Voyageurs en Inde et dans les Himalayas

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VOYAGEURS EN INDE

HIMALAYAS, PAKISTAN, SRI LANKA ET MALDIVES

DELHI — VALLÉE DU GANGE — CALCUTTA — RAJASTHAN

INDE DU CENTRE— BOMBAY — KARNATAKA

GOA — TAMIL NADU — KERALA — ÎLES ANDAMAN

LADAKH — NÉPAL — BHOUTAN — SIKKIM

COLOMBO — GALLE — KANDY — POLONNARUWA

LAHORE — ISLAMABAD — KARIMABAD…

voyageursdumonde.com

Les Cités des Voyageurs

Paris 2e

55, rue Sainte-Anne

+33 (0)1 42 86 16 00

Bordeaux

28, rue Mably

+33 (0)5 57 14 01 48

Bruxelles

23, chaussée de Charleroi

+32 (0)2 543 95 50

Genève

19, rue de la Rôtisserie

+41 (0)22 519 12 10

Grenoble

16, boulevard Gambetta

+33 (0)4 76 85 95 90

Lausanne

Rue-de-Bourg, 6 +41 (0)21 519 10 65

Lille

147, boulevard de la Liberté +33 (0)3 20 06 76 25

Londres

First Floor

111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL) +44 (0)20 7978 7333

Lyon 2 e

5, quai Jules-Courmont +33 (0)4 72 56 94 56

Marseille 1 er

25, rue Fort-Notre-Dame +33 (0)4 96 17 89 17

Montpellier

8, rue du Palais des Guilhem +33 (0)4 67 67 96 30

Montréal

295, rue de la Commune Ouest +(1) 514 722 0909

Nantes

13, rue du Moulin +33 (0)2 40 20 64 30

Nice

4, rue du Maréchal Jo re +33 (0)4 97 03 64 64

Québec

540, rue Champlain +(1) 418 651 9191

Rennes

31, rue de la Parcheminerie +33 (0)2 99 79 16 16

Rouen

17-19, rue de la Vicomte +33 (0)2 32 10 82 50

Strasbourg

16, rue Sainte-Barbe +33 (0)3 88 15 29 48

Toulouse

26, rue des Marchands +33 (0)5 34 31 72 72

Voyageurs en Inde & Himalayas 01 84 17 21 64

Pakistan 01 42 86 16 00; Sri Lanka 01 83 64 79 39

Maldives 01 83 64 79 35

Retrouvez toutes nos idées de voyage sur voyageursdumonde.com

L’air est chargé de parfumsd’épices –curcuma, coriandre, cumin - qui s’échappent des samossas encore fumants d’un marchand ambulant. Ils se mêlent à ceux des fleurs. La lumière cisèle des corbeilles débordantes de roses, d’œillets, de tubéreuses, d’amarantes, de jasmin qui serviront aux cérémonies. Patchwork de couleurs qui se confond et s’anime dans le mouvement perpétuel des saris et des kurtas. La rue indienne vibre de tous ses éclats. Le ronronnement d’une Royal Enfield Bullet des fifties, passagère accrochée à son smartphone, couvre brièvement celui des machines à coudre. Le sifflement des coups de ciseaux à bois s’immisce dans celui des klaxons. Un sâdhu passe en silence.

L’Inde est une éternelle fête des sens, la rue, sa salle de bal. Il suffit de s’y poser un instant et de voir virevolter les scènes de la vie indienne pour comprendre qu’elle marque la quintessence du voyage. Entre vos mains, une édition en forme d’invitation.

JEAN-FRANÇOIS RIAL

Pdg de Voyageurs du Monde

1 édito

4 Cartographie

Inde, Himalayas, Pakistan, Sri Lanka et Maldives en un clin d’œil.

6 L’esprit Voyageurs du Monde

Notre façon d’aborder le monde.

8 Les services

Nos attentions pour voyager en toute fluidité.

12 Book lovers

Une sélection des libraires Voyageurs du Monde

14 Portfolio

Le regard de Matthieu Paley sur le Pakistan.

22 Magazine – Inde sacrée Berceau de l’hindouisme, du bouddhisme et du sikhisme, l’Inde ressource, émeut, bouscule et dérange. Un voyage spirituel s’il en est.

28

Le Pakistan

De Lahore, la plus belle des villes du pays, à la vallée de la Hunza, en passant par la route du Karakoram.

32 Le Ladakh

Une terre farouche où chaque montagne semble tutoyer les dieux.

34

Le Népal

Des paysages célestes, dotés d’un supplément d’âme et de sérénité.

38 Le Bhoutan

Un royaume miniature dont la qualité de vie se mesure en “bonheur national brut”.

44 Le Sikkim

Dans l’Himalaya, ce tout petit État indien étonne par sa culture et son engagement écologique.

46 Magazine - Yoga

Portrait de Krishnamacharya, père du yoga moderne. + Quatre de ses héritiers et cinq retraites où se ressourcer.

52 Delhi

Elle a l’énergie d’une mégalopole : Delhi incarne l’Inde en marche.

© Brian Flaherty

Sommaire

Voyageurs en Inde, Himalayas, Pakistan, Sri Lanka et Maldives

56 La vallée du Gange

Au fil des cités du fleuve sacré, un voyage saisissant dans le passé et le présent de la civilisation indienne.

62 Calcutta

Redevenue Kolkata, l’ancienne capitale du Raj surprend par sa dimension culturelle et son supplément d’âme.

64 Le Rajasthan

Son seul nom suffit à faire naître un ailleurs mythique : celui des maharajas, de leurs palais et des caravaniers…

76 Magazine - Bijoux

Jaipur, centre mondial de taille des pierres, fournit les maisons de la place Vendôme et inspire toute une nouvelle génération de joaillières.

80

L’Inde du centre

Temples jaïns, jungles, tigres du Bengale, maisons de bambou… Un voyage à rebours des flux touristiques ; la promesse d’une autre Inde.

86 Bombay

Posée sur la côte ouest, cette mégapole tentaculaire est l’une des villes les plus folles de la planète.

90 Magazine - Fêtes indiennes

L’Inde est une fête permanente. Au fil des mois et des régions, le pays offre une multitude de célébrations, dont certaines incontournables.

94 Karnataka & Télangana

Une terre riche de mythes et de divinités hindoues, au cœur d’une végétation folle.

98 Goa

Un minuscule État à l’aura solaire et à la douceur de vivre irrésistible.

100

Du Tamil Nadu au Kerala

Des Indes tropicales où la contemplation l’emporte. Des contrées d’eau et de rêves qui invitent à ralentir la course du temps.

108 Magazine – Ayurveda

Une médecine millénaire – saluée par les plus hautes instances de santé mondiales –, pour prendre soin de soi.

112

Les îles Andaman

Proche des côtes birmanes, l’archipel se révèle en une Inde édénique et préservée.

114 Contre-culture

Douze figures du “panthéon” indien.

118

Le Sri Lanka

Bourdonnement urbain, temples, architecture moderniste… : un pays aux mille possibilités.

128

Les Maldives

Au beau milieu de l’océan Indien, on s’abandonne à la beauté des lieux, entre ciel pur et lagons émeraude.

132

L’usage du monde

Do you speak hindi, ourdou, népalais, dhivehi ?

Himachal

Arunachal

Pradesh

Pradesh

Chandigarh

PAKISTAN

Ahmedabad

Chhattisgarh

Gujarat

4 Xxxxxxxx
Gange Indus Calcutta Patna Darjeeling Sarnath Bhopal Dharamsala Lucknow Jaipur
Gandhinagar DELHI Leh
Haridwar
ISLAMABAD Bénarès(Varanasi) parcs de Kanha Fort de Bandhavgarh Kota Udaipur Ajmer Jodhpur Jaisalmer Bikaner Agra Gwalior Orchhâ Khajurâho Amritsar Lahore Shigar Gilgit Karimabad Duiker Passu Peshawar Rishikesh
TIBET MYANMAR
Vadodara KATMANDOU THIMPHOU
CHINE
BHOUTAN NÉPAL BANGLADESH
Jammu-et-Cachemire Bihar Jharkand Assam Bengale-Occidental Sikkim Manipur Nagaland Mizoram
Rajasthan Shekhawati
Ladakh Hunza
Madhya Pradesh
Uttar Uttarakhand
Pradesh Cartographie

Port Blair

Îles Andaman

Beach

Chandrabhaga

Odisha

Vishakhapatman

Golfe du Bengale

Kakinada

Madras (Chennai)

Quelques repères

• Vol Paris-Bombay sans escale : environ 8 h 45

• Vol Paris-Malé (Maldives), sans escale : environ 12 heures

• Vol Paris-Leh (Ladakh) via New Delhi : environ 10 heures

• Décalage horaire avec la France

Inde : + 3 heures et 30 minutes (en été)

Maldives / Pakistan :+ 3 heures (en été)

• Population (2023)

Inde : 1,4286 milliard d’habitants

Népal : 30,03 millions d’habitants

Sri Lanka : 21,80 millions d’habitants

Maldives : 575 067 habitants

Nagpur

Warangal

Hyderabad

Eliya

Diu

Nanded

Badami

Bombay (Mumbai)

Colaba

plage de Chowpatty

HubliHampi

Karnataka

Bangalore

Auroville

Pondichéry

Dambulla

Kandy Nuwera

Tanjore

Tamil Nadu

Mysore

Madurai

MALDIVES

Océan Indien Mer d’Arabie

5 Xxxxxxxx
Cochin MALÉ COLOMBO
Galle Ja na
Trincomalee SRI LANKA
Île Havelock
Maharashtra Kerala Goa
Andhra Télangana Pradesh

concierges à travers le monde, dont cinq dédiés à l’Inde/ Sri Lanka/Maldives…, veillent sur vous et exaucent vos souhaits àchaque instant.

Chaque jour, nos conseillers spécialisés par pays ou par région créent des expériences uniques, doublées d’une pléiade de services haut de gamme. Aborder le monde par son envers, dévoiler le véritable visage desdestinations, composer des voyages personnalisés selon les envies de chacun : tel est l’esprit de Voyageurs du Monde.

conseillers, dont 20 experts Inde, Sri Lanka, Himalayas, Pakistan… Passionnés venus de tous les horizons ou natifs du pays, ils sont une formidable source d’inspiration.

100 %

carbone neutre La totalité des émissions de CO2 liées à nos voyages est absorbée grâce à divers projets de reforestation dans le monde.

di érence. Le budget que vous fixez avec votre conseiller sera respecté au plus juste. Une fois votre devis validé, aucuns frais supplémentaires ne sont à prévoir.

arbres plantés chaque jour: une action parmi les nombreux projets environnementaux et humanitaires soutenus par notre fondation Insolite BâtisseurPhilippe Romero.

nationalités représentées chez nos salariés. Une façon d’insu er une vision du monde respectueuse des di érences culturelles.

pays, des grands classiques aux régions plus confidentielles, Voyageurs du Monde peut vous emmener partout sur la planète.

Cités des Voyageurs : 13 en France, 2 en Suisse, 1 en Belgique, 1 à Londres et 2 au Canada. Des lieux accueillants où le voyage commence déjà.

maisons Voyageurs qui racontent chacune une part de l’histoire du pays. Le Steam Ship Sudan et la Flâneuse du Nil en Égypte, la Villa Bahia au Brésil, la Villa Nomade à Marrakech et la Satyagraha House à Johannesburg.

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Voyageurs en Inde

Conciergerie francophone

Installés à Delhi mais opérant sur l’ensemble du sous-continent indien, toujours joignables par téléphone et messagerie instantanée, nos concierges francophones sont de véritables atouts dans un pays qui peut s’avérer déroutant. Réserver un train, trouver la perle rare, démêler une situation…: ils ne sont jamais à court d’idées pour améliorer votre voyage.

Like a friend

C’est l’ami(e) que l’on aimerait avoir aux quatrecoins du monde. Un(e) local(e) qui connaît les lieux comme sa poche. Vivre Delhi, Katmandou, Pondichéry ou Calcutta dans les pas d’un(e) habitant(e), découvrir son quartier de prédilection, ses bonnes adresses… Mais aussi voir la ville sous un angle que vous aurez déterminé en amont: cette rencontre est l’occasion privilégiée d’échanger et de découvrir le vrai visage de l’Inde.

© Richa Kashelkar

Les services Voyageurs du Monde

Ring the bell

Réserver la bonne table, obtenir une visite privée, trouver une baby-sitter: notre conciergerie francophone locale répond in situ à vos envies. Son rôle est aussi d’anticiper vos attentes et de vous suggérer des idées.

Zéro carbone

Pour lutter contre le réchau ement climatique, Voyageurs du Monde participe à des projets de reforestation qui permettent l’absorption carbone sur la totalité des voyages.

Like a friend

Un(e) habitant(e) des lieux propose une balade informelle, adaptée à vos centres d’intérêt. Partageant conseils et bonnes adresses, vous êtes informé sur les mœurs locales. Un moment décontracté et enrichissant.

Assistance 24/24

Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, l’assistance vous aide à trouver une solution aux aléas logistiques, administratifs, médicaux, voire mécaniques. Avant le départ, vous pouvez échanger avec notre médecin Voyageurs.

Fixeur

Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays.

Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.

Dans la poche

L’appli Voyageurs du Monde reprend le déroulé jour par jour de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Intuitive et fluide, elle joue les guides malins en compilant des adresses personnalisées et géolocalisées.

8 invitation au voyage

Bonnes adresses

Disponible via l’appli et dans votre carnet de voyage, cette sélection ajustée à ce que vous aimez pointe au fil du parcours les bons spots par genre (restaurants, boutiques, musées…).

Départ simplifié

Pré-réservation de votre siège, cartes d’embarquement reçues la veille, transferts aéroports sur demande… : vos formalités courantes en un clin d’œil.

Wifi nomade

Même coupé du monde, rien n’interdit de communiquer. Sur certaines destinations, un mini-routeur wifi (ou une eSIM) est mis à votre disposition pour connecter jusqu’à 5terminaux au réseau (1GO/jour inclus).

Fast-track aéroport

À Roissy-CDG, passage prioritaire (enregistrement, contrôles) inclus au départ pour les passagers de vols long-courriers (sur demande au retour). Notre assistance vous accompagne jusqu’à l’embarquement.

Welcome!

Arrivée matinale ou départ tardif, Voyageurs du Monde négocie avec vos hôtels afin que vous obteniez/conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut être prévue.

Accès aux salons lounge

Au départ de CDG, sur tous les vols (sur demande au retour), l’accès au lounge vous est ouvert. Un autre salon peut vous être réservé: les contrôles (police et sûreté) y sont e ectués en privé. Enregistrement, carte d’embarquement et accès direct au pied de l’avion sont organisés pour vous.

Assurance dédiée

Gérer les problématiques d’assurances devient très vite insupportable lorsque l’on subit déjà le stress de l’incident.

L’équipe dédiée Voyageurs du Monde s’occupe des démarches à votre place: réactivité, fluidité et “destress” garantis!

Miles cumulés

Chaque voyage réservé chez Voyageurs du Monde permet de cumuler des miles sur le programme Flying Blue. Un bonus de 1000 miles lors des trois premiers voyages et de 10000 miles à partir du quatrième.

9 invitation au voyage

Le voyage improvisé

Le quotient émotionnel

Décider en temps réel de la suite de son voyage, modifier son itinéraire le jour même, écourter une étape, en prolonger une autre, changer de cap : en Inde, pays d’émotions, Voyageurs du Monde vous propose d’explorer un nouveau concept. En lien direct et permanent, votre conseiller et notre conciergerie francophone sur place vous assistent afin de concrétiser vos demandes, selon ce que vous ressentez (de positif ou négatif) à l’instant T.

© Jérôme Galland
invitation au voyage

Book lovers

Ouvrir un livre sur l’Inde est la promesse quasi certaine de vivre un grand voyage. Car tel son continent, la littérature indienne, à la fois empreinte de merveilleux, de spirituel et de tragique, est vaste. Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.

Poésie

L’O rande lyrique de Rabindranath Tagore Gallimard

C’est en 1910 que le poète indien Rabindranath Tagore (1861-1941) publie pour la première fois L’O rande lyrique, composée alors de 157poèmes. Rééditée en 1913, et allégée, elle est préfacée par lepoète irlandais W.B. Yeats. Cette même année voit Tagore couronné du Nobel de littérature. Plus qu’un recueil de poèmes, cette “O rande” est une longue prière, reformulée encore et encore dans une foi pure, inébranlable, tout entière dédiée à la quête d’un dieu personnel. La mystique à l’œuvre, pourtant des plus indienne, touche à l’universel et emporte inévitablement le lecteur.

Cuisine

We Are Family: recettes indiennes de ma famille de Manish Arora

First Quoi de mieux pour garder le lien avec ses proches et son pays qu’une cuisine familiale, apprise enfant auprès de sa mère ou de sa grand-mère ?

Recueil de recettes autour des délices végétariens du Pendjab, le livre, préfacé par la plasticienne Sophie Calle, est signé du styliste indien Manish Arora. Comme sa mode, ses plats sont ultra colorés: un véritable festival de Holi (la fête des couleurs) et de saveurs.

Roman

Le Dieu des petits riens d’Arundhati Roy

Succès mondial récompensé par le Booker Prize, ce premier roman d’Arundhati Roy signé en 1997 – année du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Inde –possède un sou e littéraire inouï et un imaginaire surpuissant. L’autrice alors âgée de 36 ans y fait le récit, sensible et envoûtant, du quotidien de deux jumeaux de 8 ans confrontés à un drame qui va les séparer. L’histoire se déroule au Kerala, où l’écrivaine vécut ses jeunes années suite au divorce de ses parents. Avant un deuxième roman publié vingt ans plus tard, elle aura écrit plusieurs essais en faveur des causes écologistes, féministes et altermondialistes.

