Phot venessia.com
Galleria Fumagalli Lionel Guibout Hans Bouman Sabine Weiss Caroline Guth Kaspar Hauser Elmer Plummer Masterpieces From Buckingham Palace Ferne K. Jacobs Pierre Ribà che GNG Art for Art Oyster Gallery Neva Epoca & Alessandro Vignola DNA Soutenir Chez ta soeur ULELE Auguste Renoir sucks ? Mère Teresa de Calcutta Seizo Sugawara Banksy et Louise Michel Sheila Hicks Anne van der Linden Elisabeth Lee Miller Nicole Seiler Le David du Bernin Flags for Tibet Avoir 20 ans Yvon Lambert Agnes Martin A 14-Hour Documentary on Women Filmmakers
PALAZZI A VENEZIA Publication périodique d’Arts et de culture urbaine de l’association homonyme régie par la Loi de1901 ISSN/Commission Paritaire : en cours Distribution postale/digitale Président Directeur de la Publication Vittorio E. Pisu Projet Graphique Maquette et Mise en Page L’Expérience du Futur Correspondance vittorio.e.pisu@free.fr palazziavenezia@gmail.com https://www.facebook.com/ Palazzi-A-Venezia https://www.vimeo.com/ channels/palazziavenezia Trenteunième Année / numéro 09 / Septembre 2020 Prix au numéro 5 euros Abonnement annuel 50 euros Abonnement de soutien 500 euros
En mémoire de Keith Sonnier
Keith Sonnier et Annamaria Maggi, Bridgehampton NY, 2018. Courtesy Fumagalli Gallery Chers amis, nous partageons avec vous notre immense tristesse pour la perte de l’artiste et ami Keith Sonnier, décédé le samedi 18 juillet 2020 à Southampton, New York. Keith Sonnier (1941-2020) était un grand maître, pionnier du minimalisme, du post-minimalisme, des arts du spectacle, et sculpteur de lumière et vidéaste. Sa lumière restera à jamais dans nos cœurs et ses œuvres nous inspireront dans les musées du monde entier. La Galleria Fumagalli a eu l’honneur d’inaugurer sa première exposition personnelle, “Light Works, 1968 to 2017” en 2018, suivie d’une étroite collaboration qui a abouti à la création d’une deuxième exposition prévue pour l’automne 2020, qui deviendra maintenant l’occasion de rendre hommage et de se souvenir des extraordinaires intuitions de cet artiste. Une salutation spéciale est adressée à sa famille, Olympia Sonnier et aux collaboratrices Caterina Verde et Lesley Raeside du Studio Sonnier. Annamaria Maggi Galerie Fumagalli, Milan
vec ce numéro de rentrée nous continuons malgré tout à vous proposer des thèmes tels que des expositions, des manifestations culturelles mais aussi des sites web et des articles d’une manière que certains pourraient juger disparate et fourre tout. C’est surement vrais, nos choix sont très subjectifs et dépendent des humeurs du moment. Bien que en butte à une pandémie qui se révèle plus tenace que prévue et capables de susciter les réactions les plus disparates, depuis les vocations soudaines de ceux qui se découvrent virologues à ceux qui contestent jusqu’à l’existence même de la maladie, sans compter naturellement avec les complotistes de tous genres qui voient les plus sombres dessins destinés soit à supprimer une bonne partie de la population mondiale soit à la réduire en esclavage oubliant naturellement que les fashion victimes existent depuis belle lurette et que les Black Friday et autres foires de promotion donnent lieu à des déferlement de consommateur qui se sentirais lésés s’ils ne possédaient dare dare le dernier gadgets à la mode. Pendant ce temps là, non seulement le personnel hospitalier dans son ensemble a fait face vaillamment à la situation et ce ne seront pas des applaudissements à huit heure du soir qui pourront les en remercier. Dans le même temps le covid-19 nous a démontré à échelle grandeur qu’il est possible non seulement de tout arrêter et laisser ainsi à nouveau la place aux animaux et aux végétaux qu’ils l’ont immédiatement reprise mais que visiblement nous allons tout droit dans le mur et qu’il est grand temps de changer de braquet. Les artistes aussi, habitués qu’ils sont à travailler même avec une pénurie de moyens, n’ont pas arrêté leur création dans tous les domaines qu’ils soient musicaux, plastique, cinématographiques, littéraire et même gastronomique. Le spectacle vivant et bon nombre de manifestations ont souffert de ces situations et bon nombre de professionnelles et même d’intermittents se sont retrouvés sans travail et bien entendu même sans rémunération fusse-t-elle minime. Espérons que cette rentrée qui s’annonce malgré tout avec la reprise de spectacles et autre manifestations artistiques et culturelles, soumises à des règles de distanciation, de protection individuelle au moyen de masques (que certains trouvent attentatoire (sic) à leur prétendue liberté dont n’usent pas en temps normal, à part déambuler de magasins en bistrots) soit le début d’un récommencement. J’espère néanmoins que cet été ait pu nous soulager de bien de tracas bien que souvent les destinations touristiques se sont révélées bien dangereuses pour certain. En espérant vous retrouver tous fidèles à ce rendez vous mensuels que nous essayons de rendre à chaque fois non seulement instructifs et même amusant en vous proposant des choix tout azimut, je vous souhaite une bonne lecture et une excellente rentrée. Vittorio E. Pisu
Photo pinaultcollection
LIONEL GUIBOUT i l’exposition « Feux de tous Bois » de Lionel Guibout se tient à l’espace Krajcberg (15e), ce n’est pas un hasard. Car tout est lié : le lieu et le thème. Niché au fond d’une jolie allée piétonne où l’on entend les oiseaux chanter, l’ancien atelier du polonais Frans Krajcberg est ouvert au public depuis 2003, date à laquelle l’artiste d’origine polonaise (1921-2017) a fait don de sa galerie à la ville de Paris. Mort en 2017, il a beau avoir été très célèbre au Brésil, il est resté peu connu en France. Et pourtant… par ses nombreuses œuvres sculpturales, photographiques ou filmographiques toujours en symbiose avec la nature, « c’est lui qui a fait basculer la prise de conscience environnementale chez les artistes», affirme Sylvie de Pondt, présidente de l’Association des Amis de Frans Krajcberg, qui fait maintenant vivre ce lieu par des échanges ou des lectures autour de l’environnement, toujours portés par des artistes. Sculptures, dessins ou peintures, Lionel Guibout aime toucher les matières, jouer avec les formes et utiliser différents supports pour magnifier la nature et retranscrire les messages qu’il perçoit des arbres ou des paysages. Dans la lignée de Frans Krajcberg, Lionel Guibout a depuis toujours trouvé un refuge auprès des arbres et de la forêt, qui deviendra sa principale source d’émerveillement et d’inspiration artistique. Il en ressort des œuvres originales, où les écorces de chêne, d’acacia et de merisier (re)prennent vie et où
FEUX DE TOUT BOIS
LIONEL GUIBOUT JUSQU’AU
12 Septembre 2020 Rencontre avec l’artiste chaque samedi après-midi
Espace Krajcberg Centre d’art contemporain Art et Nature 21 avenue du Maine 75015 Paris
Evan@espacekrajcberg.com http://espacekrajcberg.com/
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l’arbre devient quelqu’un. « J’ai voulu un parcours émotionnel dans le prolongement des œuvres de Krajcberg. Exposer à ses côtés est pour moi comme un passage de relai » confie Lionel Guibout. La scénographie, tout aussi étudiée, met en lumière l’univers de la forêt, mêlant son côté réel et sa face imaginaire. Une couleur orange vif a été peinte derrière certaines œuvres, symbolisant le feu, à la fois grisant comme l’amour mais aussi destructeur comme la déforestation, rappelant ainsi le nom de l’exposition « Feux de tous bois ». “Lionel Guibout confie volontiers avoir eu cette chance extraordinaire de grandir auprès d’un père qui lui faisait renifler les arbres, les caresser, les écouter, les entendre. Quand viendra le temps de l’art, c’est vers eux que l’artiste se tournera, et par eux qu’il rejoindra le paysage tout entier. Dans l’atelier, peu à peu, le temps se solidifiera au rythme des écorces ou des lointains en grisailles (lavis, graphite, fusain) amené parfois avec exubérance vers la couleur (pastel ou huile). Progressivement le regard du spectateur est alors conduit vers l’inépuisable richesse d’une œuvre qui, à l’encontre des images d’urgence, rend à l’art sa dimension temporelle inépuisable. “ Juliette & Victor Magazine – Belgique
"Ce qui m'apparaît pendant que je travaille est toujours clair, jusqu'à ce qu'il me dépasse. Si je ne peux pas trouver les mots, je trouve la solution dans l'œuvre elle-même. »
Photo Pinault collection
Hans Bouman est un peintre et sculpteur primé qui vit en France. Il a exposé au niveau national et en Corée du Sud et à Madagascar. Ses compositions incarnent une spiritualité qui tourne autour de la représentation de l'être humain et de l'universel. Les différentes techniques que Bouman utilise se chevauchent dans ses pièces. Il combine la sculpture, le dessin, la vidéo et les médias numériques pour exprimer des émotions et mieux comprendre l'humanité. PRIX 1988 Concours Perrier-Jouet1er Prix- Paris, Francia 1986 Prix du Salon de Montrouge- 1er PrixMontrouge, France EXPOSITIONS EN SOLO 2018 ‘Je peins, donc tu es’ Orangerie du Luxembourg Paris, France 2015 ‘Hans Bouman’ / Galerie Univer - Colette Colas Paris, France 2012 ‘Corps & Esprit’ / Espace Saint-Louis -
Chine Bar-le-Duc, France 2017 2012 Résidence d’artistes ‘Body and Soul’ / Kuninternationaux stdoc et Pink Gallery Longzhou, Cile Seoul, Corea del Sud 1998 2011 ‘Têtes-à-tête’ / La Serre - Centre Culturel Français Saint Etienne, France Antanarivo, Madagascar 2010 COLLECTIONS ‘En corps’ / La Réserve PERMANENTES d’Aréa - Paris, Francia 1997 2018 ‘Hans Bouman’ / Centre Culturel Français Centre d’art International de Shangjin, Chine Antananarivo, Madagascar Pubblicazioni 2017 Musée International, 2020 Cina Gérard-Georges Lemaire Dans l’atelier 2014 de Hans Bouman P’Art Sino-Français 2018 Shunde, Chine 2012 Alin Avila Espace Saint Louis, Je peins donc tu es 2012 Bar-le-Duc, France 1994 Christophe AvertyLes âmes silencieuses Musée de Sarajevo, Bosnia ed Erzegovina Residenze 2018 1993 Musée des Beaux-Arts, Résidence d’artistes inToulon, France ternationaux - Shangjin,
EXPOSITIONS DE GROUPE 2019 “Loin des images et du bruit”, Galerie Univer, Paris 2018 “Kunst achter verborgen deuren”, Regentenkamer Remonstrantshof, Haarlem, Pays-Bas “Comme un n°17”, AreaVolta, Paris France Carte blanche à Alin Avila, Galerie Frédéric Storme, Lille 2017 Stubenhocker N°7 “Face Time”, Galerie Roy, Zülpich, Allemagne “Une œuvre d’art ?”, Galerie Univer, Paris, France “Retour de Chine”, Centre d’Art Contemporain Sino-Français, Chambon-Sur-Lignon, France “Retour de Chine”, Marie du 10°, Paris “Retour de Chine”, Hôtel Villejuste, Paris, France
“AAB”, Passages Piver, Paris, France “De Portrait à Autoportrait”, Galerie Jour et Nuit, Paris, France “Comme un”, AreaVolta, Paris, France 2016 “Cafés Littéraires”, Les Deux Magots, Paris “Kunstlijn”, Haarlem, Pays-Bas “Family Affairs #3#, Passages Piver, Paris “Apparition - Disparation”, Galerie des AAB, Paris, France Biennale Arte & Industria, Istria, Croatie “Hallo daar”, Haarlemse lente, Haarlem, Pays-Bas 2015 « Dérives », autour de Kafka », Galerie Brun Leglise, Paris, France « Goethes Farbenlehre », Institut Culturel Français, Mayence, Allemagne (Catalogue) « Kafka », Milan, Italie
“Café Littéraires”, Galleria dell’Institut français, Milan, Italie 2014 « 1+1=4 », Galerie Area, Paris, France Canton, Chine P’Art-Sino Inauguration sculpture «The Gift » dans le parc de Shunde. 2013 “De-Passages”, Schaufenster, Raum für Kunst, Berlin, Allemagne “Le Noir”, Galerie Eterna, Paris Pink Art Fair Seoul, Intercontinental COEX, Séoul, Corée du Sud “De-Passages”, Re:Rotterdam Art Fair, Rotterdam, Pays-Bas 2012 Doors Art Fair, Imperial Palace, Séoul, Corée du Sud Projection de la vidéo Homo Pictor dans le cadre de l’exposition “A vos papiers” de Zwy Milshtein au Palais synodal, Musée de Sens. 2011 « Petits miracles de Mexico », Musée d’Allauch, Allauch « Installons-nous, habitons-le » Centre d’arts plastiques Albert Chanot, Clamart « île ÉTÉ tant », Galerie Sellem, Paris “Archipel”, Arte et Amicitae, Amsterdam, Pays-Bas 2010 “Kafka”, projection de la vidéo ‘Un rêve de Kafka’ et peintures, Espace d’art contemporain Eugène Beaudouin, Antony « Les Leçons de ténèbres en hommage à Patrizia
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Runfila », Église SaintÉtienne, Beaugency « The Shape of Time ; From Micropolis to Metropolis », Yeosu International Art Festival, Corée du Sud 2009 “Le noir absolu & les leçons des ténèbres” - Villa Tamaris, La Seynesur-mer - Centre d’art contemporain Raymond Farbos, Mont de Marsan - Espace d’art contemporain Eugène Beaudouin, Antony “The crises ot the genre”, Triennale de Sculpture, Centrum Kulturaly ‘Zamek’, Poznan, Pologne 2008 “Hommage à Joseph Beuys”, Palazzo Durini, Bologna, Italie “Un monde toucouleur”, collection d’art contemporain de Marie-Laure Croiziers, Espace Landowski, Boulogne-Billancourt Projection du film “Bernard Ollier, fabricant de gris”, Musée des Beaux-Arts, Rouen “À venir le monde sage”, Espace d’art contemporain Eugène Beaudouin, projection de la vidéo ‘Un rêve de Kafka’, Antony “Arts Le Havre 08”, Biennale d’art contemporain, Le Havre “Quantumvis IV”, RC de Ruimte, IJmuiden, Pays-Bas “Paysages en bataille”, Installation de sculptures et photos; Musée départemental de l’Abbaye de Saint-Riquier (suit à la page 6)
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(suit de la page 5) 2007 “Le rêve de Joseph K.”, peintures et projection de la vidéo ‘Un Rêve de Kafka’, la Collégiale Saint-PierreLe-Puellier, Orléans “Femme y es-tu ?”, Art Sénat, Paris “Faces”, Suzhou River Gallery, Shanghai, Chine “Portrait ou visage”, Univers, Paris “20 ans”, Galerie Nicole Ferry, Paris “Petit marché d’art contemporain”, Centre d’art contemporain Raymond Farbos, Mont de Marsan 2006 Projection du documentaire “Entretien avec Panamarenko”, La Réserve, Paris, France “K comme Kafka”, Château de Linardié, Senouillac, France Projection vidéo “L’eau d’en haut” dans le cadre de l’exposition de Christine Jean, Musée départemental de l’Abbaye de Saint-Riquier et La Réserve, Paris “Iedereen een autoriteit”, Galerie ADK, Amsterdam, Pays-Bas “Sensitivity”, Triennale de Sculpture, Centrum Kulturaly ‘Zamek’, Poznan, Pologne “Opendoors – Openeyes”, Projection de la vidéo “Un Rêve”, CAPC, Bordeaux 2005 “Labyrinthe”, Galerie de l’Entrepôt, Paris, France “Quantumvis”, RC de Ruimte, IJmuiden, Pays-Bas 2004 “Papiers d’hiver”, Galerie Mabel Semmler, Paris “Animal et Territoire”, Tardais, France
“Labyrinthe”, Église SaintÉtienne, Beaugency “Poznan Biennial Sculpture Exhibition”, Arsenal, Galeria Miejska, Poznan, Pologne Area Revue N°8, La Réserve, Paris, France Art Event, Lille, Galerie le Confort des Etranges, Toulouse, France 2003 “Prélude... Préludes”, Galerie Koralewski, Paris “Animal et Territoire”, Orangerie du Luxembourg, Paris, France Area Revue N°6, La Réserve, Paris, France 2002 EUROPART, Genève, Suisse “Tête”, Espace Beaurepaire, Paris, France 2001 “Pourquoi faites-vous cette tête là?”, Galeries Poirel, Nancy, France “Le Salon”, Angers “Vœux d’artistes”, Cha-
pelle de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques, Toulouse “L’œil écoute”, La Réserve, Paris, France 2000 “Paris Artists’Salon”, Greeley Square Gallery, New York, États-Unis Jas de la Rimade, Carcès “L’automne des Transis”, Bar-le-Duc, France Biennale de Sculpture, Poznan, Pologne “Vœux d’artistes”, New York, États-Unis “Racines - Art dans la ville 2000”, Saint-Étienne “Pourquoi faites-vous cette tête-là ?”, Galerie Sabine Puget, Paris, France “Vœux d’artistes, The Paris Art Show”, Susan Cimperman Gallery, New York, États-Unis “Vœux d’artistes 2000”, Palais des Arts, Marseille et Espace Saint Martin, Paris, France http://hans.bouman.free.fr/
Photo lekiosque
ée en Suisse en 1924, Sabine Weiss s’oriente très tôt vers la photographie dont elle représente l’école française humaniste d’après guerre. Sabine Weiss effectue son apprentissage chez Boissonnas, dynastie familiale de photographes genevois depuis la fin du XIXe siècle. De 1942 à 1945, .«Je faisais de tout : les tirages, les glaçages, la fabrication des bains et les livraisons chez les clients ». En 1946, elle se rend à Paris et fait la connaissance de Willy Maywald, photographe allemand de mode fixé à Paris et « spécialisé dans la mode et les portraits. Elle sera son assistante jusqu’en 1949, date à laquelle elle reprendra sa liberté ». « J’y ai travaillé dans des conditions inimaginables aujourd’hui, mais avec lui j’ai compris l’importance de la lumière naturelle. La lumière naturelle comme source d’émotion », se souvenait Sabine Weiss. En 1949, elle rencontre le peintre américain Hugh Weiss, qu’elle épouse. Le couple emménage dans un petit atelier du boulevard Murat à Paris, où Sabine Weiss vit à ce jour. Tous deux se lient avec les artistes d’après-guerre. Sabine Weiss photographie Braque, Miró, Giacometti et Chagall, des musiciens - Igor Stravinsky, Benjamin Britten, Pablo Casals, Stan Getz -, sculpteurs - Alberto Giacometti -, écrivains, comédiens – Jeanne Moreau - et autres célébrités : Robert Rauschenberg, Jan
UNE VIE DE PHOTOGRAPHE
SABINE WEISS Jusqu’au 6 septembre 2020 Au Kiosque espace d’exposition dédié à la photographie
Esplanade Simone Veil - Rive droite du port 56000 Vannes Tél. : 02 97 01 62 30 Tous les jours de 10 h à 13 h et de 14 h à 19 h Entrée gratuite
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Voss, Jean Dubuffet. En 1952, grâce à Robert Doisneau, Sabine Weiss entre à l’agence Rapho. Dès 1954, ses œuvres sont exposées aux États-Unis à l’Art Institute of Chicago, au Walker Art Center de Minneapolis et à la Limelight Gallery de New York. En 1955 trois de ses photographies sont montrées dans l’exposition « The Family of Man » conçue par Steichen au Museum of Modern Art de New York. Mode, sujets de société, publicité, art de vivre, reportages pour Life, Newsweek, Holiday, Town & Country, Fortune, Town and Country Magazine … Sabine Weiss alterne les commandes, tous les genres, et son œuvre personnelle réalisée souvent selon ses rencontres et ses voyages. « Sabine Weiss est la dernière représentante de l’école humaniste française d’après-guerre, qui rassemble des photographes comme Robert Doisneau, Willy Ronis et Édouard Boubat ». À la fin des années 1970, son « œuvre revient sur le devant de la scène et bénéficie d’un intérêt grandissant de la part des musées et institutions culturelles. Les hommages se multiplient, contribuant à l’aura d’une photographe indépendante et prolifique, sensible à l’être humain et à sa vie quotidienne ». (suit page 8)
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(suit de la page 7) Le MoMA, le Metropolitan Museum, le Centre Georges Pompidou, la Maison Européenne de la Photographie, la Kunsthaus de Zürich présentent ses œuvres. Grâce à une bourse du ministère français des Affaires culturelles, Sabine Weiss effectue en 1983 une Etude sur les Coptes d’Egypte, puis en 1992 une Etude sur la Réunion. En 2007, l’association RSF (Reporters sans frontières) publie “100 photos de Sabine Weiss pour la liberté de la presse”. En couverture : le portrait en noir et blanc d’une fillette. L’agence Gamma-Rapho diffuse les photographies de Sabine Weiss. « Réalisée à l’aide des archives personnelles de Sabine Weiss, l’exposition présentée au Château de Tours s’attacha à retracer le parcours et le métier de cette femme d’exception, à travers photographies, films, archives sonores et documents originaux ». “Pendant près de soixante ans, elle a exploré une grande variété de domaines, du reportage au portrait et de la mode à la publicité, en parallèle d’essais plus personnels. Au fil de ses multiples pérégrinations, elle a oeuvré pour la presse illustrée française et internationale, avec une passion jamais démentie et une curiosité insatiable.” “La photographe dévoile ici pour la première fois
ses archives, qui recèlent des documents d’époque et des clichés pour certains inédits engrangés tout au long d’une carrière prolifique. Hommage à une figure indépendante et vive, sensible à l’être humain et à sa vie quotidienne, cet ouvrage laisse entrevoir les mille et une facettes de ce trésor photographique”. La galerie Les Douches présenta “Le monde de Sabine Weiss”, première exposition personnelle. « Nous nous sommes plutôt attachés à mettre en avant des aspects moins évidemment connus de sa personnalité. Nous sommes allés la chercher à New York et partout où son œil nous surprend. Certes Sabine Weiss aime photographier les enfants, mais la limiter au monde de l’enfance serait
une grave erreur. Elle refusera toujours l’anecdote au profit de la sensation, « celle qui consiste à capter l’expression des sentiments ». Quant à l’étiquette de « photographe humaniste », si elle ne la réfute pas, elle lui semble bien réductrice. D’autant plus que ce courant n’a pas influencé sa manière de voir. Femme inclassable et farouchement indépendante, passionnée de peinture, Sabine Weiss est toujours là où on ne l’attend pas... Mais voilà bien là le secret, Sabine Weiss ne doit surtout pas être perçue comme une photographe de Paris. En tout cas, pas uniquement. Sabine Weiss n’est jamais plus elle-même que lorsqu’elle quitte la France.
