Palazzi a Venezia Mai 2023

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Villa Hugel

Le trou au Mont San Michel

Su tempiesu

Olimpia Melis et le filet de Bosa

Marina Mureddu

Efisio Stratilate martire

Joana Vasconcelos

Gold Les ors de Yves Saint Laurent

Cy Twombly à Majorelle

Edward Parker jr aka Cy Twombly

Suzy Solidor

Parier sur les chefs d’orchestre de l’Art

La pierre du destin

Cabinet d’Avocats ou Galerie d’Art?

Festival de la diversitè culturelle

Le quarantième de Gaby

Emballer l’univers

Philippe Sollers

Phillis Wheatley

PALAZZI A VENEZIA

Publication périodique d’Arts et de culture urbaine de l’association homonyme régie par la Loi de1901

ISSN/Commission Paritaire : en cours

Distribution postale/digitale Président Directeur de la Publication

Vittorio E. Pisu

Projet Graphique

Emmerick Door

Maquette et Mise en Page

L’Expérience du Futur

Correspondance zoupix@gmail.com

palazziavenezia@gmail.com

https://www.facebook.com/ Palazzi-A-Venezia

https://www.vimeo.com/ channels/palazziavenezia

Trentequatrième Année / numéros 05 / Mai 2023

Prix au numéro 5 euros

Abonnement annuel 50 euros

Abonnement de soutien 500 euros

Photo venicefashion week

Treizième édition de Circulation(s), festival de la jeune photographie européenne organisé par le

Collectif Fetart

au CENTQUATRE-PARIS

du 25 mars au 21 mai 2023

Le festival Circulation(s) revient pour cette 13e édition avec une programmation qui révèle la vitalité, la créativité et la diversité de l’émergence photographique

Pendant 2 mois, le public pourra découvrir des expositions présentant le travail de 27 jeunes artistes venus des quatre coins de l’Europe avec une mise en lumière de la scène artistique bulgare

La singularité du festival est de réunir le grand public comme les professionnels autour d’une programmation multiforme, aventureuse et novatrice qui interroge les frontières entre photographie et art contemporain

Contact presse : Nathalie Dran nathalie.dran@wanadoo.fr

+ 33 (0)6 99 41 52 49

www.festival-circulations.com

Dossier de presse

https://drive.google.com/file/d/1ErYKTVy2mCy6dvG0xi -

T16AalhqqMMcLQ/view

Visuels

https://drive.google.com/drive/ folders/13hakgcTCJEurrap6h2AXRrJ7WyBQHuSS

Sous le patronage de la Comune di Berchidda et du Museo del Vino voilà les artistes que nous allons exposer avec notre confrère Sardonia pendant les manifestations de Insulae Lab de Mattea Lissia e Paolo Fresu

Alberto Miscali acquerellista du 13 mai au 9 juin

Angela Ciboddo photographe du10 au 30 juin

Ielmo Cara monotipiste du 1er au 21 juillet

Dolores Mancosu photographe du 22 juillet au 1er septembre

Sara e Stefania Pedoni peintres du 2 al 15 septembre

Antonella Marini photographe du 16 au 29 septembre

Michelle Pisapia pittrice du 30 septembre al 13 octobre

Une presentation de poesie et vers de Sardaigne accompagnera l’expo de Angela Ciboddo par Alessandra Sorcinelli

es retards qui s’accumulent dans les parutions de ce mensuel sont le résultat du nombre d’actions que nous essayons de mener, en parallèle avec la publication de Sardonia, S’Arti Nostra, ce Palazzi A Venezia et son supplément, la réalisation des documentaire des vernissages et autre manifestations culturelles qui nous paraissent digne d’intérêt (et souvent complètement ignorées par les média visuels locaux) en plus des expositions que nous organisons, ce qui fait pas mal de travail et vous pouvez le constater en consultant le site vimeo.com/ unisvers qui vous présente toutes ces images filmées. Dans ce numéro aussi éclectique et disparate as usual nous avons quand même trouvé un thème relatif au couronnement de Charles III que surement vous aura échappé.

Pour le reste notre retard nous a permis de parler de Philippe Sollers au travers des mots de Marianne. mais nous n’avons pas résisté à l’idée de vous faire part de l’histoire du Saint le plus adoré a Cagliari et dans toute la Sardaigne et qui, après deux ans de pandémie qui avait restreint les manifestations du renouvellement du vœux qui arrive cette année à sa troiscentsoixanteseptième édition.

Vous pourrez d’ailleurs vois trois films de la manifestation que j’ai tourné en 2018 juste avant la pandémie. #sant’efisio parte prima seconda e terza.

Il s’agit da la procession la plus longue d’Europe (65 Km) dans laquelle les diverses villes et villages de la Sardaigne défilent dans leurs costumes traditionnels. Mais vous trouverez dans ce numéro aussi d’autres aspects de la culture sarde sans oublier des personnages plus parisiens comme Yves Saint Laurent ou plus cosmopolites come Cy Tombly à Majorelle.

Mais nous n’oublions jamais les figures féminines historiques souvent oubliées et ce mois ci nous publions aussi un texte qui parle d’une artiste qui nous a quittés cette année.

Parmi l’interrogation à propos de l’Art nous avons trouvé pertinente la question qui se demande pourquoi les footballeurs son souvent plus connus que les artistes plasticiens, vieux débat qui remonte aux années soixante.

Mais nous vous invitons aussi à participer à quelques manifestations culturelles qui nous sont particulièrement chères puisque nous connaissons et apprécions particulièrement leur promoteur et surtout leur promotrices telle que Mylène Vignon ou Ghislaine Verdier ou Anne Slacik et toutes celles de La Rochelle.

Enfin j’espère que la lecture de se pages vous divertirons suffisamment des tracas de la vie parisienne qu’un ce moment parait bien troublée en tout cas vue de loin. Vittorio E. Pisu

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orsque Luchino Visconti a demandé l’autorisation de tourner certaines scènes de La chute des dieux à la Villa Hügel, qui fut de 1873 à 1945 la résidence de la famille Krupp, cette autorisation lui a été refusée.

Les critiques ont toujours dit que le film s’inspirait, bien qu’avec de nombreuses licences, des événements des magnats de l’acier qui, dans la fiction, s’appellent Essenbeck. Un jeu de mots pour faire allusion à Essen, la ville d’origine des Krupp, située à quelques kilomètres de la somptueuse villa de 269 pièces, au milieu d’un parc de 28 hectares. Richesse, pouvoir, rapports avec le nazisme, dépravation sont les thèmes autour desquels tourne le film, mais aussi les éléments réels d’une dynastie germanique qui a marqué une époque.

Visconti tente de tourner dans les aciéries, mais là aussi il trouve porte close et un climat de méfiance qui ralentit le tournage et fait grimper les coûts.

Finalement, le film sort en 1969 et le réalisateur, pour éviter de nouveaux problèmes, déclare à plusieurs reprises qu’il ne s’est pas directement inspiré de la famille Krupp. La Villa Hügel est le point de jonction symbolique d’une histoire qui se confond avec l’histoire allemande des cent cinquante dernières années.

À partir de 1870, Alfred Krupp, conscient du prestige que son entreprise est en train d’acquérir non seulement en Allemagne mais dans toute l’Europe, entreprend de faire construire (d’après ses dessins) un bâtiment qui sera à la fois une résidence et un lieu de représentation pour recevoir des hôtes illustres, des têtes couronnées et des hommes

KRUPP E VILLA HUGEL

d’affaires.

Inauguré en 1873, l’imposant édifice, situé sur les collines qui dominent le lac Baldeney, tient plus du palais que de la villa et célèbre son 150e anniversaire par une série d’événements et de visites guidées qui permettent d’en découvrir les parties habituellement inaccessibles.

L’empereur Wilhelm était chez lui à la Villa Hügel, tout comme Hitler quelques décennies plus tard.

D’autre part, il ne pouvait en être autrement : pendant au moins un siècle, les Krupp ont été les armuriers du Reich.

La volonté de puissance de la Prusse d’abord, puis du Troisième Reich ensuite, n’aurait pu se manifester sans les aciéries d’Essen et de la Ruhr.

C’est la Grosse Bertha, le canon de 420 millimètres, qui a martelé Verdun, Anvers, Namur, Ypres pendant la Première Guerre mondiale.

Et ce sont les sous-marins U1 qui ont dicté leur loi sur les mers dès le début du XXe siècle.

Canons, chars, navires de guerre, tous construits par les Krupp. Bertha n’est pas un nom choisi au hasard : c’est celui de la première épouse d’Alfred, le fondateur.

Et aussi celui de la petite-fille, fille de Friedrich Alfred et Margarethe Krupp, qui, à peine âgée de seize ans, se retrouve en 1902, du fait de la mort prématurée de son père (accusé d’homosexualité et de pédophilie lors de séjours à Capri)(suit page 4)

Photo georgeharcourt PALAZZI 3 VENEZIA

(suit de la page 3) héritière de la fortune familiale et du colossal pouvoir économique de l’entreprise.

Quatre ans plus tard, Bertha épouse Gustav von Bohlen und Halbach, qui apporte à la famille des quartiers de noblesse.

C’est Gustav qui réarme l’Allemagne après le traité de Versailles et entretient des relations avec Hitler, qu’il soutient aux élections de 1933.

Réprimées dans un premier temps, puis inévitablement soutenues au fur et à mesure que le Führer prenait le pouvoir absolu sur la nation. Mais dans les années cruciales de la Seconde Guerre mondiale, son fils Alfried, sympathisant SS convaincu, est déjà à la tête de l’empire familial.

C’est Alfried que les Américains arrêtent en 1945, saisissant tous ses biens.

Il lui est notamment reproché d’avoir utilisé des détenus des camps de concentration comme main-d’œuvre.

Condamné à douze ans de prison à Nuremberg comme criminel de guerre, il est libéré en 1951 et récupère l’usine et la villa en 1953, mais ne revient pas y vivre. Avec sa mère Bertha, il décide d’ouvrir la villa au public pour en faire un lieu de culture au service de la Ruhr.

La première exposition d’art a été organisée en 1953 et, depuis lors, de nombreuses expositions internationales ont eu lieu régulièrement.

Dans les années qui suivirent, après la mort d’Alfried Krupp en 1967, les activités

de la Villa Hügel furent gérées par une fondation - la Alfried Krupp von Bohlen und Halbach-Stiftung - confiée à Berthold Beitz, qui fut pendant cinquante ans le chef incontesté du groupe industriel devenu entre-temps ThyssenKrupp et l’architecte de la réindustrialisation de la Ruhr après la Seconde Guerre mondiale.

Il n’est que juste de mentionner que Berthold Beitz est également une personne à qui Israël a décerné le titre de Juste parmi les nations pour avoir sauvé plusieurs centaines de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il faut garder à l’esprit ce contexte historique lorsqu’on visite la Villa Hügel et ses trésors artistiques.

Son aspect actuel est principalement dû à la troisième génération des Krupp qui ont vécu dans la demeure princière.

Bertha Krupp et Gustav von Bohlen und Halbach eurent sept enfants et l’agrandissement de la famille entraîna la nécessité de revoir les espaces tels qu’ils avaient été conçus par les deux générations précédentes.

Grâce aux bons résultats de l’entreprise, le couple a pu faire appel directement à l’architecte de la cour de l’empereur

Guillaume II, aux historiens de l’art les plus renommés et aux meilleurs artisans pour les travaux qui, entre 1913 et 1916, ont donné à l’intérieur de la villa l’aspect que l’on peut admirer aujourd’hui.

La conception des pièces des étages inférieur et supérieur, dont les murs accueillent une série de tapisseries flamandes consacrées aux “sept arts libéraux”, est le résultat du goût esthétique de ces années-là.

La liaison entre les deux étages est assurée par un escalier monumental en bois de style mauresque qui a remplacé l’e-

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Photo dariobragaglia

scalier original en fonte en 1900.

Il s’agit de l’un des éléments architecturaux les plus significatifs du bâtiment et Visconti le reconstruit de manière très similaire dans le film.

Ici, comme dans d’autres pièces de la Villa Hügel, on peut admirer de splendides tapisseries.

Celles-ci, en particulier, datant d’environ 1670, représentent les histoires d’Adam et d’Ève et ont été acquises en 1905.

Au fil des ans, la vie sociale devient de plus en plus intense. Les Krupp n’épargnaient pas les divertissements à leurs nombreux invités, qu’il s’agisse de courts de tennis, d’équitation ou de concerts.

Alors qu’en 1876, Alfred Krupp et son épouse Berta Eichhoff se contentaient de 66 domestiques, en 1902, le nombre d’employés était passé à 570 et, au début de la Première Guerre mondiale, sa petite-fille Bertha disposait de 648 personnes.

Pour en savoir plus sur l’histoire, la maison d’hôtes située à côté de la villa abrite les archives historiques de Krupp, considérées comme les plus anciennes archives d’entreprise en Allemagne.

Outre les documents papier, elles contiennent une quantité impressionnante de photographies et de films.

L’exposition permanente consacrée à l’histoire de la famille Krupp et de son entreprise se trouve également dans la maison d’hôtes.

Dario Bragaglia

https://www.villahuegel.de/ https://www.artribune.com/progettazione/architettura/2023/05/150-anni-villa-hugel-essen-germania/

’est un des monuments les plus visités en France, dont on peut penser tout connaître. Et pourtant il livre encore aujourd’hui des secrets.

Le Mont-Saint-Michel pourrait être un lieu sacré depuis le Néolithique et bien avant la construction de l’abbaye.

Une découverte mise en évidence par un archéologue allemand. Il a élucidé le mystère d’un rocher, situé en plein cœur du Mont, percé d’un trou et de petites cuvettes tout autour, appelées cupules.

C’est un rocher, au cœur du Mont-Saint-Michel, que les bâtisseurs ont pris soin de laisser bien en évidence. Un rocher, resté jusqu’à aujourd’hui, totalement mystérieux, percé d’un trou, avec tout autour de petites dépressions, des cupules, explique François Saint-James, guide conférencier à l’abbaye depuis plus de 30 ans.

“On a là un trou et je n’en connaissais pas l’explication. Et puis, il y a quelques années de cela, j’ai découvert, grâce à un visiteur, qu’autour de ce trou, il y avait de petites cuvettes.” Les fameuses cupules. Le fameux visiteur qui a montré au guide ces cupules, s’appelle Stefan Maeder, il est Allemand et archéologue. Ces petites cuvettes réalisées par l’homme, il en a déjà observé sur d’autres sites en Europe et pour lui leur raison d’être ne fait aucun doute :

(suit page 6)

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(suit de la page 5)

C’est une carte du ciel polaire de cette époque-là, il y a environ 6.000 ans avant nous.”

Un ciel, reproduit grâce à l’informatique, dont le dessin est en effet absolument identique.

Ce rocher serait donc sacré.

Une sacralité qui aurait traversé les millénaires et dont il y aurait une trace dans les manuscrits les plus anciens du MontSaint-Michel.

“Lorsque au 11e siècle, on construit l’église, indique François Saint-James, on met en scène ce rocher.

Et dans le texte de la Révélation, rédigé au 9e siècle, qui raconte la fondation du Mont, on dit que Saint-Aubert s’est assis sur une pierre pour contempler son œuvre, et qu’on voit la pierre marquée comme par un doigt, par un trou.

