VOYAGEURSEN ÉGYPTE
STEAM SHIP SUDAN FLÂNEUSE DU NIL LE CAIRE
OASIS DU FAYOUM ALEXANDRIE ET LE DELTA DU NIL
SIWA MOYENNE-ÉGYPTE — LOUXOR — ASSOUAN
TEMPLES DE NUBIE MER ROUGE SINAÏ SOUDAN

STEAM SHIP SUDAN FLÂNEUSE DU NIL LE CAIRE
OASIS DU FAYOUM ALEXANDRIE ET LE DELTA DU NIL
SIWA MOYENNE-ÉGYPTE — LOUXOR — ASSOUAN
TEMPLES DE NUBIE MER ROUGE SINAÏ SOUDAN
Paris 2e
55, rue Sainte-Anne
+33 (0)1 42 86 16 00
Bordeaux
35, rue Thiac
+33 (0)5 57 14 01 48
Bruxelles
23, chaussée de Charleroi
+32 (0)2 543 95 50
Genève
19, rue de la Rôtisserie
+41 (0)22 519 12 10
Grenoble
16, boulevard Gambetta
+33 (0)4 76 85 95 90
Lausanne
Rue du Grand-Chêne 6
+41 (0)21 519 10 65
Lille
147, boulevard de la Liberté
+33 (0)3 20 06 76 25
Londres
First Floor
111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL)
+44 (0)20 7978 7333
Lyon 2 e
5, quai Jules-Courmont
+33 (0)4 72 56 94 56
Marseille 1 er
25, rue Fort-Notre-Dame
+33 (0)4 96 17 89 17
Voyageurs en Égypte 01 84 17 19 01
Montpellier
8, rue du Palais des Guilhem
+33 (0)4 67 67 96 30
Montréal
295, rue de la Commune Ouest
+(1) 514 722 0909
Nantes
13, rue du Moulin
+33 (0)2 40 20 64 30
Nice
4, rue du Maréchal Jo re
+33 (0)4 97 03 64 64
Québec
540, rue Champlain
+(1) 418 651 9191
Rennes
31, rue de la Parcheminerie
+33 (0)2 99 79 16 16
Rouen
17-19, rue de la Vicomte
+33 (0)2 32 10 82 50
Strasbourg
16, rue Sainte-Barbe
+33 (0)3 88 15 29 48
Toulouse
26, rue des Marchands
+33 (0)5 34 31 72 72
Zurich
Löwenstrasse 11
+41 (0)44 503 52 60
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Plus de vingtans de travaux ont été nécessaires à la réalisation du Grand Musée égyptien du Caire, sur le plateau de Gizeh. Son ouverture officielle, plusieurs fois reportée, a exaspéré nombre d’esprits cartésiens. Pourtant, cette relation au temps en dit long sur l’Égypte. Qu’est-ce que deux décennies dans un pays habitué à compter en millénaires?
Laconstruction de la pyramide de Khéops, 4600 ans plus tôt, nécessita elle aussi vingt années. Le sablier égyptien ne cesse de surprendre: lorsque des générations d’archéologues pensent que le pays a livré ses plus grands secrets et y apposent une date, Saqqarah révélait encore, en 2024, tombeaux et apparats insoupçonnés. Au passage, le documentaire consacré à ces fouilles est l’un des plus vus des plateformes de streaming. L’Égypte se moque du temps… Suspendu qu’il est à bord du Steam Ship Sudan, notre vapeur centenaire au charme Belle Époque (p.34). Vous vous demandez pourquoi votre rencontre avec ce pays a elle aussi tardé? L’expression arabe “mektoub” résonne alors : “c’était écrit”…
JEAN-FRANÇOIS RIAL
Pdg de Voyageurs du Monde
4
Cartographie
L’Égypte en un clin d’œil.
6
5 000 ans d’histoire À l’heure égyptienne.
10
L’esprit
Voyageurs du Monde
Notre façon d’aborder le monde.
12
Les services
Nos attentions pour voyager en toute fluidité.
16
Book lovers
Une sélection des libraires
Voyageurs du Monde.
18
Portfolio
L’Égypte sous l’objectif de Mathieu Richer Mamousse.
26 Magazine
La naissance du tourisme
Plus de cinq millénaires que l’Égypte aimante. Le pays du Nil a cristallisé les désirs, accéléré des entreprises… Et reste un épicentre par lequel les grands voyages transitent.
34 Le Steam Ship Sudan
Un navire vapeur de légende, mis à l’eau en 1921, qui entretient son charme Belle Époque et perpétue le rêve de la croisière au fil du Nil et du temps.
50 La Flâneuse du Nil
Navigation douce et au gré des vents pour une Égypte intimiste à bord de cette dahabieh privatisable.
58 Magazine
Les toiles de l’Orient
Des salles historiques du Caire, témoins encore bien vivants de l’âge d’or du cinéma égyptien.
62 Le Caire
De capitale des pharaons à mégalopole mondiale, Le Caire fascine toujours autant.
72
L’oasis du Fayoum
Au beau milieu du désert, un écrin bucolique de choix aux vestiges millénaires et aux fossiles de baleines.
74 Alexandrie et le delta du Nil
Ville rêvée d’Alexandre le Grand, la cité balnéaire a su se réinventer au cours des siècles et faire perdurer son art de vivre.
80 Magazine
Siwa, l’éblouissante
Sans doute l’une des oasis les plus envoûtantes du désert Libyque. Un mirage bien réel.
86
Du Caire à Louxor, l’ancien royaume d’Akhenaton donne le tempo du voyage et de l’histoire.
88
Louxor
L’ancienne Thèbes concentre palais, temples et tombeaux des pharaons du Nouvel Empire. On y va pour écouter parler les pierres.
94 Pop culture
“Walk Like an Egyptian” : la marche à suivre pour tenter de s’approcher de figures phares de l’Égypte.
98 Assouan
Dans l’alchimie des souks, la cité quasi tropicale mêle les couleurs de l’Orient et celles de l’Afrique.
104
Temples de Nubie
Philae, Abou Simbel… Le barrage d’Assouan a noyé des sites, mais la Nubie demeure, et son héritage antique est grandiose.
106
Destination très fréquentée, le contre-courant s’impose pour profiter des pépites locales, loin des foules.
110
De l’ascétisme du désert au foisonnement sous-marin de la mer Rouge, la péninsule du Sinaï saisit et rend humble face à la beauté du monde.
112 Magazine
Soudan, dans le sillage des pharaons noirs
Pays d’orfèvre, ce voisin de l’Égypte garde les vestiges discrets d’un pan d’histoire pharaonique méconnu.
116
L’usage du monde
Dix mots ou expressions à connaître pour un voyage pharaonique.
Oasis du Fayoum
Vallée des Baleines
Oasis de Siwa
Bérénice
Bérénice
Port Galib Marsa Alam
Port Galib
el-Medina
Louxor Deir
Louxor Deir el-Medina
Nécropole thébaine Temple de Karnak Colosses de Memnon
Nécropole thébaine Temple de Karnak Colosses de Memnon
Nil
Al-Kharga Esna Edfou
Marsa Alam
Kôm Ombo Assouan
Kôm Ombo Assouan
Al-Kharga Esna Edfou
Éléphantine
Kitchener
Kitchener
Éléphantine
Assouan
Assouan
Philae île de Sehel îles de Saluga Nil
Philae île de Sehel îles de Saluga Nil Nil
Simbel Désert Libyque
Simbel
Quelques repères
• Vol Air France Paris-Le Caire, sans escale : 4 heures
• Superfi cie de l’Égypte : 1 001 450 km 2 (1,8 fois la France)
• Le Nil : 6 650 kilomètres, soit l’un des trois plus longs fl euves du monde, avec l’Amazone (Amérique du Sud) et le Yangtsé (Chine)
• Pyramides : l’Égypte en compterait quelque 139. Les plus connues étant celles du plateau de Gizeh (Khéops, Khéphren et Mykérinos), complexes funéraires construits entre 2 550 et 2 490 avant Jésus-Christ, à dix-huit kilomètres du Caire.
Le roi Ménès unifie l’Égypte, entamant 3000ans de succession dynastique et de prospérité culturelle.
3150 av. J.-C.
Vers 590 av. J.-C.
Hérodote, l’intellectuel grec connu sous le nom de “père de l’Histoire”, visite l’Égypte, alors sous domination perse. Il laisse des récits détaillés de la vie quotidienne dans le pays, y compris une description assez réaliste et macabre de la momification.
Vers 445 av. J.-C.
Sur instruction du pharaon PsammétiqueII, des mercenaires grecs arrivent à Abou Simbel. Ils gravent rapidement leurs noms sur la jambe de l’une des vastes statues gardant l’entrée du temple.
Diodore, un historien grec, note que les Égyptiens vénèrent tellement leurs animaux sacrés qu’en cas de famine, ils seraient plus susceptibles de se manger entre eux que de manger leurs animaux.
Le géographe, philosophe et historien grec Strabon voyage le long du Nil jusqu’à Philae. Il assiste à des célébrations où règne “la débauche extrême” –des prêtres nourrissant des crocodiles sacrés à mains nues. Ses descriptions de temples, déjà à moitié ensevelis par le sable, étaient si précises qu’elles ont permis à l’archéologue français du XIXe siècle AugusteMariette deretracer, entre autres, l’emplacement exact des tombes de Saqqarah.
56 av. J.-C.
332 av. J.-C.
L’Égypte perse tombe aux mains d’Alexandre le Grand, qui se présente sournoisement comme le libérateur du peuple, héritier des pharaons et fils du dieu Amon. Il commence la construction d’Alexandrie, l’une des 70 villes à porter son nom (au même moment, il fonde une autre ville dans l’actuel Pakistan qu’il nomme Bucéphalie –du nom de son cheval).
25 av. J.-C.
30 av. J.-C.
Les Romains arrivent enconquérants et Alexandrie tombe aux mains d’Auguste, le premier empereur romain. La dernière dynastie de l’Égypte ancienne (ptolémaïque, ou macédonienne grecque) s’éteint au suicide de la reine Cléopâtre et de son amant Marc Antoine.
L’historien romain Tacite parle à un prêtre âgé qui avait traduit des hiéroglyphes en latin et en grec, et déchi re le texte d’un document détaillant les hommages des terres conquises. Une première tentative encourageante…
90 apr. J.-C.
Tous les visiteurs romains ne sont pas siadmiratifs. Uncertain Épiphane visite la Vallée des rois et, dix-huitsiècles avant Tripadvisor, gri onne ce commentaire sur une tombe: “J’ai visité et je n’ai rien aimé sauf lesarcophage.”
200 apr. J.-C.
69 - 138 apr. J.-C.
Sous les règnes deVespasien à Hadrien, les empereurs romains visitent l’Égypte et l’idée d’un circuit “typique” –comprenant une croisière sur le Nil, la visite d’Alexandrie, de la ville d’Héliopolis pour voir letemple de Ra, des pyramides et enfin de Memphis (près du Caire moderne) – commence à prendre forme. En 130 après J.-C., Hadrien visite les colonnes de Memnon à Thèbes et y laisse ses propres gra tis.
Vers 640 apr. J.-C.
Amr ibn al-As, le chef des troupes musulmanes qui ont conquis l’Égypte suite à l’e ondrement de l’empire byzantin, visite latombe de RamsèsVI dans la Vallée des rois. Il y grave son nom, qui vient s’ajouter aux gra tis déjà nombreux.
Denys de Tell Mahré, le patriarche d’Antioche et chef de l’Église orthodoxe en Syrie, réfute les théories antérieures selon lesquelles lespyramides sont des entrepôts decéréales en a rmant avoir été lui-même à l’intérieur de l’une d’elles à Gizeh et avoir vu un sarcophage.
Vers 830 apr. J.-C.
Vers 1150
Le géographe arabe Muhammad al-Idrisi suit les traces séculaires d’érudits musulmans, avec unefascination particulière pour l’Égypte et les pyramides. Il écrira unlivre sur le sujet et créera certaines despremières cartes dumonde.
L’armée de LouisIX, Saint Louis, arrive en Égypte pour laseptième croisade, qui setermine parundésastre avec ladéfaite de la bataille de Fariskur et la capture du roi etde milliers de compagnons croisés. 1249
Le prêtre jésuite
français Claude Sicard, cartographe qualifié, explore la vallée du Nil, devenant le premier Européen à confirmer que Karnak etLouxor étaient en fait l’ancienne ville de Thèbes.
Vers 1710
1600
L’intérêt pour l’Égypte s’intensifie. Un grand débat anime l’Europe: les pyramides avaientelles également un but astronomique?
L’enlèvement de reliques s’intensifie. On assiste àune détermination nouvelle à déchi rer les hiéroglyphes anciens.
Napoléon et son armée d’Orient, forte de 38000hommes, arrivent à Alexandrie avec près de 200savants, botanistes, géologues, archéologues et peintres. L’armée bat les Mamelouks (derniers dirigeants égyptiens), mais se retire après la destruction de sa flotte par un certain Horatio Nelson à la bataille du Nil. S’ensuit la publication de l’encyclopédie
Description de l’Égypte (1809-1829), point de départ de l’égyptomanie.
1798
1812
Le savant français Jean-François Champollion est le premier àréussir à déchi rer les hiéroglyphes, permettant ainsi de mieux comprendre la vie dans l’Égypte antique. La pierre deRosette, découverte lors de l’expédition de Napoléon etréquisitionnée par la suite par les Britanniques (qui se trouve aujourd’hui au British Museum), en est la pièce maîtresse, avec son texte écrit en grec, en démotique et en hiéroglyphes.
1822
L’explorateur écossais JamesBruce arrive pour lapremière fois en Égypte. Au cours des années suivantes, il explorera le pays, dont l’incontournable Vallée des rois, avant dedevenir le premier Européen à découvrir lesorigines du Nil Bleu enÉgypte et au Soudan.
L’Égypte commence à attirer touristes, pilleurs de tombes etexcentriques comme Giovanni Battista Belzoni, alias le Grand Belzoni, qui enlève levaste buste en granit de Younger Memnon (pesant septtonnes) de Thèbes. Il faut dixseptjours et 130hommes pour traîner la statue jusqu’au Nil, où elle est rapidement expédiée en Angleterre. Depuis, le buste est toujours auBritishMuseum.
Les Britanniques arrivent.
Le Premier ministre Disraeli achète à la Grande-Bretagne uneparticipation majoritaire dans lenouveau canal de Suez tandis que Thomas Cook & Son négocie un monopole sur les services de bateaux à vapeur touristiques le long du Nil avec le khédive, le dirigeant ottoman égyptien.
Le nombre de voyageurs augmente, tout comme les entreprises liées au tourisme (par exemple, lesfrères Zangaki, photographes de sites célèbres le long du Nil).
1870
1921
Le Steam Ship Sudan, qui fait partie de la flotte de Thomas Cook, fait sa première croisière sur le Nil.
Le tourisme de masse débute parallèlement à l’expansion destations balnéaires telles que Sharm el Sheikh sur la mer Rouge dans les années 1980. 1975
L’année célèbre les 200ans des hiéroglyphes déchi rés par Champollion, les 100 ans de l’Égypte comme État indépendant, et également le centenaire de la découverte de latombe de Toutânkhamon.
1922
Howard Carter, dont l’expédition est financée par Lord Carnarvon, trouve enfin la tombe de Toutânkhamon (après qu’un jeune porteur d’eau, Hussein Abdel-Rassoul, eut mis le pied sur la première marche d’un escalier qui s’enfonçait dans le sol…). Le “Garçon Pharaon” ayant été rayé de l’histoire par lesdynasties qui l’ont succédé, sa tombe n’a jamais été visitée par les pilleurs, ce qui en fait la découverte égyptienne laplus importante de tous lestemps. Un regain d’intérêt pour l’Égypte s’amorce, avec des visiteurs comme Agatha Christie ou Winston Churchill, en croisière sur le Nil.
Année de tous les records qui voit le pays des pharaons attirer 14,7millions de touristes, dont près de 11millions proviennent d’Europe. La France, et ses quelque 600000 visiteurs, arrive au cinquième rang despays de l’UE à venir s’extasier en Égypte.
La période 2024-2025 marque l’ouverture du Grand Musée égyptien, non loin des grandes pyramides, abritant des dizaines de milliers de trésors de l’Égypte antique.
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Tenter de traverser l’Égypte -antique, contemportaineen cinq ouvrages. Une véritable gageure: sa littérature est sans doute aussi riche que sa civilisation! Une sélection, humble et fine, des libraires Voyageurs du Monde.
