Supplément au Palazzi A Venezia Juin 2021

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Dante Alighieri 1000 Miglia Carole Feuerman Sur le principe de contradiction Un’infinita bellezza Labyrinthe Borges Giulio Barrocu Luci d’Artista Liz Johnson Artur Stephane Fromm Antony Cairns Romina de Novellis Libres figurations année ‘80 Jacques Prévert Supplément au Palazzi A Venezia Juin 2021


AU MAR DE RAVENNA L'EXPOSITION QUI RACONTE LES LONGUES PÉRÉGRINATIONS DE DANTE ALIGHIERI Curateur Massimo Medica

Jusqu'au 4 juillet 2021

PALAZZI A VENEZIA Publication périodique d’Arts et de culture urbaine de l’association homonyme régie par la Loi de1901 ISSN/Commission Paritaire : en cours Distribution postale/digitale Président Directeur de la Publication Vittorio E. Pisu Comité de Rédaction Marie-Amélie Anquetil Arcibaldo de la Cruz Vittorio E. Pisu Rédactrice S’Arti Nostra Demetra Puddu Rédactrice Mode & Vacances Virginie Bapea Supplément à l’édition de Palazzi A Venezia du mois de Juin 2021 Tous droits reservés Projet Graphique Maquette et Mise en Page L’Expérience du Futur Correspondance vittorio.e.pisu@free.fr palazziavenezia@gmail.com https://www.facebook.com/ Palazzi-A-Venezia https://www.vimeo.com/ channels/palazziavenezia

Église de San Romualdo, Via Baccarini 7 Ravenna Tél.:+39 0544 213371 | www.mar.ra.it

iotto, Cimabue et le XIVe siècle italien à Ravenne pour raconter les années d'exil de Dante. L'exposition «Le Arti al tempo dell'esilio» (Les arts au temps de l'exil), raconte le long voyage du poète à travers les œuvres d'art les plus significatives qu'il a eu l'occasion de voir et qui ont eu une grande influence sur son imagination visuelle pour l'écriture de la Comédie. En traitant de la figure de Dante, en effet, nous nous sommes souvent interrogés sur le rôle particulier que l'expérience visuelle pouvait avoir dans la conception de ses œuvres ; beaucoup ont noté la capacité du poète à penser directement en images, en puisant dans le riche répertoire des arts figuratifs de l'époque. Et cela surtout si l'on considère qu'il est né et a vécu à Florence, une ville qui, à partir du milieu du XIIIe siècle, a connu une floraison artistique notable, culminant avec l'expérience de Cimabue puis celle, surprenante, de son élève Giotto dont Dante a dû connaître les œuvres, comme l'atteste le célèbre passage du Purgatoire "Credette Cimabue ne la pittura tener lo campo e ora ha Giotto il grido". Non moins décisive a dû être l'expérience traumatisante de l'exil qui, à partir de 1302, a conduit le poète à errer dans diverses cours et villes du centre et du nord de l'Italie, enrichissant ainsi son "vaste patrimoine d'images" dont il a certainement dû tenir compte lorsqu'il a composé la Commedia. Un itinéraire que l'exposition, dont le commissaire est Massimo Medica, entend retracer jusqu'à sa dernière destination, Ravenne, où le poète est mort il y a sept cents ans. Les principales étapes de son exil sont illustrées dans l'exposition, qui comprend des chefsd'œuvre absolus, de précieux manuscrits enluminés, des bijoux et des textiles.

Meglio una Donna Chiara Cossu voir les vidéos vimeo.com/552150034 vimeo.com/552150034 vimeo.com/553280957

e mois de juin vois enfin (on l’espère en tout cas) la fin d’un cauchemar et, avec l’été qui s’annonce, peutêtre le retour si non à une situation normale à tout le moins vivable, permettant de faire quelques projections sur un futur plus ou moins proche. La préparation de chaque numéro de Palazzi A Venezia et de son supplément, né d’une manière hasardeuse et puis finalement adopté, parce que l’on s’attache aux nouveaux nés et son grand frère, qui entame sa trente-deuxième année n’en prends pas ombrage et s’amuse du changement de format et de l’introduction du center fold, de playboiesque mémoire et qui héberge les œuvres de photographes plus ou moins connus ou en passe de l’être, est une source de plaisir pour moi. Je me souviens de la première fois que j’ai rencontré Diagne Chanel, qui exposais certains de ces Bébés cruels dans sa chambre à la Cité des Arts, à Paris, face à la Seine, et j’ai eu immédiatement l’impression de me trouver face à l’œuvre d’un Artiste, un Grand. Elle a eu l’opportunité de le prouver depuis (c’était en 1978 si je me souviens bien) et en maintes domaines autre que la peinture, investissant la sculpture, mais aussi la vidéo et l’écriture sans parler de ses engagements civiques et politiques. Je crois que finalement lorsque l’on rencontre l’œuvre d’un véritable Artiste on la reconnais d’emblé, puisqu’elle nous parle de notre vécu, même de celui que parfois on a ou on a voulu oublier. Ce mois ci, ce que le supplément présente à votre aimable attention c’est peut-être, encore plus que d’habitude, éclectique et subjectif. D’ailleurs juste au moment de terminer ces pages je suis tombé sur l’effarante nouvelle concernant la poésie de Jacques Prévert et son interprétation et par des média et par des institutions qui devrait être les premières à comprendre et la poésie et ce que racisme signifie. Malheureusement le Canada vient aussi de s’illustrer avec le rappel de ce que pouvait être le sort des natifs américains et des méthodes employées pour les déraciner totalement de leur histoire et traditions. Mais heureusement on vous parle aussi d’autres situations beaucoup plus à même de nous rendre la vie si ce n’est agréable à tout le moins supportable. Cette pandémie, qui a occupé le devant de la scène, bientôt pour deux longues années, aurait du aussi nous aider à comprendre que notre système n’est pas bon, et même si l’on essaye de se convaincre que le virus a été fabriqué en labo et qui n’est pas la conséquence de la destruction systématique de l’écosystème qui amène plein de plus ou moins grandes bestioles à s’attaquer à l’homme, aujourd’hui bien nombreux et ayant perdus pas mal de ses défenses naturelles à cause de son mode de vie, de sa concentration dans des zone urbaines polluées, de son alimentation qui, de plus en plus, fait appel à des animaux élèves (sic) de manière complètement insupportable, bourrés de médicaments afin de pouvoir survivre les quelques mois qu’on leur a assigné avant de les abattre et les transformer en nourriture (resic) qui s’éloigne de plus en plus de nos habitudes ancestrale d’alimentation. Le confinement, qui avait laissé les animaux sauvages reconquérir leur territoire et pousser leur déambulation jusqu’au cœur des villes désertées, aurait du nous mettre la puce à l’oreille, mais j’ai le sentiment qu’il n’en ai rien. C’est étrange comme aujourd’hui la plus simple opinion de la personne la moins au courant de quoi que ce soit, mais dictée uniquement de par ses sensations, souvent privés de la moindre structure cognitive ou du moindre acquis de connaissance, soit devenus l’alpha et l’oméga de ce qu’il faudrait respecter, peine d’enfreindre la Loi, la Constitution, la religion bien entendu et jusqu’aux habitudes les plus abjectes de population arriérés qui, arrivées au centre des mégalopoles, prétendent continuer ad appliquer leurs règles morbides et injustifiées si non par un patriarcat dur à mourir. En espérant que ces pages vous fassent découvrir ou vous proposent des situations que vous connaissez déjà et que vous soyez heureux de retrouver, il ne me reste que vous souhaiter, malgré tout, un bel été, dans la facilité d’une circulation personnelle retrouvée et bien entendu l’envie d’inventer des nouveaux modes de profiter de la vie, laissant plus de place à l’Art sous toutes ses formes, gastronomie non exclue. Bonne lecture Vittorio E. Pisu


coefficient = 1 + {Période + Classe + Catégorie} + {Facteur MM (événement.) + Bonus MM (événement.)}

TABLEAU DES COEFFICIENTS

Photo crononews

https://1000miglia.it/wpcontent/uploads/2020/11/ Tabella-Coefficienti_2020. pdf Les voitures qui participeront aux 1000 Miglia 2021 seront sélectionnées par une commission spéciale parmi celles préalablement inscrites sur le site www.registro1000miglia.it, avant le 18 janvier 2021. Au plus tard le 9 mars 2021, les personnes dûment inscrites recevront une notification d’acceptation ou de non-acceptation, qui pourra également être consultée dans la zone réservée du site web. https://1000miglia.it/wp-content/ uploads/2021/06/01_1M_ Roadmap_2021_orari_ITA. pdf

out en respectant la tradition du parcours de Brescia à Rome et retour - avec des arrivées d’étape à Viareggio et Bologne - l’édition 2021 présentera une nouveauté absolue pour les 1000 Miglia commémoratives : pour la première fois, le sens de la course sera inversé par rapport aux éditions récentes, reprenant le sens inverse des aiguilles d’une montre de nombreuses éditions de la course de vitesse originale. De Brescia, les équipages se dirigeront vers la côte tyrrhénienne pour s’arrêter à Viareggio et repartir le lendemain pour Rome. La troisième étape, partant de la capitale, se dirigera vers le nord pour se terminer au-dessus des Apennins, dans la capitale de l’Émilie. La quatrième et dernière étape, partant de Bologne, conduira à l’arrivée traditionnelle à Brescia. Une caractéristique qui satisfera de nombreux fans est un nouveau parcours qui amènera les équipages à affronter pour la première fois

le col de Cisa, dans la première étape, et les cols de Futa et de Raticosa le troisième jour de la course.

LIEN GOOGLE MAPS

Étape 1 - Mercredi 16 juin 2021 Secteur 1 de Brescia (CO 1) à Parme (CO 2) Secteur 2 de Parme (CO 2) à Viareggio (CO 3) Étape 2 - Jeudi 17 juin 2021 Secteur 3 de Viareggio (CO 4) à Bibbona (CO 5) Secteur 4 de Bibbona (CO 5) à Castiglione della Pescaia (CO 6) Secteur 5 de Castiglione della Pescaia (CO 6) à Viterbo (CO 7) Secteur 6 de Viterbo (CO 7) à Rome (CO 8) Étape 3 - Vendredi 18 juin 2021 Secteur 7 de Rome (CO 9) à Orvieto (CO 10) Secteur 8 de Orvieto (CO 10) à Arezzo (CO 11) Secteur 9 d’Arezzo (CO 11) à Prato (CO 12) Secteur 10 de Prato (CO 12) à Bologne (CO 13)

Étape 4 - Samedi 19 juin 2021 Secteur 11 de Bologne (CO 14) à Vérone (CO 15) Secteur 12 de Vérone (CO 15) à Brescia (CO 16) Les modèles de voitures éligibles pour les 1000 Miglia sont ceux dont au moins une voiture a participé - ou a terminé l’inscription - à l’une des éditions des 1000 Miglia organisées de 1927 à 1957. Chaque voiture acceptée pour l’édition 2021 se verra attribuer un coefficient qui sera ensuite multiplié par les points obtenus par les concurrents pendant la course. Les coefficients ont été attribués en évaluant la période de conception et les caractéristiques techniques, sportives et historiques de chaque modèle individuel ; le coefficient total pour chaque modèle a été calculé à l’aide de la formule mathématique ci-dessous, en additionnant les facteurs partiels attribués selon la période, la classe et la catégorie : PALAZZI 3 VENEZIA

1000 MILES UAE 2021

1000 MIGLIA 2021 du 5 au 9 décembre 2021 IL PERCORSO 16 – 19 giugno 2021

voir la vidéo https://youtu.be/ 9RrNQJgqD2o

Pour la toute première fois, le premier 1000 Miglia Experience UAE 2021 se déroulera au Moyen-Orient du 5 au 9 décembre. L’événement exclusif ne sera accessible qu’à cent propriétaires de voitures historiques légendaires et de Supercars modernes qui traverseront les sept émirats en cinq jours. Le 1000 Miglia Experience UAE 2021 se déroulera dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire des Émirats arabes unis, qui ont été fondés le 2 décembre 1971. La course représente également une autre étape importante pour cette jeune nation, qui est reconnue dans le monde entier comme un centre d’excellence pour les affaires et une destination pour le tourisme de luxe. Le centre de l’événement sera situé dans la capitale des Émirats arabes unis, Abu Dhabi, tandis que la course elle-même se déroulera sur un circuit qui traversera les sept émirats.


