäuser, 2010, P.24
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Photo de la chapelle Bruder Klaus, 2013
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Source : Archdaily
justement en train de finaliser un projet de chapelle faite de matériaux locaux, et à construire par le fermier, sa famille et ses amis. 112 troncs de pins issus de la forêt voisine furent dressés en une grande tente, formant une goutte dont le sommet laisse glisser la lumière et la pluie. Le sol fût recouvert de plomb provenant des mines voisines. Puis ils récoltèrent du sable, du ciment et des graviers des carrières environnantes. Une fois le coffrage monolithique périphérique érigé, ils damèrent chaque jour une couche de béton « local » de cinquante centimètres d’épais. Après 24 jours, le mur atteignait 12m, « l’oculus » de la chapelle. Cet assemblage, spirituel, presque sacré, s’extrude du sol, de la terre vers les cieux, et permet au béton de sécher par strates. Il crée plusieurs ligne horizontales entourant le bâtiment. Des trous de banche viennent également ponctuer la façade comme un moucharabieh, dans lesquelles l’architecte placera de fines billes de verre. Dans une optique expérimentale de la mise en oeuvre de la matière, Zumthor a mis le feu à ces 112 troncs de pin. Le béton s’est donc recouvert de suie, le plomb a fondu, dessinant des courbes aléatoires sur le sol. Ici, nous avons un exemple de mise en oeuvre qui vient donner un caractère supplémentaire à la matérialité. L’empreinte des pins et l’odeur de fumée sont conservées dans le temps et participent à la beauté de cette atmosphère intérieure forte. C’est par cette mise en oeuvre unique et maîtrisée, que Zumthor transcende son architecture. Ils joue avec la matière et ses propriétés pour donner de nouveaux aspects au matériau, toujours en dialogue avec la symbolique et l’atmosphère du lieu. Il réinvente le matériau pour créer un lieu divin qui nous dépasse. Zumthor expérimente cette façon de faire à différent stade de la conception, avec des maquettes, ou des expériences régulières dans son « atelier ». C’est cette recherche constructive avec la matière qui va nourrir la dimension conceptuelle de chacun de ses projets. Durant mes études, la dimension expérimental du matériaux a été uniquement abordée théoriquement, ou brièvement au cours de nos enseignements de projet ou d’art plastique. J'ai pris le temps d’essayer de jouer de la matérialité en rendant des maquettes en bois, béton et en testant plusieurs outils pour retranscrire mes différents choix de matérialité. La salle maquette fut un outil particulièrement utile dans cette recherche personnelle et elle devrait être mise plus en avant auprès des élèves dans l’année.
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Faรงade du Kunsthaus Bregenz
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Source : Photo personnelle
3. LA PURETÉ CONSTRUCTIVE La mise en oeuvre entend également un détail constructif : Il traduit les différents facteurs qui influent sur la matière. Les intempérie, la ventilation, la stabilité du bâtiment, l’entretien, la vie du bâtit… J’ai pu remarquer que c’est dans sa complexité qu'il tire une certaine pureté constructive: il y a un jeu d’échelle, d’un simple roulement jusqu’au bloc de pierre. Le détail est donc une solution résultant des contraintes posées à la matière. C’est ainsi que dans le musée Kunsthaus Bregenz, Zumthor met en oeuvre avec les ingénieurs un système constructif qui répond le mieux aux besoins. Dans le musée de Bregenz il parvient à exprimer avec force les caractéristiques et les oppositions de deux matériaux différents, le béton et le verre. Un coeur monolithique, mettant en scène la présence matérielle du béton banché lui même enveloppé d’une carapace en écaille de verre dépoli. Celle-ci est dissocié du bâtiment et reprend toutes les fonctions essentielles de la peau extérieure, de la protection contre les intempéries à la modulation de la lumière naturelle. Avec la séparation constructive de l’enveloppe et du centre ( la liaison optique se fait par les plafonds lumineux en verre dépoli) le coeur en béton, libéré de toutes les fonctions de murs de façade, peut proposer des salles d’exposition d’une très grande qualité et particulièrement « flexible » et amène une coexistence positive des expositions et de l’architecture. L’architecte parvient aussi, avec la même qualité d’expression, à mettre en scène la visualisation en façade des qualités matérielles du verre, matière à proprement parler invisible. Translucide mais pas transparente, l’enveloppe se transforme en fonction de l ’angle de vue, de l’heure du jour et des rapports lumineux. Soit elle reflète, soit elle brille ou encore elle dévie les rayons du soleil; puis elle redevient opaque et sourde. En contre jour, la rive de toiture se transforme en aura lumineuse : les contours s’estompent, la différence avec le ciel devient trouble. La peau extérieure du bâtiment agit indépendamment de la structure de béton. Un écart de 90 centimètres sépare la structure monolithique de béton de la peau extérieure. Cet espace permet d’y cacher les éléments techniques en plus de permettre l’entretien des éléments extérieurs. La structure métallique permet de soutenir l’enveloppe extérieure en plus de se fixer à la structure de béton. La façade externe du musée Bregenz est constituée d’une succession de couches de pièces de verre finement gravées. Ces pans de verre, tous de mêmes dimensions, se superposent, sans cadre. L’assemblage de ces éléments se fait à l’aide des pièces sur mesure qui pincent deux panneaux à la fois et permettent de relier les
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Tiges de contreventement derrière chaque panneau de verre Cadres en acier préfabriqués
Panneaux de verre Carreaux de verre de 1,72 m x 2,93 m 2 x 10 mm verre feuilleté de sécurité 4 couches de feuilles gravées 252 kg par feuille
Pièce de support sur mesure Source : Peter Zumthor, Réalisation et Projet, ibid.