Roman Au soir d’Alexandrie
Alaa El Aswani
Actes Sud, 2024
Le sixième roman de l’auteur dusublime Immeuble Yacoubian (2002) aurait pu prosaïquement s’appeler “Ce que la dictature de Nasser a fait à l’Égypte”. Avec toute l’humanité et la maîtrise narrative qui caractérisent son écriture, le dentiste-romancier dépeint à l’aide d’une palette de personnages l’Alexandrie de la fin des années 1950. Dans la langueur et la beauté de la ville cosmopolite, ces amis refont le monde. Mais l’arrivée au pouvoir de Nasser va changer la donne. Et le roman glamour de se transformer en un récit tendu au fur et à mesure que se durcit la dictature. Alaa El Aswani y explore la complexité de la période, ses enjeux sociétaux, humains, les “petites” trahisons… Un livre crépusculaire, nostalgique, mais totalement addictif (lire aussi p.96).
Fiction historique
Les Méandres du Nil de Robert Solé Points, 2019
L’égyptomanie a gagné la France, et Justin, jeune Breton, prend part inopinément au voyage qui ramènera, en 1831, de Louxor à Paris, l’obélisque o ert par Mohamed Ali à CharlesX. Une épopée romancée et jubilatoire signée par l’égyptologue Robert Solé.
Récits
Taxi de Khaled Al Khamissi
Actes Sud, 2007
Un premier livre devenu rapidement un best-seller mondial. Au mitan des années 2000, Khaled Al Khamissi, producteur, réalisateur et journaliste, a l’idée géniale de créer un recueil de cinquante-huitconversations avec des chau eurs de taxi du Caire. Des échanges parfois adaptés, parfois inventés qui disent, non sans humour, les di cultés quotidiennes de la population, la corruption, la violence, les griefs envers le pouvoir politique en place –à l’époque (avril 2005-mars 2006), l’impopulaire président HosniMoubarak brigait un cinquième mandat… Chronique sociale, acide, d’une Égypte meurtrie et au bord de l’explosion, on s’engou re avec plaisir dans ce Taxi, que l’on peut lire d’unetraite ou par bribe, au gré de son envie.
BD
Chroniques de la nécropole de Golo & Dibou Futuropolis, 2011
Daniele Regolo, dit Golo, s’est installé en 1996 avec sa compagne Dibou à Gournah, sur la rive ouest du Nil, face à Louxor. Un bonheur de quinze ans jusqu’à ce que l’État décide de raser le village pour y construire un parking pour touristes et d’évacuer ses habitants. Un récit fort et émouvant.
Akhenaton le Renégat de Naguib Mahfouz Folio, 2000
Hanté par le souvenir du dixième pharaon de la XVIIIe dynastie, Méri Moun, jeune Égyptien contemporain du père du célèbre Toutânkhamon et époux de Néfertiti (Akhenaton régna entre 1355 et 1337 av. J.-C. et l’histoire se déroule vers 1300 av. J.-C), décide d’éclairer les sombres circonstances de la mort du “pharaon hérétique”. Révolutionnaire, considéré comme l’un des pionniers du monothéisme (culte d’Aton, dieu solaire) et donc très contesté, Akhenaton n’aura pas fait l’unanimité autour de lui. On suit avec passion la chasse aux témoins ayant connu Akhenaton de Méri Moun. Un patchwork narratif habilement composé par le Nobel égyptien Naguib Mahfouz.
Un passage obligé ! On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller. 48, rue Sainte-Anne, Paris IIe
Noblecourt
Une femme monumentale
Personnalité hors du commun que celle de Christiane
Desroches Noblecourt (19132011). Passionnée dès son plus jeune âge par les pharaons, elle décide d’étudier l’égyptologie. Malgré l’incongruité de son choix (la présence d’une femme était rare dans ce domaine), grand bien lui prit de rester déterminée: grâce à elle, c’est tout un patrimoine mondial sur le point d’être englouti sous les eaux du barrage d’Assouan qui fut sauvé au cours des années 1960-70 (une vingtaine de temples de Nubie, Abou Simbel en tête). Avant cela, elle dut batailler ferme pour obtenir le soutien de l’Unesco, du général de Gaulle et du ministre de la Culture égyptien, qui, à son tour, persuada le président Nasser d’approuver le plan de sauvetage. Résistante des premières heures, elle est maintes fois honorée (par la Légion d’honneur, l’Ordre du mérite, le CNRS, l’Unesco, etc.). Son intelligence et son audace suscitent des vocations, aussi bien lors de conférences, qui font salle comble, que durant ses cours à l’École du Louvre, où elle enseignera l’épigraphie et l’archéologie égyptienne. Conservateur au Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, elle est aussi l’autrice de nombreux ouvrages grand public, dont Toutânkhamon (traduit en 16langues), La Femme au temps des pharaons Un de ses éditeurs dit qu’elle “a mieux servi la cause des femmes qu’une armée de su ragettes” L’une de ses anciennes élèves, Claudine Le Tourneur d’Ison, écrivaine et réalisatrice elle aussi passionnée d’Égypte, lui rend hommage dans la biographie LaReine de l’égyptologie, parue chez Tallandier en 2022.
Croisant aux frontières du photojournalisme et de la mode, Mathieu Richer Mamousse développe depuis des années son attirance pour les lumières et les couleurs chaudes. Ses images, portées sans contradiction par l’esthétisme et la recherche de sens, nourrissent en parallèle un travail de fond sur les communautés, la tradition, les croyances et la religiosité à travers le monde. La rencontre du photographe avec l’Égypte sonnait comme une évidence.
Depuis plus de cinqmillénaires, l’Égypte aimante. Le Grec Hérodote, César et Cléopâtre ou encore Lady Agatha Christie y ont assouvi leur curiosité. Du haut de ses pyramides, temples et tombeaux, le pays du Nil a cristallisé les désirs, accéléré des entreprises -campagne napoléonienne de 1798, premières croisières Thomas Cook & Son… Sans parler de l’égyptomania. Paradis des passionnés d’archéologie, l’Égypte reste un épicentre par lequel les grands voyages transitent.
Il n’y a rien de surprenant à ce que le tourisme ait débuté en Égypte. Au Ve siècle avant JésusChrist, lorsque fut rédigé le premier guide touristique sur l’Égypte, la civilisation des pharaons avait déjà plus de deux millénaires et demi. À cette époque, de nombreux monuments, tous plus surprenants les uns que les autres, tels que les pyramides, les temples et les obélisques, avaient déjà été construits. Nul autre pays au monde ne pouvait se vanter d’une telle concentration de merveilles sur son territoire. “Une raison suffisante pour s’attacher à décrire en détail ce pays ”, selon les dires d’un célèbre visiteur. Ce visiteur était un Grec, connu sous le nom d’Hérodote. Surnommé “le père de l’Histoire ” par Cicéron, le récit qu’il fit de l’Égypte reste à ce jour la principale source d’informations des nombreux guides qui ont été écrits sur le pays depuis. Ce ne fut pas, bien sûr, le premier étranger attiré par le pays du Nil. L’Égypte étant fabuleusement riche, son or faisait rêver beaucoup de visiteurs. La plus ancienne représentation d’un roi égyptien jamais identifiée –trouvée sur une tombe datant d’environ 3800 avant Jésus-Christ –montre un personnage brandissant une massue avec laquelle il menace troisprisonniers attachés. Ainsi, siècle après siècle, millénaire après millénaire, le pharaon avait le devoir permanent de protéger les frontières de son royaume contre de tels barbares. De même, comme en témoigne la Bible, les étrangers ont continué à a uer dans le pays. Où, ailleurs qu’en Égypte en temps de famine, les mendiants comme les enfants d’Israël pouvaient-ils aller ?
La fascination pour l’Égypte: une vieille histoire Hérodote, quant à lui, était un visiteur di érent. Il ne venait pas en Égypte pour s’enrichir ou chercher du blé, mais pour admirer les merveilles et tout ce qui faisait la particularité de ce pays. Son itinéraire était proche de celui des touristes d’aujourd’hui: il visitait les pyramides de Gizeh, se perdait dans les temples et les complexes funéraires labyrinthiques, contem-
plait le Nil. Mais il ne s’est pas seulement intéressé aux monuments antiques et aux beautés naturelles du pays. Il était fasciné par les Égyptiens euxmêmes. “Dans presque toutes leurs coutumes et leurs pratiques, rapporte-t-il, ils font exactement le contraire du reste de l’humanité.” Ainsi, les femmes allaient au marché et les hommes restaient à la maison. Les crocodiles portaient des boucles d’oreilles. Les morts étaient momifiés. Hérodote, désireux de parler à tout le monde, ébloui par tout, juste assez crédule pour ne jamais être ennuyeux, reste à ce jour un formidable guide touristique. Les Grecs ont toujours été fascinés par l’Égypte. Mais paradoxalement, pour la plupart de ceux qui s’y rendaient, l’admiration face à l’ampleur des monuments se teintait d’une pointe de dédain. Quand certains s’extasiaient sur cette patrie de la sagesse, d’autres ne trouvaient qu’à graver leurs noms sur la jambe d’une statue colossale de pharaon. Dans le langage aussi : une “pyramide” signifie un petit pain pointu, un “obélisque” désigne une broche à rôtir, le nom “crocodile ” était celui initialement donné par les Grecs aux lézards. Cette ambivalence se retrouve dans l’adage grec: “Tel un temple égyptien”. Comprenez: impressionnant de l’extérieur, foutraque à l’intérieur, où vous pouvez trouver un prêtre chantant des cantiques à un chat errant.
Il n’est donc pas étonnant qu’en 331 avant JésusChrist, lorsqu’Alexandre le Grand conquiert l’Égypte et fonde une nouvelle capitale, il implante sa ville sur la côte. Suspendue entre la mer et le désert, Alexandrie fait se côtoyer les statues d’Apollon et d’Athéna et celles de divinités à têtes d’animaux dans les rues. C’est une ville de superlatifs célébrée à travers la Méditerranée pour sa bibliothèque et son phare, ses palais spectaculaires et ses machines à sous. Même les Romains –qui méprisaient généralement tout ce qui n’était pas Rome– aspirent à la visiter. “Oui, avoua le grand orateur Cicéron, je rêve depuis fort longtemps de voir Alexandrie.”
Arrivé en conquérant à Alexandrie en 48 avant JésusChrist, Jules César fut le premier à lancer la tendance.
Le général romain et la reine égyptienne Cléopâtre, dont il était épris, naviguèrent ensemble sur le Nil…
La croisière de luxe de César et Cléopâtre
Lorsque l’Égypte fut absorbée par l’Empire romain, en 30 avant Jésus-Christ, une fascination pour tout ce qui était égyptien s’empara de Rome. Le tourisme, cependant, était sévèrement restreint. L’Égypte, riche et fertile, était le fief privé et totalement exclusif des empereurs romains et de leurs proches. Il était interdit aux sénateurs d’y mettre les pieds. Le risque que l’un d’eux s’en serve comme base d’une insurrection était considéré comme trop grand. Arrivé en conquérant à Alexandrie en 48 avant JésusChrist, Jules César fut le premier à lancer la tendance. Le général romain et la reine égyptienne Cléopâtre, dont il était épris, naviguèrent ensemble sur le Nil lors d’une croisière de luxe. Selon un biographe, “si son armée n’avait pas refusé de le suivre, il aurait fait tout le chemin avec elle jusqu’en Éthiopie”
Dans le sillage de César, nombre d’empereurs firent un voyage similaire sur le Nil. Leur objectif principal était Louxor et la statue monumentale d’un homme assis. C’était, de l’avis de l’époque, la plus grande attraction touristique de toute l’Égypte. Bien qu’en réalité la statue représente AmenhotepIII, le grandpère de Toutânkhamon, les visiteurs romains croyaient qu’elle montrait un ancien héros nommé Memnon, un Éthiopien qui avait combattu pendant la guerre de Troie et qui était le fils de l’Aube. Ils tenaient pour preuve de cette identification un phénomène miraculeux: par moments, au début du printemps et au lever du soleil, le socle de la statue du colosse se mettait à chanter, ou plutôt à bourdonner. Le son, selon un écrivain voyageur, ressemblait à la vibration d’une corde de lyre. La poétesse JuliaBalbilla, qui en 130 après Jésus-Christ avait accompagné l’empereur Hadrien à Louxor, aurait entendu Memnon chanter: “La voix de Memnon
résonne comme du bronze frappé, haut perchée.” Quatre de ses poèmes furent gravés sur le côté de la statue. Sculptées avec beaucoup d’habileté et de précision, ces inscriptions ont perduré dans le temps.
Et les pèlerins remplacèrent les touristes… Toutefois, à la fin du IIe siècle, le chant de Memnon faiblit avant de se taire à jamais. Cette disparition fut suivie de beaucoup d’autres. L’Égypte du temps d’Hadrien témoignait de diverses continuités –de culte, de culture et de langue – remontant à plus de trois milleans. Mais l’avènement du christianisme, puis de l’islam tira un trait sur ce chapitre fabuleusement long. Les temples furent abandonnés au sable ; les coutumes, qui avaient tant intrigué Hérodote, abandonnées; la signification des hiéroglyphes oubliée. Les touristes, qui avaient visité les monuments pharaoniques, furent remplacés par une nouvelle catégorie de voyageurs: les pèlerins. Autrefois véritable puissance intellectuelle du paganisme, Alexandrie, fraîchement reconsacrée, devint “la ville la plus glorieuse et la plus adoratrice du Christ des Alexandrins”. Les moines se rendirent dans le désert pour y mener une vie ascétique, ce qui attira irrésistiblement les dévots. Un monastère fut implanté au pied du mont Sinaï. Puis, avec la conquête de l’Égypte par les Arabes en 642, le pays écrit de nouvelles pages de son histoire. De nouvelles destinations, de nouveaux repères, de nouveaux objets de pèlerinage voient le jour. En l’an mille, l’Égypte devint une véritable puissance de la civilisation islamique abritant de superbes mosquées, une calligraphie exquise et une toute nouvelle capitale, LeCaire, aussi éblouissante que puissante. La grande université Al-Azhar, fondée en 972, reste d’ailleurs à ce jour la plus célèbre et la plus influente de tout le monde islamique.
Pendant ce temps, se dressant en marge de l’imaginaire des chrétiens et des musulmans, l’ombre de l’Égypte ancienne a perduré. La figure du pharaon a servi d’archétype de l’idolâtrie, à la fois dans la Bible et le Coran. Les monuments à sa gloire avaient ainsi tendance à être considérés par les fidèles au mieux avec désintérêt, au pire avec crainte. Néanmoins, les visiteurs du Caire ne pouvaient s’empêcher d’être sensibles aux pyramides et de nombreux pèlerins arpentaient la ville pour s’en émerveiller. Les chrétiens les avaient pendant longtemps identifiées comme des greniers à blé construits par Joseph; mais au XVIe siècle, alors que la fascination des érudits de la Renaissance pour l’Antiquité devenait de plus en plus forte, les Italiens commencèrent à visiter l’Égypte, non pas en tant que pèlerins, mais en tant que touristes. En 1589, un Vénitien voyagea jusqu’à Louxor, avec “pour seule raison de voir de superbes bâtiments, églises, statues colossales, obélisques et colonnes réunis”.
La campagne de Napoléon Un nombre croissant d’Européens lui emboîtèrent le pas au cours des siècles suivants. L’expédition la plus célèbre, et de loin la plus influente, fut celle de Napoléon, en 1798. “Soldats, songez que, du haut de ces pyramides, quarantesiècles d’histoire vous contemplent !”, déclara-t-il avant la bataille des Pyramides, la grande victoire qui a valu à la France le contrôle temporaire de l’Égypte. Mais Napoléon le conquérant était également là en visiteur. Dans ses a aires, un exemplaire du récit d’Hérodote, et à sa suite toute une armée de savants.
En voyageant à travers l’Égypte, ces érudits compilèrent la première grande étude moderne des antiquités du pays. L’impact à travers l’Europe fut phénoménal. Et, en 1828, lorsque le linguiste français Jean-François Champollion débarqua à Alexandrie, il le fit en tant qu’homme qui, au cours de la décennie précédente, avait déchiffré les hiéroglyphes. Remontant le Nil jusqu’à Louxor, il fut le premier touriste depuis l’époque romaine à pouvoir lire les monuments antiques.
Les savants ne furent pas les seuls à être pris d’égyptomanie. En 1869, lors de l’inauguration du canal de Suez, Thomas Cook, un entrepreneur anglais, pionnier du tourisme, qui fut parmi les premiers à proposer des séjours en groupe pour les classes moyennes, était présent. Soutenu par un
gouvernement égyptien impécunieux totalement dépendant de la Grande-Bretagne, il créa toute une infrastructure, loua des bateaux à vapeur pour monter et descendre le Nil, employa des armées de traducteurs et de guides… En 1884, à la demande du gouvernement britannique, l’agence de Thomas Cook organisa même le transport du corps expéditionnaire d’Alexandrie au Soudan, dans le vain espoir de sauver le général Gordon, à Khartoum.
