Voyageurs en Russie et un Ukraine by voyageurs-du-monde

V O YA G E U R S E N R U S S I E E T E N U K R A I N E

voyageursdumonde.com

V O YA G E U R S EN RUSSIE ET EN UKRAINE M O S C O U — S A I N T- P É T E R S B O U R G — S I B É R I E L A C B A Ï K A L — V O LG A — O D E S S A — K I E V — LV I V

voyageursdumonde.com

Les Cités des Voyageurs Paris IIe

55, rue Sainte-Anne +33 (0)1 42 86 16 00

Bordeaux

28, rue Mably +33 (0)5 57 14 01 48

Bruxelles

23, chaussée de Charleroi +32 (0)2 543 95 50

Genève

19, rue de la Rôtisserie +41 (0)22 518 04 94

Grenoble

16, boulevard Gambetta +33 (0)4 76 85 95 90

Lausanne

Rue-de-Bourg, 6 +41 (0)22 518 04 94

Lille

147, boulevard de la Liberté +33 (0)3 20 06 76 25

Londres

Montpellier

8, rue du Palais des Guilhem +33 (0)4 67 67 96 30

Montréal

555, boulevard RenéLévesque Ouest +(1) 514 789 0101

Nantes

13, rue du Moulin +33 (0)2 40 20 64 30

Nice

4, rue du Maréchal Joffre +33 (0)4 97 03 64 64

Québec

5600, boulevard des Galeries +(1) 418 651 9191

Rennes

31, rue de la Parcheminerie +33 (0)2 99 79 16 16

Rouen

17-19, rue de la Vicomte +33 (0)2 32 10 82 50

First Floor 111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL) +44 (0)20 7978 7333

Strasbourg

Lyon II

26, rue des Marchands +33 (0)5 34 31 72 72

5, quai Jules-Courmont +33 (0)4 72 56 94 56

16, rue Sainte-Barbe +33 (0)3 88 15 29 48

Toulouse

LES ÉDITIONS VOYAGEURS DU MONDE PA R D E S T I N AT I O N

Afrique Amérique latine Asie Mineure et Centrale Asie du Sud-Est et Indonésie Australie Brésil Égypte Espagne et Portugal États-Unis et Canada Europe du Nord Europe centrale et Balkans Grèce Inde et les Himalayas Israël et Palestine Italie Japon Maroc et Moyen-Orient Polynésie Russie et Ukraine PA R T H É M AT I Q U E

Voyageurs… amoureux/ en famille/dans les îles, Voyages intérieurs VACANCE notre magazine semestriel

Marseille I er

25, rue Fort-Notre-Dame +33 (0)4 96 17 89 17

Voyageurs en Russie 01 84 17 21 61 Voyageurs en Ukraine 01 42 86 17 60

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Directrice de la communication Nathalie Belloir Rédacteur en chef Raphaël Goubet Directeur artistique Olivier Romano assisté de Camille Nordin Rédacteur Baptiste Briand Ont collaboré à la rédaction Emmanuel Boutan, Clara Flavini, Marion Osmont Secrétaire de rédaction Stéphanie Damiot Coordinatrice fabrication Isabelle Sire Iconographes Ludovic Jacôme, Daria Nikitina Photogravure Cesar Graphic Impression Imprimerie Peau Édition juin 2019 Crédits Couverture Davide Monteleone/Agence VU Illustrations Fortifem (pp. 4-5 et pp. 8-9) ; Photos O. Metzger (p. 2) , P. Verzone/Agence VU (p. 7) ; V. Mercier (pp. 11-17, p. 19) ; G. Theis/Laif-RÉA (p. 21) ; C. Kerber/Laif-RÉA - Davide Monteleone/ Agence Vu (p. 23) ; Seryy Mark/Strelka Institute Khlebzavod N° 9 - Vlad Petin/Getty Images - Moscow Museum of Modern Art (p. 24) ; G. Theis/ Laif-RÉA - E. Gerald/Laif-RÉA - M. Loskutov G. Savina/stock.adobe.com (p. 27) ; Getty Images/ Istockphoto (p. 28) ; C. Tubbs (pp. 31-33) ; C. Tubbs - S. Volk/Laif-RÉA (p. 34) ; A. Nekrasov/ZUMA/ RÉA - M.-R. Levy/REDUX-RÉA - Vasin/stock.adobe. com - S. Volk/Laif-RÉA (p. 36) ; D. Postnov/Getty Images - M.-R. Levy/REDUX-RÉA (pp. 38-39) ; O. Metzger (pp. 41-46) ; O. Metzger - Grand Europe Hotel - Belmond Grand Europe Hotel, Saint-Pétersbourg (pp. 48/49) ; A. Anufriev (p. 51) ; A. Anufriev - DR (p. 52) ; K.Kutilov - A. Anufriev (p. 55) ; T. Owen/Fotolia.com - S. Yakovlev/Fotolia.com Lordnviper/stock.adobe.com - C. Stukhard/ LAIF-REA (p. 56) ; Bridgeman Images - PhotoXpress/ZUMA/RÉA - SZ Photo/Scherl/Bridgeman Images - B.A.Tafreshi/Novapix/Bridgeman Images (p. 59) ; ZUMA Press/ZUMA/RÉA -Bridgeman Images - WWD/Condenast-RÉA (p. 60) ; 2011 by PhotoXpress/ZUMA/RÉA -G. Pino/Contrasto/ RÉA - J. Nicholl/RÉA - Bridgeman Images (p. 61) ; V. Karavaev/Getty Images/iStockphoto (p. 63) ; D. Dudley/Paciﬁc Press/ZUMA/RÉA (p. 64) ; Astoria Hotel (p. 66) ; O. Ukhal/Fotolia - A. Fleurantin B. Steinhilber/Laif-RÉA - C. Stowers/Panos-RÉA (p. 67) ; Perry/Stock.adobe.com (p. 68) ; R. Robroek/ Stock.adobe.com - Mammute/Stock.adobe.com (p. 71)

Voyageurs du Monde S. A. au capital social de 3 691 510 €. 55, rue Sainte-Anne, 75 002 Paris. Tél. : 01 42 86 17 00 - RCS Paris 315459016. Immatriculation Atout France IM075100084. Assurance RCP : Allianz-N° 56039969. 1, cours Michelet - CS 30051 - 92 076 ParisLa Défense Cedex. Garantie financière : Atradius Credit Insurance NV - 44, avenue GeorgesPompidou - 92 596 Levallois-Perret Cedex. “Voyageurs du Monde s’est engagée dans une gestion responsable de ses achats papiers en sélectionnant des papiers fabriqués à partir de fibres et de bois provenant de forêts gérées durablement. Le choix d’éditer notre brochure à l’imprimerie Peau, imprimeur écoresponsable, labellisé Imprim’Vert et certifié FSC, s’inscrit dans la continuité de notre engagement en matière de protection de l’environnement. Brochure imprimée avec des encres végétales.”

édito

Faites un test : évoquez votre prochain voyage en Russie. Neuf fois sur dix, on vous parlera de Saint-Pétersbourg, de sa forteresse Pierre-et-Paul et du phénoménal musée de l’Ermitage. Si la cité des tsars est incontournable, dotée d’un patrimoine culturel grandiose, la réflexion est nettement réductrice. Dans un pays-continent de plus de dix-sept millions de kilomètres carrés, marqué par des millénaires d’histoire, de révolutions passées et à venir, les possibilités sont infinies. Tendez l’oreille, nos spécialistes Russie parlent bien de “Peter”, mais sous un visage ultracontemporain. Ils décryptent Moscou, boudée par les voyageurs, malgré sa place dans la société russe actuelle et l’urbanisme avant-gardiste qu’elle propose. S’intéresser au retour du design soviétique, choisir l’Ukraine pour Kiev, Odessa et Lviv, mais aussi pour Tchernobyl – sans voyeurisme, pour mieux comprendre. Enfin, s’échapper vers l’immensité du lac Baïkal ou remonter le temps dans la Carélie de Pouchkine… Autant de façons non exhaustives d’envisager un voyage à l’Est. JEAN-FRANÇOIS RIAL Pdg de Voyageurs du Monde

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Sommaire Voyageurs en Russie et en Ukraine

Cartographie La Russie et l’Ukraine en un clin d’œil.

Moscou

Design Back to USSR : l’ère du vintage suprême.

6 L’esprit Voyageurs du Monde Notre façon d’envisager le monde.

8 Les services Nos attentions pour voyager en toute fluidité.

10 Portfolio Russie d’hier ou d’aujourd’hui ? L’artiste Vincent Mercier ne choisit pas.

18 Book lovers Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.

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Elle soigne le patrimoine et affirme une vision urbaine et culturelle très moderne.

Volga et Carélie

L’Anneau d’Or

Au fil de l’eau, des villes prospères, des immensités vierges et des églises en bois.

D’anciennes cités princières, merveilles d’architecture religieuse du Moyen-Âge.

30 Rail-trip Sur la voie du Transsibérien.

58 Pop culture Tsars system.

Ukraine

La Sibérie

Lviv, Odessa, Kiev : le triptyque parfait.

Elle partage son territoire avec le plus vieux lac du monde, le Baïkal.

40 Saint-Pétersbourg Chassé-croisé d’époques dans l’ancienne capitale impériale où se succèdent les lieux de contre-culture.

68 Renouveau Tchernobyl, retour à la vie.

72 L’usage du monde Do you speak russe ou ukrainien ?

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Mer de Nor vège

Nor vège Suède

Mer d e Barents Mourmansk

Finland e

Est onie Let t onie

pologne

Litu anie

Kiji

Biélo russie

Lviv

Novgorod

Pripiat Tchernobyl

Bryansk

Moscou

Kotlas

Salekhard

Yaroslavl

Nijni Novgorod

Kiev Odessa

Petchora

Vologda

Smolensk

UKRAINE

Arkhangelsk

Saint Petrozavodsk -Pétersbourg

RUSSIE

Koudymkar

Kharkiv Perm

Sourgout

Oulianovsk Crimée

Donetsk Saratov

Mer Noi r e

Tur quie

Rostov-sur-le-Don

Volgograd

Ekaterinbourg

Samara

Orenbourg Omsk

Géorgie

Mer Caspienne Kazakhst an

Azerbaïdj an

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Cartographie Océan Ar cti que

Quel ques r epèr es • Vol Paris-Moscou : environ 3 h 40 • Vol Paris-Kiev : environ 3 h 05 • Décalage horaire : + 1 h avec Paris • Point culminant Russie : le mont Elbrouze, avec 5 642 mètres • Population (2017) Russie : 144,5 millions hab. Ukraine : 44,83 millions hab.

