Palazzi A Venezia le supplément Mars 2021

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Foire Internationale de Venise Niki de Saint Phalle Lea Vergine La Cochenille Sophie Sainrapt Jeanne Hébuterne Courtney Mattison Sophie Rambert Costantino Nivola à New York Dietrich Steinmetz Marinella Senatore Festival Circulation(s) Teresa Burga Olga Suvorova Supplément au Palazzi A Venezia Mars 2021


APPEL AUX ARTISTES : FOIRE INTERNATIONALE D’ART DE VENISE 2021

PALAZZI A VENEZIA Publication périodique d’Arts et de culture urbaine de l’association homonyme régie par la Loi de1901 ISSN/Commission Paritaire : en cours Distribution postale/digitale Président Directeur de la Publication Vittorio E. Pisu Comité de Rédaction Marie-Amélie Anquetil Arcibaldo de la Cruz Vittorio E. Pisu Rédactrice S’Arti Nostra Demetra Puddu Rédactrice Mode & Vacances Virginie Bapea Supplément à l’édition de Palazzi A Venezia du mois de mars 2021 Tous droits reservés Projet Graphique Maquette et Mise en Page L’Expérience du Futur

29/30 mars - 18 avril 2021 Date limite prolongée: 11 mars 2021 La Venice International Art Fair est une foire d’art contemporain qui présente des projets collectifs et individuels d’artistes internationaux de premier plan et émergents. La 13e édition représentera un forum d’échange direct d’idées et de contacts entre collectionneurs, artistes, photographes, designers et professionnels de l’art. La foire d’art présente des peintures, des sculptures, des photographies, des installations, de l’art vidéo et des performances en direct. La Venice International Art Fair, organisée par ITSLIQUID Group en collaboration avec Venice Events et ACIT Venice, Association culturelle italo-allemande, se tiendra à Venise, à l’espace d’art contemporain THE ROOM, au Palazzo Albrizzi-Capello et dans d’autres lieux prestigieux et bâtiments historiques, du 29 mars au 18 avril 2021.

Concept de protection COVID-19 - La santé et la sécurité de notre personnel et de nos visiteurs sont d’une importance primordiale pour ITSLIQUID Group. Correspondance Le présent concept de protection régit la manière dont nous vittorio.e.pisu@free.fr entendons opérer après la fin du palazziavenezia@gmail.com lockdown italien, les règles qui https://www.facebook.com/ seront appliquées à l’intérieur Palazzi-A-Venezia des espaces d’exposition et la https://www.vimeo.com/ manière dont elles seront mises en œuvre dans la pratique.

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e supplément de Palazzi A Venezia, né par hasard et dans une autre veste typographique que son parrain le mensuel, m’ est devenu presque plus cher que son ancêtres bien qu’il n’ait pas encore rejoint deux ans de vie, et comme tout les petits il m’inspire une certaine tendresse et dans le même temps il me donne l’impression d’une plus grande liberté d’expression. Au départ il devait traiter de la mode et ces dimensions devait pouvoir lui permettre d’afficher dans son milieu, et en souvenir du centerfold de playboyesque mémoire, une photo à la dimension A2 qui aurait pu devenir un poster, bien qu’il ne s’agissait pas au début (mais qui sait?) d’afficher des images de jeunes femmes charmantes et dotée d’une nature plantureuse. Mais loin de callipygie nous avons décidé dernièrement d’inviter des photographes des deux sexes à illustrer avec leurs images le centre de ces feuilles qui sont généralement dédiée à l’Art sous toutes ses formes et en ce mois de Mars qui voit généralement la célébration de la Journée Internationale des Droits de la Femme (à ne pas confondre avec la Fête de la...)à des artistes femmes bien que cela soit plutôt courant de par ces pages . Bien sur le photographe choisis ce mois ci c’est un homme mais comme c’est en quelques sortes un immigré c’est avec plaisir que nous lui offrons l’espace pour publier quelques unes de ses très nombreuses photos Pour le reste nous sommes toujours au milieu du guet et bien que l’on nous promette de toutes parts la fin de cette pandémie le vaccin tarde et les bouffonnades auquel les pouvoirs (sic) publics nous ont désormais habitués, continuent de plus belles. Heureusement certaines contrées, comme la Sardaigne ou je me trouve et d’ou je vous concocte ces pages, ont été classée en zone blanche, ce qui veut dire que certaines constrictions se sont allégées, telles que l’ouvertures le soir des restaurants mais dans des conditions draconiennes de distance et protection individuelle, un couvre feu entre 23 heures 30 et cinq heure du matin (c’est un peu le même horaire que le début des guerres vous avez remarqué? je n’ai jamais compris pourquoi on ne pourrait pas faire la guerre à partir de quatre heures de l’après midi, juste après la sieste, avec armistice à l’heure de l’apéro quoi) bien que les Musées et les galeries d’Art ne puissent pas ouvrir le weekend end, j’imagine que c’est pour permettre que les centres commerciaux ne soient pas vide samedi et dimanche. Enfin on progresse ou on fait semblant de, les artistes n’ont pas arrêté et même les expositions, à tout le moins ici, mais j’ai l’impression qu’à Paris aussi, ont repris avec toutes les restrictions requises par les différents ukases des nombreux responsables (sic) en charge. Ce mois ci le printemps arrive alors que je vois déjà mes rosiers bourgeonner j’espère vraiment que l’avenir nous soit agréable et que les nombreuses initiatives qui ont été décalées, retardées ou même annulées en l’atteinte de temps meilleurs, reprennent et ne nous confinent pas devant un écran, parce que les défilés en ligne c’est bien mais les embrassades en vraie c’est mieux. Mon choix est comme d’habitude très éclectique et disparate sautant du coq à l’âne mais c’est comme cela, de plus je reviens souvent sur les même comme Marinella Senatore, dont on avait déjà parlé à cause de son stage à Aubervilliers et bien entendu Sophie Sainrapt qui reviens souvent et c’est normal. Vous remarquerez le nombre impressionnant de vidéos qui lui sont dédiées dont au moins six ou sept par mes soins, l’ayant rencontrée il y a plus de vingt ans à l’Orangerie du Senat et ne l’ayant plus quittée jusqu’à l’inviter dans la série d’expositions «Cagliari je t’aime» en Sardaigne. Sans parler de son époux Pascal Aubier, cinéaste, scénariste, metteur en scène, producteur, acteur et auteur de nombreux livres dont un dernier sur le cinéma of course, avec qui j’ai eu le plaisir l’honneur et l’avantage de réaliser une série vidéo diffusée sur le web au titre de «Qu’est ce que c’est que le cinéma» que vous pouvez consulter sur la page homonyme de Facebook. En espérant que les indications, les informations, les suggestions que je vous propose dans ces quelques pages vous plaisent et vous donnent envie de vous déplacer, de chercher à en savoir plus, de même qu’en faire profiter vos ami(e)s et connaissances, si ce n’est de vous lancer vous aussi dans une production artistique que vous avez presque toujours renvoyait au lendemain. Cette période que l’on à qualifier de réflexion nous a peutêtre aidé à nous poser des questions sur notre quotidienneté surement altérée, alors j’attends vos élucubrations. Merci, nous en parlerons ici même. Vittorio E. Pisu


atherine de SaintPhalle, dite Niki de Saint Phalle, née à Neuillysur-Seine (département de la Seine) le 29 octobre 1930 et morte à La Jolla (comté de San Diego, Californie, États-Unis) le 21 mai 2002, est une plasticienne, peintre, sculptrice et réalisatrice de films franco-américaine. Niki de Saint Phalle a d’abord été mannequin, puis mère de famille avant d’aborder l’art en autodidacte. Elle n’a suivi aucun enseignement artistique académique, mais s’est nourrie d’abondants échanges artistiques avec ses aînés et contemporains. S’inspirant de plusieurs courants, art brut, art outsider, elle a commencé à peindre en 1952. En 1961, elle est membre du groupe des Nouveaux réalistes, tout comme Gérard Deschamps, César, Mimmo Rotella, Christo et Yves Klein. D’abord épouse de Harry Mathews, avec qui elle a deux enfants, elle se marie en secondes noces avec l’artiste suisse Jean Tinguely en 1971. Avec lui, elle va réaliser un grand nombre de sculptures-

architectures, soit sur commande, soit pour le simple plaisir. Ensemble, ils ont réalisé en France la fontaine Stravinsky sur commande d’État à Niki, et Le Cyclop, création de Jean, sans permis de construire. Outre les Tirs, performances qui l’ont rendue internationalement célèbre dès les années 1960, Niki a créé un très grand nombre de sculptures monumentales dans des parcs de sculptures. Certaines ont été réalisées sur sa propre initiative et avec ses deniers personnels comme celle du jardin des Tarots en Toscane, ou du Queen Califia’s Magical Circle, dans le parc de Kit Carson à Escondido, dans la ville de Escondido, (Californie) . D’autres ont été commandées par des États ou des collectivités locales. À Jérusalem, la municipalité lui commande en 1971 un monstre pour enfants, Le Golem, inauguré en 1972 dans le parc Rabinovitch, qui porte désormais le nom familier de The Monster Park. En 1994, la Jerusalem Foundation lui passe une deuxième commande pour le

Zoo biblique. Niki produit un ensemble de sculptures d’animaux intitulé L’Arche de Noé qu’elle termine en 1998. En 1987, François Mitterrand lui commande, conjointement avec Jean Tinguely, la fontaine de Château-Chinon. Jouant de sa beauté, de son talent à porter les toilettes les plus étranges, l’artiste a très vite attiré l’attention des médias sur elle et du même coup sur le couple qu’elle forme avec son compagnon devenu ensuite son époux, Jean Tinguely. Mais si les médias se sont laissé prendre par cette apparente désinvolture, les historiens de l’art, comme Camille Morineau, Pontus Hultén ou Amelia Jones, ont bien retenu d’elle ses œuvres fortes, démesurées, et ses prises de risques. Niki de Saint Phalle laisse derrière elle une œuvre immense dont elle a fait de généreuses donations en particulier au Sprengel Museum Hannover et au musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice. Elle a défendu la postérité de son compagnon en œuvrant pour l’ouverture du musée Tinguely à Bâle. wikipedia.org PALAZZI 3 VENEZIA

Foto bertstern

NIKI DE SAINT PHALLE

Née d’une mère américaine, Jeanne-Jacqueline Harper, et d’un père français, André Marie Fal de Saint-Phalle, elle est le deuxième enfant d’une famille de cinq (John, MarieAgnès, Claire, Elizabeth, Richard). Confiée pendant trois ans à ses grands-parents qui vivent à la campagne, dans la Nièvre, elle grandit ensuite à New York et se marie à l’âge de dix-huit ans avec le poète Harry Mathews, un ami d’enfance qui fait alors son service militaire. C’est d’abord un mariage civil, puis sur l’instance des parents de Niki, les jeunes gens procèdent à un mariage religieux à l’église française de New York. Pendant longtemps, elle cache un lourd secret, le viol par son père à l’âge de onze ans, qu’elle révèlera en 1994, à soixante-quatre ans, dans son livre Mon secret. Elle travaille d’abord comme mannequin, pour Vogue, Life et Elle encouragée par le peintre Hugh Weissnote . En 1953, à 22 ans, « victime d’une grave dépression nerveuse », elle est soignée en hôpital psychiatrique. Les électrochocs qu’elle y reçoit altèrent sa mémoire. « J’ai commencé à peindre chez les fous… J’y ai découvert l’univers sombre de la folie et sa guérison, j’y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l’espoir et la joie. » C’est là que commence sa carrière, à l’image des artistes de la Collection de l’art brut de Jean Dubuffet. L’exposition parisienne de 2014 au Grand Palais « révèle la proximité de Niki de Saint Phalle avec Jean Dubuffet (1901-1985), le théoricien de l’art brut». Vers 1955, elle voyage en Espagne avec son mari et découvre les jardins de Gaudí. À Paris, où elle trouve son inspiration au musée d’art moderne, elle rencontre Jean Tinguely qu’elle épousera en 1971, après avoir divorcé de Harry. Les Tirs, performances durant lesquelles l’artiste tire à la carabine sur des poches de peinture, éclaboussant de couleurs des tableauxassemblages, la rendent célèbre au niveau international dès 1960. Elle les dédie souvent à d’autres artistes qui participent eux-mêmes aux tirs : Tir de Jasper Johns, (suite à page 4)