C’est cet endroit !”

Un rocher relié symboliquement à l’étoile polaire, seul point fixe dans le ciel étoilé.

C’est la croyance d’une porte vers l’au-delà. Cette découverte prouve au moins une chose : le Mont-Saint-Michel n’a assurément pas livré tous ses secrets.

Nicolas Dalaudier

https://france3-regions. francetvinfo.fr/bretagne/ ille-et-vilaine/saint-malo/mont-saint-michel-lemystere-du-trou-dans-lerocher-elucide-2764218. html

n rocher sur le site touristique populaire intrigue les experts depuis des années.

Mais maintenant, un archéologue allemand pense avoir résolu le puzzle

Un archéologue pense avoir résolu un mystère de longue date dans l’une des attractions touristiques les plus populaires de France en dehors de Paris.

Un rocher au Mont-Saint-Michel en Normandie avait déconcerté les experts pendant des années.

François Saint-James, guide à l’abbaye depuis plus de 30 ans, a déclaré que personne n’avait d’explication sur les cupules ou les creux artificiels à la surface de la roche, qui datent de la période néolithique.

« Nous avons un trou et nous ne savions pas pourquoi», a-t-il déclaré FranceInfo. « Mais ensuite, grâce à ce visiteur, nous avons découvert ces petits bassins.»

Le visiteur en question était Stefan Maeder, un archéologue allemand, qui avait vu des cupules artificielles similaires sur d’autres sites en Europe.

Il a dit que le rocher était une carte du ciel nocturne polaire nord et aurait été considéré comme sacré.

M. Saint-James a déclaré : « C’est une carte du ciel nocturne polaire de cette époque, il y a environ 6 000 ans. »

Les chercheurs ont depuis reproduit la carte par ordinateur et l’ont trouvée entièrement exacte, basée sur le seul point fixe de l’étoile polaire.

David Bensoussan

https://42mag.fr/2023/05/un-mystere-de-longue-date-au-mont-saint-michel-a-t-il-enfin-ete-resolu/

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Photo france3region
PALAZZI

a source sacrée de Su Tempiesu, située à Orune, en Sardaigne, est un témoignage nuragique unique en son genre de part sa qualité de conception, mais aussi et surtout de part sa qualité de conservation… pourtant totalement accidentelle !

Conçu pour capter et canaliser l’eau provenant de la montagne de schiste à laquelle il est adossé, le monument aurait été construit entre le XVIIIè et le XIIIè siècle av. JC (les historiens ne s’entendent pas sur ce point) et serait donc attribué à la culture Bonnanaro. Ce qui est certain, c’est qu’aux alentours du XIè siècle av. JC, un glissement de terrain a complètement enseveli la construction.

Cet éboulement a arraché la partie supérieure de la construction, mais il a protégé précieusement le reste du puit pendant au moins 3500 ans !

Car le puit a été redécouvert par accident en 1953, lors de travaux d’installation d’une canalisation.

Une fois les gravas déblayés, il s’est révélé intact, hormis la partie manquante, retrouvée dans les débris. Si la technique de conception est dite « cyclopique», à l’instar des nuraghes qui ont donné leur nom à la culture locale, il ne s’agit pas à proprement parler de «murs cyclopéens », car les blocs ne sont pas très gros. Mais leur agencement, en revanche, est très familier: les blocs, aux formes géométriques précises, sont parfaitement assemblés au millimètre sans le moindre mortier, et sans qu’il y ait le moindre « jour » entre eux.

TEMPIESU A ORUNE SARDAIGNE

La seule jointure se trouve au fond de la « cuve», la pierre de base étant scellée aux murs par une fine soudure au plomb. On notera qu’une petite fosse est creusée au milieu de cette pierre de base, afin de servir de bac de décantation, autant pour la pureté de l’eau que pour faciliter le nettoyage de la cuve.

La majeure partie du monument est faite de blocs de trachyte et de basalte, ce qui est fort logique car ces types de roche sont difficiles à user et résistent donc très bien à l’érosion de l’eau, au contraire de la roche locale, le schiste, bien trop tendre.

Oui, mais voilà, le trachyte et le basalte sont des roches volcaniques, or depuis Orune, il faut faire des dizaines de kilomètres avant de trouver une zone volcanique en Sardaigne.

Les experts n’ont d’ailleurs pas réussi à identifier l’origine de ces pierres, il est même possible qu’elles ne viennent pas de l’île.

L’histoire académique considérant la culture nuragique comme relativement primitive, comment ont-ils fait, à une époque où il n’y avait pas de route, sur une île qui dispose de peu de cours d’eau, pour transporter toutes les pierres dont ils avaient besoin ?

Là aussi, c’est une « épine dans le pied de l’histoire» que l’on retrouve sur de nombreux(suit page 8)

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SU

(suit de la page 7) autres sites à travers le monde, de Gizeh au Machu Picchu en passant par Carnac.

La vérité est ailleurs…

Le site archéologique de Su Tempiesu est situé dans la municipalité d’Orune, dans la province de Nuoro. (Sardaigne)

Il est ouvert au public tous les jours du lundi au dimanche, avec des heures d’ouverture continues de 9 heures à 17 heures (automne-hiver)

et de 9 heures à 19 heures (printemps-été)

Pour visiter le site archéologique :

Coopérative L.A.R.Co.

Localité

Sa Costa ‘e Sa Binza-Orune (NU, Sardaigne, Italie)

tél. +39 328 7565148

OLYMPIA MELIS ET LE FILET DE BOSA

a Sardaigne est depuis longtemps liée aux arts de la broderie, de la dentelle et du tissage, mais le roi de l’artisanat féminin est représenté par le célèbre Filet di Bosa. Technique de broderie dont les origines sont profondément liées au monde masculin de la pêche, le filet de Bosa est l’un des artisanats textiles les plus anciens et les plus prisés de l’île, dont la tradition a été préservée et transmise de génération en génération grâce aux femmes de Bosa les plus âgées qui l’ont transmise aux plus jeunes.

En effet, il n’y a pas une femme à Bosa qui n’ait pas appris dès l’enfance cette technique de broderie, réalisée à l’aiguille sur un fond fait d’un grand filet à mailles carrées (randa), noué par de petits nœuds. Outre la technique laborieuse du métier à tisser, ce qui rend cette broderie unique, ce sont les thèmes de ses motifs extrêmement raffinés, en sarde “sas mustras”, qui rappellent des motifs figuratifs que l’on trouve également dans les tapisseries, les tapis et certaines décorations en bois : motifs géométriques, tels que losanges, spirales, vagues ; motifs d’inspiration végétale, tels que sarments de vigne, grappes de raisin, arbres, bourgeons et grenades ; motifs d’inspiration animale, tels que pigeons et vanneaux, cerfs et chevaux ; motifs héraldiques, tels que blasons, couronnes et châteaux, mais aussi motifs d’inspiration religieuse, tels que calices et ostensoirs, principalement dérivés du symbolisme religieux des moines byzantins. Le fil traditionnel pour ce type de travail est le lin na-

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Photo www.alfemminile.com

turel, autrefois largement cultivé en Sardaigne, mais aujourd’hui souvent remplacé par le coton blanc. Autrefois utilisé presque exclusivement pour les “cortinazos del zabaglione o lettu a crispiris” (draperie pour le lit à baldaquin), il est encore possible aujourd’hui, en se promenant dans les rues étroites de la ville, d’observer des femmes, assises sur de simples chaises rembourrées sur le pas de la porte, offrant le spectacle de cet art ancien aux visiteurs, aux touristes et aux passionnés.

Olimpia Melis (1887-1975) faisait partie d’une famille de créateurs qui ont marqué l’histoire de l’économie et de l’art sardes. Certains de ses frères, Melkiorre, décorateur et céramiste, Federico, céramiste, et Pino, peintre et illustrateur, auteur notamment de quelques planches du Giornalino della Domenica de Vamba, ont acquis une certaine notoriété et ont participé à de nombreuses expositions et salons. Pour sa part, Olimpia a organisé à Bosa, à partir des années 1910, une industrie du filet qui comptait plusieurs centaines de travailleurs et qui, au plus fort de son succès, exportait son travail aussi bien en Europe qu’à New York.

Cette activité n’avait pas seulement une valeur commerciale, mais Mme Olimpia avait réussi à en faire une valeur artistique, en apportant le filet pour répondre aux nouvelles demandes d’ameublement, comme les rideaux, les couvre-lits, les nappes et les bordures, selon les dictats de l’Art déco naissant à l’époque.

Les années entre la fin du XIXe siècle et le début du

XXe siècle, comme nous l’avons déjà mentionné, sont celles où l’on observe un intérêt manifeste pour la création d’écoles de broderie et la promotion de structures qui, d’une certaine manière, favorisent les activités artisanales exclusivement féminines.

La Sardaigne a également participé au développement de ce type de structures et a vu naître des écoles, organisées pour la plupart comme des ateliers artisanaux, qui se spécialisaient dans des activités techniques définies, comme dans le cas du filet.

La première école de filet documentée est celle créée par Antonietta Delogu à Macomer en 1905...

L’école, qui a fermé ses portes en raison de problèmes d’incompatibilité avec l’administration locale, a fonctionné jusqu’en 1927...

Il est évident que dans la ville voisine de Bosa, qui réunissait toutes les conditions pour que ces activités se développent avec plus de cohérence, des ateliers similaires ont commencé à fleurir, plus ou moins avec les mêmes méthodes et les mêmes objectifs.

En effet, à Bosa, presque en même temps que l’école d’Antonietta

Delogu, Mme Olimpia Peralta Melis commença à opérer vers les années 1910, avec un groupe important d’ouvriers ; (suit page 10)

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(suit de la page 9) elle était la sœur des plus célèbres Melchiorre, Federico, Pino : des artistes sardes qui s’essayaient à la peinture, à la céramique et à la miniature. Les Melis ont réussi à combiner le sens artistique avec la vocation traditionnelle de la famille pour le commerce.

Olimpia Melis est née à Bosa le 1er avril 1887, de Salvatore Melis et Giuseppina Masia ; son père, fils d’un certain Melchiorre Melis, originaire d’Alghero, était un riche négociant en textiles.

Olimpia épouse Lorenzo Peralta en avril 1911, mais bien qu’elle soit devenue mère de trois enfants et qu’elle ait pu mener une vie aisée, elle s’est résignée à ne jouer que le rôle d’épouse et de mère. Sa créativité et sa capacité d’entreprendre, toutes deux présentes dans son caractère, se sont manifestées dans les activités qui, plus tard, l’ont vue représenter l’un des aspects artistiques et entrepreneuriaux les plus intéressants de la Sardaigne de l’époque. Les travaux de son école-atelier ont souvent participé aux diverses expositions nationales et internationales qui se sont succédé avec une certaine régularité au cours de cette période.

En 1924, Melis reçoit la grand-croix et la médaille d’or à l’exposition internationale de Bruxelles ; la même année, à Paris, elle obtient le grand prix, la médaille d’or et la coupe

d’honneur.

L’administration municipale de l’époque la considère comme une référence pour les foires de Milan de 1928, 1929 et 1934.

Melis installe plusieurs ateliers, d’abord dans sa maison de Corso Vittorio Emanuele, Sa Piatta, près de la cathédrale, puis dans sa nouvelle maison de Piazza Monumento.

Elle collabore artistiquement avec ses frères, en particulier avec Melchiorre, qui conçoit non seulement les publicités de son atelier pour les années 1920, 1922, 1924, mais aussi les esquisses du filet ; plus tard, elle collabore également avec d’autres artistes tels qu’Aldo Contini. Dans ces années-là, les aspects novateurs, que certains auteurs définissent comme une “contamination”, s’accentuent grâce à l’introduction de modules et de techniques qui vont au-delà de la tradition sarde.

C’est à cette époque, qui coïncide avec l’avènement de l’Art Nouveau et du Déco, que les usages du filet commencent à changer et qu’il est utilisé non seulement dans l’ameublement et les trousseaux, mais aussi dans l’habillement, où, réalisé avec des fils fins de soie et de lin, il sert d’insert ou de bordure pour enrichir les lignes simples de la nouvelle mode charleston, qui se popularise. L’atelier de Melis fournissait probablement les maisons de couture du continent et avait des points de vente non seulement à Rome, au n° 24 Lungo Tevere Mellini, mais aussi au n° 303 53 Strada à New York, et entretenait des relations commerciales avec la société Gritti de Lugano. Melis était certainement une femme au caractère bien

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Photoilfiletdebosa

trempé et ne s’arrêtait pas de travailler jusqu’à la fin ; en effet, les Biennali dell’Artigianato Sardo (Biennales de l’artisanat sarde) la voient encore présente en 1960-6266-68.

L’atelier d’Olimpia Melis n’était pas le seul présent à Bosa, même s’il était sans aucun doute celui pour lequel travaillaient le plus grand nombre de femmes ; il y en avait d’autres

“Le rôle d’Olimpia n’était pas seulement d’identifier , d’identifier, de répertorier et de reproduire les motifs de l’antiquité, mais d’une véritable directrice d’art, d’une entrepreneuse intelligente capable de d’un véritable directeur artistique, d’un entrepreneur intelligent capable d’extrapoler et de recomposer les différents motifs du filet.

La mise au point de la structure en fonction des différentes l’a amenée à inventer de nouvelles fonctions et applications de cet art, comme l’embellissement du couvre-lit ou l’insertion dans les rideaux.

Le processus qui anime les compositions d’Olimpia, qui lit et élabore les motifs traditionnels de la Sardaigne, est le même pour tous. qui lit et élabore les motifs traditionnels sardes avec une rigueur minutieuse, est la même que d’autres artistes insulaires contemporains d’Olimpia appliquaient également au début du siècle dernier... dont le produit final est le résultat d’une contamination”.

(C.SABA, C’era un fiume e nel fiume il mare, catalogue de l’exposition “I fratelli Melis”, Cagliari 1996).

Pourquoi je prétends qu’Olimpia Melis était une artiste.

eaucoup de Bosains considèrent qu’Olimpia Melis Peralta n’était qu’une femme d’affaires parce qu’elle avait des ouvriers qui faisaient le travail pour elle.

Je n’ai pas connu Olimpia Melis, j’ai entendu parler d’elle par sa fille Bianca (qui était mon professeur) et ses petits-enfants Cerlienco, mais j’ai vu son travail et celui d’autres artisanes de son époque, ainsi que les travaux qui l’ont précédée et suivie.

J’ai appris à travailler en copiant fidèlement les centres que me proposait mon professeur Bianca Peralta Cerlienco, et tout le travail venait de l’atelier de ma mère.

Lorsque je me rendais chez elle le dimanche après-midi avec mon métier à tisser, nous bavardions souvent de choses et d’autres, et il y avait très peu d’instructions.

