Voyageurs en Egypte

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VOYAGEURS EN Égypte

27 Brochures spécialisées par destination, consacrées aux voyages en individuel et sur mesure

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Nos cités des Voyageurs _ paris 02 55, rue Sainte-Anne 01 42 86 16 00 bordeaux 28, rue Mably 05 57 14 01 48 bruxelles 23, chaussée de Charleroi +32 (0)2 543 95 50 caen 63, rue Sain-Jean 02 31 15 25 80

Les nouvelles brochures Voyageurs du Monde ont été réalisées en collaboration avec des écrivains, journalistes et photographes du monde entier. Par leur sensibilité, leur travail, ou leurs origines (parfois les trois), ces auteurs et artistes partagent notre vision de la destination. Un angle de vue particulier, orienté vers le respect des peuples et la recherche d’une compréhension subtile de leur culture.

genève 19, rue de la Rôtisserie Ouverture 2011 grenoble 16, bd Gambetta 04 76 85 95 90 lille 147, bd de la Liberté 03 20 06 76 25

L’Égypte illustrée et racontée par…

lyon 02 5, quai Jules-Courmont 04 72 56 94 56

Robert Solé est né au Caire et vit en France. Denis Dailleux est né en France et vit au Caire. Alain Bouldouyre y pose régulièrement son chevalet. L’Égypte coule dans les veines de ces trois hommes tel le Nil à travers le désert. Une source de vie et d’inspiration qui rejaillit dans leur travail : l’écriture pour Solé, la photographie pour Dailleux et le dessin pour Bouldouyre. Leur confier l’illustration de cette brochure nous est apparu comme une évidence : la finesse de leur style, l’incroyable capacité qu’ils ont à nous transporter au plus profond des ruelles du Caire et de l’histoire du pays, au plus proche des rives du Nil et de tout un peuple, est pour nous la plus belle façon d’insuffler l’Égypte à nos voyageurs.

marseille 01 25, rue Fort-Notre-Dame 04 96 17 89 17 montpellier 7, rue de Verdun 04 67 67 96 30 nantes 1-3, rue des Bons Français 02 40 20 64 30 nice 4, rue du Maréchal Joffre 04 97 03 64 64 rennes 31, rue de la Parcheminerie 02 99 79 16 16

A lire, la sélection de Robert Solé page 16 Retrouvez Alain Bouldouyre page 108 Découvrez le portfolio de Denis Dailleux page 109

rouen 17-19, rue de la Vicomté 02 32 10 82 50 strasbourg 16, rue Sainte-Barbe 03 88 15 29 48 toulouse 26, rue des Marchands 05 34 31 72 72 Conception des produits : A. Dumesnil – M. El Tahawy Direction de la communication : N. Belloir Conception Graphique : O. Romano Coordination : I. Sire / S. Digard / D. Carrara Secrétariat de rédaction : M. Osmont / B. Briand Réalisation : SuzyLee Impression : Imprimerie Peau Parution : Mars 2011 Photos non contractuelles.

VOYAGEURS en Égypte >> 01 42 86 17 90 Photo couverture © Denis Dailleux / Agence VU

Voyageurs du Monde S.A. au capital social de 3 691 510 € 55, rue Sainte-Anne,75002 Paris Tél. : 01 42 86 17 00 Fax : 01 42 86 17 88 RCS Paris 315459016 Licence d’Etat IM075100084 Assurance Responsabilité Civile et Professionnelle : GAN Eurocourtage n°86 342 744 Immeuble Élysée la Défense - 7, rue du Dôme TSA 59876 - 92099 La Défense Cedex de Solidarité 15, avenue Carnot 75017 Paris


édito VOYAGEURS EN ÉGYptE, EN LibYE Et AU SOUDAN

L

ville, c’est la ville qui vient à la campagne. Quant aux côtes de la Méditerranée et de la mer Rouge, qui étaient vierges en grande partie jusqu’aux années 1960, elles connaissent des aménagements spectaculaires pour accueillir un nombre croissant de vacanciers et de touristes.

’Égypte, pour moi, ne pouvait être un coup de foudre : c’est le pays de mon enfance et de mon adolescence. Je l’ai quittée à l’âge de 17 ans, puis ignorée délibérément, avant de la retrouver deux décennies plus tard, avec émotion, perplexité et passion.

Cette Égypte perdue et retrouvée est devenue pour moi un objet d’étude. Je n’en finis pas de la découvrir, par des lectures, des voyages, des rencontres. Ce pays m’enchante, mais me fait souffrir aussi quand il se replie sur lui-même ou tolère des injustices criantes. On disait ses habitants fatalistes et résignés. Ils ont démontré leur courage et leur soif de liberté. Sans rien perdre de leur humour, qui s’exprime dans un dialecte mélodieux et savoureux, familier à tout le monde arabe grâce au cinéma et à la chanson… Il y a mille choses à découvrir en Égypte, à commencer par les Égyptiens.

Mon regard s’était modifié, occidentalisé. Je subissais, moi aussi, la fascination que la terre des pharaons exerce sur tant de monde, et depuis si longtemps. Traversant le désert, le Nil en a fait un jardin et a donné naissance à la plus étonnante des civilisations antiques : ses vestiges fabuleux, ses mystères supposés, l’harmonie et l’équilibre qui s’en dégagent ne laissent personne indifférent. Mais l’Égypte ne s’est pas arrêtée aux pharaons ! Elle a été l’un des premiers pays chrétiens du monde, avant de devenir l’un des phares de l’Orient musulman. C’est le pays de l’imaginaire par excellence. À l’ère de la vitesse et du zapping, alors que tout va de plus en plus vite, on y cherche permanence et stabilité. “L’Égypte éternelle”…

— Robert Solé

retrouvez l’interview de Robert Solé sur voyageursdumonde.fr

Éternelle peut-être, mais pas immuable. Je suis né dans un pays de 18 millions d’habitants ; il en compte 85 aujourd’hui. Parler de changement serait un euphémisme, puisque sa géographie elle-même s’est transformée : le haut-barrage d’Assouan a noyé la Nubie, créé un immense lac artificiel, régulé et modifié les eaux du Nil. L’électricité est arrivée dans de nombreux villages qui ressemblent désormais à de gros bourgs. Les ruraux ne partent plus en Photos : D. Dailleux / Agence Vu

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5 BONNES RAISONS de partir avec

VOYAGEURS DU MONDE

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S’adresser à de vrais spécialistes par pays \2

Être assisté et bien assuré sur place 24/24 \3

Disposer d’un service Conciergerie \4

Voyager équitable et responsable (certification ATR) \5

Profiter de nos Cités des voyageurs,

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— voyageursdumonde.fr —

© Denis Dailleux / Agence VU

(librairies cartographies, conférences et expos)

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LA VALISE IDÉALE C H E C K- L I ST D E S I N D I S P E N SA B L E S À E M P O RT E R E N É GY P T E

Des livres… des livres ! encore et encore ( voir page 16 ) des chemises légères mais à manches longues lunettes de soleil et petite(s) laine(s) pour le soir, et de bonnes sandales de marche pour arpenter les sites et d’autres pour le soir de vraies cartes détaillées de l’argent égyptien en petites coupures pour les pourboires et les courses en taxi un appareil photo avec un objectif grand angle un maillot de bain et ( au cas où…) palmes et masque pour la mer Rouge, Quelques médicaments Indispensable : le chèche ! pour se protéger du soleil, de la clim… et se couvrir les épaules (pour les femmes) . Enfin et surtout… un carnet pour dessiner, des pinceaux et des couleurs.

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vidéo on line

P o u r s u i v e z v o t r e v o ya g e g r â c e à l ’ u n i v e r s w e b d e v o ya g e u r s d u M o n d e

INTERVIEW

INTERVIEW

INTERVIEW

Écrivain et journaliste né au Caire

Photographe vit au Caire

Illustrateur et grand voyageur

Robert SOLÉ

INTERVIEW

Denis Dailleux

Ambiance

INTERVIEW

du Steam Ship Sudan

Fondateur de l’adresse Adrere Amellal à Siwa

Odilo RIAL

La salle des machines

INTERVIEW

Ambiance

Ingénieur et amoureux du Steam Ship Sudan

Fikri EL KASHEF

Fondateur de la maisons d’hôtes d’Esskaleh à Abou Simbel

Alain Bouldouyre

Le Caire

Mounir Neamatalla

Ambiance

Concert de Nass Makan

Entretien

Fabien Cazenave

Directeur Egypte, Voyageurs du Monde

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sommaire V O YA G E U R S E N É G Y P T E , L I B Y E E T S O U D A N

CROISIÈRE

DÉSERT

LE CAIRE

BORD DE MER

Photos : C. Raylat / Voyageurs du Monde - D. Dailleux / Agence Vu

LEMAG Lexique p. 12 À voir, à lire avant de partir p. 16 Le Nil de Robert Solé p. 22 À l’heure des Steamers p. 25 Le vieil homme et le Nil p. 28 Flâneurs du Nil p. 42 Robert Solé raconte les cafés du Caire p. 54

REPÉRAGES Une sélection de voyages sur mesure

Croisière à bord du Steam Ship Sudan p. 40 Croisière à bord de la Flâneuse du Nil p. 47 Versant Coran ou un séjour au Caire p. 59 Voyage au bout de la Nubie p. 80 Siwa, beauté fragile p. 86 Si loin du monde ou le désert Libyque p. 90 Plonger à l’égyptienne p. 97

ÉGYPTE MODE D’EMPLOI Nos conseillers vous confient l’essentiel p. 6 Au fil de l’eau p. 20 City Guide, au cœur des villes : Le Caire, Alexandrie, Louxor, Assouan p. 48 En plein désert p. 84 Sinaï et bord de mer p. 92

LIBYE Les 5 bonnes raisons d’y aller p. 99 Récit de voyage p. 100

SOUDAN 5 bonnes raisons et 3 questions p. 103 Les pharaons nubiens, récit de voyage p. 104 Focus “Des musiques et des transes” p. 106

PORTFOLIO Denis Dailleux p. 109-118

DE SÉQUENCES VIDÉOS : RÉCITS ET INTERVIEWS À DÉCOUVRIR SUR voyageursdumonde.fr

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MODE D’EMPLOI Égypte

Égypte mode d’emploi Chaque conseiller spécialiste, avec sa personnalité et ses expériences sur place, vous offre un regard averti et empreint d’humanité sur cette destination-passion. Ils répondent ici aux questions que vous vous posez en préparant votre voyage.

Le peuple égyptien vient de nous éblouir. Musulmans et coptes, étudiants et travailleurs, intellectuels et déshérités : ensemble, ils ont décidé d’arracher leur liberté et de ne plus supporter un régime égocentrique et corrompu qui les empêchait de s’exprimer. Le peuple de la rue, a crié non d’une seule et même voix. Un non, adressé au cercle étriqué du pouvoir et aux mouvements intégristes, un non qui lance le plus grand pays arabe vers une vraie démocratie. Bien sûr, cette transition sera difficile, progressive et connaîtra sans doute des soubresauts. Pour autant, vu le courage et la détermination que les Égyptiens ont démontrés, comment douter de leur réussite ? Ils ont cependant besoin de nous... Le tourisme représente en effet 12% du PIB égyptien et 30% de ses emplois directs ou indirects. L’Égypte mérite plus que jamais d’être visitée. En sus des raisons habituelles : des sites archéologiques uniques, les rives envoûtantes du Nil et leurs paysages millénaires, le sourire et la chaleur de ses habitants ; l’Égypte a besoin du tourisme. Cette seule raison doit suffire à nous convaincre de voyager dans le pays du peuple de la place Tahrir. Jean Francois RIAL | Président de Voyageurs du Monde.

Je dispose d’une semaine, c’est mon premier voyage en Égypte, par quoi commencer ? Agnès : Je conseillerais un séjour au Caire, et une croisière sur le Nil, en passant par Assouan, en neuf jours. Les paysages sont superbes, les scènes de vie, le rythme de la navigation, c’est parfait ! Bateau vapeur, le Steam Ship Sudan ou bateau à voile, la Flâneuse du Nil, quel bateau pour quel voyageur ? Agnès : Le Steam Ship Sudan pour un premier voyage en Égypte qui alliera des découvertes culturelles et un rythme de voyage agréable sur un bateau mythique. La Flâneuse pour un énième voyage en Égypte, pour visiter loin de la foule villages, marchés ou sites méconnus : idéal en famille ou entre amis, puisque l’on peut privatiser le bateau. Quel est le voyage idéal en couple ? Pour quelles raisons ? Claire : Une croisière à bord du Steam Ship Sudan ou de la Flâneuse, forcément romantique ! Ou un séjour à Louxor, Assouan et Abou Simbel : Louxor pour un superbe hôtel en bord de Nil, Assouan pour une balade en felouque sur le fleuve et le coucher de soleil sur les dunes, et Abou Simbel pour le côté plus confidentiel dans la maison d’hôtes de Fikri El Kashef (cf. p. 79).

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Steam Ship Sudan © F. Guénet / Voyageurs du Monde

Quel est l’itinéraire égyptien idéal à prévoir avec ses enfants ? Nadège : Pour les moins de sept ans (âge minimum pour le Steam Ship Sudan et La Flâneuse), on privilégiera une ou deux étapes seulement en évitant le Caire. Par exemple, une semaine à Louxor dans un hôtel avec piscine où l’on peut tranquillement visiter les sites majeurs, et profiter l’après-midi des jardins du Old Winter. À partir de sept ans, un passage au Caire devient obligatoire pour les pyramides et le trésor de Toutankhamon ! On peut le prolonger par une courte croisière sur le Nil. Sur le Steam Ship Sudan, les explications du guide sont adaptées aux enfants, sur la Flâneuse ils apprécieront le rythme de navigation, plus lent. On finira par la mer Rouge pour décompresser en famille, et par un baptême de plongée au milieu des poissons clowns !

Comment caractériser les Égyptiens ? Isabelle : Les Égyptiens sont accueillants, drôles, espiègles, patients…

Quelle est la meilleure période ? Sylvie : L’idéal c’est de septembre à mai mais certains adorent voyager l’été, les sites sont calmes, on visite le soir et sur les bateaux (climatisés) il y a toujours un petit vent frais. Il faut vivre à l’égyptienne, tôt le matin et tard la nuit. L’après-midi, sieste et piscine obligatoires !

Quelle est la durée idéale pour visiter Le Caire ? Anne : Comptez deux jours minimum. Une journée consacrée aux sites antiques autour du Caire (Memphis, Saqqarah, Guizèh), et une autre pour le Musée du Caire et le quartier islamique. Mais je dirais que trois jours est la durée idéale pour avoir un aperçu des différents quartiers de la ville ! On pourra notamment découvrir le quartier

Quel est l’intérêt de Louxor en dehors des temples ? Nadège : C’est une ville très reposante. Elle mérite qu’on y passe deux jours à flâner sur la terrasse du Winter Palace (cf. p. 72), visiter le temple de nuit (très romantique), louer un vélo et s’y balader. Une idée originale pour découvrir la Thèbes des pharaons ? Isabelle : Visiter les lieux au petit matin, par les airs… en montgolfière ! Une perspective inoubliable. Sous vos pieds défilent le Nil, la ville et les champs, le temple et l’allée des sphinx. Un spectacle époustouflant.

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Le Caire © Denis Dailleux / Agence VU

copte (églises, Musée copte), ou consacrer une autre journée aux trésors fatimides du Caire avec notamment le Musée d’art islamique, qui vient de rouvrir ses portes après 6 ans de rénovations dirigées par le designer français Adrien Gardère. Le bâtiment, édifié en 1903, rassemble pas moins de 1 700 pièces datées entre le VII et le XIXe siècle. On peut scinder le séjour en deux en laissant la visite du Musée égyptien pour la fin. La visite est bien plus intéressante après avoir vu les temples in situ dans la vallée du Nil.

Outre situation exceptionnelle, Le Caire connaîtelle des problèmes d’insécurité ? Mamdouh : Pas plus que Paris. Une chose à savoir en Égypte, comme dans tous les pays du ProcheOrient, tout le monde se mêle de tout ! L’indifférence n’existe pas. Quelqu’un vous importune dans la rue, un faux guide est un peu insistant : il y a toujours quelqu’un qui viendra voir si vous avez besoin d’aide.

Avec deux ou trois jours de plus, quelle escapade ajouter ? Anne : Le charme du Caire ne se dévoile pas en un jour. Au premier abord, la ville paraît fatigante, grouillante, polluée. Prendre plus de temps vous permettra d’approcher ses secrets. Sur un long week-end, on peut ajouter la visite de la pyramide de Meidoum, et si on dispose de deux ou trois jours supplémentaires, une escapade à Alexandrie (cf. p. 63) ou dans l’oasis du Fayoum en passant par les pyramides de Dashour.

Qui sont les coptes ? Marie : Les coptes sont les chrétiens d’Égypte. Étymologiquement, copte signifie Égyptien, un dérivé du mot grec Aiguptios, terme que les Grecs utilisaient pour désigner les autochtones. Avec l’arrivée de l’Islam en Égypte, ce terme a évolué en Qibt qui signifie chrétien d’Égypte en arabe, pour se transformer finalement en copte avec les occidentaux. Aujourd’hui, les coptes ne représentent officiellement plus que 10% de la population égyptienne, nombre d’entre eux ont immigré, essentiellement aux ÉtatsUnis, en Australie, au Canada.

La durée idéale d’un séjour dans les oasis ? Mamdouh : Prévoyez un minimum d’une semaine, avec trois ou quatre jours à Siwa. Un voyage dans le désert ne s’envisage pas en étant pressé. Il faut prendre le temps d’apprécier le caractère méditatif des lieux.

Quel itinéraire pour découvrir l’Égypte copte ? Marie : Je conseille de visiter tout d’abord au Caire le quartier copte et son musée. Au nord du Caire, les monastères du Wadi Natroun, fondés au IV e siècle, demeurent les gardiens des traditions coptes.

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Égypte MODE D’EMPLOI

Un voyage dans le désert ne s’envisage pas en étant pressé. Il faut prendre le temps d’apprécier le caractère méditatif des lieux

Le Caire © Denis Dailleux / Agence VU

Mamdouh, conseiller Voyageurs

À 200 kilomètres au nord de Louxor, on peut ensuite visiter au monastère El Mahreq, la plus ancienne des églises dédiées à la Vierge en Égypte. À l’ouest de Louxor, à l’oasis de Kharga, El Bagawot est l’une des premières nécropoles chrétiennes au monde. Enfin, on terminera ce séjour par la visite des monastères coptes de Saint Paul et Saint Antoine sur les bords de la mer Rouge. Peut-on combiner Le Caire, croisière, désert et plongée dans un même voyage ? Combien de temps faut-il alors prévoir ? Marie : Cela est envisageable si vous disposez d’au moins 3 semaines. Après la visite du Caire, vous rejoignez Louxor par les oasis en traversant le désert Blanc. À Louxor, vous embarquez pour quelques jours de croisière sur le Nil à bord du Steam Ship Sudan ou de la Flâneuse du Nil puis vous terminez par un séjour au bord de la mer Rouge, à l’Oberoi Sahl Hassesh (cf. p. 96) le meilleur hôtel de la côte ! À qui s’adresse un voyage dans le Sinaï ? Marie : Au voyageur en quête de spiritualité, au sportif qui verra dans l’ascension du mont Moïse un défi , ou tout simplement au voyageur souhaitant combiner mer, désert et culture.

Services Voyageurs La gentillesse du peuple égyptien fait partie du charme du pays. Grâce à la spontanéité propre aux Égyptiens voulant toujours faire plaisir et accueillir au mieux leurs hôtes, nous avons pu mettre en place avec Nasser Kenawi, directeur de Voyageurs Égypte, un service Conciergerie pour répondre à toutes vos attentes. Grâce à Nasser et son équipe, nos voyageurs sont reçus comme des amis depuis 25 ans. Réserver une partie de pêche sur le lac Nasser, un vélo à Louxor, une soirée à l’Opéra du Caire, assister à un cours de danse orientale dans un appartement cairote, ou célébrer une messe copte. Obtenir l’adresse d’un souffleur de verre, rencontrer un spécialiste de la culture nubienne, visiter Karnak avec un archéologue, décrypter les hiéroglyphes et les dynasties grâce à nos guides égyptologues, vibrer aux sons des tambours soufi. Partir avec le timbre du visa en poche pour éviter l‘attente à l’arrivée au Caire. Et bien sûr, pour toutes urgences : Le service conciergerie de Voyageurs du Monde répond, en français, à tous vos besoins d’assistance sur place 24H/24.

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MODE D’EMPLOI Égypte

Bon à

Savoir Quelles sont les règles de savoir vivre à observer ? Claire : De façon générale, se déchausser avant d´entrer dans une pièce, surtout lorsque l´on voit des chaussures déjà déposées près de la porte. Les femmes éviteront les tenues trop décolletées ou trop courtes, et les hommes éviteront les shorts. Si l´on est invité à partager un repas familial, on attendra pour commencer que le maître de maison ait dit : “bismillah !” (au nom de Dieu) ; on mangera de la main droite et on goûtera à tout, sans pour autant se croire obligé de finir son assiette. Enfin, on ne photographiera jamais une personne sans lui en avoir demandé l´autorisation. Les femmes seules sont-elles bien accueillies ? Agnès : Même si dans la culture égyptienne une femme voyage rarement seule, les femmes européennes sont bien accueillies. Existe-il des inconvénients à voyager durant le Ramadan ? Agnès : Le mois de Ramadan amène des changements dans le rythme de la vie locale. En Égypte, chrétiens et musulmans se côtoient depuis des siècles et chacun respecte les fêtes religieuses de l’autre. Un Égyptien musulman ne sera pas choqué de voir un voyageur chrétien déjeuner, mais par respect, on évitera de manger, boire et fumer en public pendant la journée. La vie tourne un peu au ralenti souvent jusqu’en milieu de journée. En revanche, les soirées du Ramadan, marquées par la rupture du jeûne, livrent une atmosphère unique. À noter, les horaires modifiés des sites et musées, spectacles, souks, boutiques. La majorité des restaurants restent ouverts et les hôtels suivent leur rythme habituel. La fin du mois de Ramadan se conclut par l’Aïd, trois jours de fête où les horaires des sites peuvent être également modifiés. Enfin, sachez que pour les années à venir le Ramadan aura lieu en été.

Le Caire © Denis Dailleux / Agence VU

Pour quels

Budgets ? 1 semaine de croisière : entre 1 800 et 2 500 € selon la saison (trois nuits au Caire, une nuit à Assouan) Exemples : pages 40/41 et page 47 5 jours au Caire : à partir de 1 600 € hôtel, vol et guide privé inclus. Exemple : page 59 10 jours dans les oasis du désert Libyque : à partir de 2 000 € Exemple : pages 90/91

Au restaurant, dans les bars, peut-on commander de l’alcool ? Anne : Oui dans de nombreux restaurants. On trouve notamment du vin égyptien dont le fameux Jardin du Nil. À noter : sur la Flâneuse du Nil on ne vous proposera pas d’alcool, mais libre à vous d’en embarquer. Quelles sont les formalités d’entrée ? Mamdouh : Pour les ressortissants français, un passeport valable six mois après la date de retour et un visa sont obligatoires. Visa que l’on peut obtenir sur place mais que Voyageurs du Monde se charge d’obtenir pour ses clients.

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Palmeraie de Saqqara © Denis Dailleux / Agence VU

Égypte L’ESSENTIEL

Où, quand, comment ?

Pour quoi ? Bien sûr pour le patrimoine historique exceptionnel et unique mais aussi pour la magie du Nil et l’hospitalité légendaire des Égyptiens.

Pour qui ? C’est une destination relativement proche, idéale pour un voyage à deux, mais aussi entre amis, de 7 à 97 ans, et parfaite pour un grand voyage familial qui comblera les envies de tous !

Quand partir ? Du début de l’automne à la fin du printemps, le mois de mai est chaud, mais l’été contrairement aux apparences est assez agréable quand on sait s’adapter aux heures chaudes.

Heures de vol ? 4 heures 30 à l’aller et 5 heures au retour.

Décalage horaire ? 1 heure de plus par rapport à la France.

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LEMAG Lexique

lexique

En Égypte, l’érudition est de mise au quotidien, dans une langue imagée et poétique. Les joutes verbales sont sport national : on discute passionnément les sujets les plus variés, cultivant un art subtil de la réthorique et de la dérision.

