W fenec mag #21

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TEXTE EDITO

Le dernier édito de l’année ressemble au premier. Année de merde. Ce vendredi soir-là, je suis claqué, la semaine de boulot est terminée, il va falloir se reposer un peu. Je mate une série, il est un peu plus de 22h, il reste une petite demie heure du match de foot, ça devrait être pas mal pour m’endormir, la France est en train de tranquillement battre l’Allemagne, ça fait du bien. Les commentateurs ne s’enflamment pas de trop, étrange, ils vont rendre l’antenne directement pour une émission spéciale, il se passe quoi ? Putain, encore le terrorisme, des gars se sont fait sauter aux abords du stade, d’autres ont mitraillé des terrasses, il y aurait une vingtaine de morts. Les infos sont un peu brouillonnes, quelques uns de ces dingues seraient encore dans Paris. Impossible de s’endormir maintenant. Et une autre info tombe, le Bataclan serait attaqué. Le Bataclan ? Sérieusement ? Je sais que ce week-end y joueront les Deftones, d’ailleurs Chino est déjà à Paris, un ami l’a croisé et a posté un selfie sur Facebook. Y’avait qui ce soir au Bataclan ? Ah ouais, Eagles of Death Metal. Merde, Chris y est, il a posté un clip avec une vanne «Ce soir on danse comme à LA». Chris est un de mes rares «amis Facebook» que je n’ai jamais rencontré en vrai. Un de mes filtres pour ne pas être submergé par les contacts sur ma page perso, c’est de n’accepter que des gens que je connais «en vrai», quand par d’autres biais le courant passe vraiment, il m’arrive de faire des exceptions. Chris en est une, il faut dire qu’il joue dans un groupe excellent (Oliver) et qu’il fait la promo d’autres groupes excellents (comme Stevans ou les Dysby). Zapping sur les chaînes infos. Surf sur le net. C’est l’enfer. Le Bataclan est sous les balles, les tireurs y sont retranchés avec des otages. C’était sold out ce soir, 1500 personnes. «Je vais bien, je bosse à la maison», Ted n’est pas allé au concert, ouf. Plein d’autres potes non plus, l’application «sécurité» de facebook tourne à plein régime, les «V» verts se succèdent. Le cerveau bouillonne, les informations ne sont pas assez précises, pas assez rapides et la TV qui annonce ne plus retransmettre d’images du quartier du Bataclan. Soit c’est parce que c’est trop dangereux, soit c’est parce que la BRI, le GIGN, le RAID ou je ne sais qui va intervenir, soit les deux. A droite ou à gauche, des mots reviennent «massacre», «bain de sang», dans les rues de Paris, le décompte des tués augmente, au Bataclan, c’est silence radio. Et c’était peut-être mieux, on craignait le pire, c’est arrivé. Des dizaines de morts, des centaines de blessés. Pas de nouvelles de Chris. 3h du mat’, les forces de l’ordre ont terminé l’opération, les réseaux sociaux veulent des nouvelles de tout le monde, la plupart sont bonnes. 5h du matin, Kass change sa photo de profil pour y mettre le bras étoilé de Nath’, lighteuse de la salle, elle était là hier soir pour le plaisir, nordiste, elle a bossé avec 2


Je ne l’ai jamais rencontré, on a juste échangé des mails, des messages privés, des «j’aime» mais depuis plus d’un an, c’était des contacts assez réguliers et c’était évident que si on se croisait en vrai, on aurait l’impression d’avoir été pote depuis 10 ans, on a grandi avec les mêmes groupes, on a une vision très similaire du monde du rock, de la fête, de la déconne. C’est un ami virtuel plus réel que des gens que je côtoie tous les jours. Et il a été tué par des dingues au service d’une secte dont le gourou ne veut que du fric et le pouvoir sur un territoire comme au Moyen Age ? Dans quel monde on vit ? Une poignée de manipulés peuvent détruire notre insouciance aussi facilement ? Quelle merde. Guillaume est mort. Aux avis de recherches succèdent les hommages et toutes ces personnes nous ressemblent. Fans de rock, fans de bières, fans de nems, fans de foot, fans de pizza, fans de fête, tous comme nous, tous innocents, ils avaient encore tant à offrir... La nuit a été pourrie, la journée aussi. Les drapeaux «bleu blanc rouge» ont fleuri sur les filtres de profil. Ça fait au moins un truc qu’on a récupéré temporairement au FN avant qu’ils nous parasitent nos régions. Envie de rien à part pleurer et en même temps, si c’est en écoutant de la musique et buvant des coups qu’on est si dangereux, il va falloir s’y remettre. Nath est morte. Et un prof d’anglais, le mec du merch’ des Eagles, ce jeune couple, ce père qui ne connaîtra jamais son enfant, un prof de géo, Pierre-Yves qui a bossé sur les premiers enregistrements de Dead Pop Club, ils sont 130 à avoir été privés de tout. Et si on va remplacer notre chagrin par de bons souvenirs avec le temps, plusieurs centaines de survivants ne reviendront que difficilement à leur vie d’avant, certains sont encore à l’hôpital. Putain mais de quelle force va-t-il falloir être pour surmonter l’insupportable ? Par respect pour toutes les victimes et leurs familles, continuons à vivre, ne nous privons pas, profitons, ne leur lâchons rien, à part des bombes peut-être... Oli

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plein de groupes dont Carving et Marcel et son Orchestre, là aussi, on n’a pas de nouvelles, ou en tout cas pas de nouvelles «sûres». Des amis cherchent à avoir des news d’amis à eux, il y en a plein sur mon fil, Guillaume, journaliste rock/métal passionné, encore un gars comme «nous», ne donne lui non plus pas de signes de vie. La nuit est courte et en même temps trop longue. Le matin, j’essaye de préserver ma petite fille des images à la TV alors je me remets à surfer tous azimuts. Chris est mort.


SOMMAIRE TEXTE

SOMMAIRE

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05 ZONE LIBRE 09 CHELSEA WOLFE 10 CLUTCH 11 JEANNE ADDED 12 MASS HYSTERIA 13 GHOST 14 GENERAL LEE 18 ARMAN MELIES 22 THE ARRS 24 MANU 28 VESPERINE 35 BONEYARD MOAN 41 KURT COBAIN 48 THE PRESTIGE 52 EN BREF 62 ARCHIVE AU CARGÖ 64 SALE ET SAUVAGE #4 66 CANAL HYSTÉRIQUE 68 INTERVI OU 70 CONCOURS 71 NEXT 72 IL Y A 25 ANS 74 DANS L’OMBRE


LES DISQUES DU MOMENT

ZONE LIBRE PolyUrbaine (Intervalle Triton)

Pour illustrer la mixité présente dans les milieux urbains la section guitare-batterie sort des grands sentiers battus par un rock classique pour intégrer des rythmes venus d’Orient et d’Afrique. Fuyant les normes occidentales du binaire, ils s’aventurent dans des rythmes impairs qui nous invitent au voyage. En opposition avec le marché des majors, ce quatrième album est édité par le label indépendant Intervalle Triton fondé par Sergio himself. Les luttes et les engagements - qu’ils soient politiques, économiques et culturelles sont portés et assumés sur tous les fronts. PolyUrbaine ressemble à un espace d’expression mixte et utopique, un endroit où l’énergie est positive et où les peuples sont égaux en droits. Julien Fondé en 2006, Zone Libre est un collectif free-rock agrémenté d’une bonne dose de rap. Outre les fondateurs Serge Teyssot-Gay (Noir Désir, Interzone) et le batteur Cyril Bilbeaud (Sloy), les acteurs du projet changent au fil du temps. Dans les premiers albums, il faut noter la participation du guitariste improvisateur Marc Sens et des rappeurs Casey, B.James et Hamé (La Rumeur). Sorti au mois d’octobre, PolyUrbaine s’ouvre à de nouveaux horizons. Ce virage se fait avec l’intervention de Marc Nammour (La Canaille) et de l’Américain Mike Ladd. S’exprimer en deux langues aurait pu être un frein, une difficulté. Il n’en est rien car les deux rappeurs se complètent et s’enrichissent. L’un et l’autre font jaillir une poésie dans un flow rythmé. Tout est là, des mères dans « La montagne » - au monde ouvrier - dans « Ici du bout de la chaîne »- en passant par une réflexion sur le temps qui passe lourdement avec « Garde-fou ». Les sujets traités sont en adéquation avec la dureté du milieu urbain périphérique. Pour autant, la noirceur présente dans Les contes du chaos (2011) est digérée et fait partie du passé. Ici les textes et la musique mettent en lumière une peinture abrupte mais juste de la banlieue.

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INTERVIEW TEXTE

INTERVIEW > ZONE LIBRE Cofondateur de Noir Désir, Serge Teyssot-Gay a outre deux albums solos, collaboré à un myriade de projets et se trouve à l’initiative des formations Interzone et Zone Libre. Ce dernier groupe fait l’actualité avec son quatrième album qui vient de se poser dans les bacs. Entouré de Cyril Bilbeaud (Sloy), Marc Nammour (La Canaille) et Mike Ladd, le guitariste revient sur le concept du collectif et nous parle dans les détails de «Zone Libre PolyUrbaine».

Le nom de Zone Libre fait-il uniquement référence à la musique ? C’est un terme qui a une connotation historique et fait écho à l’actualité, encore plus ces dernières semaines... C’est une référence à la Seconde Guerre Mondiale et à la zone de résistance inoccupée. C’est un clin d’œil, une façon de réfléchir par rapport au monde où l’on est : où est-ce qu’on est ? Où est-ce qu’on se situe ? Il faut absolument se situer, je pense que c’est important. Surtout quand tu es artiste. C’est fondamental ou alors tu fais du divertissement, mais ce n’est pas mon cas. J’ai besoin de savoir où je suis et pourquoi je fais ça. Au départ, c’est une aventure entre Cyril Bilbeaud et toi. Comment s’est faite cette rencontre ? Cyril, je le connais depuis Sloy. C’est milieu des années 90. J’étais déjà complètement admiratif de son jeu de batterie. Plus tard, on imagine qu’on va travailler ensemble. La formation dans son concept tient plus du collectif que du groupe. Quelles différences dans le travail cela fait pour toi ? Pour moi, le seul groupe qu’il peut y avoir c’est quand tu es ado ou que tu sors de l’adolescence et que t’attaques

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l’âge adulte. C’est le seul moment où tu peux faire un groupe. On est tous pareil, on a tous besoin d’être en tas quand on est ado ; et du coup on fait tout ensemble. Plus tard, les choses changent mais je pense que naturellement, on fait tous ça. Après, tu n’es plus dans une conception de groupe telle qu’on l’entend. Ce que je peux te dire, c’est que toutes les formations s’enrichissent les unes et les autres. Ce dernier album est publié sous le label Intervalle Triton que tu as créé. Pourquoi avoir quitté les majors ? En grande partie à cause de l’idée d’arrêter d’exploiter les artistes en les rémunérant par le streaming. C’est déterminant. Le nombre de musiciens que je connais et qui ont arrêté de bosser est assez énorme. La musique est devenue gratuite pour tout le monde. Pourquoi pas faire un accès à la musique très peu payant, je trouverais ça génial. De l’argent, il y en a énormément qui circule. Seulement il est partagé entre les majors et les fournisseurs qui ont des millions d’artistes dans leur catalogue. C’est juste un problème de répartition. Moi ça fait 10 ans que je pense au fait de quitter les majors et le faire est dans une suite logique. Au départ, quand on avait signé avec Noir Désir, je n’avais pas toutes ces considérations en tête.


Plus tard, tu t’ouvres au monde et tu réfléchis autrement.

Sur ce dernier album, on retrouve donc une énergie plutôt positive accompagnée de textes puissants. Quelles ont été vos sources d’inspiration ? Les gens des villes - qui se déplacent tout le temps et qui viennent de partout dans le monde - nous ont inspiré une musique polyrythmique qui groove tout le temps. Pour créer cette musique, nous avons mélangé des influences afro beat, orientales, rock et rap. Comment s’est réalisée la composition des morceaux entre vous, pour lier textes et musique ? A la base, c’est un projet musical. Avec Cyril, nous avons essayé de nous représenter subjectivement l’énergie de la ville : cet écosystème tout le temps en ébullition. Et puis, nous avons composé pour accueillir des voix en les fantasmant. Quand je demande à Marc Nammour et à Mike Ladd de nous rejoindre et de faire leurs textes, je sais que nous sommes d’accord sur des choses de fond, alors nous ne discutons pas du contenu. En parallèle se conduit le projet Debout dans les cordages également avec Marc Nammour de La Canaille. Y-a-t’il eu des échanges entre les deux projets ? Non, ce n’est pas du tout la même chose. C’est ni la même musique, ni la même façon d’approcher la musique. On est en improvisation totale avec Debout dans les cordages. Le seul point commun, c’est qu’on connait Marc Nammour. En réalité, Debout dans les cordages est un projet qui précède Zone Libre PolyUrbaine. En travaillant avec Marc sur le premier projet, je me suis dit qu’il fallait l’inviter à nouveau pour ce dernier projet. Après, j’ai fait le lien avec Mike Ladd avec qui je bosse depuis 2007. Connaissant les deux, je pensais qu’ils s’entendraient bien sur le fond et ce fût le cas puisqu’ils ont une bonne complicité.

INTERVIEW TEXTE

De quelle idée part le projet Zone Libre PolyUrbaine ? C’est l’envie de faire avec Cyril une musique différente de celle présente sur L’angle mort ou Les contes du chaos où la musique et les textes partaient de constats très sombres. Pour Zone Libre PolyUrbaine, il fallait un parti pris différent ; fonctionner par contraste. Je me suis aidé de mon imaginaire, c’est comme ça que j’avance. Je me suis dit que c’était une bonne idée que de partir de l’énergie positive des villes et des gens qui habitent dedans.

d’autres courants artistiques comme la littérature ou la peinture. Est-ce que tu pratiques un art en parallèle de la musique ? Non, autant je les apprécie, autant la musique me prend tout mon temps. D’ailleurs, je ne fais que de la guitare électrique : c’est vraiment mon identité. Par contre, j’aime bien être confronté à des artistes qui pratiquent des arts différents parce que ça m’oblige à envisager mon travail d’une autre façon. Si je ne me trompe pas, ton dernier album solo date d’il y a 15 ans, est-ce que tu as en tête d’en recomposer un autre ? Ou seules les collaborations t’intéressent ? Dans le futur, il y aura des solos. Je commence à avoir besoin de faire ça mais c’est encore un peu tôt. Par contre, il n’y aura pas de voix, juste de la guitare. Est-ce que tu es quelqu’un de nostalgique ou, pour toi, seul l’avenir importe ? La nostalgie, c’est l’horreur, c’est un boulet. Je me suis demandé pourquoi je ne mets jamais de photo dans les endroits où je travaille. Et puis, j’ai réalisé qu’elles ne rappelleraient que des souvenirs. Tout ce qui te rattache au passé t’empêche de voir devant et du coup de créer. Et pour le mot de la fin, quel(s) coup(s) de cœur(s) astu eu dans l’actualité musicale ? En ce moment, j’écoute que des vieilleries. Ah non ! Dans les nouveautés, j’écoute The Afrorockerz, c’est des cousins de Polyurbaine. Merci à Serge Teyssot-Gay et à Selma de VS Com Crédits photos : Ced Forban Julien

Tu as pas mal bossé avec divers personnes issues

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LES DISQUES DU MOMENT

ARTWEG

Drunk’n high (Juste Une Trace) bomb», «Never again» ou «United for the Earth», autant de titre, tu l’avoueras, qui prennent une résonance différente avec cette pute d’actualité. Alors, je m’excuse auprès des Artweg, peut-être auriez-vous préféré une chronique normale à base de «ça tabasse entre punk et hardcore» ou «t’imagines si Black Bomb A jammait avec The Arrs ?» mais mon article a déjà une autre tronche. Désolé que ça tombe sur vous mais, ce n’est pas plus mal car vous êtes Parisiens, vous avez la rage, vous avez les idées claires malgré le titre de votre opus (Drunk’n high) et je pense ne pas être trop loin de votre état d’esprit.

