Voyageurs aux Etats-Unis

Page 1


VOYAGEURS AUX ÉTATS-UNIS

NEW YORK CÔTE EST VERMONT— CHICAGO

LOUISIANE — MEMPHIS — FLORIDE — GÉORGIE — ROCHEUSES

TEXAS SEATTLE & PORTLAND — LOS ANGELES CÔTE OUEST

NOUVEAU-MEXIQUE ARIZONA — ALASKA HAWAÏ…

Les Cités des Voyageurs

Paris 2e

55, rue Sainte-Anne

+33 (0)1 42 86 16 00

Bordeaux

35, rue Thiac

+33 (0)5 57 14 01 48

Bruxelles

23, chaussée de Charleroi

+32 (0)2 543 95 50

Genève

19, rue de la Rôtisserie

+41 (0)22 519 12 10

Grenoble

16, boulevard Gambetta

+33 (0)4 76 85 95 90

Lausanne

Rue-de-Bourg, 6

+41 (0)21 519 10 65

Lille

147, boulevard de la Liberté

+33 (0)3 20 06 76 25

Londres

First Floor

111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL)

+44 (0)20 7978 7333

Lyon 2 e

5, quai Jules-Courmont

+33 (0)4 72 56 94 56

Marseille 1 er

25, rue Fort-Notre-Dame

+33 (0)4 96 17 89 17

Montpellier

8, rue du Palais des Guilhem

+33 (0)4 67 67 96 30

Montréal

295, rue de la Commune Ouest

+(1) 514 722 0909

Nantes

13, rue du Moulin

+33 (0)2 40 20 64 30

Nice

4, rue du Maréchal Jo re

+33 (0)4 97 03 64 64

Québec

540, rue Champlain

+(1) 418 651 9191

Rennes

31, rue de la Parcheminerie

+33 (0)2 99 79 16 16

Rouen

17-19, rue de la Vicomte

+33 (0)2 32 10 82 50

Strasbourg

16, rue Sainte-Barbe

+33 (0)3 88 15 29 48

Toulouse

26, rue des Marchands

+33 (0)5 34 31 72 72

Voyageurs aux États-Unis

01 84 17 57 96

Retrouvez toutes nos idées de voyage sur voyageursdumonde.com

Des rues de Harlem aux plages de Maui, les États-Unis cristallisent tous les rêves de voyages. Sans doute mieux que n’importe quel autre pays. Une success story bâtie hier sur ses États stars – Floride et Californie en tête–, renforcée aujourd’hui par des outsiders comme le Vermont, la Géorgie, l’État de Washington qui regorgent eux aussi de belles surprises. L’Amérique du Nord continue de tracer la route de sa jeune histoire (à peine deux cent cinquanteans d’existence) et nous invite à la prendre au vol. Répondant à l’envie irrépressible d’aller se frotter à toutes ces images, celles dont les grands auteurs de la littérature, les héros et antihéros du cinéma, et plus récemment des séries, ont bercé notre imagination. Art, musique, design, architecture…: la culture américaine est à elle seule un prétexte au départ. Le goût des grands espaces, d’horizons infinis, une nature encore indomptée achèvent de façonner l’appel d’un voyage qui rime avec liberté. Un cliché comme seule l’Amérique sait les faire exister.

JEAN-FRANÇOIS RIAL

Nos

Une

Le magazine Life, l’institution new-yorkaise qui a documenté les grands événements de l’Amérique et du monde.

Une ville, laboratoire de la modernité, qui cultive l’art de vivre sur les rives du lac Michigan.

La côte est

Paradis terrestres, beach houses, métropoles… Aperçu en sept images.

Le quatrième plus petit État du pays est une immense bouffée de chlorophylle.

Magazine - Traverser les États-Unis en train

De Chicago à San Francisco, le California Zephyr fend les paysages américains, à la conquête de l’Ouest et du temps retrouvé.

44

Musique

Retour aux sources du blues, entre le bayou de Louisiane et les lumières de Memphis.

48

La Floride

Exubérante et clinquante, à la fois terre d’asile, d’histoire, d’arts, de luxe et de mode, la Floride étonne par sa créativité.

58

La Géorgie

Un changement de style radical qui en fait l’un des États les plus attractifs de la côte est.

60

Pop culture

Tous les visages de l’Amérique à travers ses séries télé.

64

Les Rocheuses

Territoire des cow-boys, de la conquête de l’Ouest et de la ruée vers l’or. Un must-see !

72

Art

Au Texas, les ranchers sont aussi collectionneurs et mécènes. Focus sur trois villes arty.

76

Seattle et Portland

Villes au caractère alternatif bien trempé, antithèses du Golden State, elles incarnent l’autre Californie.

78 Architecture

Sur les collines de L. A., les Case Study Houses sont les autres stars d’Hollywood.

86

Lacôteouest

Road-trip cinégénique et esprit do it yourself : la côte ouest, c’est un grand souffle de liberté. La preuve par sept.

96 Portrait

Georgia O’Keeffe et le Nouveau-Mexique, terre de cœur et d’inspiration d’une peintre moderniste majeure du XXe siècle.

102

L’Arizona

Fous de grands espaces westernophiles, hippies en quête spirituelle ou utopistes divers… à chacun son parc.

112

Les parcs américains

Ils sont nombreux, nationaux ou non, à jalonner le territoire. Présentation non exhaustive de ces beautés naturelles.

114

L’Alaska

Le plus grand État des US, et aussi le plus wild

116 Hawaï

Ou le rêve tropical des îles Sandwich.

120

L’usage du monde

Do you speak… american way of life ?

Pacifique nord

CALIFORNIE

UTAH

Cartographie

Quelques repères

• Superficie : 9 363 123 km2

• Population (2024) : env. 335 millions

• Capitale : Washington, D.C. (0,68 M.)

• Villes principales : New York (8,4 M.), Los Angeles (4 M.), Chicago (2,7 M.)

• Point culminant : Denali (Alaska), avec 6 190 mètres

• Fuseaux horaires : 4 (6 avec l’Alaska et Hawaï).

Chaque jour, nos conseillers spécialisés par pays ou par région créent des expériences uniques, doublées d’une pléiade de services haut de gamme. Aborder le monde par son envers, dévoiler le véritable visage des destinations, composer des voyages personnalisés selon les envies de chacun : tel est l’esprit de Voyageurs du Monde.

conseillers, dont 30 experts des États-Unis. Passionnés venus de tous les horizons ou natifs du pays, ils sont une formidable source d’inspiration.

250 26

142

concierges à travers le monde, dont 10 sur les États-Unis, veillent sur vous et exaucent vos souhaits à chaque instant.

0

100 %

carbone neutre

La totalité des émissions de CO2 liées à nos voyages est absorbée grâce à divers projets de reforestation dans le monde.

di érence. Le budget que vous fixez avec votre conseiller sera respecté au plus juste. Une fois votre devis validé, aucuns frais supplémentaires ne sont à prévoir.

2 700

arbres plantés chaque jour: une action parmi les nombreux projets environnementaux et humanitaires soutenus par notre fondation Insolite Bâtisseur-Philippe Romero.

19

nationalités représentées chez nos salariés. Une façon d’insu er une vision du monde respectueuse des di érences culturelles.

120

pays, des grands classiques aux régions plus confidentielles, Voyageurs du Monde peut vous emmener partout sur la planète.

Cités des Voyageurs : 13 en France, 2 en Suisse, 1 en Belgique, 1 à Londres et 2 au Canada. Des lieux accueillants où le voyage commence déjà.

maisons Voyageurs qui racontent chacune une part de l’histoire du pays. Le Steam Ship Sudan et la Flâneuse du Nil en Égypte, la Villa Bahia au Brésil, la Villa Nomade à Marrakech et la Satyagraha House à Johannesburg.

Voyageurs aux États-Unis

Conciergerie

Répartie entre côte est et côte ouest, l’équipe conciergerie francophone répond in situ à toutes vos demandes de dernière minute. Un intermédiaire en or, doté d’un très bon réseau, capable de vous apporter une réponse en un temps record. Qu’il s’agisse de dénouer une situation d’urgence (panne, annulation de vol, etc.) ou de faire plaisir (les meilleurs pancakes de l’Ouest, les dernières places pour un match de NBA…).

Like a friend

On peut voir Venice Beach, visiter Palm Springs et passer à côté… Notre solution pour aller à l’essentiel d’une ville ou d’un quartier est de vous faire accompagner par un habitant francophone. La découverte prend un tout autre goût, orientée selon vos envies ou sur un thème particulier dont votre hôte maîtrise les ficelles (l’architecture, la cuisine). Vous profitez de son expérience et de ses bonnes adresses. Une approche locale inégalable.

Les services Voyageurs du Monde

Ring the bell

Réserver la bonne table, obtenir une visite privée, trouver une baby-sitter: notre conciergerie francophone locale répond in situ à vos envies. Son rôle est aussi d’anticiper vos attentes et de vous suggérer des idées.

Like a friend

Un(e) habitant(e) des lieux propose une balade informelle, adaptée à vos centres d’intérêt. Partageant conseils et bonnes adresses, vous êtes informé sur les mœurs locales. Un moment décontracté et enrichissant.

Fixeur

Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays. Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.

Zéro carbone

Pour lutter contre le réchau ement climatique, Voyageurs du Monde participe à des projets de reforestation qui permettent l’absorption carbone sur la totalité des voyages.

Assistance 24/24

Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, l’assistance vous aide à trouver une solution aux aléas logistiques, administratifs, médicaux, voire mécaniques. Avant le départ, vous pouvez échanger avec notre médecin Voyageurs.

Dans la poche

L’app Voyageurs du Monde reprend le déroulé jour par jour de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Elle joue lesguides malins en compilant des adresses personnalisées et géolocalisées par genre (restaurants, boutiques, musées…).

Réservation de tables

Adresses gastronomiques ou spots préférés des locaux, Voyageurs du Monde anticipe et réserve votre table à l’avance. Des lieux testés et approuvés à retrouver sur l’app et dans votre carnet de voyage.

Wifi nomade

Même coupé du monde, rien n’interdit de communiquer. Sur certaines destinations, un mini-routeur wifi (ou une eSIM) est mis à votre disposition pour connecter jusqu’à 5terminaux au réseau (1GO/jour inclus).

Welcome!

Arrivée matinale ou départ tardif, Voyageurs du Monde négocie avec vos hôtels afin que vous obteniez/conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut être prévue.

Assurance dédiée

Gérer les problématiques d’assurances devient très vite insupportable lorsque l’on subit déjà le stress de l’incident. L’équipe dédiée Voyageurs du Monde s’occupe des démarches à votre place: réactivité, fluidité et “destress” garantis!

Départ simplifié

Pré-seating; cartes d’embarquement reçues la veille ; sur demande, enregistrement de vos bagages à domicile à Paris et dans le 92 (sur vol aller Air France et au départ de CDG uniquement) et transferts aéroports… : vos formalités réglées en un clin d’œil.

Fast-track aéroport

À Roissy-CDG, passage prioritaire (enregistrement, contrôles) inclus au départ pour les passagers de vols long-courriers (sur demande au retour). Notre assistance vous accompagne jusqu’à l’embarquement.

Accès aux salons lounge

Au départ de CDG, sur les vols éligibles, le lounge vous est ouvert. Un autre salon peut vous être réservé : les contrôles (police et sûreté) y sont e ectués en privé. Enregistrement, carte d’embarquement et accès direct au pied de l’avion sont organisés pour vous.

Miles cumulés

Chaque voyage réservé chez Voyageurs du Monde permet de cumuler des miles sur le programme Flying Blue. Un bonus de 1000 miles lors des trois premiers voyages et de 10000 miles à partir du quatrième.

Le voyage désorganisé

Le quotient émotionnel

Décider en temps réel de la suite de son voyage, modifier son itinéraire le jour même, écourter une étape, en prolonger une autre, changer de cap: à New York, en Floride ou ailleurs, Voyageurs du Monde vous propose d’explorer un nouveau concept. En lien direct et permanent, votre conseiller et notre conciergerie francophone sur place vous assistent afin de concrétiser vos demandes, selon ce que vous ressentez (de positif ou négatif) à l’instant T.

Book lovers

Un polar texan, de la littérature contemporaine et urbaine, du nature writing dédié à l’Ouest américain. Cinq livres et autant d’écrivains, chroniqueurs de leur époque et de leur environnement, à retrouver dans cette sélection des libraires Voyageurs du Monde.

Roman

La Belle Vie de Jay McInerney

Points

Le romancier américain écrit ici l’avant et surtout l’après 11Septembre, son impact sur une ville, New York, mais aussi sur un couple. Car si Russell et Corrine ont “la belle vie” (un appartement dans Manhattan, de beaux enfants, une situation confortable…) et que leur existence semble parfaite, l’attentat vient chambouler leur routine. Au milieu des décombres du rêve américain, surgissent alors l’espoir et la possibilité du renouveau.

Polar

Pottsville, 1280 habitants de Jim Thompson

Rivages

Doté d’une nouvelle traduction (la précédente datait de 1966), Pottsville…, du génie du noir (polar et humour) Jim Thompson, est un grand classique. L’auteur, de son écriture ciselée, raconte les exploits du shérif de Pottsville, Texas, Nick Corey. Paresseux, lâche, cocu et sur le point de perdre sa place à la veille de nouvelles élections, il décide de s’activer… et de tuer un à un ses administrés les plus pénibles. Culte!

Nouvelles

Le Goût sucré des pommes sauvages de Wallace Stegner

Gallmeister/Totem

Dans ce recueil de cinqnouvelles datant des années 1950, l’un des maîtres de la littérature US et du nature writing nous sert l’Amérique des grands espaces sur un plateau. Rassemblées peu de temps avant sa mort, ces œuvres de jeunesse révèlent une écriture hors du temps. À chaque page, grâce à un sou e narratif exceptionnel, la vie est célébrée, l’esprit des lieux rendu avec finesse... Une invitation au voyage qu’on ne saurait refuser.

Série

Chroniques de San Francisco, tome1 d’Armistead Maupin

10 x 18

Premier des neuf tomes consacrés aux pensionnaires de Barbary Lane. Témoin d’une époque (les 80’s), ce feuilleton romanesque aborde avec légèreté et humour tous les sujets, notamment les plus graves –le sida et ses premières victimes. C’est aussi le portrait d’une ville, San Francisco, berceau de toutes les utopies et de toutes les expériences (libertaires, hippies, sexuelles…).

Récit Winter de Rick Bass

Gallimard/Folio

“Winter” pour “hiver”, celui, long, froid et plein de surprises, que va découvrir l’auteur. Texan d’origine, Rick Bass se retrouve à emménager dans le Montana, à la lisière du Canada. Très vite, sous le coup de températures négatives extrêmes, l’essentiel a eure. Couper du bois, ne pas avoir froid deviennent alors des obsessions. Ode à la nature, sa beauté et sa puissance, ce récit écrit comme un journal intime par ce farouche défenseur de l’environnement est aussi un retour à soi et à sa propre nature… sauvage.

La librairie

Voyageurs du Monde

Un passage obligé ! On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller.

