Tomato production in the Savanna region, Togo: livelihood analysis and chain analysis (2007)

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Le développement de la filière tomate

© Marc Goldchstein

La région des Savanes au Nord Togo

VECO West Africa

Avril 2007


1. CONTEXTE ECONOMIQUE GENERAL AU NIVEAU DU TOGO Le Togo est un pays d’Afrique de l’Ouest qui couvre une superficie de 56 600 Km2. Il s’étire sur une bande étroite d’une longueur de près de 700 kilomètres (km) entre l’Océan Atlantique au Sud et le Burkina Faso au Nord et d’une largueur variant de 50 km à 150 km, entre la République du Bénin à l’Est et la République du Ghana à l’Ouest. La population togolaise est estimée à 5 millions environ d’habitants en 2003 et le taux d’accroissement moyen annuel est de 2,4%. La densité de la 2 2 population est passée de 34 habitants au km en 1970 à 87 habitants au km en 2003 et la population urbaine représentait 37% de la population totale en 2000 contre 63% pour la population rurale (source, Direction Générale de la statistique). Le Togo est administrativement subdivisé en 5 régions elles mêmes subdivisées en préfectures, communes, cantons et villages. La loi N° 98-006 portant Décentralisation confère à chaque collectivité territoriale (région, préfecture, sous-préfecture et commune) la personnalité morale et l’autonomie financière; toutefois, en l’absence du décret d’application de la dite loi, les collectivités locales ne parviennent pas à assurer pleinement leur mission. L’économie du Togo est basée essentiellement sur l’agriculture et l’exploitation des ressources minières représentées notamment par le phosphate et le clinker. Les principales sources de recettes d’exportation du Togo en 2001 sont le ciment (17,1%), le coton (14,1%), le phosphate (12,9%), le café (2,2%) et le cacao (1,4%). La situation des finances publiques en fin Septembre 2003, révèle que les recettes de l’Etat s’élèvent à 119,7 milliards de F.CFA dont 112,4 milliards de recettes fiscales, les dépenses courantes de l’Etat à 86,6 milliards de F.CFA et les investissements à 4,7 milliards de F.CFA (pour une prévision de 31,4 milliards) dont 4,3 milliards sur ressources externes. L’encours de la dette extérieure déboursée est estimé au 31 décembre 2002 à 890, 3 milliards de F.CFA., soit une baisse de 6% par rapport à fin 2001. Le Produit Intérieur Brut (PIB) en francs courants est passé de 769 milliards de francs CFA en 1995 à 1 076 milliards de francs CFA en 2003, soit un accroissement annuel de 4,3%; sa structure en 2003 se présente ainsi: secteur primaire (37,8%), secteur secondaire (19,2%), secteur tertiaire marchand (26,0%), autres: valeur ajoutée brute non marchande, TVA, droits et taxes à l’importation (17%). Le taux de croissance du PIB réel (en francs constants) est de 1,2% en moyenne sur la période 19972003. Ce faible taux de croissance n’est pas suffisant pour faire reculer la pauvreté, au regard du taux de croissance démographique estimé à 2,4% par an. Le PIB réel par habitant a donc diminué de 1,2% en moyenne sur la période 1997-2003. Compte tenu des incertitudes politiques pesant sur le pays et des difficultés de trésorerie de l’Etat qui se sont traduites notamment par l’accumulation des arriérés de paiements, la croissance économique au cours de la période a reposé essentiellement sur le secteur primaire et les unités sidérurgiques, ainsi que les cimenteries qui exportent une partie de leur production vers le marché sous-régional. Les contraintes qui pèsent sur le secteur réel de l’économie proviennent notamment de la suspension de la coopération financière avec l’Union Européenne (UE) depuis 1993 et le Fonds Monétaire International (FMI) depuis 1998. La politique économique du Togo a connu des réformes structurelles au cours des années 1990 avec l’assistance financière et technique de la Banque Mondiale (BM), lesquelles se sont poursuivies au début des années 2000 dans le cadre du programme intérimaire renforcé conclu avec le FMI. Ces réformes ont permis à l’Etat de se désengager totalement des secteurs productifs en cédant les parts qu’il détenait dans la plupart des entreprises publiques au secteur privé, en libéralisant les prix des biens et services à l’exception de l’eau, de l’électricité et des hydrocarbures.

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1.1

Situation de la pauvreté

Selon une étude réalisée en 1994 sur la pauvreté au Togo, il en résulte deux seuils de revenus à savoir: 70 000 F CFA (127 équivalent US dollars) par an par personne pour les extrêmement pauvres et 90 000F CFA (164 équivalents US dollars) pour les pauvres. Sur ces bases, on retient que 72% de la population togolaise est pauvre et 57% est extrêmement pauvre. Les catégories les plus pauvres et vulnérables sont les suivantes: les femmes, les enfants de bas âge, les vieux et les enfants abandonnés, les handicapés, les chômeurs et les personnes déplacées. La pauvreté est plus 1. accentuée en zones rurales (79%) qu’en zones urbaines. Au Togo, l’espérance de vie à la naissance est de 57 ans, le taux net de scolarisation dans le primaire était de 79,0% en 2002. Le taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans se situe autour de 25%. Le taux d’analphabétisme en l’an 2000 était de 47% en moyenne, dont 62% pour les femmes 32% pour les hommes. Le taux de vaccination contre les principales maladies des enfants et celui d’accès à l’eau potable étaient respectivement de 41% et de 48% en 2000 alors que celui de l’accès à un système d’assainissement adéquat au niveau des ménages se situait à 40%. Le taux de la mortalité des moins de 5 ans est de 146 pour mille en 1998. C’est à partir de ces indicateurs que le PNUD a classé Togo 141ème sur 173 pays dans le rapport mondial pour le développement humain publié en 2002. Au vu de l’évolution de ces indicateurs sociaux, le Togo ne pourra pas atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté, y compris ceux de lutte contre la faim, la maladie, l’analphabétisme, la dégradation de l’environnement et la discrimination à l’égard des femmes, tels que fixés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour Développement (OMD) pour 2015 à moins d’un changement radical dans sa politique sociale et économique. Face à ce constat, l’Etat togolais, avec l’appui de ses partenaires a engagé des efforts de planification du développement en vue de la mise en œuvre d’une approche globale de réduction de la pauvreté (préparation du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté et du Rapport National sur les OMD).