On l’a déjà dit mais on ne le dira jamais assez, le moment où on rédige une chronique est extrêmement important parce que notre ressenti, nos émotions, notre perception du message envoyé par un groupe est reçu différemment selon notre humeur. Je rédige cette chronique le 23 novembre 2015 soit 10 jours après l’impensable. J’avoue que ces derniers jours, écouter et écrire sur la musique m’a semblé totalement inutile, prendre du plaisir en écoutant de la musique m’a semblé presque indécent vis-à-vis de tous ceux qui sont morts au Bataclan comme ailleurs. Et on a beau lire, dire, écrire qu’il faut résister en ne changeant pas notre mode de vie, pour le chroniqueur touché par les événements que je suis, ça a été difficile. D’autant plus que certains de nos morts attendent encore dans un frigo avant de rejoindre leur dernière demeure, bref, le deuil des tout proches et des familles est très très long... Et même si d’autres s’en sont sortis vivants, nombreux sont encore cloués dans des hôpitaux et ne récupéreront jamais une «vie normale». Ce soir on est le 23 novembre et Artweg va envoyer un gros fuck aux terroristes en explosant la Flèche d’Or avec The Exploited et peut-être qu’ils joueront (ont joué vu que tu lis ces lignes quelques temps après) «Human

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Véritables citoyens du monde, Artweg s’exprime en anglais comme en français, scande ses textes plus qu’il ne les chante, va droit au fait et s’il trace quelques paraboles instrumentales, c’est pour embellir le propos et démontrer qu’on peut avoir une base punk-HxC et des idées larges pour construire un morceau. Monde brutal, monde de brutes, mais aussi monde où la retenue peut jouxter son auto-promotion («Evolution» / «Artweg») parce que faire parler de soi est indispensable aujourd’hui pour qu’on vous situe sur une carte qu’elle soit musicale ou géo-stratégique. Putain de monde où la concurrence sévit chez les plus intégristes qui s’explosent les coudes au lieu de se les serrer. Bienvenue à Paris, bienvenue chez Artweg, ici, on explose quelques codes pour desserrer l’étau des étiquettes et on cherche à partager, à boire des coups, à faire la fête, à ne pas se prendre la tête, à juste laisser une petite trace, des instantanés de bonheur dans un pogo où tout le monde est beau (vu que les mosh part), où la connerie fait marrer plutôt que pleurer. Ne lâchez rien. Ne lâchons rien. Oli


LES DISQUES DU MOMENT

CHELSEA WOLFE Abyss (Sargent House)

«Carrion flowers» où les sons électro saturés se mêlent à la voix sublime et satinée de Miss Louve. Deux ans après un Pain is beauty également très réussi, Chelsea Wolfe accompagnée de sa troupe de mecs (dont Mike Sullivan de Russian Circles), continue de sublimer la noirceur en musique, qu’elle soit oppressante («Iron moon», «Dragged out»), anxiogène («After the fall», «The abyss»), salvatrice («Maw», «Crazy love») voire flippante avec un «Color of blood» dans lequel la chanteuse semble s’être prise une mandale tant sa diction est altérée par moments.

Alors, celui là... comment dire ? Je l’attendais pas forcément, il m’est tombé dessus entre deux découvertes d’albums sympas mais sans plus, et puis BAM ! Claque de cow-boy dans la tronche, high-kick circulaire façon MMA catégorie Super Heavyweight, coup de boule en loucedé au gré des pistes. Bref, ce nouvel album de Chelsea Wolfe risque de se retrouver dans le top des sorties musicales de l’année tant il semble difficile pour un artiste aujourd’hui de concevoir un disque aussi abasourdissant et touchant au plus haut point, et ce de A à Z, sans fauter ne serait-ce qu’une seule seconde. Voilà pour l’extatique enthousiasme expansif, venons-en au fait maintenant.

Ces onze titres d’un peu moins d’une heure au total démontre un état proche de la neurasthénie, sa froideur et sa lourdeur assumée magnétise avec facilité et agilité l’auditeur. En effet, et cela peut paraître paradoxal, Abyss s’écoute et se digère sans trop de difficulté, Chelsea Wolfe jouant ainsi la carte du contraste équilibré entre la sensation de claustrophobie et l’espace abyssal. Notons la préciosité des arrangements et le traitement parfait sur la voix de Chelsea qui ne tombe pas commodément sous l’opulence d’effets. L’album se clôt avec «The abyss» rappelant le Third de Portishead mais aussi que l’Américaine est souvent hantée par le fantôme de Beth Gibbons. Noir c’est noir, il y a toujours de l’espoir. Ted

Je tiens à préciser pour celles et ceux qui ne connaissent pas cette Californienne, que sa musique est loin de respirer la joie de vivre. En même temps, avec un titre d’album et un artwork aussi explicite, difficile de se planter sur les intentions de la demoiselle. C’est plutôt d’un appel à l’aide et plus particulièrement de troubles du sommeil que la prêtresse du folk-drone témoigne sur Abyss. Une façon pour elle de ne pas s’oublier dans toute cette noirceur en amalgamant avec entrain les styles (doom, electro, post-rock, folk, rock goth, expé) et en contrastant les champs d’expressions comme sur l’introductive

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LES DISQUES DU MOMENT

CLUTCH

Psychic warfare (Weathermaker Music) absolue tout en balançant ses petits breaks jazzy qui manquaient justement la dernière fois. Pour le reste on est clairement dans du heavy pur et dur, Neil est au sommet de sa badassitude et Sult se permet même de la jouer Angus Young sur le solo de «Noble savage» où les quatre compères en profitent pour appuyer sur l’accélérateur comme jamais. De quoi faire passer les anciens morceaux pour des chutes du dernier album de Queens Of The Stone Age.

On retrouve les copains du Maryland là où ils nous avaient laissé il y a deux ans avec un Earth rocker qui avait mis une fessée à tous ceux qui pensaient que Clutch avait pris un coup de vieux. Un album qui marquait surtout une volonté pour un groupe marqué par sa tournée avec Motörhead de rentrer dans un format un peu plus simple et carrément plus heavy qu’on ne leur connaissait pas jusque-là. Loin de déplaire à votre serviteur, cette nouvelle formule lui avait néanmoins parue un peu légère, certes sympa en live mais inégale et assez peu durable sur album. Pour tout vous dire il manquait ces cotés jam et groove du Sud qui permettent au groupe d’être dans le haut du panier. Tout est pardonné avec ce Psychic warfare qui n’y va pas par quatre chemin en nous assénant d’entrée de jeu deux missiles super efficaces («X-ray visions» et «Firebirds») qui foncent donc dans la même traînée que leurs aînés d’il y a deux ans. Sauf qu’il est clair que Clutch a chopé la pleine maîtrise de sa formule, parce que cette fois, ça joue sans retenue aucune et on retrouve ce feeling de tueurs qui caractérise le groupe, notamment avec le jeu de Jean-Paul qu’on sent beaucoup plus à l’aise dans ce registre qu’il y a deux ans, puisqu’il réussit le tour de force d’être dans l’efficacité

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Bref, on se retrouve avec une sorte de synthèse entre Earth rocker et Strange cousins from the west (même si ça penche carrément plus du coté d’Earth rocker, le blues n’étant plus là que sous forme d’accent) : des brûlots Hard Rock speed et super heavy mais avec une maîtrise totale et un jeu plus audacieux. Bref, comme la dernière fois, mais la classe en plus. On tient d’après moi le meilleur album de Clutch depuis Robot hive / Exodus avec des titres qui vont tout dévaster en live, d’autant que le groupe du Maryland à définitivement prouvé ce qu’il valait en face à face sur ses dernières tournées. Du coup, nous voilà face a un mystère : 11 ème album et 25 ans d’une carrière au cours de laquelle Clutch n’a non seulement jamais vraiment pêché, mais a en plus sortit une petite tripotée d’albums cultes et ce dans des styles toujours un peu différents mais toujours authentiques. 11 ème album et visiblement toujours aucune difficulté à pondre des hymnes rock’n’roll qui marche dès la première écoute et qui durent un bon moment. Ils auraient donc découvert la recette parfaite de l’album rock’n’roll ? Faux : Clutch est le rock’n’roll, tout simplement. Elie


LES DISQUES DU MOMENT

JEANNE ADDED Be sensational (Naïve)

Car elle fait partie de ces chanteuses qu’on écoute quand elle chante, et qui n’ont même pas besoin de lutter pour cela. Un passage en douceur judicieusement à l’opposé des métaphores guerrières qui fleurissent çà et là au détour des titres. Des textes qui touchent ; l’accent impeccable, les mots simples et la superbe production rendant son anglais étrangement compréhensible. On croit même parfois entendre du français tellement le message est parfaitement délivré : là encore Jeanne Added se démarque très clairement des autres chanteuses de son rang.

Quelle impressionnante ascension. Quasiment inconnue il y a un an, celle qui s’est faite réellement découvrir (par les professionnels tout du moins) aux TransMusicales de Rennes en 2014, remplira bientôt l’Olympia, au terme d’une gigantesque tournée française de près de 60 dates. Un début de réponse à ce succès pourrait venir du fait qu’en alternant chansons brutes et menaçantes (« A war is coming », « Lydia »), titres poignants et personnels (« Look at them », « Be sensational ») et petites comptines tribales sans prétentions (« It », « Back to summer »), Jeanne Added contente - potentiellement tout le monde.

Tout cela aboutit à un disque d’une très grande classe qui tire sa force d’une quasi-absence de complaisance. 10 chansons où il n’y a pas grande chose à jeter, à part peut-être une ou deux pistes sans réel intérêt (« Night shame pride », « Ready »). Le final, en forme d’ascenseur émotionnel, est impressionnant de maîtrise (« Suddenly »). Jeanne Added se place, avec ce premier album, en future grande du rock français. Plus rebelle qu’une Robi, moins toc qu’une Christine and The Queens, espérons que son ascension annonce un renouveau de la scène française, davantage décomplexée, moderne et excitante. Antonin

Electro, post-punk, pop aussi, les compositions évoquent souvent le meilleur des groupes du genre des années 80 ou encore, plus récemment, une artiste comme St-Vincent (en moins technique et foutraque). « Je n’aime pas les fioritures, je voulais des gestes simples et compréhensibles » confie d’ailleurs Jeanne Added, et c’est clairement l’impression qui prédomine au fil des écoutes. Peu de choses, mais suffisamment pour mettre en valeur sa voix, toujours juste.

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LES DISQUES DU MOMENT

MASS HYSTERIA Matière noire (Verycords)

«On n’est pas des rebelles, on est révoltés», le ton est donné dès le premier titre de cette Matière noire, dans la droite ligne de L’armée des ombres, Mass Hysteria en remet une couche, même si une fois encore son histoire interne est marquée par un changement avec l’arrivée de Fred (ex-Watcha et producteur bien installé désormais) pour remplacer Nico (que ça nous fait très plaisir de voir debout, toutes nos ondes positives sont avec toi !). Rarement dans la discographie du groupe, deux albums consécutifs ont semblé si liés que Matière noire et son prédécesseur. Les thèmes, la tonalité, l’ambiance générale sont les mêmes, la plus grande différence au final, c’est le contraste de l’artwork. Là où tout était sombre et obscurantiste, quasiment sans espoir, la série de photos apparaît ici plus manichéenne, le bien, le blanc, la pureté se font certes polluer par cette manière noire, visqueuse et destructrice mais, le fond est encore immaculé et qui sait, si on s’y met tous, qu’on se remonte les manches, peut-être que tout n’est pas encore perdu. Toujours en phase avec l’actualité, les textes jouent avec la politique («Je ne vois aucun nouveau Jaurès à l’horizon» sur «L’espérance et le refus» par exemple) autant que la musique («Quant au Hellfest la musique extrême s’installe, si le silence est d’or, alors le bruit

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est de métal» sur «Plus que du métal», le «classique» titre dédié à la famille hystérique même si ici «Matière noire» est assez fédérateur également), avec d’autres sujets comme un petit tacle aux fanatiques («L’enfer des Dieux») mais toujours de quoi puiser de l’énergie pour la transmettre ou pour motiver la révolte. Et si ça tape fort, les samples (géniaux) restent très présents et apportent beaucoup de profondeur aux titres comme à «Vae soli», une locution latine qui rappelle qu’une partie de Mass apprécie particulièrement Ghost mais qui est justifiée car le message («Malheur à l’homme seul») correspond tout à fait à ceux du groupe qui multiplie encore les jeux de mots et les pieds de nez à l’histoire («les Français sont des veaux» du grand Charles...). Si les mélodies ne sont jamais très loin, l’opus est en moyenne en mode «bien baston» avec quelques morceaux qui risquent de faire suer la fosse dans la lignée de «P4» («Chiens de la casse», «Vector equilibrium») et invitent au headbang à s’en décrocher le bulbe («L’espérance et le refus», «Plus que du metal»). Des plages de calme apparaissent ça et là, soit en rangeant les instruments pour laisser de la place aux samples ou à la voix ou encore en laissant le champ libre à la musique comme sur une grande partie de «Tout est poison» (le livret a beau rajouter des texte de «L’espérance et le refus», la superbe fin du titre est instrumentale). La force de Mass Hysteria, c’est aussi de savoir calmer le jeu «en apparence» avec un Mouss qui se fait plus doux avec de jolies harmonies et des textes assez ... «peace» («Une main armée d’un coeur, nous criions ! Imitant le soleil et ses rayons.») sur «Mère d’iroise» alors que les riffs et la rythmique envoyés sont ultra lourds et tendus. Et si ce dernier titre était le meilleur de l’album ? Cette question risque de faire débat et quand on n’arrive pas à extraire un titre aisément de la masse, c’est que l’ensemble est au top. Encore une fois, Mass Hysteria arrive à coucher sur disque une folle envie de les recroiser sur scène. Encore et encore. Oli


LES DISQUES DU MOMENT

GHOST

Meliora (Loma Vista Recordings) se veulent plus vindicatives, les mélodies sont une nouvelle fois imparables, et la justesse de l’exécution frôle le la perfection (ce pont à partir de la troisième minute est juste bluffant). Le groupe est mélodieux mais sait durcir le ton en proposant des riffs heavy rock comme avec le fabuleux « From the pinnacle to the pit » qui s’impose pour ma part comme LE morceau de l’album. Le groupe, tout en restant mélodique, a su durcir son jeu et s’aventurer dans les méandres des structures complexes et envoûtantes. « Cirice » ou « Majesty » sont les parfaits exemples du mélange des genres entre riffs pachydermiques et mélodies imparables.