48, rue Sainte-Anne, Paris IIe

Culture à la page

#healthy, #yoga, #green, #wellness…

Aux États-Unis, la recherche du bien-être est un graal qui connaît un succès exponentiel. Le nombre d’influenceuses et de posts sur les réseaux sociaux glorifiant la méditation, la détox, le chou kale, le jeûn et la salutation au soleil se multiplient. Épicentre de cette tendance lourde? La Californie. Culte du corps, adresses “green & organic” et studios de yoga –du très chic Wanderlust Hollywood aux cours de vinyasa, à la carte ou lors d’une retraite urbaine, pris dans l’un des nombreux palaces de la région– font partie du décor et de la routine de la côte ouest. L’est n’est pas en reste. À New York, vous pourrez vous rendre, par exemple, au Strala Yoga, sur Broadway. Le studio de la gourou-star du bien-être Tara Stiles ne désemplit pas! En plus de la discipline millénaire revue et corrigée (Stiles a développé un yoga fluide et accessible mêlant mouvements de danse et de gym), la “wellnesswoman” donne des conseils sportifs, ainsi que des recettes saines qui alimentent son site, et ses nombreux ouvrages… Dans un pays où la malbou e et son corollaire, l’obésité, sévissent toujours, cette quête du healthy, du “vivre et manger sain”, est devenue un véritable mode de vie, une nouvelle culture.

L’ŒIL DE NEW YORK SUR LE MONDE

De la fin des années 1930 au début des seventies, le magazine Life a brossé le portrait de toute l’Amérique, mais aussi du monde. Institution new-yorkaise, l’hebdomadaire a révélé le pouvoir inconditionnel de l’image, s’entourant des plus grands photoreporters.

Indélébiles. Certaines images sont associées à jamais aux États-Unis. Parmi elles, celle d’un marin embrassant fougueusement une infirmière à Times Square, quelques heures avant l’annonce de la capitulation du Japon marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale . L’auteur de cette photo emblématique, Alfred Eisenstaedt (18981995), est l’une des figures du magazine Life dans lequel elle fut publiée le 27août 1945. Du premier numéro de 1936 à l’arrêt des rotatives en 1972, “Eisie” a participé, à travers près de 2 000reportages et une centaine de unes, la vie du plus grand hebdomadaire de photojournalisme qu’aient connu les États-Unis. Une révolution par l’image, manière inédite de relayer l’information sur le monde et sur un pays qui jusque-là prêchait par l’écrit et la radio. En donnant pleine page à la photographie, Henry Luce fondateur du Time, puis de Life, inventait un nouveau média pour accompagner la formidable histoire de l’Amérique du XXe siècle.

Au cœur de l’actualité mondiale

La première édition de l’hebdomadaire tirée à plus d’un million d’exemplaires est épuisée dans la journée. En couverture, la photographie du barrage de Fort Peck, pilier du New Deal, est l’œuvre d’une femme. Dès les premières années, Margaret Bourke-White s’a rme aux côtés de Eisenstaedt, Thomas McAvoy et Peter Stackpole comme l’un des piliers du magazine. Des grands travaux aux généraux américains, Staline, Churchill ou encore Gandhi, cette photographe d’influence tirera le portrait des grands hommes du monde. La Seconde

Guerre mondiale propulse le magazine au rang d’indispensable pour l’Amérique, dont les fils et maris sont envoyés au front. Life est le premier à publier les photos du débarquement des Alliés en Normandie. Parmi elles, onze clichés surnommés depuis The Magnificent Eleven (“Les Onze Magnifiques”) arrachés à l’enfer d’Omaha Beach par un certain Robert Capa. Rescapées d’une mauvaise manipulation dans un laboratoire de Life, les photos publiées dans le numéro du 19 juin 1944 sont à jamais liées à l’histoire. Le magazine est aussi le premier à publier les photos des morts au combat. Polémiques. Ce choix révèle à la face de l’Amérique le rôle indispensable de Life : tenir le peuple américain aux premières loges de l’actualité.

Dans l’intimité des Américains

À ses côtés dans les moments tragiques, Life accompagne également chaque étape de l’Amérique heureuse. Au sortir de la guerre, le pays célèbre son nouveau statut de première puissance mondiale, dont l’hebdomadaire relaie l’état d’esprit de ce grand boom en plongeant au cœur de tout le territoire. L’image gagne encore en importance, on parle maintenant d’“essais photographiques”, des reportages d’une douzaine de pages, composés essentiellement de photos (malgré des plumes renommées), qui racontent le quotidien des Américains: une sage-femme de Caroline du Sud, un cow-boy texan, un médecin de famille du Colorado, une jeune femme active new-yorkaise. Life décrit la vie américaine avec une intense intimité, une profonde empathie.

Le “baiser de Times Square”, immortalisé par le photographe de Life Alfred Eisenstaedt quelques heures avant la fin de la Seconde Guerre mondiale et publié le 27 août 1945. Mythique.

Peut-être la plus célèbre une du magazine : l’astronaute Buzz Aldrin pris en photo par son coéquipier Neil Armstrong en juillet 1969, lors de la mission Apollo 11.
© The Life Premium Collection via Getty Images

L’Amérique change, envoie ses premiers

hommes sur la lune et Life est le témoin privilégié de ces métamorphoses.

Et la magie s’exerce grâce au talent de photographes tels Leonard McCombe ou W.Eugene Smith qui saisissent les instants clés, extirpent l’extraordinaire de vies ordinaires. À la fin des années 1950, un Américain sur deux (soit environ 100millions) voit le monde et l’Amérique à travers l’œil de Life.

Faire évoluer les consciences

Une nouvelle décennie s’ouvre et avec elle une grande page de l’histoire américaine va s’écrire en images. La famille de photographes et les moyens du Life s’éto ent largement. Une jeune garde de talents, tels Burke Uzzle ou Bill Eppridge, poursuivent cette façon unique de documenter l’Amérique : un photojournalisme embarqué au plus près de ses sujets, même les plus graves. “Nous vivions 22heures sur 24 avec nos sujets, et étions souvent confrontés à un sérieux dilemme moral: dois-je prendre la photo ou appeler la police?”, témoigne Eppridge dans un documentaire de la BBC (America in Pictures: TheStory of LifeMagazine). Auteur d’un reportage choc sur un couple d’héroïnomanes new-yorkais, mais aussi d’une photo historique de l’assassinat de Robert Kennedy le 5 juin 1968, Eppridge apporte la réponse par ses photos et le rôle qu’elles vont jouer dans le changement des mentalités. En livrant une vision sans filtre de l’état du pays et du monde, Life acquiert un véritable pouvoir d’influence. Ainsi, les images terrifiantes de Larry Burrows durant la guerre du Vietnam, comme celles de John Shearer suivant la

lutte pour les droits civiques de la communauté noire-américaine, le Ku-Klux-Klan, ou les gangs du Bronx, vont imprimer de manière indélébile la conscience collective du pays et la faire évoluer. L’Amérique change, envoie ses premiers hommes sur la lune et Life est le témoin privilégié de ces métamorphoses. Un rôle que la télévision va s’approprier dès son arrivée, à la fin des sixties. Life tourne alors ses objectifs vers les célébrités et les politiques qu’il a toujours accompagnés. Mais là où Marilyn, Garbo, Ali ou le couple Kennedy étaient sporadiquement invités en une, les stars deviennent le principal point de focus du magazine.

La façon dont l’Amérique consomme l’information est en pleine mutation et marque la fin de l’hebdomadaire, qui revivra à deux reprises sous un autre rythme avant d’abandonner définitivement le papier pour le numérique en 2007. À peu près simultanément, tous les grands photographes qui ont participé à cette immense chronique de l’Amérique s’éteignent. Ils laissent derrière eux des images éternelles.

VOYAGEURS

DU MONDE

Il existe mille raisons de visiter New York, et mille façons de passer à côté. Nos visites privées et personnalisées sont de véritables raccourcis vers le cœur de la Grosse Pomme, dans les pas d’un expatrié et sur un ou plusieurs thèmes que vous aurez choisis.

In the mood

Vivez New York en mode “athleisure”, chaussé de bonnes sneakers (que vous trouverez sur place). À pied sur la High Line, filez jusqu’au Whitney Museum, puis allez vous mettre au vert sur Little Island. À Chelsea, prenez le pouls de l’art contemporain, sautez d’une galerie à l’autre (Zwirner, Gagosian, Hauser & Wirth) avant d’enfourcher un vélo pour traverser le Williamsburg Bridge. Bienvenue à Brooklyn ! Entre les ponts de Brooklyn et de Manhattan, le quartier de Dumbo déroule son lot de bars, restaurants (dont le fameux Time Out Market), boutiques, galeries… Le théâtre St. Ann’s Warehouse, installé dans un ancien entrepôt de tabac, y est une institution culturelle. Poussez jusqu’à Bushwick pour son street art, puis rejoignez le quartier de Greenpoint. Le dimanche, après le brunch, allez vous balader à Transmitter Park, le long de l’East River. Vous pouvez aussi flâner dans le jardin botanique de Brooklyn, près de Park Slope, au Brooklyn Museum ou à Prospect Park. À moins d’aller faire un tour à Coney Island pour arpenter Brighton Beach, autrement appelée Little Odessa. Ou faire le plein de bouquins au Strand Bookstore et de vinyles au Rough Trade NYC. Ouvrez grand les oreilles à Bethel Gospel Assembly, à Harlem En soirée, suivez vos envies: asian fusion dans Noho, mexicain branché à Soho…

PLACE TO BE

Dans leLower East Side, le chic minimaliste du Nine Orchard fait des merveilles. Au cœur de Tribeca, le Greenwich Hotel, copropriété de l’acteur Robert De Niro, mêle chambres douillettes, lofts d’artistes et spa japonais. À Brooklyn, vous posez vos valises au 1 Hotel Brooklyn Bridge, avec vue sur le célèbre pont et sur Manhattan, ou au Wythe Hotel (1), unique.

La côte est

NEW YORK — NOUVELLE-ANGLETERRE — WASHINGTON MARYLAND — MASSACHUSETTS — HAMPTONS

Paradis terrestres, beach houses, havres de culture ou métropoles trendy, la côte est, bordée par l’océan Atlantique, o re un panel de destinations varié. Aperçu en sept propositions.

Little Colombia East side story

Contr airement aux micro-com munau té s d e Manhattan (Chinatown, Little Italy), celles qui ont élu domicile au XXe siècle de l’autre côté de l’East River résistent bien mieux à la gentrification. À l’image de Little Colombia, une enclave du quartier multi-ethnique de Jackson Heights, dans le Queens. Sous la ligne aérienne du métro 7, qu elques blocks rassemblent la plus grande communauté colombienne d’Amérique. Une profusion de couleurs, d’échoppes, taquerias et autres marchés, où la musique résonne en continu.

Brimfield

Reine du flea-market

Ce n’est pas une braderie, ni un marché, ni même une brocante. C’est une immense chasse aux trésors pour dénicheurs avertis. Trois fois par an, la petite ville paisible du Massachusetts accueille la grand-messe du “flea-market”. Une immense foire bohème rassemblant des dizaines de milliers de marchands et chineurs venus du monde entier. Les exposants s’installent en rangs sur les parcelles des champs de la commune, pour six jours de déballage d’objets racontant l’Amérique à travers les âges et les styles.

Watergate Hotel

L’hôtel du scandale

Rénové grâce au concours du designer industriel Ron Arad, l’hôtel historique – théâtre du plus grand scandale politique de l’histoire américaine– s’est mué en un urban resort de référence, sans rien perdre de son charme rétro. Au design travaillé s’ajoutent des touches d’humour en référence au passé et citations rock’n’roll. L’élégance et l’épure, le service irréprochable et le toit panoramique ouvert sur le fleuve Potomac en font l’une des valeurs sûres de Washington.

© Watergate Hotel

Dia:Beacon

Un musée démesuré

Depuis 1974, la Dia Art Foundation œuvre à la promotion de l’art minimal et conceptuel américain. C’est aussi l’une des premières entités à avoir eu l’idée de réhabiliter d’anciens bâtiments industriels pour y exposer des œuvres. Satellite emblématique de la fondation, le musée Dia:Beacon a investi les murs d’une gigantesque usine au bord de l’Hudson, non loin de New York. En tout, ce sont 22000 mètres carrés dédiés à diverses expos permanentes et temporaires présentant le travail de quelques-uns des ténors de l’art contemporain du XXe siècle.

Baltimore

Ville paradoxale

Maritime par essence, profondément américaine, la cité d’Edgar Allan Poe mise sur ses paradoxes. À mi-chemin entre Washington et Philadelphie, la capitale du Maryland, surnommée “Charm City” en 1975, a dû faire de nombreux efforts pour venir à bout de sa réputation tumultueuse. Quelques décennies plus tard, même si tout n’est pas gagné, les hipsters investissent les maisons en brique, et galeries d’art, boutiques et tables iodées fleurissent en lieu et place des anciennes usines et entrepôts.

Martha’s Vineyard

L’île pain d’épices

“The Vineyard” pour les habitués. Au large de Cape Cod, les maisons en pain d’épices et les dunes de State Beach ont fait de la plus grande île de La Nouvelle-Angleterre un refuge prisé des Bostoniens et des personnalités américaines. On rejoint la plage à vélo, guidé par le cri des mouettes, passant devant de vastes demeures bardées de cèdres aux jardins tirés au cordeau. C’est quand la jet-set quitte ses quartiers d’été et que les arbres se parent de leurs rousseurs automnales que l’île est la plus belle.

Shelter Island

Un confetti dans les Hamptons

Pointant à l’extrémité de Long Island, l’île d’à peine trente kilomètres carrés est l’un des fiefs de la jet-set sur la côte nord-est. À quarante-cinq minutes en hydravion de Manhattan, le chant du coq a remplacé les klaxons, le rythme se cale sur celui des marées. Quelques beach houses égrainées au bord de l’eau déroulent leurs pontons rêveurs, au bout desquels trônent des chaises Adirondack. Le magnat de l’hôtellerie

André Balazs y a installé son Sunset Beach ; la Française Marie Eiffel, plusieurs enseignes “fashion food”.

© L. Corson/Gallery Stock

In the mood

Tel un vrai New-Yorkais, vous adorez la ville mais vous aimez aussi la troquer pour la forêt ou la plage. En fin de semaine, il est donc de bon ton d’abandonner Manhattan et de filer en direction de l’Hudson River et des Catskill. D’autres avant vous ont trouvé l’inspiration dans cette grande bou ée de chlorophylle. Arrêtez-vous un instant dans la prairie du Storm King Art Center, à Mountainville, où poussent les sculptures d’Alexander Calder et Henry Moore. À vélo, à pied, sur l’eau à la belle saison, à ski en hiver, imprégnez-vous du lifestyle local, de l’artisanat à l’assiette et jusque dans votre lit avec des adresses qui font écho à la bohémitude brooklynienne. Pèlerinage obligé à Woodstock, où plane encore l’écho du festival de 1969. Plus à l’est, Boston est une alternative, à explorer dans les pas d’une Française expatriée. Ouvrez l’esprit à vos ados en visitant les campus d’Harvard et du MIT, puis filez jusqu’aux plages iconiques de Martha’s Vineyard, ses belles maisons. Enfin, optez pour les classiques Hamptons, ambiance voilier et style preppy, mais tellement beau, l’hiver aussi!