BOUKRA, INCHALLAH, MAALECH

“Demain”, “si Dieu le veut”, “c’est pas grave”, ces trois mots qui émaillent toutes les discussions illustrent la mentalité égyptienne. À une question posée, on ne répondra jamais par l’affirmative : loin de l’idée de toutepuissance au cœur de nos sociétés occidentales, les Égyptiens acceptent l’idée de ne pas tout maîtriser. Ils savent faire preuve d’humilité face au déroulement des évènements, pour laisser la place à l’imprévu, dans un détachement qui est aussi une disponibilité au monde et aux autres.

SABAH EL KHEIR, SABAH EL NOUR, SABAH EL ECHTA, SABAH EL FOL, SABAH EL ASSAL

“Que ta journée soit du bonheur, de la lumière, de la crème, du jasmin, du miel”. À tous, on souhaite le bonheur, à une femme, on souhaitera plutôt une journée de jasmin, à un enfant, une journée de miel. Ces salutations se déclinent aussi en fonction de l’humeur de celui qui les dit, et de la relation qui le lie à son interlocuteur.“Sabah el Kheir” ne suffit pas, on le fera suivre de “Ezzayek ?”, “comment vas-tu ?” “comment vont tes parents ?” “comment vont tes enfants ?” On se souciera de toute la famille, et on terminera les salutations par “que Dieu te garde, que Dieu les garde !”. Ces salamalek expriment une qualité d’écoute et d’empathie qui rendent le quotidien plus doux.

YA PACHA, YA BEY, YA USTAZ

Ces titres sont utilisés parmi des dizaines d’autres, dans une société respectueuse des hiérarchies. On dira “ya pacha”, à toute personne à qui l’on marque du respect ; “ya bey”, à celui qui un statut plus élevé ; “ya ustaz”, à celui qui a fait des études supérieures. Une femme est généralement nommée du prénom de son fils aîné, “Oum Bilal”, “mère de Bilal”, un homme ayant fait le pèlerinage à la Mecque sera nommé “El hagg”, “celui qui est allé”.

Ahlan wa sahlan, bienvenue en Égypte ! Nos remerciements à Anis Chelbi pour la calligraphie

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“Mille félicitations pour les mariés” © Manuel Zublena / Voyageurs du Monde

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LEMAG À voir avant de partir

Le “ Bollywood ” du monde arabe — PAR NEFAA CHELBI — Conseiller Voyageurs

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ans le cinéma populaire égyptien, quelle que soit la période de production années 50, 60, 70 ou 80 -, quel que soit le genre - mélodrame, comédie, film noir ou comédie musicale - le récit fait se confronter des personnages issus, d’une part, d’un environnement urbain riche, et d’autre part, d’un milieu paysan pauvre. Il est toujours basé sur une structure triangulaire : un jeune homme pauvre, fils de fellah de la HauteÉgypte, est amoureux d’une jeune femme, fille de notable du Caire, elle-même promise à un fils de notable. À partir de cette même trame narrative, l’intrigue diffère selon le genre : dans la comédie, le fils de paysan épouse la fille de notable, dans le drame, ils souffrent de leur amour contrarié ! Le récit se décline également en fonction des différentes périodes politiques : Au début des années 50, dans l’Égypte d’avant la révolution de Gamal Abdel Nasser, le paysan, très pauvre, originaire d’Assiout, étudiant au Caire, rencontre une jeune femme de la noblesse turque, celle des beys et des pachas. Les hommes conduisent des Cadillac, les femmes sont habillées comme Jackie Kennedy, tailleurs et colliers de perles ! Et le lieu où va se dérouler l’essentiel de l’intrigue, c’est le nadi, le club, hérité de l’occupant britannique, et qui est le symbole de l’appartenance de classe. Après la révolution, avec le nationalisme arabe, la notion patriotique est très présente, l’ascension sociale possible. Le fils de paysan va s’engager dans l’armée, combattre pour son pays. À son retour, il va être accepté dans la haute société et épouser la femme qu’il aime.

Dans les années 80, le pauvre n’est plus fils de paysan mais petit employé, il vit dans les bas-fonds du Caire. Son amoureuse n’est plus la fille d’un aristocrate, mais celle d’un grand entrepreneur de Zamalek. Depuis l’assassinat de Sadate par les Frères musulmans, dans une société de plus en plus conservatrice, le thème du religieux est de plus en plus présent. Et alors que dans les années 50 et 60, dans une Égypte très libérale, les films mettaient en scène des embrassades dignes du cinéma hollywoodien, aujourd’hui, s’embrasser au cinéma, c’est inimaginable ! Ainsi, le cinéma populaire, malgré ses approximations et ses prises de vue hasardeuses - c’est de la série B ! -, donne des éléments de compréhension de l’évolution de la société égyptienne. Ce cinéma rencontre un immense succès, dans l’ensemble du monde arabe. De 1950 à la fin des années 80, sa place est telle qu’aucun autre pays arabe ne parvient à développer sa propre cinématographie. Je suis né à Tunis, j’ai grandi à Dubaï, au Caire, et à Casablanca : pendant toute mon enfance, toute mon adolescence, j’ai été abreuvé de cinéma égyptien ! Dans les salles de cinéma, de Beyrouth à Alger, on s’interpelle à voix haute, on boit du thé, on fume cigarette sur cigarette, on commente le film, on rit, on pleure. Quand il y a une action du type “le héros frappe le méchant”, toute la salle se lève et applaudit ! Aller au cinéma, c’est une ambiance, ce n’est presque plus du cinéma… c’est vivre une expérience nouvelle ! Pour aller plus loin : “Égypte, 100 ans de cinéma”, sous la direction de Magda Wassef, IMA et éditions Plume, Paris, 1995.

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A voir avant de partir Femmes du Caire Yousry Nasrallah, 2009 — Hebba est l’animatrice en vogue d’un talk-show politique. Critique du régime, le show gêne son compagnon, rédacteur en chef d’un quotidien proche de l’ancien pouvoir. Hebba décide de consacrer son émission à des sujets plus intimes, faits divers, portraits de femmes ordinaires – sans se départir de son sens critique, bien au contraire ! Nasrallah se projette dans son héroïne : au travers de splendides portraits de femmes, il dresse un tableau sans concessions de la condition féminine en Égypte.

L’immeuble Yacoubian, Marwan Hamed, 2006 — Tiré du roman d’Alaa El Aswany, vendu à plus de 100 000 exemplaires en Égypte, le film a attiré 1 million de spectateurs. Immense succès populaire, pour le livre - un véritable best-seller dans un pays où l’on lit peu ! -, comme pour le film : les Égyptiens se sont reconnus dans les occupants de cet immeuble abritant un échantillon représentatif de la société, métaphore de l’Égypte contemporaine. Avec une grande liberté de ton, ce film choral dresse le tableau sans fard de l’évolution politique de la société égyptienne de ces cinquante dernières années.

Le Caire, tournage d’un film © Denis Dailleux / Agence VU / Good news Group

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LEMag À lire avant de partir

À lire avant de partir

Coup de coeur Écrivain et journaliste français d’origine égyptienne, robert solé est né au Caire en 1946. Il est arrivé en France

à l’âge de 18 ans. diplômé de l’École supérieure de journalisme de Lille, il a effectué presque toute sa carrière au journal Le Monde, où il a exercé successivement les fonctions de correspondant à rome puis à Washington, chef du service société, rédacteur en chef, médiateur, billettiste et directeur du supplément littéraire, “Le Monde des livres”. robert solé a publié : Le Tarbouche, Le Sémaphore d’Alexandrie, La Mamelouka, Mazag et récemment Une soirée au Caire. Il a écrit aussi divers essais ou récits historiques, consacrés pour la plupart à son pays d’origine, parmi lesquels L’Égypte, passion française, Le dictionnaire amoureux de l’Égypte, Le grand voyage de l’Obélisque et Bonaparte à la conquête de l’Égypte. Il est également le co-auteur de plusieurs ouvrages : La Pierre de Rosette (avec dominique Valbelle), Alexandrie l’égyptienne (avec Carlos Freire), Voyages en Égypte (avec Marc Walter, Chêne), Fous d’Égypte (avec Jean-pierre Corteggiani, Jean-yves empereur et Florence Quentin) et L’Égypte d’hier en couleurs (avec Max Karkégi).

Le sphinx de Gizeh © Denis Dailleux / Agence Vu

Égypte antique

Les portes du cieL. vision du Monde dAns L’Égypte Ancienne — sous la direction de Marc etienne, ed. Musée du Louvre, 2009

Les “portes du ciel” désignent les battants du naos, meuble sacré qui renferme la statue d’une divinité, lien entre le monde des hommes et celui des dieux. Le catalogue de l’exposition du Louvre propose un voyage à travers ces mondes.

ALexAndrie iiie siÈcLe AvAnt J-c, — Christian Jacob, françois de Poulignac, autrement, 1992

L’ouvrage présente l’alexandrie du IIIe siècle, métropole à vocation universelle rassemblant la quintessence d’une civilisation, modèle fondateur de la transmission des savoirs dont nous sommes les bénéficiaires.

voyAges en Égypte

LA grAnde nubiAde, ou Le pArcours d’une ÉgyptoLogue

— editions du Chêne, 2003

— Christiane desroches noblecourt, Livre de Poche, 1993

robert solé nous emmène sur les traces des premiers voyageurs en Égypte : gustave Flaubert, agatha Christie, Mark twain… Il nous fait partager leur engouement pour une civilisation qui a toujours fasciné les voyageurs.

Christiane desroches noblecourt s’est consacrée à l’égyptologie dès sa dix-huitième année, en 1933, à une époque où la recherche était un domaine exclusivement masculin. La chercheuse est à l’origine de la mobilisation pour le sauvetage des temples d’abou simbel menacés de submersion avec la construction du barrage d’assouan. dans ce livre de souvenirs, elle retrace son parcours hors du commun.

Égypte moderne et contemporaine

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Égypte moderne et contemporaine

Égypte moderne et contemporaine

— Lady Lucie Duff-Gordon, Payot, 2002

— Albert Cossery, Éditions Joëlle Losfeld, 1999

Les lettres que Lady Lucie Duff-Gordon, exilée en Égypte pendant les sept dernières années, de sa vie envoie à sa famille relèvent à la fois du genre épistolaire et du récit ethnographique. Ayant fait de la Haute-Égypte sa terre d’élection, la lady anglaise, parlant arabe et parfaitement intégrée parmi les paysans de Louxor, livre une description sensible de la vie des villageois. Sa formidable capacité d’adaptation, son empathie pour ceux qu’elle rencontre lui permettent de produire des textes au plus près des réalités du pays. Les Lettres d’Égypte constituent une source majeure pour quiconque s’intéresse à l’Égypte du XIXe siècle.

Considérant la propriété comme l’esclavage de celui qui possède, Albert Cossery a fait le choix de privilégier sa liberté, en vivant dans une chambre d’hôtel rue de Seine, à Paris, sans jamais ne rien posséder. Son œuvre fait l’éloge de l’oisiveté et du dénuement conçus comme art de vivre, tels qu’il les a lui-même pratiqués. S’il a quitté son Caire natal à trente ans, s’il a écrit tous ses livres en langue française, l’Égypte et son cortège de philosophes, de fous, de mendiants, de prostituées ne l’ont jamais quitté. La lecture de son roman, Mendiants et orgueilleux est indispensable à la compréhension de la philosophie et de l’humour égyptiens. Gohar, ex-philosophe ayant choisi la pauvreté, devenu mendiant, s’y émerveille devant l’absurde facilité de la vie.

Lettres d’Égypte, 1862-1869,

Mendiants et orgueilleux,

Et aussi : Chiffonnière avec les chiffonniers, Sœur Emmanuelle, Éditions de l’atelier, 2002. Ma liberté de danser, Dina Talaat, ed. Michel Lafon, 2011. La cuisine des pharaons, Pierre Tallet, Actes sud, 2003. Le mystère de la grande pyramide, Blake et Mortimer, Edgar P. Jacobs, 1954-1955. L’Égypte copte. Les chrétiens du Nil, Christian Cannuyer, Découverte Gallimard, 2000. Le livre des jours, Taha Hussein, Gallimard, 1984. Un substitut de campagne en Égypte,Tawfik Al-Hakim, Plon, 2009 . Cette odeur-là, Sonallah Ibrahim, Actes sud, 1992. Perquisition !, Latifa Zayyat, Actes Sud, 1996. Les poussières de l’effacement : carnets V, Gamal Ghitany, le Seuil, 2008. Trilogie du Caire, Naguib Mahfouz, Le livre de poche, 1993 . Taxi, Khaled Al Khamissi, Actes Sud, 2009. L’art du Moyen Orient. L’art moderne et contemporain du monde arabe et de l’Iran, Saeb Eigner, Ed du Toucan, 2010. Louxor © Denis Dailleux / Agence VU

De livres, cartes, guides à consulter dans nos librairies ou à commander sur librairie.vdm.com

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Égypte Aquatique, urbaine, désertique, pharaonique : l’Égypte, un pays multiple et mythique. Vapeur centenaire, dahabieh entre amis, écolodge en plein désert ou adresse de charme au cœur du Caire : (re) vivez la destination à votre mesure.

18 Les pyramides Khèops et Khèphren, Plateau de Gizeh. © Denis Dailleux / Agence VU


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Bonnes raisons d’aller en Égypte

1 Le Nil, source de vie En steamer ou en dahabieh, embarquez pour une croisière intemporelle sur le grand fleuve ! Karnak, Edfou, Kom Ombo, Philae : vous découvrirez les sites majeurs de l’Égypte antique. La navigation sur le Nil vous permettra aussi une immersion au cœur de la campagne égyptienne, à la rencontre des paysans cultivant sur ses rives. ©M. Zublena / Voyageurs du Monde

© A. Chicurel / Hemis.fr

2 Des civilisations millénaires Pharaonique, copte, grecque, romaine, musulmane, l’Égypte est riche des vestiges des civilisations successives qui l’ont façonnée. Du Caire à Alexandrie, de Louxor à Assouan, ce sont des millénaires d’Histoire qui s’offrent à vous ! ©M. Zublena / Voyageurs du Monde

4 le désert blanc Paysages lunaires de dunes et calcaires blancs, ponctués par les palmeraies verdoyantes des oasis : loin des circuits touristiques, découvrez une autre Égypte ! Nous vous proposons des hébergements en écolodge, qui conjuguent luxe et respect de l’environnement.

3 La mer Rouge Avec ses plages paradisiaques et ses fonds marins parmi les plus beaux de la planète, la mer Rouge est la destination idéale pour un séjour farniente, baignades et plongée entre amis ou en famille !

5 Un peuple attachant L’Égypte offre à celui qui sait la recevoir une philosophie de vie précieuse, faite de fatalisme, de nonchalance et de dérision. Fumer une chicha de tabac à la pomme dans un café du Khan, laisser ainsi filer le temps toute une après-midi en compagnie de quelques Cairotes, être à leur contact initié à un autre rapport au monde : une expérience rare, de celles dont on se souvient toute une vie ! ©M. Zublena / Voyageurs du Monde

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© c. Raylat / Voyageurs du Monde


— Au fil de —

L’EAU Le Nil, colonne vertébrale du pays, source divine de vie et d’inspiration depuis l’Antiquité, a également guidé sur ses eaux les premiers voyageurs. À bord d’un steamer d’époque ou d’une dahabieh traditionnelle, la croisière au fil du Nil reste une approche inoubliable de l’Égypte.

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AU FIL DE L’EAU Le Nil

On le répète depuis l’Antiquité : sans le Nil, l’Égypte ne serait qu’un désert. Mais ce fleuve nourricier, qui a donné naissance à un magnifique ruban de verdure au milieu des sables, a façonné aussi la mentalité des Égyptiens.

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usqu’à la construction du haut barrage d’Assouan, dans les années 1960, c’était un fleuve fantasque et inconstant. Les habitants vivaient au rythme de ses crues annuelles. Tantôt trop haut, tantôt trop bas, le Nil pouvait engendrer des inondations catastrophiques ou des sécheresses redoutables. Pline l’Ancien résumait le drame en quelques chiffres : avec 12 coudées, c’était la famine ; avec 13, la suffisance ; avec 14, la joie ; avec 15, la sécurité ; avec 16, l’abondance, et on faisait la fête. Du temps des pharaons, pour stimuler la crue, les habitants jetaient dans le fleuve des aliments, des animaux sacrifiés, des amulettes ou des poupées : ils sollicitaient la venue d’Hapy, une figure cosmique, confondue avec l’eau qui incarnait la fertilité. La tradition a continué dans l’Égypte musulmane, à partir du VIIe siècle. Les muezzins psalmodiaient toute la nuit, du haut de leurs minarets, pour rendre grâce à Allah de la montée des eaux. Le sultan se rendait au puits, qui servait à mesurer le niveau du fleuve grâce à des repères gravés sur ses parois, et l’enduisait de parfums. Puis, à bord d’une felouque, il frappait l’eau trois fois de son spectre. Et l’on ouvrait les digues, sous les acclamations…

Photos : C. Raylat / Voyageurs du Monde

En Égypte, l’eau ne tombe pas du ciel. Il faut aller la chercher dans le Nil par tout un système de canaux, et la hisser quand elle est trop basse. Les machines élévatoires appartiennent à la campagne égyptienne depuis la nuit des temps, mais les poétiques saqias, que faisaient tourner des ânes ou des bufflesses, ont cédé la place aux pompes à moteur. Un fleuve capricieux, qu’il fallait amadouer ou dompter, a contraint le peuple du Nil à s’organiser et à serrer les rangs.

le Les Égyptiens sont ainsi devenus une nation, soulignait Emil Ludwig dans un livre paru en 1936 (Le Nil, Vie d’un fleuve) : “Un Etat s’est constitué ici, qui fit du Pharaon un dieu, du travail une nécessité, de l’hydraulique un art, de la raison et de la lucidité un principe (…). La crainte de l’élément, du Nil, les rendit pieux, sociaux et conservateurs.” C’est encore vrai, même si les eaux du fleuve ont été en grande partie régulées : les Égyptiens, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, restent pieux, sociables et conservateurs. Le haut barrage d’Assouan fournit l’eau et l’électricité à une population qui en consomme de plus en plus. Il a cependant appauvri les terres d’Égypte, retenant le précieux limon qu’il a fallu remplacer par des milliers de tonnes d’engrais artificiels. Et la disparition des sédiments a accentué l’érosion des côtes. Les eaux sont devenues moins poissonneuses, tandis que la remontée des nappes phréatiques a augmenté la salinité des sols. Le Nil, qu’on appelle bahr (la mer), est une précieuse voie de circulation. Il a

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Ni l’avantage de couler du sud au nord, alors que le vent souffle en sens inverse. Les bateaux peuvent donc se laisser porter par le courant pour descendre le fleuve jusqu’à la Méditerranée, et compter sur leurs voiles pour le remonter. Cette navigation serait idyllique si le parcours ne comptait de nombreux coudes et si la brise ne faisait régulièrement défection… Au début du XXe siècle, il était encore possible de louer un petit bateau à voile avec son équipage et de remonter le Nil, du Caire jusqu’en Haute-Égypte. Les consulats européens fournissaient à leurs ressortissants des modèles de contrat, où tout était précisé, jusqu’à la vaisselle servie pour chaque repas. On partait alors pour plusieurs semaines, avec un drogman armé d’un fusil qui servait à la fois de traducteur, de guide et d’intermédiaire avec la population locale. Le tourisme à proprement parler est né à la fin du dix-neuvième siècle quand Thomas Cook a obtenu la concession des bateaux à vapeur sur le Nil.

à bord de “casernes sernes flottantes” dont les hautes cheminées nées crachaient une fumée noire et venaient ient jeter le désarroi dans un paysage bucolique… ucolique… Les fumées ont disparu, mais les bateaux ont grandi et se sont multipliés. pliés. Les felouques restent cependant, pour our les habitants du pays, le moyen de locomotion ocomotion et de transport le moins cher,, à défaut d’être le plus rapide. Elles continuent ntinuent à éclairer le fleuve de leurs grandes ndes voiles blanches, éclaboussées de soleil. oleil. — Robert Solé

Cela a inspiré quelques pages cruelles à Pierre Loti : il fustigeait les “cookesses”,

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AU FIL DE L’EAU Il était une fois les bateaux vapeurs…

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Il était une fois les bateaux vapeurs LE MAG

— À l’heure des —

steamers Des canges à voiles et à rames de la première dynastie aux yachts “dernier cri”, la navigation sur le fleuve roi a évolué au rythme de son courant. Le tourisme fluvial en Égypte doit quant à lui son essor à un type de bateau ; le steamer. Petit retour à la Belle Époque…

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841, dans une Angleterre au faîte de sa révolution industrielle, un ébéniste baptiste a une idée en or : il négocie avec la compagnie des chemins de fer des Midlands un tarif réduit pour les groupes et propose ainsi aux Anglais, de voyager à moindre coût à travers tout le pays. Thomas Cook développe alors un concept de voyages guidés à travers l’Europe, en cumulant les atouts du train et du bateau à vapeur. En 1860, l’artisan visionnaire associe son fils John Mason à l’entreprise, qui devient ainsi Thomas Cook & Son. Ce dernier a une conception plus planétaire du tourisme et son regard s’arrête sur un pays en plein développement qui offre un énorme potentiel : l’Égypte. Le Nil, un défi pharaonique Soixante-deux ans plus tôt, Napoléon est parti à la conquête de ce pays alors peu convoité. Dans ses troupes, l’empereur emmène une armée d’ingénieurs et d’intellectuels qui vont participer à la modernisation de différents secteurs : réseau routier, agriculture, administration. Avec eux, le tourisme balbutie. L’Occident a découvert un pays aux multiples attraits : historiques, culturels et climatiques. Reste cependant à maîtriser la navigation sur le Nil, un défi pharaonique !

Le développement structurel de l’Égypte se poursuit après le retrait des troupes napoléoniennes. Le nouveau pacha, Méhémet Ali, confiant notamment aux ingénieurs français la restructuration de la marine et des ports. Des artisans arrivent alors de l’Hexagone pour enseigner aux Égyptiens les techniques de voilerie et de charpente marine. En 1840, ils sont plus de 5 000 à travailler sur les chantiers navals d’Alexandrie et de Bulaq, au nord du Caire, où sont construites les premières canges à vapeur. Au même moment, l’Égypte passe commande de quelques steamers à l’Angleterre pour assurer un service de courrier régulier : un embryon de flotte fluviale est né. La navigation sur le Nil va évoluer d’un bond grâce à l’ingénieur français Ferdinand de Lesseps, qui perce le Canal de Suez en 1869. Une aubaine économique pour les marines européennes, pour l’Égypte… et pour la famille Cook. Soldats et fonctionnaires en route vers les Indes et l’Extrême-Orient font désormais escale à Port-Saïd. L’aristocratie occidentale, en quête de dépaysement luxueux, trouve sur les rives du Nil une destination d’hiver idéale. Elle apprécie ce creuset magnifique dans lequel se mêlent des millénaires d’histoire à la douceur de vivre. Thomas Cook & Son organise alors le premier “Nile Tour” sur un vapeur loué au khédive (vice-roi) Ismaïl. Les croisiéristes affluent. D’abord concurrencé par son compatriote David Robinson, qui bénéficie d’une concession sur les services fluviaux, Cook obtient la même considération du khédive pour les voyages touristiques, au sud d’Assouan. Ainsi, il garde les ladies et laisse les fellahs à son concurrent. Les portes du Nil s’ouvrent sous le ciseau de l’ébéniste.