Le défi était de taille. Après Infestissumam, fabuleux deuxième album qui a fait passé le groupe de révélation au statut de valeur sûre, Ghost n’avait d’autre choix que de produire un disque qui lui ouvrirait les portes du succès planétaire tout en ne froissant pas sa fan base pourtant acquise à sa cause. Et c’est chose faite avec le brillant Meliora, troisième LP paru en cette fin d’été. Profitant d’un mini phénomène de mode (nombreux sont ceux qui se ruent à leurs concerts alors qu’ils trouvaient il y a encore peu que ce groupe n’était qu’une farce de mauvais goût), Ghost a mis le petits plats dans les grands en proposant un disque quasi parfait, s’imposant ainsi aux yeux de tous comme le seul représentant actuel de la pop métallique. La recette n’est pas nouvelle, mais le sextet a su la faire évoluer au fil des disques en créant son propre son désormais reconnaissable entre 666. Comme à son habitude, la première plage de l’album pose les bases d’une ambiance feutrée et dérangeante. Et dès les premières mesures de batterie et l’arrivée de cette basse rugissante, l’auditeur attentif ne peut que frissonner de plaisir à l’écoute d’une production puissante et sans faille. « Spirit » se révèle d’ores et déjà un chef d’œuvre de ce disque qui ne manque décidément pas de qualités. Les guitares

La puissance développé par Ghost ne passe pas que par les guitares saturées. Preuve en est avec le fabuleux « He is », aux accents moyenâgeux et au charme redoutable (à la limite toutefois du cliché, mais n’est ce pas une marque de fabrique de ce groupe qui joue avec les stéréotypes visuels pour encore mieux marquer les esprits ?). N’empêche que pour moi, Ghost se révèle le plus percutant quand il plombe l’ambiance avec des mid tempo et la voix parfois dérangeante de Papa Emeritus, 3ème du nom. (« Mummy dust », l’énormissime « Absolution » qui donne également des frissons à en devenir un apôtre de Satan). Et quoi de mieux pour clôturer un album classieux qu’un titre classieux alliant grâce, volupté et refrains percutants (« Deus in absentia »). Meliora, bourré de riffs lourds et tranchants, de mélodies puissantes et monstrueuses, et bénéficiant d’une production plus couillue que son prédécesseur, marquera un tournant dans la carrière de Ghost, dignement considéré par un public de plus en plus rallié à sa cause et synonyme de l’album de la consécration. Ne boudons pas notre plaisir et profitons pleinement d’un des disques de l’année, tout simplement. Victoria, cette chronique, elle est pour toi. Gui de Champi

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INTERVIEW TEXTE

INTERVIEW > GENERAL LEE Interview de masse pour le General Lee et donc toute sa troupe qui disserte à loisir sur leur nouvel excellent album emballé dans un excellent artwork et qui parachève une excellente évolution depuis quelques années...

Le post-hardcore, c’est du passé ou on peut espérer en retrouver un de ces jours ? Il ne faut jamais dire «jamais» par principe, même si le post-hardcore semble bien loin maintenant, en tous cas au niveau de notre vision de comment on voit évoluer le groupe. Ça ne veut pas dire qu’on va laisser tomber la mélodie, mais on va essayer de l’exprimer d’une façon peut être moins évidente. Par contre, pour le live, on bosse en ce moment sur un set plus varié avec des titres de toutes les périodes afin d’ajouter davantage de diversité et de respiration, et nous éviter aussi de mourir car jouer les titres de Knives out, everybody ! sur scène est un sacré challenge. Ce sont les différentes modifications du line-up qui ont fait évoluer le groupe ou c’était irrémédiable ? Je pense effectivement que le changement de line-up a grandement influencé ce changement d’orientation musicale, et il faut dire aussi qu’en 15 ans tu as forcement des envies différentes. C’est sûr qu’entre Hannibal ad portas et Knives out, everybody ! il y a un fossé et je peux comprendre que certains restent sur le carreau, mais on a toujours évolué d’album en album et ça ne changera pas.

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Le groupe essaye toujours d’avoir des idées directrices dans ses albums, elles touchent un peu à tous les domaines, comment vous faites le choix ? Ça arrive au début des compositions et ça s’affine avec le temps, on est tous ensemble en répète, on joue et on parle beaucoup sur des choses qui nous plaisent, c’est plus un délire car on fait de la musique pour s’amuser, entre potes, pas pour avoir des bonnes chroniques ou faire le même album que le précédent parce que ça marche.... ou pas d’ailleurs (rires). Là, dès le début, on voulait quelque chose de plus brut, rapide et noisy. On est allé au bout de notre démarche. L’artwork est comme toujours superbe, et c’est encore une autre direction qui est essayée avec ce dessin de Matt Ryan, comment s’est-il construit ? On voulait s’orienter vers un artwork type illustration, on avait déjà beaucoup parlé de la direction artistique et musicale de l’album, Florian était en contact avec Matt, le chanteur du groupe canadien Ritual et ex-Dead and Divine, son boulot collait bien avec nos envies. Vous aviez des directives très précises ou il a tout compris de qui vous étiez ? C’est à dire qu’il avait un peu carte blanche, on lui a juste


Cet artwork colle tout à fait à General Lee et ce que vous faites sur ce disque, vous pensiez avoir un dessin aussi incroyable ? C’est toujours une grosse surprise lorsqu’on laisse carte blanche à un artiste. Matt a quand même une sacrée expérience et ses travaux étaient vraiment très bons, on se doutait que ça allait être mortel ! On est vite tombé amoureux du mec. Qu’est-ce qui vous plaît dans les séries B et Z ? Tout le coté improbable et inattendu. Les mecs se permettent tellement tout et n’importe quoi. Coincés dans une cave ? Pas grave, il y a une caisse avec un jetpack fonctionnel justement laissé par un gang indonésien après la seconde guerre. Et puis il y a aussi le côté «petit budget» et DIY, qui correspond bien à ce qu’on vit en tant que musiciens de notre niveau. Quel est votre acteur préféré ? On part plus dans le cinéma Z là mais il y a «une personne de petite taille» et accessoirement agent secret et coureur de jupons qui se prénomme Weng Weng. Il est particulièrement efficace dans les déboulés d’escaliers à grande vitesse et autres glissades improbables, et le tout avec la fleur à la boutonnière On l’aime bien ici. La musique est souvent aussi assez catastrophique pourtant, même avec peu de moyens on doit pouvoir trouver de bons musiciens, non ? Tu ne peux décemment pas demander à des réalisateurs qui piquent des images des «Dents de la Mer» ou d’»Alien» pour leurs films ou qui collent à un ancien Béret vert le doux sobriquet de «Philippe» d’investir dans une bonne musique de film. Sergio Leone ou From Hell, ce n’est pas de la série B, à choisir entre revoir un Sergio Leone et découvrir une série B, tu fais quoi ? Difficile de surpasser un combo Sergio Leone/Ennio Morricone à mes yeux. Avec Sam Peckinpah on touche à la sainte trinité.

grain de l’ivraie ? S’il y a des chutes inexploitables, on les veut bien ! Il y a eu un brainstorming pour le nom des chansons, où en gros on lançait tout ce qui pouvait nous passer par la tête. Après Arnaud s’est débrouillé pour faire coller tout ça à ses textes, et vu la dose de WTF qu’on a envoyé, il a du mérite. Les autres idées qu’on a eu, on les collait sur des versions de travail pour se repérer dans les morceaux, comme «Matriochka & jetski» pour un des morceaux qu’on a expérimenté en Russie, ou «Nunchagod». De la belle poésie donc.

INTERVIEW TEXTE

donné nos idées de films et de références et les éléments divers et variés à intégrer : femme à poil, voiture, zombies, alien, un black samurai... et lorsqu’on a vu les ébauches, on a tout de suite su qu’on avait fait le bon choix.

Parmi les références, il y en a une à un vieux tube de Ministry, musicalement, on est assez loin de votre univers, pourquoi ce choix ? Je suis un très grand fan de Ministry jusqu’au départ du bassiste Paul Barker après The dark side of the spoon. Depuis Al Jourgensen a plus de piercing qu’une meute de punks à chiens et il a perdu l’essence du groupe au passage. Filth pig est surement dans le top 5 de mes albums préférés. Musicalement ça n’a pas grand-chose à voir avec General Lee mais je tenais à faire ce petit clin d’œil avec «Sergio Leone built my hotrod». Il y a quelques beaux invités sur l’album, il y avait de la place prévue pour eux lors de l’écriture des titres ou ça c’est fait «comme ça» ? C’est un album où on voulait se faire plaisir, et ça passait par inviter des amis à s’amuser avec nous. A part «Nightchaser» qu’on a vraiment composé autour du chant de Manon, c’était assez spontané pour Alex de The Prestige et Vincent de The Butcher’s Rodeo, genre «Vous voulez venir chanter les gars, on a de la bière au frais ? On a de la place là et là si vous êtes chauds». Ils ont été chaud et on a enregistré à la cool entre deux américains fricadelle. Vous avez encore bossé au Boss Hog, c’est plus simple, c’est moins cher, c’est mieux, c’est moins loin ? Quelle est la principale raison de ce choix ? Le BossHog c’est tout un état d’esprit, c’est notre maison les factures en moins, Clément Decrock qui est d’ailleurs un des pionniers de General Lee connaît bien nos fondamentaux, il est le plus à même de nous comprendre. Le son y est bon, le travail de production excellent, les lieux sont plus que bien pour des mecs de notre rang social (rires) et les prix très sympas, à l’image du patron. Et quel plaisir de le voir plisser les yeux à l’écoute des nouveaux morceaux.

Vous trouvez facilement ces jeux de mots et de références ou vous cherchez beaucoup et devez trier le bon

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INTERVIEW TEXTE

C’était donc une évidence d’y retourner, c’est important de se sentir bien en studio, c’est comme mater une bonne série un dimanche soir en pantoufle avec sa meuf plutôt qu’un lundi, en botte de chantier avec sa belle-sœur. L’actualité, c’est des concerts avec Devil Sold His Soul, allez jouer chez eux, c’est difficile ? On jouera chez eux en Angleterre quand on nous invitera mais il faut croire que les organisateurs et le public anglais ne s’intéressent pas à nous car on n’y a jamais mis les pieds en 15 ans. En attendant, le 19 décembre on sera à l’affiche du Pandafest à Edegem en Belgique avec Devil Sold His Soul et il y aura aussi Aborted au menu. Ça va faire très mal et on est ravis de faire partie de la fête. Avant ça, le 5 décembre on sera aux Cuizines de Chelles avec les copains de The Prestige et Sofy Major pour la soirée label de Basement Apes, ça promet ! On compte sur nos copains parisiens pour prendre le RER... Vous êtes passés par le crowdfunding, ça a plutôt bien marché... Oui, à partir du moment où les gens qui nous supportent ont répondu présent et qu’on a pu faire cet album, on est très contents et reconnaissants. On n’a pas vraiment conçu ça comme du crowdfunding au final, mais plutôt comme un pre-order lointain. On a fait attention aux prix, etc... pour que tout le monde s’y retrouve, que ça soit un poil plus cher pour qu’on puisse enregistrer, mais que les gens lâchent pas un bras pour une version vinyle à 300€. Il y a eu un don à 400 euros ? Non, pas de don à 400 € par contre, on ne forcera personne à déménager pour tapage nocturne après notre passage dans son salon. Alex a rejoint Unswabbed, si les deux groupes peuvent jouer le même soir, qui a la priorité ? Et pourquoi pas jouer en même temps, faire une battle, 1

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titre chacun son tour. Alex a un micro HF et a une capacité de déplacement en crabe assez rapide et fascinante, je suis sûr que ça peut marcher ! Merci ! Un grand merci pour l’interview et le soutien et longue vie à W-Fenec ! Merci Elodie, merci General Lee. Photos : Guigui Toffs Oli


LES DISQUES DU MOMENT

SHIKO SHIKO Maké Maké (Platinum Records)

cette propension à emmener l’auditeur dans une transe loufoque et une richesse dans les instrumentations qu’ils doivent à ces influences éclatées mais aussi à leur propre talent et ingéniosité... Bref, tu ajoutes à ça un songwriting qui ne faiblit pas et tu obtiens Maké maké, de l’endorphine et du swag sonore par palettes de 12. David

Dire que l’on est fan de Shiko Shiko à la rédac’ (enfin, surtout Ted et votre serviteur, les autres n’ont pas encore cédé à notre prosélytisme mais ça ne va pas tarder...) est un euphémisme tant ces mecs-là ont su développer un univers qui leur est propre. Une conception de la pop bandante, jouissive, une volonté de choper l’auditeur sans pour autant faire les égouts du mainstream, tout en restant exigeant et singulier. Puis en plus, ils sont particulièrement excellents en live. Enfin bref, ce groupe a bien des atouts dans son caleçon. Avec Maké maké, le groupe ne fait que renforcer notre attachement avec une série de titres tout bonnement excellents. Au milieu de pistes très immédiates, des morceaux plus longtermistes dans la digestion font leur apparition. Et c’est un peu ça Shiko Shiko, des éléments qui te catchent les neurones de suite («Normcore», «Scalpelogique», «Gloomy part I»...) et d’autres dont les qualités n’apparaissent pas instantanément. Parmi ces morceaux qui se laissent mériter, on pourrait citer l’excellent «Akira & Virgile», l’un des premiers titres dévoilés lors de la promo de l’album, une sorte d’opérafourre-tout-rock ou «Weimar 1900» qui cumule un peu tout ce que l’on aime chez Shiko² : ces vocalises habitées, ces ambiances volatiles, les phases percussives,

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LES DISQUES DU MOMENT

ARMAN MELIES Vertigone (At(h)ome)

à travers tout.

Arman Méliès est vraiment un artiste insaisissable. Alors qu’il nous était revenu avec un album marqué par l’électronique, il enchaîne avec un opus où il semble se cacher derrière sa guitare et ses tatouages dans un cadre très «rock retro». Impressions vérifiées après de multiples écoutes, quand les notes se sont tues, les vapeurs qui restent sont celles de la voix si particulière de Jan et quelques douces mélodies pop, construites au synthé (le superbe «Tessa», l’éponyme «Vertigone») ou à la 6 cordes («Constamment je brûle», «Mercure»...). Et il a beau varier les rythmes, en donner parfois beaucoup, apporter des sonorités différentes (saxophone, banjo, claviers...), tenter quelques folies, on en revient toujours à l’essentiel : une voix et des textes qui enivrent et qui font voyager sans effort. Arman Méliès peut ainsi proposer ce qu’il veut, donner dans le binaire («Fort Everest») ou le plaintif électronisant dépouillé («Olympe (à la mort)»), surfer sur une musicalité moderne (les touches électroniques que ne renient pas en ce moment Aaron, «A deux pas du barrage») ou rester simple dans la construction d’une chanson rock («Les chevaux du vent fou»), peu importe les inspirations, les influences, les volontés, c’est son chant qui sert de fil d’Ariane, de point de repère brillant

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Vertigone est peut-être moins marqué que les premiers opus par un champ lexical sorti d’un autre siècle, les mots sont davantage usités par tous, on trouve quand même quelques pépites poétiques, et si certaines exigent une petite recherche («caresses éolites»), la plupart s’impose purement et simplement : «Une langue sans âge et indomptée / Dans nos corps, nous dira où creuser» ou «Et nos âmes mêlées / Pour une heure / Incendiées.». Arman Méliès reste un formidable auteur, capable de jouer avec les mots avant même de les faire sonner, se rencontrer, les mettre en harmonie avec guitare ou piano, leur donner des formes, une vitesse, un impact, les transformer en nuage sonore qui vient nous percuter ou dorloter les oreilles. Le bonhomme n’est pas du genre à faire des faux-pas, cette nouvelle pièce ajoutée à sa discographie continue de prouver son génie. Oli


LES DISQUES DU MOMENT

THE VIEW ELECTRICAL Roseland (Hummus Records)

procurer de fortes émotions, qu’elles soient fragiles ou mouvementées, salvatrices ou tristes. Il faut dire que The View Electrical ne lésine pas sur la cargaison de musiciens (une douzaine si j’ai bien compté, de Suisse et d’ailleurs) et d’instruments (pas mal de guitares, mais on trouve également la présence de notes de harpe, de clavier, de piano, de violon ou de violoncelle).