PLACE TO BE

Lové entre les dunes, le Marram Montauk est un hôtel cosy où surfeurs et rêveurs new-yorkais se retrouvent. À Nantucket, installation au Greydon House, capsule d’esthétisme sur l’île jet-set. Dans les terres, le long de l’Hudson River, The Dutchess reste notre adresse coup de cœur.

Le Vermont

Roi des forêts

Habillé d’arbres majestueux, coi é de sommets, semé de villes universitaires et de fermes servant directement l’assiette, le quatrième plus petit État du pays est une immense bou ée de chlorophylle.

Àla place d’un pin sur fond azur, le drapeau o ciel du Vermont pourrait très bien représenter un feuillu déclinant le vert, l’orange, le rouge et l’or. Recouverte aux trois quarts de forêts qu’elle partage avec le Canada, la région se transforme en e et chaque automne en patchwork flamboyant. A chant une concentration d’érables à faire rougir n’importe quel autre État américain, ces Green Mountains (“Verts Monts” en français) n’ont rien à envier à leurs voisines canadiennes. Le “Northeast Kingdom”, partie la plus septentrionale du Vermont, annonce le goût des grands espaces (sur une superficie inférieure à Hawaï) et un mode de vie très nature. Dans ce cadre sauvage, ne pas pratiquer la randonnée ou le vtt sur le Mount Philo face aux Adirondacks, le canoë dans les environs de Burke ou, lorsque vient l’hiver, le ski sur les pentes du Killington, pourrait être considéré comme un crime de lèse-majesté. Pour autant, la liberté de faire comme bon vous semble, reste la valeur première d’un État dont la capitale, Montpelier, a des airs de villages et dont l’un d’eux, considéré parmi les plus charmants de tous les États-Unis, a pour homonyme un légendaire festival hippie (j’ai nommé Woodstock).

Quand on sait de surcroît que les forêts du Vermont ont abrité un réfugié politique fuyant le goulag (le Nobel Alexandre Soljenitsyne) durant dixseptans, et vu pousser la cote de son sénateur démocrate progressiste (Bernie Sanders), l’atmosphère ne peut qu’être bienveillante. Et Burlington, ville universitaire alanguie sur les rives du lac Champlain, confirme. Des kilomètres de pistes cyclables et une multitude de petites tables qui n’ont pas attendu la tendance pour acheminer –dans leurs assiettes depuis les fermes voisines–fromages, charcuterie et pommes. Di cile de reprendre la route, sauf à envisager la Skier’s Highway (Route100) en direction des sommets et des ponts couverts, la bucolique US7 qui met cap au sud, ou l’US2 filant vers le Maine –toutes imanquablement bordées de forêts.

VOYAGEURS DU MONDE

Vous ne voulez rien rater de l’été indien ?

Notre service conciergerie repère pour vous chaque jour les plus beaux spots en fonction de l’évolution des couleurs. Ayant plus d’un tour dans son sac, il peut dans la foulée mettre sur pied un survol en avion ou une nuit en pleine forêt selon vos envies.

Chicago et les lacs

Des gratte-ciel du XIXe siècle post-“Grand

Incendie” à ses toits végétalisés et écolo, Chicago ne cesse de se réinventer. Une ville, laboratoire de la modernité, qui cultive l’art de vivre sur les rives du lac Michigan. 34

Le goût du voyage

Art Institute of Chicago

Une richissime collection d’art moderne, la troisième au monde, après celle de Beaubourg et du MoMa de New York. Exceptionnelles aussi, les collections d’art contemporain, de design et de photographie.

Shedd Aquarium

Le plus grand aquarium du monde abrite des milliers d’animaux aquatiques, du local (hippocampes et grenouilles venimeuses du lac Michigan), au lointain (faune moite d’Amazonie ou poissons multicolores du récif caribéen).

Willis Tower

Avec ses 443 mètres, elle a été la tour la plus haute du monde pendant vingt-cinq ans. À son sommet (que l’on rejoint en quarante-cinq secondes grâce à un ascenseur à grande vitesse), Chicago s'étend à perte de vue.

Oak Park

Dans une ville verticale, l’architecte Frank Lloyd Wright a réinventé l’horizontalité, imaginant une maison modulable, sans cloisons, formes essentielles et matériaux bruts. Pour découvrir son travail, on file à Oak Park.

Saugatuck

Sur le chemin du lac Michigan, cette ville à taille humaine, qui a su rester authentique, est parfaite pour shopper et flâner de galeries d’art en petits cafés et de plages (Oval Beach) en ports de plaisance. Pour les citadins en quête de grand air…

Forêt de buildings dans le quartier de New Eastside, non loin du Millennium Park.

Née sur les décombres de l’incendie qui l’a entièrement ravagée en 1871, sans passé lointain –elle a été fondée sur la rive ouest du lac Michigan en 1837– et tournée vers demain, Chicago est un laboratoire de la modernité. Après l’incendie, la ville délaisse l’ancien pour se réinventer, bannit le bois pour le verre et l’acier. Chicago se redresse et devient, dès la fin du XIXe siècle, la ville des gratte-ciel. Toujours plus hauts, toujours plus sophistiqués, ils dessinent la nouvelle skyline de la ville américaine. Leur puissante ossature d’acier, leur légère façade de verre font l’esthétique de la ville, dépouillée des références européennes et correspondant aux réalités d’un pays neuf. Aujourd’hui encore, “the city in a garden” est l’incarnation de cet avant-gardisme urbain: elle est la ville états-unienne comptant le plus de green roofs –ces toits végétalisés, jardins d’agrément, potagers ou fermes urbaines, au cœur des verticalités chicagoanes, sont de puissants outils d’innovation environnementale. Chicago est, n’en déplaise à New York et Los Angeles, la plus américaine des cités américaines, jusque dans ses paradoxes. La ville la plus ségrégée du pays, marquée par des inégalités profondes entre quartiers, a joué un rôle déterminant

dans la lutte pour les droits civiques. Elle a lancé, depuis son South Side, la carrière politique du jeune Barack Obama et, en 2019, s’est o ert un scrutin historique, élisant comme maire Lori Lightfoot, femme noire et homosexuelle, pour son programme progressiste.

De l’art et des gratte-ciel

Le Central Business District (CBD), surnommé “The Loop” en raison de la boucle qu’y dessine le métro aérien, est le deuxième quartier d’a aires des États-Unis, après Manhattan. En dépit du gigantisme de ses constructions, on a plaisir à le parcourir à pied. Dans ses rues animées se succèdent banques et grandes enseignes bien sûr, mais aussi librairies indépendantes et galeries d’art. On y admire la monumentale sculpture de Calder, Flamingo, dont les courbes vermillon tranchent avec les lignes sombres des gratte-ciel de Ludwig Mies van der Rohe. Un peu plus loin, se trouve celle de Picasso, tout aussi imposante, dont les enfants ont fait une aire de jeux (ils l’escaladent et y glissent comme sur un toboggan!).

Au Millennium Park, le Pavillon Jay Pritzker, amphithéâtre ultramoderne signé Frank Gehry, répond au Bean

Sur les rives du lac Supérieur, les falaises de grès, les criques creusées dans la roche, les longues plages de sable fin et l’eau claire donnent l’illusion de l’océan.

Conçu par Anish Kapoor, cet haricot concave en inox reflète le parc et le ciel. Côté South Side, Wicker Park a bien changé depuis les déambulations amoureuses de Simone de Beauvoir et Nelson Algren, d’entrepôts abandonnés en bars à strip-tease. Milwaukee Avenue est emblématique de la gentrification du quartier, avec ses magasins de vinyles, ses comic-books stores, ses cafés vintage et ses restaurants vegan. Sur la 606, ancienne voie ferrée aérienne aménagée en coulée verte, on croise des couples et des poussettes, des cyclistes, des joggers –ambiance Williamsburg. Et dans les quartiers des alentours, Logan Square, Pilsen, Ukrainian Village, les artistes investissent des lofts dans les blocks restés populaires. Les hipsters, eux, partagent des maisons dans les rues latinos.

Vers les Grands Lacs

Véritable mer intérieure, le lac Michigan donne à Chicago relief et profondeur. Sur la Gold Coast, les plages se suivent sans se ressembler. Plus au nord, Montrose Beach est la plus vaste, où l’on s’adonne aux joies du paddle ou du kayak. Vers les

Grands Lacs, après quelques heures de voiture, le panorama s’ouvre sur les falaises d’Eagle Blu et les îles posées face au rivage. À Ephraim, les maisons en bardeaux de bois peints de blanc évoquent un passé scandinave. La péninsule de Door County est splendide, bordée d’une eau limpide qui scintille à travers les pins noirs. Toujours plus au nord, après cinqheures de route à travers la grande forêt piquetée de hameaux (un motel vintage, une cabane à fudge ou à smoked fish, une église), on rejoint Marquette, sur les rives du lac Supérieur, qui fait frontière avec le Canada. Là, les falaises de grès, les criques creusées dans la roche, les longues plages de sable fin et l’eau claire donnent l’illusion de l’océan.

VOYAGEURS DU MONDE

Vous souhaitez affiner votre connaissance du Chicago architectural ? Partez en promenade (à pied ou à vélo) aux côtés d’un spécialiste des différents courants qui ont dessiné la ville. Un éclairage passionnant et essentiel.

In the mood

À Windy City, surnom de Chicago, le vent transforme la ville en spectacle d’art vivant. Il faut flâner, le nez au vent justement, les yeux accrochés aux façades qui reflètent la course des nuages et le talent des grands architectes. Aux côtés d’un spécialiste, on décrypte ainsi les lignes dessinées par Daniel Burnham, Mies van der Rohe, Louis Sullivan… Indispensable : la maison-studio de Frank Lloyd Wright, dans le quartier d’Oak Park. Du vertical à l’horizontal, les émotions artistiques se collectionnent aussi à l’Art Institute et au Millennium Park. Dans le quartier de Bronzeville, marcher sur les pas du sénateur Obama. Puis, combler sa faim d’une deep pizza et de quelques donuts sur Magnificent Mile. À la nuit tombée, descendre dans une cave où planent encore les fantômes des gangsters d’Al Capone et Frank Nitti pour écouter les descendants de Muddy Waters et John Lee Hooker exécuter un blues électrique. Enfin, prendre l’air et le large, et filer sur les rives du lac Michigan, dormir dans un summer camp des fifties et se balader en kayak. Et, avant un retour aux gratte-ciel, faire le plein de nature en passant par Milwaukee, crapahuter sur les Bear Dunes et jusqu’à la pointe du Door County entre vignobles et plages.

PLACE TO BE

Dans un immeuble Art déco des années 193O, The Robey (1) o re de nouvelles perspectives: chambres baignées de lumière, vue à 180degrés sur la skyline de Chicago et rooftop perché au treizième étage. Du côté de Détroit, on aime le style industriel et chic du Shinola Hotel

EN TRAIN LA TRAVERSÉE DES ÉTATS-UNIS

De Chicago à San Francisco, des Grands Lacs au Pacifique, des plaines du Midwest aux vastes étendues du Far West, le California Zephyr fend les paysages américains, à la conquête de l’Ouest et du temps retrouvé. Une promesse que seul le train peut tenir.

Quatre mille kilomètres, cinquante-et-une heures de train, trentearrêts à travers septÉtats: c’est la promesse du California Zephyr, filament argenté qui transperce les panoramas américains. C’est à Chicago, du côté d’Union Station, que le coup d’envoi est donné. Avec ses voitures à deuxniveaux et sa robe chromée, le convoi a de l’allure. Équipées de couchettes et de douches, les sleeping cars présentent un confort tout à fait convenable pour un hôtel sur rails –l’intendant dédié et la vue sans cesse renouvelée en bonus. Sans plus attendre, la machine se met en branle. La conquête de l’Ouest peut commencer.

Les étendues agricoles de l’Illinois sont introduites en premier. Puis, des fleuves qui marquent les frontières naturelles: le Mississippi pour le passage dans l’Iowa, le Missouri pour le Nebraska. La course vers les Rocheuses figure parmi les moments-clés du voyage. Leur silhouette imprime encore l’esprit en s’engouf-

frant dans la pénombre du Mo at Tunnel. De l’autre côté, le fleuve Colorado guide le train à travers les canyons –Gore, Glenwood–, avant de s’e acer face aux courbes empourprées de l’Utah. Le dernier jour confirme la vocation du Zephyr comme train le plus panoramique du pays avec une visite de courtoisie au Grand Lac Salé et aux cimes de la Sierra Nevada. Pour profiter de ces décors, la voiture panoramique est tout indiquée. Au programme: sièges pivotants et fenêtres qui s’envolent jusqu’au plafond.

VOYAGEURS

DU MONDE

Billets de train, réservations de vols et d’hôtels… : nos conseillers États-Unis en font leur affaire.

Ils ont aussi prévu que vous soyez rejoint, à chaque arrêt qui n’est pas minute, par l’un de nos guides francophones. Enfin, en cas de pépin, le wifi nomade vous permet de contacter nos concierges sur place.

BLUES L’APPEL DU

Tennessee — Mississippi — Louisiane

Né dans la douleur de la ségrégation raciale, le blues a pourtant bien grandi, devenu la première source d’inspiration pour la musique populaire du XXe siècle. Retour aux sources et au berceau du blues, dans le Sud profond de ses jeunes années, entre le bayou de Louisiane et les lumières de Memphis.

L’histoire du blues est un voyage. Des côtes africaines à celles de l’Amérique au temps maudit de l’esclavage. D’une plantation à l’autre pour ses premiers interprètes. Du Sud rural vers les villes du Nord pendant la ségrégation. Des États-Unis vers le reste du monde, qui n’a jamais fini d’en faire le tour. Le blues est même parti dans l’espace, en 1977 avec la sonde Voyager. Toujours, le blues revient sur Terre, à la terre et sur sa terre natale, dans le triangle d’or Tennessee-Mississippi-Louisiane.

Sur la route de Memphis

“Le blues a eu un bébé, ils l’ont appelé rock’n’roll”, chantait le géant du blues Muddy Waters. Le bébé avait un nom de baptême: Elvis Presley. Et une pouponnière: les studios Sun du producteur Sam Phillips, au 706Union Avenue, Memphis, Tennessee. Mais avant la révélation d’Elvis en 1954, Memphis était d’abord une ville de blues. Sam Phillips avait enregistré beaucoup de musiciens de blues, d’Earl Hooker à Howlin’ Wolf en passant par B.B.King. Et tout ce petit monde se retrouvait sur la vibrante Beale Street, dancing à ciel ouvert saturé d’électricité et d’alcool. Un très jeune Elvis passait y prendre des leçons de vie et de musique, en lorgnant sur les costumes extravagants dans la vitrine du magasin des frères Lansky.

Les voix du Mississippi

Elvis Presley était né un peu plus au sud à Tupelo, dans l’État du Mississippi. Le blues aussi. Impossible de savoir quand et où exactement. Ses premières années, au tout début du XX è s iècle et jusqu’aux premiers enregistrements dans les années1920, sont celles de la solitude et de l’errance, de jeunes hommes qui délaissent le travail de la terre et fuient le joug de la ségrégation pour s’adonner à la

musique. Les bluesmen les plus célèbres (B.B.King, Muddy Waters, John Lee Hooker) ont débuté dans le Mississippi, avant de monter vers Memphis ou Chicago. Les moins connus y sont encore, au fond d’un club ou dans le hill-country. Leur chant fait écho aux hululements des lents et longs trains de marchandises qui sillonnent le plat pays du blues. Un siècle plus tard, les paysages du Mississippi ont finalement peu changé, et le blues est toujours là, célébré à Clarksdale ou Greenville par des pèlerins venus du monde entier.