Voyage

Le Tour de l’Inde en 80trains de Monisha Rajesh

Aux Forges de Vulcain

Tel un Phileas Fogg des temps modernes, la journaliste londonienne Monisha Rajesh se lance en 2010 dans unpériple ambitieux à travers l’Inde: voyager, dormir et vivre en train –du plus miséreux au plus luxueux. Durant quatre mois, elle va redécouvrir la terre de ses ancêtres, jusqu’à se redécouvrir elle-même…

Classique

L’Odeur de l’Inde de Pier Paolo Pasolini

Folio

Découvrir l’Inde, même lorsqu’on s’appelle Pasolini, reste un choc culturel et émotionnel profond. L’intellectuel italien, souvent controversé et perçu par certains comme un marginal en Europe, s’y rend en 1961, accompagné des romanciers et amis Elsa Morante et Alberto Moravia. De Bombay à Calcutta, en passant par Delhi et Bénarès, le poète est tout autant impressionné par la beauté et la douceur que par l’extrême misère qui s’abat sur cette terre sacrée. Lui, en lutte contre la bourgeoisie et la société consumériste italiennes… Un ouvrage d’une force évocatrice tenace. Comme une odeur entêtante.

La librairie Voyageurs du Monde

Un passage obligé ! On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller. 48, rue Sainte-Anne, Paris IIe

12 librairie

Culture à la page La puissance des épices

BeenaParadin, autrice culinaire d’origine indienne (elle est née au Kerala, en Inde du Sud, et vit en France depuis son plus jeune âge) et créatrice de la marque d’épicerie Beendi, dit des épices qu’elles sont “un trait d’union avec di érents mélanges et assaisonnements: tomates, gingembre, oignons au nord; lait de coco, feuilles de cari, graines de moutardes au sud”. Seules (curcuma, fenugrec, poivres…) ou en mélange (madras curry, garam masala, tandoori), elles sont présentes dans tous les pays abordés dans cette édition Voyageurs. Elles accompagnent tous les plats, du plus doux au plus spicy, végétariens ou non. Que la cuisine soit d’influence moghole au nord et tamoule au sud, les épices restent une constante. Et c’est dans l’assiette, le thali ou sur une feuille de bananier que le voyage se prolonge. Dans larue également –la street-food étant une pourvoyeuse extraordinaire de saveurs: “comment résister aux pani puri, ces délicieux beignets à base de blé, farcis de pois chiches et arrosés d’eau de tamarin?”, nous dit encore BeenaParadin. Vous n’êtes pas a amé et préférez une boisson ?

Un masala chaï, à base de thé noir, lait entier, cardamome, gingembre, cannelle, poivre noir de Malabar et clou de girofle vous comblera de douceur.

Un petit excès de samossas (beignets farcis) ou d’aloo gobi (un curry indien avec pommes de terre et chou-fleur) ?

Là encore, les épices feront partie de l’équation: misez sur le cumin et l’asafoetida, reconnus pour leurs propriétés digestives. Bref: épicez tout!

© Richa Kashelkar

JOUR DE FÊTE AU PAKISTAN

Il semble toujours là où il faut être.

À 50ans, Matthieu Paley, photographe rouennais, a pourtant parcouru des milliers de kilomètres à travers l’Asie, l’Europe et les États-Unis. Récipiendiaire de nombreuses récompenses, dont le prix World Press Photo 2017, il est un contributeur régulier du National Geographic.

Au Pakistan, il saisit des scènes de pèlerinage et de célébration: tenues colorées, fleurs d’o rande, arbre votif… On se prépare à la fête dans l’une des contrées les plus austères du monde. Et c’est d’une beauté stupéfiante.

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© Jérôme Galland
En Inde, l’hindouisme seul compte 33 millions de divinités !

SACRÉE INDE

Berceau de l’hindouisme, du bouddhisme et du sikhisme, l’Inde ressource, émeut, bouscule et dérange.

Qu’il soit en quête de dépaysement radical ou de retour sur soi, levoyageur y vit une expérience spirituelle à sa mesure.

23
magazine

L’Inde fut presque toujours, pour nous, de l’autre côté –du normal, du visible, du mesurable. C’est en ce sens que les rives du Gange sont malcommodes à situer. Il s’y forme des idées impensables.Voir le Gange tel qu’il est, serait-ce possible? On peut en douter. Il est toujours rêvé, d’une manière ou d’une autre”, écrit le philosophe Roger Pol-Droit. Pour les hindous, tout, des émotions les plus intimes aux révoltes politiques, se vit en lien avec les épopées du Ramayana et du Mahabharata. Les mythes sont le point de référence à travers lesquels se vivent les bonheurs et les malheurs, les passions ou l’approche de la mort; et le sacré est si bien ancré dans le quotidien qu’il est vain de chercher à en tracer les limites. C’est peut-être précisément pour cette raison que l’Inde est tellement nécessaire au voyageur occidental.

Le Gange rythme depuis toujours la vie intérieure de l’Inde. L’emploi du masculin, en français, est trompeur: pour les hindous, c’est “la” Gange, une déesse vivante. C’est une femme-fleuve dont la chute des cieux a été amortie par le chignon de Shiva –qui épargna ainsi à la Terre le déluge. “Si le Gange, fleuve de vie, est le fleuve sacré par excellence, l’eau qui dissout toutes les fautes et lave de toutes les impuretés, c’est parce qu’il est le ciel sur la terre : prendre un bain dans le Gange, c’est prendre un bain dans le ciel”, expliquait l’universitaire et indologue Pierre Amado. Sur ses rives, les villes de pèlerinage et de cérémonie sont investies en foule par les dévots.

Haridwar est située “là où l’empreinte du pied de Vishnou est inscrite dans une pierre” – rappel pour le néophyte, parfois désarçonné par le foisonnement des divinités hindoues: Brahmâ, Vishnou et Shiva incarnent les trois rôles de la Puissance divine. Brahmâ est le créateur des mondes; Vishnou, guide et protecteur, en assure l’ordre; Shiva, identifié au temps, assemble les forces de la destruction et de la renaissance. À Haridwar, donc, nous sommes chez Vishnou.

Éprouver une foi vivante

Rishikesh, c’est la ville des rishis, moines errants, ascètes qui ont fait du renoncement un mode de vie, adorateurs de Shiva. Ici, la visite des ashrams permet de mesurer la frugalité de la vie monacale choisie par les renonçants. Certains ont tout du vagabond hirsute, mais on y croise aussi des Indiens ayant grandi et étudié à l’étranger, yuppies désenchantés qui ont délaissé une carrière prometteuse sur la côte Ouest américaine pour une retraite méditative. Bénarès, ville du dernier rivage, sous l’égide de Shiva, suscite à la fois crainte et fascination. On a vu des centaines de photos –du sâdhu chevelu au contre-jour mystico-pittoresque–, lu des dizaines de textes, Bénarès saisit pourtant au-delà de l’imagination. À Calcutta, à l’aube, non loin du marché aux fleurs du pont Howrah, les pèlerins a uent le long des ghâts pour un bain purificateur.

24 magazine – inde sacrée
© Brian Flaherty
25 magazine – inde sacrée
“Le Gange, fleuve de vie, est le fleuve sacré par excellence, l’eau qui dissout toutes les fautes et lave de toutes les impuretés”, disait l’universitaire et indologue Pierre Amado.
26 magazine – inde sacrée

Dans l’une ou l’autre de ces villes, se mêler aux pèlerins permet d’éprouver une spiritualité vivante. Assister aux o randes au soleil, aux bains rituels, aux méditations muettes, c’est appréhender la foi de façon tangible. La puja est une invocation du dieu, par laquelle les hindous expriment leur dévotion et établissent un lien avec la divinité. Le prêtre, ou pujari, invoque les idoles grâce aux mantras (formules) et mudras (gestes de la main). La puja est suivie de l’aarti, rituel où l’on brandit une flamme face au dieu pour s’en arroger les grâces. Ces deux cérémonies constituent une expérience remuante –émouvante toujours, bouleversante parfois.

Soin ayurvédique ou oasis signée Le Corbusier ?

Le voyageur peu enclin au bain de foule préférera s’adonner à une expérience d’un tout autre genre, mais non dénuée d’une dimension spirituelle: décrite il y a cinq milleans dans les vedas, l’ayurveda est ancrée dans l’hindouisme. Au Kerala ou dans les Himalayas, une retraite ayurvédique permet de ressourcer en profondeur corps et esprit.

Les férus d’architecture partiront eux en quête de sacré à Chandigarh. La ville rêvée du Corbusier est une oasis de béton brut et de végétation au cœur des plaines nues du Penjab. Pour créer sa cité idéale, LeCorbusier a puisé autant dans la spiritualité indienne que dans sa mythologie personnelle. Chandigarh est comme une Inde inversée où l’ordre urbanistique l’aurait emporté sur le désordre des choses.

Du temple d’or sikh au refuge du Dalaï-lama Si, avec près de 1milliard de fidèles, l’hindouisme est de loin la religion majoritaire, le voyage en Inde permet aussi des incursions du côté du sikhisme et du bouddhisme. Au Penjab toujours, Amritsar, la ville sainte des sikhs, est hyper bruyante, congestionnée et polluée, mais son temple d’or est une bulle hors du temps. De l’aube à la nuit, les fidèles déambulent par centaine sur le pourtour du sanctuaire. Ils vont pieds nus sur le marbre, turban noué sur le crâne, bercés par la psalmodie des prêtres, litanie enveloppante qui invite au vertige.

À Dharamsala, sur les contreforts de l’Himalaya, on peut visiter le refuge du Dalaï-lama et siège du gouvernement tibétain en exil. Au temple, on aperçoit une nuée de jeunes moines en robes rouges sacrifiant aux prosternations rituelles. Le Tibet dont tous rêvent ici est à l’œuvre au sein de la communauté voisine qui prend en charge l’éducation des enfants, orphelins ou dont les parents sont restés au pays. Avec l’espoir qu’un jour ils soient libres de vivre leur spiritualité, au Tibet.

VOYAGEURS DU MONDE

Vous souhaitez profiter de votre voyage pour approcher l’Inde spirituelle ?

Visiter un ashram, rencontrer un prêtre hindou, un moine bouddhiste ? Parlez-en avec nos spécialistes.

27 magazine – inde sacrée

Le Pakistan

Archipel des Tuamotu

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

Temples, mosquées, jardins et maisons de thé, Lahore est la plus belle des villes du Pakistan. Et sur la route du Karakoram, qui s’en va vers la Chine, Hunza, irriguée par l’eau des glaciers, est une vallée heureuse, isolée, parmi les plus hauts sommets du monde.

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RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI
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LAHORE — ISLAMABAD — SHIGAR KATPANA — KARIMABAD — DUIKER © Matthieu Paley

Si tu n’as pas vu Lahore, tu n’as pas vu le monde”, dit un proverbe pakistanais. À Lahore, on voit des temples hindous, des temples sikhs, des édifices du Raj britannique. On voit surtout son fort moghol et ses merveilleux jardins de Shalimar. Et des mosquées constellées de mosaïque, des hammams, des maisons de thé…: en visite dans la ville en 2018, ladirectrice du musée Guimet, à Paris, estimait que son patrimoine rivalise avec celui de Samarcande (Ouzbékistan) et Ispahan (Iran), c’est dire! Et si Lahore a longtemps négligé ses trésors, de vastes programmes de rénovation ont été mis en place avec le concours de l’Aga KhanIV, philanthrope éclairé, qui redonnent à la ville sa splendeur d’antan.

Karimabad et les descendants d’Alexandre leGrand D’Islamabad, un vol pour Gilgit, et on prend la route pour Shigar. Et quelle route! La mythique Karakoram Highway (“KKH” ou N35), la plus haute voie carrossable au monde, relie le nord du Pakistan au sud-ouest de la Chine dans un univers de roc et de glace –elle culmine en certains points à 5000mètres d’altitude. On traverse le désert de Katpana et ses dunes blanches qui s’étendent entre des montagnes noires. Et la jeep trace sa route dans les premiers contreforts verdoyants de la chaîne himalayenne, avant de pénétrer dans des gorges de plus en plus enserrées. Le ruban asphalté accroché au roc épouse l’étroitesse des vallées et se faufile dans les ravins. On croise de loin en loin des camions multicolores, carrossés de métal martelé. Harnachés comme les dromadaires de la route de la soie, ils convoient depuis les plaines du Punjab les objets d’une civilisation longtemps ignorée de ce territoire de hautes cimes –10000kilomètres carrés peuplés de quelque 70000habitants, d’ours bruns et de léopards des neiges. “Nous sommes les descendants d’Alexandre leGrand” – à Karimabad, ancienne capitale du petit royaume haut perché, les villageois

à la peau claire et aux yeux verts revendiquent leur filiation avec le héros, passé ici vers l’an327 avant notre ère. Subjugués par la beauté des lieux, certains des o ciers d’Alexandre auraient même jeté leurs armes pour fonder les villages de la Hunza. Dans ce havre de paix où règnent l’ouverture à l’autre et l’hospitalité, on y croit volontiers: les habitants de cette vallée heureuse accueillent le voyageur chaleureusement. Ismaéliens, ils pratiquent un islam tolérant, tel que prôné par leur chef spirituel l’Aga Khan, qui a ouvert ici une centaine d’écoles –la vallée a che le plus fort taux de scolarisation du pays.

Hunza, une oasis au milieu

d’un désert de pierres Si peu de vallées de l’Himalaya sont aussi arides, les glaciers font de la Hunza une oasis au milieu d’un désert de pierres; leur eau vive donne vie à des jardins d’abondance. Le flot capté à 4000mètres d’altitude s’écoule par des canaux de plusieurs dizaines de kilomètres, taillés à même la paroi. Des assemblées locales, les jirgas, assurent un partage équitable de l’eau, répartie entre parcelles d’orge et de sarrasin, jardins maraîchers et vergers, ordonnés en terrasses. Au printemps, les abricotiers aux troncs noueux se déclinent en mille nuances de mauve.

À Duiker, l’un des villages les plus hauts de la Hunza, les vergers en fleurs laissent la place aux sommets enneigés –les yaks paissent au bord de la route. La splendeur des sept hauts sommets coupe le sou e, littéralement –le Rakaposhi culmine à 7 788 mètres d’altitude. Et on poursuit un peu plus loin pour admirer Passu et Batura, deux des cent trente-cinqglaciers qui donnent au Karakoram son surnom de “troisième Pôle”: un éblouissement.

VOYAGEURS DU MONDE

Votre voyage au Pakistan repose sur une logistique imparable. Grâce à notre réseau local, vous serez bien accompagné.

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In the mood

Lahore, cité aux multiples influences –moghole, sikh, puis britannique–, bouillonne!

Après une journée consacrée aux visites traditionnelles et historiques, suivez votre like a friend pour une immersion dans une ville qui sait vivre avec son temps Tandis que vous goûterez aux exquises saveurs pakistanaises dans le très réputé restaurant Andaaz, les plus vaillants iront se défouler dans les bars underground qui étonnent par leur scène électro pointue. Perché dans les hauteurs d’Islamabad, vous passez la soirée chez Monal, ambiance de folie et panorama à couper le sou e, c’est LE repaire où aime se retrouver la jeunesse branchée pakistanaise. Les plaines de Deosai, dans les territoires de Gilgit-Baltistan, offrent la promesse d’une déconnexion totale : de vertes collines couvertes de fleurs sauvages, des sessions de pêche à la truite et aucun réseau téléphonique. Isolée dans le nord du pays, parmi les plus hauts sommets du monde, la vallée de Hunza cultive l’abricot et de mystérieux montagnards centenaires.

PLACE TO BE

Dans la si moderne Islamabad ou aux pieds des sommets ismaéliens, à Shigar ou Gilgit, vous optez pour les Serena Hotels, hébergements époustouflants de simplicité et de ra nement. Ces demeures historiques sont d’anciens forts restaurés avec goût par l’Aga Khan.

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Le Ladakh

Terre farouche

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© Tiphaine Caro

Khardung La, 5600mètres. L’un desplus hauts cols carrossables du monde. Une passe que l’on atteint avec une facilité déconcertante grâce aux routes entretenues et dégagées par l’armée. Le “pays des hauts cols” que redoutaient les caravaniers s’explore en toute saison. Aux beaux jours, à moto, à l’assaut des épingles et à travers d’odorants abricotiers et amandiers en fleurs. L’hiver, sur la surface diaphane d’un fleuve gelé, et sur la trace, fugace, de la panthère des neiges. Suivant le cours du fleuve Indus, la route de la soie a fait du Ladakh un lieu de passage. Les caravanes y ont transporté des denrées, des croyances, des arts. Mais dans les villes ancestrales aux maisons d’adobe, les trekkeurs ont remplacé les marchands des extrêmes. Les chameaux de Bactriane sont restés, trouvant dans les dunes blanches de la vallée de la Nubra le calme dont ils avaient besoin.

Dans le Changthang, l’un des plus hauts plateaux désertiques du monde, on fait d’autres rencontres. Celle des nomades Changpa et de leurs yaks et chèvres pashmina qu’ils élèvent depuis des siècles dans cet environnement rocailleux et battu par les vents –une vie au très grand air. Oncompte alors sur la protection de Bouddha et sur le dévouement monastique.

Comme au Tibet, le bouddhisme ladakhi s’habille de pourpre et s’incarne en emphatiques gompas, construits toujours plus haut. Le monastère de Lamayuru, leplus ancien de la région, s’accroche depuis le XIe siècle à son décor gris-beige. De celui d’Alchi émane une indéniable influence cachemirie. Ses fresques millénaires représentant Bouddha, malgré le passage du temps, restent splendides.

À Thiksey, le plus vaste de tous, accueille, fait rare, des femmes parmi les moines. De l’un à l’autre, les randonnées prennent des airs de pèlerinages et une dimension épique, sans être réservées aux premiers de cordée. Du parc national de Hemis à la vallée de Sham, des rues ocre de Leh au lac azur de Pangong Tso, on fait la course avec les nuages, les aigles gri ons et les barhals. Le panorama, grandiose, n’est qu’horizon infini de crêtes enneigées qui, perdant de l’altitude, se fondent en flancs bruns, roses, violets et mauve, sculptés par l’érosion. On marche sur le toit du monde.

VOYAGEURS DU MONDE

Glamping dans la vallée de la Nubra, visite privée de Leh, randonnée vers le monastère de Thiksey… : le Ladakh dans toutes ses dimensions.