Système d’éclairage narurel et artificiel
Tiges de contreventement derrière chaque panneau de verre Cadres en acier préfabriqués
Panneaux de verre Carreaux de verre de 1,72 m x 2,93 m 2 x 10 mm verre feuilleté de sécurité 4 couches de feuilles gravées 252 kg par feuille
Pièce de support sur mesure Détail constructif : Façade ventilée du Kunsthaus Bregenz
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Source : Peter Zumthor, Réalisation et Projet, ibid.
panneaux qui constituent une façade. Le voile de verre agit comme un écran pare-pluie en plus d’être un tampon thermique. En effet, le vent passe à travers les panneaux créant une ventilation naturelle à l’intérieur de l’enveloppe externe. Ce système de façade ventilée permet de séparer la fonction de protection contre les intempéries de celle de l’isolation thermique. La transparence des panneaux de verre permet d’entrevoir ce squelette depuis l’extérieur. C’est par une telle conception du détail que l’on arrive à l’apogée d’un projet. Lorsque l’architecte conçoit le bâtiment jusqu'au détail constructif afin d’exprimer au mieux sa pensée, en complicité avec la matière. Un jeu d’échelle s’instaure au cours de l’élaboration d’un projet, partant de la conceptualisation de l’objet architectural. Jusqu’à sa mis en oeuvre dans les plus infimes détails. C’est pourquoi en architecture tout est matière à créer. Mais que serait la création sans la poétique des matériaux. Le détail en construction a toujours suscité en mon esprit une fascination. Il ne m’est ainsi pas concevable d’imaginer un projet sans sa relation invariable au détail. Différentes expériences vécues tout au long de mon parcours ont appuyé cette idée, notamment mon intérêt pour la mécanique et mon engagement au sein du collectif Bellastock. j'admets être particulièrement sensible à la recherche de solutions constructives pour répondre au mieux à certaines contraintes posées. Ma visite du musée Kunsthaus à Bregenz en 2015 a ainsi particulièrement éveillé ma curiosité et mon intérêt pour le travail de Zumthor. C’est cette visite qui a particulièrement motivé mon choix de sujet de rapport.
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Photos de la chapelle Saint Bénédicte
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Source : Peter Zumthor, Réalisation et Projet, ibid.
III. … À LA POÉTIQUE Le métier d’architecte est intimement lié à la notion d’ineffable. Cela même qui provoque ce sentiment d’émotion très particulier, au regard par exemple d’un espace de qualité. Ces lignes ne sauraient donc trouver une fin sans évoquer cette dimension, dépassant le caractère rationnel et concret de la construction pour se révéler poétique et symbolique.