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Jamais plus elle-même que lorsqu’elle se retrouve (se trouve) à New York, en Sicile, au Portugal ou en Égypte… Loin de ses bases, Sabine Weiss devient metteuren-scène, réalisatrice de films. D’ailleurs j’opterai plus volontiers pour le terme de réalisatrice en ce qui la concerne car précisément ses photos ne sont pas mises-en-scène. Elles ne sont pas posées. Pas même des arrêts sur image. Non, ces photos sont le début d’une histoire. Ou son milieu. Ou sa fin. Et souvent elles sont un film tout entier… Le cinéma de Sabine Weiss m’évoque de prime abord le cinéma néo-réaliste italien, le Rossellini de Rome Ville Ouverte ou le de Sica du Voleur de Bicyclettes.
Puis, à la réflexion, je pencherais plus encore pour Jules Dassin. En effet c’est Dassin qui le premier, dans “The Naked City, posa sa caméra dans les rues de New York”. Mais pour la qualité de ses noir-et-blanc, j’associerai surtout les photos new-yorkaises de Sabine Weiss à cet autre film de Dassin, “Night and The City”. Quelle intensité ! Quelle lumière ! Le drame à l’état pur. Pas étonnant que Sabine Weiss ait elle aussi tourné ses photos dans le cœur des années cinquante à New York. Oui, je crois sincèrement que c’est ainsi qu’il nous faut maintenant relire les photographies de Sabine Weiss. Comme de grands moments de cinéma. Et en PALAZZI 9 VENEZIA
cela elle est tout à fait à part dans l’histoire de la photographie française. Et pour ce qu’il en est, dans l’histoire de la photographie tout court. Elle y tient à jamais une place absolument singulière », a écrit Olivier Beer, scénariste. Le Musée Bellpark a présenté l’exposition Sabine Weiss, photographe conçue par le Jeu de Paume. Hilar Stadler, Leiter Museum im Bellpark, et Virginie Chardin, Kuratorin der Ausstellung, ont écrit : “Avec l’exposition de Sabine Weiss, le Museum im Bellpark vous invite à découvrir une œuvre encore peu connue en Suisse alémanique. Le photographe appartient à l’école dite “humaniste” et est, avec Robert Doisneau, Willy Ronis, Édouard Boubat, Brassaï ou Izis, l’un des plus célèbres représentants de cette direction qui, au milieu du XXe siècle, s’est tournée vers l’apparition de l’humain dans la vie quotidienne peu spectaculaire. Née en Suisse en 1924, elle décide très tôt de se lancer dans la photographie. Sur la recommandation de Robert Doisneau, Weiss devient membre de l’agence photographique Rapho vers 1952. Elle a travaillé pour des magazines tels que “The New York Times Magazine”, “Life, Newsweek”, “Vogue”, (suit page 10)
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(suit de la page 9) “Point de vue - Images du monde”, “Paris Match”, “Esquire”, “Holiday”. Grâce à des expositions au Museum of Modern Art de New York, à l’Art Institute of Chicago ou au Walker Art Center de Minneapolis, son travail photographique s’est également fait connaître aux États-Unis. A plus de soixante ans, elle a créé une nouvelle œuvre très personnelle, guidée par des voyages en France, en Egypte, en Inde, à la Réunion, en Bulgarie et en Birmanie. Il en résulte des images touchantes qui témoignent d’un sentiment particulier pour la condition humaine et révèlent une grande sensibilité pour les petites choses de la vie quotidienne. Même à l’âge de plus de quatre-vingt-dix ans, elle est toujours active en tant que photographe et a ouvert ses archives personnelles pour la première fois. L’exposition présente des témoignages de cette longue vie pour la photographie. Elle offre une vue d’ensemble de son œuvre, comprend du matériel cinématographique documentaire et de nombreux documents originaux qui n’étaient pas accessibles auparavant. Les Douches La Galerie a présenté l’exposition collective “La ville miroir Fred Herzog, Sabine Weiss”. Étienne Hatt la présente
ainsi : “Sabine Weiss et Fred Herzog n’ont cessé d’arpenter, de déambuler, de flâner dans les villes. Ces lieux, qu’ils nous donnent à voir et à sentir, reflètent bien leurs univers, leurs obsessions, leur parti-pris. À l’occasion de l’exposition consacrée à Sabine Weiss au Centre Georges Pompidou du 20 juin au 15 octobre 2018”, cette galerie “associe ses images à celles de Fred Herzog, qui a choisi la couleur pour mieux affirmer son identité.” “Sabine Weiss et Fred Herzog ? Pourquoi réunir aujourd’hui ces deux photographes ? Qu’ils appartiennent à la même génération qui vient à la photographie dans un contexte de retour au réel et à l’humain après les expérimentations des an-
nées 1920 et les horreurs de la Seconde Guerre mondiale n’est pas une raison suffisante. Plus déterminant est qu’ils ont fait de la ville le lieu de leur œuvre tout en s’inscrivant dans deux traditions différentes, l’une européenne, l’autre nord-américaine. La Ville miroir les met en regard et invite à comparer les reflets qu’ils offrent de la réalité urbaine de l’après-guerre”. “Cette photographie humaniste préfère l’empathie à la critique sociale mais entend néanmoins témoigner. Les images sont simples et efficaces. Leur composition est classique et rejette les apports des avant-gardes comme les gros plans et les points de vue basculés ou décentrés. Elles privilégient les at-
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mosphères tout en étant portées, selon les mots de Weiss, dans “Intimes convictions”, par « l’intuition de ce qui est le moment ». À propos de L’Audace (1950), qui montre un garçon entreprenant et une jeune fille renversée au sol, elle précise : «Même si on n’enregistre pas au niveau conscient qu’il y a une fillette qui court derrière les amoureux, on sait qu’elle passe. “Avec Sabine Weiss et Fred Herzog, c’est à la photographie que la ville tend son miroir”. A Vannes, le Kiosque présente l’exposition “Une vie de photographe - Sabine Weiss”. « Dans le cadre de sa programmation culturelle estivale, la ville de Vannes présente une exposition rétrospective de
l’œuvre de Sabine Weiss du 18 juin au 6 septembre prochain au Kiosque. » « Après avoir déjà exposé le travail de Sabine Weiss avec la série Portugal, 1954, à l’occasion de l’édition 2014 du festival Photo de mer, la ville de Vannes a le plaisir de présenter à nouveau le travail de cette grande photographe humaniste. » « L’exposition Sabine Weiss, une vie de photographe a été spécialement recréée pour le Kiosque à partir de l’exposition réalisée par le Jeu de Paume et présentée au Château de Tours en 2016, sous le commissariat de Virginie Chardin, historienne de la photographie. « En complément de l’exposition, une sélection de photographies sur la Bretagne des années 50 par Sabine Weiss PALAZZI 11VENEZIA
sera présentée en grands formats à l’extérieur à côté du Kiosque. » “L’exposition est accompagnée des films et archives suivants : Stéphanie Grosjean, Sabine Weiss, une vie de photographe, 11 min 12 s, 2014. Claude Fayard, émission La Chambre Noire, Sabine Weiss, 1965, extrait de 3 min, archives INA. Jean-Pierre Franey, Sabine Weiss, Un regard sur le temps, 2008, extrait d’1 min 30.” Du 18 juin au 6 septembre 2020 Au Kiosque, espace d’exposition dédié à la photographie Esplanade Simone Veil - Rive droite du port 56000 Vannes
« Les scènes, en apparence inoffensives, ont été inscrites avec une volontaire malice juste à ce moment précis de déséquilibre où ce qui est communément admis se trouve remis en question», observait Robert Doisneau en voyant des photographies de Sabine Weiss.
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«L’artiste peintre Caroline Guth, guidée par le désir d’allier sa pratique artistique de peintre et sa formation de philosophe, inscrit son travail dans une réflexion sur l’existence, le corps vécu, le genre et sur ce que peut la peinture au cœur de la postmodernité. Cette recherche la conduit à explorer sous divers aspects le corps et les manifestations toujours singulières de la pensée qui désire. Ses œuvres témoignent ainsi principalement d’une recherche sur la subjectivité corporelle et l’image de la chair, ainsi qu’une réflexion sur le regard, la nudité, l’iconologie, le contemporain, la posture, le désir et la quête d’identité. »
A-CHRONIQUE CAROLINE GUTH
SCARS OLIVIA MALENA VIDAL JUSQU’AU
13 Septembre 2020 3, rue du Léman 1201 Genève face aux bains de Paquis Rez de chaussée supérieur sonner à l’interphone Tel: +41 758 15 69 espaceculture3@gmail.com
ée le 20 octobre 1975, au sein d’une famille d’artistes, Caroline fut initiée très jeune au dessin et à la peinture par sa mère et son cousin couturier. De façon plus indirecte mais pas moindre, elle subit l’influence de la peinture de son oncle artiste peintre dont les tableaux peuplaient les murs de la maison familiale. Caroline pratiqua régulièrement le portrait depuis l’âge de 9 ans et découvrit, à la fin de l’adolescence, les maîtres de la Renaissance, notamment le Titien. Toutefois, l’influence la plus déterminante lui vient des Caravagistes dont elle ne cesse d’admirer l’esthétique violente, la mise en scène et les effets de clair-obscur exaltant les corps et procurant aux volumes une intensité singulière. Jeune adulte, Caroline fut également très sensible à l’esthétique des peintres de la modernité viennoise tels que Schiele et Klimt, en particulier l’ambiguïté de l’érotisme et l’exaltation de la féminité qui s’en dégage. Bien que tout semblait la conduire à des études artistiques, elle renonça et préféra, devant sa perplexité à embrasser les dogmes de son époque, suivre des études de philosophie qu’elle acheva en 2002 avec l’obtention d’un DEA. Toutefois, elle n’oublia jamais son amour premier pour le dessin et la peinture. C’est en 2007, après une longue maturation, qu’elle décida de ne plus enseigner la philosophie et de se consacrer à la peinture. Le travail de Caroline Guth se nourrit en partie de son enfance marquée par une identité familiale complexe. Proche de sa grand-mère maternelle (descendante métisse d’esclaves martiniquais), elle fut très jeune sensibilisée aux drames de l’existence, à la mort,
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l’injustice, au racisme, au déracinement, au sens problématique d’une identité métisse. Qui plus est, issue d’une famille dont les hommes furent absents, manquant donc de repères différenciants, elle s’interrogea précocement sur le décalage entre l’être femme et le devenir femme ainsi que sur la signification de l’idée de féminité, la perception du corps comme objet de désir, de plaisir esthétique et érotique, puis sur l’aliénation sous-jacente à cette condition de corps désiré. “For several years, driven by the desire to combine my artistic practice as a painter-scculptor and my training as a philosopher, I place my work in a reflection on the human being, his image, his life and his condition in the heart of postmodernity. This research also led me to explore various aspects of the feminine essence and the uniqueness of her experience. My work reflects primarily as a research on the subjectivity of body image and flesh, and a reflection on look, nudity, iconology, fashion trends, posture, and quest of gender identity. Born on 20 October 1975 from a family of artists, my work is characterized on one hand by an early artistic practice. As I was very young, I was initiated to drawing and painting by my mother and the practice of fashion sketches with my cousin. Practising portrait regularly since the age of nine, I discovered at the end of my adolescence the RenaisPALAZZI 13VENEZIA
sance great masters of including Titian. However, my most decisive influence comes from Caravagists. I admire their violent aesthetics, their staging and effects of chiaroscuro exalting the body and providing a particular intensity to volumes. As a young adult, I was also very sensitive to the unique aesthetic of Viennese modernism painters such as Schiele and Klimt, and in particular to the ambiguity of female eroticism and exaltation of femininity that emerges from their art. On the other hand, my work reflects my childhood marked by a complex family identity. Close to my maternal grandmother (born in Algeria and descendant of a Martinican slave) at a very early stage, I realized the tragedy of existence, racism, uprooting, and the sense of a black identity. Moreover, coming from a family where men were absent and therefore lacking of differentiating reference, I wondered early about the meaning of the mismatch between woman being and woman becoming, as well as the significance of the idea of femininity, perception of the female body as an object of desire and of erotic and aesthetic pleasure, and thus about the alienation coming from it.” https://www.carolineguth.com/
Photo Liberation
écouvert en plein Nuremberg en 1828 après avoir été séquestré toute son enfance, ce jeune garçon a fasciné savants, penseurs et éducateurs de l’époque. De nombreuses zones d’ombre persistent encore aujourd’hui sur ses origines. Surgi au beau milieu d’un après-midi tranquille, le 26 mai 1828, sur la place du Suif à Nuremberg, Kaspar Hauser, dit le procès-verbal, paraissait «un enfant de 2 ou 3 ans dans un corps d’adulte». Il avait été abandonné là, blême, hagard et titubant. Ses yeux ne supportaient pas la lumière du jour. Sa silhouette chancelante lui donnait l’air d’être constamment au bord de l’abîme. Le garçon, à dire vrai, savait à peine marcher. Il était incapable de dire d’où il venait, ni où il allait. Il n’avait pas 50 mots en bouche et répétait sans se lasser une seule et même phrase dont il ignorait manifestement le sens : «Veux devenir cavalier comme mon père l’a été.» Incapable de répondre aux moindres questions d’usage, il avait néanmoins appris à coucher son nom sur le papier. D’une plume tremblante, il fixa ce jour-là, devant des policiers ahuris, ce nom qui fascine encore aujourd’hui : «Kaspar Hauser.» Son irruption sur la scène
L’énigmatique histoire de Kaspar Hauser
l’Orphelin de l’Europe Hervé Mazurel
Historien, maître de conférences à l’université de Bourgogne
collective a très vite été considérée non comme un événement local, intéressant les seuls Bavarois, mais comme un événement inouï et d’échelle européenne. S’il ne fut pas aussitôt rangé dans l’intrigante lignée des enfants dits «sauvages» qui tramait de longue date l’imaginaire collectif (Victor de l’Aveyron, le plus célèbre d’entre eux, mourut cette année-là), c’est parce qu’il n’était pas de ces enfants errants sortis des bois après de longues années d’isolement. Il avait cependant pour lui de faire écho aux interrogations du temps relatives au partage de l’inné et de l’acquis, aux origines des langues, des sociétés et des cultures… Son apparition rouvrait aussi une question ancestrale, remontant ju-
squ’au fond de l’âge grec : l’homme est-il, par nature, fait pour vivre en société ? Le bruit se propagea à vive allure, relayé par une presse européenne en plein épanouissement. La curiosité s’enflammant, savants, penseurs et éducateurs se pressèrent bientôt au chevet de «l’Orphelin de l’Europe». Ils voyaient là une occasion rêvée de mettre à l’épreuve leurs toutes dernières théories. Sans compter qu’il y avait aussi, dans cette histoire tragique, matière à émouvoir tout ce que l’Europe romantique comptait alors d’âmes sensibles, de consciences poétiques et de philanthropes au grand cœur. Kaspar, à l’évidence, n’était pas un vagabond comme les autres.
Il était d’une étrangeté si radicale qu’on le disait, déjà en son temps, échappé de la caverne de Platon, sinon natif d’une autre planète. A tout le moins, d’un conte philosophique des Lumières, tels Micromégas et Zadig de Voltaire. Une fois plongé dans la vie de Nuremberg, patiemment éduqué par Georg Daumer (ce professeur de philosophie qui fut un précepteur efficace et inspiré autant qu’un père de substitution pétri d’affection), Kaspar demeurait incapable de ne rien voir comme allant de soi : «Qui m’a fait naître ? Qui a fait les arbres ? Qui allume et éteint les étoiles? Mon âme, qu’est-ce? Puis-je la voir? Pourquoi Dieu ne veut-il pas exaucer toujours?» Par ses questions ingén-
ues, son regard stupéfait, ses attitudes déconcertantes, l’inconnu déroutait, dérangeait, questionnait les certitudes et conduites de ses contemporains. C’est qu’il ignorait, outre la vieille connivence des mots et des choses, jusqu’à la simplicité de leurs gestes, jusqu’au naturel de leurs réactions. Tout se passant comme si, par sa seule présence, il mettait à nu les conventions et les normes sociales dissimulées par l’habitude. C’est un peu comme s’il avait passé, sans le savoir, toute la société de son temps au miroir. Ce qui fait de lui, pour l’historien, un puissant révélateur culturel : il met au jour ce qui, d’ordinaire, reste tapi dans l’ombre. Soit le non-dit du monde PALAZZI 15 VENEZIA
comme il va. A mesure que Kaspar commença à jouir du langage, puis de l’écriture, assoiffé qu’il était d’apprendre et de reconquérir le temps perdu, s’éclaira peu à peu la nuit close, déserte et suffocante de son interminable captivité. Parcourant les noires galeries de ses souvenirs, on comprit progressivement qu’il fut probablement arraché à ses parents au lendemain du berceau, puis séquestré treize ans ou quatorze ans dans une cave obscure et silencieuse, coupé de la nature comme de tout contact humain - son geôlier agissait la nuit en lui, laissant du pain et de l’eau, et l’abrutissait d’opium pour le laver et le changer. Attaché, les pieds nus, l’enfant restait perpétuellement assis jusqu’à en avoir les os déformés ; il vivait seul à seul, dans l’inconscience de soi, des autres et du monde. Il avait pour unique distraction de petits chevaux de bois assortis de rubans de couleur jouets quotidiens dont, à l’en croire, il ne se lassa jamais et qui lui permirent, explique Françoise Dolto, de maintenir une créativité primaire et de n’être pas sous une tension psychologique plus grande encore. D’aucuns ont douté, sinon doutent encore, de la véracité de cette existence recluse. (suit page 16)
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(suit de la page 15) Certains ont même vu en lui un simple imposteur. Certes, bien des zones d’ombre demeurent. Il reste impossible à ce jour de dire avec certitude où et quand il est né, ni de quel drame familial il jaillit. Le plus probable est que Hauser ait été écarté d’une sombre intrigue de cour : l’héritage du duché de Bade. La tentative de meurtre du 17 octobre 1829 (alors que courait le bruit qu’il allait publier son autobiographie), puis son assassinat, le 17 décembre 1833, cinq ans seulement après son entrée dans le monde, semblent le corroborer. Restent que deux expertises ADN, réalisées au tournant des années 2000, ont donné lieu à des résultats contradictoires et n’ont pas clos le débat sur son identité princière. Dès lors, mieux vaut se résoudre à la frustration : nous n’arracherons pas à la nuit de l’oubli le lourd secret qui entoure tant le mystère de ses origines que l’énigme de sa mort. Il est une chose, en revanche, dont il n’est plus permis de douter : la réalité vécue de cette tragédie close. Comme l’avait vu le grand juriste Anselm von Feuerbach, qui le fréquenta assidûment, ces ruptures traumatiques (l’abandon et la claustration) sont écrites en toutes lettres, comme une
longue liste d’indices et de preuves, dans «son esprit, ses sentiments et son corps» - personne ne pouvant se trouver dans son état sans avoir vécu et enduré la même expérience que lui. En bref, il était trop étrange pour être un imposteur. S’en convaincra quiconque explorera d’assez près les témoignages de ceux qui ont laissé sur son comportement d’innombrables observations quotidiennes. Les marques corporelles, la sensorialité inhabituelle, les vides affectifs et les traces psychiques laissés par cette séquestration sont chez lui les signes indubitables de cette longue catastrophe silencieuse : celle d’un enfant à qui il ne fut jamais permis, finalement, d’être enfant.