Tiksi Dikson

Voya geur s du monde en t r a in • Transsibérien Moscou - Irkoutsk - Vladivostok (en 2 semaines). • Transmongolien Moscou → Oulan-Bator - Pékin (en 3 ou 4 semaines). • Transmandchourien Moscou → Chita - Harbin - Shenyang - Pékin (environ 7 jours, sans escale). • Baïkal-Amour-Magistral (BAM) Moscou → Taïchet - Sovietskaïa Gavan (environ 7 jours, sans escale). • Rossiya Moscou - Vladivostok (environ 7 jours, sans escale)

Igarka

Lessossibirsk

Tomsk Novossibirsk

Lac Baïkal

Krasnoïarsk

Olkhon Irkoutsk

Oulan-Oude

Chita

Borzya

Chine

Mongo lie

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invitation au voyage

Chaque jour, nos conseillers spécialisés par pays ou par région créent des expériences uniques, doublées d’une pléiade de services haut de gamme. Aborder le monde par son envers, dévoiler le véritable visage des destinations, composer des voyages personnalisés selon les envies de chacun : tel est l’esprit de Voyageurs du Monde.

200

142 concierges à travers le monde veillent sur vous et exaucent vos souhaits à chaque instant.

conseillers, dont 12 experts Russie et 2 Ukraine. Passionnés venus de tous les horizons ou natifs du pays, ils sont une formidable source d’inspiration.

100 % carbone neutre : la totalité des émissions de CO2 liées à nos voyages est absorbée grâce à divers projets de reforestation dans le monde.

différence. Le budget que vous ﬁxez avec votre conseiller sera respecté au plus juste. Une fois votre devis validé, aucuns frais supplémentaires ne sont à prévoir.

1 500

arbres plantés chaque jour : une action parmi les nombreux projets environnementaux et humanitaires soutenus par notre fondation Insolite Bâtisseur-Philippe Romero.

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nationalités représentées chez nos salariés. Une façon d’insuffler une vision du monde respectueuse des différences culturelles.

120 pays, des grands classiques aux régions plus conﬁdentielles, Voyageurs du Monde peut vous emmener partout sur la planète.

Cités des Voyageurs : 13 en France, 2 en Suisse, 1 en Belgique, 1 à Londres et 2 au Canada. Des lieux accueillants où le voyage commence déjà.

maisons Voyageurs qui racontent chacune une part de l’histoire du pays. Le Steam Ship Sudan et la Flâneuse du Nil en Égypte, la Villa Bahia au Brésil, la Villa Nomade à Marrakech et la Satyagraha House à Johannesburg.

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Voyageurs du Monde en Russie Conciergerie Installé à Saint-Pétersbourg et agissant sur tout le territoire, le service conciergerie Voyageurs du Monde répond in situ à vos demandes, des plus courantes aux plus personnalisées : explorer Saint-Pétersbourg par les toits, Moscou sur les pas de Tolstoï, visiter l’Ermitage une heure avant l’ouverture, les coulisses du Bolchoï en privé… L’équipe se tient en permanence à votre écoute.

Like a local à Mosco u Moscou vit jour et nuit, et la ville change d’un mois à l’autre. Aﬁn de mieux l’apprivoiser, Voyageurs du Monde vous propose de l’explorer dans les pas d’un(e) habitant(e). L’occasion de tester ses bonnes adresses, les quartiers en vogue, et d’en apprendre plus sur le mode de vie moscovite. à Saint -Pétersbo ur g Fan d’architecture baroque, de design contemporain, de littérature russe, laissez-vous guider par notre “ami(e) local(e)”. Une visite sur mesure, adaptée à vos centres d’intérêt, qui révèle un visage actuel de la ville.

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invitation au voyage

Les services Voyageurs du Monde

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Zéro carbone Pour lutter contre le réchauffement climatique, Voyageurs du Monde contribue au ﬁnancement de dispositifs d’absorption du carbone en vue d’accompagner la transition écologique.

Ring the bell

Gagner des miles

Réserver la bonne table, obtenir une visite privée, trouver une baby-sitter : notre conciergerie francophone locale répond in situ à vos envies. Son rôle est aussi d’anticiper vos attentes et de vous suggérer des idées.

Chaque voyage réservé chez Voyageurs du Monde permet de cumuler des miles sur le programme Flying Blue. Un bonus de 1 000 miles lors des trois premiers voyages et de 10 000 miles à partir du quatrième.

Like a local

Assistance 24/24

Un(e) habitant(e) des lieux propose une balade informelle, adaptée à vos centres d’intérêt. Partageant conseils et bonnes adresses, vous êtes informé sur les mœurs locales. Un moment décontracté et enrichissant.

Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, vous êtes sûr de trouver à qui parler. L’assistance vous aide à trouver une solution rapide et efficace aux aléas logistiques, administratifs, médicaux, voire mécaniques.

Fixeur

Dans la poche

Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays. Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.

L’application Voyageurs du Monde reprend le déroulé jour par jour de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Intuitive et ﬂuide, elle joue les guides malins en compilant des adresses personnalisées et géolocalisées.

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Bonnes adresses

Salons lounge

Disponible via l’appli et dans votre carnet de voyage, cette sélection ajustée à votre style pointe au ﬁl de votre route les bons spots par genre (restaurants, boutiques, galeries, musées…).

Passagers au départ sur un vol long-courrier, même en classe éco, l’accès au lounge de l’aéroport vous est ouvert (salon Air France à Roissy-CDG). Au retour, selon la destination, le service est également proposé.

Wiﬁ nomade

Simples formalités

Même coupé du monde, rien n’interdit de communiquer. Sur certaines destinations, un mini-routeur wiﬁ est mis à votre disposition pour vous connecter au réseau mobile jusqu’à cinq terminaux (5 GO offerts).

Pre-seating et cartes d’embarquement reçues la veille, transferts aéroports, assistance au départ (enregistrement, sécurité) et passage prioritaire des douanes à l’arrivée : Voyageurs du Monde rend votre voyage plus ﬂuide.

Mobile local

Signé ARTE

Sur certaines destinations, vous proﬁtez dès votre arrivée d’un téléphone mobile équipé d’une carte sim locale et d’un crédit prépayé. Les numéros utiles (conciergerie, urgences…) y sont préenregistrés. Pratique !

Sur votre espace privé accessible en ligne, Voyageurs du Monde a sélectionné des documentaires ARTE en lien avec votre destination. Ou comment bien préparer son voyage en s’informant.

Fooding

Welcome !

Dénicheur iconoclaste de bonnes tables, le Guide Fooding met son ﬂair au service de Voyageurs du Monde. Résultat : une soixantaine de villes passées au crible, et une sélection personnalisée et de bon goût.

Lors d’une arrivée matinale ou d’un départ tardif, Voyageurs du Monde négocie avec vos hôtels aﬁn que vous obteniez/ conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut être prévue.

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portfolio

SOVIET NOSTALGIE

Comme transies par un froid glacial, les photos de Vincent Mercier semblent ﬁgées dans le passé. Extraites d’une série intitulée CCCP (URSS), elles convoquent tour à tour l’époque soviétique, sa rudesse constructiviste, et la délicatesse d’un imaginaire russe plus raffiné. Une évocation libre, comme un pied de nez à une Russie en proie au modernisme.

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librairie

Book lovers En littérature, la Russie, immense territoire narratif, distance quelque peu l’Ukraine. Mais tous deux sont évoqués ici avec force et passion. Classiques ou contemporains, ces récits racontent l’âme slave. Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.

Roman

Road-trip

Cuisine

Le Crocodile de Fiodor Dostoïevski

Anthracite de Cédric Gras

La Cuisine russe de Michel Parfenov

Actes Sud

Gallimard

Actes Sud

Naviguant entre la fable absurde et une critique politique acérée, l’auteur de Crime et châtiment livre une nouvelle burlesque mettant en scène un fonctionnaire qui après avoir été malencontreusement avalé par un saurien, décide d’y élire domicile. En 1865, le premier crocodile jamais montré à Saint-Pétersbourg, symbole du capitalisme naissant, devient ainsi un lieu de réﬂexion à huis clos sur la petite bourgeoisie russe.

Cédric Gras découvre la Russie en 2006, alors qu’il termine ses études. Coup de cœur : il s’y installe, apprend la langue et y vit sept ans. Anthracite (2016) est son premier roman. L’écrivainvoyageur place son récit en pleine guerre d’Ukraine, en 2014, sur les routes du Donbass. Malgré ce contexte tendu, l’auteur livre un road-trip tragi-comique qui ne manque pas de sensibilité.

Le kissel, le caviar d'aubergines, les blinis, les pirojki… Cet ouvrage d’un auteur aux origines russes est un recueil de souvenirs d’enfance où sont distillées saveurs, recettes et citations littéraires. Un vrai régal ! Passionné par la littérature et la culture russes, qu’il défend et représente (il est directeur de la collection Lettres russes d’Actes Sud), Michel Parfenov rend ici hommage à la cuisine russe, l’élevant ainsi au rang d’art culinaire.

Autobiographie

Essai

Vivre dans le feu de Marina Tsvetaeva Le Livre de Poche Le destin tragique de l’un des plus grands écrivains du XXe siècle. Marina Tsvetaeva a écrit toute sa vie (de la révolution d’Octobre, à l’exil, l’indifférence du Paris littéraire, en passant par le retour contraint en Union soviétique…) : une matière extraite des dix tomes de textes intimes publiés en russe. Résultat : une véritable autobiographie posthume, un chef-d’œuvre incandescent.