1. LA COMPOSITION MATÉRIELLE : FAIRE CHANTER LES MATÉRIAUX « Chaque espace fonctionne comme un grand instrument, il rassemble les sons, les amplifie, les retransmet. Ce processus dépend de la forme et de la surface des matériaux et de la manière dont ils sont fixés. » 10 Nous allons voir comment Peter Zumthor parvient à créer une harmonie entre différents matériaux. Comment les matériaux peuvent provoquer l’émotion par leur assemblage. L’architecte compare ce processus à une symphonie qu’il doit orchestrer. Tout cela ayant pour seul but de créer une atmosphère qui va rendre compte du sensoriel, et peut être même, si harmonie il y a, de la quintessence du lieu. Un espace, une façade, un
RAPPORT DE LICENCE REFêtre , ANNEXES BIBLIOGRAPHIE objet architectural, tout -doit accordé,ET équilibré. Mais dans cette équation, la matière n’entre pas elle seule en compte, la réaction, les sensations liées à cet effet, vont rythmer ce système en place: la lumière, les reflets, l’eau qui ruisselle, l’objet architectural est semblable à1 -une symphonie. L’architecte en est le chef d’orchestre et les matériaux en sont les Dictionnaire Le Larousse instruments. Les musiciens quant à eux ne sont autres que la façon d'habiter l'espace, 2 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, prévisible et imprévisible. L'architecture est un appel du corps, un appel des sens : l’Homme 2013, p.49 a un rôle primordiale dans l’Architecture dans la mesure ou elle rythme le bâtiment et le mesure. L’architecture fait choisis vivre l’Homme d'autre elle éveille lesmatière, sens et charme l’âme. Il 3 - Arnaud Macé, « Texte et présentés parpart, Arnaud » dans La Paris : Éditions Flammarion, 2013 n'y a donc pas de supériorité de l'architecture sur le corps et du corps sur l’architecture. Les deux évoluent l'un avec l’autre, et l'un pour l’autre. 4 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.51 Peter Zumthor parle d’une magie du réel pour décrire ce qu’il éprouve lorsqu’un 5 - Dictionnaire Le Larousse, cit. environnement naturel ou op. architectural le remplit d’émotion. Cela est comparable à la
beauté queMacé, l’on peut trouver dans un poème.par Arnaud » dans La matière, ibid. 6 - Arnaud « Texte choisis et présentés «7 Je prends une certaine quantité de chêne une autre quantité de tuf, et j’ajoute encore - Peter Zumthor, Penser l’architecture, Bâle : et Birkäuser, 2008. quelque chose : trois grammes d’argent, une clef - qu’aimeriez vous encore ? J’aurais 8 - Louis Kahn, Silence et Lumière, choix de conférences et entretiens, Paris : édition du besoin de vous comme maître d’ouvrage pour faire cela avec vous. Nous considérerons les Linteau, 1996. 9 - Peter Zumthor, Atmosphères, Bâle : Birkäuser, 2010, P.24 10 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, ibid.
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Photos des Thermes de Vals, 2013
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Source : Archdaily
choses concrètement, d’abord seulement en esprit, mais très vite réellement. Puis nous regarderions comment elles réagiraient les unes avec les autres. Nous connaissons tous ce phénomène ! Les matériaux s’accordent entre eux et se mettent à chanter et cette composition matérielle donne naissance à quelque chose d’unique. Les matériaux sont infinis. Prenez une pierre : vous pouvez le scier, la poncer, la percer, la fendre, et la polir, elle aura toujours un aspect différent. Considérez ensuite la quantité, petite ou grande, et elle changera de nouveau. Et quand vous la placez dans la lumière, elle change encore. Un seul matériau offre déjà des milliers de possibilités. J’aime ce travail, et plus je le fais, plus il gagne en mystère » 11
2. RAPPORT AU SITE L’architecture et sa liaison à la nature est également une notion primordiale dans la question de la matérialité. On peut se demander comment l’architecture, par le travail de sa matérialité, va jouer avec un site ? S’y intégrer, ou s'y confronter ? Quel est le rapport au lieu ? On peux parler de- R l’atmosphère d’un Il peux comprendre l’histoire, la culture, la R APPORT DE LICENCE EF, ANNEXES ETlieu. BIBLIOGRAPHIE R APPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE vue, la déclivité, le contexte bâti, toute dimension propre à un lieu. Il est par définition très RAPPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE spirituel.