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LE MAG Il était une fois les bateaux vapeurs…

Source : Université de Glasgow

Cook roi du fleuve roi La conquête du fleuve passera notamment par ses rives : 1886, Cook supervise à Louxor la construction du Winter Palace afin de répondre au manque d’hébergement dans cette ville devenue plaque tournante du tourisme fluvial. L’entrepreneur britannique confirme ses ambitions en 1899 à Assouan. Sur un promontoire situé face à l’île Eléphantine, il fait édifier un bâtiment de trois étages, aux ailes symétriques : l’hôtel Cataract. Cette façade ocre devenue mythique marque une étape obligatoire pour tous les voyageurs, contraints de changer de bateau pour gagner les temples de Haute Nubie et d’Abou Simbel. Deux évènements vont contribuer aux affaires de la famille Cook. En 1876, plombée par sa dette extérieure, l’Égypte passe sous protectorat franco-britannique. L’Angleterre s’assure le contrôle du canal de Suez et assoit sa domination sur le pays. Pour les touristes occidentaux, la destination devient l’Orient le plus proche et le plus sûr. À ce contexte international favorable s’ajoute la décision prise dès 1880 par le vice-roi d’accorder à Thomas Cook & Son la concession de toute la navigation sur le fleuve. Quatre ans plus tard, la flotte est réquisitionnée pour mener la campagne militaire du Soudan. Les steamers reviennent sérieusement endommagés. Loin d’être accablé, Cook saisit l’opportunité : il lance la construction de ses propres bateaux. Ainsi, à partir de 1885, débute en Écosse la fabrication d’un nouvel escadron de vapeurs qui seront acheminés en pièces détachées jusqu’au Caire avant d’y être assemblés. La première série : Prince, Abbas, Tewfik puis les 3 Rameses sont des vapeurs première classe qui transportent jusqu’à 80 personnes. Leurs dimensions sont confortables pour les passagers mais

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la navigation au niveau des cataractes d’Assouan est impossible. Au début du siècle cette navigation deviendra possible après la construction du barrage d’Assouan qui comporte plusieurs écluses. Inauguré le 10 décembre 1902, long de 2,5 km, il fut relevé et épaissi à deux reprises, en 1912 et 1933, submergeant au passage la région de la Basse Nubie sur 295 km. Une croisière à la Belle Époque Cook réalise son rêve : en deux décennies il rend la navigation sur le Nil accessible à un plus grand nombre de voyageurs. En pratiquant des prix modérés, il ouvre le Nil - bientôt surnommé le canal de Cook - à la bourgeoisie britannique. Ce voyage était jusqu’alors réservé à une élite, celle qui peuple les clubs privés du Caire et navigue sur des dahabiehs privatisées. Cette population de diplomates, d’officiers et d’intellectuels ne voit d’ailleurs pas d’un très bon œil le développement du tourisme de masse. “Le temple d’Osiris est envahi d’une foule parlant fort, en anglais. Il me semble entendre le bruit des verres et des couverts.” note l’écrivain français Pierre Loti en 1910. “La laideur associée

Cook’s Nile Service and Palestine Tours Season 1922-23

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Source : Gaddis à Louxor

au nom de Cook me fut un jour expliquée en ces termes : le Royaume-Uni, jaloux de la beauté de ses filles, les soumet à un jury lorsqu’elles atteignent la puberté. Celles qui sont jugées trop vilaines pour se reproduire se voient accorder un compte illimité chez Thomas Cook & Son” ironise-t-il. Pourtant, les critiques n’empêcheront pas l’empire Cook de s’étendre. Une nouvelle série de première classe voit le jour : L’Egypt en 1907, l’Arabia en 1911 et le Sudan en 1921. Equipée de moteurs à triple expansion, cette nouvelle flottille, qui va progressivement remplacer les Rameses, est plus rapide. La durée de l’aller-retour entre Le Caire et Assouan est réduite à 20 jours, contre 50 jours en dahabieh ! L’entreprise représente désormais plusieurs millions de livres sterling. Et si, en ce début de XXe siècle, l’Égypte a perdu de son mystère exotique, elle continue d’attirer une population en quête de tranquillité et de couleurs locales. À l’époque journaliste au Daily Mail, GW Steevens résume bien l’engouement pour la région : “Le maître mot de la vie sur le Nil est la paix. Une existence paisible, régulière et reposante.

Il y a juste assez de variété pour garder votre esprit éveillé et suffisamment de routine pour le laisser tranquille. Juste assez de choses à découvrir à terre pour se persuader de ne pas être fainéant et suffisamment de farniente à bord pour vous assurer d’apprécier le reste”. Mort sur le Nil À bord de cette dernière génération de bateaux, la clientèle de Cook est choyée telle Cléopâtre. Après une visite archéologique à dos d’âne, les ladies retrouvent les salons du Steam Ship Sudan, pour jouer aux cartes et au backgammon. A la proue, une salle ouverte sur le Nil est réservée à leur loisir favori, l’aquarelle. De leur coté, les messieurs disposent d’un fumoir où ils se font servir whisky et vieux porto. Le pont supérieur est composé de petites suites et le pont inférieur de cabines confortables disposant d’un balcon ombragé sur le Nil. Chacune est équipée d’une table de chevet, d’une armoire et d’un lavabo avec eau chaude. Toilettes et salles de bain sont communes, excepté dans les suites. Ainsi vogue l’âge d’or des vapeurs du Nil. Malgré la parenthèse tragique de la Grande Guerre et la fin du protectorat britannique (1922) le Steam Ship Sudan

coule des jours tranquilles jusqu’en 1935. Durant cette période bénie pour Cook, diplomates, hommes d’affaires, militaires continuent de se presser à son bord, aux cotés des archéologues. L’un d’eux, Max Mallowan, y effectue en 1933 une croisière avec sa femme, Agatha Christie. La reine du “detective novel” trouvera à bord l’inspiration du fameux Mort sur le Nil. Titre prémonitoire : la Seconde Guerre Mondiale sonne le glas du tourisme oriental. Comme le reste de la flotte, le Steam Ship Sudan restera à quai pendant plus de 50 ans, passant du statut de roi du Nil à celui d’épave oubliée. À l’aube du XXIe siècle, Voyageurs du Monde découvre par hasard le navire rouillé. Coup de coeur immédiat et sérieux travaux. Les roues à aubes et l’histoire du steamer sont relancées. — TEXTE : BAPTISTE BRIAND

A VOIR, À ÉCOUTER Vidéo de 1964 montrant les premiers touristes en Égypte. http://www.britishpathe.com/record. php?id=1676

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AU FIL DE L’EAU Steam Ship Sudan

© V. Mati / Voyageurs du Monde

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— S T E A M

S H I P

S U D A N —

LE VIEIL HOMME & LE NIL Bientôt centenaire, le seul rescapé des vapeurs de la Thomas Cook & Son navigue toujours entre Assouan et Louxor. Une croisière magique au fil du Nil et du temps. Embarquement immédiat.

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AU FIL DE L’EAU Steam Ship Sudan

© C. Raylat / Voyageurs du Monde

Au fil du Nil et du temps. Découvrez un lever de soleil sur le Nil à bord du Steam Ship Sudan.

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A VOIR, À ÉCOUTER

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© V. Mati / Voyageurs du Monde

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© E. Barbe / Voyageurs du Monde

Sa respiration est profonde et régulière. Malgré l’appel du muezzin qui perce la nuit, le souffle reste impassible. Question d’habitude sans doute. Bientôt un siècle qu’il parcourt le fleuve roi. Lentement, la berge d’Assouan s’éloigne dans la douceur jaune des lampadaires. Le rythme s’accélère légèrement, accompagné de quelques craquements articulaires, puis soudain tout devient fluide. Un Nil d’huile, noir et mystérieux, glisse le long de sa peau métallique. Ses roues à aubes y plongent leurs grandes pales articulées donnant le rythme de croisière, neuf/dix kilomètres par heure. Pas une vibration dans ses paliers de bronze. Une santé de fer Ce nonagénaire a un corps de jeune homme. Il suffit pour s’en persuader de l’observer étirer ses énormes bielles. Un spectacle livré à ciel ouvert, au cœur du pont. On observe leur révolution, entraînée par la triple expansion des pistons. Cette belle mécanique, assemblée au Caire en 1920, comme l’ensemble du bateau exporté depuis l’Écosse, tourne aujourd’hui presque en silence. Il faut

dire qu’elle est amoureusement soignée. Arrosée d’une main de maître par un mécanicien aux gestes millimétrés. Sa main plonge pour remplir une burette d’huile dorée qu’il verse avec une précision d’automate sur les rouages, dans un geste qui rappelle le service oriental du thé. Le ballet est parfaitement réglé. Bientôt vingt ans que l’homme et la machine se connaissent. Il nous ouvre enfin les portes des entrailles brûlantes. D’entrée, un œil incandescent fixe le visiteur. C’est là, autour de cette chaudière, que la magie opère. L’eau du Nil est aspirée, chauffée, évaporée puis condensée avant de reprendre le cycle. La puissance assourdissante force à l’humilité, chaque mouvement est mesuré. Attention où se pose le pied : une soupape expire un trop plein de vapeur, attention où s’agrippe la main : l’arbre de transmission tourne à plein régime. Un régime sous haute surveillance : huit mécaniciens, un électricien et un plombier veillent en permanence à la santé du pré centenaire. Au tableau de contrôle, un manomètre d’origine donne le pouls de la bête. Il est régulier, rien à signaler.

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AU FIL DE L’EAU Steam Ship Sudan

Photos : V. Mati / Voyageurs du Monde — 1) Les rives verdoyantes du Nil, bordées de désert 2) Rénové régulièrement, le Steam Ship Sudan conserve son style 3) La vie sur le Nil s’écoule en douceur

Premier lifting, second abandon Le Steam Ship Sudan s’est offert un cœur neuf, une première fois en 1991, puis à nouveau en 2007. Il y a vingt ans, après un demi-siècle d’inactivité, le dernier rescapé de la Thomas Cook & Son est remis à flot par un armateur égyptien. La machine à vapeur abandonne alors le charbon pour le gasoil. Un Aquamaster Rolls Royce vient renforcer le moteur existant, faisant passer la puissance totale à 1 000 chevaux. Ce propulseur azimutal permet d’éliminer progressivement le gouvernail et de faciliter les manœuvres du mastodonte, qui pèse alors 1 100 tonnes. Deux groupes électrogènes alimentent les appareils de cuisson, de réfrigération et de climatisation. L’aménagement général prend lui aussi un coup de jeune. Les cabines exiguës de l’époque Cook sont transformées, quadruplant leurs superficies, et réduisant ainsi de moitié le nombre de passagers. Enfin, le salon du pont supérieur disparaît, les cuisines sont déplacées et les ponts-promenades s’agrandissent avec, en sus, l’aménagement sur le toit d’un Sundeck. Esthétiquement, le style “so british” est préservé. À partir de 1993, le Steam Ship Sudan navigue pour un tour operator allemand. Puis après seulement quelques années de bons et loyaux services, il retombe dans l’oubli. Une nouvelle fois, il est abandonné sur un quai désaffecté du Caire. En août 2000, deux dirigeants de Voyageurs du Monde découvrent ce roi déchu et parient sur son avenir. Ils s’associent au propriétaire égyptien. Après six mois de travaux, le Steam Ship Sudan reprend le cours du Nil.

Nouveau siècle, nouvelle vie Six ans plus tard, Voyageurs du Monde acquière la totalité des commandes du navire. Il est alors passé en cale sèche pour une rénovation d’envergure. Le vieux vapeur est soumis à un régime drastique qui l’allège de 200 tonnes, réduisant ainsi son tirant d’eau et sa consommation. La coque est réparée et la flottabilité renforcée par des caissons étanches. Un moteur d’étrave est installé, transformant l’accostage en véritable jeu d’enfant, l’ensemble étant dorénavant piloté d’une main de maître par le raïs (capitaine) à l’aide d’un joystick. Les boiseries extérieures en pitchpin et les parquets en teck sont décapés et huilés, une opération renouvelée depuis chaque année. Les produits utilisés sont minutieusement étudiés pour ne pas dénaturer l’esprit du bateau. Et la magie opère dès le premier pas posé à bord. L’odeur de bois ciré embaume les narines, un parfum qui vous transporte directement à la Belle Époque. Sur ces larges coursives, on s’imagine entouré de ladies sous leurs ombrelles et de gentlemen archéologues venus traquer les dernier trésors de l’Égypte Antique. Avec l’excitation d’un Champollion, on attend de découvrir les grands sites qui jalonnent notre parcours sur le fleuve roi. Temples de Kom Ombo, de Karnak, colonnes Aménophis III, Vallée des Rois, des Reines, des Nobles : à chaque escale on quitte le navire pour une rencontre avec Horus, Sobek, Amon ou Isis… Le retour à bord permet de remonter le temps en douceur, avec un arrêt au siècle dernier, au bar du salon. Boiseries, cuivres et mobilier sont d’époque. Les murs sont ornés de photos anciennes représentant les visiteurs qui ont marqué les lieux et l’Égypte tout entière, tels le roi Farouk. Le restaurant n’a rien perdu de sa splendeur d’antan. Alors que plane la voix envoûtante d’Oum Kalsoum, les

passagers s’installent pour déguster une fine cuisine égyptienne arrosée d’un verre de vin Jardin du Nil. Le visage du serveur en costume de service royal est piqué d’une moustache impeccable et d’un regard accueillant. Sur son poignet qui tend l’assiette, une petite croix tatouée rappelle sa confession copte. L’équipage est ainsi formé de chrétiens et de musulmans, mais tous ont une même religion : celle du sourire.

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AU FIL DE L’EAU Steam Ship Sudan

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La magie opère dès le premier pas posé à bord. L’odeur parfumée du bois embaume les narines. Un parfum qui vous transporte directement à la Belle Époque

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Photos : V. Mati / Voyageurs du Monde — 1) Du bar au restaurant : un service impeccable 2) Au Restaurant : ambiance Belle Époque et cuisine raffinée 3) Suite Lady Duff Gordon une twin à la proue du pont supérieur 4) Chambre double Mariette Auguste Pacha 5) Suite Reine Victoria une twin spacieuse à la poupe 6) Un verre de Karkadé (hibiscus) en guise de bienvenue à bord 5

Dans la suite d’Agatha Christie Avec ses faux airs de Belmondo, Barbash et son équipe assurent un service de qualité dans les cinq suites et dix-huit cabines que compte le Steam Ship Sudan. Ce sens de l’accueil égyptien, impeccable et discret, plane le long des larges coursives où l’on s’installe le soir pour déguster une décoction d’hibiscus et faire un brin de lecture. Si Vargas a remplacé Christie, le décor lui n’a pas bougé. Derrière chaque porte marquée d’un nom attaché à l’histoire de l’Égypte, se dévoile l’univers raffiné de la Belle Époque. Sur le pont supérieur, les suites Agatha Christie et Lady Duff Gordon, situées à la proue, offrent une vue saisissante sur le fleuve. À la poupe, Aïda et la Reine Victoria ferment la marche, dans un écrin de

rondeurs. Avec leur lit en bois doré ou en cuivre, le mobilier classique et un beau parquet blond, toutes les cabines ont gardé un charme d’époque qui transparaît dans le moindre détail, jusqu’au téléphone. L’ensemble de la décoration a été cependant allégé et rehaussé de couleurs pimpantes (fuchsia, oranger, absinthe) par la décoratrice Christine Puech. (Suite p. 38)

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AU FIL DE L’EAU Steam Ship Sudan

Cabines 11 à 17 : À bâbord Howard Carter, l’égyptologue britannique qui découvrit la tombe de Toutankhamon, à tribord le vénitien inconnu, premier Européen à avoir mentionné l’existence de Karnak en 1589. Puis Alexandre le Grand, conquérant mythique considéré en Égypte comme fils du dieu Amon et proclamé pharaon. En face, John Mason Cook, fils de Thomas Cook et instigateur des croisières sur le Nil. Enfin, David Roberts, grand peintre de l’Égypte et de la Nubie et Ferdinand de Lesseps, ingénieur français à l’origine du canal de Suez.

Cabines 18 et 19 : La poupe du pont supérieur est occupée par deux suites aux courbes et aux couleurs féminines. Entièrement vitrées, elles offrent le fabuleux spectacle du Nil filant dans le sillage du bateau. À tribord : la Reine Victoria, qui dirigeait l’empire britannique lorsque celui-ci prit le contrôle de la région à la fin du XIXe siècle. À ses côtés, l’esclave éthiopienne Aïda, personnage de l’opéra de Verdi composé en 1871 pour célébrer l’ouverture du canal de Suez et de l’Opéra du Caire.

Découvrez : la salle des machines. A VOIR, À ÉCOUTER

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Cabines 1 à 10 et cabine 20 :

Derrière chaque porte marquée d’un nom attaché à l’histoire de l’Égypte, se dévoile l’univers raffiné de la Belle Époque…

Outre son style inimitable, le Steam Ship Sudan se distingue des autres bateaux de croisière par sa petite capacité : vingt-trois cabines dont cinq suites, chacune portant le nom d’un personnage lié à l’histoire du bateau ou de l’Égypte. À tribord : la suite Agatha Christie, romancière britannique, reine de l’intrigue, qui trouva sur ce pont l’inspiration de Mort sur le Nil. À bâbord, la suite Lady Duff Gordon, auteur d’écrits ethnographiques majeurs sur les communautés paysannes de Haute-Égypte. Ces deux suites spacieuses se distinguent par leurs tons clairs et la vue panoramique qu’elles offrent sur le Nil. Derrière les deux suites se trouvent huit chambres aux noms célèbres évoquant l’Égypte : Gustave Flaubert, Hercule Poirot, Vivan Denon, Hérodote, Le roi Farouk, Yacoubian, Gérard de Nerval, Mariette Auguste Pacha. Au niveau inférieur, sur le pont principal, toute la proue est occupée par une suite à l’ambiance feutrée, un hymne à la voix de velours de l’Égypte : Oum Kalsoum, toujours considérée, plus de trente ans après sa disparition comme la plus grande chanteuse du monde arabe.

Cabines 21 à 24 : Sur le pont inférieur, derrière la suite, quatre chambres de renoms : Naguib Mahfouz, écrivain égyptien et prix Nobel de littérature en 1988. À ses côtés Jean-François Champollion, grand égyptologue français et déchiffreur des hiéroglyphes. Suivent Geoffroy Saint Hilaire, naturaliste qui accompagna Napoléon dans sa campagne d’Égypte et Samuel Shepheard, l’un des pionniers du tourisme égyptien.

Photos : E. Barbe / Voyageurs du Monde

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AU FIL DE L’EAU Steam Ship Sudan

Toutes les cabines ont gardé un charme d’époque qui transparaît dans le moindre détail, jusqu’au téléphone.

© C. Raylat / Voyageurs du Monde

(Suite de la page p. 35)

Rencontre : Odilo Rial, qui coordonne l’entretien du Steam Ship Sudan nous raconte les soins prodigués au bateau. A VOIR, À ÉCOUTER

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Après des mois passés à chiner dans les rues du Caire, notre décoratrice telle une fée styliste a su trouver les objets, tissus et autres boutons de portes, pour raviver les lieux tout en en préservant l’âme. Un “sans faute”. Dans la salle de bains, la robinetterie rappelle ce temps où voyager en bateau était synonyme de luxe. Subtile, la modernisation du bateau s’exprime à travers l’eau chaude qui coule de ces robinets. Il s’agit de l’eau du Nil, rigoureusement filtrée et chauffée par des capteurs solaires installés au dessus du Sundeck, en 2008. Ces 50 m2 de tubes de verre assurent la consommation de l’ensemble des passagers et de l’équipage. L’excédent est envoyé vers la chaudière réalisant ainsi une économie annuelle de gasoil de 30 000 litres et réduisant de 78 tonnes l’émission de CO2. Climatisation individuelle, ampoules basse consommation, produits d’entretien biodégradables, priorité aux denrées et la main d’œuvre locales : le vieux Steam Ship Sudan a l’esprit moderne. Une vision durable du tourisme, sur un fleuve sillonné chaque année par 200 bateaux de croisière.

A l’aube d’un autre siècle 5 heures 30, sur le Sundeck, un homme accoudé à la rambarde observe le soleil se lever sur le Nil et ses îlots verdoyants. Sa crinière blanche flotte dans la brise matinale. En toile de fond, le désert. Et toujours cette respiration profonde. Une bouffée s’échappe de la cheminée en cuivre qui réchauffe les mains dans la fraîcheur matinale de ce mois de novembre. Les belles nattes brunes et le mobilier en palme tressée perlent encore de rosée. “Regarde, il nous double !” lance-t-il soudain en pointant un de ces immeubles flottants. “ C’est quand même autre chose…” poursuit-il, le regard posé sur le pont en teck du Steam Ship Sudan, un sourire malicieux accroché aux lèvres. Puis il fait signe au raïs de sonner la corne de brume en guise de salut au paquebot pressé, qui répond. “Lorsque nous l’avons remis à l’eau, et qu’il a rejoint Assouan, tous les autres bateaux ont donné un concert de sirènes pour saluer son retour !” se souvient Odilo Rial qui depuis 2005 dirige minutieusement les rénovations de son aîné de fer. Odilo s’autorise même à rêver : s’il est entretenu avec le même soin, le Steam Ship Sudan pourrait bien continuer à respirer sur le Nil, encore un autre siècle. — TEXTE : BAPTISTE BRIAND

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Photos : V. Mati / Voyageurs du Monde — 1) Lumière et brise matinale 2) Tranquillité à bord du Sudan 3) Des rives bordées de villages nubiens 4) De larges coursives pour flâner au fil du Nil 5) Barbash est “house keeping Manager” et Ashraf “food & beverages Manager”

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REPÉRAGES Croisières à bord du Steam Ship Sudan

Croisières

RIVES ÉTERNELLES Avec le Nil comme fil conducteur, déroulez l’Égypte, au rythme des temples et de la navigation sur un bateau de légende. Choisissez votre façon d’ouvrir et de conclure le voyage.

Mais il vous faudra bientôt vous envoler pour Louxor, où vous embarquerez à bord de notre bateau de légende. De Louxor à Assouan, le Steam Ship Sudan remonte le Nil pour une croisière de cinq jours à la découverte des sites majeurs de la Haute-Égypte. Le temple de Karnak et l’ancienne Thèbes, avec ses vallée des Rois, des Reines et des Nobles, Edfou, Kom Ombo, le temple de Philae à Assouan : vous profiterez d’un riche panorama sur l’Égypte antique. Ces cinq journées de navigation sont aussi une façon privilégiée d’apprécier les majestueux paysages de la campagne égyptienne. Vous terminerez votre voyage par la visite du temple de Abou Simbel, le site le plus spectaculaire de la vallée du Nil, qui dresse ses sentinelles monumentales au cœur de la Nubie. Dans le sens inverse, la croisière d’Assouan à Louxor vous emmènera jusqu’à Denderah, là où la majorité des bateaux de tourisme ne vont pas. Au long de cette croisière, vous admirerez des paysages majestueux : les rives du Nil entre Louxor et Dende-

rah sont particulièrement préservées. À Denderah, le majestueux temple de Hathor est spectaculaire, avec ses chapelles et ses colonnes à chapiteaux richement décorés. De là, vous rejoindrez Abydos par la route, où vous admirerez les très beaux bas-reliefs du temple d’Osiris. Vous apprécierez le luxe de découvrir ces deux temples majeurs loin des foules de visiteurs. Enfin, pour prolonger la douceur de vivre, pourquoi ne pas clôturer votre voyage par trois jours de détente en mer Rouge ?

©M. Zublena / Voyageurs du Monde

Dans le langage égyptien courant, Le Caire et l’Égypte portent le même nom, Masr. Rien de plus naturel donc, que de débuter un séjour en Égypte par la découverte de sa capitale… Des églises du quartier copte aux mosquées et mausolées du quartier islamique, des pyramides jusqu’au Musée National, la métropole millénaire vous enchantera ! Une promenade sur la Corniche, le long du Nil, et vous voilà cairote !

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© M. Zublena / Voyageurs du Monde

— EXEMPLES DE VOYAGES SUR MESURE — 9 jours dont 5 jours/ 4 nuits à bord du Steam Ship Sudan : Jour 1 : France - Le Caire Jours 2 et 3 : Le Caire Jour 4 : Le Caire - Louxor (par avion) (embarquement à bord du Steam Ship Sudan) Jour 5 : Louxor - Edfou (croisière) Jour 6 : Edfou - Kom Ombo (croisière) Jour 7 : Kom Ombo - Assouan (croisière) Jour 8 : Assouan (débarquement)

Abou Simbel (par avion) Jour 9 : Le Caire - France

— IDÉE DE BUDGET —

À partir de 2 200 € par personne

12 jours dont 4 jours/ 3 nuits à bord du Steam Ship Sudan : Jour 1 : France - Le Caire Jours 2 et 3 : Le Caire Jour 4 : Le Caire - Assouan (par avion) (embarquement à bord du Steam Ship Sudan) Kom Ombo - Edfou Jour 5 : Edfou - Louxor (croisière)

Jour 6 : Louxor – Abydos - Denderah (croisière)

Jour 7 : Denderah - Louxor (débarquement) Jour 8 : Louxor - Mer Rouge (par la route) Jours 9, 10 et 11 : Mer Rouge Jour 12 : Mer Rouge - France

— IDÉE DE BUDGET — À partir de 2 700 € par personne

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LE MAG La Flâneuse du Nil

Flâneurs du

Nil TEXTE : BAPTISTE BRIAND PHOTOS : MANUEL ZUBLENA / VOYAGEURS DU MONDE

Naviguer sur le Nil à bord d’une dahabieh constitue une approche unique du fleuve et de ses berges. Un voyage à fleur d’eau, au plus près de la population. Témoignage.

