Les Horizons du Sol - Un chai viticole à Belle-Île-en-Mer - Rapport de PFE

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l o z i s u o n r d s o e s L h Un chai viticole Ă Belle-Ile-en-Mer : Dialogue entre friche, diversitĂŠ et agriculture en territoire insulaire

Victor Huchon Rapport de PFE ~ 2019.2020 Bernard Desmoulin ~ Didier Laroque DE : 2 . Ecologies


PROJET ÉTUDE

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A la découverte de Belle-Île-en-Mer Un bref regard sur l’architecture Enjeux et évolution du paysage agricole Problématiques insulaires

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Propositions et scénario Vers une diversité agricole - le Chai Viticole Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole A travers champs - balade des projets par le promeneur

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Avant-Propos Ce rapport de Projet de Fin d’Étude présente la recherche menée au cours de cette dernière année scolaire, sur le territoire insulaire de Belle-Île-en-Mer. L’étude territoriale et ses différentes réponses architecturales ont été menées en collaboration avec Thibault Mazevet, durant le premier semestre de Master 2. Ces réponses ont été développées de manière individuelle au cours du deuxième semestre, suite à la pandémie survenue en cours d’année, qui nous a empêché de poursuivre ce travail en binôme. Thibault ayant repoussé son diplôme à la suite du confinement, la partie concernant le Centre Agricole n’a pu trouver d’aboutissement. Cependant, les projets étant tous dépendants les uns des autres, ils se doivent d’être présentés dans leur ensemble pour apprécier au mieux les qualités de chacun. Ce rapport exposera donc une analyse commune qui a donné lieu à différents projets : le Centre Agricole, développé en binôme durant le premier semestre, le Chai Viticole, que j’ai développé individuellement, ainsi qu’une promenade, qui fait lien entre ces deux derniers.



ÉTUDE


A la découverte de Belle-Île-en-Mer Ce Projet de Fin d’Étude s’insère sur un plateau rocailleux qui s’élève et apparaît jusqu’à 12,3 km au large des côtes bretonne, dans la continuité de la presqu’île de Quiberon dans le Sud du Morbihan (56). Belle-Île-en-Mer - « la bien nommée » - s’élève à 71m en son point le plus haut, pour une superficie de 85,63 km2 . Elle se divise en 4 agglomérations : Le Palais et Sauzon, les deux portes d’entrées de l’île, ainsi que Bangor et Locmaria, ou vivent près de 5300 habitants à l’année. Son climat doux et ensoleillé en fait une destination très prisées des amateurs de sites naturels et de faune et flore préservées. Elle constitue avec ces îles voisines, Houat et Hœdic un archipel très riche, partie majeure de l’association des îles du Ponant, qui regroupe les îles françaises du littoral de la manche et de l’océan atlantique encore habité, contribuant au maintien et au développement d’une vie insulaire stable et protégée.


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01. Iles du Ponant A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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02. Morbihan A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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Quimper

Auray Lorient

Rennes Vannes

Quiberon

Le Palais

03. Transports A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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04. Belle-Île-en-Mer A la découverte de Belle-Île-en-Mer


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Présentation du territoire et de l’identité des îles L’idée de l’île, par ce qu’elle représente, offre un panel de qualités et de problématiques, proposant une toute autre appréhension du temps, de l’usage de l’espace, des ressources et des services. Dans l’imaginaire collectif, ce lieu lointain se voit comme un paysage libre, qui se suffit à lui-même. Le voyage vers une île devient presque une quête romantique où notre manière d’habiter le monde se transcende. Le contexte îlien offre une très grande diversité de paysages et d’histoire. La flore de l’archipel est ainsi une des plus riches et diversifiées de Bretagne avec 530 espèces recensées, dont 43 à forte valeur patrimoniale. Il existe aussi sur ce territoire plusieurs points importants d’histoire dont les forts présents sur chacune des îles, les nombreuses églises qui témoignent de la valeur de ces territoires au fil des siècles. Le sentier côtier de l’île fait environ 82 km, ce qui correspond à 4 ou 5 jours de marche à pied avec des falaises allant jusqu’à 50m de haut et un dénivelé total de 2 000m. Ce sentier côtier profite aussi d’un itinéraire cyclable balisé d’environ 80 km. On y dénombre pas moins de 58 plages. On y trouve 5 écoles, 2 collèges, un hôpital et une maison de retraite. Les secteurs économiques de l’île sont la pêche avec 12 bateaux en activité, l’agriculture avec 40 exploitant, le bâtiment et le tourisme (380 000 visiteurs par an).

A la découverte de Belle-Île-en-Mer


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Quiberon/Vannes...

Lorient

Sauzon

Archipel Houat/Hoedic

Le Palais

Bangor

Locmaria

05. Structure de l’ile A la découverte de Belle-Île-en-Mer


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06. Commune de Sauzon A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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07. Commune de Le Palais A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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08. Commune de Bangor A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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09. Commune de Locmaria A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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L’identité paysagère du territoire Le découpage de l’île et la richesse paysagère de ces lieux peut être expliquée de différente manière. Premièrement, par un découpage cardinal, la moitié Nord-Est, est la partie basse, protégée et continentale, tandis que la partie Sud-Ouest, elle, est la partie atlantique, haute et exposée. Ces différences climatiques et topographiques créent ainsi deux milieux sensiblement différents, entre une côte sauvage et plaines intimes et protégée. On peut donc diviser Belle-île en 4 paysages aux fortes identités (cf. Carte de la répartition des zones paysagères) : les dunes, les terres intérieures, les vallons, et la côte découpée en balcon sur l’océan. Les vallons en friche et le chapelet de criques Les 148 vallons qui couronnent l’île apparaissent comme des oasis de verdure ou l’eau de pluie qui y ruisselle crée un milieu idéale pour le développement de la lande bretonne. On retrouve également de nombreuses criques en bas de ces vallons, dessinés par l’eau et la mer, au cours des différentes ères géologiques. Ils sont tous densément occupés par les saules, les résineux et les ormes. Les Landes et les falaises rocheuses Caractérisées par ses hautes falaises, à plus de 50m au-dessus du niveau de la mer, les pointes de Pouldon et du Skeul sont les plus impressionnantes. Ses landes climaciques à bruyères et ajoncs sont très caractéristiques de l’île. le plateau en retrait est occupé par des prés fauchés ou pâturés. Les Portes d’entrée de l’île Le Palais et Sauzon forment une grande zone urbaine que l’on peut définir comme les portes d’entrée de l’île. On trouve un port dans chacune des deux villes et une citadelle dessinée par l’architecte militaire Vauban à Le Palais.