1« -Un Dictionnaire Larousse bâtiment Le existe par son contexte, il peut réagir à ce lieu. Le lieu lui-même est 1 - Dictionnaire Le Larousse composé de la topographie, de l’histoire, des relations humaines, mais aussi de Dictionnaire Le Larousse 21 -- Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, l’atmosphère. » 12 2 Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.49 2 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.49 La matérialité est une composante forte dans l’intégration d’un bâtiment. En effet, le choix 2013, p.49 3 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, Paris : Éditions de matériaux régionaux un et rôle significatif, la liaisonParis avec: le site et 3 - Arnaud Macé, « Textejoue choisis présentés par puisqu’il Arnaud »assurent dans La matière, Éditions Flammarion, 2013 3 - Arnaud Macé, « Texte choisis etC’est présentés Arnaud » matière, choisit Paris : Éditions Flammarion, 2013l’environnement. s’intègrent dans de cepar constat quedans PeterLaZumthor, la pierre Flammarion, 2013 4pour - Jean-Christophe » dans La urbaine,de Paris : Éditions du les thermes deBailly, Valls.«IlÉchantillons décide de prendre la phrase pierre extraite la montagne surSeuil, laquelle 4 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.51 il4 construit - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.51 son bâtiment. p.51 52013, - Dictionnaire Le Larousse, op. cit. DictionnairePierre, Le Larousse, cit. «5 -Montagne, Eau : op. construire dans la pierre, construire en pierre, construire à 5 -- Arnaud Dictionnaire Larousse, op. cit.présentés 6l'intérieur Macé, choisis et Arnaud » La matière, de laLe« Texte montagne, construire au par flanc de la dans montagne, êtreibid. au cœur de la 6 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, ibid. montagne. » 13 Arnaud Macé, « Texte et présentés Arnaud » dans La matière, ibid. 76 -- Peter Zumthor, Penser choisis l’architecture, Bâle : par Birkäuser, 2008. 7 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, Bâle : Birkäuser, 2008. Gneiss vientSilence sePenser décaisser légèrement la montagne et l’herbe pousse sur du le toit. Le 7 -- Louis Peter Zumthor, l’architecture, : Birkäuser, 2008. 8Le Kahn, et Lumière, choix Bâle de de conférences et entretiens, Paris : édition 8 - Louis1996. Kahn, et Lumière, choix de conférences et entretiens, : édition du le bâti Linteau, bâtiment joue Silence à « cache-cache » pour s’intégrer au mieux et Paris ne pas gêner 8 - Louis 1996. Kahn, Silence et Lumière, choix de conférences et entretiens, Paris : édition du Linteau, environnant. Les failles tout au long du toit laissent entrer des rayons de lumière qui glissent 9Linteau, - Peter 1996. Zumthor, Atmosphères, Bâle : Birkäuser, 2010, P.24 sur la pierre. On Atmosphères, imagine l’eauBâle qui :aBirkäuser, coulé de2010, la montagne et qui c’est infiltrée venant 9 - Peter Zumthor, P.24 9 Peter Zumthor, Atmosphères, Bâle : Birkäuser, 2010, P.24 10 - Peter Penser l’architecture, ibid. remplir lesZumthor, creux taillés dans la pierre. Le bâtiment est en relation avec la topographie. Le 10 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, ibid. 10 -- Peter Peter Zumthor, Zumthor, Atmosphères, Penser l’architecture, 11 ibid. ibid. 11 - Peter Zumthor, Atmosphères, ibid. 11 -- Richard Peter Zumthor, ibid. Episode 10, 2003. 12 Copans,Atmosphères, Arte Architectures, 12 - Richard Copans, Arte Architectures, Episode 10, 2003. 12 -- Durisch Richard Thomas, Copans, Peter Arte Architectures, Episode 10, 2003. 1985-2013, Zurich : Scheidegger 13 Zumthor : Réalisations et projets 13 Durisch Thomas, Peter Zumthor : Réalisations et projets 1985-2013, Zurich : Scheidegger & Spiess, 2014 13 Durisch Thomas, Peter Zumthor : Réalisations et projets 1985-2013, Zurich : Scheidegger & Spiess, 2014
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Photos de la chapelle Saint Bénédicte
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Source : Peter Zumthor, Réalisation et Projet, ibid.