1.2

Etat de la sécurité alimentaire

A l’instar des autres pays de la sous-région, les besoins alimentaires du Togo sont en constante progression en proportion avec la croissance démographique (population estimée à plus de 5 millions d’habitants avec un taux de croissance annuel de 2,4%). Le territoire togolais est découpé en six zones agro-écologiques du nord au sud, desquelles trois présentent un déficit alimentaire structurel (en quantité et en valeur). Ces trois zones sont la zone des savanes sèches continentales du Nord, la zone montagneuse Est sèche de l’Atakora septentrional et la zone sèche pré-littorale et littorale. Elles présentent, en outre un taux de croissance démographique supérieur à la moyenne nationale avec pour corollaire une dégradation poussée de ressources naturelles. Elles sont de fait de nettes importatrices d’aliments à certaines périodes de l’année. En général, la production vivrière nationale demeure insuffisante et est complétée par l’importation d’importantes quantités de céréales (100 000 tonnes de blé et 80 000 tonnes de riz représentant environ 15 kg per capita et par an).

1.3

Profil du secteur agricole

Le Togo jouit d’un climat intertropical qui varie sensiblement des régions méridionales (avec quatre saisons) aux régions septentrionales (comportant deux saisons). La pluviométrie moyenne obtenue des 20 dernières années est de 1100 mm par an. Le paysage agricole est composé de petites exploitations morcelées. L’agriculture togolaise est caractérisée par un faible niveau technique et

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un faible taux d’équipement des exploitations. En outre, il s’agit d’une agriculture tournée vers l’autoconsommation et faiblement monétarisée. Le secteur agricole occupe une place prépondérante dans l’économie togolaise puisqu’il représente en moyenne 38% du PIB au cours de ces huit dernières années (1995-2003), et fournit plus de 20% des recettes d’exportation. Le coton est traditionnellement le deuxième poste d’exportation après le ciment ou les phosphates selon les années. Le secteur agricole fait vivre les 2/3 de la population active.

1.4

Principales productions

Les principales spéculations vivrières comprennent les céréales, les tubercules et les légumineuses et ont contribué au cours de ces dernières années pour 2/3 à la formation du PIB agricole. Pour l’année 2003, le Togo a produit 815 000 tonnes de céréales dont 537 960 tonnes de maïs, 163 270 tonnes de sorgho, 47 130 tonnes de mil, 62 050 tonnes de riz paddy et 4 590 tonnes de fonio. Par rapport au tubercule, il a produit 1 414 810 tonnes essentiellement constituée d’igname (614 960 tonnes) et de manioc (778 860 tonnes). En 2003, la production de légumineuses a été estimée à 85 980 tonnes constituées de 43 630 tonnes d’haricot et de 38 250 tonnes d’arachide. Comme on le voit la production maraîchère reste encore très faible sur le plan national Togo mais commence par prendre de l’ampleur ces dernières années dans certaines régions économiques en l’occurrence la région des savanes. Les principaux produits de rente exportés sont le coton, le café et le cacao. A ces produits, il faut ajouter ceux commercialisés principalement, au plan national, les noix de palmiers et de cocotiers. La part des produits de rente dans le PIB agricole a représenté, en moyenne, 9% au cours des dernières années. L’élevage quant à lui, contribue pour 13,4% du PIB agricole au cours des cinq dernières années.

1.5

Etat des échanges commerciaux entre le Togo et l’extérieur

L’analyse du circuit des échanges commerciaux du Togo avec le reste du monde indique la prédominance des échanges avec l’UE tant au niveau des importations qu’au niveau des exportations. Il faut toutefois relever qu’en raison du poids relatif des importations dans l’économie nationale par rapport aux exportations, les échanges du Togo avec les pays de l’UE (France, Allemagne, Belgique, Pays Bas, etc) se soldent toujours par un déficit de la balance commerciale. Par rapport à la composition de ces échanges, on note que les exportations sont essentiellement constituées de matières premières brutes d’origine agricole et minière notamment le coton, le café, le cacao et les phosphates. Les importations quant à elles se composent de produits manufacturiers, des hydrocarbures et des produits alimentaires. Le Togo peut continuer à bénéficier des préférences commerciales telles que définies dans l’Accord de Cotonou et ce n’est qu’à partir de janvier 2008 que les échanges commerciaux du Togo devront être soumis à de nouveaux accords commerciaux compatibles aux règles de l’OMC. Le Togo devra alors prendre des mesures incitatives pour encourager une plus grande diversification des exportations avec un accent particulier sur la promotion des exportations des produits finis à travers la transformation des matières premières locales. En effet le développement du secteur industriel d’exportation permettra non seulement de freiner les importations mais aussi d’accroître les exportations de produits manufacturiers au détriment des matières premières brutes dont les parts de marché diminuent dans le commerce mondial en général et européen en particulier.

