Eglise d'Octeville

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la tente de Dieu au milieu des maisons des hommes Suite à l’importante croissance démographique du début des années 60, la ville d’Octeville lance en 1964 la construction, sur le quartier des Provinces, du premier grand ensemble d’habitat social de la Manche. Ce phénomène fait également réagir les autorités de l’Eglise catholique qui lancent la construction de plusieurs édifices : l’église SaintMichel des Rouges Terres (La Glacerie), l’église Notre-Dame des Flamands (Tourlaville)… Lancée en 1967, la construction de Saint-Pierre Saint-Paul bénéficie des réflexions du concile Vatican II (1962-1965) qui préconise une harmonie plus grande entre culture et christianisme. «Il faut faire en sorte que ceux qui s’adonnent aux arts se sentent compris par l’Eglise […], écrivent les Pères conciliaires. Que les nouvelles formes d’art qui conviennent à nos contemporains […] soient aussi reconnues par l’Eglise». Parallèlement, le théologien Yves Congar lance plusieurs appels aux bâtisseurs d’églises. «L’église n’est pas la maison du curé ou du clergé, elle est le lieu de rassemblement et de constitution du peuple de Dieu, écrit-il en 1947. Elle doit être un lieu où se réalise d’une façon spéciale la présence de Dieu parce qu’on y est disposé à s’approcher de lui». La conception de l’église Saint-Pierre Saint-Paul, confiée à Paul Vimond, premier grand prix de Rome en 1949, répond à ces nouvelles prérogatives : la nef, de 700 places, s’agrandit progressivement en se rapprochant du sanctuaire, éclairé par une flèche lanterne. Et si sa forme de coque renversée lui donne un caractère propice au recueillement, à l’extérieur, sa forme de tente fait référence au prologue de l’évangile de saint Jean (1,14) : «Et le Verbe s’est fait chair et il a établi sa tente parmi nous».

Un patrimoine cultuel varié

Eglises d'

Au cours de la dernière décennie du XXe siècle, l’édifice s’est vu attribuer un complément de mobilier : des statues de faïence blanche, production de l’ordre du Carmel d’Avranches ; trois icônes représentant les apôtres Pierre et Paul entourant le Christ, peintes par Eva Vlavianos ; et surtout un orgue d’esthétique espagnole, très rare en France, construit en 1999.

After the important demographic growth in the 1960’s, the town of Octeville started in 1964 the construction of the first Grand ensemble of social housing in the Manche. At the same time, the catholic authorities also start building new churches to welcome this growing population. Among them, the Saint-Pierre Saint-Paul church. Started in 1967, this edifice benefited from the thoughts of the Vatican II council which recommended a better harmony between culture and Christianity. It also follows the prerogatives which stipulate that churches should gather the people of God : the nave can welcome 700 persons, its shape favours meditation… Do not miss the Spanish organ, very rare in France, and built in 1999.

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Renseignements pratiques

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Centre paroissial au 02 33 53 15 05 saintsauveur.paroisse94@gmail.com

Eglise Saint-Martin - Rue du Général de Gaulle L’église Saint-Martin est ouverte tous les jours de 8h à 16h30. Entrée libre. The Saint-Martin church is opened everyday from 8am to 4.30pm. Free entrance. Eglise Saint-Pierre Saint-Paul - Avenue de Normandie L’église Saint-Pierre Saint-Paul est ouverte aux horaires des offices. Entrée libre. The Saint-Pierre Saint-Paul church is only opened during services. Free entrance.

Chapelle Saint-Barthélemy

Photos : JM Enault, Ville de Cherbourg-Octeville - Imprimé sur papier recyclé

Saint-Pierre Saint-Paul :

Par ailleurs, ce lieu de culte est aussi un centre paroissial : le rez-de-chaussée abrite plusieurs salles de réunion, la plus grande pouvant faire office de chapelle. Sur les grandes baies, les vitraux de François Chapuis sont réalisés en polyester.

Chapelle Saint-Barthélemy - Rue Barthélemy Picquerey La chapelle Saint-Barthélemy est ouverte tous les mercredis à partir de 18h30 ainsi qu’un samedi soir sur deux. Entrée libre. The Saint-Barthelemy chapel is opened every Wednesday at 6.30pm as well as every two Saturdays. Free entrance. Les églises Saint-Martin et Saint-Pierre Saint-Paul et la chapelle Saint-Barthélemy sont des lieux de prière et de recueillement, merci d’y respecter le silence, notamment pendant les offices.

Eglise Saint-Pierre Saint-Paul

The Saint-Martin and the Saint-Pierre Saint-Paul churches and the Saint-Barthelemy chapel are places of prayer and meditation. Please stay quiet, especially during the services.

Eglise Saint-Martin Textes partiellement extraits de Eglises et chapelles de Cherbourg-Octeville, Art de Basse-Normandie n°130.