Bien droit dans sa galabieh bleu ciel, le raïs commande la manœuvre. Ses gestes précis dirigent les neuf membres d’équipage. Parmi eux, son fils Mohamed prendra un jour sa succession. En attendant la passation, l’homme au visage émacié, cinquantenaire et à nouveau jeune papa, a la situation bien en main. Tranquille, La Flâneuse du Nil quitte le quai d’Esna. Puis une fois lancée le long de la rive Est, la dahabieh déploie ses deux ailes tel un scarabée sacré. Nous voilà partis pour cinq jours de navigation à la faveur du vent de nord dominant. Cap sur Assouan. Le bateau des pharaons L’idée est née lors de vacances d’été entre amis. Certains connaissaient l’Égypte, tous appréciaient la navigation à la voile, et chacun rêvait d’aborder la destination autrement. Avec ses sept cabines, son petit salon et son large pont, la Flâneuse du Nil s’est imposée comme la meilleure des solutions. La privatisation du bateau ajoutant une touche intime à ce voyage unique, à mille milles de la croisière classique en paquebot. Bien sûr, nous n’étions pas les premiers à y penser… 4 500 ans plus tôt,

Kheops naviguait déjà sur ce type d’embarcations longues (environ 30 mètres) et à fond plat. Ainsi, les premières barques des pharaons étaient sans doute des dahabieh. Le nom actuel est d’ailleurs un dérivé du mot arabe dahab qui signifie or, évoquant les ornements dorés qui apparaissaient alors sur la coque de ces bateaux. Plus large que la felouque ou le sandal, ce voilier permettait d’acheminer pierres, canne à sucre… et passagers. Ce deux-mâts gonflé de voiles latines a ainsi transporté les visiteurs des différentes périodes de l’Égypte. Après les préfets romains, ce fût au tour de la haute société européenne de profiter de cette embarcation à la fois maniable et confortable : “qui oserait confesser en société qu’il a navigué sur le Nil autrement qu’en dahabieh ?” s’interroge une publication de 1872. L’aristocratie aimait en effet se distinguer du tourisme de masse lancé par Cook et ses steamers, en privatisant ces voiliers de petite capacité pour naviguer en famille ou entre amis… Et voilà que près de 150 ans plus tard, on se prend pour Gustave Flaubert ou Maxime Ducamp en embarquant à la découverte de la Haute-Égypte, à bord de la Flâneuse du Nil.

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LE MAG La Flâneuse du Nil

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Une autre façon d’aborder l’Égypte Ce matin avant même d’embarquer, la démesure de Karnak nous a émerveillé. Demain, nous avons rendez-vous à Edfou avec Horus le faucon. Dans quelques jours, nous rencontrerons Sobek le crocodile à Kom Ombo. Grâce à ses sveltes dimensions, la Flâneuse emprunte les chemins de traverse. Nous faisons escale au village d’El Kaab, un vieil homme nous fait découvrir les tombeaux rupestres creusés à flanc de montagne. Une promenade à travers champs, et sous nos yeux renaissent les scènes agricoles observées sur les bas-reliefs des tombeaux érigés au Nouvel Empire ! Hilarité des enfants lorsque nous entamons avec eux un match de football. Ces sourires sont l’autre cadeau de la Flâneuse : une immersion profonde dans la vie des Égyptiens. Au coucher du soleil, nous retournons à la Flâneuse, amarrée à un palmier. Les tables sont dressées sur la rive pour le dîner. A l’heure du dessert de mangues, les villageois se joignent à nous et improvisent un concert d’oud sous le ciel étoilé.

Une maison sur l’eau Retour à bord. Après une partie d’échecs au salon ou une discussion sur le pont, on rejoint sa cabine au doux nom d’oasis. Confortablement allongé à fleur d’eau, on se laisse bercer par le dieu Hapy. Rêves de crues fertiles, de déesses mi-humaines, mi-animales. Faucons, béliers, crocodiles, et hippopotames, la Flâneuse se transforme en Arche ! A bord de la barque solaire, on se bat contre Apophis le serpent ! Puis les premiers rayons du soleil percent depuis la rive des vivants : Apophis n’était qu’un drap de coton d’Égypte ! Sur le pont, face au désert pourpre, pâtisseries, jus de fruits et café soudanais nous réconfortent de cette nuit mythologique. Glissant en silence au cœur des papyrus, la Flâneuse nous embarque pour une incursion sur un bras du Nil aux rives restées sauvages. Dans l’aprèsmidi, une baignade avec les enfants du village joue les prolongations. Le programme est laissé entre les parenthèses du fleuve. Le temps s’est arrêté, nous sommes devenus flâneurs du Nil.

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LE MAG La Flâneuse du Nil

Les cabines Îlots intimes et frais, les sept cabines posées à fleur d’eau offrent, grâce à leurs grandes fenêtres, le spectacle permanent du Nil. Climatisées, équipées de douche et toilettes privatives, chacune porte le nom d’une oasis égyptienne. Siwa (la seule suite du bord) profite d’un pont privé à la poupe. Fayoum et Dakela sont équipées de lits doubles, Kharga, Ferane, Baharieh et Faraffrah, de lits jumeaux.

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Croisières à bord de la Flâneuse du Nil REPÉRAGES

— C rois i ères à b o rd de l a F l ân eu s e du N i l —

QUELQUES JOURS D’ÉTERNITÉ

Photos : M. Zublena / Voyageurs du Monde

Arrivée au Caire pharaonique, copte, islamique, la capitale égyptienne est multiple. Du centre ville jusqu’aux pyramides, des mosquées aux synagogues, vous serez séduits par la mégalopole millénaire !

8 jours dont 5 jours/ 4 nuits à bord de la Flâneuse du Nil : Jour 1 : France - Le Caire Jour 2 : Le Caire - Louxor Jour 3 : Louxor - Esna (en soirée) - El Hegz (embarquement à bord de Flâneuse) Jour 4 : El Hegz - El Kaab - Edfou - El Serag Jour 5 : El Serag - Maniha Jour 6 : Maniha - Kom Ombo Daraw - Kobani Jour 7 : Kobani - Assouan (débarquement) Jour 8 : Assouan - Le Caire - France

— IDÉE DE BUDGET —

À partir de 2 200 € par personne

De Louxor à Assouan, la Flâneuse profite des vents dominants ; en sens inverse, un remorqueur aide à la navigation. Mais, quel que soit le sens de navigation que vous avez choisi, notre dahabieh vous embarque pour une douce immersion au cœur de l’Égypte, au long d’une croisière bercée par le rythme hypnotique du Nil, avec les joncs et papyrus comme métronomes. Vous visiterez les incontournables temples de Karnak, de Edfou et de Kom Ombo et de Philae. Vous découvrirez aussi des sites moins connus, tels les tombeaux rupestres à flanc de montagne, datant du Nouvel Empire, à El Kaab. Tout au long de la croisière, vous pourrez à loisir admirer les paysages bibliques de la campagne égyptienne : les paysans cultivent leurs champs à l’ancienne, les enfants se baignent dans le fleuve. Chaque escale est une plongée dans la vie rurale de la vallée du Nil, avec ses villages et ses marchés nubiens, qui vous emmèneront à la croisée de l’Afrique et l’Orient.

8 jours dont 4 jours / 3 nuits à bord de la Flâneuse du Nil Jour 1 : France - Louxor Jours 2 et 3 : Louxor Jour 4 : Louxor - Assouan Jour 5 : Assouan - Herbiab (embarquement à bord de Flâneuse) Jour 6 : Djebel Silsileh - Fawza Jour 7 : Fawza - Edfou - El Kaab - Esna Jour 8 : Esna (débarquement) - Louxor - France

— + DE BUDGET —

À partir de 1 700 € par personne

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— Au cœur des —

VILLES Pas une ne se ressemble, mais toutes ont un point commun. De la plus vaste mégalopole d’Afrique à la tranquille porte de la Nubie, de la plus ancienne bibliothèque du monde au plus imposant complexe de l’Égypte antique, chaque ville égyptienne est fascinante.

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Alexandrie, place Kom El DiK © Denis Dailleux / Agence VU

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50 Le Caire © Denis Dailleux / Agence VU

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CITY GUIDE

LE CAIRE, AL-QAHIRA Les Égyptiens ont deux manières d’appeler leur capitale. Officiellement, c’est Al-Qahira (la Victorieuse), mais dans le langage courant on dit Masr (l’Égypte). Une ville-pays, en somme. Et même davantage puisqu’elle est surnommée “ la mère du monde ” (Oum al-dounia). Comme si cela ne suffisait pas, Le Caire s’agrandit jour après jour. On n’a pas réussi à l’enfermer dans un boulevard périphérique, pourtant bien éloigné du centre : aux villes nouvelles, créées dans le désert pour décongestionner des zones trop denses, s’ajoutent des quartiers informels, aux constructions inachevées, qui grignotent continuellement les terres agricoles, ou ce qu’il en reste. Les défenseurs du patrimoine ont dû crier haut et fort pour empêcher cette urbanisation sauvage d’atteindre le pied des pyramides. C’est ici, à la pointe du Delta, à la jonction de la basse et de la Haute-Égypte, là où le fleuve est facile à franchir, qu’avait été bâtie Memphis, la capitale de l’Antiquité. Al Qahira a pris le relais lorsque l’Égypte est

devenue arabe. Chaque dynastie (toulounide, ayyoubide, bahride...), y a imprimé sa marque, en attendant les Ottomans et les Mamelouks. Regardez ses minarets : ils appartiennent à toutes les formes et à toutes les époques. Une variété qu’on ne trouve dans aucune autre métropole musulmane. Des nécropoles antiques aux constructions futuristes du Smart Village, en passant par les immeubles décrépis de la période cosmopolite, plusieurs millénaires cohabitent au Caire et dans ses environs. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles cette ville bouillonnante et attachante désoriente les visiteurs. — Robert Solé

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CITY GUIDE Le Caire

Les bonnes raisons d’aimer Le Caire

Les quartiers, du Caire —

Boire un thé au El-Fishaoui, le célèbre café des miroirs, dans le souk de Khan-El-Khalili, découvrir la seule des sept merveilles du monde (pyramide de Kheops) encore intacte, se perdre dans la ville au gré des visites des mosquées et madrassas, écouter les chants des muezzin et les cris des marchands ambulants, déguster un foul dans le quartier d’Agouza, voyager dans le temps en passant la porte Bab-ElFoutouh, et dans les ruelles du quartier islamique, se perdre dans la foule colorée du marché aux chameaux d’Imbaba, se balader le long de la Corniche en fin de journée, contempler la ville, “mère du monde”, depuis le Moqattam. Redécouvrir le Musée d’art islamique récemment modernisé par Adrien Gardère.

Les pyramides de Guizet Les pyramides, élevées sur un plateau désertique, étaient autrefois entourées par le désert. Aujourd’hui, Le Caire s’étend jusqu’aux pyramides. Dans le quartier qui y mène, au détour d’immeubles ultras modernes, des paysans labourent des parcelles de luzerne ! A Gizeh, les pyramides de Khéops, Khephren et Mykérinos dominent le site. En 2013, le nouveau Musée du Caire ouvrira ses portes à proximité des pyramides.

Le Caire islamique Cœur de l’animation cairote, le quartier regroupe la plus grande concentration de monuments islamiques au monde. Dans la rue El-Moezz-Li Din-Allah, mosquées, madrassas, et mausolées se succèdent, avec leurs façades imposantes, leurs minarets baroques, leurs voûtes et leurs coupoles. La Citadelle a été érigée en 1176 pour protéger la ville contre les Croisés. A ses pieds, la mosquée Sultan Hassan, chef d’œuvre de l’architecture arabe, témoigne d’une science parfaite. Autour de El-Azhar, vous croiserez des étudiants venus de Chine, d’Indonésie, ou du Sénégal pour étudier dans l’université islamique la plus prestigieuse au monde. Derrière l’université, le KhanEl-Khalili est un dédale de ruelles étroites. Il faut dépasser les premières rues, touristiques, pour pénétrer dans le souk des artisans. Ils sont regroupés par spécialités : cuivres, cuirs, verre soufflé, or et argent. Dans les cafés, les hommes fument la chicha, captivés par le dernier feuilleton Bollywood. Les dominos claquent sur les tables, suivis de vifs cris d’effroi ! À moins d’être bon perdant, ne vous aventurez pas à une partie avec ces joueurs virtuoses !

Le centre ville Midan El-Tahrir est le centre de la ville moderne, à proximité du Musée égyptien. Fondé par l’égyptologue Auguste Mariette, le musée présente 120 000 pièces. Il recèle les plus beaux exemples du génie de la civilisation égyptienne, dont le trésor de Toutankhamon. Sur l’île de Gezira, Zamalek est un quartier résidentiel, dont les avenues arborées contrastent avec les quartiers du centreville densément peuplés. Dans la rue Qasr-El-Nil, les magasins de chaussures exhibent des amoncellements spectaculaires d’escarpins en faux croco !

Dans les pâtisseries “chic” aux façades inchangées depuis les années 50, les clients boivent un thé en discutant dans un français suranné. Dans la rue QasrEl-Aïnï, les paysans de Gizeh, venus vendre leurs marchandises dans la capitale, avec leurs charrettes chargées de mangues, de goyaves, ou de mandarines, se fraient avec brio un passage au cœur des embouteillages : chorégraphie étonnante de Bentley flambant neuves, de 504 Peugeot hors d’âge et de charrettes tractées par des ânes !

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Les rives du Nil

Le Caire copte

Eté comme hiver, tous les Cairotes sortent se balader après le coucher du soleil. Les rives du Nil sont l’endroit privilégié pour ces sorties en famille : dans la mégalopole surpeuplée, le fleuve offre un espace de fraîcheur. À Imbaba, les petites barques décorées de guirlandes électriques multicolores contrastent avec les hauts buildings. À Zamalek, les cafeterias sont fréquentées par les amoureux en quête d’intimité. Partout, les marchands ambulants vendent aux enfants du maïs grillé ou des cacahuètes d’Assouan.

De la fameuse place Midan El-Tahrir une ligne de métro rejoint Mar Girgis, au cœur du quartier copte. C’est l’occasion de découvrir le métro cairote. Messieurs, attention, n’empruntez pas les rames réservées aux femmes ! Berceau de la ville actuelle, Le Caire copte est un quartier paisible, loin de l’agitation du centre ville. La synagogue Ben Ezra marque le lieu où Moïse aurait été recueilli par la fille de Pharaon. À deux pas de là, l’église Abu Serga (SaintSerge) abrite une crypte vénérée par l’Église copte comme le lieu où la Sainte

Famille aurait séjourné lors de sa fuite en Égypte. Allez assister à une messe à El-Moallaqah (la “suspendue”) ! Édifiée au IVe siècle, l’église est ainsi surnommée parce qu’elle est construite sur les ruines de la forteresse romaine de Babylone. Le Musée copte présente au visiteur la plus importante collection d’art chrétien égyptien.

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CITY GUIDE Le Caire

— récit —

les cafés — DU CAIRE —

Comment cerner les mille et un cafés du Caire ? D’abord, ce chiffre est bien inférieur à la réalité : la capitale égyptienne compte bien plus de ahawi que Schéhérezade n’a enchanté de nuits, même si personne n’est en mesure de les compter. © Denis Dailleux / Agence VU

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nsuite, la définition même de “café” reste à préciser car le terme recouvre une gamme infinie d’établissements, allant de véritables salons à de simples campements - quelques chaises en plastique, une armoire, un petit réchaud et un frigo - installés dans une ruelle, entre deux immeubles. Le café traditionnel dispose de tables à l’extérieur la plus grande partie de l’année. Dans les périodes chaudes, le sol est arrosé plusieurs fois par jour pour retenir la poussière et rafraîchir l’atmosphère. On voit passer des mendiants, des vendeurs ambulants, des cireurs de chaussures qui vous déchaussent et s’affairent dans un coin de la pièce… À l’intérieur, les murs sont recouverts de carreaux de céramique ou de miroirs sur lesquels se reflètent des néons. Des ventilateurs suspendus au plafond balayent l’air de leurs grandes ailes.

Ici, les femmes n’ont guère leur place. Et les jeunes couples qui veulent échanger des confidences n’ont rien à y faire : ils ont intérêt à se donner rendez-vous dans l’un des nouveaux centres commerciaux, au milieu de la foule, ou à se trouver une table discrète dans un “casino” au bord du Nil. Le café traditionnel, lui, est le royaume des joueurs de dominos ou de trictrac qui font claquer leurs pions avec l’assurance des oisifs. C’est aussi un lieu de méditation pour les fumeurs, sachant que la réputation de certains cafés tient à la qualité de leurs narguilés. Méditation, oui, mais il ne faut pas exagérer : la chicha est intimement associée à la conversation et à la sociabilité. Cet instrument de délices passe aussi pour un calumet de paix. Tout un rituel l’accompagne. En apportant la pipe à eau, le préposé remet au client un embout de plastique jetable, enfermé dans un sachet. On sert des feuilles de tabac haché, macérées

dans de la mélasse, mêlées d’épices et parfumées à la pomme, à la rose ou aux dattes. Tenant le bout du tuyau, il faut aspirer fort. Les nuages de fumée traversent le vase transparent dont ils colorent l’eau, qui glougloute au passage. De temps en temps, le serveur, armé de pincettes, vient déposer une braise fumante dans le fourneau contenant le tabac, et ça grésille délicieusement. Loin de se démoder, la chicha fait fureur parmi les jeunes. On a découvert cependant qu’elle représente l’équivalent d’une vingtaine de cigarettes. Un vrai poison ! Théoriquement, les moins de 18 ans n’ont plus le droit d’entrer dans les cafés du Caire, au nom de la lutte contre le tabac, mais celle-ci a encore beaucoup de progrès à faire en Égypte. Des jeunes femmes en nombre croissant se sont d’ailleurs mises à fumer la chicha en public. Elles ont peut-être trouvé là un habile moyen de trouver place dans les cafés parmi les hommes.

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Pas une goutte d’alcool dans ces établissements (le café Al Horreya, dans le quartier de Bab El Louk, est l’un des rares à servir de la bière). En revanche, on y fait une grande consommation de boissons gazeuses sucrées, servies glacées, et naturellement de café et de thé. S’y ajoutent des infusions de karkadé (hibiscus), d’erfa (cannelle) ou de yansoun (anis). Le thé, servi dans de petits verres, se boit toujours de la même façon : brûlant, très noir et très sucré. C’est le thé kochari, longtemps bouilli. Le café, lui, se prépare à la turque, dans une kanaka de cuivre à long manche et au col serré. Le client peut l’avoir, au choix, al riha (avec très peu de sucre), zyada (beaucoup de sucre), sada (sans sucre) ou mazbout (moyennement sucré). Mazbout qui, littéralement, signifie “exact”. Les cafés du Caire existent depuis le XVIe siècle. Jusqu’à une période récente,

les estaminets n’avaient pas de chaises individuelles, mais des bancs. On trouvait là des conteurs, parfois accompagnés d’un instrument à cordes, qui venaient enchanter les habitués par leurs fables, leurs récits chevaleresques ou fantastiques. Ils ont été détrônés par la radio, et maintenant par la télévision, qui permet d’assister en groupe à des matches de football. Mais aujourd’hui encore, des écrivains publics sont installés dans des cafés proches des tribunaux ou de certaines administrations, où ils reçoivent leur clientèle. Les cafés du Caire ne sont pas seulement des lieux de détente et de divertissement, mais des ciments de la vie sociale. On s’y retrouve par groupes d’amis, souvent par affinités professionnelles. Ils servent de sièges aux corporations qui n’en ont pas. D’où le nom de nadi (club) que conservent certains d’entre eux.

C’est le lieu de réunion par excellence des écrivains et intellectuels. Bien des débats politiques y ont eu lieu au cours du siècle écoulé, dans les périodes où la police n’était pas trop présente. Naguib Mahfouz tenait des réunions littéraires au Café de l’Opéra dans les années 40, et au Café Riche, rue Talaat Harb, une vingtaine d’années plus tard. Ce dernier établissement, situé dans le quartier “européen” du Caire, qui a vu passer beaucoup d’artistes et d’intellectuels, a rouvert après une longue rénovation qui a permis de le reconstituer à l’identique. Le prix Nobel de littérature a également laissé sa trace au café El Fichaoui, dans Le Caire islamique : un bel établissement, devenu une halte pour touristes, dont seuls les murs se souviennent des palabres d’antan… — Robert Solé

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CITY GUIDE Le Caire

Le Caire, carnet d’adresses — À table : Abou El Sid : Ambiance colorée, lumière tamisée, décoration hétéroclite, population cosmopolite. Installé dans des banquettes rouges feutrées, on déguste tahini, babaghanoug et pigeons farcis. Séquoia : Bercée par le fleuve, face au centre d’affaires du Nil City, la jeunesse branchée vient grignoter le regard rivé à son smart phone. Réservations recommandées et droit d’entrée. Brunch et Jazz session le samedi. Simond’s café : Une pause sucrée dans le tohu-bohu cairote. Quelques pâtisseries, un jus de grenade, un capuccino et c’est reparti ! Et aussi : la Mandarine, pour ses pâtisseries, Cafés Moustaki et Einstein pour un expressosandwich-wifi, la Bodega pour ses cocktails, El Horreya Café

Shopping, nos bonnes adresses

Café El Fishaoui © B. Briand / Voyageurs du Monde

Focus

EL FISHAOUI Le tumultueux quartier d’El Khan El Khalili, avec son souk labyrinthique, abrite un café historique. Cet ahwat (café), cher à l’écrivain Naguib Mafhouz, bat son plein depuis près de 250 ans. La septième génération de la famille Fishaoui, entretient le mythe de cet établissement célébré pour ces miroirs monumentaux encadrés de bois sculpté autant que pour son ambiance chaotique. On se presse autour des minuscules tables, à l’intérieur comme sur l’étroite terrasse. On fume la chicha en observant le tourbillon des vendeurs métamorphosés en piles ambulantes de Coran et autres cascades de fausses reliques. On se prend au jeu des volées d’enfants, et des regards de braise. ÉCOUTER ET REGARDER LE CAIRE

Librairie Alef Des banquettes confortables pour déguster un café avec Mahfouz, Khamissi ou El Saadawi… En français ou en anglais.

sur voyageursdumonde.fr

Eqi Broderies fines, objets en pierre de sel, bijoux : cette boutique de Zamalek vend le travail artisanal des femmes de l’oasis de Siwa.

Focus

Et aussi : Le mobilier des jeunes designers de Caravenserail à Zamalek, les tissus au mètre de Wekalet El Balah, les instruments de musique de la rue Mohamed Ali. Retrouvez toutes nos bonnes adresses dans votre carnet de voyage

Après quelques années passées à Paris, au poste d’Attaché culturel, Ahmed El Maghraby est rentré en Égypte avec une obsession : sauver les musiques traditionnelles de son pays. Aujourd’hui, le centre culturel de Makan, une petite salle au charme vétuste dans le quartier El Dawaween, reçoit les derniers musiciens et chanteurs qui pratiquent encore la musique nubienne ou soufi, les chants gitans du delta ou encore les duels poétiques nameem d’Assouan. Assise au balcon ou devant la “scène” à même le sol, l’audience réunit couples et familles, Égyptiens et expatriés. Les musiciens s’installent et, d’un coup de tar (tambourin) ou de kisir (lyre), ils transpercent les cœurs. Avec des chants hérités de sa grand-mère et de sa mère, une femme à la voix envoûtante finit d’apaiser les esprits, et fait battre l’âme du pays.

© B. Briand / Voyageurs du Monde

Al Qahira Située à Zamalek, cette galerie rassemble une sélection atypique de mobilier au design inspiré par le cinéma égyptien. Omar Sharif ou Fatem Hamama en abat-jour : ça en jette !