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Aux confins septentrionaux de l’Inde himalayenne, ce territoire descend rarement sous les 3000mètres d’altitude. Ici, chaque preuve de vie est un miracle et chaque montagne semble tutoyer les dieux.

Le Népal

Archipel des Tuamotu

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

Au pied de ses sommets altiers, le pays révèle collines verdoyantes, vallées accueillantes, eaux vives et lacs lumineux où se reflètent les névés. Des paysages grandioses qui, comme toute chose en ces terres célestes, semblent dotés d’un supplément d’âme et de sérénité.

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RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI
BANDIPUR
POKHARA GORKHA — BHAKTAPUR — DHULIKHEL — TERAI
KATMANDOU —
© Hotel Happy House

VÉNÉRER

Ici, bouddhisme et hindouisme imprègnent la vie entière, s’incarnant partout en petits tas de pierres, drapeaux colorés et sanctuaires prodigieux dédiés à Vishnou, Krishna ou Lakshmi. De Pokhara à Gorkha, des crêtes aux piémonts, les dieux ont inspiré des merveilles d’art et d’architecture. Katmandou en veut pour preuve le Swayambhunath, dôme immaculé dont la tour dorée a che un regard omniscient.

MÉDITER

Parce qu’il règne dans tout le pays une atmosphère d’absolue sérénité, l’appel des pratiques holistiques est presque une évidence. Inspiré par la beauté stoïque des montagnes et le silencieux dévouement monastique, on se laisse guider sur le chemin de l’éveil, s’initiant à la méditation le temps d’uneheure ou d’une retraite. Dans le cadre paisible de Dhulikhel et du monastère perché de Thrangu Tashi Yangtse, par exemple.

RENCONTRER

Territoire multiethnique, le Népal fait cohabiter les peuples, les langues, les cultures. L’art et l’artisanat sont de beaux prétextes à la rencontre: couteaux khukuris, moulins à prière, bols “chantants” tibétains… Uneassociation de Pokhara promeut et préserve l’artisanat népalais. ÀBhaktapur, on pousse la porte d’uneécole enseignant l’art ancestral du thangka, rouleau de tissu sur lequel sont peints des motifs religieux.

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MARCHER

La tête dans les nuages, les sommets himalayens fascinent. Certains, hypnotisés, font de l’Everest et des Annapurnas leursgraals. Pourtant, ces géants n’ontpas le monopole népalais du trek et de plus basses et accueillantes altitudes font un cadre merveilleux à la randonnée.

Ainsi, la région de Bandipur, située autour de 1100mètres, n’o re-t-elle pas moins des panoramas splendides.

FAIRE UN SAFARI

Au cœur de la région du Terai, le parc national de Chitwan surprend par son climat subtropical et sa végétation luxuriante. Il s’y épanouit une faune insoupçonnée: rhinocéros, crocodiles, daims tachetés, gaurs et gentes ailées multicolores. Le safari permet aussi de se lancer sur les traces du tigre du Bengale.

SE DÉFOULER

Entre Katmandou et Pokhara, loin des camps de base et du trek, le Népal révèle un autre visage sportif.

Là, avec le Machapuchare et les Annapurnas pour toile de fond, on part à l’aventure: VTT, tyroliennes, rafting et même canyoning à fleur de cascade. Au moment de prendre de la hauteur, le parapente s’envisage à Bandipur comme une alternative joyeuse à l’himalayisme.

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Le Bhoutan

Ce royaume miniature aux aspirations écologiques immenses a longtemps vécu hors du monde, cultivant un bouddhisme ancestral et un mode de vie dont la qualité se mesure en “bonheur national brut”.

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THIMPHOU — PUNAKHA — PARO GANGTEY — PHOBJIKHA — BUMTHANG

Le monastère de Taktshang, à près de 3 000 mètres de hauteur, est l’un des sites les plus vénérés du bouddhisme himalayen.

©
Romain Laprade

Le goût du voyage

Se mesurer à un Bouddha géant

Haut de 52 mètres, en bronze et doré à l’or, le Bouddha Dordenma est le plus grand du monde.

Au sud de Thimphou, assis en lotus, il invite à la méditation autant qu’à la fascination : il contient plus de cent mille statuettes de Bouddha, elles aussi dorées à l’or…

Un tour à la bibliothèque

Créée en 1967 pour promouvoir et préserver le patrimoine culturel et religieux du Bhoutan, la bibliothèque nationale abrite photos et manuscrits anciens (l’un date du VIIIe s.). Elle accueille aussi une galerie d’art contemporain où exposent de jeunes Bhoutanais.

Visiter la réserve du takin

Mi-chèvre, mi-vache, le takin est l’animal emblématique du pays.

Près de Thimphou, la réserve Motithang Takin Preserve permet de l’observer, lui et d’autres espèces de la région, dans un bel écrin verdoyant, à seulement quelques kilomètres (environ cinq) de la capitale.

Le festival des grues à cou noir

Ce petit pays plein de sagesse sait aussi festoyer. Chaque mois a son lot de célébrations. Le festival des grues à cou noir, qui a lieu en novembre au monastère de Gangtey, marque, au rythme de danses mimant leur vol gracieux, le retour pour l’hiver de ces oiseaux chéris en voie de disparition.

Tester l’ema datshi national

Parmi les plats les plus connus de la cuisine bhoutanaise, l’ema datshi est aussi l’un des plus savoureux. Sorte de ragoût à base de fromage au lait de yak ou de vache, de piments, d’épices et d’oignons, il est servi avec du riz rose et/ou des lentilles jaunes.

© Romain Laprade

De Thimphou à Punakha

1974. Le Bhoutan s’ouvre au monde. Les premiers voyageurs y découvrent une enclave himalayenne creusée de glaciers, de rivières et de vallées. Un pays couvert à 70 % de forêts, protégées par la Constitution –royaume paisible où les taxes exigées aux visiteurs, bouclier au tourisme de masse, financent l’éducation et la santé. Dépourvu de routes – et de voitures – jusque dans les années 1960, le Bhoutan connaît au XXIe siècle ses premiers embouteillages. Mais sous les drapeaux de prière multicolores, peu de feux de signalisation pour réguler letrafic de Thimphou, capitale de poche perchée à 2400mètres. On y découvre lepremier d’une longue série de dzongs, monastèresforteresses typiques bâtis dès le XIIe siècle. À Thimphou, l’artisanat est au cœur du quotidien: la ville abrite uncentre de tissage et une usine de papier traditionnel; l’institut Zorig Chusum y enseigne les treize arts du Bhoutan, dont labroderie et la charpenterie. Mais dans les rues, kira (le vêtement des femmes) et gho (la robe des hommes) croisent jeans et baskets. Plus de mille mètres plus bas, dans la vallée de Punakha, ladouceur du climat surprend. Au printemps, rhododendrons, lauriers et magnolias exhibent leurs fleurs par milliers, comme un hommage à Shabdrung Ngawang Namgyal (1594-1651), fondateur du Bhoutan, dont le corps repose dans l’un des plus vieux dzongs du pays. À la confluence des rivières Pho Chu et MoChu, on ne peut nier à ce glorieux parangon d’architecture nationale une aura toute sacrée. Mais c’est à Paro que se trouve le cœur spirituel du pays. Accroché à flanc de montagne, à près de 3000mètres, lemonastère de Taktshang ou Tiger’s Nest (“Nid du tigre”) est l’un des sites les plus vénérés du bouddhisme himalayen. Le Guru Rinpoché y serait arrivé à dos de tigresse. Visiteurs et pèlerins le rallient, eux, en marchant vers le ciel. En contrebas, le dzong de Paro prête sa cour au Tsechu, l’un des nombreux

festivals annuels qui voient lesmoines, masqués et parés de mille couleurs, réinterpréter la mythologie bouddhiste à grands renforts de danses et tournoiements envoûtants.

Gangtey et le Bumthang

Toujours plus à l’ouest, dans l’étroite vallée de Gangtey, les maisons aux toits de bois et de lauze et aux murs blancs s’agrippent à des pentes abruptes. Des panneaux de bois sculpté cachent des échoppes pittoresques. La ville entière semble vivre au rythme du Gangtey Gompa, plus grand monastère nyingma du pays. Cette ancienne vallée glaciaire, véritable sanctuaire du vivant, abrite, à l’orée du parc national des Montagnes Noires, ours, muntjacs, sambars, renards et léopards. On vient en prendre plein les yeux et l’âme: certains y font une halte méditative, tentant au contact des moines de gagner en sagesse.

Le col de Pele La, à 3500mètres, marque lafrontière entre vallées occidentales et orientales. Par temps clair, il o re une vue superbe sur la chaîne himalayenne et le Jomolhari, géant de plus de 7 300 mètres. On pénètre alors dans le merveilleux Bumthang, territoire de vallées encaissées et de villages jouant à cache-cache avec la brume. Perpétuant l’art du tissage, les femmes y filent la laine de yak qu’elles transforment en yathras flamboyants. Les monastères d’ici figurent parmi les plus anciens du pays, et les plus vivants. Au milieu d’un fourmillement intense de moines et fidèles, on tente de graver dans sa mémoire l’intérieur grandiloquent des dzongs, que nul n’a le droit de photographier. Le Bhoutan sait garder ses secrets.

VOYAGEURS DU MONDE

Hauts lieux du bouddhisme, adresses d’exception, guides privés, treks itinérants, rencontres et séances de méditation : votre conseiller façonne un voyage à votre image.

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In the mood

Au printemps, vous parcourez les vallées roses du Bhoutan, vous traversez ses rivières, admirez ses glaciers. Tous les paysages sontmajestueux ici. Vous séjournez dans une maison traditionnelle et visitez d’innombrables monastères blancs àflanc de montagne pour vous initier ou bien juste comprendre les profondeurs de la pensée bouddhiste Feu de cheminée, balade au grand air, soin enveloppant et régénérant, yoga, festival de danse sacrée, esthétisme, sérénité, dégustation de thés Vos journées sont doucement rythmées et filent dans une atmosphère apaisante. Un véritable retour aux sources.

PLACE TO BE

Incroyablement situé sur une colline de pins, le Como Uma Paro (1) o re l’expérience unique d’un monde préservé tourné vers le bien-être. De leurs côtés, les cinq sublimes lodges Aman (2) et les cinqhôtels Six Senses règnent en parfaite harmonie sur le royaume du Bhoutan.

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Le Sikkim Dernier Shangri-La?

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© Romain Laprade

Ancien royaume de l’Himalaya, à la croisée du Népal, du Tibet et du Bhoutan, ce minuscule État indien étonne par sa culture singulière et son engagement écologique, révélés au hasard de monastères bouddhistes, plantations de cardamome et ermitages perchés.

Premier contact avec le Sikkim, la route reliant Darjeeling à Pelling révèle déjà, au loin, la silhouette du Kangchenjunga, géant de 8598mètres sur lequel semble se lever un soleil plus lumineux que tout autre. L’horizon, enneigé ou verdoyant, n’est que montagnes à perte de vue. Rien n’est plat au Sikkim. Mais les peuples, résilients, se sont adaptés, et villes, glaciers et lacs d’altitude se rallient aisément par la route ou de courtes randonnées.

Dans le sud, les monastères de Sanga

Choeling (XVIIe siècle) et Pemayangtse –à la bibliothèque troisfois centenaire–témoignent de l’architecture délicate héritée du Tibet. À Gangtok, capitale aux rues penchées, la culture tibétaine prend d’autres formes. Celle, notamment, d’un Institut de tibétologie réputé dans le monde entier, rassemblant de précieuses collections de manuscrits, statuaires et thangkas. Chères à Alexandra David-Neel, langue, traditions et religion sont ici des sujets de recherche. On en ressort grandi. Le monastère de Phodong instruit, lui, par l’art depuis le XVIIIe siècle. Ses fresques aux motifs tantriques courent du sol au plafond, illustrant les di érentes étapes de l’enseignement de Bouddha –les couleurs, flamboyantes, transmettent mille émotions.

Le marché matinal, tout en saris soyeux et tissus chatoyants, fait lui aussi vibrer les sens, imprimant sur l’âme des énergies positives, distillant dans l’air le parfum subtil de la cardamome cultivée ici avec application. Au cœur des montagnes, de miraculeuses cultures en terrasses et plantations de thé ont réussi à dompter les versants abrupts. Et aux abords de la cosmopolite Kalimpong, on découvre des terres riches plantées de micas, de pins, d’azalées arborescentes et d’orchidées multicolores.

Conscient de sa fortune, le petit État, couvert pour moitié de forêts, a pris des mesures pionnières, bannissant très tôt plastiques intempestifs, pesticides et engrais chimiques. Certains voient en ces contreforts himalayens le dernier Shangri-La, paradis légendaire d’où jaillissent les sources du bonheur. Àraison?

VOYAGEURS DU MONDE

Visite privée du monastère de Rumtek, déjeuner avec un spécialiste du bouddhisme tibétain, spa face aux sommets de l’Himalaya, apprentissage de la culture du thé : un Sikkim essentiel.

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LE PÈRE DU YOGA MODERNE

Si le lien entre Inde et yoga semble évident, la pratique telle qu’on la connaît en Occident ne serait pas la même sans Tirumalai Krishnamacharya. Portrait d’un yogi hors normes.

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© Krishnamacharya Yoga Mandiram
Krishnamacharya (1888-1989), le maître de tous les maîtres du yoga contemporain.

Sur terre, sur l’eau, dans les airs, sur les réseaux: le yoga ne connaît pas de frontières. Quel que soit le style choisi - hatha, ashtanga, vinyasa, Iyengar, power yoga…–, les bienfaits de la pratique unissant le corps et l’esprit sont aujourd’hui largement reconnus et partagés. Un long cheminement depuis les origines (environ 5 000ans) de ce système philosophique provenant du nord de l’Inde, jusqu’aux studios qui fleurissent à travers le monde.

Sans doute l’histoire contemporaine du yoga serait-elle di érente sans l’intervention d’un homme disparu en 1989, après un siècle d’existence vouée à la maîtrise et la di usion de ses connaissances: Tirumalai Krishnamacharya, né en 1888 au sein d’une famille de brahmanes tamoules de l’actuel Karnataka.

À 16 ans, le jeune homme fait un rêve: son ancêtre Nathamuni –auteur de textes majeurs sur le rôle du yoga comme outil de guérison, et son adaptabilité selon l’âge et le sexe– l’invite à suivre ses pas.

De Mysore au Tibet

Le jeune yogi se destine alors à redorer un pan de culture indienne ancestrale dont la connaissance et la pratique connaissent un fort déclin. À 21ans, il étudie la grammaire du sanskrit (vyakarana) et la logique (tarka), les textes fondamentauxde l’hindouisme (Vedas, Upanishads, Bhagavad-Gita) et obtient le titre de “Veda Kesari” (connaissance des vedas) à l’université de Mysore. Quelques années plus tard, il réussit avec succès les examens de Samkhya et de Yoga sous l’autorité de Sri Baba Bhagvan Das, un célèbre yogi qui l’invite à rejoindre le Tibet pour suivre l’enseignement des Yoga-Sûtra. En 1914, après avoir obtenu l’autorisation de quitter l’Inde auprès du vice-roi (à qui Krishnamacharya a permis, grâce au yoga, de soigner un diabète), il gagne une grotte tibétaine où l’attend son futur maître. Durant plus de septans, l’ermite Rama Mohan Brahmachari forme son élève aux exercices les plus avancés (celui-ci devient capable de ralentir jusqu’à

l’arrêt les battements de son cœur) et aux techniques thérapeutiques. Mémorisant dans les moindres détails le Yoga-Sûtra et le Yoga-Kurunta (texte népalais), Krishnamacharya y puise les fondements de son yogaadaptant asanas (postures) et pranayamas (techniques de respiration) aux besoins de chacun. En retour, le maître demande à son élève de “retourner vers le monde, se marier et transmettre le message du yoga”.

Disciple, maître, disciples

Krishnamacharya s’exécutera, mais pas avant de parfaire son apprentissage. À 36 ans, il est diplômé des plus grandes écoles de philosophie du pays, également reconnu pour ses connaissances aiguisées en ayurveda, astrologie, musique et pour sa maîtrise de plusieurs langues. Au cours des années 1920, le yoga trouve en Inde son second sou e. Notamment grâce à des personnalités comme Swami Kuvalayananda, fondateur d’un centre de recherches sur le yoga, qui initiera, entre autres, le Mahatma Gandhi. Au même moment, Krishnamacharya développe une méthode consistant à enchaîner les asanas selon un ordre fixe et cadencé en séquences dynamiques (vinyasa) suivant le rythme de la respiration, s’aidant au besoin d’accessoires (briques, chaises, cordes). Il pose ainsi, entre 1925 et 1950, les fondements du yoga contemporain, prenant en compte l’individu dans son intégralité et rejetant toute forme de discrimination et d’austérité. Ses démonstrations et conférences ravivent l’intérêt à travers le pays. Parmi ses nombreux élèves, certains noms: Pattabhi Jois, B.K.S. Iyengar (un de ses neveux), Desikachar (un de ses deux fils) et Indra Devi qui initieront à leur tour les grands courants du yoga moderne.

VOYAGEURS DU MONDE

Que le yoga soit la raison première de votre voyage ou un simple fil rouge, nos conseillers vous aident à définir les meilleures étapes, trouver les adresses qui vous correspondent.

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Paradis de yogis

Cinq retraites dorées pour perfectionner ses asanas et se ressourcer.

SwaSwara, Gokarna

Niché au-dessus de la plage d’Om Beach (Gokarna), le SwaSwara s’inspire de l’architecture traditionnelle konkani. Les 24villas respirent au rythme de la nature environnante. Le lieu propose divers programmes axés sur la méditation, le yoga et l’ayurveda.

Shreyas Retreat, Bangalore

Cette bulle de tranquillité o re des programmes riches: yoga, yoga nidra, pranayama, dharana (concentration), dhyana (méditation)… Soins ayurvédiques et nourriture végétarienne complètent votre ressourcement.