L’inconscient, comme on sait, n’oublie rien, chaque événement du passé poursuivant son devenir en nous. Quitte à se loger au tréfonds, jusque dans la nuit du corps. Reste à prendre la mesure de tout ce qui lui a été ôté. A son arrivée à Nuremberg, bien avant de parvenir à s’approprier, dans la douleur et l’empressement, les mœurs, valeurs et usages de son temps, Kaspar errait de vertiges en mirages, vivant dans une conscience totalement hallucinée du monde. Sa vie était sans repères, sans orient, privée des moindres coordonnées originaires. Kaspar ignorait jusqu’à la différence du jour et de la nuit, de la veille et du rêve, de l’animé et de l’inanimé,
Photo wikipedia
du matériel et de l’immatériel… Il ne distinguait pas les femmes des hommes. Ni même l’homme de l’animal. Il n’avait aucune notion de temps, ne sachant ce qu’est une heure ou une année. Ne distinguant pas le haut et le bas, la droite et la gauche, le nord et le sud, on le devine, il ne pouvait s’orienter dans l’espace. Il n’avait aucune idée du paysage et de la perspective ; il ignorait jusqu’aux couleurs, aux météores et aux saisons. Il ne reconnaissait pas même son image dans le miroir… En dehors des maigres acquis de sa toute prime enfance, il était resté vierge de toute éducation, dramatiquement coupé de tout l’acquis historique des générations antérieures.
Peut-on d’ailleurs, ne serait-ce qu’un moment, se représenter l’expérience extrême qui l’attendit, après tant d’années, au sortir du cachot ? Car le monde, ce jour-là, lui fut comme versé d’un seul coup. On ne peut plus violemment et dans un état de vulnérabilité infinie. Tout se passa comme si Kaspar était «né une seconde fois à l’âge de la pleine conscience» (Jean-Christophe Bailly). Il fut d’un seul instant livré à la démesure d’un monde foisonnant et indéchiffrable, terrassé par une masse d’informations insensée, par une multitude inouïe de stimuli sensoriels inconnus. Là où, d’ordinaire, au cours de notre socialisation, tout nous est donné graduellement, c’est-àdire pas à pas, Kaspar PALAZZI 17 VENEZIA
fut condamné à affronter d’un seul coup le chaos terrifiant du monde sans le tamis d’une culture. Car c’est bien justement le propre d’une culture que d’arraisonner le monde, que de permettre à ceux qui l’ont en partage de se mouvoir dans l’évidence d’une relation à un environnement, d’y retrouver comme un tissu cohérent et familier. Celui d’un symbolisme propre à une société, d’une trame de sens et de valeurs qui fondera la singularité de son être ensemble. Mais là n’est pas tout. Abyssale, l’histoire de Hauser l’est à plus d’un titre. Rien, à vrai dire, n’est plus frappant pour l’historien que ceci : Kaspar semblait n’être d’aucun temps, un être presque anhistorique. Lui que rien ne paraissait rattacher à une époque, à une génération. Pas davantage à une classe sociale, à une communauté politique ou même à un genre sexuel. On ne trouvait chez lui aucune des courbures de son siècle, des marques profondes laissées habituellement en chacun par ses appartenances sociales, territoriales, nationales, religieuses, etc. Et c’est aussi pourquoi sa trajectoire aberrante révèle, par son anomalie même, et mieux qu’aucune autre, jusqu’à quelles secrètes profondeurs descend d’ordinaire (suit page 18)
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(suit de la pagfe 17) en chacun de nous l’influence du social et de l’histoire. Là réside peutêtre aussi son pouvoir de fascination au long cours, lui dont l’existence éclair n’a cessé de captiver les imaginations. De Verlaine à Werner Herzog, en passant par Rilke et tant d’autres encore. Hier, aujourd’hui, comme demain sans doute. De nos jours, nous savons, grâce à Pierre Bourdieu, que la plupart des faits divers font diversion, mais n’oublions pas ceci : d’autres, telle l’affaire Hauser, relèvent parfois d’un paroxysme qui ouvre sur les profondeurs. Hervé Mazurel, Historien, maître de conférences à l’université de Bourgogne
https://www.liberation. fr/debats/2020/08/20/l-enigmatique-histoire-de-kaspar-hauser-l-orphelin-de-l-europe_ Paru le 27 août 2020: Kaspar l’obscur ou l’enfant de la nuit (La Découverte).
ELMER PLUMMER
lmer Plummer, artiste et designer, née à Redlands, CA en Californie, en 1910 a fréquenté l’école militaire de San Diego avant de recevoir une bourse pour étudier où elle est rétournée en tant qu’enseignante et, dans les années 1930, a réalisé d’extraordinaires aquarelles régionalistes dans le style californien. En 1934, elle rejoint Warner Bros en tant qu’artiste de studio, puis les studios Walt Disney où elle travaille sur des films comme Dumbo et Fantasia. Elle a produit des dessins conceptuels et a développé de nombreuses animations pour des courts métrages de dessins animés avec Goofy. Elle est l’auteur de quelques séquences historiques comme la scène initiale et folle de Dumbo, 1939/1941 avec les ouvriers et les éléphants sous la pluie. ou Fantasy avec la mer démontée sous les mains du magicien Mickey Mouse et le Casse-Noisette Parmi les films qu’elle a contribué à réaliser, on peut citer Fantasia, Dumbo et Les trois caballeros, dont elle a également écrit le scénario. Elle a ensuite enseigné l’art à l’Institut d’art Chouinard. Elle est également active dans la peinture à l’aquarelle pour la Works Progress Administration et en tant que membre des Painters and Sculptors of Los Angeles. A exposé ses œuvres à l’Art Institute of Chicago, à la Golden Gate International Exposition, et a remporté des prix de la Los Angeles Art Association, de la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, de la Los Angeles County Fair et de la California State Fair. Elmer Plummer est morte le 31 décembre 1986 à Junction City, Oregon. Un immense talent, connu seulement de ceux qui travaillent.
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couper le souffle. Eblouissant. Surprenant, humoristique, délicieux. De nombreux mots peuvent être utilisés pour décrire l’art créé par Elmer Plummer. Un autre mot pourrait être utilisé pour décrire l’œuvre d’Elmer Plummer : Inspirant. Fille de la côte ouest ensoleillée de bout en bout, Elmer Ginzel Plummer est née à Redlands, une petite ville du sud de la Californie, près de la ville de San Bernardino. Plummer a commencé sa formation artistique au lycée, en étudiant l’aquarelle. Ses parents l’ont envoyée dans une école militaire de la région de San Diego lorsqu’elle était adolescente, mais son cœur battait plutot pour l’art. Au célèbre Chouinard Art Institute de Los Angeles, en Californie elle reçoit l’enseignement de Millard Sheets, artiste, muraliste et architecte de renom. Après avoir obtenu son diplôme, la jeune artiste trouve un emploi chez Warner Brothers en 1934. “Plummer est rapidement devenu un ami proche de Walt Disney et a travaillé aux studios Disney”, a déclaré California Watercolors. “Elle a produit des œuvres d’art et a développé de nombreuses idées de gags et de bandes dessinées pour des courts métrages de dessins animés mettant en scène Goofy”. Membre de la Société d’aquarelle de Californie, PALAZZI 19 VENEZIA
Plummer a créé des peintures pour “la Works Progress Administration et a également beaucoup exposé, avec les Painters and Sculptors of Los Angeles, l’Art Institute of Chicago et la Golden Gate International Exposition de San Francisco”, a déclaré S.J. Heffen Fine Arts dans une biographie d’Elmer Plummer, notée sur AskArt. Les prix obtenus aux foires d’État de Californie, aux foires du comté de Los Angeles, à l’Académie des beaux-arts de Pennsylvanie et à la Los Angeles Art Association ont tous reconnu l’immense talent d’Elmer Plummer. Après la guerre, elle travaille sur des projets Disney et enseigne à son alma mater, l’école d’art Chouinard, ainsi qu’au California Institute of the Arts. Transmettant ses vastes connaissances, Plummer a inspiré de nombreux jeunes artistes à réaliser de grandes œuvres. Après le milieu des années 1940, Plummer “peignait mais exposait rarement son art”, selon California Watercolor. Elmer Plummer est morte le 31 décembre 1986 à Junction City, dans l’Oregon. Un immense talent, c’est dommage que son nom et ses œuvres ne soient pas devenus un élément populaire de la culture nord-américaine. © Susanna McLeod 2012 www.thecartoonists.ca/
Photo corrado miaria falsini
e Roi George IV d’Angleterre a été largement décrié pour son style de vie somptueux et son endettement. Mais même les critiques du roi hanovrien ont reconnu qu’il avait un œil indéniable pour les arts. Dans les années 1820, George a chargé l’architecte John Nash de construire la galerie de photos du palais de Buckingham pour y abriter son impressionnante collection de chefs-d’œuvre. Aujourd’hui, le lieu devant être rénové, 65 tableaux de la collection royale d’art seront temporairement déplacés vers la Queen’s Gallery située à proximité. Comme le dit Desmond Shawe-Taylor, géomètre des tableaux de la reine, au Guardian’s Mark Brown, la prochaine exposition, intitulée “Masterpieces From Buckingham Palace”, marquera la première fois que les œuvres d’art
“Masterpieces From Buckingham Palace” du 4 septembre 2020 au 31 janvier 2022
Queen’s Gallery Buckingham Palace SW1A 1AA London
(Greater London)
Tél : +44 303 123 7301 www.rct.uk/collection/
seront exposées dans un “contexte de galerie” plutôt que dans un décor de palais. George IV a acquis environ la moitié des tableaux de la collection, qui comprend des œuvres de Rembrandt van Rijn, Anthony van Dyck et Johannes Vermeer. Les 65 œuvres présentées dans l’exposition font partie des quelque 10 000 objets qui seront déplacés dans le cadre de la rénovation du câblage et des tuyaux en plomb du palais de Buckingham, vieux de plusieurs décennies. Selon Kabir Jhala du Art Newspaper, la collection royale (supervisée par le Royal Collection Trust, ou RCT) comprend 7 000 peintures, 500 000 gravures et 30 000 aquarelles et dessins, ainsi que des photographies, céramiques, sculptures, manuscrits, bijoux et autres objets. Au total, la collection est évaluée à plus de 13 milliards de dollars. Normalement, les visiteurs ne peuvent accéder à la galerie de photos que lors des réceptions du palais et de l’ouverture annuelle de la résidence royale en été. Selon une déclaration, la salle a été ouverte au public pour la première fois sous le règne de la reine Victoria, les touristes étant accueillis lorsque les membres de la famille royale étaient partis dans d’autres domaines. “On peut les voir assez bien dans la galerie de photos, mais c’est quand même un palais”, dit Shawe-Taylor. “ ... Lorsqu’ils sont empilés à deux dans un intérieur somptueux, la plupart des visiteurs y vont pour vivre toute l’expérience de l’ouverture estivale. Beaucoup de gens ne diraient pas : “Oh, j’ai vraiment hâte de voir la peinture de genre hollandaise”. Parmi les points forts de l’exposition, on peut citer “La Dame aux Virginales avec un gentilhomme” (l’un des 34 tableaux de Vermeer qui subsistent) et “Judi-
Photo queen’s gallery
th avec la tête d’Holopherne” de Cristofano Allori. Le premier représente une femme jouant d’un instrument alors qu’elle jette subrepticement un regard sur l’homme à ses côtés, tandis que le second montre l’héroïne biblique hissant la tête du général assyrien décapité Holopherne. Plusieurs portraits sont également exposés, dont celui de Rembrandt de 1641 représentant Agatha Bas, la femme d’un marchand de laine néerlandais. C’est “l’un des plus beaux portraits de la collection royale”, selon le RCT. Bas pose contre un cadre peint, semblant se pencher hors de la toile dans le monde réel. Ses rangs de perles, sa dentelle délicate et ses cheveux fins illustrent le souci du détail de Rembrandt. Une autre œuvre de Rembrandt, “Le constructeur naval et sa femme” (1633), est sans doute le tableau le plus intéressant de l’exposition. Non seulement sa composition est réaliste, capturant une “représentation tendre, presque comique, d’une relation entre mari et femme”, selon Shawe-Taylor, mais on dit aussi que c’est la peinture préférée d’Elizabeth II. Parmi les artistes représentés dans l’exposition figurent Titien, Guercino, Guido Reni, Vermeer, Rembrandt, Van Dyck, Rubens, Jan Steen, Claude et Canaletto. Tous les événements à la Queen’s Gallery, Buckingham Palace, seront gérés conformément aux procédures sécurisées de COVID. Theresa Machemer PALAZZI 21 VENEZIA
a Queen’s Gallery du palais de Buckingham est un espace permanent consacré aux expositions temporaires de la collection royale. Des expositions telles que “Leonardo da Vinci : A Life in Drawing” Ouverte jusqu’au 13 octobre 2019. Marquant le 500e anniversaire de la mort de Leonardo da Vinci, cette exposition rassembla plus de 200 des plus grands dessins du maître de la Renaissance dans la Collection royale. La plus grande exposition de l’œuvre de Léonard en plus de 65 ans reflète toute la gamme de ses intérêts, y compris la peinture, l’anatomie, l’ingénierie et la botanique. Le bâtiment qui abrite actuellement la Queen’s Gallery du palais de Buckingham a été conçu par l’architecte John Nash et se dresse sur les ruines de la chapelle privée de la famille royale, bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale. À la suggestion de la reine et du duc d’Édimbourg, le bâtiment a été rénové en 1962 pour servir de galerie à la Royal Collection. Fermée en 1999 pour d’importants travaux d’agrandissement, la Queen’s Gallery a été rouverte par Elizabeth II en 2002, coïncidant avec son jubilé d’or - le 50e anniversaire du Royaume. smithsonianmag.com
Photo fernjacobs
FERNE K. JACOBS
es merveilleuses sculptures tissées sont des créations de la talentueuse artiste américaine Ferne Jacobs, alias Ferne K. Jacobs ou Ferne Kent Jacobs. Elle est connue pour ses paniers modernes qui combinent les couleurs modernes et les formes non traditionnelles avec des techniques de tissage de paniers anciens. Bien que le mot panier indique la fonctionnalité, ses sculptures sont loin d’être utiles, car ayant l’amour pour le design, elle crée des formes étonnantes plus en harmonie avec la sculpture expressionniste abstraite que le textile traditionnel ou le panier Ferne Jacobs est née à Chicago Illinois en 1942 de parents Juifs qui émigrent de l’Europe de l’Est. Sa famille a déménagé à Los Angeles quand elle était jeune, et là elle vit et travaille à ce jour.
À l’adolescence, elle s’est rendue compte qu’elle voulait devenir artiste après une visite à une exposition sur Van Gogh. Ainsi, elle a commencé à suivre des cours d’art au lycée et a été l’une des premières étudiantes au Art Center College of Design (Pasadena, Californie, 1960-1963). Par la suite, elle a suivi des cours d’art et d’artisanat à l’Institut Pratt (New York) 1964-1965), Université de San Diego (San Diego, Californie, 1965), Université d’État de Californie, Long Beach (Long Beach, Californie, 1966-1967) et Haystack Mountain School of Crafts (Deer Isle, Maine, 1967-1971). Au milieu des années 1960, on a assisté à un atelier de tissage avec l’artiste Arlene Fisch et depuis lors consacré à l’art textile. Enfin, en 1976, elle a reçu son diplôme des Beaux-Arts de l’Université Claremont (Claremont, Californie). Les artistes inspirants sont Dominic di Mare, Lenore Tawney et Arline M. Fisch. Elle a commencé à fabriquer des paniers de sculpture en 1970, en utilisant du lin ciré et en créant des designs complexes en 1970 qui ressemblent souvent à des formes organiques. Avec des plis profonds et des courbes intenses et la capacité de suspendre comme des colliers au mur, ses sculptures tissées ont l’air presque fonctionnelles. Les œuvres vibrantes qu’elle crée aujourd’hui ont évolué à partir de son expérience de peintre et de tisserand. Selon les anciennes techniques de tissage de paniers, elle dit que le médium nourrit sa passion pour transformer les fils sensibles en formes solides. ‘’ Quand je commence un morceau, je crée une ligne qui enveloppe le fil autour d’un cordon, avec une couleur qui était dans mon esprit.