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2. CONTEXTE DE LA REGION DES SAVANES 2.1

Caractéristiques démographiques et sociales

La région des Savanes couvre une superficie totale de 8.533 km2. Elle comptait en 2001 une population totale de 644..399 habitants (DRS, 2002) soit une densité brute de 75,52 habitants / km2, largement au dessus de la moyenne nationale. Si l'on retranche la superficie occupée par les aires protégées, cette densité est de 130 habitants/km2. Dans la zone d'intervention de RAFIA, cette densité est très forte atteignant jusqu'à 200 habitants au km2 par endroit. La pression sur les ressources naturelles est très importante à tel point que les jachères et les pâturages sont très rares voire inexistants La population de la région des savanes est sédentaire et se compose principalement des ethnies Moba (42%), Gourma (28%), Tchocossi (08%) et Ngam-Ngam (07%). Les ethnies étrangères ou immigrées (Peuls, Mossi, Yenga, Mamproussi, Haoussa et d'autres minorités) représentent les 15% restants. L'évolution démographique est rapide et aboutit à une forte pression sur le foncier. La population se caractérise par une organisation sociale traditionnelle. Il s'agit de grandes familles ou le plus âgé en est le chef. Ce dernier est le garant et le gérant des biens de l'exploitation et constitue à cet effet le centre de toutes les décisions. Mais ce modèle de structure sociale élargie est en pleine évolution et tend même à disparaître. On assiste actuellement à une segmentation de plus en plus précoce de l'exploitation traditionnelle. Les jeunes veulent devenir indépendants et gérer les ressources issues de leur propre travail. Cette évolution s'explique principalement par des raisons économiques. La structure traditionnelle, fondée à l'image d'une économie de subsistance semble devenir de plus en plus inadaptée à une société à économie de marché. On note en effet une monétarisation croissante des échanges au niveau des exploitations, avec l'expansion de la culture du coton mais aussi de la tomate.

2.2

Caractéristiques physiques

Le climat Le climat est de type soudanien caractérisé par l'alternance très prononcée d'une saison pluvieuse et d'une saison sèche. La saison sèche, qui s'étend de novembre à avril, est dominée par l'alizé continental, communément appelé harmattan. L'importance de la saison sèche constitue un frein aux activités agricoles et rend plus difficile l'approvisionnement en eau de la population et du bétail. La saison pluvieuse, quant à elle, s'étend de mai à octobre, et est dominée par un vent humide (la mousson), qui souffle de l'océan vers le continent. Les précipitations varient entre 1.000 et 1.200 mm de pluie par an, soit une moyenne annuelle de 1080 mm. Ces précipitations ne sont pas négligeables, mais leur mauvaise répartition (retard des premières pluies, excès au moment de la maturation des graines, arrêt précoce des pluies), leur forte intensité et leur variation enter annuelle constituent des contraintes au développement des systèmes de production: c'est le cas par exemple de cette campagne. Les températures sont maximales au mois de mars (38-40°c) et minimales ente décembre et janvier (18-19°C), correspondant à la période d'harmattan. Tout ceci entraîne une évapotranspiration de plus de 2.000 mm par an.

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Le bilan hydrique est, en définitive, défavorable en raison de l'insuffisance et de l'irrégularité des pluies, de la forte insolation, de l'importance de l'évapotranspiration auxquelles s'ajoute une humidité relative faible, surtout en période d'harmattan (15%). La période utile d'alimentation des plantes est ainsi limitée à environ 4 mois. Les sols Ce sont des sols à productivité médiocre à nulle. Ils sont peu épais et fragiles. Cette fragilité s'explique, par le fait qu'ils sont : - Pauvres en argile : l'argile dominante demeure la kaolinite, à faible pouvoir gonflant et à capacité limitée de fixation d'ions ; - Soumis à un climat agressif - Pauvres en phosphore, calcium, magnésium et autres éléments soumis au lessivage ou à des blocages par excès d'oxyde de fer et d'alumine ; - Pauvre en humus qui est rapidement minéralisé dans un contexte d'activité biologique, stimulée par la chaleur ambiante. Ils sont, en définitive, mal structurés, très sensibles à l'érosion et au ravinement, soumis à un épuisement rapide lorsque les techniques culturales sont inadéquates et ne favorisent pas le maintien de la fertilité. Une étude, réalisée tout récemment par Brabant et Al (1996), a d'ailleurs révélé que 5,8% des terres de la région sont fortement dégradées et que 10,5% le sont moyennement. Les terres fortement dégradées sont localisées dans les zones à forte densité de population. La restauration de ces sols, très dégradés et à productivité presque nulle, nécessite de gros investissements. L'intervention des pouvoirs publics et des ONGs de développement est alors indispensable. Selon la même source, 32,2% des terres ne sont pas dégradées et ne couvrent que les vastes superficies des aires protégées. La dégradation se traduit par une altération des propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols ; par conséquent leur capacité de production. Des actions alternatives de gestion durable des sols sont indispensables pour une amélioration de la production agricole dans la région. Végétation La végétation apparie au domaine de la savane soudanienne. Au nord-ouest, on a une savane où poussent les espèces caractéristiques protégées par les paysans : le karité, le néré, le tamarinier, les rôniers, etc. au sud et à l'est, s'étendent des zones plus arborées devenant arbustives et préforestières ; d'où la création des aires protégées qui couvrent 1/3 de la superficie de la région. Le bois de chauffe devient, de plus en plus, une denrée rare ; ce qui pousse les populations à utiliser les résidus de récolte comme combustible, alors que leur restitution au sol demeure indispensable pour l'amélioration de sa fertilité.