Une destination toujours prisée
Au tournant du XXe siècle, l’industrie du tourisme était telle que l’Égypte s’était solidement établie comme la destination hivernale préférée des riches Occidentaux. Les voyageurs retrouvaient alors, à bord d’un bateau à vapeur ou dans un hôtel de luxe, tout le confort familier de leur maison. Ils pouvaient également s’adonner à de nouveaux passe-temps. Lorsque Lord Carnarvon, à qui ses médecins avaient conseillé d’hiverner en Égypte après un grave accident de voiture, arriva sur les bords du Nil, il ne tarda pas à se passionner pour l’archéologie. En 1922, la découverte par Howard Carter, dont il était le mécène, de la tombe de Toutânkhamon déclencha une nouvelle crise d’égyptomanie, qui ne s’est jamais estompée depuis.
Centans plus tard, la fascination qu’exerce l’Égypte est toujours intacte. Elle reste l’une des destinations touristiques préférées au niveau mondial. Pour conserver cet attrait, le gouvernement égyptien n’a pas chômé: un nouveau musée spectaculaire, le Grand Musée égyptien (GME), renfermant en son sein les trésors funéraires de Toutânkhamon, les momies royales et un large éventail d’objets archéologiques détenus par tous les musées du monde, s’est implanté à Gizeh. Aujourd’hui, comme elle l’a toujours fait, l’Égypte témoigne de la véracité du jugement d’Hérodote: “C’est un pays qui se vante d’un nombre démesuré de merveilles et possède plus de monuments indescriptibles que tout autre.”
VOYAGEURS DU MONDE
Retrouvez un panorama du voyage en Égypte, et l’histoire des premières croisières sur le Nil, dans le livre Une croisière sur le Nil – Ou la Fabuleuse
Histoire du Steam Ship Sudan, disponible à la librairie Voyageurs du Monde, Paris 2e.
Mis à l’eau en 1921, le navire vapeur
Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.
navigue toujours entre Assouan et Louxor. Sadécoration et son atmosphère restituent à merveille, et dans les moindres détails, le charme originel et si particulier de la Belle Époque. Embarquement pour une croisière au fil du Nil et du temps.
Àla tombée du jour, sur le pont supérieur du Steam Ship Sudan, unAnglais en costume de flanelle s’est planté dans le bec un cigare trop grand pour sa figure. L’air inspiré, il expire des ronds de fumée. Un étage au-dessous, dans le salon-bibliothèque, deux autres passagers s’adonnent au backgammon, dernier jeu à la mode. La partie bat son plein, les verres tintent et on croit entendre les mesures d’un charleston. Il y a là aussi un marchand de montre-bracelet et, non loin, sur deux fauteuils de cuir ambré, conversent une collectionneuse d’art et un cultivateur d’endives. Tout indique que nous sommes en 1925, sous la présidence bonhomme de Gaston Doumergue. Renseignements pris auprès du capitaine, il s’avère qu’un siècle et deux républiques ont passé. Mais personne ne semble ici en avoir été averti. Depuis centans, le Sudan descend le Nil et remonte le temps.
Standards Belle Époque et luxe discret
On ne devra pas s’attendre à trouver à son bord tout le confort moderne… C’est beaucoup mieux: on y retrouve le confort d’autrefois. En matière de luxe, les standards Belle Époque pourraient en remontrer aux normes d’aujourd’hui. Lits de bois doré ou de cuivre, miroirs au mercure, meubles laqués, tapis épais…
Toute la quincaillerie de palace remise au goût de jour. Mais n’allez pas vous imaginer le Sudan confit dans le passé. La direction n’est pas hostile à la marche du progrès. Pour preuve, on trouve dans une coursive, à bâbord, une boîte aux lettres rutilante. Elle permet aux passagers qui le désirent d’établir une communication avec le monde extérieur. Dans chacune des vingt-quatre cabines, d’authentiques téléphones à cadran permettent en outre de joindre
la réception, distante d’une douzaine de mètres environ. C’est très charmant et parfaitement inutile. L’essentiel est souvent a aire de superflu.
Une légende parmi les légendes
Le Steam Ship Sudan est un monument et tout monument charrie ses légendes. Amir Attia, son directeur, en est l’un des principaux pourvoyeurs. Si vous le rencontrez un soir de verve, il vous racontera peut-être que le Sudan fut o ert à la reine Victoria par le bon roi Farouk. Sauf le respect d’Amir, SaMajesté la reine d’Angleterre était enterrée depuis près de vingtans quand vint au monde Farouk. Selon toute vraisemblance, aucun de ces deux-là n’a jamais appareillé sur le Sudan. D’autres illustres les ont suppléés.
Entre les deux guerres, toute la haute bourgeoisie occidentale se presse sur les navires de la Thomas Cook & Son. O ciers, diplomates, intellectuels, hommes d’a aires et femmes du monde se disputent les cabines. On compte aussi quelques scientifiques.
En 1933, l’archéologue britannique d’origine autrichienne Max Mallowan y embarque en compagnie de son épouse, laquelle épouse s’appelle Agatha Christie. La reine du crime trouvera dans ce huis clos matière à l’un de ses plus grands romans, Mort sur le Nil (1937). “Faites comme moi, conseillait Agatha Christie à ses lectrices, épousez un archéologue! C’est le seul homme qui vous regardera avec de plus en plus d’intérêt à mesure que passeront les années…” Aux premières heures du jour, un clapot nous tire du sommeil. Le steamer a largué les amarres dans le petit matin. Sans quitter les draps, nous tendons un bras et poussons le volet. La vue du Nil dans son lit depuis son lit constitue l’un des plus grands plaisirs terrestres.
À l’ombre du taud, le sundeck invite à une pause sur sa terrasse. Chaises longues, fauteuils et un bar permettent de se désaltérer en profitant de la vue à 360 degrés. La suite Odilo y rayonne de toute sa splendeur.
Distribuant la plupart des cabines, le pont supérieur est également un lieu pour se poser, à l’ombre et dans les mouvements d’air. Un poste d’observation sur la vie des rives.
Le plancher de teck patiné par les ans, le parfum huilé, la vue sur les roues à aubes: le pont principal vous transporte dans le temps. Il abrite le salon, le restaurant, quatre cabines et une suite.
Sur le Sudan, repos, songerie et délassement ne sont pas de vains mots. Les pires vicissitudes n’ont pas de prise. Il su t de se laisser aller.
Ce genre de plaisirs après lesquels on peut mourir serein. Nous décidons de remettre la chose à plus tard et sortons nous accouder à l’avant, dans le soleil montant, les yeux mi-clos, apaisés, le visage baigné de lumière.
Le délice des voyages au lent cours Sur le Sudan, repos, songerie et délassement ne sont pas de vains mots. Les pires vicissitudes n’ont pas de prise. Il su t de se laisser aller. D’ailleurs, de quoi pourrait-on s’inquiéter? On ne peut rien pour empêcher les choses. “Mektoub”, disent les Arabes (l’expression du fatalisme pour les musulmans –le destin étant déterminé par Dieu). Sage philosophie. Arrivera ce qui arrivera, c’est écrit. Un cliquetis interrompt nos fumeuses divagations. Le vapeur vient d’atteindre sa vitesse de croisière. À peine dixkilomètres par heure: le délice des voyages au lent cours… À ciel ouvert, au cœur du pont, le moteur étire ses bielles hors d’âge. On les voit aller et venir, entraînant dans leur mouvement les roues à aubes. Cette étonnante mécanique assemblée au Caire en 1920, comme l’ensemble du bateau exporté depuis l’Écosse, tourne aujourd’hui en silence. Il faut voir AhmedRamadan, doyen des mécaniciens, l’arroser amoureusement au moyen d’une burette d’huile. Le spectacle est saisissant et le ballet parfaitement réglé. Bientôt trenteans que l’homme et la machine se fréquentent. Un instant, nous songeons à interroger Ahmed sur les modalités d’embauche. Quel est son cursus? Tout quitter pour s’engager mousse sur le Sudan, voilà qui nous titille.
L’estomac se rappelle à notre souvenir. Dans la salle à manger, le couvert a été dressé sur des nappes blanches. Porcelaine blasonnée, sucrier, pampilles: pas une faute de goût. La décoratrice Christine Puech a brocanté ces pièces dansles bazars du Caire et chez les meilleurs faiseurs. Tout ici n’est que luxe, désuétude et ra nement. Au vrai, le Sudan pourrait descendrela Meuse, ce serait déjà fabuleux. Mais il croise sur le Nil, une civilisation trois fois millénaire défile au dehors, et cela ne gâte rien.
2007, une remise à flot mémorable
Les plus grands sites jalonnent le parcours : temples de KomOmbo, de Karnak, colonnes d’Amenhotep III, Vallée des rois, des nobles, des artisans… À chaque escale, des guides mènent le passager en excursion. On en revient fourbu, époustouflé, pantelant. Il est onze heures. Nous songeons qu’un verre de Cointreau nous aiderait à se remettre de nos émotions.
Le “maître-bar”, Ashraf Attalla, prend les devants et nous verse une tisane de karkadé. Le karkadé est en Égypte ce que l’on appelle communément chez nous l’hibiscus. Non sans fierté, AmirAttia, le directeur, s’autoproclame l’inventeur de la confiture d’hibiscus. Personne au monde n’avait osé avant lui. Un petit pas pour l’homme, ajoute-t-il, mais un grand pour la confiture. Nous opinons en tartinant.
Qu’il semble loin le temps où le Sudan agonisait sur un quai désa ecté du Caire. Il y a vingtans de cela, le raïs Jean-François Rial et son associé Alain Capestan l’y débusquaient par une nuit sans lune.
Le glorieux navire n’était que l’ombre de lui-même. Chargé de lest, écaillé, la mousse gagnait ses plats-bords. La compagnie Voyageurs du Monde eut l’audace de lui rendre son lustre. On dit que l’audace paie, elle coûte aussi. Des sommes colossales furent englouties. Placé des mois durant en cale sèche, le Sudan est entièrement révisé, allégé, et le moindre rivet décapé. On radoube la coque et on dénaphtalise les salons. Le jeu en valait la chandelle. Quand le Sudan fut enfin remis à flot, toute la ville lui fit fête. Odilo Rial et Fabien Cazenave, respectivement général et lieutenant de cette rénovation, étaient à bord ce jour-là.
C’était en 2007. De mémoire de marin, jamais on n’avait entendu pareil concert de sirènes et de cornes de brume. Les enfants agitaient les bras et les hommes se découvraient. L’Égypte saluait le retour de l’aîné.
Comme si cela devait durer toujours… Troisième jour de navigation. Après-midi sur le sundeck. Les passagers ont pris leurs marques. Paraissent avoir toujours vécu sur ce bateau. Dans le ciel dérivent les montgolfières et les ibis. Où vont-ils? Qui sont-ils? Comme ils sont loin du sol! À fleur d’eau passe une felouque chargée jusqu’à la garde. Étendu sur une chaise longue, le marchand de montre-bracelet fait semblant de lire la correspondance de Lady Du Gordon, auteure d’écrits ethnographiques majeurs sur la Haute-Égypte. Une peintre, qui ne sait plus où donner du pinceau, a déployé son chevalet. Jadis, le pont avant était dévolu à la pratique de l’aquarelle, les plans d’époque mentionnent une “Drawing Room”. En lieu et place, ce sont aujourd’hui deux suites panoramiques. Au matin du quatrième jour, un homme qu’on n’avait pas encore remarqué se lisse les moustaches. Panama et pantalon à pinces, peut-être est-il garçon coi eur le restant de l’année.
C’est la merveille du Sudan : qu’on soit poète, prince d’Aquitaine ou clerc de notaire à Longjumeau, on devient tous un peu Lord anglais le temps de la traversée. Personne
ne songerait à enfiler un pantacourt ou des chaussettes dans ses sandalettes. Nul règlement ne l’interdit, seulement l’usage.Comme si cela devait durer toujours, les roues à aubes barattent l’eau du fleuve. “Le maître mot de la vie sur le Nil est la paix, écrivait jadis un reporter du Daily Mail Une existence paisible, régulière et reposante. Il y a juste assez de variété pour garder votre esprit éveillé et su samment de routine pour le laisser tranquille.” La paix, c’est cela. Le passager du Sudan n’est pas de ceux qui s’imaginent avoir “fait l’Égypte” parce qu’ils l’ont foulé aux pieds. Non, il cherche ailleurs, accomplit autrement, autre chose. Il voyage dans le temps et se permet de le prendre.
Une nuit encore et nous atteignons Louxor, l’ancienne Thèbes. Louxor et son obélisque orphelin. “Comme l’autre doit s’embêter là-bas sur la Place de la Concorde, et regretter son Nil, écrivait Gustave Flaubert dans son Voyage en Égypte Et que pense-t-ilen voyant tourner autour de lui les cabriolets de régie, au lieu des anciens chars qui passaient jadis au niveau de sa base?” Certes, l’obélisque de la Concorde doit se morfondre et nous envier beaucoup. Au retour, nous irons lui passer le bonjour. Car retour il y a et débarquer du Sudan n’est pas la moindre peine. On préférerait de loin se faire ôter une molaire. À l’instant de rejoindre la terre ferme, Ashraf nous tend une main compatissante. Peut-être a-t-il eu vent de notre projet de reconversion. Nous nous retournons encore une fois. Quand reverrons-nous du Steam Ship Sudan fumer la cheminée et en quelle saison? Ce bateau nous est une province et bien davantage.
VOYAGEURS DU MONDE
La croisière s’effectue en 6 jours et 5 nuits. Deux rotations sont proposées : de Louxor à Assouan et d’Assouan à Louxor, chacune alternant les sites majeurs : Dendérah, Edfou, Kom Ombo, Philae. Entre fin novembre et mi-février, la baisse du niveau du Nil ne permet pas la navigation entre Louxor et Qena, la croisière passe sur 5 jours et 4 nuits.
Saveurs du Nil
À en croire la réplique de Linnet Ridgeway, interprétée par l’actrice Gal Gadot dans Mort sur le Nil (dernière adaptation sortie en 2022 du best-seller d’Agatha Christie) : il y aurait à bord “suffisamment de champagne pour remplir le Nil”. En revanche, pas un mot sur le menu de l’intrigue. Un crime réparé. Les passagers du Steam Ship Sudan savent désormais à quelle sauce leur croisière sera mangée. Pain perdu au caramel d’hibiscus dans la lumière matinale mielleuse qui arrose le désert et les coursives, déjeuner de mezzés suivant un tête-à-tête avec Osiris, et lorsque la chaleur saisit la vie des rives, glace mouloukhiya . Enfin, quand tombe sur le fleuve le rideau noir, soupe de lentilles et tagine de poulet aux citrons égyptiens bordent la projection d’un classique du 7e art. Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un fin limier belge et moustachu que l’on doit saluer, mais un chef français. Jean Imbert, maestro des cuisines de maisons prestigieuses (Plaza Athénée et Monsieur Dior à Paris, Cheval Blanc à Saint-Barth, hôtel Martinez à Cannes), a pris la barre culinaire du navire. Habitué à servir les mythes ( Venice Simplon-Orient Express, The Brando sur l’atoll polynésien de Tetiaroa), il imagine ici un menu inspiré de saveurs égyptiennes, puisées en partie dans un potager bio de deux hectares réalisé par Voyageurs du Monde sur les rives de Kom Ombo.
“Le Nil est une source d’inspiration intarissable. Je vise une cuisine intemporelle basée sur les produits locaux – épices, légumes, poissons, relevés de quelques twists” , confie le chef voyageur. Et l’alchimie fonctionne à merveille.
Premier matin sur le Nil, vous grimpez jusqu’au pont supérieur Dans l’air léger flotte un parfum de cire. Après une nuit bercée par le roulement délicat des roues à aubes, votre regard suit les lueurs éblouissant les rives sablées. Les ibis volent au ras de l’eau. Un serveur, tout moustaches et sourire, pose discrètement votre tasse, attentif aux détails les plus imperceptibles comme celui de ne pas briser le spectacle des volutes qui s’échappent de la cheminée de cuivre. Vous ajustez votre plaid et tentez de replonger dans votre roman, mais chaque fois votre attention dérive, happée par les îlots embrumés, les palmeraies, un enfant à dos d’âne, la promesse d’une nouvelle escale… Vous êtes partagé entre l’envie de s’éterniser à bord et celle de mettre pied à terre pour rejoindre en aparté un temple millénaire, constater de ses propres yeux les histoires contées la veille à bord par un conférencier passionné, fouler le Ramesseum de Louxor avec un archéologue, remonter le temps égyptien, celui de l’humanité, et comprendre de manière évidente pourquoi ce pays a tant inspiré les peintres, les écrivains, les poètes. Plaisir de reprendre place à bord, savourer un drink au comptoir du bar, puis la cuisine sublimée de Jean Imbert, rejoindre enfin sa cabine, une capsule au nom de reine ou de héros de l’Égypte, se laisser bercer dans les draps de coton par le doux mouvement du fleuve.
