EDITO
Active-toi. Tout fout le camp. Et alors ? Les maisons de disque pleurent. Et alors ? Le piratage et la démocratisation des graveurs seraient le fléau du siècle (et ton père, avec son double K7, tu crois qu’il avait une carte gold illimitée chez Nugget’s ?). Et alors ? Ce débat, tu as pu le lire un peu partout, et pas que dans nos pages. Loin de moi l’idée de ressasser ces vieilles théories pour faire penser qu’au pied du mur, je n’avais pas d’idée précise pour écrire ce nouvel édito. Tout fout le camp, ou plutôt, certains foutent le camp. « Toi, oh sacro-saint label, membre d’une multinationale, tu ne veux pas signer mon groupe, pas assez rentable dans ton business plan ? Pas grave, aujourd’hui, je vais me démerder tout seul ». Voilà ce qu’aurait pu répondre Ginger Wildheart, membre fondateur des cultissimes Wildhearts et aujourd’hui gourmand de projets solo en tous genres. En 2011-2012, via la plateforme de souscription Pledge Music, chacun d’entre nous pouvait financer la production d’un triple album du rouquin pour la somme modique de 20 £. Si bien qu’en à peine deux heures, Ginger a levé la totalité des fonds lui permettant de diffuser son disque… uniquement aux souscripteurs. Impossible donc pour le fan ayant loupé cette campagne d’acquérir l’objet physique. Au final, 250.000 $ auront été récoltés, sans promo, sans tapage médiatique, juste parce que le multi-instrumentiste anglais bénéficie d’une « fan base » attentive. J’imagine que certains labels ont dû s’en mordre les couilles. Et ironie de l’histoire, la profession a décerné à Ginger en début d’année le prix du projet de l’année. Ça se passe aussi par chez nous, où des artistes comme Forest Pooky ou Billy The Kill ont également proposé une souscription (via son site pour Forest et via une plateforme internet française pour Billy) pour la sortie de leur dernier album. A défaut d’engraisser les gros labels, tu peux, en supplément, avoir la satisfaction d’avoir participé à ta manière à l’élaboration d’un beau projet, surtout quand ce projet est de qualité. Tout fout le camp. Et alors ? A l’heure des nouvelles technologies et des contacts instantanés avec le monde entier, pourquoi se priver de passer par les réseaux parallèles pour faire la nique aux business malsains des multinationales ? Tu ne t’en porteras que bien mieux et chez le W-Fenec, on ne peut que t’inciter à le faire.
Gui de Champi
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04 Ginger Wildheart 10 Nasty Samy
39 Ghost B.C. 45 Loading Data
16 Checkmate
48 Ventura
20 Manu
68 Prohom
24 Le Bal des Enragés 26 Billy The Kill 27 The Young Gods 31 The Melvins 33 Volbeat 38 Exsonvaldes
SOMMAIRE
SOMMAIRE
72 En Bref 77 Concours 78 Mass Hysteria 79 Il y a 10 ans 80 W-Fenec Facts 82 Dans l’ombre
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LES DISQUES DU MOIS
GINGER WILDHEART Hey! Hello! (Pledge Music)
de deux vidéos par le Sieur Ginger a poussé ce dernier, et après consultation des « pledgeurs », à prévoir une sortie internationale.
Il y a différentes façons de chroniquer un disque. Evidemment, pour celle que vous êtes en train de lire, il m’a fallu mon ordinateur, car je ne suis pas du genre à écrire mes textes à l’encre et à scanner le tout pour que mon ami Keipoth s’amuse à recopier l’ensemble de ses petits doigts agiles. Non, je ne parlais pas de la mise en page ou tout ça. Je vous parle d’appréhender la chronique d’un album. Parfois, deux écoutes me permettent, dans une excitation extrême, de coucher numériquement mon appétit de faire partager mes sensations. Il m’arrive également d’écouter la galette des dizaines de fois pour être certain de ne pas me planter dans mon récit. Et puis, il y a le cas Ginger Wildheart avec Hey! Hello!. Un album dont je suis tombé amoureux à la première écoute, et que j’ai envoyé dans mon autoradio, mon iPod, ma chaine hifi et même dans mes songes des centaines de fois. Et je n’exagère pas. Je connais, à force d’écoutes attentives et admiratives, ce disque par coeur. Pour ne rien vous cacher, l’album sera dans les bacs dans quelques semaines, mais ayant souscrit à la sa production l’automne dernier, je suis l’heureux propriétaire, via la plateforme Pledge Music, des fichiers numériques depuis plusieurs mois. Et alors que sa version physique ne devait rester qu’une exclusivité pour les souscripteurs, l’engouement suscité par la mise en ligne « publique »
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Hey! Hello! est donc un des innombrables projets du leader des Wildhearts. Le gazier y joue de tous les instruments, accompagné par la voix douce et mélodieuse de Victoria Liedtke, artiste New Yorkaise et membre du Ginger Wildheart Band. Dix titres power pop acidulés et plaisants à l’écoute. Dix morceaux absolument parfaits. Rien que ça. A l’instar de «Black Valentine», première décharge de ce skeud indispensable, tout est là pour passer un bon moment : intro accrocheuse, couplets sans failles, refrain absolument génial. Si bien que j’ai conscience que mes mots ne peuvent pas retranscrire assez fidèlement le bien être que me procure ce disque, certes sans véritablement prise de risque et à la production peut être trop parfaite, mais où le génie de Ginger perfore chaque chanson. Les morceaux composés par le rouquin n’empruntent pas les structures alambiquées des Wildhearts et se contentent d’aller à l’essentiel. Tantôt rock («Feral days»), tantôt pop («Swimwear» et ce refrain qui te reste dans la tête pendant des décennies, le fun «I’m gonna kiss you.»), les « tubes » sont sublimés par la grâce de Victoria («Lock for rock and other sporting cliches», «The thrill of it all») qui propose une alchimie parfaite avec la voix mélodique de Ginger. Mais la pièce maitresse de Hey! Hello! est paradoxalement le morceau OVNI de ce disque : «How I survived the punk wars» est inclassable, (sur)puissant et (sur)prenant, massif et rugueux, abrasif et mélodieux. Un hymne aux textes non dénués de sens. A la lecture de cette élogieuse chronique où mon sens de la critique est ébranlé face à ce coup de coeur, certains d’entre vous pourraient être déçus à l’écoute de disque noisy pop dégueulant de mélodies imparables et de riffs remuants. Mais j’assume et je réitère : oui, Hey! Hello! est formidable et même si ce disque restera méconnu du grand public, il fait partie de mon top 10 de ma rockothèque idéale de toute une vie. Rien que ça. Gui de Champi
Ginger Wildheart est un mec qui a bourlingué. Le bonhomme est dans la course depuis les années 80 avec notamment son groupe culte The Wildhearts. Depuis quelques années et la mise en sommeil du quatuor anglais, Ginger Wildheart s’exécute en solo sous multiples formes (et oui, c’est possible !). Multi instrumentiste et véritable stakhanoviste de la création, l’ami Ginger nous offre un peu de son temps pour répondre à nos quelques questions. Vous comprendrez pourquoi j’ai énormément de respect pour le bonhomme qui en mérite. Salut Ginger ! Tout d’abord, merci beaucoup de consacrer un peu de ton temps pour répondre à cette interview ! Pour commencer et pour nos lecteurs qui auraient le mauvais goût de ne pas te connaître, peux-tu nous résumer ton background en quelques mots. Je m’appelle Ginger Wildheart et je suis sagittaire : mihomme mi-cheval, comme chacun le sait, ce qui me donne le droit de chier dans la rue sans me faire arrêter. J’aime manger, respirer et tous les autres phénomènes qui favorisent la vie. Je suis musicien professionnel depuis de nombreuses années, ce qui signifie que je suis
INTERVIEW
INTERVIEW >GINGER WILDHEART
riche. Je collectionne les larmes, je voue un culte à Satan et je déteste le bleu. En fait, le dernier truc est un mensonge. Vous pouvez trouver tout le reste sur ma page Wikipedia, avec différents degrés d’exactitude... 2012 a été une année plus que prolifique : un triple album résolument éclectique mais toujours rock (555 %), un album noisy pop où tu joues de tous les instruments (Hey! Hello!) et deux disques rock and loud (Mutation : The Frankestein effect et Mutation : Error 500), (sans oublier les concerts et cette tournée avec Slash). Combien de temps t’ont pris tous ces projets ? J’ai commencé à travailler sur le premier album Mutation : The Frankenstein effect, en janvier 2010 mais j’ai accompli la majeure partie du travail relatif à ces albums en 2011 et tout 2012. Actuellement, j’écris un nouvel album que j’espère commencer à enregistrer à la fin de l’été. J’ai du mal à m’arrêter de bouger, j’ai peur de mourir. Un peu comme les requins mais sans les multiples rangées de dents. Ah oui et je sais cligner des yeux aussi, je ne pense pas que les requins sachent le faire.
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INTERVIEW
555% est en quelque sorte un tournant dans ta riche carrière car ce triple album a été financé par une souscription (pledge campaign) via Internet : comment t’es tu lancé dans cette aventure ? Quels étaient les risques « encourues » sachant que les morceaux étaient en boîte au moment du début de la campagne, n’est-ce pas ? Tu as fait des émules, car Tod Kerms (bassiste de Slash, ndlr) a lui aussi utilisé ce réseau pour son album. Dis-nous tout. Aucune des chansons n’était préparée lorsque nous avons commencé la campagne de souscription pour 555%. Je n’avais rien que quelques idées et beaucoup de doutes sur le fait d’avoir vraiment besoin de 30 chansons. Et je n’étais absolument pas sûr d’atteindre les 100%. Parfois, ça fait plaisir de se tromper et parfois c’est même carrément génial. Et cette sous-estimation fait partie de la deuxième catégorie, indubitablement. Je suis content de voir des gens convaincus que c’est un bon modèle commercial. Je dois beaucoup à Pledge et si je peux inspirer d’autres personnes à recourir à Pledgemusic.com pour financer leurs albums, alors c’est un grand honneur pour moi. Une question me turlupine mon cher Ginger, pourquoi « limiter » l’acquisition de tes projets Pledge en disque « physique » (cd, vinyle) aux souscripteurs, et ne pas permettre au public qui n’aurait pas participé à la souscription d’acquérir le disque « physique » une fois la campagne terminée ? Plus d’un ont été frustrés ! En fait, nous essayons de canaliser le trafic vers nos projets Pledge. Nos campagnes comprennent de nom-
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breuses exclusivités et une véritable implication. Nous avons l’intention de continuer d’élargir notre communauté. Si une personne rejoint la fête sur le tard, je suis sûr qu’elle pourra obtenir des exemplaires auprès des gens charmants qui composent notre petit clan (c’est pour ça que j’encourage les gens à acheter plusieurs exemplaires). Nous sortons aussi des versions légèrement abrégées dans le commerce. Par exemple, 555% a donné l’album 100% qui contient les chansons choisies par les fans, le deuxième album Mutation, Error 500, sera disponible dans le commerce et Hey! Hello! va sortir au niveau international. En revanche, c’est important pour moi que les exclusivités restent disponibles uniquement pour ceux qui ont participé aux campagnes Pledge. Je te jure que c’est beaucoup plus sympa que d’acheter des albums sur iTunes ou sur Amazon. Ce système de pledge est-il un bras d’honneur à l’industrie du disque ? Une façon de prouver à tous, artistes confirmés comme groupe en développement, qu’on peut se passer du circuit classique des maisons de disques pour sortir un disque qui ne restera pas dans l’anonymat ? Un ras le bol des requins des majors ? Penses-tu repasser un jour par les circuits classiques ? Je ne suis même pas sûr d’avoir suffisamment à foutre de l’industrie du disque pour lui faire un bras d’honneur. J’essaye juste d’exister en dehors de leur domination générale et si je peux encourager quelques personnes à faire de même, c’est une énorme récompense. L’indépendance créative et musicale existe, et il y a des gens qui veulent travailler dur pour réussir par leurs propres
Tu as gagné un prix lors du dernier Classic Rock Awards dans la rubrique Event of the year pour 555 %. Est-ce le public ou la profession de la musique qui a voté ? Es-tu adepte de ces récompenses, est-ce important pour toi ? C’est très important pour moi parce que c’était le vote des lecteurs alors j’avais vraiment l’impression d’accepter cette récompense au nom des fans. Évidemment, je trouve ça décalé de recevoir une récompense pour une forme d’art qui regroupe habituellement des voyous et des rebelles mais les fêtes sont vraiment géniales alors ça ne m’ennuie pas trop d’accepter un prix et quelques verres gratos, puis de traîner avec des amis et des célébrités. C’est sans importance et c’est amusant, mais les vraies récompenses appartiennent aux personnes qui trouvent des remèdes contre les maladies ou qui travaillent sans relâche pour aider ceux qui ont eu moins de chance qu’elles. Deux activités qu’on n’associe pas habituellement aux groupes de rock. J’ai écouté (en boucle) ces six disques, et j’en arrive à la conclusion que ça ne doit pas tourner bien rond chez toi : comment expliques-tu que tu sois aussi prolifique, que tu puisses écrire des bijoux power pop, des titres punk rock, enchainer avec des titres funky, et envoyer tout valser des bombes hardcore (les projets Muta-
tion), avec pour dénominateur commun la mélodie et le « bon goût » ? J’ai la chance d’aimer beaucoup de styles musicaux différents. C’est de là que me viennent mes styles changeants. En fait, je suis incapable de décider de ce que je veux être. Je pensais que j’aurais trouvé ma voie en grandissant mais aujourd’hui ça me semble improbable. Je suppose que je devrais être reconnaissant d’être une âme tourmentée qui aime tout, des ballades country au métal indus violent. Ça me plaît de ne pas savoir quel style aura mon prochain album alors même que je suis en train de l’écrire. Ça rend la vie plus intéressante.
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moyens. Il y a aussi des musiciens paresseux à qui les accords avec les maisons de disques conviennent probablement mieux. C’est pour ça qu’il y aura toujours des labels. Moi, j’aime bien laver ma voiture moi-même, tu vois ?
Quelle est la journée type de Ginger Wildheart ? tu vis de la musique ? Tu as un boulot à côté ? Ça dépend de ce que je fais. De toute évidence, quand je suis à la maison, ma vie est complètement différente de celle que je mène en tournée. En ce moment, je me prépare pour quelques concerts à NYC avec The Wildhearts alors je passe mes journées à m’entraîner dur, à manger sainement, à soulever des poids, à rester sobre avec quelques craquages de temps en temps. Je remplis aussi mon rôle de papa. Des choses très ordinaires pour tes lecteurs mais pour moi ce sont des plaisirs sains. Te voilà parti avec Ginger Wildheart & Friends sur les routes d’Europe avec The Darkness, reformé il y a quelques mois, tu retrouves ce groupe avec qui The Wildhearts avaient tourné au milieu des années 2000, c’est une vieille amitié ? Oui, j’adore ces mecs. C’est génial de les voir encore envoyer après tout ce qu’ils ont traversé la dernière fois
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que nous avons joué avec eux et ça m’a fait chaud au cœur qu’ils me demandent de reprendre la route avec eux. En tournée, ce sont des crèmes et en plus, j’étais super content de partir avec mon groupe solo, cette foisci. La dernière fois que nous avons tourné ensemble, j’étais avec The Wildhearts et c’était vraiment pourri. On ne s’amusait plus en tant que groupe alors je pense que cette tournée a précipité notre fin et celle de The Darkness. Ça fait plaisir de constater que des deux côtés, nous sommes plus forts que ça. Nous, on bouffe la merde que les autres groupes ont peur de renifler. Ton website permet à tes fans de discuter avec toi et de te poser des questions, via Formspring, Tu es aussi assez présent sur Twitter. C’est important de garder un contact « permanent » avec ton public (bien que tu ne me retweete jamais, ah ah ah ) ? Je pense que le fait d’être accessible pour ses fans est aussi important que le reste, y compris la musique, quand on fait ce métier. Ça ne veut pas dire que je doive retweeter tout ce que les gens me demandent, sinon ma Timeline serait pleine de retweets à propos de couples qui se marient ou d’anniversaires. Tu comprends que ça deviendrait vite mortellement chiant à lire. Non seulement je perdrais des tonnes de followers mais je finirais aussi par me suicider. Je retweete les trucs qui m’amusent et aussi quand ça concerne des événements caritatifs où les gens font preuve d’initiative et travaillent pour les autres de manière désintéressée. Il n’y a rien d’extraordinaire à fêter son anniversaire ou à croire que le mariage est une entreprise admirable. J’essaye juste de rester aussi intéressant qu’on peut l’être sur un réseau social. Outre les sorties de Hey! Hello! et des projets Mutation, l’actualité, c’est aussi la reformation pour quelques dates au Royaume Uni (et à New York) de The Wildhearts pour célébrer les 20 ans du premier album du groupe. The Wildhearts ont également joué lors du traditionnel Ginger’s Birthday à Londres en décembre dernier. Quels sont les projets en ce qui concerne le groupe : une « vraie » tournée est-elle envisagée, un nouvel album du groupe est-il dans les tuyaux ? Une reformation « durable et active » est-elle possible ? je veux tout savoir. Je n’exclurai jamais la possibilité de refaire un album avec The Wildhearts un jour, ou même une tournée, mais pour l’instant ça ne colle pas avec mon travail actuel. Ces concerts d’anniversaire m’ont montré combien les gens nous aiment et ça me touche beaucoup. Ça nous touche tous. Mais ça ne plairait à personne que je me force à écrire un
nouvel album pour The Wildhearts, avec des chansons bâclées qui sonneraient faux. À commencer par moi. Je pense que c’est important d’être honnête et de faire honneur notre passé au lieu de l’utiliser juste pour se faire un peu plus de fric. En plus, quand tu fais quelque chose pour l’argent, ça ne marche jamais bien longtemps. Et moi, j’ai vraiment envie de durer longtemps. Les tournées avec Slash et The Darkness auront permis au public français de te voir sur les planches deux fois en six mois. Tu te fais rare en France (j’ai toutefois pu te voir en 1996 à Nancy en première partie d’AC/DC !!!). Aimes-tu notre beau pays ? Connais-tu des groupes français qui te bottent ? J’adore la France et j’espère VRAIMENT revenir cette année en tête d’affiche. Je sais que mon manager lit cette interview alors je suis sûr qu’il va faire de son mieux pour exaucer mon souhait. Hé hé. Il n’y a pas beaucoup de groupes français que j’aime bien mais je trouvais Trust excellents, à l’époque. J’aime beaucoup Air et J’ADORE les films d’horreur français. Ces derniers temps, vous déchirez dans le genre gore. De mémoire, les meilleurs films d’horreurs sortis récemment sont français, par exemple Martyrs, Haute Tension, Frontière(s), Inside, Mutants, La Meute... enfin bref, ça ne s’arrête pas. Je pense que Martyrs est l’un des films d’horreur les plus importants depuis l’Exorciste, qui est incontestablement mon film préféré. Il y a des dizaines de films d’horreur français que j’adore. Vous faites bien le sang aussi. Bien sombre. Je pourrais parler des films d’horreur français pendant des jours entiers. Outre la «promotion» de Hey! Hello! et Mutation, et la tournée européenne, quels sont tes prochains projets ? un nouveau disque en préparation, un nouveau projet artistique ? Je suis en train d’écrire des trucs en ce moment même mais pendant que j’écris, je n’aime pas trop en parler. Les choses évoluent toutes seules, elles prennent forment et créent leur propre personnalité. Pour l’instant, je m’amuse juste avec l’argile. Merci d’avoir répondu à ces questions. En espérant te revoir en France très vite ! Si tu as une dernière chose à dire, c’est le moment. Je pense qu’on va se revoir dans pas trop longtemps. Merci à Ginger Wildheart et à Gav Mac Caughey pour le relais ! Photos + couv: Paul Harries sauf photo live (Gui de Champi) Gui de Champi
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INTERVIEW
INTERVIEW >NASTY SAMY Quoi ? Encore Nasty Samy dans nos belles pages ? Et alors ? Le gars a de l’actu (nouveau projet surf rock avec Demon Vendetta, finalisation du nouveau Black Zombie Procession), a toujours un truc intéressant à dire et n’a pas sa langue dans sa poche. Vous n’allez pas bouder votre plaisir de prendre une rasade de bons mots ? Je le savais...Let’s go !! Salut Sam. Content de te revoir dans ces pages. Tu es convié par mes soins à nous parler de Demon Vendetta, ton nouveau groupe de surf music / horror rock instrumental. Peux-tu nous dire quelques mots sur la genèse de ce trio : ses origines, ses membres... ?
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J’ai formé Demon Vendetta l’année dernière, sur un coup de tête. J’ai subitement eu très envie de rejouer de la surf music, un style que je n’avais pas envoyé depuis quelques années, hormis pour la réunion éclaire et ponctuelle d’Hawaii Samurai en 2012 pour quelques shows seulement (pour fêter la réédition en vinyl du premier album sorti il y a dix ans). J’ai décidé de mixer cette culture surfmusic avec d’autres courants plus modernes et de l’envelopper dans un délire horrifique et «bis», pour lequel je voue une grosse passion. C’est le moyen pour moi de coupler mon intérêt pour ce style musical si particulier et d’assouvir ma cinéphilie liée aux débordements gores
et fantastiques. Demon Vendetta évolue en trio, je joue de la guitare et compose tous les morceaux, Franz joue de la basse (ex-Nedgeva et Teenage Renegade) et Boris (qui joue également dans Jack and the Bearded Fishermen) joue de la batterie. Tu l’as dis : la surf music n’est pas un style qui t’es étranger, car tu as tenu la basse pour feux Hawaii Samurai, qu’est-ce qui t’a attiré dans ce registre particulier? C’est revenu naturellement, tout dans ce style est différent, le matériel utilisé, la façon de jouer et de composer (puisque c’est instrumental, et particulièrement centré autour des thèmes de guitares), le
Ce que je trouve d’intéressant à l’écoute de Guardians of the Bitter Sea, c’est cette savoureuse alliance de la surf music et du rock : ça dégueule de riffs couillus et de rythmes propres à la culture surf music. Il t’était indispensable de proposer ce crossover, toi qui a joué de tous les styles avec tes précédents groupes ? Comme je l’ai dit précédemment, j’ai simplement voulu personnaliser
et clairement identifier mon surf par rapport à mes centres d’intérêt. Donc oui, c’est une version 2.0 du style, avec des clin d’œil et des références à au trip metal à l’ancienne, mais aussi quelques riffs punk rock, noise ou simplement rock n roll. On ne se pose aucune barrière, on veut prendre du bon temps, c’est un style qui est calibré pour la scène, petite ou grosse, pour que le public s’amuse et rentre dans le trip sans trop se forcer, et ça fonctionne plutôt bien. C’est bon esprit et chacun semble y trouver un truc qui lui plaît, que ça soit la référence aux éléments horrifiques ou gores, nos tenues de scène, l’aspect « dansant » de la musique elle-même et l’ambiance particulièrement détendue de l’ensemble. c’est le propre de la surf music : du fun à tous les étages. Quels sont, à plus ou moins long terme, les projets de Demon Vendetta ? As-tu l’envie de tourner un maximum avec ce groupe et pourquoi d’aller chatouiller l’étranger ? As-tu déjà en tête des projets de nouvelles productions gravées sur le sillon ? Je sais que c’est peut-être un peu tôt pour en parler alors que l’album est dans les bacs depuis quelques semaines, mais je veux bien savoir quand mêe... Sortir des disques à intervalles réguliers et faire des concerts dans toutes sortes de configuration, du petit bar à la grosse salle en passant par le festival... et sur notre première tournée d’une grosse vingtaine de dates c’est exactement ce que l’on a fait, alterner les petits plans très sympathiques et bien chaleureux à de plus gros lieux (on ouvre d’ailleurs pour Bad Religion à la Laiterie de Strasbourg le 22 juin), et c’est ce qui me plait dans la musique live, de ne pas tomber dans une routine, jouer par-
tout et chaque soir s’adapter au lieu dans lequel on envoie la purée. Tourner au maximum, je ne sais pas, puisque chacun est investi dans d’autre groupes déjà bien actifs et qu’il faut faire en fonction de la vie quotidiennes de chacun (jobs, etc.) mais on veut vraiment faire de la scène autant que faire se peut, c’est un style qui prend son ampleur sur les planches, on fera tout pour passer du temps sur la route, on revient juste d’une tournée d’un peu plus de 20 dates, on fait une pause cet été, et on en refait une quinzaine à la rentrée (de septembre à mi-novembre). On a déjà quelques touches pour l’étranger, on évolue par paliers et on essaie de faire les choses dans l’ordre, nos labels (Dirty Witch et Productions de l’Impossible Records) sont français donc on écume déjà la France mais on a d’autres plans sous le coude. Sinon on a déjà pas mal de nouveaux morceaux de côté, on vient d’ailleurs de faire une session studio pour enregistrer 8 titres, les batteries sont en boîte, on fera les guitares et les basses en fin d’année, quand la saison concert sera terminée. Tout devrait s’enchaîner assez rapidement.
INTERVIEW
son (ultra réverbé et plus ou moins en son clair et tranchant). c’est cet ensemble de choses qui m’a donné envie de replonger dans ce délire, c’est ultra fun à jouer et on peut se permettre de casser les codes assez facilement.. Une chose que je répète fréquemment quand on ma parle de surf : ne pas oublier que, à l’instar du blues et du jazz, la surfmusic fait partie de l’héritage culturel de la musique américaine. C’est un style qui est très peu connu et mésestimé en Europe, qui est réapparu dans les années 90 avec la BO de Pulp Fiction de Tarantino, mais c’est un style vaste et très riche, on a tendance à l’oublier par ici. bref, j’adore les codes de cette musique et j’ai simplement voulu me remettre à composer des morceaux dans le genre, le déformer et l’abâtardir avec d’autres styles (pas mal de références au metal old-school et au rock un peu plus musclé), et ça m’a également donné envie de créer tout un univers autour de ce nouveau groupe. La cerise sur le gâteau, c’est d’avoir pu tout arroser de références qui me tiennent à cœur, puisées dans les films que j’aime et les vieux comics, de manière à ce que cela puisse presque ressembler à un BO d’un film bien craignos par moment. il y a beaucoup de samples, on a appuyé sur ce côté «ambiance à l’ancienne».