2.3

Facteurs économiques du contexte

L’agriculture constitue la principale activité économique de la Région des Savanes. Elle produit près de 90% des revenus et est pratiquée par environ 96% de la population. Les cultures vivrières occupent 95% des superficies emblavées. Ces cultures sont : le maïs, le sorgho, le mil, le riz, le niébé, etc. La principale culture de rente est le coton, vient ensuite et très loin l’arachide.

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Ces dernières années, avec l'appui de RAFIA et des CAP, on note un développement important des produits maraîchers (tomate, la pastèque, l’oignon, le choux, etc) dans la Région. La tomate, "l'or rouge de la Région des Savanes", constitue la première spéculation maraîchère en termes de superficies et de production. L’existence des bas-fonds exploitables, d'un important réseau hydrographique, des conditions climatiques favorables aux cultures de contre saison constituent en effet d'énormes atouts pour le développement et la promotion du maraîchage dans la Région; ce qui constitue non seulement une diversification des cultures mais aussi une diversification des sources de revenus. La région est également une zone propice pour l'élevage. Cet élevage, de type traditionnel, est constitué principalement de bovins, d’ovins, de caprins, de porcins et de volailles. L'ouverture de la Région sur le Burkina Faso, le Bénin et le Ghana constitue également un atout majeur. Situation de l'agriculture Les terres, dans cette région, sont occupées à plus de 90%. On assiste ainsi à une pression foncière due à une surexploitation des ressources naturelles. Il s’en suit alors comme conséquences inéluctables la dégradation de l’environnement, l’épuisement des sols. Aux contraintes abiotiques mentionnées plus haut s'ajoutent des contraintes biotiques: pression parasitaire sur les cultures en l'occurrence le sorgho (sorvato, fortement attaqué) voire le maïs; les cultures maraîchères (surtout la tomate, attaquée entre autres par les nématodes). Par rapport au maraîchage, les moyens d’exhaure d’eau, l'érosion/le ravinement et l’ensablement des bas-fonds se posent avec acuité. Ceci se caractérise par la multiplicité de petits puits saisonniers (qui réduisent même les surfaces utiles) et l’abandon de certaines parcelles à cause des atterrissements sableux. Des efforts sont cependant faits pour améliorer les rendements et la productivité de l'agriculture de manière durable dans la zone d'intervention de RAFIA. RAFIA développe avec ses partenaires (VREDESEILANDEN, INTERMON-OXFAM, IFDC-A , etc.) une approche par filière pour soutenir les spéculations agricoles porteuses (tomate, maïs) dans la Région. D'une manière générale, on note une évolution positive de la situation dans la Région des Savanes et surtout dans la zone d'intervention de RAFIA avec l'introduction progressive et systématique des systèmes de production, des techniques et technologies de conservation et de gestion intégrée de la fertilité des sols (utilisation combinée de la fumure organique et des engrais minéraux), des techniques d'aménagement des bas-fonds. Situation de la sécurité alimentaire La région des Savanes en général et surtout la zone d'intervention de RAFIA connaît globalement une certaine autosuffisance alimentaire notamment en ce qui concerne les céréales de base (maïs, mil/sorgho). Dans le cadre d’un partenariat durable, Vredeseilanden, Intermon-Oxfam et IFDC ont apporté, aux plans technique, organisationnel et institutionnel, des appuis à RAFIA à travers plusieurs programmes de développement avec pour objectif de contribuer à garantir la sécurité alimentaire dans la région. Ces programmes ont mis l’accent sur la restauration et le maintien et la gestion intégrée de la fertilité des sols et la vulgarisation des variétés améliorées et surtout l’intensification du maraîchage. Les paquets technologiques ont été développés et diffusés (production et utilisation du fumier, utilisation de la chaîne de culture attelée, la production et la conservation des variétés

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améliorées, la production maraîchère, etc.). Ce qui a eu pour conséquence une production plus accrue des céréales (en l’occurrence le maïs), et des produits maraîchers (tomates). Le système de greniers collectifs qui au départ visait une épargne en nature pour traverser la période de soudure a atteint ses objectifs. Les périodes qualifiées entre temps de soudure sont vécues sans grande difficultés et des surplus de produits agricoles sont dégagés pour la commercialisation permettant au groupe cible d'améliorer leurs revenus. Dans le cadre de la production maraîchère, la stabilisation des puits à grand diamètre a permis d'alléger la souffrance des maraîchers; de faciliter le travail; de rendre l'eau disponible; d'accroître les rendements et partant d'augmenter les revenus des productrices et producteurs maraîchers. Il en est de même par rapport aux facilités crées autour de l’accès des producteurs/productrices aux intrants et aux crédits agricoles L'appui à la recherche de débouchés et à l'organisation des ventes groupées des produits agricoles (maïs, tomate) a permis une meilleure organisation du marché d’une part et aux bénéficiaires de vendre leurs produits à des prix beaucoup plus intéressants d’autre part. Etat du marché Dans la Région, les marchés se tiennent au niveau des villages/ cantons et au niveau des préfectures. C'est un marché libre où joue l'effet de l'offre et de la demande, il est essentiellement dominé par les produits agricoles bruts qui subissent aujourd’hui la concurrence déloyale des produits manufacturiers et agroalimentaires importés des européens ou asiatiques en défaveur des petites productrices et petits producteurs familiaux insuffisamment organisés pour y faire face. Ce marché local devient de plus en plus trop étroit pour l'écoulement des produits agricoles en l'occurrence le maïs, le riz, la tomate et l'oignon dont la production s’exprime aujourd’hui en de milliers de tonnes. Cette augmentation de la production due à la qualité de l’encadrement technique et aux facilités d’accès aux facteurs de production dont bénéficient les exploitants et exploitantes agricoles de la zone RECAP et d’ailleurs, crée une situation de déséquilibre entre l’offre et la demande et on assiste à des prix trop bas de produits faute de débouchés ou de moyens de conservation ou de transformation. Il faut aussi noter que ces produits ne bénéficient d’aucune protection étant donné que tous les marchés de la région en particulier et du Togo en général sont inondés des mêmes types de produits importés de l’extérieur.