Point de départ ou de débarquement, Louxor et Assouan gardent deux des plus beaux palaces d’antan, monuments ancrés dans la Belle Époque: le Winter Palace et le Old Cataract. Désormais propriété de Relais & Châteaux, l’Al Moudira, sur la rive ouest, ajoute une touche plus contemporaine au tableau.
Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.
Réplique parfaite des dahabiehs qui parcouraient déjà le fleuve au temps des pharaons, la Flâneuse du Nil transporte ses passagers vers une Égypte intimiste. Une croisière libre comme le vent.
Tranquille comme le Nil, l’embarcation quitte le quai de Louxor. Puis, une fois qu’elle est lancée, les marins dans leur galabieh de coton clair hissent les deux grandes voiles latines sous l’œil attentif du raïs, capitaine de la Flâneuse du Nil. Cap sur Assouan, cinq jours de navigation à la faveur du vent dominant. Les sveltes dimensions du bateau (à peine 30mètres de long) lui permettent de se faufiler le long de la rive ouest, la plus sauvage, et d’accoster loin des pontons où débarquent les imposants bateaux de croisière.
Cette croisière-ci se déroule à fleur d’eau, abordant les temples sacrés de façon privilégiée. Un charme qui ne date pas d’hier. Deux mille six centsans avant notre ère, les pharaons de l’Ancien Empire naviguaient déjà sur ce type d’embarcations à fond plat. D’ailleurs, le nom dahabieh est un dérivé du mot arabe “dahab” (“or”), en référence aux ornements alors présents sur la coque. Plus large que la felouque ou le sandal, ce voilier permettait d’acheminer pierres, cannes à sucre et passagers. Première escale: la nécropole thébaine, pour parcourir laVallée des rois, composé d’un ensemble monumental de tombes subtilement décorées, dont certaines restent encore à identifier. À l’intérieur du tombeau de RamsèsVI, murs et plafonds racontent le voyage vers l’au-delà, Râ le dieu solaire apparaît naviguant sur sa barque nocturne.
Plaisir contrasté de retrouver l’extérieur et les rayons ardents. La Flâneuse attend patiemment à quai. Chaque retour à bord donne l’agréable sensation de poser le pied dans une maison particulière, dont l’adresse changerait au fil du Nil.
Une maison sur l’eau
Sur le sundeck, de larges canapés en lin et des transats composent l’espace idéal pour observer les rives, lire ou tout simplement suivre le vol des pélicans et profiter du soleil d’hiver. La table du petitdéjeuner est dressée là par un équipage aux petits soins. Sameh, directeur attentif et avisé; le chef El Tayyeb, maestro de la cuisine égyptienne ; Abdul, maître d’hôtel souriant et discret, ces hommes composent l’âme du bateau, guidé par un raïs et une poignée de marins agiles. Le remorqueur qui accompagne la Flâneuse tout au long de la croisière, parant aux caprices du vent, est aussi leur quartier général. Récemment, le bateau a troqué son ancien générateur pour une cinquantaine de panneaux solaires et un ingénieux système de batteries de véhicules électriques recyclées qui assurent dorénavant la quasi-totalité de l’énergie nécessaire à son bon fonctionnement (climatisation, eau chaude, éclairage). En plus d’être totalement silencieuse lorsque les voiles sont sorties, la navigation est désormais plus verte.
Au-delà des sites incontournables de l’Égypte antique, ce sont les méandres sauvages et la possibilité de les aborder à l’envi qui font le charme de cette croisière.
À l’intérieur, le salon o re un havre de détente: bibliothèque, vidéo projecteur et jeux de société. Dans ses moindres recoins, le bateau invite à oublier sa montre. Les cabines, sept au total, portent chacune le nom d’une oasis égyptienne : Fayoum, Dakela, Kharga, Ferane, Baharieh, Fara rah et Siwa, seule suite, profite d’un pont privé à la poupe. Disposées le long d’un couloir, elles o rent, grâce à leurs deux grandes fenêtres, le spectacle permanent du Nil depuis son lit, bordé de matériaux nobles (boiseries, verre sou é, couvre-lits en lin naturel, tapis tressés à la main…). Dressées de couleurs organiques, elles jouent à la perfection leur rôle de refuge.
Un autre Nil
Glissant au cœur des papyrus, la Flâneuse suit un plan de route ponctué d’escales magistrales: El Kaab et les tombeaux creusés à flanc de montagne; Edfou, temple dédié au dieu faucon Horus, rejoint plus tard à Kom Ombo par Sobek le dieu crocodile, sur son promontoire surplombant le Nil.
À Assouan, les îles Éléphantine et Kitchener (surnommée “l’île aux fleurs” pour son jardin botanique), rivalisent de beauté.
Au-delà des sites incontournables de l’Égypte antique, ce sont les méandres sauvages et la possibilité de les aborder à l’envi qui font le charme de cette croisière. La faible capacité du bateau, entièrement privatisable, est un précieux gage de flexibilité. On entre alors de plain-pied dans la vie rurale de la rive ouest.
L’Égypte s’écrit ici à travers d’immuables scènes de vie: un âne qui trotte, des enfants dans l’eau, un groupe de fellahs travaillant la terre. “Qui oserait confesser en société qu’il a navigué sur le Nil autrement qu’en dahabieh?”, interroge en 1872 un journaliste britannique. Réponse: personne. À une période où les ladies & gentlemen de la haute société européenne -ambassadeurs, archéologues, écrivains- découvrent les plaisirs de la navigation sur le fleuve roi, ce bateau traditionnel reste la façon la plus ra née d’embarquer. “Il n’y a rien au monde de plus absolument délicieux que de se laisser bercer le soir par les ondulations de l’eau contre le flanc d’un bateau du Nil, et de se réveiller le matin dans l’air vivifiant du fleuve, avec le ciel bleu au-dessus de la tête et le mystérieux paysage désertique qui défile comme dans un rêve”, confie en 1877 l’égyptologue britannique Amelia Edwards dans son journal de bord AThousand Miles up the Nile. Ce soir, alors que l’équipage improvise une table dressée sur la rive sableuse, nous sommes tous devenus comme eux, des flâneurs du Nil.
VOYAGEURS DU MONDE
Proposant différentes rotations entre Louxor et Assouan, la Flâneuse du Nil est privatisable. La croisière devient alors personnalisable, de l’itinéraire aux menus. Différentes activités sont proposées aux passagers : cours de cuisine et de musique, yoga, pêche. Renseignez-vous auprès de votre conseiller Égypte.
Les premiers rires des enfants au bout du couloir et l’odeur du café vous tirent d’un sommeil pharaonique. L’esprit entre deux eaux, vous vous croyez chez vous, l’espace d’un instant. Confusion pardonnable. Privatiser la dahabieh pour remonter le Nil en famille –trois générations pour sept cabines– était sans doute la meilleure idée de l’année. Une maison à fleur d’eau, pour dérouler le fil du fleuve roià votre guise (5). Sur le pont, votre table – pâtisseries égyptiennes, fruits frais, café soudanais – fait face au désert pourpre qui défile doucement. Les canapés en lin blanc invitent à la contemplation avant que la chaleur monte. Vous vous réfugiez alors à la fraîcheur du salon (1) pour une partie de taoula (backgammon égyptien) avec le petit dernier, les grands lâchent l’idée d’attraper le wifi, ouvrent un livre –miracle de la langueur–; les grands-parents ont rejoint leur oasis, la suite Siwa (2 & 3)et sa terrasse privée (4) à la poupe. Dans un ballet minutieusement réglé, les marins en galabieh préparent l’accostage que vous sollicitiez, plaisir simple de cette navigation libre qui permet ici de tremper les pieds avant de partir avec le guide à la découverte d’un temple oublié de l’un des villages de cette rive ouest figée dans sa ruralité ancestrale. Au retour, une grande tablée est improvisée sur la berge. Un dîner concocté par le chef (les enfants ont retenu la recette) et quelques notes d’oud sous les étoiles bercent la soirée. La notion de temps et d’espace s’échappe à nouveau.
PLACE TO BE
Bordant la croisière, vos nuits à Louxor et Assouan permettent aussi de goûter au charme et à la simplicité des petites maisons d’hôtes locales. Par exemple, Marsam Louxor, sur la rive ouest, repaire d’égyptologues, et Anakato Kiki, à Assouan, demeure nubienne et colorée au bord du Nil.
Radio, Metro, Miami, Diana… Sous leurs noms couverts de strass internationaux, ces salles historiques du Caire sont les témoins encore bien vivants de l’âge d’or du cinéma égyptien.
After all, tomorrow is another day” (“Après tout, demain est un autre jour”). Ce soir-là, en 1939, au 35 de la rue Soliman Pacha, au Caire, Vivien Leigh vient de lancer, les yeux embués, la dernière réplique d’Autant en emporte le vent. Au cinéma Metro, le rideau tombe. Au même moment, l’aube égyptienne se lève sur le septièmeart. Le phénomène est nourri à la fois par les grandes productions américaines, dont celles de la Metro Goldwyn Mayer, mais aussi par des films égyptiens produits localement, notamment au studio Misr créé troisans plus tôt, qui deviendra une référence. Derrière sa façade Art déco, le Metro, aujourd’hui l’une des plus anciennes salles du Downtown Cairo, devient rapidement l’un des points de rencontre culturels de la société cosmopolite et cinéphile cairote. À l’intérieur, le bois d’acajou, les armatures en fonte, le rouge velouté des 1527sièges et l’air conditionné (une première en Égypte) participent à la sensation. On vient vivre un moment d’esthétisme, devant l’écran mais aussi hors-cadre. Succomber aux sourires et aux yeux noirs des jeunes premières Faten Hamama et Madiha Yousri, vibrer lorsque la voix de l’Égypte, Oum Kalsoum, prend corps à l’écran, et se laisser emporter par le charme d’un acteur révélé par Youssef Chahine –réalisateur auquel le cinéma égyptien doit beaucoup-, un certain Omar Sharif, qui en 1962 trouvera dans le sillage du film Lawrence d’Arabie la piste aux étoiles d’Hollywood.
Hollywood sur Nil
Jamais la Californie et les rives du Nil n’ont semblé si proches que dans la décennie 1940-50. Producteurs et réalisateurs américains en vogue, à l’image d’Howard Hawks, trouvent sur le plateau de Gizeh l’inspiration à leurs péplums (La Terre des pharaons, 1954), quand l’Égypte sacralise la Marilyn de l’Orient, à travers la moue de Hind Rostom. Le cinéma égyptien rayonne alors à travers tout le Moyen-Orient. Chaque année, ce sont pas moins de soixantefilms qui sortent des studios égyptiens. Au même moment, on compte une belle cinquantaine de salles entre LeCaire -bientôt rebaptisée Hollywood sur Nil – et Alexandrie,où les frères Lumière avaient déjà organisé une projection en 1896 – avant que les balcons du Strand, du Metro, du Rio, du Royal ne deviennent ses nouveaux temples orientaux.
Dans la capitale, on se bouscule au Rivoli ou au Miami, juste en face du Metro. Ava Gardner y est à l’affiche. Bijou d’architecture, reconnaissable à ses néons et son enseigne verticale, il a été conçu pour accueillir des projections de plein air, un autre clin d’œil à l’Amérique. Il sera (comme beaucoup d’autres lieux) incendié lors des émeutes de 1952 –les cinémas reflétant l’image de l’Occident.
Malgré les flammes de la révolution et les conséquences de la nassérisation sur l’industrie cinématographique durant les années 1960, puis son déclin dans la décennie suivante, ces monuments, devenus des icônes de l’histoire contemporaine de l’Égypte, habillent encore fièrement dans les rues du Caire: le Diana, même défraîchi, a che encore ses courbes Art déco; le Rivoli, construit en 1945, reste l’un des phares de ce courant architectural et un remarquable exemple du style Paquebot. Les lignes verticales de sa façade en quart de cercle surmontée d’une tour imitant la cheminée des navires qui voyageaient alors depuis l’Europe rappellent l’avant-gardisme égyptien de l’époque.
Si la grande majorité des cinémas n’a pas eu la chance de traverser les années, certains semblent indéboulonnables. Le Radio dresse toujours vers le ciel, au-dessus d’un passage, son grand pilier couvert des cinq lettres de néon rouge. Bien que l’enseigne se soit momentanément éteinte dans les années 2000, la salle a été restaurée depuis, et projette de nouveau dans la nuit cairote la scène culturelle du pays. En dehors de la salle historique, la galerie qui l’encadre est l’un des rendez-vous du Caire contemporain : entre un festival de photo ou de poésie, on vient siroter un cappuccino au Sip, égrainer les rayons de la librairie Diwan et refaire sa garde-robe chez Mad Stitches et Nabarawy. Un destin qui s’annonçait peutêtre dans un médaillon de la façade sur lequel une déesse protège un sphinx sous sa main. Reflet d’un pays qui jamais ne ferme les yeux sur son passé.
Visiter Downtown Cairo sous l’angle cinématographique et architectural aux côtés d’un spécialiste, assister à un festival de film indépendant, chiner les plus belles affiches anciennes : Le Caire confidentiel.
HÉLIOPOLIS — MOKATTAM — MAADI
VIEUX CAIRE — ZAMALEK — GIZEH — SAQQARAH
Capitale des pharaons avant de devenir celle de l’Égypte arabe, elle est là depuis toujours sur les bords du Nil.
Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.
Aujourd’hui, elle est l’une des plus grandes mégalopoles mondiales, et fascine par ses strates historiques et sa prodigieuse vitalité.
Il y a ce mouvement perpétuel, une pulsation qui donne le tournis.
Il y a le fouillis contemporain de la vie quotidienne et la puissance de l’architecture islamique. L’odeur du macadam chaud et celle du tabac à la pomme. Il y a les rues criantes et sinueuses, les trottoirs envahis des tables de cafés, le ballet incessant des porteurs de pain, la noria des marchands ambulants. Il y a aussi la musique populaire et les chants des muezzins, la circulation saturée et le bruit des klaxons. Les voitures, bus, taxis, foules qui vont et viennent. Les pêcheurs à la ligne et les buveurs de thé.
Le Caire est tout à la fois indolente et tumultueuse, sensuelle et puritaine. Elle est là depuis toujours sur les bords du Nil, c’est aujourd’hui une mégalopole tentaculaire, (sur)peuplée, de plus de 23millions d’habitants –la plus grande du monde arabe, hérissée de gratte-ciel, striée d’autoroutes. La ville ne cesse de s’étendre.
À Héliopolis, à Mokattam et Maadi, le développement a été planifié. Ailleurs, des immeubles ont poussé en tous sens, faits de briques et de ciment, de bric et de broc, formant des quartiers de nouveaux arrivés, gagnés sur le désert. Chaque ruelle, cage d’escalier, palier est un village dans la ville. Les nécropoles antiques y côtoient les architectures futuristes, les palais mamelouks et les demeures victoriennes; les coupoles et minarets sont de toutes les époques.
Le miracle de la mosquée Ibn Touloun Dans le Vieux Caire, splendide et décati, dédale foisonnant de palais, caravansérails et medersas, au cœur du quartier d’Al-Khalifa, le quadrilatère parfait de la mosquée Ibn Touloun repose du fouillis des ruelles. Elle est l’une des plus anciennes mosquées du continent, construite il y a près de mille deux centsans. La brique crue, les moulures de stuc et le minaret hélicoïdale évoquent Samarra, capitale abbasside où le souverain Ahmad Ibn Touloun passa son enfance.
Musée GayerAnderson
Jouxtant la mosquée Ibn Touloun, la maison ottomane (en réalité deux maisons des XVIe et XVIIe siècles) de cet ancien major de l’armée britannique, passionné d’égyptologie, réunit une rare collection de meubles et d’objets établie au cours des années 1920, lors de ses pérégrinations en Basse-Égypte, mais aussi en Syrie et au Liban.