Le prolifique label rock suisse Hummus Records (Coilguns, Impure Wilhelmina, Kunz...) n’en finit donc plus de nous surprendre avec la mise en lumière d’une autre formation de leur coin (enfin, à plus d’une heure en bagnole de la Chaux-de-Fonds quand même), à savoir les Lausannois de The View Electrical. Officiellement duo, initié à l’automne 2012 par la rencontre entre le chanteur-guitariste Frédéric Aellen de Sonograph et le guitariste-claviériste Raul Bortolotti de Kruger et No Sun In San Francisco, le groupe se considère davantage comme un collectif de musiciens libres et volontaires qui se veut aux antipodes de la formation rock lambda, selon leurs dires. Ils ont sorti en mars 2015, Roseland, un premier LP avoisinant le style indie-pop abouti en deux ans à partir de sélections de démos que Frédéric avait enregistré plusieurs années en amont de la création du projet.

Un projet ambitieux donc, très orchestral par moments avec ce souci constant d’équilibrer au mieux les pistes afin d’éviter les artifices inutiles et la grandiloquence fastidieuse. Et cet exercice, fréquemment périlleux, est dans ce cas présent plutôt bien réussi dans l’ensemble. Idem pour le travail des voix et des chœurs avec notamment la participation de la gent féminine qui fait un bien fou sur quelques titres («It was time», «A voice of my own», «We won’t stay»). Seul bémol à ce sujet : la voix souvent suave de Frédéric n’est pas toujours à l’aise avec l’accent anglais, la fluidité en pâti surtout lorsqu’elle est mise en avant sur des couplets... si tant est que l’on ne lui trouve pas à la longue une certaine uniformité gênante. La densité sonore de Roseland est traduite par ce désir d’amalgamer les influences des deux membres qui sont assez nombreuses (folk, hip hop, ambiant, métal, new wave, électronique, bandes originales et rock 90’s) et sont disséminés ci et là selon les envies. Cela rend le contenu passionnant tant dans la maîtrise parfaite des instruments que dans la direction que prennent les compositions. The View Electrical vous a préparé un beau voyage et saura vous guider, il vous suffira juste de tenir sur la longueur sans s’arrêter sur des détails. Ted

Mis entre les mains de Magnus Lindberg pour le mixage et le mastering, mais produit par le groupe, Roseland est un long périple de plus d’une heure à travers douze titres décomplexés qui, faute d’un peu de patience et de réécoutes, peut s’avérer lourd à digérer. Et ce, même si le style musical est, disons, facilement accessible par ses multiples tentatives (souvent fructueuses) pour

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LES DISQUES DU MOMENT

THE SWORD High country (Razor & Tie)

Oui, tu n’es pas le seul à découvrir des groupes qui sont excellents et viennent de sortir leur cinquième album en presque 10 ans... Ca arrive à tout le monde, et c’est pas parce qu’on donne l’impression de connaître plein de trucs qu’on connaît tout, loin de là. La preuve avec cette pépite qu’est The Sword. Les Texans font parler leurs instruments depuis 2003 sous la direction John D. Cronise, principal compositeur des textes et chanteur qui emmène dans son sillage Kyle Shutt (guitariste), Bryan Richie (bassiste) et depuis 2011 Jimmy Vela (batterie) arrivé juste après Warp riders. J’avais du lire l’article d’Aurelio en 2010 mais je n’avais pas retenu le nom du groupe qui a fait continué son petit bonhomme de chemin, élargissant sa fan base peu à peu (ils ont ouvert pour MetallicA, Nebula, Clutch, Lamb of God, Machine Head, Kyuss...) et se faisant un nom en Europe au gré des tournées et du bouche à oreille. Les voilà dans les miennes avec ce que certains qui les suivent depuis longtemps considèrent comme leur meilleur album : High country. Après une intro instrumentale assez courte plutôt psychédélique, le grand huit des riffs incandescents se met en marche avec un chant assez typé seventies et une rythmique qui joue avec les codes du genre stoner

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désertique. Si en quelques secondes le ton est donné, là où on chercherait des influences et des points de comparaison (oui, The Sword n’est pas franchement un précurseur dans ce genre), ici on se laisse gagner par la chaleur du combo et on apprécie purement et simplement ses compositions. Avec l’insouciance que les Américains nous transmettent (le côté pop de «High country» ou de «The bees of spring»), on est à la cool (vas-y tapisse le sol des notes de «Silver petals»), au soleil avec eux (même quand on se les gèle comme en ce moment), on oublie les soucis (et on en a bien besoin en ce moment) et avec un peu d’aide on pourrait facilement décoller pour rejoindre les gars en mode «je plane» («Mist & shadow»). Parfois, ils vont un peu trop loin dans le délire et reviennent avec des titres complètement dépouillés («Seriously mysterious» ou «Turned to dust») qui leur assurent une part d’originalité bienvenue. Parce que jouer des titres instrumentaux, là encore, ils ne sont pas les seuls à le faire, par contre, leur donner une couleur assez inquiétante comme sur ce «Agartha», rares sont les combos «stoner» à s’y risquer. The Sword transforme donc tout ce qu’il touche du fil de son arme en or quand il sort des clichés, et même quand il fonce droit dans le tas, c’est encore excellent («Ghost eye» par exemple). 15 titres, 50 minutes de rock stonerisant à la fois ouvert et homogène, un son aux petits oignons, un artwork qui cadre avec le genre, High country est la très bonne sortie de ce registre pour la fin de l’année 2015 car quoi qu’il tente, The Sword le fait avec goût et nous amène toujours à trancher en son sens. Et non, il n’est pas trop tard pour les découvrir. Oli


LES DISQUES DU MOMENT

BACKYARD BABIES Four by four (Gain Music Entertainment)

Putain mec, si tu m’avais dit que j’écouterais du nouveau son de Backyard Babies en 2015, je me serais bien foutu de ta gueule. Sans déconner, les gars ont lâché l’affaire, non ? Dregen balançait des guitares il n’y a encore pas si longtemps pour Michael Monroe (ex-chanteur d’Hanoï Rocks), Nicke Borg avait l’air d’être plus attentif à ses bourrins sur les champs de course qu’à ses gammes de pentatonique, et les deux autres zicos auraient pu postuler dans un remake de Perdu de vue d’un Jacques Pradel suédois. Bref, ça sentait grave le roussi. Sauf que là, ça blagotte pas, les gaziers sont de retour, et pas pour de la triche. En atteste l’excellent Four by four. Pour les ignares et autres incultes qui prendraient le train en marche, Backyard Babies est juste un groupe qui a la classe. Balançant sans complexe un mix de punk, de glam et de rock ‘n’ roll, le quatuor suédois a connu des hauts et des bas, et reste notoirement connu pour être un groupe de scène (le fabuleux live live in Paris édité en 2005 en est le parfait exemple). Actif par intermittence depuis 1987, tu peux légitimement te demander ce que ce band peut apporter de plus en 2015. Oui, tu peux, mais si tu continues à te poser trop de questions, tu vas en prendre une dans la gueule, capice ?

Car si tu enfournes dans ta hi-fi Four by four, tu vas arrêter de te prendre la tête et tu vas profiter. Oui, tu vas profiter de la puissance du single « Thirt3en or nothing », morceau hyper rock ‘n’ roll (c’est à dire, rock ‘n’ roll, mais encore plus que ça, ok ?). Profiter des riffs punk de « I’m on my way to save your rock ‘n’ roll » (un peu prétentieux mais tellement vrai !). Profiter des guitares rock, de la basse omniprésente et de la batterie imposante de « White light district », « Piracy » ou « Wasted years ». Profiter (mais à petite dose, hein) de « Bloody tears » balade toutefois dispensable, j’en conviens. Profiter également des morceaux mélodiques et puissants (tous, et plus particulièrement « Never finish anythi » et le presque parfait « Mirrors » et sa surprenante guitare steel). Et enfin, tu va profiter de sortir des sentiers battus avec le démoniaque « Walls », pièce unique de plus de 7 minutes aux guitares acoustiques, à la contrebasse magique, évoluant vers des riffs percutants et une fin apocalyptique lourde et pesante à la limite d’une démence Black Sabbathienne. En clair, tu profites !!! A défaut d’être surprenant, Four by fourest captivant. Essentiellement accès rock ‘n’ roll, Backyard Babies exécute ce qu’il sait faire de mieux : mélanger les mélodies, les riffs percutants et les refrains qui te trottent dans le ciboulot pendant un bon moment. Le groupe n’a rien perdu de sa superbe, en témoigne sa prestation rageuse (mais sous mixé) lors du dernier Hellfest. Et ouais mec, les vieux schnocks sont de retour, et ils vont te botter le cul. Car Backyard Babies, c’est juste du rock ‘n’ roll. Avec des mauvais looks et des tatouages dégueulasses, certes, mais avec une énergie qui ne pourra pas te laisser indifférent. Allez, maintenant, dégage et va prendre une bonne leçon avec ce putain de disque qui ne fera pas avance le schmilblick qui aura le mérite de te faire bouger le popotin. Gui de Champi

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INTERVIEW TEXTE

INTERVIEW > THE ARRS C’est à Nico, à la fois frontman et auteur des textes de The Arrs qu’on a posé des questions sur ce nouvel album, depuis son écriture jusqu’à son enregistrement avec également un peu de live et de clip au menu d’une discussion à la fois grave et légère. Rock on !

Les mélodies dans The Arrs, c’est désormais juste pour décorer un peu ou on pourra un jour de nouveau entendre un titre dominé par un chant mélodique ? Sur Khronos, on a substitué les mélodies à la voix par les refrains appuyés par des chœurs, et des arrangements plus subtiles. On a eu la volonté de donner une couleur humaine et fraternelle à cet album, ce qui le rend plus digeste. Pour ce qui est de replaquer des mélodies à la voix, on ne se ferme aucune porte, on se laisse porter par nos envies du moment. Que les textes soient sur des sujets universels ou plus personnels, je les trouve toujours justes, comment se déroule leur écriture ? J’ai pour habitude de griffonner des phrases, sur un papier qui traîne, sur mon smartphone. J’attends toujours d’avoir quasi toutes les instrus de l’album pour me plonger dans l’écriture des titres. Chaque composition apporte une atmosphère particulière, le premier travail passe par l’improvisation émotionnelle, une phase de yaourt. Ça consiste à brailler sans texte dans un franglais qui pose les bases de la dynamique inspirée par la musique. Ensuite , il y a une étape de relecture des bribes écrites sur plusieurs mois auparavant. Alors que j’ai une idée des flows, certaines phrases me pètent à

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la gueule et le thème qui s’y rattache devient la ligne directrice. Dès lors, je rassemble toutes les pensées et je construis les textes autour. Il y a une sorte de «comité de relecture» où le reste du groupe peut modifier ou valider tes textes ? J’ai le privilège d’avoir une totale liberté sur l’écriture. On discute ensemble des différents thèmes de base, mais je jouis d’une liberté totale d’expression. Même question alors pour les thèmes abordés, il y une sorte de brainstorming ? Il y a des propositions qui transpirent de temps à autres. Mais dans l’ensemble, je fais les propositions. «Prophétie» est le résultat d’un travail fantastique ou comment réutiliser des discours historiques dans une chanson sans simplement balancer un sample, comment est venue l’idée ? J’ai découvert ce discours il y a quelques années. J’ai un profond respect pour les convictions et les valeurs que défend Robert Badinter. C’est un discours historique, pas assez connu et qui devrait être commenté à l’école. Les mots, le sens de ses propos sont forts. Son texte a à peine été revu, il s’agit ni plus ni moins que d’une inter-


Comment se compose un tel assemblage ? Ca ne doit pas être simple de «jammer» autour d’une telle idée... Le titre était composé, en écoutant l’intro au propre, le discours m’est revenu en flash. Et la magie a fait le reste.... Il colle dessus au rythme et à la seconde prêt. Donc la simplicité même. Le feeling... C’est un texte qui honore la Résistance tout en revenant sur des heures très sombres de l’histoire de France, le titre de l’album fait référence à la mythologie, tout le groupe est fan d’histoire ou ils subissent ? On ne subit rien ni personne, on ressent l’’histoire comme une réponse à nos questions et une référence pour notre avenir. Je suis fils de résistant, j’ai grandi dans le respect et la hargne de vivre. Des valeurs qui, hélas, aujourd’hui ont une résonance qui fait froid dans le dos au vue de l’actualité en France et des attaques terroristes. Si tu reprends tous les textes depuis le début , depuis CxH sur notre première démo, tu pourras faire le constat, que tout est tourné vers la recherche de belles valeurs et sur un travail de mémoire pour ne pas oublier que l’on doit garder le contrôle et résister aux agressions extérieures. Avec les élections de début décembre, la Résistance est encore d’actualité, à part la musique, vous pourriez utiliser d’autres armes ? On a chacun un rôle citoyen à jouer dans une société, à ce jour, on étale nos opinions sur la place publique à travers nos albums et nos lives. Il y a autant d’armes que d’opinions, espérons que l’extrémisme ne l’emporte pas, pour nous désunir, ce serait un échec que de revenir en arrière, dans un climat de haine et de peur. Il y a de nombreux guests sur l’album, c’était portes ouvertes en studio ou les titres étaient vraiment écrits pour que d’autres interviennent ? Enfin des questions plus légères ! (rires) Pour l’intervention de Kubi de Hangman’s Chair et de Poun de Black Bomb A c’était de l’impro totale lors de notre session de chœurs. On s’entend très bien, la voix de Kubi était parfaite pour l’additionner à la mienne sur le refrain, pour lui donner plus d’ampleur. Et pour le titre «Prophétie» où Poun mute à la fin du morceau, c’est un concours de circonstance, je n’avais pas encore posé ma voix sur la fin de l’instru. Il a donc comblé le vide en one shot, après avoir chanté sur tous les chœurs de l’opus.

Vous avez clipé «Hors-norme», il y a un gros et beau travail de post-prod et à la fin, on retrouve le groupe en «faux-live», pourquoi ne pas avoir terminé avec l’idée principale ? Le clip a été réalisé par un pote d’enfance, Davide et son binôme, Guilian. Ce sont des bêtes de technicien de l’image, FX et tout le bordel. Davide vient du hip hop, on s’est inspiré des clips du Wu Tang Clan ou de Jedi Mind Tricks pour les plans face caméra. On a toujours eu cette aspect hardcore street sur scène. C’est comme ça que lui nous voyait. Guilian, lui, c’est un metalleux, il connaît nos codes, on trouve que le rendu colle parfaitement à The Arrs. Les deux univers du clip sont complémentaires, au même titre que leur collaboration est un mix hip hop et metal, d’où l’envie de nous voir en live sur la fin.

INTERVIEW TEXTE

prétation de son discours. Malgré la puissance qui se dégage de ce morceau, je continue de trouver son intervention bien plus enragée.