J’ai eu l’opportunité de voir le groupe en live et j’ai été agréablement surpris d’une part par les détails apportés au live et que je ne connaissais pas dans tes précédents groupes (fringues, backdrop, décors de scène et même machine à fumée) et d’autre part par tes savoureuses interventions entre les morceaux. Ce souci du «spectacle» dans le bon sens du terme, c’est nouveau pour toi ? Non pas vraiment, on avait un peu la même approche avec Hawaii Samurai, ça va de pair avec le trip surf, c’est fun, c’est un univers à
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part entière. Avec Demon Vendetta, on a développé un décor de scène consciemment cheapos, à base de crânes à tout va, de lights tout droit sortis des années 80 et de références à la culture horrifique relativement explicites, c’est bon enfant. En ce qui concerne mes interventions entre les morceaux, c’est du même acabit, l’interaction avec les gens est différente tous les soirs, mais vu que la musique est instrumentale j’essaie de communiquer par un moyen ou un autre avec le public entre les morceaux et entre les samples. Parfois ça donne des segments de spoken word assez, heu, désordonnés et chaotiques, ahahhaah ! Prochaine actualité pour toi, la sortie d’un nouveau Black Zombie Procession. On s’autorise à penser dans les milieux autorisés que l’ami Elie (Hellbats) s’occupera des voix mais qui seront tes complices au basse/bat’ ? Comptes-tu emmener le groupe sur la route ? Il y a beaucoup de monde sur cet album : l’enregistrement s’est étalé sur plusieurs années et il a fallu s’organiser entre tous mes autres projets et entre ceux des autres personnes impliquées dans cet enregistrement. 4 batteurs et 3 bassistes ont fait des sessions pour ce nouvel album. C’est effectivement Elie Bats qui s’occupe du chant. la couleur du disque est purement crossover metal (façon 90), thrash et punk hardcore moderne. On pense bien sûr à une formation live, on verra qui sera sur la feuille de match quand tout sera en boîte. On termine actuellement l’enregistrement, on est sur la dernière ligne droite, les bandes seront mixées à la rentrée pour une sortie tout début 2014 je pense. Tu as sorti dernièrement le dernier
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Megazine (magnifique, encore une fois) en précisant que c’était la fin de l’histoire et que tes prochaines productions littéraires seront portées sur tout autre chose. Peux-tu en dire plus à ce sujet ? Effectivement, le #5 du Megazine Everyday is Like Sunday (offert avec le livre «Allô Mike, toujours dans le Jazz !?» est bel et bien le dernier. En tout cas sous cette forme. Il se peut que je balance quelques newsletters de temps en temps, de publications de petits formats que j’éditerai de façon aléatoire et que je distribuerai sur la route, j’ai déjà un peu de matériel de côté, mais le Megazine tel qu’il était publié me prenait trop de temps. Je pige pour deux magazines et je travaille actuellement sur un projet de livre... Je n’ai plus assez de temps, entre les tournées, les sessions studio et mes contributions écrites ici ou là, la gestion de mes sites, le podcast, ça devient tout simplement impossible. Pour ceux que ça intéresse, pour tous les fans de musique (metal/ punk hardcore/rock), de ciné horrifique, de comics, etc., le Megazine #5 est dispo’ sur mon site : nastymerch.com On se connaît depuis plus de dix ans, et je ne sais toujours pas en quoi consiste la journée type de Nasty Samy. Alors ? Ma journée-type est toujours plus ou moins la même. Quand je ne suis pas en tournée, je reste chez moi pour travailler sur mes activités. Je me lève aux alentours de 8h ou 9h (je suis couché à 2h du mat’ grosso modo, 6h/7h de sommeil me suffise, parfois moins si c’est nécessaire), j’allume mon ordi, je me fais bouillir de l’eau pour un énorme mug de Ricoré, 4 tranches de pain de mie (aux 7 céréales, arf !) grillés, un verre d’eau (avec
une gélule de vitamine), un jus d’orange. je déjeune. Puis je checke mes e-mails et j’y réponds dans la foulée, je regarde ma liste des taches journalières (liste établi la veille au soir avant de me coucher) et je commence à abattre le boulot. Si je prépare une tournée, je joue le set du groupe en question une fois par jour, si je suis dans une période sans tournée, je bosse sur de nouveaux morceaux, je maquette ou je trouve des arrangements pour des morceaux que j’ai plus ou moins maquetté, ensuite, je vais à la Poste si j’ai des commandes sur mon site de merch, ensuite je bosse sur l’aspect «administratif3 de mes activités ou de «promo», update de mes sites, envoie de news-letter, etc., si j’ai des interviews j’y réponds, j’envoie quelques emails pour booker des concerts, je fais un pré-budget des prochaines tournées, quand c’est terminé j’écris quelques reviews si je suis dans une période de deadline pour les magazines pour lesquels je bosse (ou pour mon propre fanzine), j’édite ou je prépare le sommaire du prochain podcast à enregistrer. A ce niveau de la journée, si tout s’est passé sans accro’, il doit être environ 17h. je vais à la salle de sport pendant 1h30. Ensuite je rentre chez moi, je mange un peu, très léger, et je vais marcher une heure dans la nature, soit en écoutant un podcast soit pour réfléchir et faire un débriefing des trucs sur lesquels j’ai bossé dans la journée, je préfère le faire en marchant et en plein air, je vais marcher par tous les temps, beau, pluie ou neige., ça ne me dérange pas. Quand je rentre, je prends une douche, je fais un vrai repas et je fais un dernier check de mes emails et des trucs sur lesquels je bossais dans la journée, j’y mets la touche finale. J’essaie de fermer l’ordi à
INTERVIEW
21h maxi, même si ça déborde souvent. A 22h30, j’essaie d’être en mesure de pouvoir m’allonger avec un bon livre (ou un magazine, fanzine, comics) ou pour regarder un film si je suis trop naze ou si j’ai la tête trop agité pour lire... mais le livre passera toujours avant le film (je regarde en moyenne un film par semaine seulement). Voilà, grosso modo, comment j’occupe mes journées, pour simplifier je bosse sur mes trucs quasi toute le journée, tous les jours de la semaine, sans exception. J’ai également un job alimentaire à mi-temps qui me prend 2 nuits et 2 soirées. Quand je suis sur la route, le programme est plus simple, je conduis le van, on décharge le matos quand on arriva à la salle, on balance, on installe le stand merch’, on joue, on replie le matériel, on le charge dans le van, je conduis le van vers l’hôtel ou l’appart’ qu’on nous prête pour la nuit, et je me couche en lisant quelques pages et en écoutant
quelques songs sur mon I-pod. Rien de moins, rien de plus.
: « Commando ». Un livre très intéressant.
Tu as l’habitude de jouer à ce p’tit jeu dans tes interviews, alors c’est à ton tour d’être sous le feu de l’action : *Fender ou Gibson ? Sans aucun doute possible : Fender. J’ai longtemps joué sur Gibson, j’ai eu une Les Paul, une SG, une Explorer et un modèle demi-caisse. Pour guitares et basses j’ai opté pour Fender il y a 7 ou 8 ans, c’est plus fiable, plus éclectique et plus précis.
*Surf Music ou Horror Rock ? L’appellation Horror Rock n’est pas vraiment un style de musique. il peut être appliqué autant au rock vintage qu’au metal. pour moi The Accused, The Cramps, The Meteors, Cannibal Corpse, Misfits, Gwar, Screamin’ Jay Hawkins, Ghoul ou White Zombie peuvent être rangé dans la case Horror. Et dans cet ordre d’idée, je place également Demon Vendetta et the Black Zombie Procession dans cette case Horror Rock.
*Johnny Ramone ou Dee Dee Ramone ? Johnny Ramone, sans aucune hésitation. Sans lui pas de Ramones, le reste n’est que littérature, légendes urbaines et pures fantaisies rock’n’rollesque. Johnny is the Man. Je vous conseille vivement son incroyable biographie (sortie l’année dernière), au titre tout à fait adapté
*K7 ou mp3 ? La K7 évidemment, qui est le support de ma génération, j’ai écouté mes premiers albums en format vinyl et cassette, le CD n’existait pas encore. j’en écoute encore régulièrement, tiens pas plus tard qu’hier j’écoutais une k7 de Miles Davis. Le Mp3 est pratique quand je suis
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INTERVIEW
sur la route, je bouge beaucoup donc j’ai un I-Pod assez fat, mais je ne télécharge pas, et je ne stocke pas de fichiers Mp3, en fait j’encode les disques que j’achète, pour pouvoir les écouter quand j’en ai envie. Le Mp3, c’est juste à truc à consommer rapidement, ceux qui se satisfont de ce format sans passer par la case vinyle ou CD (support phy-
les tous débuts de Metallica, c’est à Dave Mustaine qu’il faut le créditer. C’est le parrain du thrash tout simplement, la carrière de Megadeth est ultra solide, énorme guitariste, chanteur singulier, personnage charismatique avec un fort caractère, il ne fait pas l’unanimité mais c’est un vrai type. Bref je valide. Je conseille aussi vivement sa bio-
night), Perversifier (Perverting the Masses). En ce moment je lis « Travaux Forcés » de Mark Safranko (13ème note Editeur), « Before the Chop » d’Henry Rollins (son nouveau livre, recueil de ses colonnes de ces deux dernières années éditées dans le journal « LA Weekly ») et le dernier numéro (#3) du magazine Metaluna. Derniers DVDs regardés : « God Bless Ozzy Osbourne » (cool docu’ sur Ozzy) et « Lord, Don’t Slow Me Down » (docu’ sur Oasis en tournée). Dernier film vu au ciné : le remake moisi de Evil Dead.
sique, quoi) ne s’intéresse pas à la musique, tout simplement, ils passent à côté du sujet. *Slash ou Dave Mustaine (private joke) Dave Mustaine, absolument aucune hésitation. Slash est un bon guitariste de classic-rock, bluesy, qui a bien sûr imposé sa patte dans Guns N Roses, mais il a un jeu relativement classique. Ces skeuds solos sont d’un ennui (excepté le premier It’s five o clock somewhere, bon classic rock au groove pachydermique). Boursouflés et patauds, du rock américain de base, grosse artillerie mais pas vraiment excitant. Bon, déjà je préfère la carrière musicale de Dave Mustaine à celle de Slash, c’est certain. Rust in Peace est un de mes albums préférés de tous les temps, une pièce maîtresse du thrash metal. et ce que la plupart des gens apprécient dans
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graphie, pour qui s’intéresse à la naissance du mouvement thrash, aux débuts de Metallica, à la longue carrière chaotique de Megadeth, avec des passages très touchants sur la notion de croyance et de spiritualité, bref, un book dense qui document autant l’aspect musical qu’humain du personnage. Merci d’avoir pris le temps de répondre à cette petite interview. Si tu as quelque chose à rajouter, c’est MAINTENANT ! Merci à toi pour l’interview et pour le soutien durant toutes ces années ! Play-list de ces derniers jours: Godflesh (Songs of Love and Hate), M-Pheral (Soil), John Coltrane (Olé) et (Giant Steps), Raped Ape (Land of Broken Promises), Supuration (Cu3e), DeadWorld (The Machine), Miles Davis (‘Round about Mid-
Toutes les infos sur mes activités, musicales ou autres : likesunday. com Mon site merch : nastymerch.com Demon Vendetta : demonvendetta. com Now It’s Dark Podcast : nowitsdark. podomatic.com
Gui de Champi Photos : DR
INTERVIEW
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LES DISQUES DU MOIS
CHECKMATE Immanence (Klonosphère)
l’on repart au turbin avec un «... Despite the years» qui ne met que quelques instants avant de passer en mode tronçonneuse moissonnant sévèrement les conduits auditifs. Chaque coup de boutoir sonore semble avoir été pensé en amont, la stratégie est minutieusement calculée et les frenchies envoient un gros «Roque» tabasser les enceintes bien comme il faut, quand il ne se plaît pas à ironiser sur son propos créatif («Blank page») pour mieux enfoncer/défoncer les cloisons auditives.
Alors celui-là, on pourra dire qu’il se sera fait attendre. Comme chacun sait, plus c’est long... donc fatalement avec Checkmate, la patience est recompensée au centuple dès l’inaugural «Days by slip» qui défouraille tout ce qu’il rencontre sur son chemin. Intro’ classique puis lente montée en pression, on sent l’explosion imminente et lorsque celle-ci survient finalement, les frenchies envoient méchamment la purée. Du metal groovy et surpuissant d’une efficacité fracassante avec des mélodies redoutables, on en a vu d’autres oui, mais des comme ceux-là... pas tant que ça. Parce que ce que fait le groupe, cela reste assez normalisé sur la scène métallique, sauf que le niveau atteint est ici largement supérieur à la moyenne. Technicité au poil de c..., niveau de cohérence artistique plus qu’irréprochable, intensité à l’avenant et puissance de feu perforante. Si tu n’headbangues pas avec ça, laisse-tomber tu es déjà mort. Surtout que la suite est sensiblement du même tonneau, lâchant quelques ogives du calibre d’un «Fake golden kingdom» sulfurique, de l’imposant «Invictus» ou du foudroyant «I.MA». Checkmate a pris option démolition et distribue les parpaings comme d’autres enfilent les perles : un petit interlude instrumental et raffiné pour se changer les idées («Moving backwards...») et voici que
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On a beau chercher, difficile de déceler quelques défauts (être français et donc ne pas vivre dans le bon pays pour exploser ?) dans la cuirasse d’un groupe qui aura pris son temps pour lâcher la bête Immanence - merci la Klonosphere qui a quand même de temps à autres sacrément le nez creux (Jenx, Hyperdump, Nojia...) en limitant le risque d’échec au maximum. Quelques «Fragments» métalliques à l’intensité émotionnelle remarquables en rajoutent une grosse couche, qu’»A maze» va se complaire à bruyamment étaler et tartiner sur la platine. Metal groovy dopé à l’énergie brute et à la testostérone en I.V, mais pas que (merci les crescendo narratifs particulièrement bien amenés), Immanence est de ces albums qui de temps en temps, viennent déboîter la scène francophone que l’on juge parfois un peu meilleure qu’elle ne l’est réellement. Là en même temps, le groupe démontre intelligemment pourquoi et nous balance donc notre ironie en pleine face : «By any means necessary» (énorme). Tout est dit ? Echec et mat. Fessée métallique en prime. Là c’est dit. Aurelio
INTERVIEW
INTERVIEW > CHECKMATE Checkmate a enfin un label ! Après deux autoprods qui ont fait connaître le groupe jusque de l’autre côté de l’Atlantique, les Franciliens sortent leur énorme nouvel album via la Klonosphere, délivrent un clip de haute volée et aiguisent leurs riffs pour les prochains concerts... Et c’est Fabien (guitariste et chanteur) qui nous en dit plus... Sur un jeu d’échec, vous seriez quelle pièce ? Nous serions l’échiquier. A chacun de s’approprier Checkmate et d’y mettre ses pions comme il l’en-tend ! Vous avez eu la bonne idée de quitter vos typos très «métal», ça a été un choix facile de prendre une police assez neutre ? Cela a été un choix très simple car il collait à l’évolution musicale du groupe. Nous ne dirions pas qu’il est «neutre» mais plutôt «sobre» ou «épuré» comme le sont notre musique et notre visuel. Vous avez aussi arrêté d’écrire en français, pour quelles raisons ? Pour faciliter le processus d’écriture. Le français est une langue que nous adorons, mais c’est aussi une langue très exigeante et pointue, cela nous contraignait trop.
Nous n’avions plus la fluidité et la musicalité que possède l’anglais et que nous recherchions sur l’album. Avec un titre comme «Immanence», vous n’avez pas peur de faire peur à ceux qui ne connaîtraient pas ce concept ? C’est un concept philosophique qui, pris comme ça, peut faire peur en effet. C’est une définition qui implique un déterminisme et plus globalement, une détermination. Il faut surtout y voir une méta-phore : qu’est-ce qui nous motive ? Qu’est-ce qui nous fait vibrer et nous définit ? Qu’est-ce que l’on a au plus profond de soi et qui donne du sens à notre vie ? C’est une question extrêmement difficile et personnelle, mais qui en même temps a une réelle universalité car elle concerne tout le monde. Le but est que chacun trouve sa propre réponse et voit dans Immanence ce qu’il a envie de voir. Vous refusez les étiquettes, ok, mais de quels groupes vous sentez-vous proches musicalement ? Nous sommes, pour la plupart, de gros fans de Lamb Of God, Gojira, Machine Head ou Opeth. Il est possible qu’un peu de ces groupes se ressente dans notre musique. Et bien entendu, cette liste est très loin d’être exhaustive.
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INTERVIEW
Pourquoi avoir choisi Guyom Pavesi pour produire l’album ? Nous avons choisi Guyom car c’est un ami et qu’il est talentueux. Le fait qu’on soit très proche de lui était important pour nous, car nous avions envie de travailler avec quelqu’un qui nous connaissait, qui comprenait notre démarche musicale et avec qui il serait facile d’échanger. Il a fait un très gros travail de production, nous a poussé au-dela de nos limites et a mixé cet album comme nous l’entendions. Seules les guitares ont été enregistrées par Lucas D’angelo (Betraying The Martyrs) qui est aussi un ami et le mastering a été fait outre-Atlantique par l’incontournable Alan Douches (Mastodon, The Dillinger Escape Plan). De manière générale, vous faites confiance aux amis (production, artwork), sur quels points c’est important ? Comme mentionné juste avant, cela nous a quelque part «rassuré» de travailler avec des gens que l’on connaissait. Guyom pour la production et Alex Diaz (Spaniard Studio - The Prestige) sont tous deux des personnes très proches et avec qui l’échange est vraiment facile. Ils nous connaissaient parfaitement et avaient toutes les clés en main pour donner vie au projet de la manière dont nous le souhaitions (même si ça n’est pas toujours évident bien sûr). Il s’agit là de notre premier album, et nous avions à coeur de faire les choses en étant sûrs qu’elles seraient conformes à nos attentes.
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Vous avez eu le choix pour le label ou la crise est telle que le choix se fait plus «par défaut» ? La signature chez Klonosphere n’est pas un choix par défaut ! Nous sommes très fiers de travailler avec cette équipe, car ils font un boulot remarquable. Ils ont senti que le projet était intéressant et nous remercions au passage, encore une fois, Guillaume pour sa confiance. Comment avez-vous connu le poème «Invictus» de William Ernest Henley ? Le processus de création du titre a été similaire aux autres ? Le lien avec le film de Clint Eastwood est souvent fait mais, très honnêtement, nous avons connu ce poème d’une toute autre façon et notre titre ne fait pas référence au film. Ce texte a une telle force et une telle volonté d ’ a ccompl i s se ment de soi, que nous avons tout de suite eu l’envie de le mettre en musique. Quant au processus d’écriture, ça n’a pas bouleversé quoi que ce soit : texte et musique se sont liés rapidement. C’est le titre qui a été choisi pour être «clipé», pourquoi ce choix ? Vos titres 100% personnels n’étaient pas assez forts ? Non, tous nos textes sont forts en idées et en contenu. Mais le titre Invictus, par sa composition et son texte, nous semblait être le plus à même d’être mis en image. Nous saluons d’ailleurs Hawthorne Entertainment pour la fabuleuse réalisation qu’ils ont fait sur ce clip.
Merci à Guillaume et la Klonosphere, merci à Fabien et aux Checkmate. Crédit photos : Nicko Guihal
INTERVIEW
Le clip est assez «esthétique», il a plus de 10.000 vues en moins d’un mois, il y a des retours «con-crets» sur cet investissement ? Tout dépend ce que l’on entend par «concret». Ce qui est sûr c’est qu’effectivement nous avons de plus en plus de monde qui nous soutient. Nous avons surtout hâte d’aller à la rencontre de notre pu-blic et cela passe par le live !
Oli
Le texte de «A maze» peut être pris comme une réflexion sur le parcours de chacun mais aussi au 1er degré en pensant aux migrants qui tentent de traverser la Méditerranée, votre pensée est davantage métaphysique ou politique ? Nous n’avons pas la volonté de faire un discours politique. Cela impliquerait que nous soyons tous du même avis, ce qui n’est pas forcément le cas. Nous avons plutôt une approche de questionnement, mais si certains veulent y voir un message politique, alors libre à eux de le faire ! Comme nous le répétons, Immanence est un album qu’il faut s’approprier. Il pose des questions qui peuvent s’appli-quer à des domaines aussi vastes que variés et qui peuvent nous permettre de trouver des réponses là où on en cherche. Aujourd’hui, c’était le bac philo, alors la musique n’estelle qu’un outil ? Cela va au-delà de la musique, il s’agit de la notion d’art. Est-il un outil ou une fin en soi ? La créa-tion se suffitelle à elle-même ou bien est-ce un moyen ? On oppose souvent l’immanence (ce qui est en soi) à la transcendance (ce qui nous dépasse, comme Dieu par exemple), mais Dieu n’est-il pas en celui qui le veut ? Finalement, la transcendance n’est-elle pas aussi une immanence ? Fallait pas nous lancer sur le sujet... La Klonosphere a quelques touches à l’étranger, c’est quelque chose qui vous branche ou la France est la priorité pour le moment ? L’étranger nous connaissons déjà un peu car nous avons eu l’occasion de faire une tournée euro-péenne (Suisse, Allemagne, Autriche, Hongrie, Espagne) et une tournée sur la côté Nord-Est améri-caine, mais il est certain que la grande majorité de notre public se trouve dans l’hexagone. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de priorité particulière, nous irons jouer là où on voudra bien de nous, peu importe l’endroit ! Merci ! Encore merci à toi pour cette interview et aux lecteurs de W-Fenec ! A très bientôt.
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LES DISQUES DU MOIS
MANU
La dernière étoile (Tekini Records) ger son coeur, malgré la pluie de soleils, la solitude est sombre, ce titre rompt l’enchantement et plonge dans la triste réalité ceux qui se seraient laissés porter par les douces harmonies jusque-là. Mais ça pourrait être pire, tant qu’on ne perd pas le sourire, pour le garder, il suffit d’oublier, de travestir ses souvenirs, cette recette idéale pour rester heureux s’oppose à «A toute vitesse» où l’on revit et retient tout.
Cinq années se sont passées depuis le premier Rendez-vous avec Manu mais les premières notes de ce nouvel opus rouvrent rapidement la boîte à souvenirs. On constate alors que ses belles mélodies («Tes cicatrices», «T’es bô t’es con», «Suteki ni»...) ne nous ont pas vraiment quittées et qu’elles viennent nous hanter en même temps que l’on découvre leurs petites soeurs. Quelques murmures, quelques notes, un rythme qui monte, le petit instrumental «Oh dear !» donne les trois coups, son successeur immédiat «J’attends l’heure» n’en donne lui qu’un seul, mais un sacré coup ... de vieux ! Ambiance maison de retraite dépressive pour le texte, petites mélodies guillerettes tout en contraste pour la musique et la ligne de chant, Manu a le don de faire passer des instants fades comme des bonbons acidulés. Le thème est différent pour «Que fais-tu ?» mais l’idée reste la même, les mots sont ici dédiées à la jalousie alors que la rythmique cadencée va de l’avant et le ton semble insouciant. «La routine» des amants qui se manquent faute de prendre du temps continue la course de l’album qui apprécie le mouvement et marque une première pause avec le titre éponyme «La dernière étoile». Très émouvante, Emmanuelle alourdit le tempo et partage une partie de son fardeau pour allé-
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Musique, texte (de France Cartigny, comme pour «La routine» où la démoiselle fait également les choeurs) et chant sont à l’unisson, le peu d’allant laisse peu d’espoir et nous laisse bel et bien sur terre. La réponse donnée par Manu est la même que pour «J’oublie» : il faut prendre l’affaire «A la légère», comme ce petit gimmick à la guitare, on repart comme si de rien n’était... Pour aiguiser de nouveau nos oreilles, un peu d’anglais désabusé par des mensonges et un saxophone qui comme le sujet de la chanson la joue un peu perso («Talk (about)»). La basse redonne du pep’s et illumine de nouveau les yeux avec quelques jeux de mots à propos des maux que Manu rencontre (aussi bien lors d’une tempête sentimentale que pour écrire). Et à la fin, où se retrouve-t-on ? Au paradis bien sûr... Une douceur pleine de nostalgie où l’on se met à regretter les écorchures du passé. La dernière étoile est un très bel album, contrasté, centré sur les souvenirs et les émotions, porté par des mélodies touchantes, un album à la fois personnel et à partager pour gagner en légèreté.
Oli
INTERVIEW
INTERVIEW > MANU Manu revient dans nos oreilles avec La dernière étoile, un album qui s’est fait attendre après un premier Rendez-vous très réussi, en attendant encore un peu de la retrouver sur scène, nous avons voulu en savoir plus sur cet opus... 5 années entre deux albums, c’est un rythme qui te convient ? Ou ce sont les aléas du métier qui ont voulu un tel écart ? J’aurais souhaité le délivrer plus tôt, mais il est vrai que c’est devenu difficile de sortir un album de nos jours. J’ai eu à subir, comme beaucoup d’artistes, des soucis avec ma maison de disques de l’époque pour mon premier album solo Rendez-vous, qui m’ont beaucoup affectée. Cela a ralenti le processus créatif. J’ai donc été un peu lente dans l’écriture cette fois-ci, je n’avais pas de morceaux à l’avance et j’attendais le déclic. Me tourner vers les autres en a été un, par exemple j’écoutais, j’observais, je prenais des notes et elles m’inspiraient la musique. Ne plus seulement parler de moi et de mes joies et peines, mais interpréter et m’approprier celles des autres. Les soumettre à mon regard, mon imagination
et les proposer. J’avais et j’ai encore des choses à dire, ce dont on n’est jamais sûr lorsqu’on s’attelle à l’écriture d’un album. Puis nous avons tenté des démarches quand même auprès de certains labels pour cet album, démarches longues et pas vraiment concluantes à nos goûts... Il a donc fallu s’organiser pour bien préparer cette sortie nous-mêmes via le label Tekini Records, label que j’ai monté avec Patrick Giordano en 2007. Tu avais écrit une autre chanson en japonais («Tenki ame»), elle ne trouvait pas sa place sur l’album ? « Tenki ame », est une chanson qui me tient vraiment à coeur. Akira Yamaoka, illustre compositeur japonais, notamment de musiques de jeux vidéos tels que Silent Hill, l’a d’ailleurs demandé pour une compilation qui servira à amener des fonds pour les victimes de Fukushima. Je ne lui ai pas trouvé sa place sur l’album comme tu dis. Mais il n’y a pas que « Tenki ame » que l’on a finalement pas mis sur l’album... On a enlevé plusieurs titres au dernier moment, car on voulait que l’album soit vraiment cohérent, qu’il soit une entité. Au risque de proposer un album un peu plus court que la moyenne... en
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INTERVIEW
fait, on va aussi sortir des add-on à La dernière étoile... du contenu supplémentaire, un peu comme pour certains jeux vidéos... Non pas dans un but mercantile, mais pour que ces « extensions » aient eux aussi une cohérence propre, tout en étant intimement liées à La dernière étoile. On espère pouvoir sortir deux EPs de la sorte cette année... Le premier devrait être plus proche de ce que nous faisons sur scène, très rock, très brut. Et le second sera plus lié à la culture japonaise de l’image
Quelques titres sont écrits avec Nico, ce sont des titres qu’il a amélioré ou vous avez travaillé ensemble dès le début de la composition ? Les titres de cet album ont plusieurs périodes. La première est la résultante de deux jours passés avec Nikko à écouter ses riffs ou ses instrus au dobro. Sont nés alors « Que fais-tu » et « Talk (about) ». cela a défini la couleur que nous cherchions pour l’album. Puis étant en tournée avec Eiffel, il m’a encouragé à
et aux jeux vidéos... mais bon, je croise les doigts pour qu’on réussisse à faire aboutir ces deux projets complémentaires de l’album.
composer davantage seule. L’idée ne m’a pas fait sauter de joie au départ, j’aime tellement le partage, mais me retrouver seule à batailler avec Pro-tools et Reason était comme un défi et je me suis prise au jeu. C’est ainsi que j’ai fait « J’attends l’heure », « J’oublie », « Le paradis », « La dernière étoile », « Je pars avant » et « Oh dear ». Je savais que Nikko me sublimerait les sons et les chansons par la suite si les titres lui plaisaient. Puis quand j’ai pu l’attraper de nouveau, nous avons recommencé à composer comme nous le faisons souvent, à savoir, il a une idée à la guitare, je chante une mélodie, nous structurons ensemble et il décore magnifiquement le tout. C’est le cas pour « À toute vitesse », « La Routine » et « À la légère ». Je lui fais entière confiance et il m’inspire beaucoup. Je pense que c’est réciproque.
L’artwork est très joli, quelle est ta part, quelle est celle de Laurent Charliot ? Merci pour le compliment pour l’artwork. L’idée est partie d’une pochette de Gotye que j’aime beaucoup, celle de la peinture avec le coeur. J’ai pensé à une étoile emplie des images que j’avais en tête pour chaque chanson. Chaque chanson a son étoile. Laurent m’a aidé à réaliser ce que j’avais dans la tête. On se connaît bien, ça aide, car il ne m’est pas toujours facile de faire comprendre mes propos artistiques. C’est ce qui me plaît aussi dans ma collaboration avec Nikko (Nicolas Bonnière). Cette complicité, le fait de de se comprendre facilement. C’est précieux.