2.4

La situation de la filière tomate

Le projet tomate, démarré par RAFIA dans la moitié des années 1990, avait pour objectif spécifique de stimuler les jeunes producteurs à rester dans la région nord après la saison agricole. L’idée derrière le projet est très simple et est basée aussi bien sur la relative abondante disponibilité des bas-fonds dans la région et la reconnaissance du fait que presque toutes les tomates consommées à Lomé viennent au prime abord du Burkina Faso (Kompienga, à 70 km de Dapaong) et aussi du Ghana et du Bénin. Les camions chargés de tomates passent par la région pour se rendre à Lomé. RAFIA a premièrement organisé un voyage d’étude au Burkina Faso et au Bénin avec les représentants des organisations paysannes (RECAP) et des groupements villageois pour apprécier comment les producteurs des sites visités exploitent les bas-fonds. Des puits maraîchers ont été construits avec l’assistance de VREDESEILANDEN une ONG Belge et INTERMON-OXFAM une ONG Espagnole. RAFIA donne aux producteurs des conseils techniques allant des simples délimitations jusqu’à la récolte et la rétention de l’eau, du creusage à la maintenance des canaux d’irrigation ; des conseils sont également donnés sur les techniques culturales. Bien que les études diagnostiques ont indiqué de larges potentialités pour plusieurs autres cultures maraîchères telles que l’oignon et le chou, la plupart des producteurs ont choisi la tomate comme leur culture principale. En 1994, un petit groupe de producteurs ont commencé à cultiver la tomate sur environ 15 hectares mais par la suite cette culture va prendre une importance assez remarquable dans la région.

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Les tomates continuent par occuper environ 70% des surfaces totales cultivées dans les bas-fonds. Les rendements varient entre 30 et 40 tonnes à l’hectare si les cultures ne sont endommagées par les ravageurs/insectes. Evolution de la production et commercialisation de tomate dans la zone du RECAP de 1998 à 2007 Campagne

Nombre de producteurs

1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003 2003-2004 2004-2005 2005-2006 2006-2007

495 700 1661 1895 2101 2500 3000 3250 5205

Superficie emblavée en hectare 49,1 85,54 136 121 152 105,5 105 168,53 665,5

Production de tomate en tonne 1132 1250 420 3996 1.441 1.510 10.685

Chiffre d’affaire en FCFA 54.204.000 136.000.000 70.000.000 170.000.000 185.162.400 131.249.050 395 174 280

Au vu de ce tableau on peut attester aujourd'hui que les résultats enregistrés dans la promotion de la culture de tomate dans la région ne sont plus à démonter. En effet le nombre de producteurs et productrices de tomate à ce jour s'élève à plus de 5825 dont 5205 dans la zone du RECAP, les superficies emblavées sont de 740 hectares (665 hectares en zone RECAP) faisant du coup de la région des savanes la première région productrice de tomate du pays. La production obtenue sur les sites en 2007 est de 11786 tonnes avec 10889 tonnes commercialisables. La zone RECAP à elle seule a produit 10.685 tonnes avec 9.879 tonnes destinées à la commercialisation. Commercialisation de la tomate A partir de la campagne 2000, les résultats ont atteint un niveau tel, que les producteurs ont demandé à RAFIA de les appuyer dans la commercialisation des produits et en particulier dans les liaisons avec les gros commerçants. RAFIA a rapidement réussi à détourner certaines grandes commerçantes de leur site de collecte habituel au Burkina vers les producteurs du nord Togo. La réduction des coûts de transport et la suppression des droits de douanes ont sûrement constitué les facteurs d’attirance de ces commerçantes. Les producteurs, toutefois, reçoivent généralement de très bas prix à cause du manque de coordination entre les groupements de producteurs et la méconnaissance des prix et des débouchés. Avec l’appui de RAFIA un Comité de Commercialisation des Produits Maraîchers (CCPM) a été crée pour organiser la commercialisation des légumes produits. Le rôle de ces comités est de collecter des informations sur les prix et sur les débouchés, de prendre contact avec les commerçantes et de négocier avec elles au nom de groupes (spécifiques) de producteurs. La radio rurale a aussi joué un rôle important dans la mesure où les informations sur les prix des produits maraîchers sur différents marchés du pays y compris celui de Lomé sont régulièrement diffusées par celleci. Autant les producteurs sont mieux informés des prix sur différents marchés, autant ils sont mieux équipés pour des transactions avec leurs interlocuteurs. Les producteurs de tomate ont été capables de développer le suivi des coûts vis-à-vis de leurs collègues Burkinabé en se focalisant sur les marchés de la région et celui de Lomé. Il faut noter qu’il y a quelques différences de qualité des tomates produites dans les diverses régions, due probablement aux différences écologiques et/ou de méthodes de fertilisations. « La tomate de Dapaong est de meilleure qualité que celle du Burkina. Les tomates du Burkina regorgent d’eau et sont ainsi difficile à conserver les en bon état durant le transport », comme l’expliquent les producteurs de Dapaong. Il est important de garder en mémoire que tout ceci pourrait, en lui-même, n’être pas suffisant pour accroître la marge des petits producteurs de tomate dans la région des savanes parce que les commerçantes pourraient continuer d’user de leur pouvoir de négociation pour maintenir bas le niveau