MUSIQUE DANS LE QUARTIER EL DAWAWEEN

ÉCOUTER ET REGARDER LE CONCERT DE NASS MAKAN sur voyageursdumonde.fr

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PASSEUR… — par Robert Solé © Denis Dailleux / Agence VU

Des bus pleins à craquer, des grappes humaines accrochées aux portières… C’est fini. La création de deux lignes de métro et la mise en service de taxis collectifs ont nettement amélioré les choses. Sans compter que de plus en plus de Cairotes possèdent désormais leur propre voiture… ce qui crée d’autres inconvénients : la croissance continue du parc automobile empêche de se garer dans certains quartiers résidentiels, où des voituriers plus ou moins certifiés passent leurs journées à déplacer l’un après l’autre les véhicules en double ou triple file. Pour combattre les embouteillages, on a construit des autoponts gigantesques, parfois superposés, qui défigurent une partie de la ville. Ils ne disposent pas de voies de dégagement. Ce qui fait qu’un véhicule en panne provoque immédiatement

un bouchon ou risque d’entraîner des accrochages. Or, les pannes sont innombrables, compte tenu de la vétusté du parc automobile. Le Caire compte beaucoup de taxis datant des années 1970 que des bricoleurs de génie maintiennent en survie. Il est difficile de les interdire, sous peine d’aggraver le chômage. Déjà, pas mal de chauffeurs sont des diplômés de l’enseignement supérieur qui n’ont pas trouvé d’emploi… On a fini par se résoudre à un système à deux vitesses, avec une nouvelle catégorie de taxis, plus chers, mais disposant de l’air conditionné, de vraies ceintures de sécurité et de compteurs en état de fonctionnement. Car le prix de la course, dans les taxis « normaux », est à la tête du client. Plus exactement, c’est le client qui le détermine, en connaissance de cause, donnant d’autorité la somme qui lui

paraît adéquate. L’exercice est beaucoup plus difficile pour un étranger qui doit se soumettre aux exigences du chauffeur ou engager avec lui un laborieux marchandage. La circulation automobile au Caire est un slalom permanent. Les véhicules se frôlent continuellement sans se toucher, avec de petits coups d’avertisseur, en principe interdits. Pour les malheureux piétons, traverser certaines avenues du Caire est un parcours du combattant. Il faut se lancer avec détermination entre deux voitures, en prenant des risques. Dans le dernier roman d’Albert Cossery, Les couleurs de l’infamie, l’un des personnages s’invente un nouveau métier : « passeur », pour aider les gens à atteindre le trottoir d’en face...

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CITY GUIDE Le Caire

Le Caire, confidences — Anne, Mamdouh, Isabelle : trois conseillers vous soumettent leur visite cairote préférée. Suivez le guide !

UN PEUPLE DE DÉFUNTS ARRACHÉ AUX SABLES Les portraits du Fayoum par Anne Dumesnil

Sous les premiers Ptolémées, les migrants venus de toutes les régions du monde grec s’installent au Fayoum dans l’Égypte conquise, les Grecs puis les Romains empruntent à l’art funéraire égyptien et momifient leurs morts pour leur permettre d’accéder à la vie éternelle. Au cours du Ier siècle et jusqu’au IVe après J-C, se développe au Fayoum l’usage de peindre des portraits funéraires sur des planchettes de bois ou sur des toiles de lin. Les colons et administrateurs romains, membres des classes moyennes urbaines - prêtres, soldats, athlètes, etc. - se font portraitiser, visage de face et regard fixant le peintre. À la mort du modèle, le portrait est disposé dans la tombe, à l’emplacement du visage, entouré des bandelettes de la momie. Le portrait se substitue au masque tridimensionnel égyptien, pour permettre l’identification du défunt par les dieux. Exhumés en 1888 par l’archéologue anglais W.M. Flinders Petrie, les portraits du Fayoum, qui constituent une synthèse originale d’éléments égyptiens, grecs et romains, sont également les plus anciens portraits peints qui subsistent. Ces images peintes, objets sacrés d’un rite funéraire, n’étaient pas destinées à être vues. Deux mille ans après leur réalisation, on est profondément troublé par ces portraits qui nous donnent le sentiment d’un face-à-face physique avec leurs modèles. On peut découvrir certains de ces portraits au Musée du Caire, et également à Paris, au Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre.

UN CHEF D’ŒUVRE DE SOBRIÉTÉ La mosquée Ibn Touloum par Isabelle Blardat

Au cœur du Caire islamique, la mosquée édifiée au IXe siècle par le souverain Ibn Touloun est la plus majestueuse de la ville, par ses proportions et sa sobriété : l’harmonie de ses volumes en fait l’un des chef d’œuvre de l’architecture musulmane. Elle est construite autour d’une cour centrale au milieu de laquelle s’élève la fontaine destinée aux ablutions rituelles. Son minaret de pierre est doté d’un escalier hélicoïdal. C’est le seul minaret du Caire qui présente cette forme particulière, évoquant celui de la mosquée irakienne de Samarra. Une double muraille massive la préserve de l’agitation de la ville. Le silence qui y règne et l’élégance presque austère de son architecture en font un espace de recueillement exceptionnel. Vous pouvez aller y passer l’après-midi, pour bouquiner, ou pour simplement profiter de la quiétude de ce lieu hors du temps.

Mosquée Ibn Touloun © M. Zublena / Voyageurs du Monde

DES DEMEURES PRIVÉES DEVENUES MUSÉES Les maisons du Caire islamique par Mamdouh El Tahawy

Jouxtant la mosquée Ibn Touloun, le Musée Gayer-Anderson, est composé de deux maisons, qui, avec leurs moucharabieh, leurs fontaines et leurs terrasses, constituent des superbes exemples de l’architecture ottomane. L’ancien propriétaire, John Gayer-Anderson, a meublé les lieux d’une belle collection de mobilier islamique, acquise lors de ses voyages dans tout le Moyen-Orient. Dans la rue El-Moezz-Li Din-Allah, la visite de Beit El Sehemy, édifiée en 1689 puis agrandie en 1796, avec ses espaces publics et privés, permet de mieux comprendre les façons de vivre à la période ottomane. Située en face de la mosquée Al Azhar, Beit El Harawy est une belle maison bourgeoise de style mamelouk bordée d’un jardin paisible, qui a été réhabilitée en centre culturel. Elle diffuse des concerts de musique populaire ou sacrée égyptienne, et accueille des musiciens de l’ensemble du monde arabe.

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VERSANT CORAN EXEMPLE DE VOYAGE SUR MESURE

6 jours / 5 nuits

HÉLIOPOLIS

— par Robert Solé Bien que vivant en France depuis des lustres, je revendique la qualité de citoyen d’Héliopolis. J’y ai vécu dix-sept ans, de ma naissance jusqu’à mon départ d’Égypte, en 1963. Je l’ai parcourue sans relâche, à pied ou en vélo. Je l’ai observée sous tous les angles, admirée, aimée… et ce n’est pas fini, même si elle a beaucoup changé. Au début des années 1900, un industriel belge, le baron Édouard Empain, qui possédait la concession des tramways du Caire, a voulu transformer en ville-jardin un plateau désertique situé à une vingtaine de kilomètres au nord-est de la capitale. C’est là que se trouvait un haut lieu de l’Antiquité pharaonique portant un nom immense : Héliopolis. La ville nouvelle s’est dotée de larges avenues, d’un palace fabuleux (devenu par la suite le siège de la présidence de la République), mais surtout d’une architecture unique en son genre, mêlant Orient et Occident : des immeubles à arcades de style mauresque, des villas de style italien, des dômes arabes, des maisons accolées et jumelées à l’anglaise… Une ville plurielle, très vite adoptée par des familles de religion et d’origine nationale différentes : musulmans, chrétiens et juifs, Égyptiens, Grecs, Italiens, Arméniens, Syro-Libanais… Une petite Alexandrie. Au cours des dernières décennies, Héliopolis a perdu une grande partie de sa population occidentalisée et s’est beaucoup étendue. Mais elle a conservé l’empreinte de son passé cosmopolite. Il y règne un esprit particulier, à l’ombre de ses minarets et de ses clochers qui partagent toujours le même ciel.

Séjourner au cœur du quartier islamique pour découvrir ses trésors architecturaux. Le Riad, installé dans une ancienne maison ottomane, est le camp de base idéal pour rayonner à travers un quartier qui, depuis le VIIe siècle, représente le cœur de la ville. Il vous suffira de traverser la rue pour visiter un premier chef d’œuvre, la maison Beit El Sehemy. Laissez-vous ensuite glisser le long de la rue pavée El-Moezz-Li Din-Allah, récemment rénovée par l’Unesco. Assis à même le trottoir, des étudiants en art, cartons à dessins sur les genoux, y reproduisent les successions de madrassas et mosquées, édifiés par les sultans mamelouks dès le XIIIe siècle, pour perpétuer la grandeur de l’Islam. Visitez l’édifice du sultan Qalaoun, complexe réunissant mausolée, madrassa et hôpital, pour admirer ses colonnes de granit et ses plafonds hauts de trente mètres. Parmi les autres merveilles du quartier fatimide, ne manquez pas la mosquée El Selehdar et la minuscule et souterraine (!) mosquée El Akmar. Au Musée d’art islamique, vous admirerez toute la richesse de l’art et de la culture islamiques. Les visites de la nécropole de Saqqarah, des pyramides de Guizeh et du quartier copte vous permettront de compléter votre séjour, en appréhendant l’immense puzzle culturel égyptien.

— VOS ÉTAPES — Jour 1 : France - Le Caire Jour 2 : Saqqarah et Guizeh Jour 3 : Caire copte et islamique Jour 4 : Caire fatimide Jour 5 : Caire culturel Jour 6 : Le Caire - France

— IDÉE DE BUDGET — À partir de 1 600 € par personne Retrouvez tous nos itinéraires sur voyageursdumonde.fr

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CITY GUIDE Le Caire

Le Caire, choisir son lit — Le meilleur de la sélection Voyageurs SOFITEL EL GEZIRAH

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Sur la pointe sud de l’île El Gezirah, la tour ronde du Sofitel se dresse, les pieds dans le Nil. Aucune voie de circulation ne sépare l’hôtel du fleuve. Un atout de tranquillité précieux, à apprécier pleinement depuis la terrasse ou sur le ponton. Pour une meilleure vue, il faut prendre de la hauteur et se percher au balcon de sa chambre. Juste assez large pour accueillir un fauteuil, c’est le nid d’aigle idéal pour laisser planer son regard sur le Nil et la ville qui ne dort jamais ! Les oiseaux de nuit se désaltèrent au Buddha bar d’un martini à la mangue fraîche, après une soirée à l’Opéra voisin et dans le quartier branché de Zamalek. À partir de 110 €/personne

FOUR SEASONS NILE PLAZA

LE TALISMAN

LE RIAD

Adossé au quartier chic de Garden City, entre ambassades et faculté de médecine, le dernier-né des Four Seasons du Caire surplombe de 30 étages le Fleuve roi. Son gigantesque lobby en marbre, remodelé en mars 2010, expose désormais quelques 200 pièces d’art contemporain. Un Spa, trois piscines (la principale, située à ciel ouvert, au 5e étage), pas moins de 7 restaurants dont “La Maison Blanche” signée Didier Gomez, 3 bars lounge et surtout 366 chambres : le Four Seasons voit les choses en grand ! Les chambres, et bien sûr les suites, respirent un confort aux normes de l’enseigne, sans faux pli. Le service est impeccable.

L’ascenseur années 30 vous promet un voyage original, direction le 5e étage. Le Talisman est composé de deux anciens appartements. La distribution des pièces offre une atmosphère conviviale. Les longs couloirs au parquet blond sont ornés d’art oriental. Au salon, moucharabieh et marqueterie sertie de nacre. Dans les chambres, têtes de lit extravagantes et dessus en kheyamia (patchwork), dont les couleurs éclatent à la lumière des lustres ottomans. Aménagé récemment, un petit salon de lecture complète une ambiance définitivement cosy. A deux pas du tumultueux quartier de Khan el Khalili et du Musée égyptien.

Au cœur du quartier islamique récemment restauré par l’Unesco, aux côtés des trésors architecturaux des périodes fatimide et mamelouke, le Riad est une boutique hôtel de 17 suites. Derrière chaque porte se décline un thème unique. Dessus de lit brodé à la main, meubles anciens, lampes finement ciselées : chaque objet a été chiné avec soin. Fuschia, orange, bleu, les couleurs n’ont pas froid aux yeux ! Et la suite pharaonique mérite pleinement son nom ! “Parce qu’une chambre d’hôtel doit aussi être un voyage” rappelle la décoratrice. Depuis la terrasse, le regard porte jusqu’aux collines du Moqattam. Le chant d’une fontaine se mêle à l’appel du muezzin.

À partir de 60 €/personne

À partir de 160 €/personne

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À partir de 240 €/personne

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Notre hôtel, coup de cœur

À voir, à faire

Le Mena House Oberoi

© P. Le Floc’h / Voyageurs du Monde

A deux pas ou un peu plus, découvrez une suggestion d’escapades à préparer avec votre conseiller, selon vos envies. PAS LOIN

© M.Osmont / Voyageurs du Monde

Le bâtiment a été édifié par le khédive Ismaël Pacha, vice-roi d’Égypte, en 1869, pour accueillir ses hôtes de marque. Il y reçoit l’impératrice Eugénie à l’occasion de l’ouverture du canal de Suez. Au début du XXe siècle, le Mena House devient un hôtel de luxe, accueillant notamment les élites politiques, de Roosevelt à Churchill. L’architecture mauresque est somptueuse, avec ses arabesques et ses mosaïques. De l’hôtel, la proximité des pyramides paraît irréelle ! Comme le professeur Mortimer dans “Le mystère de la grande pyramide”, allez contempler Khéops, Khephren et Mykérinos du Mena House. C’est une véritable expérience, à vivre une fois dans sa vie ! À noter : la section “Palace” de l’hôtel fermera prochainement pour rénovation. La section “Garden”, qui vient d’être entièrement rénovée, offre désormais un Spa, deux nouveaux restaurants et une piscine. À partir de 150 €/personne

Saqqarah A une heure du Caire, la nécropole de Saqqarah est l’un des sites archéologiques les plus vastes du pays. Son histoire se confond avec celle de l’Égypte pharaonique : créée pendant la première dynastie, la nécropole reçut de très nombreuses tombes à partir du règne de Toutankhamon, et jusqu’à celui de Ramsès II. La diversité des types de pyramides permet de comprendre les expérimentations qui furent nécessaires aux Égyptiens anciens pour aboutir à la pyramide lisse. Saqqarah est peu fréquenté, les pyramides s’élèvent sur un terrain vallonné : on est isolé du reste du monde, avec le sentiment d’être les premiers à découvrir le site ! Dashour et Meidoum La pyramide de Meidoum est une pyramide à degrés, qui fut recouverte d’un parement aujourd’hui disparu : elle constitue la première tentative de pyramide lisse. À Dashour, la pyramide édifiée par Snéfrou vers - 2 580, si elle a été abandonnée et jamais utilisée, est la première pyramide lisse à avoir été achevée.

PLUS LOIN Le Fayoum À une centaine de kilomètres au sud-ouest du Caire, dans la région fertile l’oasis du Fayoum, la pyramide de Hawara est considérée comme la dernière des grandes pyramides construite en Égypte. C’est sur le site de Hawara que William Flinders Petries a découvert les saisissants portraits funéraires du Fayoum (cf p. 58).

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62 Alexandrie © Denis Dailleux / Agence VU

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CITY GUIDE

ALEXANDRIE COSMOPOLITE Un nom magique, qui fait rêver… Mais de quelle Alexandrie parle-t-on ? Il y en a au moins trois. Les confondre conduit à des malentendus, et parfois à des déceptions. La première Alexandrie est celle de l’Antiquité. Fondée en 331 av J.C, sur une langue de terre peu hospitalière, elle a été dès sa naissance une ville en marge : ad Aegyptum, non pas en Égypte, mais près de l’Égypte. Nouvelle capitale du pays, centre intellectuel prestigieux grâce à sa Bibliothèque et à son Musée, sa puissance était symbolisée par son fameux phare de 135 mètres de hauteur, l’une des sept merveilles du monde. Une ville cosmopolite, très hiérarchisée, comprenant des Grecs, des Juifs et des Égyptiens. La deuxième Alexandrie, après une longue période d’effacement, est celle qui a émergé dans les années 1830, sous l’impulsion de Mohammed Ali, le nouveau maître du pays : une ville-garnison, un arsenal, une base navale, en attendant de devenir une place commerciale et financière. Les Européens y font la pluie et le beau temps, leur puissance est symbolisée par la place des Consuls où se trouvent les délégations étrangères, les banques, les hôtels, les bureaux maritimes... Alexandrie attire des immigrants de toute la Méditerranée. Elle devient une sorte de Far East, dopé par le boom du coton. C’est la ville cosmopolite par excellence. En 1890, au début de l’occupation anglaise, les notables de ses différentes communautés (Égyptiens, Britanniques, Français, Grecs, Italiens, Arméniens, Syro-libanais, Juifs de diverses origines…) créent ensemble une municipalité

privée. Ce cosmopolitisme est illustré par les noms des plages et des stations de tramway, ainsi que par un éclectisme architectural où l’on retrouve tous les styles : néo-classique, néo-baroque, néo-Renaissance, néo-hellénique, néo-islamique, néo-pharaonique… On mélange les langues, on les apprend dans la rue, et le français occupe une place de choix. Mais la chute de la monarchie (1952) et surtout la crise de Suez (1956) vont conduire au départ d’une grande partie de cette population occidentalisée. La troisième Alexandrie sera désormais une métropole purement égyptienne : le premier port du pays, la “seconde capitale”, un centre de vacances estival attirant un public de plus en plus populaire… Une ville hors circuit pour les touristes. Ce n’est plus la porte du pays, puisqu’on arrive en Égypte par avion et par Le Caire. Cette troisième Alexandrie connaît pourtant un changement depuis quelques années. Elle attire les visiteurs étrangers, en raison de sa nouvelle Bibliothèque, mais aussi des fouilles archéologiques – en ville et en mer – qui ont permis de mettre au jour des merveilles. La cité fondée par Alexandre il y a 23 siècles connaîtrait-elle une nouvelle renaissance, une de plus ? — Robert Solé

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CITY GUIDE Alexandrie

Les secrets d’Alexandrie — Les quartiers

Le centre Le Musée national abrite une collection régulièrement enrichie au gré des fouilles archéologiques. L’amphithéâtre de KomEl-Dika est l’unique vestige des quatre cents théâtres de la cité romaine. Karmous La colonne de Pompée se dresse au cœur du quartier de Karmous, aux airs de village. Les catacombes de Kom-El-Chougafa ont été découvertes lors de travaux d’assainissement : un âne est tombé dans un trou, on a alors découvert des dizaines de sépultures ! La Corniche Quand toute l’Égypte est tournée vers le Nil, Alexandrie est orientée vers la mer ! Le long de la Corniche s’alignent des immeubles aux porches en bois et aux escaliers de marbre. Créée en 300 avant notre ère, la Bibliotheca Alexandrina rassemble des œuvres collectées dans l’ensemble du monde connu. Au cours des siècles, elle subit des dommages irrémédiables. Aujourd’hui, la Bibliotheca Alexandrina renaît de ses cendres, et symbolise le renouveau culturel de la ville. Les jardins Montaza sont le lieu de promenade favori des alexandrins. La presqu’île de Ras El-Tin C’est là que fut construit le phare d’Alexandrie, détruit par deux tremblements de terre. L’Unesco prévoit sur le site la construction d’un musée sous l’eau. En 1480, le sultan Qaytbay édifia sur ses ruines la citadelle de Qaytbay, chef d’œuvre de l’architecture médiévale.

Les bonnes raisons d’aimer Alexandrie Visiter la Bibliotheca Alexandrina, érigée sur le site de la Bibliothèque de la ville antique, dénicher du mobilier Art déco dans le quartier des antiquaires, rue Attarine, chiner chez les bouquinistes de la rue nabi Daniel, jouer aux dominos au café Trianon, au mobilier Art déco et au charme désuet, observer les allées et venues des marchands ambulants du souk, se promener le long de la Corniche, face à la splendide baie d’Alexandrie, admirer le coucher de soleil sur la citadelle de Qaytbay, se souvenir de l’Alexandrie cosmopolite des années 20 en lisant Lawrence Durrell à la terrasse d’un café, déjeuner d’un poisson grillé dans un restaurant, face à la mer, visiter l’appartement du poète Constantin Cavafy.

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Alexandrie, le fort de Keit Bay © Denis Dailleux / Agence VU

Alexandrie, carnets d’adresses — À table

Pour de vrai

Café Elite Le cireur de chaussures donne le ton : vous entrez ici dans l’une des institutions de la ville où les hommes élégamment vêtus de leur galabeya viennent se distraire devant l’une des dernières comédies cairotes, dissertant et mâchonnant quelques graines de tournesol. Une parenthèse locale dans le quartier des cinémas.

Abou Ashraf La poissonnerie cache un dédale de salles où les connaisseurs viennent déguster la criée du matin. Fruits de mer et poissons sont choisis par le client à même la glace, la cuisine prend la relève et vous vous occupez du reste. Atmosphère populaire et bon enfant.

Déjà Vu Improbable : un pub anglais improvisé à l’étage d’un immeuble alexandrin. La jeunesse dorée en redemande et s’y retrouve dès 17 heures. Une bonne adresse pour commencer la soirée.

Chez Zéphyrion à Aboukir en bord de mer, à 25 kilomètres d’Alexandrie. D’abord pour s’octroyer un peu de calme après le brouhaha de la ville, ensuite pour la fraîcheur des poissons et des crustacés proposés ici depuis 1929, date à laquelle ce restaurant grec a vu le jour. On adore les oursins fraichement débarqués et la grande terrasse pignon sur l’eau. Un bon conseil : garder le taxi pour le retour !

Pause gourmande Le Trianon, pour sa terrasse et ses pâtisseries ! Un salon de thé à la fois authentique et cosmopolite où l’on vient petit-déjeuner, goûter ou déjeuner sur le pouce. Le décor est d’origine et la qualité des mets demeure au fil des années : un coup de cœur !

Pâtisserie Samadi On vient ici prendre le pouls de la Corniche autour d’un choix abondant de pâtisseries orientales et de sorbets en tous genres. Désaltérant.

Pour bouquiner Centre culturel français Sa médiathèque ouvre chaque après-midi du dimanche au jeudi, donnant accès à la presse française et proposant par ailleurs un petit service de café-brasserie. Idéal pour échanger quelques idées en compagnie d’amoureux ou de nostalgiques de la France. Libraire L’Autre Rive En rade d’un bon roman ou d’un essai averti ? Cette librairie est un repaire pour les francophones qui y trouveront, en plus de la presse, tout un éventail d’auteurs du monde arabe traduits en français ainsi qu’un intéressant rayon consacré à Alexandrie. Retrouvez toutes nos bonnes adresses dans votre carnet de voyage

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CITY GUIDE Alexandrie

Alexandrie, choisir son lit — Le meilleur de la sélection Voyageurs

Alexandrie, la mosquée Abou El Abbas El M Morsi © Denis Dailleux / Agence VU

SOFITEL CECIL

FOUR SEASONS

METROPOLE

Construit en 1929 sur la Corniche, proche de la grande Bibliothèque, ce bâtiment symbolise lui aussi la splendeur de la ville. Rénové récemment, l’établissement conserve son charme suranné tout en multipliant ses installations et ses services. Chandeliers et tapisseries donnent le ton dans des chambres spacieuses. Deux restaurants sur trois ont l’accent tricolore. Déguster ses croissants face à la baie, voilà une belle façon de commencer la journée !

Dressée face à la Grande Bleue, l’imposante tour San Stefano Grand Plaza (35 étages et 30 000 m2) comprenant appartements et centre commercial, abrite un Four Seasons depuis 2007. Ce cinq étoiles, premier de l’enseigne à s’installer à Alexandrie, est le plus luxueux hôtel de la ville. À travers 118 chambres, dont certaines donnent sur la terrasse et la piscine du quatrième étage, l’établissement combine luxe et modernité. Une touche de Méditerranée vient relever la décoration. Coté détente, le Spa ne comprend pas moins de 14 salles.

Dans les murs de ce palace vibre encore la Belle Époque d’Alexandrie, celle des ladies et des gentlemen du début du siècle. Construit sur la Corniche en 1902 par des architectes italiens et grecs, cette adresse est classée aux Monuments Historique de l’Égypte. L’hôtel n’a rien perdu de son charme, grâce notamment aux colonnes, au fer forgé, aux dorures et au mobilier d’époque qui ornent les pièces communes et les 66 chambres de l’établissement. Ses deux restaurants “Les Ambassadeurs” et “Versailles” entretiennent une élégance très européenne.

À partir de 190 €/personne

À partir de 60 €/personne

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À partir de 80 €/personne

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Retrouvez toute notre sélection sur voyageursdumonde.fr

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À voir à faire A deux pas ou un peu plus, découvrez une suggestion d’escapades à préparer avec votre conseiller, selon vos envies.