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Elle a également écrit «A toute vitesse», tu te reconnais dans ses textes ? Avec France, ce fut comme si on se connaissait depuis toujours, c’est ma frangine. Alors que je peinais sur deux chansons, ne trouvant pas les textes à la hauteur de la musique, j’ai pensé à elle. Je n’ai pas douté une seule seconde du résultat, et je dois dire qu’il est même au-delà de mes espérances, tant ses paroles me touchent et me parlent. Je suis fan des France Cartigny, l’album Les meilleurs est un de mes disques de chevet. Aussi suis-je fière de cette collaboration. Je tenais à ce qu’elle soit là lors de l’enregistrement des voix, et c’est tout naturellement qu’elle est venue poser la sienne avec la mienne. Dans tes textes, on peut lire : Je longe les traces («La dernière étoile»), J’ai marché longtemps («J’oublie»), Toutes ces montagnes que j’dévale («A la légère»), «Je pars avant»... tu sembles toujours en mouvement, tu as peur de l’immobilité ? Effectivement, le mouvement est très présent dans l’album, ainsi que le temps qui passe, cela est lié évidemment. Cela n’a pas été fait en conscience, je le constate également au final. C’est intéressant à analyser. Quelques journalistes comme toi, m’en ont fait la remarque, cela me touche beaucoup, car cela implique une réelle écoute, je t’en remercie au passage, et quelque part des questions, des peurs et/ou des sensibilités communes. Je pense que l’on s’approprie les textes d’une chanson par rapport à ce que l’on est en train de vivre et que l’on entend ce que l’on a envie d’entendre à ce moment-là. C’est mon cas lorsque j’écoute la musique et les mots des autres. Les extraits que tu as choisis sont éloquents, j’en parlerais à mon analyste quand je me déciderais à en prendre un (rires). Pour l’instant la musique est mon exutoire et une belle thérapie.
Tu as rejoint Rage Tour, un tourneur plutôt métal, pourquoi ce choix ? Nico de Rage Tour est un tourneur de renom, qui s’est montré très enthousiaste à travailler avec moi. Je pense qu’il faut toujours aller vers les personnes les plus motivées et qui ont l’envie. J’ai toujours aimé le métal, mes collaborations avec Apocalyptica et Mass Hysteria en sont un bel exemple. Même si cela n’est pas flagrant dans mon dernier album, cet univers se retrouve toujours à un moment en live sur certains morceaux.
INTERVIEW
France Cartigny vient faire les choeurs sur «La routine» dont elle a écrit le texte, comment s’est fait cette rencontre ? J’ai rencontré France lors d’une session aux studios des Forces Motrices à Genève. David Weber a eu envie de réunir plusieurs artistes français, anglais et suisses qu’il aime et de les faire jouer et composer ensemble. Nous ne nous connaissions pas pour la plupart mais la magie a opéré de suite. Cette belle initiative de David a donné vie à un album Les motrices sessions sorti en 2007, avec deux concerts mémorables à la suite. Il y a pléthore de bonnes chansons sur cet album. C’est là-bas que j’ai rencontré Fred K également, qui m’a aidé à sortir les mots de ma chanson pour Micka, « Goodbye », sortie sur mon album précédent Rendez-vous.
Participer au «Bal des Enragés», c’est un truc qui te brancherait ? Bien sûr que j’aimerais participer au Bal des Enragés ! Peu de festivals t’ont programmé cet été, je trouve ça très étrange et je me demande «pourquoi ???», tu as une explication ? Effectivement je n’ai pas beaucoup de festivals prévus cet été, je n’ai pas d’explications à cela. En même temps, on retrouve tellement les mêmes noms sur les affiches, que l’on comprend que les programmateurs vont appeler des valeurs sûres, ou des groupes qui font le buzz en ce moment. Il est difficile aussi pour les festivals, ou les salles d’ailleurs, de continuer à exister, comme c’est le cas pour moi, je le comprends. Mais j’ai évidemment le regret de ne pouvoir partager davantage la force que nous avons mes compères et moi sur scène. Le DVD live en est une belle trace. Ce sont toujours des moments puissants, intenses en émotions et en énergie. C’est assez frustrant, mais l’on continue, c’est un nouveau départ à chaque fois, un travail de fourmis comme on dit. Une véritable bataille en réalité. Une tournée est prévue à l’automne ? Une tournée est effectivement prévue à l’automne, je croise les doigts . Alors à bientôt sur les routes ! Merci à Manu et à Julien & Matt (MathPromo). Photo : JipéTruong
Oli
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CHRONIQUE DVD
LE BAL DES ENRAGES Le grand retour (Athome) the Queen» des Sex Pistols, du légendaire «Ring of fire» de Johnny Cash (une chanson douce pour les vieux) ou encore «Maxwell murders» des Rancid et «Gotta go» d’Agnostic Front. Ajoute les covers de grands classiques de Marilyn Manson, Ministry, System Of A Down, Metallica, Sepultura, Berurier Noir ou encoreDead Kennedys et t’as 18 titres pour faire une paire de bornes dans la bagnole avec la banane et en hochant davantage la tête que le chiot posé sur la plage arrière.
C’était d’abord pour faire la fête sur une date, puis histoire de prolonger le plaisir, ils ont mis une tournée et comme on en redemande, Le Bal des Enragés remet ça régulièrement, avant de les revoir cet été, ils ont passé le long hiver 2012-2013 au chaud dans des salles combles. Lors de huit soirées, ils ont capté leur bonne humeur à reprendre les standards du Rock, du Punk, du Métal, de l’Indus... Devenu un véritable collectif à géométrie variable, on retrouve selon les titres des musiciens que l’on a pu voir ou voit encore avec Tagada Jones, Lofofora, Parabellum, Punish Yourself, Black Bomb Ä, La Phaze ou Loudblast (le petit Stéphane Buriez n’ayant pas pu résister à un tel programme). Une sacrée troupe qui met un sacré bordel sur des putains de chansons. At(h)ome a la bonne idée (une fois de plus) de coupler le DVD live à un CD live et le disque n’est pas juste la bande son de la vidéo, on y retrouve certes quelques tubes présents sur le DVD mais le tracklisting apporte également 8 «bonus» avec les interprétations enragées de «My generation» des Who (toute basse en avant), du «Can your pussy do the dog» des Cramps (pour ceux qui font bien les chiens), des incontournables «Tostaky» de Noir Désir et «Antisocial» de Trust (dans les deux cas, le public est encore plus réactif), de l’hymne «’God save
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Et oui, le gros morceau, c’est le DVD avec sa vingtaine de titres et ses images backstage... Plutôt que de prendre le titre par titre, on lance bien sûr le film et entrons au bal, populaire et enragé. Après l’intro, on se retrouve en balance à La Clef, la setlist est très longue mais avant d’attaquer le son, Reuno se lance dans les premières explications sur l’origine de ce projet de bande. C’est pas tout ça mais le matos ne se décharge pas tout seul, accompagné par la neige et Agnostic Front d’un côté à l’autre de l’hexagone, on découvre le montage de la scène et les derniers réglages avant de mettre le feu... au propre comme au figuré ! Et quand certains chantent sur scène, backstage, ça ne s’arrête pas (de chanter et boire, n’est-ce pas Vx ?), les changements de personnel, d’instruments et de déguisements se font plus en douceur que la distribution de riffs on stage (Rage Against The Machine, «Killing in the name of») où la guerre s’installe (Rammstein, «Feuer frei»). Ca descend de la canette («Il est des nôtres» qui n’était pas sur la set list officielle) et on passe en mode keupon (Sham 69, «If the kids are united»), le temps de parler un peu des cadrages, du montage et de l’image, à part les plans larges qui sont un peu posés, le reste, c’est filmé comme il est possible de le faire au milieu d’un tel boxon, avec des petites caméras numériques, peut-être qu’un petit traitement sur l’image l’aurait rendu plus chaleureuse, le tout est envoyé de façon très énergique. Après l’instant cuisine (autruche farcie à la chaussette) et déguisement (Stupeflip et la mise en sècne de «A bas la hiérarchie» oblige), on arrive à l’Alhambra avec un air de piano classique qui en étonnera plus d’un. Quelques
CHRONIQUE DVD
Photo : Alexis Janicot - www.ilpleutencore.com / Hellfest 2013
pompes plus tard, «Hate to say I told you so» des Hives établit un lien avec Jimi Hendrix et son «Fire», c’est bien plus sympa qu’un plan galère sur une aire d’autoroute... Traverser le pays en tourbus, c’est pas toujours des vacances, celles des Dead Kennedys en Asie («Holidays in Cambodia»), non plus (les blessures de guerre en témoignent). Quand Vx remonte sur scène, le punk old shcool est souvent de mise, l’amalgame The Exploited («War») / Uk82 («Disorder») fonctionne bien, le frigo du bus aussi. Kass et Reuno font la police suite à l’intervention de Lolo le fourbe (prochain héros de Strip-Tease ?) avec un superbe «Montre-moi tes nichons si t’as des couilles» et balancent un «Nice boys don’t play rock n’ roll» (Rose Tattoo). On change les jeux de corde, on échange les vieux souvenirs entre Parabellum qui s’auto-reprennent avec «Cayenne». Petite saturation bucolique au Val d’Ajol au cultissime «Chez Narcisse» qui voit du «Beautiful people» débarquer. L’enchaînement entre Marilyn Manson et Ministry semblant naturel, il est conservé ici et on se prend donc «Just one fix» avec autant de bonheur que «La bière» (Les Garcons Bouchers avant de manger et de prendre une petite mirabelle digestive. Klodia prend le micro pour «remplacer» Joan Jett («Bad repu-
tation»), on reste avec Punish (mais Vx et pas mal de plans de la caméramicro) pour la cover des Stooges («I wanna be your dog»), on rigole avec quelques vannes entre la poissonnerie et la revue de presse au troquet, la vie en tournée réserve quelques surprises... La très bonne reprise du peu évident «Chop suey» des System Of A Down n’en est pas une, l’enchaînement avec Metallica («Enter sandman») est casse-gueule mais ça passe à l’aise, entre gens de bonne compagnie, pas de chichis... L’artificier explique un peu son métier et c’est fort logiquement l’explosif «New noise» des Refused qui nous est servi. Les batteurs s’échauffent dans la séquence suivante parce qu’il va falloir tambouriner pour donner encore plus de relief au «Refuse/Resist» de Sepultura, il y a du monde sur la scène et le son gras tranche avec la guitare sèche (de Moustaki !?) qui déboule backstage l’instant d’après. C’est la fin du film (et du concert), et ce n’est pas Téléphone mais Trust («Antisocial») qui fait chanter le public. La boucle se boucle avec Berurier Noir («Vive le feu») et c’est terminé, tu viens de passer 2h20 avec Le Bal des Enragés et tu n’as pas vu le temps passé... Ils sont forts ces enragés ! Oli
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BILLY THE KILL
An open book with spelling mistakes (Kicking Records)
Samedi 30 décembre 2012. Fraîchement débarqué à Toulouse, je suis convié avec ma tendre épouse à un apéro chez mon ami Fred Allérat (aka Billy the Kill) et sa chère Clémence. Pendant que les filles papotent, Fred, tel un renard sorti de son terrier, me propose d’écouter la mise à plat de ce qui deviendra An open book with spelling mistakes. J’aime ce gars, c’est indéniable, aussi bien pour sa carrière en groupe (Second Rate, Billy Gaz Station, Lost Cowboy Heroes.) que pour son projet solo. Et à la première écoute de ce futur troisième album, je suis conquis. Pourquoi je vous raconte ma vie ? Car il m’était important de poser les bases de cette histoire d’amour entre votre serviteur et ce fabuleux disque qu’est An open book with spelling mistakes. Disponible chez Kicking Records (le label synonyme de bon goût) mais ayant fait l’objet d’une souscription auprès d’internautes via la plateforme KissKissBankBank. com, j’ai attendu de longs mois pour que ce disque arrive dans ma platine. J’avais toujours en tête cette douce pensée d’une écoute intéressante chez Fred. Mais je ne sais pas si c’est l’âge, mais ces souvenirs se sont manifestement estompés, car les différentes sensations que je peux ressentir à l’écoute de ce petit bijou de folk indie rock se sont décuplées. En effet, comment rester insensible au talent du bonhomme, talent décliné dans
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toutes ses combinaisons : d’interprétation tout d’abord (BTK joue quasiment de tous les instruments, d’ailleurs saviez-vous qu’il a une formation de batteur ?), mais aussi de composition, chacun des titres flirtant avec le sublime. J’ai des frissons quand retentit « The world is yours », magnifique morceau introductif dont je ne me lasserai jamais. Une guitare, une voix, tout simplement. J’ai du mal à retenir mes larmes quand j’écoute une nouvelle (fabuleuse) version de « I can write some song » (la troisième enregistrée à ma connaissance, après une version dépouillée de sa première démo et la version électrique de ses Waterguns sur le split This Is Besancon, not Paris). Je peine à tenir en place une fois lancé dans ma hi-fi « Everything in the past is true » ou « Self-destruction ambition » envoyé en mode Billy Gaz Station et sentant bon Dinosaur Jr. Je ne peux pas cacher ma satisfaction quand retentissent « Les lendemains qui chantent », belle cover des Thugs, et « Holy diver », réinterprétation aussi lourde et glauque que géniale d’un texte du monument Ronnie James Dio. Et je ne peux que crier au génie quand vient l’heure de « Somewhere in my mind » à l’inspiration Kravitzienne dans le traitement vintage du son. Bref, vous constaterez que quand je vous parle de sensations, je ne blagotte pas. Billy the Kill varie les plaisirs tout au long de ce disque indispensable, aussi bien dans le mode acoustique intimiste où il excelle, que dans des versions électriques agrémentées d’autres instruments. Avec toujours pour dénominateur commun ces morceaux fonctionnant parfaitement et transpirant l’authenticité et le talent. Difficile de rester insensible à cet artiste qui, à l’instar d’un Forest Pooky, mérite plus que la reconnaissance et le respect du microcosme punk indie rock français. Les « autres » ne savent pas ce qu’ils manquent, mais en même temps, je rêve que ce mec soit enfin reconnu du grand public car il le mérite. Je ne peux donc que vous conseiller de jeter une oreille attentive sur An open book with spelling mistakes et vous m’en direz des nouvelles. Billy The Kil is my hero. Gui de Champi
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THE YOUNG GODS The Young Gods [réédition] (Two Gentlemen)
rences chez les Swans, Einstürzende Neubauten, Skinny Puppy, Merzbow ou Death in June et se développe en même temps que Laibach ou Front Line Assembly. Et si aujourd’hui le groupe est mondialement reconnu pour sa finesse et le traitement particulier de ses sons, ses membres sont partis de compositions très brutes et le travail du vénérable Howie Weinberg (Faith No More, Garbage, Pantera, Helmet, Red Hot Chili Peppers, Dream Theater, Smashing Pumpkins, Skunk Anansie, Rammstein, ...) qui a remasterisé l’album n’a pas altéré cette touche assez emblématique de la fin des années 80.
En 1987, deux ans après leur formation, The Young Gods sort son premier album éponyme et pose les bases de ce que deviendra l’indus. C’était il y a déjà 25 ans et pour fêter ça, le groupe nous propose une réédition retravaillée de son opus agrémenté d’un live enregistré au Fri-Son la même année. Pour celui qui découvrirait le talent des Jeunes Dieux aujourd’hui, il faut s’accrocher avant l’écoute des albums (le studio et sa quasi version live car les titres joués sur scène sont ceux de l’album à l’exception de «Sing sing» la reprise de Nougaro), la musique des Suisses étant encore très expérimentale et se refusant à entrer dans les codes du musicalement correct («Fais la mouette» c’est peut-être moins con que «Fais la poule» cela mais réclame tout de même une sacrée ouverture d’esprit). Pour comprendre l’importance de cet album et son impact, il faut le replacer dans son contexte : en 1987, Ministry n’a pas encore écrit The land of rape and honey (et forcément encore moins The mind is a terrible thing to taste) qui marqueront durablement eux aussi la musique industrielle, en 1987, Trent Reznor participe discrètement aux combos Exotic Brids ou Slam Bamboo (et à part les die hard fans de NIN, personne ne connaît ces groupes). The Young Gods va donc puiser ses réfé-
Pour se lancer dans le monde de la musique, The Young Gods n’avait pas choisi la facilité. Ils ne la choisiront d’ailleurs jamais, la preuve avec l’inaugural «Nous de la lune» et son rythme d’estropié, ses cloches inquiétantes et ce train qui fait résonner les rails. Entre tripatouillages («Soul idiot»), rock («Feu») et métal («Envoyé»), les Suisses touchent à tout et s’imposent comme une nouvelle référence que bon nombre d’artistes citeront et citent encore. Pour la version live, Franz et ses comparses savaient déjà étirer les titres, tendre les atmosphères et transfigurer leurs titres comme ceux des autres (la reprise de Claude Nougaro mais aussi celle de «Hello, hello, I’m back again» de Gary Glitter déjà retravaillée en studio sous le nom de «Did you miss me»). En 1987, The Young Gods ne s’étaient pas trompés au moment de choisir leur patronyme. Et s’ils sont aujourd’hui un peu plus vieux, ils restent des Dieux.
Oli
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BOYSETSFIRE
While a nation sleeps... (Bridge Nine Records) se révèle peu à peu bancal («Save yourself») ou tristement quelconque («Let it bleed»), sinon carrément mauvais («Reason to believe»). Malgré quelques éclairs (le brûlant «Far from over», l’apocalyptique «Wolves of Babylon»), l’ensemble reste tellement inégal que cela en devient agaçant sur la durée totale de l’album, alors Boysetsfire en est réduit à livrer du «hit» taillé (maladroitement) pour le live («Never said»). Et si cela reste audible, on est loin de ce que l’on espérait secrètement des Américains avec While a nation sleeps....
Revenu d’entre les morts en 2010 après trois ans de hiatus, Boysetsfire, ex-pilier du mouvement emopost-hardcore mélodique nord-américain pendant une grosse douzaine d’années (entre 1994 et 2007 pour être précis), s’est finalement décidé en 2012 à repasser par la case compo/enregistrement/pressage/promo d’un nouvel album... que voici : While a nation sleeps.... Et qui d’entrée de jeu renoue avec les recettes emo enflammé, post-hardcore colérique et mélodies easy-listening rompant avec les éclairs de rage parsemant un titre inaugural finalement aussi simple que redoutablement efficace («Until nothing remains»), avant de lâcher la cavalerie punk sur un «Closure» qui y va franchement dans le rock taillé pour les bande-sons de blockbuster hollywoodien. Mais c’est toujours bien troussé donc ça déroule plutôt très facilement dans les écoutilles. Un peu moins par contre quand le groupe tente des trucs un peu limites sur «Heads will roll» ou «Everything went black» et des hurlements suraigus de forcené qui n’avaient pas vraiment leur place ici, ou qu’il force trop sa recherche du «tube» en la matière avec «Phone call (4.am)». Constat que l’on retrouve en divers passages du disque, Boysetsfire semblant avoir quelques soucis avec sa direction artistique de sorte que le résultat
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Retour raté malgré une petite poignée de titres plutôt bien foutus. Et ne sont pas les deux dernières pistes («Altar of God», «Prey») qui sauveront la mise d’un album qui laisse au final un goût amer tant le potentiel semblait évident pour faire quelque chose de bien meilleur que ce qu’est finalement ce come-back en forme de semi-ratage assez regrettable. Aurelio
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KILLING JOKE
The singles collection 1979-2012 (Spinefarm records)
Difficile de discuter de la pertinence d’une compilation rétrospective pour un groupe comme Killing Joke tant les Anglais semblent avoir subi des changements de lineup, des mutations musicales et donc des périodes différentes, avec en fil rouge la voix singulière du toujours dingue Jaz Coleman. Surtout que cette compil’ en jette pas mal avec 2 CDs retraçant la courbe de progression du groupe et un disque de raretés à l’intérêt, disons-le tout de suite assez variable mais variable ne veut pas dire négligeable. Et puis, commentaires de vieux con, il faut bien mâcher le boulot à nos petits jeunes avides de zapping et de téléchargements itunes. Qui dit singles compilation, dit sélections de morceaux les plus bankables (si on peut utiliser ce terme pour Killing Joke...) par leur label et/ou par le groupe donc pas forcément ce qu’ils ont fait de plus notables artistiquement mais au moins les plus immédiatement accrocheurs et de ce coté-là, c’est une réussite saisissante. C’est pied au plancher que commence le CD 1 avec une série de pistes à l’identité post-punk ancrée. La parenté (ou l’influence...), durant les premiers titres, avec le Rattus norvegicus d’un The Stranglers semble indéniable. Un titre comme» Chop-chop» confirme l’aura du groupe sur tout un pan de la musique actuelle avec une piste que les Bloc Party ont (in)volontairement singé/digressé une bonne quin-
zaine de fois. Les classiques s’enfilent sans peine, la prod’ a bien sûr vieilli, la musique est datée mais la qualité du propos est indéniable et elle s’avale goulument. Le constat est nettement moins enthousiaste avec la suite du CD qui s’attaque à la période new-wave : quelques pistes («Eighties», «Let’s all go to the fire dances») font plaisir à réentendre, d’autres piquent littéralement aux oreilles et l’impression d’entendre un pot pourri de Duran Duran et Depeche Mode se fait drôlement tenace. Pour les fans en colère, les menaces de mort, c’est par là. La fesse droite s’il te plaît. Le CD 2, c’est une autre paire de manches. De la beauté cryogénisée de «The beautiful is dead, à la basse vrombissante de «Money is not our god» à la dynamique martiale d’»Exorcism», ici il n’y a rien à jeter. L’intérêt de la rétrospective réside autant dans l’évolution stylistique du groupe que dans les expérimentations vocales («Exorcism» notamment) de M. Coleman, s’éloignant de plus en plus de la sobriété des débuts post-punk, et quand on parle de sobriété, c’est aussi extra-musicale hein... Parmi toutes les mues évoquées, on passera sur l’horrible et mielleux «Jana», force est de constater que celles post-split trouvent le plus d’échos dans mes oreilles réfractaires aux 80’s, avec notamment un album éponyme où officiait un certain Dave Grohl (Nirvana,Foo Fighters, Probot...) à la batterie. Les titres «Loose cannon» et «Seeing red» nous rappellent à quel point cet album avait marqué l’année 2008. D’autant plus qu’ils ne sont pas loin d’être les titres les plus faiblards de l’album. Un brulôt d’indus pillonné comme «Asteroid» aurait largement pu y trouver sa place également. Le CD 3 quant à lui est somme toute plaisant à découvrir au moins une fois, ne serait-ce que pour les inédits issus de B.O diverses (Mortal Kombat, Showgirls... ). Reste qu’on y reviendra pas aussi systématiquement que les deux premiers disques. Reste (bis); qu’on a là du beau boulot d’archivages et si Killing Joke t’es étranger, cette compilation semble être l’objet adéquat au possible pour commencer à t’engouffrer dans leur longue discographie. Tu pourras rapidement identifier quels Killing Joke t’intéressent le plus. David
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THE SHAKING SENSATIONS Start stop worrying (Pelagic Records) un savoir-faire remarquable et une finesse dans la songwriting qui tutoie les cieux. Start stop worrying en n’en est qu’à sa moitié qu’il se révèle déjà indispensable et confirme tout le bien que l’on pensait déjà du line-up de chez Pelagic Records qui s’est chargé de sortir l’album (le label préside déjà aux destinés d’Abraham, Coilguns, Earthship, EF, Kruger, The Old Wind ou The Ocean). La suite ne fera que confirmer l’évidence.
Ce disque est un petit chef-d’oeuvre. On pourrait arrêter là et conseiller au lecteur de se jeter sur le lien Bandcamp figurant en fin d’article. Mais on peut aussi continuer et expliquer pourquoi le nouvel album des Danois de The Shaking Sensations est une pépite de post-rock ascensionnel générateur d’émotions intenses car à fleur de peau... et d’une beauté absolument ineffable. Notamment parce que l’inaugural «Rocket summer» est à couper le souffle, ses moments de minimalisme délicat qui laissent la place à de longues mais vibrantes poussées de fièvre aboutissant à un climax stratosphérique et étincelant. Mais aussi parce qu’il y a ensuite cinq autres petites merveilles d’orfèvrerie post-rock scandinave à nulle autre pareil. «We ourselves alone» apaise les âmes en enveloppant l’auditeur de sa douceur immaculée avant d’inexorablement emmener l’auditeur vers des hauteurs rock instrumentales aux panoramas mélodiques qui émerveilleront les inconditionnels du genre comme les autres car The Shaking Sensations a l’excellent goût d’enchaîner directement avec le sublime «Anchors». Et là, difficile de ne pas succomber aux charmes d’une formation nordique qui a décidément tout pour elle. Un classicisme élégant, une capacité à entrer en prise direct avec notre âme,
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Trois autres morceaux et autant de belles choses que le groupe réserve à ceux qui se délecteront du velouté «Gild the Lily» avant le plus électrique (et son final renversant) «Ravelin». Ce sans jamais s’essouffler. On atteint la pièce finale de cet album et The Shaking Sensations achèvent leur édifice musical avec un «Heavy entity» somptueux de maîtrise et quelques dix minutes trente d’une ultime odyssée aux confins d’un post-rock toujours d’aussi haute volée. Classe (incomparable). Aurelio
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THE MELVINS Everybody loves sausages (Ipecac)
écoutais Fun Radio. Même verdict pour le «Set it on fire» de The Scientists avec Mark Arm des géniaux Mudhoney au chant, ou la reprise de Roxy Music avec un Jello Biafra totalement méconnaissable en mode crooner dézingué. Finalement, il sera bien difficile de résister à une tracklist aussi savamment dosée et à un choix de reprises parfaitement équilibré entre morceaux connus et titres plus obscurs, titres plus directs et morceaux plus expérimentaux. La dernière doublette «Art school» de The Jam et «Heathen earth» de Throbbing Gristle le démontre encore une dernière fois : (The) Melvins pulvérisent donc joliment le scepticisme qui nous habitait au départ.
Après quelques albums mi-figue mi-raisin et une tournée récente (avec les The Melvins Lite...) qui nous laissait passablement sur notre faim, (The) Melvins semblaient avoir perdu le petit quelque-chose qui les rendait à nouveau sur-excitants depuis quelques disques. Et finalement, quoi de mieux qu’un album de reprises avec un nom à la con et plein de potes prestigieux (Scott Kelly de Neurosis, Mark Arm de Mudhoney, Jello Biafra des Dead Kennedys... ) au casting pour redorer un karma qui n’a, de toutes les façons, pas vraiment besoin de l’être.
Et il faut lire les notes de Buzz à l’intérieur du livret quant aux choix des morceaux, c’est souvent assez drôle. Exemple pour Venom : «We all love Venom, Rumor has it that these guys are all yoga instructors now». Haha. David
Dès le premier titre, une reprise de Venom avec Scott Kelly de Neurosis au chant : on retrouve le panache des (The) Melvins sur un titre percutant et heavy. La seconde piste, une cover de Queen, s’avère excellente et emballe de suite l’auditeur pour peu que l’on soit adepte du second degré si cher à ce groupe atypique. Le troisième titre est déjà connu de nos services puisqu’il était apparu sur un split avec le Jon Spencer Blues Explosion édité par le célèbre label noise Amphetamine Reptile (Helmet, Chokebore, Today Is The Day tout ça...). Toujours excellent d’ailleurs, un morceau que le groupe s’est passablement bien approprié, faisant quasiment oublié le coté ringardos d’une chanson popularisée par Ram Jam dans les années 90, oui oui, à l’époque où tu
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FRAGMENT.
Temporary Enlightenment (OPN Productions) cycliques, expressions mélodiques omniprésentes, des teintes (post)métalliques qui surgissent ci et là, une approche que l’on pourra parfois qualifier de slowcore/ ambient/indus («Rituals»), Temporary enlightenment est la synthèse des obsessions créatives de son auteur, un disque sur lesquels viennent tantôt se poser une guitare aventureuse («From this moment»), des nappes de synthés atmosphériques, cette voix, empreinte de mélancolie résignée (le très beau «Just for today») et un double visage, lancinant («Shield»), heavy-doom/ shoegaze («The last embrace») que l’on qualifiera de magmatique.