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des marges. Toutefois, la coordination entre les producteurs, la connaissance et les informations sur les débouchés (réseaux alternatifs de commerçants) et des prix ont équilibré le pouvoir des relations entre les producteurs et les commerçantes. La formation des représentants des producteurs/productrices en outils de gestion et en marketing est, donc, essentielle pour améliorer la compréhension mutuelle entre les commerçantes et les producteurs et pour professionnaliser la production de la tomate dans la région. La mise en place en 2006 au sein des producteurs et productrices de la région d’un réseau pour la Production et la Commercialisation des Produits Agricoles des Savanes (PROCOPAS) a également joué un important rôle dans la facilitation de la coordination entre acteurs en vue d’une meilleure commercialisation de la tomate. Impact de la tomate sur les populations de la région Avant ces dernières années la culture de tomate a apporté des changements positifs dans la vie des membres du RECAP avec les revenus significatifs qu’elle leur procurait. En effet les revenus tirés de la culture de la tomate ont permis au producteurs et productrices de : o scolariser leurs enfants o améliorer leurs habitats par la construction des maisons avec toit en tôle o améliorer leurs moyens de transports par l’achat des motos et vélos o amélioration de l’alimentation et de l’habillement o contribution pour l’accès à l’eau potable (creusage des puits à grand diamètre, réparation des pompes) o développement des petits marchés des villages o amélioration du matériel agricole (traction animale). Aujourd’hui ce n’est plus le cas car la tomate de Dapaong rencontre de sérieux problèmes de commercialisation et n’est plus vraiment en mesure tel que cela se passe de permettre à son producteur d’accéder à des conditions de vie digne. Difficultés rencontrées par les membres du RECAP pour la commercialisation de la tomate Des insuffisances relevées çà et là dans la promotion de la filière tomate donnent explications au problème de commercialisation : Les tomates des membres des CAP ont connu une mévente ces dernières années. Cette mévente est due premièrement à la très grande production face à un marché très réduit et surtout à la forte consommation de la tomate concentrée importée à bas prix et bien présenté sur tous les marchés de la place au détriment de celle produite localement. Les producteurs et productrices de la région des savanes au nord du Togo ont certes, intégré avec succès la filière de tomate comme mentionné plus haut, toutefois, la durabilité de leur stratégie dépend non seulement de leur position compétitive relative au sein d’une industrie de transformation, mais également de la rentabilité à long terme de cette industrie. Ce qui manque à l’entreprise des producteurs et productrices de tomate de la région des savanes c’est son insertion dans une industrie. La compétitivité d’une entreprise dépend aussi bien de l’attrait et de la position concurrentielle de l’entreprise au sein de l’industrie. Dans la région des savanes, le développement de la production de la tomate est limité par l’accès de l’eau (puits). Cependant, les investissements en puits et en infrastructures de maîtrise d’eau augmentent parce que les ONGs et les projets/programmes de développement s’intéressent au développement du maraîchage. Ce constat est également fait dans d’autres zones qui pourraient entrer en concurrence avec la région des savanes pour le marché de Lomé. Sans une croissance considérable du côté de la demande, ces entreprises exposées à tout moment à une chute brusque des prix. La pression exercée par les producteurs sur RAFIA et les autres institutions pour entreprendre des études et amener les bailleurs à investir dans la transformation industrielle de la tomate s’accentue. Ceci pourrait ne pas être encore réaliste à un niveau régional, mais les opportunités pour développer les entreprises agricoles associées à 10


la production de la tomate doivent être prises très au sérieux aussi bien au niveau régional que national si on veut vraiment promouvoir le développement agricole pour le bien être des producteurs et productrices familiaux. Mais ce n’est toujours pas la préoccupations des politiques de développement de nos pays africains et cette campagne 2006-2007 a été encore plus catastrophique pour les producteurs de tomate de la région malgré les efforts consentis au niveau du réseau PROCOPAS pour attirer de nouveaux acheteurs de tomates fraîches vers la région à partir de l’Internet grâce à son Point d’Information Commercial Agricole (PICA).