10. Type de paysage A la découverte de Belle-Île-en-Mer


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Les landes et les falaises rocheuses

Les portes d’entrée de l’île

Les dunes de sable

Les plaines agricoles

11. Type de paysage - Carte de la répartition des zones paysagères A la découverte de Belle-Île-en-Mer


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12. Type de paysage - Les landes et les falaises rocheuses A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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13. Type de paysage - Les dunes de sable A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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14. Type de paysage - Les vallons en friche A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


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15. Type de paysage - Les plaines agricoles A la dĂŠcouverte de Belle-ĂŽle-en-Mer


Un bref regard sur l’architecture L’identité de l’île est fortement marquée par son architecture. À l’arrivée en bateau, la citadelle Vauban se dessine petit à petit, dominant le port de Le Palais. Ses remparts embrassent les contours de la ville, monumentaux, en surgissant des immenses falaises du paysage sauvage. On retrouve également des bâtiments propres aux zones côtières comme les phares, les balises et les sémaphores, ainsi que quelques anciens bâtiments militaires, devenus aujourd’hui monuments témoins de la riche histoire de l’île.


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Monuments entre terre et mer On retrouve sur l’île plusieurs monuments, témoins qui marquent les différentes époques traversées. Les plus anciens de ces témoins sont des Dolmen, datant du IIe millénaire avant J.C., qui piquent ponctuellement le paysage naturel bellîlois (cf. Photo). La sacralité du Dolmen tient en partie d’une mise en abîme symbolique : sur ce morceau de Roche, au milieu des mers, il défit le temps, entouré de mythes et légendes qui font vibrer les plus grands poètes de l’histoire. Belle-Île est balisée par trois phares : le phare de Goulphar, le phare des Poulains et le phare de Kerdonis. Deux sémaphores sont également visibles sur les côtes de l’île. Des moulins datant du XVIIe siècle, ainsi que des étables et longères de pierres témoignent du riche passé agricole de l’île. Belle-Île-en-Mer fut une île largement convoitée pour sa position stratégique au large des côtes bretonnes, ses réserves en eau douce et les ressources de son agriculture. La Citadelle Vauban symbolise ce passé militaire tourmenté qui s’étale sur plusieurs centaines d’années : fondée dès le Moyen-âge, remaniée par Vauban à partir de 1683, elle déploie aujourd’hui ses 10 hectares de bastions, courtines, casemates, poudrières, arsenal… Au milieu d’un parc paysagé et dans un panorama exceptionnel. On y retrouve également 4 Fortins datant du second empire. C’est durant de la Seconde Guerre mondiale que les Allemands, on envahit l’île, laissant quelques vestiges de leurs passages avec plusieurs Bunker ou des Blockhaus. On en retrouve dans les falaises des plages de Donnant ou seul un trou apparaît au milieu de la falaise (cf. photos et dessins).

Un bref regard sur l’architecture


01. Photo du Dolmen ‘Jeanne’ / Photo des bunker Allemand de Port Coton Un bref regard sur l’architecture



02. Dessins des deux Bunker Allemand de Port Coton Un bref regard sur l’architecture


Bunker Allemand de la plage de Donnant

Fortin et Phare de la pointe des Poulains


Citadelle Vauban de Le Palais

Le port de La Palais


Pavillonnaire et traditionalisme Un grand nombre de maisons pavillonnaires bretonnes ponctue les plaines et les hauts de vallons. Chacune de ces constructions respecte les exigences des Architectes des Bâtiment de France, assurant un paysage architecturale homogène, dans le respect de l’identité culturelle locale (cf. Dessin cicontre). La principale volonté des agglomérations est de conserver cette écriture architecturale traditionnelle, et d’empêcher l’étalement urbain au cours des âges à venir. Anciennement, les maisons étaient pour la plupart des longères, pour se protéger du vent et avoir une partition entre la ferme et la maison. Aujourd’hui, ces longères ont été découpées et rénovées pour devenir plusieurs maisons individuelles. De nombreux pavillons, on été construits dans le courant des années 70-80 afin d’accueillir les vacanciers et les visiteurs de plus en plus nombreux. La richesse du patrimoine architectural influe majoritairement sur l’identité culturelle globale de l’île. Cette richesse se ressent actuellement au travers d’un traditionalisme fort, presque figé, où l’image historique de l’Île se doit de rester telle qu’elle l’a toujours été. L’association des îles du Ponant offre une remarquable possibilité de renforcer l’identité îlienne, mais en contrepartie, elle semble muséifier son territoire. Cet « arrêt dans le temps » se renforce aussi par un tourisme avide de ce traditionnel qui devient presque pittoresque.

Un bref regard sur l’architecture


03. Vocabulaire constructif Belle-Ilois / maison Belle-Iloise / Longère Belle-Iloise Un bref regard sur l’architecture


Enjeux et évolution du paysage agricole L’agriculture a été déterminante dans le développement économique et culturel de Belle-Île-en-Mer. Cette partie sera donc l’occasion d’aborder, avec plus de précision, deux des éléments déterminants dans l’élaboration de ce Projet de Fin d’Étude : les enjeux et l’évolution du paysage agricole. Le projet s’intègre dans une dynamique territoriale et bat en son sein à plusieurs échelles, pour réveiller une identité culturelle forte et propre à ce lieu chargé d’histoire. Ainsi, la considération de l’identité de ces terres, historiquement, géologiquement et esthétiquement permettra de justifier et enrichir le projet. Nous y retrouverons des éléments précisant la nature des sols et la dynamique territoriale, des informations sur la topographie ainsi que sur l’agriculture et l’usage de ces terres.


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Géologie, agriculture et dynamique territoriale Belle-Île est formée par des roches volcano-sédimentaires que l’on retrouve sur une grande partie du plateau continental sud-armoricain. Son plateau émerge des mers par déformation tectonique de la plateforme continentale. Le soulèvement de la plaque faisant apparaître l’île est lié au fonctionnement de plusieurs failles, orientées Nord-Ouest/Sud-Est (cf. Carte géologique). Les variations du niveau de la mer ont sculpté par la suite le plateau bellîlois. 3 ensembles principaux de sols peuvent être identifiés : - Sur le plateau, se trouvent des sols bruns dont la profondeur se situe entre 20 et 60 cm. Plus ou moins lessivés, hydromorphes et souvent argileux. - Les versants des vallons sont composés de rankers (sol peu épais sur soussol silicieux) humifères ou d’érosion avec une profondeur inférieure à 20 cm lorsqu’ils sont associés à des affleurements rocheux. - Les vallons sont eux composés d’apports alluviaux ou colluviaux. Leur profondeur est supérieure à 120 cm, mais leur hydromorphie peut être forte, de 6 à 8. L’importance des vallons dans le développement de l’île Les 148 vallons, que les variations du niveau de la mer ont dessinés au cours des différentes ères géologiques, entaille le plateau principal. L’eau qui ruisselle dans ces vallons a conditionné l’implantation des hommes sur le territoire bellîlois. Les 120 villages, répartis de manière homogène, ont pratiquement tous été bâtis à l’amorce d’un ou plusieurs vallons, sur le rebord du plateau. Cet habitat dispersé est à l’origine d’un système agricole appelé « finage », qui permettait aux habitants et paysans de profiter d’une variété de situations naturelles et ainsi d’adapter leurs productions à cellesci. L’agriculture a profondément marqué l’histoire des paysages de Belle-Île, qui est avant tout, tournée vers la terre, plus que vers la mer.