Six Senses Vana, Uttarakhand L’architecture du lieu et le cadre luxuriant gardé par les singes et les papillons invitent immédiatement à sou er et à se reconnecter. Traitements tibétains et ayurvédiques s’ajoutent auxséances de yoga, entièrement personnalisables.

Ananda in the Himalayas, Rishikesh

Installé dans un palais de maharaja posé au milieu de jardins, un lieu unique où il est possible de méditer dans un temple avant les premières salutations au soleil. Tous les programmes proposés sont adaptés à chaque niveau. En outre, il o re des vues superbes sur la vallée du Gange et les contreforts de l’Himalaya.

Niraamaya Retreats, Kovalam

Posé au-dessus de la mer d’Arabie, dans une cocoteraie égrainant de petits cottages, le Niraamaya exprime la quintessence du bien-être en Inde du Sud. Votre consultation avec le yogaguru et le médecin ayurvedique détermine, de l’assiette aux soins, le meilleur équilibre pour vous.

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Six Senses Vana

Héritiers et passeurs

Quatre disciples de Krishnamacharya à l’origine des grands courants du yoga contemporain.

Pattabhi Jois (1915-2009)

Père de l’ashtanga yoga, Pattabhi Jois en a initié son développement dans les années 1970 en voyageant aux États-Unis et en Europe. Une pratique qu’il a transmise à ses enfants et petits-enfants, dont Sharath Jois, aujourd’hui à la tête du Sharath Yoga Centre, anciennement K. Pattabhi Jois Ashtanga Yoga Insitute (KPJAYI).

B.K.S. Iyengar (1918-2014)

Grand maître de l’alignement, B.K.S. Iyengar a donné son nom à une pratique exigeante utilisant des accessoires (cordes, briques…). Formé par Krishnamacharya, son oncle par alliance, il ne cessera de faire évoluer la précision des postures et des méditations ainsi que la yogathérapie. Son best-seller, Light on Yoga, et sacomplicité avec l’un de ses élèves, le violoniste Yehudi Menuhin, ont contribué au rayonnement de son enseignement en Occident.

Desikachar (1938-2016)

Fils de Krishnamacharya, T.K.V. Desikachar est à l’origine d’un courant du viniyoga directement inspiré du yoga paternel. Ingénieur de formation, il rejoint les rangs de son père sur le tard. Il fait connaître sa propre approche, à la fois holistique et thérapeutique, à partir des années 1970 à travers de nombreux voyages et livres.

Indra Devi (1899-2002)

Née Eugénie Peterson, à Riga, la première femme occidentale autorisée à suivre l’enseignement de Krishnamacharya dans les années 1930 ouvre d’abord un studio à Shanghai, puis à Hollywood en 1947. Mettant en avant ses bienfaits sur la santé et le bien-être, son yoga postural, adopté par des stars telles Marilyn Monroe et Greta Garbo, devient vite populaire aux États-Unis.

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Indra Devi (debout). B.K.S. Iyengar. En sanskrit, la salutation au soleil se dit “surya namaskar” (ou “namaskara”). © Aman Hotels

Delhi

Elle fut la capitale de deux empires –moghol et britannique– avant de devenir celle de l’Inde indépendante. Ses quelque 25millions d’habitants lui insu ent l’énergie des mégalopoles. Delhi incarne l’Inde en marche.

NIZAMUDDIN — SHAHPUR JAT — HAUZ KHAS VILLAGE — MEHRAULI 52
© Liam Baldock

Des mausolées de l’Empire moghol aux colonnades blanches de l’Empire britannique, la capitale indienne est une ville d’Histoire. Pour entrevoir l’Inde soufie en son cœur, on rejoint le sanctuaire du mystique Hazrat Nizamuddin. On parcourt un enchevêtrement de ruelles, cour des miracles où se côtoient pèlerins et musiciens, dans un désordre d’échoppes de fleurs, de livres et d’images pieuses. Dans l’espace ouvert du mausolée de marbre blanc, on se mêle à une foule d’hommes, de femmes et d’enfants aux yeux de khôl –musulmans, hindous, sikhs, chrétiens se rassemblent dans la dévotion au saint. Pétales de rose, e uves d’encens, psalmodies d’ivresse et d’amour, mélopée des qawallis, extases et transes: on éprouve ici la vivacité de rituels millénaires.

Esprit “Rajbritannique” et quartiers trendy de créateurs

À quelques minutes de là, à l’Imperial Hotel, sur l’ancienne avenue de la Reine, quelque chose demeure de l’esprit du Rajbritannique. Les hautes façades Artdéco du palace sont gardées par des majordomes en livrée blanche.

C’est là, dans un décor de marbres et de boiseries d’acajou, d’estampes précieuses et de gravures XVIIIe, que, depuis près d’un siècle, le ToutNew Delhi se retrouve à l’heure du high tea. Au café 1911, on sirote un thé noir dans une ambiance feutrée – et il nous semble apercevoir Gandhi en conversation avec Nehru.

Mais la mégalopole aux 25millions d’habitants pulse aussi d’une énergie toute contemporaine. Pour se mettre à son diapason, il faut aller au sud. Shahpur Jat, ancien village maraîcher avalé par la ville, est aujourd’hui un repaire de créateurs et de designers indiens, français ou new-yorkais, qui l’ont choisi pour ses loyers abordables et ses airs de village –loin des grandes artères de NewDelhi, le quartier abrite encore des havelis traditionnelles. Les nouveaux arrivants se sont alliés aux brodeurs, tisserands et teinturiers dont les éto es débordent des étals. Leur créativité, boostée par l’e ervescence et la couleur de la ville, vient twister les précieux savoir-faire des artisans. Au fil de ses ruelles étroites, le quartier abonde d’ateliers et de boutiques de mode. Un peu plus loin, Hauz Khas Village. Ses disquaires, bars et galeries d’art aimantent une jeunesse dorée avide de liberté. Dans les vastes étendues du Deer Park, ancien domaine de chasse des sultans, les amoureux s’enlacent, cachés des regards par les dômes brisés des madrasas. Hauz Khas est aussi un haut lieu de la nuit delhiite, qui voit au crépuscule les toits-terrasses s’animer d’une foule cosmopolite et mondialisée.

VOYAGEURS DU MONDE

Visite privée de Old Delhi , éclairage sur le soufisme, expositions d’art contemporain et parcours street-art, noctambulisme à Mehrauli : découvrez Delhi sous tous ses angles.

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In the mood

Transfert privé à l’arrivée, on s’enfonce dans les sièges profonds d’une rutilante voiture vintage reconditionnée: motif Paisley, chau eur aux mille anecdotes et à l’accent chantant, coup de volant a ûté. En route pour le cœur vibrant du Old Delhi : le bazar de Chandni Chowk ! À même le sol, profusion de curry, de carvi, de feuilles de cari, de piments, de gingembre et de tamarin… Bienvenue à Khari Baoli, le grand marché d’épices d’Asie.Les avenues de Lodhi Colony valent le détour.

Sur les murs s’égrainent des fresques street-art aux sujets variés: bouleversement climatique, lutte des femmes pour l’égalité ou légendes du folklore rural indien. Puis, direction le quartier ultra branché d’Hauz Khas Village. Les voyageurs mélomanes et cinéphiles s’arrêteront à la boutique Cottage of Arts and Jewels, repaire où dénicher vinyles et posters mythiques du cinéma bollywoodien. Le soir, le tout-Delhi se retrouve dans le quartier de Mehrauli, chez Lavaash, restaurant arménien ra né, avant d’aller déguster quelques cocktails relevés chez Dear Donna.

PLACE TO BE

Très beau, l’hôtel Anvaya, au sud de Delhi, est un sanctuaire élégant à l’esprit durable cerné de nature et en totale harmonie avec elle.

Légendaire et incontournable: The Imperial, son histoire, son luxe déployé, son bar tamisé où siroter un whiskey boisé, sa collection d’art colonial unique.

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La vallée du Gange

Les rives du fleuve des fleuves voient se succéder des cités aux visages singuliers. La vallée du Gange est un voyage saisissant dans le passé et le présent de la civilisation indienne.

Ganga est une déesse capricieuse. Dépêchée contre sa volonté sur Terre par son père, pour purifier et consoler, et fâchée de devoir quitter les cieux, elle menace d’engloutir l’humanité tout entière. Pour contenir sa virulence, Shiva la capture dans les longues nattes de sa chevelure. Ganga y tourbillonne pendant milleans, avant de sourdre par sept sources aux flancs de l’Himalaya. Nichées au cœur des textes sacrés de l’hindouisme, les véritables sources du Gange sont inaccessibles au profane. Alors, on ouvre le voyage par les mots du premier dirigeant de l’Inde indépendante, Jawaharlal Nehru: “Le Gange a été un symbole de la culture et de la civilisation

indiennes à travers les siècles, toujours changeant, toujours s’écoulant et néanmoins, toujours le même.”

De pulsations urbaines en temples jaïns et palais nawabs À Delhi, faite de strates architecturales qui conservent l’empreinte de ses divers conquérants, il faut aller à Chandni Chowk, quartier où il y a encore quelques mois voitures, motos et rickshaws zigzaguaient au milieu des charrettes à bœufs. La rénovation, récemment achevée, libère la voie aux piétons –rare dans les villes indiennes!– et redonne une perspective sur les façades des deux empires (moghol et britannique), celle du Fort rouge et celle de l’ancienne Banque des Indes.

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DEHLI — GWALIOR — ORCHHÂ — KHAJURÂHO BÉNARÈS — SARNATH — LUCKNOW — CALCUTTA © Brian Flaherty

La ville de Gwalior est tentaculaire et poussiéreuse. Pour trouver de la beauté, il faut rejoindre la forteresse. Elle atteste des combats passés, elle conserve aussi la mémoire d’un temps où jongleurs et troubadours animaient les fêtes en l’honneur des hôtes des cours royales. Orchhâ est une “belle endormie”, avec ses palais et cénotaphes mangés par la végétation, qui s’égrainent sur les rives de la Betwa. Ici, les princes rajputs composèrent avec les conquérants moghols, et aux murs des forts et des palais, lotus et éléphants hindous se mêlent aux symboles de l’Islam. ÀKhajurâho, les temples jaïns et hindous sont célèbres pour leur statuaire érotique, mais on rencontre aussi tout un monde merveilleux de dieux, de déesses chevauchant des aigles, de rois et d’apsaras, d’éléphants et de chevaux en procession. La légende dit qu’elle fut

la première ville édifiée au monde, à l’aube du temps et de l’homme.

Rites immémoriaux à Bénarès

Sur la rive gauche du fleuve des fleuves, Bénarès, temple ouvert vers l’infini de l’autre rive, celle où l’on ne va pas. La ville de l’inéluctable fin, une ville sanctifiée par des siècles de dévotion et profondément vivante de la présence des pèlerins. Le poète Severo Sarduy raconte: “Y arrivent, quotidiennement, et de toute l’Inde, des milliers de pèlerins, mortifiés ou malades, tous assoi és de cette eau qui, malgré son opacité, serait la seule qui vraiment lave, la seule qui nettoie et libère”. Des corps parés d’écritures sanskrites, des hommes debout dans l’eau présentant une prière au soleil, des femmes immergées dans leurs saris mouillés, des enfants nus en troupe joyeuse. Feuilles de lotus, mèches de camphre o ertes aux flots.

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Sur les marches qui descendent vers le Gange, des sâdhus en extase, ne semblant jamais quitter leur posture de méditation, et une cohorte de singes, de chèvres et de chiens errants, des nuées d’oiseaux noirs. Malgré le tumulte et le feu des crémations, un silence apaisé sur ce rivage dernier.

Sarnath la silencieuse

Une route poussiéreuse mène au village de Sarnath, à quelques kilomètres.

“Si Bénarès frappepar son grouillement, par son remplissage de couleurs, par sa prolifération incontrôlable de choses et de dieux, Sarnath, au contraire, comme il se doit dans le bouddhisme, saisit par son silence, par son vide, que seuls viennent limiter deux ou trois stupas en ruine, les moulins à prière de quelques moines tibétains en exil, les pas sur la pierre, et le vent du soir entre les feuilles du grand bô”, poursuit Severo Sarduy.

C’est ici, sous l’arbre bô, un figuier géant, que Bouddha aurait prononcé son premier sermon, dont on peut résumer le contenu en un aphorisme: “Suivez en tout la voie moyenne.”

Deux villes mythiques de l’Inde du Nord: Lucknow et Calcutta

À Lucknow, à quelque 300kilomètres de là, loin de l’enseignement du Bouddha, les nawabs chiites, d’origine iranienne, brûlant les derniers feux de l’Empire moghol, ont dépensé sans compter pour les arts, la musique et la poésie. Leur démesure a fait de la ville, pendant plus d’un siècle, le cœur intellectuel et artistique de l’Inde du Nord. N’en déplaise aux actuels dirigeants nationalistes de l’Uttar Pradesh, la capitale a conservé de ces souverains éclairés sa belle architecture musulmane et son goût pour la poésie et les danses voluptueuses. Un goût également cultivé à Calcutta, capitale intellectuelle du pays, ra née, cosmopolite et chaleureuse, qui regorge de librairies et bouquinistes et de bars branchés pleins d’une jeunesse émancipée et festive.

VOYAGEURS DU MONDE

Vous souhaitez assister aux rituels du bain depuis l’eau, participer à une cérémonie Ganga Aarti à Bénarès… : demandez-nous !

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Des hommes debout dans l’eau présentant une prière au soleil, des femmes immergées dans leurs saris mouillés, des enfants nus en troupe joyeuse…

In the mood

Autels croulant sous les o randes, pétales de pushpa (roses) sous nos kolhapuri (jolies sandales tressées), odeurs d’encens, mantras et méditations… Vous êtes à Bénarès, source de l’hindouisme, ville tournée vers le Gange, fleuve sacré par excellence. À l’aube, vous assistez, depuis une barque, au bain rituel des pèlerins. Vue émouvante sur les ghâts dans la brume du petit matin. Un secret bien gardé? Vishwanath, un temple réservé aux hindous dont on admire le dôme doré depuis les toits voisins. L’invitation à l’introspection, au calme, à la réflexion continue lors de la visite du temple de Kabir, père de la littérature hindi, vénéré par les hindous et les musulmans. Pour prolonger cet esprit de communion et de tranquillité, vous pourrez séjourner à Sarnath, dans un ashram, pour vous initier à la méditation et au silence ou prendre des cours de yoga hatha face aux rives paisibles du Gange. D’autres préféreront s’adonner à la sitar ou aller chiner soieries et statuettes sacrées dans les antres du bazar de la vieille ville.

PLACE TO BE

Caché parmi les arbres fruitiers, The Nadesar Palace, un ancien palais de maharaja, est à l’abri du tumulte. Idéal pour se ressourcer après les intenses émotions de la journée. Mais rien n’égale lavue qu’o rent les chambres du BrijRama Palace. Encore mieux? Une croisière à bord de l’ABN Rajmahal, à la décoration fraîche et élégante.

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gange

Calcutta Rayonnante et pleine d’esprit

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© Imdad Barbhuyan

Dénigrée à tort et déroutante au premier abord, elle est captivante pour les flâneurs initiés. Redevenue Kolkata, l’ancienne capitale du Raj surprend par sa dimension culturelle et son supplément d’âme.

Ancienne capitale politique de l’Inde anglaise, la troisième plus grande métropole du pays –qui a aujourd’hui retrouvé son nom traditionnel, Kolkata– s’a rme aussi comme l’épicentre intellectuel, artistique et culturel de l’Inde. La porte d’entrée du Bengale-Occidental sou re pourtant d’une image détériorée, presque hostile, véhiculée par les médias, le grand écran (LaCité de la joie, 1992) ou le dévouement tristement nécessaire de Mère Teresa. Mais si la pauvreté palpable et les bâtiments décatis sont une des réalités de la ville, celle-ci se révèle aussi pleine d’esprit et rayonnante.

Cité bénie de la musique, du cinéma et de la littérature, riche de vestiges hérités de l’Empire des Indes et d’une programmation culturelle pointue, Kolkata ne ressemble à aucune autre ville indienne. À l’aube, sous une douce pâleur diaphane, le marché aux fleurs de Mullik Ghat se déploie sous le pont Howrah, prouesse d’ingénierie enjambant la rivière Hooghly. Entre les rives et la ligne de chemin de fer, abondance multicolore de lotus d’hibiscus, de jasmin, de roses et d’œillets. Les marchands préparent les o randes tandis que les pèlerins a uent le long des ghâts.

On grimpe dans un tram pour un tour d’horizon plus vaste. Dans le cœur colonial, l’étincelant Victoria Memorial, hommage du Raj à la reine Victoria, s’ouvre sur le parc Maidan, ancien champ de parade impérial où flânent désormais les badauds. Les édifices Art nouveau côtoient le marbre et les boiseries; les vitraux colorés de la cathédrale Saint-Paul s’o rent au soleil. Non loin de l’imposant Marble Palace, à deux pas de l’université, College Street concentre les bouquinistes aux étagères chargées. Plus au nord, dans la ville noire, les anciennes demeures des Babus, marchands bengalis enrichis au temps des Indes britanniques, exhibent le faste passé de l’Empire. Près du fleuve, à Kumartuli, dédale de ruelles fourmillant d’ateliers et de stands de rue, artisans et sculpteurs s’a airent à confectionner les pandals, ces figurines et statues parfois monumentales de divinités, qui défileront lors des grandes célébrations.

VOYAGEURS DU MONDE

Sillonnez Calcutta dans les pas d’une habitante diplômée en histoire, en art et en photographie. Une approche privilégiée et originale.

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Archipel des Tuamotu

Le Rajasthan

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

La seule évocation de son nom su t à faire naître un ailleurs mythique: celui des maharajas, de leurs palais et du commerce caravanier. En route pour la soie!

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RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI
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JAIPUR — UDAIPUR — JODHPUR — SHEKHAWATI — JAISALMER
© Jérôme Galland

Jaipur, cité idéale

Prendre la route du Rajasthan, c’est prendre le chemin du rêve. On quitte Agra et son Taj Mahal, hymne silencieux à l’aimée défunte, pour la terre des princes rajputs et des marchands marwaris. Jaipur est l’incarnation du désir de modernité d’un maharaja éclairé du XVIIIe siècle, JaiSingh II. Fondée en 1727, c’est la première ville du pays dotée d’un plan d’urbanisme, inspiré du zodiaque hindou.