Photo carolefuerman

arole A. Feuerman est reconnue, aux côtés de Duane Hanson et John D’Andrea, comme l’un des trois principaux sculpteurs hyperréalistes américains qui ont lancé le mouvement dans les années 1970. La carrière de Feuerman s’étend sur plus de cinq décennies et quatre continents. À travers ses sculptures, elle crée des manifestations visuelles des histoires qu’elle veut raconter, de force, de survie et d’équilibre. Elle a enseigné, donné des conférences et des ateliers au Metropolitan Museum of Art, au Solomon Guggenheim Museum, à l’université de Columbia et à Grounds for Sculpture. En 2011, elle a fondé la Carole A. Feuerman Sculpture Foundation. Son travail a été inclus dans An American Odyssey 19451980 avec les artistes les plus importants de l’après-guerre américaine. En 2005, une exposition personnelle complète a eu lieu au QCC Art Museum/CUNY, intitulée Resin to Bronze Topographies. Elle a été suivie par l’installation de ses œuvres au Grounds for Sculpture dans le New Jersey. Feuerman a eu des rétrospectives solo dans des musées, notamment au El Paso Museum au Texas, au Huan Tai Hu Museum de la province de Jiangsu en Chine, à l’Amerillo Art Museum, au Tampa Museum, au Southern Allegheny Museum, au QCC, au CUNY Museum et au Queens Museum of Art. En 2009, elle a exposé sa sculpture «Moran» au Palazzo Strozzi de Florence dans le cadre d’une exposition intitulée «Art of Illusions, Masterpieces of Tromp L’oeil from Antiquity to the Present». En 2013, sa sculpture «The General’s Daughter» a été exposée à la National Portrait Gallery de la Smithsonian Institution, à Washington, DC. Sa sculpture «Monumental Quan» a été exposée au Frederik Meijer Sculpture Garden à Grand Rapids, Michigan. En 2007, Feuerman a eu une exposition solo à Venise intitulée Bellezza E Beressaze : By the Sea, à la Biennale de Venise, organisée par John T. Spike, avec sa sculpture monumentale «Survival of Serena». En 2008, «Survival of Serena» a été choisie comme «Best in The Show» à la Biennale de Pékin et a été exposée au Musée national de Chine.

Bel-Air Fine Art Contemporary Art Galleries

114 NE 40th Street, Miami Design District FL-33137 Miami +1 (786) 953 4806 www.belairfineart. com/en/galleries/ miami-design-district/

CAROLE FEUERMAN «The Golden Mean» a fait ses débuts en 2017 lors de son exposition personnelle à Giardini Marinaressa pour Personal Structures - Open Borders à la Biennale de Venise. En 2013, «Survival of Serena» a été choisi par le département des parcs et loisirs de la ville de New York pour être exposé à Soho, New York, et de nouveau en 2017, il a été exposé à Central Park pour leur célébration de 50 ans d’art public dans les parcs de NYC. En 2018, Feuerman a eu une exposition solo en plein air à Knokke-Heist, en Belgique. En 2019-2020, elle a exposé neuf sculptures monumentales sur les Champs-Élysées et l’avenue George V. Ses sculptures emblématiques, «Catalina» et «The General’s Daughter», font partie d’une exposition collective intitulée 50 Years of Hyperrealistic Sculpture. L’exposition a débuté en 2016 au Museo de Bellas Artes de Bilbao, en Espagne, puis a voyagé à l’Academia de Bellas Artes de Madrid, au Marco Museo de Arte Contemporáneo de Monterrey, au Musée d’art moderne du Danemark, à la National Gallery of Art de Sydney, le Kunsthal Tübingen en Allemagne, le Heydar

Aliyev en Azerbaïdjan, le National Chiang Kai-Shek Memorial Hall à Taipei, Taiwan et La Boverie, Liège, Belgique, et se trouve actuellement au Osthaus Museum Hagen, Museumsplatz 1, 58095 Hagen, Allemagne. Ma sculpture «The Golden Mean» est la propriété de la ville de Peekskill, New York, et est installée dans le Riverfront Green Park. Sa sculpture monumentale «Double Diver», qui s’élève en spirale à 36 pieds dans les airs, est la propriété de la ville de Sunnyvale, en Californie. Ses œuvres font partie des collections du président et de la sénatrice Hillary Rodham Clinton, de la Frederic R. Weisman Art Foundation, du Dr Henry Kissinger, de la Michael Gorbachev Art Foundation, de l’Ermitage, du Metropolitan Museum et de la Malcolm Forbes Magazine Collection. Feuerman a notamment reçu le prix Best in Show à la troisième Biennale internationale d’art de Pékin, CN, le prix Lorenzo De Magnifico 2001 pour la Biennale Internazionale : Dell’Arte Contemporanea à Florence, en Italie, le prix d’honneur en 2002 pour l’Ausstellungszentrum Heft à Huttenberg, en Autriche, et le prix Médicis décerné par la

ville de Florence. Une sélection de presse critique comprend : «In the Swim : Carole A. Feuerman’s Sculptures Stay in Shape», par John T. Spike, mai 2005, Art & Antiques Magazine, en 2012 dans le New York Times dans un article de Susan Hodara, «Hudson- Inspired Art, Popping Up All Over», le Forward en 2017 par Michael Kramer, «In Trumps America, It’s Hard To Be a Realist», et «How China Gave Sculpture’s Queen of Hyperrealism Carole A. Feuerman l’une de ses premières percées» dans le South Morning Post par Kavita Daswani. Son travail a fait l’objet de cinq monographies. Sa première sculpture de nageur, «Catalina», est incluse dans A History of Western Art, publié par Harry N. Abrams, et écrit par Anthony Mason et John T. Spike. Vous pouvez voir ses œuvres dans des musées, ainsi que dans des collections privées et publiques du monde entier. Feuerman est mariée, a trois enfants et six petits-enfants. Elle vit et travaille à New York.» Stephen Foster www.belairfineart.com/en/ artists/all/carole-feuerman/


Photo gamtorino

deviennent plus avancées et plus anciennes. Les raisons pour lesquelles l’œuvre de chaque artiste a été jugée nécessaire pour l’exposition sont multiples et plus complexes que celles que l’on peut évoquer ici en quelques lignes, mais il est certain que les réflexions qui ont précédé cette exposition sont nées en réponse à l’imagerie de Flavio Favelli (Florence, 1967), à ses compositions architecturales faites de notes impassibles et en même temps d’échos viscéraux, à ses miroirs qui emprisonnent les images au lieu de les refléter, de sa capacité à faire surgir du fond des âges le caractère tragique des événements historiques et l’apparente légèreté des publicités qui les accompagnent sur les pages des journaux, à nous montrer comment la mémoire tient les deux ensemble, pour découvrir qu’entre les deux éléments, le véritable hiéroglyphe, l’image ancrée dans un temps long et immuable, n’est pas l’événement historique mais le symbole publicitaire. De même, les raisons de cette exposition se sont formées devant les Veroniche de Luca Bertolo (Milan, 1968), en s’attardant sur leur ostension faite de dissimulation, en considérant la beauté de ses tableaux paradoxalement protégés sous des traces défigurantes de spray, ses choix stylistiques éclectiques faits en contraste avec l’objet du tableau, ses surfaces picturales ambiguës composées de plans qui semblent glisser les uns sur les autres en se contredisant. L’exposition a été conçue en pensant à l’œuvre de Diego Perrone (Asti, 1970), car regarder une de ses sculptures en verre, c’est regarder un volume et en même temps un vide, un trou dans l’espace où le regard parfois passe et parfois s’arrête sur la matière, sur le détail défini du bas-relief, tandis que notre attention se porte déjà sur les langues de couleur vive qui ne coïncident pas avec les figures sculptées, mais les chevauchent. Et tandis que notre regard est capté par ces différentes flatteries, le poids de notre corps et des sculptures avec leur socle fluctuent sur un autre plan : un sol rendu liquide et instable par la présence d’autres images, d’autres couleurs. La pensée de l’indécidable a été nourrie par l’observation des œuvres de Francesco Barocco (suit page 6)

e n’est ni un thème ni un langage qui unit les cinq artistes de cette exposition. Il s’agit plutôt de la présence d’un espace de possibilités à l’intérieur de leurs œuvres, qui se composent presque toujours d’au moins deux éléments, deux ou plusieurs natures, deux ou plusieurs images qui ne peuvent pas être entièrement réconciliées entre elles et sont liées par un lien d’ambiguïté qui devient parfois une relation claire de contradiction. La force émotionnelle de leur travail, même dans la grande diversité de leur approche, semble provenir de la vibration de cet espace généré entre des éléments qui ne peuvent pas se chevaucher complètement, ni coïncider dans une déclaration univoque, qui continuent à glisser l’un sur l’autre et à réclamer l’attention l’un malgré l’autre. Ce qui unit ces cinq artistes, c’est leur capacité à conserver dans leurs œuvres l’espace qui sépare et joint plusieurs représentations et à reconnaître leur superposition dans le temps, à accueillir dans le corps même de l’œuvre le cône d’ombre d’où elles proviennent, révélant l’inépuisabilité des

images, leur émergence continue et répétée. Une inépuisabilité qui est aussi une conscience de la perte. À chaque apparition, quelque chose devient plus clair et quelque chose s’efface au fond, disparaît dans l’obscurité. C’est l’espace de la dimension humaine, celui de la contradiction, de la superposition ambiguë des contraires, où chaque image mène son ombre par la main, chaque mot porte en lui l’impossibilité de dire et chaque nouvelle émergence est une séparation. Parler d’un principe de contradiction, placer ces mots dans le titre d’une exposition est un jeu antinomique, il provoque chez le lecteur l’instinct de corriger la phrase en la ramenant à sa formulation aristotélicienne. Le principe que nous connaissons tous est celui de la non-contradiction. Et c’est sur ce principe que repose la construction de la pensée sur laquelle se fonde l’argumentation logique et la solidité de la science dont les progrès ont été déterminés par l’exclusion des théories opposées. L’acceptation de la contradiction peut sembler être une

liberté que l’art peut revendiquer au nom de la bizarrerie, une liberté contre la raison. Les deux voies, celle du mythe et celle du logos, ont divergé au début de la philosophie, d’un côté un récit multiple, indéfiniment varié et entrelacé d’une polysémie de symboles, de l’autre la logique et l’exercice de la dialectique qui à chaque carrefour imposent un choix, un vrai et un faux. Pourtant, les théories scientifiques et philosophiques d’aujourd’hui, de la physique quantique à la logique paraconsistante et à la dialectique, nous confrontent à la contradiction, admettant dans leur champ la superposition et la coexistence de vérités opposées, de déterminations contraires. Cela aussi nous offre une petite confirmation que l’espace d’ambiguïté et de vibration de significations inconciliables que nous présentent les œuvres de ces cinq artistes est un lieu où il vaut la peine de s’arrêter : un lieu de conscience, de la condition humaine non résolue et un espace de pensée qui nous projette en arrière dans le temps, vers les dualismes originels de chaque culture, et en avant, vers les nouvelles représentations du monde qui PALAZZI 5 VENEZIA