1 : Sol très fertile et riche en nutriments et avec une forte vie microbienne. 2 : Sol montrant des marques caractéristiques d’une saturation en eau régulière. Dans un sol hydromorphe la vie microbienne est noyée. Évolution du paysage agricole


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ROCHES MÉTAMORPHIQUES Ensemble volcanosédimentaire Tufs à minéraux phylliteux

Porphyroïdes

ROCHES SÉDIMENTAIRES 2 Pliocène de Belle-Ile : Sable et gravier Dunes et cordon littoral actuel

Failles

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1 Projets

Sol brun faiblement lessivé sur terrasse 1 Sol brun sur schiste hydromorphe 2 Sol brun sur schiste non hydromorphe 2 2 Ranker humifère ou d’érosion sur schiste 1

Projets

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01. Carte géologique / Carte des sols Évolution du paysage agricole


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Des paysages autrefois très ouverts Les paysages bellîlois étaient autrefois très ouverts, qualifiés « d’openfield ». Belle-Île était appelée la « petite Beauce ». Le plateau était occupé par les cultures de froment, de seigle, d’avoine, d’orge, de maïs, de pommes de terre et la lande. Il n’y avait pratiquement pas d’arbres puisqu’ils étaient destinés à être coupés dès qu’ils dépassaient la lande. En tête de vallon, à proximité des villages, se trouvaient les cultures vivrières et les arbres fruitiers. En fond de vallon, le long du cour d’eau, les saules étaient régulièrement recepés. Lorsqu’en été, l’herbe était trop sèche sur le plateau, les bovins et les ovins descendaient dans les prés des vallons. Les villageois y cultivaient aussi du trèfle, de la luzerne et du sainfoin. Le maillage serré du parcellaire formait une véritable mosaïque de cultures. Les paysages de l’Île subissent depuis la seconde moitié du 20e siècle, de fortes mutations liées entre autres, sur le littoral et dans les villages, au développement de l’activité touristique. Sur le plateau et dans les vallons, les mutations sont aussi liées à l’évolution des pratiques agricoles, au remembrement et à la nouvelle structure des exploitations. La juxtaposition de petites lanières cultivées par autant de fermes que de villages, a laissé place à de grands prés pâturés, fauchés et à d’importantes cultures fourragères, que ponctuent des résineux (cyprès et pins) plantés dès les années 60.

Évolution du paysage agricole


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Vergers

Landes Pâtures estivales et culture des vallons Céréales et autres cultures du plateau

02. Le parcellaire avant remembrement / après remembrement Évolution du paysage agricole


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L’agriculture hier, aujourd’hui et demain Aujourd’hui, l’agriculture occupe à Belle-Île 60% du territoire. L’élevage conventionnel (triptyque « lait, viande bovine et ovine ») a remplacé sur le plateau les cultures céréalières. Il représente aujourd’hui 93% de l’activité agricole de l’île. Les 7% restants sont liés à la production maraîchère, principalement biologique, l’élevage caprin, l’apiculture et l’aviculture. Le nombre d’exploitants a très fortement diminué. On dénombrait en 2011, 32 exploitants. Deux fois moins qu’en 1970. Parallèlement, la surface des exploitations a augmenté. Les élues des Chambres d’agriculture de Bretagne ont pour ambition de : - Mettre tout en œuvre pour protéger le foncier : éviter, réduire la consommation d’espace agricole, puis si besoin compenser l’artificialisation des terres en défrichant des parcelles. - Relever le défi de l’emploi : rendre les métiers attractifs et réussir le renouvellement des actifs agricoles, chefs d’exploitation et salariés. - Préserver la reconquête de la qualité de l’eau observée dans de nombreux territoires et accompagner cette reconquête dans les territoires encore sensibles. - Accompagner les agriculteurs dans des trajectoires gagnantes économiquement et socialement, dans leurs évolutions de pratiques, dans l’ensemble des filières de productions agricoles régionales. - Retisser des liens entre les producteurs et les consommateurs dans une perspective de juste prix payé aux producteurs à travers des projets alimentaires territoriaux et un accompagnement des différents circuits de commercialisation. - Accompagner et valoriser les contributions du secteur agricole dans la transition énergétique et climatique, à travers notamment les Plan climatair-énergie territorial (PCAET). - Cultiver l’inter-connaissance entre acteurs socio-économiques d’un territoire, comme terreau fertile du vivre-ensemble.

Évolution du paysage agricole


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03. Carte des terres agricoles et des lieux d’exploitation / utilisation des surfaces agricoles Évolution du paysage agricole


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Un enfrichement subi Du fait de ces changements de pratiques et de la mécanisation de l’activité agricole, les vallons ont été à Belle-Île, les premiers espaces touchés par l’enfrichement1. Délaissés depuis une cinquantaine d’années, ils sont aujourd’hui majoritairement boisés et auraient atteint leur stade climatique. Saules, ormes, parfois peupliers les occupent. L’enfrichement du plateau est lui plus récent. Le plateau est gagné par les ronces, les prunelliers, les ajoncs d’Europe. Cette dynamique témoigne des nombreuses difficultés que rencontrent les agriculteurs : accès au foncier (rétention et spéculation foncière, fragilité des accords entre propriétaires et agriculteurs, défaut d’information des propriétaires fonciers ...) et accès aux bâtiments d’exploitation, inadaptation d’un modèle agricole conventionnel à un territoire qui ne l’est pas du fait de son insularité... Les friches occupent aujourd’hui 17% du territoire bellilois soit 1417 ha. Ces 20 dernières années, 300 ha supplémentaires ont été abandonnés. Les paysages se ferment peu à peu. Ils tendent à s’homogénéiser comme la biodiversité des milieux. L’accessibilité aux vallons est de plus en plus difficile. L’écoulement des eaux y est empêché. Sur le plateau, le risque d’incendie est accru. Les rats, et d’autres « nuisibles » (goélands, faisans ...) prolifèrent. Les pratiques agricoles étaient et sont toujours garantes de l’ouverture du paysage, de leur pluralité, et par conséquent de celles des milieux et de la biodiversité. Il est important de les soutenir. Un climat doux propice à l’installation de plantes inattendues Parallèlement à cette dynamique d’enfrichement subie, qui participe à l’homogénéisation des paysages, le climat de l’île permet l’installation et la prospérité de plantes exogènes, en particulier de Méditerranée. Le climat bellilois est défini comme océanique. Cependant, il pleut moins que sur le continent, l’ensoleillement y est plus fréquent. Certains étés, l’île connaît une certaine sécheresse. Les hivers sont doux, les gelées très rares. L’ensoleillement, la douceur du climat sont ainsi favorables à l’installation d’eucalyptus, d’oliviers, de mimosas, de tamaris et de chênes-lièges et verts. Introduits par Jean-Louis Trochu, ces derniers se ressèment sur l’île facilement. 1

Passage progressif à l’état de friche, terrain inculte.