Le développement de la filière tomate requiert des activités de facilitation et de collaboration afin de juguler les goulots d’étranglement identifiés par les principales parties prenantes pour améliorer sa compétitivité. Ces activités restent encore très faibles dans la région. Le développement des petites et moyennes entreprises pour la transformation et d’autres services pourrait donc être stimulé autant que possible. A part l’amélioration de la compétitivité des petits producteurs dans la région, elles fournissent également de l’emploi et des revenus supplémentaires, qui, en retour, peuvent augmenter la demande effective en produits agricoles. Une attention particulière peut aussi être accordée à la gamme des services non financiers, aujourd’hui communément appelés services de développement des affaires. Les conséquences de ce problème sur les producteurs -

difficultés de remboursement du crédit campagne ce qui accentue l’endettement du producteur, baisse continue du prix de la tomate diminution du pouvoir d’achat du producteur perte du droit du producteur d’accéder à son marché accentuation de la misère et la pauvreté chez le producteur moins de revenus pour l’amélioration de vie (alimentation, santé, scolarisation, habitat…) les jeunes qui étaient presque stabilisés dans les villages commencent à les quitter de nouveau

Les autres produits agricoles du RECAP qui sont menacés par ces importations à bon marché dans le pays sont le riz, le maïs qu’on déverse sous forme de don et qui est revendu par la suite à vil prix, il en est de même avec les huiles végétales importées qui a presque fait disparaître la culture de l’arachide. Ce que les OP et leurs partenaires font face au problème Face à cette situation le RECAP avec l’appui des partenaires ont mené des actions suivantes : -

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étude de faisabilité sur l’implantation d’une unité de transformation/conservation de la tomate prospection des marchés extérieurs et contractualisation des opérations commerciales organisation des émissions radio phoniques pour donner conseils aux producteurs/trices sur la planification et la diversification des cultures maraîchères d’une part et pour sensibiliser les ménages de la région à consommer la tomate produite localement d’autre part. mise en place du réseau pour la production et la commercialisation des produits agricoles des savanes. marche des paysans du 15 février 2007 devant les autorités préfectorales pour réclamer l’appui des pouvoirs publics face à la chute vertigineuse des prix de la tomate dans la région rencontres entre producteurs/productrices et commerçants, transporteurs et chargeurs avec la facilitation de RAFIA pour une meilleure coordination des acteurs de la commercialisation de la tomate.

L’intégration du producteur en amont comme en aval de la filière s’avère donc primordiale et RAFIA semble être bien conscient de son rôle d’institution de facilitation et même dans les cas où elle a été impliquée dans le développement et la fourniture des services, elle a, dans tous les cas, réussi à transférer ces activités aux organisations autonomes viables. C’est dans cette optique qu’entre autres le 11


réseau PROCOPAS a été mis en place avec l’appui de RAFIA en vue d’apporter un concours aux producteurs et productrices de la région dans les activités de commercialisation de la tomate fraîche. Les activités de ce réseau créé en mai 2006 sont les suivantes : Etude des marchés et recherche de débouchés Voyages de prospection et de négociation commerciale • Voyage d’échange, de prospection de marché et de négociations commerciales à Kara, Lomé, Cotonou ; • Voyage d’échange, de prospection de marché et de négociations commerciales à Bolgatanga et à Pwalugu au Ghana avec l’usine de transformation de tomate (Northern Star Tomato Company); • Voyage d’échange et de prospection de marché de tomate à Kompienga au Burkina Faso; Recherches des clients et des opportunités à travers les outils informatiques Analyse de l’évolution des prix des produits agricoles dans la sous-région ; • Utilisation du site Web www.tradenet.biz pour trouver des contacts ; • Envoi des emails et des SMS aux acheteurs potentiels du Ghana, du Bénin et du Togo ; Etude sur la chaîne de commercialisation des tomates fraîches des Savanes en cours. Promotion de la tomate de Dapaong Diffusion des informations agricoles • Montage et mise à jour du tableau d’affichage des prix et des informations agricoles de la sous-région ; • Communiqués radiophoniques des prix agricoles et autres informations sur les marchés locaux et sous-régionaux de l’Afrique de l’Ouest ; • Emission radiophonique et débat sur les difficultés de la commercialisation de la tomate ; • Réalisation d’un spot publicitaire sur la commercialisation de la tomate sur les antennes de la Radio Communautaire des Savanes; • Visites d’échange réguliers avec des acteurs divers du marché de tomate à Dapaong : chargeurs, transporteurs, producteurs, commerçant(e)s, structures d’appui. Facilitation des contacts et transactions de commerce Facilitation d’achat de tomate pour les nouveaux commerçants Béninois : • Communication des données de marché et des autres informations pertinentes en temps réel ; • Orientation vers les sites de production pour les opérations d’achat ; • Etudes des voies de transfert de tomate entre Dapaong et Cotonou ; • Accueil et assistance à la découverte du fonctionnement du marché de Dapaong ; • Informations et conseils fournis aux clients visant à minimiser leurs inquiétudes et les tracasseries sur la route ; Efforts pour attirer et répondre aux exigences des acheteurs potentiels du Ghana • Etudes des possibilités de voies de transfert de tomate entre Dapaong- Bolgantanga- KumasiAccra ; • Envoi de deux (02) échantillons de tomate (tropimech, pétromech) aux commerçant(e)s de tomate de Bolgatanga et à l’usine de transformation de tomate de Pwalugu pour test de qualité ; • Envoi de deux échantillons de tomate (tropimech, pétromech) aux acheteurs potentiels de tomate d’Accra pour test de qualité • Accueil, assistance à la prospection du marché et facilitation des échanges entre les acheteurs de tomate d’Accra et les producteurs de Dapaong

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Ce que les OP et leurs partenaires comptent faire face au problème -