1) Dans le filet, il n’y a pas d’avant ou d’arrière : tout ce que vous faites en haut doit être fait en bas ;

2) Commencer le travail par le centre qui est la partie la plus visible, si on se trompe en comptant les carrés il vaut mieux qu’ils soient dans la bordure ;

3) Il faut regarder attentivement si le fil passe sur/ sous le coin ou le côté du carré ;

(suit page 12)

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MARINA MUREDDU

(suit de la page 11)

4) Il ne faut pas sauter d’un carré à un autre qui est loin ;

5) Si, quand on revient en arrière, le fil n’est pas du bon côté, c’est qu’on a fait une erreur : il faut tout défaire ou tromper le fil (et au début, j’ai dû tromper le fil plusieurs fois pour ne pas tout défaire). Je ne pouvais pas espérer reproduire tout le travail des Cerlienco, alors j’ai trouvé une façon de faire des patrons où l’on pouvait savoir si le fil passait sur/sous le côté du carré ou sur/sous l’angle. Je ne m’étendrai pas sur la beauté, car il s’agit d’une question personnelle. En dix ans d’enseignement, j’ai vu une grande variété de goûts : ceux qui ne supportaient pas la paonessa parce qu’elle avait un mauvais œil, ceux qui n’aimaient pas les grenades, d’autres qui préféraient broder des putti et des motifs religieux ; ceux qui voulaient faire un filet de laine coloré et broder avec du fil noir et beaucoup d’autres motifs qu’ils pouvaient aimer ou ne pas aimer. Ce que je peux dire par expérience, c’est que la composition du travail d’Olimpia est particulièrement impressionnante (je n’ai jamais trouvé, entendu ou vu quelqu’un qui n’appréciait pas sincèrement le travail proposé).

L’ordre des notes d’un pianiste n’est pas le même que celui d’un violoncelliste ou d’un trompettiste

et le compositeur doit en tenir compte. Les transcriptions d’un instrument à l’autre sont très souvent impossibles ou artificielles et désagréables. C’est pourquoi je pense que les frères artistes d’Olimpia ont peut-être influencé le style, mais pas la composition proprement dite qui devait être confiée aux ouvriers.

Elle, en utilisant des motifs traditionnels, contaminés par le goût de l’époque, a créé un style reconnaissable: presque toujours des angles arrondis, beaucoup de crochets et de chevilles, et surtout un équilibre entre les pleins et les vides qui ne s’apprend pas.

D’après ce que m’a raconté sa fille, Olimpia ne travaillait pas mais suggérait aux ouvrières, qui partaient de quelque chose de connu, d’ajouter une branche de fleurs, un motif, un crochet, une petite cheville... Après tant d’années de travail fait, enseigné et dessiné, j’ai essayé de faire le mien mais je suis obsédée par l’”Horror vacui” : je dois remplir tous les carrés.

D’autres artistes modernes, en revanche, sont très minimalistes et gardent le filet aussi vide que possible ou essaient des points plus compliqués et des motifs plus géométriques et angulaires.

Sans entrer dans l’appréciation ou non du résultat, je sais, avec certitude, que je ne suis pas une artiste : Olimpia l’était.

“Io e il filet di Bosa X Edizioni 2013 /www.ibs.it/io-filet-di-bosa-libro-marina-mureddu/ https://www.ilfiletdiolimpiamelis.com/

Photo ilfiletdiolimpoiamelis.com PALAZZI 12 VENEZIA

é à Antioche, en Asie Mineure, en 250 après J.-C., Ephisius était soldat dans l’armée impériale romaine et avait embrassé la foi chrétienne, comme son père. Pendant des années, au cours des persécutions antichrétiennes ordonnées par l’empereur Dioclétien, il combattit les chrétiens, puis, repentant, il décida de quitter l’armée et de consacrer sa vie à la prédication de l’Évangile.

Il s’installe en Sardaigne et commence son travail d’évangélisation, mais il est bientôt arrêté et condamné à mort.

Son martyre, après d’atroces tortures, eut lieu en janvier 303.

Pourquoi la fête de saint Ephise est-elle célébrée en mai ?

Le martyre de saint Ephise a eu lieu le 15 janvier, mais la fête en son honneur est célébrée le 1er mai car, selon la tradition, c’est saint Ephise lui-même qui, dans les années 1750, est apparu au vice-roi pour lui suggérer d’organiser une procession le 1er mai afin de mettre fin à l’épidémie de peste qui frappait la Sardaigne et Cagliari en particulier.

La procession eut lieu et la peste cessa. Depuis, le rite est renouvelé chaque année. La procession qui a lieu le 1er mai est ouverte par les traccas, les chars traditionnels tirés par des bœufs et décorés de façon festive.

Viennent ensuite les groupes folkloriques, avec des milliers de personnes portant le costume traditionnel de leur pays, venant de toute l’île et récitant généralement le ro-

EFISIOSTRATILATE MARTIRE

saire ou chantant les goccius, ou litanies en langue sarde.

Viennent ensuite les cavaliers : les cavaliers de Campidano ouvrent le bal, suivis par les miliciens, représentant l’armée sarde qui escortait le cortège pour le défendre contre les attaques.

Après eux défilent les membres de la tutelle, au premier rang le troisième tuteur tenant la bannière de la confrérie, suivi de l’alter nos, le représentant du maire.

Après les cavaliers défilent les membres de l’archiconfrérie, en soutane bleue et cape blanche, précédés d’un frère tenant un crucifix des années 1700. L’arrivée du char est précédée par le son des launeddas.

Lorsque le char arrive dans la Via Roma, il est accueilli par les sirènes des navires amarrés dans le port de Cagliari.

Les préparatifs de la procession sont gérés par l’Arciconfraternita del Gonfalone.

Les préparatifs commencent en fait depuis quelques mois : le 19 mars, jour de la fête de saint Joseph, les membres de l’Archiconfraternité élisent le troisième gardien, qui est responsable de la gestion de toute la fête.

À cette occasion, l’Alter Nos, représentant de la commune de Cagliari, est également désigné, choisi par le maire parmi les échevins, les conseillers ou les fonctionnaires de la commune. (suit page 14)

PALAZZI 13 VENEZIA

(suit de la page 13)

Enfin, à la fin de la procession du lundi de Pâques, le joug du bœuf qui tirera le char du saint lors de la procession du mois de mai est solennellement béni.

Les préparatifs battent leur plein le 25 avril, jour où le char doré est amené dans l’église et où le troisième gardien est officiellement investi dans ses fonctions.

Le 29, on procède à l’habillage du simulacre et à l’ajout de bijoux en or en guise d’offrandes votives.

Le lendemain, le président de l’archiconfrérie et le sacristain majeur placent la statue dans le char d’or.

Le matin du 1er mai, “Su Carradori” (celui qui est chargé de transporter la statue) équipe les bœufs qui devront porter le char jusqu’à Nora.

Ensuite, le troisième gardien, accompagné de “Sa Guardianìa”, se rend à la mairie où l’attend l’Alter Nos, qui est officiellement investi de ses fonctions par le maire de Cagliari.

Ils se rendent ensuite à la petite église de Stampace où la messe sera célébrée. L’un des rites typiques de la fête de Sant’Efisio est sa ramadura.

Également appelée “infiorata”, elle consiste à répandre des pétales de roses (rouges, roses et jaunes) sur le sol des dalles de la Via Roma à Cagliari, afin que, lors de son passage, le char transportant la statue du martyr puisse avancer sur un tapis de fleurs, tandis que les sirènes des bateaux retentissent en signe de salutation.

La fête de Sant’Efisio est l’une des plus anciennes et des plus longues processions religieuses de la Méditerranée. Elle serpente sur 65 kilomètres, retraçant le parcours de la prison où le martyr a été incarcéré au cœur de Cagliari, jusqu’au lieu de son martyre à Nora, puis jusqu’à son église de Stampace, le 4 mai à minuit.

La procession touche plusieurs communes : Cagliari, Capoterra, Sarroch, Pula et Villa San Pietro. La dissolution du vœu

Au retour du simulacre après la procession, le Président de l’Archiconfraternité certifie la dissolution du vœu, en utilisant la formule solennelle suivante : “Très Révérend Monseigneur canonique, Très Illustre Monsieur Alter Nos, veuillez communiquer au Chapitre Métropolitain et à l’Archiconfraternité la dissolution du vœu Il en sera toujours ainsi, avec l’aide de Notre Seigneur Jésus-Christ, par l’intercession de Notre-Dame de la Rançon et du glorieux martyr saint Ephise, patron de cette archiconfraternité”. Les lieux symboliques de saint Ephise sont l’église de Stampace à Cagliari, point de départ de la procession, construite au XVIIIe siècle. Avant elle, une église du XIIIe et une autre du XVIe siècle existaient sur le même site. L’une des chapelles abrite la statue du saint qui est portée en procession jusqu’à Nora. L’église de Nora, destination de la procession du 1er mai, a été consacrée en 1102. En 1656, elle a été restaurée grâce à une donation d’Alfonso Gualbès, marquis de Palmas, en remerciement d’avoir échappé à l’épidémie de peste en évoquant la sainte.

(Uniononline)

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’artiste portugaise Joana Vasconcelos (Paris, 1951) fait entrer l’infini dans l’architecture majestueuse de la Sainte-Chapelle de Vincennes, sous la forme d’un arbre monumental de 13 mètres décoré selon une ancienne technique traditionnelle portugaise. Tree of Life, la grande installation que Vasconcelos a créée pour l’ancienne chapelle du château de Vincennes, est imprégnée de références aux femmes et à la nature. D’une part, elle s’inspire en effet des trois mille ormes que la reine Catherine de Médicis avait voulu planter dans le vaste parc du château (dans l’enceinte duquel se trouve la Sainte-Chapelle), auquel la souveraine était très attachée et dont elle veillait passionnément à l’entretien.

Mais ce n’est que le point de départ d’un hommage à la nature selon ce réalisme magique qui, de Ferdinand Pessoa, va jusqu’à Gabriel García Márquez, et qui se traduit par la reproduction en tissu des racines de l’arbre, qui intègrent des formes biomorphiques et zoomorphiques.

L’arbre, comme la femme, est le principe de tout. De cet ensemble grandiose, Vasconcelos extrait une mosaïque culturelle tout aussi grandiose : les tissus qui recouvrent l’arbre sont brodés selon diverses techniques traditionnelles portugaises, comme le canutilho, typique de Viana do Castelo, la roseta, un point de crochet répandu dans tout le pays, ou le trabalho louco pour l’assemblage des tissus de lin, typique des Açores. L’ensemble fait écho au Portugal et à sa vision du

VASCONCELOS A PARIS

monde, de l’Afrique à l’Amérique latine, du catholicisme au chamanisme, de l’animisme au réalisme magique.

Un syncrétisme dynamique qui nous parle d’égalité, d’unité et d’inclusion.

Et, avec sa progression verticale, l’arbre de vie symbolise la continuité entre le ciel et la terre.

La reine Catherine de Médicis n’est pas la seule figure féminine à laquelle Vasconcelos rend hommage dans son œuvre ; en effet, Tree of Life fait également écho à la figure mythologique de Daphné, dont l’artiste s’est inspirée après avoir vu la célèbre sculpture du Bernin conservée à la Villa Borghèse.

Daphné, la nymphe qui s’est transformée en arbre pour échapper à la colère d’un Apollon jaloux et passionné : la grâce dynamique de l’œuvre, avec son ascension vers le haut, rappelle la phase finale de la transformation et en fait la métaphore d’un acte d’indépendance et d’autodétermination, le triomphe du principe féminin de la vie contre la brutalité de la violence qui défigure la grâce et la beauté.

Un rappel à la fois délicat et fort aux nombreuses femmes qui, dans le monde entier, souffrent de persécution, d’oppression et de limitation des droits fondamentaux, de l’Afghanistan à l’Iran, sans oublier malheureusement( suit page 16)

PALAZZI 15 VENEZIA
Photo artribune,it
JOANA

(suit de la page 15) l’Italie.

La présence des femmes se manifeste également à un autre niveau : Tree of Life a été conçu pendant les mois de la pandémie, et pas moins de quinze brodeuses portugaises ont collaboré avec l’artiste : chacune d’entre elles a commencé à travailler à domicile pendant la période difficile du confinement et, au final, une sculpture textile a vu le jour, qui compare le puissant geste d’indépendance de Daphné à un scénario de limitation sévère tel que le confinement.

Comme l’explique Mme Vasconcelos, “cette œuvre est le résultat de l’affirmation de la vie face à la pandémie de Covid-19”. En ce sens, le contraste avec les vitraux décorés d’histoires de l’Apocalypse est frappant. Joyau de l’architecture gothique flamboyante à dix kilomètres à l’est de Paris, la Sainte-Chapelle a été construite en 1379 sur un projet de Raymond du Temple, à la demande du souverain français de l’époque, Charles Quint. Elle se trouvait dans l’enceinte du château de Vincennes (résidence royale depuis 1180) et abritait les reliques de la Passion du Christ rapportées de Palestine par Saint Louis lors de la première croisade.

La construction n’a été achevée qu’en 1480, date à laquelle la façade a été terminée sous Louis XI.

Les décors intérieurs, en revanche, ont été ajoutés au XVIe siècle ; ils comprennent les célèbres vitraux historiés de Nicolas Beaurain, qui a structuré les compositions par des éléments architecturaux, tout en soignant les effets de lumière.

Les couleurs qui dominent ici sont principalement des tons clairs : jaune, orange et gris.

Les scènes de l’Apocalypse dans le registre central de l’abside sont particulièrement belles.

Les dégâts causés par les émeutes de la Révolution française ont entraîné la perte d’une grande partie du mobilier sacré, des reliques et des objets d’art. Celles qui subsistaient dans l’abside ont été enlevées en 1796 et conservées au Musée des monuments français afin de les protéger.

Remises en place en 1820 après restauration, elles sont à nouveau endommagées en 1944.

Restaurées à nouveau dans les années 1960, elles ont subi les effets de la tempête de vent qui a dévasté la France le 26 décembre 1999.

Depuis 2018, ayant retrouvé au moins une partie de leur beauté d’antan, elles sont revenues briller à l’intérieur de la Chapelle.

Et l’installation sculpture monumentale de Joana Vasconcelos embellit et projette dans l’avenir ce monument extraordinaire.

Niccolò Lucarelli https://www.artribune.com/arti-visive/arte-contemporanea/2023/05/installazione-albero-artista-joana-vasconcelos-vincennes-francia/

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Photo artribune.it

‘année 2022 marque la célébration des 60 ans de la première collection Yves Saint Laurent sous son propre nom ainsi que les 5 ans d’existence du Musée Yves Saint Laurent Paris.

À ces occasions, l’exposition anniversaire GOLD explore les touches d’or qui ont traversé l’oeuvre du couturier.

Sous le commissariat d’Elsa Janssen, directrice du musée depuis mars 2022, en association avec l’équipe scientifique du musée et avec la complicité artistique d’Anna Klossowski*, l’exposition GOLD, Les ors d’Yves Saint Laurent explore le doré à travers une quarantaine de robes haute couture et prêtà-porter, une sélection d’accessoires, d’objets et des vitrines composées entièrement de bijoux, apparats indispensables à la silhouette Yves Saint Laurent. Des tout premiers boutons ponctuant les cabans aux robes entièrement dorées, aucune collection n’échappe à la touche « or » du couturier. Toutes matières se prêtent à ces éclats : brocarts, dentelles, lamés, sequins, cuirs, broderies, tissus, bijoux, parfum, l’or scintille...

« Du noir moderne. Je l’allume toujours avec de l’or, en boutons, en ceinture, en chaînes. » Qu’il s’agisse des souvenirs ensoleillés d’Oran, de Marrakech, d’objets collectionnés par Pierre Bergé

et Yves Saint Laurent, des accessoires créés par Loulou de la Falaise, le doré a été une source d’inspiration artistique tout au long de sa carrière.