Fhoto Stedelijk Museum Amsterdam. (suit de la page 3) Hommage à Bob Rauschenberg (Shot by Rauschenberg). Ces hommages amènent à une étonnante performance collective à l’ambassade des États-Unis à Paris le 20 juin 1960, au cours de laquelle Robert Rauschenberg se lance dans un de ses Combine painting, pendant que David Tudor joue du piano en tournant le dos au public, que Tinguely présente une machine à strip-tease, et que Niki organise un tableau-cible auquel Jasper Johns ajoute des fleurs. À cette époque, Niki intègre le cercle des Nouveaux Réalistes, participant à l’exposition organisée par Pierre Restany « À 40 degrés au-dessus de Dada » à la galerie J, dirigée par la femme de Restany, Jeannine de Goldschmidt. De juillet à septembre 1961, elle est au « Festival des Nouveaux Réalistes» à la galerie Muratore de Nice, organisée encore par Restany. Puis elle participe à l’exposition « Le Nouveau Réalisme à Paris et à New York » organisée à Paris, toujours par Restany à la galerie Rive droite. Elle crée des ex-voto, puis des Nanas, femmes plantureuses

et colorées en grillage, papier mâché et polyester. Ses œuvres plus tardives sont la Fontaine Stravinsky à Paris entre l’église Saint-Merri et le centre Pompidou, le Jardin des Tarots à Capalbio en Toscane, ou les Tableaux éclatés, dont elle a baptisé les trois premiers exemplaires Méta-Tinguely en hommage à son compagnon. Des Tableaux éclatés se trouvent à l’espace Niki de Saint Phalle-Jean Tinguely du musée d’art et d’histoire de Fribourg. Sa dernière œuvre monumentale est un parc de sculptures en Californie: Queen Califia’s Magical Circle. Selon sa petite-fille, Bloum Cardenas, Niki et Jean ont toujours parlé ensemble de leur mort respective et de ce que deviendrait leur œuvre : « Ils reformulaient sans cesse leurs testaments, ainsi que les détails des devoirs dont serait chargé celui qui survivrait à l’autre. Malgré la santé fragile de Niki, Jean aimait à dire : “Elle nous enterrera tous”, ajoutant que sa propre œuvre disparaîtrait avec lui. Cette boutade, et le fait qu’il ait disparu avant elle, Niki l’a pris comme un défi : elle s’est

battue contre tous pour que le musée Tinguely existe. » En 1992, elle réalise L’Arbre aux serpents, exposé dans la cour du musée des beaux-arts d’Angers. En 1994, pour des raisons de santé, elle s’établit à La Jolla, en Californie, elle y installe son atelier où elle crée de nombreuses sculptures et de moins en moins de peintures17. Elle y reste jusqu’à sa mort. L’artiste, dont les poumons ont été rongés par les poussières de polyester qu’elle découpait pour ses sculptures, souffre d’insuffisance respiratoire depuis la fin des années 1970, et de polyarthrite rhumatoïde depuis le début des années 1980. Elle meurt, le 21 mai 2002, veille de l’anniversaire de naissance de feu Tinguely, à l’hôpital de San Diego, des suites de son insuffisance respiratoire chronique. Niki de Saint Phalle a soutenu plusieurs causes : celle des Noirs américains, celle de la libération des femmes du patriarcat, celle des malades atteints du sida (elle s’est engagée dans l’association AIDES, et a réalisé avec son fils un film sur le sujet). wikipedia.org

uand j’avais 16 ans, je rêvais de parler à Borges. Je lisais L’Aleph, dans le bus qui me conduisait de la maison à l’école, et je n’avais qu’une envie : parler à Borges (quand je pense à la tendresse, fondement de la compassion, je pense encore à La Maison d’Astérion : innocence et désarmement dans la solitude de l’anomalie et le malentendu qui s’ensuit). Mon désir a rencontré une amarre. Me surprenant avec le livre dans les mains (la lecture se poursuivait sur le petit mur en face de l’entrée) mon professeur de philosophie m’a dit qu’elle était allée en Argentine pour voir Borges. Elle a ajouté : «Allez-y, lisez-le, mais vous ne le comprendrez pas maintenant. Plus tard.» Ne pas comprendre un livre, c’est comme lire un livre vierge, ai-je pensé, c’est un exercice d’imagination. Ou peut-être pas, c’est comme l’écrire. Mais la donnée, sur laquelle j’exercerais la méthode inductive, était : elle est allée voir Borges. C’est possible. Bien sûr, je ne pouvais plus le faire, mais, en général,


Foto barbara crane navarro

LEA VERGINE on pouvait chercher et rencontrer quelqu’un juste pour le plaisir de lui parler. Je repense à ce fait chaque fois que je me résous à prendre le téléphone et à appeler quelqu’un pour un entretien. Et ça m’a encore aidé cette foisci, plus que toute autre fois. L’appel téléphonique avec Léa Vergine a duré environ vingt minutes. Elle m’a soumis à une sorte d’examen et, seulement à la fin, m’a dit «OK, viens chez moi tel jour». J’étais tellement excité que j’ai dû dire quelque chose: ... parce que, vous savez, je suis aussi de Naples. - Je sais, je le sens. Et quel âge avez-vous ? - Quarante. - Et qu’avez-vous fait jusqu’à présent ? - Tout ce qui était nécessaire pour soutenir cette conversation «Quand arrive le moment, après de longs mois d’atermoiements, où l’on ne peut plus différer la rédaction d’une introduction qui est à la fois un cimento et un certame, on fume quarante ‘serraglios’ par jour, on s’enferme dans la maison en espérant tomber malade, on se régale d’anxiolytiques, on lit Gian

Battista Vico, nous recueillons les notes éparses, les larves, les échelles, déposées dans l’espoir que - tant - alors - à ce moment-là - il suffira - de les - coudre - ensemble - parce que - maintenant - tout - est dans - la - tête, nous implorons l’attention de quelque figure amie et nous lui lisons le résultat de tout cela.» C’est l’incipit de L’altra metà dell’avanguardia 19101940, Pittrici e scultrici nei movimenti delle avanguardie storiche, Mazzotta editore, 1980. La moitié qui s’est suicidée, Lea dirait. Un livre fondamental pour l’histoire de l’art contemporain, comme tous les livres de Léa Vergine, qui sont souvent le résultat de recherches sur le terrain ayant abouti à des expositions mémorables. Je suis plus ou moins dans le même état maintenant, au moment où j’écris. À part le sérail (je n’ai pas fumé depuis que j’ai commencé à chanter) et les anxiolytiques (que je remplace par des méditations transcendantales et du jardinage), sinon, c’est pareil (et la figure amie est presque toujours Milù, mon chat siamois). Je procède par audace et par

fragments. Je cherche des signes et des suggestions partout. Je cherche des justifications : La première phrase est toujours la plus difficile (Wisława Szymborska). Je m’enfonce. Plus je veux dire l’importance de quelque chose, plus je m’enfonce. Je pourrais écrire ici les questions que je n’ai pas posées. Par exemple : « Dans le texte L’autre moitié de l’avant-garde (celle des femmes artistes), il y a une phrase définitive : « Il était une fois une princesse qui lisait un livre lorsque le bourreau lui toucha l’épaule pour lui signifier que l’heure était venue, et elle, se levant, mit un coupe-papier entre les pages pour ne pas manquer la marque et ferma le livre. (Anonyme). L’avez-vous écrit ?» Mais on n’a jamais le temps de tout demander. Et il ne faut jamais tout demander. Et il y a une différence entre demander et se demander. Vous demandez pour obtenir, vous demandez pour savoir. Je l’ai entendue le dire, Lea Vergine, dans une autre interview, alors que je préparais la mienne. Et j’ai donc pris soin, alors, PALAZZI 5 VENEZIA

de ne pas demander mais de questionner. Un petit insecte vert, une sorte de grillon minuscule, se promène sur les pages du livre ouvert à côté du clavier et parcourt la phrase : L’art est une question de forme. Si nous écoutons un chant grégorien ou ambrosien ou un nocturne de Chopin, nous sommes conscients qu’il s’agit de splendides morceaux de musique, différents les uns des autres, mais tout aussi intenses. Parce que leur forme est parfaite, au-delà du temps et de l’espace. Il en va de même pour l’art. L’insecte vert est bien plus doué que moi pour trouver des idées où commencer. C’est le titre du beau livre, «Open Side by Side», publié par Rizzoli en 2016, dans lequel Lea Vergine, en conversation avec Chiara Gatti, raconte son histoire personnelle, de son enfance à Naples, divisée entre deux familles, à sa vie d’adulte et au choix de la profession de critique (une profession non-conformiste même aujourd’hui, et encore moins à l’époque, dans les années 1970, et pour une femme), jusqu’à sa rencontre avec Enzo Mari et son arrivée à Milan. Elle ne dira qu’une phrase sur Enzo Mari. Et même lorsque j’aimerais parler de lui, au cours de la conversation, par une manœuvre très astucieuse, je retourne la question et je me retrouve encore sous le feu des projecteurs, complètement dépourvue, à devoir chercher les mots pour vous dire combien votre mari a été crucial pour moi. Mais revenons-en à Léa. Qui sont les personnes décentes ? Ce sont ceux qui ont du bon sens, surtout du bon sens. Qui se demandent peu de choses et toujours ces choses, dit Léa. Alors que, d’autre part, l’art déchire. Elle fait ressortir tous les traumatismes, conscients et inconscients, elle fait revivre toute la douleur en elle. Mais la douleur n’est pas toujours néfaste, c’est aussi quelque chose qui ouvre le cerveau et permet de comprendre, ajoute-t-elle. On en revient toujours là, à cette question centrale qu’est la dignité alliée à la tendresse de ne pas se contenter d’une compréhension sommaire. Car, de quelque point de vue qu’on le regarde, l’humain ne demande que de la tendresse. (suit page 6)

voir la vidéo https://youtu.be/ 23VYKZ-BXTw


Foto fabriziopessi

(suit de la page 5) Aujourd’hui même, alors que tout ce qui nous entoure nous dit : nous n’étions pas dignes, nous ne méritions pas tout cela. Et juste quand le démon de la haine semble revenir pour nous posséder. L’humain ne demande que de la tendresse, car tout est dans le paradoxe d’être à la fois tenace et fragile. Et le regard qui déteste est le plus fragile de tous. Naples m’a donné cette leçon en son temps, de sa férocité exprimée en chanson, de sa douleur sans jamais se plaindre, dans ses larmes cachées. On ne peut pas avoir une relation facile avec Naples. Il faut se contredire fréquemment, par exemple, pour être cohérent, et il faut porter sur soi un regard multiple et non singulier, une pluralité qui annihile les impulsions contraires. C’est pourquoi on se sent dans une suspension magique, en marche, dans une danse inexplicable qui, vue de l’extérieur, fait trembler les poignets avec une audace téméraire. Lea est née à Naples et nous parlerons longuement de Naples. La tentative d’éperonner les certitudes, celles des gens respectables, traversera la trame subtile de ses propos, même si «L’art ne nous apprend rien sur la vie, tout comme la vie ne nous apprend rien sur l’art», comme le dit la phrase de Morton Feldman, extraite de Pensieri Verticali, dans l’introduction du livre. Mais qu’est-ce que l’art et à quoi sert-il, quel usage peut-on en faire, finalement ? Les termes doivent toujours être réécrits. Et c’est un privilège, entre humains, de les réécrire sans cesse et d’ouvrir grand l’horizon, la voûte céleste et les profondeurs de l’abîme. Tant que nous pouvons gérer l’insoluble, le mystère est sauf. Et tant que le mystère est sauf, l’espoir est sauf, que certains appelleront une illusion, d’autres un rêve. Se remettre, avec une fureur systématique, devant cet êtrelà, en doutant de tout sens mais élégamment serré dans un châle près du feu de la conscience, en buvant à petites gorgées un vin millénaire, en s’attardant de temps en temps pour méditer sur les pages d’un livre vide (voilà, encore). L’exercice total de l’art est peut-être ceci. Il vous offre le privilège de ne

pas comprendre un livre que vous ne pouvez pas arrêter de lire. Un livre indéchiffrable ou un livre vide, et vous continuez à lire. Être absolument centré dans l’ajournement continu. Aller au rendez-vous avec le grand amour et prétendre que ce n’est pas une question de vie ou de mort. Se payer le luxe de ne pas dire la seule chose qui compte, détourner le regard des seuls yeux aimés que l’on devrait, au contraire, regarder fixement. Atteindre la cible en visant ailleurs, en sachant pertinemment que s’il y avait, ne serait-ce qu’un instant, l’intention de toucher l’œil du taureau, le tir manquerait. Est-ce, peut-être, de l’art ? Lea Vergine nous dit que c’est le superflu. Car ce dont nous avons besoin pour être un peu heureux, ou moins malheureux, c’est du superflu. A quel point ce superflu peut être vital, elle nous le fait savoir à travers tout le reste, et le reste n’est pas des mots. Est-il donc désespérément inutile ? L’art est toujours organisé autour du vide de la chose impossible et réelle, Žižek

citant Lacan. Ce qui pour Rilke est le dernier voile qui recouvre l’horreur: «la plupart des événements sont inexprimables, ils se déroulent dans un espace que les mots n’ont jamais traversé, et plus inexprimables que tout sont les œuvres d’art, existences mystérieuses, dont la vie, à côté de la nôtre qui s’efface, perdure ». Mais nous voulons, si nous le pouvons, violer l’espace d’indicibilité, chaque fois que nous parlons ou écrivons sur l’art. Avec quel degré de désespoir une chanson est-elle affinée? Combien d’énergie vitale il y a dans le coup de ciseau, dans le vers pluriel d’une phrase poétique. Et, à bien y réfléchir, à quoi sert le chant, l’artifice de la forme, la broderie, le passage virtuose sur les cordes du violon ? Et quel est l’intérêt de peindre un visage (je pense au visage de l’Annonciation d’Antonello, ou aux yeux miclos de la Madone del Parto de Piero della Francesca). Quel est l’intérêt de tout cela ? Est-ce un message pour les humains ou pour les extraterrestres ? C’est un message pour un démon ou pour Dieu ?