S’il s’est un peu calmé sur le rythme de productions ces dernières mois (un an et demi se sont écoulés entre Home et Temporary enlightenment présentement décrypté) Thierry A. aka Fragment. n’en a pas chômé pour autant. Et s’il se change artistiquement les idées avec d’autres projets dont on ne devrait pas tarder à entendre parler, il a aussi mis énormément de soin dans l’écriture, la production comme le mixage du nouvel opus de son projet solo de toujours, sorti comme le précédent par le biais de la très indépendante et pointue mini-maison de disques francophone OPN Productions (Lambwool, Sigma Octantis...). La preuve avec un «Cast out» inaugural qui s’élève dès les premières secondes dans la stratosphère ambient/ drone/shoegaze avant de «retomber» lourdement sur ses riffs post-industriels et aux confins du sludge de par leur puissance pachydermique imposante. On évacue le sujet en l’évoquant une fois et ce serait fait, oui, cela peut et cela fait inévitablement penser à Jesu (et un peu à Godflesh). Mais Fragment. parvient comme souvent (voire toujours) à exister par lui-même. Même si les voix trafiquées comme les sentiers sonores empruntés renvoient aux travaux de Justin Broadrick, le projet frenchy réussit à ne pas être qu’un vulgaire clone. Constructions
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On suit le cheminement de Fragment. à travers cet album qui parvient avec soin à éviter l’écueil de la redite subie et on se retrouve alors devant le climax qu’est Cold monsters. Une pièce qui réunit tout ce qu’est le oneman-band piloté par Thierry A. sur quelques 9’30 d’une odyssée sonore jouant de sa répétitivité volontaire (ce qui est très différent de la «redite subie») pour boucler sa boucle musicale sur un deuxième titre-fleuve consécutif («Hide»). A l’image de cet album qui ne s’écoute pas sans nécessiter au préalable un léger effort d’immersion. 72 minutes de cet ambient/drone/shoegaze/ post-quelque chose ne s’appréhendant pas comme ça, par le néophyte. Mais avec un peu de travail sur soi, le voyage mérite largement le fait de se sortir de sa zone de confort personnelle.
Aurelio
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VOLBEAT
Outlaw gentlemen & shady ladies (Vertigo Records)
Autant être franc avec vous (je le suis toujours, promis), je ne pourrais pas répondre à une offre d’emploi dans le secteur « biographe officiel de Volbeat ». Ne pas connaître la discographie du groupe n’est pas une fin en soi me direz-vous, mais ça peut être gênant quand on entame la chronique de Outlaw gentlemen & shady ladies, cinquième effort des Danois (bon, ça fait bien deux informations d’un coup en ma possession, mais ce n’est pas suffisant, vous en conviendrez). En effet, je ne peux pas vous dire avec assurance et dignité que ce disque est mieux, un peu mieux, moins bien, plus bien, plus que moins bien que le précédent. Et comparer avec les trois premiers n’en parlons pas. En bon chroniqueur plein de malice, je me contenterai donc de vous faire part de mes impressions concernant cet album. Ça vous convient ? Parfait, allons-y. Ayant fraîchement engagé leur producteur Rob Caggiano (six cordistes d’Anthrax) à la deuxième guitare, Volbeat délivre avec maîtrise et talent un disque riche et varié. Adepte du métal mais aussi de la pop burnée façon rock ‘n’ roll, le quatuor met les pieds dans le plat d’entrée de jeu, après un morceau introductif folk acoustique à la texane : « Pearl hart » avec son intro sentant bon Social Distortion, son couplet résolument métal, son
refrain mélodique et ses voix excitantes, en impose, et on a tout de suite saisi le fait que Volbeat sait écrire une chanson power rock aux accents métalliques (je vous rappelle que je ne connais pas les disques précédents !). Ce morceau lançant la belle machine est « à l’américaine » dans tous les sens du terme (le bon pour le côté grosse prod et morceau fonctionnant au taquet, et le moins bon avec cette impression d’écouter un morceau formaté pour marcher). Ça se confirme avec « The nameless one », preuve en est que le groupe sait faire sonner une chanson, sans pour l’instant me transcender. Il faut attendre « Dead but rising », plus thrash et moins accessible, pour rentrer pleinement dans le délire des hommes du Nord. La production est énorme, les grattes sont puissantes, le basse batt est explosif, j’ai juste un peu de mal sur la longueur avec le chant, certes efficace et mélodieux mais trop perché pour moi. L’ENORME « Room 24 » avec son riff qui fait peur et le guest de King Diamond (Mercyful Fate), « The hangman’s body count » et « Doc Holliday » me font définitivement penser que Volbeat fonctionne mieux avec des morceaux plus heavy que « pop rock au gros son ». Je suis toutefois client quand le groupe entame des chansons calibrées pour de la heavy rotation sur les radios (rock bien sûr). « My body », « Lola Montez » ou « The sinner is you » sont des tubes en puissance. Dans la diversité, Volbeat fait mouche, et impressionne par sa capacité à s’adapter à plusieurs couleurs musicales, des plus sombres aux plus chaudes. Les facettes explorées par Volbeat dans ce Outlaw gentlemen & shady ladies sont multiples, laissant ainsi la possibilité à l’auditeur de traverser en un seul disque plusieurs univers que le groupe maîtrise à la quasiperfection. Seules les ballades rock (« Our loved ones ») n’étaient peut-être pas indispensables, tellement la puissance que peut développer le quatuor est immense. La constante et efficace voix de Michael Poulsen permet à tous les coups d’apporter un « plus » à chaque morceau et c’est au final un disque complet et gavé de bonnes choses que nous délivre un Volbeat bien inspiré. Gui de Champi
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UNEVEN STRUCTURE 8 [réédition] (Basick Records) surtout la cohérence artistique de l’ensemble se révèle imparable («Egocentric focus», «Higher quiddity»). Une puissance presque «aérienne», une force de frappe pourtant régulièrement déflagratrice et quelques poussées de fièvre ravageuse, Uneven Structure développe quelques épisodes Djentcore de premier choix avec un son d’une clarté absolue qui laisse autant la part belle à des arrangements plutôt inspirés et des moments de mélodies comme de rage brute parfaitement équilibrés. Ou comment éviter du même coup le clonage avec l’iconique référence qu’est Meshuggah.
Djent... Le terme est galvaudé, utilisé à toutes les sauces notamment chez certains labels pour écouler des brouettes de disques qui n’en valent pas vraiment la peine (on ne citera pas de noms ici pour cette fois). Et puis il y a les excellents représentants du genre, dont certains que l’on trouve du côté de l’écurie anglaise Basick Records, mais qui n’y étaient pas forcément à leurs débuts. Même des frenchies, puisque l’on parle ici d’Uneven Structure qui avait sorti en 2009 un premier EP intitulé 8 (que l’on avait loupé => parfois ça nous arrive oui...), avant de livrer un excellent double-album (Februus) dont nous avions plus abondamment parlé dans nos pages. Lorsque l’annonce d’une version retravaillée de 8 fut faite, fatalement, impossible de rater cela une deuxième fois (oui, une OK mais pas deux quand même). Nouvel enregistrement, nouveau visuel, packaging et apparemment tracklisting (on n’est pas allé jouer au jeu des 7 différences entre la version originelle et celleci), on peut d’ores et déjà dire que dès le «Dianoia» inaugural, on cause Djent-metal/progressif qui assure. Techniquement comme artistiquement. L’écriture est déjà d’une finesse étonnante, le son, irréprochable (en même temps l’inverse eut été bien problématique) mais
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On en parle une fois, puis après plus. Si la formation suédoise a évidemment «inspiré» toute une vague de groupes plus ou moins contemporains dont certainement les frenchies ci-présents (preuve de bon goût musical tout simplement), UN fait avec ce 8 2.0 quelque chose qui lui soit assez personnel tout en respectant certains codes inhérents au style pratiqué oui. Mais pas trop. De fait, le groupe s’offre un «Cardinal» aussi bref que languissant pour mieux rebondir et terminer son travail sur «The designer’s lead» et surtout l’impérial «Delusions of grandeur». Les ruptures rythmiques sont cadencées à l’extrême, la précision technique toujours aussi chirurgicale et le metal quasi mathématique des auteurs de Februus se révèle pensé dans les moindres détails, au quart de soupir près («Depression»). On n’a pas affaire à des gens qui improvisent (ou alors cela ne se voit pas) mais à des techniciens qui composent des morceaux évitant avec soin l’écueil du metal ultra-complexe mais simplement démonstratif. Parce que c’est toujours mieux d’avoir un savoir-faire tout en ayant des choses à dire («Eight»). Par chance : Uneven Structure a les deux.
Aurelio
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[BLEU]
Clara altantsegtseg (Autoproduction) l’ambient, où le post-rock aérien se confine au prog, où chaque instrument (vent, percussion, cordes, électronique), y compris les arts de la voix (bruitages, chœurs, discours), se met au service du collectif selon les humeurs. Car chaque titre est une expérience anticonformiste singulière, pas loin par moment des expérimentations à la Magma ou Kayo Dot, pour ne citer qu’eux, une suite de compositions tordues mais obsédantes dans lesquelles [bleu] illustre clairement ses ambitions.
Il aura fallu trois ans à ce duo farfelu composé du claviériste Gilles Grimaitre et du batteur Emmanuel Vion-Dury pour écrire, composer et enregistrer en compagnie d’une bonne trentaine de musiciens son tout nouveau disque au nom, de prime abord, difficilement prononçable : Clara altantsegtseg. Poursuivant dans l’entreprise d’une musique fourre-tout aux titres interminables et maintenant sans inhibition le voile sur son image, à l’image de cet artwork vierge de mot, abstrait et mystérieux, [bleu] n’est pas prêt de nous mâcher le travail d’écoute de son œuvre. A l’heure où l’art préfabriqué peut souvent se marchander cher, [bleu] prend le contre-pied et te sert gratuitement en un click ses huit titres qui, rare pour le souligner, forment l’un à la suite une tirade poétique où le charnel semble être mis en valeur par un langage sibyllin. Ceux d’entre vous qui avaient pris le temps de lire sur notre site les lignes descriptives de Sincère autopsie de la finesse, premier EP sorti en 2009, ne seront pas vraiment dépaysés dans l’espace d’expression évasé de [bleu]. Pour les autres, ce n’est pas une mince affaire tant la musique inclassable du duo est bourrée d’éléments hétéroclites se mêlant les uns aux autres, une initiation au beau où le jazz bruitiste (ou pas) se mêle à
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Clara altantsegtseg est une ôde à la liberté, une ouverture à l’imagination, un onirisme fiévreux qui titille nos sentiments. A la fois éruptif et impavide, ce nouvel album n’a rien à envier aux formations anglo-saxonnes qui ont su passer également l’épreuve de faire côtoyer dans un même album la musique moderne et celle, disons, plus classique. Et si je vous dis que j’ai mis moins de temps pour rentrer dans l’univers de ce dernier album que du premier, ca vous laissera peut-être un peu moins de doute pour en tenter une écoute attentive. D’ici là, vous remercierez sans doute encore le magazine aux longues oreilles.
Ted
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NO CONSEQUENCE Io (Basick Records)
de son sujet pour distiller ses compositions sans trop prendre de risques («Illusions of choice»), mais le résultat est tout de même d’une belle efficacité («Coerce conform»). Voire plus en témoigne l’implacable «What is dead may never die» et son riffing rythmique qui cautérise une dernière fois les tympans avant que les auteurs de Io ne parachèvent leur album sur deux derniers titres toute en intensité (et encore technique de premier choix).
En matière de Djent-metal/prog’, la référence européenne labélisée de qualité supérieure est assurément Basick Records, une structure londonienne du côté de laquelle on trouve des formations du calibre d’un Aliases, Dissipate, Glass Cloud, Uneven Structure ou encore Ion Dissonance. Avec No Consequence, la maison anglaise ne fait pas mentir sa réputation et ce Io que le groupe pose sur la platine confirme largement les attentes suscitées par cette découverte fatalement attendue au tournant... que deux titres suffisent à emmener dans les hautes sphères du genre : «So close to nowhere» puis «Name your price».
«Vela» en met alors plein partout dans les enceintes avant qu’»Unify» ne viennent gentiment conclure les (d)ébats sans que le groupe n’ait jamais pu trouver la moindre occasion pour décevoir. Et s’il peut et doit sans doute aller plus loin à l’avenir, en l’état, No Consequence est parmi ce qu’il se fait de mieux dans le genre... et confirme encore une fois (si besoin était) que Basick Records est «the place to be» pour les groupes de cette mouvance. On en doutait guère. Aurelio
Technicité de pointe, puissance déflagratrice de circonstances et qualités mélodiques particulièrement éprouvées, la formation venue d’outre-Manche distribue les riffs comme d’autres empilent les parpaings, assène ses coups de boutoirs métalliques là où certains enfilent des perles... et le résultat est régulièrement sinon constamment d’une maestria formelle irréprochable. En même temps que créativement inspiré («Enemy of logic», «Bury the debt», «Sentient»). Alors certes on reprochera parfois à No Consequence de ne pas foncièrement renouveler le genre, voire de se contenter de ses très grosses facultés techniques et le contrôle absolu
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EXSONVALDES Lights (Volvox Music)
Il aura fallu s’armer de patience pour écouter les nouvelles aventures d’Exsonvaldes mais quel bonheur d’écouter ce Lights ! Un album évidemment lumineux, le plus abouti et finement travaillé jamais sorti par le quatuor qui a refait confiance à Alex Firla (je citerai volontairement Air parmi les groupes avec lesquels il a également bossé) pour enregistrer cette dizaine de titres qui sont autant de pépites sonores. L’évolution bien entâmée par Near the edge of something beautiful vers des compositions plus riches, plus accessibles et plus fouillées arrive ici à son climax, tant on se demande ce que pourrait encore améliorer les Franciliens !
trouvé une nouvelle arme : le français. Paradoxalement, ce sont les trois titres qui ne sont pas en anglais qui peuvent faire fondre le reste du monde, «L’aérotrain» (exceptionnel), «L’inertie» (très bon), «On n’a rien vu venir» (aussi marqué par les touches électro) sont un pari plus que réussi et cette «French touch» va ouvrir de nouvelles portes à Exsonvaldes. Et que l’on comprenne ou pas les textes (bien écrits quelque soit la langue), le songwriting est d’une qualité rare, les accords se marient parfaitement avec les mélodies, les arrangements sont ciselés pour faire d’idées simples (encore que), un ensemble ultra puissant face auquel on ne peut que s’incliner. La preuve avec les autres plages (en anglais donc) qui sont juste assez dosées en sucre pour qu’on soit accro immédiatement sans en être jamais dégouté, avec une batterie de missiles supersoniques encore audessus de la moyenne : les «Days», «Let go», «Action» ou «Guns» ont de quoi enflammer des stades entiers et accrocher tes oreilles en quelques secondes. Les écouter c’est les adopter... Rarement l’électronique n’a aussi bien servi la pop que sur Lights car elle respecte les guitares et le chant, n’est là que pour tonifier, éclairer et rafraichir les titres. Bref, si tu ne dois écouter qu’un album de pop cette année, il faut que ce soit celui-là, sinon, tu rates quelque chose. Vraiment bluffant.
Oli Dynamiques imparables, énergie communicatrice, mélodies enivrantes, sonorités agréables, Exsonvaldes livre un concentré de ce qui nous fait apprécier la pop. Une pop racée, intelligente, qui cherche à faire mouche à chaque ligne, qui charme les oreilles avec chaque riff, chaque petit sample, chaque harmonie, chaque rythmique. Fan depuis les débuts du combo, j’apprécie d’autant plus ce nouvel opus puisque je mesure l’étendue des progrès depuis Sons / Silences (paru il y a une dizaine d’années déjà). Si à l’époque le chant de Simon pouvait perturber certaines oreilles, aujourd’hui, qui peut lui résister ? Plus doux, son timbre est toujours aussi chaleureux et il a
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GHOST B.C Infestissumam (Universal)
Ghost B.C. est-il toujours un phénomène à la mode ? Alors que Infestissumam, deuxième album des encapuchonnés suédois, arrive dans les bacs en ce printemps, tout laisse à penser que ce groupe aux accents satanistes et aux relents rock 70’s gorgés de pop sera une nouvelle fois la sensation de l’année. Ou plus exactement que la formation nordique, après un premier album surprenant, marquera encore des points. Ghost B.C., c’est avant tout un visuel marquant, avec Pappa Emeritus «II», leader sataniste et charismatique crevant l’écran avec sa voix mélodieuse et envoutante, et ses Nameless Ghouls, disciples tout droit débarqués des entrailles de Lucifer pour envoyer la sauce derrière. Les prestations scéniques de Ghost B.C. sont une expérience unique, mais après un premier album unanimement salué par la critique, les Suédois avaient-ils les ressources suffisantes pour offrir, musicalement parlant, une deuxième offrande digne de Satan ? Je peux d’ores et déjà vous dire que le défi est relevé haut la main. Ce décalage entre les textes « pro sataniques » et la musique douce et délicieuse délivrée par Ghost B.C. est savoureux. Servis par une production parfaite, les hymnes glorifiant le Malin ont pour dénominateur commun l’harmonie et la pureté, là on pourrait attendre le chaos et une orgie sonore.
Après une intro en latin à glacer le sang (alors que paradoxalement, les lignes de guitares sont incandescentes), le groupe s’en va emprunter les chemins lugubres et clandestins d’un heavy metal lourd et pesant (et presque dérangeant) avec notamment des joyaux comme «Per espera ad inferi», «Secular haze» ou «Jigolo har megiddo», titres puissants avec toujours cette voix apaisée et mélodieuse, offrant un contraste saisissant. «Ghuleh / Zombie queen» offre le temps de quelques minutes une respiration malsaine, avant que le tourbillon ne reprenne la main. S’en suivra le monstrueux «Year zero» résumant en un titre tout ce que Ghost est en mesure d’offrir avec ce deuxième opus : riffs puissants, mélodies exquises et troublantes, textes dérangeants, beauté des arrangements et richesse des sonorités. Un bon moyen d’être transporté au delà des chants hargneux et des productions coup de poing. Car c’est bien là l’un des atouts de ce disque : le traitement du son est riche et léger à la fois, puissant mais pas agressif, chaud et généreux. Autre tubes en puissance, «Body and blood» au refrain inoubliable et aux guitares touchantes et «Depth of satan’s eyes» aux riffs très Black Sabbathiens et aux mélodies percutantes. L’assaut final est donné avec le ténébreux «Monstrance clock», titre génial, maléfique et fédérateur. On ne ressort pas indifférent de l’écoute d’Infestissumam. On peut crier au scandale en invoquant une bête de foire et des morceaux mous du genou. On peut, au contraire, se réjouir d’écouter un disque qui sort de l’ordinaire et qui sonne admirablement bien. Pour ma part, et n’ayant pas pris part à la première messe noire datant de 2010, je ne peux être qu’envouté par tant de finesse et de mélodie. Comment Diable ce groupe a-t-il pu réussir à me faire chavirer de la sorte ? Les voix de Lucifer sont impénétrables. Amen.
Gui de Champi
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THE LOYALTIES Til the death of rock and roll (auto production)
de rock ‘n’ roll bruts de décoffrage serait une perte de temps. Rien de nouveau sous le soleil, The Loyalties n’ont pas inventé le fil à couper le beurre. Ils envoient un rock binaire mais ils font le boulot, et d’une sacré belle manière. Et n’est-il pas rafraichissant de se balancer un disque pas prise de tête pour un sou, un disque truffé de rage et de mélodies, un disque qui dégueule autant de guitares que de chœurs entrainants, bref, un disque parfait ? Encore une fois, ne vous attendez pas, à l’écoute de ‘Til the death of rock and roll, à quelque chose de nouveau. Des disques comme ça, il doit en exister à la pelle. Et alors ? Vous savourerez juste un album de rock ‘n’ roll anglais bien branlé et vraiment accrocheur. Et ça, le rock ‘n’ roll anglais bien branlé et vraiment accrocheur, j’adore !!!
Allons droit au but, The Loyalties respirent le bon vieux rock ‘n’ roll. Celui qui transpire. Celui maltraité avec des Gibson Les Paul bavant de Marshall potards à burne. Celui qui va tout droit. Celui qui rock. Et celui qui roll !!! Quintet londonien formé autour d’anciens membres de Deadline, The Yo-Yos et The Black Halos, The Loyalties sort en 2013 ‘Til the death of rock and roll, deuxième effort longue durée après So much for Soho paru en 2008. Et cet album a tout pour me plaire : guitares omni présentes, riffs old school, voix rugueuse mais mélodieuse, refrains entêtants et rythmes à 666 à l’heure. Le mix parfait entre Motörhead, Turbonegro, Backyard Babies, The Clash et Supersuckers (on a vu pire au niveau des comparaisons !!!). Les titres dépassent rarement les 3’30 (autant dire que ça va à l’essentiel) et le groupe n’y va pas par quatre chemins. Si vous vous attendez à des breaks alambiqués, des contretemps à foison et des slaps de basse, passez votre chemin, mécréants ! Par contre, si votre passion cumule les morceaux entrainants, les rythmes endiablés et les structures « intro couplet - refrain - couplet - refrain », soyez le bienvenu dans le monde rageur et survolté de The Loyalties. Vous décrire méthodiquement les 13 (!) morceaux
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Gui de Champi
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GREG HAINES Where we were (Denovali Records)
cinéma de Lost Highway ou Mulholland Drive) que l’on ne s’y tromperait pas en termes d’atmosphères claires/ obscures brumeuses et de magnétisme bruitiste intemporel. Car Greg Haines se plaît à jouer avec les sens, les directions musicales, oeuvrant tantôt sur la mélodie avant de ferrailler sur le côté percussif, presque tribal d’un «The whole».
En matière de créations musicales mêlant ambient expérimental, électronique prégnante et post-rock volatil, Greg Haines marque très clairement de son empreinte des territoires sonores qu’il explore et appréhende avec talent sur avec ce Where we were sorti chez Denovali Records (Bersarin Quartett, Petrels, TKDE..). Un album qui fait suite à une «intégrale» des enregistrements de l’Anglais également paru par le biais du label allemand sous le titre : 2006-2012 et qui témoigne autant d’une évolution artistique que d’une approche similaire dans la recherche d’émotions pures, dans cette manière très personnelle de ciseler des motifs mélodiques posant des ambiances tantôt ouatées, tantôt plus menaçante, toujours immersives et fascinantes («The intruder», «So it goes»).
Mais se sachant potentiellement limité par ce concept ambient technoïde trop réducteur pour lui (même si parfois bluffant - cf: «Habenero»), il en repousse rapidement les frontières pour livrer de véritables créations difficilement identifiables mais exerçant une attraction rare («Wake mania without end II»). Quelque part entre néo-classicisme post-moderne et ambient retro-futuriste, l’Anglais néo-Berlinois joue avec les codes d’un certain minimalisme hérité de sa ville d’adoption, sans pour autant oublier les quelques poussées de fièvre qui font les climax de son oeuvre, entre arpèges de clavier électronique et rythmiques tribales. Pour un résultat hybride et organique en forme de voyage downtempo fait d’improvisations «contrôlées» (le paradoxe créatif est voulu) et d’éclectisme intelligent. Cohérent et particulièrement inspiré...
Aurelio
Une pluie de petites trouvailles sonores qui bruissent tout autours de l’auditeur, des rythmiques parfois entraînantes («Something happened»), Where we were est la bande-son d’un road-trip noctambule et halluciné. Un nocturne post-moderne aux vibrations mécaniques et petits bricolages emmenant l’auditeur dans un monde à part («Trasiemo»), fait d’apparitions étranges et de manifestations sensorielles quasi inédites. On serait idéalement chez David Lynch (réalisateur pour le
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ASSACRENTIS
Put them to fire and sword (Autoproduction) chichis et fait honneur à un style qui après avoir connu son heure de gloire (plutôt pour de mauvaises raisons) était vraiment passé du côté obscur de la force, Cradle of Filth devenant même une «marque» ennuyeuse sur le plan musical (parce que sinon Mayhem ou Emperor n’ont jamais vraiment été du bon côté). C’est donc avec un peu de nostalgie qu’en écoutant Put them to fire and sword, je me revois triturer les K7 de ces glorieux aînés et me remémore les légendes qui accompagnaient leurs tournées...
Assacrentis est un combo qui s’est construit autour de Dagoth (guitare et chant) en 1999 qui récupère Rydelth (clavier) et Ceptis (basse) quand leur groupe Helixir se sépare. Un premier maxi sort en 2004 (The secrets from the past, les concerts s’enchaînent dans la région de Nice puis le line-up évolue encore avec l’arrivée d’Abaddon (batteur) puis Walfnir (guitare, ex-Dividead). Bien qu’au complet, Assacrentis se met sur pause en 2008 et ne revient au charbon qu’en 2012 pour composer puis enregistrer Put them to fire and sword, un vrai premier album qui sort début mars 2013 en autoproduction. Pas la peine d’être un expert pour deviner qu’Assacrentis évolue dans le registre black metal : typo gothique difficilement lisible, artwork foireux, mise en scène «evil» des membres option torches à la main, toute la panoplie guignolesque (le maquillage en moins) du black est là et si on s’arrêtait à ça, le skeud ne serait jamais arrivé jusqu’au lecteur. Mais, consciencieux, l’étape visuelle a été franchie et les oreilles disent merci parce que les Niçois sont très à l’aise avec leurs instruments et n’en font pas des caisses. Pas de symphonie à la mords-moi-le-noeud, pas de schéma poseur, les titres vont droit au but ! Le quintet utilise toutes les armes qu’il sait manier pour croiser le fer, ne s’embarrasse pas de
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Assacrentis offre donc une petite cure de jouvence avec son black bien construit où les instruments jouent pour le rendu global et pas pour leur chapelle. Guitares et rythmiques ne sont pas toujours à fond (c’est impossible de tenir sinon), les tempos sont donc bien maîtrisés («Dark madness») et permettent d’éviter à l’ennui de s’installer. Même si le chant est assez conventionnel (pour le style s’entend) et les phrasés très typés (et donc répétitifs), les dix titres s’écoutent facilement grâce aux changements de rythme, aux petits breaks, aux éclairs de guitare, aux ambiances du clavier, à tout ce qui fait d’un groupe de black un bon groupe de black. Sûr de nous avoir convaincu, Assacrentis se permet un petit chant assez folklo (le genre de chant qui pourrait retentir dans la Moria) sur une guitare acoustique pour terminer son album et ne le cache pas. Au final, c’est juste dommage que le groupe soit si respectueux des codes du black metal pour le visuel (lettrage, artwork, photos), car ça risque d’en rebuter certains qui rateraient alors quelque chose
Oli
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CROWN
Psychurgy (Candlelight Records) doom et l’éruption post-hardcore. Toujours enveloppé de ses textures industrielles qui lui donne un côté post-apocalyptique particulièrement prenant, le projet développe sa trame narrative en refusant de se renier comme de se répéter (la seconde leçon de minimalisme forcené de l’album avec «Psychokinesy II») avant de s’ouvrir à la lumière artificielle avec «Telepath».
Après un premier essai discographique au format court très remarqué, CROWN (ex-Hollow Corp., ex-Skull) aka le Godflesh français mais pas que (Dirge et Kill the Thrill vont se sentir moins seuls), revient dans le jeu avec un premier album long-format sorti par l’intermédiaire d’une référence : en l’occurrence Candlelight Records (Corrosion of Conformity, Crowbar, Vision of Disorder, Zatokrev...). Là forcément, on attendait du lourd, on allait voir ce qu’on allait voir et après quelques minutes d’une plongée sans filin dans l’univers noir et abyssal d’un groupe qui se plaît à faire contraster sa musique avec la blancheur nacrée et immaculée de son artwork.
On navigue alors entre post-rock élégant, new-wave hallucinée doom funéraire et shoegaze industriel lesté d’effets vocaux (étonnants chez CROWN d’ailleurs) et cela permet au groupe de passer de la violence éruptive des premières pistes à quelque chose d’empreint d’une certaine résignation... avant de remettre ses tripes dans les déferlantes post-hardcore sur le poignant «We will crush the open sky». Basses énormes appuyées par des riffs pénétrants, le duo colmarien se veut ultra-massif (l’éponyme «Psychurgy») avant de se lâcher brutalement sur un final en 2 parties avec «Alpha / Omega». Une chevauchée aux confins de la sphère back-metal en ouverture puis une conclusion toute en beauté post-métallique cendrée bercée par une noirceur tellurique. Classe.