PAS LOIN

Alexandrie, la biblioththèque © Denis Dailleux / Agence VU

Aboukir & Rosette Rosette est célèbre grâce à la pierre qui permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes. Située sur l’un des bras du Nil, la ville fut, jusqu’au XIXe siècle le plus grand port du pays. De cette richesse perdue, elle conserve une architecture unique en Égypte, qui évoque celle du Yémen. Les maisons, avec leurs façades en brique rythmées des fenêtres à moucharabieh, sont hautes et étroites. Se balader dans les rues de la ville, avec ses rues en terre battue, ses carrioles à chevaux, ses marchands et ses nombreux cafés arabes, est un véritable voyage dans le temps ! Aboukir est célèbre pour la bataille remportée par la flotte britannique en 1798. Aujourd’hui, on s’y arrêtera pour une balade en mer, en barque de pêcheur. Au marché aux poissons, vous choisirez un mérou encore frétillant, pour le déguster grillé sur la plage.

LA BIBLIOTHÈQUE D’ALEXANDRIE

— par Robert Solé Réunir tout le savoir du monde en un même lieu : c’était la fantastique ambition des fondateurs de la Bibliothèque d’Alexandrie. De cette institution sans pareille, réduite en cendres, plus la moindre trace. On ne sait même pas où elle se trouvait exactement. L’idée, séduisante et périlleuse, de refaire une Bibliothèque d’Alexandrie est née dans les années 1970, sous le parrainage de l’Unesco. Ses promoteurs ont gagné en grande partie leur pari. Le bâtiment de l’Alexandrina, conçu par des architectes norvégiens, attire des visiteurs du monde entier. Sa salle de lecture unique, construite sur sept niveaux, qui correspondent à sept domaines du savoir, est la plus grande du monde (2 000 places). Et son toit de verre, en forme de disque solaire, semble émerger de la mer toute proche… Une nouvelle bibliothèque s’imposait-elle à l’ère d’Internet ? L’Alexandrina est un centre ultra-moderne de production et d’édition numériques. Comme sa glorieuse ancêtre, elle cherche à être un centre international de rencontres. En Égypte même, elle fait figure de modèle d’organisation et de liberté intellectuelle.

© M. Zublena / Voyageurs du Monde

Tanis Tanis, située dans le Nord-est du delta du Nil, fut la capitale de l’Égypte sous la dynastie libyenne dédiée au dieu Amon. Tanis est grandiose, dédiée au Dieu Amon, c’est la Thèbes du nord. On peut y découvrir le site où des fouilles, en 1930, ont mis à jour le fameux trésor de Tanis, aujourd’hui exposé au Musée du Caire.

PLUS LOIN La merveilleuse oasis de Siwa Voir p. 86.

http://www.bibalex.org

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Louxor, les colosses de Memnon © Denis Dailleux / Agence VU

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CITY GUIDE

LOUXOR LIT DES DIEUX J’ai la nostalgie de Louxor. Non pas du Louxor que j’ai entrevu à l’âge de 13 ans, lors d’un voyage trop rapide en Haute-Égypte, mais de celui d’avant-hier, tel que nous le décrivent les explorateurs et les premiers égyptologues. En 1799, accompagnant une armée de Bonaparte en Haute-Égypte, Dominique Vivant Denon raconte comment les soldats français ont découvert la ville de Thèbes du haut d’une colline. Les antiquités ne les intéressaient nullement, et ils se demandaient ce qu’ils étaient venus faire dans la vallée du Nil. À la vue des ruines, pourtant, ils se sont arrêtés, sidérés, et sont mis spontanément à applaudir. Ne voulant pas laisser passer cette image, Vivant Denon a sorti son carton à dessins. “Et je trouvai, assure-t-il, dans le complaisant enthousiasme des soldats, des genoux pour me servir de table, des corps pour me donner de l’ombre…” Soixante-dix ans plus tard, son compatriote Auguste Mariette sert de guide aux invités du khédive Ismaïl, venus assister à l’inauguration du canal de suez. Dans le livret qu’il leur distribue, on lit cette chose étonnante : “Le temple de Louqsor n’offre au visiteur qu’un intérêt médiocre.” Mariette n’est pas un inculte : il a fondé le Musée du Caire et dirige le Service des antiquités égyptiennes. Mais, à cette époque, le temple de Louxor, où des habitants vivent avec leur basse-cour,

n’a pas été déblayé : on ne soupçonne pas toutes les merveilles qu’il renferme. Et puis, il y a tant d’autres choses à admirer sur place… Notamment Karnak, “le plus merveilleux amas de ruines que l’on puisse voir”, écrit Mariette. À partir de 1895, l’architecte français Georges Legrain consacre ses journées à la restauration de la grande salle hypostyle, avec une armée d’ouvriers. Un désastre survient quatre ans plus tard : l’une des colonnes géantes s’effondre, puis une deuxième, puis une troisième... comme un jeu de quilles. Legrain se remet aussitôt à la tâche. Les dieux récompenseront sa ténacité : devant la façade nord du septième pylône, il découvrira plus de 15 000 objets, dont quelque 800 statues, qui avaient été enfouis dans le sol sacré du temple… J’ai la nostalgie de ce Louxor-là, où quelques privilégiés, arrivés d’Europe avec leurs malles, passaient l’hiver au milieu de ruines encore à moitié ensablées. C’était aussi une petite ville de cure où l’on venait soigner des maladies réelles ou imaginaires, mais surtout rêver. — Robert Solé

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CITY GUIDE Louxor

Les secrets, de Louxor — Autour du fleuve Rive Est Le pharaon est responsable du maintien de l’équilibre de l’univers : renaissance quotidienne du soleil, crue annuelle du Nil… Pour s’assurer du concours des dieux dans cette entreprise, il édifie pour eux des temples qui leurs sont dédiés, et où ont lieu rites et offrandes. Sur la rive orientale de Louxor, les temples de Karnak, dédales de pierre aux proportions colossales, constituent une véritable ville dédiée à la triade thébaine : Amon, Mout, son épouse, et Khonsou, leur fils. Le temple de Louxor, élevé au Nouvel Empire, qui dresse élégamment ses colonnes sur les berges du Nil, est l’un des plus majestueux sanctuaires de l’Égypte pharaonique. Adossée au temple, dans la cour Ramsès II, la mosquée d’Abou El Hagag abrite les reliques du saint patron de la ville. Le Musée de Louxor rassemble une splendide collection d’objets en provenance de la région de Thèbes ; la muséographie met agréablement en valeur les collections. Rive Ouest Dans l’Égypte ancienne, traverser le fleuve, c’est pénétrer dans le monde des morts, où Osiris accueille les défunts au jour du jugement. Plantée de vergers et de canne à sucre, la rive occidentale abrite la nécropole thébaine et ses temples funéraires. La Vallée des Rois abrite les tombeaux de Toutankhamon, de Ramsès III et des plus grands pharaons du Nouvel Empire, dans la Vallée des Reines sont les tombeaux des épouses royales depuis l’époque ramesside, la Vallée des Nobles rassemble les sépultures des gouverneurs de Thèbes. La Vallée des Artisans permet de découvrir l’art populaire funéraire des artisans de la nécropole royale.

Les bonnes raisons d’aimer Louxor Au petit matin, survoler Louxor en montgolfière, se perdre dans le dédale de pierres de Karnak, le plus grand ensemble monumental d’Égypte, visiter la grande nécropole de Thèbes, domaine du dieu Osiris, boire un thé au Winter Palace, où Howard Carter annonça la découverte de la tombe de Toutankhamon, contempler les colosses de Memnon, gardiens de la vallée des Rois, visiter le musée de la momification pour tout savoir sur l’art funéraire des anciens Égyptiens, boire un karkadé, jus de fleur d’hibiscus, dans la campagne avoisinante, passer d’une rive du fleuve à l’autre.

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Village proche de Louxor © Denis Dailleux / Agence VU

Louxor, bonnes adresses — À table

Shopping

Pause gourmande

Africa Une adresse rive ouest que l’on rejoint par bac depuis le centre de Louxor. En fin de journée, le trajet se fait en compagnie des habitants de retour du travail. À quelques mètres du débarcadère, on trouve ce restaurant où la cuisine se réinvente chaque jour avec amour. Soupes traditionnelles et mezzés en tous genres : on adore !

AA Gaddis Une librairie qui n’a plus d’âge mais qui continue de plaire. On y trouve livres et souvenirs de Louxor mais aussi de belles photos anciennes de la ville et de ses campagnes.

Victorian Lounge Tea-time à Louxor ? Rendez-vous dans les salons du célèbre palace Old Winter, construit à l’époque victorienne pour accueillir les férus d’égyptologie et la gentry anglaise. Dans une atmosphère intemporelle, on y picore douceurs et thés d’ailleurs de 16 à 18 heures.

Sofra On aime le décor années 30 de cette demeure bourgeoise qui conjugue une table gourmande, des prix étudiées et un cadre raffiné. Patchworks de mosaïques, nobles miroirs et tapisseries coufiques habillent les salons privés de ce restaurant réputé. À l’honneur, une cuisine du marché repensée au fil des saisons et des inspirations du chef. Pour les encas légers, l’adresse propose également un coin terrasse.

Fair Trade Center Les femmes sont à l’ouvrage et aux commandes au sein de cette association qui trie sur le volet le meilleur de l’artisanat égyptien : papiers recyclés, kilims, tissages, broderies du Sinaï… Le marché aux bestiaux d’El-Hebel Pas pratique de rentrer au pays en compagnie d’un âne ou d’un mouton, mais un petit détour sympathique à 5 kilomètres de Louxor offre une leçon de marchandage parmi le bêlement des bestiaux. Retrouvez toutes nos bonnes adresses dans votre carnet de voyage

Chez Anouar Zaki Un bon goût de terroir… égyptien ! On trouve dans cette épicerie copte du fromage “gebna roumi”, du saucisson et du jambon, pour ceux qui voudraient retrouver des saveurs plus connues au cours de leur voyage. Chez Ahmed Orabi Ses cookies ont un goût d’épices : cumin, cardamone, gingembre, cannelle… On succombe ! Les pâtisseries de Twinky Crèmes fouettées, gâteaux crémeux, sablés parfumés : le tout à déguster sur place ou à emporter dans de grandes boîtes soigneusement décorées.

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CITY GUIDE Louxor

Louxor, choisir son lit — Le meilleur de la sélection Voyageurs

SOFITEL WINTER PALACE Coup de cœur

NOUR EL BALAD

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Posé sur les berges du Nil, à proximité du temple de Louxor, se dresse un autre monument historique : en édifiant cet hôtel en 1886, pour y héberger les participants à ses croisières, la société Thomas Cook & Son a marqué le début du tourisme dans la région. L’atmosphère propre à l’époque plane encore sur les lieux, dès les premières marches de marbre. Le lobby, les salons, le bar ont conservé une atmosphère victorienne. Il faut se poser à la nuit tombée sur la terrasse surplombant des jardins magnifiques, parfumés d’orange et de jasmin, pour apprécier pleinement le prestige de l’endroit. Les chambres d’un volume surréaliste sont bercées de confort et de raffinement.

Ici, on vit à l’égyptienne, dans un cadre champêtre. Joliment décorée, cette maison d’hôtes respecte la tradition des grandes demeures familiales des paysans de la Haute-Égypte. Le jardin de tamaris et de lauriers apporte fraîcheur à la maison protégeant ainsi ses hôtes de la chaleur du désert. À partir de 30 €/personne

Pavillon Winter : À partir de 60 €/personne Old Winter : À partir de 150 €/personne

AL MOUDIRA Coup de cœur

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Avec ses airs de palais, Al Moudira se dresse sur la rive ouest, face au désert. Ses proportions majestueuses, les matériaux utilisés lors de sa récente construction, et son style baroque mêlant Orient et Égypte ancienne, en font une adresse à part. Les nombreux patios et jardins baignent les lieux de luxe et de fraîcheur. Chacune des 54 chambres est personnalisée par des fresques murales et un mobilier déclinant un thème de l’histoire ou de la mythologie du pays. Seul point commun entre les différentes chambres : la superficie, de plus de 50m2, et la hauteur sous plafond. Un goût pour l’espace et la subtilité qui se reflète dans les dimensions de la piscine et les saveurs du restaurant. À partir de 160 €/personne

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L’AUTRE OBÉLISQUE

À voir, à faire

— par Robert Solé

© M. Zublena / Voyageurs du Monde

A deux pas ou un peu plus, découvrez une suggestion d’escapades à préparer avec votre conseiller, selon vos envies. PAS LOIN

Louxor © Ian Cumming / Axiom / Hoa-qui

Il est seul, à l’entrée du temple de Louxor. Son frère jumeau a franchi les mers en 1836 pour être planté au centre de la place de la Concorde, à Paris. “Je veille, unique sentinelle / De ce grand palais dévasté / Dans la solitude éternelle / En face de l’immensité”, lui fait dire Théophile Gautier dans un poème. Lequel des deux obélisques est-il le plus malheureux ? C’est celui de Louxor, en tout cas, qu’on admire le mieux, sans avoir besoin de braver un flot de voitures pour s’en approcher. Mieux vaut lui rendre visite au crépuscule, quand l’éclairage électrique vient souligner les gravures de ses quatre faces sculptées. Un bijou de 220 tonnes. Il a été si difficile de transporter à Paris son homologue que la France a renoncé à aller le chercher. Les deux lui avaient été offerts par Mohammed Ali. En 1799, les ingénieurs de Bonaparte avaient admiré la perfection du travail réalisé trente siècles plus tôt par les artisans de Ramsès II : les quatre faces des monolithes de granit ne sont pas planes, mais légèrement convexes, afin d’annuler une illusion d’optique qui aurait pu les faire apparaître concaves.

Les temples de Abydos et Denderah Ces deux temples, à 170 kilomètres au nord de Louxor, sont peu visités : la majorité des bateaux de tourisme ne vont pas au-delà de Louxor. Le Steam Ship Sudan vous emmènera jusqu’à Denderah, au fil d’une une croisière permettant d’apprécier des rives restées sauvages. À Denderah, l’immensité du site est accentuée par son isolement, révélant idéalement sa majesté. Le temple de Hathor, unique vestige de l’ancienne cité, est l’un des monuments les mieux conservés du pays, avec ses chapelles décorées, ses colonnes aux chapiteaux à tête de vache et ses terrasses d’où l’on bénéficie d’une vue splendide sur la campagne. À deux heures de là, le temple de Abydos dédié à Osiris fut dès l’Ancien Empire un haut lieu de pèlerinage. Ses bas-reliefs contant les légendes du cycle osirien constituent un exceptionnel “livre d’images”. Abydos est la pierre de fondation sur laquelle s’élèvera la civilisation égyptienne.

PLUS LOIN L’oasis de Dakhla À 5 heures de route à l’Ouest de Louxor, Dakhla, succession de palmeraies et de vergers, est une merveille. L’oasis de Balat conserve son architecture d’argile, de sable, et de bois de palmier. À Qila Ed Dabba, la nécropole des gouverneurs nous a livré quatre mastaba de la VIe dynastie. Mout, capitale de l’oasis, ville fortifiée à l’architecture de brique crue était autrefois une garnison romaine. El-Qasr, ville médiévale, est dominée par la mosquée Nasr el-Din au minaret hérissé de rondins qui rappelle les minarets des mosquées d’Afrique Noire.

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© Denis Dailleux / Agence VU

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Jéricho CITY GUIDE

CITY GUIDE

ASSOUAN ET LA NUBIE Le khédive Ismaïl, qui a gouverné l’Égypte de 1863 à 1879, était fasciné par l’Occident et tentait de s’en inspirer. On lui attribue cette phrase audacieuse : “Mon pays n’est plus en Afrique. Nous faisons partie de l’Europe.” C’était sans doute un souhait, peut-être un projet, mais certainement pas une réalité. Il suffit d’observer les habitants d’Assouan pour s’en assurer. Ici, nous sommes bel et bien en Afrique. Qu’elle se soit appelée Sount (du temps des pharaons), Syène (à l’époque ptolémaïque), Souan (en copte) ou Assouan (en arabe), cette ville quasitropicale a toujours été la porte du Sud. Au-delà, c’est la Nubie, le Soudan... Une ville de garnison, donc, mais aussi un marché où s’échangeaient les produits de la Méditerranée et ceux de l’Afrique. Le souk actuel qui s’étire parallèlement à la Corniche donne une petite idée de ce que pouvait être, au temps des caravanes, les étalages d’ivoire, d’ébène, de gomme, d’épices, de bijoux, de peaux de gazelle ou de crocodiles. On vient à Assouan pour reposer ses yeux et son esprit, digérer en quelque sorte toutes les merveilles de pierre qui nous ont éblouies à Louxor. Nul grand

temple ici. Pas de tombe rutilante. Le monument le plus émouvant est un obélisque inachevé, de 42 mètres de longueur, couché sur le sol et encore relié au roc. Curieusement, le petit mausolée de l’Aga Khan, chef d’une secte ismaélienne sans vraies racines dans la vallée du Nil, s’est parfaitement fondu dans le décor. En souvenir de leur lune de miel, passée dans ce cadre enchanteur en 1937, sa veuve, la Bégum, y faisait déposer chaque jour une rose rouge dans une flûte de cristal… Assouan n’appelle pas les levers au petit matin, les empressements touristiques. Ici, il faut se laisser vivre, dans la magie solaire et la douceur du climat hivernal. L’activité la plus recommandée est de rêvasser devant le Nil. Ou d’y naviguer lentement, sur une felouque, parfois immobilisée au milieu du fleuve, faute de vent. Patience ! Rien ne presse. Il sera toujours temps de déambuler dans le souk, ouvert jusque tard dans la soirée. — Robert Solé

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CITY GUIDE Assouan et la Nubie

Les secrets, d’Assouan — Autour du fleuve

© M. Zublena / Voyageurs du Monde

Sur la rive Est Le Musée de la Nubie a été construit pour accueillir les pièces découvertes lors de la campagne de fouilles “Sauvetage de la Nubie” organisée par l’UNESCO lors de la construction du haut barrage d’Assouan. Il permet de découvrir l’histoire et la culture d’un peuple dont les villages furent submergés lors de la mise en service du barrage. Les îles L’île Éléphantine, palmeraie surgie des eaux, abrite un grand champ de ruines dominé par le temple de Khnoum, datant de la période gréco-romaine. Le Nilomètre est un grand escalier descendant dans le fleuve, qui permettait de mesurer les crues. L’île aux fleurs a été aménagée en jardin botanique par Lord Kitchener à la fin du XIXe siècle. Un court trajet en bateau permet de rejoindre l’île de Philae sur laquelle, au milieu des bougainvillées, le temple surnommé par Pierre Loti “la perle d’Égypte” apparaît tel un mirage. Son environnement aquatique, sa façade monumentale font de cet édifice tardif, érigé à l’époque romaine, l’un des plus beaux d’Égypte. Sur la rive Ouest Traversez le fleuve en felouque pour rejoindre la rive ouest. Vous pourrez y admirer le mausolée de l’Aga Khan, bel exemple d’architecture islamique moderne, non loin des Tombes des Princes.

Les bonnes raisons d’aimer Assouan Se balader en felouque, voiles blanches déployées sur le fleuve, pour sillonner le Nil comme aux temps anciens, admirer la beauté des berges du fleuve roi, ses dunes ocres et ses villages nubiens, profiter de la sérénité de la ville, contrastant avec l’agitation du Caire, déambuler dans le souk où les couleurs de l’Orient se mêlent à celles de l’Afrique, explorer le temple de Philae, se balader sur l’île aux fleurs le vendredi, quand les familles y emmènent leurs enfants et les amoureux s’y donnent rendez-vous, boire un jus de mangue à la terrasse du mythique Old Cataract.

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Assouan, bonnes adresses — À table Al Masry : L’atmosphère populaire et animée du souk est là, et la famille propriétaire de ce restaurant traditionnel accueille à bras ouverts le voyageur de passage.

Pause gourmande Ismou E : Une des meilleures pâtisseries de la ville, célèbre pour ses konafas et basboussas. Voyageurs gourmands, faites le détour !

Au soleil couchant Bakkar Home : En face de la gare et à l’orée du souk, on accède à cette terrasse ombragée et “relax” pour fumer la chicha ou boire un jus de fruits frais. Old Cataract : Pour sa terrasse légendaire et romantique où les “grands de ce monde” et les voyageurs du Nil viennent siroter un jus de fruits face au spectacle du fleuve roi, s’octroyant une incursion dans l’antre privilégiée de ce palace mythique.

Choisir son lit Anakhato : Une maison d’hôte nubienne en retrait de la ville d’Assouan où il fait bon se poser en fin de journée. À partir de 60 €/personne Movenpick : Sa tour caractéristique, située sur l’île Éléphantine, offre une vue imprenable et des suites en duplex. À partir de 90 €/personne Retrouvez toutes nos bonnes adresses dans votre carnet de voyage Philae © C. Raylat / Voyageurs du Monde

PHILAE

— par Robert Solé A une dizaine de kilomètres au sud d’Assouan, parmi les rochers de la première cataracte, Philae surgit de l’eau comme un mirage. Ses monuments et sa verdure la distinguent du paysage lunaire des alentours. C’est à Isis, “souveraine de tous les dieux”, que le temple avait été consacré à l’époque gréco-romaine. Isis la protectrice, la magicienne bienfaisante, la combattante qui chasse le démon… Est-ce un hasard si Philae a été le dernier bastion de la religion égyptienne ? Jusqu’au début du Ve siècle, bravant les interdits de l’empereur Théodose, des pèlerins continuaient à rendre visite à la superstar de l’Antiquité. Plus près de nous, le destin de Philae a été suspendu aux deux barrages d’Assouan. Le premier, achevé en 1902, a eu pour effet de noyer la “perle de l’Égypte” une bonne partie de l’année et d’effacer peu à peu de magnifiques peintures. Mais le deuxième barrage, 70 ans plus tard, l’a sauvée. On a démonté un à un tous ses monuments pour les reconstruire 300 mètres plus au nord, sur une île insubmersible. Il a fallu seulement remodeler celle-ci et agrandir deux de ses pointes pour lui donner, comme l’autre, la forme d’un oiseau, le bec tourné vers la Nubie.

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CITY GUIDE Assouan et la Nubie

Assouan, choisir son lit — Notre hôtel coup de cœur

© C. Boisvieux / Hemis.fr

OLD CATARACT

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Face à l’île Éléphantine, le Old Cataract, fait peau neuve et perpétue la légende. Perché sur son promontoire de granit, la façade victorienne surplombe le Nil depuis plus d’un siècle. Construit en 1899, afin de loger les croisiéristes amenés à changer de bateau à Assouan en raison de la première cataracte (rapide), ce palace est devenu emblématique au fil des décennies et des visiteurs prestigieux. D’Agatha Christie à François Mitterrand, en passant par Winston Churchill, les grands de ce monde ont succombé au spectacle du lever de soleil sur le fleuve, ses rochers et les murs ocres de l’hôtel. La vue imprenable, si ce n’est depuis le balcon de sa chambre, a sans aucun doute participé à la réputation des lieux. Bien sûr, le style victorien, égrainé d’arches et de moucharabieh a également joué un rôle clef dans un succès bien entretenu. Après plus de deux ans de travaux, le Old Cataract renaît sous l’enseigne Sofitel Legend. Sans toucher au prestige, l’aile historique voit une grande partie de ses chambres se muer en suites. L’aile Éléphantine, va plus loin dans l’élégance contemporaine. L’établissement se dote d’un Spa de 1 200 m2 et repense la piscine. Le mythe perdure.

© J. Arnold / Hemis.fr

© L. Maisant / Hemis.fr

© B. Rieger / Hemis.fr

À partir de 250 €/personne © P. Le Floc’h / Voyageurs du Monde

© L. Maisant / Hemis.fr

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À voir, à faire

Dans les environs, à Abou Simbel

© S. dos Prazeres / Voyageurs du Monde

PLUS LOIN Abou Simbel A 300 kilomètres d’Assouan, au cœur de la Nubie, les temples d’Abou Simbel, édifiés à la gloire du grand pharaon Ramsès II, ont été creusés dans deux collines de grès faisant face au Nil. L’ensemble grandiose d’Abou Simbel magnifiait le pouvoir de pharaon face aux peuples du sud sur lesquels l’Égypte affirmait sa suprématie : on est littéralement saisi par le gigantisme des sentinelles monumentales. Le tableau est particulièrement grandiose quand on arrive en bateau par le lac Nasser. Dans ce paysage de bout du monde, à l’extrême sud de l’Égypte, cet immense temple dressé au cœur du désert, baigné d’une lumière africaine, est le site le plus spectaculaire de la vallée du Nil.