bain est né de la montagne comme la source. Il faut considérer que ce bâtiment a toujours été là. Cependant Zumthor s’extrait de cette simple réinterprétation des traditions du matériau local : il questionne ces habitudes et décide d'y introduire un caractère contemporain, qu'il démontre particulièrement bien avec la chapelle Saint Bénédicte. En 1984 une avalanche détruit l’ancienne chapelle de Saint Bénédicte (Suisse). Une plaque de neige c’est détaché transformant la chapelle en ruine. C’est delà que débute la conceptualisation de Zumthor. La forme géométrique la plus à même de résister à une avalanche et celle qu’il propose. Une lemniscate, celle d’un huit couché, qu’il coupe en deux. Il cherchai une forme tendre, maternelle. une feuille, un oeil, une étrave contre les avalanche. Puis il choisi le bois comme seul et unique matériau. Il vient ainsi s’opposer frontalement aux chapelles de la région pour la plupart en pierre et plus rectangulaire dans la géométrie. Son choix de matérialité vient encrer un peu plus son bâtiment dans le site. L’enveloppe est faite de petites tuiles en bois appelés tavaillons de mélèze dont la couleur brun-rouge change au gré des années se noircissant au soleil sur la face sud et tendant vers l’argenté au nord. L’édifice change dans le temps, comme si le bois s’adaptait. Pour citer un dernière exemple afin de démontrer ce rapport qu’a l’architecture de Zumthor avec le site, parlons du musée de Bregenz. Celui-ci s’insère à contrario en milieu urbain, mais toujours avec une grande justesse. Il joue avec les échelles en utilisant les deux bâtiments de manière différente. Un bâtiment signal et monolithique qui joue avec le lac. Un autre plus bas qui vient longer la place qu’il décide de crée. Son intégration répond au besoin de la ville. Il va même au delà en accordant la technique de son bâtiment avec le site. Il rend son bâtiment totalement perméable à l’environnement qui l’entoure. La lumière, le vent et le climat sont une partie intégrante du projet comme si le bâtiment existait sans paroi étanche pour ne faire qu’un avec le site. Le site doit donc induire le bâtiment et, est comme le matériaux, vecteur de réflexion du projet. Il peux justifier de nombreux choix conceptuel et permettra à l’objet architectural de s’accorder au mieux avec l'atmosphère du lieu. L’architecte va donc devoir comprendre le territoire, il doit assimiler tout les caractères du site, son âme afin d’y adapter au mieux le projet selon ses intentions. C’est une forme de traduction de cette imprégnation. C’est une phase qui est abordée systématiquement lors de nos études : le rapport au site est plus que
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Photos IntĂŠrieurs des Thermes de Vals, 2014
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Source : Peter Zumthor, RĂŠalisation et Projet, ibid.
nécessaire, encouragé, codifié. J’ai toujours cherché à justifier au maximum l'implantation d’un projet, suivant son programme par le traitement d'un vis à vis dans un logement au niveau des hébergés environnantes, la matérialité, l’échelle du bâtiment. La dimension urbaine a eu une place prépondérante durant mon cursus. Le projet commence systématiquement par une visite puis une analyse du site. C’est par cette exercice que je parviens à conceptualiser mon projet en accord avec le territoire.
3.
L’OBJET ARCHITECTURAL, CRÉATEUR D’ATMOSPHÈRES
Nous allons finalement traiter la notion d'atmosphère que développe Peter Zumthor dans son architecture mais également dans ses livres Penser L’architecture et
RAPPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE
Atmosphères. RAPPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE « Dans mon travail, j’essaie de faire un usage similaire des matériaux. Je crois que dans le contexte de l’objet architectural, les matériaux peuvent revêtir des qualités poétiques. Mais 1 - Dictionnaire Le Larousse il1 -faut pour celaLecréer, au sein de l’objet lui-même, un certain rapport de forme et de Dictionnaire Larousse signification, parce que les «matériaux ne sont intrinsèquement pas poétiques. » 14 du Seuil, 2 - Jean-Christophe Bailly, Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions 2 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013, p.49 Durant le développement de son processus de conception Peter Zumthor se laisse 2013, p.49 guider par les images et les atmosphères qui lui en mémoire et dont apte à 3 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés parreviennent Arnaud » dans La matière, Parisil :est Éditions 3 Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, Paris : Éditions Flammarion, 2013 associer à l’architecture qu’il recherche. Comme il le dit, les images qui lui viennent à l’esprit Flammarion, 2013 sont liées pour la plupart à des souvenirs personnels et donc rarement pourvues d’un 4 - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 4 - Jean-Christophe Bailly, « Sa Échantillons » dans Laest phrase Paris : ce Éditions du signifient Seuil, commentaire architectural. volonté première alorsurbaine, de découvrir qu’elles 2013, p.51 2013, p.51 et comment créer certaines formes et atmosphères imagées. 