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Les Ukrainiens de Sophie Lambroschini Ateliers Henry Dougier Qui sont les Ukrainiens ? Une réponse nous est donnée en quatre temps, quatre chapitres qui balaient l’histoire, les fractures sociales, l’esprit d’initiative actuel et la place des femmes. Un portrait fouillé et éclairant sur un peuple méconnu. Spécialiste de l’Ukraine contemporaine installée à Kiev depuis 2005, l’historienne Sophie Lambroschini a étudié le pays et surtout ses habitants.

La librairie Voyageurs du Monde Un passage obligé ! On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller. 48, rue Sainte-Anne, Paris IIe

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Culture à la page Kinorama Le 7e art, reconnu comme tel par les tsars dès son apparition, a accompagné l’histoire de la nation. Propagande bolchevique (Le Cuirassé Potemkine de Sergueï Eisenstein, 1925), objets de censure (Un brave garçon de Boris Barnet, 1943), les ﬁlms soviétiques sont aussi la transcription artistique du Dégel (Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov, Palme d’Or à Cannes, en 1958). Les années 1960 voient naître une Nouvelle Vague de l’Est, générée notamment par des réalisatrices comme Kira Mouratova (Brèves rencontres) mais également des superproductions (Guerre et Paix de Sergueï Bondartchouk). Les réalisateurs russes explorent tous les genres : la comédie trouve ses maîtres dès les années 1950 (Eldar Ryazanov), la passion traverse les âges d’Andreï Kontchalovski (Le Bonheur d’Assia) à Nikita Mikhalkov (Soleil trompeur) et la scienceﬁction brille à Cannes (Solaris d’Andreï Tarkovski, 1972). Le cinéma russe actuel continue de jouer son rôle de miroir de la société – la famille (Les Van Gogh de Sergueï Livnev, 2018), la religion (L’Île de Pavel Lungin, 2008), la liberté (Leto de Kirill Serebrennikov, 2018), sans se priver de critique.

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Moscou

Insaisissable, la capitale russe est à la fois ancrée dans son histoire et tournée vers l’avenir. Grandiloquente, elle soigne le patrimoine soviétique tout en affirmant une vision urbaine et culturelle très contemporaine. Coup de projecteur sur une ville en pleine mutation.

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Vue du pont du Patriarche, qui relie les deux rives de la Moskva, et de la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, la plus grande de l’Église orthodoxe russe.

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a ville qui ne dort jamais”… Combien de capitales revendiquent ce titre ? Au café Pouchkine, les serveurs en queue-de-pie, eux, ne se posent pas la question. Dans le décor baroque de l’ancienne pharmacie, ils servent porridge au potiron, bortsch et caviar sur blini, qu’il soit midi ou minuit. Et ce café emblématique, aux inﬂuences architecturales vénitiennes – comme d’ailleurs les murs du Kremlin –, ne fait pas exception. Moscou vit bien 24 h/24, consciente qu’une journée ne suffirait pas à explorer ses multiples visages. “Il y a le Moscou du XIXe aux airs de village, le Moscou de la moitié du XXe, cosmopolite et européen, le Moscou à l’architecture avant-gardiste, le Moscou staliniste, et le Moscou moderne des jeunes pionniers actuels, avec ses cafés et ses clubs. Rien ne s’est perdu en route, il reste des vestiges, même inﬁmes, de chaque période”, commente le journaliste Jury Saprykin. Moscou passe à l’ouest De fait, dans la plus grande ville d’Europe (vingt fois Paris), les époques se télescopent. Le quartier d’Arbat, l’un des plus riches historiquement, juxtapose l’architecture classique, constructiviste et stalinienne, mais abrite également Moskva-City, le centre d’affaires, et la seconde plus haute tour d’Europe du

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moscou

haut de laquelle on savoure une vodka bio en admirant l’immensité de cette “ville au 40 fois 40 églises”. Même impression à Kitaï-Gorod, le plus ancien quartier de la capitale, bâti au XVIIe siècle autour de la Place Rouge, ou celui de Zamoskvorechye (littéralement “de l’autre côté de la rivière Moskva”), qui collectionne lui aussi les lacis de ruelles, églises aux dômes rebondis, palais néoclassiques et tours de garde. Ses anciens monastères et maisons abandonnées se muent aujourd’hui en studios d’artistes et restaurants tendance. Transformation également dans le bastion de l’industrie soviétique, le quartier de Khamovniki, qui voit ses anciennes usines muter en start-ups et agences publicitaires. De la même façon, à l’est de la ville, le site de production viticole désaffecté, VinZavod et son voisin ArtPlay, installé dans une ancienne fabrique de manomètres sont devenus en quelques années les nouveaux rendez-vous des hipsters. Derrière la brique rouge, on ne compte plus les galeries et cafés trendy. Encore industrielle au sud, résidentielle au nord, saturée au centre, Moscou regarde son avenir se dessiner à l’ouest. Rublyovo-Arkhangelskoye, concept urbain futuriste imaginé par l’archi star Zaha Hadid avant sa disparition en 2016, devrait d’ici quelques années loger

Rooftop avec vue sur le Kremlin et la Place Rouge. L’esprit récup des anciennes usines réhabilitées en lieux hype.

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Le goût du voyage Institut Strelka

Khlebzavod N° 9

Green Lovers

MMOMA

Né il y a plus de dix ans, cet institut de recherches symbolise le renouveau moscovite. Le cluster réunit programmes éducatifs (nouvelles technologies, design, urbanisme), lieux culturel (conférences, lectures, festivals) et festif réputés.

Cette ancienne usine à pain, répartie sur les cinq étages d’un bâtiment typique du constructivisme, héberge aujourd’hui l’un des pôles créatifs les plus importants de la ville : galeries, studios design, cafés.

À la rudesse du climat hivernal, les Moscovites répondent par une passion des jardins. Au printemps, on ﬂâne au Neskoutchni ou au Zariadié (près du Kremlin). En été, on respire à l’extérieur de la ville au domaine d’Arkhangelskoïe.

À la croisée des XXe et XXIe siècles, le Moscow Museum of Modern Art est dispatché en cinq lieux de la ville. À l’intérêt architectural de chaque entité s’ajoute la curiosité de découvrir la jeune garde russe cohabitant avec de grands maîtres.

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Écoquartier, énergies renouvelables, modèle de “smart city” : le plan de rénovation lancé en 2010 entend redonner de l’air et des arbres à la métropole la plus peuplée d’Europe.

près de 70 000 habitants, et accueillir aussi bureaux, hôtels et musées. Un écoquartier alimenté en énergies renouvelables, composé à 30 % de parcs et de jardins, entourant un lac de trente hectares, véritable modèle de “smart city”. Le projet n’aurait pas déplu à un certain Le Corbusier, qui au début des années 1930 proposa de raser la majorité des bâtiments historiques et de transformer Moscou en ville-jardin plantée de gratte-ciel. Espaces verts et culturels Le plan de rénovation lancé en 2010 par le maire Sergueï Sobianine entend redonner de l’air et des arbres à la métropole la plus peuplée d’Europe. L’Anneau des Jardins, grand périphérique qui encercle le centre, a été entièrement replanté, retrouvant ainsi son visage originel. Les quais de la Moskova devraient quant à eux être totalement réhabilités d’ici 2035. Entre ces berges et la Place Rouge, un parc de dix hectares, le Zaradié, composé de parcelles de toundra, de steppes miniatures et de grottes de glace en hiver, a poussé ces dernières années. Une alternative au délicat jardin de l’Ermitage situé en centreville, aux éternels Étangs du Patriarche

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(cadre aussi romantique au réel que dans le roman de Mikhaïl Boulgakov, Le Maître et Marguerite) et au Tsaritsyno, domaine d’été de la Grande Catherine, situé au sud de la ville. Autre symbole de verdoiement, l’immense parc Gorki, au centre du quartier de Zamoskvorechye. No man’s land entièrement réhabilité, il constitue désormais un lieu de vie essentiel aux Moscovites. En été, ils viennent y ﬂâner à vélo, en roller, se rafraîchir face aux fontaines, et s’offrir une toile en plein air. En hiver, ils patinent sur une gigantesque aire glacée de 18 000 mètres carrés et peuvent même pratiquer le snowboard avant d’aller se réchauffer dans une exposition de l’un des temples de l’art contemporain russe et international : Le Garage. Créé en 2008 par l’ancien couple de collectionneurs Dasha Zhukova et Roman Abramovitch, Le Garage s’était d’abord installé en 2012 dans un pavillon temporaire conçu par le Japonais Shigeru Ban (prix Pritzker 2014). Depuis 2015, il a trouvé sa place déﬁnitive dans un ancien restaurant issu de l’ère moderniste soviétique, entièrement remodelé par le célèbre architecte Rem Koolhaas

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Des restaurants farm-to-table, un bortsch revisité… : la révolution moderniste touche la capitale jusque dans l’assiette.

(également derrière les projets de transformation de la galerie Tretiakov, une institution de l’art classique ; et du musée de l’Ermitage à SaintPétersbourg). Aujourd’hui, Le Garage constitue un incontournable lieu de passage pour les artistes internationaux (Yayoi Kusama, Damián Ortega…) où s’expérimentent toutes les formes de l’art contemporain, des plus minimalistes aux plus monumentales. Autre immanquable de la ville, le VDNH, fondé en 1939 au nord-est de la ville. Ce centre d’exposition doté de trente-sept pavillons à la gloire de l’Union soviétique, mémoire architecturale laissée à l’abandon pendant deux décennies, voit aujourd’hui ses bâtiments renaître un à un en espaces culturels. Octobre Rouge : le Soho moscovite La boulimie artistique de la capitale aux 400 musées semble sans limite. D’autant que l’offre classique pléthorique se transforme. Le musée Pouchkine, l’une des deux plus grandes collections du pays, s’apprête ainsi à s’étendre sur tout le quartier entourant le Kremlin, devenant une cité muséale avec des salles connectées entre elles par des souterrains. En parallèle, des quartiers artistiques entiers sont sortis de terre.