Cette association environnementale cairote prend le défi de la pollution du Nil à la source. Employant près de 200 pêcheurs, le collectif récupère des tonnes de déchets plastiques par mois. À visiter : le centre communautaire de l’île de Qorsaya, où la récolte est recyclée en fibres textiles et transformée en accessoires par des femmes engagées.
architectural
Fatimide, ayyoubide, mamelouke, ottomane : les dynasties ont influencé la richesse architecturale de la ville. Aux côtés de l’architecte Francisco Roy, cairote d’adoption diplômé en histoire de l’art, on découvre des joyaux cachés, témoins des différents courants. L’histoire de ces lieux livre un éclairage précieux sur la personnalité du Caire.
Diplomates, artistes, archéologues ont défilé sous le marbre rose de son Moorish Hall. Winston Churchill, Agatha Christie et Paul Morand y ont fait escale. L’ancêtre des palaces, ouvert en 1840 sous la direction d’un officier britannique débarqué au Caire, incendié en 1952 avant de renaître de ses cendres sur la corniche, en 2024, après d’importantes rénovations.
Hammams
historiques
Ils représentent un passé glorieux à présent en désuétude. Certains bains publics ont plus de 800 ans. Admirés dans tout l’Orient au Moyen Âge, véritables traits d’union sociaux dans les quartiers, la ville en recensait près d’une centaine au début du XIXe siècle. Aujourd’hui, cinq sont encore en activité. Celui du Sultan Inal se visite, lui, comme un musée.
À l’Institut français d’archéologie orientale, dans un palais merveilleux, siège de l’institution depuis plus de centans, on voit la dernière presse à hiéroglyphes.
On pénètre dans la mosquée, miraculeusement intacte, par une ziyada, double enceinte dont le but est d’atténuer le bruit. Et en e et, celui, assourdissant, de la ville s’estompe pour laisser place à l’un des plus beaux endroits du Caire. Le silence s’accorde avec la sobriété de l’architecture –c’est une bulle sacrée, solennelle, loin du tumulte.
Maison-musée ottomane, églises coptes et synagogue Ben Ezra À quelques pas de la mosquée, deuxmaisons ottomanes du XVIIe siècle abritent derrière leurs lourdes portes les collections d’art et de mobilier acquises dans tout le MoyenOrient par John Gayer Anderson, lord anglais qui vécut ici au XIXe siècle. Unpeu plus loin, rue Al-Muizz-Li Din-Allah, la visite de la maison Al Sehemy, toute en moucharabieh, avec ses espaces publics et privés, permet de mieux comprendre les façons de vivre à la période ottomane. À l’Institut français d’archéologie orientale (Ifao), dans un palais merveilleux, siège de l’institution depuis plus de centans, on hume l’ambiance studieuse des laboratoires et de la bibliothèque aux 100000ouvrages dédiés à l’Égypte, on voit la dernière presse à hiéroglyphes.
On passe devant Al-Azhar, l’une des plus anciennes universités du monde, fondée il y a plus de milleans. Aujourd’hui, lecampus rassemble 70facultés et attire encore des milliers d’étudiants du monde entier (Sénégal, Chine, Indonésie…). On grimpe à la citadelle, édifiée au XIIe siècle par Saladin, pour la vue sur la ville –ses dômes, ses minarets, l’imbrication sans fin d’immeubles et de voies aériennes, et, sur le plateau de Gizeh, les pyramides. Dans le quartier copte, les ruelles paisibles et leurs églises de guingois emportent elles aussi loin de la fébrilité urbaine. Il faut se baisser pour entrer dans l’église AbuSerga, qui abrite une crypte vénérée par l’Église copte car considérée comme le lieu où la Sainte Famille aurait séjourné lors de la fuite en Égypte. À deux pas, la synagogue Ben Ezra marque le lieu où Moïse aurait été recueilli dans un panier de roseaux par la fille du pharaon.
Zamalek, un îlot loin d’être désert…
Au centre du Caire, Zamalek est une île verdoyante qui abrite ambassades et immeubles résidentiels –les maisons victoriennes sont les derniers témoins de l’époque du protectorat britannique.
Chaque soir, toute la ville défile et s’égaye sur la corniche, face à Zamalek:familles en quête de fraîcheur, amoureux en mal d’intimité qui se perdent dans la foule, parmi les marchands de fèves et de maïs grillés.
Bordant le Nil, l’Opera House est la principale scène musicale du Caire. On y visite aussi les galeries représentant les artistes égyptiens émergents, les boutiques d’antiquaires où l’on chine objets vintage et livres anciens. À la tombée de la nuit, les eaux grises du Nil s’illuminent des couleurs électriques des guirlandes accrochées aux felouques. Chaque soir, toute la ville défile et s’égaye sur la corniche, face à Zamalek: familles en quête de fraîcheur, amoureux en mal d’intimité qui se perdent dans la foule, parmi les marchands de fèves et de maïs grillés.
Les trésors de Gizeh et Saqqarah À Gizeh, à la lisière de la ville, on voit Khéops, Khéphren et Mykérinos, le Sphinx, et le Grand Egyptian Museum (GEM), sorti de terre en 2022 au pied des pyramides. Le plus grand musée archéologique du monde réunit 100000 artefacts, couvrant cinq millénaires de l’Égypte antique à la période gréco-romaine. Letrésor de Toutânkhamon y est présenté pour la première fois en intégralité – avec ses 4000pièces. À quinze kilomètres
au sud, Saqqarah ne cesse de dévoiler de nouveaux trésors. En 2016, les archéologues découvraient, intact, un atelier d’embaumeur, datant du VIIe siècle avant notre ère, révélant les pratiques des thanatopracteurs antiques. Les mixtures piégés dans la matière des poteries –huiles essentielles de pistachier, d’olivier, de cèdre, d’élémi et de dammar– ont aussi mis à jour des échanges commerciaux au long cours avec la Méditerranée, mais aussi l’Asie. En 2022, ce sont 250sarcophages et 150statues de bronze qui étaient découverts dans la nécropole. Après quinze années de restauration, on peut à nouveau visiter la pyramide à degrés du pharaon Djéser, érigée il y a plus de quatre mille sept centsans par l’architecte Imhotep –le plus ancien édifice en pierre au monde.
VOYAGEURS DU MONDE
Visiter le Vieux Caire et l’Ifao en privé, avoir ses entrées pour les musées, tenir en poche les bons spots de Zamalek : un Caire taillé à votre mesure.
Le Caire-Alexandrie en train
Si l’Égypte est une destination naturellement associée au voyage sur le Nil, on oublie bien souvent que le train est indissociable des premières croisières. Avant de développer sa flotte de steamers à la fin du XIX e siècle, Thomas Cook proposait aux Britanniques des voyages à travers l’Europe et jusqu’en Inde, alliant train et bateau.
Le réseau ferroviaire égyptien, l’Egyptian National Railways, est alors le premier d’Afrique et du Moyen-Orient, créé dès 1851. La première ligne entre
Le Caire-Alexandrie est achevée en 1856. Toujours en activité, elle permet aujourd’hui de relier les deux villes en deux heure et trente minutes, au départ de la très cinématographique gare Ramsès - si la colossale statue du pharaon qui trônait au-dessus des passerelles a rejoint le Grand Musée égyptien, la pyramide inversée, les sols en marbre, les plafonds de verre et d’acier gardent l’atmosphère historique du monument.
Les panneaux électroniques affichant le quai placent, eux, le pays sur les rails du XXIe siècle. Les wagons aux couleurs du drapeau quittent les faubourgs du Caire pour filer à travers la plaine fertile du delta. À la fenêtre, une alternance de champs de blé, de riz, de luzerne, bordés de palmiers ; des villages de briques, des scènes de vie agricole. L’eau n’est jamais très loin.
À l’approche du terminus, l’air méditerranéen prend le pas, le paysage s’urbanise et l’architecture annonce l’arrivée imminente au cœur du charme cosmopolite d’Alexandrie.
Il est 5 heures, LeCaire s’éveille. Les chants des muezzins résonnent, les rues de Zamalek s’ébrouent doucement. Vous commencez par quelques foulées au Gezira Sporting Club, rendez-vous sportif des élites cairotes. Vous vous posez ensuite au ras de l’eau, à la terrasse du Sofitel El Gezirah, votre chau eur vous attend pour rejoindre Gizeh, se mesurer aux pyramides, converser avec le Sphinx, se perdre dans les entrailles du monumental Grand Musée égyptien (2); puis déjeuner chez Khufu’s : salade baladi, ta’ameya, jus de mangue et vue imprenable. Retour à Downtown Cairo, vous arpentez le temps, sous les façades mameloukes, ottomanes, haussmanniennes et Art déco, notamment celle du cinéma Radio, symbole de l’âge d’or des films égyptiens, le Zawya consacre quant à lui le cinéma indépendant du Moyen-Orient. Passage au souk Khan el Khalili, pause thé au café Naguib Mahfouz. Vous filez alors à la galerie Karim Francis, prendre le pouls de la scène artistique égyptienne. Puis, en métro (parfait pour échapper aux embouteillages), rejoignez facilement le quartier de Maadi, élu par les expatriés pour son calme, mais aussi ses librairies et boutiques de créateurs. Retour dans le centre-ville en fin de journée. Dans la fumée des chichas, les parties de taoula battent leur plein, les terrasses s’animent. Celle du Greek Club, ancien QG de la communauté grecque, est aujourd’hui très appréciée par la jeunesse cairote. Vous dînez d’un koshari. Enfin, dans la petite salle du Makan, une voix envoûtante vous emporte au rythme du zar.
Parmi les adresses historiques, le Marriott Mena House, posé face aux pyramides de Gizeh, reste l’une des plus emblématiques. Et dans Maadi, à l’écart de l’agitation de la ville, la Villa Belle Époque a tout d’un havre de paix. Dans Downtown Cairo, le gratte-ciel Immobilia (1) abrite quatre nouvelles suites spacieuses aménagées et décorées avec goût.
Réputée pour sa fertilité depuis l’époque pharaonique, elle est, au beau milieu du désert, un écrin de choix aux vestiges millénaires et aux fossiles de baleines.
Àquelque deux heures de route au sud-ouest du Caire, mais loin, très loin du tumulte de la capitale, l’oasis du Fayoum est le lieu idéal pour se débarrasser des fatigues de la ville. Pour cela, il su t de longer une piste jusqu’au lac Qarun, immense tache bleue et verte dans les sables ocres du désert, garant de la fertilité de l’oasis. LeFayoum est aussi l’une des plus généreuses provinces du pays, où s’épanouissent roses et jasmins, citronniers et manguiers. Espaces verdoyants volés aux plaines du désert Libyque, étendues d’eau cernées de dunes et de montagnes, le Fayoum est l’une de ses plus belles régions.
Ici, dans les villages en brique nue ou en pisé, les femmes vêtues de robes longues aux couleurs vives vont chercher l’eau à la fontaine, les hommes se déplacent à cheval ou dans des charrettes tirées par des ânes. Les bu es d’eau paissent dans les champs et, sur les rives du lac, pigeons sauvages, palombes roses, hérons, goélands et bécassines tachetées s’organisent en ballet. Pour mieux les observer, on glisse à bord d’une barque qui file entre les roseaux. Du temps des pharaons, rois et reines aimaient eux aussi venir en villégiature
sur le grand lac, qu’ils rejoignaient en bateau. Les vestiges témoignent de leur goût pour la province, tel ce temple ptolémaïque intact, au bout d’une piste poudreuse, voué au culte du dieu crocodile, Sobek. Et si les portraits du Fayoum sont au Caire, à Paris ou à Londres, on peut voir ici les vestiges des nécropoles gréco-romaines. Mais le Fayoum invite aussi à une excursion dans un temps autrement plus lointain: dans la vallée de Wadi Al-Hitan, des squelettes de baleines préhistoriques gisent sur le sable depuis plus de quarante millions d’années –une époque à laquelle l’actuelle Égypte était une mer. La vallée o re un accès à la préhistoire à ciel ouvert, en plein désert, et d’autres fossiles, de requins ou de tortues, achèvent de faire de la visite une expérience surréaliste. En 2005, l’Unesco a classé la vallée Réserve naturelle mondiale –la plus ancienne du règne animal.
Afin d’apprécier au mieux l’oasis du Fayoum, votre conseiller vous suggérera deux nuits sur les rives du lac Moéris. Un véhicule tout-terrain et un guide privé sont mis à votre disposition.
Si aucune autre cité balnéaire ne peut se targuer d’un tel passé intellectuel, de la ville antique, il reste surtout des souvenirs. Mais la ville rêvée d’Alexandre le Grand s’est toujours réinventée au cours des siècles, et l’atmosphère et le charme demeurent.
Chimère ou utopie ? Alexandre le Grand a voulu une cité universelle, qui allie Orient et Occident par le métissage des cultures. Créée ex nihilo en 331 avant J.-C., Alexandrie devient la ville de tous les commerces, celui du négoce, de l’intelligence: le centre du monde connu. Son port, le premier de Méditerranée, est tourné vers le commerce international, quand les capitales égyptiennes ont jusqu’alors le Nil comme seul horizon. C’est ici qu’Euclide invente la géométrie, qu’Aristarque comprend, dix-huit siècles avant Copernic, que la Terre tourne autour du soleil. Pendant près de dixsiècles, Alexandrie rassemble tous les savoirs, et rayonne sur le monde hellénistique. Après une longue période d’e acement, c’est Mohamed Ali, fondateur de l’Égypte moderne, qui rend à Alexandrie son statut de porte ouverte sur la Méditerranée.
Lieu de brassage et de grandeur culturelle
Dans les années 1830, la cité attire artistes, et intellectuels, diplomates et armateurs. Elle est une Babel qui bruisse des parlers grec, arménien, judéo-italien, judéoespagnol, yiddish –le lieu d’un brassage, d’une diversité qui font une manière d’être et un style de vie singuliers, empreints de culture et d’humanisme –ces grandes heures cosmopolites ont été contées par Lawrence Durrell, Constantin Cavafy, ou Edward Morgan Forster. Mais après lacrise du Canal de Suez, en 1956, de nombreux étrangers quittent la ville, et la grandeur culturelle d’Alexandrie s’e rite peu à peu.
À l’aube du troisième millénaire, une nouvelle renaissance a lieu: deuxmilleans après avoir été ravagée par les flammes -un incendie qui a détruit des milliers
de rouleaux, des ouvrages d’Homère, de Sophocle, et la bibliothèque personnelle d’Aristote–, la Bibliotheca Alexandrina renaît de ses cendres. L’édifice d’acier et de verre qui semble émerger de la mer abrite la plus grande salle de lecture au monde, héberge 4millions de livres, et accueille 1,2 million de personnes par an.
L’art de vivre d’une ville frondeuse Aujourd’hui, Alexandrie est une métropole de près de six millions d’habitants, qui ne cesse de croître. Dans la “seconde capitale” égyptienne, les édifices néoclassique, néo-renaissance et néomauresque côtoient l’Art nouveau et les vieilles maisons ottomanes du quartier turc, et les rues sont parcourues d’antiques tramways et d’anciens taxis jaunes et noirs. De la ville antique, il reste surtout des souvenirs, mais celle qui s’est toujours aimée frondeuse face au Caire cultive encore ouverture et tolérance. Son charme indolent se déploie des jardins de Montazah aux plages de sable blanc d’Agami. On aime goûter à son art de vivre dans le quartier des antiquaires, rue Attarine, chez les bouquinistes de la rue Nebi-Daniel, et au café Art déco le Trianon –où les habitués jouent aux dominos en sirotant un hibiscus. Sur l’élégante promenade de bord de mer, la corniche, qui exhibe fièrement ses façades au style vénitien, on respire les e uves marins, on médite sur les horizons ouverts. Ensuite, il est bon de quitter la ville pour rejoindre le désert, et l’oasis de Siwa. Un autre horizon.
VOYAGEURS DU MONDE
Train en première classe depuis Le Caire, guide privé francophone pour une visite personnalisée de la ville : Alexandrie n’aura plus de secret pour vous.
Face à la mer Méditerranée, la citadelle de Qaitbay domine le port d’Alexandrie.
Le Musée gréco-romain
L’un des plus anciens musées d’Égypte (1895), a réouvert en 2023 après dix-huit ans de rénovations. Le lieu, inspiré des temples grecs, aujourd’hui doté d’un étage en plus, abrite 6 000 artefacts répartis en 27 salles. On y retrace l’histoire des civilisations égyptienne, grecque, romaine, copte et byzantine qui ont façonné la richesse culturelle de la ville.
Réunissant deux anciens palais royaux bâtis au tournant du XXe siècle (le Salamlek, converti en hôtel 5 étoiles, et le Haramlek, ancienne résidence royale d’été interdite à la visite à laquelle l’hôtel Palestine a été acolé en 1964), ce domaine face à la mer, bordé de jardins luxuriants, est agréable pour une balade et un pique-nique.