« Le soir doit briller, sans cela il serait un peu ridicule… »

Le parcours chrono-thématique fait écho à la solarité du personnage d’Yves Saint Laurent, et révèle l’éblouissante diversité des ornements, la richesse des tissus, la brillance des matériaux. De la robe-bijou réalisée pour la collection automne-hiver de 1966 et photographiée par David Bailey aux robes pailletées portées par Zizi Jeanmaire ou Catherine Deneuve, c’est tour à tour l’exaltation du pouvoir des femmes, les années Palace et l’esprit de fête qui sont convoqués. En résonance avec les créations d’Yves Saint Laurent, le musée invite le plasticien belge Johan Creten à exposer cinq œuvres rappelant combien l’or inspire de tous temps les artistes.

* Commissaire d’expositions et historienne de l’art, Anna Klossowski co-fonde en 2015 « We Do Not Work Alone ». Fille de Loulou de La Falaise et filleule d’Yves Saint Laurent, elle entretient un lien tout particulier avec le Musée Yves Saint Laurent Paris. https://museeyslparis.

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« J’aime l’or, c’est une couleur magique ; pour le reflet d’une femme, c’est la couleur du soleil.»
com/expositions/gold
GOLD Les ors de Yves Saint Laurent jusqu’au 14 mai 2023 Musée Yves Saint Laurent Paris 5, avenue Marceau 75116 Paris - France +33 (0)1 44 31 64 00 publics@museeyslparis.com
Photo davidbailey

lors que le continent africain suscite une attention grandissante au niveau mondial, alors que la diversité de ses sociétés et de ses cultures est devenue source de fascination, il faut se rappeler qu’il a inspiré de nombreux artistes au cours des siècles derniers. Eugène Delacroix, Henri Matisse et Pablo Picasso, pour ne citer qu’eux, figurent parmi les multiples artistes « occidentaux » célèbres s’étant inspirés de ce continent, soit par contact direct avec diverses cultures africaines, soit à travers des objets produits en Afrique et exportés vers l’Europe. C’est un grand honneur pour la Fondation Jardin Majorelle, en partenariat avec la Cy Twombly Foundation et la Fondazione Nicola Del Roscio, d’organiser cette extraordinaire exposition, Cy Twombly, Maroc 1952/1953. Considéré comme l’un des plus grands artistes de la se-

conde moitié du vingtième siècle, l’influent artiste américain Cy Twombly, dont la fascination pour le monde de l’antiquité classique est connue, était tout aussi intrigué par les cultures des tribus amazighes [berbères] du Maroc.

Au cours d’un voyage de découverte à l’hiver 1952 et auprintemps 1953, le jeune artiste américain parcourt le Royaume du Maroc en compagnie de Robert Rauschenberg, peintre comme lui. Ensemble, ils explorent non seulement les villes les plus fréquemment visitées, comme Tanger, Casablanca et Marrakech, mais aussi les vestiges relativement méconnus de sites berbères à Tiznit et de l’antiquité classique à Volubilis, qui donneront tous deux leurs noms à des œuvres monumentales réalisées par l’artiste suite à son séjour marocain.

Cy Twombly, Maroc, 1952/1953 plonge dans cette période assez peu connue durant laquelle l’étudiant de vingt-cinq ans découvre pour la première fois les expressions culturelles du monde relativement inexploré des peuples autochtones du Maroc.

Moins d’une décennie après la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que l’Europe se relève tout juste des cendres de la destruction de masse et de la désolation, les représentations picturales de la culture amazighe, dont le graphisme à l’état presque brut évoque les graffiti, fascinent le jeune artiste.

Pour cette exposition novatrice, les trois fondations partenaires souhaitent exprimer leur profonde gratitude envers la Collection Menil à Houston, Texas, pour le prêt de Volubilus, peinture réalisée par Twombly en 1953, le musée des Beaux-arts de Virginie pour les divers éléments d’archive ayant enrichi l’exposition et les collectionneurs privés.

Nous saluons également le travail exceptionnel mené par Alexis Sornin, directeur des musées du Jardin Majorelle, et l’ensemble de ses collaborateurs, pour

CY TWOMBLY
PALAZZI 18 VENEZIA
A MAJORELLE
Photo thenewyorktimes

donner le jour à cette exposition. Le célèbre grand couturier français Yves Saint Laurent—connu pour revisiter avec audace les codes de la mode—aurait sûrement été fier d’accueillir et de créer des liens avec ce peintre révolutionnaire qu’était Cy Twombly au musée Yves Saint Laurent Marrakech, où les jeunes Marocains, d’autres Africains et les visiteurs du monde entier pourront acquérir une compréhension plus riche de l’inspirante diversité du patrimoine culturel du royaume chérifien.

Madison Cox

Nicola Del Roscio

Cette extraordinaire exposition a été organisée en collaboration avec la Cy Twombly Foundation et la Fondazione Nicola Del Roscio.

Pour cette exposition novatrice, les trois fondations partenaires souhaitent exprimer leur profonde gratitude envers la Collection Menil à Houston, Texas, pour le prêt de Volubilus, peinture réalisée par Twombly en 1953, le musée des Beauxarts de Virginie pour les divers éléments d’archive ayant enrichi l’exposition et les collectionneurs privés.

L’influent artiste américain Cy Twombly (Lexington, Virginie, 1928 - Rome, Italie, 2011), dont la fascination pour le monde de l’antiquité classique est connue, était tout aussi intrigué par les cultures des tribus amazighes [berbères] du Maroc.

https://www.museeyslmarrakech.com/wp-content/ uploads/2023/02/DP_Cy-Twombly.pdf

Cy Twombly

Morocco

1952-1953

Musée Yves Saint

Laurent Marrakech

Rue Yves Saint Laurent

40090 Marrakech

jusq’au 02.07.2023

Billetterie en ligne:

www.tickets.jardinmajorelle.com

dwin Parker Jr, connu sous le nom de Cy Twombly (Lexington, 25 avril 1928 - Rome, 5 juillet 2011), était un peintre américain.

Le surnom “Cy”, nommé d’après le grand joueur de baseball Cy Young, est le même que celui de son père, qui était lanceur pour les Chicago White Sox.

De 1947 à 1949, il étudie à la School of the Museum of Fine Arts de Boston, à la Washington and Lee University et, de 1950 à 1951, à l’Art Students League de New York.

Il y rencontre Robert Rauschenberg qui l’accompagne au Black Mountain College, près d’Asheville, en Caroline du Nord, où il rencontre également John Cage.

En 1951 et 1952, il est le disciple de Franz Kline, Robert Motherwell et Ben Shahn.

En 1951, il expose pour la première fois à la Kootz Gallery de New York. À cette époque, ses œuvres sont fortement influencées par l’expressionnisme noir et blanc de Franz Kline et l’imagerie de Paul Klee.

En 1952, il reçoit une bourse du Virginia Museum of Fine Arts qui lui permet de voyager en Afrique du Nord, en Espagne, en Italie et en France.

presse@jardinmajorelle.com

Jusqu’à son retour en 1953, il sert dans l’armée (suit page 20)

PALAZZI 19 VENEZIA
Photo artblart
La réservation en ligne est obligatoire depuis le 30 janvier 2023.

(suit de la page 19) en tant que “cryptologue” (il déchiffre et crée des codes), ce qui laisse une empreinte distincte sur son style.

De 1955 à 1959, il travaille à New York, où il devient une figure importante d’un groupe d’artistes comprenant Robert Rauschenberg et Jasper Johns.

Twombly est connu pour sa façon de brouiller la frontière entre le dessin et la peinture.

Nombre de ses peintures les plus connues de la fin des années 1950 et du début des années 1960 rappellent les graffitis accumulés au fil des ans sur les cabines de toilettes, tandis que celles de la fin des années 1960 rappellent la cursive et sont tracées en cursive.

À ce moment-là, il abandonne la peinture en tant que représentation, citant la ligne ou tachant chaque signe avec sa propre histoire, comme un sujet en soi.

Plus tard, nombre de ses peintures et travaux sur papier s’orientent vers un “symbolisme romantique”, et leurs titres peuvent être interprétés visuellement à travers des formes et des mots.

Il cite souvent le poète Stéphane Mallarmé dans ses œuvres, ainsi que d’innombrables mythes et allégories dans des œuvres telles que Apollon et l’artiste, ou dans la série de huit dessins composés du seul mot “VIRGIL”.

EDWIN PARKER Jr aka CY TWOMBLY

En 1964, il est invité à exposer ses œuvres à la Biennale de Venise.

En 1968, le Milwaukee Art Centre organise la première rétrospective de son œuvre.

En 1987, il est honoré par des rétrospectives au Kunsthaus Zürich, au Musée national d’art moderne de Paris en 1988, au Museum of Modern Art de New York en 1994, ainsi qu’à Houston, Los Angeles et Berlin.

La galerie Cy Twombly de la Menil Collection à Houston, conçue par Renzo Piano et ouverte en 1995, abrite plus de trente de ses peintures, sculptures et œuvres sur papier, datant de 1953 à 1994.

Une vaste collection d’œuvres de Twombly se trouve à la Pinakothek der Moderne de Munich, qui a présenté en 2007 une exposition des dernières peintures de Twombly, Blooming, a Scattering of Blossoms and Other Things, et qui a ouvert en 2009 le Brandhorstmuseum, qui abrite la plus grande collection de Twombly au monde après celle de Houston.

Une salle du musée a été spécialement conçue par l’architecte Sauerbruch Hutton pour la Bataille de Lépante, un cycle de douze toiles aux dimensions gigantesques.

En outre, des œuvres plus récentes, comme Le cycle des roses, y sont exposées.

En 2004, une œuvre récente de Twombly, le triptyque Three Studies from the Temeraire (1998-1999), a été achetée par l’Art Gallery of New South Wales de Sydney pour 4,5 millions de dollars australiens.

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Photo artribune.it

Le 19 juillet 2007, la police a arrêté une femme d’origine cambodgienne âgée de 30 ans, Rindy Sam, pour avoir vandalisé l’un des panneaux d’un triptyque de Twombly, Phaedrus, exposé à la Collection Lambert, un musée d’art contemporain d’Avignon.

Le panneau, une toile entièrement blanche, avait en effet été embrassé, et donc taché de rouge à lèvres, par Sam. Traduite devant le tribunal d’Avignon pour “dégradation volontaire d’une œuvre d’art”, Sam a défendu son geste en déclarant : “Je n’ai fait qu’un baiser. C’est un geste d’amour, quand je l’ai pris dans mes bras, je n’ai pas pensé, j’ai pensé que l’artiste comprendrait....

Ce geste était un acte artistique provoqué par le pouvoir de l’art”.

L’accusation l’a qualifié de “sorte de cannibalisme, ou de parasitisme” et, tout en admettant qu’elle était “manifestement inconsciente de ce qu’elle avait fait”, a demandé qu’elle soit condamnée à payer une amende de 4 500 euros et à effectuer 100 heures de travail d’intérêt général.

La valeur du travail a été estimée à 2 millions d’euros à l’époque.

En novembre 2007, Sam a été condamnée à verser une indemnité de 1 000 euros au propriétaire de l’œuvre, Yvon Lambert, 500 euros à la Collection Lambert et 1 euro symbolique à l’auteur.

Les 100 heures de garde à vue aux services sociaux ont également été confirmées.

En juin 2009, la Cour d’appel de Nîmes a condamné

Rindy Sam à verser 18

840 euros à la Collection Lambert pour les frais de restauration de la toile. Le jugement définitif a également ordonné le versement de 500 euros à Cy Twombly, Yvon Lambert et Collection Lambert en compensation des frais de justice. Exigences fiscales italiennes pour des impôts payés aux États-Unis

L’artiste a fait l’objet de contrôles fiscaux en Italie concernant les dernières années de sa vie, lorsque sa présence en Italie s’est prolongée pendant plusieurs mois au cours de l’année afin de profiter d’un climat plus adapté à son âge et à la maladie qui le menaçait[citation nécessaire].

Les autorités fiscales italiennes ont fait valoir que la présence de l’artiste en Italie et certains biens en sa possession indiquaient la présence d’une base fixe utilisée par Twombly pour la réalisation de ses œuvres d’art.

Edwin Parker Twombly, citoyen américain et résident fiscal des États-Unis d’Amérique, a déclaré et payé aux États-Unis tous les impôts sur les revenus de son activité artistique, comme l’ont constaté les inspecteurs fiscaux italiens eux-mêmes.

La Guardia di Finanza d’abord, puis l’Agenzia delle Entrate ensuite, ont considéré qu’en vertu de la Convention pour éviter la double imposition entre l’Italie et les États-Unis, (suit page 22)

PALAZZI 21 VENEZIA
Photo wienerstaatsoper

(suit de la page 21) une partie des impôts payés au Trésor américain aurait dû être versée au Trésor italien. L’interprétation des autorités fiscales italiennes, contestée par les avocats de l’artiste, a donné lieu à un conflit d’interprétations juridiques et fiscales qui a conduit à demander à CY Twombly de rembourser des impôts en Italie s’élevant à plusieurs millions d’euros. La question a été résolue en 2012, après la mort de l’artiste, par un accord de règlement fiscal en vertu duquel le Edwin Parker Twombly Jr. Trust - créé par l’artiste lui-même en 2005 - en sa qualité d’exécuteur testamentaire de Twombly, a accepté de payer plusieurs millions d’euros d’impôts en Italie, obtenant la confirmation des autorités fiscales italiennes que l’artiste avait rempli toutes ses obligations fiscales et que les autorités fiscales américaines rembourseraient tout ou partie des sommes payées à l’État italien afin d’éviter la double imposition des revenus pour lesquels l’impôt dû avait déjà été acquitté.

Les œuvres de Twombly, exposées dans les plus grandes galeries d’art moderne et contemporain du monde, sont arrivées en Italie grâce au marchand d’art Lucio Amelio, qui a ouvert la Modern Art Agency[7] à Naples en 1965, avec le galeriste Pasquale Trisorio.

Il meurt à Rome le 5 juillet 2011 à l’âge de 83 ans des suites d’une tumeur.

Depuis les années 1950, il vivait entre Rome et Gaète. Ses cendres reposent dans l’église Santa Maria in Valicella à Rome.

On dit que Twombly a influencé des artistes plus jeunes comme Anselm Kiefer, Francesco Clemente, Julian Schnabel et Jean-Michel Basquiat.

Ses œuvres les plus connues sont généralement des œuvres à grande échelle, librement écrites, calligraphiées et ressemblant à des graffitis, réalisées sur des aplats de couleurs principalement grises, havane ou blanc cassé.

Ses dernières peintures et œuvres sur papier ont évolué vers un “symbolisme romantique”, et leurs titres peuvent être interprétés visuellement à travers des formes et des mots.

Twombly cite souvent dans ses œuvres des poètes tels que Stéphane Mallarmé, Rainer Maria Rilke et John Keats, ainsi que des mythes et allégories classiques. On peut citer par exemple son Apollon et l’Artiste, ainsi qu’une série de huit dessins constitués uniquement d’inscriptions du mot “VIRGIL”.

