V O YA G E U R S EN AFRIQUE K E N YA — TA N Z A N I E — Z A N Z I B A R — M A L A W I — M O Z A M B I Q U E A FR I Q U E D U S U D — N A M I B I E — B OT SWA N A — Z I M B A BW E É T H I O P I E — R WA N DA — O U G A N DA — N I G E R I A — S É N ÉG A L S Ã O T O M É - E T- P R Í N C I P E — C A P - V E R T — M A D A G A S C A R
voyageursdumonde.com
Les Cités des Voyageurs Paris 2e
Montpellier
Bordeaux
Montréal
55, rue Sainte-Anne +33 (0)1 42 86 16 00
28, rue Mably +33 (0)5 57 14 01 48
Bruxelles
23, chaussée de Charleroi +32 (0)2 543 95 50
Genève
19, rue de la Rôtisserie +41 (0)22 519 12 10
Grenoble
16, boulevard Gambetta +33 (0)4 76 85 95 90
Lausanne
Rue-de-Bourg, 6 +41 (0)22 519 12 10
Lille
147, boulevard de la Liberté +33 (0)3 20 06 76 25
Londres
8, rue du Palais des Guilhem +33 (0)4 67 67 96 30
555, boulevard René-Lévesque Ouest +(1) 514 789 0101
Nantes
13, rue du Moulin +33 (0)2 40 20 64 30
Nice
4, rue du Maréchal Joffre +33 (0)4 97 03 64 64
Québec
540, rue Champlain +(1) 418 651 9191
Rennes
31, rue de la Parcheminerie +33 (0)2 99 79 16 16
Rouen
17-19, rue de la Vicomte +33 (0)2 32 10 82 50
First Floor 111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL) +44 (0)20 7978 7333
Strasbourg
Lyon 2
26, rue des Marchands +33 (0)5 34 31 72 72
e
5, quai Jules-Courmont +33 (0)4 72 56 94 56
16, rue Sainte-Barbe +33 (0)3 88 15 29 48
Toulouse
Marseille 1 er
25, rue Fort-Notre-Dame +33 (0)4 96 17 89 17
Voyageurs en Afrique 01 42 86 16 60 Retrouvez toutes nos idées de voyage sur voyageursdumonde.com
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édito
Raconter l’Afrique en moins de 120 pages serait bien prétentieux. De même qu’un voyage dans l’un de ses 54 pays compose une vision infime du continent. À l’inverse, prenez une photo du jeune artiste ghanéen Prince Gyasi (pp. 10-17) : une seule image suffit presque à refléter les dimensions de la culture panafricaine moderne. Sous l’effet immédiatement euphorisant de ces capsules colorées réalisées au smartphone, s’écrit l’Afrique du XXIe siècle. Une génération décomplexée, créative, engagée qui s’exprime dans tous les domaines : le cinéma au Nigeria, la musique au Bénin, le théâtre au Burkina-Faso, l’architecture urbaine au Togo, la gastronomie en Afrique du Sud, les nouvelles technologies au Ghana, l’écologie au Sénégal… et vice versa. Voyager en Afrique dépasse alors l’envie naturelle de se frotter à ses paysages primaires, de goûter à l’humilité face aux grands animaux. Pour devenir une profonde source d’inspiration tournée vers l’avenir. Un voyage essentiel. JEAN-FRANÇOIS RIAL Pdg de Voyageurs du Monde
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10
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Cartographie L’Afrique en un clin d’œil.
Portfolio La vie en couleurs avec l’artiste plasticien Prince Gyasi.
Choisir son safari
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L’esprit Voyageurs du Monde Notre façon d’envisager le monde.
8 Les services Nos attentions pour voyager en toute fluidité.
Book lovers Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.
20 Panoramas africains Douze visions de l’Afrique.
Tanzanie et Zanzibar La sérénité des plages dans le prolongement de la brousse : ces deux âmes sœurs se complètent à merveille.
© Osma Harvilahti
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Tour d’horizon en huit lieux emblématiques pour se fondre dans la faune africaine.
Sommaire Voyageurs en Afrique
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76
100
Le Mozambique
Pop culture Figures de l’empowerment et femmes de caractère : voici nos reines africaines.
City guide – Lagos La capitale économique du Nigeria bouillonne et prépare l’avenir.
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Le Botswana
São Toméet-Príncipe
Archipel sauvage et sanctuaire marin, l’ancien comptoir connaît un nouveau souffle.
48 Hôtel – Kenya Le Mount Kenya Safari Club, lieu prisé du Tout-Hollywood dans les 50’s, accueille les voyageurs avisés.
Éden aux multiples lagons, canaux et îles – le mythique delta de l’Okavango y passe –, c’est aussi le nirvana du safari.
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88
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Lamu
Le Zimbabwe
Au Kenya, une capsule hors du temps devenue refuge pour artistes et voyageurs inspirés.
Uniques au monde, les chutes Victoria sont l’emblème du pays. Spectaculaire.
Le Sénégal Le pays de la “teranga”, l’hospitalité en langue wolof, vous accueille entre énergie et charme intemporel.
90
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54 Le Cap Une étape incontournable de l’Afrique du Sud, la nation arc-en-ciel.
60 Maison Voyageurs du Monde La Satyagraha House : un refuge de sérénité au cœur de Johannesburg.
68 La Namibie Voyage dans le “Grand Vide” pour les passionnés de déserts.
Musique - Éthiopie Années 1960. Addis-Abeba, baignée de pop et de rock, vit une révolution culturelle. C’est la naissance du groove éthiopien et de l’éthio-jazz.
94 Le Rwanda et l’Ouganda Pays voisins, ils ont en commun un mythe : le gorille des montagnes, cher au cœur de feue la primatologue américaine Dian Fossey.
L’archipel équatorial est un passage obligé pour les amateurs de chocolat…
Le Cap-Vert Patrie de la regrettée Cesária Évora, l’archipel, généreux, n’inspire pas que la saudade.
112 Magazine – Madagascar Sa richesse botanique attire parfumeurs, grands chefs et maîtres chocolatiers en quête de nectars et d’idées.
116
L’usage du monde Do you speak africain ?
Lomé
GHANA
Ouagadougou
BURKINA FASO
CÔTE D'IVOIRE
Bamako
Monrovia
Freetown
GUINÉE
SIERRA
Conakry
GUINÉE BISSAU
Bissau
GAMBIE
SÉNÉGAL
MALI
Niamey
ALGÉRIE
Alger
Abuja
NIGERIA
NIGER
TUNISIE
Tunis
Tripoli
MER MÉDITERRANÉE
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
N’Djaména
TCHAD
LIBYE
SOUDAN
Khartoum
ÉGYPTE
Le Caire
MER NOIRE
Djibouti
DJIBOUTI
ÉTHIOPIE
Addis-Abeba
Asmara
ÉRYTHRÉE
R
Dakar
Nouakchott
MAURITANIE
SAHARA OCCIDENTAL
MAROC
Rabat
OCÉAN ATLANTIQUE NORD
M E U E
TOGO BENIN
R O G
LIBÉRIA
Praia
Abidjan
SÃO TOMÉET-PRÍNCIPE
Porto Novo
OCÉAN ATLANTIQUE SUD
Accra
GABON
CONGO
Bangui
ANGOLA
AFRIQUE DU SUD
Maseru
LESOTHO
SWAZILAND
ZIMBABWE
Hararé
MADAGASCAR
Antananarivo
COMORES
SEYCHELLES
OCÉAN INDIEN
MOZAMBIQUE
Lilongwe
SOMALIE Mogadiscio
ZANZIBAR
Lamu
Dar es Salaam
MALAWI
Pretoria Maputo Mbabané Johannesburg
Gaborone
BOTSWANA
Chobe National Park
Chutes Victoria
Lusaka
ZAMBIE
Nairobi
KENYA
TANZANIE
Bujumbura
Kigali
Kampala
OUGANDA
BURUNDI
RWANDA
RÉPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Le Cap
Windhoek
NAMIBIE
Luanda
Kinshasa
Brazzaville
Libreville
GUINÉE EQUAT.
Yaoundé
CAMEROUN
Cartographie
CAP-VERT
LEONE
Voyageurs en Afrique Conciergerie Présents sur l’ensemble des pays proposés, nos services de conciergerie francophone répondent in situ aux demandes de dernière minute. De précieux intermédiaires sur un continent dont on ne maîtrise pas toujours les codes, ni les langues. Ultraréactifs, dotés d’un très bon réseau, ils sont à même de résoudre les situations d’urgence et les imprévus. Toujours prêts aussi à vous aiguiller et à partager leurs suggestions selon le lieu où vous vous trouvez.
Like a friend La meilleure façon imaginée par Voyageurs du Monde pour aller à l’essentiel d’une ville, d’un lieu, consiste à vous faire accompagner par un habitant francophone. La découverte prend alors un tout autre goût, orientée selon vos envies ou sur un thème particulier dont votre hôte maîtrise les ficelles (l’architecture, la photo, la gastronomie). Vous profitez de son expérience et de ses bonnes adresses. Une approche locale inégalable.
Painting the Territory (2019), ci-contre et en page 19. Illustrations réalisées lors d’une résidence de l’artiste Damien Poulain au Thread, centre culturel créé par la fondation américaine Josef & Anni Albers, à Sinthian, au Sénégal.
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invitation au voyage
Chaque jour, nos conseillers spécialisés par pays ou par région créent des expériences uniques, doublées d’une pléiade de services haut de gamme. Aborder le monde par son envers, dévoiler le véritable visage des destinations, composer des voyages personnalisés selon les envies de chacun : tel est l’esprit de Voyageurs du Monde.
200
142 concierges à travers le monde, dont 14 sur l’Afrique, veillent sur vous et exaucent vos souhaits à chaque instant.
0
conseillers, dont 25 experts de l’Afrique subsaharienne. Passionnés venus de tous les horizons ou natifs du pays, ils sont une formidable source d’inspiration.
100 % carbone neutre : la totalité des émissions de CO2 liées à nos voyages est absorbée grâce à divers projets de reforestation dans le monde.
différence. Le budget que vous fixez avec votre conseiller sera respecté au plus juste. Une fois votre devis validé, aucuns frais supplémentaires ne sont à prévoir.
2 700
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arbres plantés chaque jour : une action parmi les nombreux projets environnementaux et humanitaires soutenus par notre fondation Insolite Bâtisseur-Philippe Romero.
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nationalités représentées chez nos salariés. Une façon d’insuffler une vision du monde respectueuse des différences culturelles.
120 pays, des grands classiques aux régions plus confidentielles, Voyageurs du Monde peut vous emmener partout sur la planète.
Cités des Voyageurs : 13 en France, 2 en Suisse, 1 en Belgique, 1 à Londres et 2 au Canada. Des lieux accueillants où le voyage commence déjà.
maisons Voyageurs qui racontent chacune une part de l’histoire du pays. Le Steam Ship Sudan et la Flâneuse en Égypte, la Villa Bahia au Brésil, la Villa Nomade à Marrakech et la Satyagraha House à Johannesburg.
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invitation au voyage
Les services Voyageurs du Monde Ring the bell
Zéro carbone
Réserver la bonne table, obtenir une visite privée, trouver une baby-sitter : notre conciergerie francophone locale répond in situ à vos envies. Son rôle est aussi d’anticiper vos attentes et de vous suggérer des idées.
Pour lutter contre le réchauffement climatique, Voyageurs du Monde contribue au financement de dispositifs d’absorption du carbone en vue d’accompagner la transition écologique.
Like a local
Assistance 24/24
Un(e) habitant(e) des lieux propose une balade informelle, adaptée à vos centres d’intérêt. Partageant conseils et bonnes adresses, vous êtes informé sur les mœurs locales. Un moment décontracté et enrichissant.
Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, vous êtes sûr de trouver à qui parler. L’assistance vous aide à trouver une solution rapide et efficace aux aléas logistiques, administratifs, médicaux, voire mécaniques.
Fixeur
Dans la poche
Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays. Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.
L’application Voyageurs du Monde reprend le déroulé jour par jour de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Intuitive et fluide, elle joue les guides malins en compilant des adresses personnalisées et géolocalisées.
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invitation au voyage
Bonnes adresses
Salons lounge
Disponible via l’appli et dans votre carnet de voyage, cette sélection ajustée à votre style pointe au fil de votre route les bons spots par genre (restaurants, boutiques, galeries, musées…).
Passagers au départ sur un vol long-courrier, même en classe éco, l’accès au lounge de l’aéroport vous est ouvert (salon Air France à Roissy-CDG). Au retour, selon la destination, le service est également proposé.
Wifi nomade
Simples formalités
Même coupé du monde, rien n’interdit de communiquer. Sur certaines destinations, un mini-routeur wifi est mis à votre disposition pour vous connecter au réseau mobile jusqu’à cinq terminaux (5 GO offerts).
Pre-seating et cartes d’embarquement reçues la veille, transferts aéroports, assistance au départ (enregistrement, sécurité) et passage prioritaire des douanes à l’arrivée : Voyageurs du Monde rend votre voyage plus fluide.
Mobile local
Welcome !
Sur certaines destinations, vous profitez dès votre arrivée d’un téléphone mobile équipé d’une carte sim locale et d’un crédit prépayé. Les numéros utiles (conciergerie, urgences…) y sont préenregistrés. Pratique !
Arrivée matinale ou départ tardif, Voyageurs du Monde négocie avec vos hôtels afin que vous obteniez/conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut être prévue.
Gagner des miles
Inspirez-vous
Chaque voyage réservé chez Voyageurs du Monde permet de cumuler des miles sur le programme Flying Blue. Un bonus de 1 000 miles lors des trois premiers voyages et de 10 000 miles à partir du quatrième.
voyageursdumonde.com propose près d’un millier de suggestions de voyages à travers le monde. Vous restez libre d’inventer et de modifier le vôtre à chaque instant.
portfolio
UNE VIE EN COULEURS
Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir le matériel le plus sophistiqué pour faire de belles images. À 24 ans, l’artiste plasticien Prince Gyasi l’a bien compris, et c’est seulement muni de son smartphone qu’il arpente les rues d’Accra. Dans d’audacieuses mises en scène, il brosse le portrait de son pays, le Ghana. Sa touche très “color block” vient dialoguer avec un quotidien parfois âpre qu’il rend plein d’espoir.
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Man of Many Nations.
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Mood Swings.
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Unknown Journey 2.
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It Takes Time.
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Triumph.
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Chimi Eye Wear.
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portfolio
Energy Is Contagious.
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librairie
Book lovers Balade littéraire à travers l’Afrique, ses rivalités entre tribus, sa politique maraboutée, sa vie sauvage et les rouages du colonialisme. Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.
Roman
Satire
Étude
Marou de Bessie Head
En attendant le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma
Le Parrain – Au cœur d’un clan d’éléphants de Caitlin O’Connell
Points
Actes Sud
Saga politique de l’Afrique contemporaine, En attendant le vote des bêtes sauvages dresse le portrait, non officiel et peu flatteur, de figures très connues du continent. Avec moult sarcasmes, l’écrivain ivoirien mène une réflexion sur les liens entre pouvoir et magie et établit que la sorcellerie et le spirituel sont devenus les socles sur lesquels repose l’histoire postcoloniale. Un ouvrage maraboutant !