Aurelio
Intro extrêmement minimaliste («Psychokinesy I»). 2 guitares, une voix, des basses-fréquences par pelletée entières : Godflesh vs Neurosis, CROWN, c’est toujours l’homme contre la machine, l’expression d’une douleur indicible fasse au chaos, une montagne émotionnelle qui vient plonger dans l’»Abyss» et des compositions forgées dans les profondeurs d’une Terre ensanglantée («Blood runs»). Et un format long qui sied parfaitement aux ambitions artistiques d’un duo qui maîtrise son art à la perfection, à l’image d’un «Empress:hierophant» en forme de procession funèbre ou d’un «Serpent and fire», à l’épaisseur sludge que lui dispute l’oppression
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SONS OF FRIDA Tortuga (Zéro égal petit intérieur)
Il faut tout de même préciser que «Cactus», est aussi bien carrossé que votre serviteur et que le morceau de conclusion, «Teenage mutant turtle», offre un moment de noise épique qui donne l’occasion aux Sons Of Frida de démontrer toute la maitrise de leurs affaires lorsqu’il s’agit de faire parler Monsieur Larsen. La piste en question dure 10 minutes et captive de la première à la dernière seconde. Bordel, que c’est bon d’avoir un album de cette trempe dans les oreilles.
David
Difficile de confirmer après un album haut de gamme comme le The bulgarian LP. Enfin normalement, car les Sons Of Frida vont pourtant le faire haut la main. Et ce n’est pas parce qu’un morceau s’intitule «Cactus» (comme un titre des fabuleux Pixies...) que je suis corrompu, c’est juste que Tortuga réitère l’exploit de la baffe sonique. Et puis c’est tout. Le premier morceau, «Clavicule», voit déjà le groupe s’émanciper de l’omni-influence-présente Sonic Youth pour juste accoucher d’un excellent titre purement made in Sons Of Frida. Les guitares sont acérées et entêtantes, le chant mi-scandé empiète rapidement sur les plates bandes de tes neurones et il faut très peu de temps pour réaliser qu’on a là une entame d’album qui percute le thorax. Le second titre n’est pas en reste, avec une section rythmique qui s’illustre pour se faire saloper par un canevas de riffs, et quels riffs, le chant là aussi marque les esprits, le leitmotif («my fingers are so dry»...) également. Bref, c’est du tout bon. La troisième piste voit l’apparition de la trompette qui donnait une coloration particulière à certains titres de The bulgarian LP et c’est là encore une réussite, parce que le songwriting tient en plus parfaitement la route. Inutile de continuer un descriptif laborieux, il n’y a rien de critiquable sur cet album, même la pochette de l’album fleure bon la classe. 44
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LOADING DATA
Double disco animal style (Deadlight Entertainment) cende le genre qu’il explore («So high»). Un rock volubile et robotique, des textures typiquement boogie-rock hypnotiques et enfumées nappé de quelques fulgurances hargneuses («Hanging low»), Loading Data fait du Loading Data et en cela, il est presque une exception au sein de la scène frenchy.
Il est enfin là, ce deuxième album de Loading Data, presque six ans après l’excellentissime Rodeo ghettoblaster et pas mal de temps libre, remise en question mais aussi de travail sur une série de compositions explorant les racines d’un stoner-rock pur et dur. Produit par Alan Johannes (Millionaire, Queens of the Stone Age, Them Crooked Vultures...) avec une brouette de guests de luxe dont Adam Keller (Rock City Angels), Hoss Wright (Mondo Generator) ou Nick Oliveri (ex-Kyuss, ex-QOTSA, Mondo Generator, Vista Chino...) et un titre qui à l’image de son morceau inaugural transpire la coolitude : Double disco animal style.
Mais Double disco animal style, sorti chez Deadlight Entertainment (Los Disidentes del Sucio Motel) et A Quick One Records n’est pas que cela. Pas uniquement un album de stoner sous influence (on n’oublie pas que le groupe est quasiment l’un des pionniers du genre dans l’hexagone) mais un vrai disque de rock protéiforme et organique de haute volée («Mezzoven», «I’m not Gonna Take it») qui, malgré quelques pistes un tantinet répétitives («Gift», «Alright» pâtissent parfois de cette identité très forte qui peut paradoxalement peiner à se métamorphoser d’elle-même pour évoluer au fil des titres) s’offre quelques moments de bravoure rock de premier choix. Et même quelques virtuosités fantasques absolument exquises («Midnight situation», «On my heart»). Tant pis si l’attente aura été longue... il fallait au moins cela aux Loading Data pour revenir plus en forme (créative) que jamais. Ou quasi.
Aurelio
Et dès les premières secondes, les enchaînements sont monstrueux. Et le groove tout aussi mortel, appuyé par des riffs renvoyant à ce que cette scène stoner sait envoyer de mieux dans les écoutilles (Queens of the Stone Age en tête avec une énorme pancarte de référence majeure). «Give that rat a name» et son feeling outrageusement rock, «Teeth and tongue» et son entrée en matière aussi orgasmique que chaloupée, le timbre de voix toujours aussi ténébreux, font des ravages. Tout comme ces petites fantaisies un peu psychées surtout bien hallucinées («Butterfly shelf», «Round and round») qui viennent magistralement parsemer un album qui trans-
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LE SINGE BLANC Aoûtat (Whosbrain records)
Avec Aoûtat (un petit parasite qui provoque des démangeaisons // ici le plaisir des oreilles...), Le Singe Blanc signe ni plus ni moins que l’une des plus belles sorties de ce premier semestre. Parce que leur identité est atypique. Parce que le disque s’avère passionnant et jouissif de A à Z. Parce qu’en plus le digipak est joli. Tu la sens venir la chronique d’un mec qui a pris une sacrée claque ? Au contraire de beaucoup de disques estampillés rocknoise, étiquette réductrice au possible pour ce groupe, le premier titre, ne révèle que très partiellement la musique du Singe Blanc. En fait, celle-ci se dessine progressivement au fur et à mesure des titres et l’effet de surprise reste omniprésent jusqu’à la dernière piste. Intitulé «Gru», le morceau inaugural est la prise de contact rêvée en mode «fous toi un doigt dans la prise et un autre dans les orbites» : une basse qui domine les débats, une batterie qui lui répond avec vigueur, des onomatopées jetées en pâture (correspondant souvent au titre de la piste) qui vont vite squatter les parois du cerveau... Ou comment faire cohabiter les loufoqueries rythmiques de Primus et les muscles saillants d’un Shellac en un seul morceau sans fioritures et au final, assez excellent. D’autant plus que la piste évolue de manière
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totalement saugrenue et sans que cela reste incongru - oui c’est de la rime du pauvre, navré chers lecteurs. «Emma Stuper», la seconde piste, commence sous bien d’autres hospices avec une guitare qui prend les oreilles de l’auditeur en charge. Le «Emma Stuper» scandé fait le reste, la section rythmique se la joue cyclo’ et là encore, c’est dans le développement du morceau que le groupe fait des miracles et marque les esprits. On ne va pas te mâcher le boulot éternellement, on peut juste t’inciter à écouter ce disque de toute urgence. Car Le Singe Blanc réussit le pari de produire un album à la fois ambitieux et totalement régressif dans l’attitude. Leur singe, qui devrait bientôt être connu comme le loup blanc, lit surement Nietzsche en mangeant les excréments de ses congénères. Oui, c’est dégueulasse décrit de la sorte mais c’est particulièrement excellent à écouter. Merci Whosbrain Records, un label au nez creux (Joe4, The Glad Husbands...) et qui récidive de la plus belle manière avec Aoûtat.
David
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JOHN LEMKE People do (Denovali Records)
En termes de musiques plus ou moins expérimentales et exigeantes, les lecteurs assidus de ces pages savent pertinemment que le label Denovali est sans aucun doute l’incontournable référence actuelle en Europe (voire au-delà puisqu’il brasse à peu près toutes les nationalités possibles...). Aun, Bersarin Quartett, Greg Haines, Mouse on the Keys, Saffronkeira, Talvihorros, TKDE..., ce prolifique laboratoire musical compte des dizaines d’artistes tous plus pointus les uns que les autres et se distingue également par un rythme de production assez effrayant (on devrait tutoyer les 200 références d’ici la fin de l’année alors que la maison de disques allemand n’a sorti que la première d’entre-elles en 2006). Et tels des mantra que l’on se répète à l’envie, les dogmes du label sont les mêmes : exigences de qualité(s), ouverture créative, contenant comme contenu à l’avenant. Dernière preuve en date : John Lemke et son People do de toute beauté. Un premier album signé d’un compositeur et designer sonore anglo-saxon qui mélange son amour pour les musiques de films/séries TV/documentaires, habillages sonores divers et variés, techniques héritées de la musique concrète et voyage musical au quatre coins de l’Europe («End fo endless»). Et pour cause, le disque a été
enregistré entre Berlin et Bristol en Angleterre, Helsinki (Finlande pour les nuls en géographie) ou l’Espagne en passant par Glasgow (Ecosse). Autant dire un sacré road-trip et des kilomètres avalés alors que People do exhale assez paradoxalement une remarquable cohérence musicale (le magnifique «Shatterbox» et ses effluves jazz dominées par une electro-acoustique du plus bel effet). Mais surtout, passé une piste inaugurale par instants quelque peu énigmatique, absconse, insaisissable, John Lemke amasse ensuite de véritables petits trésors artistiques avec «The air between», «Dorothea I», «Ivory nights»... Des textures sonores virevoltantes dans l’atmosphère, des nappes ambient enveloppant l’auditeur d’un délicat manteau musical aussi cotonneux qu’enivrant, des esquisses mélodiques sublimes venant se draper dans des rythmiques parfaitement étudiées («Illuminations»), ce ajouté à quelques climax enfiévrés, l’Anglais maîtrise son sujet à la quasi perfection et l’immersion dans son univers créatif se révèle définitive, intemporelle aussi. Quelque part entre Aphex Twin, Bersarin Quartett (ses désormais voisins de label), Boards of Canada, Four Tete et The Notwist, John Lemke délivre ici la bande-son idéale d’un métrage dont l’histoire se déroule d’ellemême dans notre esprit, au fur et à mesure que les pistes audio que recèle ce People do génère les images musicalement «designées» par leur auteur («Ivory nights»). Mais également des émotions scintillant dans la stratosphère («Nolands») qui, après un morceau explorant les voies du minimalisme à outrance («Dorothea 2»), trouve sa sublime conclusion sur l’intimiste «When we could» final. Neuvième et dernière piste d’un album qui flirte régulièrement «dangereusement» avec le qualificatif de petit chef-d’oeuvre...
Aurelio
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VENTURA Ultima necat (Africantape)
de multiples dons comme ceux de la composition bien pensée, de la juste distorsion, de l’harmonie idéale, du temps mort ou de la déflagration dans le bon timing, du rythme qu’il faut quand il le faut, c’est simple, il n’y a rien à jeter, quelque soit l’humeur (dépressive sur «Little wolf», enjoué et badine sur «Nothing else mattered»), les Suisses sont toujours dans le bon ton et déroulent leurs titres comme autant d’évidences. Chapeau bas. Encore une fois. Enfin, sache pour l’anecdote, que c’est à Ventura, en Californie, que l’album a été masterisé et ce n’est pas juste pour la blague car Sonic Youth, Primus, Nebula, les Melvins, Pearl Jam, Neurosis, Earth et de nombreux autres sont passés entre les doigts des Golden...
Cela fait plus de 20 ans que j’ai arrêté le latin mais dans les trucs que je n’oublie toujours pas, il y a cette expression «vulnerant omnes ultima necat» comprendre «toutes (les heures) blessent, la dernière tue», une lapalissade stylée et qui en jette sur les très vieilles horloges et qui se retrouve en partie ici accolée à des macaques nippons se la coulant douce dans une source géothermique. Trois ans après We recruit, cet Ultima necat est une nouvelle petite merveille qui aurait pu trouver sa place après Pa capona car si Serge Morratel a encore oublié de lésiné sur le grain, on a de beaux moments de rock indé tout droit sorti des années 90. L’ensemble est donc un poil moins âpre et rugueux que l’album précédent, le chant y est pour beaucoup, les jolies mélodies aussi. Si tu ne connais pas encore Ventura (terrible erreur entre nous soit dit), il faut t’imaginer un Nada Surf qui aurait blindé ses guitares et sa basse de saturation. Mais pas tout le temps évidemment, car il faut aussi laisser un peu d’air pur pour mieux le densifier (sur le morceau-fleuve de service qu’est «Amputee» par exemple). Pas de révolution chez Ventura mais avec la constance du travail bien fait, le groupe continue de me ravir. Ils ont
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Oli
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LABINRINTO / THISQUIETARMY Labirinto / Thisquietarmy (ConSouling Sounds)
et organique qui enflamme les coeurs fragiles comme les enceintes. Un climax redoutable et la confirmation d’un groupe qui sait décidément y faire en respectant les codes du genre à la virgule près, tout en développant ambiances et motifs mélodiques de premier choix. Mais pas que. Car c’est au moment-même où on les devine capables de livrer un troisième titre apocalyptique (pour le genre), que les Brésiliens décident d’emmener l’auditeur vers des profondeurs ténébreuses... avant de s’offrir un nouveau sommet électrique aux vibrations telluriques enfiévrées.
Quand les pépites brésiliennes de chez Labirinto et le petit prince de l’ambient/drone/shoegaze expérimental canadien thisquietarmy joignent les forces artistiques pour produire un split sorti en CD et LP sous la houlette de labels belge (ConSouling Sounds), brésilien (Dissenso Records) et américain (Pirate Ship Records), on se dit que parfois quand même, la mondialisation a aussi du bon. En encore plus que les Brésiliens se mettent en place sur «Tahrir» (désolé) pour délivrer un post-rock aux arrangements à cordes d’une élégance incomparables. Si ? OK, d’accord, comparable à Godspeed You! Black Emperor alors, mais en mieux (en tous cas que la dernière production du groupe). Un envoûtant mélange d’ambient et de post-rock au service de mélodies flottant en dans la stratosphère, les Sud-Américains sont en apesanteur sur cette pièce inaugurale avant de redescendre sur la terre ferme avec le plus massif «Dilivium». On naviguait jusqu’alors sur des courants post-rock veloutés et aériens, voici la facette la plus «lourde» de Labirinto mais pas tout de suite. L’intro est en effet d’une rare (mais très belle) douceur intimiste et laisse insidieusement mais inexorablement la pression monter jusqu’à ce que les guitares n’entrent en scène et ne déposent une véritable mine post-rock électrique
Qui contraste (mais pas trop non plus) avec les nappes brumeuses et autres bruissements électriques magnétiques de la réponse nord-américaine apportée par thisquietarmy («Eclipse»). Un distillat sonore qui, comme à son habitude avec le projet d’Eric Q, se meut dans un univers aux contours incertain, aux atmosphères presque aqueuses, prégnantes («Paths to illumination») oscillant entre clair et obscur, dans une mouvance shoegaze vaguement dronisante qui ravira les inconditionnels du genre. Surtout quand il monte dans des pressions sonores plus amples et oppressantes («World protest»), jusqu’à lui conférer un caractère épique cadencé par une rythmique presque martiale et hypnotique, avant de céder à la résignation sensorielle sur un «Abandonment» à la noirceur âpre et dépressive. La plongée en apnée dans l’univers du one-man-band canadien est décidément toujours aussi fascinante. NB : en prime, l’objet livré en CD dans un élégant digifile est plutôt extrêmement classe (même si on ne peut qu’être surpris par l’étonnant ressemblance de son artwork avec celui de l’album All we love we leave behind de Converge). Aurelio
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MAT3R DOLOROSA Think about your future now (Jarring Effects)
en présence sont mesurées et font une avec le rythme avec brio. Alors que «Reloaded» nous contamine son anxiogénéité, «Laisse les hommes pleurer» et son engrenage sinusoïdale déverse ses émotions avec brutalité. Classe ! Pas un instant de repos nous est accordé dans ce Think about your future now, nous décollons d’abord avec «Final», titre aux éléments frustes sur lesquels les scratchs font la loi, pour toucher les cieux par la suite sur les airs de l’imposante «L. Bishop» et ses aigus très travaillés sur la fin. Ezra, troisième invité de l’album, pose son flow sur la bipolaire «Not a game» avant que «Urban comics trip» clôture cette œuvre électronique progressive qui mute selon les envies.
Jarring Effects continue inlassablement son action de défricheur de talents avec cette fois-ci un produit local, si je puis dire, répondant au nom de Mat3r Dolorosa. Bon, là, rien à voir avec la Vierge ou une mère qui souffre de la mort de son fils (ou alors j’ai raté un épisode). Non, le thème abordé ici concerne plutôt une invitation à une expédition sonore où l’électronique fait son œuvre. Think about your future now, à défaut d’être un rappel à l’ordre ou un message quelconque caché, est le résultat de deux années de travail par ce guitariste Lyonnais dont la fonction dans la vraie vie est de gérer son agence d’illustration architecturale. On comprend tout de suite mieux pourquoi l’artwork de l’album a de la gueule. «Shadows book» démarre timidement dans une ambiance froide et industrielle avec la poésie caverneuse de Black Sifichi, figure bien connu du monde de l’électro hybride française (Ez3kiel, Brain Damage, Elastik), pour laisser place à «The way of samouraï», véritable labyrinthe de sonorités, mettant tout de suite un peu plus de piquant à cet album. Mat3r Dolorosa fait honneur au trip-hop avec «Un jour de pluie» où les scratchs de Djohn d’Algorythmik se mettent en évidence, quelque part entre Massive Attack et DJ Krush. «Fighting inside» donne libre cours à la trituration sonore, les saturations
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Mat3r Dolorosa démarre sur les chapeaux de roue avec un premier album enjôleur. Tout en évitant agilement le surfait, le lyonnais rend une copie propre et bien ciselé de sa production alambiquée. Jouant sur les émotions de son auditoire avec des ambiances souvent hétérogènes, le bonhomme semble s’être fait autant plaisir à le construire que nous à l’écouter. Un disque à recommander à tous les aficionados de ce label de référence en matière de musiques électroniques composites.
Ted
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NVRVD
Coma (Hummus Records) cautérisantes («An echo to your unbiliefs»), dans un contexte «d’après apocalypse» sonore décharné. Pour finalement relancer la mécanique de plus belle («No heaven») et d’assommer l’auditeur façon bûcheron teuton vraiment pas content. Après 22 minutes d’une belle décharge sonore conclue sur «Niederohe», on ressort du Coma en s’étant ramassé une belle dérouillée sonore qui nous laisse les trois quarts du corps endolori. L’intégralité, ça aurait été encore mieux mais ce sera pour la prochaine. En attendant, voici un énième représentant d’une certaine scène postmachin bien hargneuse et faite-maison qui, à la manière d’un Alpinist, d’un Cursed ou d’un Trap Them vs Pulling Teeth désencrasse plutôt bien les cages à miel. Viril et joliment forcené. Guerilla grindcore-hardcore-rock au cœur d’une jungle urbaine oppressive et métallique à souhait, le premier effort des NVRVD aka Never Void, découverts quelques mois plus tôt au détour d’un split avec les suisses de Coilguns (l’album sort du reste sur Hummus Records, le label fondé par ces derniers), est une arme de destruction auditive à ne pas mettre entre n’importe quelles mains. Un objet qui, une fois passées les premières secondes d’introduction et de mise en ambiance larvée, balance une série de torpilles supernoïsiques venant ébrécher et malmener sauvagement les enceintes comme les conduits auditifs des auditeurs avec une férocité des plus cinglantes («Oberohe», «Impartial eyes»).
Aurelio
Une violence crue mise en exergue par une production rêche, DIY et sans concession (il se dit que l’album aurait été composé et enregistré dans un coin un peu perdu d’Allemagne, quasi inhabité, dans une maison au fin fond des bois... ambiance), les Allemands jonglent avec les étiquettes : hardcore, crust, rock, grind... pour les expédier sans vergogne dans le mixeur, appuyant sur «on» avant de contempler, goguenards, la mixture qui en sort bruyamment, mais un peu comme ça vient aussi. Et celle-ci se révèle bien salvatrice bien que parfois bordélique («We are») avant de soigner ses ambiances,
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NOEIN
Infection - Erasure - Replacement (Klonosphère)
Noein est un dessin animé japonais qui s’est arrêté en 2006... L’année suivante naissait le projet de jeunes Normands qui se réunissaient pour faire mal... Même si dans leurs rangs on trouve deux demoiselles (Cindy à la basse et Jennifer au chant), accompagnées par Nicolas (guitare et samples), Adrien (guitare) et Sylvestre (batterie), le quintet fait quelques concerts, enregistre un premier EP carton avec Thibault Chaumont (The initial tale en 2010) et passe à l’étape supérieure avec la sortie en mai 2013 de Infection - Erasure - Replacement. Ce premier album bénéficie du superbe travail graphique d’Hicham Haddaji (Strychneen Studio déjà bien connu pour son travail avec Klone, As They Burn, Trepalium...). Comme c’est quelques mois après le départ de Candice (Eths) que Noein sort cet album, on ne peut s’empêcher de voir une sorte de passage de flambeau... Car Jennifer a les mêmes atouts vocaux que la marseillaise : une voix puissante, un growl plus que convaincant et une certaine facilité à jouer de sa douceur quand il le faut. S’il fallait forcément qu’un groupe de métal emmené par une fille représente la France, on ne chercherait pas plus loin... Passage de flambeau également au niveau du style car après une bonne grosse dizaine d’années à composer une musique influencée par la vague néo (avec KoRn en référence marquante lors de l’adoles-
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cence), nombreux sont les groupes qui émergent avec l’envie d’en découdre à l’ancienne avec un death metal option nouvelle génération, celle qui s’est affranchie des codes du genre pour le bonifier, pour ce qui est de l’hexagone, les portes défoncées par Gojira ont permis la mise en valeur de ce courant (d’air). Le temps de grandir et de sortir un excellent EP et voilà donc Noein bien mûr pour s’affirmer comme un poids lourd et pourquoi pas un leader... Comme on avait raté ce premier jet (ou l’inverse) et que le groupe a eu la bonne idée de le mettre en bonus dans son digipak, on peut prendre quelques lignes pour en parler. En 5 titres, The initial tale frappait déjà fort, mettant en exergue le potentiel de Jennifer, appuyant sur les contrastes entre mélodies suaves (The Gathering, Lacuna Coil...) et agressions sauvages. Musicalement, ça bastonnait sévère quasiment du début à la fin, quelques touches d’électroniques éclaircissaient l’ensemble mais on ressortait de ce premier conte étouffé et lessivé. On ne pouvait reprocher à Noein que la volonté d’en faire trop (trop de vitesse, trop de technicité) et donc d’être parfois un peu brouillon mais c’était histoire de pinailler. Car on peut d’autant plus le faire qu’avec Infection - Erasure - Replacement, Noein a gommé ces minuscules défauts et a semble-t-il encore durci le propos, les passages délicats et mélodieux étant plus discrets. Le chant clair a quasiment disparu (ne subsistent que quelques relicats sur la fin de «Will live») et c’est un peu dommage car on aimerait pouvoir souffler davantage que sur les trois seuls intermèdes qui donnent son nom à l’opus («Infection», «Erasure» et «Replacement»). Les constructions qui donnent davantage leur place aux changements de rythme et au sample (comme l’introductif acronymique «I.E.R» ou «D-MOX») peuvent être aussi percutants que les boucheries intégrales du bon niveau de «Human update». Technique, puissant, efficace, servi dans un bel écrin, agrémenté d’un petit cadeau intelligent, Infection - Erasure - Replacement score sur tous les tableaux, Noein sait y faire pour nous séduire et réussit un sacré coup. Ils ont tout pour s’imposer, y compris hors de nos frontières, c’est tout le mal qu’on leur souhaite. Oli
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IRON TONGUE
The dogs have barked, the birds have flown (Neurot Recordings) pour un groupe de ce genre-là, sauf que cette fois-ci assaisonné à la sauce southern-rock qui enflamme les amplis («Moon unit»). La réussite est incontestable et le groupe enchaîne avec un «Lioness» qui prend tout son temps (le morceau dure quelques 8’40) pour faire exploser son climax émotionnel à la face de l’auditeur.
Enième sortie très classe - c’est décidément une excellente habitude - en provenance de l’écurie Neurot Recordings (Across Tundras, Neurosis, Ufomammut, US Christmas...), Iron Tongue est donc le projet southern-rock/ soul-blues du leader de Rwake qui renvoie aux grandes heures d’un proto-rock désenchanté, baladant sa mélancolie douloureuse le long des immenses plaines d’Amérique à la manière d’un Blue Cheer des temps modernes. Et dès les premières secondes d’»Ever after», le groupe envoie dans les enceintes un rock lancinant et habité explorer les profondeurs de son âme, en mode effleurant les contours d’un doom pesant, exhalant le regret, le chagrin avec quelques réminiscences oldschool plutôt inspirés (merci les claviers).
Là où 99% des groupes de sa catégorie se livrent à un concours de riffs (le plus tranchant, le plus nucléaire, le plus écrasant), Iron Tongue a eu l’intelligence et accessoirement le bon goût de privilégier l’intensité de son propos, la recherche de l’émotion primale à tout le reste, sans oublier d’emballer ça avec des instrumentations finement ciselées et un feeling classieux mais moderne («7 days», «Said n done»). Sans jamais se départir d’une excellence rare qui transpire à chacun des sept pièces que compte ce The dogs have barked, the birds have flown logiquement très classe.
Aurelio
Étrangement, là où l’on aurait pu se dire qu’Iron Tongue ne fait que du neuf avec du vieux (ou l’inverse d’ailleurs), le groupe fait les deux et sur un socle particulièrement balisé réussi à faire naître des émotions brutes... bien aidé en cela par un groove stoner burné et des mélodies savoureusement éraillées («Witchery»). Mais va surtout plus loin, artistiquement parlant. Notamment sur la ballade crépusculaire «Skeleton» où les Américains mélangent (hard)rock solaire et grunge ténébreux avant de se plier au traditionnel petit exercice country
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CLOWNAGE Trails (Wheel Noise Production)
album, c’est idéal, Clownage a déjà toute notre attention et c’est bien joué car la suite se révèle moins «tubesque» au premier abord, les titres sont bons mais leurs qualités nous explosent moins fortement à la tronche. Le jeu entre sons clair et saturé, entre le chant très pop et quelques attaques bien plus rock, entre une batterie qui plombe sa grosse caisse ou sait s’effacer, tout cela est très bien dosé, maîtrisé, orchestré.