Eglises d'


Saint-Martin d Octeville : un joyau roman dans la Manche A la fin du XIe siècle, l’abbaye de Lessay exerce un rayonnement fort sur toute la région au nord de Coutances. Une influence qui explique l’origine architecturale de l’église Saint-Martin. En effet, ce sont les constructeurs de l’abbaye de Lessay qui inventent, à la fin du XIe siècle, la croisée d’ogives. Cette innovation consiste à ériger des voûtes qui reposent non pas directement sur des murs, mais sur des ogives croisées convergeant vers des piliers. La poussée n’est plus répartie tout au long du mur, mais concentrée sur un point au sommet du pilier. Le mur n’est donc plus porteur et peut être évidé, pour placer des vitraux, par exemple. Plus de vingt ans avant son utilisation courante, cette technique est appliquée à huit églises rurales de la Manche, dont Saint-Martin d’Octeville.

One of the particularities of the Saint-Martin church is the early use of the ribbed vault. The analyses of the sculpted décor show that the construction of the apse, the choir, the transept, the church tower and a part of the nave go back to the 12th century, probably between 1130 and 1150, around 20 years before the spread of the ribbed vault. The rest of the church was built after 1730 : the nave was extended from 7 to 16 meters at that time, the gallery was built in 1853 to welcome a growing population… Several restoration campaigns also took place during the 19th and 20th centuries : installation of a new altar, creation of the actual vault…

L interieur <

La nef Par contraste avec le chœur richement orné, la nef et son transept, reconstruits au XVIIIe siècle, paraissent sobres et lisses. Certains éléments méritent cependant le détour. A commencer par les deux pierres tombales à croix nimbée, scellées de chaque côté de la porte nord de la nef. Si leur origine est aujourd’hui encore controversée, on peut cependant affirmer que toutes les deux ont été placées là lors de réfections. L’effigie de saint Sébastien, datant du début du XIXe siècle, est attribuée à Armand Fréret, tout comme la statue en bois peint de la Vierge et l’Enfant. De chaque côté de l’entrée du chœur se dresse une statue du XVIIIe siècle : saint Martin en évêque et saint Laurent, deuxième patron de la paroisse.

L’analyse de ses décors sculptés indique que la construction de l’abside, du chœur, du transept, de la tour clocher et d’une partie de la nef remonte au XIIe siècle, sans doute entre 1130 et 1150, le reste datant d’après 1730. En effet, un relevé réalisé en 1716-1718 montrant que la nef et la charpente du chœur menacent de ruine, curé et paroissiens unissent leurs efforts pour refaire les lambris, et en profitent pour agrandir la nef de 7 à 16 mètres. Suite à sa destruction partielle pendant la Terreur, aménagements et embellissements se prolongent pendant le XIXe siècle : construction de la tribune en 1853 pour accueillir une population croissante, réalisation des voûtes des chapelles et du Christ du transept et création de l’autel de Saint-Sébastien en 1855. Parallèlement, les campagnes de restauration se succèdent. Celles de l’artiste cherbourgeois Armand Fréret, au début du XIXe siècle, ne donnent pas entière satisfaction : Charles de Gerville estime, lors d’une visite en 1818, que «le chœur, qui était un morceau curieux d’architecture romane très écrasée, a été tellement dénaturé sous prétexte de restauration qu’il serait difficile de s’y reconnaître». D’autres réparations s’avèrent indispensables : en 1883, la toiture du clocher s’envole et celles de la sacristie et du chœur sont enfoncées et brisées. Face à l’accroissement de la population, un projet d’agrandissement de l’église est lancé au début du XXe siècle mais la guerre de 1914-1918 ne permet pas de concrétiser. En revanche, dans les années trente, le chœur et la nef subissent d’importantes transformations : installation d’un nouvel autel, suppression des stalles (ces grands sièges en bois installés dans le chœur et réservés au clergé) et création de la voûte actuelle. En 1943, le clocher, le chœur et l’abside sont classés au titre des Monuments Historiques. Les vitraux ont, quant à eux, disparus pendant les combats de la Libération. Ceux actuellement en place sont l’œuvre du verrier cosquevillais, G. Bourget.

la Cène, placé aujourd’hui devant l’autel. Jésus et ses apôtres, figés et hiératiques, se serrent derrière une table garnie de pains et de récipients. Outre le Christ, au centre et de taille supérieure, on distingue à sa droite saint Pierre, dominé par son imposante clef, et, à sa gauche, Judas qui pose la main sur la coupe. Le traitement sommaire des visages est similaire à celui des masques visibles sur les chapiteaux voisins.