Photo fernejacobs
Depuis, je vis dans un mystère, créant chaque emballage et connexion de ce que j’espère être une forme vivante. Je n’ai aucune idée de quelle forme sera sa forme finale jusqu’à ce qu’elle soit terminée. Même là, je ne comprends pas la partie et je ne sais que ce qui m’a conduit à sa création. C ‘ est une expérience très familier. Selon la taille et la complexité du projet, j’ai besoin de deux à six mois pour le terminer. J ‘ai la même expérience que le spectateur quand c’est terminé et je n’arrive jamais à une conclusion. Je vois quelque chose de différent à chaque fois que je m’occupe de mes affaires. Je participe à différents aspects de cela. Il n’y a pas d’intention directe, juste un espoir qu’il ait la vie et, à travers elle, bouge d’une certaine manière Pour moi, c’est ce qui fait de l’art une expérience d’enrichissement si excitante “, elle nous mentionne les caractéristiques de ses oeuvres. Au fil des ans, elle a participé à tellement d’expositions individuelles et collectives, et ses œuvres existent dans de nombreuses collections privées et publiques, telles que le Musée de la Maison Spalding Honolulu (ancien Musée du Contemporain, Honolulu), au Musée d’art de la menthe (Charlotta, Caroline du Nord) et le Smithsonian Museum of American Art. En 1990, elle a reçu la bourse d’études du patrimoine national du patrimoine des arts, en 1995, elle a été nommée d’après le American College of the Association‘s
https://www.facebook.com/ferne.jacobs.3 catalogue https://static1.squarespace.com/static voir la vidéo https://www.youtube. com/watch?v=n_ LqK3m36kM&feature=emb_logo
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Arts Council, et en 2006, elle a reçu le prix Flintridge Foundation Award for Visual. Ferne Jacobs continue de faire la morale et d’exposer ses paniers de sculptures, et ses fonds d’écran à ce jour. La gellerie qui s’occupe principalement de ses travaux est La Nancy Margolis Gallery, établie à New York dans les années 1990, a célébré sa 17e année en 2020 en tant que marchand d’art dans le quartier artistique de Chelsea, de renommée mondiale. D’envergure internationale, NMG présente de la peinture contemporaine, des œuvres sur papier et des sculptures d’artistes émergents ou établis. Les artistes de la galerie, sélectionnés pour leur langage esthétique unique et leur vision fascinante, sont représentés dans d’importantes collections publiques et privées, notamment le Metropolitan Museum of Art, NYC ; le Museum of Arts and Design, NYC ; le Guggenheim Museum, NYC ; le Museum of Fine Arts, Boston ; le de Young Museum, San Francisco ; le Smithsonian American Art Museum, Washington D.C. ; le Victoria & Albert Museum, Londres ; et le Danish Museum of Decorative Arts, Copenhague. NMG est désormais exclusivement une galerie en ligne et ne dispose plus d’un espace physique au 523 West 25th Street. www.nancymargolisgallery.com/ferne-jacobs
Photo vitaminevaganti.com
PIERRE RIBA’ GNG
’œuvre de Pierre Ribà représente une pratique distincte ancrée dans la contemplation, le mysticisme et une profonde simplicité. Ses œuvres rappellent la tradition de l’idolâtrie païenne, mais leurs formes presque archaïques semblent en même temps assez futuristes, de sorte qu’elles peuvent être perçues comme une forme de modules cryogéniques ou extraterrestres. Ces formes particulières en disent long sur le savoir-faire de Riba et sur la façon dont l’artiste se consacre au façonnage et au polissage de la forme. En outre, il est fasciné par les possibilités plastiques du carton, qui est le principal matériau choisi par Riba. L’artiste Ribà est un sculpteur qui utilise le carton pour créer de nouvelles œuvres pour la galerie une vidéo Pierre Riba est né en 1934, dans l’Ardèche, en France. Il a fait ses études aux Be-
aux-Arts de Lyon et de Paris et a commencé à travailler comme peintre dans les années 60 et 70. Puis il est devenu dessinateur, paysagiste, architecte, illustrateur, restaurateur de vieilles pierres, autant de métiers qui ont nourri l’âme de l’artiste. Les œuvres de Pierre Riba se trouvent dans de nombreuses collections publiques et privées en Suisse, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, en Espagne, au Portugal et aux États-Unis. Pendant de nombreuses années, l’œuvre a été construite par le travail quotidien et au fil des années, l’artiste s’est complètement empêtré dans divers matériaux, mais s’est intéressé à la sculpture et s’est rapidement consacré à un matériau qui le séduit le plus : le carton cannelé. Pierre Riba utilise des outils assez simples de façon sophistiquée et lente ; il découpe, assemble, peint, enduit, cire, lustre la matière pour la transformer en œuvre d’art. L’œuvre est ensuite trempée dans la résine qui durcit le matériau, puis elle est recouverte de graphite. Outre le carton, il utilise également le bois et la pierre et crée des formes épurées et monochromes qui font principalement écho à l’art tribal et africain. Pierres, traces, fossiles, dolmens, grottes, œuvres d’art primitives plutôt que classiques sont ses inspirations. Les œuvres de Riba peuvent même être liées aux peintures noires en relief de Frenk Stella ou au phénomène de l’art minimal en général. Elles sont étouffées par des enchevêtrements denses et coagulés et possèdent donc une certaine caractéristique organique, alors que d’autre part, la rigidité suggère un besoin de concentration ou de contemplation. Néanmoins, les reliefs et les sculptures de Pierre Riba sont en phase avec la contemporanéité. (suit à la page 27)
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PALAZZI 25 VENEZIA
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Photo DeltaNA
(suit de la page 25 Il est stupéfiant de voir à quel point il se réinvente constamment en ce qui concerne la transformation de ses idées et leur exécution. Travailler avec le même matériau peut être assez contraignant, mais Riba menace de faire onduler le carton comme s’il était vivant, avec tout le respect que l’on doit à sa personne. La recherche constante et ciblée de la forme essentielle l’amène à sublimer chacune de ses œuvres en un art à la fois brut et noble. Cela est accentué par des monochromes peints dans des tons noirs et veloutés profonds et énigmatiques. En fait, Pierre Riba produit des œuvres simples et profondes, mystiques et authentiques, intermédiaires entre l’homme et les forces archaïques. L’artiste semble être habité par des milliers d’années d’histoires, de contes et de légendes, et les œuvres sont le résultat d’une synthèse ultime et poétique entremêlée de philosophie et de sagesse. Pierre Riba vit et travaille dans le sud de la France et en Espagne. Balasz Takac https://www.widewalls. ch/artists/pierre-riba/ https://galerie22contemporain.com/pierre-riba/
Art for Art
exposition internationale à partir du
10 septembre 2020 jusqu’au 30 septembre 2020
Oyster Galleries Lahore, Pakistan https://oysterartgalleries.com/
’exposition internationale “Art for Art” est née d’une idée du galeriste pakistanais et directeur de galeries d’huîtres, Muhammed Waris, qui a ressenti le besoin, en ce moment de distance et d’isolement entre les pays et les peuples, de créer une exposition virtuelle pour renforcer le pont artistique qui rassemble les lieux et les artistes du monde entier. Ainsi, en collaboration avec des critiques d’art, des conservateurs et des galeristes de différentes nationalités, il a sélectionné et invité environ 140 artistes de premier plan sur la scène internationale à donner vie à l’exposition qui ouvrira ses portes virtuelles le 10 septembre, de 17h30 à 21h et durera jusqu’au 30 septembre. L’exposition sera visible sur le site web des Oyster galleries, mais pour rendre l’événement plus engageant, il y aura le partage sur les médias sociaux des œuvres exposées par les conservateurs, les critiques d’art, les galeristes, les magazines d’art, les journaux et les sponsors internationaux qui font partie du projet. “Art for Art” sera donc un flux virtuel d’art contemporain qui, à partir des Oyster Galleries de Lahore, à la frontière entre le Pakistan et l’Inde, traversera de nombreux pays éloignés les uns des autres, dont par exemple le Maroc, où réside le conservateur international Khira Jalil, qui a été le commissaire du projet aux côtés de M. Muhammed Waris. L’exposition servira de pont entre les cultures, les artistes, les collectionneurs et les amateurs d’art qui
Photo Yousaf Sheikh
sont plus éloignés que jamais les uns des autres. Parmi les artistes présents à l’exposition figure le duo italien Delta N.A. qui participera avec 10 peintures et à côté du couple seront exposées des œuvres de : Abdel Latif hossen Al-Sadoudi , Asaad Jaafar Ibrahim , Abdelaziz Nassib El Mesnaoui , Abdennour Zerfaoui , Abdoul-Ganiou Dermani , Abeer Saad Al -Din Ahmed , Ahmad Karo , Aina Putnina , Alfredo Jose Prado , Amna Walayat , Anna Tauschke, Azhari Fatine Amina , Azher Dakil Mohsin , Bouchra Meloui , Ceren Cengiz , Chaoub Nabil,Eckel Nyamhondoro , Edgor Pintor Venezolano , Emma Tumanyan , Ernesto Monlo , Eunice Mateo , Fran Neuville , Elena Tereshkova , Ganesh C.. Basu , Ghedeir Ahmed Abdelbasset , Gustavo Enrique Morales Salamanca , Hagop Sulahian , Hilda Kelekian , Hossam El-Din Mohammed Hassan , Azhari Fatine Amina , Aziz Al-Misnawi , Cristian Mateus , Dhaneshwar Shah , Dr. Brikadnas Latifa , Ernesto Guerrero Pititore, Galez Covertly, Habib Zouinekh, Hatem Trab, Héctor L. Rodríguez, Hind Saad Muhammad Hussein Obaid, Huma Khan, Julia De La Rua, Kalipada Purkait, Kernane Brahim, Khadija Amergui, Khaled Mohamed Abbas Mounir, Khaled Nassar, Khira jalil, Krishan Kumar, Ksenia Molostvova, Lamiaa Haddouch, Mahsa Isapour, Fatima Tahouri, Mami Kawasaki, Mariam Baidoshvili, Arab Mazen, Milonz Kaluza, Mohamed Mounir. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site www.oysterartgalleries.com PALAZZI 27 VENEZIA
a Oyster Art Gallery est reconnue comme l’une des galeries d’art à croissance rapide au Pakistan. La galerie a été créée en 2007 mais elle a retrouvé son objectif à sa destination avec une bonne rapidité et est devenue l’un des lieux favoris des artistes et des amateurs d’art en très peu de temps. Nous nous engageons à vous offrir des œuvres d’art de très haute qualité d’artistes professionnels, nouveaux et anciens, du Pakistan. Nous organisons et conduisons également des expositions personnelles et de groupe et nous sommes très actifs dans les événements artistiques du pays pour promouvoir l’art et les artistes. Nous encourageons tout le monde à consulter notre site web et à visiter notre galerie ; nous sommes sûrs que vous y trouverez quelque chose qui vous plaira, que ce soit un ajout à votre collection ou un cadeau pour un ami ou un membre de votre famille. Un véritable festin pour les collectionneurs ! Notre mission La galerie d’art Oyster existe pour exposer, interpréter, préserver et promouvoir l’héritage visuel, artistique et culturel des peuples indigènes du Pakistan ; pour éduquer et engager le public sur les questions sociales locales, régionales (suit de la page 27)
(suit page 28) et mondiales à travers les arts visuels. La mission de l’Oyster Art Gallery est d’encourager l’appréciation et la compréhension de l’art et de son rôle dans la société par le biais d’un engagement direct avec des œuvres d’art originales. La galerie d’art acquiert, préserve, interprète, expose et rend accessible les œuvres d’art à divers publics, afin de soutenir les objectifs éducatifs interdisciplinaires de la galerie et de profiter à la communauté dans son ensemble. La mission de notre galerie est d’instruire, d’informer et d’inspirer nos artistes locaux, nos clients et nos invités dans notre belle galerie d’art, où nous... Fournir une source d’art visuel de haute qualité. Créer un lieu passionnant où les artistes peuvent exposer et vendre leur art Représenter et promouvoir le travail de nos artistes à travers notre galerie, notre site web, nos ateliers, etc. Faciliter le conseil en marketing pour les artistes Proposer des expositions et des ateliers de grande qualité pour les locaux et les étrangers dans un cadre sans obstacle, conçu pour inspirer tout en offrant des expériences artistiques amusantes et éducatives pour tous les âges et toutes les capacités.
Nous nous efforçons d’apporter de la joie et de la beauté aux collectionneurs d’art. Avec un bel ensemble d’artistes, nous proposons des peintures et des sculptures qui amélioreront votre vie et toucheront votre cœur. Nous souhaitons combler vos désirs artistiques avec des créations uniques et inspirantes. Nous vous souhaitons la bienvenue ici ! Notre vision Nous envisageons une galerie accessible à tous comme un espace public dynamique au service de notre communauté, pour favoriser un plus grand engagement social, la pensée critique et la créativité. Nous voulons façonner et enrichir la qualité de vie des résidents et des visiteurs de l’Oyster Art Gallery et devenir un leader dans les domaines de l’appréciation de l’art et de l’éducation interdisciplinaire pour la communauté locale. Nos valeurs Nous avons défini et identifié les valeurs de qualité suivantes pour nous permettre de réaliser nos objectifs et notre vision : Pour développer la responsabilité communautaire, la galerie interagit avec la communauté en concevant des programmes qui inspirent, défient, éduquent et divertissent tout en reconnaissant l’excellence dans les arts visuels. Pour développer la responsabilité professionnelle, la galerie utilise l’expertise de conservateurs pour mettre en œuvre le cadre des expositions, des programmes et des services conformément aux normes professionnelles des arts visuels reconnues au niveau national.
Photo oystergallery
GULBERG BRANCH 84-B-1, M. M. Alam Road, Off Ghalib Market (Near Old Pizza Hut), Gulberg III Lahore. Ph: +92-42-35771879 Mob: +92-314-4197232 admin@oysterartgalleries.com
OYSTER DELTA N.A.
Développer une compréhension et une appréciation du rôle complexe de l’art dans la réflexion et l’influence sur la manière dont les gens se comportent de manière critique et créative dans un monde en mutation. Présenter un programme changeant d’expositions bien documentées, visuellement stimulantes et réfléchies qui sont soutenues par des événements et des publications appropriés, qui apportent une contribution distinctive à leurs domaines et gagnent le respect et l’attention du public local, national et international. Jouer un rôle de leader national dans le développement d’activités éducatives qui approfondissent la compréhension du fonctionnement des galeries pour produire du sens et faire progresser les connaissances. Fournir une plateforme de réflexion et de recherche interdisciplinaire où les idées et les pratiques peuvent être explorées et testées. Documenter le travail de la galerie comme une ressource accessible aux critiques d’art et aux étudiants en art actuels et futurs. Dans la poursuite de sa mission, la Oyster Art Gallery s’engage à respecter les principes de liberté artistique et académique et reconnaît la relation particulière qui existe entre la galerie et le public.
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lessandro Vignola e Neva Epoque, in arte DELTA N.A, dipingono a quattro mani e vivono viaggiando tra le loro innumerevoli esposizioni; personali a Los Angeles, Beverly Hills, Biennale di Genova, Torino (Galleria Davico), Miami, Prato, Montecarlo, Parigi, Bargemon. Dalla dicotomia interiore dell’uomo contemporaneo tra le forze terrene e quelle divine, si dipana la loro ispirazione artistica fatta di forme e apparenze che a volte si sovrappongono in livelli e gradazioni coloristiche nei quali come un codice, il primo svela i successivi mentre l’intelletto gradualmente si svincola dalla creazione artistica. Sovrapposizioni di segni geometrizzanti a strutture iconiche riproducono nell’intrigo pittorico l’uomo e la natura in un impegno creativo sinergico volto a unificare nell’arte l’anima maschile e femminile, dando vita ad un connubio intenso, inedito e di conclamato successo. Con la luce nel cuore La magistrale orchestrazione strutturale dell’Opera, racchiude il ruolo arcano del colore, con le sue sfumature soprannaturali d’indaco e giallo, valore fondamentale del dipinto, che non ha una stesura veristica, ma si fa metafora, ponte, teso verso una meravigliosa ed evocativa figurazione trascendente, che travolge l’effimera concretezza del reale per ridestare suggestioni ascetiche e incontaminate”. Melinda Miceli quadri.pittart.com/deltana.
Photo vitaminevaganti.com
a y est vous avez explosé le compteur. Notre objectif 100% est atteint, un immense merci. La cagnotte continue : objectif 150%, pour lequel on vous a concocté de nouvelles contreparties ! Chez ta soeur est une association loi 1901, ancrée depuis bientôt un an à Tournus, en Bourgogne du Sud : espace d’accueil, de fabrication et de ressources communes, ce lieu vivant et convivial a pour objet d’encourager la création artistique, la récupération créative et la revalorisation de matériaux. Depuis le mois d’octobre 2019, des ateliers, évènements, expositions et autres animations sont organisés régulièrement, pour tout type de public. L’association est née avec l’aménagement d’un local, rue Désiré Mathivet : Chez ta soeur, c’est un peu comme ouvrir une nouvelle pièce
Chez ta soeur à Tournus Soutenez une association artistique et culturelle
Contribuer https://mobile. ulule.com/chezta-soeur-onse-serre-lescoudes/
dans la grande maison du Quartier de la Madeleine, pour que la famille puisse d’agrandir. A quoi va servir le financement ? Depuis sa création, l’association parvient à s’auto-gérer et à s’auto-financer, grâce à beaucoup de bénévolat et de dons. Nous avons dû cesser d’accueillir du public pendant la période de confinement, et notre auto-financement ne peut aujourd’hui plus subvenir aux charges fixes de notre lieu. Pour que ce lieu perdure, et que nos activités et évènements reprennent à la rentrée de septembre, nous avons besoin de votre soutien ! Pour l’année à venir, nous proposerons encore des ateliers artistiques et créatifs réguliers, avec un engagement sur la durée, et des ateliers ponctuels sur des techniques et thématiques spécifiques. Parmi les ateliers proposés, nous compterons la pratique du dessin, de la peinture, de la couture, des arts-plastiques, de la sculpture, de la gravure et d’autres pratiques d’impression, etc. Nous accueillerons également régulièrement des artistes et des créateurs pour des expositions et des évènements ponctuels. Le lieu sera aussi toujours utilisé comme espace de travail partagé par des personnes particulières ou des structures collectives, pour des réunions, ou des évènements solidaires conviviaux. Nous organiserons également des sorties de groupe, pour des visites de lieux culturels ou pour rencontrer d’autres lieux associatifs artistiques et culturels. Nous continuerons également à offrir de 1 à 3 fois par mois un atelier et/ou évènement gratuit. Chez ta soeur, nous sommes aujourd’hui plus de 100 adhérent.e.s, toutes générations confondues. L’espace dont nous disposons nous permet d’accueillir 8-10 personnes en moyenne par créneau d’atelier
Photo cheztasoeur
ou en espace de travail partagé. Nous affichons la plupart du temps complet. Lors de nos évènements gratuits, expositions ou accueil d’artistes, nous accueillons en moyenne 60 personnes sur un week-end. Nous travaillons avec une dizaine d’intervenants, à la fois volontaires et bénévoles, et d’autres en tant que prestataires rémunérés. Le fonctionnement interne administratif et logistique ainsi que la communication sont pris en charge par du personnel bénévole. Parmi notre dizaine d’artistes ou artisans intervenants, un tiers d’entre eux propose d’animer régulièrement des ateliers à titre bénévole. Pour soutenir ce projet, des artistes et créateurs, tous membres actifs de notre association, ont fait don de leurs oeuvres pour vous proposer une belle sélection de contreparties En tant que créateurs, citoyens, associations ou entreprises, nous partageons tous de plus en plus le même désir d’agir pour construire un monde meilleur : plus diversifié, plus durable et ouvert à tous. Mais comment une personne peut-elle transformer une idée en réalité ? Ulule aide les créateurs à faire le grand pas et surtout à le transformer en succès ! PALAZZI 31 VENEZIA
Au-delà de l’aspect financier, Ulule soutient les créateurs tout au long du processus en les aidant à concrétiser leurs idées, à co-créer avec leurs communautés, à faire connaître leurs projets et à les faire grandir. Pionnier du crowdfunding depuis 2010, Ulule est devenu le premier incubateur de projets à impact positif soutenus par la communauté. À ce jour, notre communauté de 2,5 millions d’utilisateurs a créé 30 000 projets. Ulule est certifiée B Corp. Ce label est attribué par un organisme international indépendant aux entreprises qui, après avoir satisfait à des critères stricts, ont eu un impact positif sur la société et l’environnement. Ulule a été l’une des premières entreprises françaises à recevoir ce label en 2015. Notre objectif quotidien est de soutenir les créateurs qui commencent à travailler sur Ulule et nous nous engageons à leur donner les meilleures chances de succès. (suit page 32)
Nous croyons en la force du collectif Changer le monde ? Combattre le pessimisme actuel ? Nous pouvons le faire. Nous pouvons le faire ensemble. Nous avons tous un rôle à jouer à tous les niveaux de la société et c’est ensemble que nous trouverons de nouvelles solutions. La force de la communauté d’Ulule est son pouvoir d’accroître l’impact des projets qu’elle soutient. Elle repose également sur une force qui nous tient à cœur : la bonne volonté. Nous sommes ouverts à tous Ulule est une plateforme et une communauté ouverte à tous, en particulier aux créateurs, quelle que soit la taille ou l’am-
Photo cheztasoeur
(suit de la page 31) Nous sommes des créateurs au service des créateurs Tout d’abord, nous croyons en l’action. Le but de notre mission est en effet de faciliter le passage de la pensée à l’action tant pour ceux qui cherchent à créer des projets ayant un impact positif que pour ceux qui veulent les soutenir. À cette fin, nous nous appuyons sur une approche de test & apprentissage constant, dans la recherche permanente de solutions concrètes, innovantes, efficaces et naturellement simples.