SUR LE PRINCIPE DE CONTRADITION Francesco Barocco, Riccardo Baruzzi, Luca Bertolo, Flavio Favelli, Diego Perrone commissaire : Elena Volpato

jusqu’au

3 octobre 2021 GAM

Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea di Torino Via Magenta, 31 10128 Torino - Italia Tél.: +39 0114429518 gam@fondazionetorinomusei.it https://www.gamtorino.it/it/ mostre/contraddizione


(suit de la page 5) (Susa, 1972) de l’impossibilité de dire si ses dessins au graphite noir sont le fond sombre d’où émerge le blanc de sa sculpture ou si ce sont les ombres qui se posent sur le plâtre pour animer le corps en différentes présences. Tout comme il s’est nourri de son non-fini fait de perte et, en même temps, de possibilités, de ses titres d’autres œuvres gravés sur ses œuvres, évoquant d’autres images, d’autres temps, d’autres artistes. Tout comme cette même pensée a trouvé une nouvelle confirmation, un nouveau terrain de réflexion, dans les transparents de Riccardo Baruzzi (Lugo, 1976), dans ses toiles composées de figures habitées par d’autres figures, de contours qui se superposent dans un espace contradictoire, de fonds profonds et intemporels d’où émergent des images toujours sur le point de se dissoudre à nouveau. Son imagerie se nourrit de la connaissance des arts du passé comme des formes de décoration populaire, et l’apparent contraste se dissout dans la légèreté d’une pratique qui évolue librement entre la ligne picturale, le dessin numérique, la réverbération sonore et l’action performative. L’exposition est accompagnée d’un catalogue publié par Viaindustriae. Elena Volpato Mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 10 h à 18 h. Jeudi de 13 à 21 Lundi fermé Les guichets ferment une heure plus tôt Les musées garantissent une visite en toute sécurité, dans le respect de la réglementation anti-Covid. La réservation est suggérée mais pas obligatoire au numéro 011 5211788 ou par courriel à ftm@arteintorino.com. Vente anticipée : TicketOne Comme d’habitude, le GAM, le MAO et le Palazzo Madama, conformément à toutes les directives ministérielles, rouvrent leurs portes en mettant en place toutes les mesures nécessaires pour assurer une visite en toute sécurité.

Photo miasonsolide

GAM Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea di Torino Via Magenta, 31 10128 Torino Tél.: +39 0114429518 gam@fondazionetorinomusei.it https://www.gamtorino.it/

Una infinita bellezza Il Paesaggio in Italia dalla pittura romantica all’arte contemporanea

du mardi 22 juin 2021 au lundi 01 novembre 2021 Citroniera de Juvarra du Palais Royal de Venaria Reggia di Venaria Piazza della Repubblica, 4 10078 Venaria Reale (TO) Castello della Mandria Viale Carlo Emanuele II, 256 10078 Venaria Reale (TO)

http://www.lavenaria.it/

ujourd’hui, le débat sur la protection de l’environnement, le changement climatique, les urgences causées par la pollution et les dévastations inadmissibles perpétrées par l’homme sur la Terre est plus que jamais à l’ordre du jour international : il est important de souligner comment des thèmes similaires tels que l’amour, la sensibilité à la Nature et l’intérêt pour le paysage non contaminé ont été une source d’inspiration pour de nombreux artistes du passé, des peintres préromantiques de la fin du XVIIIe siècle aux maîtres contemporains. L’exposition Une beauté infinie. Il Paesaggio in Italia dalla pittura romantica all’arte contemporanea - accueillie dans l’imposante Citroniera Juvarriana de la Reggia di Venaria, autrefois un abri pour les agrumes des Jardins - entend documenter cette attention et cette passion en présentant plus de 200 œuvres comprenant des peintures, des photographies, des vidéos et des installations. L’exposition est le résultat d’un accord entre le Consorzio delle Residenze Reali Sabaude et la Fondazione Torino Musei, par lequel une

centaine d’œuvres de la GAM - Galleria d’Arte Moderna e Contemporanea di Torino deviennent le cœur de cette exposition événement dédiée au thème du vert. Le parcours est rigoureusement historico-artistique, avec un fil rouge chrono-géographique qui entremêle l’Espace et le Temps, mettant en évidence le contexte piémontais - où l’exposition a pris naissance - et l’ensemble de l’Italie du Nord, sans négliger les écoles régionales de l’Italie centrale et du Sud. Les douze sections de l’exposition présentent donc, dans un panorama exceptionnel d’œuvres, dont beaucoup sont de grande taille, les différentes formes qu’a prises la représentation du paysage en Italie au cours de plus de deux siècles de peinture. Les œuvres exposées, ainsi que celles du GAM, proviennent d’importants musées italiens et de collections privées, notamment : le musée civique d’art ancien du Palazzo Madama, les musées royaux de Turin, la galerie d’art moderne de Milan, la galerie d’art moderne de Gênes, les musées civiques de Brescia, le GNAM de Rome, la Fondazione Musei Civici de

Venise, le musée de Capodimonte et les galeries Uffizi. L’exposition, sous l’égide de la Soprintendenza Archeologia Belle Arti e Paesaggio per la Città Metropolitana di Torino, est organisée par Virginia Bertone (conservatrice en chef du GAM), Guido Curto (directeur de la Reggia di Venaria et du Consorzio delle Residenze Reali Sabaude) et Riccardo Passoni (directeur du GAM), soutenu par un comité scientifique composé de Barbara Cinelli (Università Roma Tre), Piergiorgio Dragone (Università degli Studi di Torino), Flavio Fergonzi (Scuola Normale Superiore di Pisa) et Laura Iamurri (Università Roma Tre).

Exposition et billets «All in a Reggia». Réservation en ligne obligatoire. prenotazioni@lavenariareale.it Un tour d’entrée toutes les demi-heures : 40 personnes. Tél. +39 011 4992333

voir la vidéo https://youtu.be/U8CQj5l0KB4


ne grande exposition sur la représentation des espaces ouverts et notamment du vert, au sein d’un programme qui en 2021 sera tout #vert. Elle est intitulée «Une beauté infinie». Paysage et environnement en Italie, de la peinture romantique à l’art contemporain» est le titre de l’événement qui débutera le 21 juin à la Reggia di Venaria. Dans la Citroniera du Juvarra, autrefois un abri pour les agrumes des jardins, 240 œuvres documenteront l’attention et la passion des artistes - des peintres préromantiques de la fin du XVIIIe siècle aux maîtres contemporains - pour les questions environnementales. Il y aura principalement des peintures, mais aussi des sculptures et, parmi les œuvres les plus récentes, des vidéos et des installations. Grâce à un accord entre le Consorzio delle Residenze Reali Sabaude (Consortium des Résidences Royales de Savoie) et la Fondazione Torino Musei, 120 œuvres du GAM deviennent le cœur de l’exposition : elles proviennent pour la plupart de la riche collec-

tion du XIXe siècle du musée de via Magenta, fermé au public, à l’exception du Covid, pour une rénovation des espaces plusieurs fois reportée. L’exposition, organisée par les directeurs de la Reggia et du GAM, Guido Curto et Riccardo Passoni, et par la conservatrice en chef de la Civica Galleria Virginia Bertone, comprend également des prêts d’autres musées italiens et de collections privées, de la Galleria Nazionale d’Arte Moderna de Rome, au Mart de Rovereto, au Museo del Novecento de Milan, au Museo del Paesaggio de Verbania, à la Fondation Accorsi, au Castello di Rivoli avec la Collection Cerruti et la Collection Terruzzi. Il s’agit d’une exposition qui exalte la beauté du paysage italien du point de vue des artistes des différentes régions, ainsi que des étrangers venus ici dans le cadre du Grand Tour, explique Guido Curto, nous avons voulu montrer comment le plaisir de la nature, si fort à l’époque où nous vivons, a toujours existé, comme le révèlent les témoignages de l’art et en particulier la peinture, une technique que nous avons privilégiée par rapport aux autres. Pour Riccardo Passoni «le fil

conducteur est la transformation du concept de paysage à différentes époques : si au XIXe siècle les écoles régionales reflètent les identités des territoires, au XXe siècle le thème devient un prétexte pour réfléchir sur le langage à adopter dans la peinture, tandis que dans le contemporain le paysage devient avant tout un fait mental. De la centralité du sujet dans les années 1800, lorsque les chaires de paysage ont été créées dans les académies, nous arrivons aux «non-lieux» d’aujourd’hui». Un vaste tour d’horizon, donc, qui part des paysagistes piémontais, de Fontanesi à Bagetti et d’Azeglio, pour arriver aux Macchiaioli toscans et à l’école de Posillipo, avec Gigante et Smargiassi, et les étrangers Pitloo, Duclére et Corot. Il arrive au vingtième siècle, du symbolisme à l’informel, au milieu de de Chirico, Carrà, de Pisis. Puis le Pop Art, l’Arte Povera et les artistes d’aujourd’hui. Parmi eux, Anselm Kiefer et enfin Giuseppe Penone, dont les sculptures dans les jardins de la Reggia font partie de l’exposition. Marina Paglieri https://torino.repubblica.it/ PALAZZI 7 VENEZIA

Photo reggiavenaria

SELMA GURBUZ

e palais royal de Venaria (en italien Reggia di Venaria Reale) est une ancienne résidence royale située à Venaria Reale, près de Turin dans le Piémont, dans le Nord de l’Italie. C’est l’une des résidences de la famille royale de Savoie, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997. Il s’agit de l’une des plus vastes résidences royales à travers le monde, comparable par sa taille et sa structure à celles de Versailles et de Caserte. Le Palais fut conçu et construit à partir de 1675 par l’architecte Amedeo di Castellamonte, à la demande du Duc Charles-Emmanuel II qui voulait un pied-à-terre pour ses parties de chasses dans les montagnes au nord de Turin. Le nom du Palais vient du latin, Venatio Regia qui signifie Chasse Royale. Charles Emmanuel II s’est inspiré de l’exemple du Palais Mirafiori, construit par le Duc Charles-Emmanuel Ier pour sa femme Catherine-Michelle d’Autriche. Soucieux de laisser un souvenir de lui-même à sa femme, Madame de Nemours, il a acheté les deux petits villages de Altessano Superiore et Altessano Inferiore qui appartenaient à une famille d’origine milanaise. Le lieu fut rebaptisé Venaria en raison de sa future fonction comme base de chasse. La conception du palais fut confiée aux architectes Amedeo di Castellamonte et Michelangelo Garove. Le plan de l’édifice devait représenter le symbole de l’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade, un ordre dynastique créé par la Maison de Savoie. En 1675, le palais était quasiment achevé, y compris la Reggia di Diana (la résidence royale de Diane qui est le cœur du complexe. Les travaux se sont cependant poursuivis jusqu’au siècle suivant, notamment du fait de l’invasion française de 1693 au cours de laquelle les troupes ennemies ont détruit certains des bâtiments et en raison de la volonté du Duc, et futur Roi, Victor-Amédée II qui modifia le palais selon les canons français. D’autres dégâts furent infligés au cours du siège de Turin en 1706, pendant la guerre de Succession d’Espagne, (suit page 8)