Elle est conçue comme une cité idéale, avec des rues et de larges avenues se coupant à angles droits, favorisant circulation et échanges. Du haut du Nahargarh Fort, ou “fort du Tigre”, la ville se déploie: maisons aux toits plats, serrées les unes contre les autres, à perte de vue. Aujourd’hui capitale du Rajasthan, elle compte quelque 6,6millions d’habitants.

On y voit Hawa Mahal, le palais des Vents. Sa façade dessine une couronne de Krishna et est ciselée de 953 fenêtres étroites. Elle dissimulait autrefois la vie secrète du harem de la cour rajput:

les femmes de la famille royale soustraites au regard des hommes s’y réunissaient pour observer la vie, les rues, le marché. On y visite l’observatoire, édifié aussi par JaiSingh II, féru d’astronomie et lecteur de Ptolémée et Euclide. Dédié à la mesure à l’œil nu de la position des astres, c’est un étrange et émouvant ensemble d’instruments surdimensionnés –cadrans solaires, compas, sextant–formant édifice.

Un peu plus loin, accroché à la montagne, le Fort d’Amber. À la sortie d’une route en lacets, l’ancienne place forte des Maharajas délaissée par Jai Singh II semble suspendue hors du temps. Une dentelle de pierre, dont les motifs se confondent avec ceux des joailliers, ornée de marbre, d’or et de mosaïques.

Udaipur la douce Nichée au cœur des collines, Udaipur est la plus douce des villes du Rajasthan, qui s’alanguit en bordure de ses cinqlacs. Sur le lac Pichola, que l’on traverse dans lasenteur sucrée des frangipaniers, le Lake Palace.

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Les marchés aux fleurs Des brassées et des brassées de fleurs coupées, de boutons, de pétales. Des roses d’Inde, du jasmin, des tubéreuses… Du jaune, du blanc, de l’orange à la vibrance exceptionnelle. Un tourbillon d’effluves aussi bien sûr. Des mètres d’étals, les baluchons de tissus utilisés pour le transport déployés et posés à même le sol. Les nombreuses fêtes, cérémonies d’offrande et divinités nécessitent cette débauche féerique et végétale. Pas un village, une maison, un temple sans un autel parsemé de pétales ou une guirlande fleurie. Et pour sentir bon toute la journée, rien de mieux qu’un collier de jasmin à porter autour du cou ou noué dans ses cheveux.

© Jérôme Galland

Voyager en train

C’est le moyen de transport le plus caractéristique de la culture indienne (à égalité avec le rickshaw). Plusieurs dizaines de millions d’Indiens prennent le train chaque jour. Pour le voyageur que vous êtes, il s’agit d’une expérience inoubliable, où il faut savoir céder la place… à l’inattendu. Sentir l'ambiance des gares ; à Bombay ou Delhi, acheter auprès d’un dabbawallah la fameuse lunch box avant de prendre son train, échanger quelques regards complices, apprécier les dodelinements de tête en réponse à une simple question, partir à la découverte (avec visite privée) des grandes cités impériales – de Delhi à Udaipur en passant par Agra, Jaipur et Jodhpur –, éviter les embouteillages. Autant de moments à vivre et à collecter qui font des souvenirs impérissables.

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Stephan Elleringmann/LAIF-REA

L’ancienne résidence d’été des souverains d’Udaipur, toujours propriété de l’actuel maharana, est gérée par l’enseigne Taj depuis l’abolition des derniers privilèges féodaux par Indira Gandhi en 1971. Le palais de marbre à l’architecture aérienne a accueilli la reine Elisabeth ou Jackie Kennedy; de Fritz Lang au James Bond d’Octopussy (1983), il a souvent été le décor du 7e art. Il o re désormais les fastes de l’Inde princière à ses hôtes, à travers ses peintures murales flamboyantes, ses trophées de chasse et les photographies sépia des matchs de polo.

Jodhpur, entre puissance et délicatesse

Jodhpur, elle, se décline en bleu électrique –ce bleu qui autrefois signait l’appartenance à la caste des brahmanes, et colore les façades des maisons de la ville. Le fort de Mehrangarh porte les stigmates des batailles sanglantes qui opposèrent les maharajas de Jodhpur à ceux de Jaipur. Mais au fil de la visite,

la pierre semble se faire plus tendre, les couleurs plus douces. Les chemins de rondes austères dissimulent la délicatesse des motifs persans, le scintillement des éclats de miroirs, la fraîcheur du marbre, et au cœur du fort, des caprices princiers de vitraux colorés et d’argent ciselé, des peintures murales d’une préciosité exquise.Dans cette alliance entre puissance et délicatesse, l’écrivain RudyardKipling voyait l’œuvre “des anges et des titans”

Shekhawati, ancienne route commerciale Aux confins du désert du Thar, sur l’ancienne route de la soie, le Shekhawati, fut parcouru jusqu’au XIXe siècle par les caravanes chamelières des marchands marwaris. Riches du commerce des épices, de l’indigo, de l’or et de l’opium, les marwaris exhibent leur fortune sur les peintures murales “a fresco”. Aux façades des havelis, sur les murs et les plafonds, les fresques témoignent de l’histoire d’une région, de l’opulence jusqu’à la chute.

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Le Lake Palace, ancienne résidence d’été des souverains d’Udaipur, a souvent été le décor du 7e art, de Fritz Lang au James Bond d’Octopussy (1983).

Un tableau idyllique mêlant campagne et ruines d’un ancien empire au cœur du site de l’hôtel Amanbagh, à Ajabgarh.

Le goût du voyage

Les champs de roses de Pushkar

Si vous n’en avez pas marre du rose, filez pour la petite ville pleine de charme de Pushkar. Située autour d’un lac sacré, lieu de pèlerinage pour de nombreux hindous, elle est aussi connue pour ses cultures de rosiers. Après la balade, vous pourrez vous désaltérer d’un lassi… à la rose !

À Udaipur, l’art de la miniature

Plus précisément de la peinture miniature. Art ancestral (XVIe s.), il se caractérise par son format (45 x 30 cm) et sa délicate exécution. Les scènes de danse, de chasse, de guerre illustrent la riche histoire du Rajasthan. S’initier avec un artiste est un moment privilégié. À réserver absolument.

Bagru : village du blockprint

Pourquoi ne pas aller à Bagru, à l’ouest de Jaipur, pour admirer de plus près toute la minutie des spécialistes du blockprint ? Cette technique d’impression convoque dessin sur papier, sculpture du bois et teinture végétale. Une méthode ancienne très tendance en mode et décoration.

Le cheval des maharajas

Race endémique de l'Inde, le cheval Marwari est reconnaissable à ses oreilles en forme de lyre ou de croissant de lune. Vanté pour son courage et son habilité au combat, il fut longtemps la monture des nobles et des officiers. Aujourd’hui, il se prête volontiers à la randonnée. Bookez-la avec votre conseiller.

© Hotel Amanbagh © Matt Dutile/Gallery Stock

À l’horizon vide du désert, Jaisalmer surgit comme un mirage…

Les chasses à dos d’éléphants, les cavaliers et leurs chevaux, les femmes jouant au cerf-volant voisinent avec des éléments du monde moderne, des bicyclettes, un aéroplane, un phonographe, un train et son panache de fumée… disent l’irruption des Britanniques dans ce monde. Ceux-là, grâce au chemin de fer, justement, et au développement des ports, détournent alors le commerce des caravaniers, jusqu’à leruiner. Progressivement, les marchands migrent vers Bombay et Calcutta, où le commerce s’est déplacé et où ils vont fonder les plus grandes dynasties industrielles et commerciales de l’Inde actuelle, oubliant le Shekhawati. Demeure la grâce naïve des fresques de Mandawa et Nawalgarh et la ruralité brute d’une région de steppes sableuses, aux dunes émaillées d’acacias.

Jaisalmer, comme aux confins du monde C’est d’abord une silhouette, à l’horizon vide du désert. Après des heures de trajet le long d’une route ponctuée de loin en loin de masures couleur terre, Jaisalmer surgit comme un mirage. Ses lignes sèches

se détachent contre des lointains tremblés de brume de chaleur, grappe de 99bastions aux hautes murailles dorées. Là aussi, dans la cité caravanière déchue, les havelis ornées d’arcades, de jalousies, de balcons et de loggias –dentelle taillée dans la pierre blonde– témoignent du temps du faste et de l’opulence. Les façades d’ambre rehaussées du mauve ou turquoise des portes et des volets, les temples jaïns aux e gies souriantes, les Ganesh débonnaires peints aux murs des maisons, les hommes se déplaçant à pas lents, les saris colorés des femmes qui tranchent sur les horizons du désert…: tout participe d’une atmosphère singulière dans cette étonnante oasis du bout des sables, érigée là comme aux confins du monde.

VOYAGEURS DU MONDE

Nuits en palais ou en plein désert, visite du Taj Mahal et de Jodhpur, cours de yoga et de cuisine, rencontres avec des artisans : composez un Rajasthan à votre image.

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In the mood

Maharajas contemporains et palais éblouissants, princesses modernes aux somptueux saris, architecture dentelée, bijoux étincelants et colorés, vous êtes au Rajasthan, un monde qui rappelle les anciens fastes aux portes du désert. À Jaisalmer, ancienne cité caravanière, petit-déjeuner à l’aube face à son imposante forteresse. Puis, partir à la découverte des havelis, ces demeures traditionnelles de pierre blondes. Au coucher du soleil, profiter d’un dîner privé sous les étoiles dans le désert du Thar au son d’une douce musique flottant au-dessus du feu de camp. Le lendemain, poser ses valises à Jodhpur et assister à un festival de musique soufie ou rencontrer un astrologue. Puis, quitter la ville bleue pour Jaipur, où ici tout est rose, même les banquettes de votre véhicule ! Aller regarder un match de polo, sport des princes Ensuite, place au repos dans la plus charmante ville du pays, Udaipur, où savourer le bruissement de l’eau, le parfum des fleurs et l’harmonie des teintes. Quelques visites à ajouter au programme: le majestueux temple Jagdish, dédié à Vishnou, et des rencontres d’artisans du textile, en privé bien sûr.

PLACE TO BE

La Villa Palladio vaut le détour à Jaipur. Du rose, du rose et encore du rose –de l’édredon au cocktail d’arrivée, en passant par les transats qui bordent la piscine. À Udaipur, craquez pour la déco et lesfresques colorées de l’hôtel The Johri (1) Somptueux et mythique, le Taj Lake Palace (2), palais de marbre blanc, déploie une ambiance digne des Mille et Une nuits. Pour rester au plus près des étoiles, tenter leglamping sophistiqué de Suján à Jaisalmer.

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© Matt Dutile/Gallery Stock

BIJOUX INDIENS L’ART DES

Jaipur, la capitale du Rajasthan, s’est imposée au fil des siècles comme un centre mondial de taille des pierres.

Après avoir paré d’émeraudes, de rubis et de perles fines empereurs moghols et maharajas, la ville rose fournit aujourd’hui les maisons de la place Vendôme et inspire toute une nouvelle génération de joaillières.

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Jaipur, Ismail Road. Cette rue poussiéreuse et sans charme recèle un haut lieu mondial de la joaillerie. Il faut a ronter les vieilles Ambassador blanches qui slaloment entre vélos, vaches et rickshaws pour rejoindre le Gem Palace, qui fournit en pierres précieuses les plus grandes maisons. L’établissement, tenu par les Kasliwal, pourvoyeurs des maharajas et de la jet-set depuis 1852, fait partie du patrimoine indien au même titre que le Taj Mahal.

Le XVIIe siècle fut l’âge d’or de la joaillerie indienne : les empereurs moghols aimaient à arborer des rivières de diamants, émeraudes, rubis et perles fines, en sautoirs, piquées sur les turbans, retenues en pendentifs, à la ceinture, aux chevilles, aux doigts… Et les ateliers jouissaient du mécénat des monarques. Quand le maharaja Jai Singh II fonde Jaipur en 1727, les tailleurs de pierre, miniaturistes, ciseleurs et autres artisans attachés à sa cour s’installent dans la nouvelle capitale du Rajasthan.

Quand les pierres magnétisent et inspirent les créatrices internationales

Au Gem Palace, les lumières sont tamisées, comme pour sublimer les feux étincelants des pierres. Dans leurs vitrines de bois sombre, amulettes de jade, colliers d’émeraudes, bagues de rubis ou boucles d’oreilles series d’aigues-marines expriment toute la virtuosité des artisans indiens. C’est ici, auprès de Munnu Kasliwal, décédé en 2012, dont les bijoux mêlaient art moghol et accents contemporains, que la créatrice française Marie-Hélène de Taillac a développé son style maintes fois copié.La jeune femme, qui a étudié la gemmologie à Londres avant d’œuvrer dix ans dans la mode, redécouvre le travail des tailleurs de pierres et des artisans joailliers en 1996, en poussant les portes du Gem Palace. Elle se passionne pour le magnétisme des pierres, et pour

les vertus consolatrices, apaisantes ou énergisantes de la calcédoine, de la iolite ou de l’améthyste. Sa première collection réhabilite les briolettes, ces pierres en forme de goutte entièrement facettées pour mieux attraper la lumière, chahutant une joaillerie parisienne alors un brin compassée. Depuis, elle passe chaque année six mois à Jaipur. Dans les ateliers du Gem Palace, une dizaine d’artisans façonnent à la main les montures délicates, patinent l’or et y apposent les pierres multicolores suivant les dessins de la créatrice.

“La ville rose” en a aimanté d’autres. En 2009, quelques mois après avoir créé ses premiers bijoux, la Belge Céline Daoust, fascinée elle aussi par l’énergie des pierres, part pour un séjour de quatrejours à Jaipur. Un voyage déterminant : comme son aînée française, elle y passe désormais la moitié de l’année. Elle y sélectionne chacune de ses pierres, qu’elle aime brutes. Et affectionne particulièrement la tourmaline, réputée pour son pouvoir de protection.

Les créations irrévérencieuses de Marie Lichtenberg se parent, elles, d’un troisième œil ou de laque néon évoquant les plus beaux temples du continent. Mains précieuses ou constellations célestes, fermoirs à barillet sertis de pierres et d’émail, montés sur des liens en tissu inspirés des mauli (liens de prière tissés bénis dans les temples de Jaipur), ses bijoux au charme gypset se portent comme des talismans. Toutes renouvellent la tradition des maharajas, qui portaient les bijoux en guise de protection.

VOYAGEURS DU MONDE

Votre conseiller et notre conciergerie sur place sont à même d’organiser, à la demande, une visite d’ateliers et/ou une rencontre avec des joailliers.

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© Bridgeman Images

Archipel des Tuamotu

L’Inde du centre

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

Temples jaïns et jungles peuplées de tigres du Bengale, maisons de bambou et cocoteraies… Voyager en Inde du centre, c’est voyager àrebours des flux touristiques. En somme, la promesse d’une autre Inde.

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RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI
GUJARAT — MADHYA PRADESH — GOLFE DU BENGALE © Brian Flaherty

Le Gujarat, terre des dieux Loin des fastes du Rajasthan et de l’opulence du Kerala, le Gujarat, péninsule sur la mer d’Oman, est un carrefour d’influences, de toute éternité : Arabes, Portugais, Anglais et Hollandais y ont fait commerce, avant les Français, qui y ont établi lepremier de leur “comptoir des Indes”.

À Ahmedabad, capitale de cette “terre de tous les dieux”, la rigueur des lignes de l’architecture musulmane côtoie les rondeurs des temples hindouistes. La dévotion, vivace, s’incarne dans les nombreux lieux de prière –bouddhistes, chrétiens, zoroastriens, juifs.

À Palitana, il faut faire l’ascension de la colline le long d’un escalier de 3000marches parcouru d’un cortège de pèlerins, pieds nus et vêtus de blanc pour atteindre les 900temples jaïns. Au sommet: forêt de sikharas, dômes, portiques, stûpas. Et des idoles jaïns, en marbre, assises en lotus, faisant face au visiteur, le regard tourné vers l’intérieur; de grands banyans et des femmes dessinant des mandalas avec des grains de riz.

Dans le Madhya Pradesh, en quête du dernier grand fauve d’Inde

“Si vous ne voyez pas le tigre, lui vous verra”, avertit un panneau à l’entrée du parc de Kanha. Un siècle après la publication du Livre de la jungle, les tigres du Bengale peuplent toujours les forêts du Madhya Pradesh, qui sont leur dernier sanctuaire. Postés dans les arbres par dizaines, des singes au masque noir dévisagent les intrus, puis détalent. Peu à peu, le regard s’aiguise…

Dans une attention nouvelle au vivant, on retient son sou e, on interprète les craquements et on distingue dans les feuillages une antilope aux cornes torsadées. Une trace sur un sentier, un cri de singe en alerte :tapi sous les buissons, le tigre est là. RudyardKipling, né à Bombay, n’avait jamais pénétré la forêt de l’enfant sauvage qu’il a si bien décrite –il a manqué le plus royal des spectacles, un tête-à-tête avec le dernier grand fauve d’Inde.

Temple solaire et maisons de pêcheurs dans le golfe du Bengale Odisha. Des terres sablonneuses du littoral, les archéologues britanniques ont fait émerger le temple de Konarak, monumental char solaire de gré rouge, attelé à des chevaux et défendu par des tigres de pierre. Et des musiciens célestes, animaux mythologiques, oiseaux de paradis –scènes de processions, de guerre et d’amour. Autrefois, le temple servait de phare aux marins égarés, la mer a reculé, l’abandonnant aux sables. Au village voisin de Chandrabhaga, les maisons des pêcheurs, faites de bambou et de feuilles de palme se serrent les unes contre les autres pour faire face au golfe de Bengale.

VOYAGEURS DU MONDE

Découverte d’Ahmedabad et de Palitana en privé, safari dans le parc national de Gir aux côtés d’un naturaliste, rencontre et balade avec un collectionneur de textiles précieux des tribus Kutch du Gujarat, à Bhuj… : des idées et des conseils pointus pour vivre une Inde originale.