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Sur l’île Bolotny, au centre de la ville, la zone d’Octobre Rouge – destinée à devenir piétonne - est devenue en une dizaine d’années le Soho moscovite. Les anciennes usines abritent désormais ateliers d’artistes, studios de design et galeries photo. Une centrale électrique de 1904, la GES2, accueille depuis ﬁn 2018, sous une nef de 23 mètres de hauteur et dans ses jardins, un centre d’art contemporain – la fondation VAC dispatché sur deux hectares. La révolution moderniste touche la capitale jusque dans l’assiette. Les restaurants farm-to-table ﬂeurissent un peu partout, et les produits des anciennes républiques de l’URSS – du crabe royal du Kamtchatka aux fromages géorgiens - reprennent du galon. À la table du White Rabbit, le chef star Vladimir Mukhin sert un bortsch revisité. Collision de goûts et d’époques qui révèle un Moscou contemporain, à déguster jour et nuit.

VOYAGEURS DU MONDE Aﬁn de prendre au mieux le pouls de Moscou, conﬁez-vous à notre Like a local. En plus de partager ses meilleures adresses, ce Moscovite vous organisera une visite de la ville selon vos centres d’intérêt : design, archi, gastronomie…

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Flâner autour des Étangs du Patriarche, entre nostalgie romanesque et adresses trendy, faire une pétanque dans le parc Gorky, passer en revue l’avant-garde russe à la nouvelle galerie Tretiakov, voyager dans le temps soviétique au Moscow Design Museum, se mettre en appétit au marché Danilovski, déjeuner au monastère de Vyssoko-Petrovsky tester la cuisine russe moderniste de Vladimir Mukhin au White Rabbit, être invité à un vernissage à la galerie RuArts installée dans une maison particulière du XVIe siècle, dévaliser le grand magasin GUM (1), situé au cœur du Kremlin, suivre un parcours street art avec un graffeur moscovite, explorer l’ancien bunker de Staline, soixante mètres sous terre, admirer les stations de métro (2) Park Koultoury, TaganskaIïa ou Komsomolskaïa, véritables galeries d’art, assister à une représentation et passer dans les coulisses du Bolchoï, puis à sa façon, danser toute la nuit au Propaganda. PLACE TO BE Hôtel National (3) Bijou Art Nouveau à deux pas de la Place Rouge, doublé d’un restaurant réputé : le délectable Dr. Zhivago. Hôtel Baltschug Kempinski (4) Face au Kremlin, une élégance très XIXe, le premier 5 étoiles de l’ère postsoviétique et toujours une pointure de l’hôtellerie. Hotel Metropol Autrefois fréquenté par les puissants et les intellectuels du monde, ce palace rénové reste un exemple d’opulence et de traditions russes.

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L’Anneau d’Or Un chapelet de pépites

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Au nord-est de Moscou, la campagne fertile préserve une part monumentale de la mémoire du pays : d’anciennes cités princières dévoilant des splendeurs d’architecture religieuse du Moyen-Âge.

n publiant en 1967 un premier article sur ces villes médiévales bordées par la Volga et la Kliazma, Yuri Bychkov n’imaginait sans doute pas créer l’une des régions les plus touristiques du pays. Journaliste et historien, il était simplement parti de Moscou à bord de sa Moskvitch, aﬁn d’honorer une commande du Sovietskaïa Kultura, magazine du Parti communiste. Objectif : promouvoir le tourisme dans la ville médiévale de Souzdal, dont les premiers vestiges remontent à l’an 999.

Dès le XIIe siècle, bâtie sur les rives de la rivière Kamenka alors navigable, la ville devint la capitale de la région, sous le règne du prince Yuri Dolgoruky qui ordonna au passage, pour protéger la partie méridionale de l’oblast, la construction d’une ville secondaire : Moscou. La richesse des terres ajoutée à la position stratégique ﬁt alors de Souzdal et sa région une place de première importance. Ainsi, Souzdal fut rapidement considérée comme le centre spirituel du pays, accueillant au ﬁl des siècles pas moins de cinq monastères (dont celui de Saint-Euthyme, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco), trente églises ou chapelles et quatorze citadelles. Un musée à ciel ouvert, collection de coupoles aux bulbes étoilés, kremlins de pierre blanche sculptée, témoins de la Russie pieuse d’antan.

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Peu emballé à l’idée de revenir à Moscou par le même chemin, Bychkov décida alors de prolonger le voyage en passant par les cités voisines, elles aussi frappées par la grâce architecturale, à l’image de Vladimir, centre politique du pays de la moitié du XIIe au début du XIVe siècle, qui compte des chefs-d’œuvre d’architecture religieuse comme la cathédrale de la Dormition. Le journaliste s’octroya ainsi huit villesétapes (Ivanovo, Kostroma, Iaroslavl, Rostov Veliki, Pereslavl-Zalesski, Serguiev Possad) dont il écrivit les richesses sous une série d’articles intitulée “L’Anneau d’or”… Sans évidence géographique, la “boucle de Bychkov” devint en pleine ère Khrouchtchev, un outil de propagande touristique décliné en guide traduit en dix langues, et même en chanson, inspirant les autres villes de la région à créer des Anneaux d’argent et de bronze, sans connaître le même succès. Un demi-siècle plus tard, le fait est que l’escapade circulaire au départ de Moscou reste une occasion en or d’explorer la Russie ancestrale et bucolique.

VOYAGEURS DU MONDE En contact permanent avec leur réseau sur place, nos conseillers Russie peuvent vous planiﬁer des visites personnalisées et vous mettre en contact avec divers spécialistes (historien, architecte, journaliste…).

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Des trains à travers les plaines

Plus longue ligne de chemin de fer du monde, le Transsibérien relie Moscou à Vladivostok en sept jours et passe par sept fuseaux horaires. Une évasion mythique durant laquelle le temps s’étire, laissant place aux rêveries et aux paysages inﬁnis traversés à 60 kilomètres par heure.

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288 kilomètres de territoires conquis sur le vide. La plus longue des voies ferrées du monde, qui chemine à travers les plaines et les steppes de deux continents, a été imaginée par le tsar Alexandre III, qui souhaitait une ligne traversant l’entièreté de son empire. Avant le Transsibérien, deux années étaient nécessaires pour relier Moscou à Vladivostok à cheval ! Le chantier dévora forêts, ﬂeuves, marécages et vies humaines pour devenir la colonne vertébrale de la Russie moderne. Il dura vingt-cinq ans : une épopée à la mesure du pays. Un million de tonnes de rails, 80 000 ouvriers, parmi lesquels des centaines – morts du typhus, de la malaria, de froid ou d’épuisement – sont enterrés sous le ballast. Le train est intimement lié à la conquête de la Sibérie, à l’exploitation de ses ressources (or, minerais et fourrures), à son peuplement : entre 1910 et 1915, le Transsibérien convoite vers la taïga 2,6 millions de candidats à l’émigration. Les villes apparaissent et grandissent sur le tracé du chemin de fer, passant de minuscules bourgades en agglomérations de centaines de milliers d’habitants.

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Voyager en Transsibérien, c’est regarder l’histoire russe à la fenêtre : au long du lent déﬁlé des paysages sibériens, l’empreinte de la conquête, de la Terreur, du goulag. Impossible de se défaire de cet imaginaire. Mais à l’heure de l’aviation triomphante, alors que la Chine et la Russie ambitionnent de créer un train à grande vitesse reliant Moscou à Pékin en vingt-quatre heures, on emprunte le Transsibérien pour éprouver l’indolence du convoi, la somnolence ouatée de la taïga. Une lenteur prodigieuse : (9 000 kilomètres traversés à 60 kilomètres par heure). Une perte de repères : sensation d’espaces sans limites, suspension du temps qui lâche son emprise sur le voyageur. Tout est hors de proportion “Tout fuit, tout glisse, on se dit qu’on est bien ici loin de chez soi, libre provisoirement de toute attache, et que c’est pour ça qu’on voyage”, constate Olivier Rolin, embarqué à bord du Baïkal-Amour (Paulsen, 2017) – à l’est, trois branches secondaires se greffent au corridor du Transsibérien : la ligne Transmandchourienne et la ligne Transmongolienne, qui relient Pékin, via la Mandchourie ou la Mongolie, à Oulan Bator ; et la

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ligne Baïkal-Amour-Magistral (BAM). Le train Rossiya, lui, poursuit sa course vers l’océan Pacifique. Flocons qui volettent. Blanc sur blanc. Au loin, quelques cabanes faites de bois, de bric et de broc. Tout est hors de proportion. Après l’interminable plaine de la Russie européenne, le lac Baïkal, qui contient un cinquième des réserves mondiales d’eau, s’offre à la vue pendant de longues heures. Puis, c’est la taïga, ininterrompue, vide d’hommes. Et les fleuves de l’Orient russe. Deux semaines à bord = deux semaines de repos On passe d’un continent à l’autre, on traverse sept fuseaux horaires sans jamais changer de chambre. Les journées se vivent complètement. Au réveil, après sept heures d’avancée vers l’est, c’est le même panorama que la veille – et l’on se souvient de Joseph Kessel : “La Russie est la terre de l’illimité. Ses plaines n’ont que le ciel pour bornes, ses forêts, la hache les a entamées à peine, ses fleuves géants, à la crue des eaux, s’étalent comme des bras de mer.” Les temps forts sont ceux passés au wagonrestaurant, qui conserve son cachet soviétique, fleurs en plastique et bouquets de serviettes en papier. Aux repas, on se nourrit du paysage qui défile par la fenêtre – plaisir d’un autre temps. On lit, on joue aux échecs, on converse aussi avec ses compagnons de voyage face au grand samovar, où, à bord de chaque voiture, l’eau est chauffée jour et nuit. On songe à la drôle de vie des employés du

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Transsibérien, qui s’affairent sans relâche au confort des passagers : deux semaines à bord – le temps d’une traversée de part en part de la Sibérie, aller-retour –, deux semaines de repos. À Vladivostok, les voies ferrées viennent s’arrêter au bord des eaux du Paciﬁque. On est là plus proche de San Francisco que du Kremlin. Mais l’architecture de la gare est presque identique à celle de Moscou, comme pour souligner que la plus longue voie ferrée au monde ne traverse qu’un seul et même pays. S’est-on seulement déplacé ? Pour Jean Echenoz, “le Transsibérien, c’est une idée. Si tant est que nous voyageons, nous voyageons avant tout dans une idée”. Blaise Cendrars, auteur de l’un des chapitres majeurs de la légende transsibérienne, répondant à ceux qui mettaient en doute la véracité de son voyage, ne disait pas autre chose : “Qu’est-ce que ça peut bien te foutre, si j’ai pris le train, puisque je te l’ai fait prendre ?”