Nola, entre fêtes et fantasmes

Encore plus au sud, c’est la Louisiane, le fertile pays créole dont les campagnes ont vu naître deux hybrides du blues, la musique cajun des descendants de colons français, et le zydeco joué par les Noirs. Et on finit là où tout a commencé, là où tout continue : à LaNouvelle-Orléans (Nola pour les intimes, et pour “New-Orleans Louisiana”), dont le musicien Dr. John disait qu’elle n’est pas la ville la plus au sud des États-Unis, mais la plus nordiste des Caraïbes. Une ville-fête et fantasme où, dans des lieux de plaisir, les tambours des esclaves ont rencontré la musique classique européenne et les mystères du vaudou haïtien. Ainsi est né le flamboyant jazz, dont la longue histoire a toujours traversé les routes du blues…

VOYAGEURS DU MONDE

Visiter des studios emblématiques en privé, assister à un enregistrement et à des concerts en accès VIP… : Voyageurs du Monde vous propose un itinéraire sans fausse note, articulé autour des différents courants musicaux (country, rock, blues, jazz) et des artistes mythiques nés dans ces régions.

La Floride

ST. AUGUSTINE — MIAMI — EVERGLADES

PALM BEACH — KEYS

Une Amérique exubérante, clinquante et surprenante. Bordée de palmiers, réputée pour ses plages, ses parcs naturels et de loisirs, la Floride étonne par sa créativité. À la fois terre d’asile et d’histoire, d’arts, de luxe et de mode, elle montre que les tendances surgissent aussi sous le soleil.

Les conquistadors espagnols ont, les premiers, imaginé y trouver la fontaine de jouvence. La Floride a toujours joué les terres promises. Cela vient de son allure. Ce bras tendu dans la mer des Caraïbes s’interprète comme une ouverture. Quand Juan Ponce de León débarque sur ce bout de terre en 1513, il se met ainsi en quête d’un élixir sacré. En vain. L’homme trouvera seulement des fleurs à perte de vue qu’il décidera de faire siennes. La Florida est née lors des Pâques fleuries: Pascua Florida est le premier territoire colonisé du continent nord-américain. St.Augustine, la plus ancienne ville des États-Unis, située au nord-est de la Floride, témoigne de ce passé. Mais la cité qui ne voulait pas faire son âge, s’est aussi entichée, au fil du temps d’atours extravagants, qui divisent.

C’est le seul problème des terres promises, elles cristallisent beaucoup d’attentes, et donc de critiques. Trop excessive ou trop simple. Toutes ces fleurs, ce soleil permanent et ces personnes qui courent sur ces plages donnent souvent une image de légèreté à la Floride, tout comme Miami peut avoir l’air superficiel. En réalité, on y trouve des gens qui ont su donner vie à leur rêve. En quelques décennies, la péninsule, peu convoitée, a renversé la tendance,

en attirant par sa douceur de vivre incarnée par sa plage de Miami Beach. Mais outre ses treize kilomètres de sable fin, la ville regorge de bien d’autres attraits, avec un goût prononcé pour le luxe, l’architecture, la fête et la santé – “Healthy!”, disent d’emblée ses habitants pour la désigner. Et le corps n’est pas le seul en question. Toujours à la pointe des tendances artistiques, Miami accueille chaque année, en décembre, Art Basel, le rendez-vous incontournable du marché de l’art contemporain, dont elle s’est fait une spécialité.

Une immersion dans la culture latino L’art est aussi dans la rue, avec ces édifices de style Art déco, des années 1930 à 1940, au sud de Miami Beach. Ici, les fenêtres et les balcons imitent les hublots et les terrasses des paquebots. Pour boire un verre, danser, s’amuser, une immersion dans la culture latino-américaine s’impose. Calle Ocho, qui traverse Miami d’est en ouest, est l’artère principale de Little Havana, où les premiers Cubains sont arrivés dans les années 1960. Près de la moitié des habitants de Coral Gables sont également d’origine hispanique. Animé par des chutes d’eau, des ponts en pierre et des tunnels végétaux, ce quartier est l’un des plus charmants de Miami.

Au cœur d’Islamorada, un coin de paradis sur les Keys, le Moorings Village (à gauche et ci-contre).

Le goût du voyage

Fort Lauderdale

Surnommé “la Venise de l’Amérique”, Fort Lauderdale est le deuxième port de croisière du monde après Miami. De nombreux canaux, creusés au début du XXe siècle, servent d’attache à plus de 42 000 yachts.

Tallahassee C’est depuis 1824 la capitale de l’État de Floride. En séminole (tribu indienne), son nom signifie “vieux champ”, et prouve bien que la région était déjà habitée avant l’arrivée des conquistadors.

Silver Springs

Les sources argentées, près d’Ocala, sont les plus grandes sources artésiennes du monde. Ouvertes au public, elles déversent 2 000 millions de litres d’eau par jour pour alimenter la rivière Silver.

Sirènes Vivant dans l’embouchure des fleuves et des canaux de la Floride, les lamantins sont très protégés. Appelés aussi vaches de mer, ils furent pris pour des sirènes par les premiers conquistadors.

Ocean Drive

La mythique avenue de South Beach, quartier Art déco par excellence, réunit à elle seule tous les symboles de Miami Beach - plage, excès, paillettes, bars, hôtels de luxe… À parcourir en décapotable, cheveux au vent…

Le parc naturel des Everglades déploie de vastes marais ponctués de plus de 10 000 îles.
Oiseaux, serpents, ours, panthères et lynx: di cile d’imaginer une telle faune à si peu de kilomètres des boutiques de luxe de Palm Beach.

Au pied des gratte-ciel de Brickell, un cercle d’artefacts datant de deux milleans joue les trouble-fête. Il aurait été conçu par la tribu nomade des Indiens Tequesta, dont tous les membres ont été décimés. À quelques encablures seulement de la frénésie de Miami, le parc naturel des Everglades recèle une biodiversité unique. Sa faune est la mieux préservée du continent, avec pour chef de file l’alligator américain, qui peut atteindre 4,5mètres de longueur et vivre centans. Au cœur des marais et de la mangrove, des terres fermes, recouvertes d’une forêt impénétrable, abritent d’autres espèces animales, comme les oiseaux, les serpents, les ours, les panthères et les lynx. Il est souvent di cile d’imaginer une telle faune à si peu de kilomètres des boutiques de luxe de Palm Beach.

Du Gulf Stream à Cap Canaveral

Bordant les réserves naturelles, les plages de sable fin s’y prêtent davantage. Elles s’étendent à perte de vue jusqu’aux

Keys. Au sud de la Floride, ces 1700îlots s’égrènent sur plus de 300kilomètres de lagon bleu turquoise. Quarante-deux ponts ont été construits pour former le Seven Mile Bridge qui mène du continent à Key West, le site le plus méridional de la péninsule. Des écrivains comme

John Dos Passos, Tennessee Williams, Jim Harrison et Harry Truman avaient pris l’habitude d’y séjourner. Quand il ne pêchait pas dans le Gulf Stream, Ernest Hemingway aimait de son côté boire au comptoir du bar Sloppy Joe’s. Sa maison de Whitehead Street expose aujourd’hui ses livres et sa machine à écrire.

Aux îles, les passionnés de cosmos préféreront la base de lancement de Cap Canaveral. Les plus joueurs se rendront près d’Orlando pour une immersion dans l’univers de Walt Disney. Mais la plupart, à l’instar des “Snowbirds” canadiens (ils sont tous les ans plusieurs millions –des retraités pour bon nombre– à migrer vers le sud afin d’échapper à l’hiver), y verront surtout le meilleur moyen de tester chaque été leur aptitude au bonheur.

VOYAGEURS DU MONDE

Miami se dévoile d’autant mieux que vous êtes bien accompagné. Aux côtés d’une expatriée, vous explorez les secrets de South Beach, les galeries et les ateliers de Wynwood, les bons bars à tapas du Spanish Village… Une expérience “d’insider” sans équivalent.

In the mood

Un voyage en Floride pourrait se résumer en troismots: sea, sun and fame. Commencez donc par un bain de soleil et de foule sur South Beach ou Lummus Park. Après cet ajustement de teint, place à un autre must de Miami : son patrimoine Art déco. On peut bien sûr flâner seul sous les façades colorées, mais aux côtés d’un spécialiste de la période, la balade prend une autre dimension. Poursuivez par Wynwood Walls, véritable galerie de street art à ciel ouvert. Les artistes, les vrais, mais aussi les collectionneurs ont rendez-vous, eux, en décembre pour la grand-messe Art Basel, qui réunit les 250 galeries les plus en vue de la planète. Qui dit Miami dit aussi design, la ville y dédie même un temple, le Design District (1), réunissant les dernières tendances, de la mode au mobilier. Après ce grand shot contemporain, un peu de sens et d’histoire s’imposent : direction un ancien monastère espagnol du XIIe siècle, le romantique Coral Castle, l’étonnant Jewish Museum ou encore Little Havana pour la culture cubaine.

Au nord, l’ambiance kids friendly de St. Augustine, Cap Canaveral ou Orlando vous attendent. À l’ouest, les Everglades, l’inattendue Naples et le Dalí Museum de St. Petersburg. Au sud, les Keys pour un retour tout floribéen à la mer.

PLACE TO BE

Belle adresse colorée sur le front de mer de Miami Beach, le Faena(2) se distingue par son ra nement, son côté arty et ses intérieurs glamour. Entre deux plongées dans les eaux claires des Keys, vous bronzez au Moorings Village (3), une robinsonnade de charme installée au cœur d’Islamorada.

Géorgie

Nouvelle égérie

Nature et calme sur l’île de Cumberland, protégée par son statut de parc national.
Le Greyfield Inn, hôtel aux façades coloniales, y entretient son st yle “maison de famille”.

Écrasé pendant des siècles par sa place dans l’histoire US, cet État du Sud a rme désormais une personnalité joyeuse et dynamique. Un changement de style qui place la Géorgie parmi les destinations les plus attractives de la côte est.

Son rôle dans l’Indépendance du pays et la guerre de Sécession, et aussi celui de Scarlett O’Hara (Vivien Leigh dans Autant en emporte le vent, 1939) ont figé l’image de la Géorgie. Longtemps engoncé dans un archétype de l’Amérique conservatrice (dont il subsiste parfois quelques relents politiques), cet État du Sud a également été le théâtre de la grande lutte des droits civiques.

À Atlanta, la capitale, se trouve encore la maison dans laquelle est né Martin Luther King, et le mémorial qui lui est dédié compte parmi les parcs nationaux les plus visités.

La Géorgie est ainsi ancrée dans l’histoire américaine, et viceversa. Aux avant-postes se tient Savannah, bourgade posée sur la côte est, dont les façades XVIIIe du quartier historique composent une part des fondations du pays. L’Amérique vient ici battre le pavé (importé d’Espagne, de Madère et même de France à cette époque) des rues coquettes, faire ses emplettes sur Broughton Street et City Market, frissonner sur River Street, une artère réputée pour abriter le plus grand nombre de phénomènes paranormaux de tout le continent…

Mais derrière le prospectus touristique, la ville de l’écrivaine Flannery O’Connor, étoile filante de la littérature américaine du XXe siècle, écrit un chapitre beaucoup

plus moderne. Grattez un peu la mousse espagnole qui couvre les chênes pluriséculaires, et vous découvrirez une rafraîchissante “branchitude”.

La bistronomie réinvente la cuisine du Sud, les toits accueillent des soirées prisées, des designers new-yorkais “repimpent” les maisons centenaires en boutiques-hôtels… Enfin, l’art contemporain prend d’assaut musées et galeries. Alors, “Slowvannah” change de vitesse. À tel point que même le magazine Vogue se demande si cette “vieille ville du Sud n’est pas en train de devenir le nouveau Brooklyn?” Quant aux plages, celles des îles voisines, Tybee et Cumberland, font progressivement de l’ombre à la Floride limitrophe, avec un brin de caractère et des chevaux sauvages en plus. Puisque l’on vous dit que la Géorgie est the new place to be…

VOYAGEURS DU MONDE

Si vous souhaitez explorer les autres facettes de la côte sud-est américaine, nos conseillers proposent de parcourir la Géorgie, en vous confiant les bonnes adresses de Savannah et de l’île de Cumberland. Un voyage à combiner avec une Floride loin des classiques.

SHOWS AMERICAN

Mangeur compulsif de donuts, future présidente des États-Unis, trafiquant de drogue en sursis, shopping-addict new-yorkaise… Tous les visages de l’Amérique se retrouvent dans ses séries télé. Petit zapping jubilatoire.

Sue Ellen, in Dallas (Texas)

La vie de Sue Ellen n’est pas toujours rose sous le soleil du Texas. S’il fait chaud, son maquillage ne coule pas, mais elle ne peut pas en dire autant de son mariage. Alors elle boit. Et alcool et pétrole ne font pas bon ménage.

Will Smith, in Le Prince de Bel Air (Californie)

Un peu gauche, un peu sans-gêne, mais tellement sympathique ! Débarqué de sa Philadelphie natale, le cousin Will met sens dessus dessous la riche vie de la famille Banks, à grands renforts de rap et de baskets.

Homer Simpson, in Les Simpson (Springfield, ville fictive)

Des donuts et une Du su sent à le rendre heureux. Stupide et paresseux, Homer n’en est pas moins une personnalité influente, utilisée par ses créateurs pour aborder de profonds sujets de société.

Claire Underwood, in House of Cards (Washington, D. C.)

Brillante et cinglante, passer d’activiste environnementale à première présidente des États-Unis ne lui fait pas peur.

Claire a les dents longues et une garde-robe digne de Michelle Obama. Girl Power !

Barracuda, in L’Agence tous risques (Californie)

Gros dur au cœur tendre, le bagarreur en chef de la troupe d’élite aime par-dessus tout avoir les mains dans le cambouis. Il voue un véritable culte à sa camionnette… et à toute chose possédant un moteur.

Carrie Bradshaw, in Sex and the City (New York, Manhattan, West Village) En jupe bou ante et talons vertigineux, Carrie est journaliste et shopping-addict. Elle consacre le reste de sa vie à ses amies. Et aux hommes, mais pas toujours les bons.

Nellie Oleson, in La Petite Maison dans la prairie (Wisconsin, Kansas, Minesotta) Avec ses airs de poupée, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Mais il ne faut pas se fier à ses anglaises couleur blé, son regard mutin annonce toujours les pires manigances. Une chipie dans la prairie.

Thomas Magnum, in Magnum (Hawaï) Cow-boy des temps modernes au volant de sa Ferrari rouge, Magnum a pourtant des plaisirs simples, comme regarder un match de baseball à la télé, une bière à la main. Bref, sa moustache et lui ont la belle vie.

Eric Northman, in True Blood (Bon Temps, ville fictive en Louisiane)

Dent dure et cœur tendre, le patron du bar Fangtasia est plus complexe que Dracula… et plus séduisant aussi. Plus de 1 000 ans et pas une ride pour le vampire viking !