Chercheuse à la faculté de médecine de l’université de Stanford, en Californie, Caitlin O’Connell a passé vingt ans à observer les éléphants dans le parc d’Etosha, en Namibie. De ses recherches, elle fait un roman mettant en scène Greg, un seigneur de la savane voyant son autorité vaciller face à la fougue du jeune Kevin. Ces éléphants mâles, que l’on croyait solitaires, font société et fascinent.
Zoe Auteure de renommée internationale, née en Afrique du Sud et morte au Botswana, Bessie Head (1937-1986) était une métisse, fille d’une femme sud-africaine aisée et d’un serviteur noir, donc une paria. Son récit suit l’arrivée de Margaret Cadmore dans un petit village du Botswana, où Marou et Moleka, deux jeunes gens de la communauté batswana, tombent amoureux d’elle, l’orpheline née d’une Masarwa. Deux peuples rivaux pour une histoire forte en émotions, digne d’un drame shakespearien. Essai
Congo – Une histoire de David Van Reybrouck Actes Sud Best-seller récompensé par de multiples prix et traduit dans de nombreuses langues, ce Congo est un ouvrage extrêmement documenté, précis et indispensable, pour comprendre les rouages du colonialisme et du pays lui-même. L’auteur (belge, historien, écrivain, archéologue et journaliste) a silloné la RDC pendant des mois et recueilli des centaines de témoignages. Un matériau dense de 680 pages qui jamais ne lasse.
Beau livre
Album de famille de l’Afrique sauvage de Laurent Baheux teNeues Une carrière de photographe de presse spécialisé dans le sport, et une passion : l’Afrique. Laurent Baheux livre ici un magnifique album regroupant l’ensemble de son travail sur la faune africaine. Un noir et blanc indéniablement esthétique, un hommage à la vie sauvage, mais aussi une façon d’attirer l’attention sur la situation précaire de nombreuses espèces animales menacées d’extinction.
La librairie Voyageurs du Monde Un passage obligé ! On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller. 48, rue Sainte-Anne, Paris IIe
Culture à la page
© Painting the Territory (2019) par Damien Poulain
Les civilisations noires s’exposent au MCN À Dakar, le Musée des civilisations noires (MCN), inauguré fin 2018, est un projet “panafricain” souhaité dès 1966, lors du premier Festival mondial des arts nègres organisé au Sénégal, par le premier président du pays (1960-1980), Léopold Sédar Senghor. Ce “joyau”, dixit l’ancien ministre de la Culture sénégalais Abdou Latif Coulibaly, se déploie sur 14 000 mètres carrés, en face du Grand Théâtre national, soit en plein centre-ville. “Une facette de chaque partie de l’Afrique” y est représentée, d’après son directeur, Hamady Bocoum, archéologue de formation. Doté de nombreuses galeries, le lieu peut accueillir jusqu’à 18 000 pièces – des vestiges des premiers hominidés, apparus en Afrique il y a plusieurs millions d’années, des collections de peintures et de sculptures, aux créations artistiques actuelles. Au dernier étage, une terrasse ainsi qu’une galerie ouverte viennent parfaire le panorama. Une adresse culturelle incontournable et nécessaire lors d’une venue à Dakar… Plus d’informations sur www.mcn.sn
Panoramas africains K E N Y A — N A M I B I E — TA N Z A N I E — M A L A W I BOTSWANA — R WANDA — AFRIQUE DU SUD ZIMBABWE — ZAMBIE
Perché dans les arbres, de nuit, en trek green, depuis le ciel, dans le désert ou les eaux scintillantes de lacs et de fleuves monumentaux, tranquille sur sa terrasse privée, sur pilotis, à l’ombre d’un baobab ou cerné des Big Five… L’Afrique multiplie les possibles et les inspirations.
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Prendre de la hauteur
© Christopher Churchill/Gallery Stock
Kenya L’avion-taxi : une belle alternative aux longs kilomètres de piste en 4 x 4. À tire-d’aile, d’un lodge à l’autre, des grandes plaines herbeuses aux réserves arides, les sauts de puce à basse altitude deviennent des vols à grand spectacle. Voyages dans le voyage, ces “flying safaris” permettent d’accéder à des zones isolées où pister la grande faune. L’Afrique vue du ciel imprime sa beauté sauvage dans nos mémoires.
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Un nid dans le désert Plus qu’un lodge, c’est un concept architectural – projet de Porky Hefer, l’une des personnalités créatives les plus primées d’Afrique. Inspirée des nids des tisserins de Namibie, la structure de chaume du Nest @ Sossus se fond parfaitement dans l’ocre du désert namibien. Au crépuscule, zèbres et léopards s’aventurent jusqu’au point d’eau pour étancher leur soif. Depuis la terrasse cosy, un verre à la main, on les guette, lové dans un fauteuil Acapulco, l’oreille tendue aux frémissements de la brousse.
© The Nest
Namibie
panoramas africains
© Un Cercle
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Green et nocturne Tanzanie La chaleur décline, les paysages s’empourprent, les murmures de la brousse s’amplifient. À la tombée du jour commence le chassé-croisé des animaux, diurnes et nocturnes. Il est bientôt temps de se fondre dans le décor, monter à bord d’un 4 x 4 électrique pour un safari de nuit, silencieux et à l’empreinte carbone légère. Au clair de lune, dans le faisceau d’une torche : des dizaines de regards, et le chuchotement des sous-titres de ces scènes de vie sauvage par le ranger.
panoramas africains
© Erichon/Stock.adobe.com
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Eau bénie Malawi Le Malawi est-il une île ? À première vue, oui. Tant son lac a des allures de mer (30 000 kilomètres carrés, le cinquième plus grand de la planète). Mais ce pays est bien une terre. Les pistes d’ocre mènent à des villages et des lodges bordant l’eau. Un pays entre deux mondes dans lequel la plage de sable fin n’est jamais très loin. Les eaux douces et transparentes du lac abritent un millier d’espèces marines, un trésor qui permet de passer en une même journée du safari à la plongée.
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Protéger les géants Zimbabwe
© Christopher Churchill/Gallery Stock
Le WWF (Fonds mondial pour la nature) estime la population des éléphants d’Afrique à 415 000 environ, dix fois moins qu’il y a un siècle. Principal responsable du déclin : le braconnage, qui dans certains pays comme la Tanzanie a décimé la moitié des individus. Heureusement, la lutte s’organise et les initiatives privées se multiplient. Au Zimbabwe, dans la réserve de Phundundu, l’association Akashinga (Les Courageuses) réunit un commando composé à 100 % de femmes issues des communautés locales – une façon de toucher le cœur du problème en usant (aussi) de l’arme éducative.
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Rwanda
© Crookes And Jackson
Perchées sur pilotis, les six villas du Bisate Lodge, coiffées d’une double coupole de chaume, ont des allures de jumelles panoramiques. Comme si elles veillaient sur les volcans et les résidents de la forêt – les gorilles des montagnes en particulier. Le pistage et l’observation de ces grands primates comptent parmi les expériences de safari les plus rares. Conçu d’après la philosophie selon laquelle le luxe réside avant tout dans l’engagement durable, le lodge œuvre à la protection des espèces et de leur habitat, ainsi qu’à la collaboration communautaire.
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Au pied de mon baobab Botswana, Kenya, Afrique du Sud
© Elsa Young
C’est un lieu symbolique en Afrique : le pied de l’arbre est un point de rencontre, d’échange, de communion. Dans la brousse, c’est aussi souvent là que l’on dresse le camp… et la table. Un premier café au lever de soleil, un déjeuner à l’ombre, au bord de l’eau, un dîner sous les étoiles et la canopée… L’expérience se décline dans un même but : effacer les murs, bousculer le cadre habituel et se fondre dans la savane. Un moment forcément romantique.
panoramas africains
© Cédric Viollet
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Le graal Big Five Afrique du Sud Les “cinq grands” – l’éléphant, le rhinocéros, le buffle, le lion et le léopard – se partagent la tête d’affiche de la savane. Le terme désignait à l’origine les animaux les plus imprévisibles, et donc les plus dangereux à pister, mais aussi les plus respectés des chasseurs. Élus au rang d’emblèmes de l’Afrique par Ernest Hemingway dans Les Neiges du Kilimandjaro (1936), ils incarnent le graal du safari, mais surtout des symboles pour la conservation de la faune sauvage. Présents en nombre dans le parc Kruger et les réserves des alentours, ils figurent aussi sur les billets des rands sud-africains.
panoramas africains
© Dookphoto/Lion Sands Game Reserve
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Chasseurs de ciel Afrique du Sud On en a rêvé enfant. On a joué aux aventuriers, grimpé aux arbres, construit des cabanes. Et voilà qu’au beau milieu du bush, le rêve se concrétise. Quelques pontons suspendus serpentent à travers les arbres, reliant d’étonnantes structures de bois, de verre ou de pierre, sous la cime d’arbres séculaires, au balcon de la vie sauvage. Une nuit à la (très) belle étoile, une moustiquaire pour seule frontière avec les sons de la brousse.
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Migration mythique Kenya, Tanzanie
© Aris Vrakas/Mwiba Lodge
Plusieurs fois par an, les grandes plaines du Kenya et de la Tanzanie sont le théâtre d’un spectacle magistral : la migration de plus d’un million de gnous, de centaines de milliers de zèbres et de gazelles en quête de pâturages. En janvier et février, la grande procession correspond également à la période des naissances ; de juin à septembre, on assiste à la traversée de la Mara River. Des scènes de vie (et de mort) à observer aussi depuis le ciel, en avion ou en montgolfière. Grandiose !
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Poétique du désert Tout au sud du désert du Namib, dans la région de Karas, le Sonop Lodge réinterprète l’atmosphère british d’un camp de brousse des années 1920. Une vision chic et contemporaine du voyage en Afrique. L’emplacement extraordinaire du lodge, perché au sommet d’un promontoire naturel, plante le décor. Sur de larges boules de granit s’amarrent des platesformes de bois accueillant dix tentes raffinées. Les pans de toile se roulent, offrant ainsi une vue exceptionnelle sur le désert.
© Zannier Hotel
Namibie
panoramas africains
© Elzbieta Sekowska/Stock.adobe.com
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Glisser sur le Zambèze Zimbabwe, Zambie Quatrième fleuve du continent et frontière naturelle entre Namibie, Botswana, Zimbabwe et Zambie, le Zambèze est un exceptionnel territoire d’exploration aquatique. La remontée du fleuve en bateau permet un safari entre la terre et l’eau dans lequel on croise aussi bien hippopotames et crocodiles que buffles, girafes et éléphants. Des îlots au beau milieu du fleuve permettent de jeter l’ancre et passer la nuit, si loin du monde.
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choisir son safari
Choisir son safari Les indétrônables Big Five ne sont pas l’unique raison de choisir sa destination safari. Cadre, ambiance, expériences : il existe de nombreuses façons de se fondre dans la faune africaine. Tour d’horizon en huit lieux emblématiques.
PARC NATIONAL KRUGER Afrique du Sud
PARC NATIONAL DU LAC NAKURU Kenya
Le cadre : le plus mythique des parcs africains réunit sur près de 20 000 kilomètres carrés un écosystème unique qui évolue librement entre le parc national et les réserves privées. La faune : lions, léopards, éléphants, rhinocéros, buffles. Les Big Five sont représentés ici en large densité. Au total, le Kruger rassemble près de 150 espèces. Le nid : un beau lodge niché au cœur d’une réserve privée, quelques bungalows, un point d’eau, un boma (feu de camp) sous la voûte céleste. L’expérience : un safari en liberté, au volant de son propre véhicule.
Le cadre : dans l’ombre du mythique Masaï Mara, le lac Nakuru, situé à environ quatre heures de route de Nairobi, reste l’une des perles de la vallée du Rift. La faune : le Nakuru, malheureusement déserté par les flamants roses, héberge de grands mammifères comme les rhinocéros noirs et les girafes de Rothschild. Le nid : un cottage victorien sur les rives du lac voisin, Naïvasha, prolongement logique au Nakuru. L’expérience : depuis Naïvasha, aller sur Crescent Island et marcher au milieu des animaux, descendants des figurants du film Out of Africa laissés à l’état sauvage.
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choisir son safari
NGORONGORO Tanzanie
RÉSERVE DE KHWAI Botswana
Le cadre : véritable arche de Noé, cette vaste caldeira bordée de forêts abrite une plaine et le lac Magadi. Parmi les paysages africains les plus spectaculaires. La faune : des plus petites aux plus grandes, toutes les espèces sont représentées, parmi elles le rhinocéros noir, l’hippopotame ou le guépard, mais aussi de nombreux oiseaux. Le nid : un lodge surplombant la plaine bordée par la forêt et les plantations de café. L’expérience : un lever de soleil sur la caldeira, depuis la crête.
Le cadre : au nord-est du delta de l’Okavango, un écosystème de grandes plaines inondées, paysage unique de lagunes surmontées d’îles et de forêts. La faune : grands troupeaux d’éléphants, hippopotames, girafes, antilopes, oiseaux… Avec la réserve voisine de Moremi, la région rassemble la plus grande densité animale du pays. Le nid : un camp de tentes élégantes, la réminiscence des premiers safaris, le confort en plus. Entièrement privatisable pour une aventure en tribu ! L’expérience : le bain des éléphants, face au sien, au lever du jour.
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choisir son safari
PARC NATIONAL D’ETOSHA Namibie
PARC NATIONAL DE BWINDI Ouganda
Le cadre : l’immense pan d’Etosha, désert salin parsemé de points d’eau, collectionne des paysages lunaires, loin du classique décor de savane. La faune : oryx, girafes, guépards, éléphants… Près de 140 espèces de mammifères habitent les lieux. Le nid : un camp posé sur une colline, surplombant la plaine du Damaraland. Promontoire exceptionnel à l’ouest du parc, la partie la plus sauvage. L’expérience : une ronde de nuit autour des points d’eau, rendez-vous incontournable avec la vie animale.
Le cadre : la forêt impénétrable de Bwindi, émergeant de la brume à la jonction de la plaine et des montagnes. La faune : parmi les espèces menacées, le parc abrite divers papillons endémiques, mais aussi la moitié de la population mondiale des gorilles de montagne. Environ 400 individus aujourd’hui protégés. Le nid : un bungalow sur pilotis perché sur les eaux gris-bleu du lac Mutanda, aux portes de la forêt. L’expérience : marcher dans la jungle en silence, observer les gorilles, et se sentir tout petit…
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choisir son safari
DELTA DE L’OKAVANGO Botswana
PARC NATIONAL DE TARANGIRE Tanzanie
Le cadre : le delta du fleuve Okavango concentre d’étonnants paysages lacustres mêlant canaux, lagunes et îles. La faune : lors de l’hiver austral, le delta concentre une vaste faune (éléphants, buffles, lions, crocodiles, léopards…), au total plus de 150 espèces. Le nid : un écolodge sur pilotis posé sur le delta avec la soucieuse réflexion de laisser un impact minimum sur l’environnement. L’expérience : aborder l’Okavango à cheval, une belle manière de se fondre dans le monde sauvage.