Photo patricktourneboeu

(suit de la page 7) lorsque les troupes françaises de Louis d’Aubusson de La Feuillade furent logées dans le palais. Après la victoire savoyarde, Victor-Amédée II nomma Filippo Juvarra en tant que directeur des travaux. C’est là qu’en 1741, sous le règne de Charles-Emmanuel III, sa troisième femme Élisabeth-Thérèse de Lorraine est morte en donnant naissance à leur fils Benoit, duc de Chablais. Le palais fut assez peu utilisé par la suite. Au cours de la domination napoléonienne, le palais fut transformé en caserne et les jardins furent détruits pour créer un terrain d’entraînement. Les bâtiments ont par la suite conservé cette vocation militaire, même après la chute de Napoléon, et furent occupés pas l’armée de terre italienne jusqu’en 1978, avant d’être vendus au Ministère de la Culture. Des travaux de restauration furent alors entrepris et le palais a été ouvert au touriste le 13 octobre 2007. L’entrée du palais se fait par la «Cour d’honneur» (Corte d’onore) qui abritait autrefois une fontaine ornée d’un cerf ainsi qu’une tour avec une horloge. La façade principale, recouverte au xviie siècle avec du plâtre, est reliée à droite par un bâtiment en briques ajouté au xviiie siècle. À partir de 1699, la disposition du Palais a été modifiée par Michelangelo Garove qui a ouvert la Cour d’honneur et fait baisser la hauteur des structures construites par Castellamonte. Ayant été occupé pendant quelques années par Charles-Emmanuel III, l’intérieur du Palais abritait à l’origine une grande collection de décorations en stuc, des statues et peintures produites par certains des artistes de la cour de l’époque. Les jardins originels du Palais ont aujourd’hui totalement disparu, depuis que les troupes françaises les ont transformés en terrain d’entraînement. D’anciens dessins montrent un jardin à l’italienne avec trois terrasses reliées par des escaliers et des éléments architecturaux élaborés Des travaux récents ont recréé un parc dans un style moderne, présentant des œuvres modernes de Giuseppe Pennone. wikipedia.org

CRÉÉ PAR LA FONDATION GIORGIO CINI À LA DEMANDE DE MARIA KODAMA, VEUVE DE BORGES, LE LABYRINTHE INSPIRÉ DU RÉCIT DE L’ÉCRIVAIN ARGENTIN

«LE JARDIN DES CHEMINS QUI BIFURQUENT» SERA ENFIN OUVERT AU PUBLIC.

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https://youtu.be/ 26Hlm5zpYdA

l s’agit de l’un des lieux les plus fascinants de Venise, sur l’île de San Giorgio, dédié à l’un des écrivains et poètes les plus influents du XXe siècle : le Labyrinthe Borges, construit en 2011 par la Fondation Giorgio Cini sur un projet de l’architecte anglais Randoll Coate, en hommage à Jorge Luis Borges et en particulier à l’une de ses œuvres, «Le Jardin des chemins de bifurcation». Le labyrinthe, créé à la demande de Maria Kodama, veuve de Borges, n’était jusqu’à présent accessible que par le haut, depuis la terrasse du Centro Branca, d’où l’on peut voir, parmi plus de 3200 buis de 90 centimètres de haut, une série de symboles qui rappellent les œuvres de Borges: un bâton, des miroirs, deux sabliers, un énorme point d’interrogation, un tigre, le nom Jorge Luis et les initiales de Maria Kodama, avec des haies disposées de manière à former le nom Borges. C’est un lieu où il sera enfin possible de s’immerger, de se perdre, de se désorienter et de se retrouver : à partir du 11 juin, le Labyrinthe sera ouvert au public pour la première fois, une occasion spé-

ciale pour célébrer le dixième anniversaire de sa création, le 35e anniversaire de la mort de Borges et le 70e anniversaire de la Fondation Giorgio Cini. Avec un projet spécial : il sera possible de visiter le Labyrinthe accompagné d’une musique spécialement composée par Antonio Fresa, interprétée et enregistrée avec l’Orchestre du Teatro La Fenice. «Pour moi, c’est un projet merveilleux, c’est un cadeau magique que Randoll Coate, un architecte de labyrinthes anglais qui a rencontré Borges il y a de nombreuses années en Argentine, m’a offert après la mort de Borges», c’est ainsi que Maria Kodama décrit la naissance du Labyrinthe Borges. «Ce labyrinthe qui a été réalisé ici à Venise, parce que Venise était l’une des villes les plus aimées de Borges ou parmi ses villes les plus aimées, est une ville labyrinthe, c’est une ville unique d’une subtile et merveilleuse délicatesse et complexité, avec une histoire tout aussi merveilleuse.» Venise est donc la ville qui, par sa nature même, a été désignée pour accueillir une œuvre dédiée à Borges, en quelque sorte proche du style (suit page 13)


amela, partons d’une considération, celle de la relation entre le génocide et les langages artistiques : Beaucoup de gens oublient qu’il s’agissait également d’un génocide des langues de l’art, les artistes qui ne s’alignaient pas sur le style de l’»Empire nazi» étaient persécutés et qualifiés d’»artistes dégénérés», condamnés dans le meilleur des cas au pilori public, les temps que nous vivons menacent la tolérance des peuples et de la culture et même les langues de l’art. Le projet «Nos génocides» est-il aussi le résultat d’une urgence contemporaine ? Dans un certain sens, oui, le projet «Nos génocides», le voyage dans la mémoire, estime que l’art est l’un des langages possibles pour faire connaître le drame de nombreux crimes de guerre et «génocides» encore méconnus, comme le drame des migrants de la Méditerranée ces dernières années. Nous pensons que l’art est une forme importante de communication sociale, mais que pour être le véhicule d’un message, il doit être compris par tous. Nous vivons dans une période particulière où il y a une muséification excessive de l’art contemporain, les foires et les galeries ont éloigné les artistes de leur contact avec le monde réel, les œuvres sont parfois si conceptuelles que leur message est décidément cryptique pour les masses ou au contraire de

nombreuses institutions censurent le contenu de certaines opérations artistiques parce qu’elles sont considérées comme trop explicites ou agressives au profit d’autres plus «politiquement correctes». Notre initiative est une initiative pacifique qui parle d’un sujet difficile, pour cette raison nous avons décidé d’anticiper l’exposition qui aura lieu en janvier 2016 à Cagliari avec des événements de différents types (débats, lectures, performances et flash mobs) qui traitent des contenus qui seront ensuite abordés dans les 10 installations où les photographies de Giulio Barrocu dialogueront, les sculptures de Pinuccio Sciola et 10 illustrations d’illustrateurs de renommée internationale et nous espérons avoir autant de succès que «Entartete kunst», l’exposition d’artistes dégénérés la plus visitée dans toute l’Allemagne en 1937, précisément en raison de son contenu ! En espérant que nos installations ne seront pas brûlées sur un bûcher, mais répandues dans toute la ville de Cagliari, même dans des espaces non consacrés à l’art, afin que le processus d’information et de sensibilisation se poursuive. La Méditerranée, autrefois terre d’échanges commerciaux et culturels entre les peuples, devient de plus en plus un lieu de xénophobie et d’extermination massive au nom du «ils ne sont pas nos problèmes, restez chez vous, accueillez-les chez vous»,

que peuvent faire l’art et la culture dans ce scénario ? Il peut créer des outils de connexion et d’information. Comme expliqué ci-dessus, l’intention de Nos génocides a l’ambition de créer des processus de croissance culturelle par le bas, de sensibiliser à des questions sur lesquelles on sait peu de choses en dehors des informations médiatiques souvent déformées par les médias sociaux. Le concept d’utilisabilité de la culture d’une partie de l’élite doit trouver un moyen de surmonter la diffusion de masse avec des outils simples et une acquisition rapide par les gens ; par exemple un flash mob qui parle de la paix et se réfère à une œuvre d’art qui témoigne d’un lieu symbole d’un génocide. Le projet prévoit une mobilisation internationale des artistes. Le langage de l’art est-il la frontière d’une terre commune qui permet de dépasser les préjugés et les superstructures idéologiques ? Non seulement cela, mais si nous étions déjà capables de faire quelque chose grâce à l’art, ce serait une bonne étape. Nous allons essayer, à partir du dimanche 21 juin au Lazzaretto à partir de 19:15. Nous vous attendons nombreux avec une chaise chacun en signe de bienvenue, Cagliari ne peut pas être fait uniquement de sentinelles debout et de personnes qui écrivent des commentaires racistes sur Facebook. Interview de Pamela Sau PALAZZI 9 VENEZIA

Photo giuliobarrocu

GIULIO BARROCU

iulio Barrocu (Turin 1974), vit à Cagliari depuis environ 20 ans, utilise la photographie comme un moyen d’investigation introspective de la réalité qui l’entoure, en faisant une étude psychologique minutieuse des personnages de la société et des récents événements sociopolitiques qui conduisent au changement des habitudes des êtres humains. Son premier travail, le projet TWINS I MIRROR (2011), exposé dans l’exposition collective MAN RAY PHOTO SCHOOL 2010/2011, est issu d’une recherche qui trouve ses racines dans la psychologie somatique. La représentation des signes du temps sur le visage humain à travers le portrait donne la possibilité de lire et d’interpréter ce que le sujet veut communiquer. En appliquant ce concept avec deux jumeaux, en les faisant participer à des compositions en miroir, leurs similitudes et leurs différences, résultat des expériences de la vie de chacun d’eux, ont été exaltées. L’élément de la psychologie est l’un des thèmes que l’auteur met en avant dans ses recherches, en 2012 il a participé à l’EXPOSITION ÉDUCATIVE LABORATOIRE XVIII - ÉCOLE DE PHOTO MAN RAY avec le projet «Jenny est folle», qui s’inspire d’une chanson italienne d’il y a presque 35 ans, l’auteur met en avant le problème de la dépression, en le liant à la vision d’une femme qui n’est plus jeune et belle comme par le passé, obligée de se débattre dans la vie quotidienne, où tout lui est attribué comme une «responsabilité» et où elle se retrouve seule pour vivre avec sa solitude. L’autre thème développé par l’auteur est celui de la «dénonciation sociale», parfois réalisée avec la simple description de lieux, d’autres fois avec l’expérimentation et la création de décors photographiques dans lesquels l’élément artificiel est mélangé à des aspects de la vie réelle et enfin avec la construction de décors photographiques pour la représentation de problèmes sociaux que son œil curieux intercepte. Dans ce contexte, il a montré à l’exposition photographique «Di-Segni del tempo» organisée par Andrea Gandini pour l’Ass.Culturale Universi Paralleli, le projet «Dublin Passato Presente Futuro» (2011) qui associe l’espace de la vie à l’espace de la ville. (2011) qui associe l’espace architectural antithétique du quartier financier aux visages et aux personnages de la ville, soulignant la contradiction de la société capitaliste en temps de crise. suit page 12)