Joyce Byers, in Stranger Things (Indiana)

Elle communique avec son fils disparu grâce à des ampoules, se passionne pour les magnets qui tombent de son frigo et maîtrise le b.a.-ba de Donjons et Dragons. Folle ? Non. Mais un sacré tempérament, c’est sûr.

Walter White, in Breaking Bad (Nouveau-Mexique)

Professeur de chimie au quotidien morose, Walter White change de vie le jour où il devient fabricant de méthamphétamine. Une reconversion chaotique où s’exprime son goût pour la gloire et le pouvoir.

Tony Soprano, in Les Soprano (New Jersey)

Les Soprano, c’est la mafia consacrée : costards, cigares et maison close en toile de fond. Tony, c’est la complexité derrière un visage poupin, le goût du sport et de l’adultère, les yachts et la dépression.

Les Rocheuses

C’est l’Amérique des cow-boys, de la conquête de l’Ouest et de la ruée vers l’or. Une Amérique profonde où l’on assiste au rodéo comme on va à la messe. Des terres et des montagnes marquées de la présence de nombreuses tribus amérindiennes aussi, où flotte un parfum d’aventure et de western.

COLORADO — IDAHO — MONTANA — DAKOTA DU SUD — WYOMING

Elles fendent le pays du nord au sud, s’érigent en barrière naturelle entre le Midwest et la quiétude du littoral pacifique. Un mur montagneux qui dépasse 4000mètres par endroits. Certains sommets sont pourtant moins célèbres pour leur hauteur que pour les visages familiers creusés sur leurs flancs -les présidents Washington, Je erson, Roosevelt et Lincoln ont intégré les paysages du Dakota du Sud (le mont Rushmore). C’est d’ailleurs l’une des rares traces laissées par l’homme dans la région. Partout, la nature envahit l’espace. En alternance, forêts de feuillus, plaines recouvertes de fleurs sauvages, crêtes enneigées. Une rivière dégringole sur les roches calcaires puis, sans prévenir, la route débouche sur une immense étendue d’eau émeraude. Les plus grands monuments sont ici des parcs –de par leur taille et aussi pour les trésors qu’ils recèlent. Le Yellowstone et ses geysers s’a chent en vedette –les couleurs de la Morning Glory Pool et de l’emblématique Grand Prismatic sont presque irréelles. Voilà de remarquables refuges fauniques.

Si la plupart des chevaux ont été domptés, et les bisons élevés pour leur viande et leur peau, d’impressionnants troupeaux se déplacent encore librement. On s’arrête au bord de la route, jumelles ajustées,

pour s’émerveiller devant une famille de grizzlis, face au spectacle aérien d’un aigle royal ou pour observer une marmotte sortir de son terrier. Puis, on met à contribution ses autres sens lorsque le brame d’un wapiti brise le silence matinal.

Territoires conquis

Partir à l’Ouest est un principe américain, l’un des mythes fondateurs du continent. Au début du XIXe siècle, une expédition se met en route depuis l’Illinois, ouvrant la voie. Le président Je erson choisit Meriwether Lewis, explorateur et soldat, qui choisit à son tour William Clark, rencontré sur le champ de bataille, pour l’accompagner. Avec une trentaine d’hommes et 2500dollars en poche, ils rejoignent l’océan Pacifique après un voyage de plus de deuxans. La traversée des Rocheuses laissera des marques. Attaques d’ours bruns, froid glacial, maladies… Ils font aussi la rencontre des Nez-Percés et des Shoshones, très attachés à leurs terres. Une fois le chemin tracé, beaucoup leur emboîtent le pas, à commencer par les Mormons.

La fin de la conquête annonce le début de la ruée. En 1858, de l’or jaillit dans le Colorado, la rumeur se propage, les opportunistes a uent.

À Cody, le célèbre cow-boy Bu alo Bill a fait construire en 1902 un hôtel pour sa
fille Irma, où il est possible de séjourner.

Ils bâtissent des villes et s’installent en famille. Les cow-boys, quant à eux, se chargent du ravitaillement en viande. Le métier a certes évolué, mais ils nourrissent encore l’identité nationale.

Le cow-boy symbolise l’homme habile, courageux, entreprenant et individualiste. Quant à l’or, il n’a pas fini de nourrir les espoirs. En témoigne l’histoire récente de Forrest Fenn, ancien aventurier et marchand d’art, qui aurait dissimulé un co re rempli de pierres précieuses au cœur des Rocheuses américaines. Il fournit librement un poème tru é d’indices quant à son emplacement exact. S’ils sont des centaines chaque année à se lancer sérieusement dans cette chasse au trésor, personne n’a encore mis la main dessus.

Villes fantômes et cités futures

Au milieu des étendues sauvages, quelques villes sont sorties de terre. En 1862, dans les rues de Bannack et de Virginia City, se croisaient mineurs, hors-la-loi et hommes d’a aires. Abandonnées en même temps que les espoirs des chercheurs d’or, ces “ghost town” sont désormais bien silencieuses. Puis, entre les ranchs démesurés des riches propriétaires de bétails et les stations de sports d’hiver huppées, la modernité s’est imposée. Les musées et les

brasseries de Denver mériteraient plus de reconnaissance, tandis que sa voisine Boulder figure parmi les villes les plus vertes des États-Unis. Changement d’ambiance à Cody, entre les murs de l’hôtel que fit construire le célèbre cow-boy Bu alo Bill pour sa fille Irma. Tout près, un rodéo traditionnel anime les soirées d’été. Plus au nord, au cœur du Montana, il y a Missoula. C’est ici que l’écrivain Norman Maclean rappelle à son frère qu’ils habitent “un pays dans lequel on est jamais en retard pour trois choses: l’église, le boulot, et la pêche” Redford en a fait un film d’une poésie exceptionnelle, rythmé par le mouvement de l’eau et des relations familiales pudiques. Aujourd’hui, artistes et écrivains s’y établissent le temps de puiser l’inspiration. N’ont-ils pas déniché là la meilleure source?

VOYAGEURS DU MONDE

La vallée de la Little Big Horn fut le théâtre de la seule bataille remportée par les Amérindiens au cours de laquelle trépassa le général Custer. Sur demande, une rencontre avec un représentant d’une tribu locale peut être organisée dans ce lieu chargé d’histoire.

In the mood

Un voyage au pied des “Rockies” vous entraîne forcément sur la piste des pionniers. La grande histoire de l’Amérique conquérante mais aussi celle de la nation indienne (relire Jim Fergus). Impossible d’ignorer les sites des grandes batailles telles Wounded Knee ou Little Big Horn… Une bonne préparation avant de s’attaquer aux “géants”, sommets dressés audessus d’une nature époustouflante. Observer les bisons, les loups, les geysers en plein hiver dans le parc de Yellowstone, randonner à cheval sur les contreforts enneigés, réviser sa culture cow-boy de Cody à Ang Lee, dormir sous les étoiles ou dans un ranch (au confort étoilé), errer dans les villes-fantômes qui elles aussi racontent une part de la conquête de l’Ouest, des lieux “étranges et silencieux” à voir dans l’œil de Wim Wenders… Puis, jouer les héros, en rafting sur la Snake River, en Cessna au-dessus du parc de Grand Tetonou du Glacier, dévaler les pentes poudrées de Beaver Creek, Whitefish et Aspen, s’époustoufler…

PLACE TO BE

Dans les profondeurs du Colorado, le Taylor River Lodge (1) est un refuge pour les aventuriers qui ne peuvent se passer de lits douillets, massages et bons dîners. À quelques minutes du parc national de Grand Teton, on s’imprègne de l’ambiance westernt du Anvil Hotel (2)

Donald Judd, 15 Untitled Works in Concrete,

DE L’ART

AU PAYS DES PÉTRODOLLARS

Dallas — Houston — Marfa

Au Texas, l’époque des derricks et des Stetson façon J.R. Ewing est révolue. Dans l’État le plus riche du pays, les ranchers sont aussi mécènes et collectionneurs.

Focus sur trois villes aux métamorphoses surprenantes, loin de la mythologie du Far West.

Dallas, nouvelle capitale arty

La mémoire collective retient le feuilleton 80’s, son univers impitoyable, ses costumes à épaulettes. Pourtant, ses citizens billionaires ont décidé de faire de “Big D”, capitale d’une philanthropie toute états-unienne, une ville fréquentable. Les mécènes ont financé une mue façonnée par les stars mondiales de l’architecture. Pour édifier Arts District, le quartier des arts, ils ont sollicité Pei, Renzo Piano, Norman Foster, Rem Koolhaas, Thom Mayne: c’est la plus forte concentration mondiale de prix Pritzker. Le Dallas Museum of Art en est le premier édifice, celui par lequel tout a commencé –il rassemble 24000 œuvres, du IIIe millénaire avant J.-C. à l’époque contemporaine. Le Nasher Sculpture Center est l’une des plus importantes institutions mondiales consacrées à la sculpture moderne, écrin sublime aux œuvres de Brancusi, Arp, Calder, Picasso. L’art dépasse les limites du quartier: il s’expose aussi au stade, celui des Cowboys de Dallas, l’équipe locale de football américain. Les jours de matchs, ses 105000spectateurs y admirent les œuvres d’Anish Kapoor, Daniel Buren ou Olafur Eliasson.

Houston et la Fondation Menil

Dans la ville la plus étendue des États-Unis, reine des hydrocarbures taillée pour la voiture, il existe des quartiers que l’on peut arpenter à pied ou à vélo. Le marché de l’art y est dynamisé par le mécénat de grandes compagnies pétrolières, et par la présence d’institutions telle la Fondation Menil. C’est à un couple de Français, Jean et Dominique de Ménil (née Schlumberger), installé là après avoir fui la France occupée, que l’on doit, dès les années 1950, l’engagement de la ville pour les arts. La Fondation Menil, c’est aujourd’hui une vingtaine de bâtiments, dont le principal a été dessiné par Renzo Piano, dans le quartier bohème de Montrose. Parmi les merveilles de la collection, la chapelle Rothko, édifice religieux et chef-d’œuvre

d’art moderne: irradiantes teintes des quatorze monochromes noirs du maître de l’abstraction.

Marfa: hype et reconnaissance internationale À trois heures de El Paso, l’aéroport le plus proche, quelques rues qui se coupent à angle droit, un unique feu rouge tendu à un cable, quelque 2 000habitants au milieu de nulle part. Au début des années 1970, Donald Judd, déjà honoré par une rétrospective au Whitney Museum of American Art, s’installe ici, achète un hôtel désa ecté, trois ranchs et les anciens baraquements militaires à la sortie de la ville. Il y installe son musée rêvé, et invite ses amis Claes Oldenburg, Coosje Van Bruggen, Ilya Kabakov à se laisser inspirer par les grands espaces. La Fondation Chinati est née. Cette intervention bouleverse le destin de ce bout de désert texan: la “cattle town” (“ville à bétail”) sur le déclin devient un des lieux les plus hype de la planète, qui aimante artistes, poètes, cinéastes, de Sonic Youth à Larry Clark. Sous l’impulsion de son directeur Pierre-Jean Galdin, l’École des beaux-arts de Nantes y a acquis en 2017 huithectares de désert. Sur ce territoire où, parmi les herbes folles, les modules de béton de Judd dialoguent avec les néons de Dan Flavin, le campus Fieldwork Marfa a pour ambition de devenir une plateforme de recherche sur l’art dans l’espace public. Gageons qu’en sus de l’inspiration, ce programme de résidence o rira aux étudiants français une visibilité internationale: l’endroit est fréquenté par les collectionneurs.

VOYAGEURS DU MONDE

Afin de mieux percer l’univers minimaliste de Donald Judd, Voyageurs du Monde vous propose une visite privée de The Block, hangar de deux étages remodelé par l’artiste dans les années 1970. Un complément indispensable aux installations de Marfa.

De haut en bas et de gauche à droite : Dan Flavin, Untitled (Marfa Project), 1996. John Chamberlain, Various Works, 1972-1983. Roni Horn, Things That Happen Again: For a Here and a There, 1986-1991.

Seattle et Portland

L’autre Californie

Antithèses

du Golden

State, les États de Washington et de l’Oregon déroulent au fil du Pacifique une forme de mélancolie.
Deux villes au caractère alternatif bien trempé s’en détachent.

Rainy city”… Beaucoup de villes américaines se passeraient de ce titre. À Seattle, il pleut un jour sur deux et la cité s’en réjouit. Sans doute parce que le climat va de pair avec un emplacement géographique exceptionnel, bordé par le ord de Puget Sound d’un côté, adossé à la chaîne des Cascades de l’autre. Ici, la nature ruisselle jusqu’au cœur de la ville et invite à s’y plonger. À pied, à vélo, en canot. Entre les flancs du Mont Rainier, un strato-volcan culminant à plus de 4000mètres carrés étayé de centaines de glaciers, les flots du Pacifique où les baleines se donnent rendez-vous, et le lac Union qui invite à ramer en paddle le long des maisons flottantes: Seattle bénit le son de l’eau. Comme si en découlait la source d’inspiration des grandes voix auxquelles la “cité de la pluie” a donné naissance: Quincy Jones, Judy Collins, Eddie Vedder, Jimi Hendrix… Frêle “Seattle boy” devenu Poséidon du rock, Hendrix a composé son légendaire Purple Haze suite à un rêve dans lequel il se voyait marcher sous la surface de l’océan.

À la fin des années 1980, le son de Seattle se fait plus alternatif, plus sale. La scène grunge apparaît, propulsant le groupe Nirvana (Bleach, Nevermind, In Utero…) sur le devant des scènes internationales. Puis, la mélancolie a rattrapé Cobain… Fin de l’histoire. Mais Seattle, elle, reste l’héroïne de nombreux films et séries

sombres (TheKilling), tout en s’autorisant parfois à jouer avec le soleil pour nous laisser écumer quartiers et terrasses de cafés.

Trois centskilomètres plus au sud, Portland vit sous les mêmes auspices. Entre forêts humides, pics de basalte et côte déchiquetée, pousse une ville pionnière de l’écologie et du libéralisme anti-Trump. Modèle de tolérance LGBTQ, la plus grande ville de l’Oregon est aussi l’une des premières (après Seattle) à avoir légalisé l’usage récréatif du cannabis. Une herbe qui s’invite jusque dans les cuisines parmi les produits locaux (et forcément bio) de jeunes chefs inspirés. Depuis plus de dixans, l’esprit “made in Portland” prône une philosophie communautaire, écologiste et humaniste, dont la série Portlandia n’a pas hésité à moquer les excès. Reste une cité dans laquelle l’homme et la nature ont trouvé l’harmonie… même sous la pluie.

VOYAGEURS DU MONDE

Survoler la montagne Olympique, faire son marché à Pike Place, visiter en privé le musée MoPOP, ou participer à une parade queer et écumer les adresses hipsters… À Seattle et à Portland, nos concierges sont là pour vous assister.

À Altadena, la Bass House, Case Study House # 20, construite pour le célèbre graphiste Saul Bass en 1947 (et complétée en 1958) par les architectes Buff, Straub & Hensman.

STUDY SUCCESS

Los

Angeles, cité radieuse

Lancé en Californie à l’après-guerre, le programme des Case Study Houses, à l’origine destiné à répondre à la pénurie de logements, s’est révélé être un grand terrain d’expérimentation architecturale. Les collines d’Hollywood en gardent les pièces maîtresses. Visite.