Est-ce un message pour les mouches, pour les vers de terre, pour les poissons ? Ce n’est pas un message ? C’est un signal de fumée sans fumée. C’est s’attarder dans cet espace suspendu des choses sans sens (mais qui peuvent espérer un sens), dans lequel il faut rester le plus longtemps possible pour survivre - et de cet espace naissent des hypothèses. Et Léa est comme ça. Vous pourriez rester là pendant des heures et la regarder ourler, avec finesse, les vides que la vie ouvre. Et l’art n’est qu’une ombre. Il y a toujours une ombre quelque part, aussi, muette. Que l’art, en tant que système gravitationnel, puisse aussi être un régulateur souterrain du progrès politique (et éthique) n’est qu’une hypothèse, mais on ne peut pas l’affirmer sans risque. Parler de l’éthique politique de la création artistique, de la relation entre l’action et le désir qui l’habite, et du jugement qui en découle, ouvrirait un espace trop vaste. Mais nous pourrions, pour commencer, relire un texte fondateur de Lea Vergine : Attraverso l’Arte. Pratique politique. Paying for ‘68,

Arcana, 1976, pour réaffirmer que rien ne peut être traité en dehors de l’écosystème social et politique. Et puis, une autre relecture fondamentale (pour tous, pas seulement pour ceux qui s’occupent d’art), Body art et des histoires similaires. Le corps comme langage, Skira, 2000. Il existe un monde intérieur, situé dans l’espace infiniment court entre l’âme et le corps. Eh bien, je ne sais pas. Peut-être que jusqu’à présent, j’ai écrit dans le vent, sans atteindre la cible. Mais vous ne traitez pas tout si facilement. Je voulais que vous rencontriez cette belle femme et la voici : tendre, implacable, sublime. Après tout, ce sont les choses les plus importantes qui se manifestent. Et voici une dernière de notre réunion pour vous parler de la grâce : - «Lea, on peut commencer, je devrais juste brancher ça.» - «Ah, ne me demandez pas, je n’y comprends rien. Quand on me parle de prises, je pense aux roses.» Profitez du spectacle. Stefania Gaudiosi

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algré le fait que dans l’Ancien Testament, le rouge était considéré comme la couleur du péché, les peintres européens ont convoité ces couleurs jusqu’au 16e siècle. Surtout parce qu’il était très rare d’obtenir des pigmentations rouges plus vives. C’est un insecte mésoaméricain qui a révolutionné l’utilisation de la couleur rouge, qui a donné aux peintres les pigments du vermillon. L’utilisation du rouge vermillon par Caravaggio est célèbre, par exemple.Un pigment qui lui permet d’exploiter encore mieux sa capacité à insérer des jeux de brillance dans ses tableaux. Mais c’est le monde de l’art lui-même qui n’aurait pas été le même sans cet insecte. Cochenille. La couleur la plus difficile Jusqu’à la découverte de la cochenille, les teinturiers et les peintres avaient toujours eu du mal à obtenir des couleurs rouges vives. Pendant longtemps, le type de rouge le plus utilisé en Europe était celui appelé «rouge turc». Parce que ça vient des marchands de l’Empire

ottoman. qui utilisait la racine de la plante Rubia tinctorum. Mais c’était une couleur qui n’obtenait pas la bonne vivacité, car pour qu’elle prenne racine sur les toiles et les tissus, il fallait un procédé qui s’estompait beaucoup. Pendant longtemps, on a donc utilisé des mélanges de couleurs à base d’un escargot particulier, le Murex Altispira. Mais le rouge obtenu à partir de ce mélange était plutôt foncé, et tendait vers le violet. Ils ont également utilisé des lichens particuliers qui avaient apparemment une couleur rouge vif, mais qui, sur les matériaux peints, étaient plutôt de couleur orange foncé ou brun clair. Le rouge vermillon, en somme, était une véritable obsession pour tous ceux qui faisaient du commerce ou travaillaient avec des pigments de couleur. Sur tous les marchés, les gens ont cherché des racines, des lichens ou des insectes qui pourraient apporter une réponse. Pendant un certain temps, par exemple, on a utilisé ce qu’on appelait le «rouge arménien». Un rouge vif et saturé, mais qui était très cher et ne pouvait atteindre la nuance du vermillon.

Les peuples méso-américains qui vivaient dans la partie sud du Mexique utilisaient un insecte, la cochenille, pour peindre dès 2000 avant JésusChrist. Selon les reconstitutions réalisées par l’experte mexicaine en textiles Quetzalina Sanchez, les indigènes de Tlaxcala et Oaxaca avaient structuré de véritables systèmes d’élevage de ces insectes. Et le pigment obtenu à partir de leur traitement était utilisé à diverses fins. Peintures et peintures murales, teinture des tissus, et même pour la création de médicaments naturels. Lorsque les conquistadors ont atteint cette partie du pays, ils ont trouvé le trésor dont les peintres et les teinturiers européens avaient rêvé pendant des siècles. Ils ont importé des cochenilles en Europe en 1523. Et dans la seconde moitié du XVIe siècle, le rouge vermillon était déjà devenu l’une des couleurs les plus importantes de la peinture européenne. Des peintres tels que le Caravage ou Pieter Paul Rubens l’ont utilisé. Dans le tableau «L’Incrédulité PALAZZI 7 VENEZIA

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LA COCHENILLE

de saint Thomas du Caravage, par exemple, on voit très bien comment les vêtements des protagonistes sont entièrement réalisés avec cette couleur. Une caractéristique que l’on peut également observer dans plusieurs tableaux du grand artiste italien. Comme par exemple dans les trois peintures différentes de Saint Jérôme en méditation. Ou dans le sang et les draperies de Judith et Holopherne. Un seul insecte, en somme, a pu conditionner une grande partie de l’art pictural après le XVIe siècle. C’est ce que l’on peut également déduire d’une exposition qui s’est tenue jusqu’en février à Mexico. L’exposition était intitulée «Rouge mexicain Le carmin de cochenille dans l’art». L’exposition retrace le voyage qu’a fait cette couleur depuis les zones montagneuses de la Mésoamérique préhispanique jusqu’en Europe. Elle y fut de plus en plus associée à l’image du pouvoir pendant les 17 e et 18e siècles. La cochenille a décliné au 19e siècle, à mesure de l’introduction des teintures synthétiques, mais fut ensuite recherchée par les Impressionnistes. S’appuyant sur un symposium de 2014 organisé par le musée, l’exposition et son épais catalogue reflètent une grande partie des connaissances sur le carmin de cochenille. « Nous espérons qu’elle trouvera un écho, pas seulement dans le domaine des œuvres d’art », déclare Miguel Fernández Félix, directeur du Musée du Palais des Beaux-Arts. « Ici on peut parler d’économie; on parlera de société et de culture. » Depuis les grands maîtres vénitiens, Le Titien et Le Tintoret jusqu’à Van Gogh, qui s’en sont servis pour créer des nuances utilisées dans des dizaines de tableaux, les artistes ont exploré les propriétés du rouge mexicain, qui est extrait d’un minuscule insecte appelé cochenille. «Le carmin, a écrit Van Gogh à son frère Théo en 1885, désignant ainsi la cochenille, c’est « le rouge du vin, et il est chaud et vivant comme le vin.» Et il retraçait précisément l’histoire de ce petit insecte dans l’histoire artistique mondiale. d’après Elisabeth Malkin https://www.helloworld.it/ http://www.tlaxcala-int.org/


Foto fondazionedefornaris

ollectionneuse d’objets d’art africain et « primitif », Sophie Sainrapt ne renie aucunement l’influence que les Arts premiers exercent sur son travail et l’inspiration qu’elle en retire. En 2013, elle publie «Éros noir» une série de gravures au carborundum dans laquelle des objets usuels africains sont soudain érotisés en passant par le prisme de son regard. En 2017, revenant de Chine par cargo mixte, elle réalise 17 dessins au pastel inspirés des photographies en noir et blanc du livre de Jacques Lombard sur l’étonnant et très érotique art funéraire sakalava de Madagascar. Plus tard la même année, elle se précipite au Musée du Quai Branly pour visiter l’exposition Picasso Primitif. Déjà très admirative de l’artiste, le sujet ne pouvait que la passionner. Elle tombe sous le charme, son imagination s’enflamme et elle « croque » 27 masques et sculptures dans un carnet de dessins. Enfin, elle décide de réunir la série Éros noir, les masques primitifs et l’art funéraire sakalava dans un même ouvrage qui s’intitulerait «Les Mondes magiques». Comme c’est devenu une tradition chez «L’œil de la femme à barbe», la sortie officielle du livre est accompagnée d’une grande exposition des oeuvres concernées. En effet, aimant traiter ses sujets de prédilection selon différentes techniques, Sophie a déjà réalisé - à partir de ses dessins originaux - des grandes peintures sur papier, des gravures et des céramiques peintes ou traitées selon la technique antique du sgraffito. Créée par un collectionneur amateur de son travail, la toute nouvelle galerie Jyb’Art à Levallois-Perret lui confiera son inauguration. Ainsi ces Mondes magiques, important ensemble d’oeuvres réunissant l’univers « primitif » de l’artiste, se déploieront sur deux étages, trouvant naturellement leur place dans les différents espaces.

Du mardi 23 mars au dimanche 18 avril 2021 en présence de l’artiste le mardi 23, et avec lectures et signatures du livre tous les week-ends. - exposition des œuvres de Sophie Sainrapt, dessins, peintures, gravures, céramiques - sortie officielle du livre avec les textes de Marie Delarue, Jacques Lombard et Pascal Aubier et la préface de Nicolas Menut

Jyb’Art gallery 27 rue Jules Guesde Levallois Perret (métro 3 Louise Michel) mardi à samedi 11h/18h, dimanche 14h/18h

https://loeildelafemmeabarbe. fr/evenement/ les-mondes-magiques

SOPHIE SAINRAPT ophie Sainrapt est née à Neuilly-surSeine vers 1960 comme on va vers

la mer. Elle vit un peu, « fait son droit», obtient un DEA d’Etudes Politiques tandis que, de 1988 à 1994, elle se forme à la peinture et à la sculpture chez Hashpa et Alain Marie avec qui elle découvre le métier, le vrai. Alors qu’elle continue et approfondit sa formation en développant son intérêt pour les matières et les techniques, peintures, dessins, gravures… elle expose pour la première fois à Paris, Galerie Artifice, chez Emmanuelle Tharreau. Sophie apprend la tempera, la préparation de la peinture à l’œuf, puis peu à peu s’entraîne à l’acrylique. Installation de son premier atelier rue des Filles du Calvaire, ses peintures et ses dessins tournent de plus en plus autour de la représentation du corps féminin. L’huile prenant trop de temps, elle opte pour l’acrylique. Elle se met aussi au crayon, au fusain, aux matériaux liquides. Exposition à la Galerie de l’Arbre Vert à l’invitation d’Odile Dorkel rencontrée

chez Hashpa, et rejoint le groupe Art en Seine. C’est dans le souvenir douloureux de sa mère qu’elle réalise des monotypes sur la violence, la chute et l’absence… Elle les exposera à l’Orangerie du Jardin du Luxembourg. Puis elle aborde la sculpture, des nus et des têtes en bronze: La femme qui pleure évoque sa mère. Sophie rencontre Ileana Cornea et Françoise Monnin, qui écrivent sur l’art et les peintres Michel Pelloille, Fabian Cerredo et Benoît Tranchant. Elle devient leur amie et commence ainsi à s’intéresser au travail des autres, des vivants, autour d’elle. Pelloille l’initie à la céramique, elle y consacrera bientôt une partie de son talent. Et elle peint, elle peint de plus en plus, libérée peu à peu des tragédies qui l’ont un temps envahie. Sophie prend l’initiative d’une importante exposition collective d’art contemporain dans l’Orangerie du Jardin du Luxembourg, Artsénat, qui se reproduira chaque année jusqu’en 2008. Elle en confie le commissariat à différentes personnalités

originales qui sont partie prenante de l’art de leur temps. La première exposition est menée par Emmanuel Daydé, qui choisit le thème du Jardin des Délices, il y invite Sophie à présenter ses Anges. Elle se consacre aux monotypes et à la gravure grâce à la rencontre de Pascal Gauvard et Nicolas du Mesnil du Buisson qui ont fondé l’Atelier Pasnic, où ils mettent leur savoir faire au service des artistes. Sophie Sainrapt et Christine Canetti, très lyriques, exposent ensemble en duo, en miroir : c’est L’autre moi, à l’espace Beaurepaire. C’est Alin Avila, commissaire de la 3ème édition d’Artsénat: Art ou Nature, qui lui fait rencontrer Milshtein dont la peinture la touche, c’est le début d’une amitié Pasnic édite Les Amies, Femmes, Hombres, autour de 39 gravures de Sophie. Odile Dorkel lui fait rencontrer Pascal Aubier qui lui achète une première gravure. Cinéaste et collectionneur de longue date, il se passionne pour le travail de Sophie. En découvrant en retour les films de Pascal, seulement visibles sur de vieilles cassettes VHS à peine regardables,


Sophie et Odile décident de financer le transfert de Valparaiso Valparaiso sur support DVD. Ahurissement de Pascal Aubier. Cette démarche cependant, va le conduire à transférer l’ensemble de ses films de fiction et à les faire éditer par Doriane Films. Sophie en est la marraine et peint le coffret de cette intégrale. Son travail sur l’imaginaire des animaux l’amène à interpréter en gravures quelques fables de La Fontaine avec la complicité de son ami Nicolas. Travaille la céramique : assiettes, plats, vases en reprenant les Anges et développe là aussi son inspiration érotique. C’est surtout le papier qui l’intéresse désormais. La matière du papier, ses réactions à l’encre et à l’eau. Sophie peint, le papier à plat par terre. Sa tête vacille de ses modèles au papier, du papier à ses modèles. En regardant sa fille Charlotte grandir, la voyant passer doucement de l’enfance à l’adolescence, Sophie exécute des œuvres sur cette métamorphose : ses Chrysalides qu’elle exposera