Évolution du paysage agricole


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En 20 ans plus de 300 hectares de terres agricoles ont été abandonnés.

Surface qu’occupe les friches à Belle-Île soit 20% du territoire.

Bois

Friches et landes ligneuses

04. Carte de l’enfrichement Évolution du paysage agricole

Haie et bosquets


Problématiques insulaires Au-delà de la quête romantique, et du sentiment d’indépendance, l’insularité ajoute des problématiques nouvelles au développement du territoire. Ces questions sont sociales, urbaines, économiques et questionnent la préservation globale de l’Île.


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La cohabitation sur l’île On dénote principalement 4 types de populations sur ces îles : l’îlien, qui habite sur l’île à l’année, les propriétaires présents de manière plus ponctuelle, possédant un bien sur l’île comme une résidence secondaire, (ils représentent la moitié des habitations présentes sur Belle-Île-en-mer), les vacanciers qui louent un bien ou qui campent, sur des durées de temps variables, et finalement les touristes dits journaliers dont l’affluence se concentre majoritairement durant la période estivale. Ces bouleversement périodiques très net de la population de l’île influence les relations entre ces différents mouvements de populations. De plus, la théâtralisation du pittoresque et du traditionnel rendent d’autant plus difficiles les possibilités d’interactions et forcent ce schéma de division entre locaux et touristes. Avec la baisse de la population locale de l’île (fuite sur le continent des jeunes générations) et le clivage entre les îliens et ceux qui viennent du continent, la modernisation du territoire est de plus en plus difficile, ce qui semble renforcer les revendications identitaires. Une inégale fréquentation de l’île Les grands écarts de populations sur une année empêchent une dynamique économique stable sur l’île. Aujourd’hui les agglomérations cherchent à régénérer une nouvelle attractivité pour revaloriser la vie sur l’île et garantir cette dynamique économique tant sur la période estivale que sur les périodes dites «creuses». Une baisse d’activité et un faible renouvellement des emplois agricoles Apporter des solutions aux problèmes des îliens : le peu de formation, le manque de main d’œuvre qualifié dans le secteur primaire notamment en agriculture.1

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Source : MSA 2017

Problématiques insulaires


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01. Photo d’un hameau Belle-Îlois (Kervin) Problématiques insulaires


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Insularité, vers une économie de moyen Favoriser au maximum l’autosuffisance. Un terroir riche avec un climat doux. Le peuple est fier d’être breton et ont un vrai sentiment d’appartenance. Il s’agit d’une grande région, à l’identité culturelle forte et a un passé indépendantiste très prononcé. Cela peut être très fertile pour développer le territoire comme un lieu d’expérimentation vers une démarche d’autosuffisance. Difficultés liées à la distance La tendance actuelle dans les îles comme au niveau national, est à la baisse du nombre de fermes et d’actifs agricoles. De plus, le contexte insulaire crée des contraintes supplémentaires en grande partie liées à l’accessibilité et à l’attractivité touristique des îles (rétention foncière, micro parcellaire, pénurie de bâti agricole, surcoût lié au transport maritime, isolement économique, réglementations complexes et multiples pour la protection de l’environnement et des paysages…). Tous les coûts sont plus importants que sur le continent en raison de l’importation de nombreuses ressources. Le coût de la vie est donc plus élevé et les habitant comme les entreprises ont plus de mal à s’équiper et a avoir un matériel correct pour respecter les délais et les exigences de qualité en même temps. On note également des complications liées au traitement des déchets, qui sont pour une partie, envoyés sur le continent et une autre enterrés sur l’île. La décharge se trouve d’ailleurs dans une impasse puisque sa capacité d’enterrement des déchets en est à 90%. Besoin de diversité Un besoin de diversité est à remarquer dans plusieurs secteurs, comme celui de l’agriculture, où il serait possible de créer plus de biodiversité sur l’île en proposant d’autre type de culture ou d’élevage. Mais on peut également penser à une offre éducative plus variée et plus riche sur l’île, avec des internats pour des formations supérieures par exemple. Enfin, c’est une diversité architecturale du logement qui devrait se diversifier, avec moins de pavillons et un développement à l’échelle des hameaux déjà existants.

Problématiques insulaires


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ProblĂŠmatiques insulaires



PROJET


Propositions et scénarios Développés en collaboration avec Thibault Mazevet

Pour répondre aux différentes questions soulevées au cours de notre analyse du territoire, nous avons réfléchi à plusieurs programmes qui pourraient interagir entre eux pour proposer une réponse globale et cohérente. Ce site insulaire offre la possibilité d’une réflexion à l’échelle territoriale très riche, plus qu’un simple investissement à l’échelle urbaine.


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Se tourner vers la terre Nous savons que les services rendus par l’agriculture de proximité et respectueuse de l’environnement sont indéniables : emplois pérennes et saisonniers, maintien de la biodiversité des milieux ouverts, entretien des paysages, approvisionnement qualitatif en circuits-courts, lien social et lien à la terre, lutte contre la prolifération des nuisibles… Le projet territorial doit donc permettre de développer l’agriculture sur l’île tout en soutenant les exploitations déjà présentes sur l’île. Dans ce sens, les axes majeurs de réflexion seraient : - Développer l’entraide et continuer à partager les expériences, - Mutualiser des réflexions, des moyens d’animation, des outils, - Diversifier et soutenir les différentes cultures, - Sensibiliser et mobiliser les différents acteurs concernés par l’agriculture insulaire, - Défendre et faire reconnaître les spécificités liées à l’insularité, - Proposer un lieu de médiation pour l’accompagnement des projets agricoles locaux, - Proposer des solutions qui s’intéressent à toutes les étapes du processus agricole, du champ à l’assiette. Une nouvelle centralité Le premier programme pour répondre à ces enjeux est le Centre Agricole. Il s’agit d’un lieu de formation, de partage, d’interaction et d’entraide entre futurs agriculteurs et agriculteurs îliens. Ce bâtiment propose une nouvelle centralité pour les agriculteurs de l’île. Ce Centre Agricole apparaît comme un véritable soutien à la filière, comme une plateforme totalement nouvelle par la multiplicité de services qu’elle propose. Le choix du site se justifie par la proximité et la centralité qu’il a par rapport aux exploitations de l’île. L’idée serait de réunir en un point un lycée agricole, un lieu d’interaction entre agriculteurs et futurs agriculteurs, un espace associatif pour le Réseau Agricole des Îles Atlantiques (RAIA), un magasin de producteurs, des ateliers et de l’équipement à disposition pour les agriculteurs (Agropartage), un internat et de nouveau lieu de culture en lien avec l’école (ferme expérimentale). Propositions et scénario