5 - Dictionnaire Le Larousse, op. cit. 5 - Dictionnaire Le Larousse, op. cit. La matérialité pour Zumthor, est la rencontre entre le beau et la construction, la construction 6 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, ibid. 6 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés Arnaud »l’architecture. dans La matière, doit être pensée comme nous architectesparpensons La ibid. symbiose de la 7 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, Bâle : Birkäuser, 2008. matérialité et la structure constituent ce que: Birkäuser, Peter Zumthor 7 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, Bâle 2008. appelle l’objet architectural. La composition deSilence cet objet n’est pas rendu possible queetpar la matérialité, mais aussi 8 - Louis Kahn, et Lumière, choix de conférences entretiens, Paris : édition du par la 8 Louis Kahn, Silence et Lumière, choix de conférences et entretiens, Paris : édition du Linteau, La 1996. nature. lumière naturelle est l’une des composantes majeures de l’objet architectural. Linteau, 1996. Comme nous avons pu le voirBâle précédemment, les P.24 matériaux peuvent se travailler sous 9 - Peter Zumthor, Atmosphères, : Birkäuser, 2010, 9 - Peter Zumthor, : Birkäuser, 2010, P.24 différentes formes,Atmosphères, afin de créer Bâle différents résultats plastique. Ces différents traitements d’un 10 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, ibid. même matériaux changent et évoluent constamment lorsqu’ils sont exposés à la lumière. 10 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, ibid. 11 - Peter Zumthor, Atmosphères, ibid. 11 - Peter Zumthor, Atmosphères, ibid.était avant de venir frapper un mur… Même une pièce « La lumière ne savait pas ce qu’elle 12 -doit Richard Architectures, 10, 2003. qui êtreCopans, obscureArte a besoin au moinsEpisode d’une petite fente pour qu’on se rende compte de 12 - Richard Copans, Arte Architectures, Episode 10, 2003. son obscurité. La fenêtre est une chose merveilleuse par laquelle vous obtenez la tranche de 13 - Durisch Thomas, Peter Zumthor : Réalisations et projets 1985-2013, Zurich : Scheidegger lumière qui vous appartient à vous, non au soleil. » 13 - Durisch Thomas, Peter Zumthor : Réalisations et15projets 1985-2013, Zurich : Scheidegger & Spiess, 2014 & Spiess, 2014 14 - Peter Zumthor, Atmosphères, ibid. 14 - Peter Zumthor, Atmosphères, ibid. 15 - Louis Kahn, Silence et Lumière, choix de conférences et entretiens, ibid. 15 - Louis Kahn, Silence et Lumière, choix de conférences et entretiens, ibid.
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Photo extĂŠrieur des Thermes de Vals, 2014
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Source : Peter Zumthor, RĂŠalisation et Projet, ibid.
La symbolique chrétienne dit que dieu est lumière. Et un lieu sacrée suppose que le divin y soit présent. C’est ainsi que Zumthor Sculpte la lumière dans tout ses projets en la sacralisant. Pour la chapelle Saint-Bénédicte, une ligne continue de lumière naturelle, placée au sommet de la paroi semble décoller la charpente du reste de l’édifice. Les poteaux qui la soutiennent et leur verticalité régulière accentuent l'impression d’élévation. Avec la chapelle Bruder Klaus, l'architecte vient créer un puits de lumière ou les creux des troncs brulées viennent rendre, de la même manière, une sensation d’élévation de la lumière. Celle-ci vient révéler l’atmosphère en éclairant la matérialité de l’objet architectural dans la même idée qu’a Louis Kahn de la lumière.
RAPPORT DE LICENCE - REF, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE C’est également par une attention portée aux atmosphères que l’architecte doit trouver quelles qualités créent les conditions spatiales et matérielles qui feront qu’en entrant dans un espace tout autre comportement que celui adéquat sera impensable. Ainsi la chapelle 1 - Dictionnaire Le Larousse Saint Bénédicte, lieu de prière et de célébration, sans ornement, offre l’essentiel d’un tel lieu :2un espace de recueillement. Ces proportions forme urbaine, courbe enveloppent les du corps qui - Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dansetLasaphrase Paris : Éditions Seuil, 2013, p.49 et les fait se sentir appartenir à une même communauté, une Eglise. Le bois, s’y tiennent matériaux « chaleureux » vient également renforcé cette idée. 3 - Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, Paris : Éditions Flammarion, 2013 Les Thermes de Vals en sont un exemple probant. Zumthor définit les thermes de Vals comme «la pierre etBailly, l’eau,«c’est une relation amoureuse. Au coursParis du processus deSeuil, projet, il 4 - Jean-Christophe Échantillons » dans La phrase urbaine, : Éditions du 2013, p.51 advint un moment où comprendre que ces deux matériaux primaires se comportent comme des sources d’énergie se rechargeant réciproquement ». 