Les œuvres de Twombly font partie des collections permanentes de musées d’art moderne du monde entier, notamment la Menil Collection à Houston, la Tate Modern à Londres, le Museum of Modern Art de New York et le Museum Brandhorst de Munich.

Le Musée du Louvre à Paris lui a commandé un plafond. https://www.tate.org.uk/art/artists/cy-twombly-2079

PALAZZI 22 VENEZIA
Photo gagosian

uzy Solidor, nom de scène de Suzanne Marion, est une chanteuse, actrice et romancière française née le 18 décembre 1900 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine) et morte le 31 mars 1983 à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

Celle que l’on nomma «la Madone des matelots», fut une figure emblématique des années 1930.

Symbole de la garçonne des « Années folles », elle a contribué à populariser auprès du grand public le milieu lesbien parisien, célébrant par l’interprétation de plusieurs chansons les amours saphiques (par exemple : Ouvre, ou Obsession).

Suzy Solidor naît de père inconnu à Saint-Servan-sur-Mer (commune aujourd’hui rattachée à Saint-Malo) dans le quartier de la Pie.

Sa mère, Louise Marie

Adeline Marion, âgée de près de trente ans, est alors domestique de Ro-

SUZY SOLIDOR

bert Henri Surcouf, avocat, député de Saint-Malo et armateur, descendant de la famille du célèbre corsaire (selon Suzy Solidor, le député serait son père biologique).

Pour échapper à sa condition de fille-mère, Louise Marion épouse le 10 septembre 1907 Eugène Prudent Rocher qui reconnaît la petite Suzanne, alors âgée de sept ans.

Celle-ci prend dès lors le nom de Suzanne Rocher. La famille s’installe dans le quartier de Solidor à Saint-Servan, qui inspirera plus tard son nom de scène à Suzy.

Elle est alors la voisine de Louis Duchesne, chemin de la Corderie, sur la cité d’Aleth.

Suzy Solidor apprend à conduire en 1916 et passe son permis l’année suivante, ce qui à l’époque était exceptionnel pour une femme.

Peu avant l’armistice de 1918, promue chauffeur des états-majors, elle conduit des ambulances sur le front de l’Oise, puis de l’Aisne.

Après la guerre, elle s’installe à Paris.

C’est à cette époque qu’elle rencontre Yvonne de Bremond d’Ars, la célèbre et très mondaine antiquaire, qui sera sa compagne pendant onze ans.

« Ce fut Bremond d’Ars qui la première lança Solidor en tant qu’œuvre d’art et qui la présenta au public comme image / icône (...) Elle m’a sculptée, déclara Solidor ».Après leur séparation en 1931, Suzy Solidor aura plusieurs liaisons avec des femmes.

Elle a une aventure amoureuse avec l’aviateur Jean Mermoz qui lui offrira un magnifique cœur de diamants traversé par une flèche de rubis, il fera aussi réaliser d’elle un portrait par Paul Colin...

Elle se tourne vers la chanson en 1929, et prendra peu après le pseudonyme sous lequel elle est connue.

(suit page 24)

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Photo lavieparisienne

(suit se la page 23)

Elle fait ses débuts à Deauville, au cabaret Le Brumme.

Son répertoire se compose essentiellement de chansons de marins et d’œuvres plus sensuelles, équivoques et audacieuses.

Sa voix grave, quasi masculine (« une voix qui part du sexe » selon Jean Cocteau), son physique androgyne, ses cheveux blonds et sa frange au carré marquent les esprits.

Surnommée « l’Amiral», icône de la chanson maritime, elle se produit en 1933 avec succès à L’Européen puis ouvre rue Sainte-Anne « La Vie parisienne », un cabaret « chic et cher », lieu de rencontres homosexuelles, où chante entre autres le jeune Charles Trenet.

Sa réputation lui vaut d’apparaître en 1936 dans l’adaptation cinématographique du roman sulfureux de Victor Margueritte, “La Garçonne”. Elle devient parallèlement l’égérie des photographes des magazines de mode et des peintres, sa silhouette sculpturale inspirant plus de 200 d’entre eux, parmi lesquels Jean-Denis Maillart, Raoul Dufy, Maurice de Vlaminck, Yves Brayer, Francis Picabia, Man Ray, Jean-Gabriel Domergue, Jean-Dominique Van Caulaert, Kees van Dongen, Arthur Greuell, Foujita, Suzanne Van Damme, Marie Laurencin, Francis Bacon et

Jean Cocteau. Son portrait le plus célèbre est réalisé par Tamara de Lempicka en 1935, la peintre accepta la commande faite par Yvonne de Brémond d’Ars si Suzy posait nue.

Celle qui fut la chanteuse la plus croquée du siècle disait d’elle-même avec humour : « Je suis plus à peindre qu’à blâmer ».

Durant l’Occupation, son cabaret La Vie Parisienne, rouvre en septembre 1940, et est fréquenté par de nombreux officiers allemands. Suzy Solidor ajoute à son répertoire une adaptation française de Lili Marleen, une chanson allemande adoptée par les soldats de la Wehrmacht (avant de l’être par les armées alliées), qu’elle interprète de façon régulière à Radio-Paris. Ses activités (selon André Halimi, « elle mériterait un brevet d’endurance pour l’inlassable activité qu’elle mena pendant l’Occupation, car elle passe d’un cabaret à l’autre, d’une radio à l’autre, d’un music-hall à l’autre ») lui valent d’être traduite à la Libération devant la commission d’épuration des milieux artistiques, qui lui inflige un simple blâme mais lui impose une interdiction de 5 ans d’exercer.

Elle cède alors la direction de son cabaret à la chanteuse Colette Mars, qui y avait fait ses débuts, et part chanter aux États-Unis.

De retour à Paris, Suzy Solidor ouvre en février 1954 le cabaret « Chez Suzy Solidor », rue Balzac (près des Champs-Élysées) qu’elle dirige jusqu’au début de 1960 avant de se retirer sur la Côte d’Azur.

Elle s’installe à Cagnes-sur-Mer où elle inaugure la

PALAZZI 24 VENEZIA

même année un nouveau cabaret, « Chez Suzy », décoré de 224 de ses portraits.

Elle s’y produit jusqu’en 1967 avant de prendre la direction d’un magasin d’antiquités, place du château du Haut de Cagnes.

Continuant sa collection de portraits elle en commande un nouveau à Francis Bacon qui accepte de peindre Suzy en 1957 parce qu’il avait besoin de rembourser une dette de jeu.

Mais elle déteste le tableau et le met en vente en 1970, Bacon le rachète et le détruit.

En septembre 1973, elle offre à la ville de Cagnessur-Mer une quarantaine de ses portraits, qui figurent aujourd’hui parmi les œuvres remarquables du musée-château Grimaldi dans le Haut de Cagnes. Mort

Suzy Solidor meurt le 31 mars 1983 et est enterrée à Cagnes-sur-Mer.

Suzy Solidor est l’objet de la chanson “Sad Songs” du groupe The Christians et de la pièce “All I Want is One Night” écrite par Jessica Walker

Au théatre on notera en 1937 : “L’Opéra de quat’sous” de Bertolt Brecht, adaptation française d’André Mauprey et Ninon Tallon, mise en scène de Raymond Rouleau et Francesco von Mendelssohn, théâtre de l’Étoile : Jenny-la-Paille

En 1951 : “L’École des hommes” de Jean-Pierre Giraudoux, théâtre Michel - pièce écrite pour elle, où elle incarne une artiste peintre qui n’aime pas les hommes.

Au cinèma on remarquera:

voir la vidèo https://youtu.be/-R8z1VXuPXs

Escale (1935) de Jean Dalray

La Garçonne (1936) de Jean de Limur, d’après le roman-éponyme de Victor Margueritte

La Femme du bout du monde (1937) de Jean Epstein

Ceux du ciel (1941) d’Yvan Noé

Parmi ses chansons

Dans un port (Suzy Solidor)

C’est à Hambourg

Je t’espère

La Fille des bars

Ohé capitaine

La Brume sur le quai

Le Matelot de Bordeaux

Une fille dans chaque port

Le Bateau espagnol (Léo Ferré)

Tout comme un homme Comme une feuille au vent

Obsession, 1933 (Edmond Haraucourt - Laurent Rualten)

La Belle Croisière, 1934

Une femme, 1934

Ouvre, 1934 (Edmond Haraucourt - Laurent Rualten)

La Maison des marins, 1934

Les Filles de Saint-Malo, 1934

La Fille des bars, 1934

La Belle Escale, 1935

Le Doux Caboulot, 1935

Si l’on gardait, 1935

La Belle d’Ouessant, 1935

Mon légionnaire, 1936

Sous tes doigts, 1936

La Tonnelle des amoureux, 1936

Hawaï nous appelle, 1936

Wikipedia.org

Photo charlotteduthoo PALAZZI 25 VENEZIA

ans les conversations avec les personnes d’autres nationalités, chaque Italien se vante du fait que notre pays conserve une grande partie du patrimoine culturel mondial, rigoureusement et soigneusement gardé par les fonctionnaires diligents des administrations publiques nationales, régionales, municipales et ecclésiastiques.

Mais il est très rare que ceux qui se targuent d’une telle primauté s’interrogent sur les méthodes et les stratégies adoptées par les classes dirigeantes qui se sont succédé pendant des siècles dans la péninsule, capables de commander aux meilleurs artistes de leur temps les chefs-d’œuvre qui permettent à l’Italie d’attirer dans ses villes d’art des millions de touristes venus de toute la planète.

Qui serait Michel-Ange sans Laurent le Magnifique ou Jules II ?

Le Caravage aurait-il pu peindre ses toiles dramatiques sans Scipione Borghese ?

Gian Lorenzo Bernini aurait-il pu transformer Rome en un étonnant théâtre baroque sans le soutien de pontifes éclairés comme Urbain VIII ou Alexandre VII ?

Probablement pas.

Il est intéressant de réfléchir à la capacité de ces mécènes visionnaires et clairvoyants de toujours choisir des per-

PARIER SUR LES CHEFS D’ORCHESTRE DE L’ART

sonnalités artistiques d’une qualité exceptionnelle, avec lesquelles ils entretenaient très souvent des relations de fréquentation intellectuelle, qui se transformaient parfois en véritable amitié.

Des siècles de mécénat ont contribué de manière décisive à la renommée du Bel Paese qui, dès le XVIIIe siècle, attirait les meilleurs intellectuels européens dans le cadre du Grand Tour, ce voyage d’éducation culturelle destiné à affiner le goût et la sensibilité au contact de paysages, d’atmosphères et d’œuvres architecturales et artistiques sans équivalent dans le monde.

Aujourd’hui, les classes dirigeantes d’hommes politiques et de fonctionnaires, qui ont associé le concept de protection à celui de valorisation, interprètent très souvent ce concept de manière excessivement personnalisée, en remplaçant par des goûts et des relations personnels les bonnes pratiques de sélection fondées sur des critères de mérite suivies pendant des siècles par leurs prédécesseurs.

C’est précisément à un moment de confusion, où l’art et l’architecture contemporains peuvent fournir des clés de lecture intéressantes et originales de notre époque, que l’Italie, en plein contraste international, persiste à considérer la culture comme un simple divertissement esthétique, en associant les maîtres vénérés - mais seulement en paroles - du passé à des artistes de qualité et de niveau trop souvent médiocres.

Il est curieux de constater, à cet égard, que dans

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PALAZZI
Photo marcomorakles

un pays qui a fait du football une sorte de religion d’État, les mêmes critères qui régissent ce sport, bien connu de soixante millions d’Italiens, ne sont pas appliqués à l’art contemporain.

Si les noms et les qualités des footballeurs de la Serie A sont appris par cœur par les adolescents, il n’en va pas de même pour l’art, où l’équipe italienne serait composée de Leonardo, Michelangelo, Caravaggio et Bernini, tous disparus depuis des siècles. Dans la ligue artistique du troisième millénaire, des centaines d’artistes jouent, sponsorisés par des politiciens et des fonctionnaires, sans le moindre regard sur leurs talents et leurs capacités réelles.

Ainsi, dans la Ligue des Champions, qui se tient tous les deux ans à Venise à l’occasion des Biennales, où tous les pays présentent leurs meilleurs artistes dans l’espoir de remporter la Coupe tant convoitée, c’està-dire le Lion d’Or, l’Italie s’est présentée pendant des décennies avec des dizaines - parfois des centaines - d’artistes de série A, B, C ou D, sans se préoccuper du championnat lui-même. Si nous continuons ainsi, nous n’aurons jamais les Totti ou les Maradona de l’art, qui devraient être éduqués dans les meilleurs stades de la nation : nous faisons référence à nos musées d’art contemporain qui, ces dernières années, ont obstinément accueilli et célébré des dizaines d’artistes d’autres pays, ignorant les talents nationaux sans leur permettre de grandir, afin de les préparer pour le championnat le plus prestigieux du monde - la Biennale de Venise

EN ITALIE, TOUT LE MONDE CONNAÎT LES

ÉQUIPES NATIONALES DE FOOTBALL, QUI S’APPUIENT SUR DES JOUEURS DE RENOM POUR FONCTIONNER.

POURQUOI LA CLASSE DIRIGEANTE ET LES INSTITUTIONS

CULTURELLES NE

FONT-ELLES PAS DE MÊME AVEC LES ARTISTES ?

L’art contemporain italien devrait-il s’inspirer du football ?

- organisée et financée par l’Italie elle-même. Dans le monde du football, ce serait un paradoxe inacceptable, mais dans le monde de l’art, personne n’est choqué que les contribuables italiens paient une douzaine de millions d’euros tous les deux ans pour un championnat international où leurs propres joueurs n’ont aucune chance de gagner ! Pour conclure sur le parallèle avec le football : si les Médicis, les Gonzague, les Estensi, les Papes, ont toujours soutenu et promu les meilleurs champions, pourquoi ouvrons-nous aujourd’hui nos plus beaux et prestigieux monuments du monde - palais baroques, palais de la Renaissance, sites archéologiques - à des athlètes de seconde zone, sans le moindre souci d’élever les meilleurs goleadors de la nation ?

Il est peut-être temps que l’État et les municipalités changent de rythme, afin que nos enfants et petits-enfants puissent s’enorgueillir de l’équipe artistique nationale de la première moitié du XXIe siècle, sans si et sans mais.

Que des artistes de premier plan, formés pour gagner la Biennale ! Ludovico Pratesi https://www.artribune.com/arti-visive/arte-contemporanea/2023/05/ italia-calcio-cultura

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mergence de terre entourée d’eau, espace de rêve, haut lieu de solitude et de méditation, l’Île est terre de poème. Source d’intériorité, de création. Porte océane, La Rochelle est ville d’ouverture et terre d’aventure : appel de l’horizon. Lumière singulière et invitation à imaginer. À voir plus loin.

La Manufacture invite cette saison peintres et céramistes à s’emparer du thème de la Mer pour une exposition « ISLAND, une ode à la mer » qui se déroulera dans l’espace culturel de la Porte Maubec en centre-ville de La Rochelle du 22 avril au 11 mai 2023.

Antoine Campo, vidéaste, réalisera une série harmonique de films d’art tournés sur l’île de Ré et sur

ODE A LA MER

l’île d’Oléron. Durant cette période du 22 avril au 11 mai 2023, un circuit d’expositions sur le thème des îles et de la mer sera crée dans différents lieux dédiés aux arts plastiques de la ville de La Rochelle et dans une librairie créant ainsi un archipel dans la ville. Le thème de la Mer et des Iles coulait de source, notre territoire côtoyant et cohabitant avec la Mer. Car la Mer est un inépuisable vivier d’émotions et de rêveries.