La cuisine alexandrine s’exprime à chaque coin de rue : des incontournables foul à base de fèves mijotées et taameya (version égyptienne du falafel), aux crevettes grillées arrosées de citron, en passant par les bataates (patates douces grillées) et les croustillants samboussek farcis de viande, légumes ou fromage, et sfenj dans leur version sucrée.
Commandée en 1477 par le sultan Qaitbay, destinée à protéger la ville des invasions navales, elle a été érigée à l’emplacement et à partir des pierres du célèbre phare d’Alexandrie détruit par plusieurs séismes cent ans plus tôt. La sobriété du lieu est relevée par les motifs géométriques du sol de sa mosquée. Un point de vue idéal pour le coucher de soleil.
Elles reflètent le souvenir de l’Alexandrie cosmopolite des années 1940 – parasols rayés et cabines multicolores de plages aux noms glamour. Si le parfum mêlé d’huile solaire et de graines de pastèques grillées s’est estompé, certaines plages, telles Stanley et Montazah Bay, font toujours office de rendez-vous sablés pour les familles.
Sur la corniche, les premiers rayons arrosent quelques pêcheurs préparant leurs filets. À la terrasse d’un kiosque vert, vous prenez un ahwa bien serré, les plus téméraires l’accompagnent d’un foul, la célèbre purée de fèves, petit-déjeuner des champions égyptiens. Voilà assez d’énergie pour arpenter le fort Qaitbay (1), écouter le vent sou er ses histoires de conquêtes. Votre nez vous guide ensuite dans les ruelles du souk, parfums d’épices, de cuir et de jasmin. Le regard happé par les bijoux anciens et les éto es colorées. Après un thé à la menthe, cap sur la Bibliotheca Alexandrina (2) qui o re également 4musées, 17expositions et 1planétarium. Simple plaisir de suivre les courbes elliptiques du bâtiment reprenant la forme du port, se poser près du bassin de réflexion et apprécier le calme environnant. La route depuis Le Caire vous a ouvert à la méditation, grâce au passage par les monastères Bishoy et El Suriya et la mystérieuse cité de Tanis, où vous avez rejoué Les Aventuriers de l’arche perdu. L’air méditerranéen vous ramène à des questions plus terre à terre: où trouve-t-on le meilleur poisson grillé d’Alexandrie ?
Abo Noura revient sur toutes les lèvres. Vous consacrez l’aprèsmidi aux vestiges archéologiques: la colonne de Pompée, l’amphithéâtre romain de Kom Al-Dikka et les catacombes de Kom Al-Chouqafa, en dernier frisson. En fin d’aprèsmidi, vous flâner dans le quartier bleu et blanc d’Anfouchi, puis vous dînez de mezzés à l’Escale avant un retour sur la corniche qui s’anime, la Méditerranée en toile de fond.
PLACE TO BE
Dans la ville cosmopolite cohabitent les adresses historiques, à l’image du Steigenberger Cecil Hotel, construit en 1929 à proximité du port et de la cathédrale Saint-Marc.
L’oasis est ancrée dans l’imaginaire collectif du voyage aussi profond que descendent les racines du palmier dattier. Celle de Siwa est sans doute l’une des plus envoûtantes que le désert Libyque ait données. Rencontre avec un mirage bien réel.
L’oasis relève toujours du miracle. Au sens propre, c’est un îlot de végétation face à l’aridité immense du désert qui se confond parfois avec le mirage, au grand désespoir de certains voyageurs. Au sens figuré, l’oasis reste cette bulle secrète, un jardin privé où l’on aime se réfugier. Un lieu forcément rare. L’oasis de Siwa cristallise les deux entrées de la définition. Posée à la frontière libyenne, mais bel et bien sur le sol égyptien, la plus septentrionale (et la plus isolée) des cinq oasis du désert Libyque est aussi l’une des plus belles. À moins qu’il ne s’agisse purement et simplement d’une autre planète.
De ce point de vue, la région n’est pas avare de surprises. Parmi les hypothèses sur l’origine du verre libyque mis en lumière par Théodore Monod, celle d’une collision d’astéroïdes reste d’ailleurs la plus probable. Qu’importe finalement si son existence n’a rien de divin mais s’explique, en réalité, par l’anthropisation des sols désertiques et
du développement d’un ingénieux système d’irrigation à travers les millénaires. De fait, les oasis sahariennes sont également d’inestimables creusets d’histoire et de culture locale.
Voyage imaginaire
Siwa stimule l’imagination. Sans doute d’abord parce que l’oasis fait partie des lieux désormais rares dont l’accès se mérite. Un périple d’une journée par la route depuis LeCaire. Il faut d’abord rejoindre Alexandrie, puis longer la Méditerranée sur près de troiscents kilomètres jusqu’à atteindre Marsa Matruh. De là, plonger vers le sud et tirer une ligne toute droite de 300 kilomètres elle aussi à travers le vide intersidéral du Sahara. Filer à bord d’une Mercedes d’âge pharaonique qui avale le bitume comme un plateau de baklavas croustillants. Soulagement lorsqu’enfin se dresse la montagne dominant les premiers plumeaux de verdure.
venait refléter sa beauté.
Habitée depuis la Haute-Antiquité, Siwa a vu converger les civilisations berbère, amazigh, grecque, romaine. Leurs empreintes se lisent encore dans la pierre –sur le rocher d’Aghourmi, temple de l’oracle par lequel Alexandre le Grand s’est vu proclamer fils du dieu Amon, en l’an 331 avant notre ère. Dans la citadelle médiévale de Shali (XIII e siècle) aussi, depuis laquelle on contemple les siècles et la vue sur le tapis de cultures luxuriantes: palmeraies, oliveraies et acajous déroulant sur plus de mille kilomètres carrés. Enfin, ce sont les visages qui interpellent par leur différence avec ceux croisés ailleurs en Égypte, et qui témoignent du lien direct entre le premier peuple égyptien et les 30000 Siwis qui vivent aujourd’hui sur les rives du grand lac salé.
Une oasis dans l’oasis
Si la ville en elle-même dégage une atmosphère mystérieuse, sorte de Mos Eisley (ville de la planète Tatooine, dans la saga Star Wars - ndlr) où l’on s’attend à voir Han Solo sortir d’un bar louche, il existe à Siwa une oasis dans l’oasis. L’Adrere Amellal, la “montagne blanche” en berbère, abrite entre son pied et les bords du lac un écolodge à qui elle prête son nom. Un lieu unique, sorti de l’imagination d’un médecin et homme d’a aires visionnaire, Mounir Neamatalla, en 1995, bien avant que le concept d’“écolodgie” devienne tendance.
Les chambres (une petite quarantaine) ont été façonnées dans le kharshif, matériau ancestral à base d’argile et de sel. La vie s’organise autour d’un bassin naturel qui fait écho aux bains de Siwa dans lesquels Cléopâtre venait refléter sa beauté. La magie du lieu se révèle pleinement à la tombée de la nuit. La fée Électricité n’ayant pas encore trouvé son chemin jusqu’ici, la lueur des bougies danse alors contre les murs de sel tout en rondeur, les flammes d’un brasero s’élèvent sous un ciel d’une pureté absolue.
Un calme immense règne et vous fait réaliser la réelle richesse du lieu. Siwa est une expérience sensorielle. Jusqu’à décembre 2024, le Quai d’Orsay la gardait malheureusement sous un imposant voile rouge, interdisant aux Français d’y voyager. La zone, passée en jaune, rend désormais Siwa accessible. Et la France de pouvoir rejoindre l’Angleterre ou encore l’Allemagne, dont les ressortissants pouvaient, eux, sillonner Siwa comme bon leur semblait. Siwa, quintessence de l’oasis, ne sera donc plus seulement fata morgana.
VOYAGEURS DU MONDE
Chauffeur privé, assistance 24h/24, conciergerie francophone et wifi nomade : nos services vous accompagnent avec une grande facilité à la découverte du désert égyptien et de ses oasis.
Le long de cet espace médian, le Nil est processionnel et royal. LaMoyenne-Égypte s’étire du Caire à Louxor et croise au passage quelques sites remarquables: Qena, Dendérah, Abydos… L’ancien royaume d’Akhenaton donne le tempo du voyage et de l’histoire.
Voyez, sur les cartes des voyages en Égypte, ce grand trait direct qui va du Caire à Louxor. C’est un vol, qui passe au-dessus de la Moyenne-Égypte.
Ce qu’on appelle ainsi est une section importante du cours du Nil allant du sud de l’actuelle capitale au nord de celle du Nouvel Empire. Disons, d’Al Minya à Qena. D’ailleurs, comme un scrupule de cette désinvolture aérienne, les bonnes croisières ne manquent pas de descendre jusqu’à Qena. On y trouve, à Dendérah, le grand temple de la déesse antique de l’amour et de la beauté, Hathor.
Avant de poursuivre, une remarque.
Cette Moyenne-Égypte, ponctuée de sites archéologiques et culturels, est aussi un conservatoire du pays rural.
À fréquenter ses rives, on rencontre un peu partout des scènes où revit l’Antiquité: lessive dans le Nil, labourage à l’araire, récolte du papyrus. Gestes éternels qui -miracle ou malédiction?- ont échappé au progrès. Une Égypte profonde qui ne demande pas qu’on bouscule ses rythmes. Et ces explosions de palmes vertes sur l’ocre des reliefs bordant la vallée. Floutées parfois par des brumes diaphanes, vibrantes souvent de lumière. Las, on circule plus en voiture ou en train qu’en bateau par ici.
Enfin, pourvu qu’on aille… jusqu’à NagHammadi, par exemple, ville copte vivant entre le souvenir d’une collection cruciale d’écrits gnostiques du IVe siècle et une énorme usine d’aluminium.
À Abydos, au bord du désert Libyque, leculte d’Osiris a été fastueux. En témoignent la nécropole royale et lesplendide temple funéraire de Séthi Ier (XIIIe siècle avant notre ère).
On n’est pas ici sur un site secondaire. Et revoilà les coptes! Les monastères Blanc et Rouge de Sohag sont les témoins émouvants d’une inébranlable fidélité.
À Assiout, au milieu de notre route, la Sainte Famille aurait résidé. Tell el-Amarna est l’emplacement d’Akhetaton, ville voulue par le pharaon Akhenaton. Très bientôt, un musée consacré à ce réformateur religieux radical, époux de Néfertiti, sera ouvert à Al Minya. Un périple où se reconnaissent les vrais “Egypt lovers”.
VOYAGEURS DU MONDE
Temples de Sethi Ier, de Dendérah, d’Hathor, etc. Les sites exceptionnels se succèdent en Moyenne-Égypte. Grâce à votre guide, l’art ramesside et les bas-reliefs n’auront plus de secrets pour vous.
Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.
Sous l’égide d’Amon, roi des dieux, les pharaons du Nouvel Empire ont fait bâtir au bord du Nil leurs palais somptueux et leurs tombeaux grandiloquents. Des millénaires plus tard, le monde entier se donne rendez-vous à Louxor pour écouter parler les pierres.
La mousse se dissipe vite à la surface du verre de karkadé. À travers l’eau acidulée, Louxor se dessine, convexe, en rouge hibiscus sabdari a.
Les Grecs l’appelaient la “Thèbes aux centportes” pour la distinguer de la leur. Sur la rive est du Nil, les hôtels jouent des coudes à quelques pas des vestiges antiques, camp de base XXL répondant à la curiosité du monde. Le résultat de quatremilleans de gloire miraculeusement préservés par le temps et les mythes. Entre fleuve et junk-food, les colonnes du temple d’Amon se dressent, immuables. Le sanctuaire est dédié au dieu “caché”, divinité dynastique hautement vénérée sous le Nouvel Empire (1539-1075 av. J.-C.). Près de quinzemilleobjets, plus de huitcentsstatues, des fragments d’édifices décorés et des hiéroglyphes racontent lapuissance d’un culte auquel succédèrent les monothéismes de notre ère.
Voisinage “moderne” des six colosses de RamsèsII, églises et mosquée se sont invitées dans l’enceinte. À l’entrée, un obélisque solitaire rompt avec la symétrie ambiante. Son jumeau, o ert par Mohamed Ali, vice-roi d’Égypte, à la France en 1830 et plus vieux monument parisien, trône place de la Concorde.
Karnak, tout bonnement pharaonique
En flânant sur la corniche, on rejoint leriche musée de Louxor et, surtout, le fabuleux site de Karnak. Dédale couleur désert de 2,5 kilomètres carrés –le plus grand ensemble monumental d’Égypte–construit sur deux mille ans, il est dédié à la triade thébaine: Amon, Mout, son épouse, et Khonsou, leur fils. Cela donne le tournis. Forêt architectonique de cent trente-quatre colonnes, la salle hypostyle est tout bonnement pharaonique. La visite prend alors des airs d’épopée mythologique. Les allées, bordées
de sphinx à tête de bélier, relient cours, temples et pylônes écrasants d’âge et de majesté. À la nuit tombée, baignées par les lumières du crépuscule, pierres et bas-reliefs prennent vie.
Un souk bien vivant aux portes de la Cité des morts
De l’autre côté du Nil, au-delà des vergers, s’étend le monde des morts, la nécropole thébaine. Une planète minérale aux reliefs ocres sur laquelle règne Osiris, juge des défunts. À côté du Temple des millions d’années de Séthi Ier, père de RamsèsII, se tient chaque mardi matin le souk de Gournah où des Louxoriens bien vivants viennent acheter légumes, huile et épices. Dans les reliefs de la Vallée des rois, pyramides naturelles, on a creusé et façonné leur dernière demeure : de fascinants tombeaux, rebaptisés “KV” (pour “King Valley”) par le prosaïsme archéologique.
Ceux de Toutânkhamon (KV62), Aÿ (KV23) et Horemheb (KV57) arborent toujours de superbes hiéroglyphes multicolores. Dans la Vallée des reines voisine reposent les épouses des souverains. Imposant et solennel, le temple d’Hatchepsout, première femme à gouverner l’empire (XVe siècle av. J.-C.), s’étire au pied d’une falaise abrupte. Trouvée en 2007 et formellement identifiée en 2024, la momie de l’“inconnue de la tombe KV60” n’était autre que la reine, allongée aux côtés de sa nourrice. Un leurre qui aura duré trente-cinqsiècles!
Nos conseillers vous mettent sur la piste des pharaons mais pas sur celle des foules. Grâce à eux, à vous les visites en compagnie d’experts ou d’archéologues et les adresses fréquentées par les locaux.
Le perron du Winter Palace. Le prestigieux hôtel, inauguré en 1907, est un passage obligé lors d’une escale à Louxor.
Deir el-Medina, le village des artisans Pour creuser et décorer leurs hypogées, les souverains faisaient appel aux artistes et artisans qui vivaient à Deir el-Medina. Pas avares de leurs talents, ils eurent la bonne idée de décorer leurs propres sépultures et de s’y faire enterrer avec des centaines d’objets de culte, du mobilier funéraire. Un mois par an, on peut y rencontrer les égyptologues de l’Ifao en mission là-bas.
La campagne
louxorienne à cheval
Une sortie équestre à travers la campagne de Louxor pour rejoindre le temple d’Amon, à Medinet Habu, sur la rive ouest du Nil. Dédié au culte du pharaon, il a été construit par Ramsès III et est l’un des plus vastes de la nécropole de Thèbes. En face, un petit temple pour Touthmôsis Ier et les chapelles des divinités adoratrices d’Amon s’élevaient. Le tout en privé, avec un guide.
Le savoir-faire
égyptien à l’honneur
De nombreuses initiatives locales qui soutiennent son développement et sa conservation tentent de redonner toute sa place au savoir-faire égyptien. Travail du bois de palmier dattier utilisé dans la fabrication de mobilier dans un petit atelier, apprentissage de la poterie à l’école de Gournah… Autant de précieux artisanats à redécouvrir le temps d’une visite.
Un dîner romantique au 1886 du Winter Palace
Si 1886 correspond à l’année de l’inauguration du mythique Winter Palace, sur la corniche, c’est aussi le nom de son restaurant. Dans cet écrin tamisé à l’atmosphère victorienne, le dîner, composé d’un menu à trois plats, ouvre l’appétit et une brèche temporelle. Bien que la queue-de-pie et la robe en dentelle ne soient plus de rigueur, une tenue élégante y sera du plus bel effet.
Aujourd’hui, tôt, vous avez rendez-vous avec le ciel. Du haut d’une montgolfière, vous survolez Louxor, apercevez les dédales de pierres de Karnak et au loin la nécropole de Thèbes. Ne serait-ce pas les colosses de Memnon qui s’étirent sur l’autre rive ? Et puis le Nil, bien sûr, qui serpente au milieu des vergers, des cannes à sucre, des palmiers… Vous quittez l’azur pour la rive ouest, la Vallée des rois, des reines, des nobles et des artisans. Un rêve d’enfant. Vous vous amusez à imaginer les innombrables tombeaux encore dissimulées sous la rocaille, les richesses enterrées pour l’éternité. Étourdissant.