VOYAGEURS DU MONDE La ligne du Transsibérien s’offre à vous, et avec elle plusieurs rames de différents niveaux de confort. À choisir également : aller simple, retour en avion, saison et terminus… Quid du Baïkal en été, de Pékin en automne, quitte à prolonger son séjour en Chine, ou de passer quelques jours en amont à Moscou ?! Nos conseillers sont là pour vous aiguiller.

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La SibĂŠrie

Magie des grands espaces

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Forêts de bouleaux, roches de marbre, toundra, taïga et désert : le territoire le plus vaste de Russie laisse aussi une place magistrale au plus vieux lac du monde, le Baïkal. Plongée aux conﬁns de la Sibérie.

a démesure est telle que les Russes eux-mêmes ignorent où la province débute et où elle prend fin. Passé le versant asiatique de l’Oural, la vaste plaine de la Sibérie occidentale déroule d’infinies étendues de bouleaux. Halte à Krasnoïarsk. Il y a là une spectaculaire géologie – imaginez d’immenses planches de surf minérales plantées dans la forêt. Le barrage hydroélectrique, aux dimensions du fleuve Ienisseï, est apposé sur le billet de dix roubles. À Novossibirsk, qui doit son existence au chemin de fer, la gare est le monument principal. En Sibérie centrale, les bouleaux cèdent la place aux conifères de la taïga. On songe aux hordes tatares, aux ombres du goulag. Mais les isbas colorées donnent du pimpant et dissipent la mélancolie jusqu’à Irkoutsk, capitale de Sibérie orientale, ancienne ville d’aventuriers et d’exilés. “Choudodié Baïkal”, miraculeux Baïkal ! Pour les Russes, son avenir est de devenir une mer. Ce rift de 630 kilomètres de long pour 60 kilomètres de large, plus vieux et plus profond lac du monde, représente à lui seul 20 % du volume mondial d’eau douce. Au marché au poisson de Listvianka, on déguste l’omoul fumé, un salmonidé très présent dans le lac, qui nourrit aussi les esturgeons et le phoque dodu de Sibérie.

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Un peu plus haut, le détroit de la Petite Mer sépare l’île d’Olkhon du continent. Aux beaux jours, les Sibériens s’y baignent dans les criques, abordent aux îles, pêchent le brochet. L’hiver, les eaux transparentes se cristallisent en routes éphémères, laissant apercevoir leur bleu intense sous l’épaisse couche de glace. Forts reliefs, rives sableuses, roches de marbre, taïga, désert : Olkhon fascine. On se trouve là sur l’une des plus vastes îles lacustres de la planète, haut lieu du chamanisme sibérien. Selon les Bouriates, les esprits y auraient élu domicile et le corps de Gengis Khan y serait enterré. Au nord-est de la Sibérie, la Yakoutie incarne la Sibérie de l’imaginaire, celle des températures extrêmes, qui se prolonge dans l’Extrême-Orient russe. À Yakoutsk, le dynamisme moderne contraste avec la simplicité de la vie nomade, celle des éleveurs de chevaux et de rennes, rythmée par les troupeaux et les saisons.

VOYAGEURS DU MONDE Selon la saison, nos conseillers vous aident à sélectionner sur ce vaste territoire, étapes, moyens de locomotion et hébergements les mieux adaptés.

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Le lac Baïkal version hiver, avec une vue sur le Shamanka Rock de l’île d’Olkhon (à gauche), et version été.

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SaintPétersbourg

Longtemps limitée à son statut d’ancienne capitale impériale, Saint-Pétersbourg s’affranchit du classicisme et se révèle dans l’air du temps. Lieux de contre-culture, bars clandestins et espaces créatifs se taillent discrètement une place sur les bords de la Neva. Un chassé-croisé d’époques à explorer allégrement.

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n retrait de l’agitation touristique qui règne sur la perspective Nevski, l’île Vassilievski abrite certains des plus anciens édiﬁces de Saint-Pétersbourg. Depuis sa pointe est, cet îlot relié au centre de la cité impériale offre une vue imprenable sur les joyaux d’architecture situés de l’autre côté de la Neva : l’Amirauté, chef-d’œuvre de classicisme russe, la façade baroque du Palais d’Hiver abritant le célèbre musée de l’Ermitage, et le dôme de la cathédrale Saint-Isaac se dressent ainsi à une enjambée du pont du Palais (lui-même icône touristique, particulièrement lorsqu’il se lève pour laisser libre cours à la navigation). En un kilomètre à peine, la cité tsarine cristallise trois siècles d’histoire russe. Pourtant, à dix minutes de là, toujours sur l’île Vassilievski, Saint-Pétersbourg s’écrit bien au présent : le musée d’art contemporain Erarta affiche une programmation très actuelle, qui dérange parfois jusqu’au Kremlin (cf. l’exposition photographique Role Play de l’artiste française Cécile Plaisance et ses images de mariées enlacées ou de religieuses dénudées). Non loin, face au golfe de Finlande, Port Sevkabel a jeté l’ancre et les bases d’un Saint-Pétersbourg moderne dans une usine désaffectée du XIXe siècle. “Un cluster créatif ”, selon l’appellation locale de ces pépinières de jeunes artistes,

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designers ou artisans, auxquelles se greffent, tables hipsters, barbiers, tatoueurs et autres comptoirs véganes… La tendance germe à tout bout de champ. Ainsi, au sein même de l’Amirauté, érigée dès le XVIIIe siècle selon les plans de Pierre le Grand pour accueillir la construction des navires russes, l’îlot artiﬁciel de New Holland a changé de destination. À la barre, le couple Abramovitch (aujourd’hui divorcé) a œuvré pour faire de ces grands entrepôts un espace culturel où, en été, sont organisés concerts et ateliers. Sur les pelouses se multiplient alors guinguettes et cabanes street-food. En hiver, le lieu se mue en patinoire géante. Moulures XVIIIe et food trucks Le fait est indéniable, “Piter” connaît une nouvelle révolution culturelle. Exemple sur la rive de la Fontanka opposée à celle du Bolchoï, où certaines façades néoclassiques masquent désormais l’épicentre de la créativité 2.0. Derrière des portes sans enseigne, au fond de cours carrées oubliées ou d’estaminets laissés dans leurs jus, se cachent cantines bohèmes, cafés trendy, et labels indépendants. Au numéro 20 du quai, réparti dans les étages d’un hôtel particulier du XVIIIe siècle dans lequel, selon la rumeur, Alexandre Pouchkine aurait écrit Ode à la liberté (1917), le Golitsyn Loft développe un modèle du genre. Sous les moulures, l’adresse réunit une centaine de lieux créatifs,

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Parlons de toits Les façons d’explorer Saint-Pétersbourg sont nombreuses. Par ses musées, ses cours intérieurs, ses canaux… L’une d’elles, réservée aux cœurs bien accrochés, consiste à prendre de la hauteur et à découvrir la ville par ses toits. Depuis la moitié du XIXe siècle, la hauteur maximale des édiﬁces est limitée à celle du Palais d’Hiver (environ 25 mètres), à l’exception des églises – et dorénavant du Lakhta Center (la plus haute tour d’Europe située en périphérie et culminant à 462 mètres). Ainsi, se percher offre une vue panoramique des bâtiments emblématiques. Longtemps illégal, ce type de promenade aérienne (évitez les talons aiguilles, pensez aux jumelles) est désormais autorisé et orchestré par des spécialistes. Un bon échauffement consiste à gravir les 262 marches de la colonnade du dôme principal de la cathédrale Saint-Isaac, avant de gravir des sommets plus conﬁdentiels et d’apprécier la ville sous un nouvel angle.

Sur la Perspective Nevski, l’immeuble Singer, connu aussi sous le nom de Maison du Livre, est remarquable notamment pour sa tour aérienne surmontée d’un globe en verre.

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Douceur de vivre sur l’île de la Nouvelle-Hollande. L'un des dômes de la cathédrale Saint-Sauveur.

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Sur le site du Street Art Museum.

Le goût du voyage Cuisine locale Les années d’embargo sur les produits alimentaires (de l’UE) ont attisé la créativité de nombreux chefs. Au L.Brik ou au Cococo, on travaille les ingrédients locaux de manière originale et contemporaine.

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L’Ermitage en privé Rendez-vous culturel incontournable, ce temple de l’art mérite plus d’une visite. Vos entrées, réservées en amont par nos soins, vous donnent accès au lieu une heure avant l’ouverture. Un guide francophone vous accompagne.

Venise du Nord

Côté Green

Les 342 ponts racontent l’histoire de la cité impériale. Celui du Palace, iconique pont à bascule, est un spectacle dont le mouvement suscite l’émotion depuis plus d’un siècle. À observer lors d’une croisière sur les canaux.

Rarement suggéré, l’un des attraits de Saint-Pétersbourg réside dans la nature qui borde ses alentours. Les plages du Golfe de Finlande et le lac Ladoga en été, la Carélie en hiver sont autant de belles alternatives à l’escapade urbaine.