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In the mood

Entre safari exotique et visite de lieux sacrés, votre cœur balance. Mais il n’y a pas à choisir, vous avez tout votre temps! Vous débutez par la visite de l’ashram fondé par Gandhi en 1917. Situé à Ahmedabad, sur la rive ouest du fleuve Sabarmati, les modestes bâtisses qu’habitaient Bapu (le “père”), sa famille et ses amis, témoins d’un grand nombre de rencontres historiques, sont toujours intactes. Dans le grand parc ou dans le musée, les visiteurs déambulent. Certains habitants viennent simplement ici pour profiter de la sérénité des lieux. Sur les murs, les paroles du Mahatma invitent à la réflexion et à la méditation: “Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde”. Votre découverte d’Ahmedabad se poursuit avec le palais des Filateurs, un bâtiment conçu par Le Corbusier en 1954 Les férus d’architecture apprécieront les “brise-soleil” en béton qui filtrent ingénieusement l’air et le soleil. Dans l’État d’Odisha, les temples foisonnent. Dans celui de Lingaraja, les pèlerins célèbrent en nombre les symboles de fertilité, le taureau et le lingam ; chants et mantras s’élèvent dans les dernières lumières du jour.

PLACE TO BE

Pourquoi ne pas séjourner sous une tente luxueuse à l’Untamed Bandhavgarh – The Ultimate Travelling Camp pour découvrir une Inde rurale et inexplorée?

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Bombay

Les gratte-ciel y toisent les bâtisses coloniales, les dernières technologies y côtoient d’étranges archaïsmes. Cette mégapole tentaculaire posée sur la côte ouest demeure l’une des villes les plus folles de la planète.

MARINE DRIVE — COLABA — PLAGE DE CHOWPATTY 86
© Liam Baldock Bain de foule à Juhu Beach.

Chaleur, air moite, brouhaha, Bombay grouille de monde. Érigée sur une péninsule, c’est l’une des villes les plus densément peuplées de la planète. Cultivant les grands écarts, elle héberge plus de millionnaires que tout le reste du pays, quand la moitié de sa population vit dans des bidonvilles. Au premier abord, ledésordre est impressionnant. Mais la ville est un fouillis bien ordonné, héritage britannique oblige. Quand on évoque Bombay, on pense d’abord à son architecture victorienne. La gare Victoria est son fleuron, mâtinée d’éléments hindous et musulmans –on y observe le ballet des dabbawallahs qui livrent, partout dans la mégalopole, aux cadres et employés de bureaux, des plats préparés par leurs épouses. Bombay recèle aussi de centaines de monuments Art déco, édifiés entre 1930 et 1950, au crépuscule de l’occupation britannique: le long du front de mer, sur Marine Drive, angles incurvés, fenêtres hublots, ferronnerie aux balcons et motifs exotiques. On entre dans le quartier de Colaba en passant la Porte de l’Inde, singulier arc de Triomphe face à la mer d’Arabie. Un peu plus loin, le cinéma le Regal, qui date de 1934, est le premier bâtiment Art déco édifié. Sa façade aux lignes pures contraste avec l’animation de la salle : on s’interpelle à voix haute, on boit du chaï, on rit, on pleure, et quand

le héros frappe le méchant, toute la salle se lève et applaudit: les e orts du parti au pouvoir pour museler l’industrie du cinéma n’ont pas entamé l’enthousiasme des cinéphiles!

Du marché aux puces de ChorBazaar à la plage de Chowpatty

Le quartier foisonne aussi d’antiquaires et de galeries d’art contemporain. On papillonne entre les époques et les disciplines, en admirant tout autant l’artisanat et les textiles anciens que les œuvres des plasticiens. On poursuit au marché aux puces de la ville, ChorBazaar, bric-à-brac hétéroclite de lustres de cristal et de porcelaine, de vinyles et d’a ches Bollywood. En fin d’après-midi, il faut aller sur la plage de Chowpatty, tout au bout de Marine Drive, se frayer un chemin parmi les couples d’amoureux, les familles, les vendeurs ambulants de chaï, de barbapapa XXL et de cerfs-volants. Ici, on ne se baigne pas, mais on flâne avec le jour qui décline. Les enfants chevauchent des dragons sur des manèges actionnés à la main, dans une ambiance de fête foraine.

VOYAGEURS DU MONDE

Découvrir le quartier Art déco avec un spécialiste, les magasins tendance avec une personal shopper ou vivre un tournage à Bollywood : votre conseiller adapte Bombay à vos envies.

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In the mood

Multiculturelle, internationale, bordélique, ra née, Bombay (ou Mumbai), métropole du pays et fief de Bollywood, est l’un des points de départ immanquables de tout voyage en Inde. Vous profitez ici de la scène artistique en visitant la galerie Jhaveri Contemporary, fondée par deux sœurs et spécialisée dans l’art du sud de l’Asie. Puis, vous filez au centre culturel Nita Mukesh Ambani qui met en lumière le savoir-faire indien. Lunch-break au restaurant Olive Bar & Kitchen, situé dans le quartier vibrant de Bandra, ancien village de pêcheurs devenu hype. On savoure l’instant sur sa belle terrasse à l’ombre des citronniers. Il est temps de retrouver votre personal shopper pour une virée shopping et la visite de l’école d’artisanat Chanakya School of Craft, où vous découvrirez l’héritage ancestral et créatif de la broderie indienne. À la nuit tombée, Bandra regorge de bars bohèmes et de boîtes de nuit drainant une jeunesse avide de liberté.

PLACE TO BE

Pour sa première fois en Asie, le Soho House installe ses 38chambres dans un ancien immeuble de bord de mer, papier peint du Rajasthan, draps en coton égyptien et rooftoppiscine. Le Taj Mahal Palace est inévitable et historique. Pour du charme et un lieu à taille humaine, rendez-vous au Abode Boutique Hotel (1 & 2).

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Durant cinq jours, Divali (la fête des lumières) est célébrée dans tout le pays par les hindous, les sikhs et les jaïns.

© Ashish Vaishnav/SOPA Images/ZUMA/REA

DE LA FÊTE LE SENS

Parades, danses, musiques, rituels: l’Inde est aussi une fête permanente. Au fil des mois et des régions, le pays o re une multitude de célébrations, dont certaines incontournables.

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Jaisalmer Desert Festival

Où? Dans le désert du Thar, sur les dunes de Sam, aux portes de Jaisalmer, la cité d’or. Quand? En février.

Combien de temps? Trois jours (et trois nuits). On fête quoi? La culture folklorique du Rajasthan.

Comment? Des parades menées par les jeunes filles en habits traditionnels, suivies par les garde-frontières sur leurs chameaux ornés de décorations. Des démonstrations de danses et de musiques des di érentes communautés auxquelles sont invités des artistes d’autres États. Les points forts: le cocasse concours de la plus longue moustache du désert et le match de polo à dos de chameaux.

Holi

Où? À travers la plupart des États, chacun ayant ses particularités.

Quand? Entre février et mars, à la pleine lune du mois hindou Phâlguna.

Combien de temps? Une soirée de feux de joie précède cette “fête des couleurs”. Dans la région de Braj, les festivités durent 16jours.

On fête quoi? Le sacre du printemps, la victoire du bien sur le mal, l’amour de Krishna et Radha.

Comment? Armés de poudres de couleurs (gulal), et de ballons d’eau, chacun asperge son prochain dans une liesse immense rythmée au son des tambours. Sans aucun doute la fête la plus visuelle d’Inde.

Les points forts: Holi est synonyme de réconciliation, un moment où les couleurs (chacune ayant une signification) e acent querelles et barrières sociales.

Divali

Où? Dans tout le pays, chez les communautés hindoues, sikhs et jaïns.

Quand? Octobre-novembre, lors de la nuit la plus sombre du mois hindou de Kartik.

Combien de temps? 5jours et autant de nuits. On fête quoi? La victoire du bien sur le mal, pour les hindous celle de Krishna et de Lakshmi. Comment? Maisons et rues s’illuminent de milliers de bougies et diyas (lampes à huile). Des rangolis, dessins réalisés à la poudre de riz colorée, ornent le seuil des maisons. Les femmes portent saris et salwars flamboyants, les hommes kurtas et sherwanis. On prépare des friandises: barfi, gulab et ladoo.

Les points forts: la troisième journée, BariDivali, marque le dernier jour du calendrier hindou vikram, prières à la déesse Lakshmi et feux d’artifice retentissent.

Holi, la “fête des couleurs”, célèbre, entre février et mars, le sacre du printemps, la victoire du bien sur le mal, l’amour de Krishna et Radha.

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Uttarayan Festival (Makar Sankranti)

Où? Makar Sankranti est célébrée dans toute l’Inde, et avec une ferveur particulière au Gujarat. Quand? Mi-janvier (le 14 ou le 15).

Combien de temps? Une journée (et une nuit). On fête quoi? La fin de l’hiver, le passage de Surya le dieu soleil dans l’hémisphère Nord et avec lui, le début des récoltes.

Comment ? Débutée par un bain sacré, la journée est marquée par une compétition de cerfs-volants en papier. Le soir, des milliers de lanternes en papier (tukkal) illuminent le ciel. Les points forts: le festival rassemble familles hindoues, musulmanes et sikhs. Un moment de grande tolérance au cours duquel les confessions se distinguent simplement par leur style vestimentaire et celui de leurs cerfs-volants.

Kumbh Mela

Où? En rotation dans les villes sacrées d’Ujjain, de Nashik, d’Haridwar, de Prayagraj (anciennement Allahabad).

Quand? Tous les troisans. La prochaine a lieu en 2025 à Prayagraj. Combien de temps? Entre 15 et 55 jours suivant le lieu.

On fête quoi? Selon le mythe de Samudra Manthan, des gouttes de l’élixir d’immortalité que se disputaient dieux et démons seraient tombées dans les quatre fleuves.

Comment? Des millions de pèlerins rejoignent les sâdhus qui les précèdent dans un bain sacré par lequel chacun espère se libérer de ses péchés et du cycle des réincarnations.

Les points forts: L’événement s’accompagne d’immenses parades. C’est aussi un moment d’échange de savoirs dans di érents domaines.

Et aussi: Pongal (janvier), Soufi Darbar (février), Ganga Dussehra (en mai), Thrissur Pooram (avril), Ganesh Chaturthi (août-septembre), DurgaPuja (septembre-octobre), Pushkar Mela (octobrenovembre)…

VOYAGEURS DU MONDE

Vous souhaitez participer à l’une de ces fêtes ? Conseillers et concierges s’assurent que vous soyez dans les meilleures conditions.

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magazine – fêtes indiennes
© Alex Kent/Redux-REA

Archipel des Tuamotu

Karnataka & Télangana

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

Une terre riche de mythes. Au cœur d’une végétation folle, on y croise quelques-unes des trente-trois millions de divinités hindoues, qui aiment et guerroient sur les murs des temples.

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RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI BANGALORE — HAMPI — BADAMI — HYDERABAD
© Miren Alós
Au Sri Krishnarajendra Market de Bangalore.

Bangalore, entre féerie et futurisme Nehru la dénommait déjà “ville du futur”, Bangalore, capitale de l’État, doit sa folle énergie aux yuppies et expat’ qui la peuplent. Mais on quitte cette Silicon Valley indienne pour d’autres fastes: le palais aux accents indo-musulmans de Mysore est, avec le Taj Mahal, l’un des plus beaux exemples de l’opulence de l’Inde princière. Il recèle des kaléidoscopes de verre et miroirs colorés, des trésors de marbre, de bois précieux sculptés, de mosaïques, de nacre. La nuit, sa façade s’illumine de 100000ampoules: une féerie kitsch digne de Bollywood. Un peu plus loin, les sanctuaires dravidiens de Bellur et Halebid, édifiés il y a huit siècles par les rois Hoysala, intacts, content les épopées du Ramayana et du Mahabharata. Toute la mythologie s’y déploie, ciselée dans la pierre. Dieux, déesses, prêtres et rois; guerriers, chasseurs et cavaliers, musiciennes et danseuses, monstres, éléphants et tigres se mêlent à tous les animaux de la jungle.

Et soudain, Hampi surgit

On fait route le long d’un ruban d’asphalte bordé de terre rouge, encombré de camions, voitures, vélos et chars à bœufs transportant canne à sucre et balles de coton. Hampi, capitale du premier royaume hindou, surgit dans un chaos de grès rose. De cette cité peuplée à l’âge d’or de 500000habitants

–en 1520, on doit au marchand portugais

Domingo Paes cette description

ébahie: “Cavaliers en armure, éléphants

caparaçonnés de soie de Chine, danseuses parées d’or et de diamants, feux d’artifice…” –, il reste aujourd’hui des centaines de monuments ciselés dans le grès, et un modeste village serré au pied de la Gopuram dédiée à Shiva. On grimpe 570 marches pour rejoindre le temple d’Hanuman. De là, une vue à perte d’horizon sur les roches ocre, sur le vert sombre des cocotiers, le vert tendre des rizières, et l’argent de la rivière Tungabhadra.

Troglodytique Badami

À Badami, gros bourg agricole où les maisons bleues des hindous et les maisons vertes des musulmans se côtoient près du lac, les temples sont excavés dans la roche rouge. La première grotte est consacrée à Shiva, les deux suivantes à Vishnou, et la dernière à des saints jaïns. Ces sanctuaires troglodytes ferment le cycle du Karnataka: l’appel du littoral se fait entendre. À quelques heures de route, Goa. Longue plage de sable roux jalonnée de barques en bois colorées, d’églises et chapelles baroques, de croix blanches de calvaires s’élançant au cœur des rizières: c’est un autre pays. Le voyageur ainsi ressourcé peut s’o rir une dernière escale vivifiante à Bombay…

VOYAGEURS DU MONDE

Égrainer les temples de Bangalore ou flâner à vélo dans les villages bordant Hampi : votre conseiller adapte à l’envi le rythme de vos journées.

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In the mood

Hyderabad, la “cité des perles”, mégalopole high-tech innovante et prospère, est une ville riche à l’orientalisme volubile dont on savoure les jardins moghols, les mosquées et les mausolées. En journée, n’oubliez pas de passer chez Mangatrai, l’un des plus anciens joailliers de la ville, et repartez avec une sélection unique de pierres semi-précieuses. Vous déjeunez au Simply South, un restaurant où l'on déguste des saveurs savamment pimentées. Le soir, rendez-vous au Laad Bazaar : ambiance bouillonnante aux e uves d’épices. À Mysore, fief du yogi Krishnamacharya, on s’adonne au hatha yoga, dont on découvre la source et l’enseignement pur. Sur le marché de Devaraja, l’un des plus impressionnants d’Inde, des hommes tissent à toute vitesse des guirlandes de jasmin, de roses, d’œillets… En dehors de la ville, vous découvrirez les rochers de granit de Fakhruddin Gutta qui datent d’il y a 2,5millions d’années. Ce site sacré abrite des temples hindous et soufis suprêmement émouvants.

PLACE TO BE

Propriété du groupe Taj, le Falaknuma Palace (1) est une destination en soi. Construit sur une colline, au cœur d’une végétation luxuriante, ce palais princier est rempli d’œuvres et d’objets rares. Petit déjeuner sous la coupole, thé dans la salle de bal, digestif dans le bar anglais, le tout accompagné d’un service ra né.

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Goa

Une terrasse sur la mer

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Une centaine de kilomètres du nord au sud, à peine cinquante d’est en ouest, le plus petit État de la fédération indienne ne ressemble à aucun autre. Capitale de l’Empire portugais de 1510 à 1961, Goa reste la seule enclave indienne à n’avoir jamais connu la domination britannique. Plus de quatresiècles de colonisation ont entremêlé les mondes portugais et indien pour produire un territoire bigarré et une société à part.

L’art, la littérature, la cuisine et même la langue restent profondément marqués par ce métissage culturel. Ici, le football est plus populaire que le cricket ; l’empreinte coloniale se lit encore sur les façades couvertes d’azulejos de Fontainhas, l’ancien quartier portugais de Panaji; les couvents et églises à la blancheur immaculée de Old Goa manifestent une foi chrétienne qui contraste avec la prédominance hindoue des régions voisines. Émergeant des forêts de cocotiers, dans les collines fleuries ou perdus au milieu des rizières, d’anciens temples hindous rappellent d’ailleurs que l’histoire de Goa remonte

bien au-delà de son passé lusitanien. Car sa position de terrasse sur la mer d’Arabie a de tout temps fait de Goa un lieu d’échanges entre l’Extrême-Orient et l’Occident.

Une vocation qui perdure aujourd’hui: sur ses 120kilomètres de littoral doré, Indiens en vacances, stars de Bollywood et raveurs en goguette côtoient hippies nostalgiques, yogis en retraite et créateurs de la nouvelle vague indienne dans une atmosphère relax qui fleure bon la cardamome, la vanille et le sable chaud. Mais malgré une notoriété certaine, on trouve encore des recoins préservés des foules, des plages paisibles et des impasses secrètes aux maisons portugaises typiques. On y coule des heures heureuses, empreintes d’une décontraction extrême, bercé par une brise légère et la douce lumière de l’Inde du Sud.

VOYAGEURS DU MONDE

Chiner aux puces de Mapusa, apprendre à cuisiner un curry, sortir en mer à bord d’un bateau local : votre concierge ne manque pas d’idées pour improviser votre journée. Demandez-lui !

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Ce minuscule État, à l’échelle du pays, fait figure d’exception dans le paysage indien. Sa grandiloquence passée et son aura solaire propice au lâcher-prise lui confèrent une douceur de vivre irrésistible.

Archipel des Tuamotu

Du Tamil Nadu au Kerala

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

Dans la luxuriance de ces Indes tropicales, la contemplation l’emporte. Des jardins d’épices aux rouleaux de la mer du Bengale, ces contrées d’eau et de rêves invitent à ralentir la course du temps.