bition de leur projet. Dans le cadre de notre engagement en faveur de l’ouverture, Ulule choisit d’utiliser des technologies open source (si vous êtes développeur, consultez l’API d’Ulule et le dépôt GitHub). En outre, nous prenons très au sérieux les questions de confidentialité, de transférabilité des données et tout ce qui met la technologie au service des personnes (et non l’inverse). Nous aimons encourager les échanges et les rencontres personnelles grâce aux nombreux événements locaux que nous organisons lorsque cela est possible. Nous croyons en la diversité Parce que nous croyons profondément que la diversité est un atout, Ulule s’engage à accueillir la plus grande variété de projets. Des microprojets locaux aux projets internationaux à grande échelle, des produits de niche aux cosmétiques de nouvelle génération, nous accueillons toutes les initiatives qui contribuent à construire le monde auquel nous aspirons. Nous sommes également attachés à la diversité de nos équipes, y compris en termes de passion, afin d’apporter, comme toujours, le meilleur soutien possible à nos créateurs sur leur chemin vers le succès. Notre philosophie de partenariat Notre philosophie de partenariat est fondée sur la conviction que nous sommes toujours plus forts
Dernière manifestation organisée par Chez ta soeur au Cellier des Moines du 14 au 23 Août ! Lieu de vie, exposition, friperie, ateliers
quand nous sommes nombreux. Surtout lorsque nous essayons activement de rendre le monde meilleur. Notre objectif immuable reste de donner aux créateurs les meilleures chances de succès. Avoir un partenaire augmente de façon exponentielle les chances de faire démarrer un projet, d’en parler et de le faire grandir. Parce qu’un partenaire, en plus d’un soutien financier, offre également une visibilité, un réseau, une expertise, un conseil... Nous favorisons les partenariats avec des entreprises qui s’engagent activement à jouer un rôle positif dans la société et nous promouvons les conditions d’une relation fructueuse avec les créateurs qu’elles soutiennent. Chacun est naturellement libre d’accepter ou non les partenaires proposés par Ulule - il n’y a aucune obligation ! Nous vous soutiendrons et maintiendrons votre campagne à flot ! Précurseur du financement collaboratif, Ulule permet à des projets créatifs, innovants et interdépendants de lever des fonds, de tester des idées, de mobiliser et de faire grandir une communauté. Aidez les créateurs à passer de l’idée à l’action ! Donner aux gens le pouvoir d’agir Pour un monde plus différent, plus durable et ouvert à tous. https://fr.ulule.com/ PALAZZI 33 VENEZIA
Avec les artistes Paloma Kuns, Vincent Cros, Suzy Mazoyer, Christian Dupont, Sauce Pouring, Lisa Mazoyer, Carolina Rodríguez, Sofidjemiloe Lile, Corinne Korda, Keith Moule On en a profité aussi pour vous présenter les activités de l’association, et vous avez pu découvrir quelques travaux réalisés cette année par les adhérents pendant les ateliers Cellier des Moines Rue Gabriel Jeanton (à côté de l’abbaye) Tournus
Photo vitaminevaganti.com
penser ? Pendant cinq ans, un “mouvement” s’est moqué du peintre et a exigé le retrait des tableaux des musées. En 2015, il s’agissait peut-être au départ d’un coup culturellement incorrect, qui a donc rapidement fait son chemin dans le monde flottant du web. Un type, Max Geller, avait entamé des manifestations de protestation devant le musée de Boston pour exiger que les tableaux de Renoir soient retirés parce que “Renoir est nul en peinture”, en un mot, nul, et un autre panneau des manifestants disait “Dieu déteste Renoir”. Ce qui est vrai de la nation qui a inventé le Premier Amendement, y compris les bêtises habituelles selon lesquelles les Renoirs ne sont “que des hommes blancs et
AUGUSTERENOIRSUCKS’?
es détracteurs de Renoir n’ont-ils pas autre chose à
leur regard d’homme blanc”. Dans le compte-rendu de l’Instagram, ils ont soutenu une série de vaccinations de ceux qui sont typiques du bon sens de l’homme de la rue qui ne connaît rien à lArt mais qui a une opinion sur tout, quoi qu’il en soit: les vrais arbres sont beaux, mais Renoir les réduit à des “gribouillis verts” (il te vient à l’esprit, ohibò, que même le sévère Togliatti en 1948 a utilisé le terme de “gribouillis”, avec des “horreurs” et des “bêtises”, sur l’art abstrait), est ennuyeux, ne peut pas peindre des seins et ainsi de suite. Et c’est ainsi que les deux mille quatre cents adeptes de la première heure de “renoir_sucks_at_painting” ont du mal à se faire égoïstement pendant qu’ils se produisent en bouchées dégoûtantes devant les tableaux du peintre, ce qui, si vous avez sept ans, est un petit jeu amusant, comme écrire idiot qui lit, dessiner de très longs penis sur les murs des toilettes, tricher avec votre partenaire, puis vous arrêtez généralement. Ce n’étaient pas des radicaux, et encore moins des vandales, ils ne faisaient que s’amuser avec un concept que la culture pop nous impose (Renoir est un génie, un artiste de musée : pour eux, c’est la culture pop) et ils se moquaient de lui : “nous ne comprenons pas bien, nous ne croyons pas au fait que Renoir était un grand peintre, alors sortez les Renoir des musées”. Nous avons vu des choses bien pires, avouons-le. En fait, il n’y a pas eu de réactions d’indignation face à leurs provocations ; une indifférence polie, oui, mais pas de trombone qui se pose en champion des “valeurs sacrées” des musées et de la peinture : je pense qu’ils l’espéraient, mais cela ne s’est pas produit. J’imaginais que, en l’absence d’antagonistes, la chose s’était éteinte depuis longtemps, mais j’ai découvert qu’entre-temps, le mouvement intrépide a dépassé les quatorze mille adeptes et qu’il y a encore aujourd’hui
Foto apollomagazine
ceux qui se moquent en comparant des visages avec des photos de chats, en notant que les aubergines de Renoir sont des allusions phalliques et que ses femmes ont toujours des “seins désarmants”, ce qui, à l’époque de la honte corporelle et de la refonte du web, devient un démérite spécifique : Le mieux qui puisse arriver est l’idée de monter le visage de Trump sur un portrait féminin (celui qui affiche fièrement son Renoir en sachant qu’il est faux), et il y a aussi quelqu’un qui se sent cool de penser à une telle banalité. On dit : eh bien, quatorze mille adeptes ne sont rien, c’est un petit club de bons à rien sans idées qui se disent qu’ils ne sont pas ignorants, mais que c’est le système arriéré des musées qui souffre de la maladie d’apprécier Renoir et de l’imposer avec des yeux arrogants. Mais on se demande alors qui les pousse à le faire : depuis cinq ans, ils s’accrochent à cette obsession fixe et ne perdent pas une minute à lire un pamphlet sur Renoir ou les impressionnistes, dont ils apprendraient que pour trouver quelqu’un qui soit d’accord avec eux, il faut remonter à Louis Leroy, qui a dégoûté Renoir et ses compagnons dès leur apparition. Mais ce n’est pas leur problème : faire des classements d’importance artistique signifierait rencontrer d’autres peintres et ils ne peuvent pas imposer cet effort à leur seul neurone, tous concentrés sur la haine de Renoir. Ce n’est pas une opinion esthétique, c’est un jeu de PALAZZI 35 VENEZIA
société fait juste pour le plaisir de faire, pour inventer des blagues et des mèmes au goût improbable et sans effet, évidemment par manque de meilleures choses à faire. Puis vous vous demandez : combien de ceux qui proclament leur amour pour Renoir sont aussi convaincus que c’est important parce que c’est dans les musées et que cela coûte beaucoup de millions de dollars, et c’est tout ? Flaminio Gualdoni, du Giornale dell’Arte numéro 409, août 2020 ierre-Auguste Renoir dit Auguste Renoir, né à Limoges (Haute-Vienne) le 25 février 1841 et mort au domaine des Collettes à Cagnes-sur-Mer le 3 décembre 1919, est l’un des plus célèbres peintres français. Membre à part entière du groupe impressionniste, il évolue dans les années 1880 vers un style plus réaliste sous l’influence de Raphaë. Il a été peintre de nus, de portraits, paysages, marines, natures mortes et scènes de genre. Il a aussi été pastelliste, graveur, lithographe, sculpteur et dessinateur. Peintre figuratif plus intéressé par la peinture de portraits et de nus féminins que par celle des paysages, il a élaboré une façon de peindre originale, qui transcende ses premières influences (Fragonard, Courbet, Monet, puis la fresque italienne). Pendant environ soixante ans, le peintre estime avoir réalisé à peu près quatre mille tableaux
Dans ce livre, il y a un dialogue, vrai et documenté, entre Mère Teresa et un mourant, qui nous apparaîtra (malheureusement) comme une blague cynique et effrayante, ou quelque chose de similaire à une caricature d’Altan ; dans ce dialogue et à d’autres moments, nous découvrirons également que pour Mère Teresa, les pauvres n’ont jamais de nom propre, ils ne s’appellent pas Joseph ou Marie, mais simplement pauvres, ou malades ; une masse de personnes (colorées et différentes) qui, dans le discours sur la charité, sont regroupées dans la catégorie des pauvres : et ce afin de fixer les rôles dans un schéma narratif simple : le héros,
Photo wikipedia
Nous publions ici l’introduction d’Antonio Pascale à l’un de ses livres publiés par minimum fax, “La position du missionnaire”, une analyse inhabituelle de la figure de Mère Teresa de Calcutta qui se concentre sur les aspects les plus contradictoires de son activité religieuse et questionne, de façon courageuse et politiquement incorrecte, “l’éthique de la souffrance” qui la sous-tend.
MERE TERESA DE CALCUTTA
n dècembre, l’année 2011, Christopher Hitchens, journaliste, essayiste, critique littéraire et activiste politique connu pour son esprit désacralisant et anticlérical, est décédé.
c’est-à-dire celui qui pratique la charité (Mère Teresa et Dieu à travers elle) ; et l’objet de l’héroïsme, c’est-à-dire les pauvres (et Jésus à travers eux) qui la subissent. Donc, le dialogue : le pauvre homme est sur le point de mourir et comme il meurt en tant que malade, il souffre horriblement, il a des halètements et des torsions (le tout est filmé par la caméra). Mère Teresa, debout devant lui, lui tient la main (et regarde droit dans la caméra) ; elle décrit d’abord la maladie du pauvre homme : un cancer en phase terminale, puis elle lui dit (au pauvre homme) : tu souffres comme le Christ sur la croix, c’est sûrement Jésus qui t’embrasse. Et le pauvre homme répond : “alors, s’il vous plaît, dites-lui d’arrêter de m’embrasser”. Un doute s’impose à nous qui avons lu ce livre : mais (toujours) la douleur nous rapproche-t-elle de Dieu ? Et le doute nous amène alors à formuler une question: la souffrance et la douleur purifient-elles (élargissent-elles) notre cœur jusqu’au fond, au point de le rendre cher à Dieu, ou, au contraire, l’engourdissent-elles, l’obscurcissent-elles, la rendent-elles mauvaise ? Si nous essayons de répondre avec la vie des grands saints et des présumés tels (ou dans un futur proche, des béatifiés potentiels) comme point de référence, nous nous trouverons face à une telle quantité de souffrance, de douleur et de passion, qu’après les avoir lus, nous ne pourrons pas rester complètement silencieux.
Alors la réponse devrait être affirmative : oui, la souffrance nous rapproche de Dieu. Mais, ensuite, si nous lisons attentivement la vie des saints (et des présumés), nous nous rendrons compte que la souffrance (même si elle les rapproche de Dieu) n’éloigne pas toujours la violence de leur cœur et de leur esprit (nous nous souvenons en effet des saints qui ont approuvé la Croisade et l’Inquisition). Certes, il ne s’agit pas de violence flagrante, il ne s’agit pas de coups de feu ou de coups de couteau, mais, au contraire, il s’agit parfois de violence verbale, disons une sorte d’invitation au masochisme (une tentative désespérée et infructueuse d’imiter le Christ sur la Croix), une invitation à partager avec eux les joies de la souffrance et de la douleur, des passions qui (selon les saints, ou prétendument telles) ouvriront un chemin préférentiel vers le ciel. Si nous voulons un exemple, il n’est pas nécessaire d’aller loin dans le temps, nous pouvons nous arrêter et lire la vie de Padre Pio (probable futur saint) à travers ses lettres. Nous découvrirons que lorsqu’une de ses filles spirituelles l’informe qu’elle est atteinte d’un cancer et qu’elle souffre horriblement, il lui répond : “Mon enfant, je sais que tu souffres. Mais s’ils vous disaient que Jésus est content de votre souffrance, ne seriez-vous pas heureux et aussi prêt à souffrir encore plus pour Lui plaire ? Eh bien, je vous dis de la part de Dieu que votre souffrance est voulue par Jésus pour votre perfection, et PALAZZI 37 VENEZIA
il aime vous garder sur la croix avec lui : soyez donc rassurés et demandez à Jésus de bien souffrir ce qu’il veut que vous souffriez”. La fille spirituelle accepte volontiers le conseil, elle adresse une dernière prière à Padre Pio : elle lui demande si par hasard elle peut intercéder auprès de Jésus, afin qu’il change ses souffrances du physique au spirituel. Et Padre Pio répond non, il vaut mieux laisser “Jésus vous retourner et vous retourner quand Il le veut”, et ensuite, “si les blessures ne suffisent pas, alors cela signifie que nous ferons des blessures sur des blessures”. L’idée qui nous vient, après avoir lu les lettres de Padre Pio, est qu’il aime son prochain comme lui-même (en cela c’est très évangélique). Mais comme Padre Pio ne s’aime que lorsqu’il souffre (c’est-à-dire lorsqu’il ressemble à son époux Jésus), alors, pour mieux aimer son prochain, il l’invite à mieux souffrir. Et là, un second doute se fait jour : le renoncement (à la vie) et la souffrance sont-ils partageables ? Mon choix (respectable) de souffrir, par vocation ou par conviction, peut-il entraîner les autres dans ma propre souffrance ? Ou peut-être, mieux encore, le contraire est-il vrai : la souffrance n’at-elle de valeur que dans la tentative de la surmonter? (suit page 38)
Manque d’argent ? Non, pas du tout. Celles-ci abondent et viennent du monde entier (nous savons que la charité est à la mode) ; au contraire, dans les maisons de la charité, il y a la seule loi de Mère Teresa qui dit : la souffrance, la pauvreté, la soumission nous rapprochent de la reconnaissance de Dieu.
Photo lamatitadidio
(suit de la page 37) Eh bien, nous qui avons fini de lire ce livre commençons à croire que la valeur de la souffrance réside dans la mesure dans laquelle tout est fait (ce qui est honnête) pour l’éviter. Cette conviction se renforcera à mesure que nous lirons dans le livre de témoignages (tous bien documentés et fiables), dont ceux de certaines anciennes infirmières de Mère Teresa et celui d’un médecin faisant autorité (Robin Fox, directeur d’une des plus importantes revues médicales du monde, “The Lancet”) qui nous expliquera comment, dans les maisons de la charité, les règles les plus élémentaires d’hygiène et de santé font défaut, comment négliger de désinfecter les aiguilles ; ils nous parleront de la superficialité du diagnostic, et du manque chronique d’analgésiques et de sédatifs (comme nous l’avons dit, la souffrance nous rapproche du Christ). Ceci et bien d’autres choses encore.