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Entre les murs du Loft Project Etagi se succèdent Van Gogh, les robots japonais de Shichigoro, les festivals de poésie ou de start-ups.

un espace de coworking, une auberge de jeunesse et, dans la cour, une douzaine de food trucks. Toujours plus au centre, la place Vosstaniya héberge l’un de ces lieux pionniers. Ancienne fabrique de pains, le Loft Project Etagi abrite sur cinq étages, entre les anciennes cuves, les piliers de béton et les planchers en fonte, l’un des plus grands espaces d’exposition de la ville et aussi son plus beau rooftop. Entre les murs de ce hub cross-culture se succèdent Van Gogh, les robots japonais de Shichigoro, les festivals de poésie ou de start-ups… Connectée à son époque L’éclectisme aurait de quoi faire sourire l’Ermitage. Du haut de ses 250 ans, six hectares d’expositions et trois millions d’œuvres, cette merveille d’architecture, profusion de chefs-d’œuvre de l’art classique (Michel-Ange, De Vinci, Le Titien, Rembrandt, Rubens, Van Dyck…), mérite à elle seule le voyage. Pour autant, l’emblématique musée ne dénigre plus l’art contemporain. Inaugurée en 2012, l’aile de l’état-major de la Garde Impériale lui est entièrement dédiée. L’indéboulonnable Mikhaïl Piotrovsky, directeur des lieux, tient à ouvrir les portes

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du musée aux artistes actuels, quitte à susciter parfois le scandale (comme en 2017, avec les dépouilles d’animaux de Jan Fabre). Fidèle à son statut de capitale culturelle, Saint-Pétersbourg expérimente toutes les formes d’art et lève les barrières des genres. Il en va ainsi au théâtre Mariinsky, lieu majeur de l’opéra et du ballet classique depuis deux siècles qui, sous la baguette de Valeri Guerguiev, dédie sa récente salle du Mariinsky II à un répertoire très contemporain. Même constat au théâtre Alexandrinski, temple du théâtre russe où déjà, en 1896, La Mouette de Tchekhov ﬁt scandale. Sur sa nouvelle scène, située à quelques pas de là, des projections 5D ont lieu. Version futuriste d’un art ancestral livrée par le plus ancien théâtre de la ville : le symbole d’un Saint-Pétersbourg déﬁnitivement connecté à son époque.

VOYAGEURS DU MONDE Nos conseillers vous proposent des découvertes personnalisées : approche culturelle et trendy, balade par les toits ou sur les pas de Dostoïevski… la ville n’a pas de limite !

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Faire de beaux rêves dans un palace relifté en hôtel design, respirer sur les quais de la Fontanka, s’inspirer au Golitsyn Loft (1), avant un déjeuner vegan, refaire son vestiaire grâce aux tout nouveaux créateurs du Centre, célébrer la nouvelle garde de l’art contemporain russe à l’Erarta, et du design au Loft Project Etagi (2), puis croiser Koons, Basquiat, mais aussi Picasso et Beuys au Musée russe, à moins de renouveler votre visite à l’Ermitage (3), être reçu à l’heure du thé (ou de la vodka) dans une famille pétersbourgeoise et échanger sur la vie locale… En hiver, patiner sur l’îlot de la Nouvelle-Hollande (4), privatiser une chapelle pour assister à des chants orthodoxes, aux répétitions dans une école de ballet, rencontrer un écrivain, goûter à l’atmosphère minimaliste et la cuisine du chef arménien Eduard Muradyan, siroter des créations mixologistes dans un ancien appartement (le Kreutz Flat, 5), ou trouver l’entrée d’un speakeasy (inspiré des bars clandestins) et s’approprier la nuit, comme au Kabinet Bar (6)… PLACE TO BE Hotel Astoria (7) Adresse mythique née en 1912 et ressuscitée au XXIe siècle par Rocco Forte. Belmond Grand Hotel Europe (8) Palace indissociable de l’histoire de la cité, réputé pour son design intérieur et son bar à caviar. Hotel Angleterre Au cœur de la ville, un style unique, des chambres à l’esprit contemporain logées dans un écrin baroque.

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BACK TO USSR L’ère du vintage suprême

Meubles, luminaires et objets des années 1920 à 1980 connaissent un retour en grâce. Du style impérial stalinien au constructivisme, le design soviétique enﬂamme collectionneurs et musées, quand il n’inspire pas les créateurs et nos intérieurs.

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Fauteuil marqué de l’étoile communiste de la collection de l’avocat Alexander Dobrovinsky.

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L’appareil photo Zenit-E, l’accessoire indispensable des hipsters russes.

Bibliothèque en chêne 1938, portrait de Mikhaïl Kalinine, président de l’Union soviétique de 1919 à 1946, bureaux et chaises sculptés… : pièces rares et style imposant des bâtisseurs du communisme.

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l fut une époque où les caves et les greniers, parfois même les poubelles, débordaient de ces objets du quotidien – mobilier, vaisselle, électroménager, articles de sport et jouets d’enfants – produits durant l’ère soviétique et mis au rebut à la fin des années 1990, après l’effondrement de l’URSS. Une façon supplémentaire d’enterrer les vieux démons. Imaginez alors la stupeur lorsque l’historienne du design Alexandra Sankova, trentenaire diplômée de l’académie d’Art et d’Industrie Stroganov, décide de collecter ces reliques à travers tout le territoire. “Quand j’ai commencé, mon père était horrifié : ‘On a jeté tout ça, et toi tu rapportes tout’”, confiaitelle au journal Le Monde en octobre 2018. Sans aucun cynisme, la jeune femme entend pourtant recomposer une page d’histoire soviétique souvent effacée de la mémoire collective. “Certains musées européens possédaient quelques pièces, mais en Russie, rien n’avait été compilé, rapporte-t-elle. À chaque nouvelle ère politique, notre nation avait tendance à faire table rase du passé.” Trois cents objets plus tard, en 2012, Alexandra Sankova cofonde et dirige le Musée du Design à Moscou, un projet éducatif itinérant à travers la ville, doublé de multiples expositions en Russie, mais aussi à Berlin, Londres, Bruxelles. Travail de fourmi, enrichi régulièrement de collections personnelles afin de mieux retracer la grande histoire du design (mot interdit jusqu’à la fin de la Perestroïka) en URSS, de 1917 à nos jours. Les spécialistes – historiens, curateurs et collectionneurs -, de plus en plus nombreux à s’intéres-

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ser à ces objets, distinguent trois grandes périodes : le constructivisme des années 1920-1930, la période soviétique de 1950 à 1980 et le design contemporain de 1990 à nos jours. Mobilier disparu et bâtiments abandonnés À Moscou, la galerie Heritage, désormais habituée des grandes messes du design, de Miami à Basel, expose des pièces rares. Là, une bibliothèque en chêne de 1938, gravée de la faucille et d’épis de blé, ornée du portrait du président de l’époque, Mikhaïl Kalinine. Un exemple parmi d’autres – chaises, tables et canapés – réalisés par le sculpteur Igor Krestovski pour la maison-commune Pain du Communiste de Smolensk. Un style imposant, développé avec la ferme volonté d’instaurer le sentiment de fierté des bâtisseurs du communisme. Ce virage idéologique signe le glas de l’avant-garde russe des années 1920, pensé notamment dans les Ateliers supérieurs artistiques et techniques de Moscou, les Vkhoutemas, selon le souhait de Lénine d’industrialiser la création. À la fin des années 1920, apparaissent également les clubs ouvriers – des centres communautaires éducatifs et de propagande – commandés à l’architecte phare du constructivisme, Constantin Melnikov. Aujourd’hui, les collectionneurs recherchent frénétiquement le mobilier de ces ateliers qui, à leur grand désespoir, a majoritairement disparu avec les lieux de cette période. La Maison du gouvernement, construite face au Kremlin en 1931 afin d’accueillir les fonctionnaires rapatriés de Saint-Pétersbourg, en est un autre exemple. L’agencement

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Le transistor Spidola, la machine à coudre Tula, l’appareil photo Zenit-E sont parmi les objets cultes présentés par le Musée du Design de Moscou.

intérieur réalisé par l’architecte Boris Iofan fut purement abandonné avec l’immeuble lors des grandes purges staliniennes qui envoyèrent ses occupants au goulag. Réhabilités à la ﬁn de la Perestroïka, les appartements furent vidés de leurs meubles par les nouveaux propriétaires, pressés de se débarrasser de ces mauvais souvenirs. En 1955, Khrouchtchev engage “l’élimination des excès de la construction” et transforme l’habitat en imposant les “khrouchtchevki”. Ces logements de masse exigus obligent à repenser le design des meubles (ceux d’avant-guerre ne tenant pas dans les pièces). Exit le bois massif : ses dérivés, associés au métal, au plastique et au tissu, prennent les commandes d’un nouveau style, inspiré du constructivisme mais ramenés à l’échelle humaine. Les pieds de lampes s’affinent, les canapés s’allègent, la sobriété reste de mise et rappelle parfois celle des voisins scandinaves à la même époque. En parallèle, les “artistes-constructeurs” désignés par l’État créent des objets simples et à faible coût de production destinés à alimenter un marché de masse. Un marché vintage ﬂorissant Parmi les objets cultes présentés par le Musée du Design (et réunis dans un livre, Made in URSS, disponible en français aux éditions Phaïdon) : le transistor Spidola d’Adolf Irbitis (un succès tel que la marque désignera l’objet), la machine à coudre Tula, inspirée d’un modèle allemand ; l’aspirateur Sputnik (qui mutera en Saturn), symbole de la conquête spatiale, ou encore l’appareil photo Zenit-E, produit à plus de 8 millions d’exemplaires dans les années 1960, devenu quarante ans plus tard, l’accessoire indispensable de tous les hipsters russes.