C’est en compagnie d’un archéologue français, qui a consacré sa vie à l’égyptologie, que vous découvrez le Ramesseum, temple mortuaire de Ramsès II, impressionnant de grandeur et de puissance.
L’heure tourne et le soleil cogne, d’une rive à l’autre vous traversez le fleuve à bord d’une felouque et allez déguster de succulents mezzés chez Sofra ou fumer le narguilé face au soleil couchant. La nuit tombe, la fraîcheur arrive, avec ses parfums d’oranges et de jasmin, et les lumières qui scintillent sur le Nil.
Coup de cœur évident pour l’Al Moudira (3 & 4), palais de ra nement ancré dans une oasis de verdure de plus de dixhectares. Chacune des 54chambres est unique et décline un thème de la mythologie du pays. Le restaurant est tout aussi savoureux. Posé sur les berges du Nil depuis 1886, l’iconique Winter Palace (2) est tout aussi historique que les monuments qui l’entourent. Plus ancienne maison d’hôtes de Louxor, le Marsam Hotel (1) est réputé pour son architecture, charmante et très typique, ainsi que pour sa délicieuse cuisine.
Des reines, des déesses, des divas, mais aussi des pharaons, des créateurs. L’Égypte ne serait pas l’Égypte sans toutes ces beautés et ces talents, antiques ou plus contemporains, dont on aimerait pouvoir s’approcher. Ce florilège indique la marche à suivre.
Toutânkhamon (1345-1327 av. J.-C.)
D’enfant roi à roi superstar. Il doit sa célébrité à l’archéologue britannique Howard Carter qui, le 4 novembre 1922, découvre sa tombe, intacte. Autant dire la trouvaille du siècle ! Sarcophage, masque mortuaire en or massif et autres trésors sont visibles au GEM, le Grand Musée égyptien du Caire.
La momie (immortelle)
Les tombeaux, c’est beaucoup d’or, de fastes, mais aussi un peu d’horreur… dont le cinéma a très bien su s’emparer. Malgré un laisser-aller évident (bandelettes grisâtres, dents gâtées quand elle en a), la momie fait toujours recette. Peu amicale – elle revient toujours pour se venger –, elle reste la reine de l’épouvante.
Dalida (1933-1987)
Iolanda Gigliotti naît au Caire dans une famille calabraise. Élue Miss Égypte 1954 en itsy bitsy teeny weeny bikini, elle tente une carrière au cinéma. En vain. C’est la chanson qui fera d’elle une star : Bambino, Gigi l’Amoroso, Salma Ya Salama, les robes à paillettes, le strabisme, la chevelure dorée, le disco, Mourir sur scène
Oum Kalsoum (vers 1900-1975)
Un demi-siècle est passé et sa voix inégalable continue de faire chavirer les cœurs. El-Sett (“la Dame”), “l’Astre de l’Orient”, “la Quatrième Pyramide d’Égypte” chantait l’amour de la patrie et l’amour tout court. Son statut était tel qu’elle pouvait influer sur la société égyptienne, inciter les filles à étudier… Elle était plus qu’une diva !
Youssef Chahine (1926-2008)
Il débute sa carrière de réalisateur à 24 ans et signera quelque quarante longs-métrages. De son premier chef-d’œuvre, Gare centrale (1958), à son ultime film, Le Chaos (2007), qui met en scène la révolte du peuple contre le pouvoir, considéré comme prophétique, il n’aura été qu’esprit libre.
Sherine Abdel Wahab (1980)
Loin du gratin cairote, cette chanteuse pop et people o cie depuis une vingtaine d’années. Présentée comme “la Britney Spears arabe”, elle a écoulé son premier album (Free Mix 3, 2002) à 20 millions d’exemplaires, et fait aussi les gros titres pour ses divers déboires.
La déesse Isis
Coi ée d’un trône ou d’un disque solaire, fille du Ciel et de la Terre, protectrice des enfants et des femmes, et un peu magicienne… Elle est vénérée de l’Égypte jusqu’au monde gréco-romain (Déméter, Perséphone, Minerve, c’est elle). Universelle, elle est la Vierge Marie… avant la Vierge Marie.
Alaa El Aswani (1957)
En 2002, interdit de publication dans son pays, ce dentiste de profession né au Caire signe un succès mondial, L’Immeuble Yakoubian, premier roman publié et traduit dans plus de cent pays. En lutte contre la censure et la dictature, il vit aujourd’hui à New York, en exil (lire aussi p. 16).
Hind Rostom (1926-2011)
Icône sublime de l’âge d’or du cinéma égyptien, “Marilyn de l’Orient”, mais surtout femme de caractère. Elle débute sa carrière à 16 ans, tourne dans plus de 80 films et se retire en 1979, en pleine gloire. Passionnée de bijoux et de pierres précieuses, elle participa aussi à la conception de pièces de joaillerie.
Farid El Atrache (1910-1974)
Fils d’un couple princier, le “chanteur triste” syro-égyptien, virtuose de l’oud, ne s’est pas laissé abattre, composant plus de 350 chansons. Acteur, il produit aussi le film Habib al omr (“L’Amour de ma vie”), staring Samia Gamal, fabuleuse danseuse dont il était épris.
Néfertari Meryenmout (1301-1255 av. J.-C.)
Tout est beau chez elle : son nom, qui signifie “La plus belle de toutes, aimée de Mout” ; sa tombe, dans la Vallée des reines, et surtout l’amour que lui portait le pharaon Ramsès II (qui eut pourtant d’innombrables épouses et concubines).
Fifi Abdou (1953)
Cette danseuse orientale septuagénaire aux 9 millions d’abonnés Instagram enlace de tous ses voiles la culture pop. Native du Caire, autodidacte, elle devient vite un phénomène national. Star à 20 ans, son style fluide, novateur et drôle (parfois suggestif) envoûte.
ÎLE ÉLÉPHANTINE — ÎLE KITCHENER
ÎLES DE SALUGA — ÎLE DE SEHEL — PHILAE
Porte du Sud pour les anciens, à la frontière entre la Haute-Égypte et le royaume nubien, Assouan marque une rupture de rythme et mêle, dans l’alchimie des souks, les couleurs de l’Orient et celles de l’Afrique.
C’est souvent le cœur un peu serré que l’on débarque à Assouan.
La ville la plus méridionale d’Égypte, située sur la première cataracte du Nil, marque pour beaucoup la fin de la navigation (et d’une parenthèse enchantée). Depuis le pont, dans l’air doux du matin, l’arrivée frappe les esprits. Le fleuve, jusqu’alors calme et linéaire, cède la place à un univers chaotique, flots tourbillonnants, sable fauve et rochers calcinés de la falaise libyque, dressée sur la rive occidentale. Les berges s’ouvrent brusquement, dessinant un sublime amphithéâtre où s’étire, à l’est, la façade moderne de la ville. Qu’elle se soit appelée Sount (du temps des pharaons), Syène (à l’époque ptolémaïque), Souan (en copte) ou Aswan (en arabe), la cité
quasi tropicale a de tout temps constitué une frontière di cile à franchir.
Mythique Old Cataract
Il nous faut prendre de la hauteur. Pour reposer nos yeux et nos méninges d’abord, digérer en quelque sorte toutes les merveilles de pierre qui nous ont éblouis depuis Louxor. Puis, pour mieux embrasser la nature épique et l’architecture disparate qui s’o rent désormais au regard. En cela, les balcons XXL de la Nile Wing du Old Cataract font autant de miradors sur le fleuve, ses îles et ses rochers. En contrebas, l’aile historique ayant accueilli de grands voyageurs, hommes et femmes du monde –Agatha Christie, Winston Churchill, François Mitterrand– a généré l’aura du lieu.
Assouan n’appelle ni les levers au petit matin, ni les empressements touristiques.
Ici, il faut se laisser vivre, dans la magie solaire et la douceur de l’air.
Aujourd’hui encore, le palace maintient sestraditions d’accueil et de confort dans un souci de ra nement et de service. On s’abandonne donc à la paresse contemplative comme à la sieste en bord de piscine et aux mains bienfaitrices des professionnels du spa. Cela tombe bien, Assouan n’appelle ni les levers au petit matin, ni les empressements touristiques. Ici, il faut se laisser vivre, dans la magie solaire et la douceur de l’air. L’activité la plus recommandée est de rêvasser devant le Nil. Ou d’y naviguer lentement, à bord d’une felouque, parfois immobilisée au milieu du fleuve, faute de vent. Patience! Rien ne presse. Il sera toujours temps de déambuler dans le musée de la Nubie ou le souk, ouvert jusque tard dans la soirée, en imaginant les étalages d’ébène, épices, bijoux et autres peaux de bêtes du temps des caravanes.
Des îles et un obélisque inachevé Pour l’heure, cap sur l’île Éléphantine, palmeraie surgie des eaux. Dès le IIIe millénaire avant notre ère s’y était formé un centre d’échanges commerciaux. La Nubie (de nebou, nom égyptien pour “or”) était une terre riche; elle fournissait l’Égypte non seulement en métal précieux mais aussi en soldats, en bois recherchés, en ivoires. Son parc archéologique regroupe les temples de Satet et de Khnoum, deuxnilomètres (grands escaliers qui permettaient de mesurer les crues)
et un petit musée. À quelques encablures, l’île aux Fleurs a été aménagée en jardin botanique par Lord Kitchener à la fin du XIXe siècle. Le vendredi, familles rieuses et couples discrets s’y donnent rendezvous au milieu des essences tropicales. En ligne de mire, le mausolée de l’Aga Khan, bel exemple d’architecture islamique moderne, s’est parfaitement fondu dans le décor. Plus au sud, on cabote autour des îles de Saluga –classées réserve naturelle– avant que le bateau n’accoste sur l’île de Sehel, où se dresse la stèle de la famine, gravée pour implorer le dieu Hâpy de ramener les eaux du Nil et permettre de bonnes récoltes. Mais le monument le plus émouvant d’Assouan reste peut-être son obélisque inachevé. Quarante-deuxmètres de long, couché sur le sol et encore relié au roc, il conserve intact son mystère séculaire. Tout proche, le musée de la Nubie marque une belle transition entre la Haute-Égypte qu’on laisse derrière soi et la culture nubienne qui se déploie au-delà. Assouan n’est pas un point final au voyage, ce sont des points de suspension.
Visiter l’île Éléphantine, le centre du culte Khnoum, le musée de la Nubie, le temple de Kalabsha : à tout moment vous êtes libre d’ajuster votre programme égyptien.
Porte ouverte vers le sud, la Nubie, le Soudan et l’immensité de l’Afrique, Assouan s’admire paisiblement, au rythme du fleuve roi. Vous y profitez de la sérénité des berges, vous naviguez parmi les îles: Éléphantine, palmeraie surgie des eaux ; île aux Fleurs, jardin botanique que l’on doit au chef militaire Lord Kitchener (1850-1916), passionné d’arbres et de plantes exotiques; et, bien sûr, Philae (1), “perle de l’Égypte”. La douce brise semble encore y raconter l’histoire d’Isis qui, sur cette île sacrée, trouva et rassembla les fragments du corps de son époux Osiris, dispersés par la jalousie de Seth. Lieu rare, on y ressent pleinement le poids de l’histoire et des légendes. Mais l’expérience est tout autant mystique. Sur le chemin du retour, bercé par la felouque et la lumière dorée de fin de journée, une profonde sérénité vous enveloppe, comme si cette île portait en elle l’écho d’une promesse faite aux dieux : celle de l’amour qui toujours triomphe.
PLACE TO BE
Le mythe perdure au légendaire Old Cataract (2, 3 & 4), qui accueille depuis plus d’un siècle, entre autres grands voyageurs, les amoureux decouchers de soleil sur le fleuve. Un moment privilégié souvent admiré depuis les nombreuses terrasses de l’hôtel en savourant, par exemple, unPimm’s No.1 Cup.
Soagathachristique!
Du pharaon au colonel, les raïs ont de tous temps marqué le paysage égyptien. Le barrage d’Assouan a régulé le Nil et noyé des sites, mais la Nubie demeure, et son héritage antique est grandiose.
Comme toute entreprise, le haut barrage d’Assouan a eu des e ets positifs et d’autres qui le sont moins. Il en eut aussi d’inattendus. Comme d’envoyer quelques monuments égyptiens à Madrid en Espagne (temple d’Amon de Debod), Leyde aux Pays-Bas (temple de Tafa), Turin en Italie (temple rupestre d’Ellesiya).
On peut commencer là sa visite de la Nubie antique. Ces dons faits à des nations mobilisées par l’Unesco, sous l’impulsion de son chef de mission archéologique, Christiane Desroches Noblecourt, supérieurement qualifiée et déterminée, pour la sauvegarde d’un patrimoine menacé d’ennoiement ont néanmoins laissé sur place des choses à voir.
Car le lac Nasser, l’immense retenue du barrage, ne fait pas d’Assouan un cul-de-sac du voyage sur le Nil. On peut poursuivre. À la découverte d’entours arides, minéraux, radicaux. Qui ont la grandeur du désert, que toute cette eau n’amoindrit pas. La lumière y joue des partitions allant de subtiles diaprures à des emportements chromatiques violents. Des parages qui sont également propices aux activités halieutiques. On y capture une perche phénomène, que les anciens Égyptiens invitaient à Esna au culte de la déesse Neith.
Elle est encore aujourd’hui ici don du fleuve. Les splendeurs, sauvées des eaux et déplacées sont donc visibles non loin d’Assouan, sur l’île d’Aguilkia, dite Philae, depuis que celle-ci a été submergée. Parmi elles, le dernier sanctuaire d’Isis, très évocateur de ce que furent les grands temples. Plus loin, sur la rive ouest du lac, se trouve l’ensemble de Ouadi es-Seboua, dont la pièce maîtresse est un temple de RamsèsII, mi-bâti, mi-creusé dans le roc. Il était un reposoir de Néchémet, barque sacrée du dieu Osiris. À Amada, le temple d’Amon eut d’abord Horus pour locataire. Quoi qu’il en soit, ses peintures le distinguent.
Enfin, il y a Abou Simbel. Les temples ont été édifiés au XIIIe siècle avant JésusChrist par Ramsès II (encore lui), afin de célébrer sa victoire de Qadesh sur les Hittites. Leur transfert pour les conserver au sec et à l’admiration des voyageurs (autant que des égyptologues) a été une autre bataille. Dont l’issue est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.
VOYAGEURS DU MONDE
Dans le prolongement d’un voyage à bord du Steam Ship Sudan ou de la Flâneuse du Nil, votre conseiller vous proposera de rallier Abou Simbel via une croisière sur le lac Nasser.
Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.
Plongeurs de tous horizons, jet-set cairote, amateurs de farniente… Tous troquent le sable du désert pour celui des plages de la mer Rouge, la richesse des pharaons pour celle des fonds marins, le brouhaha des souks pour les murmures du mont Sinaï.
Elle est diablement bleue.
Turquoise, même, par endroits. LamerRouge, immense couloir d’eaux tropicales salées, est réchau ée par le sou e du désert. Des conditions idéales pour les coraux qui fleurissent sur les récifs et les tombants. Et, avec eux, un prodigieux kaléidoscope sous-marin –barracudas, poissons-clowns, raies aigles et autres requins longimanes– vivant ici en all inclusive.
Mais le mot a bien tourné et la région est en proie à un développement touristique féroce. Une armée de resorts pharaoniques garde Charm el-Cheikh, Safaga et Hurghada qui n’étaient encore que des villages de pêcheurs il y a quelques décennies. Pour protéger les coraux de la surfréquentation, le parc national de Ras Mohammed a été créé. Il abrite des falaises ocre de toute beauté et des sites de plongée aux noms alléchants –Anemone City, Jackfish Alley– attirant toujours plus de monde.
Il faut alors plonger de plus en plus loin, loger dans les derniers bastions de vie bohème. À Marsa Alam, au sud du pays, on jouit encore d’une relative tranquillité malgré des récifs éblouissants. Plus développée, la jeune ville balnéaire d’ElGouna tente de ménager la chèvre et le chou. La jet-set du Caire s’y donne rendez-vous pour pratiquer kitesurf et kayak.
Au bord des lagons, des architectes d’ici et d’ailleurs ont trouvé un espace pour s’exprimer. L’Allemand Kurt
Völtzke a imaginé une “maison-tortue”; les Londoniens du studio Seilern le monumental Plaza où se tient l’annuel Festival du Film d’El Gouna; les Égyptiens Soheir Farid et Rami El Dahan, disciples
du moderniste Hassan Fathy, plusieurs hôtels. On se déplace en tuk-tuk le long de dix kilomètres de plage.