ESSKALEH Chez Fikri El Kashef

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Fikri El Kashef était enfant quand la montée des eaux du lac Nasser provoquée par la mise en place du barrage d’Assouan a englouti les villages nubiens alentours, entraînant un déplacement massif de population : cent mille personnes ont dû trouver refuge au nord d’Assouan ou au Soudan voisin. Après plusieurs années passées à Lausanne, Fikri a décidé de s’engager pour la préservation de la culture nubienne. Sa maison d’hôtes est une belle maison nubienne, au bord du lac Nasser, toute en harmonies d’ocres, au toit en terrasse avec ses coupoles, décrochements et croisillons. Un long couloir extérieur mène aux cinq chambres, décorées d’un mobilier de céramiques, de nattes, et coussins colorés, et dont certaines sont prolongées d’une terrasse ouverte sur le potager. En fin d’après-midi, Fikri organise des promenades en bateau sur le lac. La table d’hôtes est simple et accueillante : les falafel, le foul ou les poissons grillés sont délicieux. Les musiciens du village viennent égayer les dîners au son de l’oud, l’instrument roi de la musique nubienne. Chez Fikri, on est ailleurs, quelque part entre Égypte et Soudan, au cœur de la civilisation nubienne. l’Esskaleh est aussi le lieu idéal où séjourner pour découvrir les temples de Nefertari et de Ramsès II, situés à 30 minutes à pied.

TROIS QUESTIONS À

Fikri El Kashef Comme est né votre projet? J’ai grandi dans l’un des villages qui ont été engloutis par la montée des eaux du lac Nasser. J’avais 9 ans lors du “drame nubien”. Il était de mon devoir d’œuvrer à la préservation du patrimoine nubien. En déplaçant les temples, l’Unesco n’a-t-elle pas préservé la culture nubienne ? Le sauvetage des temples d’Abou Simbel et de Philae, qu’on a déplacé de quelques centaines de mètres pour les sauver des eaux, est admirable ! Mais les déplacements de populations ont déraciné un peuple : aujourd’hui, un artisanat, une culture et une langue sont menacés ! A qui s’adresse l’Esskaleh ? Au voyageur curieux de découvrir notre culture dans un environnement extraordinaire. Interview Fikri El Kashef A VOIR, À ÉCOUTER sur voyageursdumonde.fr

À partir de 50 €/personne 79

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CITY GUIDE Louxor

Récit de voyage

VOYAGE AU BOUT DE LA NUBIE Naviguer sur le lac Nasser à la découverte des temples nubiens : une douce façon de prolonger la navigation sur le Nil.

80 Lac Nasser, Abou Simbel © Wojtek Buss/Hoa-Qui

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Exemple de voyage sur mesure REPÉRAGES

© M.Zublena / Voyageurs du Monde

Beaucoup de voyageurs referment leurs bagages aux portes de la Nubie, comme si le Nil commençait de couler à Assouan. Pourtant, le barrage inauguré en 1970, quelques semaines après la mort de son initiateur Gamal Abdel Nasser, n’empêche pas de poursuivre le voyage, mais constitue un simple trait d’union entre deux chapitres. Le premier chapitre débute au Caire, cette “NewYork saupoudrée de sable” puis se déploie à Louxor, dans les jardins du Winter Palace où traînent encore les ombres des premiers égyptologues de la Thèbes antique. Hercule Poirot vous embarque ensuite à bord du Steam Ship Sudan, pour une expérience mythique sur un bateau bientôt centenaire. Le rythme est soutenu, ponctué par la visite des sites majeurs de Haute-Égypte, sur des rives bouillonnant de cultures. Le deuxième chapitre s’ouvre à Assouan : l’embarquement sur le Kasr Ibrim marque un véritable changement de décor. L’imposant navire (79 m et 55 cabines) inauguré en 1997 reproduit néanmoins une ambiance Art déco. Les volumes sont spacieux dans les salons, le restaurant, les cabines et les suites (140 m2 pour la plus grande). Avec sa cousine l’Eugénie, plutôt Belle Époque, le Kasr Ibrim compte parmi la dizaine de navires autorisés à naviguer sur le lac. Un lac aux airs marins, tant ses rives sont distendues : un accordéon de 500 km de long.

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REPÉRAGES Exemple de voyage sur mesure

© M.Zublena / Voyageurs du Monde

La navigation y tient un rôle plus important que sur le Nil. Quatre à cinq heures par jour, on vogue sur cette “mer en plein désert”, avec en tête le souvenir des paysages engloutis par le détournement du fleuve. Sur les rives désertiques, on découvre les temples déplacés. Soudain un mirage de pierre. Pour en voir le cœur net, on saute dans une chaloupe blanche avant de poser ses pieds nus sur le sable brûlant, avec l’impression d’être les premiers à marcher sur Wadi Es-Seboua, Dakka et Amada. Le contraste avec les essaims touristiques de Karnak est stupéfiant. Au delà de la beauté des sites, on admire les différentes techniques de découpage et déplacement bloc à bloc de ces temples. Alors que le lac se rétrécit, quatre colosses pointent en ligne de mire. L’apparition d’Abou Simbel marque l’aboutissement de ce voyage onirique. Marie Ebeid, Conseiller Voyageurs

— VOTRE PROGRAMME — Jour 1 : France - Le Caire Jours 2 et 3 : Le Caire Jour 4 : Le Caire - Louxor (embarquement à bord du Steam Ship Sudan)

Jour 5 : Louxor - Edfou Jour 6 : Edfou - Kom Ombo Jour 7 : Kom Ombo - Assouan Jour 8 : Assouan (débarquement du Steam Ship Sudan et embarquement à bord du Kasr Ibrim)

Jour 9 : Assouan - Wadi Es-Seboua Jour 10 : Wadi Es-Seboua - Dakka - Amada Jour 11 : Amada - Kasr Ibrim - Abou Simbel Jour 12 : Abou Simbel (débarquement du Kasr Ibrim) - Assouan Jour 13 : Assouan - Le Caire - France

— IDÉE DE BUDGET — À partir de 3 500 € par personne

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83 Abou Simbel © Wojtek Buss/Hoa-Qui

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Le désert blanc © Christine-Michel Denis-Huot/Jacana

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— En plein —

DÉSERT Pistes rectilignes avec pour seul horizon un océan de dunes, calcaires blancs sculptées par les vents et l’imagination céleste. Et soudain, ces îlots verdoyants, écosystèmes renfermant la mémoire du pays. Découvrez une autre Égypte, celle du désert et des oasis.

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Récit de voyage

SIWA BEAUTÉ FRAGILE Située à la frontière libyenne, Siwa est l’oasis la plus isolée du désert Libyque. Un îlot préservant histoire, culture et environnement.

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Ecolodge Adrere Amellal © C. Le Tourneur/Explorer

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Exemple de voyage sur mesure REPÉRAGES

TROIS QUESTIONS A

Mounir Neamatalla Fondateur de l’adresse Adrere Amellal Comment est née l’idée de cet écolodge ? En 1980, j’ai établi un bureau de conseil en développement durable. Nous avons travaillé sur l’aménagement des ressources naturelles, dans la micro finance, aux cotés d’ONG et de sœur Emmanuelle notamment. En 1995, j’ai réalisé qu’il était temps d’investir selon ce principe. Pourquoi à Siwa ? J’y ai découvert un écosystème fragile, un héritage culturel et naturel intact. En arrivant, j’ai compris que ce site représentait une façon de voyager à la fois novatrice et ancestrale. Siwa a toujours accueillit des visiteurs, c’est la fonction même de l’oasis. Quel est le principe de l’ecolodge ? Il s’agit simplement de s’intégrer à l’écosystème. Les maisons sont construites avec l’argile du lac et les rochers de sel de la montagne, les toits en palmiers. S’il doit disparaître un jour, le site ne laissera aucune trace.

© Gerard Sioen/Rapho

Une barque en plein désert… la vision surprend. Il ne s’agit pourtant pas d’un mirage, mais d’un phénomène lié à l’eau et à son évaporation : à Siwa, au pied de la montagne blanche, les rares pluies hivernales forment de petits lacs sur lesquels les Siwi naviguent chaque année pendant quelques semaines, avant que le désert ne reprenne ses droits. La magie éphémère de cette oasis attire les visiteurs depuis des millénaires. En l’an 331 avant J-C, sur la colline d’Arghoumi, Alexandre le Grand vint interroger l’oracle, fut reconnu par les prêtres comme le fils du dieu Amon : on visite toujours le Temple de l’Oracle et les archéologues sont encore à la recherche de sa tombe. A défaut d’y apprendre son immortalité, le visiteur du XXIe siècle peut admirer les vestiges des lieux. Autres trésors archéologiques : la colline des morts et la tombe de Si Amon. Siwa fascine aussi par sa beauté naturelle préservée : ses sources thermales, dont le célèbre “bain de Cléopâtre”, l’île de Fatnas et sa végétation luxuriante, les rives du lac Al-Zeytoun. L’accès à l’oasis se fait uniquement par la route. Depuis Le Caire, on longe la Méditerranée sur 500 km jusqu’à

A VOIR, À ÉCOUTER sur voyageursdumonde.fr

© C. Le Tourneur/Explorer

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REPÉRAGES Exemple de voyage sur mesure

Adrere Amellal :

L’ORIGINE DE L’ÉCOLODGE C’est ici, à 18 km de Siwa, au pied de l’Adrere Amellal (montagne blanche en berbère) qu’est né en 1995 le premier écolodge d’Égypte. Un concept totalement novateur pour le pays. Loin de l’hôtel classique, c’est un village d’architecture traditionnelle. Les 34 chambres sont réparties à travers un labyrinthe de ruelles, autour d’une piscine alimentée par une source d’eau naturelle. Le luxe est dans la simplicité, les aménagements sont faits dans le respect de l’environnement : éclairage à la bougie, climatisation fondée sur les courant d’airs, et cuisine à base des produits bios du jardin . À partir de 400 €/personne C. Le Tourneur/Explorer

Marsa Matrouh, en passant par Alexandrie, avant de tracer une ligne droite de 300 km en plein désert. Siwa prend alors son goût de bout du monde. L’oasis parfaite : jardins verdoyants, cultures maraîchères, oliveraies et palmeraies s’étalent sur près de 50 hectares ! Il plane ici une atmosphère de sérénité. Depuis vingt ans, le tourisme se développe doucement, à l’écoute de l’environnement. Siwa rassemble sept villages dont la sublime Shali qui date du Ier siècle, et de laquelle on surplombe tout l’oasis. Le soir, on s’installe aux terrasses des cafés, où les discussions avec les habitants berbères s’engagent spontanément. Certains d’entre eux maîtrisent suffisamment l’anglais pour vous lire un ciel étoilé d’une infinie pureté. Le périple se poursuit sur la grande route caravanière jusqu’à l’oasis de Baharia et ses nombreux sites historiques, pour un retour progressif vers Le Caire et la civilisation.

— VOTRE PROGRAMME — Jour 1 : France - Le Caire Jour 2 : Le Caire - Siwa Jours 3 et 4 : Siwa Jour 5 : Siwa - Oasis de Baharia Jour 6 : Oasis de Baharia - Le Caire Jour 7 : Le Caire Jour 8 : Le Caire - France

— IDÉE DE BUDGET — À partir de 2 400 € par personne

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Isabelle Blardat, Conseiller Voyageurs

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89 Ecolodge Adrere Amellal © C. Le Tourneur/Explorer

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REPÉRAGES Exemple de voyage sur mesure

Récit de voyage

SI LOIN DU MONDE Loin du sillon touristique creusé par le Nil, le désert Libyque est un condensé d’histoire égyptienne, ponctué d’oasis qui accueillent les voyageurs depuis des millénaires.

Reliées entre elles par les ancestrales routes caravanières, les oasis du désert Libyque sont de véritables creusets de la civilisation égyptienne. Pharaonique, chrétienne, romaine, grecque et musulmane : les époques s’y entrechoquent à travers des vestiges extrêmement bien préservés. C’est le cas notamment des peintures ornant les tombeaux de la colline de Qaret Qasr Sélim près de Bawiti, ville principale de l’oasis de Bahariya. Dans les environs, en 1999, un âne eut le sabot heureux en mettant à jour une nécropole renfermant plus de 200 momies datant du IVe siècle avant notre ère. Plus loin, à l’ouest de l’oasis de Balat, ancienne capitale des gouverneurs de la région, la forteresse de El-Qsar nous fait voyager à travers les civilisations. Édifiée à partir du XIe siècle sur les ruines d’une ville romaine, elle fût une cité médiévale islamique importante, comme en témoigne la mosquée Nasr el-Din et son minaret de style ayyoubide. Une dizaine de kilomètres plus loin, les caravaniers en 4X4 découvrent le temple de Deir el Hagar édifié sous le règne de Néron (54-68), puis occupé par les moines chrétiens au Ve siècle. La plus ancienne nécropole chrétienne se trouve quant à elle au nord de l’oasis de Kharga, à El Bagawat. Fantastique ensemble de 263 chapelles en briques crues, érigé à partir du IVe siècle, exemple parfait d’art protocopte.

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Focus

AL TARFA Récompensé en 2010 par le prix Tatler (guide des publications Conde Nast), cité parmi les 101 meilleurs hôtels et Spas, cet écolodge mérite toutes les attentions. L’établissement est blotti à Dakhla, l’oasis en croissant de lune surnommée “la corbeille de fruits” pour l’abondance de ses vergers. Entouré de dunes couleur abricot et de falaises rose tendre, le lodge se fond dans l’environnement, reprenant les lignes d’un village traditionnel d’ocre. Les vingt chambres et suites, habillées d’artisanat local, ont chacune leur caractère. Un havre de sérénité idéal pour explorer les trésors historiques de la région. À partir de 270 €/personne © E.Barbe / Voyageurs du Monde

Quelques heures avant de rejoindre Louxor, on découvre Baris, lieu de naissance de l’ordre monastique en Égypte. Chaque oasis est aussi l’occasion de partager la vie des 200 000 habitants de la région. Du simple bouquet de palmiers de Farafra à la véritable agglomération de Kharga, chacune a son charme. Véritable “corbeille de fruits” dans laquelle se succèdent vergers et cultures maraîchères. Un contraste saisissant avec le fantastique désert blanc. Encadré par les cerbères de calcaire, on y laisse planer son imagination sur les dunes, jusqu’en Libye et au Soudan. Mamdouh El Tahawy, Conseiller Voyageurs

— VOTRE PROGRAMME — Jour 1 : France - Le Caire Jour 2 : Le Caire - Oasis de Baharia Jours 3 et 4 : Désert blanc Jours 5 et 6 : Oasis de Dakhla Jour 7 : Dakhla - Kharga Jour 8 : Kharga - Louxor Jour 9 : Louxor Jour 10 : Louxor - Le Caire - France

— IDÉE DE BUDGET —

TROIS QUESTIONS A

Mamdouh El Tahawy Conseiller Voyageurs

À qui s’adresse un voyage dans les oasis et le désert Libyque ? À tous les voyageurs qui ont envie de découvrir une autre Égypte, loin des circuits classiques. À ceux qui recherchent la tranquillité des grands espaces, mais s’intéressent aussi à l’histoire : les sites archéologiques y sont très nombreux. Quels sont les points forts de ce voyage ? L’histoire, les paysages grandioses, les nuits en bivouac au désert blanc. Cette forme de tourisme est relativement récente pour l’Égypte qui n’a pas la “mentalité 4x4”. C’est une approche belle et originale du pays. Pourquoi choisir Voyageurs du Monde ? Nos chauffeurs sont bédouins, anglophones et guides : intermédiaires idéals pour découvrir la région. Un cuisinier accompagne également nos escapades dans le désert. Les randonnées à pied ne durent jamais plus de 4 heures.

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À partir de 2 000 € par personne

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Š A. Chicurel / hemis.fr

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— Sinaï & bord —

DE MER Ici se rejoignent deux univers totalement opposés. D’un coté, l’aridité du Sinaï et de ses mystiques sommets, source des trois monothéismes vers laquelle convergent pèlerins et randonneurs. De l’autre, la mer Rouge, ses plages convoitées et ses fonds sous-marins pléthoriques.

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SINAÏ ET BORD DE MER Choisir son lit

Sinaï, choisir son lit — Le meilleur de la sélection Voyageurs

© F. Guiziou / Hemis.fr

FOUR SEASONS

SOFITEL

Spacieux et luxueux, le Four Seasons est décoré avec élégance. Les 200 chambres et suites sont distribuées dans plusieurs villas, disposant de terrasses ou balcons. La plage privée permet d’accéder aux splendides fonds marins de la Mer Rouge. Eau douce ou eau de mer, deux piscines accueillent les nageurs. L’hôtel propose (avec participation) Spa, cours de tennis, golf 18 trous, et plongée sous-marine. L’adresse la plus luxueuse de Sharm-el-Sheikh.

Le Sofitel, idéalement situé entre mer et montagne, allie confort et charme. Les 289 chambres et suites sont confortables et élégantes. Avec sa vue panoramique sur la baie, ses quatre plages privées, l’hôtel est idéal pour un séjour entre plongeurs ou en famille. L’hôtel propose également (avec participation) hammam, massages, sauna, excursion en mer, kayak, plongée sous-marine, tennis, équitation, tir à l’arc.

À partir de 180 €/personne

À partir de 70 €/personne

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CORALIA CLUB DAHAB

HÔTELLERIE DU MONASTÈRE DE SAINTE-CATHERINE

SAINTE-CATHERINE VILLAGE WADI EL RAHA

Offrant un panorama grandiose entre Sinaï et mer Rouge, le Coralia Club Dahab est situé sur la plus belle plage de Dahab, bourgade bédouine au cœur d’un paysage spectaculaire : montagnes escarpées et rivages arborés de palmiers. L’hôtel s’intègre parfaitement au paysage. Il dispose de 139 chambres.

Dans l’enceinte du monastère de SainteCatherine, cette guest-house aux teintes pastel offre une quinzaine de chambres confortables, doubles ou familiales (pour 3 à 5 personnes). Idéal pour partir de nuit pour l’ascension du mont Moïse. On regrettera que l’établissement affiche souvent complet.

Composé de petites maisons traditionnelles construites en pierres du pays, bien intégrées au paysage, l’hôtel est situé à deux kilomètres du village. Du restaurant, on a une très belle vue sur le Mont Moïse et le monastère SainteCatherine. Spacieux et confortable, la meilleure adresse de Sainte-Catherine.

À partir de 35 €/personne (demi-pension)

À partir de 40 €/personne (demi-pension)

À partir de 50 €/personne (demi-pension)

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Le monastère grec orthodoxe de Sainte Catherine © M. Gounot / Godong / Photononstop

SAINTE-CATHERINE

— Par Anne Dumesnil, Conseiller Voyageurs Dans le Sinaï, haut lieu des premiers siècles du christianisme devenu terre musulmane, les moines du monastère de Sainte-Catherine furent les seuls à perpétuer la foi chrétienne après la conquête arabe.

Situé dans le Sinaï, au pied du mont Horeb, là où, selon l’Ancien testament, Moïse aurait reçu les Tables de la Loi, le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine a été fondé au VIe siècle, alors que le monachisme ascétique prédominait chez les chrétiens d’Orient. Le monastère à toujours été utilisé pour sa fonction initiale, depuis sa fondation jusqu’à aujourd’hui. Au pied du monastère, le mont Moïse s’élève à 2 285 mètres d’altitude. On peut faire son ascension sans grimper les trois mille marches irrégulières, creusées dans la roche, pour préférer un chemin d’accès un peu plus aisé, qui contourne les 2 300 premières marches ! Malgré la relative difficulté du parcours, arrivé au sommet on oublie toute fatigue face à la splendeur des lieux au coucher du soleil ! Certains visiteurs dorment là, à la belle étoile, pour pouvoir profiter au petit matin de l’immensité de ces paysages bibliques, là où Moïse aurait reçu les Dix Commandements. Le mont Moïse est sacré pour les trois religions du Livre : judaïsme, christianisme et islam.

A VOIR, À É ÉCOUTER sur voyageursdumonde.fr

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SINAÏ ET BORD DE MER Choisir son lit

Mer Rouge, choisir son lit — Le meilleur de la sélection Voyageurs MOVENPICK EL QUOSEIR

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On aime ce petit coin de mer Rouge en marge des villégiatures touristiques. D’abord pour la douceur de vivre qui règne sur le port d’El Quoseir mais aussi pour le décor traditionnel et nature de ce resort pas comme les autres : des bungalows bâtis dans la pierre apparente qui s’intègrent harmonieusement avec le ton ocre des montagnes alentours. Deux piscines chauffées, des tennis, un kids-club, un centre de plongée : les loisirs sont ici à l’honneur avec une mention toute spéciale aux séances masque-tuba qui n’en finissent pas ! À partir de 80 €/personne © Movenpick

© Sheraton

© F. Lavaud / Voyageurs du Monde

© F. Lavaud / Voyageurs du Monde

SHERATON SOMA BAY

ECOLODGE OASIS

OBEROI SAHL HASHEESH

Un paradis artificiel pour ceux qui recherchent les plaisirs de la plage (immense !). Son architecture pharaonique est en phase avec la majesté du décor : un lagon turquoise s’offrant les montagnes du désert pour toile de fond. Les nombreuses installations et restaurants rythmeront votre séjour, avec, à l’honneur, les enfants ! Séance kite-surf pour les ados, goûter à la cabane de plage, club enfants dès 4 ans… tout un panel d’activités dédiées aux plus jeunes sans oublier un vaste centre de thalassothérapie, un golf 18 trous et le loisir phare en mer Rouge : la plongée (avec ou sans bouteille).

Plongeurs confirmés, plongeurs bohèmes, plongeurs d’un jour… Voici votre adresse ! On parle ici “récif corallien” et “mérou” sans délaisser le principal : la convivialité et le charme conçu en toute simplicité. L’hôtel organise chaque jour des sorties en mer, les plongeurs retrouvent chaque soir leur “chalet nubien” avant de disserter sous les étoiles : le bonheur à Marsa Alam.

Isolée au sein d’une baie préservée, l’Oberoi joue la carte du luxe et du raffinement pour les voyageurs en quête de retraite romantique. Les atouts de votre adresse : des suites spacieuses à l’élégance orientale, une vaste piscine qui se prolonge vers la mer et un Spa où il fait bon se faire masser par des mains averties. Au confort s’ajoute le charme à l’image du cachet des patios ombragés où perce le doux murmure des fontaines… Un rêve oriental.

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À partir de 50 €/personne

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À partir de 140 €/personne

À partir de 70 €/personne

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Plonger en Mer Rouge SINAÏ ET BORD DE MER

Plonger, à l’égyptienne

SIX QUESTIONS À

Frédéric Lavaud Conseiller plongée La mer Rouge possède parmi les plus beaux fonds marins de la planète et des sites encore préservés. Ton spot préféré ? Saint John’s reef, à la frontière du Soudan. Ce sont des grands tombants couverts de coraux. On y croise une faune dense et souvent des requins longimanus. Sans doute le requin le plus photogénique ! Quel type de faune / flore observe-t-on ? Coraux, poissons multicolores sur les récifs, et animaux plus impressionnants au large. Il y en a pour tous les goûts. Impossible de trouver mieux à moins de 6 heures de vol de la France !

© H. Eskenazi / Voyageurs du Monde

Quelques heures d’avion et deux trois coups de palmes suffisent pour découvrir des fonds marins exceptionnels La mer Rouge se serait-elle réellement retirée devant Moïse ? Des scientifiques se penchent sérieusement sur le phénomène soulevé par l’Ancien Testament. En attendant, c’est avec palmes et masques que l’on aborde le mieux cette mer toute en longueur (2 300 km de long sur 350 de large). Depuis plus de vingt ans, la destination est convoitée par les plongeurs du monde entier, et notamment les Européens qui trouvent, à moins de six heures de vol, des eaux foisonnantes et chaudes toute l’année (entre 20 et 28 degrés). De la pointe sud du Sinaï à la frontière soudanaise, l’Égypte collectionne les bons spots. Des sites offrant une vie sous-marine extrêmement variée et préservée. C’est notamment l’un des rares endroits de la planète où les coraux ont échappé à l’effet dévastateur d’El Niño. Revers de la médaille : les fonds de certaines stations comme Hurghada commencent

à souffrir de leur sur-fréquentation. En réaction, le gouvernement a mis en place des opérations de protection de l’environnement avec notamment la création de parcs marins tel Ras Mohammed, l’Eden des napoléons, tortues et autres gorgones. Parallèlement, la plongée se développe sur des sites reculés tels Qoseir, Safaga ou Marsa Alam. L’occasion de découvrir également à terre la richesse des paysages naturels et architecturaux, en choisissant, pourquoi pas, un hébergement éco-responsable.

