guide des salons

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Les ors de la République

Les salons de l’Hôtel de ville ont été construits dans la première moitié du XIXe siècle. Leur histoire est liée à celle de l’ensemble des bâtiments communaux : la construction d’une maison commune commence en 1793. Auparavant, les édiles locaux se réunissaient soit dans l’église de la Trinité, soit dans une école, rue de la Paix, qui sera démolie pour permettre l’édification de la mairie. Le gros œuvre est terminé en 1795 et les finitions en 1804. Au cours du XIXe siècle, l’Hôtel de Ville s’agrandit notablement avec la construction de trois ailes où seront situés les salons. Entre 1832 et 1834, l’architecte Louis Pierre Le Sauvage ajoute l’aile nord-ouest. Elle accueille, à compter du 29 juillet 1835, la donation de peintures et sculptures faite à la Ville par Thomas Henry. Le successeur de Le sauvage, François Dominique Geufroy, édifie les deux corps de bâtiments au sud et à l’ouest. A l’étage sera installée une grande bibliothèque, qui deviendra en 1896 la Salle du Conseil. Le Grand Salon, d’abord dévolu aux réceptions, permettra aussi d’accueillir les collections achetées en 1832 aux héritiers de François-Henry Duchevreuil, à l’origine du futur muséum Liais. Cet ensemble sera complété par l’ajout d’un troisième corps de bâtiment au nord comprenant un second salon dit de l’Impératrice ainsi qu’une Rotonde inaugurés le 7 août 1858 en l’honneur de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie, lors de leur visite officielle à Cherbourg. La façade donnant sur la Place de la République ainsi que les bureaux seront endommagés pendant les combats de la Libération. Ils seront restaurés et réaménagés entre 1950 et 1954 sous la direction de l’architecte Gilles Lebreton. Le Grand salon, la Rotonde, le Salon de l’Impératrice et leurs décors sont inscrits à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. La Salle du Conseil n’est pas classée et présente peu d’intérêt historique. En revanche, la cheminée de l’Abbaye du Vœu qui y est installée, œuvre exceptionnelle, est classée au titre des Monuments Historiques depuis avril 1905.

The drawing rooms of the Hôtel de Ville were constructed in the first half of the 19th century. They overlook an interior courtyard which opens onto Rue de la Paix. They were originally intended to house a library, a collection of paintings and sculptures donated by Thomas Henry, and a series of archaeological finds bought from François Henri Duchevreuil, an avid collector of the era. The most impressive of the drawing rooms is that known as the Salon de l’Impératrice, which was named after the Empress Eugénie, for whose visit the room was created. Napoleon lll and the Empress Eugénie visited Cherbourg in August 1858, when they also had occasion to meet Queen Victoria.

Salons

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l’HOtel de Ville

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Renseignements pratiques Mission Patrimoine Ville de Cherbourg-Octeville 02 33 87 89 13 Pour des visites guidées, s’adresser à l’Office du Tourisme au : 02 33 93 52 02

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Photos : Région Basse-Normandie – Inventaire général du patrimoine culturel - Manuel de Rugy - Imprimé sur papier recyclé

Une page d histoire de la vie municipale

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l’HOtel de Ville


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Grand Salon

deux bas-reliefs (personnages macabres et cheval), repeinte en 1857, elle sera enfin installée dans la grande salle de la bibliothèque en 1858, à l’occasion de la visite de Napoléon III. Le Grand Salon est situé dans l’aile construite par Geufroy en 1852. Cette vaste pièce rectangulaire est éclairée par trois hautes fenêtres donnant sur une cour intérieure. L’autre extrémité donne accès à la Rotonde, puis au Salon de l’Impératrice.

Datant de la fin XVe ou début XVIe, elle portait des traces d’or, de pourpre et d’azur lors de sa « restauration ». Les scènes qui ornent le manteau ont fait débat. Le décor est composé de trois parties : en haut, une représentation de l’Annonciation faite à Marie, en bas des scènes de la vie profane et, au centre, une frise d’animaux fantastiques.