à son atelier. Pascal Aubier réalise un filmportrait de Sophie, au travail et dans la vie qui les entraînera sur les traces de Blaise Cendrars : avec Charlotte, ils prennent le Transsibérien et vont se cacher au fond de la Mongolie. Sophie remplit des cahiers de voyage, des paysages, des portraits, des résonances avec son univers érotique… Exposition rue de Seine, en duo avec Didier Genty qui s’empare des dessins de Sophie et les transforme grâce à la magie du monde digital. Une autre exposition, dans son atelier, «Des peluches de Charlotte aux Fables de La Fontaine» présente de nombreuses gravures inspirées des jouets de sa fille et des fables du vieux maître. Ces dernières vont être réunies dans un livre «Le choix de Sophie», édité comme toujours par Pasnic. Un voyage en Patagonie lui fait ressortir ses carnets de voyage. Les paysages lui inspireront de nombreux dessins et de nouvelles céramiques. Son travail s’intensifie. Elle fait s’entrecroiser des moments différents de son inspiration, jongle avec les

matières. Elle donne naissance aux Erofables en superposant ses gravures érotiques avec les Fables de La Fontaine toujours chez Pasnic et avec son ami Nicolas. Sophie réalise de nouvelles gravures sur les poèmes érotiques de Georges Bataille et de Pierre Louÿs. Area publie «Les rires d’Eros» qui donnent lieu à une exposition à la Réserve d’Area. Rencontre avec Patricia Dupuy et Bernard Soria, éditeurs passionnés de peinture et d’érotisme. Elle se lance avec eux dans une première aventure, la publication de Clitoris d’Arrabal mis en peinture par Sophie. Rencontre avec Véronique Cochois et Véronique Marchal de la Galerie Insula qui exposent pour la première fois Sophie à l’occasion de Corps Singulier Pluriel rue des Grands Augustins, Paris. Un nouveau livre Les Animaux Mytho chez Pasnic avec des textes de Christian Norbergen inspirés de ses gravures. Ouverture de la Galerie Insula, rue Mazarine à Paris avec «Entrées en Matière». PALAZZI 9 VENEZIA

voir les vidéos https://vimeo.com/485717322 https://vimeo.com/482025889 https://vimeo.com/295600274 https://vimeo.com/295600164 https://vimeo.com/295600126 https://vimeo.com/295600074 https://vimeo.com/295600050 https://vimeo.com/295599913 https://vimeo.com/295600018 https://vimeo.com/260449818 https://vimeo.com/260348757 https://vimeo.com/235843947 https://vimeo.com/227007079 https://vimeo.com/225230223 https://vimeo.com/223864490 https://vimeo.com/173012027 https://vimeo.com/170411797 https://vimeo.com/163656304 https://vimeo.com/156673880 https://vimeo.com/154677849 https://vimeo.com/133106993 https://vimeo.com/99407307 https://vimeo.com/98115330 https://vimeo.com/88972925 https://vimeo.com/84094826 https://youtu.be/GKBDWI_uUrc

Exposition collective à la quelle participe Sophie. Début de sa nouvelle thématique les Femmes du Monde avec pour modèles des femmes de toutes les couleurs, formes et origines. Les Renards lancent une collection limitée : «Secrets d’atelier» où Pascal Aubier entre dans l’intimité de l’atelier de Sophie alors qu’elle peint ses «Femmes du Monde». Effeuiller, deuxième livre chez Area sur son travail réalisé chez les éditeurs Pasnic et Le Renard Pâle. Laurence d’Ist expose des œuvres érotiques de Sophie en Suisse au Manoir de Martigny. Premier Salon de la Bibliophile, Place Saint Sulpice, Paris avec Nicolas Dumesnil de Pasnic et le Renard Pâle. En 2012 Sophie son travail sur les Femmes du Monde sera exposé à la galerie Insula en Mai 2013 sous le titre «Le Printemps des femmes». Depuis lors les expositions se succèdent jusqu’à laChine ou plus près de nous la Sardaigne, avec l’exposition «Cagliari je t’aime» où elle a présenté une série inspirée par Jérome Bosch ainsi qu’une douzaine de ces nus féminins, en passant par l’Isle sur la Sorgue, la mairie du Xème ou celle du VIème arrondissements à Paris, l’Espace Beaurepaire, et j’en oublie, elle n’a pas cessè une production qui se manifeste sur le papier comme sur la toile, la sculpture en terre cuite mais aussi la vaisselle en céramique dècorée en s’inspirant de Monet, sans oublier la gravure au carborundum qu’elle a pratiqué dans l’Atelier Pasnic dont elle a récuperé le matériel dans son atelier après la disparition de Pascal Gauvard et Nicolas du Mesnil du Buisson. Une production inépuisable qui nous propose aujourd’hui un livre, édité par L’oeil de la femme à barbe, de Ghislaine Verdier, amie de long date et compagne et associèe aux différentes manifestations qu’elle a crée et animée en publiant aussi presque tous les livres qu’elle a crée. Sophie Sainrapt n’a pas fini de nous étonner, de nous enchanter, de nous envouter et ses nus feminins ne font qu’épaissir encore plus le mystère de la nature féminine qu’elle scrute, interroge, restitue et nous offre pour notre plus grand plaisir. www.sophiesainrapt.com/


Foto anonyme/wikipedia

eanne Hébuterne est une artiste peintre française, née le 6 avril 1898 à Meaux (France) et morte le 26 janvier 1920 à Paris. Surnommée « Noix de coco» en raison de son teint blanc laiteux et de ses cheveux châtain aux reflets roux, elle est surtout connue, de nos jours, pour sa relation amoureuse avec Amedeo Modigliani, se suicidant deux jours après la mort de celui-ci, et alors qu’elle était enceinte. Les origines de la famille Hébuterne sont dans le village de Varreddes (nord de la Seineet-Marne), d’où est originaire le grand-père paternel de Jeanne. Son père, Achille Casimir Hébuterne, gagne sa vie comme comptable, et sa mère, Eudoxie Anaïs Tellier, remplit le rôle de maîtresse de maison sans autre profession connue. Jeanne Hébuterne naît le 6 avril 1898 à Meaux au no 51 avenue de la République . En 1917, Jeanne Hébuterne étudie la peinture à l’Académie Colarossi à Paris, au 10 rue de la Grande-Chaumière dans le quartier Notre-Dame-desChamps, à Montparnasse qui tend à supplanter à cette époque Montmartre comme haut lieu de la bohème artistique. C’est son frère André Hébuterne, lui-même peintre paysagiste, qui l’a introduite dans ce milieu. Elle sert de modèle au peintre Foujita. La sculptrice ukrainienne Chana Orloff lui fait rencontrer Amedeo Modigliani, en mars 1917, à La Rotonde. Selon un autre témoignage, c’est lors d’un bal masqué que Modigliani, déguisé en Pierrot, aurait abordé Jeanne pour la première fois. Jeanne Hébuterne est talentueuse. Et sa beauté la distingue. On la décrit « semblable à une Ophélie préraphaélite avec de grands yeux mélancoliques fixant l’objectif, une sensualité éteinte, un visage énigmatique». Les photographies de l’époque révèlent un long nez rectiligne et une bouche charnue. Selon Chana Orloff, ses yeux sont vert pâle, Modigliani les peindra toujours en bleu. Quoi qu’il en soit, son regard fascine, elle attire, elle séduit. Ce sont donc deux séducteurs qui se rencontrent. La jeune fille de bonne famille vit une passion tumultueuse avec le peintre dont la santé chancelle déjà. Les parents de Jeanne Hébuterne voient d’un très mauvais œil cette liaison. Ils sont fervents catholiques, alors que Modigliani est juif, à cette époque où l’antisémitisme demeure banal.

JEANNE HEBUTERNE

Le peintre a une réputation bien établie de toxicomane et d’alcoolique. Jeanne Hébuterne rompt alors avec sa famille. Elle s’installe avec Modigliani au no 8 rue de la Grande-Chaumière, juste à côté de l’Académie Colarossi, dans un atelier que leur loue Léopold Zborowski, l’agent du peintre qui peine alors à vendre ses toiles. Néanmoins, convaincu du talent de Modigliani, Zborowski envoie le couple se reposer à Nice où, le 29 novembre 1918, Jeanne Hébuterne met au monde une petite fille, déclarée en premier lieu à l’état civil sous le nom de Giovanna Hébuterne (19181984). Modigliani l’aurait reconnue tardivement pour lui donner son nom. D’autres sources indiquent que c’est la sœur de Modigliani qui adoptera l’enfant après la mort de ses parents, afin que celle-ci porte le nom de son père. La petite est placée par la suite en nourrice à Chaville près de Versailles, et deviendra la biographe de son père. À l’automne 1919, le couple est de retour à Paris. Mais Jeanne Hébuterne cesse peu à peu toute activité artistique après avoir fait de la photographie et créé des bijoux et des vêtements.

De nouveau enceinte, elle est devenue le modèle préféré du peintre. L’état de santé de Modigliani ne cesse de s’aggraver. Atteint de pleurésie depuis l’enfance, puis de méningite tuberculeuse, il abuse depuis bien trop longtemps de drogues et d’alcool. Il meurt à 35 ans, au soir du 24 janvier 1920. Les parents de Jeanne consentent alors à accueillir à nouveau cette désespérée nantie d’un enfant et sur le point d’accoucher du second. Le surlendemain, vers quatre heures du matin, échappant à la vigilance de son frère, Jeanne Hébuterne se jette par la fenêtre du 5e étage de l’appartement de ses parents au no 8 bis rue Amyot, dans le 5e arrondissement de Paris. Chantal Quenneville, qui a été son amie à l’Académie Colarossi, rapporte les faits suivants : « Le corps disloqué avait été ramassé dans la cour par un ouvrier qui l’avait transporté jusqu’au palier du cinquième étage, où les parents épouvantés lui avaient fermé la porte au nez. Le corps avait été ensuite transporté par ce même ouvrier, dans une carriole, jusqu’à l’atelier de la Grande Chaumière, où le portier l’avait

refusé, déclarant qu’elle n’était pas locataire officielle ». À la fin, cet ouvrier alla au commissariat où on lui dit de le ramener, sur ordre de la police, rue de la Grande-Chaumière. Le corps resta là, abandonné, toute la matinée. Le 27 janvier, Modigliani est enterré au cimetière du PèreLachaise, accompagné des artistes de Montmartre et de Montparnasse, notamment Picasso, Soutine, Vlaminck, Cendrars. Jeanne est enterrée le lendemain au petit jour au cimetière de Bagneux dans l’intimité. Achille Hébuterne a refusé aux amis de Modigliani de faire enterrer sa fille aux côtés du peintre. Il faudra attendre 1930 avant qu’il revienne sur sa décision. Une étude5 publiée par le NCBI en 2018 indique que Jeanne était atteinte de dystonie cervicale, et que cela peut se voir dans les photos de l’époque et dans les peintures de Modigliani. Dans les années 1990, la chanteuse française Véronique Pestel lui rend hommage à travers la chanson Jeanne Hébuterne. Chanson qui sera reprise par Jann Halexander sur son album «Un bon chanteur est un chanteur mort» en 2014. Au cinéma, elle a été incarnée


Foto yoyomaeght par Anouk Aimée dans le film Montparnasse 19 de Jacques Becker, et par Elsa Zylberstein dans le film Modigliani de Mick Davis. En 2006, c’est la romancière France Huser qui publie un roman, La Fille à lèvre d’orange, dont Jeanne Hébuterne est l’héroïne. D’octobre 1919 à janvier 1920, l’auteure « à travers un journal imaginaire, recrée le quotidien passionnel des deux amants. » En 2002, c’est dans l’atelier de son frère André Hébuterne, au no 12 rue de Seine à Paris, que furent découvertes neuf de ses peintures ayant séjourné dans la cave depuis 1978. Elles furent présentées une seule journée au musée du Montparnasse à Paris, et à nouveau à l’exposition Amadeo Modigliani, de Montmartre à Montparnasse à Ancone, Caserte et Bari. Seules six peintures d’elle étaient connues avant cette découverte. Elles représentent des portraits de famille et des vues des bâtiments proches de son domicile. Une dixième a été découverte en 2003 chez un brocanteur en Allemagne. En 2017, Olivia Elkaim écrit un roman (Je suis Jeanne Hébuterne, éd. Stock) dans lequel Jeanne raconte sa passion pour Modigliani. wikipedia.org

es quelques informations dont nous disposons à son sujet sont «volées» dans les récits et les histoires de ceux qui fréquentaient le quartier parisien de Montparnasse au début des années vingt du siècle dernier et surtout de son compagnon plus célèbre. En raison du contraste entre la blancheur de son teint et ses longs cheveux bruns, tout le monde l’appelait «Noix de coco». Son père, Achille Casimir Hébuterne, était directeur au Bon Marché. Connaisseur et amateur de littérature du XVIIe siècle, il était athée (mais se convertit plus tard au catholicisme) et aimait divertir sa femme et ses enfants en lisant Blaise Pascal. Sa mère Eudoxie Anais Tellier est une catholique pratiquante qui propose son chemin spirituel à ses enfants. Son frère, André, est peintre ; il se rend vite compte que Jeanne est également dotée d’un réel talent et l’invite à s’inscrire à l’École nationale des arts décoratifs de l’Académie Colarossi, la même école que Modigliani avait fréquentée à son arrivée à Paris. Jeanne et Amedeo se sont rencontrés en février 1917, elle avait dix-neuf ans, il en avait trente-trois, tout juste sorti d’une PALAZZI 11 VENEZIA

histoire d’amour tumultueuse avec Beatrice Hastings. Elle était timide et mélancolique, mais forte de son intelligence et de son talent de peintre, lui était déjà maudit, sans le sou, alcoolique, toxicomane, tuberculeux et, qui plus est, juif et italien ! Ils vont vivre pendant trois ans un amour intense et désespéré. Mais le talent de Jeanne sera malheureusement totalement éclipsé par sa personnalité et son art. Les parents de Jeanne sont absolument opposés à cette union qu’ils entravent par tous les moyens, l’obligeant à rentrer chez elle pour dormir tous les soirs. En juillet 1917, Jeanne quitte définitivement la maison de son père pour aller vivre avec Amedeo dans un taudis froid et plein de courants d’air payé par Léopold Zborowski, marchand d’art, mentor et mécène de plusieurs peintres de Montparnasse dont Utrillo, Chagall, Soutine et Modigliani lui-même. On se bat pour s’en sortir. Amedeo, constamment étourdi par l’alcool, vend ses dessins pour quelques francs. Lèon Indenbaum, un ami sculpteur, les décrit ainsi : «Tard dans la nuit, on le trouvait sur le banc devant la Rotonde, à côté de Jeanne