Le cadre : un paysage double offrant d’un côté la savane piquée de baobabs géants, de l’autre la forêt tropicale humide. La faune : aux côtés des Big Five de la savane, la forêt abrite elle aussi une importante biodiversité, et la rivière de nombreux oiseaux. Le nid : une nuit à la cime des arbres, la plus fine frontière entre la brousse et soi. L’expérience : un safari à pied avec un ranger pour découvrir les traces des animaux et comprendre cet écosystème singulier.
Tanzanie et Zanzibar SERENGE T I — STONE TOW N
Fruit de la fusion, en 1964, de l’État de Zanzibar et du Tanganyika, la Tanzanie apparaît telle une âme sœur pour Zanzibar. La sérénité des plages de cette dernière s’imposant comme le complément idéal d’un safari en pleine brousse.
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© Cédric Viollet
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© Mwiba Lodge
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Le goût du voyage Serengeti
Lac Manyara
Tarangire
Olduvai
Selous
Des savanes infinies, quatre millions d’animaux sauvages… Écosystème protégé de 15 000 kilomètres carrés, le parc national de Serengeti est l’un des chemins empruntés par les animaux lors de leur migration.
Hérons, cormorans, pélicans… : le spectacle de leur envol sur l’horizon est majestueux. Buffles, girafes et zèbres sont aussi visibles, et les lions, quand ils ne chassent pas, passent le plus clair de leur temps dans les arbres.
La rivière Tarangire, qui a donné son nom au parc et qui concentre sur ses rives une grande part de la vie animale, se voit bordée par de longues savanes sèches et d’immenses forêts de baobabs peuplées d’éléphants.
Randonner dans ces gorges où Louis Leakey releva des empreintes de pas de nos ancêtres australopithèques, et où fut découvert, en 2015, l’os de la plus ancienne main humaine, datant d’1,8 million d’années. Une expérience unique.
Au sud de la Tanzanie, la réserve abrite la plus importante population d’éléphants au monde. Mais aussi, un grand nombre de lycaons et quelquesuns des derniers rhinocéros noirs – qui restent difficiles à observer.
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anzanie : une nature jubilatoire C’est ici, sur les bords du lac Tanganyika, qu’en 1960 Jane Goodall, alors âgée de 26 ans, sans aucune formation universitaire, réalise une mission d’observation qui va bouleverser l’état des connaissances en éthologie. Accompagnée par sa mère – les autorités britanniques ont refusé de la laisser partir seule –, elle installe son campement, une vieille tente militaire perméable aux araignées et scorpions, au cœur de la forêt de Gombe. Après six mois infructueux, elle parvient à gagner la confiance des chimpanzés, et observe bientôt l’un d’entre eux creusant une termitière à l’aide d’une tige de bois – une révolution scientifique : “Nous devons redéfinir la notion d’homme, la notion d’outil, ou alors accepter le chimpanzé comme humain, s’enthousiasme le paléoprimatologue Louis Leakey. Un doctorat à Cambridge, un mariage – elle épouse le photographe de la National Geographic Society qui documente ses missions, et dont les reportages la font accéder au statut d’icône – et un enfant plus tard, Jane Goodall étend ses observations au nord de la Tanzanie, où elle vit en famille, parmi les animaux
des plaines du Serengeti. Son fils fait ses premiers pas parmi les zèbres et les girafes. Une vie rêvée, au milieu, dès les premières lueurs de l’aube, d’une symphonie de chants indéterminés – bourdonnements, croassements rauques des grenouilles, éclats de rire des ibis… Le grand vacarme de la brousse, jubilatoire, qui nous renvoie à ce sentiment d’humilité : se sentir un parmi tant d’autres. Et la phrase de Jane Goodall de résonner : “La nature peut regagner la place qu’on lui a volée.” Zanzibar ou l’ailleurs fantasmé À quarante kilomètres des côtes africaines, l’île de Zanzibar, en Tanzanie, est LE symbole de l’ailleurs fantasmé. “Le terme alphabétique de l’errance”, dit Alain Borer dans son Rimbaud en Abyssinie. Le poète-marchand d’armes, en poste à Harar, Éthiopie, n’a cessé de fantasmer cette autre médina africaine : “Déguerpir – je suis appelé à Zanzibar.” Et à sa suite, Kessel, Conrad, qui comme lui, l’ont rêvée sans jamais pouvoir l’atteindre. La traite négrière, associée au commerce de l’ivoire et des épices – cannelle, girofle, cardamome ont fait la fortune de ce petit morceau de terre sur l’océan Indien,
© Jérôme Galland
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Stone Town, le vieux quartier de Zanzibar, est comme embaumé dans le sel et la poussière, accueillant aux voyageurs sensibles à la mélancolie des ruines.
colonisé par les Portugais, puis les Omanais. L’instauration du protectorat britannique signe l’amorce du déclin : en 1964, la révolution socialiste qui succède à l’indépendance achève de replier l’archipel sur lui-même. Aujourd’hui, Stone Town, le vieux quartier de Zanzibar, est comme embaumé dans le sel et la poussière, accueillant aux voyageurs sensibles à la mélancolie des ruines. Dans les ruelles blanches traversées de désordres de fils électriques, parcourues de femmes drapées de couleur, les maisons aux murs chaulés, soutenues par des étayages de bois, sont pigmentées par l’humidité d’immenses cartographies vert-de-gris. Leurs portes monumentales, leurs balcons dentelés de moucharabiehs disent les fastes passés. Les palais évoquent ceux de Bagdad ou Bombay. Et sur le front de mer, l’ancienne grandeur de Zanzibar éclate, dans cet insolent édifice à étages dont les colonnes d’acier graciles supportent des terrasses aux volutes de marbre, rivées vers le large. Le Palais des merveilles est l’ancien harem du sultan d’Oman, qui
en 1840 transféra sa capitale de Mascate à Zanzibar, premier édifice de toute l’Afrique orientale doté de l’électricité et d’un ascenseur. De là, on observe les boutres progressant sur les vagues aigue-marine de l’océan Indien, ventrus, lourds et lents, mollement portés par la brise, à bord desquels les voyageurs s’en vont explorer des rives ourlées d’un sable presque trop blanc. Alors, prenant la route bordée d’une profusion de bananiers, jacquiers, manguiers qui s’élèvent d’un sol gorgé d’eau – une averse tropicale, et tout scintille, végétation et asphalte –, traversant des villages où poules et chèvres divaguent dans la chaleur de l’après-midi, on rejoint la plage, et une eau aussi bleue que le ciel.
VOYAGEURS DU MONDE Du Serengeti à Zanzibar, nos conseillers vous aident à créer votre voyage idéal en Tanzanie. Les hébergements et activités sont adaptés à votre profil et le service conciergerie reste à votre écoute 7j/7.
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In the mood Simples guest-houses, lodges design, maisons privées : tous les goûts (et les possibilités) sont dans la nature. Dormir au plus près de la brousse est un must, se laisser bercer par les bruits de la nuit, le grondement d’un orage, se lever aux aurores, réapprendre la patience, le sens de l’observation, suivre son instinct et celui de ces femmes et ces hommes passionnés – par la cause animale, la biologie, l’histoire –, dresser l’oreille, à l’ombre de l’arbre à palabres, sur le marché de Karatu, dans la vieille ville de Stone Town à Zanzibar, écouter l’histoire des lieux, grande et petite, apprivoiser la mer avec les pêcheurs, apprendre leurs gestes, s’inspirer de l’inventivité, l’humilité, la sagesse ; égrainer les plages et les jardins d’épices, dîner à bord d’un dhow, attendre le rayon vert, puis rêver dans un ancien palais. PLACE TO BE Singita (1) est une petite chaîne qui possède parmi les plus beaux lodges d’Afrique. Loin de tout, ils offrent un luxe intelligent. Voici notre sélection : Le Sabora, bijou d’élégance coloniale posé au milieu de la savane. Le très intime Serengeti House, qui offre une vue unique sur la réserve de Grumeti. Ou encore le Faru Faru Lodge et ses suites panoramiques pour être aux premières loges du théâtre de la vie animale, en toute discrétion.
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Le Mozambique
© Julien Mignot
Une seconde jeunesse
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Paradis de lagons turquoise, de cocotiers indolents et de parcs marins aux espèces rares, mais pas seulement. Le pays connaît un nouveau souffle, palpable de la capitale Maputo à l’île de Mozambique.
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e Mozambique réserve ses plages de carte postale – lagons turquoise, plages farine, ondoiements des cocotiers… – aux initiés. Mais le paradis se mérite : il faut faire escale à Johannesburg, prendre un avion pour Vilanculos, au sud du pays, puis rejoindre par la mer l’archipel de Bazaruto, sanctuaire protégé par une aire marine et un parc national. Ici, seul le ballet des boutres sur l’océan Indien, toutes voiles déployées, déchire l’infiniment bleu. Il suffit d’un masque et d’un tuba pour admirer, dans des eaux idéalement claires et chaudes, des cohortes de poissons outrageusement colorés. La croisière au large permet d’observer des dauphins, des baleines à bosse, et même le très rare dugong, qui pâture dans les anses désertes. À mille kilomètres de là, au nord, l’île de Mozambique est elle aussi difficile d’accès, mais la plage et l’océan ont mis, déjà, le visiteur au diapason du pays – une voluptueuse nonchalance. L’île qui a donné son nom au pays est un caillou corallien relié au continent par un pont à sens unique, et la traversée, bordée d’eaux turquoise, est envoûtante. L’ancien comptoir, entre Lisbonne et Goa, tient sa richesse de l’or, de l’ivoire
et des esclaves – près de 800 000 personnes y embarquèrent, déportées aux Amériques. Une histoire dont les empreintes demeurent dans l’organisation de la ville. Malgré sa superficie on ne peut plus restreinte (3 kilomètres de long, 500 mètres de large), elle est scindée en deux parties. D’un côté, l’espace, les palais, les riches demeures d’armateurs ; de l’autre, les maisons basses séparées par des allées sableuses. L’île-capitale entame un long déclin quand, à la fin du XIXe siècle, elle perd son statut au profit de Maputo, mais elle s’offre aujourd’hui une seconde jeunesse, sans se travestir. Ses entrepôts et résidences sont rénovés en maisons d’hôtes, ses rues pavées, ses plages peignées. Mais toujours, sur ses places ombragées, de grands banians, une indolence et une quiétude qui invitent à une flânerie sans fin.
VOYAGEURS DU MONDE Trouver une belle adresse pour déjeuner sur Bazaruto, un bon club de plongée, rencontrer un historien sur l’île de Mozambique : le service conciergerie vous aide à aller plus loin.
© Olivier Romano
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UN COUNTRY CLUB AU KENYA Le Mount Kenya Safari Club
Vue sur le mont Kenya, chambres luxueuses et feu de cheminée, l’hôtel, situé à Nanyuki, a conservé le glamour de ses années hollywoodiennes. Toute la jet-set de l’époque – d’Ernest Hemingway à Ava Gardner, de Frank Sinatra à Winston Churchill – s’y pressait et des films y étaient tournés. Aujourd’hui, il accueille les voyageurs avisés.
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934. Rhoda Lewinsohn, Américaine fortunée en safari au Kenya affrète un petit avion pour les plaines du Masaï Mara. Elle tombe amoureuse du pilote français, G abriel Prud’homme, de quinze ans son cadet. Elle quitte tout, son époux, riche banquier et philanthrope de grande réputation, ses deux filles, sa vie newyorkaise, et épouse Gabriel à Paris. De retour au Kenya, Rhoda achète des terres sur les contreforts du mont Kenya et y fait bâtir une vaste maison de maître. Les jeunes époux s’adonnent à leur passion pour les courses de chevaux et le safari. Mais bientôt, la Seconde G uerre mondiale éclate, G abriel rejoint les Forces françaises libres et Rhoda retourne à New York. En 1941, il la rejoint aux ÉtatsUnis. Mais loin du Kenya, ils divorcent bons amis. Quand Gabriel meurt prématurément dans un accident d’avion, la propriété est vendue et transformée en hôtel. Un lieu propice aux coups de foudre En 1959, de retour d’un safari, l’acteur William Holden y fait halte. Après quelques verres au bar, enchanté par les charmes des lieux, passablement soûl, il propose au propriétaire d’acheter l’établissement : “J’ai besoin d’une réponse avant minuit – après, je serai sobre.” L’hôtelier accepte la proposition. Holden en fait un club privé, dont les membres les plus éminents sont Winston Churchill, Lyndon Johnson, Charlie Chaplin, Robert De Niro, Frank Sinatra ou Robert Redford. Est-ce la lumière de l’équateur ? Les lieux sembles propices aux coups de foudre : c’est ici que Grace
Kelly et Clark G able se rencontrent, pendant le tournage de Mogambo (1953). Le film de John Ford est un safari amoureux : deux jeunes femmes (la future princesse de Monaco donc, et Ava Gardner) se disputent l’aventurier viril interprété par Clark Gable sur fond de jungle sauvage – le vaudeville est réalisé dans les studios installés par la MGM au sein du club de Holden. Pendant vingt ans, le gotha politique et le Tout-Hollywood se seront pressés sur les pentes du mont Kenya. À quatre heures de route de Nairobi, l’ancien club privé accueille aujourd’hui le voyageur avisé. Sur la ligne de l’équateur, une pelouse digne d’un jardin anglais, un ensemble de vastes cottages, une large piscine, et un surréaliste golf qui se perd dans les frondaisons et les nuages. Dans le jardin qui chevauche les hémisphères, des cohortes de zèbres caracolent, des paons blancs se pavanent ; et au loin, sur l’horizon, le mont Kenya et ses glaciers de haute altitude (le deuxième sommet du continent culmine à 5 202 mètres). L’hôtel a conservé le glamour de ses années hollywoodiennes. Chaque soir, dans les chambres luxueuses, un feu est allumé dans une monumentale cheminée – les nuits sont fraîches à 2 155 mètres d’altitude. Loin de l’image éculée des lions de safari et des fiers massaïs, ici, on vient golfer, pêcher la truite dans les torrents, randonner ou escalader quelques pitons acérés. Après une balade équestre à travers les landes de bruyères et les forêts pluvieuses des pentes du mont Kenya, le petit déjeuner face à la montagne qui émerge de la brume est un délice.
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© Dominic Nahr/Namara/Agentur Focus
© Photo12/Alamy/Moviestore Collection/MGM
Ava Gardner, Grace Kelly et Clark Gable dans Mogambo (1953), tourné sur les terres de l’hôtel, alors club privé et propriété de l’acteur William Holden.
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Bulle de tranquillité
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Blottie au nord du pays, entre l’océan Indien et la mangrove, l’île de Lamu est une capsule hors du temps devenue un refuge pour les artistes et les voyageurs bien inspirés.