Et, par respect pour ces idéaux de soumission et pour gagner la gratitude de Dieu, Mère Teresa a préféré la providence de notre Seigneur à une sérieuse planification médicale. Il peut alors arriver que, lorsqu’un garçon de quinze ans arrive dans une des maisons de charité, dont on dit qu’il est “mourant”, mais qui en réalité a un problème très simple, un blocage intestinal, traitable par une administration normale d’antibiotiques, le garçon risque de mourir (et on ne sait pas s’il est sauvé ou non, on ne connaît même pas son nom, on ne sait rien de lui, sauf qu’il est pauvre, et cela, malheureusement, suffit) parce qu’on ne veut pas lui payer un taxi, l’emmener à l’hôpital et lui prodiguer des soins appropriés. Et là encore, il n’est pas clair si c’est toujours la providence (impénétrable) de Dieu qui agit ou l’ineptie prévisible de ceux qui pensent : on ne l’emmène pas à l’hôpital (trop de luxe ?), parce que Dieu prendra soin de lui (et de sa souffrance). Si, au contraire, notre Seigneur, par l’intermédiaire d’un riche bienfaiteur, prévoit de construire une Maison de Charité avec tout le confort, moquette et système de chauffage, lits et fauteuils confortables pour s’asseoir, Mère Teresa ordonne à ses infirmières de tout jeter. Tout par la fenêtre : matelas, chaises, air conditionné, systèmes de chauffage. Il faut donc dire que ceux d’entre nous qui assistent à ce spectacle d’anti-consommation, à cet attachement rigoureux à la règle de la pauvreté, sentent de tout
leur cœur qu’il faut respecter et honorer le choix des infirmières de la charité. Une seule chose ne nous convainc pas, et c’est celle-ci : pourquoi les malades (la vraie partie la plus faible) devraient-ils rester dans des pièces sans chauffage, pourquoi devraient-ils reposer leurs maladies sur des bancs en bois ? Pourquoi doivent-ils rendre leur vie pire et plus compliquée ? L’intention de Mère Teresa, être pauvre parmi les pauvres, et souffrir parmi les souffrants, semble que, au lieu de mettre les deux côtés, Mère Teresa et les pauvres, sur le même plan, crée des différences (en laissant de côté la facilité avec laquelle Mère Teresa laisse les mourants lui baiser les pieds) : elle choisit la pauvreté et ouvre sa propre relation privilégiée avec Dieu, les pauvres n’améliorent pas leur bien-être physique et mental, même dans les hôpitaux et les foyers. Ils veulent faire la charité pour reconnaître l’autre et au lieu de cela l’humilier (ou pire). L’éthique de la souffrance semble donc être bonne pour ceux qui, dans l’odeur du mysticisme, font tout pour sortir d’eux-mêmes (et on peut avoir du respect pour les saints ou les mystiques) ; ou la souffrance et le sentiment de douleur peuvent être un vêtement moral, un moyen d’élargir notre conscience intime et sensible. Mais l’éthique de la souffrance est certainement dangereuse quand elle devient un fétiche, quand elle dePALAZZI 39 VENEZIA
vient, c’est-à-dire une règle (avec la pauvreté) de ne pas être choisie mais d’être acceptée par la force. Aussi parce que la règle de la souffrance et de la pauvreté risque de devenir un système d’étranglement : en effet, lorsque nous lisons ce livre, nous voyons devant nos yeux le panneau (un parmi tant d’autres) qui accueille le visiteur à l’entrée de la Maison de la Charité sur Bose Road, à Calcutta, et qui dit : ceux qui aiment la correction aiment la connaissance - des images grossières nous viennent à l’esprit, car le mot correction évoque l’image des asiles. Nous pensons, immédiatement après avoir produit cette pensée, que nous exagérons et que ce n’est qu’un signe comme un autre, et que la situation dans la Maison de la Charité n’est certainement pas ce que l’on respire dans un asile. Certainement les descriptions des anciennes infirmières de la charité qui parlent de salles nues et sordides (mais propres) qui accueillent cinquante ou soixante personnes, toutes strictement avec le crâne rasé, qui n’ont pas l’occasion d’aller au jardin... parce qu’il n’y a pas de jardin, ni de boisson, ni de télévision, parce qu’il n’est pas permis, encore moins de sortir; qu’ils ne peuvent surtout pas recevoir la visite d’amis, (suit page 40)
Photo libertaepersona.org
(suit de la page 39) même lorsqu’ils sont sur le point de mourir, et que certains hôtes sont déprimés et vivent dans l’angoisse de mourir dans des douleurs atroces sans même le confort de la morphine, parce que l’aspirine suffit - eh bien, alors, nous pensons que les maisons de la charité pourraient être un bon prélude à quelque chose de peu différent des asiles. Et ce n’est pas seulement ce signe qui nous fait penser ainsi : ceux qui aiment la correction aiment la connaissance ; non seulement les témoignages cités précédemment, mais, malheureusement, l’histoire. Foucault nous rappelle que le grand internement, qui a commencé à l’époque classique avec la construction de l’Hôpital général de Paris, a trouvé sa raison, sa poussée, son ressort parmi les pauvres. La pauvreté, dépouillée du sens mystique que lui avait donné le geste individuel, est également devenue une affaire de police, grâce aux influences calvinistes (la pauvreté est une faute). “L’âge classique a commencé à percevoir la folie dans l’horizon social de la pauvreté, de l’incapacité à travailler, de l’incapacité à s’intégrer dans un groupe” (Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique). La masse inquiétante des pauvres et des malades qui occupaient les
rues de Paris en mendiant - était enfermée. Mais elle ne s’est pas terminée par un simple internement. Une obsession, ou peut-être un rêve, animait les pères fondateurs des foyers d’accueil : celui de corriger l’esprit et la conscience des pauvres détenus. Le recteur de la maison d’internement de Hambourg a dicté ses règles : le directeur doit veiller à ce que tous ceux qui se trouvent dans la maison remplissent leur devoir religieux et soient éduqués... il doit veiller à éduquer les enfants en religion. Mais non seulement les maisons (laïques) de l’État ont été mues par ces préceptes, mais les maisons catholiques ont également suivi la même empreinte, marquant toutefois la composante religieuse ; l’Opéra de San Vincenzo de’ Paoli nous en donne un exemple : “le but principal pour lequel les gens ont été autorisés à se retirer ici, loin du bruit du grand monde, et ont été amenés dans cette solitude en tant que retraités, était de les sauver de l’esclavage du péché, de les empêcher d’être damnés pour toujours et de leur fournir un moyen de se réjouir dans cette vie et dans l’autre ; ils feront tout leur possible pour adorer la divine providence en cela.” Il s’agit donc, poursuit Foucault, de les libérer d’un monde qui n’est, pour leur faiblesse, qu’une invitation au péché, de les rappeler à une solitude où ils n’auront que leurs anges gardiens incarnés dans la présence quotidienne de leurs gardiens : qu’ils leur rendent effectivement les mêmes bons services que
les anges gardiens invisibles : c’est-à-dire les instruire, les consoler et leur apporter le salut. Dans les Maisons de la Charité, on prend le plus grand soin de mettre ainsi de l’ordre dans la vie et la conscience, et tout au long du XVIIIe siècle, il deviendra de plus en plus évident que c’est là la véritable raison de l’internement. Ainsi, à l’époque classique, la connaissance et l’apostolat servaient le même but : la correction des pauvres. Peut-être que nous, qui lisons ce livre, allons trop loin, mais lorsque nous apprenons (cette fois grâce à un autre livre, écrit par la Mère : The Simple Path) que l’un des fondements de l’idéologie de Mère Teresa est de faire d’un (pauvre) chrétien un bon chrétien et que pour ce faire, l’une des tâches des infirmières de la charité est d’enseigner comment lire (aux pauvres et aux malades) les Écritures, en bref, de faire le travail d’un véritable apostolat. Cet apostolat semble être quelque chose de plus, qui va au-delà du geste individuel de charité, celui qui honore et célèbre Dieu ici et maintenant et que rien ne demande au mendiant (qui cache Jésus). Au lieu de cela, elle devient une pratique quotidienne, avec ses lois et ses langues, liée à un but précis : amener le mendiant et son âme à Dieu. Et peut-être pas seulement pour le conduire par la main vers la lumière, mais pour le corriger si et quand cela ne montre pas de consentement. Lorsque c’est le cas, il peut arriver que les bonnes PALAZZI 41 VENEZIA
intentions de la charité nuisent non seulement aux pauvres, mais aussi à ceux qui ne sont pas pauvres mais qui ont une conscience orientée vers les faibles. Ils font mal parce qu’ils confondent les choses. En fait, il arrive, et nous qui lisons ce livre sommes immédiatement informés, que Mère Teresa demande de l’argent aux pires dictateurs, comme Duvalier, dictateur d’Haïti. Elle demande de l’argent pour guérir la pauvreté de ceux qui la génèrent. Voici un fait contradictoire : que les pauvres et les riches chantent les louanges de Mère Teresa et, à travers elle, ils chantent aussi les louanges de Dieu. Ce qui se passe, c’est qu’une maison d’accueil est construite et que Duvalier est crédité dans le monde entier. Ce qui se passe, c’est que les pauvres restent pauvres et paient les frais. Nous restons incrédules à ce sujet, mais dans le discours sur la charité et la formation conséquente de l’éthique de la charité, éthique que Mère Teresa divulgue, ce genre de choses ne sont pas des faits isolés. La Mère ne choisit pas de bienfaiteurs, car plus que la pauvreté et ses causes, elle s’intéresse aux pauvres et à leur condition spirituelle : élever une maison d’accueil signifie célébrer le Seigneur (suit page 42)
Photo wikipedia
(suit de la page 41) et ne fait rien si, avec lui, nous célébrons aussi ceux qui sont complices de la pauvreté. On dira : Mère Teresa ne fait pas de politique, elle est trop simple pour raisonner sur les structures sociales complexes qui génèrent la faim et la maladie. On le dit, et on se rend immédiatement compte que ce n’est pas vrai. Notre Mère Teresa sait toujours quand il faut entrer en politique, se lançant contre l’avortement et la planification des naissances avec une telle ardeur (elle fait des invectives contre l’avortement et la prophylaxie même dans le discours d’action de grâce pour le prix Nobel) qu’elle se doute qu’elle veut continuer à donner naissance aux pauvres, elle veut continuer à les accueillir, pour ne pas rester sans travail et sans louange pour être élevée à Dieu. Elle est également capable de se lancer contre les évêques qui ont théorisé et pratiqué la théologie de la libération, une nouvelle façon de gérer le problème de la pauvreté. Et que Mère Teresa, malheureusement, comme tous ceux qui disent ne pas faire de politique, en fait et comment, choisissant le silence quand il y aurait dénonciation, et offrant sa complicité à ceux qui ne le méritent pas. Ce livre se termine par une image, une image
que nous avons souvent vue : Mère Teresa prenant un enfant malade dans ses bras. Mère Teresa et la petite fille n’ont qu’une chose en commun : les rides. À ceux qui lui demandent pourquoi elle est contre une politique sérieuse de planning familial, elle répond en élevant l’enfant encore plus haut et en disant : “Vous voyez, il y a de la vie en elle. Mais la jeune fille est malade et a des rides et la phrase prend un ton cynique et surréaliste. Nous qui lisons ne savons évidemment pas ce qui est arrivé à la petite fille, si elle a guéri ces rides et est devenue une femme belle et épanouie, ou si elle est morte, malgré l’aura de vie que Mère Teresa voyait en elle. Si c’est le cas, nous voudrions que Mère Teresa garde ses rides, si elle les a gardées pour elle seule, et qu’elle se batte pour que d’autres petites filles avec des rides ne naissent jamais ; et s’il faut qu’elles naissent, eh bien, au moins elles doivent avoir un nom, malade, ridée, mais avec un nom, un nom qui les empêche d’être un agneau sacrificiel, un fétiche à élever au ciel à la recherche d’un Dieu à louer. Un Dieu qui, par l’intermédiaire de Mère Teresa, soulève les petites filles ridées, et les fait briller pendant un moment de vie terne, avant de les faire revenir sur le banc en bois d’où elles ont été soulevées. Antonio Pascale http://www.minimaetmoralia.it/wp/digli-di-smettere-di-baciarmi/
adre Teresa di Calcutta, al secolo Anjezë Gonxhe Bojaxhiu [aˈɲɛzə ˈɡɔnʒɛ bɔjaˈdʒiu], per la Chiesa cattolica Santa Teresa di Calcutta per il culto tributatole, e spesso nota semplicemente come Madre Teresa (Skopje, 26 agosto 1910 – Calcutta, 5 settembre 1997), è stata una religiosa albanese naturalizzata indiana di fede cattolica, fondatrice della congregazione religiosa delle Missionarie della carità Il suo lavoro instancabile tra le vittime della povertà di Calcutta l’ha resa una delle persone più famose al mondo e le valse numerosi riconoscimenti, tra cui il Premio Nobel per la Pace nel 1979. È stata proclamata beata da papa Giovanni Paolo II il 19 ottobre 2003 e santa da papa Francesco il 4 settembre 2016. Elle acceptait l’argent de nombreux escrocs et criminels connus, et bien qu’elle sache d’où venait l’argent, elle ne le rendait jamais à l’expéditeur. Elle a également accepté de l’argent de la canaille, du voleur et de l’éditeur britannique corrompu Robert Maxwell, qui, en fin de compte, a détourné 450 millions de livres sterling des fonds de pension de ses employés, et d’autres asticots. Mère Teresa a soutenu sans scrupule Indira Gandhi, recevant de l’argent de sa part, a couvert par sa voix et sa notoriété une classe politique corrompue qui était précisément parmi les causes du fossé malsain et incurable entre les pauvres et les riches dans le Tiers Monde indien. PALAZZI 43 VENEZIA
En 1981, Teresa s’est envolée pour Haïti pour recevoir la Légion d’honneur du dictateur de Jean-Claude Duvalier, un personnage sordide qui dilapidait l’argent public. En 1994, Mère Teresa a déclaré devant le président américain de l’époque, Bill Clinton et sa femme Hillary, que “la plus grande menace pour la paix aujourd’hui est l’avortement : c’est une guerre contre l’enfant, le meurtre d’un innocent par la mère elle-même. Comment pouvons-nous dire aux gens de ne pas s’entretuer si nous acceptons qu’une mère tue son enfant”, a-t-elle demandé. “Je suis désenchanté”, a expliqué à Plus de L’Obs une ancienne volontaire dans un hospice des Missionnaires de la Charité à Calcutta “Là, chez Mère Teresa, on glorifie la souffrance, on ne la guérit pas”, accuse la jeune femme qui rappelle que les patients ne reçoivent “pas ou peu de traitement”, que l’hygiène “est loin d’être optimale” et que des religieuses sans compétences médicales y travaillent. “Le médecin vient une fois par semaine pour tous les patients, y compris les cancéreux qui sont traités avec de l’aspirine”...“Je ne sais pas si vous avez essayé de guérir le cancer avec des analgésiques seuls, mais ce n’est pas vraiment la méthode la plus efficace” (suit page 44)
Photo huffingtonpost
(suit de la page 43). Lorsqu’elle a proposé d’installer une chaudière pour empêcher les patients de se laver à l’eau froide, ils ont répondu : “Ce n’est pas comme ça qu’il faut faire ici. C’est la volonté de Jésus.” La revue scientifique The Lancet a également révélé l’existence de lacunes similaires. Il s’agit essentiellement des mêmes allégations qu’une étude canadienne controversée publiée en 2013. “Dans les missions de la femme religieuse, deux tiers des patients attendent en vain de recevoir un traitement médical, tandis que les autres y vont pour mourir sans recevoir de traitement adéquat”, avait déclaré à l’époque Radio Canada, citant comme cause de ces carences “la conception de la souffrance de Mère Teresa” (et non le manque de ressources). La gestion douteuse des grosses sommes d’argent reçues par Mère Teresa est aussi particulièrement int<èressante. Ces dons auraient été versés sur de nombreux comptes bancaires, dont certains étaient secrets. L’un des chercheurs demande : “Étant donné la gestion économe de Mère Teresa, on peut se demander où sont passés les millions de dollars destinés aux plus pauvres des pauvres”. “Après les nombreuses inondations qui ont frappé l’Inde ou après
vedi il video https://youtu.be/ Z0_Mcp4s6IE
la catastrophe de Bhopal, la sainte aurait offert des prières et des médaillons de la Vierge, mais jamais d’aide financière directe”, remarque Slate, reprenant les conclusions de l’étude canadienne. En outre, la religieuse a été accusée de donner la priorité au financement des couvents, plutôt que de donner la priorité aux cliniques”. L’origine des fonds reçus par Mère Teresa pour ses œuvres a également fait l’objet de controverses. En 1981, par exemple, elle a été décorée de la Légion d’honneur de Jean-Claude Duvalier, dont le régime avait soutenu financièrement les religieux. Accusé de crimes contre l’humanité, le dictateur haïtien a mené une vie de millionnaire dans un pays affligé par la pauvreté. Il a été impliqué dans le trafic de drogue et d’organes et son régime s’est rendu coupable de torture et de kidnapping. Mais il y a aussi un autre partisan controversé, Charles Keating, qui a été défendu par Mère Teresa lors de son procès en 1992. Considéré comme l’un des plus grands escrocs d’Amérique, le milliardaire et fondamentaliste catholique s’est “enrichi aux dépens des petits épargnants”, comme l’explique Golias. Ce n’est pas le meilleur exemple de charité chrétienne. Maxime BourdierHuffpost France. https://www.huffingtonpost.it/2016/09/04/lato-oscuro-madre-teresa_n_11858342.html
Photo NICOLASMENUT
SEIZO SUGAWARA
a laque japonaise Seizô Sougawara est considérée comme l’élément clé de l’enseignement de l’art de la laque japonaise en France au début du XXe siècle. Si son nom a survécu en tant que maître de la décoratrice Eileen Gray et du dinandier Jean Dunand, toute l’histoire de sa vie a été oubliée. À la lumière de nouvelles informations et de plusieurs œuvres laquées redécouvertes et publiées ici pour la première fois, ce livre offre une analyse des créations en laque de Gray et présente le travail du sculpteur-laqueur Sougawara. Eileen Gray a produit des meubles et des intérieurs laqués en apprenant de Seizo Sugawara. Il a commencé à étudier sur le terrain à Kawaseya, situé dans la préfecture de Sakata-City Yamagata. Kawaseya était à la fois un magasin et une usine de meubles, administrés par Ukichi Maruyama. Sugawara a appris la technique du travail du bois et de la fabrication de meubles. L’un de ses maîtres était Kishu Morikawa. En septembre 1901, Sugawara est admis à l’école des Beaux-Arts de Tokyo, et poursuit ses études de laque pendant 4 ans, mais il n’obtient pas son diplôme. Ses principaux professeurs sont Koun Takamura, Iccho Kawanobe et Shoka Tujimura. Sugawara s’était considéré comme un sculpteur dans la vie. Gray a appris de Sugawara non seulement la technique de la laque japonaise, mais aussi les techniques des œuvres en trois dimensions.
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Inutile de revenir sur la vie et la carrière d’Eileen Gray (1878-1976). Peter Adam a publié il y a quelques années chez Thames & Hudson une excellente biographie sur la célèbre architecte et designer irlandaise. En revanche, rares sont ceux à connaître le nom de Seizô Sougawara (1884-1937). Il fut pourtant l’introducteur de la technique de la laque asiatique auprès de figures majeures de l’art déco dont Jean Dunand & Eileen Gray. Et, comme il existe encore quelques éditeurs courageux, un ouvrage lui est désormais consacré : “Seizô Sougawara. Maître laqueur d’Eileen Gray” (Editions Mérode, 2018), superbe catalogue truffé d’archives et de documents inédits. L’occasion de découvrir la production de cet artisan japonais résidant à Paris qui, à ses heures, était aussi un brillant sculpteur. Richement illustrée, cette biographie scientifique recrée la vie de Sougawara, à travers de nombreuses sources inédites. Nicolas Menut Musée du quai Branly Jacques Chirac Anthropologie à École des hautes études en sciences sociales (EHESS) article en japonais h t t p s : / / w w w. j s t a g e . jst.go.jp/article/jssdj/63/6/63_6_57/_article h t t p s : / / w w w. l a r d a n chet.fr/seizo-sougawara-maitre-laqueur-d-eileen-gray-en.html
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he Guardian a révélé que le street-artiste britannique Banksy avait financé un bateau, le Louise-Michel, destiné à secourir les migrants qui tentent de rejoindre l’Europe en traversant la Méditerranée. Le projet a longtemps été gardé secret pour ne pas être contrecarré par les autorités, indique le Guardian. Mais le Louise-Michel, un ancien des douanes françaises, est bien à flot, avec à son bord une dizaine de marins conduits par Pia Klemp. Cette militante allemande pour les droits humains est connue pour avoir conduit plusieurs autres navires de sauvetage, dont le Sea-Watch 3. Peint en rose et orné d’un graff de l’artiste, le navire a quitté le 18 août, du port espagnol de Borriana, près de Valence et se trouve maintenant au centre de la Méditerranée. Il a même déjà participé
à des opérations de sauvetage, dont l’une jeudi, en récupérant 99 personnes, dont 14 femmes et quatre enfants qu’il cherche maintenant à débarquer dans un port maritime sûr ou à transférer sur un navire des gardes-côtes européens. Sur le navire humanitaire peint en rose et blanc, une fillette vêtue d’un gilet de sauvetage brandit une bouée en forme de cœur. Le graffiti est une variation de la fameuse “Petite Fille au ballon” du street-artist britannique Banksy, qui s’était auto-détruite au moment de sa vente aux enchères il y a deux ans. Le fantôme du street-art a donc encore frappé, cette fois en Méditerranée. Comme à son habitude, c’est dans le plus grand des secrets que Banksy a affrété un navire humanitaire pour secourir des migrants sur la route la plus mortelle du monde, entre la Libye et l’Europe. Baptisé Louise Michel, en hommage à la militante anarchiste et féministe du XIXe siècle, le bateau a quitté le 18 août le port espagnol de Borriana, près de Valence. Après avoir porté secours jeudi à 89 personnes en détresse, dont 14 femmes et quatre enfants, il se trouve actuellement à un peu plus de 50 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa, en attente d’un port sûr. «Les survivants sont en sécurité. Après avoir subi la déshydratation, des brûlures au carburant et des blessures causées par les tortures en Libye, ils ont désormais un moment de répit», peuton lire sur le compte Twitter du navire, @MVLouiseMichel, créé en juillet. Jusqu’à présent, le Sea Watch 4 était le seul bateau humanitaire à sillonner la Méditerranée centrale, où au moins 359 personnes ont perdu la vie depuis le début de l’année. https://www.liberation.fr/planete/