Village hippie et culture bédouine
Pour trouver le calme, le vrai, il faut traverser la péninsule du Sinaï.
Posée au bord du golfe d’Aqaba, à centquarante kilomètres de la frontière israélienne, Dahab est la perle que l’on n’attendait plus. Un village hippie où les resorts brillent par leur absence, les fonds marins par leurs couleurs et leur diversité. Un entrelacs de ruelles regorgeant de bouis-bouis relax dont les terrasses sont couvertes de coussins où l’on s’a ale à toute heure pour fumer la chicha ou siroter un jus frais. Dahab nous ouvre aussi les portes de la culture bédouine et du mythique mont Sinaï.
L’ascension nocturne s’accompagne de haltes énergétiques. Thé sucré et délices au fromage de chèvre, miel et romarin permettent d’atteindre le sommet. À la clé, un lever de soleil inoubliable sur des montagnes d’or, puis une visite matinale du monastère orthodoxe de Sainte-Catherine, vieux de quinzesiècles (lire p.111).
Choisir les bons horaires pour plonger sans la foule, vous dégoter l’adresse de charme passée inaperçue aux yeux du monde, déambuler dans les pas de notre concierge, habitante d’El Gouna… Nos conseillers ont plus d’une corde à leur arc pour rendre toute son âme à une destination, même très fréquentée.
Là où le désert rencontre la mer, on raconte que Moïse aurait ouvert les eaux pour fuir l’armée du pharaon, miracle gravé dans la Bible (Exode 14, 21-27). Aujourd’hui, la mer Rouge déploie d’autres types de petits miracles. Paradis aquatique convoité par les plongeurs du monde entier, ses eaux foisonnantes et chaudes recèlent de fonds marins infiniment riches. Àla surface, tout invite à la glisse: kitesurfer sur l’eau turquoise, pagayer en kayak au fil des vagues, ou simplement se laisser bercer par le vent du large. Si vous séjournez à Dahab, village bohème préservé, vous verrez backpackers et amateurs de plongée se partager les bons spots. À El Gouna, station balnéaire plus chic, le crépuscule habille le ciel. La petite ville s’illumine, les cafés en plein air se remplissent, les marchés locaux s’animent et les restaurateurs bordent la lagune. Quelques semaines par an, la ville célèbre un festival de cinéma sous les étoiles. Un instant suspendu, où la beauté brute de la nature se mêle à l’ambiance chaleureuse des nuits égyptiennes.
Les nuances de bleu -des murs, de la piscine et du ciel- se mêlent dans l’élégante Maison Bleue (2 & 3) d’ElGouna, posée en bord de plage. À une vingtaine de kilomètres au nord de Marsa Alam, le Wadi Sabarah Lodge (1) est, tout en sobriété et pureté, tourné vers le large. Architecture contemporaine et motifs traditionnels, artisanat égyptien: le bon goût est au rendez-vous au Dar Dahab.
De l’ascétisme du désert, où les premiers chrétiens d’Orient établirent leur campement, au foisonnement sous-marin de la mer Rouge, le Sinaï, majestueux, saisit et rend humble.
Le Sinaï élève ses hautes falaises pourpres sur de vastes plaines sablonneuses. Perché à 1600mètres au pied du mont Sinaï (qui culmine à 2285mètres), le monastère SainteCatherine ressemble à une forteresse, cerné de murailles ayant résisté à l’épreuve du temps. C’est le plus ancien monastère en activité du monde chrétien, un lieu ascétique, aujourd’hui encore occupé par des moines grecs orthodoxes. Au VIe siècle, il fut construit là où, selon latradition hébraïque, Moïse avait aperçu un buisson ardent qui brûlait sans se consumer –au pied du sommet où il a ensuite reçu les Tables de la Loi. Le monastère abrite plusieurs chapelles et une bibliothèque conservant des manuscrits anciens, dont certains datent des tout premiers siècles du christianisme. S’y trouve aussi une mosquée, symbole de la cohabitation ancienne entre chrétiens et musulmans.
On visite le jardin, proprement miraculeux : c’est une oasis verdoyante au cœur du désert minéral, avec des arbres fruitiers en pagaille –citronniers, abricotiers, grenadiers amandiers–, et toutes
les plantes aromatiques et médicinales, de la sauge à l’agastache. Au lever comme au coucher du soleil, chaque jour recommence lasymphonie de couleurs –rose, beige, ocre–composée par le granit et le gypse. Nul besoin d’être croyant pour éprouver là un sentiment de matin du monde. N’en déplaise à l’Unesco, le site est visé par un projet de “modernisation” de grande ampleur.
À la pointe sud de la péninsule du Sinaï, au cap Ras Mohammed, la mer Rouge et ses falaises calcaires plongent, abruptes, dans l’eau turquoise. Poissons-anges, anémones et gorgones se mêlent aux demoiselles, aux napoléons… On n’a pas encore perdu pied que l’on ressent déjà une gratitude infinie face à la beauté du monde.
VOYAGEURS DU MONDE
Au-delà des nombreuses activités liées à la mer, votre conseiller vous propose d’explorer le désert (à cheval) et la culture locale dans les pas d’un ou une habitante.
Le voisin méridional de l’Égypte garde les vestiges discrets d’un pan d’histoire pharaonique méconnu.
De Méroé au lac Nasser, ce reportage, réalisé avant le début de la guerre civile qui sévit depuis avril 2023, rend hommage à un pays d’orfèvre.
Méroé, la cité mythique, garde entier son pouvoir de fascination. Marcher dans ses nécropoles ensablées est un privilège.
Dès la sortie de Khartoum, l’unique route asphaltée file vers le nord dans une infinie rectitude. De chaque côté, le désert étend sa poussière blonde, ponctuée d’acacias, de plantes et de maisonnettes en briques. De part en part, un relais routier o re ses vieilles pompes à essence et l’ombre d’une cour où les hommes boivent le thé brun allongés sur des angarebs (des matelas de cordes). Puis, une piste court dans la plaine aride du Boutana où les nomades mènent leurs petits ânes chargés de jerricanes blancs. Au puits de Naga, des hommes tirent les outres de peau, des femmes remplissent bidons et réservoirs pour que boivent les moutons. Non loin, Karla Kröper, une archéologue allemande, et des ouvriers grattent le sol avec précaution. Derrière, un petit temple couleur de biscuit expose ses colonnes corinthiennes, ses arches et ses corniches.
À une vingtaine de kilomètres, dans la solitude des sables de Musawwarat es-Sufra, le temple restauré du dieu-créateur Apedemak, à tête de lion (ignoré du panthéon égyptien), voisine avec des colonnes et la représentation d’un éléphant, fragment d’un ancien mur autour d’un ensemble cultuel bâti sous le roi Arnekhamani (IIe siècle av. J.-C). Cette délicatesse et cette minutie livrées au désert ont quelque chose d’émouvant, les découvrir quasiment seul est un bonheur. Le calme et le vide autour sont poésie, ils rapprochent des sentiments sans doute éprouvés par les premiers explorateurs.
Cité mythique et Montagne pure
Au matin, quand le soleil se lève sur une guirlande de pyramides surgies des dunes, Méroé, la cité mythique, garde entier son pouvoir de fascination. Une soixantaine de tombeaux gri ent le ciel. Plusieurs sont endommagés, souvenir du passage de pilleurs-saccageurs qui alimentèrent les musées européens, dont l’Italien Giuseppe Ferlini, grand amateur de dynamite… Mais quelques-uns, restaurés, ont retrouvé leur élégance. Sur les murs des chapelles, les bas-reliefs sont une profusion de rois, de dieux (Isis, Osiris, Anubis…), de soldats et d’esclaves. Partout, des hiéroglyphes égyptiens et cette écriture méroïtique encore mystérieuse… Tout comme l’est l’histoire de la cité royale dont les ruines courent plus loin. Vagues vestiges de l’ultime capitale du royaume de Koush (de 270 avant J.-C. à 340 de notre ère) qui prospérait des mines de fer et d’or.
Juste derrière, les rives du Nil sont un vaste jardin, terre lourde et riche pour les champs d’oignons, de maïs, d’arachides ou de luzerne entre lesquels les hommes trottinent sur leurs ânes. Le fleuve généreux se fait rivière languide que l’on passe à bord d’un bac fatigué. Des gamins barbotent dans un canal d’irrigation, des vergers de palmiers dattiers et d’agrumes o rent l’ombre apaisante et les oranges douces. Elles sont bienvenues avant la traversée du désert de Bayouda lové au creux d’un vaste coude du Nil, immensité blonde peuplée de rares troupeaux, de quelques puits et de huttes en bois et torchis. Puis, d’autres pyramides s’élèvent au pied d’un étrange plateau de grès brun qu’une aiguille rocheuse précède comme une figure de proue. Le Djebel Barkal (“Montagne pure”) était l’un des lieux les plus importants de Nubie depuis que les Égyptiens venus coloniser le Koush vers 1500 av. J.-C. avaient vu, dans les silhouettes de l’imposant rocher et son piton, celles du dieu Amon et du cobra royal dressé que portent les couronnes pharaoniques.
Quarante-quatre villages nubiens engloutis Durant les cinq siècles de leur domination, les pharaons Akhenaton, Toutânkhamon, RamsèsII firent entretenir un grand temple dédié au dieu bélier, et la ville de Napata devint un centre religieux aussi prestigieux que Thèbes. Après que le roi koushite Piânkhy (vers 730 av. J.-C.) soumit l’Égypte pour devenir le premier des pharaons noirs, Napata fut capitale du royaume (656 à 270 av. J.-C).
La troisième cataracte roule ses rochers de basalte noir et le fleuve devient torrent entre les îlots buissonneux. Il remonte encore le temps quand Ibrahim, le guide, au milieu de nulle part, montre des dizaines de pétroglyphes représentant girafes, éléphants, bétail, souvenir d’un passé mésolithique plus verdoyant que ce désert de Nubie, dont le nom viendrait du mot égyptien qui désignait l’or (“noub”). L’étymologie est discutée, mais les chercheurs plus ou moins clandestins tentent toujours leur chance au pied des collines saupoudrées de clair.
Le Nil suit son cours vers la deuxième cataracte et la bourgade de Wadi Halfa. Au-delà, le fleuve sacré se fond dans l’immense lac Nasser créé par le barrage d’Assouan qui noya toute la Nubie égyptienne, 44 villages et le passé de 60000 personnes. Mais les temples, dont les joyaux d’Abou Simbel, furent sauvés et déplacés. Le Nil, alors, est un musée à ciel ouvert. •
Dix mots, expressions ou traditions à connaître pour un voyage pharaonique.
Au Caire, vous ne manquerez pas d’aller au musée
Notamment au GEM, le plus grand du monde dédié à une civilisation
Une preuve supplémentaire de la générosité égyptienne :
Un impôt, à hauteur de 2,5 % des revenus annuels, qui permet de partager les richesses en donnant aux plus démunis
En arabe, ça veut dire “ça veut dire”. L’expression, souvent utilisée, permet de reformuler, trouver ses mots
Il y a tant de choses à voir…
Autrement dit : “allons-y !”
Une touche british pour se rafraîchir
Si la connotation négative du
existe, il est bon de se rappeler que le mot vient du persan “bakchīch”, qui veut dire “don” et exprime gratitude et respect envers son récipiendaire
À Alexandrie, ville côtière, vous pourrez goûter au
Du poisson excellemment grillé. Les fruits de mer sont également au cœur de la cuisine alexandrine
Allez-vous réaliser votre rêve de naviguer sur le Nil à bord des
d’exception que sont le Sudan et la Flâneuse du Nil ?
Un peu / beaucoup le tournis ?
Normal, entre l’effervescence des villes et l’immensité des sites archéologiques
Omniprésente dans l’iconographie de l’Égypte ancienne, et encore aujourd’hui d’une grande puissance visuelle
Clé de vie (on peut y voir les symboles masculin et féminin) et signe de pouvoir divin, elle est l’un des artefacts majeurs retrouvé dans la tombe de Toutânkhamon
PAR DESTINATION
Afrique
Amérique du Sud
Mexique, Amérique centrale & Grandes Antilles
Asie Mineure, centrale & Chine
Asie du Sud-Est & Indonésie
Australie, Nouvelle-Calédonie & Nouvelle-Zélande
Canada
Égypte
Espagne
États-Unis
Europe centrale & Balkans
Europe du Nord
France
Grande-Bretagne & Irlande
Grèce
Inde, Himalayas, Pakistan, Sri Lanka & Maldives
Israël & Palestine
Italie
Japon & Corée du Sud
Maroc & Moyen-Orient
Polynésie
Portugal
Russie & Ukraine
PAR THÉMATIQUE
Voyageurs… amoureux/en famille/ en train/dans les îles
LES ÉDITIONS SPÉCIALES JOURNAL VOYAGEURS / VACANCE
Voyageurs en Égypte 01 84 17 19 01
Directrice de la communication
Nathalie Belloir
Direction artistique
Morgane Le Gall
Rédacteurs
Emmanuel Boutan, Baptiste Briand, Éléonore Dubois, Clara Favini, Philibert Humm, Marion Osmont, Faustine Poidevin-Gros, Pierre Sorgue. Tom Barber & Tom Holland ont été traduits par Lisa Jarry
Secrétaire de rédaction
Stéphanie Damiot
Coordinatrice fabrication
Isabelle Sire
Responsable photo
Marie Champenois
Iconographe
Daria Nikitina
Photogravure Groupe Santerre
Impression Imprimerie Chauveau
Édition Mars 2025
Crédits – Couverture
Matthieu Richer Mamousse
Illustrations Førtifem (p. 5, pp. 12-13, p. 16), A. Bouldouyre & L. Barthélemy (frises p. 34 & p. 50)
Photos Wikimedia commons, Library of Congress, A. Dagli Orti/De Agostini Picture Library/Bridgeman Images, Museum of Fine Arts, Boston, Massachusetts, USA Photograph/William E. Nickerson Fund/Bridgeman Images, Historical Views/agefotostock.com/Photo12/ Alamy, G. Dagli Orti/De Agostini Picture Library/ Bridgeman Images, Photo12/Alamy/Asar Studios, Look and Learn/Bridgeman Images, Shanina/Getty Images, Library of Congress/P&P, Matthieu Richer Mamousse (frise pp. 6-9) ; Mathieu Richer Mamousse (portfolio pp. 18-25) ; Mathieu Richer Mamousse, Boby, Pie Aerts (p. 37) ; Mathieu Richer Mamousse, Boby, Pie Aerts, Matthieu Salvaing (pp. 48-49) ; Milan Szypura/Haytham-REA, Manuel Zublena, Boby (pp. 56-57) ; Alixe Lay, Nour Elmassry, Pie Aerts, Immobilia Hotel/Egypt Beyond, Sui Xiankai/XINHUA-REA, Photo12/Alamy/Shaun Higson/ Cairo, Alex Azabache/Pexels, Ahmed Hatem/Unsplash, (pp. 70-71) ; Yaser/Stock.adobe.com, Sarah Pannell, Photo12/Alamy/Mohamed Reda, Fonij/Adobe Stock, Matthew Raef, Paul Thuysbaert/Getty Images, Anna Pihan, Marina Datsenko/Stock.adobe.com (pp. 78-79) ; Gigi Aly, Alexis Doyle (p. 83) ; Olivier Romano, Milan SZYPURA/ HAYTHAM-REA, Bartosz Hadyniak/Getty Images/ iStockphoto, Pie Aerts, Sofitel Winter Palace, Al Moudira (pp. 92-93) ; Miroslaw Kopec/Adobe Stock, Photo12/ Alamy/ The Picture Art Collection, Evgeny/Adobe Stock, Wikimedia Commons (p. 95) ; Photo12/7e Art/MISR International Films/Ognon Pictures, Egyptian Ministry of Tourism and Antiquities/XINHUA-REA, Sipa USA/Alamy, Ulf Andersen/Getty Images (p. 96) ; Wikimedia Commons, Philip Pikart/Wikimedia Commons, Al Chabaka Magazine/ Wikimedia Commons, Photo12/Alamy/Christine Osborne Pictures (p. 97) ; Clemente Vergara, Photo12/Alamy/Peter Adams Photography, Boby, Sofitel Legend Old Cataract/ Accor, John Laurie/Kintzing (pp. 102-103) ; Alexis Doyle, Wadi Sabara, Verrat Toussaint, Photo12/Alamy/Gal Eitan/ PhotoStock-Israel, Jess Loiterton/Pexels (p. 109).
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