Hébuterne, silencieuse, émaciée, svelte, de longues tresses sur les épaules, pure, aimante, une vraie Madone auprès de son Dieu...». Anselmo Bucci, un peintre ami du couple raconte un soir de dîner: « La mariée nous y a rejoints ; et lui, mangeant très peu comme tous les alcooliques, ne cessait de la caresser, de l’interroger, de la soigner, presque ostensiblement. Et ils sont sortis, en revenant, bien sûr, à la Rotonde. Au milieu du carrefour Raspail-Montparnasse, il congédie sa femme, l’embrasse affectueusement et la salue à nouveau de loin. Et il m’a expliqué, à moi qui avais l’air un peu surpris : «Nous allons tous les deux au café. Ma femme rentre à la maison. La méthode italienne. Comme nous le faisons à la maison». Il a dessiné plus de vingt portraits de Jeanne, qui exprimaient peutêtre mieux que des mots ses sentiments. Ils passaient des heures assis aux tables de la Rotonde à regarder dans le vide, sans échanger un mot. En mars 1918, Jeanne découvre qu’elle est enceinte, tandis que la santé de son compagnon continue de se détériorer. Zborowski a alors décidé de partir ensemble pour Nice, espérant que le climat doux de la Côte d’Azur serait bon pour les affaires comme pour la santé. Le groupe est rejoint par le peintre Foujita (ancien amant de Jeanne) et son compagnon, le peintre Soutine, et enfin la mère de Jeanne, qui ne contribue certainement pas à détendre l’atmosphère. Hébuterne, sa mère et M. et Mme Zborowski sont logés dans une villa tandis que Modigliani et les autres sont à l’hôtel pour éviter les disputes. Tout est plus ou moins pareil qu’à Paris, grande ivresse et dessins bradés en échange de Pastis. La cohabitation avec sa mère devient de plus en plus insupportable pour Jeanne, des disputes incessantes et des discussions lourdes chaque fois que son compagnon se présente ivre. Le 29 novembre 1918 naît à Nice une petite fille qui portera le nom de sa mère, Jeanne. Amedeo, fou de joie, s’arrête pour boire si longtemps dans les bistrots qu’il trouve les bureaux d’état civil fermés pour reconnaître sa fille. Il n’y retournera jamais et ainsi la petite Jeanne ne sera reconnue que par sa mère, et elle ne s’appellera Modigliani que parce qu’à la mort de ses parents elle sera adoptée par la sœur du peintre. (suit page 12)


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(suit de la page 11) Jeanne et Amedeo semblent tous deux totalement inaptes à s’occuper de la petite fille. Ils trouvent donc une femme (de Calabre) qui peut s’en occuper. Jeanne est toujours à la maison avec l’enfant, Modigliani ne l’emmène jamais avec lui. Ils vivent de l’allocation mensuelle que leur donne Zborowski, environ 600 francs, ce qui est certes suffisant pour une petite famille comme la leur, mais Amedeo est un mauvais gestionnaire de lui-même, la plupart de l’argent est consommé en alcool. Le 31 mai 1919, Jeanne reste seule avec l’enfant et la nourrice calabraise sur la Côte d’Azur; Modigliani rentre à Paris, mais le 24 juin, elle lui écrit d’envoyer l’argent du voyage car elle veut le réjoindre, elle est à nouveau enceinte. La petite Jeanne est confiée à la garde du mannequin Lunia Czechowska, la préférée de Modigliani, qui s’est remis à boire abondamment après une (brève) tentative d’abstinence, suite à la naissance du bébé. Le concierge de l’immeuble a la tâche ardue de le tenir éloigné de l’enfant lorsqu’il arrive ivre et bruyant. Amedeo a fêté son trentecinquième anniversaire au début du mois de juillet, et cette nuit-là, il a écrit sur un morceau de papier : « Je m’engage aujourd’hui, 7 juillet 1919, à épouser Madame Jane [oui, il s’est trompé de nom...] Hébuterne dès que les documents arriveront». Mais il ne l’a jamais fait. Leur relation se poursuit entre une alternance d’humeurs, de tendresse extrême et même de comportements brutaux. La grossesse de Jeanne se poursuit, la santé d’Amedeo se détériore, elle veut le faire soigner mais il refuse. Elle, totalement soumise, ne trouve jamais ni la force ni le courage de réagir ou de demander de l’aide. Un soir, deux amis rendent visite au couple et découvrent un état de dégradation absolue: dans le studio glacial, il y a de la saleté, des bouteilles de vin, des boîtes de sardines (apparemment leur seule subsistance) partout. Et c’est encore ainsi qu’ils les trouvent le 22 janvier 1920, lorsque la porte de leur logement est défoncée, allongés sur le lit sans défense, Jeanne enceinte de neuf mois. Amedeo est immédiatement transporté à l’hôpital mais y arrive déjà dans le coma : il mourra deux jours plus tard. Dès qu’elle apprend la mort de son compagnon, Jeanne veut

passer la nuit seule à l’hôtel. Au matin, une femme de chambre qui fait le lit trouve un couteau sous l’oreiller. Jeanne se rend à l’hôpital pour voir son Amedeo pour la dernière fois, accompagnée de son père. Cette nuit-là, elle se réfugie chez ses parents où son frère André lui tient compagnie. Mais à l’aube, Jeanne saute du cinquième étage. Le corps est ramassé par un ouvrier sur une brouette et Andrè, pour ne pas effrayer ses parents, supplie l’homme d’emmener le cadavre rue de la Grande Chaumière, chez Modigliani ; mais comme on l’empêche d’entrer quand il y arrive, l’ouvrier se rend au commissariat pour tout raconter. Le corps est ensuite ramené chez lui et laissé toute la matinée. L’après-midi, des amis de Jeanne viennent veiller, entourés de ses dessins, éparpillés sur le sol, dans lesquels elle se représente avec de longues tresses en train de se frapper la poitrine avec un poignard. Deux amis d’Amedeo restent pour la nuit, notamment pour éviter que les rats ne défigurent le corps de Jeanne. Le couple Hébuterne ne veut pas que les funérailles de Jeanne aient lieu en même temps que celles d’Amedeo Modigliani, ce qui serait très imposant.

Au lieu de cela, elles ont été organisées presque clandestinement à huit heures du matin, le lendemain, dans un petit cimetière de la banlieue. Ce n’est qu’après deux ans que les corps ont été réunis dans la même tombe au cimetière du Père Lachaise, avec une inscription en italien sur la pierre tombale : AMEDEO MODIGLIANI PITTORE NATO A LIVORNO IL 12 LUGLIO 1884 MORTO A PARIGI IL 24 GENNAIO 1920 MORTE LO COLSE QUANDO GIUNSE ALLA GLORIA JEANNE HEBUTERNE NATA A PARIGI IL 6 APRILE 1898 MORTA A PARIGI IL 25 GENNAIO 1920 DI AMEDEO MODIGLIANI COMPAGNA DEVOTA F I N O A L L’ E S T R E M O SACRIFIZIO Même l’épitaphe ne lui a pas rendu l’individualité qu’elle n’a jamais pu avoir dans la vie. Verena Mantovani

h t t p : / / w w w . enciclopediadelledonne.it/biografie/ jeanne-hebuterne/

l y a un siècle, le suicide de Jeanne Hébuterne, compagne de Modigliani, apportait la touche finale au mythe de l’artiste maudit. Muse tourmentée à la beauté sculpturale, Jeanne fut aussi une artiste, amoureuse de la lumière et de la couleur. Au petit matin du 26 janvier 1920, dans le quartier du Panthéon à Paris, une fenêtre s’ouvre au cinquième étage dans une cour de la rue Amyot. Une jeune femme s’élance dans le vide. Son corps disloqué porte un enfant, mort lui aussi. Ce drame entre dans la légende de l’art moderne. La suicidée se nomme Jeanne. Fille d’Achille Hébuterne, comptable, et d’Eudoxie Tellier son épouse, elle fut la compagne d’Amedeo Modigiani de 1917 à la mort de l’artiste en 1920. Selon Marc Restellini, spécialiste du peintre, auteur du catalogue raisonné de l’œuvre de Jeanne Hébuterne, le geste fatal de celleci a contribué au mythe Modigliani : « La mort de Modigliani le 24 janvier 1920 fut brutale mais pas étonnante.


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En juillet 1917, le couple s’installe dans un atelier rue de la Grande-Chaumière. Leur premier enfant naît l’année suivante à Nice où, devant l’aggravation de l’état de santé d’Amedeo, le couple passe l’hiver. Le temps est désormais compté pour Amedeo qui écrit sur une feuille contresignée par les amis Zborovski et Lunia Czechowska : « Je m’engage aujourd’hui 7 juillet 1919 à épouser Mademoiselle Jane [sic]Hébuterne aussitôt les papiers arrivés ». La légende dit que mourant, il demandera à Jeanne de le suivre dans la mort. Ce prétendu « pacte » a fait oublier la santé psychique précaire de Jeanne. « Son suicide n’est pas un acte romantique, en soudaine réaction à la mort de Modigliani,» poursuit Marc Restellini. «Bien avant leur rencontre, la correspondance de Jeanne Hébuterne montre une jeune femme physiquement et psychologiquement fragile, déjà perdue. Sa pâleur était légendaire. Sa famille la savait suicidaire. Son frère André dormait dans sa chambre pour éviter le pire. Elle a échappé à sa vigilance au petit matin, alors qu’il dormait profondément.» Selon la volonté de ses parents, Jeannette fut enterrée dans la plus grande discrétion au cimetière de Bagneux. Sa tombe rejoignit plus tard au Père Lachaise celle du «prince de Montparnasse » qui n’avait pas eu le temps de l’épouser…

Tuberculeux, il était malade depuis de longues années. […] Mais la mort tragique de Jeanne 24 heures après la disparition de celui-ci a en partie suscité, ou du moins cristallisé, la légende de l’artiste maudit. On a oublié le peintre moderne, l’intellectuel, pour ne retenir que l’artiste séducteur, “joli”. Et l’immense talent de Jeanne a été minimisé ». L’arrivée en beauté dans le monde artistique Née à Meaux en 1898, Jeanne Hébuterne baigne très tôt dans un climat artistique grâce à son frère André, peintre paysagiste. Elle étudie la peinture à l’Académie Colarossi, rue de la Grande-Chaumière, fameuse institution de Montparnasse. La blancheur maladive de son teint rehaussée par ses magnifiques cheveux châtain lui vaut le surnom de Noix de coco. Cette pâleur ajoute à sa beauté singulière. Avec ses yeux en amande, son nez droit et fin, l’ovale parfait de son visage posé sur la haute colonne de son cou, elle ressemble à une madone

de Parmigianino revue par Brancusi. La tendresse et le silence La jeune femme rencontre parait-il Modigliani lors du carnaval de 1917. L’artiste a vécu une violente passion avec une romancière anglaise, Béatrice Hastings. « Jeannette était à la fois la tendresse et le silence, la beauté et le pardon. […] Après les orages de sa liaison avec Béatrice puis les désordres de l’errance, Modigliani, déjà usé, trouvait auprès de Jeanne un havre de repos », écrit Daniel Marchesseau en 1981. Elle lui inspire quelques-unes des plus belles toiles de sa dernière période. La beauté maniériste de la jeune femme rencontre son idéal de beauté féminine. Il peint son portrait, la représente nue à plusieurs reprises, sans que son visage soit identifiable. Jeanne n’est pas seulement belle et silencieuse. Elle est intelligente, elle a du caractère, et du talent ! « Composée de quelques tableaux, de beaucoup de dessins et de carnets magnifiques, son œuvre traduit une étonnante maturité...» déclare Marc