16 5 - Dictionnaire Le Larousse, op. cit. Appareillée en longues bandeset horizontales, pierre disposée suribid. la globalité des 6 - Arnaud Macé, « Texte choisis présentés par cette Arnaud » dans La matière, surfaces (sol, plafond, marches..) détient la même intensité, la même finition, qu’elles 7 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, Bâle : Birkäuser, 2008. prennent la chaleur du soleil à l’extérieur ou accroche la vapeur d’eau à l’intérieur. Zumthor a 8 - Louis Kahn, Silence Lumière, choix conférences et entretiens, Paris : et édition du16 souhaité à travers cetteetmatérialité «unede expérience corporelle de la pierre l’eau.» Linteau, 1996. L’architecte contemporain énonce de nouveaux rapports à la matérialité, une lecture 9 - Peter Zumthor, Atmosphères, Bâle : Birkäuser, 2010, P.24 ‘affective’ et une façon particulière de ressentir le matériau. Le toucher rassure et assure de 10 - Peter Zumthor, Penser l’architecture, ibid. la présence des choses, il est en contact immédiat avec la matière. Cette approche relève de sensibilité deAtmosphères, chaque individu 11 -laPeter Zumthor, ibid. et ne fixe pas la matière à une simple perception visuelle. Ainsi travailler non seulement sur la perception visuelle mais sur d’autres 12 - Richard Copans, Arte Architectures, Episode 10, 2003. perceptions, notamment tactiles, permettrait d’énoncer de nouveaux rapports aux 13 - Durisch C’est Thomas, Zumthor Réalisations etque projets Zurich matériaux. parPeter toutes ces : dimensions la 1985-2013, matière entre en: Scheidegger jeu dans la & Spiess, 2014 conceptualisation d’ « atmosphères ». 14 - Peter Zumthor, Atmosphères, ibid. 15 - Louis Kahn, Silence et Lumière, choix de conférences et entretiens, ibid. 16 - Durisch Thomas, Peter Zumthor : Réalisations et projets 1985-2013, ibid.
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CONCLUSION A travers cette étude personnelle, j’ai pu remarquer que la matérialité tirait son importance de plusieurs idées et principes très différents et particulièrement forts : Le matériau est autonome, la matière elle, n’existe que par la perception qu ‘en aura l’homme. Les matériaux se classent par familles, ce qui permet de définir leurs qualités intrinsèques : les sens que le matériau va approcher seront différents et la perception de l’homme en changera également. Cette perception est un point important de ma recherche, l’homme est au centre de toute cette étude axée sur le sensoriel (notion de quintessence). Les sens permettent le rapport de l’Homme à son monde, au physique, à la matière. Il y a également une forte notion de souvenir qui vient en suite de ce sensoriel, un appel à l’histoire, la mémoire, les sensations du passé, qui vont venir interagir et jouer avec la perception présente. Le souvenir de la matière s’étend de l’énergie qu’elle porte depuis sa création aux marques et usures qui la rendent unique pour l’homme d’un jour, l'Homme de toujours. Mais au-delà de son autonomie, la matérialité a un rapport particulier avec le processus de conception, et de construction : il existe de nombreuses écoles de pensée quant à l’influence de l’un sur l’autre. Peter Zumthor est un cas d’étude remarquable quant à cette problématique, dans la mesure ou son travail reflète un réel questionnement vis à vis du matériau et de son application. L’architecture de Peter Zumthor se veut ancrée dans les souvenirs de ceux qui la traversent. Évoquant des notions d’atmosphères et d’ambiances, elle a la capacité d’émouvoir. Dans le but de répondre aux intentions sensorielles, Zumthor porte une attention particulière aux principes de construction. Ses bâtiments sont un heureux va-et-vient entre des formes, des détails et des procédés de constructions ingénieux et des espaces porteurs de sensations. Finalement, tout choix en terme de matérialité renvoie à un ambition qualitative de créer une ambiance : il donne au bâtiment une harmonie, dont la matérialité est la partition comme un assemblage de notes (les matériaux) choisis
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avec soin pour leurs caractères particuliers. La difficulté est de bien assembler ces matériaux entre eux, au bon endroit et pour les bonnes raisons. L’architecte doit savoir faire « chanter les matériaux ». Encore une fois, le travail de Zumthor est notable de part la qualité des ensembles établis, on reconnait une véritable signature de l’architecte. Le rapport au site en fait parti, il est nécessaire dans l’élaboration du projet et invite la matérialité : l’architecte doit connaître son contexte pour pouvoir s’y insérer correctement. C’est en entendant le contexte que l’atmosphère est harmonieuse et prendra du sens. L’atmosphère est une question primordiale dans le discours de Zumthor et la matérialité dans la mesure ou c’est elle qui né d’un souvenir pour marquer l’homme et ça perception de celle-ci. Là revient la notion de mémoire dont nous parlions dans la première partie. Les études d’Architecture appellent souvent à la notion d’immatérialité : tout reste à l’état de conception, de projet, sur un papier et n’empreinte que peu souvent un caractère concret. C’est cette remarque qui a motivé le sujet de cette étude: développer le thème de la matérialité entend une approche beaucoup plus réelle de la chose, il s’agit là d’une problématique théorique, pour comprendre les enjeux concrets de la matérialité, et peut-être me permettre à l’avenir d’expérimenter le matériau d’une façon plus poussée dans l’enseignement de projet.