PHOTOGRAPHIE GIULIO BARROCU


PALAZZI 11 VENEZIA


Photo giuliobarrocu

(suit de la page 9) Un thème qui revient dans «Heaven Knows I’m Miserable Now» (2012) où le mannequin personnifie la crise du monde des jeunes, désespéré par le manque de travail et tente d’interagir avec les citoyens de sa ville qui défilent impassiblement devant son présent misérable. L’élément de crise est également décrit dans le projet «La Questione del Latte in Sardegna» (2012) une image née de l’imagination de l’auteur après avoir vu la marche du mouvement des bergers à Cagliari pendant 2011. L’image se veut une provocation commerciale... ou utilise le langage des mass media et de l’image «créative» pour attirer l’opinion publique sur un problème prioritaire pour le territoire de la Sardaigne. En août de la même année, il était à Berchidda pour le festival JAZZ de Paolo Fresu, et après avoir filmé divers artistes pendant leurs performances, ses photos ont trouvé place sur les sites web de Bill Frisell et Anja Lechner. En avril 2013, il est revenu examiner l’aspect de la psychologie avec une exposition solo intitulée ALONE organisée par la Bartoli-Felter Art Foundation et Pamela Sau à l’Espace SUONI E PAUSE de Cagliari. Dans le projet ALONE combine pour la première fois photographie et installation, chargeant de sens les matériaux et les photos avec lesquels ils sont assemblés. L’œuvre «Moving colors in my mind» rappelle conceptuellement une condition existentielle typique de la vie moderne : la solitude, l’isolement, l’enfermement dans les murs de la maison, la concentration de l’attention sur des éléments apparemment insignifiants sont les symptômes d’une dépression latente. Réassocier les formes, la couleur d’un objet, la texture d’une surface à une sensation ressentie... le souvenir d’un état d’esprit. Ces natures mortes troublantes capturent visuellement des moments où l’homme reste comme hypnotisé et où l’esprit le conduit ailleurs, comme un remède pour s’évader transitoirement de la vie concrète. Metropolis explore la réalité urbaine. Un ziqqurat imposant où l’homme dialogue avec les structures architecturales, ponctué de photographies métropolitaines abstraites. Une mosaïque unique de formes dans laquelle apparaissent les aspects et les contradictions de la société capitaliste. En octobre 2013 il participe avec l’œuvre INNER WAR au collectif «War, peace, free» organisé par Wake Art à Cagliari pour l’anni-

versaire des 70 ans des bombardements sur la ville de Cagliari. L’œuvre est une installation qui fournit une description de l’aspect conceptuel entre le macro cosmos du monde et le micro organisme de l’être humain. Dans le contexte de la définition de la guerre dans son sens le plus commun et le plus générique, INNER WAR explore, par le biais d’une vidéo d’art encastrée dans un globe terrestre, le thème des maladies auto-immunes, «véritables guerres à l’intérieur du corps humain» qui englobent toutes les personnes dans le monde qui en sont affectées. Partant d’une expérience personnelle, l’artiste tente de mettre en évidence ce type de guerres internes que chaque malade doit combattre avec son propre corps, car il est «généré» par son propre organisme, en décrivant les thèmes de la GUERRE «interne» .... et de la PAIX «interne» ...et le désir de LIBERTÉ. Partant d’une similitude entre la façon dont les bombes du bombardement de Cagliari en 1943 ont vu les hommes de la ville et les médicaments vus comme des «bombes» par le corps de la personne qui génère et souffre d’une maladie auto-immune, le voyage vers la dévastation de son propre corps conduit à un champ de guerre où les lacérations de la peau représentent les bombardements de la

guerre. Le thème de la PAIX est abordé avec la revanche d’une condition de transformation et de renaissance... d’une personne «malade» à une personne qui «revient à la vie» avec une essence et un amour limpides. Enfin, le thème de la LIBERTÉ est décrit avec folie et auto-ironie par l’artiste dans un autoportrait de moments de vie vécus avec une légèreté « forcée « et « forte « du désir de revenir à être libre de faire ce qu’il veut... même simplement chanter une chanson. D’avril à juillet 2014, il a participé au projet d’art public Eureca! «The People Experience» réalisé par l’agence Prospekt de Milan, qui implique les photographes internationaux George Georgiu et Vanessa Winship dans une résidence d’artiste. De cette expérience est né le projet «Direzione Colle San Michele», un documentaire sur les quartiers d’Is Mirrionis et de San Michele. En août, il participe au festival Alig’Art - Futuro Interiore, festival de la récupération durable, présente l’œuvre FermoImmagine, le futur front d’Instagram, focalisant avec une lentille et des images de son profil instagram l’attention de l’utilisateur sur la récupération du temps à l’ère de l’économie des réseaux sociaux. Cette même œuvre est accueillie à

Paris dans une exposition à l’atelier Henry Pinta sous le commissariat de Marie Amélie Anquetil les 13 et 14 novembre 2014. Fév 2015 - Nov. 2016 : Projet Nos génocides - Le voyage dans la mémoire - Art participatif sur les génocides du 900’. Conçu et produit par Giulio Barrocu, organisé par Sardonia Italia, sous le patronage de Comune di Cagliari, Save the Children Italia et Unicef Sardegna. «Direzione Colle San Michele» un documentaire sur les quartiers de Is Mirrionis et San Michele. phie, un projet sur la solitude de l’être humain dans la métropole. Titre de l’œuvre TWINS MIRROR. Un projet photographique sur la psychologie somatique. En 2016 il organize en qualitè de président de Sardonia Italia l’exposition des oeuvres de Camille Revel, 52 éléments entre peinture sur bois et scultures exposées au Lazzaretto di Cagliari Sant’Elia et à la Mèdiathèque de la Méditerranée. En 2017 dans le meme cadre organise l’exposition des oeuvres de Sophie Sainrapt au Lazzaretto di C agliari Sant’Elia en coproduction avec Sardonia France dans la suite de la série «Cagliari je t’aime». Canaux sociaux Fb Tw Ig : Ourgenocides, Sardonia, Cagliari je t’aime. www.facebook.com/giulio.barrocu


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La musique de Walking The Labyrinth est également devenue la vedette d’un disque, THE BORGES LABYRINTH & VATICAN CHAPELS LIVE, A SOUNDTRACK EXPERIENCE. En 2020, le compositeur a été le protagoniste d’un projet d’enregistrement similaire, écrivant 11 pièces originales, rassemblées dans l’album Vatican Chapels, a soundtrack experience, publié à l’occasion de la réouverture des petites églises du Vatican de la Fondation Giorgio Cini : en plus de la nouvelle composition, l’album contiendra l’enregistrement de quelques morceaux du concert dédié aux chapelles du Vatican. «Walking the Labyrinth» est une suite en quatre mouvements qui raconte la métaphore de l’existence qui coule à l’envers, vécue à travers l’évaporation, la solidité, le chaos et l’origine de la vie. Evaporation, la fin de la respiration, est une pièce construite en six quartiers, comme les six murs des pièces de la bibliothèque idéale imaginée par Borges. La solidité est la conscience de la maturité, la relation avec ses propres racines et avec celles de Borges, avec l’Argentine et avec son instrument : le bandonéon. Le chaos est le labyrinthe, le centre de la vie et le tourbillon de la recherche de soi à l’époque la plus acerbe et la plus agitée. Elle s’inspire d’un des mouvements du tombeau de Couperin de Ravel et présente une subdivision ternaire qui invite à un sentiment de cyclicité. La cellule mélodique principale prend des résolutions différentes à chaque fois, précisément pour signifier la bifurcation inhabituelle que peuvent prendre les chemins du temps. Le quatrième mouvement est l’origine de la vie, un son numérique non organique qui vient de loin, une étincelle primordiale qui arrive avec une progression rythmique et nous ramène à la condition du début de l’existence, fermant le cercle symbolique de toute la composition». En attendant de pouvoir enfin le visiter, voici des photos et des vidéos du Labyrinthe de Borges... Desirée Maida

(suit de la page 8) et de l’œuvre de l’auteur argentin : ce n’est pas un hasard si Randoll Coate a choisi de rendre hommage, avec son Labyrinthe, au Jardin des bifurcations, un récit de 1941 qui se déroule pendant la Première Guerre mondiale et qui se développe comme une énigme dont le mystère, sous forme de symboles et de labyrinthe, n’est révélé qu’à la fin. « Le Jardin des chemins de bifurcation est une énorme énigme, ou parabole, dont le thème est le temps : c’est cette cause cachée qui interdit de mentionner son nom», écrit Borges dans Le Jardin des chemins de bifurcation. «Omettre toujours un mot, recourir à des métaphores ineptes et à des périphrases évidentes, est peut-être la manière la plus emphatique de l’indiquer. C’est la voie tortueuse que préfère, dans chaque méandre de son infatigable roman, l’oblique Ts’ui Pen.» Le Labyrinthe peut être visité tous les jours sauf le mercredi. Pour y accéder, il faut réserver une visite sur le site www.visitcini.com. Le public pourra parcourir le Labyrinthe accompagné d’audioguides, avec une suite de

plus de 15 minutes spécialement composée par Antonio Fresa, Walking The Labyrinth, qui fait partie du prochain album «THE BORGES LABYRINTH & VATICAN CHAPELS LIVE, A SOUNDTRACK EXPERIENCE», qui contient également des morceaux composés par Fresa pour la réouverture des chapelles du Vatican. Le projet a été créé dans le cadre de la valorisation des activités muséales conçue par Ilaria D’Uva qui, avec sa société D’Uva, opérant depuis 1959 dans l’interprétation du patrimoine culturel par la technologie et dans les services muséaux en Italie, gère les activités d’accueil et les visites guidées de la Fondation Giorgio Cini, des chapelles du Vatican et du Labirinto et est également responsable du San Giorgio Café, le bistrot de l’île. Pour célébrer cette expérience, qui prend la forme d’un fascinant espace muséal en plein air, lumineux, sûr et agréable, il a décidé de poursuivre le parcours musical entamé l’année dernière pour les chapelles du Vatican, en collaboration avec le compositeur Antonio Fresa et Paolo Iafelice d’Adesiva Discografi-

ca : il a donc demandé à Fresa d’écrire une suite de plus de 15 minutes, intitulée «Walking The Labyrinth», qui sera diffusée dans les audioguides multilingues destinés aux visiteurs tout au long de la promenade dans le Labyrinthe, amplifiant ainsi la beauté des parcours. La pièce se présente comme une composition en quatre mouvements et, outre les instruments de l’orchestre du Teatro La Fenice, on y retrouve le son magique du bandonéon (un type d’accordéon fondamental pour les orchestres de tango) magistralement interprété par Ninon Valder, bandonéoniste française, qui propose un voyage à travers les rythmes et la poésie argentins, plein de délicatesse, de joie et de sensibilité. Antonio Fresa, connu pour ses bandes sonores pour le cinéma et la télévision, nominé pour un David di Donatello et un Nastri d’Argento comme meilleur musicien pour Gatta Cenerentola, et toujours auteur passionné de musique évocatrice pour les images, a enregistré sa suite au Teatro Malibran de Venise, en jouant du piano et des claviers et en dirigeant l’orchestre du Teatro La Fenice. PALAZZI 13 VENEZIA

https://www.artribune.com/ arti-visive/arte-contemporanea/2021/06/apre-labirinto-borges-isola-san-giorgio-venezia/