Pour quel niveau ? La mer Rouge s’adresse aux plongeurs de 8 à 88 ans. Du baptême de plongée en passant par une véritable formation niveau 1 pour débutant jusqu’au stage pro. Un site pour s’initier ? À Safaga, avec l’école française qui propose tous types de formation. Quelle est la meilleure période ? De mai à novembre pour la température de l’eau, fin février et mars pour la tranquillité. Quel budget pour une semaine ? À partir de 1 400 € à Marsa Alam. Vol + transfert + 10 plongées. Compter environ 300 € pour une formation.

Exemples de séjours : Marsa Alam à l’écolodge The Oasis : 7jours, 10 plongées, vol inclus. à partir de 1 300 €/personne Plage, plongée & détente au Sheraton Soma Bay : 7 jours, 10 plongées, vol inclus. à partir de 2 200 €/personne

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LIBYE Passerelle entre Méditerranée et Orient, la Libye est un incroyable carrefour de civilisations. Helléniques, romains ou byzantins, les vestiges sont nombreux et parfaitement conservés. L’autre richesse du pays est son désert, à couper le souffle !

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© B. Rieger/ hemis.fr

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-5BONNES RAISONS d’aller en Libye 1 UN LIVRE D’HISTOIRE À CIEL OUVERT Des gravures laissées par les pasteurs nomades au néolithique jusqu’à Sabrata et son théâtre monumental, en passant par Cyrène, joyau de la civilisation hellénique, le pays déploie des trésors inouïs ! Séjourner en Libye, perle de la Méditerranée, c’est voyager dans le temps, d’une civilisation à l’autre : phénicienne, romaine et byzantine. © Magic Libya

2 LA LIBYE GRECQUE Cyrène, qui fut la deuxième ville grecque après Athènes, expose ses vestiges dans un paysage somptueux de côtes sauvages. Le temple de Zeus, plus vaste que le Parthénon, le Ptolemaion, gymnase datant du IIe siècle avant J-C, ou encore les théâtres à ciel ouvert en bord de mer : les ruines dorées des temples classiques au cœur d’une nature préservée offrent une découverte inattendue, qui réjouira à la fois les passionnés de culture antique et les amateurs de randonnées.

© Magic Libya

3 AU CŒUR DE LA TRIPOLITAINE, UNE ROME AFRICAINELep-

© P. Roy/Hoa-Qui

4 LE GRAND SAHARA Le désert libyen, l’une des plus belles régions du Sahara, promet un choc esthétique ! A Ghadamès, la “perle du désert”, flâner dans l’ancienne médina permet de découvrir la culture berbère. À Akakus, les pitons rocheux émergent de l’océan de sable, ornés de peintures rupestres, qui témoignent de la présence humaine au néolithique. À Ubari, les dunes à l’infini, les lacs et les minuscules palmeraies composent des paysages grandioses. Des campements luxueux permettent de séjourner dans des conditions de confort idéales.

tis Magna - une Rome en Afrique ! - est un site romain majeur. Septime Sévère, premier empereur romain d’origine africaine, a voulu pour sa ville natale des édifices grandioses rivalisant avec les monuments romains. Amphithéatres, théâtres, thermes, forum, arc monumental,… la cité est dans un état de conservation exceptionnel. Visiter Leptis Magna, en son environnement grandiose de bord de mer, c’est une occasion unique d‘appréhender la civilisation romaine.

© Magic Libya

5 TRIPOLI, UNE MÉDINA À DÉCOUVRIR Dans la médina préservée du tourisme, où le temps semble comme suspendu, il faut se perdre dans les belles ruelles voûtées, apprécier l’accueil courtois des marchands du souk, fumer le narguilé dans un café populaire, boire un thé dans un ancien caravansérail. À ne pas manquer : l’arc de triomphe de Marc Aurèle et les riches collections du Musée National des Antiquités. Tripoli © J-M. Coureau/Explorer

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REPÉRAGES Exemple de voyage sur mesure

Récit de voyage

LA LIBYE DÉVOILÉE Des Berbères aux Romains, des oasis d’argile au cœur du Sahara aux amphithéâtres en bord de mer, un voyage contrasté à la découverte de deux riches civilisations, creusets de la Libye moderne

© Magic Libya

Ghadamès la berbère est un joyau architectural au cœur du désert, aux frontières de la Tunisie et de l’Algérie. Ses maisons de briques d’argile blanchies à la chaux et de bois de palmier, ornées de motifs géométriques, constituent un exemple exceptionnel d’habitat traditionnel. Bâtie sur une oasis à la croisée des chemins entre Méditerranée et Sahara, la première des cités sahariennes fut le carrefour privilégié du commerce caravanier. Aujourd’hui, elle est l’écrin d’une culture berbère préservée. Délaissée par une partie de ses anciens habitants, exilés à Tunis ou Tripoli, l’ancienne médina a été sauvée des sables grâce à l’Unesco, qui l’a classé au patrimoine mondial de l’humanité. On y profite du coucher de soleil sur l’oasis, en dégustant quelques dattes et un thé à la menthe. Sabratha, ancien comptoir phénicien conquis par les Romains, expose face à la mer ses grandioses monuments, dont le plus célèbre, son théâtre, a été édifié sous le règne de l’empereur Commode. Plus grand théâtre d’Afrique, il pouvait accueillir cinq mille personnes ! Leptis Magna, la plus belle des villes romaines de la Méditerranée, parmi les plus majestueuses de tout l’Empire, connut un développement remarquable après l’accession au trône de Septime Sévère.

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Dernière minute Au moment où cette brochure est éditée, le peuple libyen est en train d’écrire une page de son histoire, en se libérant avec un grand courage du joug de l’un des dictateurs les plus cyniques de la planète. En maintenant nos propositions de voyage sur la Libye -bien qu’à l’heure de cette parution, il ne soit pas possible de s’y rendrenous souhaitons apporter un message de soutien fort au peuple libyen. Jean Francois RIAL Président de Voyageurs du Monde a

Elle est dans un état de conservation unique au monde. Les musulmans considérant comme impropre à la construction les matériaux provenant de la cité païenne, elle n’a jamais été pillée. Forums, arcs, basiliques, arches et portes, ancien port, avec son bassin artificiel, ses môles, ses fortifications, ses entrepôts et ses ateliers, tout est quasiment intact. Visiter ces deux sites majeurs, peu fréquentés par les touristes, avec la mer pour horizon, relève d’un luxe rare. Mamdouh El Tahawy, Conseiller Voyageurs

— VOTRE PROGRAMME — Jour 1 : France - Tripoli Jour 2 : Tripoli - Nalut - Ghadamès Jour 3 : Ghadamès Jour 4 : Ghadamès -Tripoli Jour 5: Tripoli Jour 6 : Tripoli - Sabratha - Tripoli Jour 7 : Tripoli - Leptis Magna - Tripoli Jour 8 : Tripoli - France

© Magic Libya

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— IDÉE DE BUDGET — À partir de 2 200 € par personne

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SOUDAN C’est “l’autre Égypte”, celle des pharaons nubiens et de l’empire de Méroé. Une civilisation oubliée, qui aujourd’hui dévoile ses joyaux perdus en plein désert aux quelques voyageurs curieux de rencontrer, à la croisée des routes africaines, un peuple profondément accueillant.

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© M. Osmont / Voyageurs du Monde

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-5BONNES RAISONS d’aller au Soudan 1 UNE DESTINATION HORS NORMES A Méroé, passer la soirée au cœur de l’ancienne nécropole, en compagnie de quelques villageois venus profiter du coucher du soleil au pied des pyramides ; à Karima, seul, face au désert, découvrir les temples pharaoniques à la façon des premiers explorateurs ; à Khartoum, être invité à assister à une cérémonie soufi ou à un concert de jazz… Loin des circuits touristiques, le Soudan réserve des expériences exceptionnelles ! © M. Osmont / Voyageurs du Monde

2 UNE CIVILISATION MÉCONNUE Au carrefour des influences et civilisations égyptiennes, africaines et gréco-romaines, le puissant empire de Méroé s’est déployé le long du Nil, sur 1 500 kilomètres durant six siècles, du IIIe siècle avant J-C au IVe siècle après J-C. Cette civilisation originale a produit des objets artistiques et architecturaux remarquables. Célébrée par le musée du Louvre en 2010, lors de l’exposition qui lui a été consacrée, “Un Empire sur le Nil”, la civilisation meroïtique reste jusqu’à aujourd’hui peu connue… À découvrir !

© A. Ayrole

3 DES PHARAONS NOIRS

© M. Osmont / Voyageurs du Monde

4 UNE MOSAÏQUE DE PEUPLES Le plus vaste pays d’Afrique est riche de ses échanges avec ses nombreux voisins : Égypte, Libye, Tchad, République centrafricaine, RDC, Ouganda, Kenya, Éthiopie, Érythrée ! Le Soudan, à lui seul, est aussi divers que l’est l’ensemble du continent africain. Il est peuplé de Beja, Dinka, Four, Nubiens, Nuer, Rashaida et de dizaines d’autres ethnies, on y parle des centaines de langues : autant de cultures à découvrir !

Sous le Nouvel Empire, à l’apogée de la domination égyptienne, le nord de l’actuel Soudan est annexé par l’Égypte. Le site de Napata - proche de l’actuelle ville de Karima - est choisi par les pharaons pour son environnement exceptionnel, son immense plaine désertique dominée par les montagnes du Jebel Barkal : il devient le haut lieu du culte d’Amon. À Karima, découvrez une “autre Égypte”, celle des pharaons noirs.

© M. Osmont / Voyageurs du Monde

5 UN ACCUEIL INOUBLIABLE D’une hospitalité hors du commun, les Soudanais sauront vous montrer que leur pays ne se résume pas à ce qu’on en lit dans la presse internationale. Des amitiés qui se créent au gré des étals des marchandes de thé, des invitations à célébrer le mariage d’un cousin…, les voyageurs qui ont visité le Soudan ont tous le souvenir de rencontres précieuses. “Welcome in Soudan !”. © M. Osmont / Voyageurs du Monde

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REPÉRAGES Exemple de voyage sur mesure

Photos : M. Osmont / Voyageurs du Monde

Récit de voyage

LES PHARAONS NUBIENS Longtemps demeuré mystérieux, le Soudan dévoile ses trésors archéologiques. Du royaume des pharaons noirs à l’empire de Méroé, partez à la découverte de civilisations méconnues ! À Karima, entre montagne et fleuve, au cœur de l’immense plaine dominée par les hauteurs de grès rouge du Djebel Barkal, le temple de Napata est le site le mieux préservé du pays. Fondé par les Égyptiens sous le Nouvel Empire, il fut le haut lieu du culte d’Amon en terre soudanaise, surnommé la “Karnak du Sud” : le centre religieux du mythique royaume des pharaons noirs s’inspire des plans du Temple de Karnak. À la confluence du Nil bleu, du Nil blanc et de la rivière Atbara, Méroé, Naga et Musawwarat, furent les principaux centres urbains de l’empire méroïtique, qui s’étendait à son apogée jusqu’à

Philae, non loin d’Assouan, en Égypte. Au sud de la cinquième cataracte du Nil, Méroé dresse ses étonnantes pyramides au milieu du désert ; les temples de Naga et de Musawwarat sont parmi les plus majestueux du Soudan. Les trois sites présentent des exemples exceptionnels de ruines urbaines, de chambres mortuaires et de pyramides. Malgré leur richesse, ils sont très peu fréquentés, on y savoure le privilège inouï de se promener seul, sans autres visiteurs, de temples en pyramides ! À Dongola, ancienne capitale de la Nubie chrétienne, les vestiges de la cité sont autant de témoignages de

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l’époque médiévale, remparts, églises byzantines et monastères, qui attestent de liens privilégiés avec Constantinople. Dans des paysages de sable rose et de grès noir, les villages nubiens sont splendides, leurs maisons décorées avec fantaisie : les façades peintes de dessins multicolores vous enchanteront. De Khartoum à sa ville jumelle Omdurman, vous apprécierez l’extraordinaire hospitalité soudanaise sur les deux rives du Nil. Ratiba Chenoun, Conseiller Voyageurs

— VOTRE PROGRAMME — Jour 1 : France - Tripoli Jour 1 : France - Khartoum Jour 2 : Khartoum - Méroé Jour 3 : Méroé - Naga - Musawwarat - Méroé Jour 4 : Méroé Jour 5 : Méroé - Atbara - Désert de Bayuda - Karima Jour 6 : Karima - Djebel Barkal Quatrième cataracte - Karima Jours 7 et 8 : Karima - Old Dongola - Désert nubien Jour 9 : Désert nubien - Khartoum Jour 10 : Khartoum - France

— IDÉE DE BUDGET — À partir de 4 500 € par personne Retrouvez tous nos itinéraires sur voyageursdumonde.fr

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SOUDAN Mode d’emploi

© M. Osmont / Voyageurs du Monde

DES MUSIQUES ET DES TRANSES Le soufisme, la mystique musulmane, est fait de renoncement au monde. Ses adeptes, par ce renoncement, recherchent la communion avec Dieu.

Le soufisme, la mystique musulmane, est fait de renoncement au monde. Ses adeptes, par ce renoncement, recherchent la communion avec Dieu. Jeûnes, invocations, dikhr - récitations de litanies de noms divins - sont les principaux procédés par lesquels les soufi mettent en œuvre cette quête de Dieu. Né en Irak au VIIIe siècle, le soufisme se structure à partir du XIIe siècle en tariqa, ou ordres confrériques. Certaines de ces tariqa subsistent encore, telle la Qadiryahia, ainsi nommée en référence au nom de son fondateur, Abd al Qādir al Jīlānī, considéré comme le plus grand saint de l’islam. La confrérie compte aujourd’hui encore des adeptes d’Afrique noire jusqu’en Malaisie. Au Soudan, le soufisme tient un rôle majeur : la communauté soufi soudanaise, rassemblant plusieurs millions de membres, est l’une des plus importantes au monde. Les soufi s’y répartissent en deux grandes confréries, dont la Qadiriyya. Les soufi réunis chaque semaine à Omdurman, ville jumelle de Khartoum, en sont des adeptes : tous les vendredis, des centaines de personnes

se rassemblent sur le tombeau du Cheikh Hamed El Nil pour une cérémonie de louanges à Dieu. Les hommes scandent les dikhr, dansent d’un mouvement du buste d’avant en arrière, et frappent les tambours. Parmi eux, les derviches tournent sur eux-mêmes jusqu’à la transe. Bientôt, c’est toute l’assemblée des spectateurs, hommes, femmes et enfants, faisant cercle autour des officiants, qui reprennent en choeur les dikhr. Les soufi d’Omdurman accueillent les visiteurs avec la plus grande hospitalité. Invité dans le cercle des spectateurs, en communion avec l’assemblée, on est saisi par la musique et la transe ! Assister à cette cérémonie est une occasion unique d’appréhender la mystique musulmane. L’adhésion au soufisme induit la pratique d’un islam extrêmement tolérant. Sa popularité au Soudan explique que les mouvements radicaux n’y obtiennent qu’une audience limitée.

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3 questions à Ratiba Chenoun — Conseiller Voyageurs

Le Soudan, pour quels types de voyageurs ? Le pays des pharaons noirs enchantera tous les amateurs d’histoire et d’archéologie : séjourner au Soudan, c’est partir à la découverte de civilisations exceptionnellement riches, et pourtant méconnues. On y visite des sites majeurs, loin des circuits touristiques et des foules de visiteurs, dans un environnement splendide. Les amoureux du désert seront également séduits.

© M. Osmont / Voyageurs du Monde

Sud-Soudan, un référendum historique

— Par Jean-François Rial, Président de Voyageurs du Monde Une page nouvelle s’écrit dans l’histoire du plus vaste pays d’Afrique : Le SudSoudan, chrétien et animiste, se sépare du Nord, musulman. Lors du référendum de janvier 2011 (prévu par les accords de paix de 2005 qui avaient mis fin à 20 ans de guerre civile) les Sud-Soudanais ont voté à 98,8 % pour la partition. Un nouveau pays est né : le 9 juillet 2011, le Sud-Soudan devient officiellement le 54e état africain. Après des décennies de droits bafoués par le régime de Khartoum, les populations du Sud-Soudan ont obtenu le droit de vivre en paix. Création d’un gouvernement, émission d’une nouvelle monnaie, construction d’infrastructures, négociations avec Khartoum sur le partage des ressources pétrolières, les tâches à accomplir sont à la mesure du formidable enjeu : faire émerger un état moderne. Nous souhaitons témoigner de notre considération pour le peuple sud soudanais, tout en participant au développement économique du jeune état. Dès que les conditions logistiques le permettront, nous vous proposerons d’aller visiter le Sud-Soudan, pour rencontrer sa population et découvrir ses paysages superbes.

Est-ce un voyage à partager en famille ? Les températures sont très élevées : un séjour au Soudan est à déconseiller aux plus jeunes enfants. Mais à partir de 10 ans, les voyageurs en herbe joueront aux explorateurs au pied des pyramides de Méroé ou dans les temples pharaoniques de Karima ! Ils apprécieront aussi les nuits de bivouac dans le désert. Les femmes seules sont-elles bien accueillies ? Les femmes seules peuvent sans aucune difficulté voyager au Soudan. Les Soudanais sont très hospitaliers, tous les visiteurs sont accueillis très chaleureusement !

Pour en savoir + Le Grand quoi, Dave Eggers, Gallimard, 2006 Le romancier américain Dave Eggers retranscrit le parcours tragique de Valentino Deng : sa fuite à l’âge de 8 ans de son village natal du Sud-Soudan, traqué par les miliciens de Khartoum, ses années passées en camp de réfugiés, et enfin son installation aux États-Unis. Loin de l’analyse politique ou du parti pris, ce récit né d’un long échange entre les deux hommes, à mi-chemin entre le témoignage et l’autobiographie, permet de comprendre l’histoire complexe du Soudan.

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OÙ Partir en Égypte

UN LIEU QUE V O U S AV E Z E N V I E DE REVOIR

Alain Bouldouyre Illustrateur, dessinateur, graphiste et aussi grand voyageur, Alain Bouldouyre “croque” le monde d’un trait fin et énergique. Son coup de crayon méticuleux a séduit de grandes agences de publicité et des maisons d’édition comme Plon, pour qui l’artiste illustre la célèbre collection des Dictionnaires Amoureux. La presse nationale apprécie, elle aussi, son style “architectural” et lui confie régulièrement l’illustration de ses pages. Collectionneur de tours du monde, Alain Bouldouyre reflète dans ses carnets l’âme du lieu où il se trouve, de Paris à Bahia. Son rapprochement tout naturel avec Voyageurs du Monde existe depuis de nombreuses années. A VOIR, À ÉCOUTER sur voyageursdumonde.fr

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Portfolio Denis dailleux

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Photos : — Ci-dessus Portait d’un enfant dans le village de Saqqara. À gauche Le Caire : garagiste sur son lieu de travail.

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Photo : — Ci-dessus Musiciens lors d’un mariage populaire dans la Gamaleya.

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Photos : — Ci-dessus de haut en bas et de gauche à droite : Le Caire, marché Al Azhar. Fête foraine pendant le mouled à la vierge de Der Dronka près d’Assiout. Alexandrie, quartier de Kom el Dik. Alexandrie, la gare.

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Photos : — Ci-dessus Jeune paysanne en train d’éplucher des oignons dans le Delta. À droite Communion copte orthodoxe le jour de la messe de Pâques au Caire.

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Le mouled est une célébration qui commémore la naissance d’un Saint. Ici le mouled de Sayed el Badawi à Tanta.

Denis Dailleux

Né en 1958 à Angers. Il vit au Caire. Représenté par l’Agence VU’ et la Galerie Camera Obscura. Déjà parus : “Impressions d’Égypte”, Éd. La Martinière - “Fils de Roi, portraits d’Égypte”, Éd. Gallimard - “Le Caire”, Éd. du Chêne.

Avec la délicatesse qui le caractérise, il pratique une photographie apparemment calme, incroyablement exigeante, traversée par des doutes permanents et mue par l’indispensable relation personnelle qu’il va entretenir avec ce - et ceux - qu’il va installer dans le carré de son appareil. Sa passion pour les gens, pour les autres, l’a naturellement amené à développer le

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portrait comme mode de figuration privilégié de ceux dont il avait l’envie, le désir d’approcher davantage ce qu’ils étaient. Et il l’a fait, avec Catherine Deneuve comme avec des anonymes des quartiers populaires du Caire, avec cette même discrétion qui attend que l’autre lui donne ce qu’il espère, sans le revendiquer, en espérant que cela adviendra. Alors, patiemment, il a construit un portrait inédit de la capitale de cette Égypte avec laquelle il entretient une relation amoureuse, voire passionnelle, pour mêler, entre des noirs et blancs au classicisme exemplaire et des couleurs à la subtilité rare, une alternative absolue à tous les clichés, culturels et touristiques, qui encombrent nos esprits. sur voyageursdumonde.fr


Nos cités des Voyageurs _ paris 02 55, rue Sainte-Anne 01 42 86 16 00 bordeaux 28, rue Mably 05 57 14 01 48 bruxelles 23, chaussée de Charleroi +32 (0)2 543 95 50 caen 63, rue Sain-Jean 02 31 15 25 80

Les nouvelles brochures Voyageurs du Monde ont été réalisées en collaboration avec des écrivains, journalistes et photographes du monde entier. Par leur sensibilité, leur travail, ou leurs origines (parfois les trois), ces auteurs et artistes partagent notre vision de la destination. Un angle de vue particulier, orienté vers le respect des peuples et la recherche d’une compréhension subtile de leur culture.

genève 19, rue de la Rôtisserie Ouverture 2011 grenoble 16, bd Gambetta 04 76 85 95 90 lille 147, bd de la Liberté 03 20 06 76 25

L’Égypte illustrée et racontée par…

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Robert Solé est né au Caire et vit en France. Denis Dailleux est né en France et vit au Caire. Alain Bouldouyre y pose régulièrement son chevalet. L’Égypte coule dans les veines de ces trois hommes tel le Nil à travers le désert. Une source de vie et d’inspiration qui rejaillit dans leur travail : l’écriture pour Solé, la photographie pour Dailleux et le dessin pour Bouldouyre. Leur confier l’illustration de cette brochure nous est apparu comme une évidence : la finesse de leur style, l’incroyable capacité qu’ils ont à nous transporter au plus profond des ruelles du Caire et de l’histoire du pays, au plus proche des rives du Nil et de tout un peuple, est pour nous la plus belle façon d’insuffler l’Égypte à nos voyageurs.

marseille 01 25, rue Fort-Notre-Dame 04 96 17 89 17 montpellier 7, rue de Verdun 04 67 67 96 30 nantes 1-3, rue des Bons Français 02 40 20 64 30 nice 4, rue du Maréchal Joffre 04 97 03 64 64 rennes 31, rue de la Parcheminerie 02 99 79 16 16

A lire, la sélection de Robert Solé page 16 Retrouvez Alain Bouldouyre page 108 Découvrez le portfolio de Denis Dailleux page 109

rouen 17-19, rue de la Vicomté 02 32 10 82 50 strasbourg 16, rue Sainte-Barbe 03 88 15 29 48 toulouse 26, rue des Marchands 05 34 31 72 72 Conception des produits : A. Dumesnil – M. El Tahawy Direction de la communication : N. Belloir Conception Graphique : O. Romano Coordination : I. Sire / S. Digard / D. Carrara Secrétariat de rédaction : M. Osmont / B. Briand Réalisation : SuzyLee Impression : Imprimerie Peau Parution : Mars 2011 Photos non contractuelles.

VOYAGEURS en Égypte >> 01 42 86 17 90 Photo couverture © Denis Dailleux / Agence VU

Voyageurs du Monde S.A. au capital social de 3 691 510 € 55, rue Sainte-Anne,75002 Paris Tél. : 01 42 86 17 00 Fax : 01 42 86 17 88 RCS Paris 315459016 Licence d’Etat IM075100084 Assurance Responsabilité Civile et Professionnelle : GAN Eurocourtage n°86 342 744 Immeuble Élysée la Défense - 7, rue du Dôme TSA 59876 - 92099 La Défense Cedex de Solidarité 15, avenue Carnot 75017 Paris


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