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RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI PONDICHÉRY — AUROVILLE — TANJORE — MADURAI — COCHIN Dédale de douces lagunes, les backwaters invitent à la contemplation. © Miren Alós

Au cœur du Tamil Nadu, dans l’extrême sud du souscontinent, la villeblanche de Pondichéry a sa statue de Jeanne d’Arc, ses places somnolentes où poussent les lauriers-roses, ses tournois de pétanque, et, face aux rouleaux grondants du golfe du Bengale, un front de mer inspiré de la Croisette. Une architecture et une atmosphère désuètes, mais Pondi a capitalisé le glamour de son Histoire, et foisonne de cafés branchés, de cantines végétariennes et de galeries d’art.

À quelques kilomètres de là, on peut faire un détour par Auroville. La ville-utopie, fondée trois mois avant Mai-68, n’en finit pas de se chercher. Ses 2000habitants venus de tous horizons pour expérimenter une société nouvelle vivent en autarcie, mais accueillent volontiers les visiteurs –ils initient les plus curieux à la confection de papier ou à la permaculture.

À Tanjore, Shiva danse. Le temple de Brihadesvara qui lui est dédié fait flamboyer jusqu’au ciel des millions

de divinités aux multiples bras. Douce à vivre, l’ancienne capitale culturelle cultive aujourd’hui encore les arts initiés par ses anciens souverains, musique extatique et danses savantes.

De la “ville des fêtes” au “pays des cocotiers” Madurai, dite la “ville des fêtes”, mérite ce titre par son seul temple de Mînâkshî, où le spectacle ne faiblit pas, du lever au coucher du jour.Son centre-ville est entièrement occupé par le temple dédié à la déesse aux yeux de poisson, épouse de Shiva. Et, chaque soir, la statue de bronze de Shiva est portée au sanctuaire de son épouse; la procession entraîne des centaines de fidèles, femmes aux saris éclatants, hommes porteurs de fleurs d’o rande et enfants joueurs. Le joyeux tumulte ne s’éteint qu’au seuil des sanctuaires où sont honorés les deuxdieux. Son nom signifie “pays des cocotiers”… Le Kerala, terre d’abondance, est une contrée d’eau et de rêves, avec l’océan

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Indien pour ligne d’horizon. Il recèle de vertes vallées où la cardamome pousse à l’ombre des manguiers, où le poivre et la vanille grimpent le long des jacquiers. Ses montagnes ondulent à perte de vue sous des champs de théiers.

Au fil de l’eau: des backwaters à Cochin De ces montagnes dévalent des dizaines de fleuves qui se perdent dans un dédale de douces lagunes, les backwaters. On embarque à bord d’un kettuvallam, élégant bateau fait de bois de jacquier et de fibre de coco, qui servait autrefois au fret du riz et des épices –poivre, curcuma, coriandre, cannelle. Ventrue comme une arche de Noé, l’embarcation glisse doucement sur l’eau sombre. De là, on observe la vie des villages de l’Inde profonde. Un paysan qui soigne son bœuf, de l’eau jusqu’aux épaules, une femme en sari safran qui vient puiser de l’eau et repart une jarre sur la tête, des enfants qui sautent dans l’eau en riant.

En quittant ce Kerala chatoyant, il faut faire halte à Cochin. La ville ouverte sur l’océan accueille depuis toujours les voyageurs au long cours. Autour de l’an mille, les Juifs fuyant l’Égypte, bientôt suivis par les pêcheurs chinois et par les marchands arabes; en 1498, Vasco de Gama ouvre la route des Indes et jette ici l’ancre. Cochin semble ne plus avoir évolué depuis que les Portugais l’ont quittée… On arpente en vélo ses ruelles ombrées de palmiers et de demeures coloniales. Au large, le ballet des bateaux, des cargos et autres dragueurs invite à poursuivre le voyage, toujours un peu plus loin.

VOYAGEURS DU MONDE

Les temples de Tanjore et de Madurai expliqués, une croisière privée sur les backwaters, Cochin avec un habitant, le parc de Periyar avec un naturaliste : une Inde du Sud cosmopolite.

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Le Kerala recèle de vertes vallées où la cardamome pousse à l’ombre des manguiers et où le poivre et la vanille grimpent le long des jacquiers…

Voguer sur les backwaters, à bord d’un kettuvallam, élégant bateau fait

Le goût du voyage

Kolam et sagesse

Le contour et la beauté. Tel est le sens du mot tamoul “kolam”. À l’aube ou au crépuscule, les femmes dessinent à la poudre de riz un motif géométrique harmonieux. Pour décorer la maison, mais aussi pour demander la protection des divinités. Un geste ancestral et un moment méditatif à partager…

La biennale d’art de Cochin

Ou plutôt de KochiMuziris. Première biennale indienne d’art contemporain, créée en 2011, elle fait la part belle aux artistes indiens. Les problématiques d’environnement et de discriminations sont largement abordées et exposées à Fort Kochi. La prochaine biennale aura lieu dès 2025.

Une initiation au kathakali

Au Kerala, ne manquez pas d’assister à une représentation de ce théâtre dansé, qui s’est développé dès le XVIIe siècle. L’artiste, à la maîtrise corporelle et symbolique extrême, peut tout jouer (femme, homme, dieu, démon, animal…). Le but est de révéler au public le rasa, le “goût” de l’œuvre.

L’héritage colonial de Pondichéry

Aux mains des Français fin XVIIe, envahie par les Hollandais, reprise par les Français, pillée par les Anglais, Pondi ne fut restituée à l’Inde qu’en 1956. Mais l’empreinte française reste forte : palais et villas Belle Époque, cimetières et églises catholiques… Un mix franco-indien des plus charmant.

Auroville, cité utopique

Fondée en 1968, avec le soutien de l’Unesco, par la Française Mirra Alfassa, compagne du yogi Sri Aurobindo, le lieu accueille toujours de nouveaux idéalistes. À voir absolument, le Matrimandir, sphère dorée haute de trente mètres, achevée en 2008 après trentesept ans de travaux.

de bois de jacquier et de fibre de coco. © Anika Buessemeier/Laif-Rea
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In the mood

L’Inde est douce au Kerala. Facile de souffler sur la jolie plage de Kovalam ou le long de la côte tropicale de Malabar. Au programme : 600kilomètres de littorals ombragés de cocotiers, des baignades en famille, des promenades à vélo dans les rizières, beaucoup de massages huilés et de succulents poissons fraîchement pêchés. Une fois rechargé, prendre la route de Cochin. Son centre historique, Fort Kochi, distille un charme dingue : maisons coloniales aux façades curcuma, belle végétation, rickshaws, adresses arty et antiquaires pointus. Après la traversée de l’Inde du Sud rurale, verdoyante et bercée par les flots, terminer le périple par une parenthèse aux accents français, à Pondichéry. Cet ancien comptoir colonial s’est en quelques années doté de bars à cocktails, de boutiques de créateurs et de rooftops avec vue sur le golfe du Bengale. Nos adresses coup de cœur : La Maison Rose, Domus, Ma Pondy Chérie ou Janaki.

PLACE TO BE

À Cochin, optez pour The Postcard Mandalay Hall (1), une valeur sûre mixant contemporain et charme de l’ancien. À Pondichéry, vous vous installez dans l’une des sixsuites de La Villa Hotel, une demeure du XIXe siècle restaurée par deux architectes français.

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AYURVEDA LA SCIENCE DE LA VIE

Pratiquée en Inde du Sud depuis cinq millénaires, la médecine ayurvédique fait aujourd’hui écho dans les plus hautes instances de santé mondiales. Et o re de nouvelles perspectives sur les manières de prendre soin de soi.

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Le shirodhara est un massage simple qui consiste à faire couler en continu de l’huile tiède sur le front. Il est un remède puissant en ayurveda pour lutter contre le stress et la fatigue.

© Jérôme Galland
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Parmi les adresses phare, le Niramayam Heritage Ayurveda, cocon tapis entre plage et végétation aux portes de Cochin ou encore l’envoûtant Ulpotha, flottant au pied des montagnes Galgiriyawa, au Sri Lanka.

Le 25 mars 2022 marque sans doute un pas dans l’histoire de la médecine internationale. Ce jour-là, à Jamnagar, dans le Gujarat, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le gouvernement indien inauguraient le premier Centre mondial de médecine traditionnelle. Objectif: créer un fonds de connaissances sur les pratiques ancestrales, comme l’acupuncture ou l’ayurveda, avec lesquelles les cultures autochtones soignent leurs maux depuis la nuit des temps. Si la démarche englobe la préservation de savoirs remontant aux anciens textes védiques, l’ambition est bien plus large.

L’OMS entend faire converger les dernières avancées scientifiques –jusque-là plutôt réservées à la médecine allopathique- et les techniques traditionnelles afin de trouver des solutions face aux défis de santé actuels. Un objectif confirmé par l’Organisation avec la tenue, en août 2023, du premier sommet mondial sur la médecine traditionnelle, à Gandhinagar (toujours dans le Gujarat), parallèlement à la réunion des ministres de la Santé du G20, dans l’espoir d’inciter les États à intégrer de manière durable la médecine traditionnelle à leur politique de santé. Un rapprochement qui semble évident dans un monde où, selon les estimations de l’OMS, 80% de la population a recours aux médecines traditionnelles.

“L’homme est un univers miniature”

Pratiquée en Inde du Sud depuis cinq milleans, l’ayurveda connaît un intérêt croissant en Occident depuis une quarantaine d’années. Retrouver l’équilibre, prendre soin de soi devient une raison supplémentaire de voyager à la source. Approche holistique, la première médecine indienne (30 000praticiens dans le seul Kerala) considère les dimensions physiques, psychiques, émotionnelles et spirituelles propres à chaque individu. Chacun de nous étant composé selon un ratio unique de cinqéléments: l’éther (âkaâsha), l’air (vâyu), le feu (tejas), l’eau (jala) et la terre (prithivi). Des énergies vitales qui s’associent pour former trois doshas, à savoir des complexions caractéristiques. Vous êtes

vata (air/éther)? Caractère enthousiaste mais fluctuant. Pitta (feu/eau)? Ambitieux, déterminé, mais hypersensible… Kapha ? (terre/eau): tolérant et stable, mais e acé. Trois morphotypes modifiés par les relations que chacun entretient avec le monde. Mode et cadre de vie, alimentation, digestion et stress influençant en bien ou en mal l’être tout entier. S’y ajoutent les émotions liées à la vie amoureuse, familiale, professionnelle… “L’homme est un univers miniature”, résume la formule inscrite dans le Charaka Samhita, l’un des deux textes fondateurs de l’ayurvedaavec le Sushruta Samhita

Un lien entre épigénétique et ayurveda

Une conception millénaire qui résonne dans les dernières avancées des sciences en génétique cellulaire. “L’épigénétique fait référence à la modification externe de l’ADN, écrit le docteur Robert Keith Wallace, chercheur en physiologie de la conscience à l’université de Harvard. Les principaux facteurs à l’origine des modifications épigénétiques sont le mode de vie et le comportement, l’alimentation et la digestion, le stress et les facteurs environnementaux. L’ayurveda s’intéresse à ces facteurs. Il est donc proposé que l’épigénétique soit un mécanisme important de l’ayurveda. Cette corrélation permettra une meilleure compréhension du système médical actuel, ainsi qu’une meilleure intégration des deux sciences dans la gestion d’une santé optimale”, conclut-il. Prévenir et préserver l’harmonie du corps et de l’esprit grâce à la diététique, le yoga, la méditation, les massages, guérir et rétablir l’équilibre par la purification, la phytothérapie…: la doctrine ancestrale de la “science de la vie” (du sanskrit ayur, la vie; et veda, la connaissance) a de l’avenir.

VOYAGEURS DU MONDE

Vous souhaitez une première introduction en douceur à l’ayurveda dans une belle retraite ?

Vous pratiquez depuis des années et cherchez une cure Panchakarma dans un institut traditionnel ? Selon votre profil (ou votre dosha), nos conseillers sauront vous aiguiller.

111 ayurveda

Les îles Andaman

À millekilomètres du sous-continent, proche des côtes birmanes, l’archipel de plus de cinqcents îles –dont une trentaine seulement porte la trace de l’homme– se révèle en Inde édénique.

Des ethnies y ont vécu des dizaines de millénaires. Voyageurs pionniers, ce seraient les premiers hommes à avoir quitté le continent africain pour s’arrêter ici –on les comprend, c’est si beau! Certains vivent toujours là, tranquilles et loin de tous, sur quelques îles de l’archipel, on le sait mais on ne les voit pas. Pendant la parenthèse britannique, la mer se fit barbelé, les Andaman se transformèrent en bagne le temps de la colonie, puis l’enfer redevint vite paradis. Au seuil du XXIe siècle, ce collier d’îles incarnait encore un jardin secret gardé par les routards, plongeurs, explorateurs et familles indiennes qui se satisfaisaient allègrement de paillotes rudimentaires. Depuis, une poignée d’adresses a poussé, dans un même esprit de simplicité mais avec un goût prononcé pour le beau et le douillet, attirant d’autres aventuriers avertis venant ici chercher l’Inde édénique après celle des villes et des Rajas.

Un secret encore bien gardé…

Un tel voyage se mérite. Pour atteindre ces contrées préservées, il débute par les airs jusqu’à Port Blair, capitale et ancien port militaire des Andaman. De là, seuls le bateau ou l’hydravion permettent de gagner les autres îles-paradis, à l’instar de Havelock. Longiligne quand on la rêvait ronde, tout en relief quand on l’imaginait uniforme. Et verte, si verte en son cœur primaire, frangé de pourtours turquoise où s’épanouissent des récifs coralliens remarquablement préservés, de majestueux dugongs, tortues, dauphins et lamantins, et bien d’autres petites merveilles ondulantes. Il est grand temps de découvrir les Andaman, avant que le secret ne se propage.

VOYAGEURS DU MONDE

Trouver des lieux rares, des îles encore sauvages, les dernières adresses : vous faire voyager en avant-première est l’une des missions de nos conseillers. Les Andaman en sont un bel exemple.

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PORT BLAIR — HAVELOCK

In the mood

Focus sur l’île d’Havelock! La journée, vous profitez de Beach Seven (Radhanagar Beach), un rêve serti de forêt, élue plus belle plage d’Asie par le Time Magazine. Avec les enfants, direction Turtle Beach, un spot de snorkeling que l’on atteint par bateau. Vous déjeunez au Full Moon Cafe, un restaurant où l’on déguste un excellent poisson grillé accompagné d’une limonade fraîche. En fin de journée, vous savourez un cocktail fruité au Fat Martin tout en écoutant un groupe de soul live. À ne pas louper: le yoga et les massages qui font partie intégrante des îles Andaman. Pour les plus aventuriers, une évasion à la journée sur la petite île volcanique de Barren qui o re un décor sous-marin exceptionnel: roches noires et coraux fluorescents.

PLACE TO BE

Le Jalakara est un cocon de confort minimaliste composé de sept chambres et d’une sublime piscine qui invite à la langueur et aux longueurs. Le Barefoot, c’est l’option ‘“pieds dans l’eau”, avec bungalows, spa, restaurant et club de plongée réputé.

© Julien Mignot

DES FEMMES, DES HOMMES ET UN DIEU

Divinité à quatre bras et à tête d’éléphant, star de la sitar ou de Bollywood, Nobel de la paix ou d’économie, nonne bouddhiste et chanteuse, avocat Mahatma ou archi-Bawa, ces figures font partie intégrante du panthéon (du temple?) Voyageurs du Monde.

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contre-culture

Ganesh (Inde)

Divinité hindoue la plus populaire, le fils de Shiva et de la déesse-mère Parvati, qui le conçut seule à base de divers onguents, arbore une tête d’éléphant qui le rend de suite identifiable. Dieu de la sagesse, il apporte également le bonheur et supprime les obstacles.

Anish Kapoor (Inde, 1954)

Parti vivre à Londres en 1973, il étudie à la Chelsea School of Art and Design. Ses sculptures sont le plus souvent monumentales. Des pigments colorés, il est passé au vantablack, le noir le plus noir de l’univers, dont il a acheté les droits exclusifs en 2016.

Dharshan Munidasa (Sri Lanka, 1970)

Deux de ses restaurants, basés au Sri Lanka, figurent sur la liste des 50 meilleurs d’Asie. Chef passionné, il a placé son pays sur la carte de la gastronomie internationale à travers ses adresses – Nihonbashi, Kaema Sutra et Ministry of Crab – et en mettant les produits locaux à l’honneur.

Malala Yousafzai (Pakistan, 1997)

Son engagement dans la lutte pour l’éducation des filles et les droits des femmes a commencé tôt, en réaction aux lois iniques des talibans. Aidée de son père, elle crée le Fonds Malala en 2013. Une action qui lui vaut d’être colauréate du Nobel de la paix en 2014.

Aishwarya Rai (Inde, 1973)

Superstar de Bollywood, elle est l’inoubliable actrice de Devdas, présenté à Cannes en 2002. Avant ce rôle, il y eut des études d’architecture à Bombay, du mannequinat et un titre de Miss Monde en 1994. Égérie L’Oréal depuis 2003, elle continue de rayonner.

Ravi Shankar (Inde, 1920-2012)

Il est le maître du sitar indien. De renommée internationale, il influence dès les années

1960 Beatles, Rolling Stones et grands musiciens de jazz. En plus de ce legs immense, il laisse deux filles, musiciennes aussi, Anoushka Shankar et Norah Jones, qu’on ne présente plus.

Gandhi (Inde, 1869-1948)

Jeune avocat formé à Londres, il s’installe en 1893 en Afrique du Sud. De retour en Inde en 1915, le Mahatma (“Grande âme”) n’a de cesse de lutter (pour l’indépendance du pays, l’émancipation des femmes…), avant d’être assassiné par un extrémiste hindou.

Amartya Sen (Inde, 1933)

Formation complète que celle de ce philosophe de l’économie dont les travaux sur les exclus et la pauvreté lui valent un Nobel d’économie en 1998. Spécialiste de la théorie du développement humain, ses recherches s’articulent autour de la justice sociale et de l’éthique.