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e GAM de Turin ouvre dans les espaces éducatifs du rez-de-chaussée une exposition consacrée à Luigi Nervo (Turin 1930 2006) conçue et organisée par le département éducatif du GAM en collaboration avec Circoscrizione 5 dans le cadre de la XXIIIe édition de Luci d’Artista promue par la Ville de Turin. L’exposition est l’une des actions prévues dans la troisième édition du projet Incontri illuminanti con l’arte contemporanea - promu depuis 2018 par la Ville de Turin - intitulé cette année Nuovi Equilibri. Les activités éducatives et culturelles prévues dans le cadre des Incontri Illuminati réalisés sur le territoire de la Circoscrizione 5 sont dédiées cette année à l’œuvre et à la figure de Luigi Nervo. En plus de l’exposition au GAM, il y aura une deuxième exposition consacrée au maître, installée dans les espaces du Centre civique de Circoscrizione 5, via Stradella 186, dans la zone où Nervo a travaillé et vécu. Les deux expositions et le volume, publié à cette occasion, sont rendus possibles grâce au soutien économique de la Circoscrizione. Depuis plus de vingt ans, en novembre, Turin allume ses Luci d’Artista (lumières d’artiste), installées dans les espaces publics à l’occasion du mois consacré à l’art contemporain. L’événement est un rendez-vous cher aux citoyens de Turin et un projet culturel apprécié en Italie et à l’étranger, devenant, pour cette raison, un symbole de la ville. À l’occasion de la XXIIIe édition, sur proposition de la Ville de Turin, le GAM a choisi de renouveler la collaboration avec Circoscrizione 5, avec deux expositions qui valorisent l’œuvre de Luigi Via Magenta, 31 - Torino Nervo, l’un des grands protaOrari di apertura: mercoledì e gonistes de la kermesse. Artiste éclectique, Nervo a giovedì: 11.00-19.00; venerdì commencé sa carrière en tant 11.00 - 20.00, que designer pour l’industrie, puis a expérimenté différentes Chiuso sabato domenica formes d’art, se découvrant lunedì e martedì finalement une prédilection pour les matériaux en bois. Qu’il s’agisse de sculptures, de «jeux-machines» ou d’»automates», ses œuvres ont toujours une composante de conte Via Stradella, 186 - Torino de fées ludique et un lien fort avec la terre. Orari di apertura: da lunedì a Avec son célèbre Vento Solare, une installation lumi- venerdì dalle 10.00 alle 18.00 neuse cosmologique repré- www.contemporarytorinopiemonte.it

LUCI D’ARTISTA

PUBLIC PROGRAM PROGETTO INCONTRI ILLUMINANTI CON L’ARTE CONTEMPORANEA

jusqu’au 15 août 2021

GAM – GALLERIA CIVICA D’ARTE MODERNA E CONTEMPORANEA

CENTRO CIVICO DELLA CIRCOSCRIZIONE 5

sentant le soleil d’où partent des rayons multicolores, il fait partie cette année du programme «Luci d’artista 1706» un monument commémorant la bataille de Turin situé au cœur de Lucento. Nervo a passé son enfance dans ce quartier, et aujourd’hui encore, il reste une figure très appréciée grâce à son engagement en faveur de l’art et de l’éducation. Convaincu de l’importance de l’apprentissage par l’artisanat, il s’est efforcé tout au long de sa vie de transmettre ses compétences et ses valeurs lors des cours dispensés à l’Accademia Albertina et des ateliers organisés à l’école primaire Margherita di Savoia et au CADD (Centro di Addestramento Diurno persone con Disabilità - Centre de formation de jour pour les personnes handicapées) de via Pianezza. Les recherches effectuées sur l’artiste ont mis en évidence de nombreux matériaux, sculptures, dessins et documents relatifs à son engagement éducatif dans le quartier, ainsi que le cahier original de Vento Solare, également expression de l’habileté manuelle de l’artiste. Tout cela a été l’occasion de mettre en place l’exposi-

tion-récit au GAM, qui permet d’esquisser la figure de Luigi Nervo dans les sphères artistiques et éducatives et, dans les salles du Centre Civique du District 5, d’explorer son engagement pour le territoire dans les dernières années de sa vie, comme en témoignent ses plus proches collaborateurs, le CADD et le Groupement des volontaires civiques de Lucento. Les activités éducatives et culturelles intitulées «Naturalmente», prévues dans le cadre du projet «Incontri illuminanti con l’arte contemporanea Nuovi Equilibri» (Rencontres éclairantes avec l’art contemporain), comprennent des ateliers pour les enseignants et des laboratoires réalisés avec 13 classes de l’école primaire Margherita di Savoia et des activités avec les utilisateurs du centre d’accueil de l’hôpital Amedeo di Savoia. Le musée a choisi de dédier le projet d’exposition à l’ancien conseiller municipal Fiorenzo Alfieri, décédé récemment dans sa ville natale de Turin, créateur de «Luci d’Artista» et grand ami de Nervo. Le programme d’activités éducatives et culturelles prévu dans la région est enrichi par le livre «Ancora Luce. Luigi

Nervo», réalisé grâce au soutien de la Circoscrizione 5, édité par le service éducatif du GAM, et publié par Silvana Editoriale, qui comprend une trentaine de photos, des textes qui racontent l’expérience éducative et le «Luci d’Artista», ainsi qu’une biographie détaillée éditée par le CDS5 Centro Documentazione Storica della Circoscrizione 5.

ANCORA LUCE LUIGI NERVO dans le cadre du programme public du projet

Luci d’artista XXIIIe édition

facebook/instagram lucidartistatorinoofficial azioneculturale@comune.torino.it


Photo lizjohnsonartur

LIZ JOHNSON ARTUR ée en Bulgarie en 1964, elle vit et travaille à Londres. Depuis plus de trente ans, elle construit une œuvre mêlant la photographie, le film et l’installation autour d’histoires humaines, en particulier celles de la diaspora africaine dans le monde, un travail de documentation rassemblé dans le corpus “Black Balloon Archive”. Liz Johnson Artur a grandi en Europe de l’Est et en Allemagne. Son père était ghanéen et elle a été élevée par sa mère russe. Elle dit qu’elle est “un produit de la migration”. Elle a vécu en Allemagne de l’Ouest pendant trois mois avec sa mère avec un visa de tourisme avant qu’il n’expire ; elles ont ensuite vécu comme des immigrantes illégales. Johnson Artur a passé la plupart de ses journées dans la rue, sans pouvoir aller à l’école en raison de son statut. C’est à cette époque qu’elle fait ses premières rencontres avec des inconnus : “Ce dont je me souviens le plus de cette période, c’est le plaisir que j’ai eu à rencontrer des inconnus dans la rue, je pense que cela m’a beaucoup influencé en tant que

photographe”. En 1985, elle obtient son premier appareil photo et commence à prendre des photos lors d’un voyage à New York. Au cours de ce voyage, elle loge chez une famille russe dans un quartier noir de Brooklyn. Dans une interview accordée à The Fader, elle déclare: “Je n’avais jamais été dans un quartier noir auparavant et je n’ai pas pris de photos à l’époque. Mais le souvenir de ce que j’ai vu m’a donné envie de commencer à prendre des photos”. C’est ainsi qu’a commencé son voyage pour prendre et compiler des photographies de mariages, de fêtes, d’église et de la vie quotidienne. Dans une interview accordée au magazine i-D, Johnson Artur a expliqué qu’elle s’était lancée dans la photographie parce qu’elle “voulait enregistrer la normalité des vies et de la culture noires, ce qui n’est pas souvent reflété dans les médias grand public. ” Pour elle, la photographie était un moyen d’accéder aux personnes et aux espaces qui suscitaient sa curiosité. L’objectif de son travail est de dépasser les stéréotypes sur les Noirs et de représenter

chaque personne comme un individu unique. Johnson Artur a obtenu une maîtrise en photographie au Royal College of Art de Londres et a enseigné au London College of Communication. La photographie est un acte très personnel pour Johnson Artur. Elle a une attitude collaborative envers son travail et établit des liens étroits avec ses sujets afin de respecter la vulnérabilité dont ils font preuve en la laissant entrer dans leur espace. Ce processus confère un sentiment d’intimité à ses photographies, qui ont un caractère inachevé. Bien que certaines photos soient posées, l’attention que Johnson Artur porte à la présentation de soi de chaque individu confère un élément d’authenticité à son travail. Dans un entretien avec The Photographers’ Gallery, elle a décrit ce besoin de représenter le style personnel et les personnes qu’elle capture : “De cette façon, je crois que la photographie peut nous montrer quelque chose de très unique tout en restant familier”. Johnson Artur s’engage à photographier systématiquement des personnes noires dans le PALAZZI 15 VENEZIA

Women In Motion Les Rencontres d’Arles et Kering ont attribué le Prix Women In Motion 2021 à la photographe russo-ghanéenne Liz Johnson Artur RENCONTRE D’ARLES 34 Rue du Dr Fanton, 13200 Arles, France voir les vidéos https://youtu.be/ UUyeBVLqbc4 https://youtu.be/ GzWW8uMtepc https://youtu.be/ UUyeBVLqbc4

monde entier, et à remarquer les diverses esthétiques de ces communautés. Lorsqu’on lui demande si elle considère que son travail est politique, elle répond : “Je prends ce que je fais très au sérieux, mais je ne l’aurais pas nécessairement qualifié de politique si vous ne m’aviez pas posé cette question. Mon travail est politique dans le sens où il s’agit de communiquer, d’être capable de comprendre les luttes des gens, d’apprendre comment nous pouvons vivre ensemble” Le travail de Johnson Artur se concentre sur les thèmes de l’autoportrait et les questions de représentation. Les photographies sont prises dans des espaces publics dans le but de capturer des moments, de se connecter, de voir, d’entendre et de photographier avec authenticité. En prenant la photo, elle établit leur présence. Ces brèves rencontres sont provoquées par le style, la flamboyance et le langage corporel des personnes qui attirent son attention. Ses photographies seront présentées dans l’exposition « Masculinités » pendant les Rencontres d’Arles, à la Mécanique générale, du 4 juillet au 26 septembre. Liz Johnson Artur est la troisième photographe à recevoir ce prix, après Susan Meiselas et Sabine Weiss. « Ce qu’il y a de bien avec ce prix, c’est qu’il porte un coup de projecteur sur des œuvres qui n’ont pas toujours été reconnues à leur juste valeur et il nous alerte sur le fait que reconnaître le travail des femmes photographes ne doit pas avoir lieu juste une fois par an», a-t-elle souligné. Son travail documente la vie des personnes noires de la diaspora africaine. Son travail s’efforce d’afficher et de célébrer le normal, le vibrant et les nuances subtiles de la vie de chacune de ces personnes qu’elle rencontre. Johnson Artur travaille en tant que photojournaliste et photographe éditorial pour divers magazines de mode et labels de disques dans le monde entier, ainsi que sa pratique artistique indépendante. Sa monographie chez Bierke Verlag a été incluse dans la liste des “meilleurs livres de photos 2016” du New York Times. Anne-Lys Thomas www.artnewspaper.fr/news/ lizjohnsonartur.co.uk


tephane Fromm Né le 21/07/1966 …. Ô ce centre errant, vide, hospitalier.Séparés, j’échois à toi, tu échois à moi, échappant l’un à l’autre, nous voyons au travers: Le Même nous a perdus, le Même nous a oubliés, le

nous a — » Paul Celan

Foto sheidasoleimani

Même

Ça confine Le problème de cet acte 2 c’est le jour qui se débine si vite on ne sait si on est vraiment convaincu Ici un convaincu d’hier, vaincu à la lumière matinale et donc repris On verra demain... on va pas se laisser abattre Et en plus pour l’iPhone c’est un supplice ce jour finissant

« Il faut cependant en revenir, devant cette peinture, à la réalité incontournable de la naissance qui de Job à Œdipe nous fait homme et nous condamne à jouir de la vie comme à en souffrir, pour y rencontrer sans cesse l’ombre portée de ce qui n’est plus sur ce qui n’est pas encore, mourir et renaître sans fin, nouvel embryon, rêve d’un autre, fantôme, reflet ou double. Descendant inengendré ou ancêtre survivant, entre la désolation de l’oubli et l’amour de la mémoire homme mortel / immortel défunt C’est ainsi que l’artiste habite le monde, tout en n’étant pas du monde, éveillant ses images en noires métamorphoses sur des plages de lumière, et sans lui le monde ne serait pas. » Michel Mathieu

STEPHANE FROMM jusqu’au

26 juin 2021 Du mardi au samedi de 14 à 18 heures et sur rdv le matin.