C’est en 2002 que Clownage commence son existence tumultueuse... En effet dans les dix années qui vont suivre, le groupe va subir à la fois des changements de line-up et d’orientations musicales. Au départ, c’est plus vers le rock français que tend le combo, les premiers EPs et albums (Premiers maux en 2006 puis L’empire en 2011) font la part belle aux textes dans la langue maternelle des Parisiens. Depuis, ils ont goûté à New York et décidé de s’exprimer dans la langue du rock : l’anglais. Mixé par Mike Major (At The Drive-In, Coheed And Cambria, Sparta) et Charles de Schutter (No One is Innocent, Bikinians), Trails sort fin avril 2013 chez le tout jeune label Wheel Noise Production que Jérôme Litré-Froment (chanteur, guitariste) a monté avec Mathieu Maestracci (The Spherical Minds, Facades...). Douce attaque de guitare, chant cajoleur, rythmique chaleureuse, refrain entêtant immédiatement, ce «Trail» qui ouvre Trails est un tube. Efficace en diable, simple de par sa construction, le titre est un modèle de hit pop-rock à l’américaine, le genre de trucs que les «college radios» adorent diffuser (s’il te faut une référence, prends les hits de Nada Surf), le genre de morceau qui file la pêche mais qui est suffisamment fin et bien écrit pour ne pas sembler outrancier et mercantile. Pour commencer un
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Clownage navigue entre chansons pop racées et pistes rock bien envoyées, sait autant éthérer son propos que régler sa distorsion, joue sur chacun de ces registres avec talent. Le groupe ne souffle pas uniquement le chaud et le froid à longueur de ses pites, il intègre aussi avec facilité quelques autres instruments et notamment une contrebasse et un violon (pour densifier la fin de «Soma»), les claviers de leur ami Mathieu Maestracci (The Spherical Minds, Facades...) pointent leur nez sur plus du tiers des compositions, et des samples pas uniquement décoratifs renforcent les mots de «Tyson». Des mots exclusivement en anglais (sauf sur «Candles in the berry» qui est instrumental !) et j’ai du mal à comprendre pourquoi les Franciliens ne s’y sont pas mis plus tôt car Jérôme est très à l’aise et son écriture dépasse largement le niveau de bon nombre de combos anglo-saxons... Trails est au final un excellent album de pop-rock dynamique et enjoué qui a le don de transmettre ses bonnes ondes alors ne te laisse pas influencer par l’artwork un peu particulier, ce quatuor en a dans le ventre et n’est pas là juste pour amuser la galerie...
Oli
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PIANO INTERRUPTED Two by four (Denovali Records)
celles que l’on retrouve sur le tribal et percussif «Hedi», preuve que les Anglais peuvent tout se permettre avec une maestria égale. Et s’ils sont aidés par un quartet à cordes en live, ce n’est certainement «que» pour donner encore plus de souffle à une musique à haute teneur émotionnelle.
Duo anglo-saxon habitué a composer des bande-sons pour des documentaires ou divers métrages filmiques, Piano Interrupted s’est décidé à faire la même chose... pour un long-métrage n’existant pas. Et de sortir via l’incontournable et toujours aussi prolifique Denovali Records (Carlos Cipa, Dale Cooper Quartet ou Hidden Orchestra dont les Londoniens ne sont pas si éloignés en termes de pratiques artistiques). Une idée de génie. Non mais une vraie. Parce que le concept n’est pas nouveau et nombre d’artistes ou groupes contemporains se sont déjà livrés à ce type d’exercice. Sauf que là, la paire Eric Young/Greg Hall qui réédite en réalité un premier album sorti en 2012 de manière assez confidentielle, accouche d’un petit chef-d’oeuvre. Two by four, une oeuvre qui respire la classe et qui démontre que le duo sait tout faire. Même se moquer un peu de son patronyme. Parce que de piano (très classe) il est évidemment question dans cet album (le merveilleux «Hobi»). Mais pas que, loin de là. Une jolie dose d’electronica gracile. Des arrangements à cordes emmenant l’auditeur dans des stratosphères émotionnelles et emportant avec eux un clavier enjôleur bercé par des beats électronique renvoyant au trip-hop des 90’s (la divine «Etude»), instrumentations aux violons et violon-
Laquelle musique possède également de belles qualités expérimentales, que le duo a l’intelligence et le bon goût de ne pas noyer sous des circonvolutions absconses mais une élégance rare qui la rend aussi complexe et insaisissable qu’accessible et fascinante («Son of pi», «London waltz»). Aux confins du trip-hop, de l’électrojazz et du mouvement néo-classique, voire contemporain, Two by four est de fait une oeuvre riche et ténébreuse se nourrissant de textures et sonorités «world» (africaines, orientales) parfaitement assimilées («Bulbus») dans un maelström musical qui emmène également l’auditeur vers des contrées musicales apaisantes évoquant par instants l’ataraxisme artistique d’un Sigur Ros, sans pour autant en partager toutes les sensibilités musicales («Foug», «Son of foug»). Impossible de toutes les façons, tant Piano Interrupted apparaît comme un projet musical polymorphe (le jazzy puis électronique «Occasional blues») exhalant un magnétisme sonore à l’étrangeté troublante («Nocturne») en même temps qu’une classe incomparable («7 ages»). PS : en bonus, l’album se termine sur des interprétations live des titres «Etude», «London walz» et «Foug» de toute beauté... comme si cela ne suffisait déjà pas.
Aurelio
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AIRBOURNE Black dog barking (Roadrunner)
Chroniquer un nouvel album des australiens de Airbourne n’est pas un exercice facile. Surtout quand il s’agit d’exprimer ses sensations à l’écoute du troisième LP du groupe. Tout simplement car Airbourne joue et jouera toujours dans le même registre : rock’n’roll. Simple, épuré, efficace, rentre dedans, accrocheur, sentant bon le bourbon et la sueur. Et Black Dog Barking n’échappe pas à la règle, alors plutôt que de me risquer à un exercice de style lourd et répétitif, voici les dix bonnes raisons de vous précipiter chez votre disquaire pour vous emparer de ce disque. Bonne raison # 1 : Airbourne n’en finit pas de rendre hommage à ses grands frères de Rose Tattoo et d’AC/ DC. On ne change pas une équipe qui gagne, et les riffs simples, parfaitement exécutés et surtout bien sentis ne pourront que ravir les fans des frères Young. Bonne raison # 2 : un nouvel album est toujours un excellent prétexte pour reprendre la route et enchaîner les concerts, et je peux vous assurer que ce groupe vaut son pesant de cacahouètes sur les planches , l’attitude scénique du quatuor étant irréprochable (enfin, quand les mecs n’ont pas trop picolé, mais ça fait partie des risques...) Bonne raison # 3 : claquer une quinzaine d’euros pour Black Dog Barking n’est certes pas remboursé par la
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sécu, mais il vaut tous les médocs contre la déprime. Pas de temps mort, juste du rock, du fun et les morceaux bien ficelés : idéal après une dure journée de labeur. Testé et approuvé par votre serviteur. Bonne raison # 4 : c’est tellement bon que la bonne raison # 3 vaut double. Et ouais! Bonne raison # 5 : 10 titres, 35 minutes. Faites les comptes : à l’exception de «Ready to Rock» et de «Live it up», les morceaux dépassent rarement les 3 minutes. C’est franc, direct, massif, sans fioriture et sans complexe. Pas le temps de s’ennuyer ni de se lasser. Bonne raison # 6 : Black Dog Barking est le troisième album des fantasques Airbourne. Bon, ok, je l’ai déjà écrit un peu plus tôt, mais à ce stade, le groupe confirme, et de fort belle manière, qu’il va falloir compter encore un bon moment sur lui et que ce n’était pas un éphémère épiphénomène Bonne raison # 7 : Black Dog Barking est l’album de la maturité. Non, je déconne, c’est juste un bon album de rock qui déménage et qui tient la route. Bonne raison # 8 : Intro, couplet, refrain, couplet, pont, solo, refrain. La base. Pas de formules alambiquées, toujours tout droit, guitares devant, basse batterie version «poids lourd», et chant toujours à la limite de l’implosion conjugué à des chœurs au poil. La classe. Bonne raison # 9 : Black Dog Barking bénéficie d’une production impeccable, puisant sa richesse dans ce savant mélange de puissance et de justesse. Comme quoi on peut faire du rock crasseux et poisseux et avoir du goût pour les choses bien faites. Bonne raison # 10 : si tu as réussi à terminer la lecture de cette chronique, c’est que tu n’a pas besoin d’une dixième bonne raison pour te procurer cet excellent troisième album des Airbourne. Ou alors, c’est parce que tu aimes me lire et si ce n’est que ça, je t’en remercie. Mais va quand même acheter ce disque bordel ! Gui de Champi
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RETOX
YPLL (Epitaph Records)
Les mélodies satinées et la douceur voluptueuse, ici on oublie : Retox a envie d’en découvre et passe en mode guérilla urbaine avec un hymne hardcore en forme de harangue révolutionnaire («Greasy psalms») avant de hausser encore le temps, de passer la surmultipliée et de lâcher les parpaings («The art of really really sucking», «Biological process of politics») en mettant tout ce qu’il a dans les tripes. Corrosif et sans concession («Nose to nail»), YPLL tourne à l’expédition punitive avant un final ébouriffant à souhait qui montre que tout au long de cet album, le groupe n’a fait que monter en puissance pour faire étalage de toute sa maestria vénéneuse («Consider the scab already picked»). HARD et aussi salvateur que violemment jouissif.
Décharge de haine, grosse branlée sonore expédiée en pleine face par un groupe qui attaque la platine l’écume aux lèvres, YPLL, le nouvel album de Retox met d’entrée les choses au clair. Pas là pour rigoler, le groupe de Justin Pearson y va... et y va gaiement. Le changement de crèmerie (d’Ipecac à Epitaph) n’aura pas changé grand chose sur le principe, ça joue vite, ça tape dur et sec, à mains nues, façon hardcore rock emporté dans une frénésie punk inarrêtable («Modern balls», «Mature science»). Et si on est dans des courants moins extrêmes qu’à l’époque pas si lointaine de Ugly animals, le résultat envoie sec.
Aurelio
Une musique d’écorché vif qui prône la violence comme exutoire, l’expectoration de rage comme traitement de choc. Retox ne retient pas ses coups («Don’t fall in love with yourself», «Congratulations you are good enough») et joue sur le format ultra compact de ses morceaux (entre 1’ et 3’30 à tout casser) pour proposer une séance de dégustation de verre pilé dont les quelques morceaux ayant échappés au broyage restent en travers de la gorge. Pour le plus grand plaisir masochiste des inconditionnels du genre qui se délecteront de ce cocktail rock/hardcore/punk acide et gentiment nihiliste servi façon Fight Club («Soviet reunion»).
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EUREKA MACHINE Remain In Hope (Pledge Music)
Pour tout vous dire, j’aurais pu passer à côté de ce putain de groupe. Avouez-le, vous n’avez jamais entendu parler de Eureka Machines, quatuor britannique basé à Leeds et livrant en 2013 Remain In Hope, troisième album de sa discographie. Vous êtes pardonné. Oui, vraiment, je ne vous en veux pas. Mais une fois que vous aurez lu cette bafouille, vous n’aurez plus aucune excuse pour ne pas déhancher votre popotin à l’écoute de ce groupe que je ne manque pas de qualifier de génial. Eureka Machines, c’est notamment Chris Catalyst, tête pensante du groupe, chanteur-guitariste et principal compositeur du quatuor. J’ai connu le bonhomme grâce à ses collaborations pour le génial Ginger Wildheart (le gars envoie des grattes sur les dernières prod’ du leader des Wildhearts, et notamment le fantasque 555% et le noisy pop Hey! Hello!). Comme le rouquin malin, Eureka Machines a lancé une campagne de souscription en ligne (une Pledge Campain comme ils disent outremanche) couronnée de succès pour sortir son troisième disque, et heureux celui ayant contribué à la sortie de Remain In Hope. Car cet album est un pur bijou. Avec Remain In Hope, on tape dans la pop de luxe, à grands renforts de riffs percutants, de mélodies impa-
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rables et d’arrangements somptueux. Et je pèse mes mots. La voix de Chris est tout simplement magnifique, même si elle pourrait énerver celui qui n’est pas adepte à ce style. Passé ce «Good guys finish last», love song parfaite et très aérée, les choses sérieuses commencent avec «Pop Star», LE single calibré à souhait, pop rock à fond les ballons, au refrain inoubliable, aux chœurs parfaits et au riff impeccable. Les mauvaises langues diront que c’est le morceau parfait pour la radio et que Eureka Machines la joue un peu « formaté », mais qu’importe, ça fonctionne parfaitement et vous avez la certitude d’être en présence d’un groupe authentique et respectueux des valeurs du rock dans tous les sens du terme. Et ce ne sont pas «Love yourself» (pop song parfaite), «Getting away» (ces voix, putain !!) et l’énormissime «Affluenza» (mon préféré de l’album, le mix parfait du riff tendu et de la pop merveilleuse) qui me donneront tord. La recette est simple : de l’énergie, de l’envie et des mélodies, le tout parfaitement arrangé avec des pistes d’instruments multiples paradoxalement épurées. La classe n’est ce pas ? Qu’il lorgne du côté des guitares puissantes et des rythmes rapides («None of the above», «Living in squalor») ou des chansons touchantes et délicieuses («Believe in anything», «Break stuff», «Eternal Machines» au riff d’entrée rappelant étrangement un tube de Polnareff !), Eureka Machines fait mouche à tous les coups. Bien sûr, après avoir écouté le disque dans son intégralité, on sent que c’est fait pour marcher, mais c’est tellement plaisant qu’on succombe et qu’on devient accro à ce groupe qui n’inondera jamais nos bacs et qu’on ne verra jamais se produire en France. Et rien que pour ça, j’ai envie de le crier haut et fort : VIVE EUREKA MACHINES ! Gui de Champi
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ZOLLE
Zolle (Supernatural Cat Records) (et les tympans de l’auditeur) avec un «Heavy letam» brûlant. Et si le résultat se révèle parfois un tantinet répétitif («Weetellah»), il est surtout fougueusement percussif («Trynchatowak») avant de s’offrir un final en apothéose avec le bien heavy «Moongitruce», concluant par là-même un album redoutablement bien ficelé. Un vrai truc de rednecks droit dans ses bottes (facile oui) qui fait le job comme à peu près toutes les productions de ce label dirigé par les membres d’Ufomammut. Voire un peu mieux dans le cas présent. beaucoup mieux même. Une bien belle dose de gras à l’italienne, on valide forcément.
Aurelio Une attaque démente, une frappe de porc qui martèle les futs comme possédée par le malin (c’est assurément le cas), un cocktail sludge-rock parpaing qui barbouille les enceintes de sang et de tripes dès l’inaugural «Trakhtor», ah ça, on peut dire Zolle réussit son entrée en matière. Surtout qu’au milieu, le duo italien a planqué un break brontosaure qui défouraille à plein volume et que le tout est d’une rare mais implacable cohérence artistique. Le hard italien vient de se trouver un nouveau big boss à ce qu’on dirait. Laquelle impression se trouve rapidement confirmé par un «LeeQuame» qui prend la relève avec une vigueur titanesque, avec de laisser un peu le chant libre à un «Forko» aussi compact que foudroyant ou ce «Mayale» au groove à la fois éléphantesque et gorgé de coolitude absolue, qui s’embarque peu à peu dans des élucubrations rock massives et fatalement jouissives. Une sorte de sludge/stoner rock de mammouth (monstrueux «Man ja to jal», volubile «Melicow») qui ne prend aucune pincette pour brutalement imprimer sa marque dans le cortex de l’auditeur. Et au fer rouge s’il vous plaît. Sûr de son fait, maître absolu de son sujet, Zolle lâche tout ce qu’il a et envoie du gros son titiller les enceintes
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KURT BAKER Brand New Beat (Dirty Witch)
Kurt Baker était pour moi un inconnu. Musicien américain originaire de Portland, membre fondateur des Leftovers et amoureux de pop punk, le garçon la joue depuis quelques années en solo et présente aujourd’hui Brand New Beat, deuxième LP de sa discographie bénéficiant d’une distribution française par l’intermédiaire de Dirty Witch (Sons Of Buddha, ISP, Demon Vendetta,.). Voilà pour les rapides présentations. Mais pour être honnête, à la réception de ce disque, je n’ai pas eu le courage de l’enfourner dans ma platine. Non pas que son expéditeur (Lolo, big boss de Dirty Witch) soit adepte des crapuleries ou de mauvais goût quand il s’agit de sortir et promotionner un disque, bien au contraire, mais j’ai été un peu rebuté par cette pochette à la Derrick. Faut dire que ça ne partait pas très bien, cette histoire. Grossière erreur de ma part car, depuis cette première écoute entamée, j’ai du mal à me passer de ce disque. Tout simplement. La stratégie de placer en tête de tracklisting «Hit the ground» y a fait pour beaucoup. Rythme entrainant, couplets entêtants, refrains inoubliables, guitares rock et voix délicieuses, ce hit pop punk saupoudré de légères références aux Beach Boys a tout pour plaire.
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Kurt Baker, amoureux des Beatles, d’Elvis Costello et des Ramones, a le sens de la mélodie dans la composition de ses morceaux, qu’il soit en mode électrique («Don’t go falling in love», l’excitant «Everybody knows») ou même acoustique («She’s not sorry», «How many time»). La production est harmonieuse, puissante sans être agressive, même si certains morceaux auraient mérité un traitement plus «gras». Bref Kurt Baker fait le métier et connaît toutes les ficelles pour délivrer le titre que tu as du mal à extraire de ta petite tête. Le gars n’est pas né de la dernière pluie, alternant avec perfection les morceaux pop vintage deluxe aux sonorité punk (et c’est incontestablement dans ce domaine qu’il excelle, «Weekend Girls» et «Parties out» crevant l’écran) et les titres aux sonorités plus légères («She cans do it all» aux chœurs Beach Boysiens, «I don’t wanna cry»). Et je ne vous parle même pas des morceaux rock brut de décoffrage tels que «Qualified» ou «Want you around» (avec la participation de Dan Vapid des Screaching Weasel et un des deux morceaux figurant en bonus de l’édition français, chanceux que nous sommes). Non, je ne vous en parle pas. A coup sûr, Kurt Baker s’impose (si ce n’était pas déjà le cas) comme un patron d’un mouvement pop punk décomplexé, fun à souhait et riche en mélodies aussi bien instrumentales que vocales. Brand New Beat, aux compositions vintage et efficaces nous fait passer un excellent moment, et même si le prochain album de Kurt Baker bénéficiera d’un artwork avec une pastèque ou un carburateur de mobylette, je me précipiterai sur cette galette pour en vous dire le plus grand bien, j’en suis sûr. Gui de Champi
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DISSIPATE Tectonics (Basick Records) maestria véritablement étourdissante («Becoming the mantis»).
Inlassable défricheur de nouveaux horizons métalliques dans la sphère Djent/metal/progressive, le label Basick Records (Aliases, Io, Skyharbor, Uneven Structure...) a encore mis la main sur du costaud en la «personne» de Dissipate. Un combo américain dont on ne sait quasiment rien et qui sort par le biais de la maison de disques londonienne un premier EP sobrement baptisé Tectonics. Lequel a certainement plus un rapport avec le phénomène sismique plutôt qu’avec l’éphémère mode musicale qui a ruiné les cervicales de milliers d’adolescents post-pubères.
On oublie la question de la crédibilité d’une mode Djent qui a quelque chose de régulièrement assourdissante et on encaisse les coups. Parce que Dissipate ne frappe pas, il distribue les parpaings métalliques, extrêmes et hyper techniques avec une régularité effrayante. Et une fréquence très soutenue qui par instants tourne à la véritable boucherie Djent/mathcore tronçonneuse («Mech fail»). Tout ça en restant d’une précision chirurgicale et sans jamais sous-entendre la moindre petite baisse de régime. Une petite injection d’épinéphrine mélodique, un court interlude classe pour respirer un instant («Fragments lost») avant l’ultime coup de boost et une montée d’adrénaline qui pousse l’auditeur à l’orgasme violent, les américains se lâchent une dernière fois sur le morceau final et éponyme de ce Tectonics. Et là ça défouraille autant que ça respire la passion, dévorante, destructrice... Béton.
Aurelio
Quoique niveau démontage de vertèbres, le groupe sait aussi y faire et le prouve avec un «Motion» qui annonce la couleur, puis sa sequel immédiate qui lui répond : «Such is the mind (of a realist)». Le menu est implacable : une entrée Djent salement violente, un plat de résistance mathcore sulfurique puis un dessert hardcore chaotique, le tout assaisonné au napalm métallique pour un résultat aussi fracassant que redoutablement efficace. Quelques vagues esquisses mélodiques, de la technicité de pointe en intra-véneuse et de la hargne(core) par palettes entières, le groupe envoie tout ce qu’il a, en met résolument partout sur la platine, les enceintes et les murs aussi, mais le fait avec une
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MEET THE STORM To what end... (White Russian Records)
est aussi capable de se lancer très haut pour ensuite se rater dans les grandes largeurs, à l’image de ce «Lesson ‘39» à la première partie quasi idéale qui vient se fourvoyer au cours de sa seconde moitié dans un vieux hard FM paresseux aux soli plus que poussifs, qui plus est alourdis par un refrain à la finesse éléphantesque.
Originaire des Pays-Bas et actif depuis 2007 avec un petit EP au compteur, Meet the Storm déferle aujourd’hui sur le vieux continent avec sous le bras un premier album sorti par le biais du label local White Russian Records (Harsh Realms, Striking Justice...) et gorgé de torpilles hardcore rock/punk qui font la qualité première du groupe. Mais également son petit défaut structurel sans doute inhérent à son concept. Car si MTS a le bon goût (doublé d’une efficacité solide) de donner dans le crossover southern-rock vs hardcore punk avec des gangvocals qui savatent et des mélodies ardentes («Atlantis conspiracy»), il va parfois un peu trop chercher ses influences du côté des références Gallows, Cancer Bats et autres Every Time I Die. Quand on sait que l’on peut parfois même citer Refused, on se dit que ça ne doit pas être mauvais et à vrai dire, ça ne l’est jamais. Génial, parfois quand même un peu par contre. En témoignent des titres de la vigueur salvatrice d’un «Saviours» inaugural et incisif, d’un «AA pre-school» à la puissance sauvage taillée pour le live ou d’un «Take back the poison» qui joue avec les clichés du genre pour mieux les démolir et en produire une foudroyante exégèse appuyée par quelques gimmicks rock hardcore punk qui envoient. Problème, Meet the Storm
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Mais heureusement pour nous, quand les Néerlandais se gaufrent sur un passage, ils redressent la tête rapidement. En remettant les gaz sur le très hargneux et fédérateur «Speaking in forked tongues» avant de tout lâcher sur un «Dead eyes don’t speak» southern machin explosif. Une poignée de titres plus classieux et éraillés mais non moins bien ficelés plus tard («Yosemite Sam’s curse», «Raymond K.Kessel»), MTS peut refermer ce premier album sur un «Raindog blues» qui synthétise plutôt bien ce qu’est en l’état To what end..., un album fort bien troussé et qui remplit largement son cahier des charges, voire même un peu plus, ce sans pour autant révolutionner le genre. Mais le potentiel est indéniablement là...
Aurelio
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SOFY MAJOR Idolize (Solar Flare Records)
«Seb» lancinant et anxiogène à souhait. En conclusion d’Idolize et au rayon des influences revendiquées, Sofy Major rend un hommage cinglant à Portobello Bones avec un ‘Power of their voice’, de la musique d’hommes avec des grosses bollocks repris par des hommes avec des grosses bollocks. Pour mémoire, le groupe avait déjà repris Tantrum sur la compil’ We fucked up our lives. Achat obligatoire donc. D’autant que l’album est disponible pour une faible poignées d’euros sur le Bandcamp du groupe. C’est peu dire qu’il s’agit d’un bon investissement pour votre platine. David
Ah Sofy Major..., rien que le nom de ce groupe suffit à exciter mes neurones tant Permission to engage avait été la grosse baffe de brutasse de 2010. Après un split en compagnie des excellents Membrane, des péripéties par palettes (enregistrement aux States avec Andrew Schneider, ouragan Sandy, studio détruit...), le quartet nous livre avec Idolize la grosse baffe de brutasse de 2013. Dès le premier titre, «Aucune importance», le groupe pulvérise les sceptiques et ravit les afficionados de noise métal plombé : gros son, basse pénétrante, riff tranchant, chant clair semi-aérien et puissance de feu intacte. Les Sofy Major livrent une entrée en matière haut de gamme. La deuxième piste ravit elle aussi les oreilles, avec son feeling hautement desert-rock et son refrain scotchant tandis que «Steven the slow» voit l’apparition de Dave Curran (Pigs, Unsane...) qui vient apporter un net supplément de noirceur et de rugosité sur un titre qui dépareille sensiblement de l’ensemble. Les moments de bravoures soniques («Bbbbreak», «UMPKK pt. 2») s’enchainent, l’impression d’avoir affaire à un combo qui maitrise son art dans son entièreté également. Les Sofy Major prouvent également qu’ils ne s’épanouissent pas seulement dans le chaos avec un
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STONE SOUR
House of gold and bones Part II (Roadrunner) tout de même). Certes le groupe essaie de se retrouver un peu, d’instaurer des atmosphères, d’élaborer une trame musicale qui tienne la route et à bien des égards la démarche est louable. Mais avec un petit peu de talent supplémentaire ce serait quand même mieux.
En musique comme au ciné, quand un truc marche, on fait une suite. Et quand ça ne fonctionne pas terrible (surtout artistiquement), parfois on en fait quand même un deuxième. Surtout si «on» avait prévu un diptyque à la base. Le «on», c’est présentement Stone Sour qui après un House of gold & bones part I fort poussif livre cette fois sa «séquelle», logiquement baptisé Part II. Là, ça y est tu trembles? Oui, tu as raison... sauf que le «Red city» inaugural est curieusement une très bonne surprise. Pas non plus un chef-d’oeuvre mais par rapport à ce que l’on redoutait, on est très loin du compte avec une ballade rock ténébreuse bien ficelée avec un climax métallique et rageur qui met tout le monde d’accord. Stone Sour sortirait-il de la cave ? Euh, ne nous emballons pas non plus trop vite. Parce que dès «Black John», on redescend déjà d’un cran. Sauf que cela reste encore plus que convenable. Catchy et mélodique mais pas trop mainstream, quelques grosses ficelles mais on reste à des années lumières de la daube marshmallow entrevue chez le groupe ces dernières années et c’est déjà pas mal. Alors on se dit que peut-être... sauf qu’on se le dit pas longtemps, le groupe revenant à ces poncifs avec un «Sadist» soporifique au possible et un «Peckinpah» un peu pompier (mais relativement efficace
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La meilleure preuve reste «Stalemate» pour lequel on sent bien que les Américains ont essayé... même si le résultat reste poussif. Sans doute parce que Stone Sour fait en réalité partie de ces groupes qui ont malheureusement besoin de forcer leur talent pour réussir de belles choses là où d’autres ont l’aisance naturelle. A croire que Corey Taylor et sa bande s’en rendent compte, ils lâchent un «Gravesend» très honorable mais ne vont pas au bout de la démarche et commettent «’82», «The uncanny valley» ou «Do me a favor». Là encore, on évite le fiasco du House of gold & bones part I mais c’est assez paresseux et surtout alourdi par des soli clichesques à souhait. Comme s’il s’était coincé le riff entre deux chaises, partagés entre un concept artistique plutôt intéressant (les deux albums seront suivi d’une série de comics book en 4 volumes) et la nécessité de pondre un album de quasi major. Jusqu’à se fourvoyer dans les grandes largeurs avec l’infâme «The conflagration», arrangements à cordes pachydermiques et mélodies guimauve à souhait, on touche de nouveau le fond et on est obligé de passer à la suite en vitesse parce que la corde n’est pas fournie avec le CD. Si bien qu’on ne parle pas du morceau-titre final parce qu’il faut quand même penser à se remettre... (bon en fait si, il se laisse plutôt efficacement écouter).
Aurelio
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TERMINAL SOUND SYSTEM A sun spinning backwards (Denovali Records) compte même plus les emprunts stylistiques tant le travail de Terminal Sound System développe sa propre identité artistique au fil de pistes qui conjugue la notion d’excellence à toutes les personnes («To the sun»). Tout en créant des ambiances propices à l’addiction quasi immédiate, entre boucles de synthés version old-school («Silver ships») et plongées ambient narcotiques avant un climax absolument diabolique (un «Suns we’ve killed» magistral), Skye Klein, l’architecte du projet termine la construction de son édifice sur un «A perfectly reflecting sphere» au minimalisme intimiste avant l’exceptionnel «What will come» ne vienne définitivement parachever son oeuvre.