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Ani Chöying Drolma (Népal, 1971)

Née dans une famille de Tibétains en exil, elle rejoint à 13 ans un couvent bouddhiste nommé Nagi Gompa. Son talent pour le chant la mène à enregistrer plusieurs albums et fait d’elle une figure internationale de la scène des musiques du monde.

Mohamed Nasheed (Maldives, 1967)

Victime d’un attentat en 2021, l’ex-président des Maldives (2008-2012), le premier à être élu démocratiquement, actuel chef du parlement, s’est représenté en 2023 à la tête du pays. Engagé dans la lutte pour le climat, il a cofondé le Maldives Coral Institute en 2019.

Kunzang Choden (Bhoutan, 1952)

Formée à la psychologie et à la sociologie à New Delhi, puis à l’université de Lincoln (Nebraska), elle s’implique rapidement pour le développement de son pays et le statut des femmes. Elle est également connue pour ses romans, dont Le Cercle du karma (2005).

Mowgli ( Le Livre de la jungle , 1894)

Créé par l’écrivain britannique Rudyard Kipling, ce petit personnage indien vêtu d’un simple pagne rouge grandit au milieu des loups. Baloo, un vieil ours sage, veille sur lui de toute sa bonhomie, nous rappelant, en chantant, qu’“il en faut peu pour être heureux”

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Le Sri Lanka

Le vert des feuilles de thé, le bourdonnement urbain, le calme d’un petit matin en bord de mer, des temples bouddhistes et une architecture moderniste: un pays aux mille possibilités d’exploration.

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COLOMBO — GALLE — DAMBULA — SIGIRIYA ANURÂDHAPURA — KANDY — POLONNARUWA NUWARA ELIYA — LUNUGANGA
© Mathieu Richer Mamousse

Les villes de l’ouest À Colombo, porte d’entrée du pays, les vendeurs de rue s’époumonnent et les véhicules en tout genre se frayent un chemin entre les piétons. Sur tous les visages, du plus jeune au plus vieux, se dessinent de larges sourires. Au Good Market –un marché écoresponsable du centreville–, on réalise que l’humain est au cœur de tout.

Plus au sud, Galle distille sesodeurs de bougainvilliers et d’embruns salés. Situé sur la route des épices, son port a fait partie des plus importants d’Asie. Les Portugais l’entourent de remparts au début du XVIe siècle. À l’intérieur des fortifications, il flotte aujourd’hui un parfum de vieille Europe. Des galeries d’art et des cafés égayent les ruelles. Quelques dizaines de kilomètres plus loin s’alanguissent les plages du sud. Sur le sable fin, les vagues viennent se ramasser dans un fracas de plus en plus discret au fil des heures. Il faut ensuite s’enfoncer dans les terres, ne serait-ce que pour prendre de la hauteur et contempler le relief saisissant de l’île. À Dambula, le temple troglodyte de Rangiri, également connu sous le nom de “temple d’or”, est un haut lieu

de pèlerinage depuis vingt-deux siècles. Ses peintures murales bouddhiques couvrant une superficie de 2100 mètres carrés et ses 157 statues font impression, notamment sa sculpture de Bouddha couché. Non loin, à l’est, la citadelle de Sigiriya, construite au Ve siècle, est perchée sur un spectaculaire promontoire qui domine la jungle. Ce “Rocher du lion”, classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982, se gravit via des passages creusés dans la paroi… entre deux pattes de lion monumentales.

Au cœur du triangle culturel

Le centre du pays brille également par son “triangle culturel”. Délimité par les cités d’Anurâdhapura, Kandy et Polonnaruwa, il renferme d’innombrables vestiges. Proclamée capitale impériale au IVe siècle avant J.-C., Anurâdhapura le resta pendant 1 300 ans. Abandonnée à la suite d’invasions successives, elle redevint un simple village. En son centre trône toujours fièrement le Jetawanaramaya, un stûpa géant. Non loin de là, le Sri Maha Bodhi s’articule autour d’un arbre sacré, issu du bodhi originel sous lequel Bouddha aurait connu l’éveil spirituel. À Kandy, le Sri Dalada Maligawa, attire également une foule de pèlerins.

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© Mathieu Richer Mamousse
© Mathieu Richer Mamousse

Le goût du voyage

Raban ou la danse des tambourins

Non loin de Kandy, le temple bouddhiste Lankathilake s’adonne à l’une des danses folkloriques les plus appréciées du pays. Elle s’accompagne, comme son nom l’indique, de percussions au son desquelles les danseurs font tournoyer des disques au bout de leurs doigts. Ne pas hésiter à esquisser quelques pas…

Hela Bojun Hala, délicieuse initiative

Des halles gourmandes, aidées par le ministère de l’Agriculture, cuisines à ciel ouvert, où goûter des plats traditionnels composés de produits locaux et surtout bios. Mais l’initiative est aussi sociale puisque ce sont près de 800 femmes entrepreneures qui y travaillent, réparties sur plus de 20 stands à travers le pays.

Sur les chemins du Pekoe Trails

Un sentier pédestre de 300 km au départ de Kandy, organisé à travers les hauts plateaux du centre.

Le premier du genre et une expérience de vie ! Encore mieux quand on sait que son but est de protéger et de mettre en valeur le patrimoine culturel et naturel du pays au profit des communautés locales.

Surf et kitesurf, pourquoi choisir ?

Le pays déborde de spots sensationnels. Les adeptes de surf pourront se rendre sur la baie d’Arugam (sud-est), à Hikkaduwa (sud-ouest) ou à Weligama (pointe sud). Pour s’envoler en kitesurf, Kalpitiya (à l’ouest) s’avère idéal. À l’abri du lagon de Puttalam, les vents sont cléments. Parfait pour les débutants.

De l’eau de coco au vin de palme

Le Sri Lanka est LE pays d’origine de la noix de coco, fruit du palmier Cocos Nucifera En sanskrit, il se nomme “kalpavriksha”, soit “l’arbre du paradis”. Sa sève se boit fraîche – c’est la si healthy et désaltérante eau de coco –, et une fois fermentée, elle devient vin de palme, boisson traditionnelle s’il en est dans les tropiques.

À travers un paysage nature magique, le train à wagons bleus du Sri Lanka relie Colombo, la capitale, à Kandy en trois heures. © Mathieu Richer Mamousse

Connu sous le nom de “temple de la Dent”, il protège une véritable canine du Bouddha. On est vite rappelé au présent dès lors que l’on arpente l’une des plantations de thé de la région. L’activité y est soutenue. Des femmes, principalement, cueillent les feuilles à la main, condition nécessaire pour ne pas abîmer la précieuse récolte. On peut les apercevoir depuis le train qui serpente à travers champs. Un moment extraordinaire au rythme tranquille des rails. L’atmosphère qui règne à l’intérieur des wagons y participe grandement. Au bout du chemin se trouve la petite ville de Nuwara Eliya. Située à plus de 1800 mètres altitude entre lac et montagne, elle était surtout fréquentée par les colons britanniques qui voulaient échapper aux fortes chaleurs.

L’œuvre architecturale de Geo rey Bawa Né en 1919 dans la colonie britannique de Ceylan, l’architecte fait partie des plus influents de sa génération. Il développe l’idée de durabilité avant même que le terme n’ait été inventé par les théoriciens. À la suite de la déclaration d’indépendance de Ceylan, en 1948, il acquiert une plantation d’hévéas en friche à Lunuganga et débute le projet de toute une vie.

Il trace des perspectives dans la jungle, crée des terrasses végétales, imagine un étang en forme de papillon, dispose des statues anciennes… Un jardin à l’italienne voit le jour petit à petit. Le lieu, dissimulé dans la jungle, se visite depuis sa disparition. En parallèle, il construit hôtels, maisons privées et bâtiments publics à travers toute l’île. Ses inspirations sont complémentaires, il puise à la fois dans les traditions sri lankaises et dans l’héritage colonial. L’environnement est partout respecté. Simplicité, sophistication, élégance et humanisme sont sa marque. Dans une ruelle de Colombo, au bord du lac de Kandalama, sur la plage préservée de Mawella, le maître du modernisme tropical a laissé son empreinte, pour le plus grand bonheur des amateurs.

VOYAGEURS DU MONDE

Faire son marché bio à Colombo, pédaler de temple en temple à Sigiriya, s’essayer au cricket, participer à un éco-safari ou à un cours de cuisine : découvrez nos idées de Sri Lanka en famille.

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Dans les plantations de thé de la région, l’activité est soutenue. Des femmes, principalement, cueillent les feuilles à la main, condition nécessaire pour ne pas abîmer la précieuse récolte.
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In the mood

Commencer par le nord ? Et s’émouvoir de ses vestiges impériaux, ses dauphins qui s’approchent tout près des côtes pour venir vous saluer… Au cœur de l’île, se laisser emporter par la beauté de Ceylan. Au programme ? Sorties à vélo dans les plantations et randonnées au bord des lacs. Et pourquoi ne pas emprunter une voiture électrique et glisser gentiment vers lesud ? Ensuite, poser son paréo en batik sur le sable blanc de Kabalana Beach et se rafraîchir dans les eaux turquoise de l’océan Indien. À moins de s’initier au surf sur de doux rouleaux. Pour les grosses vagues, direction Hikkaduwa, un spot hippie très seventies où siroter une eau de coco à l’ombre d’une paillote. À quelques kilomètres au sud de Galle, on se rend au centre feel good Sri Yoga Shala qui propose cours de yin, de vinyasa ou de hatha, mais aussi massages shiatsu ou réflexologie plantaire. Dans la ville d’Ahangama, on se ressource chez The Kip, refuge durable et créatif, où shopper et savourer de délicieux smoothies de fruits frais. À Dikwella, le Smoke & Bitters, lieu enchanteur, sera idéal pour finir la journée en se délassant autour d’un cocktail de compétition et de plats savoureux… et fumés.

PLACE TO BE

Enfoui dans la jungle, l’hôtel Santani Wellness Kandy initie aux bienfaits de la médecine ayurvédique dans un cadre ultra design. À Galle, l’Amangalla est chic, classique et élégant. Un peu plus à l’est, l’Amanwella o re quant à lui une vue unique et un confort exceptionnel. N’oublions pas l’incontournable Lunuganga imaginé par l’architecte Geo rey Bawa. Et pour une expérience inégalable : une nuit à Yala, dans l’un des vingt-huit cocons du Wild Coast Tented Lodge (1), à la lisière de la jungle et de la plage.

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Archipel des Tuamotu

Les Maldives

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

Au beau milieu de l’océan Indien émergent des terres en pointillé, plantées de palmiers et de frangipaniers. On s’abandonne littéralement à la beauté des Maldives, entre ciel pur et lagons émeraude.

RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI
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© Artefficio/Soneva Jani

Àla descente de l’avion, sur le tarmac du petit aéroport de Malé, une brise légère apporte avec elle des e uves sucrés. Une entrée en matière qui marque les esprits. La suite du voyage induit bien souvent un vol en hydravion ou un trajet en bateau. L’un et l’autre permettent de plonger au cœur de l’archipel. Et le spectacle est saisissant. Les dégradés de bleus, les atolls dispersés ici et là, les dauphins qui accompagnent les embarcations…

La magie insulaire opère. Seul au monde, debout sur le sable chaud, sous un ciel immense, on réalise que les éléments trouvent une harmonie naturelle dans l’unique but de modeler une sorte de paradis. L’art majeur pratiqué ici, c’est celui de ne rien faire. Un lâcher-prise qui demande à être apprivoisé, petit à petit. Le plus beau cadeau que l’on puisse se faire: rapporter dans sa valise cette liberté, pour plus tard. Il va de soi qu’un cadre paradisiaque facilite les choses…

Comme en apesanteur au-dessus de lagons transparents, quelques maisons flottantes s’accrochent les unes aux autres. Perchées sur pilotis, respectant bien souvent une géométrie contemporaine, elles prolongent les atolls sans les dénaturer. Sous les plateformes en bois, raies Manta et requins à pointe noire nagent paisiblement.

Les voyageurs fraîchement installés dans ces cabanes extraordinaires goûtent à une vie faite de choses simples: rêver,

plonger, contempler. On regretterait de ne pas savourer chaque instant.

Une situation géographique avantageuse mais menacée

À l’occasion, il faudra contourner les resorts et rentrer dans les terres. Faire la rencontre des locaux et de leurs villages, c’est comprendre que l’archipel fut de tout temps un lieu de vie et de passage. Une telle situation géographique –juste au sud du sous-continent indien, à mi-chemin entre l’Asie et les côtes africaines– a longtemps présenté un avantage stratégique indéniable. Au XIIe siècle, les marchands arabes avaient pris l’habitude de s’y arrêter pour y faire le plein de fruits et d’eau douce… Le monde contemporain connaît des enjeux di érents. La montée des eaux menace sérieusement les terres maldiviennes, dont la plupart sont déjà situées endeçà du niveau de la mer. Pour les hôteliers notamment, l’heure est au passage à l’action. Il s’agit là d’aller vers une gestion toujours plus responsable et de porter un regard plus large sur la célèbre carte postale. Des conditions nécessaires pour assurer un avenir serein à l’archipel et sa population.

VOYAGEURS DU MONDE

L’atoll en vue, la plus belle chambre, le meilleur spot de plongée : votre conseiller connaît les Maldives sur le bout des palmes, il vous aidera à trouver l’île qui vous correspond.

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In the mood

Les Maldives, LA nouvelle destination surf ? C’est peut-être lesecret le mieux gardé de ce pays en équilibre sur l’équateur et éparpillé au gré de l’océan Indien. Depuis quelques années, dessurfeurs bien renseignés se retrouvent à Sultans ou dans les atolls du sud pour des sessions de glisse sur eaux translucides et à l’abri des foules. D’autres préféreront un séjour plus chill avec, à la carte, spa sur pilotis –on se fait masser en espionnant les tortues qui évoluent sous les sols de verre–, smoothie coco dans une cabane perchée ou hamac-lecture. Avec les enfants, vous vouvoyez les dauphins, découvrez le yoga, faites d’innombrables parties de volley, organisez des courses au trésor dans l’île, ou une chasse aux crabes… Vous enfilez tuba, masque et palmes et partez en excursion au milieu d’un jardin corallien. Le soir venu, vous profitez en tête à tête de ce planétarium naturel. Face à l’immensité, vous observez étoiles et constellations, que jamais vous ne verrez mieux qu’ici.

PLACE TO BE

Parmi la ribambelle de choix, on opte pour un hôtel écologiquement et socialement engagé: low-fi, panneaux solaires, programme de protection des coraux, optimisation et réduction des déchets… Tout cela compte réellement si l’on souhaite préserver et profiter de ces si fragiles écosystèmes.

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DO YOU SPEAK hindi, ourdou, népalais, dhivehi?

Dix mots ou expressions à connaître pour vivre un voyage des plus harmonieux.

Les fidèles hindous arborent le

TILAK ou TIKA

La marque rouge apposée sur leur front

Ne refusez jamais un

CHAÏ

Pas juste un mantra,

est une intonation sacrée, symbole de l’absolu et du principe divin

Les monastères se disent

GOMPAS

en pays bouddhistes

Vous ne pourrez échapper au PARATHA

Cette crêpe feuilletée à base de farine et de ghee (beurre clarifié)

Faits d’éto es chatoyantes et parfaitement coupés

SARI, DHOTI, KURTA

Par politesse et parce qu’on ne peut résister aux parfums de cardamome, gingembre et cannelle En dhivehi, la langue des Maldives, les “r” sont roulés. À la question “Kihineh?” (“Comment allez-vous?”), vous répondrez

sont les habits traditionnels portés en Inde

Au Pakistan, chanté par un ensemble de voix masculines, le

VARAH BARABARU !

(“Très, très bien!”), prononcé “Varrraa barrrabarrrou”

QAWWALI

est une musique soufie dont l’origine remonte au XIIIe siècle.

Un délice népalais

MOMO

Une sorte de ravioli cuit à la vapeur, farci au bœuf ou au yack et parfumé de nombreuses épices

Envisager les hautes montagnes du Ladakh et de l’Himalaya impose de reconnaître les symptômes du

MAM/AMS

“Mal aigu des montagnes”/“Accute Mountain Sickness”, souvent appelé “mal d’altitude”. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Renseignez-vous auprès de notre médecin Voyageurs

132 l’usage du monde
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Voyageurs…

Directrice de la communication

Nathalie Belloir

Direction artistique

Olivier Romano, avec Faustine Poidevin

Rédacteurs

Emmanuel Boutan, Baptiste Briand, Éléonore Dubois, Clara Favini, Marion Osmont, Cyrielle Robert

Secrétaire de rédaction

Stéphanie Damiot

Coordinatrice fabrication

Isabelle Sire

Responsable photo

Marie Champenois

Iconographes

Daria Nikitina, Alix Aurore Pardo

Photogravure Groupe Santerre

Impression Imprimerie Peau

Édition Juin 2023

Crédits – Couverture Vasantha Yogananthan

Illustrations Førtifem (p. 5, pp. 8-9, p. 12)

Photos Matthieu Paley (pp. 14-21) ; Imdad Barbhuyan, Matthieu Paley (p. 26) ; Sara Hylton/REDUX-REA, Matthieu Paley, Andre/stock.adobe.com, Katya Tsvetkova/ stock.adobe.com, Nomi2626/stock.adobe.com (p. 31) ; Rafal Cichawa/stock.adobe.com, Hotel Happy House, Matthieu Paley, Ashok Sharma/Pexels, Thomas Dutour/stock.adobe. com, Lora Sutyagina/stock.adobe.com (pp. 36-37) ; Romain Laprade, Como Uma Paro Hotel (p. 42) ; Amankora, Romain Laprade (p. 43) ; Photo by Earl Leaf/Michael Ochs

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“Voyageurs du Monde s’est engagée dans une gestion responsable de ses achats papiers en sélectionnant des papiers fabriqués à partir de fibres et de bois provenant de forêts gérées durablement. Le choix d’éditer notre brochure à l’imprimerie Peau, imprimeur écoresponsable, labellisé Imprim’Vert et certifié FSC, s’inscrit dans la continuité de notre engagement en matière de protection de l’environnement. Brochure imprimée avec des encres végétales.”

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