La décoration sobre, en gris et or, confère à cette pièce une solennité certaine. Le parquet est réalisé à la Versailles (diagonales entrelacées) au centre et au point de Hongrie (en chevrons), sur le pourtour. Le parquet, le plafond, les murs couverts de boiseries, les rosaces à motifs végétaux et les portes à entablement constituent un ensemble représentatif de la période.

Geufroy a retenu six personnages : Aimable-Gilles Troude, contre-amiral de France né à Cherbourg en 1762 et mort en 1824,  Anne Hilarion de Cotentin, comte de Tourville (1642-1701), amiral de France sous Louis XIV, dont le navire Le Soleil Royal, devait sombrer devant Cherbourg après le désastre de La Hougue,  Denis Decrès (1761-1820) ministre des Colonies et de la Marine de 1801 à 1815,  Jean-Baptiste Colbert (1619-1681), secrétaire d’Etat à la Marine de 1669 à 1683,  Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1717), dont les places fortes sont aujourd’hui classées à l’Unesco et qui avait proposé un plan de fortification de Cherbourg,  Jean-Etienne Théodore Ducros (1801-1855), ministre de la Marine et des Colonies de 1851 à 1855.

Soberly decorated in grey and gold, the Grand Salon remains an important example of the architecture which dominated Cherbourg at the beginning of the 19th century. Wood block flooring in the style of the Palace of Versailles, a panelled ceiling decorated with ornate stucco, and imposing doors and mirrors, all give the room a rather solemn air. < La

Rotonde

Plus intime, la Rotonde est une petite pièce octogonale. Les murs sont garnis de lambris jusqu’à hauteur d’appui. Le plafond est formé par une coupole polygonale aux pans ornés de bas-reliefs en stuc représentant des vases remplis de fleurs. Deux panneaux peints sur toile marouflée ont certainement été réalisés avant 1939 par Michel-Adrien Servant : l’un représente le siège de Cherbourg par Du Guesclin (1378), l’autre la visite du chantier de la digue par Louis XVI (1786). Les deux autres, d’une facture assez différente, sont de Raymond Jupille : une allégorie de l’épopée napoléonienne où se retrouvent le mausolée de l’Empereur, la Belle Poule ramenant ses cendres à Cherbourg avant Paris, des noms de victoires… et une évocation du Débarquement en 1944 avec les bornes de la Voie de la Liberté.

In order to reach the Salon de l’Impératrice, the visitor must first pass through the Rotunda, perhaps the most intimate of the drawing rooms in the Hôtel de Ville. Daylight is plentiful, due to the domed skylight, and this octagonal room is decorated with painted panels showing important events in the history of the town: Du Guesclin preparing for battle (1378) and the visit of Louis XVI (1786) painted by Michel-Adrien Servant, the Napoleonic era and World War II landings (1944) painted by Raymond Jupille.

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Salon de l’Impératrice

Sans conteste la plus belle pièce de l’Hôtel de Ville, le Salon dit de l’Impératrice, construit en l’honneur de Napoléon III et d’Eugénie, est dédié à la marine française. Inaugurée le 7 août 1858, cette salle d’apparat est percée de huit ouvertures sur les longs côtés. A l’ouest, une cheminée à miroir et pendule est entourée des portraits en pied de Napoléon III et de l’Impératrice, copies des œuvres de Winterhalter, le peintre des têtes couronnées de l’époque. En face, trois grands miroirs donnent un effet de profondeur saisissant. Mais la partie intrigante reste le plafond, dont le décor a été réalisé par François-Dominique Geufroy. Le centre est composé par une peinture à l’huile sur toile marouflée. Des putti, sorte d’angelots, portent différents attributs dans un ciel nuageux. Au milieu, se trouvent les armoiries de Cherbourg. L’adoucissement du plafond (la partie arrondie) est orné de portraits de personnalités liées à la marine française et à la défense du littoral et d’armoiries de la Normandie et des grands ports de guerre français : Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon. Les armes de Normandie, « de gueules à deux léopards d’or posés en pal », et de Cherbourg se font face, au centre de la plus grande longueur. Celles des quatre autres ports sont placées dans les angles. Si les profils des personnages, traités à la manière de camées antiques, sont assez ressemblants, le décorateur, ou des restaurateurs maladroits, se sont brouillés avec l’art héraldique notamment pour Rochefort dont l’étoile d’origine devient… les armes de Cherbourg.