En studio, vous avez encore fait confiance à Francis Caste, pourquoi être retournés vers lui ? Naturellement, notre premier choix c’était tourné vers Fred Duquesne avec qui on avait enregistré notre album précédent. Mais ça ne collait pas niveau planning. On a direct switché sur Francis Caste, on a toujours été très satisfait de ses prods. Pour mémoire, il a officié sur nos trois premiers albums. On avait eu besoin d’un nouveau regard, d’une nouvelle oreille, d’où notre collab’ avec Fred. On a donc décidé de revenir vers Francis, et ça a fait des étincelles, des flammes même, le son est dantesque ! En novembre, vous avez fait pas mal de concerts mais dans des salles que vous écumez depuis presque toujours, qu’est-ce qui vous manque pour passer au cran du dessus ? Tu sais The Arrs, c’est des clubs de 200 à 500 personnes selon les shows. Un public putain de fidèle, le cran audessus serait de monter des plateaux avec d’autres groupes de notoriété équivalente et des plus gros pour mixer les différents publics. Quand tu veux sortir de la musique, avec quoi tu t’évades ? Dans mes projets perso avec ma femme et mes enfants. Et en soirées arrosées... Merci Nico, merci The Arrs et merci Karen chez Verycords. Photo : DR. Oli

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MANU

La vérité (Tekini Records)

La vérité ? Manu n’a jamais été aussi proche de Dolly. Les concerts, le travail «en groupe», l’anglais, le moyen de sortir une certaine énergie ? Peu importe les raisons de ce retour aux sources plus rock car même si on adore la douce Manu en version pop, on l’apprécie encore davantage dans un nuage distorsion survolée par sa voix cajoleuse. Si la guitare n’avait jamais vraiment quitté les bras de Manu, la saturation n’avait jamais été aussi présente que cet opus, elle est omniprésente, seul un titre y échappe, c’est «Je pense à toi» et son dépouillement musical d’où émergent essentiellement les sons graves du violoncelle qui rappellent fatalement Apocalyptica. L’autre plage de calme, c’est «A quelqu’un», qui commence comme une complainte un peu résignée avant de peu à peu se transformer en fougueux élan électrique. Pour le reste de l’album, l’électricité est déjà à tous les étages avec l’envie d’en découdre plus frontalement et carrément de faire honneur à une vieille gloire du punk rock. Manu reprend en effet «Teenage kicks», le titre de The Undertones qui s’il est écrit à l’été 77, sort en 78 alors que les Sex Pistols ont braqué tous les regards sur un nouveau genre musical. Ce morceau est devenu un standard du punk grâce entre autres à ses nombreuses

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reprises (parmi les groupes qui se sont amusés avec le riff entêtant on peut citer les Buzzcocks, Ash, Skunk Anansie, Therapy?, Green Day, Supergrass, Rasputina et même les One Direction), ici, à part la voix, moins chevrotante, on reste très proche de l’idée d’origine avec un fond sonore un peu brouillon d’où ressortent les notes qui, avec la dynamique, font le sel du tube. Et si là, l’anglais s’impose, on le retrouve aussi par ailleurs («Toi et moi», «Bollywood»), par bribes comme si la langue du rock venait s’incruster naturellement dans le français maternel de Manu («Happy end nous restons dans le mood / Take my hand et serrons-nous les coudes ...»), comme une évidence. L’anglais n’est pas nécessaire pour donner du rythme et du punch, notre idiome peut aussi sonner et faire claquer les mots («Un baiser dans le cou», «Comme un gant») comme leur donner une harmonie qui nous emporte avec force (et rappelle un peu plus Dolly, «La vérité», «Encore de moi»). La vérité ? Peut-être que la vraie nature de Manu refait surface, qu’il lui est impossible de calmer ses démons «de jeunesse», que le Rock est plus fort que tout et comme, finalement, il s’adapte parfaitement à ses volontés de douceur et de mélodie, le mélange détonne plus qu’il n’étonne. De toute façon, avec Manu, le charme agit toujours, quelque soit son arme. Oli


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ZEUS!

Motonotono (Three One G Rec., Tannen Records, Sangue Dischi) orchestré. D’autant plus que les hostilités et les équations rythmiques reprennent de plus belles avec «All your grind is love» qui comme son nom l’indique épanche leur soif d’une virulence primaire et régressive avec un titre qui passe comme une lettre à la poste.

Avec Motomonotono, les excellents Zeus! reviennent se rappeler à notre bon souvenir avec un album 10 titres qui jusqu’au boutise encore un peu plus la démarche du groupe et leur math-grind-noise expérimental. Autant le dire tout de suite, si c’est ton premier contact avec le duo d’Imola (vroom, vroom...), on te conseillera de jeter tout d’abord une oreille sur leur précédent méfait, Opera, qui jouissait d’une concision le rendant nettement plus abordable et immédiatement jouissif. Sur Motomonotono, les Zeus! appuient sur l’accélérateur expérimentation et démontrent, s’ils avaient encore besoin de le démontrer, qu’ils sont bien le haut du panier quand il s’agit de musique IN YOUR FACE exigeante.

Après quelques écoutes, on s’aperçoit également que le groupe a disséminé des accroches, des samples qui facilitent la compréhension de leur musique. Reste que Motomonotono est un objet difficile à apprivoiser, le tout semble de prime abord aride comme le désert de Gobi, mais passé la maîtrise dudit objet, c’est un régal pour les oreilles et l’envie de se prendre cette oasis rythmique en live grandit exponentiellement. Excellente sortie. Et s’il fallait encore un argument massue pour te convaincre, Zeus! bénéficie du parrainage de Justin Pearson (The Locust, Retox...) et de son label Three One G, un gage de qualité et la promesse d’une baffe sonore. David

Dès le premier titre, «Enemy e core», on retrouve cette force de frappe qui allie une puissance et une science du rythme qui marquent instantanément les esprits. En quasi 5 minutes d’un groove indus cinglant qui n’est pas sans rappeler leurs collèges de Morkobot, Zeus! offre une entame d’album abrupte et sèche, une ode à la répétition rythmique et au caractère nettement hypnotique qui en découle. Volontairement oppressant durant les pistes suivantes, le duo permet une respiration avec «Panta reich», une bizarrerie ambiante qui fait figure de salon zen au milieu de tout ce vacarme savamment

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LES DISQUES DU MOMENT

SAINT ASONIA Saint Asonia (RCA Records)

Encore un supergroupe... En tout cas, un groupe formé de zicos qui ont une histoire assez conséquente. Notamment sur le sol nord-américain parce que Adam Gontier et Three Days Grace n’ont jamais vraiment percé chez nous (comme bon nombre d’autres groupes genre 3 Doors Down). Le chanteur guitariste s’est acoquiné de Rich Beddoe (ex-batteur de Finger Eleven et lui aussi originaire de l’Ontario) mais aussi de deux autres lascars au pédigree plus imposant encore. A la basse de Saint Asonia qui débarque en force en 2015, on trouve donc Corey Lowery actif par le passé au sein de Still Rain, Stuck Mojo ou Stereomud ! Du lourd mais pas autant que la patte de l’autre guitariste qu’est Mike Mushok, un des piliers de Staind. C’est assez secrètement qu’ils ont bossé tous les quatre pour confirmer leur existence en mai, quelques mois donc avant la mise en bac de leur premier album éponyme (fin juillet). Un opus produit par Johnny K (Machine Head, Disturbed, Soil, Megadeth mais aussi, tiens donc Finger Eleven ou Staind). Pour ce qui est de sa musique, Saint Asonia ne cache pas son amour pour le power rock qu’on qualifie par ici de «rock US» tant ce style à la fois musclé et produit correspond à ce que font mieux que personne les Ricains. Si tu aimes le style précité, tu vas te régaler avec

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ces couplets dominés par la rythmique avec le chant où la guitare vient faire un petit tour (oui, quand même dans Staind la guitare avait aussi son importance) avant de reprendre la direction des opérations pour un gros refrain et le pont en mode guitar heros (mais pas trop) pour remettre une couche, histoire que tout le monde puisse chantonner encore une fois. C’est un peu caricatural mais pour «Better place» (un single tout en puissance avec ce petit arrière-goût de très bon Filter), «Fairy tale» ou «Dying slowly», ça fonctionne tout à fait. Parfois, le groupe met plus de poids ou d’accroche dans la disto («Blow me wide open», «Happy tragedy») pour rappeler qu’ils sont forts et que les demoiselles seront en sécurité dans leurs bras. Car oui, la demoiselle risque d’être charmée par des titres plus faciles d’accès, des titres peu intéressants (comme «Live my life» ou «Leaving Minnesota»), des balades indispensables dans un album du style, plutôt sympatoches car pas trop larmoyantes ici («Waste my time» et «Trying to catch up with the world») ou alors par des compositions très arrangées, ultra produites, plus travaillées, peut-être plus douces mais avec un réel intérêt dans leur construction comme «Even though I say» et dans une moindre mesure «King of nothing». Saint Asonia est un super groupe ultra typé, entre postgrunge, voix charmeuse et power rock velu, c’est ce dont raffole les rednecks mais là où certains faisaient de la soupe boueuse (Puddle of Mudd) avec 3 accords et deux mélodies, ici, les lascars expérimentés mettent leur art au service de la cause, peut-être pas très noble pour certains, mais voilà, ça fait partie du paysage Nord-Américain et pour les quelques-uns qui y sont sensibles de ce côté-ci, c’est du très très bon. Oli


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SAF

Hell hath no fury like me (Sober & Gentle) souviens-tu du Bleu noir de Mylène Farmer ?). Sans savoir concrètement ce qu’il a apporté sur ce disque, on peut éventuellement lui reconnaître ses programmations électroniques minutieusement mises en place sur des titres comme l’intimiste «Don’t fucking touch me» ou le sublime morceau éponyme captivant par son aspect itératif. SAF développe donc un certain goût pour la recherche de sonorités et de mélodies captivantes, qu’elles soient rock, pop ou électro, ainsi que dans les vocalises qui siéent à la situation, qu’elles soient voluptueuses («Clouds», «Leaving you»), convulsives («Bam!») ou revendicatrices («Face»).

C’est sous le patronyme de Suck As Fuck que SAF débute son aventure en 2012. Ce projet lie la chanteuse Marianne Elise Simonot (ex-Nouvelle Vague, Yuksek, Klanguage) et le guitariste Eat Gas (ex-Hey Hey My My), le tout chapeauté par le co-fondateur d’Archive, Darius Keeler. Produits par ce dernier qui compose aussi avec le duo, un premier single Fast puis un EP intitulé Nailstorm voient le jour et permettent au groupe de tourner avec Archive afin que le bouche à oreille prépare la sortie d’un premier album. Ce dernier nommé Hell hath no fury like me débarque un an plus tard, en juin 2015, sur le label Sober & Gentle (Cocoon, Hey Hey My My, Mother Of Two), et allie une pop sensualisée domptée par l’influence d’un post-punk salvateur mâtiné de plages électroniques.

Le groupe s’est fait connaître par des singles, dont l’introductive «Nailstorm» (dont la longueur est paradoxalement de 8 minutes) qui a été reprise sur ce premier disque dont le titre fait référence à un album des Clipse, excellent duo de rappeurs de Virginia Beach, sorti en 2006. Hell hath no fury like me ne déroge pas à la règle tant ses titres sont immédiats et efficaces sans pour autant se confronter à des formats extra-courts. Équilibrées, les compositions du duo peaufinées entre Paris et Londres sont influencées par Sonic Youth, Can mais surtout PJ Harvey et Archive (forcément), et montrent un état des lieux plus que satisfaisant du projet, à savoir un groupe qui a parfaitement su préparer son petit bébé à l’avenir. Et ce, aussi grâce à vous, car la diffusion et les frais de communication du disque ont été co-financés par une plateforme de crowdfunding. Elle est pas belle la vie ? Ted

Enregistré au RAK Studios à Londres, le premier LP de SAF suggère par son artwork que son origine tient de la confrontation de deux cerveaux, d’un homme et d’une femme. Évidemment, cela peut rappeler furtivement à certains des duos rock qui ont bien marché (The Kills ou The White Stripes pour ne citer qu’eux), sauf que ces deux-là sont surveillés de près par Darius Keeler d’Archive, qui concédons-le, trouve un malin plaisir ces dernières temps à aller exercer ses talents ailleurs (te

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INTERVIEW > VESPERINE C’est Rémi, chanteur des Vesperine qui répond, Parmi les autres, sans détour à nos questions sur ce «nouveau» groupe très prometteur qu’on voulait connaître davantage. Embarquement immédiat.

Vesperine, c’est un joli nom, ça vient d’où ? Au départ, on aimait bien l’adjectif «vesperal» dont le sens convenait bien à l’ambiance générale de notre musique. On se retrouvait sur le fond mais pas tout à fait sur la forme et en creusant un peu, on a découvert ce vieux prénom féminin «Vesperine» qui nous a tout de suite plus en terme de sonorité. Ça raccrochait avec notre idée de base. C’était nickel. Vous êtes passé d’un néo-métal très tendance dans les années 2000 à un post-hardcore très tendance dans les années 2010, Vesperine est un groupe de suiveurs ? Si on présente les choses comme ça, c’est sur que ça donne cet effet, de surfer sur une vague ou d’être un peu arriviste. Mais en réalité, les choses sont différentes et largement nuancées. Tu fais référence à notre premier projet «sérieux» qui s’appelait Capsule ODC. Quand on a sorti notre démo, en 2005 je crois, ce groupe avait assez peu de maturité. Nous avons tous besoin de références à nos débuts... Et c’est toujours difficile dans les premières compositions de se détacher des véritables influences majeures du noyau dur d’une formation. Les nôtres, celles qui nous parlaient le plus à l’époque, étaient cette espèce de fusion entre Rap et Metal...Mais

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le truc c’est que entre 2005 et 2011, date de création effective du projet Vesperine, il s’est passé plein de choses ! Après cette première période «Rap-Metal» et ce premier EP, on a affiné, on ne s’est jamais arrêté de composer malgré les gros soucis de line-up, on s’est retrouvé à trois pendant 3 ans notamment, on s’est largement dégagé de nos premières influences et on a joué plein de trucs différents. Malheureusement, ce trait d’union entre les deux références que tu cites, c’est à dire les deux EPs, n’a jamais été diffusé... Personne n’a posé d’oreille sur ce que l’on a fait durant ces quelques années et c’a été pourtant une période très importante pour nous car elle nous a permis de dévier lentement sur ce que l’on joue maintenant... On a écouté et joué beaucoup de trucs. Puis comme tout nouveau projet, on s’est inspiré des groupes qui jouent ce que l’on aime le plus, dans lesquels on se reconnait à fond. C’est finalement le même système que pour notre premier projet et que pour tous les groupes du monde. Vesperine n’est plus tout à fait récent mais le line-up, lui, l’est. Parmi les autres est constitué de morceaux qui font parti de la vague de création du début d’un projet. Nos influences sont certainement un peu trop «marquées»... Aujourd’hui, nous composons des choses bien plus personnelles car le line-up s’est stabilisé.