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e calme règne sur le chenal de Shela. Adossé aux dunes, le village se réveille à peine tandis qu’à quelques encablures, la médina de Lamu fourmille déjà, comme il y a sept cents ans. Témoin d’architecture et de culture swahilies le mieux préservé de toute l’Afrique orientale, Lamu garde entre ses murs décrépis un trésor bâti sous l’influence des civilisations arabes, perses, indiennes et européennes qui ont façonné cette escale commerciale majeure sur la route des Indes. Au détour d’une ruelle, on croise un enfant installé sur son âne chargé de briques. L’animal reste le premier moyen de transport de l’île, malgré l’apparition récente des motos, qui menacent de faire perdre à Lamu Town sa place au patrimoine mondial de l’humanité. Shela reste, lui, une oasis encore abritée du brouhaha. Un labyrinthe de venelles dressées d’imposants murs de corail, croulant sous des cascades de bougainvilliers. Des maisons omanaises blanchies à la chaux, coiffées de toits de makuti, protégées derrière d’épaisses doubles portes en bois, finement sculptées. Le temps flotte. Assis sous un daka, le porche swahili typique, six anciens disputent une partie
de dominos. Plus loin, deux femmes passent, leurs voiles fuchsia emportés par le vent. La sérénité plane sur un lieu qui a toujours pratiqué un islam modéré. “Shela est une petite communauté, ici tout le monde se connaît”, témoigne Nina, Française exilée. “Il y a quinze ans, les bateaux à moteur étaient rares. Aujourd’hui, nous sommes rattrapés par le rythme occidental, il faut répondre aux mails dans l’heure, la 4G passe partout. À moto, Lamu Town n’est plus qu’à cinq minutes. C’est pourtant tellement plus agréable d’y aller en bateau, cela permet de se rencontrer, de discuter”, poursuit-elle. Dans les années 1970, la communauté hippie trouvait ici son “Katmandou africain” suivi par les familles princières et les artistes en quête d’une bulle de tranquillité. Un mélange qui donne aujourd’hui à Lamu une saveur unique.
VOYAGEURS DU MONDE Trouver le bon hôtel, une villa à louer, obtenir un contact local pour visiter les maisons centenaires de Lamu Town, les résidences artistiques : votre conseiller s’occupe de tout.
Le Cap V I C T O R I A & A L F R E D W AT E R F R O N T W O O D S T O C K — TA B L E M O U N TA I N — L L A N D U D N O MUIZENBERG — CHAPMAN’S PEAK
Sa situation exceptionnelle, à l’extrémité du continent, fait de Cape Town, berceau de l’histoire du pays, une étape incontournable de la nation arc-en-ciel. En son cœur, le quartier industriel de Woodstock est devenu le lieu le plus en vogue de la capitale législative d’Afrique du Sud. Street food, makers et jeunes talents y sont légion. Sans oublier les plages de la péninsule, sublimes et immuables, et le vignoble, millénaire et de caractère.
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© Yeah Tim
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n 2017, l’ouverture, au Cap, du premier musée d’art contemporain dédié aux artistes africains et de la diaspora fut un événement. Serti dans un silo à grains – 42 tubes en béton de 6 mètres de diamètre – édifié en 1921, sur le V&A Waterfront, l’édifice à lui seul est une pièce d’art. La réhabilitation de Thomas Heatherwick sublime l’architecture massive de ce monument du patrimoine industriel. Chéri Samba, Nandipha Mntambo, Edson Chagas… : le Zeitz offre aux grands noms de l’art contemporain africain une vitrine inédite, et apporte une énergie nouvelle au quartier le plus visité de la ville, un peu amidonné entre grande roue et shopping-malls géants. Le City Bowl se renouvelle aussi – on oublie Long Street et ses balcons de dentelle, envahie de boutiques d’artisanat produit à échelle industrielle, pour squatter une rue parallèle, Bree Street, et ses bars after-work où se presse la jeunesse branchée. Woodstock, village urbain et tendance Les Malais, descendants des esclaves malaisiens, indonésiens et indiens, vivent toujours à Bo-Kaap, mais, depuis quelques années, le plus ancien quartier de la ville s’embourgeoise : ses façades de couleur hautement instagrammables abritent ateliers et boutiques de
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créateurs. Mais c’est à Woodstock, quartier populaire qui s’étend entre les docks et les flancs de Table Mountain, que la transformation est la plus radicale. Ancienne station balnéaire peu à peu désertée par ses riches habitants partis s’installer plus loin du côté de Sea Point, remplacés au tournant du XXe siècle par Noirs et Métis, Woodstock est devenu, sous le régime de l’apartheid, un quartier “multiracial” à vocation industrielle. Aujourd’hui, ce village urbain vit une nouvelle révolution. Il a vu ses entrepôts désaffectés investis par les marchands d’art qui depuis le début des années 2000 y ont installé leurs galeries. À leur suite, makers et jeunes entrepreneurs ont squatté les immeubles de brique rouge d’Albert Road et, non loin, de tout l’Upper Woodstock, où, d’épiceries fines en distilleries artisanales, s’invente au quotidien un “made in Woodstock”. La vocation culinaire de Old Biscuit Mill est perpétuée : c’est là que chaque semaine se tient le marché le plus tendance du Cap. Il faut arriver tôt pour avoir un espoir de s’attabler sur une des longues tables en bois, où l’on se régale de grillades de homard ou de nouilles chinoises, de thé matcha ou de bière locale. Ambiance street food. Lieu hybride, l’ancienne minoterie planque aussi en ses murs un torréfacteur,
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Les Winelands
© Babylonstoren
L’essentiel du vignoble sudaf est concentré là, dans l’arrière-pays du Cap, au creux des vallées jalonnées d’élégantes fermes aux murs blanchis à la chaux. Autour de Stellenbosch, qui ressemble à une ville de la Nouvelle-Angleterre, où la vinification s’apprend à l’université – qui a fourni au pays l’essentiel de son élite politique, mais qui héberge aussi une filière œnologique –, les plus beaux domaines viticoles s’égrainent au cœur de paysages grandioses. Un peu plus à l’est, Franschhoek (le “Coin des Français”) poursuit cette route des vins. Le nom des domaines (l’Avenir, le Bonheur, la Provence) évoque l’héritage des huguenots qui s’installèrent là pour planter des pieds de vigne. Dans les chais, on compare les mérites du cabernet-sauvignon et du pinot noir…
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© The Silo Hotel
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Le Zeitz offre aux grands noms de l’art contemporain africain une vitrine inédite.
un fleuriste et des shops de créateurs. Un peu plus loin, Woodstock Exchange (WEX) est un incubateur de jeunes talents – design, mode, céramique… – où les Capetoniens travaillent et s’exposent. Décor californien et charme british Si Le Cap éclate de créativité, c’est grâce à son environnement fou, qui impulse esprit laid-back et ouverture. Tout au bout du continent, un amphithéâtre face à l’océan, une baie dominée par le cube presque parfait de Table Mountain : on ne peut qu’être saisi d’éblouissement en découvrant la ville pour la première fois. Sur la péninsule, entre océan Indien et Atlantique, les plages atlantiques sont les plus belles. Le décor californien se déploie sur plusieurs kilomètres – la mer scintillante et les villas d’architectes accrochées au flanc des montagnes, les bungalows pieds dans l’eau. Jusqu’à la sublime baie de Llandudno, c’est la même succession de palmiers, le même infini de sable blanc. Les quatre criques de Clifton évoquent les tropiques,
mais la fraîcheur de l’eau électrise – on laissera les vagues aux surfeurs. Camps Bay, sable doré bordé d’une rangée de palmiers, est la plus hype. La fin d’après-midi s’y étire entre la plage et le bar à cocktails chouchou des happy few, Caprice. De l’autre côté de la péninsule, face à l’océan Indien, moins bling, la route longe de petites stations balnéaires au charme british, jusqu’à Muizenberg et ses cabines de plages colorées. Et Chapman’s Peak, parmi les plus belles routes du monde, découpée dans la roche, mène à la pointe du Cap. De là, on réalise que la ville n’est qu’une enclave miraculeuse, face à la mer, qui fait face au pôle Sud. Et l’ivresse d’être au bout du monde nous envahit.
VOYAGEURS DU MONDE Dans les pas d’un Français installé au Cap, prenez le pouls des quartiers et croquez un moment de vie sudaf : un brunch en terrasse, la plage du jour, où dîner et danser ce soir…
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In the mood Le Cap ne manque pas d’inspiration pour remplir ses journées, qui commencent par quelques foulées le long du waterfront, jusqu’à Sea Point. Jus frais, bowl healthy et expresso vous lancent vers la piscine du quartier, en plein air (du large), ambiance délicieusement vintage. Avant que la Table Mountain ne déroule sa nappe de nuages, filer à son sommet, admirer la vue sur la ville et l’océan à perte d’horizon. Plus humble, l’ascension de Lion’s Head (1) se réserve le coucher de soleil sur les Douze Apôtres de Camps Bay. Entretemps, égrainer les plages de Clifton : 1, 2, 3 ou 4 – entractes avant un retour en ville ou, plus loin, l’ultraphotogénique Llandudno et ses boules de granit, l’infiniment sauvage Noordhoek. Puis, sur la lancée, filer quelques jours sur la route des Jardins, s’initier au surf à Plettenberg Bay, marcher dans le Karoo, et recommencer…
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PLACE TO BE Entre cabinet de curiosités et maison de vacances, le Jonkmanshof (2) est une adresse à part, notre coup de cœur sud-africain. Quatorze cottages installés dans un jardin et face à un vignoble, bienvenue au Babylonstoren Farm, pas le jardin d’Eden, mais presque ! Plus moderne et plus central, le Gorgeous George fait aussi parler de son restaurant farm-to-table et de son rooftop ambiancé. Last but not least : le Lekkerwater Beach Lodge, isolé au bord d’une plage sauvage de la réserve naturelle de De Hoop.
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En 1908, Gandhi réside en Afrique du Sud. Alors âgé de 39 ans, il est avocat et commence à forger sa doctrine fondée sur la non-violence, la maîtrise de soi et le respect de la vérité (la “satyagraha”).
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ÉLOGE DE LA SIMPLICITÉ La Satyagraha House
Dans l’histoire agitée de l’Afrique du Sud, un refuge de sérénité perdure depuis 1907. Une maison qui accueillit l’homme de l’indépendance indienne, Gandhi. Atmosphère épurée et formes essentielles, le lieu, de mémoire et de vie, héberge les voyageurs dans un esprit d’ascétisme confortable.
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ohandas G andhi a passé vingt-etun ans en Afrique du Sud – des années déterminantes pour le jeune avocat indien confronté à la ségrégation raciale. En 2009, Voyageurs du Monde a fait l’acquisition de la maison qu’il a habitée de 1908 à 1909, dans le quartier résidentiel d’Orchards, à Johannesburg – la seule des maisons encore debout où il vécut en Afrique du Sud. C’est en partie ici, à l’abri de ces murs chaulés de blanc, que le futur leader de l’indépendance indienne a théorisé l’usage politique de la nonviolence. Après deux ans de travaux, qui verront intervenir l’historien Eric Itzkin, l’architecte Rocco Bosman et la conservatrice Lauren Segal, la maison, rebaptisée Satyagraha House et restaurée en musée et maison d’hôtes, a ouvert ses portes en 2011. Une rénovation saluée par un classement au patrimoine historique du pays. Entre tradition et contemporanéité Invisible de la rue dans son jardin tacheté des éclats mauves des jacarandas, à la fois traditionnelle avec ses rondavelles aux toits de chaume emblématiques des fermes d’Afrique du Sud, et contemporaine par sa sobriété, la Satyagraha House est un refuge de sérénité. Les décoratrices Christine Puech et Amit Zadok ont créé une atmosphère épurée, en cohérence avec l’esprit des lieux, véritable ode à la simplicité. Dans les sept chambres aux murs blancs, au sol de béton ciré, objets usuels et mobilier (pour l’essentiel des lits de repos indiens et des vanneries) ont été chinés en Inde, au Gujarat, État de naissance de G andhi, ou localement, en Afrique du Sud. Tamisant la lumière extérieure, des kadhi font office de voilages, en hommage à celui qui fit rétablir les métiers à tisser en Inde pour lutter contre l’importation des textiles britanniques. Le musée, à la fois lieu de mémoire et lieu de vie, court à travers les pièces communes de la maison. Il retrace le parcours sud-africain de G andhi, grâce à une riche collection d’articles de presse,
de photographies d’époque, complétée par la pléthore d’ouvrages à disposition dans la bibliothèque. La table est végétarienne. Les fruits, légumes et herbes proviennent en partie du potager bio de la maison. De la tentaculaire Joburg à la militante Soweto Treize ans après son acquisition par Voyageurs du Monde, la Satyagraha House s’impose comme un lieu de retraite privilégié et le gîte idéal d’où aller observer la mue de Johannesburg : tout bouge et se transforme dans la ville arc-en-ciel. Tentaculaire – 40 kilomètres sur 40 kilomètres –, morcelée, Joburg n’a pas de centre, mais se compose de quartiers aux identités fortes. De Braamfontein, universitaire et intellectuel, à Maboneng, arty et métissé, de Newton à Parkwood, ces quartiers sont le creuset d’une jeunesse débordant d’énergie et de créativité qui offre une seconde vie aux entrepôts industriels réinvestis en lofts et ateliers d’artistes. La scénographie sensible du Musée de l’apartheid invite à une visite chronologique, depuis l’arrivée des premiers colons jusqu’à la libération de Nelson Mandela en février 1990 ; l’exploration se poursuit sur les traces de cet autre grand homme, à Soweto…
VOYAGEURS DU MONDE Gandhi et Mandela sont inévitablement associés à l’histoire de l’Afrique du Sud. Un guide privé vous entraîne sur les lieux emblématiques de Johannesburg qui ont marqué la vie de ces deux grands hommes. Et notamment la Satyagraha House, qui cumule les atouts : sept chambres et un cottage à la décoration sobre, cours de yoga et séances de méditation, cuisine bio et veggie, massages avec des produits Africology et dégustation des meilleurs thés africains (Yswara)… Une parenthèse apaisante et l’occasion de vivre une réelle expérience spirituelle.
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Maboneng
© Olivier Romano
Hier encore, ce quartier n’avait rien à offrir hormis ses entrepôts décrépis et ses shebeen (bars clandestins). La vision d’un jeune entrepreneur en a fait en dix ans l’un des districts “les plus cool de la planète” (selon le magazine Forbes). Art, design, mode, gastronomie internationale, musique live : Maboneng souffle son inspiration sur tout le pays.
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© Olivier Romano
À un battement d’ailes de Johannesburg, la plus ancienne réser ve privée du pays – 65 000 hectares de savane posés aux portes du Kruger – est traversée par la rivière Sand. La frontière ouverte avec le roi des parcs permet aux animaux de circuler librement, alors que les safaris au Sabi sont réservés aux hôtes. Ce privilège permet d’observer en petit comité une biodiversité abondante tout au long de l’année.