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Le RECAP compte œuvrer pour rendre la production de ses membres compétitive sur le plan national et sous régional en minimisant les coûts de production et en présentant mieux le produit, des efforts sont en cours en vue de transformer la tomate de Dapaong en purée et en produit séché. Des actions de sensibilisation et de publicité seront menées simultanément en vue d’amener les populations locales à consommer produits locaux Les OP de la région des savanes se sont constituées en une fédération dénommée Fédération des Organisations Paysannes des Savanes en abrégé FOPAS qui est censée œuvrer pour défendre les intérêts des producteurs/productrices et faire remonter leurs préoccupations jusqu’au ROPPA en passant par la Coordination Togolaise des Organisations Paysannes (CTOP) naissante. Le RECAP avec l’appui de RAFIA et Vredeseilanden s’est engagé depuis 2006 dans une démarche d’élaboration d’une stratégie de plaidoyer/lobbying visant à amener les décideurs à harmoniser et appliquer les textes nationaux en conformité avec ceux de l'UEMOA, notamment le Tarif Extérieur Commun (TEC) en vue de trouver des solutions durables à l’épineux problème de commercialisation des produits agricoles. Le RECAP compte aussi échanger avec les autres réseaux d’OP dans la sous région en vue de renforcer ses capacités sur la connaissance d’une agriculture durable, productive et compétitive animée par les petites et petits exploitantes et exploitants familiaux et qui nourrit aussi bien les populations des villages que des villes tout en procurant des revenus décents et suffisants à tous les acteurs dans l’équité. Le RECAP va davantage chercher à intégrer tout mouvement en activité sur le plan local, national, sous-régional ou international qui lutte l’atteinte de la souveraineté alimentaire à travers une protection adéquate des productions et marchés sous-régionaux contre toute concurrence déloyale de la part d’autres pays et régions.

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Témoignage de madame Gouma Lengue membre du groupement maraicher Suo Suo: La filière tomate et ses bienfaits «Je suis membre du groupement Suo Suo de Sanlegdjimoni dont faisait partie mon mari qui est parti à Notsé depuis deux ans par ce que dans notre village il manque de terre. Il est parti avec ma coépouse. Je l'ai remplacé dans le groupement et j'exploite sa parcelle. Il faut noter que je maîtrise toutes les techniques de production maraîchère, puisque j'aidais mon mari dans son travail lorsqu'il était là et toutes les formations dont il avait bénéficiées de VECO et de RAFIA/CAP qui nous appuient dans notre travail je les ai acquises en travaillant à ses côtés. J’avais beaucoup à faire par rapport à tout ce qui concerne l'arrosage des plantes et le transport de la tomate au moment de la commercialisation et c’est ce qui me rapportait un peu d'argent. Mais actuellement, je fais tout. Il faut noter que c'est le frère à mon mari qui m'a aidé à avoir accès aux semences et j'ai organisé le creusage des puits saisonniers avec l'appui des autres producteurs. Le creusage est une activité très difficile, donc comme je n'avais pas assez de moyens, j'ai fait creusé 07 puits, mais le surcreusement a été fait avec l'appui de mon frère qui a mobilisé d'autres ressources pour que j'ai de l'eau. Le reste des activités a été réalisé avec l'aide de mes enfants qui sont au nombre de 05 dont 02 filles. Pour le creusage des puits j'ai fait tuer le chien de mon mari pour préparer le repas à ceux qui sont venus faire le travail. Pour exploiter ma parcelle j’ai engagé des dépenses qui peuvent s’élever à près de 50 000 FCFA et j’ai sollicité des appuis de tout genre mais je ne le regrette pas car j’ai été satisfaite à la récolte et à la vente de mes tomates. J'ai récolté 22 paniers de tomates qui ont été vendus de la façon suivante : 03 paniers à 05 paniers à 09 paniers à 05 paniers à

10.000 F CFA/panier 7.000 F CFA/panier 6.500 F CFA/panier 6.000 F CFA/panier TOTAL

= = = =

30.000 F CFA 35.000 F CFA 58.500 F CFA 30.000 F CFA ____________ 153.500 F CFA

Les principales difficultés du maraîchage c'est le creusage des puits car après la campagne, il faut les boucher et recommencer en début de la campagne prochaine, et aussi la construction de la clôture, car les animaux nous dérangent beaucoup surtout la nuit, et nous sommes obligés de monter la garde pour surveiller nos parcelles. Mis à part ces difficultés ce travail nous aide beaucoup. J'ai pu supporter mes enfants, rembourser mes dettes et même intensifier la culture du maïs sur la petite portion de terre que mon mari nous a laissée avant de partir avec l’argent de la vente des tomates que j’ai produites. En effet j’ai exploité 0,25 ha et pour cela j’ai pu m’acheter 50 kg d’engrais chimiques (NPK et Urée) plus 09 kg de semences améliorées (maïs et soja) auprès de la CAP. J’ai aussi payé pour le labour de ma parcelle, tout le reste du travail je l’ai fait avec l’appui de mes enfants, j’ai appliqué toutes les techniques qui avaient été enseignées aux membres de notre groupement par les techniciens de RAFIA. Dans le semis, j'ai fait 3 sillons pour le maïs et un sillon pour le soja, mes enfants et moi nous avons entretenu notre champ et les résultats ont été très bons en fin de compte. J'ai eu 7 sacs de maïs et 37 bols de soja, de quoi bien nourrir mes enfants toute l’année et je sais que nous irons loin avec la filière tomate dans notre vie car grâce à elle, moi une femme j’assure pleinement mes responsabilités de chef de ménage depuis deux ans (2003 ; 2004) et cela me vaut respect et considération dans le village ».

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