Je préfère votre chant clair que votre chant lourd, le mode «véner» me semble moins naturel, me trompeje ? Pour le coup, on ressent tous l’inverse. Mais c’est super car ça veut dire que tu trouves les «clairs» réussis !!! On fait quand même, 80%, à la louche, de chant crié et on se sent bien avec ça. Mais on veut surtout pas éliminé les 20% de chant clair car on aime la mélodie. Vous avez enregistré chez Fabrice Boy, il est très en vue ces derniers mois, pourquoi l’avoir choisi lui ? Parce qu’on se connaît, lui et nous, depuis un petit moment... Sur Lyon, on avait beaucoup d’amis en commun avant de se rencontrer. C’était inévitable que l’on arrive à se voir et à discuter son. On s’est entendu tout de suite et il a bossé pour nous avant l’EP en masterisant des démos. La suite logique était qu’il nous produise Parmi les autres, connaissant la personne et la qualité de son travail. Parmi les autres est sorti chez Send The Wood Music, c’est là encore un label en vue ces derniers temps, comment s’est passé le deal ? Via Fabrice Boy ! C’est un ami du dirigeant de Send The Wood Music. A la sortie du studio en avril, il a envoyé les pistes au label. Qui a kiffé. Simplement. La pochette est sublime, elle est signée Corto Rudant. Comment vous le connaissez ? L’idée vient de vous ? Il a eu carte blanche ? Jérémy, notre bassiste, l’a accosté dans le train... Corto griffonnait et ils ont commencé à discuter. Quand on a eu besoin d’un illustrateur, Jérémy nous l’a suggéré naturellement. Cette première rencontre hasardeuse s’est avéré super enrichissante car Corto est vraiment très

doué. Pour la conception de la pochette, on avait de vagues idées, les bases, mais plusieurs rendez-vous avec Corto nous ont permis d’affiner et de réaliser ensemble cette belle illustration. De longues discussions ici aussi... L’idée vient de nous tous au final. On a tous rebondi à un moment donné...

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Comment composez-vous justement ? Vous arrivez à assembler différentes idées pour faire un titre ou alors tout part d’une séquence et vous construisez autour ? On part généralement d’un texte. Le sens de celui-ci nous est très utile pour avancer dans un morceau. Une fois qu’un texte nous plaît, on se met d’accord sur une structure de morceau, on fait des ébauches, on fait le tour des envies de chacun. On regarde aussi derrière nous pour éviter de refaire les mêmes plans. On aime bien se mettre un peu à l’épreuve, genre «tiens je ne sais pas faire ça» ou «on a pas de plan comme ça encore» et on y va. On passe parfois par de longues discussions avant de prendre les instruments. Quand le processus est lancé, on va surtout partir d’un riff qui nous plaît et voir comment l’exploiter et le faire évoluer sur la durée.

C’est du photoshop ? Non, Corto a pris ses pinceaux et là... On était ravi. Il a fait une vraie peinture traditionnelle que l’on a du prendre en photo pour pouvoir matérialiser et rajouter les éléments de la pochette sur photoshop. Aujourd’hui la peinture originelle trône dans notre local. On l’a encadrée et on l’a garde précieusement. Votre musique doit aussi plaire aux Scandinaves, aux Belges, aux Allemands... Vous pensez à vous exporter ou la Suisse, c’est suffisant ? On veut être écouté par le plus de monde possible et dans le plus grand nombre de pays possible. C’est une évidence. On va tout faire pour que là où l’on est susceptible d’être écouté, on puisse le faire. On y bosse. Qu’est-ce qui est le plus difficile pour faire vivre un jeune groupe ? Trouver des financements ? Avoir le temps ? Concilier la musique avec la «vie privée» ? Que les membres restent sur la même longueur d’ondes ? Sincèrement, tous les problèmes que tu cites dans ta question sont rencontrés par des groupes comme le nôtre. On est passionné, tous, mais à côté de ça, la réalité de la vie, c’est qu’il faut taffer pour gagner sa croûte... Donc on manque de temps, clairement, certains d’entre nous ont des enfants, des tafs prenants, etc etc... mais aussi, bien sûr, de moyens financiers. Gérer la vie privée, c’est chaud aussi... Faut toujours être dans la négociation (rires). C’est aussi devenu très difficile d’exister en tant que groupe amateur, de trouver des dates et de se faire connaître. Heureusement, le label nous a filé un coup de boost. Mais ça reste une jungle incroyable ! Si tu te bouges pas, t’as rien du tout. Alors quand on se retrouve en répét’, on sait ce que l’on doit faire, on doit nécessairement être très organisé. La musique, c’est super chronophage en plus... C’est comme un deuxième taf. Mais celui-là te fait perdre du fric !

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INTERVIEW TEXTE

L’avenir proche, ce sont de nouveaux concerts ? On va défendre notre EP Parmi les autres sur scène pendant un bout de temps encore. On a pas mal de concerts prévus pour ça. On continue de composer entre les dates. Si on veut faire jouer Vesperine, qu’est-ce que vous demandez ? Pour faire jouer Vesperine, on demande beaucoup de bières. Un simple défraiement aussi. On peut nous contacter via notre page facebook/VesperineMusique directement : c’est nous qui gérons notre calendrier, comme des grands ! Merci Rémi et Vesperine, merci Hadrien et Send The Wood Music. Photos : DR Oli

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LES DISQUES DU MOMENT

NOTHING BUT THIEVES Nothing but thieves (RCA Records)

petits effets, il est vrai, fort bien servis par la puissance des harmonies, simples et accrocheuses en diable. Parmi les 16 morceaux qui nous sont offerts, un beau petit paquet mérite l’adjectif «tubesque» et parmi eux, «Wake up call», «Neon brother» ou le doucement tapageur «Trip switch» dont la dynamique peut faire fléchir n’importe qui.

Le Royaume-Uni est un pays expert en création de comètes, les Nothing But Thieves seront-ils celle de 2015 ? Moins de 3 ans après sa création, le quatuor venu d’un bled au Nord de l’estuaire de la Tamise a conquis le public anglais propulsant son premier album éponyme en haut des charts et participant aux plus grands festivals (Reading, Ile de Wight, Dour...). Signé chez RCA (et donc Sony) après un seul EP (If you don’t believe, it can’t hurt you en 2013). Leur premier opus sort en en octobre 2015, il est produit en grande partie par Julian Emery (Simple Plan, Alex Hepburn...) et mixé par Cenzo Townshend (Kaiser Chiefs, Snow Patrol, The Horrors, Editors...) et pourrait séduire le monde entier en 2016. Énormes arrangements qui donnent dans le lyrique sur une rythmique sourde et pesante, petites phrases mélodiques, guitares qui se font discrètes et qui hachent lourdement, dès l’ouverture de l’album, les Nothing But Thieves vont faire le tri entre ceux qui vont adhérer à leur musique ultra travaillée et ceux qui ne supporteront pas certaines boursouflures pop trop marquées. Et alors que je ne défends pas franchement la pop surproduite qui fleure bon les semaines enfermées en studio (celle de Muse bien sûr mais aussi celle du Radiohead de Kid A/ Amnesiac), ici, je suis complètement hypnotisé par les

Si la facilité, le côté ultra efficace d’une musique ciselée te rebute quelque peu, Nothing but thieves apporte également des plages plus intimistes et moins radiophoniquement correctes comme l’ensemble «If I get high»/»Graveyard whistling» où plane une mélancolie certaine (version plus éthérée du Radiohead de The bends pour le premier, promenade où le chant prédomine pour le second). Les instruments disparaissent quasiment pour laisser le chant libre sans pour autant que le chanteur n’en fasse des tonnes («Tempt you (evocatio)»). A l’inverse, si tu veux du brut, du rock, de la vitesse, essaye «Painkiller», sa basse ronflante et ses guitares débraillées. Nothing But Thieves a les moyens de rameuter un large public autour de ses compositions, les Anglais ont su créer de véritables atmosphères sur des bases mélodiques évidentes et touchent ainsi ceux qui apprécient ce qui sonne immédiatement à l’oreille comme ceux qui voient l’énorme boulot derrière chaque morceau. Même si, à la base, je ne suis pas forcément un bon client de ce genre, là, je m’incline. Bravo. Oli

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LES DISQUES DU MOMENT

KLOGR

Make your stand (Zeta Factory) pas passionnant et j’avoue que j’ai pas mal zappé même si l’ensemble rend bien compte du boulot de dingue qu’exige un groupe qui veut tenir la baraque sur CD comme sur scène.

Klogr (à prononcer «Kilo Gare» ou un truc comme ça avec l’accent américain d’un italien) existe depuis 2011 mais a pour habitude de tout recommencer à zéro après la sortie d’un album. Comprend par là qu’après leur premier opus (Till You decay), Gabriele «Rusty» Rustichelli, chanteur et guitariste, s’est retrouvé tout seul devant changer les 3 autres membres du groupe ! Il récupère alors les zicos de Timecut pour préparer Black snow qui sortira en 2014... une année qui verra de nouveau partir une grande partie du groupe (la moitié !). Bref, en 2015, le EP 3 titres Make your stand est une nouvelle carte d’identité pour le quatuor, un EP qui nous est livré avec en bonus le Live in Trezzo et le DVD dudit concert de Trezzo (près de Milan, en novembre 2014, pour les tout débuts de ce line-up). La remuante biographie de Klogr n’est pas occultée dans la partie «bonus» du DVD qui présente chacun des chapitres de la vie du groupe au travers d’images studio, live et en répèt’, avec des commentaires et des échanges entre les différents membres sous-titrés en anglais parce que ça parle surtout italien. On a ainsi 4 parties distinctes avec des line-up qui évoluent et entre 15 et 50 minutes d’immersion avec le combo, pour le fan, c’est forcément un régal, pour le profane, tout n’est

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Le point de départ du DVD, c’est tout de même la captation du concert donné à Trezzo sull’Adda, une ville où Klogr a posé ses amplis et ses caméras en novembre 2014 pour jouer des titres issus de ses premiers albums. Le «Live club» a l’habitude de recevoir de gros concerts (Nada Surf, Me First and The Gimme Gimmes, Millencollin bientôt, Godspeed You! Black Emperor, Sick Of It All, Mudhoney, Bad Religion ... en 2015), le groupe a de la place pour jouer, les caméras sont fixes et proches des musiciens, le public est ultra sage (il se réserve certainement pour Guano Apes qui jouera ensuite), les couleurs sont assez belles (le grain de l’image est impeccable) et le son tellement propre qu’on croirait du studio... Pour être tout à fait honnête, il ne se passe pas grand chose durant ce concert, l’intérêt est ailleurs, à la fois dans la démonstration du savoir-faire technique en live du groupe et dans la présentation de titres que l’on peut découvrir si on a raté les premiers épisodes... Terminons par le début, la sortie de l’EP, Make your stand, trois titres, une dizaine de minutes qui paraissent au final bien peu à côté de tout le reste (plus de 2h de musique). Trois morceaux qui semblent élargir encore le spectre des envies et des capacités du groupe de Rusty qui touche autant à un métal classique (un peu de MetallicA pour le chant clair rageux), à un autre plus ouvert (des parties éclairées avec des sonorités proches de A Porcupine Tree ou A Perfect Circle) et un autre plus brut de décoffrage (le son de la disto, l’enchaînement des riffs et des rythmes). L’ensemble sonne assez moderne tout de même et se laisse écouter grâce à un chant très accessible et des parties prog’ qui ne s’éternisent pas. Oli


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GRAVE PLEASURES Dreamcrash (Metal Blade Records / Sony Music)

«Grave Pleasures ou la renaissance d’un groupe», voilà qui sonne juste puisque la formation finlandaise a fait ses débuts sous d’autres formes. Ses premiers balbutiements se retrouvent sous le nom de Beastmilk. L’histoire ne dure pas. L’album Climax sort en 2013 et le chanteur Johan Snell met la clé sous la porte. Les autres membres relèvent le défi de continuer sous un autre nom : Grave Pleasures. Retour en studio avec Kvohst à la place du lead-vocal.

guitare, la formation nous entraîne dans un titre rapide, court, efficace. Grave Pleasures confirme ici son inscription dans un rock influencé par le psychédélique. La formation classique rentre pourtant difficilement dans une case. Sa toute nouvelle création vient également puiser dans le hard rock avec une pincée de métal. Le tout joué de façon extrêmement théâtrale. Les solos de guitare sont absents mais c’est pour mieux retrouver un coté lancinant voir dissonant dans les séquences instrumentales. La section rythmique semble vouloir nous faire sauter le cœur. Le chant oscille entre une voix grave, gutturale et cadencée et des montées en voix de tête plus pop-rock. La pochette de Dreamcrash nous l’avait pourtant annoncé : l’atmosphère est étrange, parfois planante, et les cieux sont à la tempête, sans doute pour illustrer des morceaux comme «Futurshock». Grave Pleasures veut nous faire voyager au fil d’un son bien à eux, qui mêle des influences multiples : survolté et planant, énervé et psyché, dramatique et inquiétant. La qualité de l’opus l’affirme : le phœnix renaît de ses cendres. Julien

Première mise en bouche proposée avec le clip «Crying wolves». Une malle se pose étrangement sur fond rouge et noir suivie de près par une tête de mort entourée de bougies qui tournent sans cesse. Couleurs vives sur couleurs vives, des images s’enchaînent rapidement et se superposent sans suite logique. La voix de Kvohst fait son entrée, en décalage sur le rythme soutenu, dans le style d’un Robert Smith (The Cure). A peine la minute passée, le chanteur nous fait la démonstration de quelques envolées. Avec ce son mêlé aux images, le groupe nous emmène loin. «New hip moon» fait l’objet du second clip. Les couleurs laissent place cette fois-ci à des images en noir et blanc d’une beauté pure. Après une sobre introduction à la

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LES DISQUES DU MOMENT

FIVE FINGER DEATH PUNCH Got your six (Eleven Seven Music)

aucun risque. Il faut être efficace avant tout. Ca passe par une production millimétrée, une voix juste assez méchante par moments pour ne pas faire fillette et un ensemble de riffs et de rythmiques métal sacrément calibrées. Et oui, si le titre peut se traduire (au vu de cette énième pochette dans le même goût) par «Je te couvre», on devrait plutôt le prendre comme «j’assure mes arrières» parce que si la grosse brutasse (oh une sorte de footballeur américain, comme c’est original !) du digipak dégomme tout ce qui passe (oh, des zombies, comme c’est original !), c’est bien pour remplir le compte en banque des zicos qui valent forcément bien mieux que ce qu’ils font.

Dans le monde de la musique, si on veut gagner gros, mieux vaut ne pas jouer... Zoltan Bathory le comprend très bien, ses premières expériences étant peu concluantes... Mais le gars vit à Las Vegas, il comprend qu’il faut mettre toutes les chances de son côté pour rafler la mise. Avec Jeremy Spencer (batteur), il cherche le bon cheval et convainc Ivan Moody de quitter son Colorado natal pour rejoindre ce nouveau groupe qui bégaye encore en 2006 : Five Finger Death Punch. Leur premier opus est autoproduit mais attire des labels qui, eux aussi, fleurent le bon filon. Le jackpot est atteint dès 2009 avec leur deuxième disque : War is the answer et ses presque 1 million d’albums rien qu’aux Etats-Unis, les pièces remplissent les gobelets, la cash machine est en marche et si le personnel gravitant autour de ces trois membres évolue quelque peu, il se stabilise en 2011, permettant au combo de s’enflammer davantage en sortant un double LP (les deux volumes de The wrong side of heaven and the righteous side of hell en 2013). Fin 2015, les Ricains en sont donc à leur sixième album en 10 ans et continuent d’en vendre des palettes... Tu l’auras compris, Got your six n’est pas le disque de l’année et en terme de créativité, on peut repasser, Five Finger Death Punch veut assurer et pour ça ne prend

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Alors pourquoi en faire autant sur ce groupe ? Raclement de gorge. Coup d’oeil aux orteils. Petite voix. C’est quand même bien fait. Ouais, faut bien l’avouer, les mecs sont super forts dans ce registre ! Là où Stone Sour a réussi à s’enfermer dans une niche dans le jardin Slipknot, avec les mêmes ingrédients, les Five Finger Death Punch ratissent bien plus large et charment tous azimuts, même un vieux fan de Tool, Pink Floyd ou Gojira comme moi. Inventivité, folie et technicité sont mises au placard mais écouter ce Got your six fait du bien, autant de facilité doit demander un gros boulot et un certain talent. Il faut bien le reconnaître. Alors si toi aussi, de temps à autre, tu kiffes te mater un énorme blockbuster avec un scénario écrit par un collégien et des énormes effets spéciaux, laisse toi porter par ce nouveau chapitre des Las Vegans. Oli


LES DISQUES DU MOMENT

BONEYARD MOAN Lies & moonshine (Autoproduction)

de coton) ou gavés de spleen et de classe («Time» et ses solos langoureux). En faisant preuve à la fois d’audace et de concision, Boneyard Moan tient son auditeur jusqu’au bout.