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Terre Agricole

Exploitations

Projets

01. Carte des projets / Carte des axes entre projets Propositions et scénario


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Une nouvelle culture Le second projet vient également répondre à la fois aux exigences mises en lumière, tout en résonance avec le premier projet : par la création d’une nouvelle exploitation agricole, et en s’attachant cette fois de manière directe à la culture de la vigne. Locmaria est la commune de Belle-Île la plus touchée par le phénomène d’enfrichement. Les friches occupent 20% de son territoire (2000 ha), soit 416 ha. Le nombre d’exploitations agricoles sur la commune a très nettement diminué et la difficulté de regrouper des entités parcellaires cohérentes existe. Pour ces raisons, elles n’ont pas trouvé de repreneurs et n’ont pas encore permis d’installer des exploitations. Ce nouveau projet de Chai viticole vient répondre à cette situation d’enfrichement en s’enterrant au sein même de ces terres abandonnées pour leur offrir un second souffle. Face aux difficultés rencontrées par les agriculteurs et cette dynamique d’enfrichement, les élus des 4 communes accompagnés du Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement élaborent un programme d’actions. Il vise par la mise en place d’une politique foncière, à participer au maintien et à encourager le développement de l’agriculture insulaire (consolidation des exploitations en place, anticipation des transmissions, installation et diversification de la production). Comités agricoles, groupes de travail thématiques, réunions publiques, ateliers de paysage ... permettent de mener le projet en concertation avec les agriculteurs, les propriétaires fonciers et les citoyens. Les friches représentent une marge de manœuvre pouvant motiver de nouvelles économies notamment agricoles. De leur réappropriation, dépendent de nombreux enjeux. À la fois, paysagers, environnementaux, sociaux et économiques. La (ré) implantation de vignes à Belle-Île est une initiative que les élus ont abordée à différentes reprises, lors des comités agricoles, et qu’ils soutiennent. Elle répond notamment à leur intention de diversifier sur l’île les productions avec une attention portée à leur qualité et au respect de l’environnement.

Propositions et scénario


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Champs cultivable

Salle de Classe Ateliers

Cuve à grains

Serre

Centre Agricole 1 Halle de marché Internat

Garage à Engins

Self Cuverie Cave

2

Chai Viticole

Entrepôt

Semis

Main d’oeuvre

Échange 1 Technique RAIA

Salle de dégustation

Équipement agricole

Savoir Commercial

Restaurant

Outils

Associatif

Population

Flore

Profession

2

Emplois

Réintroduction

Culture

02. Propositions et scénario

Biodiversité


Nouvelle diversité agricole - le Chai Viticole Le projet, à l’initiative de Bertrand Malossi, directeur d’exploitation du Domaine de la Vallongue, dans les Alpilles, est de relancer la culture de la vigne à Belle-Île et de produire un vin haut de gamme et biologique. Il s’agit pour se faire de développer un vignoble d’une vingtaine d’hectares, sur des terrains propices à la culture de la vigne dans le hameau de Port Coter, dans l’agglomération de Locmaria, par la création d’un Chai vini-viticole.


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La culture de la vigne Le chai viticole est la seconde intervention que nous développons dans ce Projet de Fin d’Étude.On attribue au domaine viticole l’ensemble des activités consacrées à la production du vin : de la culture de la vigne (viticulture) à la fabrication du produit (viniculture). Il est généralement constitué d’un ou plusieurs vignobles et d’un chai, où se déroulera l’ensemble du processus de vinification. Un chai est un ensemble dont la fonction est essentiellement industrielle : il abrite les salles de fermentation et les souterrains où sommeille le vin. Cet ensemble a, de tout temps, été soigneusement dissimulé dans les caves sombres des châteaux ou dans les cavités situées sous les fermes agricoles. Ces espaces enterrés, nés pour la plupart de solutions constructives, offrent des conditions idéales à la vinification (pénombre, température mesurée, isolation). Pour reprendre les mots du philosophe Gaston Bachelard : « Le vin est un corps vivant où se tiennent en équilibre les esprits les plus divers, les esprits volants et les esprits pondérés, conjonction d’un viel et d’un terroir » 1 Compte tenu de la fragilité de son équilibre, le vieillissement du vin requiert une attention particulière : l’ensemble des phases du cycle de production exige une grande maîtrise des paramètres physico-chimiques de l’espace (gestion de la température, de l’humidité, mesure précise des entrées d’air, de la lumière...), soit toutes les qualités que confère naturellement le caractère enterré du chai. Il s’agit, par ce Projet, de venir questionner un modèle architectural séculaire, en venant s’appuyer sur la diversité agricole de l’île. De ce fait, nous répondons aux nouvelles exigences territoriales en réinsérant dans l’île un ancien mode de culture, tout en redéfinissant les normes qui ont toujours dicté ces derniers de manière a optimisé notre intervention.

1 BACHELARD, Gaston. « Le Vin et la Vigne des Alchimistes », La Terre et les Rêveries du Repos. Librairie Jose Corti, 2004, op.cit. p.361.

Nouvelle diversité agricole - le Chai Viticole


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Haie de pins de Monterey

Village de Port Coter Parcelle ZS123

Bosquets de Cyprès de Lambert Parcelle ZS10 Village de Borvan

Sentier Côtier

01. Photos du site de Port Coter Nouvelle diversité agricole - le Chai Viticole


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Histoire de la vigne à Belle-Île, une culture réintroduite Il est effectivement intéressant de rappeler que de la vigne a déjà été cultivée sur l’île. On attribue à Nicolas Fouquet l’implantation de la vigne à BelleÎle. De nombreux essais de vignobles ont été menés depuis le 18e siècle. Notamment : - au domaine de Ros-er-Rosen, proche de l’actuel hôpital, - au Clos de Beausoleil, - à Port Coter, sur des surfaces relativement importantes pour l’époque, - sur les coteaux de Chubiguer, - à Magouric, à la fin du 20ème siècle mais les pieds de vigne ont été arrachés à la mort du propriétaire. L’essai de Géographie sur Belle-Ile-en-Mer de 1903 de M. Badeceau fait état de ces expériences viticoles : « Si l’on considère d’une part l’excellente exposition de certains coteaux des vallons, et, d’autre part, la moyenne de la température de l’automne, sensiblement plus élevée qu’à Nantes, on serait tenté d’encourager ces essais persévérants ; mais il ne faut pas perdre de vue que les étés, [...], ne sont jamais très chaud et que la température, bien qu’elle se maintienne à un degré moyen élevé, pendant la période de végétation de la vigne, subit de grandes variations, d’un jour à l’autre, et souvent dans le cours d’une même journée. Ces conditions météorologiques expliquent pourquoi le raisin ne mûrit pas tous les ans et pourquoi l’époque des vendanges est toujours tardive ». Avec ce projet de chai, nous voudrions faire renaître une culture oubliée, tout en favorisant la production et la transformation locale des matières premières, une autre demande formulée par le PLU de la commune. Les modes de culture Les modes de culture génèrent des axes qui ont permis l’orientation et la structure du projet pour une intégration plus juste à l’échelle territoriales : Les vignes seront conduites en agriculture biologique, selon un palissage en lyre. Ce type de palissage permet grâce à l’inclinaison et au dédoublement du rang une meilleure exposition et aération et une densité plus faible des plantations à l’hectare. Il induit donc un écart plus important de 3 mètres entre les rangs conduisant une trame constructive envisageable pour l’insertion du projet. Nouvelle diversité agricole - le Chai Viticole