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In the mood Quelques jours à Johannesburg, et l’appel des grands espaces retentit. Cap au sud, vers les crêtes du Drakensberg, paysages montagneux, rempart du Lesotho, petit royaume lunaire. Explorer les réserves de Sterkfontein à pied, à cheval ou en vtt, puis filer vers la côte est, rejoindre le parc de Santa Lucia, paradis avifaune réunissant cinq écosystèmes interdépendants, à observer lors d’un safari sur l’eau. La région du Maputaland collectionne également des plages sublimes bordées d’océan Indien, y plonger avant un retour à la savane. Dans le parc Hluhluwe, perle du Zululand, dormir dans un jardin au cœur de la réserve, puis entrer au royaume d’Eswatini, ancien Swaziland, faire le plein de marchés, craquer pour la finesse de l’artisanat local, dérouler les paysages bucoliques de la vallée d’Ezulwini. Aux côtés d’un Français expatrié, relier les villages, rencontrer les habitants, assister à la classe, élargir sa culture sud-africaine.
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PLACE TO BE Le parc du Kruger offre de nombreuses possibilités : le Singita Sweni (1) et ses six suites élégantes et harmonieuses, éparpillées le long de la rivière. Le Simbavati River Lodge (2) : vos enfants adoreront sa piscine et sa salle de jeux. Dans la région de Limpopo, on opte pour l’expérience privilégiée et privée du Shambala, et ce n’est pas un hasard si cela signifie “paradis sur Terre”.
La Namibie W INDHOEK — E TOSHA — SWAKOPMUND
La Namibie ou la vie dans le désert… Entre le Namib et le Kalahari, le pays déploie, au choix, ses dunes : pétrifiées, orangées, rouges, immenses (Big Daddy). Un océan de sable à perte de vue et un océan tout court, l’Atlantique. Ses nombreux parcs et réserves – Etosha, Okonjima, Waterberg… – offrent le loisir de contempler une flore luxuriante et une faune variée incroyable.
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Dans le parc national du Namib-Naukluft, les dunes de Sossusvlei, dont la 45 (170 mètres) et Big Daddy (350 mètres), sont parmi les plus hautes de la planète.
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deux heures de vol de Joburg, Windhoek est une petite ville provinciale, loin des mégalopoles africaines. On peine à imaginer qu’elle est une capitale. La bourgade proprette contient pourtant 10 % de la population du pays, l’un des moins densément peuplés au monde, avec ses trois habitants au kilomètre carré. “Grand Vide” en langue nama, la Namibie porte décidément bien son nom : mis à part quelques springboks graciles, pelage fauve, ventre blanc, les yeux soulignés d’un trait de khôl noir, rien ni personne sur la route qui file droit vers Etosha. Pas l’ombre d’un village brisant la plaine, et un horizon si… horizontal qu’il se fond en un mirage – plutôt simple, dans ses conditions, de s’acclimater à la conduite à gauche. Etosha. Là, ça s’agite. La plus vaste réserve du pays abrite plus d’animaux que l’on ne saurait le dire. Difficile d’en faire l’inventaire. Girafes, lions et rhinos, impalas et koudous par centaines, cohortes d’éléphants, phacochères, autruches… Et des guépards ! La Namibie, dès son indépendance en 1990, libérée du joug de l’Afrique du Sud, a inscrit la préservation de l’environnement dans sa Constitution, et accueille la plus importante population au monde du félin menacé d’extinction.
Un peu plus loin, le Damaraland, gris, pierreux, est l’un des seuls territoires du continent où zèbres, oryx, girafes et rhinocéros noirs vivent en dehors des limites des parcs nationaux. Les derniers éléphants du désert sont également là. Et, planté sur un plateau désertique, sans aucun autre relief, superbe, presque insolent, le massif du Spitzkoppe. Avec ses 1 728 mètres, il se voit de loin. Dans ses failles, il dissimule des scènes rupestres peintes il y a cinq ou six millénaires, qui racontent le quotidien des premiers chasseurs-cueilleurs. Bien plus ancienne, la Welwitschia mirabilis, “dinosaure vert” des botanistes, pousse ici, dans cet environnement on ne peut plus hostile à la vie, depuis le Mésozoïque. Ses deux larges feuilles en ruban, enroulées sur elles-mêmes, s’abreuvent aux brumes fugaces du désert – elle peut survivre comme ça plus d’un millénaire. Une évocation de la Bavière Au bord de l’Atlantique, Swakopmund (“Swakop”) est une ville insensée. Si la Namibie n’a été allemande que pendant une trentaine d’années, avant d’être annexée par l’Afrique du Sud, la ville évoque la Bavière, avec son architecture Belle Époque, son église
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“Grand Vide” en langue nama, la Namibie porte décidément bien son nom : mis à part quelques springboks graciles, rien ni personne sur la route qui file droit vers Etosha.
luthérienne, son Prinzessin-RupprechtHeim, l’ancien hôpital militaire Art nouveau. Face au bord de mer, le long de rues immaculées, des couples de seniors germaniques font leur promenade du soir ; et au restaurant, la kartoffelsalat est systématiquement à la carte. Seul le berger qui rassemble ses chèvres (en consultant son téléphone portable) et les deux femmes en tenue traditionnelle, peau enduite d’ocre, portant pagnes et coiffées de peau de chèvre sur leurs cheveux tressés (devant la vitrine d’une pâtisserie débordant de forêts noires), nous rappellent que nous sommes bien sur le continent africain. Entre océan et désert Un peu plus loin, à Sandwich Harbour, un voisinage tout aussi improbable, entre dunes de sable et vagues de l’Atlantique. Plus loin encore, dans la localité de Solitaire : une station-service et une boulangerie qui vend un apfelstrudel à tomber ! Le désert du Namib est une étendue infinie de lignes pures. Abricot, orange, rouge,
du sable… Et le bleu intense du ciel. Des dunes en parabole sans cesse remodelées, aux arêtes nettes, aux courbes parfaites, d’autres pétrifiées par des changements climatiques immémoriaux. Au pied de Big Daddy – l’un des paysages les plus puissants au monde, doté de la plus haute dune de la planète –, Dead Vlei est le lit asséché d’une rivière très ancienne, vide de tout, seulement plantée de quelques troncs d’acacias pétrifiés, vieux de neuf cents ans. Et, pour clore le voyage, au cœur de la broussaille infinie, sur une route droite comme le “i” de Kalahari : le passage du Tropique du Capricorne, signalé par un panneau constellé de graffitis. Bizarrement très émouvant.
VOYAGEURS DU MONDE Le service conciergerie est assuré par un Français basé à Windhoek. Maîtrisant parfaitement le territoire et la culture de la Namibie, il vous assiste tout au long du voyage. Un précieux atout au pays du Grand Vide.
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In the mood Après un dernier “bain de foule” à Windhoek, entrer au cœur de ce voyage sidéral dans le Grand Vide. Au sein du plus vieux désert du monde, le Namib, revoir sa notion du temps, du silence, de l’horizon, prendre la pose entre les troncs pétrifiés de Dead Vlei, crapahuter au sommet des dunes, assister au lever de soleil depuis le sommet de la 45, la dévaler en sandboard, admirer la palette des ocres de Sesriem et Sossusvlei, s’élever en montgolfière au-dessus du désert, se poser et trinquer, randonner à cheval entre les dunes et l’océan à Swakopmund, humer son atmosphère décalée, capsule de Belle Époque germanique, pagayer jusqu’à Pelican Point, partir à la rencontre des baleines, des dauphins et des otaries de Walvis Bay, surfer à Skeleton Bay, suivre la piste des guépards à Etosha, des rhinocéros noirs au Damaraland, des éléphants au Kalahari. PLACE TO BE C’est dans l’époustouflante région désertique et montagneuse du Kaokoland que le Hoanib Valley Camp (1) s’est établi. Un bel exemple de tourisme responsable, car l’offre d’un séjour de luxe ne se fait pas au détriment des communautés et écosystèmes locaux. La plus belle vue sur Fish River Canyon (2), c’est depuis le lodge sublime et du même nom. Pour les nomades chics, nous recommandons le Sonop Zannier. Des repaires pour esthètes et explorateurs.
pop culture
REINES AFRICAINES
Militantes pour les droits des femmes ou pour l’écologie, top internationale, diva aux pieds nus, rappeuse old-school, cheffe d’État… Figures de l’empowerment, elles sont toutes des femmes puissantes et déterminées.
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Iman Bowie (1955) Yves Saint Laurent a dit d’elle qu’elle était la femme de ses rêves. Muse de nombreux créateurs, la belle Somalienne épouse Bowie en 1992. Puis, elle quitte le mannequinat pour lancer sa ligne de cosmétiques, tout en faisant quelques apparitions au cinéma.
Makoma Lekalakala (1964) Militante anti-apartheid dans les 90’s, elle est aujourd’hui très engagée en faveur de l’écologie, notamment contre le programme nucléaire civil sud-africain. Directrice de Earthlife Africa à Johannesburg, elle reçoit, en 2018, le prix Goldman de l’environnement.
Bineta Diop (1950) Depuis plus de trente-cinq ans, cette Sénégalaise mène un combat énergique pour les droits des femmes via son ONG Femmes Africa Solidarité et l’Union Africaine, dont elle est l’envoyée spéciale pour la femme, la paix et la sécurité.
Samantha Mugatsia (1992) Rafiki (2018) est le premier film kenyan sélectionné à Cannes. Elle y incarne la jeune Kena, qui vit une histoire d’amour avec une autre femme. Censuré au Kenya, où l’homosexualité est interdite, le film est ovationné sur la Croisette.
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pop culture
Chimamanda Ngozi Adichie (1977) L’écrivaine nigériane lutte pour l’égalité femme-homme, publiant poèmes, pièces, essais et romans, dont L’Hibiscus pourpre (2003) et Americanah (2013), tous deux récompensés. Fin 2021, elle signe Notes sur le chagrin, en hommage à son père décédé.
Cesária Évora (1941-2011) Sa voix rauque, la “diva aux pieds nus” l’a mise au service de la morna, cette musique mélancolique capverdienne incarnée par sa célèbre Sodade (1992). En vingt ans de carrière, la chanteuse de São Vicente est devenue un véritable symbole national.
Aya Nakamura (1995) Née à Bamako dans une famille de griots, conteurs-chanteurs traditionnels, la chanteuse a fait ses débuts sur les réseaux sociaux. Révélée au grand public par le titre Djadja (2018), qui a connu un succès fulgurant, elle a ensuite multiplié concerts et collaborations.
Chantal Biya (1970) Célèbre pour ses perruques tape-à-l’œil et son caractère entier, la Première Dame du Cameroun est également connue pour son engagement humanitaire. Son ONG Synergies africaines réunit les premières dames d’Afrique autour de la lutte contre les pandémies, dont le VIH.
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pop culture
Winnie Mandela (1936-2018) Femme de poigne, la deuxième épouse de Nelson Mandela a incarné la lutte anti-apartheid. Durant l’incarcération de son mari, malgré la répression, elle n’aura eu de cesse de se battre pour sa libération. Sampa The Great (1994) Née en Zambie, Sampa Tembo grandit au Botswana où elle commence à écrire et rapper. Installée en Australie, elle enregistre The Great Mixtape (2015), puis, en 2019, l’album The Return. Elle y mêle soul, rap old-school, jazz et électro. En 2022, elle collabore avec sa sœur, Mwanjé, sur l’afrofuturiste Wildones.
Charlize Theron (1975) L’actrice sud-africaine se fait connaître dans les années 1990 dans L’Associé du diable (1997) ou That Thing You Do! (1996). En 2004, elle est la première native africaine à obtenir un Oscar – celui de meilleure actrice, pour son rôle dans Monster. On l’a vue depuis dans Mad Max: Fury Road (2015)… Ellen Johnson Sirleaf (1938) Formée à Harvard, elle accède en 2006 à la présidence du Liberia, devenant ainsi la première femme de l’histoire à être élue à la tête d’un État africain. En 2011, elle est corécipiendaire du Nobel de la paix pour son travail en faveur du droit des femmes.
Le Botswana K H WA I — O K AVA N G O — K A L A H A R I — C H O B E
Éden verdoyant, brousse foisonnante, éléphants sauvages, tourisme responsable… Ce territoire d’Afrique australe à la beauté sauvage ne manque pas d’attraits.
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éroport international de Maun. Sur le tarmac, pas de grosporteurs, mais des dizaines de Cessna alignés le long de la piste. Il faudra trente minutes à bord d’un de ces avions de brousse pour rejoindre la réserve de Khwai. L’appareil file à basse altitude au-dessus des méandres du delta, les troupeaux d’antilopes s’égaillent au bruit du moteur. Du ciel, on est envoûté par la mosaïque de lagunes et de marais. Les flèches de sable argentées contrastent avec l’ombre des nuages sur le sol. On est attentif au moindre point mouvant – éléphant ou rhino ? À peine le temps de s’émerveiller, l’avion se pose déjà en cahotant sur une piste sablonneuse. Au nord-ouest du Botswana, avant d’aller mourir dans les sables du Kalahari, le fleuve Okavango, venu des plateaux de l’Angola, ralentit sa course, l’interrompt, comme apeuré par l’aridité du désert, perdant son chemin vers l’océan Indien, pour donner naissance à un entrelacs de lagons et de canaux couverts de roseaux, où sommeillent des crocodiles.
Un éden verdoyant perdu au beau milieu de l’Afrique australe, l’un des premiers attraits d’un pays qui n’en manque pas, et a défini les règles strictes d’un tourisme responsable et exclusif : pas plus d’un voyageur pour cinquante kilomètres carrés de brousse, de désert, de forêt riveraine, de plaines inondées. Observation du règne animal Dans le delta, le petit matin suit une nuit fraîche. L’emploi du temps est immuable : on se lève avant l’aube pour rencontrer zèbres dodus et buffles noirs. Les gnous détalent à la moindre alerte. En file indienne dans l’herbe jaune, on piste dans la plaine l’impala gracile, la hyène à l’arrière-train fuyant. L’approche des clairières révèle une colonie de babouins querelleurs, des koudous qui s’ébrouent. Bientôt, le terrain impose de poursuivre sur l’eau. À bord d’une mokoro (barque fragile taillée à même le tronc d’un figuier sycomore), le piroguier se fraie un passage sur les chemins d’eau, à hauteur de papyrus, entre nénuphars et herbes folles.
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© Cathrine Wessel/Art Partner
© Sandibe Lodge
© Christopher Churchill/Gallery Stock
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© Khwai Private Desert
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Le goût du voyage Territoire protégé
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Nuits exclusives
Saison verte
Avec trois habitants au kilomètre carré, le Botswana est un des pays les moins peuplés au monde. Les parcs nationaux et réserves couvrent 17 % du territoire – 100 000 km2 où les animaux évoluent librement.
C’est l’un des écosystèmes les plus diversifiés de l’Afrique australe. Ses marécages et prairies inondées sont le sanctuaire des mammifères les plus menacés (guépard, rhinocéros, lycaon, lion…).
Qui dit refuge pour les oiseaux, dit paradis pour les ornithologues. Les oiseaux d’eau y abondent (aigles-pêcheurs, ombrettes), ainsi que les échassiers (grues, pluviers, cigognes, hérons, ibis).
Le delta abrite parmi les plus beaux lodges du continent. Camps de toile sur pilotis, surmontant les plaines inondées, ou tente british avec afternoon tea, toutes les adresses ont le charme de l’exclusif.