Tu l’as compris cher lecteur, il se passe un vrai truc avec le blues à Nancy, et si tu aimes ça, alors tu pourra pas consommer plus pur qu’avec ce Lies & moonshine qui viendra à coup sûr réchauffer ton salon pour cet hiver. Boneyard œuvre toujours dans un delta blues porté par John et sa voix houblonnée d’écossais et mené à la baguette par Fred et son groove à la Seasick Steve (Fred dont on t’a déjà vanté les talents il y a quelques numéros dans la chronique du premier album des Dirty Work Of Soul Brothers chez qui il tabasse également à ses heures perdues.). Sauf que cette fois, et la basse de Max est loin d’être innocente, ça pulse un max avec une énergie rock’n’roll ultra efficace. L’alliance du classicisme de John et de la touche un peu folle de ses deux compagnons fonctionne à merveille, proposant un hillbilly blues carrément old school mais qui ne pue pas le vieux retraité et encore moins la démonstration de technique barbante.

Sans omettre le fait qu’il peut également se targuer d’avoir un son génial. Et ça, à l’instar de leurs compatriotes nancéien de Blondstone, c’est grâce à un enregistrement live et à des musiciens qui assurent pour de vrai, pas seulement en studio. Quand on vous dit live, c’est live de chez live, puisque le groupe s’est même passé de métronome. Les relous sortant de musicologie trouveront peut être une variation de tempo ici ou là, mais les vrais amateurs de rock’n’roll apprécieront la dynamique super vivante et fraîche d’un album qui rend de la manière la plus honnête qui soit la qualité des prestations réelles du groupe en concert. Une prod live, mais loin d’être crade, Romain (Dirty Work Of Soul Brothers) ayant encore fait une petite merveille de mixage avec une spatialisation du son absolument magnifique - que seul un lieu comme le TOTEM (R.I.P) était à même d’offrir - et des arrangements et overdubs (solos de guitare, nappes de claviers) qui viennent assaisonner tout ça de manière plus que pertinente. Lies & moonshine est un album de hard blues bourré d’authenticité et de feeling, aussi bon dans l’exécution que dans la composition, tout en conservant ce côté blues old school de derrière les fagots comme on dit chez nous. Elie

D’autant que le trio a su varier les plaisirs, balançant tour à tour de quoi enflammer n’importe quelle salle de concert («The devil in my soul», «Blackout blues» et sa batterie qui se prend pour une gatling) et des morceaux plus ambiancés («Holly molly» et son design champ

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INTERVIEW > BONEYARD MOAN Le W-Fenec a rencontré Boneyard Moan à l’occasion de la release party de leur premier album, Lies and moonshine, qui se déroulait le 11 décembre au 915 kaffe à Nancy. C’est après leur balance et pendant leur pause pizza que Fred (Batterie), John (guitare/chant) et Max (basse) nous parlent de blues, des difficultés de faire du rock en ville, et de religion. Une interview courte réalisée juste avant un concert puissant comme on en n’avait pas vu dans le coin depuis un bail. Vous présentez votre premier album ce soir, vous le sentez comment ? Fred : Ben ça va, on a bien répété ! [rires] (Ndlr : le groupe a fait trois bonnes heures de balance). Non c’est cool on est content de rejouer à Nancy et de présenter l’album. (Le portable de Fred sonne) Merde ! Ma Maman ! Pas grave, je ne réponds pas. John : On a déjà joué ici pour l’ouverture du 915. On était juste en acoustique, Fred et moi. Fred : Donc ça fait plaisir de revenir au 915 aussi. Pourquoi vous faites du blues ? Fred : Oh ben parce que... (Son portable sonne à nouveau). Fais chier ! [rires] Bon attends, je réponds. John : Why le blues ? Good question ! J’ai commencé à écouter le blues quand j’avais 16 ans. Pour moi, c’est la musique qui est à la racine de toutes les formes de musique. J’ai joué avec un autre groupe dans lequel Fred jouait aussi. Je l’ai quitté il y a cinq ans. Après j’ai repris la

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guitare acoustique et c’est là que j’ai commencé à jouer un peu de blues. J’en ai fait un peu avec Fred et puis au final on s’est lancé sur la formule batterie / guitare électrique. Je reviens toujours à la guitare électrique. Max : Donc ils ont voulu une basse, c’est là que je suis intervenu. Comment vous vous êtes rencontrés toi (John) et Fred avant que Max n’arrive ? Max : Au Medieval Pub à Nancy. Moi je jouais souvent làbas avec Fred justement pour Raymond (Ndlr : Raymond Court Toujours, le groupe de chansons paillardes de Max et Fred) et puis c’est là qu’on a croisé John. John : Ouais, en gros on a bu dans le même bar... [rires] John, toi qui viens d’Écosse, qu’est-ce que tu penses de la scène ici à Nancy ? John : Ici ? Yes ! It’s Okay ! Il y a pas mal de bons musiciens ici. C’est un peu différent, chez nous il y a plus de


Tu trouves que ça bouge plus en campagne qu’en ville ? Fred (qui vient de revenir) : Ben je pense qu’il y a des salles où tu te fais moins emmerder par les voisins. Max : Dans l’absolu, ça joue sûrement plus en ville. Sauf qu’en ville il y a des contraintes qu’on n’a pas à la campagne. La contrainte de l’espace déjà, du genre « vous venez mais sans votre batterie parce que ça fait trop de bruit ! ». Moi quand ils font un plan comme ça je ne me déplace pas avec la basse parce que ça sert à que dalle, c’est plus acoustique. Bref, des questions de dimension de scène, de bruit et de cachet tout simplement ! Les mecs dans les bistros en ville pour eux un cachet standard genre 100€ c’est le bout du monde quoi ! Alors qu’à la campagne quand tu te pointes à un festival tu arrives à avoir un cachet correct. C’est notre boulot la musique. Donc aller jouer pour un connard qui va se faire du blé sur la soirée et sur ton dos alors que lui il va te payer à coup de pompe dans le cul, c’est non ! Nous on trouve de meilleures conditions surtout dans les milieux ruraux où sur des scènes comme ici au 915 où c’est plus intéressant. Comment vous avez réalisé la pochette de l’album ? Fred : C’est John qui l’a dessinée et Romain (Ndlr : ingé son et claviériste du groupe, également membre des Dirty Work Of Soul Brothers avec Fred) a fait les couleurs sur Photoshop, etc... Je crois que ça le représente un peu, enfin il en parlera plus que moi. John : Je l’ai juste fait avec des stylos. C’est à l’image du blues vraiment. Apparemment les mecs jouaient souvent dans les cimetières parce que tu pouvais y faire du bruit toute la nuit sans emmerder personne. Et des fois il y avait le diable qui arrivait. Voilà c’est la légende un peu. Donc c’est venu comme ça. Just my imagination quoi. Fred : Et c’est là qu’on s’est rendu compte des talents de dessinateur de John. Moi je ne savais pas du tout. [rires] Il m’a montré le truc je lui ait dit que c’était génial. On a demandé l’avis un peu autour et tout le monde nous disait que c’était cool. Vous avez enregistré au TOTEM, et en live... Fred : Ouais juste le guitare / basse / batterie, après on

a quand même ajouté des petits solos, etc... On voulait enregistrer live parce que John est issu de ça, un clic ça le fait chier. Max : C’est parce qu’il ne sait pas jouer avec un métronome. [rires] Fred : L’EP on l’avait déjà enregistré dans un garage à Jarville. Et là vu que Romain avait la possibilité d’avoir le TOTEM, on a choisi ça comme ça, on pouvait se voir dans une grande pièce avec une superbe reverb. Voilà on s’est dit « pas de clic, comme en live, rock’n’roll, 3-4 » Max : C’est ça, c’est surtout l’idée de l’espace, l’idée de pouvoir être dans une salle où on est tous les trois en visu à l’inverse d’un studio avec des petites salles confinées où tu es au casque et où tu ne te vois pas. Et l’idée de la salle, c’était aussi de pouvoir laisser les amplis, dans le micro de la caisse claire par exemple tu entends la guitare et la basse en fond. Du coup, ça donne un rendu différent d’un truc capitonné. Fred : Et du coup il y a vraiment pas de tricheries par rapport à ce qu’on fait en live, même si il y a des imperfections, c’est vraiment ce que l’on vaut repris sur le disque. Max : Sinon on aurait fait de la techno ! [rires] Fred : C’est cette énergie-là qui nous plaisait, pas de chichi. Après c’est un choix, moi je sais que sur certains morceaux je me dis que j’aurais mieux fait de prendre le clic. Mais bon après ça bouge, c’est vivant, il n’y a pas de gros pains. C’est un peu comme un live quoi.

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répétitions, des fois en Écosse il y a des groupes qui jouent au même endroit toutes les semaines ou tous les mois. Mais ici en France les traditions sont différentes, si tu joues dans un bar tu n’y rejoueras pas avant six mois. Et ça c’est un peu chiant. Pour moi ça empêche un peu le développement de la musique en ville, à Nancy. La plupart des concerts que les gens font ce n’est pas en centre-ville c’est dans les villages.

Et le TOTEM a fermé depuis... Fred : Ah ben ça, ça fait chier à mort. Dès qu’il y a moyen de fermer un établissement, ils ferment, on le voit bien, il y a eu le TOTEM et plein d’autres établissements avant. Il y a pas besoin de Phillipot pour ça quoi... Max : C’est ça. Déjà la culture est pas forcément dans son meilleur jour, elle est globalement malmenée. D’autant plus, et on en revient à ce qu’on disait tout à l’heure, dans les milieux urbains que dans les milieux ruraux, ça c’est certain ! En milieu rural, il y a cette volonté d’arriver à sauver la vie locale et du coup quand on lance des initiatives. Je le vois avec mon école (Ndlr : Max intervient en milieu scolaire pour faire de la musique avec des enfants) quand tu lances un truc, tout le monde te pousse au cul parce que du coup tu crées quelque chose en pleine cambrousse. En ville tout le monde gueule parce qu’il se passe rien mais dès que tu mets un coup de caisse claire dans la rue, tout le monde gueule parce que ça fait du bruit, et pis que ça fume et pis gnagnagna. Les gens sont des cons ! Fred : Ouais. Et puis il y a des endroits qui sont sensés accueillir la scène actuelle Lorraine et qui ne le font pas.

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Enfin je parle de... Max : L’Autre Canal (Ndlr : La SMAC de Nancy) vas-y, balance ! Fred : Bref, il n’y a plus trop d’endroits où jouer par ici. C’est pour ça qu’on est content que le 915 nous accueille, c’est cool. Mais bon à part ça, y a plus grandchose. Enfin si y a le Quai’ Son mais le son est pourri, le Réseau c’est pareil les conditions ne sont pas tops. C’est pas facile, quoi. Faire un vrai concert de Rock à Nancy, à part ici, je ne vois pas. John : Mais il y a le Red Corner près de la Cathédrale qui vient d’ouvrir, je sais pas si tu connais ? Je suis passé à St-Nicolas il y avait un groupe de blues c’était pas mal. Romain (qui vient de débarquer avec un masque coquin) : Je peux jouer comme ça ce soir ? [rires] John : Oh, ma biche ! Max : Pas de problème ! [rires] Votre album est un peu plus rock, plus puissant, que l’EP. C’est voulu ? Fred : Ouais, on voulait une basse depuis quelques temps. Et le fait qu’il y ait la basse ça ouvre d’autres possibilités, des morceaux comme «Golden calf» ou «Six white horses» ne sont pas jouables à deux, ou en tout cas c’est moyen. Et le clavier, c’était pour rajouter de la couleur. John : Enfin sur l’album il n’y a qu’une chanson avec du clavier. Max a joué un peu de guitare et un peu de banjo. Fred : Mais c’est vrai que c’est un peu plus puissant. John : Oui, oui ! Mais en même temps il y a des morceaux qui datent de la même époque que l’EP. Donc ce ne sont pas les chansons qui ont changé, mais peut être un peu le traitement des chansons. Et puis avec la basse, c’est un peu plus lourd.

eux-mêmes, c’est juste des gros blaireaux. Que ce soit des musulmans, des catholiques. parce qu’on en a eu la preuve avec cet espèce de connard de curé de Lyon qui a dit « toute façon ils méritaient que ça les fans de death metal c’est des satanistes ! ». C’est bien ! La religion c’est de la merde, point final. John : Justement on a fait une chanson, «21st century blues» et c’est ça le sujet de la chanson. Dans le premier couplet je parle des cons qui font du terrorisme et dans le deuxième je parle des cons qui, au fond, ont tout commencé. Ils commencent des guerres partout, ils font des conneries partout, les Américains et même le RoyaumeUni et la France font des conneries partout ! Et des fois, il y a des conséquences. Il y a des connards des deux cotés en fait, pour moi. Parce qu’il y a beaucoup beaucoup de monde mort là-bas sans raison. Fred : Ouais, c’est un débat qui est trop long. Moi je pense que ce qui s’est passé ça fait chier, et ouais les extrémistes c’est des gros cons... on peut rien dire de plus. Ils ont juste pris une cible où c’était facile de rentrer. Moi je pense que toute la culture, même extrême, a le droit d’exister et puis que ça ne reste que de la culture et du divertissement et les gens qui prennent ça au sérieux et qui font chier... c’est des cons. Je vous laisse le mot de la fin, les gars ! John : Je voudrais juste ajouter que je suis fier de faire du blues, et de jouer de la musique Old School aussi. Merci à Boneyard Moan de m’avoir accordé du temps pendant sa pause repas, merci au boss du 915 Kaffe de m’avoir laissé m’infiltrer pendant les balances et merci enfin à Fred de m’avoir dégoté une pizza en urgence. Photo : Elie

Vous avez fait un truc un peu spécial avec Holly Molly, qui fait très chant d’esclaves, on entend même des chaînes... John : Ouais, c’est un morceau très très traditionnel. On a décidé ça au TOTEM aussi. Fred : On a cherché des sons, on a trouvé une grosse plaque en tôle que je frappais à la main, j’ai chopé une chaîne, tapé dans les mains. On voulait un délire un peu Gospel. Ouais, c’est un hommage aux racines du blues. Il y en a qui disent que vous faites de la musique de dépravés, vous leur répondez quoi à ceux-là ? Fred : Ah bon ? Je savais pas qu’on disait ça de nous ! Max : Non, il fait référence aux attentats du Bataclan ! [rires] Moi je pense que les religieux sont des cons. Les gens qui ne sont pas capables d’avoir une opinion par

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Elie


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PUB YOUNG CARDINALS

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MONOLOG Merge (Ad Noiseam)

berlinois Species, des MCs new-yorkais répondant au nom de Flux et Joey Juggaknots et le side-project A Dying User que Monolog forme avec un certain Karsten Pflum. Une expérience musicale pas évidente à décoder (sauf si on est familier au genre) car soumise à des fluctuations dont le désordre en est le leitmotiv.