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02. Coupes du palissage en lyre de la vigne Nouvelle diversitĂŠ agricole - le Chai Viticole


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Choix du site Plusieurs sites ont été sélectionnés par le mandataire pour répondre à la demande de ré-insertion de culture vini-viticole sur l’île, à la pointe du Skeul, proche du village de Port Coter (les parcelles ZS123 et ZS10). Leurs qualités géologiques et l’ensoleillement en font de très bons espaces de culture pour un cépage de blanc, dit résistant et permettent une culture biologique. Ces deux sites accueilleront respectivement 8,8 ha et 4,2 ha de rangs de vignes, en palissages en lyres. Le village de Port Coter est constitué d’une ancienne longère, probablement corps de ferme, et de maisons individuelles entourées de leur jardin. Le bâti n’est pas aussi « ramassé » que dans de nombreux autres villages bellîlois. Il y a également un faible nombre de cultures recensées dans ce secteur d’étude. Notre zone d’implantation est déterminée par les relations entretenues avec le hameau de Port Coter. Le gabarit dessiné par ce hameau va définir la limite constructive du projet afin de s’intégrer au mieux au village voisin. Un programme sensible Concevoir un chai viticole impose une réflexion sur la viticulture, mais également sur la vinification. Elle induit à la fois la protection des étapes de fabrication (isolation mesurées des étapes dites fragiles comme la conservation du produit par exemple), mais également la pensée des espaces d’échanges (passage du produit d’une étape de fabrication à l’autre, mise en bouteille), ainsi que les espaces de visite (dégustation, laboratoires, espaces de vente ou d’exposition). Le chai induit une gestion des qualités d’espace et d’isolation très précises. Il s’agit par définition d’un programme très riche en terme de composition et d’agencement des espaces entre eux, entre technicité et sensibilité.


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~ 3 ha ZS11 ZS124 ~ 6 ha ~ 1 ha ZS10 ZS123 ~ 3 ha

03. Parcelles retenues pour le projet Nouvelle diversitĂŠ agricole - le Chai Viticole


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Tramage des rang de ceps de vigne

Relations avec le hameau de Port Coter

Voiries et accessibilité

Zones construites et zones plantés

04. Définition de la zone construite Nouvelle diversité agricole - le Chai Viticole


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05. Plan de situation 1.5000 Nouvelle diversitĂŠ agricole - le Chai Viticole


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La racine du projet Je m’intéresse à la structure du programme de chai du fait de son rapport au sol, et sa fonction de transformation d’une matière première en produit fini. Au-delà des caractéristiques fonctionnelles et pratiques que requiert un chai, j’ai basé ma réflexion sur la plante, la vigne, en tant que matière première du vin mais également de l’essence de l’objet architectural. J’ai beaucoup réfléchit sur la question de l’émergence et de la gravité (poids du sol), pour l’appliquer de manière mesurée et logique à certaines fonctions et certains espaces dans la composition du projet. De là, j’ai mis le doigt sur une analogie entre Architecture et Viniculture : Là ou la viniculture repense la matière première (culture de la vigne) et la transforme en produit fini (vinification, vin), l’architecture transforme la terre pour bâtir l’abri (le chai). Cette analogie renvoie probablement aux problématiques soulevées par les artistes sculpteurs du Land-Art. L’approche architecturale qui consiste à créer l’espace par l’extrusion de la matière, rejoint les idées du Land-artist et ses préoccupations particulières vis-à-vis du sol. Le Land-Art ne semble pas constituer un courant artistique au sens propre, mais plus une pensée collective d’artistes de divers horizons, éveillée par la force de l’alliance art - nature. Il s’agit également d’un retour à l’origine profonde de l’œuvre, ce qu’Heidegger nome l’essence 1, qui précède et rend nécessairement possible l’existence de celle-ci : reprendre racine dans cette nature qui nourrit, au-delà de la simple inspiration, le projet. Ainsi, c’est au milieu de la nature que l’artiste et l’architecte vont travailler (d’où la notion d’in situ), pour rendre la création vivante, en harmonie avec son contexte. Dans la nature, tout émerge du sol et va vers la lumière, phénomène répondant à des lois et forces qui ne se limitent pas seulement à la gravité. On distingue donc les forces qui s’appliquent aux parties émergées, dont la gravité est la composante principale, des forces appliquées aux parties souterraines, où les poussées exercées par le sol s’ajoutent à la pesanteur. L’idée est de réussir, à partir de cette phrase, à concevoir une structure qui fasse écho à la relation organique entre l’architecture et la viticulture. « Je vois le ciel accoster la terre sur la ligne d’horizon. Au-delà de ce découpage élémentaire, je voudrais discerner la part du ciel qui entre en terre. Par ce regard tendu je mets un comble à l’imagination de leur contact et, progressivement, je perds l’illusion des partages trop clairs, illusion qui durcit la surface des choses, les enferme dans un contour et fait croire à leur juxtaposition. 1

HEIDEGGER, Martin. Essais et Conférences, Gallimard, coll. Tell (N52), 1980, 378p.