Et puis au delà de ce thème c’est aussi la joie de partager avec d’autres artistes un même projet.

A l’unanimité une émulation s’est instaurée. Ce thème qui inspire et relie a procuré de l’entrain, du tonus et à nouveau du sens dont nous toutes et tous avons tant besoin.

GALERIE LA MANUFACTURE

Porte Maubec / 6 rue Saint-Louis

Du mardi au dimanche 12h > 19h

Bérangère Auvergnat – Philippe R Berthommier – Manolo Chrétien & Pia Loro – Agnès

His – Marine Le Breton – Antoine Campo – Marc Coroller – Julien Jaffré – Michel Le Gentil – Danielle Lescot – Anne Slacik – Sylvie Tubiana.

ATELIER BLETTERIE – 11 ter rue Bletterie

Du mardi au samedi 14h > 19h

Charles Debord Segonne

GALERIE CORDOUAN 20 – 20 rue du CordouanAtelier Galerie Cordouan 20

Du mardi au samedi 12h > 19h

Roxana Richard – Corinne Labarussias

GALERIE KATELL LE JEUNE – 6 rue Eugène Fromentin

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ISLAND
Photo pierreantoine

Atelier de Katell Le Jeune La Rochelle

Du mardi au samedi 14h > 18h

Katell Le Jeune – Mathieu Duvignaud

GALERIE DU PRINTEMPS – 15 rue Fleuriau

Printemps Fleuriau 2021

Du mardi au samedi 15h > 18h

Galerie Julie Bazin – Bérengère Auvergnat –Maxime Bruneel

LIBRAIRIE LES REBELLES ORDINAI-

RES – 9 bis rue des trois fuseaux

Les rebelles ordinaires librairie La Rochelle

Du mardi au samedi 15h > 18h

Une sélection de livres présentés sur le thème de la mer et de îles & une soirée dédiée.

Parcours déambulatoire le jeudi 4 mai à partir de 17h30.

La Manufacture Axelle Gaussen

ÉVÉNEMENT À L’INITIATIVE DE LA MANUFACTURE – AXELLE GAUSSEN

14/18 avenue Raymond Poincaré 17000 La Rochelle

tél.:06 70 06 29 33

contact@galerie-lamanufacture.com

www.galerie-lamanufacture.com

Photo anne slacik PALAZZI 29 VENEZIA

on histoire est aventureuse, ses origines mystérieuses.

“Elle” est la Pierre du Destin ou Pierre de Scone, un bloc de grès oblong pesant 151 kilos, protagoniste depuis 700 ans de chaque couronnement anglais pendant l’onction, ou ce qui est considéré comme le moment le plus sacré de la cérémonie qui voit l’ancien héritier du trône (dans ce cas le Prince de Galles) devenir enfin souverain (le Roi Charles III).

L’acte est protégé par un écran à trois panneaux: pour recevoir l’huile bénite du patriarche orthodoxe de Jérusalem, le nouveau monarque couronné s’assoit sur une chaise qui n’a pas changé depuis le XIVe siècle. Sous cette chaise se trouve l’ancienne et mystérieuse relique, utilisée par tous les monarques anglais depuis le XIVe siècle.

Le jour de Noël 1950, des étudiants nationalistes écossais l’ont dérobée de la “chaise de couronnement” de l’abbaye de Westminster, la pierre étant un ancien symbole de la monarchie écossaise depuis que les rois d’Écosse ont été couronnés sur cette pierre jusqu’à ce qu’elle soit saisie par le roi Édouard Ier d’Angleterre en 1296.

Le 11 avril 1951, elle a été placée de manière emblématique sur l’autel de l’abbaye d’Arbroath, lieu où la déclaration d’indépendance écossaise avait été signée en 1320.

Elle a ensuite été ramenée à Londres en 1952, à l’occasion du couronnement d’Élisabeth II.

En 1996, elle a été rendue définitivement à l’Écosse, à condition qu’elle puisse retourner à l’abbaye de Westminster pour tous les couronnements à venir.

Selon la légende, la pierre du destin viendrait de Palestine et remonterait à 3000 ans (une provenance longtemps démentie par les spécialistes).

Toutefois, avant le couronnement du roi Charles, la pierre du destin a fait l’objet d’une nouvelle évaluation par Historic Environment Scotland (HES), qui s’occupe de la pierre en vertu d’un mandat royal.

Les recherches ont été menées à l’Engine Shed, un centre de conservation en Écosse.

Quels nouveaux détails ont été révélés sur l’origine de la pierre ?

En créant un nouveau modèle numérique en 3D de la pierre, les scientifiques ont découvert des marques et des anomalies passées inaperçues, à tel point qu’Ewan Hyslop, responsable de la recherche au HES, a déclaré : “Il est très excitant de découvrir de nouvelles informations sur un objet aussi unique et important pour l’histoire de l’Écosse que la pierre du destin.

Les marques d’outils sur la surface de la pierre mon-

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Photo partnersartsy.net Photo stefanaltenburger
Le roi Charles et les mystères de la pierre du destin
Sur l’un des objets symboliques du couronnement du 6 mai 2023 - utilisé
depuis 1300 - certains chercheurs ont trouvé des “signes mystérieux” qui brouillent encore davantage les pistes quant à ses origines.

trent qu’elle a été travaillée par plus d’un tailleur de pierre et avec des outils différents : les trois X et V, semblables à des chiffres romains, pourraient être des croix rudimentaires, selon certains chercheurs. Mais ce n’est pas tout.

L’analyse par fluorescence X (XRF) a révélé des traces d’un alliage de cuivre sur la partie supérieure de la pierre, superposées à une tache sombre. On pense qu’il s’agit du souvenir d’un objet en cuivre ou en laiton, peut-être un reliquaire en forme de cloche d’un saint.

Les chercheurs ont également trouvé des traces microscopiques de craie entre les pores du grès. Est-il possible qu’un moulage en plâtre ait été réalisé à un moment donné ?

Où pourrait-on le trouver ?

Aucun document d’archives ne prouve qu’une copie de la pierre de Scone a été réalisée.

“Nous n’avons peut-être pas encore toutes les réponses, mais ce que nous avons réussi à découvrir témoigne d’une variété d’utilisations dans la longue histoire de la pierre et contribue à sa provenance et à son authenticité”, conclut le coordinateur.

Historic Environment Scotland a également été chargé de créer un conteneur sur mesure pour assurer le transport en toute sécurité de la pierre vers et depuis l’abbaye de Westminster. Après le couronnement, la pierre retournera au château d’Édimbourg avant d’être transférée au nouveau musée de Perth en 2024.

Teresa Scarale https://www.we-wealth.com/news/

D’AVOCAT OU GALERIE D’ART

es cabinets d’avocats, qui étaient jusqu’à présent des lieux privés et confidentiels par définition, s’ouvrent pour montrer des peintures et des sculptures, parmi les manuels et les dossiers judiciaires.

Les avocats prospères retirent les clés des serrures des bâtiments historiques du centre ville et ouvrent les portes à leurs collègues, aux journalistes, aux conservateurs et aux simples amateurs pour partager les œuvres de leurs collections ou leurs projets spéciaux.

C’est ainsi que les couloirs austères et les élégantes salles de réunion accueillent des expositions et des événements consacrés à l’art, en particulier à l’art contemporain.

C’est le cas du projet artistique “Bary our weapons, not our bodies”, une exposition solo de Yael Bartana (1970), une artiste israélienne basée à Berlin et Amsterdam, qui s’intéresse aux thèmes sociaux et féministes en utilisant principalement la vidéo, la photographie et la performance.

L’exposition, organisée par Rischa Paterlini et en collaboration avec la Galleria Raffaella Cortese, se tient dans le Lauri Viglione Law Studio à Milan.

Le projet d’accueillir des expositions dans le studio est né de l’idée du conservateur qui travaille avec moi sur l’achat des œuvres”(suit page 32)

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Photo we welth.com

(suit de la page 31) explique Alessandro Viglione, avocat spécialisé dans le droit pénal économique et associé du studio. Le plan du bâtiment, principalement caractérisé par de longs couloirs aux murs blancs et une grande salle de réunion, se prête en fait à une exposition.

“Les murs sont comme les pages blanches d’un livre que l’on remplit de temps en temps d’un message avec les œuvres des artistes que nous exposons”, ajoute M. Viglione, qui collectionne les photographies d’art.

“Dans mon cas, je n’ai pas choisi ce médium, mais c’est la photographie qui m’a trouvé. Les éléments de cette connexion ont été les voyages et les personnes que j’ai rencontrées ces dernières années. Ils m’ont poussé à me plonger dans cette forme d’expression et je m’y suis complètement retrouvé”.

Selon les derniers rapports, le marché de la photographie d’art est un marché de niche.

Ce médium ne représente qu’une petite partie du volume du marché mondial de l’art, dominé principalement par les peintures et les œuvres sur papier.

“La photographie est une forme d’art susceptible de nombreuses interprétations.

Elle présente de multiples facettes, peut-être plus que la peinture”,

pécialisé en droit fiscal à la Business School du Il Sole 24 ore puis en droit de l’art et fiscalité, il est inscrit au barreau de Milan depuis 2004 et est habilité à défendre devant la Cour de cassation. Son activité est principalement axée sur le conseil juridique et fiscal appliqué à l’utilisation des capitaux, aux investissements et aux entreprises. Il est associé de Cavalluzzo Rizzi Caldart, un cabinet boutique situé dans le centre de Milan.

Depuis 2019, il collabore avec We Wealth sur les questions liées aux objets de collection et aux actifs d’investissement

ajoute M. Viglione, qui partage cette passion avec sa femme Francesca et ses partenaires et collègues du studio. “Je partage actuellement ma collection avec ma femme.

Ce que nous achetons l’est à titre personnel, même si nous le partageons dans une large mesure pour améliorer l’environnement de travail, pour nous et pour tous ceux qui fréquentent l’atelier”.

L’art et le droit sont donc une combinaison aux implications diverses. “Dans l’art comme dans le droit, on façonne quelque chose.

Comme toutes les disciplines humanistes, ils sont des manifestations extrinsèques de l’homme.

Les grands juristes et maîtres du droit étaient et sont, avant tout, de grands hommes de culture, de philosophie et d’art.

L’art est un vecteur de transmission de messages. Dans le cas de l’artiste israélien que nous exposons, et récemment aussi pour les artistes iraniens auxquels un projet spécial a été consacré lors de la dernière foire MIA, il s’agit de personnes qui se battent pour faire avancer les droits.

J’y vois le même esprit qui anime, dans une certaine mesure, le défenseur”, commente l’avocat Viglione. La relation entre l’art et le droit existe et est forcément très intime.

“J’ai récemment découvert l’artiste Valerio Bispuri représenté par la galerie d’Alberto Damian. Son travail consacré aux photos de détenus dans

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Photo Stefan Altenburger

les prisons m’a profondément impressionné. J’ai trouvé une grande humanité dans ces portraits. L’expérience nous montre malheureusement la tendance à la dépersonnalisation de l’individu générée par le milieu carcéral, mais nous ne devons pas oublier que les détenus ont une humanité qui ne peut pas nous laisser indifférents et que la peine, comme nous le rappelle notre Constitution, doit tendre à la rééducation du condamné et ne doit pas être lue dans une seule clé rétributive.

En traitant du droit pénal, j’ai donc trouvé un lien très fort entre le droit et la photographie”. Les images de Bispuri font partie du projet “Encerrados” consacré au monde des prisonniers détenus dans 74 pénitenciers du continent sud-américain.

Le même projet a également été réalisé dans les prisons italiennes. Il se concentre sur l’aspect émotionnel et humain de ceux qui vivent en tant que détenus. Ces travaux ont été exposés au Visa pour l’Image à Perpignan, au Palazzo delle Esposizioni à Rome, à l’Université de Genève, au Browse Festival à Berlin et, en octobre 2014, au Bronx Documentary Center à New York.

L’art nous aide en général à nous améliorer en tant qu’hommes et en tant que professionnels”, ajoute Viglione.

Le marché joue un rôle clé dans le processus de recherche et de sélection des artistes. “Je suis le marché de près, principalement par l’intermédiaire des galeries et des foires, mais je ne me laisse pas trop influencer par

les tendances du moment. Le marché m’aide à connaître et à découvrir des artistes, en particulier les plus jeunes”, conclut Alessandro Viglione. Outre le cabinet d’avocats Lauri Viglione, d’autres cabinets d’avocats organisent des événements occasionnels ou plus structurés consacrés à des collections ou à des expositions individuelles d’artistes de tous niveaux.

Parmi les plus actifs, citons le cabinet Iannaccone e Associati, qui expose périodiquement la collection de son avocat fondateur Giuseppe Iannaccone et présente des artistes émergents dans le cadre du projet “in practice”, le cabinet LCA avec le projet “Law is art !”, Advant NCTM avec le projet international “nctm and art”, Pavesio e Associati avec Negri-Clementi, Loconte & Partners, Studio Legale Penco, pour n’en citer que quelques-uns. Dans d’autres cas, les avocats organisent dans leurs salles de réunion des conférences sur le droit de l’art destinées aux collectionneurs et aux initiés afin de démêler le cadre réglementaire et fiscal complexe qui régit le système. Toujours parmi les peintures, les photographies et les sculptures, dans un dialogue permanent avec la loi.

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Photo wewealth.com
www.wewealth.com
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’était en juillet 1986.

C’est-à-dire en pleine guerre.

Lors d’une fête dans une Achrafieh silencieuse. Il y avait du monde.

Je déambulais entre les danseurs, et ceux échafaudant des pronostics quant à l’issue de la guerre, lorsque j’ai entendu sa voix rauque pour la première fois : “Ce n’est pas parce qu’on comprend tout que tout est clair.”

Je me suis arrêtée, je l’ai écoutée.

Nous nous sommes retrouvées sur le balcon, et, malgré les basses assourdissantes, nous nous étions découvert une similitude de goûts littéraires.

Puis elle m’a dit qu’elle avait hâte que je vienne voir ses dessins.

Son atelier !

Aussi grandiose que le reste.

En arrière-fond, David Bowie.

Je ne savais où donner du regard.

Ça l’amusait de se voir comme une distraction, un détour.

“Je suis une bricoleuse, une gribouilleuse. Marie, un whisky ? Qu’est-ce que je te sers ?”

Il n’était que midi.

Elle avait allumé une Malborough rouge.

Son cahier A3.

Elle me l’avait montré en le feuilletant à la va vite.

Je l’avais repris page après page.

Toutes remplies d’un seul et même sujet. Le banian centenaire du jardin.

LE QUARANTIEME DE GABY

Au crayon, au fusain, à la pointe. Après deux bonnes heures et deux vodkas, je lui avais dit, en toute sincérité, ma fascination pour son travail. Heureuse et flattée pendant une fraction de seconde, elle enclencha sur son aliénation, sans consonance dramatique aucune, avec un intarissable débit.

Pour elle, il ne pouvait y avoir création sans morcellement. Pouvais-je comprendre ou pas ?