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Loin d’être une hype phénomène, le retour en grâce du design russe, quelle que soit la période, connaît une ampleur grandissante. Célèbre avocat moscovite, Alexander Dobrovinsky conﬁrme avec vingt-deux collections et 40 000 pièces. Parmi elles : un tapis de 1924 à l’effigie de Lénine, une écritoire ayant appartenu à Staline, des fauteuils marqués de l’étoile communiste, un bar en aluminium dessiné par Alexandre Rodtchenko, l’un des papes de l’avant-garde et de la propagande. Le bureau de Dobrovinsky est une mine. Ses plus précieuses collections ? Ses 500 affiches de cinéma et de propagande commerciale des années 1920-30 (certaines réalisées par Vassily Kandinsky), mais, surtout, un ensemble de laques rouges enviées par des acheteurs prêts à débourser 30 millions d’euros, soit trente fois leur valeur d’achat. Le cours du design soviétique est sur orbite. Libérés du poids de l’histoire et de ses fantômes, estimés pour leurs pures qualités esthétiques sans considérations politiques, ces objets connaissent une deuxième vie. Plus globalement, les initiatives comme celle d’Alexandra Sankova ont donné envie à une génération qui n’a pas connu les traumatismes du régime d’étudier la discipline et de la conjuguer au présent. Le design russe vintage a de l’avenir.

VOYAGEURS DU MONDE À Moscou comme à Saint-Pétersbourg, notre service conciergerie se tient à disposition pour vous ouvrir les portes de la ville, organiser une rencontre, négocier et gérer l’acheminement d’un objet sur lequel vous auriez craqué…

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La machine à coudre vintage : une pièce très prisée (ici le modèle Volga).

L’avocat Alexander Dobrovinsky détient 40 000 objets, dont ce tapis de 1924 à l’effigie de Lénine (à droite).

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focus volga et carélie

Volga et Carélie

Sur des eaux bénies

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focus volga et carélie

Voguer sur la Volga : quel meilleur moyen pour remonter le cours d’une Russie ancestrale ? Pour parfaire cette approche, explorer la Carélie et ses 60 000 lacs. Au ﬁl de l’eau : des villes prospères, des immensités vierges et des églises en bois.

orsqu’à son embouchure, sur la mer Caspienne, Astrakhan voit éclore les premiers nénuphars, les collines de Valdai où elle prend sa source perdent à peine leur manteau blanc. Une différence de climat qui s’explique par les 3 700 kilomètres qui séparent la source et le delta du plus long fleuve d’Europe. Depuis l’Antiquité, “Matouchka Volga”, la “Petite Mère Volga” comme le pays aime encore la surnommer, nourrit le réel et l’imaginaire russe. Fouettée par Ivan le Terrible, enragé qu’un fleuve puisse oser mettre en ballottage la reconquête de Kazan face aux Mongols, louée par Pouchkine et tant d’autres maîtres de la littérature, de la peinture, de la musique, la Volga a façonné l’histoire de la Russie et avec elle de tout un continent. Voie commerciale majeure dès l’Antiquité, le fleuve a vu transiter entre l’Europe du Nord et l’Asie moult richesses, emmenées par des peuples nomades (dans le sillage des Vikings détroussant les galions arabes de leurs cargaisons d’ivoire et d’ambre). D’autres, suite aux grandes migrations – finnoise, avare, slave, bulgare, mongole, tatare – installèrent sur ses rives des villes

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florissantes. Le cours supérieur offre ainsi quelques chefs-d’œuvre architecturaux. Ouglitch, bâtie au Xe siècle, et Iaroslavl, iconique cité religieuse, s’abordent au départ de Moscou grâce à l’ouverture d’un canal, il y a moins d’un siècle. Une croisière mémorable qui alterne pure nature et culture, avec pour escale finale Saint-Pétersbourg. De là, il est possible de prolonger son voyage (via Petrozavodsk, en train) en filant vers la Carélie et ses lacs, notamment l’Onega sur lequel se trouve l’île de Kiji, célèbre pour ses tours et ses coupoles d’églises en bois. La construction du plus ancien édifice (l’église de la Résurrection de Lazare) remonterait à la fin du XIVe siècle. À ce titre, l’île sacrée du Grand Nord russe a obtenu le statut de musée national d’architecture et d’histoire en 1966 et est classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1990. La visite en traîneau à chiens et motoneige s’impose.

VOYAGEURS DU MONDE Consultez votre spécialiste Russie pour connaître les dates des croisières. L’occasion aussi d’échanger sur vos étapes à Moscou et Saint-Pétersbourg.

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TSARS pop culture

SYSTEM

Femme astronaute, mystique inﬂuent, poétesse résistante, danseur étoile ou espionne instagrameuse… Des ﬁgures puissantes et inattendues qui font aussi tout le charme de la Russie.

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Mikhaïl Gorbatchev (1931- ) 1985, Gorbatchev, premier secrétaire du PCUS, tente un coup pour remettre l’URSS en selle : la Glasnost. Raté. Le régime a désormais les moyens de sa décomposition et il perd des pièces en grand nombre. Valentina Terechkova (1937- ) Certes, il y a eu Youri Gagarine. Mais, du 16 au 19 juin 1963, Valentina Terechkova a été la première femme à voyager seule en orbite à bord du Vostok 6.

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Natalia Vodianova (1982- ) Un conte de fées sur papier glacé… L’une des plus grandes carrières de top, également comédienne, femme d’affaires et mère de cinq enfants. Rien ne lui résiste. Igor Stravinsky (1882-1971) De la Russie des tsars à New York, du Sacre du printemps au néoclassicisme, l’itinéraire de ce compositeur immense a donné des élans et des perplexités du XXe siècle une version musicale intelligente.

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Alina Zagitova (2002- ) La Russie n’a pas son pareil pour lancer sur la glace de bondissants petits lutins. Le dernier en date s’appelle Alina Zagitova, et c’est un cador : championne du monde de patinage artistique 2019.

Grigori Raspoutine (1869-1916) De sa Sibérie natale à l’oreille de la tsarine Alexandra, épouse de Nicolas II de Russie l’itinéraire de Raspoutine, mystique populaire et intrigant, a stupéﬁé, fasciné… et scandalisé aussi l’entourage du tsar, qui a revolvérisé l’importun en 1916.

Rudolf Noureev (1938-1993) En juin 1961, la défection à Paris du danseur étoile Rudolf Noureev plonge la patrie du socialisme dans la consternation : le pays conservait de très bons danseurs, mais le génie s’était envolé…

Maria Sharapova (1987- ) Elle a imposé la Russie sur le circuit féminin de tennis en remportant en simple les quatre tournois du Grand Chelem, avant de tomber sur un os : Serena Williams.

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pop culture

Anna Chapman (1982- ) À ceux qui croyaient que la ﬁn de l’URSS serait aussi celle des coups tordus, Anna Chapman devait apporter un démenti. Espionne pour le compte de la Russie arrêtée en 2010, elle est désormais une instagrameuse successful. Garr y Kasparov (1963- ) L’époque peut être cruelle : Garry Kasparov, pensionnaire légitime du panthéon des échecs, a été battu par l’ordinateur Deep Blue, et défait en politique par Vladimir Poutine. Il méritait un autre destin.

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Vladimir Nabokov (1899-1977) L’un de ces esprits russes que la Révolution a voué au libre cosmopolitisme. Entomologiste, joueur d’échecs de valeur et problémiste, il est l’auteur d’une œuvre littéraire à tiroirs. Lolita, c’est lui ? Oui. Anna Akhmatova (1889-1966) Lorsque Joseph Staline ﬁt interdire la publication des œuvres de la poétesse Anna Akhmatova, il avait à la fois raison – ces textes le condamnaient – et tort – ils n’étaient pas bourgeois, mais universellement russes.

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Ukraine

Lviv, Odessa, Kiev : un triptyque idéal pour découvrir l’Ukraine. Trois cités riches de leur histoire pour raconter un seul et même présent. Celui d’un vaste territoire longtemps sous tutelle russe aujourd’hui nourri d’inﬂuences occidentales.

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Le Théâtre national académique d’opéra et de ballet d’Odessa.

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ukraine

Le goût du voyage Dakh Daughters

Varenyky

Tchernoziom

Pirojki

À divers titres, les Ukrainiennes auront marqué l’histoire européenne récente. Ces sept musiciennes bousculent les canons des musiques traditionnelles du pays et chantent Joseph Brodsky et William Shakespeare.

Chaque foyer tient de ses ancêtres cette recette qui fait la ﬁerté familiale. Salés ou sucrés, ces gros raviolis sont servis avec des oignons dorés ou une crème aigre.

C’est la terre noire, riche en humus, dont de vastes étendues ont fait de l’Ukraine un grenier à céréales et un enjeu d’importance. Pour le meilleur. Et pour le pire, comme lors de la Holodomor, grande famine de 1932-33.

Pour grignoter, ces petits chaussons fourrés à la viande, au fromage ou aux légumes, dont l’apparition signale l’Europe orientale, sont un encas idéal.

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viv l’élégante Et si le train était la meilleure façon d’arriver en Ukraine ? Par la gare centrale de Lviv, par exemple, ville impériale et royale, marquée par un héritage polonais et austro-hongrois. L’ancienne capitale de la Galicie a gardé de cette histoire une atmosphère singulière. Des églises en pagaille, pour toutes les confessions – celle des Arméniens, avec son décor Art Nouveau, est spectaculaire ; un “corso”, artère indispensable à la sociabilité sous l’empereur FrançoisJoseph Ier ; ou encore le Grand Théâtre, sorti de l’esprit du Polonais Zygmunt Gorgolewski, directeur de l’école supérieure des Arts et de l’Industrie, à la fin du XIXe siècle, lorsque la ville s’appelait encore Lemberg, la dotant d’une scène de niveau international. Dans l’incontournable restaurant de la famille Baczewski, qui fonda en 1782 la première usine de production à échelle mondiale de vodka, la nostalgie Mitteleuropa de la fin du XIXe siècle perdure. On y croise les fantômes de Joseph Roth, l’auteur du chef-d’œuvre La Marche de Radetzky (1932) ; celui de Leopold von SacherMasoch (La Vénus à la fourrure, 1870) ou encore de l’artiste et critique littéraire Bruno Schulz. Au fil du temps, la ville s’est taillé une belle réputation en matière de restaurants, bars et salons de thé originaux, décalés, voire même exotiques. La place du marché,

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ou place du Rynok, regorge d’adresses gastronomiques indispensables, comme le Lviv Coffee Manufacture, où décoration, café et chocolat, enfoncent le clou… viennois. Odessa : la ville-plage Pour changer d’atmosphère, direction Odessa et la mer Noire (à environ quatre heures de vol depuis Lviv). En haut de l’escalier monumental sur lequel Sergueï Eisenstein a tourné une scène fameuse du Cuirassé Potemkine, se trouve la statue du premier gouverneur de la ville, de 1803 à 1814, le Français Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu. À se promener ici, on constate cette fois l’empreinte russe dans la conception et l’architecture, dans la rémanence de CasseNoisette (le ballet de Tchaïkovski, 1892) sur les scènes municipales… Plus proche de nous, on se souvient que Joann Sfar avait choisi de situer une bonne partie de sa BD Klezmer (cinq tomes, 2006-2014) à Odessa… Une œuvre de circonstance, donc, à lire sur la plage – où les bains de mer se font dans une sympathique cohue, entre promiscuité et dégustation de pirojki, que l’on peut acheter un peu partout à Odessa. Idem pour le café ! Odessa voue une véritable passion à la culture du café. Les baristas rivalisent d’audace et leurs latte macchiatto n’ont rien à envier à ceux dégustés en Italie ou dans tout autre capitale répondant à la tendance…

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ukraine

Vue sur la ville de Lviv depuis l’Astoria Hotel.