The Salon de l’Impératrice was created to accommodate Emperor Napoléon III and the Empress Eugénie in 1858. It is the most beautiful room in the Hôtel de Ville. The western wall has a fireplace decorated with an ornate mantle clock and a mirror, either side of which portraits of the emperor and his wife, copies of Winterhalter’s masterpieces, are hung. On the eastern wall, three mirrors add depth to the room. The ceiling, painted by Geufroy, is dedicated to the navy. The main area of the ceiling is delicately painted with cherubs, with the Cherbourg coat of arms at its centre. Its coved sides are decorated with portraits of illustrious characters (Troude, Tourville, Decrès, Colbert, Vauban and Ducos) alternated with the coloured shields of French Naval Bases (Brest, Lorient, Toulon, Rochefort). At the centre of the other side walls, the Cherbourg coat of arms faces that of Normandy. < La

salle du Conseil

La salle du Conseil, utilisée comme bibliothèque, fut transformée en urgence en salon d’apparat pour la venue du tsar Nicolas II en 1896. Elle ne présente, par elle-même, que peu d’intérêt. A l’exception de l’imposante cheminée qui provient de la grande salle du logis abbatial de l’Abbaye du Vœu. L’Abbaye, menaçant ruine, fut détruite en 1841 mais le maire et Thomas Henry rachetèrent la cheminée. Elle restera entreposée, en plein vent, dans la cour de l’Hôtel de Ville. Débarrassée de son épaisse couche de saleté en 1852, et « restaurée » par l’ajout de

Au centre de la partie «religieuse» du décor, la Vierge Marie écoute l’ange Gabriel. Ils sont séparés par l’inscription «Ave Maria». À gauche, Dieu apparaît près d’un «palais» peuplé d’anges symbolisant le monde céleste. A droite, fenêtre, lit et lutrin portant les armes de l’Abbaye semblent rattacher Marie au monde terrestre. Dans les angles arrondis se trouvent, à gauche, l’archange saint Michel terrassant le dragon et, à droite, saint Hubert, mordu à la main par un chien et ayant la réputation de guérir de la rage. Les panneaux latéraux sont ornés, à droite, de l’abbé du Vœu, certainement Jean Hubert, élu abbé en 1492, probable commanditaire de la cheminée ; à gauche, près d’un palais, sans doute saint Augustin, l’Abbaye étant sous la règle augustinienne. La partie basse, profane, a fait l’objet de nombreuses spéculations : les uns y voyaient des scènes de la vie abbatiale, d’autres des événements liés à l’histoire de la Normandie… Il s’agirait plutôt d’une évocation de la conversion de saint Hubert, à cheval de part et d’autre des armoiries. À l’exception des ajouts du XIXe (danse macabre, porteurs avec flèche, pioche et pelle à droite et chevalier à gauche), les décors racontent avec réalisme des moments de la vie quotidienne : un cueilleur de pommes, un personnage dans un moulin non loin d’une forteresse. Au centre, entre deux putti ou angelots, figurent les armes de l’Abbaye. La frise centrale reste assez énigmatique. On peut y voir une évocation de l’œuvre alchimique avec à gauche cet escargot à visage humain symbolisant la « tourbe des philosophes ». Œuvre exceptionnelle, la cheminée est classée au titre des Monuments historiques depuis le 1er avril 1905.

Originally the main area of the library, this room later became the Council Chamber and Cherbourg Town Council meetings were held here right up until the time when the towns of Cherbourg and Octeville were merged. In contrast with the other rooms, there are no specific elements of architectural interest, other than the fireplace which adorns the far wall. Formerly housed in the main room of the monastery lodging house at the Abbaye du Vœu, the fireplace was rebuilt in 1858, having been left in the courtyard of the Hôtel de Ville for about ten years. The chimney breast is heavily decorated with sculptures: on the upper section the appearance of the Angel Gabriel to the Virgin Mary, and on the lower what is undoubtedly an impression of the vision of Saint Hubert.


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