Galerie Convergences 22 Rue des Coutures Saint-Gervais, 75003 Paris téL+33(0)6 24 54 03 09 galerieconvergences.com/

’ultime cigarette, Vanités, Descendants inengendrés… les titres choisis par le peintre Stéphane Fromm pour quelques unes des nombreuses séries qu’il réalise depuis plusieurs années sont emblématiques de son désir d’interroger cette impermanence qui préside à toute existence. Sur des surfaces noires, des formes blanches, empreintes ou traces furtives y sont alors comme dans un entre-deux irrévocable et irrésoluble : entre la présence de ce qui se devine et l’absence d’une image définitive, entre figuration et abstraction, entre imagement et effacement, promesse et désillusion, dilution et sédimentation. Ou pour reprendre un extrait d’un texte de Michel Mathieu sur le peintre, se découvre dans ces compositions et figures énigmatiques « l’ombre portée de ce qui n’est plus sur ce qui n’est pas encore ». Bertrand Naivin

Elle est là devant moi, discrète, à peine esquissée, presque suspendue et flottante sur un fond sombre dilué délicatement de ton noir légèrement bleuté. Elle est là tel un petit éclat de lumière blanchâtre, raffinée et tremblée plus que dessinée. Un effleurement, presque une évanescence. C’est une cigarette, m’affirma-t-il. Elle eût pu être souche, boîte, lunette, foule. Elle ne deviendra jamais cendre et ne s’éteindra pas car elle demeure avant toute autre chose peinture, et magnifiquement peinture. C’est son essence même. Elle ne deviendra pas puisqu’elle est déjà. « Ce qui fait la noblesse d’une chose, c’est son éternité », dit Leonard De Vinci. C’est aussi lorsqu’elle est grande et incarnée, ce qui fait la noblesse de la peinture. Lui, c’est Stéphane Fromm, artiste discret, réservé, d’une honnêteté de cœur et d’esprit rares, et peintre très talentueux et inspiré.

C’est d’ailleurs cette très grande élégance pourtant fragile, perçue simplement, qui, lorsque vous découvrez sa peinture, vous enlace et vous émeut profondément. Une évidence humaine et picturale. Aucun artifice, aucun bruit, nulle dissonance, aucune fureur ou pesanteur ne vient accabler votre regard. Nous sommes à l’abri de toute intrusion malvenue, il n’y a plus qu’à voir, se laisser porter et envelopper par une perception des êtres et des choses, ténue et sensible. Un accompagnement guidé par la main d’un artiste convaincu de la nécessité de peindre. Et lorsque le rouge arrive parfois, aucune violence, c’est pour mieux cerner la chose à voir avec pertinence et subtile délicatesse. (…) Denis Martin Petit journal de ce qui sèche, donc parfois en devenir Œuvres en permanence à Galerie Convergences @valeriegrais


’intérêt de l’artiste pour l’urbanisation et le processus photographique se retrouve dans sa première exposition solo au Royaume-Uni depuis plus de quatre ans. C’est le processus photographique qui motive Antony Cairns. Sa nouvelle exposition personnelle CTY_TYO3 TYO4 à la Webber Gallery de Londres, jusqu’au 6 juin 2021, rassemble trois ensembles d’œuvres qui, de diverses manières, exploitent des formes désuètes de technologie pour explorer le concept de «ville» et le processus photographique lui-même. Tout au long de l’œuvre, la ville devient une entité amorphe : un labyrinthe fantomatique et tentaculaire de structures, de corps, de lumières et de formes. Que ce soit Tokyo, Londres, New York ou ailleurs, Cairns se concentre sur l’énergie, l’ambiance et le rythme de ces centres urbains. «Cela a commencé avec Londres, mais au fil des ans, cela s’est étendu à des endroits du monde entier. Je m’intéresse aux grands hubs et aux concentrations de personnes», explique-t-il. «Je veux cette sorte d’archives in-

finies d’images qui montrent ce qu’est une ville ; peu importe laquelle est laquelle.» Pour Cairns, les villes sont des métaphores : des paysages complexes qu’il utilise pour mieux comprendre la nature humaine. La reproduction mécanique, la fonction, la réplication et l’urbanisation sont au cœur de l’œuvre et Cairns s’inspire des idées du philosophe allemand et théoricien critique Walter Benjamin tout au long de l’œuvre. La confrontation de Cairns avec la philosophie de l’art et de sa production a commencé dans le laboratoire de la chambre noire. «Le développement des photos m’a amené à rechercher comment les photographies peuvent être imprimées comme des œuvres d’art, encore et encore, sans véritable original. J’ai commencé à étudier la nature reproductive de la photographie. Elle est toujours liée à la technologie, on ne peut pas y échapper.» Cairns photographie principalement la nuit, tentant de capturer l’ambiance de la ville dépourvue de personnes. Son travail s’inscrit dans la lignée de l’art du paysage noc-

turne : le sentiment d’espace urbanisé l’emporte sur toute compréhension individuelle des rues ou des points de repère. Cairns considère la création d’images comme une forme de voyage dans le temps. En utilisant des matériaux, des outils et des procédés «dépassés», comme le collotype, les cartes perforées et les appareils photo Fisher-Price, il peut analyser et capturer ses paysages dans une perspective non linéaire. La plupart des œuvres présentées dans CTY_TYO3 TYO4 datent de ces dernières années, y compris une sélection de deux nouveaux portfolios TY03 (2019) et TY04 (2020). Les images de ces séries, qui représentent les paysages urbains de Tokyo, ont été imprimées directement sur des formulaires de codage Cobol vintage et des tables de décision IBM, créant ainsi une nouvelle œuvre à partir de ce langage informatique désuet. D’autres œuvres exposées utilisent l’»encre électronique», un matériau que l’on trouve principalement dans les lecteurs électroniques et que Cairns utilise pour créer des photographies composées de pixels liquides. PALAZZI 17 VENEZIA

Photo antonycairns

ANTONY CAIRNS

Dans d’autres images, Cairns imprime numériquement sur des cartes perforées. «Ce vieux langage numérique arrive droit sur vous. De loin, cela ressemble à une grande image, mais quand on s’en approche, on voit tous ces chiffres - un langage numérique», explique-t-il. Le photographe a récemment effectué une résidence chez Hyundai Gapado Air, en Corée du Sud, et a été l’artiste en résidence au Benrido Collotype Atelier, à Kyoto. Il a reçu le prix Hariban en 2015 et a exposé ses œuvres aux Rencontres d’Arles, au George Eastman Museum et à la Tate Modern. «C’est souvent assez flou, mais le travail consiste davantage à essayer de capter l’ambiance de l’espace plutôt que des images réelles et nettes», explique-t-il. «J’essaie d’attacher la sensation de la ville et la façon dont elle peut vous peser. J’ai parfois l’impression que les villes peuvent être des espaces très lourds, tout autour de nous. Nous ne ressentons pas toujours cette lourdeur.» Isaac Huxtable https://www.1854.photography/ é dans l’est de Londres, en Angleterre, Antony Cairns prend des photos depuis l’âge de 15 ans. La ville où il est né est un thème constant dans ses images. Il a choisi son sujet et a entrepris de documenter sa ville, l’endroit qu’il appelle son foyer, une métropole qui est certainement le centre de son univers. Photographe de formation traditionnelle qui a appris son métier au London College of Printing à la fin des années 1990, sa pratique photographique est restée ancrée dans les techniques chimiques. Prenant presque exclusivement des photos sur pellicule noir et blanc, il imprime tous ses travaux, expérimentant souvent des méthodes oubliées ou mises au rebut, et se passionnant souvent pour le processus, ses imperfections et ses bizarreries. Depuis qu’il s’est associé à l’Archive of Modern Conflict en 2007, son travail a également été influencé par certains des trésors photographiques rares et inhabituels de la collection de l’Archive. CTY_TYO3 TYO4 est exposée à la Webber Gallery, à Londres, jusqu’au 6 juin 2021. antony-cairns.co.uk


ROMINA DE NOVELLIS

our le finissage de l’exposition «Archipelagos» nous avons invité la performeuse et artiste Romina De Novellis qui présente «The Last Supper Project» (La Cène), une investigation chorale sur la Méditerranée qui se développe comme une œuvre processuelle et relationnelle à travers des moments d’étude/conversations entre chercheurs qui se rencontrent dans le cadre du programme de résidence Domus dont De Novellis est la directrice artistique. Conçu comme un dîner-installation, The Last Supper est un rituel de partage de nourriture et de connaissances sur ses thèmes favoris : la violence environnementale et sexiste, les soins et la régénération. Après une première phase d’étude qui s’est déroulé à la Fondation Camargo, à Cassis, l’artiste présentera une série de conversations et de dîners préparatoires ritualisés avec certains des chercheurs invités à DOMUS. Celui du 17 juin à l’Institut est le premier de ces dîners. Une seconde étude performative aura ensuite lieu dans la forêt de Fontainebleau dans le cadre du festival d’art contemporain Les nuits des forêts. La phase finale du projet aura lieu à Galatina à la fin du mois de juillet. Invités de la résidence DOMUS, les chercheurs se retrouveront dans un champ d’oliviers desséchés par la bactérie et tous ensemble, ils termineront leur dernière discussion sur la Méditerranée en consommant leur dernier dîner au coucher du soleil. Romina De Novellis est une performeuse, une artiste relationnelle, une spécialiste de l’anthropologie, une pédagogue des pratiques somatiques et la directrice artistique du programme de résidence Domus. Ces différents intérêts et approches, son aptitude à la recherche sur le terrain et sa prédilection pour les processus collaboratifs, se rejoignent dans des œuvres qui s’articulent sur de multiples niveaux, dont le résultat final est une synthèse formelle (performance, tableau vivant, installation, vidéo et photographies) de travaux basés sur des processus orientés vers la recherche et l’engagement social. À travers le projet The Last Supper (La Cène) et la résidence artistique DOMUS à