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e grand quotidien australien The Herald Sun vient de révéler qui se cache sous le pseudonyme Banksy. On a longtemps cru qu’il s’agissait du graffeur de Bristol Robin Gunningham, ou du leader de Massive Attack Robert Del Naja ou encore de l’auteur de BD Jamie Hewlett. En réalité il s’agit d’un collectif écossais d’une dizaine de jeunes femmes : trois graphistes entourées d’une équipe logistique adeptes de déguisements dignes d’Arsène Lupin. Leur mode d’intervention est toujours très rapide et extrêmement audacieux. Mais le plus étonnant n’est pas là. The Herald Sun publie plusieurs échanges de mails qui prouvent que le cerveau et financeur du « gang » n’est autre que… la reine d’Angleterre elle-même ! On savait Elizabeth II, aujourd’hui âgée de quatre-vingt-quatorze ans, plus mutine qu’il n’y paraît; les échanges publiés montrent une femme très engagée, antifasciste, écologiste et féministe radicale, grande admiratrice de l’égérie de la Commune Louise Michel. La reine, qui signe ses mails Ziggy, anime le petit groupe d’activistes non depuis Buckingham palace, où elle est trop surveillée, mais depuis sa résidence privée de Sandringham House, plus discrète, où elle reçoit ses jeunes amies et prépare avec elles leurs actions subversives, dont la dernière en date, le financement du navire Louise-Michel en Méditerranée, fait l’actualité. PALAZZI 47 VENEZIA
Ce n’est pas un secret, Elizabeth II vit mal son rôle constitutionnel inactif l’obligeant à endosser des politiques qu’elle n’approuve pas. Tête pensante du groupe Banksy, elle peut ainsi réaliser son rêve d’artiste engagée au service d’une cause qu’elle a toujours soutenue, envers et contre son propre milieu. Personne n’ignore, par exemple, son opposition farouche au Brexit qu’elle avait manifestée en portant lors d’une cérémonie officielle une robe et un chapeau qui ressemblaient furieusement au drapeau européen. On comprend beaucoup mieux à présent le pochoir « Queen Ziggy » signé Banksky sur un mur de Bristol pour le jubilée de diamant de la reine. Une preuve supplémentaire de l’humour et de l’auto-dérision de la souveraine. Il semblerait que son secrétaire particulier soit au courant de la royale double vie, pas son mari le duc d’Edimbourg (connu pour être peu sensible à l’art) ni ses enfants qu’elle voit peu, encore moins depuis l’affaire Epstein-prince Andrew. En revanche le départ précipité du prince Harry et de Meghan ne serait pas étranger à cette révélation, sans que l’on sache exactement pourquoi. La classe politique anglaise toutes sensibilités confondues(suit page 48)
Photo velonesinaction
(suit de la page 47) est d’abord restée abasourdie. Elle commence à peine à réagir, comme se réveillant d’un K.O. Le Premier ministre Boris Johnson devrait prendre la parole en fin de journée depuis le 10 Downing street. Selon toute probabilité, le Royaume-Uni doit se préparer à une abdication de sa souveraine, après soixante-huit ans de règne, et à voir monter le prince Charles sur le trône – dont on connaît aussi l’engagement écologiste. Depuis la révélation du quotidien australien, la cote de Banksy s’est envolée sur les marchés de l’art, pulvérisant celle de Jeff Koons. Le chef du MI5 Jonathan Evans a démissionné. Et le parti républicain anglais vient d’annoncer sa dissolution dans un bref communiqué où il présente ses excuses à « Rebel Queen », ou «Queensky» comme la surnomment déjà les tabloïds anglais. Eric Chalmel A ce jour, les seules informations révélees et étudiées depuis ses 1res oeuvres publiques ont montree que c’est une femme... Virginie Minot Virginie Minot c’est ce que je me tue à dire Eric Chalmel Dessinateur de Presse à Presse Ocean
https://www.facebook. com/eric.chalmel
SHEILA HICKS
es merveilleuses sculptures sont les créations d’une grande artiste de scène mondiale, Sheila Hicks, 86 ans, dont les œuvres ont eu un impact énorme sur le développement de l’art abstrait au cours du dernier demi-siècle. Sheila Hicks est née en 1934 à Hastings, Nebraska. De 1959 à 1964, elle a vécu et travaillé au Mexique. Depuis 1964, elle vit et travaille à Paris. Elle est connue pour son art textile innovant et expérimental qui intègre des couleurs discrètes, des matériaux naturels et des récits personnels. Elle réussit à brouiller la limite entre peinture et sculpture avec ses œuvres tissées et textiles vivantes, qu’elle crée sous de nombreuses formes et tailles, à partir de bases murales qui imitent la forme de peinture aux pièces flottantes suspendues au toit sur le sol, telles que les colonnes avec texture. Certains critiques prétendent qu’elle est principalement un sculpteur, avec une manipulation spatiale, une échelle, une texture et une couleur puissantes. Son art va de la petite à la monumentale. Ses matériaux varient autant que la taille et la forme de son travail. Ayant commencé sa carrière de peintre, elle est restée proche de la couleur, en l’utilisant comme langue qu’elle construit, tisse et enveloppe pour créer ses pièces. Elle a étudié la peinture à l’école d’art de Yale, [BFA (57) et MFA (59)], près de grands professeurs tels que le célèbre théoricien des couleurs Josef Albers Rico
Photo velonesinaction
Lebrun, Bernard Chaet, George Kubler George Heard Heard Hamilton, Vincent Scully, Jose de Riviera, Herbert Mather, Norman Ives et Gabor Peteardy. Sa thèse sur les produits textiles pré-inch a été supervisée par l’archéologue Junius Bird du US Museum of Natural History à New York et l’artiste Anni Albers qui l’a encouragée à voyager et à étudier les tissus artisanaux de Colombie, du Chili, du Pérou et de la Bolivie, des expériences qui ont prouvé pour être façonné dans son développement artistique. En 1957, elle a reçu une bourse Fulbright pour la peinture au Chili. Elle a photographié des sites archéologiques dans les Andes et s’est rendue dans la zone volcanique de Villarrica, l’île de Chiloé et la Tierra del Fuego, qui continue d’affecter son travail. En Amérique du Sud, elle a développé son intérêt pour traiter les fibres. Elle a été en partie inspirée par l’essence du médium et en partie par son intérêt pour les traditions artistiques non occidentales. En 1959, Henri Peyre, professeur de l’Université émérite française de Yale, l’a choisie pour une bourse d’études en France (1959-60), qui lui a permis de rencontrer le spécialiste du tissu pré-colombien Raoul D ‘ Harcourt. L ‘ artiste a ensuite déménagé à Taxco el Viejo Mexique où elle a commencé à tisser, peindre et enseigner à l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) à l’invitation de Mathias Goeritz. PALAZZI 49 VENEZIA
Après avoir fondé des ateliers au Mexique, au Chili et en Afrique du Sud et travaillé au Maroc et en Inde, elle distribue maintenant du temps entre studio à Paris et New York. Elle a décrit un jour son évolution de cette façon: ‘’ J ‘ ai étudié la peinture, la sculpture, la photographie et le dessin, mais ma plus grande attraction est le tissu. Je fais une sorte de textile. Je développe des environnements, fais des objets en fil, tissages, crée des sculptures douces, gaufrées et design et fabrication de choses en travaillant à partir de fil. J ‘ ai trouvé ma voix dans mes œuvres qui m’ont permis de créer des ponts entre art, design, architecture et arts décoratifs. Mon ambition tout au long de la vie est d’être fidèle aux fibres, mais aussi libre d’elles. Connecté tôt au matériel, mais jamais suivi ses lois“. Les récentes présentations incluent des “Lignes de Vie” au Centre Pompidou en 2018, “Thèmes gratuits 1954-2017” Museo Amparo, Mexique, ‘’Pêcher dans la rivière‘’ Galerie Alison Jacques, Londres (2013). Une grande rétroactive Sheila Hicks : 50 ans à Addison Gallery of American Art et l’Institut d’Art Contemporain, Philadelphie et Monnaie Museum, Charlotte, NC. Velones in action www.sheilahicks.com/
Photo manray
Pour la fin de l’exposition “Le bon genre” d’Anne van der Linden à la galerie Frédéric Roulette, la galerie organise un nocturne festif lundi 14 septembre 2020 entre 18 et 22h. A cette occasion sera projeté le film de Frédéric Vignale “Anne van der Linden, Chaos debout” réalisé pendant le temps de l’exposition “Le photographe et réalisateur Frédéric Vignale qui suit et défend le travail artistique d’Anne Van der Linden depuis une vingtaine d’années a décidé de réaliser un film court mêlant interviews croisées et moments improvisés pris en galerie et atelier de l’artiste peintre et de son galeriste Frédéric Roulette. Une Parole libre, simple et vraie autour d’un travail exigeant, dérangeant, déconcertant, fascinant, existant et saisissant de force et de symboliques. Une recherche curieuse et bienveillante qui interroge la mythologie moderne, la beauté du chaos et l’incroyable densité des créations picturales d’Anne van der Linden. Une Anne et deux Frédéric, un documentaire atypique, pertinent et rempli de sens dans l’ombre et la lumière d’une oeuvre colossale qui n’a pas fini de marquer une mémoire référentielle de l’Art.” Lundi 14 septembre 2020 galerie Frédéric Roulette, 1 avenue de Messine,75008 Organisé par Anne van der Linden et Frédéric Vignale
LEE MILLER 23 AVRIL 1907 21 JUILLET 1977
LA BEAUTÉ DU CHAOS
https://photophiles.com/index. php/15-lesarticlesdumoissection/ biographiesmois/2399-lee-miller-biographie
coute-moi Anthony…Je n’ai jamais été une mère, mais, ai-je été une femme vraiment ? Je n’ai été qu’une surréaliste, un être fractionné par la vie, qui a vécu avec ce qu’elle m’a transmis d’elle. Des images de toutes les facettes de l’être humain. » Il pose un regard tendre sur cette femme, qu’il n’a jamais senti sa mère, sur son visage vieilli, mais dont la beauté reste palpable dans cette peau usée encore douce, aux traits parfaits, une statue élimée. « C’est la vie qui a fait ce que je suis, ou ce que je n’ai pas été. Mon enfance, ma jeunesse, n’ont jamais été. On me disait jolie, très jolie, et tout de suite ça n’a été que cette image, utilisée par les autres. Papa d’abord, Théodore, un grand sens de la photo, n’avait pour passion que de me photographier nue, moi et mes amies…sans aucune gêne de ma pudeur qui a vite été évincée, réduite à une image. Vers mes 7 ans, je ne suis plus une petite fille, mon innocence envolée par les désirs assouvis d’un homme, je ne sais même plus qui, qui s’est servi de mon corps comme de celui d’une femme. C’est trop tard, j’ai compris déjà que mon enveloppe n’est qu’un objet, je ne m’appartiens plus depuis longtemps, mon corps est aux autres. Exposée sur papier argentique, aux yeux de tous, livrée dans ma plus simple nudité, les autres ont pris ces éléments qui devaient être à moi. Je ne suis plus à moi. Je pense que c’est à partir de ces moments que tout s’est morcelé.
Photo manray
Sans doute pour cela que je me suis toujours sentie surréaliste : je ne suis que des fragments sans ordre. La petite fille que l’on montre nue, la beauté du modèle qu’on expose et façonne, les horreurs de l’homme et de la guerre, j’ai tout vu, tout a la même violence au fond. Le non-sens. Comment voulais-tu que je t’aime ? Aimer un autre, alors qu’on n’est qu’un assemblage de soi-même ? Je pense que je dois beaucoup à Edward, tu sais, Steichen, le photographe de Vogue. Il m’a fait poser pour le magazine sur l’insistance de Condé Nast qui m’a presque sauvée d’un accident dans la rue, c‘est drôle. Les hasards de la vie. Des traits parfaits, une grâce de garçonne tellement actuelle, blablabla. En tout cas c’est lui qui m’a initiée à la photographie et à 20 ans, j’ai eu l’impression de trouver quelques clefs pour assembler le puzzle. En 1929, j’ai fait ma valise direction Paris, des envies plein la tête, croyant y trouver les morceaux pour continuer à me « recoller », là-bas il y avait mes frères, les surréalistes…. Tu sais, avec Man Ray, c’était conflictuel, aussi cassé que moi, et il m’a confinée dans sa vision machiste du surréalisme. Il signait les œuvres à ma place, et il n’a jamais reconnu que la solarisation c’était un peu mon « bébé » . Ce bébé-là, je m’en suis sentie proche, je l’ai choyé, il m’a permis de me raconter, de créer des éléments de mon propre labyrinthe. PALAZZI 51 VENEZIA
Alors j’ai voulu voler de mes propres ailes, et en 1932, je rentre et monte avec mon frère un studio photo à New York : la lumière et hop, la faillite…. Mais je suis sur les rails, je suis photographe. Ton père, Antony, c’était le surréalisme incarné, et bien avant qu’il ne devienne mon mari, on a marché tous les deux dans les horreurs de la guerre, Lee et Roland Penrose. Correspondante de guerre en 1939 ? Tu parles, correspondante pour Vogue ! Alors je n’ai rien trouvé de mieux que de faire poser les modèles dans des lieux dévastés, encore fumants, avec la réalité de la mode de l’époque, pour essayer d’ouvrir les yeux du monde sur ce qui se passait. Il y a eu une forme de déclic et j’ai fini par leur imposer la face cachée, leur cracher ces horreurs ; j’ai été moi, l’être sans corps, le témoin-photographe des camps de concentration, des êtres décharnés avec encore moins de corps que moi…Alors oui j’ai sombré.La dépression m’a enveloppée de sa protection dangereuse, je laissais vivre mon mal-être, je me suis sentie vivre dans cette peine, dans cette destruction de l’homme que j’ai vu, comme le surréalisme qui hurlait en moi. L’alcool, la guerre, ma vie, mon être découpé, tout cela fait de moi un pantin brisé qui a tenté de prendre vie avec des pièces qui ne s’imbriquent pas les unes dans les autres. (suit page 52)
Photo nicoleseiler
(suit de la page 51) J’ai essayé Anthony, de trouver le plan de montage, je ne l’ai jamais trouvé. Ni à Poughkeepsie où je suis née en 1907, ni à New York, ni en France, ni en Egypte, ni pendant la guerre, ni au débarquement sur les plages de Saint-Malo, ni même dans la salle de bain d’Hitler à Berchtesgaden, dans sa propre baignoire dans laquelle j’ai fait des photos espérant comprendre. Peut-être toi, le trouveras-tu, malgré les éléments qui te manquent aussi cruellement à cause de mon absence. Sois juste fier de moi, de ce que mes yeux ont vu et ont montré. Je ne suis pas une femme, je ne suis pas une mère, je ne suis pas une photographe, je suis un être morcelé, un tableau surréaliste, je suis Elisabeth Lee Miller.» Le regard doux et ferme qui a vu tant de choses tressaille en laissant échapper une unique larme et la lueur qui pétille s’éteint lentement le 21 Juillet 1977, épuisé par cette vie de clichés à jamais révélés. Par RoxtheRoh Journaliste Photographe Largement inspiré de la vie de la Photographe Lee Miller 1907-1977 « J’ai imaginé cette bio comme une confession de Lee à son fils, j’ai voulu la faire s’exprimer sur sa vie exceptionnelle et incroyable, mettre à l’honneur une femme photographe car elles sont trop souvent en arrière-plan. » https://twitter.com/RoxtheRoh
utodidacte je pratique l’aquarelle depuis 1976 , j’expose depuis 1983 dans le grand ouest. J’ai étudié les techniques des différents médiums à la Galerie l’Atelier Hélène Chartier à Laval, ou j’ai travaillé 10 ans. Cancalaise d’adoption j’y puise énergie et inspiration, ce besoin ; de bleu, de ciel, de mer, de vague, de plage m’est indispensable, comme ce vague à l’âme qui me pousse à créer. Le travail de la fusion eau/pigments me fascine, en constante recherche de nouveaux effets et de nouvelles techniques associées à des supports surprenants et des outils détournés, j’utilise des techniques mixtes. La série pour moi n’est pas répétitive, c’est plutôt une façon d’explorer un sujet avec des moyens divers. Ce travail m’apporte beaucoup, plus je peints plus les gestes sont spontanés, fluides, et plus je vais me libérer et laisser libre cours à mon imagination. Le passage à l’acrylique c’est fait presque naturellement, un besoin d’explorer la matière est devenue indispensable. De la mer je suis passée aux corps, sans me séparer du bleu de plus en plus intense. Récompenses 1er prix de l’aquarelle du salon international de la Ferté-Bernard 2009; 3ème prix du public aquarelle au salon village d’art d’Hirel ; 2011 Médaille d’argent du salon de Pléneuf-Val-André ; 2012 3ème prix de l’aquarelle du salon international de la Ferté-Bernard; 2012 Prix de La Ville de Laval; 2012Prix du Jury de Saint-James; 2015;Invitée d’honneur Saint James 2017; 2ème prix huile acrylique biennale table ronde de Vire 2017.
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Photo l’artediguardarel’arte
LE DAVID DU BERNIN
e David est une sculpture de Gian Lorenzo Bernini, exécutée entre 1623 et 1624 et exposée à la Galleria Borghese à Rome. Gian Lorenzo Bernini a commencé le David en 1623 sur commande du cardinal Alessandro Peretti, qui voulait le placer dans le contexte scénographique du jardin de sa Villa Montalto. À la mort de ce dernier, la commande de l’œuvre fut rapidement reprise par le cardinal Scipione Caffarelli-Borghese, collectionneur passionné et habile découvreur de talents artistiques, qui, dès mai 1624, put placer le David, aujourd’hui achevé, au rez-de-chaussée de sa villa près de Porta Pinciana, qui abrite aujourd’hui la galerie Borghese. Déjà après son achèvement, le travail a été remarqué par Filippo Baldinucci, qui a rédigé une analyse approfondie : “Le beau visage de ce
personnage, qu’il a dépeint de son propre visage, avec une ondulation galliarde des cils vers le bas, une terrible fixation des yeux, et mordant avec la mâchoire supérieure sur toute la lèvre inférieure, montre merveilleusement bien l’indignation du jeune Israélite, dans l’acte de vouloir avec la fronde viser le front du Géant Philistin ; Les autres parties de ce corps, qui, à vrai dire, n’ont rien d’autre que du mouvement, ne sont pas non plus dépourvues de résolution, d’esprit et de force différents.” Le Bernin a repris un mythe biblique déjà traité par Donatello, Michelangelo Buonarroti et Andrea Verrocchio. Les davids de la Renaissance traitent cependant des moments qui suivent la mort de Goliath, représentant ainsi un héros méditatif, détendu et satisfait du succès de l’exploit ; au contraire, le Bernin, comme l’a observé Baldinucci, s’écarte de l’iconographie traditionnelle en choisissant de représenter David dans l’instant qui précède le jet de la pierre contre Goliath. C’est ainsi que le ciseau du Bernin a donné vie à une œuvre riche en dynamisme, en plein accord avec la poétique baroque. La grande concentration de David, sur le point de faire un geste qui pourrait complètement changer le sort de l’affrontement, est en effet confirmée par de nombreux détails, tous soigneusement étudiés par le Bernin. Le visage du héros a une expression plissée dans l’effort de rassembler l’énergie nécessaire pour lancer la pierre, et ses bras sont contractés sur la fronde ; son regard est tendu vers la cible, tandis que ses lèvres sont serrées pour l’effort. Les anecdotes de l’époque rapportent également que le visage de David serait en fait un autoportrait de Bernini, qui fixerait ses propres traits dans le marbre en
photo l’artediguadarel’arte
regardant sa propre image réfléchie dans un miroir, providentiellement tenu par Maffeo Barberini, le futur client de l’artiste. De plus, la statue est orientée vers différentes vues, chacune servant à capter de manière différente l’impulsion de rotation de David. Vu de côté, le héros biblique révèle une certaine instabilité, due au chargement de la fronde ; de face, en revanche, la scène semble presque figée, suspendue au moment où David vise avant de lancer la pierre. Mais quel que soit le point de vue, David se prête à l’observateur comme un athlète qui, au milieu de son effort physique, révèle un “dynamisme qui anime la pierre et la rend vivante au point qu’elle palpite”, mis en évidence par le jeu d’ombre et de lumière généré par le lieu de l’œuvre et les conditions environnementales de la galerie. Aux pieds de David se trouvent l’armure du roi Saül, tombée parce qu’elle était trop lourde, et une cithare qui sera jouée après la victoire : il est significatif de noter que l’instrument de musique se termine par une tête d’aigle, message explicite d’exaltation dynastique de la famille de Scipione Caffarelli-Borghèse, qui a commandé l’œuvre. Les anecdotes de l’époque rapportent que le visage de David serait en fait un autoportrait du Bernin, qui aurait fixé ses propres traits dans le marbre en regardant sa propre image réfléchie dans un miroir. L’arte di guardare l’Arte https://lartediguardarelarte.altervista.org/ PALAZZI 55 VENEZIA
e gouvernement chinois a ordonn que les drapeaux de prière, LE symbole du Tibet, soient retirés des toits et des collines du Tibet. Aidez-nous à mettre fin à l’oppression chinoise au Tibet ! Le 27 septembre, nous hisserons nos drapeaux de prières pour ceux qui ne le peuvent pas. Accrochez les drapeaux de prières à l’extérieur, là où tout le monde peut les voir, et partagez une photo en ligne avec le hashtag #FLAGSFORTIBET La Chine a pris des mesures extrêmes pour supprimer le mode de vie traditionnel des Tibétains et les forcer à s’assimiler dans la société chinoise. Cette année, le gouvernement chinois a ordonné que les drapeaux de prière tibétains soient retirés. Le retrait des drapeaux de prière marque une nouvelle étape choquante dans la campagne de la Chine contre la culture et la vie des Tibétains. (suit page 56)
27 septembre 2020 de 08:00 à 23:59
Organisé par International Campaign for Tibet Europe https://bit.ly/3iRwcCw
Photo The Art Is The Idea: A Look At Sol LeWitt | Connecticut .