La haute saison est la saison sèche, de mai à octobre, mais la “saison verte” (humide), de novembre à avril, a aussi ses attraits : végétation surréelle, lumière exceptionnelle. C’est aussi la saison des oiseaux migrateurs.
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Au volant de sa Land Cruiser, le ranger a une histoire à raconter sur chaque arbre, sur chaque antilope.
Un couple de loutres ondule à la surface, un crocodile sur un banc de sable ouvre un œil. Les aigrettes noires se livrent au téléobjectif, et l’on observe les descentes en piqué de l’aigle-pêcheur. Puis, la chaleur monte, la lumière aveugle. Les animaux regagnent l’ombre, les hommes les imitent. À 16 heures, après thé et scones hérités des colons britanniques, le second safari de la journée commence. Au volant de sa Land Cruiser, le ranger a une histoire à raconter sur chaque arbre, sur chaque antilope. Il traque le lion sous les buissons ou derrière la carcasse du zèbre cernée de vautours. La première girafe apparaît au détour d’un virage. On observe le rhinocéros de loin. La tombée de la nuit, qui donne à la savane sa couleur ocre si particulière, annonce le tintamarre quotidien des animaux. Instant parfait. Dans la nuit noire, une myriade de points lumineux scintille : les lucioles. L’éléphant, un trésor national protégé À l’autre bout du règne animal : l’éléphant, trésor national s’il en est. Résultat d’une politique de conservation exemplaire, le Botswana (qui a pourtant réintroduit la chasse récemment) abrite une impressionnante population d’éléphants sauvages sur toutes la bande nord, d’Okavango jusqu’à Chobe (135 000 individus recensés en 2015 – les experts estiment que leur nombre a triplé en trente ans). C’est aux confins du delta et désert du Kalahari, dans le parc national de Chobe, que se regroupent les plus importants troupeaux – jusqu’à 200 individus. La rivière éponyme partage ses rives avec
quatre pays : à l’ouest, la Namibie ; au nord, la Zambie ; à l’est, le Zimbabwe ; au sud, le Botswana. Ici, où la végétation est éparse et les points d’eau vite asséchés, les éléphants, rassemblés en spectaculaires concentrations dans les marécages qui bordent la rivière, se baignent et s’aspergent de boue. Un spectacle inoubliable. Éternuer, c’est voter Sa large mâchoire et son pelage tacheté, noir, brun et beige peuvent le faire confondre avec une hyène. Le lycaon n’est ni tout à fait un chien, ni tout à fait un loup. Il vit en meutes, qui tiennent de la monarchie – un couple dominant y monopolise une partie de la reproduction, avec droit de vie ou de mort sur les petits illégitimes. Pourtant, il existerait chez les lycaons du delta de l’Okavango un rituel démocratique, une consultation sur l’opportunité de se mettre en chasse. Par le biais de leurs éternuements. Jusqu’ici attribués à la poussière de la savane, ils constitueraient en fait de véritables bulletins de vote ! La quantité d’éternuements intervient comme un quorum – un nombre minimal de voix doit être exprimé pour prendre une décision collective. Une monarchie avec instances participatives, donc.
VOYAGEURS DU MONDE Nos conseillers sauront vous orienter vers les meilleures zones pour observer les flux animaliers. Sur place, Tlotlo est notre concierge francophone. Il répond à toutes vos demandes in situ.
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In the mood La géographie et la faune exceptionnelles du Botswana suffisent largement à combler un voyage… Mais il serait dommage de ne pas survoler en bimoteur le delta de l’Okavango, de rencontrer les bushmen du pan makgadikgadi et les artisans de la ville de Maun dans les pas de notre Like a friend francophone. Ou bien filer jusqu’aux fabuleuses chutes Victoria, naviguer sur le Zambèze jusque dans la méconnue Zambie, visiter la réserve de Hwange au Zimbabwe voisin, histoire de voir si l’eau y est plus verte et les éléphants plus nombreux encore (le Botswana détient le record, notamment à Chobe). On peut aussi se passionner pour les oiseaux, activité tendance et bienfaisante, suivre leur vol et repasser au Botswana, se percher au-dessus de la rivière Chobe, y trouver un nid pour roucouler, se faire réveiller par les barrissements du premier bain, revivre le premier matin du monde, et souhaiter qu’il s’éternise.
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PLACE TO BE Du côté de la savane, des grands arbres et sur les rives de la rivière Linyanti se trouve le King’s Pool (1), un camp luxueux et raffiné. Pour une ambiance “Out of Africa”, à la lumière des lampes à huile et sous les tentures rouges, choisissez le Jack’s Camp (2) au cœur du désert du Kalahari. À quinze minutes de piste, le San Camp (3) est plus discret, mais tout aussi romantique. Et toujours, le camp de Feline Fields…
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Le Zimbabwe
Monumentales chutes Victoria.
© Philip Nix/Gallery Stock
Des miracles en cascade
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Des tonnes d’eau en pleine Afrique ! Décor unique au monde, les chutes Victoria sont l’emblème du pays. C’est là que le fleuve Zambèze, frontière naturelle avec la Zambie, plonge de 100 mètres de haut. Spectaculaire.
L
e fracas des chutes Victoria est, d’après les Zimbabwéens, “aussi bruyant qu’un million de gnous”. Audibles à plus de quarante kilomètres, les chutes sont d’abord un bruit. Puis, il y a la fraîcheur au milieu de la touffeur tropicale. Le sentier devient glissant, la végétation s’épaissit, les feuillages scintillent d’humidité. Palmiers et lianes. Chlorophylle. Air saturé par des odeurs de terre humide et de végétation corrompue. La rumeur enfle. Enfin, le couvert feuillu se troue sur l’aplomb d’un canyon. Et les chutes, déluge rageur qui jaillit des entrailles de la terre, panache qui s’élève au-dessus du Zambèze, vacarme admirable. Si les chiffres peinent à dire l’ampleur du phénomène, on tente malgré tout d’en donner la mesure : près de 2 kilomètres de large, plus de 100 mètres de haut, leur débit peut atteindre à la fin de la saison des pluies 545 millions de litres à la minute. Les chutes Victoria – baptisées ainsi en 1855 en hommage à Sa Très Gracieuse Majesté par le docteur Livingstone, écossais de son état – avaient déjà un nom, autrement plus parlant : Mosi-oa-Tunya, “la fumée qui tonne”. Elles sont la conséquence géologique d’un cataclysme du Jurassique, qui a réuni le cours de deux rivières pour donner naissance au Zambèze.
Une érosion volcanique a, à la même époque, déposé une couche de 300 mètres de basalte. Le fleuve a grignoté cette roche tendre, créant un effondrement spectaculaire, quand, en amont, il glisse ses eaux limoneuses entre des îles de sable, et trace ses boucles sans se presser d’un méandre à l’autre. Mais, au Zimbabwe, il n’est pas que la géologie pour séduire. Les berges du fleuve sont peuplées d’oies égyptiennes et d’aigles-pêcheurs, d’éléphants, de buffles et de léopards. Tout le peuple des hautes herbes est là. À l’heure crépusculaire, les animaux convergent pour s’abreuver au grand fleuve – impalas, springboks et zèbres. Les grenouilles s’époumonent, les hippopotames vocalisent. Et quand, sans crier gare, le soleil couchant dégringole sur les rives, les cris des hyènes se répondent dans le lointain.
VOYAGEURS DU MONDE Un survol des chutes en hélicoptère, une balade dans les gorges du Zambèze, une croisière sur le fleuve : votre concierge se tient à l’écoute pour mettre en place vos rêves au pied levé.
© Ethiopiques/Bochniak/Animacj
Illustrations extraites du documentaire Éthiopiques – Revolt of the Soul (2017), réalisé par Maciek Bochniak. Le film retrace le cours passionnant de la scène éthio-jazz à travers ses artistes majeurs.
musique
SWINGING ADDIS Ou le groove éthiopien
Au début des années 1960, la musique éthiopienne a une longueur d’avance sur les autres pays africains. À Addis-Abeba, épicentre cosmopolite baigné de pop et de rock, une révolution culturelle s’opère. Une quinzaine d’années enchantées pour l’éthio-jazz et pour nos oreilles.
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écembre 1960, Addis-Abeba. Les sixties s’ouvrent par un coup d’État manqué contre Hailé Sélassié. L’empereur sauve son trône de justesse. Sous son règne, l’art et la culture sont sous contrôle, la vie musicale phagocytée par les orchestres institutionnels, les seuls autorisés – l’Orchestre de la G arde Impériale, l’Orchestre de la Police, celui de l’Armée… – cantonnés à la musique militaire ou au répertoire folklorique. Après la tentative de coup d’État, le monarque vieillissant permet aux formations officielles de développer des sections de musique nouvelle – jazz, swing, mambo, boogie – et multiplie les gestes d’ouverture. Sensualité soul et improvisation jazz Dans Addis-Abeba cosmopolite, vitrine d’une Afrique indépendante et non-alignée, les musiciens éthiopiens ne s’intéressent pas aux sons de leurs voisins africains, mais à la pop et au rock européens, au rhythm and blues américain. Bientôt, les clubs essaiment et facilitent une vie nocturne électrique qui fait se côtoyer les mondes : noblesse, grands bourgeois, étudiants, prostituées. Les big bands en smoking rassemblent quinze ou vingt cuivres qui se chargent du groove jusqu’au petit matin – sensualité soul et improvisation jazz. Au diapason de l’époque, les filles et les garçons s’affichent en pattes d’eph’, minijupes et coupes afro. C’est une véritable révolution culturelle qui s’affranchit des anciennes hiérarchies et bouscule les valeurs traditionnelles, au-delà de la jeunesse dorée et du monde expatrié – avec la musique comme détonateur. Les manifestations étudiantes se succèdent (en 1965, 69, 72…) et le délitement de l’Empire se poursuit. La ville plonge dans l’insouciance, la jeunesse éthiopienne danse. Ces années folles voient se forger des destins : Tlahoun G èssèssè, ancien soliste de l’Orchestre de la Garde Impériale, devient l’une des premières ve-
dettes pop du pays, avec son titre Je n’en peux plus qui, sous couvert de chanter la fin d’une histoire d’amour, dénonce le régime. Et sa popularité de faiblira jamais : en 2009, l’hommage national qui lui est rendu lors de ses obsèques rassemble plus d’un million de personnes. Autre recrue de la G arde Impériale, Mahmoud Ahmed. Après une enfance à travailler comme cireur de chaussures, il deviendra lui aussi une star adulée pour son tube Erè melà melà. Mais, en 1974, le coup d’État militaire met brusquement fin à ces années enchantées. Addis-Abeba doit composer avec un couvre-feu permanent qui durera dix-huit ans. À la chute de la dictature militaire en 1991, le “Négus rouge” Mengistu laisse derrière lui une Éthiopie exsangue. Peu à peu, la vie reprend ses droits, mais les nuits n’ont jamais retrouvé la belle effervescence du Swinging Addis, ni la musique son niveau d’excellence des années 1960. L’âge d’or de la musique éthiopienne a pourtant des héritiers : dans les clubs underground de la capitale, Endeguena Mulu (aka Ethiopian Records), Mikael Seifu (aka Mik Tek) mixent les sonorités des légendes de l’éthio-jazz pour produire un son nouveau. À écouter : les 31 albums de la collection Éthiopiques, créée et dirigée par le Français Francis Falceto.
VOYAGEURS DU MONDE Un concierge francophone, un Like a friend à Addis-Abeba pour les secrets d’histoire de la ville et les bonnes adresses où écouter de la musique, ou bien organiser la visite des églises rupestres de Lalibela et de Gondar et découvrir les monastères du lac Tana en bateau privé… : les services Voyageurs du Monde vous aident à aller plus loin dans votre exploration de l’Éthiopie.
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Addis-Abeba, années 60-70 : la ville vibre au son des big bands en smoking qui se chargent du groove jusqu’au matin. Et ses bâtiments, de la National Bank (en haut à gauche) à l’hôtel de ville (en haut à droite), témoignent de sa modernité.
Le Rwanda et l’Ouganda K I G A L I — K A M PA L A
Pays voisins, ils partagent une frontière, mais aussi un mythe, un monument vivant au cœur du massif des Virunga et dans la Forêt Impénétrable de Bwindi : le gorille des montagnes, présenté et protégé depuis les années 1960 par la primatologue américaine Dian Fossey.
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© Matthieu Salvaing
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wanda : la légende Dian Fossey La ville est diamétralement opposée à l’image que l’on s’en fait avant de la connaître. Kigali est, vingt-cinq ans après le génocide perpétué contre les Tutsi, la capitale d’un pays stable, qui affiche l’une des plus éclatantes santé économique du continent, avec une croissance de 7 % en 2018. Ses rues étincelantes foisonnent de start-ups créatives, symboles de l’Afrique 2.0. Le Rwanda est si petit qu’on en frôle régulièrement les frontières – Ouganda au nord, Tanzanie à l’est, Burundi au sud, République démocratique du Congo à l’ouest. Quand on part à l’aube de Kigali, dans la fumée bleue où s’éveillent déjà les collines, il faut à peine trois heures pour rejoindre l’extrême nord du pays. De part et d’autre de la route qui traverse le pays à 1 500 mètres d’altitude se mêlent dans les vallées encaissées bananiers et caféiers, cultures de sorgho et potagers plantés de haricots. Et le port gracieux des plantations de thé, le vert tendre des rizières, le vert bleuté des eucalyptus délimitent les parcelles. Bientôt se dresse le massif des Virunga, géants endormis aux pentes envahies
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de végétation, dont le plus haut, le Karisimbi, culmine à 4 507 mètres. C’est ici qu’a été créé en 1925 le premier parc national du continent, le Parc des volcans, et que le Programme international pour la conservation des gorilles (IGCP) a été mis en place. Quand, en 1967 – à une époque où l’on pouvait exhiber une main de gorille en guise de cendrier, un crâne en abatjour – Dian Fossey plante sa tente dans les brumes et fonde le Karisoke Research Center, les gorilles des montagnes sont au nombre de 450. Lorsqu’elle meurt en 1985, probablement assassinée par un braconnier, la population de ses protégés continue de décliner – ils ne sont plus que 324 en 1989. Mais la stratégie de conservation initiée par la primatologue américaine s’est montrée payante. Aujourd’hui, on assiste à une augmentation spectaculaire : plus de mille individus ont été recensés en 2018. Le Centre de recherches Karisoke, ouvert au public, propose une exposition permanente qui invite le visiteur dans l’intimité de Dian Fossey : sur son bureau, le classeur noir où elle a consigné notes et croquis ; aux murs, des photos jaunies qui fixent la légende.
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© Michael Turek
Gorilles hors des brumes Le gorille est l’être vivant le plus proche de l’homme : son ADN est à 97 % identique au nôtre. Le gorille des montagnes, lui, se rencontre en deux populations isolées : dans le massif des Virunga, au sein des parcs nationaux contigus qui se déploient sur le Rwanda, l’Ouganda et la RDC ; et dans le parc de la Forêt Impénétrable de Bwindi, en Ouganda. D’après un recensement effectué de 2016 à 2018, ils seraient au nombre de 1 063 dans la région. Le parc national des Virunga compterait 350 individus selon les dernières estimations de 2021. Affiner les résultats des recensements est un enjeu fort qui permet de mesurer l’efficacité des stratégies de conservation et de surveillance (inventaire des nids construits chaque soir par les gorilles, analyse génétique d’échantillons d’excréments…).