Kiev : millénaire et résistante Des rails encore mènent à Kiev. De la Rus’ (berceau de la Russie actuelle et de l’Ukraine) qui, aux Xe et XIe siècles, s’étendait de la Baltique à la mer Noire, aux mouvements enflammés de la révolution du Maïdan, place de l’Indépendance, une partie de l’histoire ukrainienne s’est jouée ici. On flâne alors sur les rives du Dniepr qui se transforment l’été venu en plages animées. On croise les palais de l’époque impériale, diverses réalisations soviétiques et les grands compounds religieux construits sous Iaroslav le Sage (978-1054) : la cathédrale Sainte-Sophie et la laure des Grottes. La première, baroquisée au XVIIIe siècle, désormais muséifiée, possède encore de splendides fresques et mosaïques médiévales. Des moines venus du mont Athos ont fondé la laure – monastère où l’on mène une vie entre cénobitisme et érémitisme. Ville au patrimoine historique fort, Kiev n’en est pas moins moderne et chaleureuse. Les quartiers de Podil

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ou Pechersk, dans le centre-ville, concentrent les meilleurs restaurants, les attractions culturelles et les bâtiments à l’architecture post-soviétique. Depuis quelques années, Kiev, tel un nouveau Berlin, développe une urbanité trendy, street art, à la vie nocturne plus ou moins underground… Rue Reitarska, l’une des plus hype, on shoppe des pièces streetwear et on dîne chez Zigzag. Comme Odessa, la ville regorge aussi de nombreux coffee-shops (Kashtan Coffee, 16.coffee, Right Coffee Bar…). Un coup de jeune bienvenu pour “la mère de toutes les villes russes”.

VOYAGEURS DU MONDE À Lviv, Odessa et Kiev, nous vous offrons de passer en revue les incontournables avec un Like a local. À tester : une visite personnalisée de Kiev dans les pas d’un(e) habitant(e). Et toujours, un service de conciergerie disponible à tout instant.

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In the mood Kiev jongle entre les cathédrales du Xe siècle et les musées d’art contemporain, à voir notamment : le prolifique Pinchuk Art Centre, avant de déambuler dans le quartier historique de Podil, en pleine mutation. Là, au milieu des cafés, galeries et clubs trendy, se trouve une bulle de calme : le jardin Samosad, potager urbain planté sur un ancien terrain vague où germent désormais fleurs, légumes et événements culturels. Ce quartier marque aussi un bon point de départ pour une balade au fil du street art. Des fresques murales engagées, réalisées suite à la Révolution orange de 2004, par des artistes ukrainiens et internationaux. Plus traditionnelle, Lviv séduit par son patrimoine architectural médiéval, n’hésitez pas à prendre un peu de hauteur sur la colline High Castle, le meilleur point de vue sur la ville, mais aussi à flâner dans le cimetière Lychakiv (le PèreLachaise parisien). Odessa aime la culture plage, celle du café et des foodies, mais aussi la culture avec un grand C. Entre un bain de soleil à Lanzheron, un machiatto et macarons sur Derybasivska, filez vers le quartier juif et son musée Migdal-Shorashim. Les chineurs ont rendez-vous au bazar du 7th Kilometer et les fêtards sur la plage d’Arkadia. PLACE TO BE Hotel Leopolis Une atmosphère XVIIIe revisitée, the place to stay à Lviv. Khreschatyk Belle situation au centre de Kiev et style agréablement contemporain. Londonskaya Le palace historique d’Odessa a fait peau neuve sans perdre son charme Nouvelle Russie.

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renouveau

TCHERNOBYL RETOUR À LA VIE

En 1986, la catastrophe nucléaire a ﬁgé Pripiat et ses alentours à jamais. Mais la ville, spectrale et d’une étrange beauté, se laisse redécouvrir lors de visites guidées à l’innocuité absolue.

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renouveau

a ville de Tchernobyl compte environ un millier d’habitants, et se trouve à l’intérieur du périmètre de sécurité de trente kilomètres établi autour de la centrale nucléaire Vladimir-Ilitch-Lénine, toute proche de Pripiat. Depuis le 26 avril 1986, date de la catastrophe, on parle donc de la “centrale de Tchernobyl”. De fait, la requête “Tchernobyl” dans un moteur de recherche donne des images post-cataclysme de Pripiat, ville nouvelle construite pour la centrale au début des années 1970. La population y était plutôt bien lotie : piscines, théâtre, écoles, magasins et services, l’atome améliorait le niveau de vie de près de 50 000 citoyens soviétiques. Les photos d’alors oscillent entre idylle bucolique et émulation technique… Dans La Supplication, Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature en 2015, a fait la chronique bouleversante de la catastrophe – ce livre est sûrement le plus essentiel monument élevé à l’héroïsme des pompiers engagés comme à mains nues dans la bataille. Un voyage à haute réflexivité À l’intérieur de la zone d’exclusion, on ne réside, en principe et sous surveillance, que si l’on est requis pour le service du site nucléaire, dont le réacteur 4 et son sarcophage sont confinés depuis 2016 sous une arche de métal. L’accident a vidé les lieux et les a figés dans un délabrement encore évocateur de la vie d’avant – avant la fusion et avant la fin de l’Union soviétique. Pour diverses raisons toutefois, le secteur attire des aventuriers de la radioactivité qui s’installent dans le périmètre interdit. D’autres n’ont jamais voulu quitter leur

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maison… Des animaux aussi sont revenus. L’optimisme qu’a suscité ce retour doit sans doute être tempéré : il n’y a pas d’innocuité à une exposition prolongée aux radiations. Cependant, en se pliant à des protocoles de sécurité drastiques, il est possible de se rendre à Pripiat. Des visites y sont désormais organisées. À parcourir ces places, ces avenues, ces halls, ces pièces, les fantômes du passé ressurgissent. Et c’est une étrange beauté qui se dégage de ces lieux. Mais bien au-delà d’une curiosité malsaine, on vient ici pour comprendre et réﬂéchir, notamment sur le changement d’échelle des accidents industriels. Une réﬂexion qui peut être menée de la plus inattendue des façons, comme en décembre 2018, lors d’une rave party sur la place principale de Pripiat. Sous des écrans où était projeté le prophétique Stalker d’Andreï Tarkovski, le promoteur de la fête et artiste ukrainien Valeri Korchounov souhaitait sensibiliser les gens sur les enjeux de l’information en lien avec ce type de catastrophe à portée mondiale (après avoir assuré la sécurité et distribuer des tenues de protection aux participants). Quelque trente années ont passé… La vie reprend à peine et lentement ses droits dans la zone d’exclusion : le retour de la végétation, des animaux, la présence des employés de la centrale, l’organisation de visites et d’un premier événement culturel… Des marqueurs d’un présent, et surtout d’un avenir encore à écrire.

VOYAGEURS DU MONDE Nos spécialistes Ukraine vous proposent une visite de la zone d’exclusion avec un expert. Une découverte attentive qui permet de comprendre et ne pas oublier.

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l’usage du monde

DO YOU SPEAK

russe ou ukrainien ? Dix choses à savoir pour que votre venue en Russie et/ou en Ukraine soit des plus chaleureuses.

D’Ukraine, rapportez des

PYSSANKI Ces œufs cuits et peints agissent comme des porte-bonheur

Pour vous puriﬁer, prenez un

BANIA Le bain russe traditionnel à vapeur chaude et humide

BISE On ne se fait pas la

Surtout au début, lorsqu’on ne connaît pas son interlocuteur

Indispensable pour se réchauffer,

BOIRE DU THÉ

est aussi un moment de convivialité

Été comme hiver, on ôte

SES CHAUSSURES à la maison

En l’effeuillant comme la marguerite,

LE BRIN DE MUGUET prédit l’avenir (“mon vœu se réalisera… bientôt, dans longtemps, jamais”

Au XVe siècle, de l’alcool à base de blé appelé “eau de pain” a ﬁni par donner naissance à la

Pour admirer chaque œuvre de

VODKA L ERMITAGE Le mot vient du russe “voda” (“eau”)

La salade

pendant une minute, prévoyez huit ans

OLIVIER MATRIOCHKA

est la préférée des Russes et des Ukrainiens. Patates, œufs, dés de légumes et beaucoup de mayonnaise !

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Poupée gigogne multicolore incontournable, la

vient du Japon ! C’est le peintre Sergueï Malioutine qui en a créé une version russe à la ﬁn des années 1890

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Les Cités des Voyageurs Paris IIe

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19, rue de la Rôtisserie +41 (0)22 518 04 94

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16, boulevard Gambetta +33 (0)4 76 85 95 90

Lausanne

Rue-de-Bourg, 6 +41 (0)22 518 04 94

Lille

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Montpellier

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Montréal

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First Floor 111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL) +44 (0)20 7978 7333

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Lyon II

26, rue des Marchands +33 (0)5 34 31 72 72

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