Deux ans après un Heavy weather d’excellente facture, Terminal Sound System remet le couvert, toujours par le biais de l’écurie Denovali Records, avec un nouvel opus qui dès les premières secondes, vient happer l’auditeur pour l’emmener vers des profondeurs d’une noirceur ambient/doom oppressive («Deep black ash», tout est dans le titre en même temps). On se dit alors que le voyage risque d’être sans retour vue la tournure prise par l’environnement musical de cet objet difficilement identifiable en provenance d’Australie, pourtant «Oceans» vient rallumer la lumière dans l’esprit comme les enceintes. Emmenant alors l’auditeur dans des courants mélangeant habilement post-rock, électronique, doom et bien d’autres éléments sonores au sein du même tube à essais, TSS lui fait explorer un univers particulièrement personnel, prégnant et inextricable.
Un peu comme si les huit premiers titres dA sun spinning backwards avaient été programmés par leur concepteur pour aboutir à cette ultime finalité qu’est le dernier morceau de l’album. Une synthèse parfaite des obsessions créatives de Terminal Sound System, lesquelles trouvent leur paroxysme sur quelques huit minutes et treize secondes d’une véritable déferlante (super)-sonique, à l’image du reste, mais en mieux. Immersive. Bluffante. Passionnante. Aurelio
Que l’on découvre dans les moindres recoins avec un «Clearlight» orienté trip-hop obsédant vs électro minimaliste, avant que «Theme for scorched Earth» ne déploie des instrumentations et arrangements aussi amples que protéiformes. A sun spinning backwards est alors l’oeuvre d’un véritable chef d’orchestre concevant une machinerie musicale aux myriades d’influences et textures changeantes, en mouvement perpétuel. On ne
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BURNING BRIGHT Domesday (North Cult Records)
toujours aussi (voire plus) vite et tape fort, tant pis pour les éclats qui rebondissent dans la face de l’auditeur.
Avec une localisation géographique du côté de Caen, on pense fatalement à Amanda Woodward et Aussitôt Mort sur l’échiquier indie hexagonal lorsque vient le moment d’évoquer Burning Bright. Et là, paf, on découvre qu’il y a justement des membres des deux groupes dans ce nouveau projet étiquetté crust/emo/hardcore qui défouraille. Et ça pour défourailler, Domsday, le premier méfait sonore de cette entité furieusement DIY - paru chez une paire de petits labels indé parmis lesquels North Cult Records (Death Engine), il défouraille. Il envoie même méchamment le bois. «Sleepless me», «Dissolve» puis «Bonfire» dépoussièrent gentiment la tuyauterie. L’attaque n’est pas si hargneuse, mais le reste l’est rapidement un peu plus. Les décibels se fraient un chemin à travers un amas de disto, la prod ‘se veut assez rêche mais suffisamment efficace pour que le premier contact avec Burning Bright se fasse de la manière la plus virile qui soit. Frontale et salvatrice. L’étreinte est fougueuse, le rythme haletant. Le groupe lâche rapidement les chevaux et s’offre quelques cavalcades crust/punk/screamo/hardcore émotionnelles mémorables, trouvant leur terre sonore promise dans des climax délicieusement incandescents. Car le groupe monte rapidement en pression, joue
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Mais aussi bons soient-ils les trois premiers titres de l’album laissent toutefois entrevoir un léger écueil, à savoir que si le groupe ne change pas vite de registre, le résultat risque rapidement la redondance regrettable. On n’a pas vraiment le temps de se poser plus longtemps la question que le groupe pose une minasse de patrons sur la platine avec «Lights». Une intensité déflagratrice obsédante, un brûlot sonore qui met les entrailles dans le rouge, Burning Bright est devenu grand en l’espace d’un titre et la seule interrogation qui demeure alors revient à savoir s’il va savoir assurer la suite. La réponse est plutôt positive avec un «Mayfly» enfiévré, un «Doomsday» aliénant ou l’assaut punk au «Vitriol» que le groupe s’offre sans vergogne avant d’attaquer le final de son album. Qui tient là encore toutes ses promesses avec un triptyque bien sonnant et trébuchant («Kalopsia»/»Nig htsins»/»Dreamcatcher»), démontrant sans l’ombre d’un quart de doute que la foudroyante efficacité des titres composant ce Free doomsday foncièrement imparable, ne doit décidément rien au hasard. Surtout quand le groupe s’emparque dans des sillons hardcore mélodiques et ravageurs qui mettent une fois encore les écoutilles en éveil... pour leur prodiguer quelques soins et autres douceurs particulièrement abrasives dont il a le secret. On valide. Aurelio
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NOSOUND Afterthoughts (K-Scope)
avec elle l’auditeur vers un coma semi-conscient mais ô combien enivrant. Surtout qu’à côté de cela, Nosound dévoile des lignes mélodiques à la beauté enjôleuse («She»), ataraxiques et apaisantes donc, car portées par quelques arrangements à cordes aussi discrets qu’indispensables («Encounter», «Wherever you are»).
Entité italienne emmenée par le compositeur Giancarlo Erra et se réclamant de l’héritage artistique des Pink Floyd, Porcupine Tree ou autres Brian Eno, Nosound est un projet mêlant depuis une bonne dizaine d’années (et quelques albums, EPs ou DVD déjà parus sur la référence K-Scope - Amplifier, Anathema, Porcupine Tree, Steven Wilson...) influences 70’s/80’s/90’s, rock progressif, ambient contemporain et plus généralement tout ce qui à attrait à la musique alternative des deux, trois ou quatre dernières décennies... avec une prédominance certaines pour l’oscillation post-rock/progressif doucereux.
On pense à Lunatic Soul (le side-project un peu trop méconnu de Riverside), aux travaux solitaires du maître Steven Wilson mais également et surtout aux récents opus signés Anathema (Weather systems en tête), notamment quand le groupe prendre de la hauteur et distille des instrumentations à l’amplitude émotionnelle habitée. Merci l’apport du violoncelle qui pousse la narration des Italiens dans leurs plus beaux retranchements. Une mélancolie éthérée, une sensibilité éveillée par des paysages sonores parsemés de petites douceurs, Nosound va au bout de ses idées, jusqu’au très beau «Paralysed» où, à grand renforts de soli enflammés, il rend grâce au style qu’il affectionne tant. Tout en classe épurée et finesse dans l’écriture, comme dans l’exécution de ses compositions. Pour un envoûtant voyage à travers les hautes sphères de la musique progressive comme on l’aime...
Aurelio
Tout ce que l’on retrouve assez logiquement dans un Afterthoughts, le dernier-né du plus anglo-saxon des groupes latins. Un disque à l’élégance très italienne pourtant et aux textures sonores délicatement ciselées (l’inaugural «In my fears», «Miss the ground»). Porté par un (post)rock classieux, mélodique, légèrement neurasthénique aussi, surtout lorsqu’il prend le parti de s’étendre sur des plages parfois interminables même si paradoxalement, les morceaux ne sont pas toujours aussi longs qu’ils en ont l’air («Two monkeys», «The anger song»), l’album s’écoute en se laissant habiter par une douceur torpeur ambient intemporelle, emmenant
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INTERVIEW
INTERVIEW > PROHOM Et de quatre pour Prohom qui vient de livrer Un monde pour soi, un nouvel album qui marque à la fois son retour et une évolution musicale, avant de le retrouver sur scène cet automne, il répond à nos questions sur l’écriture de ce nouveau disque, son joli clip et son avenir proche. Une jolie fille à poil dans un clip, ça marche toujours ? Rhooooooooooo... Un peu plus de 17.000 mateurs mais ça ramène des acheteurs ? Rhooooooooooo (re). Je ne crois pas qu’il y ait un réel rapport entre vues sur le net et ventes de disque (ou de titres en ligne). Je crois même qu’on a vu dans le passé des succès incroyable sur la toile, suivis de fours monumentaux en terme de ventes en ligne... Kamini est un cas d’école ! Alors non, je ne crois pas que ça ramène des acheteurs... Le clip est tout de même très joli, ça coûte cher de faire un beau «film»? Dans ce cas précis, non, car j’ai donné une partie de mes
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éditions sur cette chanson au producteur du clip. Il s’agit donc plus d’un pari pour eux. J’ai financé les frais, les locs, payé la comédienne et la maquilleuse, mais pour le reste, c’est Bertrand Guerry et Thibault Ras de Mitiki qui ont parié sur le succès de cet album. Au-delà de mon cas précis, un clip coûte moins cher qu’avant et les tarifs dont j’ai entendu parlé tournent aux environs de 4 000 € pour un très beau résultat. L’album est plus électro que les précédents, ça change quoi dans la façon de composer ? Je n’ai pas changé ma façon de composer. Je travaille toujours avec des machines, une guitare et un piano. Il y a toujours une grande différence entre la compo de départ et sa prod à l’arrivée. Mais globalement je n’ai pas changé de méthode. Il y a juste que sur cet album en particulier, j’avais envie de prendre le temps de le produire tranquille à la maison. Donc comme je suis un très mauvais instrumentiste, j’ai privilégié les séquences et les programmations. Le fait aussi que cet album suive ma collaboration avec Christian Fradin pour mon précédent duo a fait que tout a été plus orienté vers les claviers.
Le ton général est nettement moins enjoué, tu arrives à faire l’amalgame en live avec des titres plus souriants ? Oui, justement je crois que ça a toujours été très présent dans mes concerts. C’est une vraie volonté de ma part : traverser les émotions contradictoires. Ceux qui me connaissent sur scène savent qu’ils peuvent passer du fou rire aux larmes en 2 minutes. C’est ce que me raconte le public à la fin des concerts et je crois que tout le monde adore ça, moi y compris ! Tes textes sont toujours très personnels, ça ne te dérange pas de t’exposer ainsi ? C’est ma façon d’être. J’ai commencé l’écriture par de l’exutoire et je crois que je ne sais pas forcément faire autre chose que de m’appuyer sur mon vécu personnel pour déclencher l’envie d’écrire. Et quand j’ai écrit pour les autres, ça a toujours été après de longues discussions qui m’ont permis de me mettre à la place de l’autre. J’adore inventer des histoires pour les enfants mais je crois que je ne sais pas le faire en chanson. Il y a plein d’artistes qui le font très bien et qui racontent des choses plus générales que ce que je mets dans mes albums et c’est très bien ainsi, chacun sa place. Mais j’essaye toujours d’aller au bout de sentiments personnels qui me semblent être universels. J’ai un paquet de chansons plus personnelles encore que je n’ai jamais sorties. Quand je sens que ça ne concerne que moi je ne vais pas au bout. Mais il me semble vraiment que les sentiments exprimés dans cet album pourraient concerner tout le monde, même les plus durs.
Sur «Un monde pour soi», je trouve des ressemblances avec les sonorités de «Welcome to the machine» de Pink Floyd, c’est fortuit ou recherché ? Ah ben tiens il faudra que je ré-écoute ! C’est absolument fortuit et tu m’intrigues !
INTERVIEW
J’y retrouve aussi beaucoup moins de notes d’humour, c’était une volonté ou c’est juste «comme ça» ? Il y a un peu de recul sur «demande-moi !» quand même (rires). C’est juste comme ça ! Ce qui est drôle c’est que cette remarque est venue souvent à propos de cet album alors que je n’avais jamais réalisé que l’humour était présent dans les autres. Dans Peu importe par exemple, il n’y a aucun titre «rigolo». C’est vrai que Allers retours était plus léger, mais vu que tout le monde est passé à travers cet album, jamais j’aurais deviné qu’on note qu’il y avait de l’humour dans l’ensemble de mes productions. J’ai été très étonné de voir cette remarque revenir ! Néanmoins je reconnais volontiers que Un monde pour soi est un album chargé et qu’il est loin d’être léger ; comme tu dis c’est juste «comme ça», c’est le reflet de mes expériences de ces dernières années. Mais tu verras que sur scène, la bonne humeur et la lumière sont toujours au centre !
Ta page Facebook est très active, tu pourrais t’en passer ? Beaucoup de choses se communiquent par-là donc c’est important d’être présent pour informer les gens. L’album sortira en physique le 26 août mais jusque-là les gens ont pu l’avoir grâce à facebook donc c’est important. Maintenant si demain ça n’existe plus je passerai par un autre moyen. On s’adapte toujours à ce que l’on nous propose ou pas finalement. Facebook est un bon outil, je m’en sers, voilà tout. On a souvent le droit à des photos de «La fille du train», il y aurait de quoi écrire la suite de ses aventures, non ? Ah ah ! c’est une façon de prolonger l’histoire et je t’avoue que je me suis rendu compte qu’énormément de gens suivaient cette aventure. Quand un jour j’ai annoncé que mon compte facebook arrivait à saturation et que j’allais virer des «amis», j’ai reçu un nombre incalculable de messages privés me disant «Non non ! Ne me vire pas je veux continuer à voir la fille du train !» je ne m’y attendais pas du tout. Bon, de là à écrire la suite je ne crois pas. Tu sais quand j’ai sorti cette chanson, plein de gens m’ont dit «t’as pas le droit d’écrire un truc pareil»... Alors que pour moi c’était juste une petite anecdote dans le train, justement une façon de raconter autre chose que mes sentiments personnels et ça m’a été beaucoup reproché, comme quoi je me trahissais, que je ne devais pas raconter de trucs légers... bref... les étiquettes... Il y a 10 ans (déjà), lors de notre rencontre à Lille, tu parlais de peut-être écrire un livre, une sorte d’essai avec des idées mais tu pensais ne pas avoir assez de maturité, et aujourd’hui ? Alors que le monde va encore plus mal, tenir un blog ou une chronique dans un journal, ça te brancherait ? C’est drôle car c’est une idée qui vient de ressortir récemment. J’ai plein de trucs notés partout. Mon entourage proche m’a vivement conseillé de les compiler et de les faire lire... mais je ne sais pas si j’ai envie de le faire sous forme de blog... Je pensais plus à les réunir sur un format papier... Je ne sais pas encore ; mais c’est une idée qui germe et fait son chemin. Et effectivement, je sais que je ne suis plus du tout le même qu’il y a 10 ans, que j’ai plus de matière pour m’exprimer légitimement.
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INTERVIEW
Donc j’y pense toujours oui, encore plus précisément qu’il y a 10 ans ! Il y a très peu de concerts de prévus, pourtant c’est souvent ce qui permet à un artiste de survivre, tu fais comment pour être artiste en jouant peu ces dernières années ? Ca arrive ! les premières dates sont prévues pour octobre novembre. Je voulais juste prendre le temps de bien le faire. Et puis c’est très difficile de tourner en équilibrant économiquement. J’ai envie de payer mon équipe et je n’ai pas envie de piller les subventions comme trop d’artistes le font. Donc économiquement c’est compliqué. Mais on y travaille assidument et je pense que ça sera effectivement plus rare mais donc d’autant plus précieux ! Pour le reste je vis beaucoup avec mes interventions scéniques, ça me permet de réunir ce qu’il me faut pour subvenir à mes besoins. Mais j’ai la chance de n’être jamais rentré dans une dynamique de consommation, je consomme ce dont j’ai besoin... et au-delà des années Polydor ou j’ai pu gagner pas mal d’argent ... j’ai tout claqué bien sûr..., je vis avec la même somme par mois depuis 20 ans. Donc finalement il m’en faut peu, c’est une chance ! En 2023, on fera notre troisième interview, si je te dis «plan de carrière», tu rigoles ? Plus sérieusement, j’ai l’impression que tu es plutôt épicurien et que demain t’intéresse assez peu, je me trompe ? Oui tu te trompes ! Je regarde demain en ayant toujours le désir d’améliorer mon bonheur. C’est un vrai boulot : être heureux, seul et avec les autres. Heureusement que ma carrière n’est qu’un petit élément de mon bonheur. J’ai déjà tout ! Je vis de mon activité artistique et je n’ai pas envie de jouer des coudes ou rayer le parquet pour avoir plus. Si ça arrive, ça arrive, mais je sais très bien que le bonheur n’est pas là... Quelle découverte ! Quand je regarde autour de moi et que je vois des artistes en panique parce qu’ils n’ont pas tel ou tel retour média je trouve cela attristant ; et quand j’entends que le bonheur tient à ce que tu possèdes je trouve ça déprimant. Cette voie est fausse, j’en suis intimement convaincu mais il faut savoir résister à la pression sociale qui te pousse à le croire, il suffit d’allumer sa télé deux minutes pour que ça te saute à la gueule, c’est affligeant. Moi je préfère compter le nombre de fous rires par jour que le nombre de zéros sur mon compte en banque, donc autant te dire que s’il y avait eu un jour la notion de plan de carrière dans mon existence, j’aurais vraiment foiré mon coup ! T’as prévu quoi pour cet été ? Des Vacances ?
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Pour juillet la suite d’une résidence avec Sam Verlen, le suivi des groupes du chantier pendant les Francofolies de La Rochelle, des répétitions et enfin des vacances en août. Oui !! Merci De rien ! Merci à Julien (MathPromo) et Philippe Prohom ! Oli
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EN BREF FM
FILIAMOTSA
HARMONIC GENERATOR
Rockville (Membran)
Sentier des roches (Whosbrain Records)
When the sun goes down (Lungata Records)
« Plus classic rock, tu meurs ! ». Telle pourrait être la devise de FM, groupe anglais formé au cours des années 80 et auteur d’une tripoté de LP, EP et live. Ce groupe porte magnifiquement bien son nom, sa musique se prêtant admirablement à une programmation de radio rock digne de ce nom. Rockville, nouvel album du quintet britannique, regorge de pépites rock parfaitement calibrées, à la manière d’un Aerosmith en grande forme ou d’un Toto de la grande époque. Vous avez cerné le délire : production impeccable, guitares enthousiastes, clavier généreux, basse batterie dans le ton, et voix parfaitement maitrisées. Les gars connaissent la recette magique du tube, et même si certains morceaux sont à la limite de la « varièt’ pop music » («My love bleeds», «Story of my life»), la galette regorge de morceaux rock à la limite de la perfection («Only foolin’», «Better late than never», «Crosstown train»). Les gars ne prennent aucun risque, et ça peut sentir le formaté. Mais qu’importe, j’en retiens surtout un album plaisant, à écouter sans réfléchir dans le but de passer un bon moment. Ce qui a été mon cas.
On ne le répétera jamais assez mais la rubrique «En Bref» n’est pas une rubrique fourre-tout où échouent les disques que l’on a un peu moins aimé. Le cas de Filiamotsa par exemple aurait mérité une bonne trentaine de lignes mais faute de temps, 10 lignes, pour te dire que ce groupe vaut diablement le coup, c’est toujours largement mieux que de les passer à la trappe à la section «tant pis». Avec une formation atypique (une batterie, deux violons, quelques invités), les Filiamotsa arrivent à captiver l’attention avec un Sentier des roches tout autant singulier. 7 titres parfois assez denses, parfois plus courts, parfois easy-listening, parfois plus abrupts, où interviennent sporadiquement des chanteurs qui bien souvent, font mouche dans le cortex. Que ce soit en mode spoken-word («Cerveaux des famille»s) laché par le batteur ou par un intervenant extérieur (G.W. Sok qui apparaît également sur le disque de Chapi Chapo...), l’auditeur est happé par ce songwriting élastique de haute volée et cette musique qui prouve que le violon est capable de bien belles bourrasques.
Le parcours des cinq Marseillais d’Harmonic Generator est plus que singulier car c’est en jouant la carte du rêve australien qu’ils ont réussi à percer dans le monde de la musique, après s’être fait connaître Down Under, les voilà qu’ils débarquent à la maison via un label aussie ! When the sun goes down d’un côté, il se lève de l’autre, il fait donc toujours beau et chaud chez le quintet qui envoie ce qu’on avait l’habitude d’appeler du hard rock dans les seventies (voire les eighties) et qu’on désigne sous le nom stoner de nos jours. Un rock burné, tanné au soleil, qui sent la transpiration et les kilomètres du bitume direction Alice Springs, pas de révolution en vue mais un travail appliqué au moins pour la zik parce que pour l’artwork, c’est léger ! Quelques titres sortent du lot comme «Nobody dies» (plus lourd et granuleux, le titre est d’ailleurs extrait de ses textes) ou «Rollin’ free» (plus dynamique et enlevé). Que ça envoie ou que ça joue plus calmement en mode dragouille, le son est propre, bien produit, le générateur d’harmonies n’a donc pas à pâtir de ces écarts d’aspirations, qu’elles lorgnent vers le rock ou le hard, ça passe !
David Gui de Champi
72
Oli
EN BREF
WENDY’S SURRENDER
WONDERFLU
BOMB SCARE CREW
Hold on for victory (Autoproduction)
No end in sight (Influenza Records)
Worldwide shadow
Ça commençait pourtant bien avec ce sample du film culte «C’est arrivé près de chez vous» (et les savoureux dialogues de la scène du petit Grégory) pour introduire «H-Bomb», instrumental ouvrant les hostilités de Hold on for victory, premier EP du quatuor bisontin Wendy’s Surrender. Mais les choses se sont gâtées au fur et à mesure qu’a défilé ce disque. Non pas que ce groupe ait de mauvaises intentions, loin de là : envoyer du punk teinté de hardcore et inspiré par Youth Brigade et Knuckledust n’a jamais été une faute de goût. Sauf qu’il manque un, voir même plusieurs trucs à ce EP, pour faire la différence. En vrac : une prod’ étonnamment moyenne (quand on sait que le skeud a été mis en boite chez Jean Loose à l’Indie Ear Studio...), une basse omniprésente et des guitares trop en retrait dans le mix, et une désagréable impression de passivité dans l’exécution des morceaux. Dommage, car les titres ne sont pas dénués d’intérêt et je suis persuadé que ça doit le faire en live, mais malheureusement, pour un premier disque, ce n’est pas assez percutant pour en garder un souvenir impérissable.
Après Lota Schwager, les Wonderflu continuent leur petit bonhomme de chemin en te proposant un autre EP intitulé No end in sight. Tant mieux, au vu du premier morceau, «Fine now», ils ne semblent en rien avoir perdu leur verve et ce songwriting qui faisait plaisir à entendre. Le propos est toujours ancré dans les années 90, semble également s’être musclé un peu et lorgne du côté d’un Mudhoney. Momentanément puisque sur «Anybody», le titre se fait un poil plus mid-tempo sans pour autant perdre de son impact tandis que «Flames» me rappelle un Pavement enjoué et «Power of time», un excellent morceau de Eels. Au bout des 7 titres et pas des moindres («Lost in the 50’s» savoureux...), il est difficile de ne pas constater que les Wonderflu maîtrisent parfaitement les ingrédients des groupes qui les influencent et on ne peut que leur souhaiter de trouver l’écho qu’ils méritent. C’est à dire de vendre des millions de No end in sight. Excellente (re)prise de contact.
Worldwide shadow est un album assez particulier dans la discographie de Bomb Scare Crew, d’abord parce qu’il est composé de trois titres enregistrés (en 2009) pour Autopsy of a monster (sorti en 2010), ensuite parce que les cinq autres compos laissent de la place à des amis venus prêter main forte au combo (Candy (Benighted), Ole (Mudweiser), Ludo (Malmonde)...). Et s’ils sont tous venus avec le sourire, c’est que l’album est dédié à une ONG (Vision du Monde) qui aide les enfants à travers la planète... Lié à cette asso depuis quelques années, le groupe a voulu en faire plus en offrant ses recettes sur le disque et un peu de pub, utilisant sa musique comme arme d’information massive. Metal HardCore bien envoyé jouant sur les tempos pour donner du poids, sur les guitares pour donner du piquant et sur le chant pour donner de l’énergie, on remarque surtout «Scalps» et «The heart of the fetish» où les invités métamorphosent BSC et lui donnent davantage de relief. Les trois titres sortis du grenier sont moins percutants de par leur production (le mixage est moins réussi) et sont davantage à prendre comme un gros bonus...
David
(Send the wood music)
Gui de Champi Oli
73
EN BREF PUCE MOMENT
ELASTIK
HYPERDUMP
Puce moment (Tsunami Addiction)
Instrumental
Syncretism (Klonosphère)
Derrière ce nom ô combien mystérieux se cache l’autre groupe de Nicolas et Pénélope de Cercueil. Un projet à longue maturation puisque Puce Moment existe depuis 2006, a surtout connu les joies de l’incarnation live lors notamment d’un ciné-concert avec Eraserhead de David Lynch en toile de fond. Si les deux entités ont évidemment des similitudes, notamment la voix toujours aussi appréciable de Pénélope, ils ont aussi chacun de bien belles raisons d’exister. Dès «Fenstergang», c’est sous des contours à géométrie variable que l’on retrouve les deux musiciens, sur des plages à durée conséquente et au pouvoir immersif exacerbé. Entre éléctro racée, bourdonnement «dronesque» et une musique ambiante plongée dans un brouillard épais, Puce Moment ne choisit pas, recycle et propose sa version des faits avec une élégance rare. En résulte un disque particulièrement aventureux et décloisonné. Et puisque ce projet a aussi une vocation visuelle, on ne peut que vous inciter à observer les vidéos de «(drive)» et «Legacy» sur youtube. Et bien sur les voir en live.
C’est avec une production 100% instrumentale sortie en début d’année que Thomas Prigent aka Elastik met de nouveau nos tympans à l’épreuve. Si les deux premières œuvres du parisien ne vous sont pas familières, sachez que le style du gaillard est nourrit d’ambiances électro cinématiques glaciales et sombres, la bande-son parfaite d’un film d’horreur ou d’un thriller. Intitulé sobrement Instrumental, ce 6 titres, dont les noms sont on ne peut plus simples («Instru 1», «Instru 2»...), met davantage en valeur le boulot de Thomas en ce sens qu’il ne laisse plus, comme auparavant, de place aux invités venus porter leur art vocaux et scripturaux. Il s’agit d’une belle occasion pour redécouvrir une relecture de trois anciens morceaux issus des deux premiers LPs. Oppressant et mystérieux (à l’image de l’univers du bonhomme qui ne laisse que très peu d’info sur lui), cet EP est doté d’un artwork fort bien réalisé qui sied parfaitement à son contenu et confirme qu’Elastik n’est pas totalement libéré de ses démons. A consommer sans modération, si votre cœur tient bon évidemment.
David
(Koma Records)
Ted
C’est un mot que je connais mais je ne sais pas trop ce que ça veut vraiment dire... Avoue que tu t’es dit ça en lisant le titre de cet EP ! Le syncrétisme, c’est ce qui qualifie le mieux Hyperdump, ça t’aide ? Et oui, c’est le mélange de plusieurs influences. Alors que Rational pain est encore chaud dans les mémoires (bien qu’enregistré en 2009), les Picards sont repassés dans leur studio favori pour graver 5 titres histoire d’enfoncer le clou et de témoigner de leur évolution (et même progression) sur le plan des compositions. Excepté le court et introductif «Welcome my boy», c’est du lourd qui nous est envoyé avec ce qu’il faut de passages techniques, de mélodies bien senties et de moments de grosse castagne («Fake» !). Biens charpentés, les titres coulent et s’enchaînent sans qu’on ne voit le temps passer malgré leur puissance et un riffing assez pointu. Selon son humeur, on peut se laisser bercer par les harmonies et oublier les parpaings ou affronter tous les chocs sans trop prêter attention aux douceurs, le Syncretism(e) est donc parfait. NB : cet EP (s’il en reste) coûte 2 euros (port compris) alors fonce ! Oli
74
EN BREF
ELEKTRIC GEISHA
CHRIS VIL
MISS DALLOWAY
Art of K (Zumol Records)
Go away
Fuzz Raaga (Autoproduction)
Voilà un projet musical qui ne manquera peut-être pas de répondre à vos envies de découvertes musicales pour le moins originales. Elektric Geïsha cultive le goût du décalé, en témoigne son dossier promo bien hilarant, avec tout ce qui sort de la culture japonaise avec des titres de chansons explicites tels que «Gang bang Katana» ou «Radioactive Sashimi». Art of K est un EP qui, inspiré musicalement par Django Reinhardt ou John Zorn (dixit le groupe), se retrouve le cul entre, d’un côté, une forte influence swing tzigane et jazz manouche et, de l’autre, une ferveur punk dérivant parfois vers la surf music ou l’électro et le sample. Une mixture qui envoie forcément des fréquences polymorphes dans les tympans et qui peut se révéler être assez jouissif pour les personnes sensibles aux œuvres barrées et pêchues. Ces Toulousains assoiffés de musiques improvisées ont comme qui dirait assouvis leurs besoins et repoussé un peu plus les frontières entre le traditionnel et le modernisme.