(suit de la page 55) Le 27 septembre 1987 est un jour historique qui marque la première d’une série de manifestations pacifiques à Lhassa contre la domination chinoise et en faveur du plan de paix en cinq points du Dalaï Lama. Faites un don de 20 euros pour soutenir notre travail de défense du Tibet, et nous vous enverrons votre propre ensemble de drapeaux de prière https://savetibet.nl/doneren-gebedsvlaggen/ Ou vous pouvez les commander dans notre boutique en ligne : https://savetibet.nl/product/gebedsvlaggen-papier/ *En raison des frais d’expédition, les drapeaux ne sont disponibles qu’aux Pays-Bas. Les drapeaux de prière sont l’un des symboles les plus connus de la culture et de la spiritualité uniques du Tibet. Sur cette page, nous partagerons chaque semaine des informations sur chaque couleur et élément des drapeaux de prière. Dimanche
Avoir 20 ans Pour les vingt ans de l’installation de sa collection à Avignon, Yvon Lambert expose les artistes qui ont joué un rôle clé dans sa relation à l’art.
du 2 juin 2020 au 15 novembre 2020 Hôtel de Caumont du 27 juin 2020 au 20 septembre 2020 Hotel de Montfaucon Avignon
von Lambert découvre le travail de Sol LeWitt aux États-Unis dès la fin des années 1960 et réalise en 1970 sa première exposition dans la galerie parisienne qu’il a ouverte rue de l’Échaudé et dans laquelle il présente notamment les nouvelles avant-gardes américaines. Yvon Lambert : « Quelque chose de nouveau dans la manière de produire de l’art était en train d’advenir avec cette génération d’artistes et c’était aux États-Unis que cette révolution se produisait. Mon intérêt pour le travail de Sol LeWitt fut très instinctif. Comme un instinct amoureux, une nouvelle rencontre que je ne voulais pas laisser passer. J’avais envie de vivre cette nouvelle aventure aux côtés de ces formes et de ces images que je découvrais. […] Le personnage m’a semblé en plus venir sur la scène artistique avec un vrai discours. Il était si intelligent. Souvenons-nous de se Paragraphes sur l’art conceptuel publiés dans la célèbre revue Artforum en 1967 ! » La méthode développée par Sol LeWitt dès le début des années 60 trouve sa source dans de nombreuses influences dont l’artiste se revendiquera : les artistes de la pré-Renaissance et de la Renaissance italienne, tels Giotto ou Piero della Francesca, dont il découvre les œuvres à travers des ouvrages d’histoire de l’art puis lors de séjours en Italie, et dont il retient une manière de penser l’espace et la couleur qui nourrit certains de ses plus beaux Wall Drawings, notamment celui présenté à l’entresol de la Collection Lambert depuis son ouverture en 2000 (l’œuvre avait été réalisée la première fois
au château d’Oiron en 1984 et est installée aujourd’hui dans une salle conçue spécialement pour l’accueillir) ; les séries de photographies séquentielles d’Eadweard Muybridge ou la musique sérielle de Jean-Sébastien Bach ; les œuvres de certains de ses contemporains dont il partage très tôt le désir pour de nouvelles expérimentations dans lesquelles l’idée prévaut et devient « une machine à fabriquer de l’art » − des Shape Canvas de Frank Stella aux progressions de Donald Judd ou aux premières installations de néons de Dan Flavin, et notamment “The Nominal Three”, faite de trois groupes de un, deux et trois néons. Chez Sol LeWitt, toute œuvre est ainsi définie par son concept. Sa réalisation matérielle ne constitue qu’une phase du processus de création, une trace ou un « indice de l’idée» pour reprendre ses mots. Sol LeWitt est né à Hartford, Connecticut, États-Unis, le 9 septembre 1928. Il a terminé ses études artistiques à l’université de Syracuse en 1949, s’est engagé dans l’armée et a été envoyé en Corée et au Japon pendant les années de guerre en Corée. En 1953, il s’installe à New York, où il suit des cours à l’école des caricaturistes et illustrateurs. Au début, il a travaillé dans l’atelier de l’architecte I. M. Pei, puis au début des années soixante avec un travail de nuit au Musée d’art moderne, où il rencontre la future critique Lucy Lippard et les artistes Dan Flavin, Robert Mangold et Robert Ryman. PALAZZI 57 VENEZIA
Ce sont les années pendant lesquelles il se consacre à la peinture et aux reliefs, avant de passer à des œuvres tridimensionnelles basées sur la figure cubique du milieu de la décennie, pour lesquelles il utilise des formats soigneusement mesurés, tels que des grilles ou des modules, en développant systématiquement des variations. Ses méthodologies sont basées sur les mathématiques et sont définies par le langage, ou sont créées par des processus aléatoires. Il adopte également des approches similaires pour les travaux sur papier. Inspiré par les séquences photographiques d’animaux ou de personnes en mouvement d’Eadweard Muybridge, Le Witt intègre dans ses œuvres l’élément sériel indiquant le passage du temps ou une narration. Sa première exposition a eu lieu à la John Daniels Gallery de New York en 1965. Dans la seconde moitié des années 1960, ses œuvres ont été exposées dans des expositions collectives avec des artistes qui allaient devenir des représentants du minimalisme. LeWitt est considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Art Conceptuel. En sculpture, avec les Variations of Incomplete Open Cubes (1974), (suit page 58)
h t t p s : / / w w w. a r t n e w spaper.fr/review/la-collection-lambert-a-nu h t t p s : / / w w w. g u g genheim-venice.it/
Photo Timothy Greenfield-Sanders
HOW TO BE AN ARTIST
(suit de la page 57) il cartographie toutes les variations possibles d’un cube avec une ou plusieurs faces manquantes. A partir de 1966, son intérêt pour la sérialité l’amène à créer des livres d’artistes. En 1968, il commence à dessiner des peintures murales. En 1980, il quitte New York pour la ville tranquille de Spoleto (Italie). Au milieu de la décennie, il a commencé à créer ses sculptures avec des blocs accumulés avec lesquels il a généré des variations basées sur des formulations auto-imposées. Ses dessins muraux des années 80 incorporent des formes géométriques et des étoiles, ainsi que des zones peintes à l’encre. En 1988, la fresque qui présente la Biennale de Venise occupe toute la surface d’exposition. En 1996, il a commencé à utiliser la peinture acrylique. Parmi les grandes rétrospectives, exposées par la suite dans d’autres lieux, figurent celle organisée par le Musée d’art moderne de New York (1978) et le Musée d’art moderne de San Francisco (2000). LeWitt est retourné aux États-Unis à la fin des années 1980 et est décédé à New York le 8 avril 2007.
AGNES MARTIN
a légendaire peintre minimaliste Agnes Martin a mené sa vie avec un regard positif. “Je crois en la vie au-dessus de la ligne”, a-t-elle déclaré dans une interview en 2002, deux ans avant sa mort. “Au-dessus de la ligne, il y a le bonheur et l’amour.... Au-dessous de la ligne, il y a toute la tristesse, la destruction et le malheur. Et je ne descends pas en dessous de la ligne pour quoi que ce soit”. Martin, qui est née en 1912 dans le Saskatchewan, au Canada, est devenue l’un des artistes les plus pionniers et les plus aimés du XXe siècle. Si elle a vécu et travaillé à New York au début de sa carrière, dans les années 50 et 60, elle attribue une grande partie de son inspiration à sa fuite du centre du monde de l’art et de ses nombreuses pressions. En 1967, elle a brusquement quitté Manhattan - où son travail avait été salué par des personnalités influentes comme la galeriste Betty Parsons et le peintre Sol LeWitt- et s’est installée dans la campagne reculée de Taos, au Nouveau-Mexique. C’est là, loin des opinions des critiques, que Martin a trouvé le bonheur et a réalisé ses peintures les plus emblématiques : des compositions angulaires construites à partir de couleurs douces et lumineuses et d’arrangements de lignes vives. Ses œuvres, à la fois tranquilles, joyeuses et transcendantes, ont été inspirées par sa vie hermétique, le paysage désertique et les idéaux taoïstes d’équilibre et d’harmonie qu’elle épousait.
Photo tategallerylondon
Bien que Martin ait mené une existence essentiellement solitaire, elle a donné de nombreuses interviews et conférences au fil des ans et a laissé derrière elle des écrits, dont son célèbre essai de 1987, “La beauté est le mystère de la vie”. Ensemble, ces textes offrent un aperçu des idées et des rituels que Martin a vécus, et des inspirations qui ont nourri sa pratique prolifique. “Put Art before ego” Martin a atteint sa maturité à New York (elle a étudié à l’université de Columbia) à une époque où les artistes commençaient à atteindre la célébrité. Les peintres expressionnistes abstraits comme Jackson Pollock faisaient l’actualité nationale et se gonflaient la poitrine dans des lieux fréquentés par les garçons comme la Cedar Tavern de Greenwich Village. Martin ne voulait rien avoir à faire avec cette scène, repoussée par les gros egos qu’elle voyait s’y gonfler. “La pire chose à laquelle vous pouvez penser quand vous travaillez, c’est vous-même”, a déclaré Martin, 85 ans, dans une interview accordée en 1997 à Chuck Smith et Sono Kuwayama. Pour elle, déménager au Nouveau-Mexique signifiait s’évader vers un endroit où elle pourrait se concentrer sur son travail, plutôt que de se laisser emporter par des pensées de gloire. “Il m’est arrivé, dans mon esprit, de me mettre en avant et de souffrir en conséquence”, a-t-elle écrit. “J’ai pensé que moi, moi et moi avons souffert et PALAZZI 59 VENEZIA
que le travail a souffert et pour cela j’ai souffert davantage”. Dans un entretien accordé en 1976 au critique d’art John Gruen, Martin a établi un lien entre le concept d’ego de l’artiste et la fierté - le nom de l’artiste étant à la fois un ennemi de la créativité et du bonheur. “C’est la fierté et la peur qui recouvrent l’esprit. L’orgueil vous aveugle... Il ne laisse jamais rien indifférent... il stimule votre ego, vous donne toutes sortes d’excuses”. Dans la même déclaration, Martin fait remarquer que s’il faut du temps et beaucoup d’efforts “pour se retourner contre la fierté et s’en débarrasser complètement”, le processus est nécessaire pour trouver la clarté et faire un travail utile. Ci-dessous, nous mettons en avant quelques mots de conseils sur la façon d’être un artiste du Minimaliste reclus et révolutionnaire. “Resist comparing yourself to other artists” Si Mme Martin s’est liée d’amitié avec des artistes comme LeWitt, Anne Truitt et Ad Reinhardt pendant ses années à New York, elle a également souligné l’importance d’éviter les comparaisons entre les pratiques artistiques et les corpus d’œuvres. “Si Picasso vous traverse l’esprit pendant que vous peignez, c’est fini”, (suit page 60)
Photo tategallerylondon
(suit de la page 59) a-t-elle dit un jour à son galeriste de longue date, Arne Glimcher. Martin pensait également que comparer le travail d’un artiste à celui des autres ne ferait qu’entraver sa capacité à produire un travail original et créatif. Elle a souligné qu’un artiste doit continuer à créer son propre travail et à se forger sa propre voie. “Je ne crois pas à l’influence”, a-t-elle expliqué à Mme Gruen. “Je pense que pour être un artiste, il faut bouger. Quand vous arrêtez de bouger, alors vous n’êtes plus un artiste. Je pense que chacun est sur sa propre ligne. Je pense qu’après avoir fait un pas, le pas suivant se révèle”. “Make your studio a sanctuary for inspiration” Pendant ses premières années à New York, Martin s’installe dans un labyrinthe de studios animés et délabrés, connu sous le nom de Coenties Slip, où elle vit aux côtés de Jasper Johns et Ellsworth Kelly. Mais elle s’est vite rendu compte que l’environnement très social et chaotique n’était pas propice à sa pratique, et elle s’est vite installée dans un studio serein dans le désert du Nouveau Mexique. “Un studio n’est pas un endroit où l’on peut parler à des amis. Vous détesterez vos amis s’ils détruisent l’atmosphère
de votre studio”, écrira-t-elle plus tard dans une note manuscrite. “Il est presque désespéré d’attendre la clarté d’esprit. C’est sans espoir si l’atmosphère de votre studio ne peut être préservée”. Ainsi, Martin a autorisé peu de visiteurs à entrer dans son studio. “Les meilleures choses de la vie vous arrivent quand vous êtes seul”, expliqua-t-elle à Smith et Kuwayama. Des décennies plus tôt, elle avait dit à Gruen “Si vous vivez par perception, comme tous les artistes doivent le faire, alors vous devez parfois attendre longtemps que votre esprit vous dise la prochaine étape à franchir.... Quand vous êtes avec d’autres personnes, votre esprit n’est pas le vôtre.” La propreté et l’organisation étaient également primordiales pour Martin, ce qui reflète son engagement et son respect pour le travail. “Vous devez nettoyer et aménager votre studio de manière à faire régner un état d’esprit tranquille”, a-t-elle expliqué. “Cette prudence dans l’atmosphère est vraiment nécessaire pour montrer le respect du travail”. “Cultivate happiness—work will flow from it” Martin pense que son meilleur travail vient d’un puits de bonheur personnel, dont elle parle beaucoup. “Le but de la vie est le bonheur et répondre à la vie comme si elle était parfaite est le chemin du bonheur”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence donnée en 1987 à l’école de peinture et de sculpture Skowhegan.
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“C’est aussi la voie vers l’art positif”. Lorsqu’elle est à la recherche d’inspiration, elle a dit aux artistes : “Posez-vous la question” : “Quel genre de bonheur est-ce que je ressens avec cette musique ou cette image ?” La réponse, a-t-elle suggéré, pourrait être un tremplin pour leur travail, et conduire à une meilleure compréhension de soi. “Faites du bonheur votre objectif”, a-t-elle poursuivi. “Dites-vous : ‘Qu’est-ce que j’aime et qu’est-ce que je veux... ‘Demandez à votre esprit de vous inspirer pour tout”. Pour Martin, les concepts de bonheur et de beauté étaient liés. L’un nourrissait l’autre, et les deux fournissaient du fourrage pour son travail. “La beauté illustre le bonheur ; le vent dans l’herbe, les vagues scintillantes qui se suivent, le vol des oiseaux, tout cela parle de bonheur”, poursuit-elle. “Le ciel bleu clair illustre un autre type de bonheur et la douce nuit sombre un autre type”. C’est en observant la beauté naturelle du monde - et les sentiments de bonheur et de sérénité qu’elle inspire - que Martin a pu peindre. “Quand je pense à l’art, je pense à la beauté”, écrivait-elle au début de son essai de 1989. “La beauté est le mystère de la vie. Elle n’est pas dans l’œil, elle est dans l’esprit. Dans notre esprit, il y a une conscience de la perfection”. Alexxa Gotthardt PALAZZI 61 VENEZIA
u cours des derniers mois, l’idée d’un voyage en voiture a été aussi farfelue qu’une coupe de cheveux. Mais il existe, comme nous l’avons tous découvert, des façons de voyager qui n’impliquent pas que votre corps se déplace dans l’espace. Le voyage le plus extraordinaire que j’ai fait ces dernières semaines a été de m’asseoir sur mon canapé pour regarder le documentaire de Mark Cousins, Women Make Film, d’une durée de 14 heures : A Road Movie Through Cinema, de Mark Cousins, qui a été présenté en première au Festival international du film de Toronto et au Festival du film de Venise et qui est maintenant disponible en ligne. Narré par Adjoa Andoh, Jane Fonda, Kerry Fox, Thandie Newton, Tilda Swinton, Sharmila Tagore et Debra Winger, cet époustouflant travail de recherche et de montage comprend près de 1 000 extraits de films réalisés par 183 cinéastes sur 130 ans et cinq continents. Divisé en 40 chapitres, il évite la biographie pour privilégier des thèmes non chronologiques : “Ouvertures”, “Mise en scène”, “Ton”, “Montage”, “Politique”, “Surréalisme et rêves”, etc. Des scènes captivantes sont introduites à partir d’une voiture transportant les narrateurs à travers (suit page 62)
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Jacqueline Audry, date inconnue. Courtoisie : BFI
(suit de la page 61) des cols de montagne et dans le sable des villes, sur des autoroutes et des routes de terre, à travers des villages et le long du bord de mer, dans la neige et au soleil. Women Make Film est à la fois une célébration et une critique, une école de cinéma et un poème visuel épique qui m’a laissée, pour une fois, exaltée et enragée dans une égale mesure. Mon ignorance a été mise à nu : si une fraction de ces réalisatrices, surtout les plus récentes, ont atteint un niveau de visibilité et de succès Andrea Arnold, Kathryn Bigelow, Jane Campion, Ava DuVernay, Céline Sciamma, Agnès Varda, pour n’en citer que quelques-unes - la plupart d’entre elles sont inconnues de tous sauf des cinéphiles. Cela soulève plusieurs questions : pourquoi la brillante et prolifique auteur russe/ukrainienne Kira Mouratova n’est-elle pas aussi célèbre que son contemporain Andreï Tarkovski ? Au Royaume-Uni, pourquoi connaît-on Carol Reed mais pas Wendy Toye, qui a remporté un prix à Cannes en 1953 et a été nominée pour un Oscar deux ans plus tard? Pourquoi Yasujirō Ozu est-il loué mais pas Tazuko Sakane et Kinuyo Tanaka, les premières femmes réalisatrices japonaises connues ? Pourquoi la première
A 14-Hour Documentary Corrects the Canon Mark Cousins’s
‘Women Make Film’ celebrates 130 years of cinema by 183 female directors
https://www. frieze.com/article/14-hour-documentary-women-filmmakerscorrects-canon
femme cinéaste de Hong Kong, Cecile Tang Shu Shuen, est-elle plus connue aujourd’hui comme restauratrice à Los Angeles ? Et pourquoi tant de ces films ont-ils été perdus, endommagés ou détruits? La réponse, bien sûr, est d’une simplicité déprimante : l’histoire est, dans l’ensemble, le reflet des réalisations des hommes blancs. Mais quelle tragédie étonnante que les préjugés sexistes aient exclu tant de ces talents phénoménaux du canon. Le documentaire s’ouvre sur Swinton, dont la voix calme et apaisée met en évidence le défi à relever: Il s’agit d’un nouveau road movie. Il y a une histoire oubliée du cinéma. La plupart des films ont été réalisés par des hommes.
La plupart des classiques du cinéma reconnus ont été réalisés par des hommes. Depuis 13 décennies, sur tous les continents, des milliers de femmes réalisent également des films. Certains des meilleurs films. Quels films ont-elles réalisé ? Quelles techniques ont-elles utilisées ? Que peut-on apprendre d’elles sur le cinéma ? La réponse est évidente : le cinéma est un support infiniment flexible. Quant à ce que les femmes, en particulier, peuvent nous apprendre à son sujet, après 14 heures, l’idée d’une sensibilité féminine singulière devient aussi risible que dénuée de sens. En un mot, elles peuvent nous apprendre sur le monde, dans toute sa gloire désordonnée.
y on Women Filmmakers Cousins fait des recherches sur le thème “Les femmes font du cinéma” depuis une vingtaine d’années, mais n’a commencé le montage qu’il y a cinq ans. Il l’a fait “sans un seul centime de financement”, parce que, comme il le dit sèchement, “trop de choses étaient inconnues de trop de gens”. (Il n’est pas quelqu’un pour qui le manque de financement est un facteur dissuasif : aujourd’hui, à la mi-cinquantaine, il a écrit et réalisé 25 films, ainsi que les 15 épisodes fascinants de The Story of Film : Une Odyssée en 2011). Women Make Film est un témoignage des compétences de Cousins en tant que réalisateur et écrivain : il a réussi à rassembler une quantité impressionnante de matériel
en un récit convaincant et cohérent. Calmement et méthodiquement, il explore les techniques du cinéma, la façon dont les histoires sont racontées et ce que ces récits reflètent, à leur tour, sur la planète que nous partageons tous. Sous une multitude d’angles, Cousins montre clairement comment la culture et la politique façonnent notre imagination. Il laisse les cinéastes eux-mêmes illustrer la conversation créative : Témoin, par exemple, les échos palpitants de La course à la saucisse (1907) d’Alice Guy-Blaché dans Point Break (1991) de Kathryn Bigelow, ou la protagoniste du film d’horreur The Babadook (2014) de Jennifer Kent, incapable d’affronter ses bêtes, à l’i-
mage de l’héroïne de Fat Girl (2001) de Catherine Breillat, qui s’enfonce le visage dans un oreiller pour ne pas entendre sa sœur perdre sa virginité. Dans la section “Gros plans”, nous faisons une transition entre le temps et le lieu : d’un visage d’adolescent dans A Real Young Girl de Breillat (1976), aux visages d’ouvriers d’une usine hongroise dans Adoption de Márta Mészáros (1975) et au visage voilé d’une femme qui tente d’extorquer de l’argent dans The Cheaters de Paulette McDonagh (1929). Dans le dernier chapitre “Chanson et danse”, le récit passe d’un pompier dansant seul sur “Feel” de Robbie Williams (2002) (Valeska Griesbach, Longing, 2006), à des jeunes femmes dansant avec enthousiasme sur
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“Diamonds” de Rihanna (2012) (Sciamma, Girlhood, 2014), à un homme qui n’a pas eu de chance, en chantant une complainte dans un bar (Gilda de Abreu, L’ivrogne, 1946), aux personnes en deuil en Angola en chantant une complainte traditionnelle sur leur ami mort, qui a été assassiné alors qu’il protestait contre l’injustice coloniale (Sarah Maldoror, Sambizanga, 1972). C’est vertigineux et dévastateur. Selon Winger, chaque chanson - qu’elle soit festive ou déchirante - capte “l’aspect conscient du numéro musical [...] sa tension actuelle”. Bien qu’il y ait trop de réalisatrices citées dans Women Make Film pour que l’on puisse explorer en profondeur les carrières individuelles, en tant qu’introduction à l’histoire des femmes cinéastes, c’est sans précédent. Quand j’ai commencé à le regarder, j’ai usé mon stylo pour prendre des notes Je n’en avais pas besoin. Il y a maintenant un site web qui répertorie tous les chapitres et chaque film mentionné, avec son réalisateur, son pays et son année de sortie un outil de recherche essentiel qui, j’en suis sûre, sera développé dans les années à venir. Ce n’est qu’un début. Il est temps de commencer à regarder. Vous ne voudrez pas vous arrêter. Jennifer Higgie