Restellini. «Son frère André Hébuterne, bel artiste classique, a initié Jeanne à la peinture. La mobilisation de celui-ci en 1914 et sa longue absence ont sans doute été difficilement vécues par sa sœur. La rencontre de Modigliani en 1917 est venue combler ce vide. À l’âge de 15-16 ans, elle est déjà une artiste brillante, influencée par l’art de Maurice Denis et des Nabis. Modigliani tombe amoureux d’elle car il a perçu son talent. Il est attiré par les femmes artistes, les poétesses, les intellectuelles. Il aimait aider le talent, comme il l’a montré par ailleurs avec Soutine. Modigliani n’a pas été son maître. Il a été le soutien de cette jeune femme dont il avait perçu la fragilité, dans une relation aussi brève qu’intense». Quelques tableaux de Jeanne seront vendus par Léopold Zborovski, poète, ami et marchand de Modigliani, ou par le peintre lui-même. Deux d’entre eux ont été acquis par Jonas Netter, un des premiers acheteurs de Modigliani. PALAZZI 13 VENEZIA

Jérôme Coignard Journaliste professionnel, Jérôme Coignard a fait ses premières armes à la revue Cinématographe avant d’intégrer la rédaction de Beaux-Arts Magazine. Il collabore à Connaissance des Arts depuis 1994. Parmi ses livres récents: Palais romantiques des dernières cours d’Europe (Ed. Gallimard), Guide du musée des Arts décoratifs, Quand les poules avaient des dents (Le Passage Editions), Une Femme disparait (id.) L’Escalier (Citadelles & Mazenod, collectif). h t t p s : / / w w w . connaissancedesarts. com/arts-expositions/ jeanne-hebuterne-artisteenigmatique-et-musedamedeo-modigliani


COURTNEY MATTISON

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ourtney Mattison crée des œuvres sculpturales en céramique à grande échelle, très détaillées, inspirées par la beauté fragile des récifs coralliens et les menaces d’origine humaine auxquelles ils sont confrontés. Elle sensibilise le public à la protection de notre planète bleue, en exhortant les décideurs politiques et le public à préserver nos mers en mutation. Mattison a été chargée de créer des œuvres pour des collections permanentes, notamment celles de l’Office of Art in Embassies du département d’État américain, du navire Endurance de National Geographic Expeditions et de mécènes privés. Ses œuvres ont été exposées dans des lieux aussi prestigieux que le Virginia Museum of Contemporary Art, l’American Museum of Ceramic Art, le siège du ministère américain du commerce et l’American Association for the Ad-vancement of Science (AAAS). En 2020, l’administration postale des Nations unies a inclus l’œuvre de Mattison sur un timbre-poste pour commémorer le 50e anniversaire de la Journée de la Terre. Née en 1985 et élevée à San Francisco, Mattison a obtenu une licence interdisciplinaire en écologie marine et en sculpture céramique du Skidmore College en 2008 et un master en études environnementales de l’université Brown avec des crédits de thèse à la Rhode Island School of Design en 2011. Son travail a été présenté par des médias internationaux tels que Smithsonian Magazine, Good Morning America, Oprah Magazine, CNN Indonésie, BBC World Service et Science Magazine. Elle vit et travaille à Los Angeles. Elle nous déclare J’aime les récifs coralliens pour leur caractère exotique, diversifié et souvent venimeux. Lorsque je crée mes œuvres, je m’associe aux défis auxquels sont confrontés les coraux sans doute parmi les animaux les moins attachants - en construisant tranquillement et méthodiquement de grandes structures délicates et rocheuses qui peuvent modifier un écosystème. Malheureusement, les récifs coralliens sont tellement

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menacés par nos émissions de gaz à effet de serre, la pollution et la surpêche que les scientifiques estiment qu’ils pourraient cesser de fonctionner d’ici la fin du siècle. En tant que sculpteur ayant une formation en science et politique de la conservation marine, je pense que l’art a un impact sur nos émotions et peut nous inciter à apprécier la planète bleue sur laquelle nous vivons d’une manière que les données scientifiques ne peuvent souvent pas faire. Nous protégeons ce qui nous tient à cœur et nous tenons à ce que nous connaissons et comprenons. L’art peut faire ressortir la beauté et le danger des récifs coralliens et nous inciter à protéger l’océan. Je construis à la main des œuvres sculpturales en céramique, énormes et complexes, inspirées par la beauté fragile des récifs coralliens et les menaces d’origine humaine auxquelles ils sont confrontés. Je sculpte des formes creuses en pinçant ensemble des bobines d’argile et j’utilise des outils simples comme des baguettes et des brosses métalliques pour texturer

chaque pièce à la main - en perçant souvent des milliers de trous pour imiter la croissance répétitive des colonies de coraux. Je termine et cuit les pièces individuelles en utilisant une palette de glaçures que j’ai développée pour refléter les tons vibrants et les textures des communautés d’invertébrés marins en bonne santé, souvent juxtaposés à des glaçures blanches pour souligner le contraste saisissant du blanchiment du corail sur les récifs frappés par le changement climatique. Il est essentiel que le support de mon travail soit la céramique, car le carbonate de calcium est à la fois un ingrédient de la glaçure et le composé précipité par les coraux et les mollusques pour sculpter leurs structures pierreuses. Non seulement la composition chimique de mon travail correspond à celle d’un récif naturel, mais les tentacules en porcelaine et les corps des coraux vivants partagent un sentiment de fragilité qui oblige les observateurs à regarder mais pas à toucher. En découvrant mon travail sur un grand mur, les spectateurs peuvent avoir l’impression de planer au-dessus des fonds

marins et de découvrir les détails sous tous les angles. La production d’œuvres sculpturales en céramique nécessite une quantité importante d’énergie pour la cuisson des fours, l’alimentation et la ventilation de l’atelier et le transport des pièces. Courtney s’efforce de recycler, de réduire les déchets et la consommation d’eau, d’acheter des matériaux en vrac et locaux et de n’utiliser que des fours pleins. Elle travaille également avec des organisations de protection de l’environnement telles que Mission Blue, une initiative de la Sylvia Earle Alliance fondée par la légendaire océanographe Sylvia Earle pour susciter «un changement radical dans la sensibilisation du public et son soutien à un réseau mondial de zones marines protégées - les Hope Spots - allant des profondeurs de l’océan aux récifs ensoleillés et des monts sous-marins de haute mer aux prairies sous-marines côtières». En faisant prendre conscience de l’importance des Hope Spots, Mission Blue incite à l’action pour explorer et protéger l’océan. https://courtneymattison.com/


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utopsie de la chair. Sophie Rambert détaille la chair humaine dans ses moindres plis, creux, bosses. Sans complaisance ni voyeurisme, elle représente des corps dans toutes les aspérités de leur enveloppe comme si chaque partie de celle-ci avait été observée au microscope. Ce ne sont pas des corps torturés ou faméliques qu’elle représente, point d’écorchures ni d’os saillants, et pourtant, ces corps bien en chair sont tendus à l’extrême jusqu’à la souffrance ou dans l’expression d’une souffrance ressentie. Parfois même, lorsqu’on aperçoit une partie de visage dans ces corps sans identité, une bouche, on ne sait pas si elle est grande ouverte dents serrées, dans un rictus de douleur ou de rire compulsif. Ses corps sont seuls, hors du temps, hors de l’espace, livrés à eux-mêmes dans le vide, le rien. Métaphore de ce que nous sommes ? Sophie Rambert a fait le choix d’intituler la série que composent ces dessins « Chute», ensuite, individuellement, ils ne sont que des numéros. Les corps sont saisis dans cette chute, encore pleins de vie, veines gonflées, tempes battantes, carotides palpitantes. Ils se débattent, se protègent, s’agitent, s’abandonnent… Sophie Rambert ne peint que des êtres ou plutôt des corps nus, comme une obsession. Elle est en constante recherche sur la chair, cette matière étrange qui nous recouvre. Ses dessins exercent de la fascination sur le spectateur, les corps représentés attirent, intriguent, interrogent. Ils dérangent, renvoyant une image trop violente d’un corps en souffrance, alors-même qu’il n’a subit aucun sévice physique. Sophie Rambert, avec ses corps, touche à notre intime et c’est peut-être cela qui fascine et choque à la fois. Comme l’a dit l’écrivain Pierre Vinclair, elle étudie le corps « dans sa nudité absolue de corps : quelque chose qui bouge, qui saigne, qui jouit. » Sophie Rambert a reçu le troisième prix de dessin de Art Nîm en 2010, le troisième prix de dessin du festival international de peinture de la Ferté Bernard en 2011, et s’est vu acquérir l’une de ses oeuvres par le Musée de Tessé, au Mans en 2012. www.roussard.com/artistes/ nouveaux/rambert_bio.html

e dessin Si chez d’autres la matière de la peinture me touche, j’aime l’économie de moyens, le caractère précaire et essentiel, irrémédiable aussi, du dessin, et en premier lieu le trait nu, la ligne, fragile, délié ou à l’inverse sèche et tranchante. Aussi, si j’ai d’abord travaillé à l’encre, j’ai finalement abandonné couleurs, déformations, coulures, pour atteindre, par retrait, avec la pierre noire seule, à ce que le corps peut de ses forces propres, dans sa représentation la plus crue, la plus nue. Le corps

Le corps de l’autre: nu et opaque, expérience de ce qui reste, même dans le plus intime, le plus nu, le plus sur croit-on, inépuisable, insaisissable, inappropriable. Le corps qui dans sa vulnérabilité et sa force est la figure oxymorique des ambivalences partagées, celle du désir, celle des sexes. Jouant de contrastes entre un trait acéré et le velouté des surfaces, c’est à ce corps vivant, riche de contraires, que je veux renvoyer celui qui regarde comme pour lr ramener à sa propre étrangeté. Le corps est nu, isolé sur la surface nue de la feuille, vide d’où le corps émerge ce qu’il met provisoirement en échec. C’est un corps sans lieu ni temps, dépouillé de tout vêtement, contexte narration, réduit à sa condition de corps, nu et regardé. Car si le corps figure seul, il est toujours déjà pris dans le regard d’un autre, un regard dont l’absence ici appelle un spectateur. Corps pris entre intériorité et extériorité, désirant et désiré, qui s’offre et se dérobe, tendu dans son abandon même.

Le corps, la simple chair et peau dans laquelle nous habitons. Plus que viande le corps est peau: en elle s’inscrit son histoire. Peau façonnée du dehors et que la chair informe, ni enveloppe vide, ni frontière inerte. Le corps, ce qu’il y a de plus universel en même temps que de plus singulier, de plus familier et intime en même temps que de toujours Sophie Rambert étranger. Demarche

Sophie Rambert Le corps, entre don et retrait, une dialectique du désir

du 23 mars 2021 au1er mai 2021

3, rue Visconti 75006 Paris

Tél.+33 (0)1 43 26 64 71 galeriegng@wanadoo.fr hwww.galeriegng.com PALAZZI 15 VENEZIA


Foto sheidasoleimani

«De terribles nouvelles nous sont parvenues de New York. L’aire de jeux Wise Towers, créée par Costantino Nivola et Richard Stein en 1964, le plus grand projet public de Nivola à New York, a été détruite. Il ne s’agissait pas de vandales, mais d’un projet de «rénovation» de la zone. Les petits chevaux de Nivola, inspirés des chevaux à bascule de l’enfance et de la statuaire orientale, ont été enlevés, leurs jambes brisées par des coups de masse». ’est par ces mots que le musée Nivola d’Orani a annoncé sur les médias sociaux le malheureux événement qui a effectivement effacé du tissu urbain de la métropole américaine une œuvre importante et significative de Costantino Nivola (1911, Orani - 1988, New York), à qui le musée est dédié. L’œuvre en question concerne les Cavallini de Nivola, des sculptures publiques placées dans les jardins du complexe résidentiel Wise Towers et utilisées comme terrain de jeu par les enfants. Elles ont été réalisées selon la méthode du sandcasting, une technique expérimentée et perfectionnée par l’artiste lui-même, qui a créé des sculptures en béton à partir de matrices de sable, de sorte que les figures semblent émerger du sol. «Après l’exposition Nivola. «Figures in Field» à The Cooper Union en 2020 et en prévision de l’exposition Nivola : «Sandscapes at Magazzino Italian Art»,

New York zone de loisirs Stephen Wise, 1963. avec Richard G. Stein, architecte. 117 West 90th Street, New York, Avec l’aimable autorisation des archives de la famille Nivola. Photo Humphrey Sutton

cet acte de vandalisme institutionnel semble inexplicable et ignoble», a commenté le musée sarde, qui a appris le retrait des œuvres après coup. Le réaménagement des tours, attendu et bienvenu, peut et doit se faire dans le respect de l’histoire et de l’art. Aujourd’hui est un jour triste pour le musée Nivola, pour la Sardaigne et pour tous les amateurs d’art. Le Musée Nivola, en collaboration avec la famille de l’artiste et les institutions qui promeuvent son message et sa mémoire, est en train de contacter les responsables, pour tenter d’arrêter les destructions et de récupérer ce qui a déjà été dévasté. Si vous voulez nous aider, partagez ce message. La connaissance est la meilleure défense contre l’oubli». Costantino Nivola, zone de loisirs Stephen Wise, 1963. Richard G. Stein, architecte. 117 West 90th Street, New York, NY. Avec l’aimable autorisation des archives

de la famille Nivola. Photo Humphrey Sutton LA MOBILISATION POUR RESTAURER LES CHEVAUX DE NIVOLA A NEW-YORK Les Cavallini des Tours des Sages n’existent plus, mais le musée d’Orani travaille déjà à la restitution des œuvres à leur emplacement d’origine. «La Fondation Nivola se rapproche déjà du Collectif Pactes Renaissance, l’organisme qui a entrepris la rénovation du Stephen Wise, en coordonnant un front d’opinion», a déclaré à l’ANSA Giuliana Altea, présidente de la Fondation Nivola. «Un front qui comprend la famille Nivola, l’école d’architecture Chanin de la Cooper Union, des associations de protection du patrimoine architectural moderniste comme Landmark West ! ainsi que les locataires des tours Stephen Wise eux-mêmes.» Giulia Ronchi https://www.museonivola.it/