Son exil à New York l’avait écartée, une fois de retour à Beyrouth, de toute velléité de faire corps avec son environnement créatif.

Refusant les remises en question, elle se réfugiait dans ses “c’est comme ça !”

Après avoir été vue, critiquée, découragée, encouragée dans sa vocation artistique, son désir d’évasion était à son paroxysme.

Elle créa SOS Environnement, somma une figure d’autorité de l’aider à débarrasser la côte de ses immondices.

Je la regardais s’activer. Un vrai mouvement d’oxygénation, émanant aussi de la guerre elle-même.

“Nous ne sommes pas à un paradoxe près, ensemble nous déplacerons des montagnes.”

Et la voilà donnant des ordres aux scouts encordés qui glissaient vers la mer, sacs poubelles accrochés à la ceinture.

Elle avait aussi joué son va-tout en s’attaquant à ceux qui faisaient main basse sur un pont naturel qui enjambait un champ de poissons fossilisés pour y construire un condo.

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Photo facebook

Elle réussit à arrêter le projet. Intense était sa victoire.

Elle jubilait. Heureuse, comblée. Mais il lui suffisait de passer le couloir séparant son appartement de son atelier, réexaminer les affiches de SOS et autres matériels de communication pour passer de l’irritation à l’indifférence, de l’indifférence à la magnanimité.

Elle basculait parfois dans un désespoir absolu avec la certitude qu’elle ne pourrait jamais être… mais quoi, Gaby ?

Lui redis mon impatience de la voir exposer ses huiles et ses pointes sèches.

“Pourquoi pas.” Mais elle se reprenait presque immédiatement : “Pour quoi faire ?” Disait que les entreprises artistiques, elle n’en voulait plus, mais qu’elle ne pouvait plus rester ici, tapie.

Que serait devenu “Beirut, the last home movie”, sans cette pellicule illuminée par ses sourires synchrones avec le canon qui tonnait.

Avec les déflagrations qu’elle prenait pour des feux d’artifices.

Un portrait vacillant d’une famille résistant aux convulsions de la guerre.

Un de ces films qui ne prennent pas de rides.

Lorsque je l’avais visionné une première fois, j’anticipais chacune de ses ellipses.

Et ses coupes intransigeantes.

Berlin, Sundance, Paris.

Mais elle n’en avait que faire.

AUJOURD’HUI

C’EST LE QUARANTIÈME DE GABY Pourquoi n’entendait-elle plus les oiseaux

Ils devraient chanter

Elle se contentait de sa performance, de la pertinence de son montage. Son jeu ?

Elle s’y était adonnée sans limites dans “Sporting club” qui raconte une fête d’ anniversaire sauvée par trois inadaptés de la vie.

Vint alors la séquence “Assouan”.

Elle s’est improvisée châtelaine face à l’immortalité dont le Nil nous abreuve, mais toujours avec ce grain de réalisme tapi au fin fond de son cerveau.

Aidé un projet de survie. Financé la construction d’une felouque, La Gabrielle, mise à disposition de Bassem, rendant jaloux Khaled, qui lui aussi espérait.

Elle a imaginé un circuit inconnu des agences touristiques.

C’est ce circuit-là, oui, celui-là, c’est celui qu’ils devraient exploiter. Qui connaissait le marché de Darrau ? Personne ! Nous étions en 1999. Les felouquiers ne connaissaient pas le web. Elle les y avait initiés. Aider.

Du mieux qu’elle pouvait.

Puis un jour elle avait compris qu’il n’y aurait aucun antidote à sa douleur qu’elle vivait comme unique.

J’avais beau lui répéter que rien n’était unique. Aucune blessure n’était unique.

Aucune tragédie, aucune guerre.

(suit page 38)

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(suit de la page 37)

Elle avait réussi à tenir jusqu’à l’explosion du nitrate d’ammonium.

Sa capacité d’endurance avait d’un coup disparu. J’étais là avec elle, à Saint Nicolas, fin septembre.

Cinq heures du matin et une lumière irisée.

Cigarette aux lèvres, son éternelle abaya en velours sur le dos, un ou deux colifichets autour du cou, elle avait levé la tête, le ciel qu’elle regardait n’était visible qu’entre les brèches de l’enceinte de ficus qui s’était dressée autour d’elle.

Et pourquoi n’entendait-elle plus les oiseaux?

Ils devraient chanter, ne serait-ce qu’aujourd’hui.”

Aujourd’hui c’était son anniversaire.

Un dernier WhatsApp rédigé deux, trois heures avant sa mort, que j’avais lu le lendemain dès mon réveil, avant de savoir qu’elle n’était déjà plus là.

“Santé… la merde ! Peau articulations, os, dents, yeux.

On ne peut lutter contre 74 années d’abus et d’inconsciences… ni une perte de 11 kg en trois, quatre ans !

Je ne récolte que ce que j’ai semé.

Ça m’apprendra pour la prochaine fois, hahaha !

Je pense à toi et je t’embrasse.”

Moi aussi, je t’embrasse. Tu es très présente ma Gabe, dors bien.

Mim Schlemmer

mballer pour insuffler une seconde vie aux choses.

Est-ce un geste artistique commun aux deux artistes de la nouvelle exposition de la galerie Terrain Vagh?

Par le procédé d’une transformation enveloppante, le céramiste et le photographe nous incitent à poser un nouveau regard, à la fois étrange, mystérieux et esthétique, sur ce qui nous entoure : objets, paysages, totems et monolithes.

En photographiant des ballots réfléchissants, Pierre-Mary Armand nous fait découvrir les multiples réverbérations du paysage auvergnat.

Quant à Alain Vagh-Weinmann, il sublime les objets, des plus ordinaires aux plus improbables, comme « les sept poteaux capitaux », immenses pylônes EDF se dressant en monolithes phalliques chez lui en Provence.

En recouvrant ces objets de céramique de Salernes selon une technique traditionnelle, l’artiste les enveloppe ainsi d’une seconde peau sensuelle.

La galerie Terrain Vagh est heureuse de vous inviter à percevoir et imaginer le monde autrement, avec son exposition « Emballer l’univers » qui ouvrira ses portes le 10 mai et se poursuivra jusqu’au 24 juin 2023.

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EMBALLER
L’UNIVERS

Alain Vagh-Weinmann

Fils et petit-fils d’artistes, il a grandi dans un univers de peintres.

Ses « Terres arrachées » ont vu le jour alors qu’il travaillait sur un décor pour le Byblos à Saint-Tropez : « Je n’y arrivais pas, et un jour j’en ai jeté une par terre de colère, elle n’était pas encore sèche alors cela a donné une forme différente qui m’a plu, et je l’ai appelé les terres arrachées ».

Les tendances sont alors à la couleur.

Une aubaine pour le jeune céramiste puisqu’il va tout naturellement commencer à exprimer sa créativité artistique en fabriquant des céramiques aux teintes ‘’Jouviennes’’.

Sa réputation de « céramiste atypique » ne tarde pas à le faire connaître du public et des artistes.

Pierre-Mary Armand

A 13 ans, il quitte son Auvergne natale pour Paris qu’il arpentera appareil photo en main à l’affût des évènements artistiques, des rencontres fugaces ou à la recherche de ces éclairages propres à la “ville lumière”.

Sa passion pour la photographie depuis sa prime enfance, le conduit à courir les galeries parisiennes, pour y découvrir les œuvres, rencontrer les artistes et saisir à l’occasion la symbiose entre l’œuvre et son auteur. Ce sont ces rencontres, ces fulgurances qui ont engendré une de ses premières expositions: “Portrait de l’artiste et son œuvre”.

Mylène Vignon

Vendredi 26 mai 2023 à partir de 18h

Pablo Poblète

présente ses deux anthologies de poésie collection

“ Poètes francophones planétaires ”

Éditions Unicité avec verre de l’amitié

Emballer l’Univers

Alain Vagh-Weimann

céramiques

Pierre-Mary Armand

photographies

jusqu’au

samedi 24 juin 2023

Galerie Terrain Vagh

24 rue des Fossés

Saint-Bernard, 75005 Paris

du mardi au samedi

de 14h à 19h

métro ligne 10 : Jussieu ou

Cardinal Lemoine

Contact Moufida Atig

06 10 27 50 38

galerie.terrain.vagh@gmail.com

https://galerieterrainvagh.com

Mercredi 31 mai 2023 à partir de 18h

Causerie autour de l’exposition

Emballer l’Univers

Christian Noobergen

critique d’art, philosophe et historien avec verre de l’amitié

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Photo Woytek Konarzevsky

l fut et restera sans doute le dernier, le dernier de ceux qui, sous l’égide de “Tel Quel” qu’il avait fondé en 1960 avec Jean-Edern Hallier, renouvelèrent les perspectives critiques en littérature.

Dernier maoïste (repentant), dernier libertin, dernier disciple direct de Roland Barthes et de Francis Ponge.

L’homme qui vient de mourir était un homme de plusieurs siècles, du XVIIIe siècle rêvé au XXe siècle foisonnant. Un homme qui nous manquera, à nous qui sommes condamnés à vivre au XXIe.

On mesure aisément la notoriété et la qualité d’un grand écrivain au nombre de ses détracteurs admiratifs.

« Carriériste !», s’exclament les uns, qui n’ont pas oublié la façon dont Sollers a fait la cour à Mauriac, Bordelais comme lui.

Ceux-là oublient un peu vite que Racine aussi fut un abominable homme de cour.

« Illisible ! », protestent d’autres, qui rejettent les romans de Sollers dans l’enfer germanopratin, les tics du Nouveau Roman et les expérimentations narratives.

« Aveugle ! », éructent d’autres, qui a posteriori ne comprennent pas qu’on ait pu être maoïste dans les années 19681975.

« Traître ! », fulminent

d’autres, qui ne pardonnèrent jamais au meilleur étalon de l’écurie du Seuil d’être passé chez Gallimard. Après Tel Quel, L’Infini. Le XXe siècle a été le siècle des revues, et celles-là sont parmi les toute dernières et les meilleures.

« Jésuite ! » enfin, lancent ceux qui s’amusèrent de son admiration pour Jean-Paul II et sa conversion tardive – à moins que ce n’ait été un dernier masque. Car sous son regard toujours amusé, et sa frange de centurion romain (voir ce qu’écrivit Barthes sur la frange des Romains au cinéma, un texte qui a peutêtre pesé dans l’adoption de cette coiffure de miles gloriosus romanusque), Sollers fut l’homme aux masques.

Son goût de la Sérénissime (lire La Fête à Venise ou son Dictionnaire amoureux de Venise), ses passions de libertin version Casanova modifié Sade (lire Sade contre l’Être suprême, et Sade dans le temps), sa tendance XVIIIe siècle mâtinée de structuralisme, l’ont amené à camoufler son enfance bordelaise, sa lutte contre l’incorporation dans l’armée française lors de la guerre d’Algérie (Malraux le tira de l’hôpital militaire où il croupissait, et le fit réformer, contre toute logique médicale, sur une suspicion très littéraire de « terrain schizoïde aigu »), son amour pour sa compagne et finalement épouse, Julia Kristeva, dissimulé derrière des conquêtes dont il ne se cachait guère –lire Femmes, qui répertorie Kate, Cyd, Flora, Bernadette, Ysia, Louise, Deborah, toutes hypostases d’une même femme-objet ou femme-prétexte, au sens lit-

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Photo aur.aurimages

téral du terme, tant l’écriture de Sollers, dans ce roman, procède du foutre – ou, comme Flaubert, tant le foutre procède de l’encre.

Et à propos de Flaubert…

Un souvenir personnel aidera à comprendre à quel point Sollers fut un grand critique.

Quand le supplément Livres du Monde était encore de bonne tenue, Sollers y publia un jour une étude sur « L’Égyptien de la famille » et les rapports de fascination entre Gustave et Kuchiouk-Hânem, la prostituée au corps peint rencontrée en Égypte.

Ce que le romancier en racontera à Louise Colet effarouche cette dernière, qui ne comprend pas que son amant a trouvé là-bas le point de jonction de l’érotisme et de l’écriture : Madame Bovary en sortira.

Et Sollers de suggérer, mi-sérieux mi-goguenard, que la République élève à cette hétaïre orientale un petit obélisque, dans un coin de la place de la Concorde. Ce texte sera repris dans “La Guerre du goût”, merveilleux recueil d’analyses littéraires d’une finesse étourdissante : Sade, bien sûr (ce qui mènera Pasolini à le créditer, avec Barthes, au générique de Salò, en 1976), Laclos, Retz, La Fontaine, Rimbaud ou Proust, parmi tant d’autres.

En ouvrant sa bibliothèque intime au lecteur, Sollers dévoile qui il était vraiment, bien mieux qu’une autobiographie formelle : un lecteur passionné, sans aucune des limites qu’impose aujourd’hui le politiquement correct.

Cet homme d’extrême-gauche flirtait avec Céline,

Ezra Pound, Paul Morand, le Prince de Ligne ou Bussy-Rabutin.

Et quand il publie enfin ses Mémoires, en 2007, il intitule le volume “Un vrai roman”, pied de nez aux amateurs de confidences égrillardes ou pâmées : « Toute ma vie, on m’a reproché d’écrire des romans qui n’étaient pas de vrais romans. En voici enfin un.

« Mais c’est de votre existence qu’il s’agit », me dira-t-on.

« Sans doute, mais où est la différence ? Vous allez me l’expliquer, j’en suis sûr. » C’est Sollers qui écrit sa vie, et non Philippe Joyaux.

Il y explique l’étymologie, mi-sérieuse mi-farcesque, de ce nom de Sollers : « Sollers, de sollus et ars : tout à fait industrieux, habile, adroit, ingénieux.

Horace : « lyrae sollers », qui a la science de la lyre. Cicéron « sollers subtilisque descriptio partium», adroite et fine distribution des parties du corps. «Agendi cogitandique sollertia », ingéniosité dans l’action et dans la pensée.

Sollus (avec deux l, à ne pas confondre avec solus seul) est le même que le holos grec, c’est-à-dire tout entier, sans reste (holocauste), et que totus entier, intact. On entend aussi salvus, guéri ou sauvé. Tout entier art tout un art. »

Tout est dit, tout est celé en même temps.

(suit page 42)

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(suit de la page 41)

Sollers était toujours là où on ne l’attendait pas. En 2001, il proclama que l’émission Le Loft cette apologie du voyeurisme diffusée sur M6, était le sommet de la télévision.

C’est qu’il y voyait l’ultime triomphe de la société du spectacle, telle que Guy Debord l’avait théorisée..

Ceux qui s’agacent du flot d’intelligence – parfois jusqu’à la limite de l’abscons – dont Tel Quel fut l’épicentre devraient plutôt s’interroger sur la pauvreté sidérante de l’état actuel de la critique et de la théorie littéraire. Sollers a accompagné le structuralisme, dernière théorie globale. Qu’il meure aujourd’hui marque le manque désormais.

Je n’ose penser à ce qu’éprouve aujourd’hui

Julia Kristeva, sa compagne depuis plus d’un demi-siècle.

Elle, face à un fauteuil vide.

Et nous, errant dans une bibliothèque désertée.

A lire aussi

https://www.marianne. net/culture/litterature/ provoc-consternant-oubrillant-on-a-revu-lesmeilleurs-et-les-pirespassages-tele-de-philippe-sollers

https://www.marianne. net/culture/litterature/ philippe-sollers-28novembre-1936-5mai-2023?