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Les bénéfices générés par un tourisme fortement réglementé sont un espoir de conservation pour le futur de ce lambeau de jungle protégé.
Ouganda : sur la piste des gorilles Au nord des Virunga, côté Ouganda, la Forêt Impénétrable de Bwindi se déploie sur 300 kilomètres carrés au pied des volcans. Elle est cernée d’un paysage agricole (champs de pommes de terre et de haricots), et sur ces terres, densément peuplées, les paysans se sont installés jusqu’au seuil de l’aire protégée. “La valeur touristique du gorille des montagnes l’a sauvé de l’extinction”, estime Kirsten Gilardi, directrice de l’ONG vétérinaire Gorilla Doctors. Soutenir la population locale en l’impliquant dans une activité génératrice de revenus est la seule manière de l’amener à réduire la pression qu’elle exerce sur la forêt – aujourd’hui, par exemple, d’anciens braconniers sont employés comme porteurs ; les bénéfices générés par un tourisme fortement réglementé sont un espoir de conservation dans le futur de ce lambeau de jungle protégé. Le jour se lève sur les volcans. Les rangers tracent à la machette une voie étroite dans l’enchevêtrement de branches et de lianes. Après deux heures de marche à travers une profusion végétale – lobélies géantes, jacarandas, eucalyptus –,
sur des sentiers marqués du passage des buffles et des éléphants, dont on peut observer les empreintes au sol, se révèlent les premières traces du plus grand des grands singes. Les pisteurs repèrent ici une branche débarrassée de son écorce, là un cercle concentrique de bambous brisés. Le groupe fait silence, les branches craquent – un, puis deux gorilles passent dans la clairière. Bientôt, c’est toute une famille qui s’offre en spectacle, se régalant d’orties sauvages. Et les cabrioles d’un bébé, petite boule hirsute aux yeux brillants, qui caracole dans les branches, avant de se réfugier dans les bras de sa mère, dos argenté très conscient de sa stature et habitué aux intrusions de bipèdes glabres, qui nous ignore royalement.
VOYAGEURS DU MONDE Passage de douanes prioritaire, permis de visite, chauffeur-guide, 4x4, service conciergerie… Une logistique parfaitement réglée qui vous permet de vous concentrer sur l’essentiel : la rencontre avec les gorilles.
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In the mood 1 Si la rencontre avec les gorilles reste la pièce maîtresse d’un voyage en Ouganda et au Rwanda, les deux pays ne manquent pas de possibilités, à commencer par Kigali, surprenante d’énergie créative qui invite aussi à se pencher sur l’histoire meurtrie du pays aux côtés d’un historien. Il faut ensuite partir respirer dans la belle forêt de Nyungwe, parcourir la canopée sur un pont suspendu et saluer les chimpanzés, flâner dans les plantations de thé ou de café, en déguster les grands crus, prendre encore un peu de hauteur dans le parc des volcans, croiser en bateau sur le lac Kivu ou le canal de Kazinga, l’occasion d’approcher en silence crocodiles, hippopotames, et pélicans, remonter le Nil jusqu’aux spectaculaires chutes Murchison, randonner à cheval dans le parc du lac Mburo, puis trinquer au soleil couchant et à la beauté des paysages traversés.
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PLACE TO BE Perché sur une crête, avec comme toile de fond les volcans et les lacs Burera et Ruhondo, le Volcanoes Virunga Lodge (1) possède l’un des emplacements les plus spectaculaires du Rwanda. Au cœur d’une plantation de thé, les chambres cosy du One&Only Nyungwe House (2) s’ouvrent sur la canopée. Niché dans une forêt d’eucalyptus, le One&Only Gorilla’s Nest propose de multiples activités : trekking à la rencontre des gorilles ou escalade des pentes du volcan jusqu’au cratère.
© Hugues Laurent
La créatrice Bubu Ogisi, I.AM.ISIGO, dans son showroom de Victoria Island.
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LAGOS EN FUTURAMA
Ville la plus peuplée du continent, la capitale économique du Nigeria se vit à un rythme effréné. Un bouillonnement visible dans la culture et le monde des arts, qui ne cessent de faire bouger les lignes pour mieux dessiner l’avenir.
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’est la ville de demain. L’une des plus peuplées au monde, qui attire toujours plus de personnes – 15, 20, 25 millions d’habitants ? Aucun recensement fiable n’est possible. Une mégalopole sans limites spatiales – rien, pas même l’océan, ne semble pouvoir freiner sa croissance exponentielle. Sur le continent, le Lagos pauvre, des immeubles délabrés, d’autres qui poussent au hasard comme des mauvaises herbes ; sur les anciens marais asséchés, sur les îles gagnées sur l’océan, le Lagos riche, des villas sécurisées qui s’abritent derrière des portails monumentaux. L’architecte Rem Koolhaas en a fait un cas d’école : “Lagos continue d’exister malgré une absence totale d’infrastructures, de systèmes, et d’aménagements qui définissent la notion de ville.” Kunle Tejuosho, propriétaire de la librairie JazzHole, ne dit pas autre chose : “Lagos fonctionne à l’énergie pure. Vivre ici, dans cette ville où rien ne marche, oblige à être créatif. C’est pourquoi les Nigérians excellent dans tout ce qu’ils entreprennent.” Dans ce pays d’écrivains – Wole Soyinka a été le premier Africain nobélisé, en 1986 –, JazzHole est un repaire encombré de milliers de livres.“La littérature contemporaine est en ébullition”, nous dit Kunle Tejuosho. Olumide Popoola, Chigozie Obioma, Sarah Manyika : à la suite de Chimamanda Ngozi Adichie, auteure d’Americanah, best-seller traduit en vingt-cinq langues, de nouvelles voix émergent sur le devant de la scène littéraire mondiale. Et, à l’image d’Ifemelu, l’héroïne du roman d’Adichie, de retour au pays après quinze ans d’exil aux États-Unis, des milliers de “repat’s” renoncent à des situations confortables à New York pour booster leur carrière à Lagos. Parmi eux, la plasticienne Wura-Natasha Ogunji a quitté Austin, Texas, pour ouvrir un espace dédié à
l’expérimentation artistique, Treehouse – les étudiants de Berkeley s’y pressent pour assister à ses performances. “Des lieux alternatifs manquaient dans cette ville, où l’œuvre d’art est avant tout un produit à valeur marchande”, explique l’artiste, qui déplore le culte de l’argent dans une ville dont le PIB équivaut à ceux du Cameroun, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire réunis. Tolérance et créativité Le styliste Adebayo Oke-Lawal, fondateur de la marque menswear Orange Culture, entend lui aussi bousculer la société nigériane, explorant des tendances androgynes que la tradition réprouve. Au Nigeria, faire défiler sur les podiums des hommes vêtus de jupe exige un certain courage. Sa première collection, en 2011, a déclenché les foudres – “les réactions ont été franchement hostiles, j’ai pensé tout arrêter”. Mais la reconnaissance internationale (il a été finaliste du prix LVMH) et le soutien de Naomi Campbell semblent avoir calmé les esprits. Aujourd’hui, on croise dans la rue des hommes aux tenues gender fluid, aux yeux maquillés – on connaît peu de villes sur le continent, et même au-delà, qui peuvent se prévaloir d’autant de tolérance. Car, branché sur Londres plus que sur le nord du pays meurtri par Boko Haram, Lagos est un laboratoire de créativité. Un pôle dont les sons, les images et les styles imposent leur singularité dans la culture mondiale.
VOYAGEURS DU MONDE Mode, design, art : partez à la rencontre de Lagos et de sa nouvelle garde artistique. Fixeur local, contacts sur place, assistance 7j/7… : Voyageurs du Monde vous assiste dès votre arrivée.
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De gauche à droite et de haut en bas : Aylo, kid de la pop nigériane ; Ayomide Aborowa, dite “Mimi”, fixeuse pour Voyageurs du Monde, en essayage chez le couturier de son quartier ; Adebayo Oke-Lawal, styliste et créateur d’Orange Culture ; la chanteuse et fashionista Falana.
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São Tomé-et-Príncipe
Bouffée chlorophyllée et vue sur le majestueux pico Cão Grande.
© Osma Harvilahti
Délices tropicaux
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Ses îles sont au nombre de 2 et sa latitude est égale à 0. L’archipel de São Tomé-et-Príncipe bat en revanche des records de trésors cachés. Ancien comptoir portugais indépendant depuis 1975, il est aussi un passage obligé pour les amateurs de chocolat subtilement amer.
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u milieu du monde – l’archipel est posé au croisement de l’équateur et du méridien de Greenwich –, l’air est moite, la chaleur idéalement douce. Dans la capitale aux airs de bourgade tropicale, la cathédrale et les riches demeures ciselées se souviennent des ambitions évanouies du Portugal. Face à une baie où se dessine la silhouette des cargos à l’ancre, les cases en jaune et vert cachent des jardins foisonnants de papayes, de corossols suaves, de fruits à pain. São Tomé est une houle de collines aux mille nuances de vert et de volcans éteints qui serrent leurs flancs de forêt vierge. Une jungle tissée de lianes, de plantes inconnues aux incandescences indécentes, et de cacaoyers sauvages aux cabosses jaune d’or. Les deux confettis de basalte perdus au large du Gabon furent, au temps de leur splendeur, le premier producteur de cacao au monde. Mais l’archipel enseigne ce que le temps fait de l’orgueil des hommes : des roças, immenses plantations qui firent la richesse des colons, il ne reste rien, sinon quelques vestiges à l’abandon, ouverts à tous les vents, cernés de végétation.
La culture des fèves demeure pourtant le pilier de la fragile économie de l’archipel. Un cacao d’une qualité exceptionnelle, à l’image de celui de Claudio Corallo. Son chocolat est le meilleur du monde, tout simplement. Fruit de la jungle aux saveurs d’humus et d’écorces, son arrière-bouche longue déploie des forêts et des brumes de petit matin, celles des terres de Príncipe où s’est installé l’ingénieur agronome toscan il y a trente ans – à une demi-heure d’avion à hélices de São Tomé, l’île cadette, 9 000 habitants tout au plus, est un autre bout du monde. Sur ses longues plages cuivrées, désertes, on voit des oiseaux bleus inconnus ailleurs, des tortues venues enfouir leurs œufs ; les plongées coralliennes révèlent des hippocampes et des poissonstrompettes. Au loin, des baleines passent sur la ligne d’horizon.
VOYAGEURS DU MONDE Explorer l’archipel en profondeur grâce à des rencontres et des activités personnalisées selon vos goûts – histoire, botanique, cacao –, le tout bordé par une assistance 7j/7.
Sénégal S A I N T- LO U I S — D A K A R — G O R É E — S I N E S A LO U M
Le pays de la “teranga”, l’hospitalité en langue wolof, vous accueille de Saint-Louis à Gorée, en passant par Dakar, avec la même énergie et le même charme intemporel.
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u nord du Sénégal, Saint-Louis : ville archipel entre deux mondes, l’océan Atlantique, le fleuve Sénégal. Façades ocre rongées par le sel, tuiles orangées, balcons légers… Dans le quartier de l’île, son cœur historique, l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale semble sommeiller dans une atmosphère XIXe. Il faut visiter l’ancienne demeure des sœurs de Cluny, rue Blaise-Dumont, décor du film Coup de torchon de Bertrand Tavernier, et boire un verre dans le patio de l’Hôtel de la Poste, qui fut aux grandes heures de l’Aéropostale l’escale préférée de l’aviateur Jean Mermoz. Mais Saint-Louis est tout sauf une ville-musée. Pour s’en convaincre, il suffit de rejoindre Guet-Ndar, le coin des pêcheurs, faubourg populeux et poumon économique de la ville. Passé les ruelles où se bousculent les chèvres et les vélos, la plage se colore des figures géométriques peintes sur les pirogues. Une foule d’hommes crie, court et multiplie les allers-retours pour négocier au meilleur prix thiofs, capitaines et mulets, vendus à Dakar
et au-delà. Une pêche miraculeuse : le poisson est la première richesse de la ville. À Saint-Louis, des oiseaux en tout genre Autre ressource, les arts et la culture, foisonnants. Au Musée de la photographie de Saint-Louis (MuPho), ouvert en 2018, on découvre l’histoire de la photo locale, de l’âge d’or des studios à la scène actuelle, plus dynamique que jamais. Saint-Louis, qui aime aussi le jazz, accueille depuis plus de vingt-cinq ans un festival d’envergure (le Saint-Louis Jazz), et chaque soir, dès que la nuit tombe sur la ville, les bords du fleuve s’animent. Les sonorités rondes du blues et du gospel s’échappent des clubs, fréquentés jusque tard par des noctambules mélomanes. Plus au nord, au parc de Djoudj, ce sont les oiseaux qui tiennent la vedette : vision étourdissante des colonies de pélicans, escadrilles de flamants roses, échassiers en tout genre, cigognes, aigles-pêcheurs. La rivière Djoudj constitue le premier point d’eau douce rencontré par les oiseaux après leur traversée du Sahara, et plus de trois millions d’oiseaux hivernent ici, entre novembre et avril.
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© Jussi Puikkonen
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La Maison des esclaves permet de mesurer le destin tragique des millions d’hommes et de femmes déportés outre-Atlantique.
Dakar : une mégalopole entre énergie et flânerie De toutes les capitales africaines, Dakar est la plus cosmopolite, où se rencontrent et se mélangent toutes les cultures d’Afrique de l’Ouest. On aime son énergie, qui éclate sur ses murs couverts de street-art, au fil de ses galeries d’art contemporain, dans ses showrooms où se montre une mode qui métissent les influences, dans ses bars qui bruissent d’afrobeat, de hip-hop, de mbalax. Des arts numériques au cirque, la vie culturelle dakaroise foisonne. Côté patrimonial, l’inauguration en décembre 2018 du Musée des civilisations noires (lire aussi p. 19), rêvé il y a cinquante ans par le poète Léopold Sédar Senghor, premier président du pays, devrait permettre d’entamer un processus de restitution d’œuvres demandé par le Sénégal (fin 2020, le Parlement français a approuvé la rétrocession d’un sabre et de son fourreau). On aime aussi l’ouverture de la ville sur la mer : la mégalopole laisse place à la flânerie au bord de l’Atlantique.
tragique des millions d’hommes et de femmes déportés outre-Atlantique. Mais visiter Gorée, c’est aussi apprécier la résilience d’un village hors du temps : les fleurs des flamboyants éclatent, les maisons nuancent en camaïeu le ton ocre de l’île, les rues de sable absorbent tout. À 250 kilomètres plus au sud, le Sine Saloum est un monde préservé entre terre et mer. Au nord de l’échancrure de la Gambie, une douce région née de la rencontre entre deux fleuves. Le Sine et le Saloum s’insinuent en ramifications tarabiscotées pour créer un delta, dédale d’îles et de bras de mer, dominé par des mangroves et de timides îles où se dressent des baobabs esseulés. Les rôniers élancés côtoient les palmiers, les cocotiers, les fromagers ; les palétuviers forment des forêts impénétrables, plongeant leurs racines échasses dans les eaux salées. On navigue en pirogue d’une île à l’autre, au rythme des marées et du soleil. Le temps a suspendu sa course…
De Gorée au Sine Saloum : un voyage hors du temps Une demi-heure de bateau depuis la gare maritime, et c’est Gorée. Dans la Maison des esclaves, au bout d’un couloir déversant les cachots, la porte ouverte sur l’océan permet de mesurer le destin
VOYAGEURS DU MONDE De Saint-Louis au Sine Saloum, nos conseillers Sénégal proposent une découverte du pays par ses chemins de traverse, en prise directe avec la culture et la scène créative locale.