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DIETRICH STEINMETZ

‘est très difficile de percer la personnalité de Dietrich Steinmetz, il est très discret bien qu’il commence à être connu à cause de ces nombreuses photos de la région dans la quelle il vie depuis assez longtemps pour en parler la langue sans accent. D’après les recherches que nous avons menées, il serait né en Allemagne, mais son père, écrivain assez connus, décida de se transférer dans en endroit où il pourrait écrire tranquillement et il choisit la Sardaigne où il s’installa avec sa femme et ces deux garçons. Il choisit naturellement un endroit qui a cette époque là était vraiment le bout du monde. Villasimius, un endroit que souvent les étrangers avait et ont toujours du mal à prononcer correctement le patronyme à cause des accents italiens pas très faciles à comprendre, où même la route pour y arriver était encore en terre battue et il n’y avait absolument rien de ce qui fait (peutêtre) aujourd’hui le charme d’une localité devenue un spot de vacances très recherché à cause de ses plages fabuleuses et de son climat particulièrement doux au moins sept mois sur douze. Depuis Dietrich Steinmetz a entrepris une carrière dans l’informatique, où il est devenu le Manitou du sud Sardaigne, et si vous avez un problème avec votre hard disc c’est le seul (ou alors il faut aller à Tonara dans le centre de l’ile) qui peut résoudre votre problème et très souvent il y arrive, d’où sa notoriété. Mais depuis, je n’arrive pas à savoir quand, il s’est dédié à la photo et comme l’endroit il se prête il est aussi connus pour ses images de la Sardaigne regardée et décrite sous tous les angles et dans toutes les saisons. Dernièrement il s’est doté d’un drone, ce qui lui permet de réaliser des images particulièrement époustouflantes d’une région qui déjà en temps normal est exceptionnelle et a gardé son aspect encore sauvage et (presque) non contaminé, alors depuis le ciel, pensez vous! Dès la première image que j’ai connu de lui, j’ai aimé cette manière de capter ce qui est sous nos yeux et que pourtant des fois on à du mal à voir, c’est peut-être parce que on croit avoir d’autres préoccupations plus urgentes mais franchement on sait très bien qu’il n’en est rien. Dernièrement on a même été informés du fait que le bloc sardocorse s’est détache du sud de la France avec une portion d’Espagne, à la suite d’une série d’éruptions volcaniques qui ont généré une ligne de fracture. Depuis ce bloc, ayant tourné à 45 degré il s’est implanté là où il se situe toujours et n’en bougera pas de sitôt. En effet le bloc est exempté de tout tremblement de terre ou éruption volcanique et, étant une des premières terres émergées avec les montagnes Appalaches (Amérique du Nord Mont Mitchell 2400 mètres), l’érosion a réduit l’hauteur de ses montagnes (tout de même Monte Cinco en Corse 2706 mètres et Gennargentu (porte d’argent en sarde) Punta La Marmora en Sardaigne 1834 mètres). Comme quoi il y a des choses que peut être on ignore mais qui ont quand même conditionné notre existence et souvent sans même que l’on sen rende compte. C’est vrai que souvent on a l’habitude de considérer tout ce que l’on trouve lorsque on arrive sur cette terre ou même dans un lieu diffèrent de celui dans lequel on a l’habitude de crécher comme PALAZZI 17 VENEZIA

voir la vidéo https://youtu.be/ LYhpHwFOVzc

normal, acquis, de tout temps présent, tandis que souvent il n’en est rien et quelques millénaires nous séparent et même parfois quelques dizaines d’années seulement d’une situation qui était complètement mais vraiment complètement différente. Voire Villasimius et les cotes de la Sardaigne qui jusqu’à la fin des années soixante (à part la plage du Poetto et celle de Alghero, puis Platamona à Porto Torres qui n’a été fréquentée qu’à partir de 1951) était absolument vides et n’était pas dans les habitudes des habitants des villages alentour d’aller se baigner dans la mer, héritage peut être d’une période ou les incursions des pirates barbaresques était fréquentes et meurtrières, d’où l’érection de 92 tour de vigie dite saracènes tout le long des cotes sardes, édifiées par les Espagnols pendant leur domination (pratiquement leur seule réalisation en Sardaigne en a peut près trois cent cinquante années où la même politique de pillage qui appliquèrent à l’Amérique Latine donna les mêmes résultats) même Villasimius était un village plutôt agropastorale et pas du tout dédié à la pèche. Ceci dit Dietrich Steinmetz se consacre plutôt à photographier les plages du sud de la Sardaigne, bien sur celle de Villasimius où il a passé son enfance et celle de Cagliari où il réside et s’est marié avec une jeune femme sarde qui d’ailleurs travaille avec lui dans son laboratoire. La nature plutôt discrète de Dietrich fait qu’il passe plutôt inaperçu lors de ses reportages qui sont très réguliers et qui couvrent presque toutes les manifestations publiques de la Sardaigne et elles ne manquent pas, depuis bien entendu la saga de Saint’Efisio, reconstitution annuelle de la procession en remerciement de la fin de la peste en l’an 1656 qui se renouvelle chaque année, jusqu’aux festivités de chaque village ou ville qui sont quand même une pour chaque jour de l’année. Nous n’arrivons pas à savoir qu’est ce qu’il adviendra de l’impressionnant nombre de clichés que Dietrich a accumulé avec le temps et que l’on aimerait pouvoir parcourir et contempler, nous attendons la création d’un site spécialement dédié. Capito Dietrich Steinmetz? Vittorio E. Pisu (il n’a pas de site )


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Photo Dietrich Steinmetz


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de personnes dans vingt-trois pays par le biais de projets multidisciplinaires. D’innombrables projets participatifs, expositions collectives et personnelles en Italie et dans le reste du monde. monde. Elle participe aux plus importantes biennales du monde, notamment : Biennale de Sao Paulo ; Biennale de Venise ; Biennale de Lyon; Biennale de Thessalonique ; Biennale de Liverpool. Thessalonique ; Biennale de Liverpool ; Biennale d’Athènes; Biennale de La Havane ; Biennale de Göteborg, Biennale de Cuenca, Biennale de Bangkok et Manifesta 12. Senatore revendique sa présence dans une très large sélection de musées internationaux : Palazzo Grassi à Venise ; Centre Pompidou et Palais de Tokyo à Paris ; Centro de Arte Dos de Mayo à Madrid ; Schirn Kunsthalle à Francfort; Musée d’art contemporain de l’Université d’Amsterdam. Musée d’art contemporain de Chicago ; Queens Museum et High Line à New York ; Museet à Stockholm. Ses expositions et événements les plus récents sont les suivants: La Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea à

Rome, récemment ouverte ; Protext ! récemment inauguré ; Protext! Quando il tessuto si fa manifesto (Centro Pecci, Prato); le personnel Un corpo unico/Un cuerpo unico à l’Institut italien de la culture à Madrid La cuisine de l’Europe Perspectives des artistes sur l’Europe, Ljubljana. Prévu pour la 34e Biennale de Sao Paulo, Sonsbeek 20-24 (Pays-Bas), la Biennale Momentum (Norvège) et Biennale (Norvège) et Corps en alliance (Belgique). Senatore pousse ses recherches jusqu’à redéfinir son rôle d’artiste en tant qu’»activateur de processus». Une nouvelle sphère créative dans laquelle le public n’apparaît plus comme un simple public de spectateurs mais plutôt comme une multiplicité de personnes actives et créatives. Des sujets actifs et créatifs, chacun ayant sa propre histoire, ses capacités spécifiques et ses intérêts. GALLERIA MAZZOLENI Piazza Solferino 2 Torino - Piemonte +39 011534473 torino@mazzoleniart.com http://www.mazzoleniarte.it

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MARINELLA SENATORE

Foto marinellasalvatore a Galerie Mazzoleni est fière d’annoncer la collaboration avec Marinella Senatore, l’une des artistes italiennes les plus renommées au niveau international, qui a trouvé dans les dynamique de l’échange, du partage et de la participation, la pierre angulaire de sa stratégie de développement durable. «Mon travail est une énergie; une énergie qui se développe à partir du court-circuit entre différents éléments mis en dialogue dans un même espace». Marinella Senatore Pionniere incontestée de la sphère artistique internationale, elle place l’individu au centre de ses préoccupations et les communautés au centre du processus créatif, Senatore est reconnue pour sa pratique artistique participative. Depuis plus de deux décennies, elle est à l’origine d’un processus créatif sans précédent dont la principale caractéristique réside dans la relation humaine entre l’artiste et les communautés qu’elle a impliquées. Ses initiatives ont une résonance mondiale et touchent les centres nerveux partout dans le monde : de Venise à Paris, de New York à Johannesburg, de Sao Paulo à Sao Paulo à Shenzhen, impliquant plus de six millions

Marinella Senatore est née en 1977 à Cava de’ Tirreni. Sa pratique artistique, caractérisée par la participation du public, s’articule autour de performances, de peintures, de collages, d’installations, de vidéos et de photographies. Ses œuvres impliquent des communautés entières autour de problématiques sociales et de questions urbaines telles que l’émancipation et l’égalité, les systèmes d’agrégation et les conditions des travailleurs. En 2013, elle a fondé l’École de danse narrative, une école pluridisciplinaire, nomade et libre basée sur une idée d’éducation participative et anti-hiérarchique. Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier et dans les plus grandes institutions publiques et privées : MANIFESTA 12, Palerme; Centre Pompidou, Paris ; MAXXI, Rome ; Queens Museum, NY ; Kunsthaus Zurich ; Castello di Rivoli, Turin ; Palais de Tokyo, Paris; Museum of Contemporary Art, Chicago ; Museum of Contemporary Art, Santa Barbara ; High Line, NY; Madre, Naples ; Les Laboratoires d’Aubervilliers, Paris ; Bozar, Bruxelles; Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin ; Serpentine Gallery, Londres; ISCP, New York ; La Triennale, Milan ; Palazzo Strozzi, Florence ; CCA, Tel Aviv ; Le Magasin Centre National d’Art Contemporain, Grenoble ; Extra City Kunsthal, Anvers ; MAC Musée d’art contemporain de Montréal, Canada ; Palazzo Grassi, Venise ; Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam ; Moderna Museet, Stockholm. Elle a participé à de nombreuses biennales et remporté plusieurs prix internationaux, dont, récemment, la quatrième édition du Conseil italien (2018), promu par la Direction générale de l’art contemporain et de l’architecture et des périphéries urbaines du MiBAC. «J’imagine mes œuvres comme des conteneurs fluides conçus en tenant compte de l’»environnement» spécifique dans lequel ils se développent et basés sur une inclusion potentiellement infinie des éléments en jeu. L’art est pour moi une plateforme horizontale sur laquelle des éléments différents, mais de valeur égale, génèrent un mouvement énergique et donc une narration partagée.» Marinella Senatore https://marinella-senatore.com/


CENTQUATRE-PARIS est un espace de résidences, de production et de diffusion pour les publics et les artistes du monde entier. Pensé par son directeur JoséManuel Gonçalvès comme une plateforme artistique collaborative, il donne accès à l’ensemble des arts actuels, au travers d’une programmation résolument populaire, contemporaine et exigeante. Lieu de vie atypique jalonné de boutiques, il offre également des espaces aux pratiques artistiques libres et à la petite enfance. Pour les start-ups qui intègrent son incubateur, il constitue un territoire d’expérimentation unique, à la croisée de l’art et de l’innovation.

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e festival Circulation(s) s’attache chaque année à révéler la vitalité de la jeune création et à défendre la diversité des écritures photographiques aux travers d’expositions et d’événements singuliers. Le festival a lieu au CENTQUATRE-PARIS et se prolonge dans des lieux satellites en France, en Europe et à l’international sous forme de Hors les murs ou de tournées. Tremplin pour les artistes, laboratoire prospectif et innovant de la créativité contemporaine, Circulation(s) s’affirme comme un rendezvous incontournable de la photographie et un révélateur de tendances. Depuis sa création en 2011, le festival a exposé plus de 400 artistes et rassemblé plus de 300.000 visiteurs autour d’une volonté toujours plus forte d’être un événement populaire et exigeant à la fois. Fondé sur des valeurs d’éducation et de transmission autour de l’image, Circulation(s) s’adapte au contexte actuel en réinventant les formats d’événements et de rencontres. En digital ou en physique, ces rendez-vous créent des dialogues entre les artistes, les professionnels et le public, confrontent les regards et interrogent les frontières entre photographie et art contemporain. Faire circuler les images c’est aussi faire circuler les idées d’une nouvelle génération de photographes. Un lieu infini d’art, de culture et d’innovation Situé dans le 19e arrondissement, le

En raison des dernières dispositions gouvernementales, Circulation(s) 2021, le festival de la jeune photographie européenne ne pourra malheureusement pas être accessible au public dans l’immédiat. Une programmation en ligne commencera cependant dès le 13 mars sur le site internet et les réseaux sociaux du festival. Comme c’est le cas depuis 11 ans, Circulation(s) favorise les rencontres entre les artistes et le public, et cette année exceptionnellement avec des formats digitaux : visite guidée vidéo avec les membres du collectif, des interviews d’artistes,des lives, des e-lectures de portfolios...