PHILLIS WHEATLEY LA POETESSE

hillis ou Phyllis Wheatley, née vers 1753 en Afrique de l’Ouest et morte le 5 décembre 1784 à Boston dans l’État du Massachusetts est la première poète afro-américaine et l’une des premières femmes américaines à publier un recueil de poèmes.

Elle est surnommée la « Mère de la littérature afro-américaine » et est considérée par les Afro-Américains comme une grande figure de leur histoire au même titre que Frederick Douglass, Martin Luther King ou encore Rosa Parks.

De ses origines, on connait peu de choses, on ne sait ni quel est son nom de naissance, ni quel est son lieu de naissance précis (Sénégal ou Gambie).

Elle et des membres de sa famille, probablement des Fulani, sont capturés par des chasseurs d’esclaves en 1761.

Elle et deux cents autres Africains sont vendus à un navire négrier « The Phillis », appartenant à un marchand d’esclaves Timothy Fitch et commandé par le capitaine Peter Gwinn.

Elle ne reverra plus les membres de sa famille. Les Africains les plus robustes sont vendus dans les ports des colonies du Sud pour servir d’esclaves dans les plantations de coton ou de tabac, les plus jeunes et les plus faibles sont vendus à Boston pour servir de domestiques ou de main d’œuvre auprès d’artisans. Elle doit son prénom de Phillis du nom du navire négrier qui l’a conduite sur les côtes de la Nouvelle Angleterre et son nom de Wheatley à celui du nom de ses

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Photo thevintagenews

propriétaires comme cela était la coutume. De faible constitution, elle est achetée pour « trois fois rien » à Boston par John Wheatley, un riche marchand de la ville.

Remarquant sa santé fragile (elle souffrait d’un asthme chronique voire de la tuberculose), John Wheatley la destine à être servante auprès de son épouse Susannah Wheatley.

Notant que deux des incisives centrales supérieures de la fillette, des dents de lait sont tombées, il en déduit qu’elle doit avoir 7 ou 8 ans.

C’est ainsi que sa date de naissance probable est fixée vers 1753, mais pas plus tard que 1754.

Au bout de quelques mois Phillis Wheatley parle couramment l’anglais, les Wheathley découvre également qu’elle a appris l’alphabet toute seule, ils se prennent d’affection pour cette jeune fille et vont davantage la considérer comme une membre de la famille que comme une esclave.

Ils demandent à leurs enfants Mary et Nathaniel de lui apprendre à lire et à écrire, puis constatant ses progrès rapides, ils demandent à leur fille Mary de lui servir de précepteur.

Mary Wheathley lui apprend la littérature anglaise, le latin et le grec, lui fait étudier la Bible, la mythologie grecque, elle lui fait lire les œuvres d’Homère traduites par Alexander Pope, lui apprend l’astronomie et la géographie, lui donnant ainsi la meilleure éducation possible qu’une jeune femme de son époque pouvait recevoir.

Maîtrisant rapidement la langue littéraire anglaise, Phillis Wheatley publie son premier poème « On Messrs Hussey and Coffin » le 21 décembre 1767 dans le Newport Mercury alors qu’elle n’est âgée que de 14 ans.

Les Wheathley l’affranchissent en 1773.

Susannah Wheatley devient la mentore de Phillis Wheatley, elle invite des personnalités de la haute société bostonienne pour s’entretenir avec la fantastique Dark child from Africa.

Elle l’emmène également dans des salons de diverses figures éminentes de Boston comme le gouverneur Thomas Hutchinson, le lieutenant gouverneur Andrew Oliver, le juriste John Hancock.

Lors de ces visites Phillis Wheatley se fait connaitre par ses conversations sur la Bible et la littérature anglaise et devient un sujet d’admiration au sein des personnes cultivées de Boston.

Cela dit, elle a la conscience du fossé qui la sépare de la société «blanche », même quand elle est l’invitée d’honneur, elle refuse poliment de s’asseoir à la table de ses admirateurs, préférant se mettre à l’écart sur une table voisine.

Sa première biographe Margaretta Odell (une descendante de Susannah Wheatley) souligne le fait qu’elle est consciente de son statut de privilégiée(suit page 44)

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Photo wikipedia

(suit de la page 43) vis à vis de ses frères et sœurs de couleur.

Ainsi, lorsque Susannah Wheatley l’emmène chez Eunice Fitch et ses filles, par une ironie du sort, elle conviée chez l’épouse de Timothy Fitch le négrier propriétaire du schooner le Phillis.

Si Eunice Fitch se montre chaleureuse envers Phillis Wheatley, l’ambiance change quand ses filles viennent prendre le thé, elles montrent leur gêne à partager le thé avec une servante noire.

Phillis Wheatley se lève pour se retirer, mais Eunice Fitch la retient jusqu’à la fin du thé. Même si c’est une victoire, il demeure que la jeune femme est consciente que sa place n’est pas à la même table que celle des Blancs, fussent-ils des admirateurs.

Phillis Wheatley grandit dans un milieu imprégné par les valeurs puritaines et elle-même s’est convertie au christianisme sous l’impulsion de son amie et préceptrice Mary Wheatley qui lui a fait découvrir la Bible, et qui le 31 janvier 1771, épouse le révérend John Lathrop (American minister).

Le puritanisme bostonien, comme le méthodisme sont alors traversés par le mouvement spirituel dit du Grand réveil (Great Awakening) empreint des idées de John Wesley.

Celui qui diffuse les idées de ce mouvement à Bo-

ston est le prédicateur et théologien calviniste George Whitefield.

Ce dernier répétait le message fondamental du Grand réveil : le salut est offert à tous, que tout être humain peut obtenir la grâce divine, et la conviction que les droits naturels avaient été donnés par Dieu et qu’ils sont par conséquent inaliénables et fondamentaux.

Phillis Wheatley, comme d’autres Afro-Américains (Richard Allen, Absalom Jones, William White, Daniel Coker), adhère pleinement à ces thèses religieuses qui auront une profonde influence sur sa vie et sur ses écrits.

Baignée de la spiritualité du Grand réveil, elle rédige en 1770 un éloge funèbre en hommage à George Whitfield. Deux ans après la mort de ce dernier, elle est acceptée comme membre de la paroisse de l’Old South Meeting House et y est baptisée le 18 août 1771 par le révérend Samuel Cooper (clergyman).

Selina Hastings.

L’éloge funèbre en hommage à George Whitfield ayant rencontré un succès, Susannah Wheatley pense que dorénavant il faut passer à l’édition des œuvres de Phillis Wheatley.

Afin de rassurer les éditeurs potentiels, elle fait une liste de 300 personnes qui se disent prêtes à acheter un recueil de ses poésies. En 1772, elle fait une sélection de 28 poèmes qui pourraient faire l’objet d’un livre. Face aux difficultés à faire accepter qu’une Afro-Américaine puisse exprimer des sentiments d’indépendantisme des bostoniens blancs, Susannah

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Photo transavanguardia

Wheatley va faire la tournée des personnalités prêtes à soutenir ce projet, c’est ainsi qu’elle obtient le soutien écrit de 18 figures éminentes dont le gouverneur Thomas Hutchinson, James Bowdouin, John Hancock.

Pour contourner les réticences des imprimeurs de Boston, Susannah et Phillis Wheatley se rendent en Angleterre, le livre est finalement édité à Londres avec une préface spécifiant que ces poèmes ont été écrits par « Phillis, une jeune fille noire, qui a été amenée il y a quelques années, comme une barbare inculte d’Afrique, mais ne l’a jamais été, et est maintenant, sous le désavantage de servir comme esclave dans une famille de sa ville de Boston ».

Dans cette même préface, John Wheatley précise que la jeune femme est arrivée au bout de 16 mois à maîtriser la langue anglaise et qu’elle a montré des dispositions étonnante à l’étude et à la compréhension des livres qu’on lui présentait.

Comme le livre est édité au Royaume-Uni, deux poèmes reflétant les sympathies indépendantistes de la poétesse ont été expurgés.

De retour à Boston, Susannah Wheatley veut diffuser le livre de Phillis Wheatley, elle a en sa possession un manuscrit contenant 39 poèmes, la préface et l’attestation confirmant que Phillis est bien l’auteure des poèmes. Elle trouve l’appui de Selina Hastings, comtesse Huntingdon qui d’Angleterre use de toute son influence auprès des méthodistes et des presbytériens de Boston pour soutenir la jeune poète.

Le succès de Phillis Wheatley est tel qu’il suscite des controverses, le contexte culturel britannique est empreint d’une idée selon laquelle les Européens seraient supérieurs aux autres peuples, idée relayée entre autres par le philosophe David Hume et reprise même par Emmanuel Kant qui commentant David Hume, écrit que même parmi les Noirs affranchis présents un peu partout dans le Nouveau Monde, aucun d’entre eux n’a montré de capacités particulières. Des personnalités comme Thomas Jefferson estimaient que les Africains étaient apparentés aux singes, même s’il encouragera la création d’écoles pour les Afro-Américains.

Dans ce contexte de racisme oscillant entre le paternalisme et le mépris, les écrits de Phillis Wheatley sont une bombe remettant en questions les idées reçues de l’époque. Si Phillis Wheatley était bien l’auteure de ses écrits alors cela serait la démonstration que les Africains sont bel et bien des êtres humains au même titre que les Blancs et qu’ils doivent être affranchis, en revanche si la poétesse n’était qu’un perroquet répétant les mots appris par cœur cela serait une autre chose. C’est pourquoi il fallait trancher la question au sein d’une assemblée qui vérifierait l’authenticité des écrits (suit page 46)

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(suit de la page 45) de la jeune femme. C’est dans ce climat particulier, que sur l’initiative de John et Susannah Wheatley est organisée une réunion où Phillis Wheatley pourra faire la preuve de son talent littéraire et par delà son cas c’est l’humanité des Africains qui sera examinée. Cet événement a lieu le 8 octobre 1772, y sont conviés un aréopage de 18 notables de Boston, qui devront répondre à la question : « Un Nègre est-il capable de produire des œuvres littéraires ? ». Cette assemblée qui prenait une tournure d’examen voire d’investigation se tint dans la maison municipale de Boston. Phillis Wheatley se présente avec les manuscrits de 12 de ses poèmes. Parmi les personnes qui vont la questionner, il y a des personnes qu’elle connait déjà car faisant partie du cercle d’amis de Susannah Wheatley comme Thomas Hutchinson, James Bowdouin, John Hancock, Thomas Young. Siègent également Andrew Oliver, le révérend Mather Byles, Joseph Green (poet) , le révérend Samuel Cooper (clergyman) , le révérend Samuel Mather, Thomas Hubbard (un marchand d’esclaves), le révérend Charles Chauncy (1705–1787) .

Les échanges entre Phillis Wheatley et ses examinateurs n’ont pas été transcrits, mais à la fin, de façon unanime, ils si-

gnent une déclaration dans laquelle, ils attestent « à la face du monde » que Phillis Wheatley est bel et bien l’auteure des poèmes qui lui sont attribués et qu’elle possède toutes les compétences pour cela.

Cette attestation sera reprise dans la préface de son livre, “Poems on Various Subjects, Religious and Moral”, édité en 1773 à Londres, où il avait été publié faute d’avoir été accepté à Boston.

Phillis Wheatley et Nathaniel Wheatley, le fils de Susannah, se rendent alors à Londres, où Selina Hastings, comtesse de Huntingdon, et le comte de Dartmouth aident à sa publication, où la critique fut positive. Les suites de cet examen réussi qui permettra la publication de son livre ne sont pas seulement la reconnaissance de Phillis Wheatley comme auteure, elle est aussi la première reconnaissance de la littérature noire américaine et des aptitudes des Noirs à écrire de la poésie, à contribuer à la culture.

C’est pourquoi ce livre sera lu et commenté parce que renversant les opinions racistes, ainsi Voltaire écrit que « l’œuvre de Phillis est la preuve que les Noirs peuvent écrire de la poésie ».

Très rapidement dans les cercles des Lumières, Phillis Wheatley devient un sujet de discussion, elle devient une célébrité au sein des salons européens. Cette reconnaissance fait que Phillis Wheatley sera surnommée la « Mère de la littérature afro-américaine ».

Cela dit, dans la Nouvelle Angleterre, les opinions sur la reconnaissance des Africains comme personnes humaines à part entière vont être diverses.

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Photo cobalto

Si l’œuvre de Phillis Wheatley est utilisée par les abolitionnistes comme Benjamin Franklin et autres membres de la Pennsylvania Abolition Society d’autres comme Thomas Jefferson émettent des réserves, ainsi il écrit : « Certes, la religion a généré une Phillis Wheatley, mais pas une poète, les poèmes parus sous son nom ne méritent point qu’on s’y attarde pour les commenter ».

Si Thomas Jefferson n’apparente plus les Africains aux singes, il reconnait qu’ils sont dotés d’une âme, qu’ils appartiennent à l’humanité, mais restreint leurs capacités cognitives à l’expression des sentiments et de la foi religieuse, mettant en doute leurs capacités dans les domaines scientifiques, par ailleurs il reconnait que le développement des Africains dépend de l’environnement et se montre favorable à leur procurer un enseignement scolaire, mais un enseignement scolaire ségrégué et paradoxalement lors de sa présidence (1801-1809), il soutiendra un projet de loi, l’Act Prohibiting Importation of Slaves, promulgué le 2 mars 1807 qui interdit la traite négrière à partir du 1er janvier 180836.

Les réticences de Thomas Jefferson, de par son autorité en tant qu’un des Pères fondateurs des États-Unis, seront reprises par bien des personnes pour justifier l’infériorité des Noirs vis à vis des Blancs et le maintien de l’esclavage.

La reconnaissance de Phillis Wheatley est donc une demi-victoire. L’un des buts des mouvements d’émancipation menés par des Afro-Américains sera de

voir

montrer la fausseté de l’opinion de Thomas Jefferson. La dénonciation de l’idée fausse que Thomas Jefferson aurait été un anti-esclavagiste, commencera avec l’un des leaders de la communauté Afro-américaine de Philadelphie, Robert Purvis (1810-1898).

Ce dernier rappelle que Thomas Jefferson était un propriétaire d’esclaves qu’il a vendu la fille qu’il avait eu avec Sally Hemings, une de ses esclaves afro-américaine. L’abolitionniste afro-américain David Walker écrira de nombreux pamphlets ridiculisant le racisme de Thomas Jefferson, et d’autres Afro-Américains comme William Hamilton (abolitionist) , Charles Lenox Remond (en) ou Charlotte Forten lui emboîteront le pas. Frederick Douglass tout en saluant en Thomas Jefferson le cofondateur des institutions américaines signale également son refus à accorder la citoyenneté aux Afro-Américains, James McCune Smith tiendra les mêmes propos38. Derrière ces débats qui perdureront jusqu’à l’attribution du prix Nobel de littérature au Nigérian Wole Soyinka plane le fantôme de Phillis Wheatley.

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(a suivre dans le prochain numèro, la vie de cette dame et poetesse fut effectivement digne d’un roman feuilleton et les rèactions de la sociétè qui l’entourais à méditer) la vidéo https://youtu.be/a3l9Pmza7Gs

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