C’est une icône du cinéma et des séries américaines. Reconnaissable entre mille, par sa position en nid d’aigle au-dessus de L.A. Lignes modernes, épurées, grandes baies vitrées gommant la frontière entre intérieur et extérieur, piscine flottant au firmament: la Stahl House a servi à de nombreux décors de films. Cette villa, réalisée en 1959 par l’architecte Pierre Koenig, n’avait pourtant pas l’ambition initiale de conquérir Hollywood. Simplement une parcelle de sa colline. Également connue sous le nom de Case Study House #22, elle s’inscrit dans un vaste programme débuté en Californie en 1945. Sérieusement mise à mal par la crise des années 1930, totalement freinée par la guerre, la construction d’habitations dans le Golden State connaît alors un vrai déficit. Au retour des G.I., il faut produire rapidement un nombre de maisons individuelles à bas prix. Pour y parvenir, le secteur compte notamment sur l’utilisation de matériaux et techniques développés par l’industrie de guerre (dont le métal et la soudure), mais aussi sur les nouveaux plastiques, les résines synthétiques et

La Eames House, Case Study House #8, à Chautauqua Drive, dans le quartier résidentiel de Pacific Palisades.

des colles plus performantes. Mais sous le pragmatisme, la Californie reste une terre où poussent le rêve et la créativité. Ainsi, comme dans un bon scénario, ce programme de construction qui aurait pu passer inaperçu devint un terrain d’expérimentation architecturale.

Un intérêt croissant pour l’architecture moderne

Le “metteur en scène” de ce phénomène, John Entenza, est éditeur de la revue Arts and Architecture. Visionnaire, il perçoit en parallèle à ce besoin de logements l’intérêt croissant du public pour l’architecture moderne qu’il défend dans les pages de son magazine. Dans la réalité, les coûts et les délais de réalisation d’une maison d’architecte restent prohibitifs pour la plupart des Californiens. Son expertise du secteur le conforte cependant dans l’idée que beaucoup d’architectes de Los Angeles et ses environs n’attendent qu’un signal pour mettre en œuvre des idées gardées dans leurs cartons pendant la grande période d’inertie. Entenza endosse alors une nouvelle casquette et fait de son magazine un maître d’ouvrage.

© Buyenlarge/Getty Images
© Peter Stackpole/ The Life Picture Collection via Getty Images
Avec la Eames House, la frontière entre art et architecture s’affine.

L’école californienne

La Californie (et Los Angeles en particulier) a toujours été une terre d’expression pour l’architecture moderne. Dans les années 1920, Frank Lloyd Wright et Rudolf Schindler donnent le ton, livrant parmi les plus belles pièces, telles la Hollyhock House de Los Feliz et la Schindler House sur West Hollywood Les années 1930 confirment l’enthousiasme pour les espaces mixant lieux de vie et de travail, gommant les frontières avec l’extérieur, et révèlent de nouveaux maîtres dont Richard Neutra (voir sa Research House au-dessus de Silver Lake). Les Case Study Houses s’inscrivent dans cette lignée moderniste. Jonglant entre verre, bois, acier, elles trouvent écho dans les années 1970 (voir la maison de Frank Gehry à Santa Monica) et inspirent aujourd’hui de jeunes écobâtisseurs californiens.

Villa réalisée en 1959 par l’architecte
Pierre Koenig, la Stahl House apparaît dans de nombreux films tournés à Holly wood.
Ossature de métal, façades entièrement vitrées, espace intérieur ouvert… Terrasses et piscines tracent un cadre qui accorde au paysage autant d’importance qu’au bâti.

En 1945, Arts and Architecture passe commande d’une première série de Case Study Houses auprès d’architectes californiens qui ont le vent en poupe. Parmi eux, Richard Neutra qui signera au total quatre de la quarantaine de projets du programme exécuté entre 1945 et 1966. “C’est un moment qu’un grand nombre d’entre nous attendions avec impatience”, témoigne alors ce grand acteur du modernisme américain, à l’origine de constructions emblématiques conçues à la même époque, dont la Kaufmann Desert House de Palm Springs. À l’instar de cette villa posée aux portes du désert de Joshua Tree, les Case Study de Neutra et ses confrères se fondent dans leur cadre naturel.

Minimalisme et personnalité

L’utilisation du verre et du métal, les ossatures en bois et le choix des toits plats installent discrètement les habitations dans un environnement qui participent activement à leur caractère. Jardin et mobilier sont traités avec la même quête de minimalisme et de personnalité. Coûts et délais d’exécution sont respectés sans nuire à la qualité et l’innovation. Le succès est instantané. L’expérimentation atteint son apogée à la fin des années 1950, sous le coup de crayon de jeunes architectes trentenaires, tels Craig Ellwood, auteur des Case Study Houses #16, #17 et # 18, ou Pierre Koenig, qui livre les célèbres #22 et # 21. Cette dernière, conçue en 1958 sur les collines hollywoodiennes pour le psychologue Walter Bailey, reste un modèle du genre qui, en 2019, s’est revendu plus de troismillions de dollars. La villa, simple d’apparence, combine une ossature de métal, des façades entièrement vitrées et un espace intérieur ouvert.

Terrasses et piscines tracent un cadre qui accorde au paysage autant d’importance qu’au bâti.

L’esprit fait écho à l’une des premières Case Study, nichée à quelques encablures, sur le flanc boisé de Pacific Palisades, face à l’océan. Un environnement où le couple d’architectes Ray et Charles Eames élut domicile et atelier en 1949. Leur Case Study House #8 souligne la volonté de créer une conversation entre nature et architecture. Le parfum des eucalyptus, le chant des oiseaux, les jeux d’ombre et de lumière répondent ainsi à la double structure rectangulaire.

La Eames House marque le tournant du programme au cours duquel la frontière entre art et architecture s’a ne. En façade, un quadrillage de métal noir où s’insèrent des blocs de couleurs et de matériaux éclectiques (ciment gris, verre dépoli, aluminium peint en bleu cobalt, stuc orange) captive l’œil et rappelle une œuvre de Mondrian. À l’intérieur, la maison -aujourd’hui convertie en fondation dédiée à ses créateurs- traduit une vie remplie de design, d’un sens du détail et du souhait de rendre le quotidien des hôtes toujours plus agréable. C’est sans doute là que résident la clé de cette success story et le génie d’architectes qui continuent d’inspirer: avoir su o rir à la Californie un nouveau style de vie.

VOYAGEURS DU MONDE

Sur environ 40 projets de villas, 12 n’ont jamais vu le jour, 5 ont été modifiées et 2 démolies. Onze sont désormais inscrites au Registre national. Aux côtés d’un de nos spécialistes, suivez leur histoire et visitez les plus emblématiques.

1

In the mood

Downtown, quartier historique de cette ville sans limite, est un livre ouvert d’architecture –coloniale, gothique, méditerranéenne, Art déco, contemporaine– à explorer aux côtés d’un spécialiste. À voir aussi le quartier résidentiel deSilver Lake Au pied du mythe : grimper jusqu’au “Hollywood Sign” permet de se rapprocher des étoiles et de s’o rir une vue à 360degrés sur la “City of Stars”. Une belle façon d’apprécier l’étendue des possibilités, et de se rendre compte que L.A. se vit aussi comme une multitude de villages, d’artères qui sont des mondes à part entière: Santa Monica, Sunset Boulevard, Venice Beach… à vivre en mode local, grâce à un francophone qui vous accompagne et décrypte le quartier, vous fait découvrir les tables locales et healthy. Avec des ados, L.A. gagne à tous les coups! Photogénie des lieux, parfum de célébrité et mix parfait entre vie urbaine, beach lifestyle, shopping et culture (le Getty Center – rien que pour l’accès en funiculaire). Mais la ville invite aussi à la quitter. S’échapper vers Santa Barbara, à Big Sur dans le sillage d’Henri Miller, ou Palm Springs pour un voyage dans les fifties et Joshua Tree, désert magnétique pour esprits créatifs.

PLACE TO BE

Vivre le Los Angeles glamour au mythique Chateau Marmont ou découvrir l’ambiance intime d’une maison d’architecte à Hollywood Hills… Pourquoi choisir? À Venice, on opte pour Vitorrja (1), adresse élégante à quelques mètres de l’eau.

La côte ouest

BIG SUR — SAN FRANCISCO — MOJAVE — LOS ANGELES

Road-trip cinégénique, lumière magnétique, horizons profonds, esprit do it yourself, architectures modernistes…: la côte ouest, c’est un grand sou e de liberté. La sensation que tout est possible. La preuve par sept.

Route one

De San Francisco à L.A.

Elle glisse le long de l’océan, se faufile entre les criques et les falaises vertigineuses de Big Sur, traverse les vignobles d’Ojai et les villes de Monterey et Santa Barbara. La California State Route1 incarne l’essence du road-trip américain. Entre San Francisco et L.A., cette route cinématographique déroule une nature et des paysages spectaculaires comme une série d’e ets spéciaux. Parfois, l’éclat du soleil y est brûlant et aveuglant, avant de s’estomper dans une brume mouillée d’embruns, par-delà les flots bouillonnants d’un océan pas vraiment pacifique.

© P. Riverola

Mendocino

Au cœur du vignoble californien

Depuis San Francisco, aller à contre-courant et remonter la côte jusqu’aux falaises et collines ondoyantes de Mendocino. Le comté aux faux airs de Bretagne compte quelque trois milleespèces de champignons et la plus grande superficie de vignobles certifiés bio des États-Unis. Surplombant l’océan bleu acier où cheminent les baleines, le village de Mendocino –où réside une importante communauté d’artistes- arbore une architecture colorée peu commune en Californie du Nord. Et toutes les maisons regardent le large.

Echo Park

La sensation vintage de L.A.

Les cinéphiles le savent: c’est dans le nord d’Echo Park que se sont établis les premiers studios de cinéma de L.A., au début des années 1900. Tout à l’est des 39kilomètres de l’emblématique Sunset Boulevard, le quartier, jadis en proie à la violence et à la corruption, exhibe aujourd’hui un visage délicieusement vintage. Foodtrucks, friperies et disquaires y sont légion, tout comme les fresques murales bigarrées. La totale rénovation de l’Echo Park Lake, poumon vert de la zone, intensifie la gentrification déjà galopante de ce quartier brut et attachant.

Joshua Tree

La tentation du désert

Il y a des lieux qui s’imposent d’eux-mêmes comme des points d’arrivée. Joshua Tree est de ceux-là. Aimantés par l’énergie des lieux, de nombreux artistes et makers ont fait le choix de s’établir dans des no man’s land de nature sauvage, à Pioneertown ou 29 Palms, connectés à une terre inspiratrice. Non loin, les yuccas géants à la silhouette tordue dansent dans le vent. Au printemps, durant le “super bloom” , les roches de granit brûlées par le soleil cohabitent avec de délicats pétales colorés recouvrant la terre.

Hayes Valley

Devant les “Painted Ladies”, le visiteur ne prête pas attention à Hayes Street, la discrète perpendiculaire. Pourtant, derrière les maisons de poupées, la rue se prolonge en un quartier hipster à souhait, profusion de jardins communautaires, librairies indépendantes, brûleries équitables et restos éphémères. Quelques blocks colorés de peintures murales optimistes, où les fermiers urbains côtoient les shoppeurs en goguette venus dénicher ici des pièces exclusives.

Repaire hipster à San Francisco
© M. Soeby/Gallery Stock

Death Valley

Immensité mythique

L’air y est brûlant, le soleil ardent. On dit même que c’est l’endroit le plus chaud du globe, avec 50°C l’été dans le désert aride des Mojaves. Chaos volcaniques de boursouflures de terre, de granit, amas de roches, de pics, de crevasses… C’est à l’aube et au crépuscule que la lumière est la plus belle. Çà et là, des villes fantômes à l’atmosphère singulière, et aussi le point le plus bas d’Amérique du Nord: Badwater.

Palm Springs

Villas rétro et land-art naturel

On y vient pour fuir la jungle urbaine le temps d’une parenthèse en Technicolor. Allées de palmiers gigantesques sur fond de ciel azur, silhouettes de montagnes majestueuses et, au premier plan, une architecture moderniste à l’esthétique fifties intacte. Les villas épurées arborent des teintes naturelles –vert olive, ocre, sable. Devant elles, cactus, oliviers et autres plantes composent des paysages de land-art. Dans les piscines, riches retraités et jeunesse dorée sirotent des cocktails, alanguis sur des bouées en forme de flamants roses.

© P. Riverola

In the mood

San Francisco tire son rideau de brume, l’heure de grimper sur la colline de Nob Hill, siroter un blend, réserver son aller (-retour) vers Alcatraz, passer en revue et à vélo (électrique) les quartiers emblématiques de Little Italy à Sausalito, choisir un angle et le dérouler aux côtés d’un(e) expert(e) cinéma, littérature, art (voir Jackson Pollock et Ansel Adams au MoMA), tester la new food… Plus tard, prendre la route, la seule et unique Highway One, cap au sud, pour un road-trip ponctué d’étapes phare, l’université de Santa Cruz, la station balnéaire de Carmel, Big Sur dans les pas de la beat generation, à moins que, comme elle, vous choisissiez de rouler à contre-courant, vers le nord et les vignobles de l’Ojai pour participer aux vendanges… La côte ouest est ainsi faite de dilemmes: la suivre jusqu’au petit port de Monterey et aux plages de Malibu pour surfer, filer à rollers le long de Venice Beach et poursuivre à fleur de côte jusqu’à San Diego, ville du cool ? Ou la quitter et bifurquer vers l’intérieur, rejoindre le parc de Yosemite, randonner au pied d’El Capitan ou aller jusqu’à Palm Springs et remonter le temps architectural jusqu’aux fifties…?

PLACE TO BE

Big Sur, repaire de la beat generation, est sans doute le plus bel endroit de la côte californienne. Et le Post Ranch Inn dominant l’océan Pacifique, un des meilleurs hôtels américains. Cadre vintage, ancienne destination prisée des stars hollywoodiennes, L’Horizon Resort o re un vrai retour à l’âge d’or de Palm Springs.

GEORGIA O’KEEFFE

Peintre du désert

Le Nouveau-Mexique a été pendant plus de quaranteans la terre de cœur d’une grande reine du modernisme américain. Georgia O’Kee e a puisé la formidable matière de son œuvre dans l’aridité des paysages et la simplicité d’un lieu en particulier, le Ghost Ranch, sur lequel flotte encore l’esthétisme de l’artiste.

Georgia O’Keeffe devant sa maison-studio d’Abiquiú, en 1948.