Nouvelle diversité agricole - le Chai Viticole


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06. Plan de masse 1.1000 Nouvelle diversitĂŠ agricole - le Chai Viticole


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Mon insistance creuse la ligne, et l’horizon, que je voyais jusque-là comme le simple profil de la terre sur le ciel, vibre... De l’épaisseur s’immisce à l’interface de ces deux mondes. »2 « In Situ » En Latin, In situ est une locution qui signifie «en place», utilisée pour désigner une opération conçue pour l’endroit où elle se situe. En Art contemporain, elle désigne une œuvre qui prend en compte le lieu où elle sera par la suite installée. L’intérêt est alors de créer une corrélation invariable, un rayonnement équilibré entre l’œuvre et son contexte. L’architecture entent nécessairement la réciprocité de l’ouvrage au site, attirant cette même notion d’in situ : elle est pensée pour le lieu où elle s’inscrit, et cherche également cette résonance avec l»ensemble des éléments qui compose son contexte. Cette réflexion sur la situation d’une œuvre induit ici un sens puissant et singulier dans un projet de chai, et du paysage dans lequel il s’inscrit, véritable allégorie de l’appel à la terre. Une figure biomimétique La figure du projet imite techniquement le processus mis en œuvre par la vigne, à plusieurs échelles. D’une part à l’échelle territoriale par la prise en compte dans la composition du projet, de l’installation du vignoble, et d’autre dans l’organisationmême du bâtiment en terme d’usage, par l’imitation de la plante en ellemême. En effet, le projet est composé d’un axe central qui irrigue plusieurs unités fonctionnelles autonomes et indépendantes les unes des autres. La communication entre ces unités, induite par les différentes ramifications de cet axe central, permet l’unité et le fonctionnement de l’ensemble du chai. Le poids de la terre Toutes les parties enterrées du programme répondent à un évidemment du sol, pour créer du vide fonctionnel, non pour y rajouter de la matière. L’économie de moyen réside dans le creusement rationnel du sous-sol, pour générer de la fonction, tout en révélant la masse structurelle qui tient le vide fabriqué. C’est également une manière d’interroger la tension qu’exerce la masse avec son sol. La gravité caractérise ce qui a un poids, cette force qui entraîne les corps vers le centre de la terre. 2

CORAJOU, Michel, « Le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent », 2014

Nouvelle diversité agricole - le Chai Viticole


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Nouvelle diversitĂŠ agricole - le Chai Viticole


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La matérialité, le site Compte tenu de cette notion d’In Situ, très présente dans la réflexion de l’ensemble du projet, la matérialité joue un rôle majeur. L’In Situ est transposé en construction, l’idée étant de réutiliser la matière enlevée par évidemment du sous-sol pour l’intégrer à la construction du chai par le biais de la matérialité. La situation insulaire impose l’importation de tout élément nécessaire à la construction. C’est pourquoi il semble judicieux d’utiliser la terre du sol comme composant du béton. Un sol argilo-calcaire est idéal pour un béton de site. Il pourrait également être intéressant d’utiliser la terre comme coffrage pour les murs périphériques du chai. Programme -Stockage : (tonneaux, bouteilles, foudres…) visitable par les habitants pour créer un lien entre les habitants et les produits -Production : Salle des machines (pressoir, distillation, machines à étiqueter, mise en bouteille…) accès facilités entre le transport du raisin et son pressage. - Logistique : machine d’exploitation de la vigne / Véhicules - Rencontre : Professionnel (négociations, business, travail), Accueil / réception, Dégustation / boutique / bar - Espaces extérieurs (indéfini ? espace de dégustation du vin avec des invités, espace pouvant servir au déjeuner/dîner lors des vendanges?) - Sanitaires (douches, WC, vestiaires) - Laboratoire

Nouvelle diversité agricole - le Chai Viticole


élaboration

réunion

dégustation CIEL

elevage en fût de chêne

Entrée du raisin

73 debourbage

VINIFICATION

ACCUEIL ET VENTE

Pressurage

DEGUSTATION ET CAVE A BOUTEILLE

RESTAURANT

Entrée du raisin debourbage

fermentation alcoolique et malolactique

Pressurage

passerelle supérieure cuves

fermentation alcoolique et malolactique

soutirage et viellisement

soutirage et viellisement

mise en bouteille pour vente

mise en bouteille pour vente

laboratoire

uves et mentation stockage en fût

Entrée du Réception du raisin Entrée du raisin Réception du raisin

Pressurage et mise en cuves pour débourbage (clarification moûtenpar élimination des bourbes) Pressuragedu et mise cuves pour débourbage (clarification

raisin

du moût par élimination des bourbes)

espace semi-exterieur

toilettes et vestiaire

salle de dégustation

Fermentation alcoolique en cuve Fermentation alcoolique en cuve

cave à vin

cave Vente

Mise en bouteille et stockage

cave

Mise en bouteille et stockage

Vente

MISE EN BOUTEILLE

VINIFICATION

ACCUEIL ET VIELLISSEMENT

DEGUSTATION ET CAVE A BOUTEILLE

RESTAURANT

toilettes terrasse du restaurant

Accueil et réunion

RAMPE

CIEL

CIEL

TERRE

TERRE

réception du raisin pressurage et erraflage Entrepôt machine et engins

passerelle supérieure cuves

elevage en fût de chêne

cave à vin

Cûves en béton

elevage en foudre de chêne

distribution et embouteillage

restaurant

salle de dégustation

07. Système gravitaire de la vinification / Cheminement du raisin / Organigramme Nouvelle diversité agricole - le Chai Viticole

RAMPE


Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole Développé en collaboration avec Thibault Mazevet - Interrompu en Mars 2020

Le Centre Agricole, prend vie dans l’agglomération de Le Palais au carrefour de toutes les exploitations agricoles de l’île, et vient raisonner avec toutes les organisations agricoles insulaires. Ce programme répond aux nombreux problèmes liés au développement de l’agriculture à Belle-île ainsi que sur les îles du Ponant. Une école, de l’agro-partage, une plateforme associative, des ateliers, une serre et une halle de marché se retrouvent en un seul programme.


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Des problématiques territoriales... Au quotidien, les agriculteurs et les porteurs de projets sont confrontés à de nombreuses difficultés dont voici quelques exemples : - Les organismes professionnels agricoles se trouvent sur le continent. Cet éloignement engendre une méconnaissance des problèmes spécifiques insulaires et parfois une incompréhension des besoins des agriculteurs. Ces derniers subissent alors un isolement social et économique. - Acheminer des fourrages en cas de pénurie, des matériaux de construction pour l’entretien des bâtiments, faire réparer son matériel chez les concessionnaires qui se trouvent sur le continent… les agriculteurs subissent un surcoût lié au transport maritime et des contraintes organisationnelles en comparaison à leurs paires du continent. - L’accès au foncier est complexe et difficile. La rétention foncière due à la spéculation est forte. Elle s’accompagne souvent d’une réticence des propriétaires à signer des baux ruraux. - Réunir des îlots de culture ou de pâture est bien souvent le parcours du combattant au vu du morcellement du parcellaire. Face à cette multitude de micro parcelles et sans médiation ni outil de gestion collective du foncier, les agriculteurs ont du mal à constituer des unités cohérentes et suffisamment grandes. - En conséquence, les friches se développent en zone agricole et favorisent la prolifération d’espèces végétales envahissantes et de nuisibles (rats, faisans, lapins, sangliers…) qui entraînent la dégradation des cultures. - Il y a pénurie de bâtiments agricoles, car nombreux sont ceux qui connaissent un changement de vocation vers du logement notamment. Or construire en zone agricole est complexe du fait de règlements d’urbanisme de plus en plus contraignants pour justement préserver les espaces agricoles et naturels… - La Loi Littoral implique une obligation de construire à moins de 50 mètres de bâti déjà existant alors que s’y concentre une forte rétention foncière. Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