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In the mood Aborder Saint-Louis et Dakar dans les pas d’un(e) habitant(e), et les deux villes prennent une autre dimension. Dans la première, écouter l’architecture des rues conter l’histoire de cette “Venise de l’Afrique”, assister au ballet des pêcheurs à Guet Ndar, rencontrer une association culturelle. Puis, filer sur la Langue de Barbarie, embarquer sur une pirogue, jongler entre le fleuve Sénégal et l’Atlantique. En route vers le sud, s’arrêter sur les miroirs de sel du lac Rose, traquer le rhinocéros blanc dans la réserve de Bandia, humer l’atmosphère artistique du village de Thiès. À Dakar, faire son marché, réapprendre l’art de palabrer et celui de sourire, collecter les bons ingrédients du mafé, traverser vers Gorée, se confronter à l’histoire à la Maison des esclaves, reprendre son souffle sous les bougainvilliers, participer à un atelier de peinture sous verre, passer la nuit face au large, ou regagner la terre ferme et rythmer sa soirée de jazz à l’hôtel Djoloff. PLACE TO BE Sur l’île de Gorée, une jolie demeure rose aux volets verts datant du XIXe siècle vous accueille. On aime la Maison Asao, tenue par Khady, pour son ambiance familiale, ses adorables chambres colorées et ses grands déjeuners sur la terrasse ensoleillée.
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Le Cap-Vert
“Petit pays, je t’aime beaucoup…”
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Longtemps demeurées terres de passage, les îles du Cap-Vert méritent largement que l’on s’y attarde. São Vicente, berceau de la regrettée Cesária Évora, Santo Antão ou encore Fogo figurent parmi les dix perles d’un archipel généreux aux multiples facettes.
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onquises par les Portugais au XVe siècle, qui y déportaient des esclaves avant de les exiler sur le continent américain, les dix îles du Cap-Vert, perdues en Atlantique, à 400 kilomètres au large du Sénégal, sont longtemps demeurées terres de passage. Mindelo, sur l’île de São Vicente, y a gagné son métissage. Une vaste place rectangulaire avec des maisons roses, vert d’eau ou mauve, un palais du gouverneur rococo, des palmiers, des bougainvillées et un kiosque à musique – salpêtre et moiteur tropicale, la fortune s’est enfuie depuis longtemps. Mais la cité s’en moque : Cesária Évora, native des lieux, lui a offert la célébrité en popularisant le morna, blues cap-verdien, entre fado et samba. La baie de Mindelo est pour les voiliers la dernière escale avant la traversée vers le Brésil et, sur ses plages, des grappes d’enfants disputent des parties de football impromptues, donnant aux rivages des airs de Copacabana. À une heure de mer en ferry, Santo Antão, île couronnée de nuages, striée de cultures en terrasse, est verte et sauvage. Le long de la “route de la Corde”, vertigineuse, entre crêtes escarpées et falaises abruptes sur l’océan, les maisons se confondent avec
la végétation, dévorées de fougères géantes, de papayers et de mimosas. Avant d’arriver au village de pêcheurs de Cruzinha, une longue plage de sable fin invite à la baignade. La vallée de Paul, au sud, est la plus majestueuse, où s’étagent les plantations – cannes à sucre et bananiers. Sur les hauteurs de la Bordeira de Norte, à 1 500 mètres d’altitude, le marcheur progresse sur les chemins à flanc de falaise, entre ciel et terre. Puis, on rejoint Fogo à bord d’un minuscule bimoteur qui atterrit sur la piste du plus petit aéroport du monde. Son volcan, toujours actif, donne sa noirceur et sa fertilité à l’île. Noires, la route principale pavée de basalte qui traverse l’île, et les falaises de lave ; noir encore, le sable des plages… Terre de café, l’île est aussi réputée pour son vin. Le Cap-Vert, archipel aux multiples couleurs et facettes, est loin d’inspirer la saudade…
VOYAGEURS DU MONDE São Vicente dans les pas d’un local, Santiago en privé, dîner de chef à Mindelo, Praia en musique, kitesurf à Boa Vista : les conseillers Voyageurs du Monde proposent un tour d’horizon complet de l’archipel.
Artush/Adobe stock
magazine
MADAGASCAR L’ÎLE AUX PARFUMS
Sa végétation luxuriante fascine les botanistes depuis plus d’un siècle. Aujourd’hui, ce sont des explorateurs d’un genre nouveau – parfumeurs, grands chefs et maîtres chocolatiers – qui viennent y trouver l’inspiration. Et mettre à l’honneur ylang-ylang, vanille, poivre et cacao…
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l flotte parfois dans l’air de New York ou Paris une note tropicale salée. Sur les plus belles avenues du monde, on peut sentir l’un des parfums emblématiques de Dior diffuser des molécules du lagon de Nosy Be, gouttes d’île déposées au septentrion de Madagascar. À l’origine de cette alchimie : François Demachy, nez attitré de la maison depuis quinze ans. Comme beaucoup de parfumeurs-créateurs, l’enfant de Grasse a trouvé sur Mada un jardin dans lequel puiser la matière première de ses jus. L’ylang-ylang, un arbre aux fleurs étoilées, au jaune aussi pâle que son odeur proche du jasmin est puissante, fait partie des trésors qu’offre la forêt malgache. Un siècle plus tôt, le botaniste Henri Perrier de La Bâthie notait : “Cette flore primitive est essentiellement arborescente et d’une richesse inouïe en espèces, toutes ou presque endémiques.” Académicien des sciences venu sur la G rande Île prospecter l’or, il revint les bras chargés d’une unique collection botanique, zoologique, géologique, recensant déjà près de 6 000 espèces végétales. Un patrimoine naturel qui continue chaque année de livrer ses secrets. En 2020, treize orchidées encore jamais rencontrées ont été recensées, portant à près de mille le nombre d’espèces locales. Au-delà de la concentration, c’est la qualité de l’élixir que les professionnels les plus exigeants viennent chercher ici. Récoltés à la main par les femmes de l’île, au lever du jour – quand leur parfum atteint son paroxysme –, les pétales d’ylangylang sont immédiatement plongés dans les cuves de la distillerie centenaire de Nosy Be, surnommée “L’île aux fleurs” par les Malgaches. Le premier jus, le plus pur, s’envole ensuite vers les laboratoires de Grasse et d’ailleurs pour être sublimé. Réputée bon marché, la fleur des fleurs (traduction de ylang-ylang) fait vivre 40 % de la population de Nosy Be. Une valeur incontestable, mais loin de celle de l’or noir de Mada, la vanille, dont le pays exporte plus de 2 000 tonnes par an. Dans son sillage, lavanila révèle
les autres richesses épicées de la Grande Île – poivre, cannelle, girofle, vétiver… – qui embaument l’air, comme sur l’île de Sainte-Marie, ancien fief de pirates posté sur la route des Indes. Trois siècles plus tard, ce sont les grands nez et palais de la planète qui ont flairé l’île aux trésors. Du jardin à l’étuve Installé depuis 2008 dans la région de la Sava, le laboratoire Symrise est l’un de leurs repaires. Botanistes, ingénieurs agronomes et horticulteurs travaillent ici, du jardin à l’étuve, pour extraire les meilleures essences. Parmi les dernières trouvailles : le longoza (“éternel”), une plante qui s’épanouit dans la région est et sur les hauts plateaux et dont le parfum citronné évoque un mélange de gingembre et de cardamome. Autre vedette : le voatsiperifery, poivre sauvage qui a trouvé le chemin des cuisines de la cheffe Anne-Sophie Pic et garni les étagères d’Olivier Roellinger. Le maître chocolatier François Pralus a, lui, trouvé sur Nosy Be la base idéale pour planter ses cacaoyers : 25 000 arbres maternés depuis la pépinière qui donnent un criollo grand cru. Croquer, goûter, humer un peu de l’Île rouge, est sans doute le plus beau cadeau de ces grands créateurs, car comme l’évoque François Demachy : “Le cerveau, pour mémoriser une odeur, garde tout ce qui est autour de celleci : le lieu, les gens, la lumière.” Une chance pour celles et ceux qui ont voyagé à Madagascar et rêvent d’en garder le parfum.
VOYAGEURS DU MONDE Guide-chauffeur francophone, service conciergerie : en famille ou à deux, votre voyage est conçu pour être fluide et sûr. Nos conseillers vous orientent et organisent visites privées, activités et rencontres personnalisées sur un thème. Ici, autour de la flore malgache, vous pourrez par exemple suivre des botanistes ou assister à la récolte des fleurs.
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l’usage du monde
DO YOU SPEAK africain ?
Dix choses à savoir pour vous saisir de toute la magie de l’Afrique. Au Botswana, vous pourrez tester le
MOKOLANE (le vin de palme), le bojalwa (la bière de sorgho) ou le mageu (la pulpe de maïs)
En swahili, la langue africaine la plus enseignée dans le monde, le mot
SAFARI signifie “voyager”
En Afrique du Sud, “bonjour” et “bonsoir” se disent
HALLO en afrikaans et “sawubona” en zoulou
À ne pas confondre avec le sorcier du même nom, le
MARABOUT est un grand échassier que l’on trouve dans toute l’Afrique subsaharienne Vous aurez sûrement l’occasion, au Sénégal, de
L’élément central de la vie sociale en Afrique du Sud ?
LE BRAAI C’est le “barbecue” en afrikaans
DALLASSER
Soit de crâner un peu en soirée (en référence à la célèbre série américaine)
“Pas de problème, ne t’en fais pas”
Pas seulement un film d'aventures réalisé par Howard Hawks en 1962,
Une expression vérifiable en partant avec Voyageurs du Monde
veut dire “attention” ou “danger” en swahili
HAKUNA MATATA HATARI ! Au Sénégal, vous conduirez parfois dans des tablettes de
En goguette sur un marché kenyan, vous pourrez lancer un
Entendez par là que les routes ne sont pas toujours en bon état
“Je ne fais que regarder”, avant de craquer pour un batik ou un kiondos (un joli panier tissé à la main)
CHOCOLAT NINATAZAMA TU
LES ÉDITIONS VOYAGEURS DU MONDE PA R D E S T I N AT I O N
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Directrice de la communication Nathalie Belloir Rédacteur en chef Raphaël Goubet Directeur artistique Olivier Romano Rédacteur Baptiste Briand Ont collaboré à la rédaction Éléonore Dubois, Clara Favini, Marion Osmont, Faustine Poidevin Secrétaire de rédaction Stéphanie Damiot Coordinatrice fabrication Isabelle Sire Responsable photo Marie Champenois Iconographe Daria Nikitina Photogravure Cesar Graphic Impression Imprimerie Peau Édition Avril 2022 Crédits – Couverture Prince Gyasi Illustrations Førtifem (p. 8, 9, 18) ; Damien Poulain (p. 6, p. 19) Photos Prince Gyasi (pp. 10-17) ; Christopher Churchill/ Galley Stock, Cezary Wojtkowski/Getty Images (p. 34) ; Christopher Churchill/Galley Stock, Peter & Beverly Pickford Wildlife Photography (p. 35) ; Michael Turek, Crookes AndJackson (p. 36) ; Peter & Beverly Pickford, Courtney Boyd (p. 37) ; Singita Private Explore, Jérôme Galland, Wilpunt/Getty images (p. 45) ; O. Romano (p. 52) ; R. Taylor, Martin Adolfsson/Gallery Stock, Jonkmanshof, Davidf/Getty Images (p. 59) ; M. Tripper, Un Cercle, Singita Sweni Lodge, Kubili House, Simbavati Hilltop Lodge (pp. 66-67) ; Michael Turek, Un Cercle, Jérôme Galland (pp. 74-75) ; Storms Media Group/Alamy Stock Photo, courtesy Goldman Environmental Prize, Wenn Rights Ltd/ Alamy Stock Photo, Gareth Cattermole/Getty Images (p. 77) ; Stephen Voss/REDUX-RÉA, ITAR-TASS News Agency/Alamy Stock Photo, Arnold Jerocki/Getty Images, CNP/ZUMA/RÉA (p. 78) ; V. Fournier/Jeune Afrique/ RÉA, Armando Gallo/ZUMA STUDIO-RÉA, Barun Chatterjee_Courtesy Sampa The Great : Ninja, Espen Rasmussen/PANOS-RÉA (p. 79) ; San Camp, Top Uncharted Africa, Kingspool, Jack Camps, Christopher Churchill/ Gallery Stock, Dana Allen, Alexander Shalamov/ BlueOrange Studio/Stock.adobe.com, Peter & Beverly Pickford (pp. 86-87) ; Mondadori/Getty Images (p. 93) ; Matthieu Salvaing, Michael Turek, Crookes AndJackson, James Walsh, Rupert Peace/Nyungwe Forest Lodge (p. 99) ; Hugues Laurent (p. 103) ; Jussi Puikkonen, Kevin Faingneart (p. 109) ; Michael Riehle/LAIF-RÉA, Olivier Metzger, Nora Bibel/LAIF-RÉA (p. 110) ; Pierre-Yves Babelon/Stock.adobe.com, Damian Ryszawy/ Stock.adobe.com, Alena Kravchenko/Stock.adobe.com, Laura Thiesbrummel (p. 115). Voyageurs du Monde S.A. au capital social de 3 691 510 €. 55, rue Sainte-Anne, 75 002 Paris. Tél. : 01 42 86 17 00 - RCS Paris 315459016. Immatriculation Atout France IM075100084. Assurance RCP : MMA – 14, bd Marie-et-Alexandre Oyon, 72030 Le Mans, Cedex 9 - Contrat n° 127113949. Garantie financière : Atradius (823 646 252 RCS Nanterre) – 159, rue Anatole France CS 50118, 92 596 Levallois-Perret Cedex. “Voyageurs du Monde s’est engagée dans une gestion responsable de ses achats papiers en sélectionnant des papiers fabriqués à partir de fibres et de bois provenant de forêts gérées durablement. Le choix d’éditer notre brochure à l’imprimerie Peau, imprimeur écoresponsable, labellisé Imprim’Vert et certifié FSC, s’inscrit dans la continuité de notre engagement en matière de protection de l’environnement. Brochure imprimée avec des encres végétales.”
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