Au nord de Santa Fe, le Nouveau-Mexique balaie ses paysages d’ocre. Univers minéral sillonné de canyons, hérissé de tours de calcaire qui percutent un ciel cobalt. Là, perdu à vingt kilomètres du village d’Abiquiú, perché au-dessus du Rio Chama, se niche le Ghost Ranch. Entre ses murs d’adobe, la structure minimaliste a été l’épicentre d’une des plus grandes œuvres de l’art contemporain américain, celle de Georgia O’Keeffe. En 1929, l’artiste e ectue un premier voyage dans la région de Taos. Le coup de foudre est immédiat: “J’ai tout de suite su que c’était mon pays. Je n’avais jamais rien vu de tel, mais il me correspondait parfaitement. Il y a quelque chose dans l’air. Le ciel ici est di érent, le vent est di érent, les étoiles sont di érentes. Un très beau monde”, évoquait encore la nonagénaire après plus de quaranteannées passées dans la région. Cette sensibilité aux éléments, la relation intime à la nature de Georgia O’Kee e n’est pas le fruit du hasard. Elle a façonné l’ensemble de son œuvre. Dès ses premières toiles, l’artiste capte l’immensité des champs de blé de son Wisconsin natal, ses

hivers glacials. Puis, ses représentations de fleurs, à la frontière de l’abstraction, la révèlent à New York, sous l’impulsion de son mécène et grand amour, le photographe Alfred Stieglitz. Passionnelle, nourrie de leurs talents respectifs, cette relation pousse aussi la jeune femme à fuir. Chaque été, un peu plus, elle quitte Manhattan et ses gratte-ciel -qui ont pourtant trouvé sous son pinceau une nouvelle dimension. Au statut d’artiste féministe, chantre d’une sensualité a rmée, elle préfère l’ascétisme du désert. Troquant le vacarme de la célébrité pour le mutisme des cèdres ébouri és, O’Kee e se réfugie dans les bras du Nouveau-Mexique.

Des fleurs aux os d’animaux

La jeune femme explore ainsi une nouvelle façon de travailler. Elle troque son atelier perché au trentième étage du Shelton Hotel pour une vieille Ford A, nouvel espace de création nomade. L’orange, le jaune, le pourpre des collines, le vert des rares buissons et le blanc des peupliers constituent désormais son unique palette.

© Georgia O’Keeffe Museum/ADAGP Paris, 2019
Georgia O’Keeffe, Patio with Cloud, 1956.

Georgia O’Keeffe Museum/ADAGP Paris, 2019

© R. Lowry, originally published in The Gourmand issue 09, May 2017, www.thegourmand.co.uk

©
© L. Laucht
L’ascétisme du désert du Nouveau-Mexique aura nourri bon nombre de toiles de Georgia O’Keeffe, tels ce White Bird of Paradise, 1939 (en haut à gauche) ou encore ce Mule’s Skull with Pink Poinsetta, 1936 (en bas à droite).
© Georgia O’Keeffe Museum/ADAGP Paris, 2019

Les crânes, les cornes et les squelettes d’animaux remplacent peu à peu les fleurs sur les toiles et dans la vie d’O’Kee e. “Les os étaient plus faciles à trouver que les fleurs, j’ai donc commencé à les collectionner” , dira-t-elle. Summer Days , toile réalisée en 1936, représente dans une même lévitation un crâne de cerf et un bouquet de fleurs du désert. Symbole du cycle de la vie dans un environnement qui prend de plus en plus d’espace dans celle de l’artiste.

Ghost Ranch et la maison-studio d’Abiquiú

Le crâne de cervidé est aussi l’emblème du Ghost Ranch (une référence aux voleurs de bétail qui, pour protéger leurs butins, avaient déclaré la zone hantée). Lorsque la jeune femme y séjourne pour la première fois, le ranch est encore réservé aux hommes. Mais avec son expérience du milieu artistique, la frondeuse trouve aisément sa place.

Chaque été, puis chaque automne, Georgia revient et étend sa collection de toiles, d’ossements, de souvenirs. Inlassablement, elle explore les environs. Des virées lors desquelles l’accompagne bientôt son amie Maria Chabot, personnalité engagée dans la préservation des arts indiens, également auteur d’une photo iconique d’O’Kee e à l’arrière d’une moto, Women Who Rode away. Ensemble, elles parcourent des lieux que la peintre rebaptise d’un magistral coup de pinceau: TheWhite Place, falaise dressée face au village d’Abiquiú; TheBlack Place, située 250kilomètres plus à l’ouest, dans les Bisti Badlands.

Si l’artiste rêve de poser son chevalet de manière permanente au Nouveau-Mexique, son attachement à Stieglitz la ramène chaque hiver à New York. De son côté, le Ghost Ranch lui résiste et reste propriété de l’Église presbytérienne… Alors elle peint frénétiquement –le rio, les collines, les cheminées de roche, les peupliers (la série des Cottonwood Trees), le Cerro Pedernal (une mesa minérale qui fait face au ranch)–, persuadée qu’à force de multiplier

les représentations de ce paysage, Dieu le lui donnerait… Sa prière est finalement entendue en 1940. O’Kee e acquiert l’une des petites maisons d’adobe qui composent le Ghost Ranch. Trop étroite pour son esprit. Cinqans plus tard, elle trouve une maison coloniale en ruine à Abiquiú, dont elle confie la restauration à Maria Chabot.

En 1946, l’artiste est la première femme à qui le MoMa consacre une rétrospective. La même année, Alfred Stieglitz disparaît. Sa muse passera troisannées à répertorier l’œuvre pléthorique du photographe (qui compte plus de trois centsclichés d’elle, parmi lesquels de célèbres nus). Cette première vie refermée, Georgia O’Kee e embrasse une existence solitaire et s’installe définitivement dans sa maison-studio d’Abiquiú, qui devient son refuge, son atelier, son modèle. Les vastes ouvertures sur l’extérieur, le patio, les portes, les jeux d’ombre et de lumière nourriront ses toiles pendant plus de trente-cinq ans. Elle peint le ranch et ses environs obstinément, à l’image de cette percée sombre qu’elle représentera à plus de vingt reprises (la série Abiquiú Patios). Finalement, sa cécité naissante jette le voile sur “son pays”, l’obligeant à rejoindre Santa Fe, où l’artiste s’éteint en 1986. La maison se mue en musée, préservant son univers esthétique. La sobriété des murs chaulés laissés à nu répondant à une table en bois brut, un fauteuil Womb d’Eero Saarinen flottant comme un souvenir new-yorkais… Chaque pierre, chaque os, garde l’écho d’une œuvre totale, débordant de la toile pour se refléter à l’infini.

VOYAGEURS

DU MONDE

À Abiquiú, la maison-studio de Georgia O’Keeffe se visite. Il est aussi possible de passer la nuit au Ghost Ranch et de participer à des ateliers de peinture, d’écriture, des retraites spirituelles, afin de s’imprégner de l’univers de l’artiste, quasi intact depuis près de quatre-vingts ans.

L’Arizona

PHOENIX — ARCOSANTI — SEDONA — GRAND CANYON LAC POWELL — NATION NAVAJO — MONUMENT VALLEY

Les fous de grands espaces y trouvent des paysages à leur (dé)mesure, les cinéphiles les décors naturels de leur western préféré, les hippies et New Age a uent en quête spirituelle, les idéalistes y construisent des utopies concrètes. Et vous?

Le Grand Canyon : renversant et beau comme une œuvre d’art.

Arcosanti: l’antithèse de Phoenix

La capitale de l’Arizona, tentaculaire, dévore toujours plus le Sonora, grand vide planté de cactus Saguaro. À une petite heure de là, loin des résidences hypersécurisés pour riches retraités, des courbes des échangeurs d’autoroutes et des terrains de golf dans le désert, Arcosanti, écovillage imaginé dans les années 1970 par l’architecte écologiste Paolo Soleri, à rebours de son professeur Frank Lloyd Wright, qui concevait la ville autour de l’automobile.

Après l’Interstate I-17, il faut emprunter un sentier poussiéreux pour rejoindre cet improbable kibboutz de désert –la ville, ironiquement, ne se rejoint qu’en voiture. La succession de bâtis de béton organiques, tout en courbes, d’arches, de voûtes et de nefs massives dessinent des espaces communautaires ouverts sur la nature, incarnation des ambitions de Soleri: inventer une société libérée de l’hyperconsumérisme, restreindre l’empreinte des villes sur les terres et les ressources, relier leurs habitants –entre eux et à leur environnement. L’utopiste a pensé Arcosanti pour 5000“arconautes”. Ils ne sont aujourd’hui plus que 80 à y vivre. La visite vaut pourtant pour son modèle, précurseur de nos écoquartiers

contemporains, et parce que cette cité de désert constitue l’exacte antithèse de Phoenix.

Artistes, hippies et mysticisme Plus au nord, l’I-17 s’engou re dans la forêt, et Sedona jaillit dans la vallée, ville-oasis lovée au creux des canyons.En 1946, Max Ernst et sa compagne Dorothea Tanning s’installent là, et construisent de leurs mains une maison de bois, sans eau courante ni électricité. Ernst y déploie son bestiaire, dont l’un de ses plus puissants chefs-d’œuvre, Capricorne, sculpture géante qu’il dresse tel un totem face à l’immensité, aujourd’hui exposée au Centre Pompidou.

Ernst et Tanning reçoivent Man Ray, Marcel Duchamp, Lee Miller. Les surréalistes seront les précurseurs d’un exode mystique qui n’aura de cesse de transformer la ville.

À leur suite, au tournant des années 1960, hippies et routards de retour de Katmandou s’y installent, dans un syncrétisme de croyances, entre légendes autochtones et découverte de vortex telluriques.

La petite ville est aujourd’hui la capitale américaine du New Age, attirant nombre de pèlerins en quête spirituelle.

Dans le nord de l’Arizona, un petit plateau à la roche claire et aux dégradés ocre : White Pocket.

Le goût du voyage

Nation Navajo

La nation Navajo compte 332 000 citoyens, dont 200 000 habitent la réserve, la plus vaste d’Amérique du Nord (1/4 du territoire de l’État). Elle a un président, une cour suprême, une administration, une assemblée.

Chapelle

SainteCroix de Sedona

Dessinée en 1956 par l’architecte

Marguerite Brunswig Staude, la chapelle est perchée sur un promontoire, sa baie vitrée permet de profiter du panorama grandiose sur les formations rocheuses du sud de Sedona.

Antelope Canyon

Le site le plus photographié de l’Ouest américain. Partout, l’eau dessine dans la roche arches, gorges, aiguilles et mésas, mais ici, l’érosion s’est faite virtuose. Une brèche de lumière au creux de dunes de sable pourpre.

Chelly Canyon

Au fond du canyon coule une rivière. Et, creusé dans la roche, maintes fois pillé, miraculeusement préservé, un village troglodyte édifié par les Indiens anasazis (ancêtres des Navajos) assume sa sobre splendeur depuis plus de mille ans.

Scottsdale

Las des hivers chicagoans, Frank Lloyd Wright a passé les dernières années de sa vie dans cette banlieue chic de Phoenix. Architecture organique de bois, verre et brique, Taliesin West fait la synthèse du talent de l’architecte.

La roche pourpre et subjuguante de beauté d’Antelope Canyon.
Gigantisme, teintes folles, strates géologiques: tout contribue à créer une perte de repères inédite.
Le Grand Canyon tient ses promesses.

Nul besoin d’être mystique cependant pour tomber sous le charme de ces paysages grandioses –une roche rouge sang dont la vivacité le dispute à celle du ciel, bleu électrique–, connus pour provoquer la Red Rock Fever, et qui en font le deuxième lieu le plus visité d’Arizona, après le Grand Canyon. À cent miles au nord, cette immense faille, qui s’étend du sud de l’Utah au nord de l’Arizona, est sans doute le phénomène géologique le plus impressionnant de la planète. Le gigantisme, les teintes folles, presque immatérielles, les strates géologiques: tout contribue à créer une perte de repères inédite. Le Grand Canyon tient ses promesses.

De la nation Navajo à l’icône de l’Ouest

Après les terres fauves, rousses et chaudes du Canyon, le lac Powell est comme une respiration blanche. Un vide dans le paysage. Situé en Arizona et en Utah, ses découpages minéraux improbables, son ampleur (300kilomètres de long, 180mètres de profondeur, plus de 3000kilomètres de rivages) et l’apparente tranquillité de l’immensité aquatique en font un paysage obsédant. La route se poursuit à travers la grande réserve, au cœur des paysages arides et grandioses de la nation Navajo parcourus par des hommes au volant de leurs camionnettes, coi és de chapeaux, parés

de bijoux d’argent et de turquoise. Apparaît alors Monument Valley, grand plateau érodé dont les gigantesques silhouettes habitent l’imaginaire collectif en Technicolor. Une icône, la quintessence de l’Ouest américain. Indissociable de l’histoire du western et de John Ford. Un endroit unique, sacré, étrangement calme, “le plus complet, le plus beau, le plus paisible au monde” a déclaré le cinéaste qui n’a cessé de questionner les récits fondateurs de la nation américaine, devenu membre honoraire de la nation Navajo lors d’une cérémonie célébrée pendant le tournage de La Prisonnière du désert (1956). Visionnant son œuvre (LaChevauchée fantastique ou L’homme qui tua Liberty Valance), on ne peut douter qu’il avait fait sien le précepte de ses amis Navajos: “marcher dans la beauté”. Condition sine qua non d’une vie heureuse, qui semble ici une ambition raisonnable, en ces terres de chaleur et de poussière, de paysages et de mythes iconiques.

VOYAGEURS DU MONDE

Parce que vous n’êtes jamais à l'abri d’un imprévu, notre service conciergerie francophone vous assiste tout au long de votre voyage : vous dépanner au milieu du désert de White Pocket, trouver un médecin à Moab, improviser un survol surprise du Grand Canyon… “Yes, we can !”

In the mood

L’Arizona est d’abord une expérience visuelle, après l’incontournable cliché de famille au pied d’un saguaro, il faut grimper au sommet de Horseshoe Bend pour la vue inoubliable, se percher au-dessus du Colorado Toujours plus haut: le survol en hélico du lac Powell, avec dépose sur Tower Butte ; sur l’eau, embarquer sur le lac Powell en kayak pour la journée ou pour la nuit, à bord d’un house-boat ; à pied, explorer Antelope canyon. Traverser les terres navajos, et admirer Mesa Verde. Toujours plus haut, survoler Canyonlands. Dans la ville de Moab, crapahuter au sommet d’une tour d’ocre, puis “on the road again” filer en side-car jusqu’à Sedona, et suivre la piste de Frank Lloyd Wright, dont le génie architectural flotte ici depuis les années 1930, et dans son sillon, celle de Paolo Soleri, à Arcosanti, ville-utopie en plein désert. Y dormir sous les étoiles.

Sur la route, relire Dorothea Tanning et reconnaître la palette des ocres qui a aussi inspiré Max Ernst, Man Ray, Ansel Adams. Enfin, a ûter son œil au Center for Creative Photography de Tucson, a ner son coup de pinceau auprès des artistes du Sedona Arts Center, et revenir chargé de couleurs.

PLACE TO BE

À deux pas du lac Powell et face au désert, l’Amangiri (1) est une délicieuse oasis de ra nement au cœur d’un paysage minéral. Moderne et contemporain, mais aussi cosy et chaleureux, cet hôtel invite à la détente et à l’épanouissement personnel.

L’attraction des parcs

Beautés naturelles

Dans le parc national de Séquoia, à cheval entre la Californie et les montagnes de la Sierra Nevada.
Ils jalonnent les États-Unis. Nationaux ou non, il y en a pour toutes les envies. Voyageurs du Monde vous aide à choisir à travers cette sélection non exhaustive.