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01. Site choisis Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


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- Les îles, aux enjeux paysagers et environnementaux forts, sont protégées par de nombreuses réglementations. Or, l’agriculture permet bien souvent de participer à l’entretien et à la dynamique de ces écosystèmes protégés, notamment par les activités pastorales ou salicoles. ...Le Centre Agricole comme réponse. Économique - Accompagnement des agriculteurs en place vers l’agro-écologie. - Approche filière et sur le long terme. - Agriculture à haute valeur ajoutée. - Rémunération juste des producteurs. - Développement de l’emploi à l’année. - Complémentarité avec l’économie touristique. Environnementale - Entretien des paysages. - Maintien de la biodiversité des milieux ouverts. - Qualité des produits et santé humaine. - Lutte contre les nuisibles et espèces envahissantes. Sociale - Liens entre consommateurs, producteurs et acteurs locaux. - Tissu rural dynamique. - Démarche fédératrice et solidarité. - Concertation. Le projet Le site est une grande parcelle agricole, au carrefour d’une zone industrielle, d’un collège, d’un supermarché, d’un apiculteur et d’une «Ressourcerie» associative Emmaüs. Cette parcelle, à l’horizon 2025, sera préemptée par la mairie, afin de créer une nouvelle route la traversant. Nous avons choisi cette parcelle, abandonnée des agriculteurs, du fait de sa centralité, pour lui redonner un nouveau rayonnement par l’implantation du programme de Centre Agricole. Composé de deux bâtiments, le Centre Agricole et une serre / halle de marché. Autour des bâtiments, se trouvent les champs cultivés par les étudiants. Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


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Ville historique

Zone habitée Zone industrielle

Zone boisée Cours d’eau

Culture agricole

Zone industrielle

Supermarché U

Collège Apiculteur d’abeille noir Ressourcerie Emmaüs

Bâtiment remarquable

01. Plan de situation paysager / Plan de situation des équipements scolaires et commerciaux Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


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AA’

BB’

CC’

DD’

Nouvelle route crée par la mairie de Le Palais d’ici 2025

Centre Agricole

Serre et halle de marché

03. Coupes AA’, BB’, CC’, DD’ / Plan de masse Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


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CC’ BB’ DD’

AA’

04. R+1 au 1. 100 / Rez de chaussée au 1.100 Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


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CHAMBRE 237

05. Vue depuis le préau / Vue de la courcive de l’internat / Vue depuis la terrasse du réfectoire Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


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Proposition de site Belle-Île-en-Mer Le Palais Proposition de site Projet : Formation supérieure Belle-Île-en-Mer Surface : 82 230 m2 Le Palais Vue satellite Projet : Formation supérieure Surface : 82 230 m2 Vue satellite

06. Axonométrie éclatée du Centre Agricole / Dessins d’intention Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


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Programme -Entrepôt de machine et semences pour les agriculteurs de l’île - Formation agricole, horticole, viticole, apicole/floricole et paysagère - Une serre horticole - Une pépinière hors-sol en plein air - Une grande parcelle en pleine terre en pleine air (1ha) - Une zone humide plantée d’arbre a grand jet - Un verger - Un jardin pour travaux paysager - 1 espace d’art floral - 1 atelier floral - 1 atelier pépiniériste - 1 atelier pour outils - 6 salles de cours 20-30 m2 - 1 Amphi de 60 places accessible depuis l’espace public - 1 lieu de marché

Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


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06. Plan de la serre / AxonomĂŠtrie de la serre / Coupe de dĂŠtail de la serre Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole


À travers champs - balade des projets par le promeneur Développé en collaboration avec Thibault Mazevet

La dernière proposition est une balade, qui lie tous les projets. Cette balade, n’est pas à proprement « tracée » ou figée, il s’agit d’une marche libre à travers le territoire, en passant par les chemins en terre, les routes, les parcelles fauchés. Ce sentier intérieur vient résonner avec le sentier côtier et propose une autre interprétation du territoire nouvelle : des perspectives lointaines sur la mer, les plaines agricoles intérieurs, la lande et enfin les projets architecturaux que nous avons développé et qui viennent ponctuer ce nouveau territoire. Chaque projet a été pensé comme ouvert et accessible au promeneur. Sans clôture, «openfield», à champs ouverts. Le marcheur peut ainsi prendre une passerelle (Centre Agricole), marché sur le toit (Chai Viticole), et traverser le projet comme une suggestion d’étape.


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Une île tournée vers la mer Le sentier côtier est un incontournable de l’île, et de nombreux visiteurs et promeneurs viennent du continent pour faire cet impressionnant tour de l’île. En comparaison, l’intérieur de l’île attire moins de promeneurs malgré la force de l’aménité paysagère de ce territoire. Appréhender l’architecture, et le paysage auquel elle fait face Ce contraste étonnant nous a amené à penser le chemin comme une nouvelle suggestion de terres. Nous avons développer chacun des projets avec une dimension publique et très ouverte sur le territoire, en corrélation avec cette promenade. L’idée était d’offrir la possibilité d’entrevoir la vie dans chacun des bâtiments sans nécessairement y prendre part. C’est dans un esprit de lisibilité que la passerelle du Centre Agricole relie la serre/halle avec les jardins de l’école en passant au-dessus de la route et en traversant les champs cultivés par les étudiants. La traversée de ces champs permet l’accessibilité au barrage hydraulique de l’île, lieu peu touristique, mis à ce jour en valeur par la présence du projet. En ce qui concerne le Chai viticole, le toit praticable permet la découverte de certains éléments découverts non-sensibles de la fabrication du vins (patios, cours, puits de lumière sculptés), ainsi que l’appréciation du paysage lointain à la manière d’un belvédère sur le territoire. L’architecture « subterraine » apparaît comme des Dolmen breton, où les effets de masse, les passerelles et les garde-corps dessinent un parcours libre pour découvrir chaque élément de l’ensemble.v

À travers champs - balade des projets par le promeneur


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01. Le sentier côtier / Les sentiers intÊrieurs, et ces À travers champs - balade des projets par le promeneur


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ÉTUDE

Propositions et scénario 04 Vers une diversité agricole - le Chai Viticole 05 Transmission, autosuffisance et avenir - le Centre Agricole 06 A travers champs - balade des projets par le promeneur 07

Huchon Victor Covid -19

Rapport de PFE ~ 2019.2020 Bernard Desmoulin ~ Didier Laroque

A la découverte de Belle-Île-en-Mer 00 Un bref regard sur l’architecture 01 Enjeux et évolution du paysage agricole 02 Problématiques insulaires 03

PROJET

ENSAPVS DE : 2 . Ecologies

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