Galatina, De Novellis ouvre son processus créatif à une investigation partagée des questions contemporaines les plus urgentes, à travers une sensibilité et une perspective artistique féministe et décoloniale, qui vise à combiner la pensée théorique avec les pratiques artistiques et communautaires. Dialoghi sul Mediterraneo est un projet de recherche et création transdisciplinaire dont le but est de créer une semaine de tables rondes et une performance filmée et photographiée. Romina de Novellis souhaite réunir à Galatina, dans les Pouilles, différentes chercheuses de la Méditerranée afin de travailler avec une approche éco-féministe sur des questions de genres/environnement/migrations en Méditerranée. L’artiste prendra aussi ce temps à la Fondation Camargo pour finir le montage de la vidéo de sa performance La Cène au milieu des oliviers malades. A Camargo, elle travaillera en collaboration avec les artistes Mauro Bordin et Pauline Rossignol, également membres de l’équipe de DOMUS. Dans le cadre du partenariat

entre la Fondation Camargo et n projet de perforl’EHESS, Romina de Novellis mance participative participe en tant qu’invitée du dédié à la Méditerprogramme «Art et sciences ranée avec une parsociales». tie de chercheu.se.rs du programme de résidence Domus La Fondation Camargo ac- Artist Residency de cet été et cueille Romina De Novellis le projet «Dialoghi sul Medans le cadre de la résidence diterraneo» en collaboration Dialoghi sul Mediterraneo/ avec Francesca Fiorella. The Last Supper Project, ac- Je remercie les participant.e.s compagnée du co-fondateur d’avoir accepté cette invitade la résidence Mauro Bordin, tion et de travailler à ce projet artiste peintre et de sa collègue depuis deux ans, toujours avec Pauline Rossignol, assistante la même motivation, le même de direction à DOMUS. engagement et malgré les difficultés liées à la pandemie. Cette année, le projet de ré- Merci à elles, merci à eux : sidence/recherche/création Fabienne Brugère, Fabien DOMUS 2021, en collabora- Calvo, Susan Dabbous, Fabiation avec LO.FT, réunit à Ga- na Ex-Souza, Barbara Formis, latina, dans les Pouilles, plu- Severine Kodjo-Grandvaux, sieurs chercheurs, artistes et Pascale Laborier, Guillaume activistes de la Méditerranée le Blanc, #lilianevana et beaupour discuter des questions de coup d’autres invité.e.s qui genre/environnement/migra- ne seront pas là avec nous à tion en Méditerranée avec une l’Institut Culturel Italien, mais approche transdisciplinaire et qu’on retrouvera à d’autres écoféministe. Le séjour à la occasions de présentation de Fondation Camargo a pour ce projet d’ici le 18 Juillet but de travailler sur le pro- lorsque on sera tou.te.s engramme Dialoghi sul Medi- semble à Galatina !!! terraneo, ainsi que de terminer Représentée à Paris par la Gale montage de la vidéo de sa lerie Alberta Pane. performance The Last Supper En collaboration avec among the sick olive trees. l’EHESS, la Fondation Camargo, le MAC VAL, les IICPARIGI - 50, rue de Va- Beaux Arts de Marseille et la renne - 75007 Paris Galerie Alberta Pane.


Les artistes exposés

Foto © Black Sifichi (ADAGP)

Afrika Valeri Alakhov Groupe Assa Elvira Bach Jean-Michel Basquiat Ben Rémi Blanchard François Boisrond Roberto Cabot Marie-odile Camdessus Luciano Castelli Robert Combas Crash Walter Dahn Hervé Di Rosa Richard Di Rosa Groupe Dix10 Jiri Georg Dokoupil Frères Ripoulin Futura 2000 Libres Figurations Speedy Graphito Keith Haring Années 80 Philippe Hortala Louis Jammes EXPOSITION Oleg Kotelnikov du 11 juin 2021 Kriki au 02 janvier 2022 Andrei Krissanov Milan Kunc Tseng Kwong Chi Musée des Beaux-Arts Konstantin Latyshev SaCité dentelle mode mantha Mc Ewen Mis135 Quai du Commerce, sion Totale 62100 Calais Musulmans fumants www.musenor.com/ Timour Novikov musees/musee-des- Ru xiao-Fan beaux-arts-calais Salomé Inal Savtchenkov Kenny Scharf Igor Veritchev Catherine Viollet VLP

ous avons le plaisir de participer à l’exposition Libres Figurations Années 80 / Musée des Beaux-arts, Cité dentelle mode CALAIS EXPOSITION 11/06/2021 > 02/01/2022 Le Musée des beaux-arts et la Cité de la dentelle et de la mode de Calais, en association avec le Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la Culture, proposent «Libres Figurations – Années 80», une exposition temporaire qui se déploiera dans les vastes espaces des deux musées dès le 11 juin 2021. Art non académique, le mouvement des Libres Figurations se dévoile à travers plus de 200 œuvres de 50 artistes et groupes d’artistes internationaux ayant marqué ces années emblématiques (1979-1986) par leurs créations effervescentes, vitales, qui ont bousculé les codes de l’Art. À Calais, ce nouveau volet de l’exposition produite à Landerneau en 2017-2018 s’enrichit d’œuvres inédites, notamment en matière de mode et de design, tout en rassemblant peintures, sculptures, films, vidéos, affiches, musiques et documents d’archives, de

ce courant artistique original et provocant, inspiré de la culture populaire, né dans la rue, dans les clubs, dans les revues autant que dans les ateliers. Elle rassemble plus de 200 oeuvres et évoque cet univers à travers peintures, sculptures, films, vidéos, photos et documents d’archive… «Libres Figurations – Années 80» raconte les différents épisodes de cette histoire et se veut un témoignage sur cet art non académique, souvent provocant, inspiré de la culture populaire, né dans la rue, dans les clubs, dans les revues autant que dans les ateliers et qui entretient un lien très fort avec la scène rock, punk et la bande dessinée. Au coeur de sa conception figure le dialogue entretenu par la commissaire avec les artistes ou les acteurs des libres figurations pour le choix des oeuvres qui proviennent de musées internationaux, de grandes collections privées ou sont prêtées par les artistes eux-mêmes afin de créer un événement vivant reflétant la réalité de ce mouvement international. Dans les « eighties » le courant artistique des Libres Figurations se répand partout

dans le monde. Effervescent, très lié à la scène rock, punk et à la Bd. Et partageons le plaisir du 7ème art avec Atmosphères. C’est Jean Marc Delcambre qui dirige l’association Atmosphère qui offre 2 soirées ciné-club par semaine. Pendant le mois de juin le Festival ECRAN 2 VALENCIENNES en parallèle avec l’exposition. jusqu’en septembre. Tout en célébrant les 40 ans du mouvement, «Libres Figurations – Années 80», dont le commissariat est assuré par Pascale Le Thorel, constitue la première exposition mondiale à porter un regard rétrospectif et historique sur la période, en réunissant les stars de tous les continents, et s’inscrit dans la volonté des musées de Calais de programmer des expositions à destination du grand public. «J’ai toujours pensé que cette exposition aurait pu s’appeler « Punk, rock & roll, sex and drugs ». Les années 80 c’était un moment d’infinie liberté avant que le monde ne se referme avec le Sida» Pascale Le Thorel PALAZZI 19 VENEZIA

http://dix10.net


JACQUES PREVERT

Foto robertdoisneau

ous sommes le 25 février dernier, et cela se passe dans une classe (virtuelle) du Toronto District School Board. Nadine Couvreux, une enseignante d’expérience, tient une rencontre dans le cadre de son cours d’immersion en langue française donné à des élèves de 16 ans. C’est un moment consacré à la poésie. L’enseignante distribue (virtuellement) deux textes qu’on étudiera : un poème de L.S. Senghor et un autre de Prévert intitulé «Pour toi mon amour». Le voici : Je suis allé au marché aux oiseaux Et j’ai acheté des oiseaux Pour toi Mon amour / Je suis allé au marché aux fleurs Et j’ai acheté des fleurs Pour toi, Mon amour / Je suis allé au marché à la ferraille Et j’ai acheté des chaînes Pour toi mon amour / Et puis je suis allé au marché aux esclaves Et je t’ai cherchée Mais je ne t’ai pas trouvée, Mon amour. Une personne de la classe demande quand ce texte a été écrit et s’il fait partie du matériel pédagogique de la commission scolaire ou a plutôt été choisi par l’enseignante. Le cours se termine. Le soir, son directeur appelle Mme Couvreux chez elle pour l’informer… qu’on parlera d’elle au téléjournal ! À la chaîne City News, on rapporte en effet la grande nouvelle : une élève révèle qu’on enseigne un texte raciste et qui fait référence à l’esclavage, comme le prouve d’ailleurs le texte de Prévert qui apparaît à l’écran, traduit en anglais. On donne la parole à l’élève, invisible et voix modifiée, qui dit avoir été profondément offensée. Mme Couvreux sera suspendue durant quelques semaines, puis rencontrée sur Zoom par un comité qui lui infligera une sanction disciplinaire. La lettre qu’on lui envoie ensuite précise que si de tels événements devaient se reproduire, elle pourrait même être congédiée. Ce sont des spécialistes de Prévert et les éditeurs de son œuvre en Pléiade, Danièle Gasiglia-Laster et Arnaud Laster, qui ont porté cette histoire à mon attention et je les en remercie. On le sait, hélas : des événements

semblables, qui concernent les arts et la littérature, se multiplient depuis quelques années. Les censeurs se mettent vite en action et réclament, trop souvent avec succès, qu’on interdise un mot, des propos, des œuvres, des sujets, des spectacles. Cela se passe parfois hors de l’école (le procès Godbout, l’affaire SLĀV…) et parfois, comme ici, en son sein (le mot en n à l’Université d’Ottawa, un professeur de philosophie qu’on rapporte avoir été sanctionné en France pour avoir montré en classe «L’origine du monde», de Courbet, le drame Samuel Paty). S’il existe certes de rares bonnes raisons d’interdire une œuvre littéraire ou artistique, on sait très bien les immenses dangers qu’il y a, pour nous tous et toutes, à le faire. «Toute licence en art »: le mot d’ordre d’André Breton, devrait être notre règle générale, dont on ne s’écarte qu’exceptionnellement. On devrait pour cela savoir distinguer l’homme de l’œuvre et ne pas récuser celle-ci en raison de défauts de son auteur ; on devrait savoir que, par nature, art et littérature explorent et font parfois connaître des univers bouleversants, choquants, voire malsains, mais que cela ne signifie pas que leurs créateurs les approuvent ou en font la promotion

; on devrait enfin avoir appris à ne pas condamner sans appel une œuvre d’hier parce qu’elle ne correspond pas à nos valeurs actuelles. Mais s’agissant de l’école, les choses sont différentes et typiquement plus complexes. L’âge des élèves doit bien entendu être pris en considération, ainsi que leur sensibilité et les savoirs préalables nécessaires pour pouvoir comprendre et apprécier une œuvre. Cela demande de la culture et du jugement. Les personnes qui ont condamné Mme Couvreux, des adultes, manquaient absolument de l’une et de l’autre. C’est un drame. Un drame aggravé du fait qu’elles occupent des postes décisionnels en éducation. Qu’une jeune personne soit incapable de comprendre un texte, surtout s’il est d’une autre culture que la sienne, est compréhensible : elle est justement là pour apprendre. Mais que des adultes occupant des postes d’autorité en éducation en soient incapables est terrifiant. Qu’une journaliste fasse un aussi mauvais travail l’est tout autant. Ignorance crasse, paresse intellectuelle, incapacité de simplement lire, absence de toute recherche sur un sujet avant de prendre une décision ou d’aller en ondes : voilà le cocktail qu’on

nous a servi et qui tend à faire de Prévert, l’antiraciste (« Le racisme et la haine ne sont pas inclus dans les sept péchés capitaux. Ce sont pourtant les pires »), un raciste, voire un esclavagiste. Derrière cette ignorance mâtinée de lâcheté, dangereuse pour l’idée même d’éducation, il y a aussi cette tendance à accorder d’emblée un immense crédit aux sensibilités offensées. « Je suis offensé » vaut désormais pour certains toutes les démonstrations, et on ne prend pas la peine de penser et d’examiner les faits. La cause est entendue, le dossier clos, la sanction prononcée. Voilà ce dorlotage, si répandu en éducation, que Greg Lukianoff et Jonathan Haidt ont brillamment décrit et dénoncé comme dangereux et contre-productif et par lequel on invite à adhérer, à tort, à un triple faux et dangereux credo: « ce qui ne vous tue pas vous rend plus faible » ; « il faut toujours faire confiance à ses sentiments » ; « la vie est une bataille entre les gens bons et les gens mauvais » vous-même, étant offensé, faisant sans aucun doute possible partie du deuxième groupe. Normand Baillargeon https://www.ledevoir.com/.../ chroniques/610281/ils-ont-ose


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