In contrast with the choir and its rich ornaments, the nave and the transept, rebuilt during the 18th century, appear sober and smooth. Nevertheless, several elements are worth a detour : the two tombstones sealed on each side of the northern door of the nave, the 19th century saint Sebastian statue and the two 18th century statues installed on each side of the choir and representing saint Martin as a bishop and saint Laurent. < Le

chœur

Une des particularités de l’église Saint-Martin est son chœur entièrement voûté : l’enchaînement des arcs doubleaux, d’ouest en est, contribue ainsi à créer un effet de perspective. Cet effet est renforcé par la diminution progressive de la dimension des colonnes et des distances entre les piliers. De même, la construction, contre le mur concave de l’abside, de deux petites colonnes à chapiteaux renforce cet effet. Bien que lacunaire, le décor comprend d’intéressantes sculptures complétées jadis par un apport de polychromie, dont il ne reste que quelques aplats rouges et bleus. Les chapiteaux soutenant l’arc de l’abside reprennent un thème fréquent de masques anthropomorphes aux angles. Mais l’art des sculpteurs d’Octeville se remarque surtout sur un petit relief en pierre calcaire représentant

Do not miss the small stone sculpture representing The Last Supper and installed in front of the altar : the basic treatment of the faces is similar to the one of the masks on the surrounding capitals.

L exterieur <

La tour-clocher

Une des originalités de l’église Saint-Martin est son étrange tour-clocher octogonale. A l’origine, au XIIe siècle, celle-ci était coiffée d’une toiture pyramidale. Vers le XVIe siècle, elle fut surélevée et coiffée d’un toit à deux versants inclinés. A noter, la présence d’un cadran solaire sur un des angles de la façade ainsi que les décors géométriques ornant les arcatures des ouvertures de chaque pan de l’octogone.

One of the originalities of the Saint-Martin church is its strange octagonal church tower. Built in the 12th century, it used to be covered with a pyramidal roof. Around the 16th century, it was raised and the roof changed to two slopes. <

L’abside

L’abside a toujours sa disposition primitive du XIIe siècle. En témoignent les fenêtres étroites et surtout la belle suite de modillons (ornements répétés sous la corniche), décorés de motifs géométriques, de masques d’animaux, de figures grimaçantes… Parmi ceux-ci, un remarquable centaure sagittaire.

The apse still has its 12th century original disposition with narrow windows and the sculpted stones under the cornice. Among them, a remarkable Sagittarius centaur.

Chapelle Saint-BarthElemy : une chapelle dans un blockhaus Erigée a priori au cours du XIIe siècle, la chapelle SaintBarthélemy était à l’origine dédiée à sainte Honorine. Au XVIIe siècle, le prêtre Barthélemy Picquerey s’attelle à la reconstruction de la chapelle, alors abandonnée et en ruine. Cet événement est commémoré par la plaque accrochée au dessus de l’entrée du chœur. La renommée de la piété et de la charité de Barthélemy Picquerey et l’habitude qu’il prend d’y célébrer la messe contribuent au développement de la fréquentation de la chapelle. Bientôt, elle n’est plus connue que sous le nom de chapelle Saint-Barthélemy. Cette ferveur populaire explique que, alors qu’il avait humblement demandé à être inhumé devant la porte de la chapelle, sa famille et les dévots décident d’allonger la nef pour mettre sa sépulture à l’abri. A cette époque sont également construites les deux petites absides latérales, qui permettent de circuler autour du tombeau. La chapelle est vendue comme bien national pendant la Révolution et revient à l’Eglise catholique en 1806. Le pèlerinage autour du tombeau de saint Barthélemy reprend alors et ce jusqu’en 1940 : les troupes allemandes installent cette année-là un état-major dans la propriété voisine de la chapelle, rasent le tombeau et englobent la chapelle dans un blockhaus. La guerre terminée, l’édifice est dégagé de sa gangue de béton et un accès sur la rue est ouvert. En 1953, des fouilles archéologiques permettent de retrouver le squelette presque entièrement conservé du vénéré défunt, à environ 1,20 m de profondeur. Aujourd’hui restauré, le sol de la chapelle contient une dalle sculptée dans le style du XVIIe siècle, rappelant la sépulture du saint homme. Côté mobilier, l’autel moderne, dressé au fond du chœur, est orné d’un bas-relief d’albâtre, don des propriétaires de la chapelle. Il représente la flagellation du Christ et provient, semble-t-il, de l’ensemble du XVIe siècle qui servait de retable au maître autel de l’abbaye du Vœu. Une vierge du XIXe siècle, une statue moderne représentant Barthélemy Picquerey et les fonts baptismaux romans provenant de l’église de Tollevast complètent le mobilier de la chapelle.

Probably built during the 12th century, the Saint-Barthelemy chapel was originally dedicated to saint Honorine. During the 17th century, Barthelemy Picquerey, a priest, reconstructs the chapel in ruins, and celebrates mass in front of a growing crowd. Soon, the chapel is known as the Saint-Barthelemy chapel and welcomes the remains of the saint. In 1940, the German troops set their general headquarters next to the chapel, raze the tomb and include the chapel in a blockhaus. The war over, the edifice is taken out of its concrete coating and an access on the street is opened. In 1953, archeological digs allowed to find saint Barthelemy’s skeleton, well preserved under 1,2 m of dirt.


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