Le sud-ouest, cette mine d’or… Inscrit dans l’imaginaire collectif, Monument Valley (Arizona/Utah), entretenu par les Navajos depuis 1958, est l’icône incontestée de l’Ouest américain. Ancienne vallée glacière, cascades et séquoias géants: Yosemite (Californie) est l’un des sites naturels les plus fréquentés du pays. Ses voisins Séquoia/Kings Canyon, dans lesmontagnes de la Sierra Nevada, déploient aussi leurs séquoias géants, spectaculaires de par leur concentration. Dans la Vallée de la Mort (Californie/Nevada), région la plus sèche et la plus chaude des États-Unis, les paysages sont très variés et les noms de lieux, évocateurs, n’invitent pas forcément à la promenade: Devil’s Golf Course (“Terrain de golf du diable”), Funeral Mountains (“Montagnes Funèbres”)… Et aussi : dans l’Utah, Capitol Reef et sa gigantesque barrière rocheuse qui traverse tout l’État; Arches et ses 2000… arches ; les colonnes rocheuses de Bryce Canyon ; White Pocket et sa géologie onirique… Pour beaucoup, le désert californien, c’est Joshua Tree, connu pour ses célèbres arbres (de Josué), Palm Springs et ses villas, mais vous gagnerez sans doute à découvrir Redwood, qui détient les plus hauts arbres de la planète, Salvation Mountain, Salton Sea, ou encore Coachella Valley… à l’environnement mi-land art, mi-sauvage. L’Arizona, grand pourvoyeur de paysages à couper le sou e, o re au regard les décors pastel de Painted Desert et les arbres pétrifiés de son voisin Petrified Forest ; les ruines indiennes

troglodytiques de Canyon de Chelly ; les forêts de cactus géants du parc national de Saguaro et les flèches rocheuses taillées dans le calcaire rouge de Red Rock Country White Sands (Nouveau-Mexique), hypnotise avec son désert de sable blanc en gypse…

Montagnes et glaciers du nord-ouest Yellowstone (Wyoming/Montana/Idaho) est le plus grand, le plus ancien et sans doute l’un des plus beaux parcs. On y trouve la plus grande concentration de geysers au monde.

À Crater Lake, seul parc national de l’Oregon, c’est une éruption qui a créé le lac il y a environ 7 700ans. Eau limpide mais très froide! Dans l’État de Washington, le parc national de North Cascades, surnommé “Alpes américaines”, a che un remarquable paysage de montagnes.

Et aussi : dans le Dakota du Sud, le parc national des Badlands, vallée quasi lunaire méconnue du grand public, et Custer State pour son immense réserve de bisons.

La vision de Craters of the Moon (Idaho) est tout bonnement surréaliste; Glacier (Montana) surprend avec ses 50glaciers…

Sud-est/nord-est: rares mais fascinants En Floride, les Everglades déploient de vastes marais ponctués de plus de 10000îles, pour de longues balades en bateau…

Attention aux alligators! Acadia (Maine) est le seul parc national dans le nord-est des États-Unis. Le long de ses 193kilomètres de sentiers pédestres, on peut croiser écureuils ou ours noirs. •

L’Alaska

ANCHORAGE — DENALI NATIONAL PARK — FAIRBANKS — KENAI

Le plus grand État des États-Unis, site spectaculaire aux paysages et aux animaux fascinants, voisin de la Tchoukotka sibérienne, a de quoi intimider.

“It’s such an icy feeling, it’s so cold in Alaska”, chantait le Velvet Underground…

Àobserver les planisphères, l’Alaska semble être un État king size. Pourtant, en débarquant à Anchorage, big city de la côte sud, on découvre une ville de province américaine aux buildings à l’élan modeste –sauf celui de BP, marquant l’importance de l’extraction pétrolière pour l’économie régionale.

En ville, on croise des militaires et des orignaux, plus fréquemment que prévu. Cette présence animale est caractéristique d’un contexte qui voit le naturel chercher à tirer avantage des installations humaines. Le grizzli n’extrait pas sa pitance des seules rivières à saumons, étant omnivore rien ne l’empêche de dévorer un burger… Mais place aux grands espaces, à cinqheures de route plus au nord. Le Denali National Park, reconnu réserve de biosphère par l’Unesco en 1976, déploie près de 25000kilomètres de montagnes, de toundra, de taïga arborée, de forêts, de lacs et de glaciers. Au milieu, la grosse bosse, anciennement mont McKinley, obtient la médaille d’or des sommets nord-américains, avec ses 6190mètres

d’altitude. Caribous, élégants mouflons de Dall et grizzlis y vivent en harmonie. Histoire de s’enfoncer encore un peu dans l’intérieur, on file à Fairbanks qui possède, avec les collections de l’université d’Alaska-Museum of the North, un trésor qui documente l’aventure des pionniers et des chercheurs d’or.

Retour au sud, sur la côte est de la péninsule Kenai, montagneuse et protégée par le parc national de Kenai Fjords. Splendeur minérale, faunistique (du guillemot marbré à la baleine grise), floristique (de l’osier fleuri à la pruche subalpine). Drainant le centre de la péninsule, la rivière Kenai doit sa renommée à ses remontées de saumons: bossu, rouge et surtout chinook. Là, les pêcheurs à la cuillère et les ours se concurrencent en toute amabilité. On l’espère…

VOYAGEURS DU MONDE

Bout du monde ne signifie pas coupé du monde. Parmi les services proposés, nous mettons à votre disposition un routeur wifi qui permet de partager en direct les photos de vos aventures.

In the mood

Taillé pour l’immensité, l’hydravion est le mode de déplacement privilégié en Alaska. Une grande bouffée de liberté. Plus sportive, l’approche en canoë permet de jouer les aventuriers et de s’imprégner de nature grandiose, réapprendre l’humilité (devant les grizzlis) et l’art de l’observation.

PLACE TO BE

C’est au bout d’un ord, au Tutka Bay Lodge, que la chef Kirsten Dixon reçoit. Lorsque vous ne l’accompagnez pas à la pêche ou à la cueillette, vous pouvez escalader un glacier, observer les castors, naviguer en kayak, ou tout simplement guetter les aurores boréales depuis un jacuzzi chau é au bois…

© B. Flah

Hawaï

MAUI — OAHU — HAWAÏ — NIIHAU — KAUAI

MOLOKAI — LANAI — KAHOOLAWE

L’“Aloha State” incarne l’autre rêve américain. Une version tropicale à la nature toute-puissante où règne le roi Océan.

Les huit îles principales d’Hawaï, enfantées par une activité volcanique hors norme, abritent parmi les plus belles plages du monde.

GOÛTER

Les saveurs hawaïennes sont cosmopolites et toujours surprenantes. Au gré des migrations, les assiettes de l’archipel se sont enrichies des senteurs venues du Japon, de Chine, de Polynésie ou encore du Portugal. Du simple et roboratif loco moco au classique poke, de l’aérienne shave ice au malasada d’origine portugaise, on trouve là un fantastique métissage culinaire.

DÉCOUVRIR

Paia (Maui), la pionnière de la contre-culture hawaïenne. Garante d’un certain esprit bohème, la petite cité côtière rassemble des utopistes hippies héritiers du Taylor Camp, des surfeurs et véliplanchistes attirés par des conditions de glisse idéales, et une faune branchée venue tester restaurants et boutiques tendance.

S’ÉVADER

Dans la Waipi’o Valley (Hawaï). Cernée de falaises tou ues déboulant sur une immense plage sauvage, cette vallée était jadis le refuge des rois hawaïens. Aujourd’hui, elle n’abrite plus qu’une centaine d’âmes, en retrait du monde. Un isolement dû à des conditions d’accès di ciles, mais o rant un panorama de premier matin du monde.

SURFER

Banzai Pipeline, Backdoor, Waikiki, Pine Trees, Sunset Beach… Di cile de dissocier Hawaï du surf, tant l’archipel est l’épicentre originel de ce sport, qui bénéficie là de conditions incroyablement propices. Du novice au pro, tous les surfeurs y trouvent une vague à leur niveau.

NAGER

À Kaihalulu, sur l’île de Maui. La Red Sand Beach ne ressemble à aucune autre grâce aux teintes ocre du sable nappant cette anse cachée. L’endroit est pourtant loin d’être monochrome, puisque le nuancier déplace son curseur de l’intense vert végétal dégringolant des falaises à l’azur océanique où l’on se baigne abrité de la houle par une imposante barrière de roches noires.

NAVIGUER

Sur une pirogue à balancier micronésienne. Aussi appelées “bahamata”, ces embarcations traditionnelles ont permis la colonisation des archipels les plus reculés du Pacifique. De formes et de tailles variées, elles sont stabilisées par des flotteurs latéraux et glissent sur l’eau à la force des pagaies ou du vent, selon une hydrodynamique à la fois simple et e cace.

DO YOU SPEAK american way

of life ?

Dix choses à savoir pour une immersion parfaite dans le pays aux cinquante États.

Les États-Unis ne dorment jamais. Tout est ouvert 24/7

Parfait si vous êtes accro au shopping ou si vous êtes pris d’insomnie

Soyez mesuré avec le

HUG

Au-delà de cinq secondes d’étreinte, c’est embarassant

N’oubliez pas votre convertisseur !

Les lieux publics ont pour habitude de régler la

“AC”

(“air conditioned”) sur 19° C. Pensez à prendre un pull ou une veste, même par 40 °C

En France, si parler salaire est un sujet

TOUCHY

les Américains n’y voient aucune difficulté

Hollywood produit environ 500

chaque année

Certains restaurants proposent le

FREE REFILL

C’est-à-dire les boissons à volonté ! Vous pouvez donc vous resservir (ou vous faire resservir) gratuitement

MILES, INCHES

pounds, farenheit… Les Américains ont un système de mesure bien à eux (pour les distances, la cuisine, les tailles, les températures)

Pensez à laisser des

TIPS

Le service n’est pas compris. Ajoutez 15 à 20 % à la note. Idem dans les magasins : les prix sont souvent hors taxes (taxes dont le montant diffère d’un État à l’autre)

Célébration importante passée en famille,

THANKSGIVING

a lieu le dernier jeudi du mois de novembre

Lorsque l’on vous demande

“SINGLE OR DOUBLE ?”

Il s’agit de connaître votre quantité de café souhaitée, pas votre situation maritale. Un “single shot” contient 30 ml d’espresso, un “double shot” 60 ml

LES ÉDITIONS

VOYAGEURS DU MONDE

PAR DESTINATION

Afrique

Amérique du Sud

Mexique, Amérique centrale & Grandes Antilles

Asie Mineure, centrale & Chine

Asie du Sud-Est & Indonésie

Australie, Nouvelle-Calédonie & Nouvelle-Zélande

Canada

Égypte

Espagne

États-Unis

Europe centrale & Balkans

Europe du Nord

France

Grande-Bretagne & Irlande

Grèce

Inde, Himalayas, Pakistan, Sri Lanka & Maldives

Israël & Palestine

Italie

Japon & Corée du Sud

Maroc & Moyen-Orient

Polynésie

Portugal

Russie & Ukraine

PAR THÉMATIQUE

Voyageurs… amoureux/en famille/dans les îles

LES ÉDITIONS SPÉCIALES

JOURNAL VOYAGEURS / VACANCE

Directrice de la communication

Nathalie Belloir

Rédacteur en chef

Raphaël Goubet

Directeur artistique

Olivier Romano

Rédacteur

Baptiste Briand

Ont collaboré à la rédaction

Rosanne Aries, Emmanuel Boutan, Stéphane Deschamps, Éléonore Dubois, Olivier Esteban, Clara Favini, Marion Le Dortz, Marion Osmont, Faustine Poidevin-Gros, Cyrielle Robert

Secrétaire de rédaction

Stéphanie Damiot

Coordinatrice fabrication

Isabelle Sire

Responsable photo

Marie Champenois

Iconographe

Daria Nikitina

Photogravure Groupe Santerre

Impression Imprimerie Chauveau

Édition juillet 2024

Crédits – Couverture Jake Inez

Illustrations Førtifem (p. 5, 8, 9, 12), Ana Popescu (p. 7, p. 13) Photos A. Montagard, F. Poidevin (pp. 20-21) ; Matthew Williams/Wythe Hotel NYC (p. 21) ; L. Corson/Gallery Stock, P. Shirley/Gallery Stock, Greydon House I Doug Friedman, D. Nadia/Stock.adobe.com, P. Crosby Tourists Hotel, The Dutchess Hudson Valley (p. 30) ; M. Berrin, R. McKendree, P. Crosby/Tourists Hotel (p. 31) ; M. Adolfsson/Gallery Stock, B. Flaherty, L. Sturm, A. Gaut/The Robey (p. 41) ; Yosigo, C. Jenkins/Gallery Stock, R. Westbrook (p. 51) ; Moorings, B. Ferry, A. Hetherington/REDUX-RÉA, Sunnys/ Fotolia, G. Herman /Gallery Stock (p. 56) ; J. Galland, N. Koenig, M. De Guzman (p. 57) ; AF Archive/Alamy Stock Photo, PictureLux/The Hollywood Archive/Alamy Stock Photo, NBCUniversal via Getty Images, WireImage/ Gregg DeGuire/Getty Images (p. 61) ; NBCUniversal via Getty Images, AF Archive/Alamy Stock Photo, MCA/ Collection CSFF/Bridgeman Images (p. 62) ; Toni Passig/ Getty Images Europe, Pictorial Press Ltd/Alamy Stock Photo, PictureLux/The Hollywood Archive/Alamy Stock Photo, Anthony Neste/The LIFE Images Collection via Getty Images (p. 63) ; M. Kennedy/The Anvil, Ranch Montana, T. River Lodge, R. McKendree, L. Laucht (p. 71) ; Chinati (pp. 72-75) ; J. Goerlich/Gallery Stock, One Fine Stay, M. Jaeger/LAIF-RÉA, N. Val, M. Horn/Gallery Stock (p. 84) ; The Rose, Z. Fidji (p. 85) ; P. Riverola, L. Laucht, Caravon Outpost, Tiffany/Stock.adobe.com, R. Wright/ Gallery Stock (p. 94) ; P. Riverola, J. Galland (p. 95) ; J. Galland (pp. 110-111) ; L. Laucht (p. 111) ; Small World Production/Stock.adobe.com, Alena/Stock.adobe.com, J. Glaescher/LAIF-RÉA (p. 118).

Voyageurs du Monde S.A. au capital social de 4 315 216 €. 55, rue Sainte-Anne, 75 002 Paris. Tél. : 01 42 86 17 00 - RCS Paris 315459016. Immatriculation Atout France IM075100084. Assurance RCP : MMA – 14, bd Marie-et-Alexandre Oyon, 72030 Le Mans, Cedex 9 - Contrat n° 127 113 949. Garantie financière : Atradius (823 646 252 –  RCS Nanterre), 159, rue Anatole France, CS 50118, 92 596 Levallois-Perret Cedex.

Retrouvez toutes nos idées de voyage sur voyageursdumonde.com

“Voyageurs du Monde s’est engagée dans une gestion responsable de ses achats papiers en sélectionnant des papiers fabriqués à partir de fibres et de bois provenant de forêts gérées durablement. Le choix d’éditer notre brochure à l’imprimerie Chauveau, imprimeur écoresponsable, labellisé Imprim’Vert et certifié FSC, s’inscrit dans la continuité de notre engagement en matière de protection de l’environnement. Brochure imprimée avec des encres végétales.”

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.