Festival Circulation(s) 121 rue de Charonne Paris XI Tel +33(0)1 40 33 62 16 info@fetart.org Contact Presse : Nathalie Dran +33 6 99 41 52 49 nathaliedran@orange.fr La 11ème édition est décalée du 13 mars au 2 mai 2021 au CENTQUATRE-PARIS.

a programmation s’articule autour de la sélection par un jury de professionnels suite à l’appel à candidature 2020, à laquelle vient s’ajouter les coups de coeur et découvertes du Comité artistique du collectif Fetart. La pluralité de la sélection offre une proposition foisonnante qui permet d’offrir un panorama tangible de la création émergente. Comme chaque année, le festival confirme sa volonté de mettre en lumière les scènes émergentes européennes avec un Focus dédié. Le Portugal sera à l’honneur pour cette édition à travers le travail de 4 artistes : Beatriz BANHA Pedro FREITAS SILVA Bruno SILVA Sofia YALA RODRIGUES Avec le soutien de la Fondation Gulbenkian – Délégation en France. Le festival rejoint cette année les membres du réseau EMOP European Month of Photography - qui rassemble des festivals de photographie à Lisbonne (IMAGO LISBOA), Luxembourg (EMOPLUX), Berlin (EMOP

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BERLIN) et Vienne (FOTO WIEN) avec pour objectif commun de promouvoir la coopération au niveau européen, de renforcer la scène photographique internationale, d’intensifier l’échange d’informations et d’expériences et de soutenir les jeunes artistes. Dans le cadre de la thématique EMOP de 2021 «Repenser la nature / repenser le paysage» le festival expose le duo : Inka & Niclas (Finlande - Suède)

OUVERTURE DE L’EXPOSITION EN LIGNE Samedi 13 Mars à 14h sur nos réseaux et le site internet : www.festival-circulations.com RÉSEAUX SOCIAUX // FACEBOOK/Festival Circulations INSTAGRAM/festival_circulations TWITTER/ @collectiffetart LINKEDIN/ Fetart / Circulation(s) SITES INTERNET // www.festival-circulations.com www.104.fr

LES ARTISTES 33 artistes de 12 nationalités : Eleonora AGOSTINI (Italie) Anne-Sophie AUCLERC (France) Bobby BEASLEY (Angleterre) Jesper BOOT (Pays-Bas) Aïda BRUYERE (France) Lucas CASTEL & Mathilde MAHOUDEAU (Belgique) Chiara CORDESCHI (Italie) Karolina CWIK (Pologne) Mathias DE LATTRE (France) Nina FRANCO (Angleterre - Brésil) Elodie GRETHEN (France -Autriche) Varya KOZHEVNIKOVA (Russie) Thomas LOPES & Joanne JOHO (France - Suisse) Elie MONFERIER (France) Eleonora PACIULLO (Italie) Mathias PONARD (France) Bianca SALVO (Italie) Benjamin SCHMUCK (France) Eleonora STRANO (France - Italie) Charles THIEFAINE (France) Francesca TODDE (Italie) Elliott VERDIER (France) Marianne & Katarzyna WASOWSKA (France - Pologne) Hanne (Hanna) ZARUMA (Ukraine)


Foto galeriebarbarathumm

TERESA BURGA eresa Burga est une artiste internationalement reconnue pour son «art conceptuel» féministe, qu’elle a toujours négocié comme un espace d’action concret dans le contexte de l’héritage colonial du Pérou et de la réalité politique qui l’entoure, et dont elle a déconstruit les structures de violence et de pouvoir, les conventions et les attributions ethniques dans son travail. Cela signifie également que son travail ne doit pas être lu dans le contexte des exercices formels et esthétiques de l’art conceptuel «occidental», mais plutôt comme une analyse des pouvoirs administratifs, bureaucratiques et politiques inhérents au colonialisme, qu’elle brosse radicalement à contre-courant. Son œuvre acquiert son actualité en anticipant les discours contemporains sur la décolonisation de l’art et des institutions artistiques, en les présentant comme historiques et en les traduisant dans le présent. L’œuvre multimédia comprend des peintures, des séries de dessins étendues et conceptuellement conçues, des environnements à gran-de

échelle, des supports techniques tels que des installations de diapositives ou de vidéos, et même des installations cybernétiques. Le caractère transdisciplinaire qui sous-tend de nombreux cycles de travail est évident, entre autres, dans l’installation «Perfil de la mujer Peruana», 1981 (Profil de la femme péruvienne), qu’elle a réalisée en étroite collaboration avec la psychologue MarieFrance Cathelat. Issue du Pop Art, Burga est cofondatrice du groupe Arte Nuevo en 1966, qui utilise un «minimalisme pop» ironique et réalise des happenings publics. Après une courte période d’études à Chicago (School of the Art Institute of Chicago) de 1969 à 1971, Burga est retournée au Pérou, où elle a poursuivi son travail conceptuel, malgré toutes les circonstances défavorables. L’œuvre de Teresa Burga n’a été connue que d’un petit public jusque dans les années 2000. Sa redécouverte repose sur l’engagement d’une jeune génération de conservateurs de l’époque qui se sont mis à la recherche de son histoire récente tout en voulant la situer dans une scène artistique qui se mondialisait. Parmi eux, Miguel Lopez,

Emilio Tarazone et Dorota Biczel. Teresa Burga leur a ouvert ses archives, a joué le rôle de médiateur dans les contextes et a travaillé intensivement avec les jeunes commissaires pour passer au crible et reconstruire leurs installations complexes, en partie interactives. C’est notamment grâce à l’ouverture et à la cordialité de Teresa que la première exposition individuelle complète a eu lieu en 2010 à l’Instituto Cultural Peruano Norteamericano(ICPNA) de Lima et en 2011 au Württembergischer Kunstverein de Stuttgart. Ce dernier fut alors également l’occasion pour la galerie Barbara Thumm de reprendre l’œuvre et de la sécuriser en étroite association avec le Museo de Arte de Lima (MALI). Parallèlement, Teresa Burga a été présentée pour la première fois à un public international lors de la Biennale d’Istanbul 2011. Cela a été suivi de présentations avec plusieurs œuvres nouvelles et histo-riques à la 56e Biennale de Venise par Okwui Enwezor, 2015 ou dans l’exposition itinérante «Radical Women: Latin American

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Galerie Barbara Thumm Markgrafenstr. 68 (Passage) 10969 Berlin Germany +49-30-28390347 info@bthumm.de bthumm.de https://bthumm.de/wpcontent/uploads/Obituary-Miguel-A-Lo%CC%81pez.pdf

Art, 1960-1985» 2017 2018 (Hammer Museum Los Angeles, Brooklyn Museum of Art, New York, Pinacoteca de São Paulo, São Paulo). En 2019, deux vastes rétrospectives ont présenté ses œuvres au Migros Museum, Zurich et à la Kestner Gesellschaft, Hanovre. Burga a pu connaître et apprécier la montée rapide de sa reconnaissance internationale au cours de la dernière décennie de sa vie. Un corpus tardif d’œuvres a émergé, comprenant des sculptures, des dessins et des installations audio. Des œuvres très personnelles reflétant la finitude de sa propre vie ont été créées, ainsi que des œuvres liées à la situation politique et sociale actuelle du Pérou. Aujourd’hui, Teresa Burga est décédée. Son esprit, qui imprègne les œuvres, reste un mandat perpétuel de dialogue avec le temps dont son art nous parle, qui annonce toujours un avenir que Teresa nous a transmis de manière poétique aussi bien que critique, sensuelle aussi bien que politique. Un grand merci à Hans Christ pour sa notice nécrologique en l’honneur de Teresa Burga. Le Sculpture Centre de New York (2017) et le Musée Malba de Buenos Aires (2017), le SMAK de Gand (2018) ont consacré des expositions personnelles à Burga. En 2018, Burga a reçu un doctorat honorifique de l’Art Institute of Chicago. Ses œuvres font partie de collections internationales, notamment celles de l’Art Institute of Chicago, IL ; du Migros Museum, Zurich, Suisse ; du Museum of Contemporaray Art , Antwerpen (M HKA), Anvers, Belgique ; du Museo de Arte de Lima (MALI), Lima, Pérou ; Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires (MALBA), Argentine ; Museum Ludwig, Cologne, Allemagne ; Collection Hochschild, Lima, Pérou ; Sammlung Verbund Collection, Vienne, Autriche ; et Thyssen-Bornemisza Art Contemporary Collection, Vienne, Autriche. En 2016, le Ministerio de Cultura a reconnu les contributions de Burga à la culture péruvienne en lui décernant la Personalidad Meritoria de la Cultura. SInce 2019, Teresa Burga est également représentée par Alexander Gray Associates, à New York.

bthumm.de


voir les vidéos https://youtu.be/0EpEMah_SIY https://youtu.be/JC_FoOmqF00 https://youtu.be/hMeS_0uj5fU https://youtu.be/LMt3PAXGJCE https://youtu.be/Kadva0Th5oU

Foto whitecube

OLGA SUVOROVA

lga SUVOROVA Ольга Суворова est un maître russe acclamé. Elle est née en 1966 à SaintPétersbourg. Olga Suvorova a créé son propre style de peinture - des portraits de style de vie de personnages costumés dans les intérieurs de différentes époques. Son œuvre est une nostalgie du mouvement «Monde de l’art» de Saint-Pétersbourg, avec sa rétrospective et son amour du XVIIIe siècle. Olga est la fille de l’artiste honoré de la RSFSR Igor Suvorov. Elle est diplômée de l’Académie des arts d’Ilya Repin en 1988. . Ses peintures des acteurs de la «Comedia de arte» ont une qualité obsédante qui la distingue des nombreux jeunes artistes talentueux issus de l’Institut. Récemment, elle a produit une série de paravents magnifiquement détaillés qui ont été largement salués et collectionnés. Elle peint également des portraits et des paysages. Olga a exposé en Italie, en Allemagne, en Suède, en Finlande, en France, en Grande-Bretagne, en Irlande, en Chine et aux États-Unis, où ses œuvres font partie de nombreuses collections. Par son style de peinture à l’ancienne, elle perpétue l’héritage artistique de sa dynastie familiale et enchante les connaisseurs d’art du monde entier avec des portraits, des scènes magnifiques et des tableaux de genre. Ceux-ci oscillent entre le baroque moderne de Versailles, l’élégance de la Commedia dell’Arte et des couleurs allégoriques et expressives.

’artiste Olga Suvorova est née en 1966 à Saint-Pétersbourg, puis à Leningrad, d’Igor Suvorov et Natalia Suvorova, qui étaient également des artistes de renom. Fille de l’art, donc, et même d’une dynastie de peintres. Igor, Natalia, Olga et Ekaterina Suvorova constituent en effet trois générations d’artistes pétersbourgeois, entre autres très appréciés. Elle est diplômée de l’Académie des arts Repin de Saint-Pétersbourg, l’une des plus prestigieuses académies d’art au monde, comme les autres membres de la famille qui ont entrepris la voie artistique. Olga a réussi à créer un style personnel si particulier qu’il se distingue de tous les autres, en représentant des scènes et des personnages en costumes attribués à différentes époques. Dans certaines circonstances, pour mieux définir les détails des robes des dames, Suvorova utilise des soies aux couleurs riches, augmentant ainsi le rendement. Olga Suvorova se tourne vers la peinture en s’intéressant aux thèmes traditionnels les plus classiques qui révèlent également un fort sentiment d’appartenance au courant de la peinture russe contemporaine, mais avec un geste pictural qui amène la composition au-delà de l’image canonique. Dans ses œuvres, on peut également percevoir clairement les influences de peintres tels que Klimt pour l’utilisation d’un or brillant et somptueux, mais aussi des icônes typiquement russes et surtout des emblèmes classiques de la Renaissance italienne et de la période humaniste tels que Piero della Francesca. Son style peut être plus réaliste dans les représentations historiques, mais aussi fortement impressionniste dans d’autres peintures. Les œuvres d’Olga Suvorova impliquent certainement, j’ose dire magnétisent, plaçant le spectateur comme dans une position d’écoute, d’identification à la scène peinte, comme un tiers invité dans la représentation picturale exprimée. Il n’est pas possible de la définir en quelques mots, car dans ses tableaux, il y a mille détails dessinés de manière très détaillée et parfaite, mélangés à l’enchantement de la narration qui offre une vision du monde, je dirais même une perception presque tangible, car on pourrait toucher les tissus baroques peints ou sentir les fleurs colorées. Il n’est pas rare que dans les tableaux qui reproduisent des environnements bucoliques, il y ait aussi la présence de fleurs colorées et d’un chat. Les tableaux d’Olga Suvorova sont peints d’une main habile et rapide, qui révèle son aptitude à montrer les choses, les gens, les couleurs, les scènes et la vie dans les moindres détails, avec une capacité extraordinaire à nous rendre la force et la saveur de ses images avec des couleurs vitales, généreuses, denses et des tons intenses et vibrants. Il n’est donc pas surprenant que l’une de ses œuvres ait été vendue par la célèbre maison d’art et de vente aux enchères Christie’s en 2006. par Maria Ester Campese https://quartapareteroma.it/la-sontuosita-dei-dettagli-nelle-opere-di-olga-suvorova/

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