« Tiens mon Gui, je pense que ça peut te plaire». Mon ami Fred, alias Billy The Kill pour les intimes, n’a pas eu tort sur ce coup-là (de toute façon, en terme de zik, ce petit bonhomme n’a quasi jamais tort). En me refilant Go away, second EP quatre titres de Chris Vil, Fred a fait un heureux. Car, entre nous, comment rester insensible au talent monstrueux de ce fameux Chris, artiste à classer dans la catégorie des winners envoyant un folk rock délicieux et entêtant ? Ce disque me file des sensations, comme je peux en ressentir en écoutant Forest Pooky et Billy The Kill. D’ailleurs, Chris Vil se rapproche de Billy (qui joue la basse et la batterie sur certains titres) dans le traitement de l’instrument et des voices. Coïncidence ? D’ailleurs, peu importe, car ce mec a un talent fou, et les émotions qu’il parvient à transmettre à l’auditeur sont révélatrices du potentiel énorme de Chris Vil. Et s’il ne fallait retenir qu’un morceau, ça serait «August 18th», seul titre envoyé avec uniquement une guitare et une voix. Sans fioriture. Mais non sans classe. Merci Chris. Vraiment, du fond du cœur, merci.
Ted
(Autoproduction)
Depuis 2011, Miss Dalloway n’est plus seulement un roman de Virginia Woolf, c’est aussi un trio qui respire la dépression, la crasse et la rouille. Enfant du grunge comme du sludge, le combo a hérité de la lourdeur du Sud-Est des Etats-Unis et de l’attitude vocale du Nord-Ouest du continent nord-américain, encore que Earth ou les Melvins viennent du même coin que Nirvana ou Mudhoney. Ce maxi 4 titres intitulé Fuzz Raaga sonne lourd, rageur, parfois «Cobainesque» et procure de sacrées émotions à celui qui est fan de ce genre de musique. Enregistré à la maison, le son distordu à souhait est de très bonne qualité même si le chant semble parfois un peu lointain (mais l’ambiance caverne pourrait être voulue...). Après la grosse débauche d’énergie qu’est l’eponyme «Fuzz raaga», Miss Dalloway ne fait qu’apesantir son propos par la suite pour finir à l’agonie sur «Hand me a sigh» après s’être excité sur la fin de «The dictionary is wrong», et quelque soit le tempo, ça fonctionne toujours. Bref, c’est une belle découverte qu’on t’encourage à suivre de près (notamment sur un split avec Enob)...
Gui de Champi Oli
75
EN BREF HEARTBEAT PARADE
CANNIBAL MOSQUITOS
Hora de los hornos (Whosbrain Records)
Surfing love party (Dirty Witch)
On décore le bunker en regardant les étoiles (Autoproduction)
Si la chronique d’Hora de los hornos de Heartbeat Parade, un trio luxembourgeois, a mis un peu de temps à arriver, c’est surtout parce que j’ai eu du mal à cerner ce qui me plaisait dans ce disque. Les écoutes aidant, les détails commencent à abonder aux petites oreilles aiguisées, le boulot méticuleux au niveau de la composition et de la sélection des samples apparaît. En 18 titres de rock instrumental hybride aux teintes math-rock et metal, Heartbeat Parade captive très régulièrement, on se détache aussi souvent de l’écoute du disque sans forcément avoir envie d’appuyer sur pause. Les samples/ extraits qui enfoncent quelques portes déjà bien ouvertes sont émotionnellement chargés, parfois plus légers et participent d’ailleurs beaucoup à ce plaisir d’immersion sur un disque qui s’avère excellemment produit. C’est donc une donc une bonne sortie de la part de Get A Life ! Records et Whosbrain records (Joe4, The Glad Husbands, Le Singe Blanc, Filiamotsa...), le meilleur label luxembourgeois du monde.
Prenez des samples hilarants tirés de films ou téléfilms en rapport avec le sexe. Ajoutez-y des morceaux de surf teinté de twist, de rockab’ et de punk. Saupoudrez le tout de reprises de thèmes de chefs d’œuvres de la sacrosainte musique populaire (« Destinée » de Guy Marchand, « El Bimbo »...) et servez l’ensemble brûlant avec une pochette burlesque. Et voilà, vous avez entre vos mains (et vos oreilles) Surfing love party, deuxième album riche en saveur de Cannibal Mosquitos et mis en rayon par l’ami Lolo Dirty Witch. Plus léger qu’un Irradiates et moins épicé qu’un Demon Vendetta, Cannibal Mosquitos est fun, fun et fun. Admiratifs de grande enseignes telles The Mummies et Man or Astroman, le trio parfois quatuor défie les lois du commerce équitable en ne se prenant pas au sérieux et en délivrant une bonne douzaine d’instrumentaux parfaitement envoyés toujours dans un esprit burlesque et, n’ayons pas peur des étiquettes, débile. Ne vous attendez pas à un produit surfait, Surfing love party est un album fait avec des bouts de ficelles, enregistré, mixé et masterisé en 72 heures. Et c’est tout ce qui fait son charme. J’adore !!!
Les villes de Montreuil et Cottbus sont jumelées et c’est de là qu’est partie l’idée faire se rencontrer des groupes «locaux». Après la découverte d’accointances et un long travail, les Français post-rockeux décorateurs de Brainsucker se sont unis aux Allemands rock-indus blockhaus de Shimstrumental pour composer et jouer ensemble On décore le bunker en regardant les étoiles. Ce split album combine donc des ambiances aériennes et feutrées (french touch) à des rythmes plus martiaux et un chant guttural (teuton style) et par moment, c’est assez déconcertant. D’autant plus que les titres instrumentaux («Presumptuous state of mind of the man who believes he is free» déjà présent sur l’album Bra!n/ suc#er ou «24 hours and maybe another life to get over you») sont excellents et tranchent avec un «Panzer» dont le nom dit tout... Ceci dit le mélange fonctionne bien sur la plupart des titres («Exigkeit», «Der letzte weg», «Winter») et confirme que ce genre de projet un peu fou est à encourager car, dans l’ensemble, il tient la route.
David
Gui de Champi
76
BRAINSUCKER / SHIMSTRUMENTAL
Oli
CONCOURS
>CONCOURS XTREME FEST> Le Xtreme Fest aura lieu début août (les 3 et 4 août) à Cap Découverte (Le Garric non loin d’Albi), avec entre autres Hatebreed, Suicidal Tendencies, Uncommonmenfrommars, Toy Dolls, Municipal Waste, Street Dogs, Drawers, No Guts No Glory, Comeback Kid, Dying Fetus, Belvedere, Trépalium et quelques autres mais aussi un skate Park , du wake board, du VTT, du BMX et une aire pour la baignade ! Sont à gagner deux pass qui te permettront de rentrer gratos sur le site tout le week-end ! Bonne chance ! http://www.w-fenec.org/concours/index,223.html
MONSIEUR Z> Monsieur Z a récemment dévoilé son nouvel EP, deuxième et dernier chapitre d’un conte urbain aux textes sulfureux et lucides et où l’electro et rock n’ont jamais aussi bien fusionné. Si l’envie de gagner l’un des cinq exemplaires mis en jeu par le W-Fenec est une idée qui te traverse l’esprit, tente donc ta chance en répondant à une question dont la réponse est à retrouver sur la chronique de NSLB [Chap. 2] dans notre mag #7. Bonne chance ! http://www.w-fenec.org/concours/index,221.html
NOEIN> Après un excellent EP (d’ailleurs livré en bonus avec le digipak de son nouvel album), Noein revient nous foutre une grosse raclée avec Infection - Erasure - Replacement, une déflagration pas aussi féminine que le line-up pourrait le laisser penser... Amateur de métal qui fait mal (plus que mâle), ce disque est forcément pour toi ! Si tu ne l’as pas encore, il serait temps d’au moins l’écouter... Et comme tu seras comblé, il faudra te le procurer... Tu peux le commander sur le net (ça te coûtera peut-être moins cher que chez ton hyper-disquaire) ou espérer gagner ce concours... Deux exemplaires seront distribués à la rentrée parmi celles et ceux qui auront donné la bonne réponse à cette question un peu trop facile, mais, c’est l’été alors faut pas trop pousser non plus ! Bonne chance ! http://www.w-fenec.org/concours/index,224.html
77
INTERVIEW EXPRESS
20 ans avec MASS HYSTERIA Mass Hysteria a 20 ans ! Pour une fois, on pouvait bien leur préparer une interview qui ne parle pas que de musique, avant de la retrouver sur le web en intégralité, voilà quelques «punch lines» de Yann ! 2003 : Il faudrait les raser et qu’on reconstruise quelque chose de sain... 2004 : Je kiffais MySpace, j’aimais bien la démarche d’avoir sa page... 2005 : Si Fred avait fait cet album, il y aurait un côté métal avec des titres bien rock, ça aurait été génial. 2006 : Zidane, ce mec a une carrière fantastique et il part sur ce coup de boule... 2007 : Sarkozy président, qu’est-ce qu’il a changé dans ma vie ? Rien ! 1993 : Moi je ne retiens que Chaos A.D. !
2008 : Obama voilà ! Voilà un mec, t’as envie qu’il soit ton président !
1994 : Le Tunnel sous la Manche, c’est fou ! 1995 : La Haine, j’avais bien kiffé. 1996 : Pour un mec comme Mitterrand, j’ai du respect. 1997 : Pour Lady Di, je connais bien l’endroit où a eu lieu l’accident, c’est impossible de se planter-là (...) 1998 : On se retrouve à mater le match backstage avec Slayer mais aussi Senser et Assassin !
2010 : Depuis que les Français ont gagné, tous les nouveaux qui arrivent sont déjà stars, c’est malsain... 2011 : Ben Laden, est-ce qu’il était le seul derrière tout ça ? 2012 : Ce mec-là, je lui aurais arraché la peau et brûlé en place public !
1999 : Contraddiction, on écoute en boucle les bandes dans le camion et on est sur le cul «c’est pas nous, c’est trop gros».
2013 : On a fait l’Olympia avec l’album noir, on avait fait 900 entrées payantes, c’était une loose.
2000 : MetallicA qui se bat contre le piratage, c’est des coups d’épée dans l’eau...
L’intégralité de cette longue interview est à lire sur le webzine ! Merci à Yann et aux Mass Hysteria !
2001 : Le geste est vraiment violent. 2002 : Ils avaient distribué des petites pochettes pour présenter les nouvelles pièces, je l’ai encore quelque part à la maison !
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2009 : Usain Bolt est surimpressionnant, même s’il est un peu imbu de sa personne...
Oli
IL Y A 10 ANS
COMPILATION Emo glam connection 2(Buzz Off Records)
Franchement, je trouve cette rubrique « il y a dix ans » très bien. Ça permet aux plus jeunes d’entre vous (ceux âgés entre 0 et 10 ans) de découvrir une galette oubliée. Et ça stimule votre serviteur à faire marcher la boîte à souvenirs. Il y a dix ans, la dream team du punk punchy rock made in France se réunissait pour la deuxième fois pour proposer une compilation présentant les activités de chacun. Homeboys, Second Rate, Dead Pop Club, X Syndicate, Sexypop, Flying Donuts, Uncommonmenfrommars. Rien que ça. En me replongeant dans mes écrits de l’époque, les sensations procurées par ce disque sont intactes. Aujourd’hui, la moitié des groupes présents sur la tracklist a jeté l’éponge et dix ans plus tard, mon avis n’a pas changé : ces groupes avaient la classe. Homeboys, en grande forme, nous gratifiaient d’un « Turn your back » très punk à roulette. Puissance, rigueur, efficacité sont des qualités que l’on peut indiscutablement attribuer à ce morceau idéal pour ouvrir les hostilités. Les bisontins de Second Rate (mon groupe fétiche pour ceux qui n’auraient pas compris) emboîtent le pas avec un « Wild creature » portant admirablement son nom. 567567 pistes de grattes, une basse de plus en plus présente et ce chanteur-batteur qui joue et chante comme certains biberonnent des canettes [Kaaaanettes] : avec
de la classe. Jamais, non jamais, je ne pourrais me lasser de ce groupe. Figure de l’émo rock à en faire pleurer Tatie Danielle, Dead Pop Club déboule avec un « Trailer park broadcast » aussi irrésistible qu’efficace. Quatre accords, une voix à la limite de l’égosillement, simple et direct. Qualifiés par mes soins de « Jackie Chan de la six cordes et des tomes » à l’époque, mon jugement n’était pas volé, et les larmes couleront quand le quatuor parisien raccrochera. Mais les légendes ne s’arrêtent jamais. X-Syndicate proposent quant à eux (euh, elles et lui plutôt !) « Dead end », morceau très rock, très crasseux, très abominable, bref, tout ce qu’on aime. Nashville Pussy réincarné à Paname, ni plus ni moins. Moins ma came en 2013, et peut être l’OVNI de cette compil’, mais ça reste très franc du collier et généreux en riffs. Alors qu’on entame la deuxième moitié de la galette, Sexypop et Flying Donuts, véritables espoirs à cette époque. Dix ans plus tard, les Angevins ont raccroché depuis quelques années tandis que le trio vosgien (alors quatuor à cette période, hell’o Raph) est monté en grade et prépare activement son quatrième LP. N’empêche que « Rock n’ Roll is written on my bones » et « Good things don’t come to those who wait » sont toujours mes brûlots préférés de cet Emo glam connection 2. Incisifs, inspirés et furieusement rock ‘n’ roll, ces morceaux n’ont pas pris une putain de ride, même si les Flying Donuts ont fait évoluer leur style dans un rock plus lourd aux accents stoner. Pour clôturer de fort belle manière, les Uncommonmenfrommars nous gratifient d’une excellente reprise des Weezer, auréolée de ce que les martiens savent faire le mieux : du punk rock qui sonne ! A l’heure où l’excellent quatuor de Serrières annonce une pause dans ses activités pour une durée indéterminée, la nostalgie me guette et me fait penser que cette année . 2003 était quand même chouette. Doux souvenirs d’une période malheureusement révolue. . Gui de Champi
79
LOL
W-FENEC FACTS
Les W-Fenec Facts sont des faits et gestes surhumains (ou pas du tout) attribués au plus stupide des webzines/magazines rock de l’univers, le W-Fenec. Et le pire, c’est qu’ils sont parfois vrais.
Da Pimp qui chronique parfois, en fait c’est The Aurelio. Mais comme Highlander, il ne peut y en avoir qu’un, sinon va falloir couper la tête à « The ». Ce serait con, comment on va faire si Muse refait un album ensuite ? Au W-Fenec on a déjà écouté entièrement «Lulu», l’album de Lou Reed et Metallica. Bon, on ne dit pas qu’on ne s’est pas mis une mine derrière pour oublier ça, mais on l’a fait. Et toi ? On a également écouté le dernier album de 30 Seconds to Mars sans se mettre la tête dans Leto... Une fois The a dit que ce serait rigolo que Muse se mette au dubstep. Il disait ça juste pour déconner. Mais ces cons l’ont fait. The Aurelio 1 – Muse 0 Le W-Fenec a été créé en 1998... quand tu étais encore au lycée. L’ADSL, n’était alors qu’un concept mais tu t’en foutais en fait, tu voulais juste avoir ton BAC et pécho. Un relooking du webzine peu vieillot ? T’étais pas
soit disant un là en 98 toi...
Quand le W-Fenec dit des saloperies sur un album, celui-ci se vend. La preuve : Slipknot, Korn, Muse, Empyr... Ah pas Empyr ? Bon, on n’a pas dit que ça marchait à tous les coups non plus. Le W-Fenec n’a pas besoin de «concepts rédactionnels», il a un nom cool. Comme X-Hamster ou V pour Vendetta. Gui de Champi n’aime pas le glam-rock, c’est le glam-rock qui aime Gui de Champi. Alors celui-ci le lui rend bien. Parce qu’il est poli. Mais pas encore homosexuel. Sache-le. Gui de Champi aime le punk-rock. Et Motörhead. Rien à foutre du reste. Ah si, Muse. Pour caler une étagère qui tangue.
80
Quand Oli est bourré (ce qui arrive souvent) ou qu’il veut/doit faire un régime (ce qui arrive moins souvent), Oli écoute Muse. Le meilleur vomitif qui soit. Recommandé pour les anorexiques. Quand The (oui nous on l’appelle The tout court en interne, parce que ça flatte son ego) est énervé : il écoute Converge. Quand il est très énervé il écoute Slipknot et lit les commentaires des chroniques d’Oli. Le rire, c’est le meilleur palliatif en cas de crise de nerfs. Pooly a du Converge dans son portable en guise de réveil matin. Oui en un mot et pas en deux. C’est ça être un maître Jedi au W-Fenec. Viens pas nous faire chier avec ton Empyr contre-attaque de mes deux. En concert, la règle pour les photos, c’est « les trois premières sans flash », on est réglo, on attend le quatrième morceau pour allumer les zicos avec le flash.
Keipoth est vraiment chroniqueur. Si si, puisqu’on te le dit. Tu en doutes ? Nous aussi parfois mais le Monstre du Loch Ness, tout le monde y croit et pourtant c’est quand même gros ? Ben là c’est pareil. Une fois Ted a voulu rejoindre Remiii (qui nous a quitté ce bâtard) sur un fest’, mais Remiii n’a pas de téléphone parce que c’est pour les fiottes. C’est le festival qui rejoint Remiii. Pas l’inverse. Une fois Pierrot aka fiston (qui nous a aussi quitté ce bâtard) a voulu rentrer à un concert de Gojira. Fin de l’histoire. Une fois The a essayé de prendre des photos pendant un concert. Fin de l’histoire.
Tu peux être en désaccord sur tout ce que tu veux avec Gui De Champi à part le punk-rock. Dans ce cas, tire-toi vite parce que Chuck Norris à côté, c’est Mickey Mouse.
LOL
Cactus ne voulait pas tailler sa barbe. Alors on lui dit de choisir : soit ça, soit chroniquer des groupes avec des noms improbables. Du coup, la base de données déborde de trucs bizarroïdes. Offrez-lui un taille-haie bordel ! Ted n’a rien à voir avec l’ourson un peu vulgos du film du même nom. Par contre, il chronique parfois des trucs super étranges, limites vulgaires en 2013. Tu en doutes ? Et Lita Ford putain ?
Pooly aime les trucs un peu extrêmes à base de surf à moitié dans les airs ou trainé par une charrette de bœufs. Forcément, ça épate les filles sur les plages de sable fin. Mais Oli & The aussi aiment les sports extrêmes. La preuve subir Slipnot, Muse ou 30 Seconds to Mars, ça c’est un truc de vrai mâle. Au W-Fenec on sait que n’importe qui peut chanter comme Matthew Bellamy le fait avec Muse. Si, même toi. Viens là, fous toi à poil (Ted, naturisme tout ça tout ça...) et on va chercher deux parpaings pour te prouver ça. Gui de Champi peut battre Chuck Norris lors d’une battle d’envoi de sms au cours d’un live-tweet de festival. OK ça ne sert à rien mais lui peut le faire. Parfois Oli fait des blagues pas drôles. Mais on a l’habitude donc ça va. Par contre, lui appelles ça des blagues et nous prévient au cas où. C’est tellement mignon... Aurelio
Ted peut vider intégralement le bar à bières d’une salle de concert en une soirée. A condition d’avoir des WC en accès libre. Parce qu’au W-Fenec, boire c’est bien. Distiller c’est encore mieux. Oli a beau être le co-fondateur du W-Fenec, il est aussi soit disant amateur de foot. Enfin, il supporte le RC Lens quoi. Oui, en 2010, puis 2011, puis 2012, puis 2013. Dur... Outre les dames âgées (remember Lita Ford), Ted a une réelle passion pour la boue (c’est même pour cela qu’il est allé à Dour en 2012) et le naturisme : Tedounu, ça vient de là et ça s’appelle « le choix des lecteurs ». Certains pourraient dire que Cactus boit beaucoup de bière. En fait, c’est simplement pour ne pas boire autant de coca que The qu’il essaie de varier les plaisirs. D’ailleurs le coca est presque la boisson officielle du WFenec. Enfin il y a la bière aussi. LES bières en fait, beaucoup de bières. L’équivalent de la consommation d’un pays comme la Suisse. Bon d’accord, c’est petit la Suisse mais on est sept hein....
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DANS L’OMBRE
DANS L'OMBRE > GUILLAUME CIRCUS Guillaume Circus est un activiste, présent depuis depuis de nombreuses années dans le microcosme du punk rock made in France. Animateur radio mais également chroniqueur dans quelques médias papier, le gars est toujours à la pointe de la nouveauté et partage sa passion avec qui veut bien l’entendre...et le lire. Respect. Guillaume CircusQuelle est ta formation ? Bac S puis j’ai écumé les bancs de la fac de sport de Montpellier (et les bars aussi), ainsi que ceux de l’IUFM pendant plusieurs années. J’ai bien pris le temps et profité de ma vie étudiante car je savais qu’une fois fini, si tout se passait bien, il me faudrait quitter cette chouette ville et je n’étais pas trop pressé pour ça. Quel est ton métier ? Quelque chose qui n’a rien à voir avec la musique ! Je suis prof d’EPS dans un petit collège parisien, un métier dans lequel je m’épanouis complètement, qui permet de payer les factures (et les disques) et me laisse un peu de temps libre pour mon « autre vie ». Quelles sont tes activités dans le monde de la musique ? Même si l’envie m’a parfois titillé, je n’ai jamais joué dans un groupe. Par contre j’adore la musique, j’en écoute énormément, en achète beaucoup, vais souvent à des
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concerts et en 2005, j’ai démarré sur l’Eko des Garrigues (radio Ferarock de Montpellier) l’émission Joining The Circus, pour apporter ma contribution à la « scène » que j’aime (punk rock mélodique / power pop / rock indé), pas suffisamment médiatisée à mon goût. A l’époque j’ai envoyé pas mal de comm’ via myspace et me suis ainsi fait connaître et reconnaître. Petit à petit, à force de rentrer en contact avec des groupes, je me suis aussi mis à organiser des concerts sur Montpellier, d’abord seul puis avec des potes et la One Again Asso. On a fait jouer Ravi, Black Zombie Procession, Hellbats, Flying Donuts, The Pookies, Sheraff, Firecrackers, Charly Fiasco, The Rebel Assholes, Marvin etc. Je me suis ensuite découvert peut être pas un talent mais un réel goût pour l’écriture et j’ai ouvert un blog (http://lessrockmoretalk. blogspot.fr/), que j’alimente plus ou moins régulièrement. En parallèle, depuis 2006, j’écris quelques chroniques de disques pour le Tafeur (magazine bimensuel de l’asso Tout A Fond à Montpellier, tiré à 30-40000 ex). En 2007 j’ai du déménager sur Paris pour le boulot et j’ai fait quelques belles rencontres, dont Frank Frejnik, pour qui j’ai beaucoup d’estime et qui m’a permis d’écrire dans le dernier numéro de Punk Rawk Mag (avant que cela ne s’arrête, malheureusement) et dans Addictif (webzine / catazine du Goeland dont il était rédac chef). Ensuite pas grand-chose, à part l’émission de radio (que j’enregistre à distance), qui me prend beaucoup
Ca rapporte ? Financièrement non, je n’ai jamais touché un euro pour ce que je faisais. J’aurai même pu payer pour écrire dans Punk Rawk ! Mais ça ne m’intéresse pas, j’ai un métier à côté. Par contre je reçois régulièrement des disques, gratte des invits pour des concerts ou festivals (Eurockéennes, Rock En Seine, Groezrock) et c’est toujours appréciable. Et je me suis fait de réels potes par l’intermédiaire de la musique et ça, ça n’a pas de prix. Bon, ça fait un peu cul cul écrit comme ça mais c’est vrai. Comment es-tu entré dans le monde du rock ? J’ai 33 ans donc j’ai grandi dans les années 90 et ai démarré de manière assez classique avec Nirvana, Green Day et Offspring. Comme je suis curieux, j’ai creusé un peu et ça m’a amené vers d’autres groupes, labels, etc. Mais surtout, j’avais un pote au collège, un peu plus vieux que moi et bien branché musique lui aussi, qui m’a fait découvrir un paquet de trucs. Tout en fait. Ce pote, c’est Matt Showman, qui a co animé l’émission radio avec moi quand je suis arrivé sur Paris et qui avait monté un petit label, Yr Letter Records et produit Down To Earth, Powell, Atomic Garden, Jonah Matrang, Novels. Il a été emporté il y a deux ans par une saloperie de cancer et avec des amis (dont des membres des groupes cités), on lui rend hommage tous les ans avec le Yr Letter Festival, qui, audelà de l’aspect musical, permet également de récolter des dons pour la Ligue contre le Cancer. Après St Martin du Tertre et Le Mans, on sera à La Rochelle en 2014. Plus d’infos : http://www.yrletter-festival.com/ Une anecdote sympa à nous raconter ? Il y a deux ans je suis parti avec des amis en Floride pour The Fest, festival punk rock organisé par le label No Idea à Gainesville. Je voulais y voir entre autres (il y a 300 groupes sur 3 jours) Samiam, Hot Water Music, Dillinger Four, Teenage Bottlerocket, Against Me, etc. Ces derniers, malgré des derniers albums pas terribles, jouaient à la maison et ça risquait d’être vraiment pas mal. Sauf qu’après plusieurs jours de concert, de canettes de Pabst à 2 $, j’ai voulu faire une pause avant leur concert et me suis endormi comme une merde dans la voiture.
Je me suis réveillé en sursaut et ai tracé à la salle, pour trouver porte close. C’était bien évidemment complet. La loose.
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de temps, tourne bien, avec pas mal d’invités et qui a rejoint les rangs d’autres émissions cools sur la Kicking Radio. Il faudrait que je me sorte les doigts du c*l pour faire un fanzine mais je suis pas mal procrastinateur. Ah oui et toujours dans le monde de la musique, je fais quand je peux roadie/merchman. Je suis parti le mois dernier 15 jours sur la route avec Guerilla Poubelle et les Québecois de Brutal Chérie et c’était vraiment chouette !
Ton coup de coeur musical du moment ? Le disque que j’ai le plus écouté ces deux dernières semaines c’est le dernier de Masked Intruder, pop/punk pour geeks sur Fat Wreck Chords mais le groupe qui m’a mis la plus grosse claque dernièrement c’est Cobra. Ils viennent de Grasse (06) et font du punk / hard rock avec des textes débiles à prendre au 666è degré. http:// cobra06130.bandcamp.com/ Es-tu accro au web ? Oui. J’ai parfois du mal à décoller de facebook, youtube, certains blogs ou sites d’infos. Les commentaires d’articles sont parfois désespérants, surtout avec les derniers sujets d’actualité. A part le rock, tu as d’autres passions ? Yep, le sport : volley l’année et beach volley l’été mais aussi tennis de table, badminton, jogging avec une bonne playlist dans les oreilles et football entre potes à l’occasion. Sinon je regarde pas mal de séries télés, américaines ou anglaises, en vo évidemment ! The Wire (on ne fera jamais mieux !), Breaking Bad, The IT Crowd, Flight Of The Conchords, The Shield, 24 (les deux premières saisons). J’aime bien lire aussi, des fanzines (Shot Down, Slow Death, Like Sunday, Rad Party.) ou des bouquins (C. Bukowski, B. Easton Ellis, C. Palahniuk, S. King, N. Hornby, B. Vian, I. Welsh, J. Ellroy.) mais je prends de moins en moins le temps. Tu t’imagines dans 15 ans ? Non mais je vais faire un effort pour toi. Je pense que je serai toujours prof mais j’aurai du mal à battre mes élèves. J’aurai sûrement des gamins mais j’espère que la musique occupera toujours également une place dans ma vie et qu’on me sollicitera encore pour des interviews. Merci pour le coup de projecteur sur mes activités (en plus je réponds à un ingé light) et longue vie au WFenec ! Gui de Champi
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