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BIBLIOGRAPHIE Peter Zumthor, Penser l’architecture, Bâle : Birkäuser, 2008. Peter Zumthor, Atmosphères, Bâle : Birkäuser, 2010 Peter Zumthor Works : Building and Projects 1979- 1997, Bâle : Birkhauser Verlag AG, 1999 Durisch Thomas, Peter Zumthor : Réalisations et projets 1985-2013, Zurich : Scheidegger & Spiess, 2014 Jean-Christophe Bailly, « Échantillons » dans La phrase urbaine, Paris : Éditions du Seuil, 2013
Arnaud Macé, « Texte choisis et présentés par Arnaud » dans La matière, Paris : Éditions Flammarion, 2013 Manfred Hegger / Hans Drexler / Martin Zeumer, Basics Matérialité, Bâle : Birkäuser, 2007
BIOGRAPHIE Peter Zumthor, est un architecte Suisse né le 26 avril 1943, à Bâle. Il se forme tout d’abord comme ébéniste auprès de son père, Oscar Zumthor. De 1963 à 1967, il étudie l’architecture d’intérieur à la Schule für Gestaltung de Bâle et enfin, dans les années 1966, l’architecture au Pratt Institute de New York. Il ouvre sa propre agence en 1979 à Haldenstein, en Suisse, où il y travaille encore avec une équipe composée d’une quinzaine de personnes. Son travail de restauration, lui a permis d’étudier la construction et de s’intéresser d’avantage aux différents matériaux existants. En 1994, il est élu membre de l’Académie des arts de Berlin. Depuis 1996, il est professeur à l’Académie d’architecture de l’Université de la Suisse italienne à Mendrisio. Il a également été professeur invité à l’Université de Southern California Institute of Architecture et SCI-ARC à Los Angeles en 1988, à la Technische Universität de Munich en 1989 et à la Graduate School of Design de l’Université de Harvard en 1999. Parmi ses principales réalisations, on retrouve, la chapelle Saint-Benedict à Sumvitg en Suisse (1988), la chapelle Bruder Klaus Field à Mechernich en Allemagne (2007), les thermes de Vals à Vals en Suisse (1990) et le musée Kunsthaus à Bregenz en Autriche (1997). Peter Zumthor reçoit plusieurs prix pour la réalisation de ses édifices, en 1998, il reçoit le prix Carlsberg d’architecture pour la chapelle Saint-Benedict et les thermes de Vals, et le prix Mies Van Der Rohe pour le musée de Bregenz (Kunsthaus Bregenz). Il reçoit en 2008 le prix Praemium Imperiale et en 2009, il est lauréat du prix Pritzker. Nous connaissons principalement ses réalisations architecturales, mais il a aussi publié deux ouvrages dans lesquels il revient sur sa pensée et sa philosophie de l’architecture qui sont Atmosphères et Penser l’Architecture.
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Matériau - Matérialité - Quintessence - Zumthor - Atmosphères
Il s’agit de comprendre l’utilité de la matérialité dans le processus de conception architectural, son authenticité ainsi que son impact sur un ensemble. On questionnera sa technicité et ses qualités multiples dans un bâtiment, et sa façon d’appeler les sens du corps. Partant des qualités qui lui sont propres, passant par la technique qu’elle convoque et finissant par le spirituel qu’elle confère. Le matériau sera étudié en dialogue avec le travail de l’architecte Peter Zumthor. A l’image du quintus de quintessence, nous prendrons, pour appuyer ces propos, cinq bâtiments de Peter Zumthor pour cinq matériaux. La pierre, l’acier, le verre, le béton et le bois. La vue - Le toucher - LA QUINTESSENCE : RESSENTIR - L’ouïe - L’odorat