Monolog sortait il y a deux ans le troublant mais non moins intéressant 2 dots left. Un magma sonore sauce breakcore qu’on n’était pas près d’oublier surtout que l’année suivante, le Danois en remettait une couche avec Merge. Le temps passant très vite, les promos nous parvenant parfois par intermédiaire, voilà qu’on se prend encore plus d’un an de retard sur la chronique du disque précité. Ça fout vraiment les boules parce qu’il m’a encore bien retourné le cerveau et j’aurais aimé vous présenter cet album plus tôt. Qu’importe, après tout, la musique intemporelle du gaillard nous offre un avantage dans cet inconvénient. Merge porte bien son nom, tant la fusion des sons, des atmosphères et des genres (drum & bass, dubstep, ambiant, breakcore, drone) sont monnaie courante sur cet album. Monolog a bien bossé et plutôt rapidement, comme si le Danois avait bien ourdi ses machines électroniques dégoulinantes de basses avant même de composer ses 11 titres. Il faut préciser que ces derniers font l’objet d’une compilation de titres originaux mais surtout de collaborations et de remixes, ceci expliquant donc cela. Parmi ses invités, on compte des proches et habitués comme Swarm Intelligence, Balkansky ou Tone et puis des moins connus tels que le producteur

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Tantôt abyssal (avec «Tandfoi» dans lequel le chant de Tone est complètement dérangé), tantôt tapageur («In return») mais aussi d’une lourdeur impressionnante (dont l’excellente «AEAEGF») et jouant même sur l’effet de surprise (comme ce remix d’un titre hiphop qui prend cher), Merge dévoile au fil du temps toute son artillerie électronique mais également ses petits détails de fabrication. Et quels sont-ils ? L’intéressé en a dévoilé une partie dans une interview donné à un confrère l’année dernière en mettant en avant les plantages de machines, les accidents de home-studio, mais également le field-recording, qui n’est autre que (grosso-merdo) raconter le monde qui nous entoure en l’enregistrant. De quoi vous donner l’envie de découvrir cette galette pleine de surprises... Ted


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KURT COBAIN Montage of Heck (The End of Music)

et quelques bribes de titres qui deviendront des hymnes pour toute une génération. Les fans hardcore de Nirvana ont donc un nouveau disque (enfin deux puisque le fan hardcore achètera les deux versions) à ajouter dans leur collection... Mais pas de son vraiment nouveau puisque beaucoup de ces titres sont déjà parus sur différents bootlegs (les fameux Outcesticide) ou dans le coffret With the lights out. La très vieille démo de «Been a son» ou la reprise de «And I love her» des Beatles peuvent avoir un embryon d’intérêt mais ça ne fait pas un album.

Plus de 20 ans après sa mort, certains arrivent encore à faire de l’argent avec Kurt Cobain... Même si au départ, l’idée de Brett Morgen était de réaliser un documentaire «assez vrai» pour nous dépeindre la jeunesse et les tourments du leader de Nirvana au travers des témoignages de ses amis, sa famille, de scènes tournées sur des lieux emblématiques et la mise en action de travaux artistiques pas uniquement musicaux, ce superbe documentaire accouche aujourd’hui d’un «album» voire même d’un «album collector». Universal n’a même pas eu à faire les fonds de tiroir puisque les «sons» étaient utilisés dans le documentaire. Utiles à la narration et à créer une ambiance sonore, ces premiers bouts de Nirvana n’ont pourtant, une fois sortis de leur contexte, que peu d’intérêt.

Et c’est là qu’est le principal souci avec cette bande-son de Montage of heck, pourquoi pas sortir une version collector assez limitée mais classieuse pour accompagner le DVD, on peut imaginer aisément un joli packaging avec le DVD, le CD, un livret, des photos... De ce côté-là, l’inspiration ne manque jamais et certains «coffrets» de ce genre sortis ces dernières années sont sacrément bien foutus. Mais pourquoi ne sortir que ce CD avec 13 pistes ? Une sorte d’album bâtard mis en avant comme si on allait découvrir Kurt Cobain sans faire d’efforts ? Soit on est fan de Nirvana et on veut un truc en béton, soit on n’est pas méga fan et on n’a pas besoin de cette galette (sauf si on collectionne tout). Bref, garde tes sous pour le DVD si tu veux que le blondinet grunge te procure encore des émotions... Oli

Ici, on se contente de la version «normale», deux fois moins longue (une grosse demie heure) que la version deluxe, boîtier cristal, une page pliée en deux, il ne faut pas chercher une plus-value dans le packaging et se focaliser sur la musique. Enfin, sur des pistes récupérées au fin fond des archives de Kurt Cobain et suffisamment bien retravaillées au mixage pour qu’elles soient audibles du plus grand nombre. On a donc 13 plages avec des idées farfelues, des pains, des bruits de fond

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ARCHI DEEP AND THE MONKEYSHAKERS #3 (Autoproduction) base de gros riffs appuyés par une session rythmique bien marquée. « High minds » met en avant la capacité de groupe à se produire sur un terrain acoustique. Forcé de constater que même à nu et loin de tout champ électrique, la qualité est largement au rendez-vous. « I was sunny » vient clôturer un EP qu’on aurait bien voulu plus long quitte à se faire saigner un peu les oreilles. En live, lorsque le rideau tombe, la fosse s’égosille à dire « une autre » pour obtenir le retour des artistes. Chose qui est de fait impossible sur un objet défini. Alors, on relance la galette en savourant, déjà impatient d’une prochaine sortie. Julien

Archi Deep and The Monkeyshakers est un trio rock fondé en 2013 autour de l’Ile d’Oléron. Si la bande est de chez nous, n’ayons pas l’impertinence de rattacher sa musique à un quelconque rock français. Preuve à l’appui, la formation a récemment mis dans les bacs un troisème EP sobrement appelé #3 encore empreint des effluves du Mississipi. En effet, le tout nouveau son d’Archi et ses compères a été enregistré aux Ardent Studios, à Memphis. Beaucoup d’artistes de renommée internationale sont passés là. On peut citer de façon non exhaustive : The White Stripes, Soundgarden, ZZ Top, BB King ou encore Led Zeppelin. L’aventure consiste donc à marcher dans les pas de géants sans rougir. 6 titres pour se faire une place. Pas de place pour le doute - Arthur Archibald Di Piazza (chant et guitare) soutenu par Martin Leroy (Basse) et Camille Sullet (batterie) - arrachent le sol dès les premiers instants. Le son est brut, saturé et électrique. Seul clip de l’album, « Nowhere man » nous met rapidement dans le bain. La course se calme au début du deuxième titre. Au bord de la valse, le chanteur apaise l’ambiance en perchant sa voix dans les aigus. Mais ce n’est que pour éclater plus fort quarante secondes plus tard à

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HA DET BRA

Societea for Two (Geenger Records, PDV Records) Convoquant les fantômes d’un Shellac venu frayer avec The Jesus Lizard (soit en fait les incontournables références citées par 99/100 de la population ferraillant dans ce registre musical), avec une petite louche d’Oxbow bien sentie et toujours cradingue ne serait-ce que pour valider la ‘street credibility’ de l’album, Hat Det Bra fait clairement ce qu’il faut pour accrocher son auditeur. Puis faut admettre que niveau marketing, c’est déjà plus vendeur que le coup de l’obscur groupe de noise-rock croate qui refait des siennes vingt piges plus tard.

On ne va pas se mentir : la scène noise-rock croate est relativement méconnue de nos services. Et Ha Det Bra bah encore plus. Qui ? Hat Det Bra, oui c’est le nom du groupe, formé en. euh 1991 (on est allé vérifier) et relativement inconnu depuis un bon quart de siècle. Enfin, ça c’était avant et ce ‘Societea for two’ qui débarque en provenance de la maison de disques Geenger Records, label du cru, volontaire et assez couillu - faut leur reconnaître ce mérite - mais pas plus connu au sein de la rédaction que le groupe en question. Ce qui soit dit en passant n’entravera en rien pas la qualité de ce premier méfait à parvenir jusqu’à nos platines.

Résultat ? Et bien ça fonctionne et plutôt deux fois qu’une, distillant à l’envie 2/3 hectolitres de disto sur des instru bien rugueuses, roots et salvatrices comme on les aime. Vocalement, le résultat est braillard à souhait, expédiant une véritable énergie (assez contaminatrice) sur la platine, sans pour autant révolutionner un genre dont les contours ont été longuement ciselés par les maîtres du genre une petite paire d’années avant eux. Ou pas en fait mais peu importe. Quoi qu’il en soit : ‘Societea for two’ est un disque efficace, rudement contagieux dans ce qu’il évoque, jouant la sécurité quand il faut tout en osant assez pour exister par lui-même sans être une pâle copie de l’œuvre de ses maîtres. Bref un album qui fait plutôt la part belle au talent d’un élève plutôt doué à défaut d’être vraiment génial. Aurelio

Lesquelles peuvent se sentir légitimement bien surprises de se retrouver face à un noise-rock turbulent, rageur et outrageusement typé 90’s. Ce qui s’explique par le fait que le groupe (roublard ou drôlement chanceux) avait prévu le revival du genre il y a quelques temps déjà pour exhumer des enregistrements datant de la période 93/94 et les réenregistrer avec les moyens d’une production un peu plus moderne. On trouve aussi trois compositions plus récentes sur les quatorze que compte la bestiole, mais l’ensemble reste donc fort logiquement old-school, voire vintage. Mais pas du tout dénué d’intérêt pour autant.

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FRNKIERO AND THE CELLABRATION Stomachaches (Staple)

A ses débuts, Frank Iero est dans le groupe punk rock Pencey Prep en tant que chanteur-guitariste. Après quatre années de vie, la formation se sépare. C’est à cette époque qu’un certain Gerard Way - bouleversé d’avoir assisté aux attentats du 11 septembre 2001 - se chope l’envie de créer un groupe de rock. Peu de temps avant la commercialisation du premier album de My Chemical Romance, Franck en devient le guitariste. S’en suivent douze années d’aventures et pas moins de quatre albums dont le fameux Black parade sorti en 2006. Malgré un certain succès, l’histoire de My Chemical Romance s’arrête en 2013. Franck Iero n’en freine pas pour autant sa carrière musicale. Il se lance en solo sous le nom de Frnkiero and the cellabration et enregistre Stomachaches (2014). Dans ce nouveau projet, il assume à la fois le rôle de chanteur mais aussi celui de guitariste et de bassiste. Pour la partie batterie, il fait appel à un intérimaire de My Chemical Romance : Jarrod Alexander.

allongé dans sa dernière demeure. Il sort et retrouve ses potes : tous possèdent le badge en question. Le mystérieux objet les amène à se rassembler autour d’une carte au trésor qui n’indique rien de moins que l’endroit où enterrer Franki. Chose faite, le chanteur se réveille d’entre les morts et le carnage commence. Ce qui pouvait passer jusqu’ici pour un court métrage gentillet à la Tim Burton bascule en un seul instant. Les gosses se retrouvent cœurs, têtes et bras arrachés ou leurs intestins servant à faire de la corde à sauter. Oups, ça a dérapé... Pour «Joyriding», c’est option «blanc pur» pour les vêtements des musiciens, les instruments et le décor. Il ne faut pas longtemps pour que cette histoire dérive quelque peu. Chaque musicien perd une quantité de sang à en faire rougir les murs. Une vraie boucherie en somme. Pour finir, «She’s the prettiest girl at the party, and she can prove it» met en scène la malédiction d’un homme qui se transforme en ours et qui de ce fait a peur de perdre sa bien-aimée. La fin est heureuse puisqu’ils sont tout deux touchés de la même malédiction. Globalement, l’album ne fait pas dans la dentelle. Le son sort des chemins tracés par My Chemical Romance. Plus percutant, il traite de thèmes sombres avec des refrains efficaces et des voies moins commerciales. Dès la première piste, Jarrod Alexander cogne comme un sourd pour donner le ton. Le chant de Frank Iero dépose sa marque de fabrique en variant entre une voix sourde et des mélodies entraînantes. S’il est un engagement pris pour cet opus, c’est bien de fournir un son saturé proche des sonorités punk rock. Seul point noir, la piste «Smoke rings» qui frôle l’électro de mauvais goût. «Stage 4 fear of trying» quant à elle détonne avec l’ensemble en offrant un son plus posé. Mais pas d’inquiétude, l’instant d’après nous revoilà dans l’œil du cyclone... Julien

L’album est représenté par trois clips. «Weighted» s’annonce en noir et blanc. Seule note de couleur : un badge frappé du fameux symbole du groupe dans la main d’un gamin. Le kid pose le badge sur le cadavre de Frank Iero

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THRONELESS Throneless (Heavy Psych Sound)

«Reaching for the dead» tente clairement de proposer autre chose, mais son riff acoustique lisse nous ramène plus à du doom gothique à la Paradise Lost, et alors ça c’est vraiment pas ma tasse de thé mais c’est surtout un peu hors de propos avec le reste de l’album, sans parler du blast beat qui clôture le schmilblick un peu a coté de la plaque. Bref, d’un coté ça sonne pas de manière très originale, de l’autre, le groupe se plante dans le fossé quand il essaye des sorties de route. Quid du classicisme et de l’originalité. Elie

Pas toujours facile de faire des chronique et d’argumenter. Notamment quand on tombe sur des formations qui, 90 % du temps, jouent quelque chose de déjà maintes fois entendus jusqu’au plus petit détail. Throneless ne dérogera pas à la règle, cependant ils pourront se targuer d’avoir bien exercé leur mission. Quatre morceaux pour trente-six minutes de musique : tu l’as compris mon ami, ces Suédois-là font du Doom. Un bon vieux doom bien haineux et dégoulinant comme il faut avec une vieille prod dégueulasse à la Electric Wizard face à qui Throneless n’a pas à pâlir niveau lourdeur et apport en calories, un chant lointain et incantatoire et une batterie aussi pachydermique qu’un diplodocus complètement défoncé. Et ? Et ben c’est a peu près tout, tu peux retourner écouter Electric Wizard quand même, Throneless n’essayant pas réellement de sortir des sentiers battus (et là quand on dit battus, c’est à coup de massue) et rebattus du doom à la sauce stoner 70’s. Encore une fois si c’est indéniablement bien exécuté et en accord avec les canons du genre, il faut avouer que le headbang a rapidement tendance à céder la place aux ronflements, la faute à un manque claire de variété.

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LIVHZUENA Dark mirror neurons (Klonosphere)

n’arrête, un passage beaucoup plus mélodique avec un chant clair par-dessus. Une atmosphère que l’on retrouve sur le dantesque «Quantic quake monster», un riff à faire décoller les lames du parquet, un pont presque atmosphérique, enfin presque, il ne faudrait pas relâcher trop la pression, le baromètre monte soudainement d’un cran, c’est tout l’art de Livhzuena et l’air devient tout de suite beaucoup plus étouffant, la batterie continue sans relâche; le tout explose dans la stratosphère avant de se désintégrer lors de la rentrée atmosphérique où tout se consume. Cette pression intense, c’est mise en boîte en bonne et due forme, on la retrouve sur «Void», qui n’est pas vide de charme par ailleurs, notamment lorsque une dynamique pétillante guitare-batterie s’ouvre sur un chant qui s’en sert comme tremplin.

La première écoute de Dark mirror neurons est plutôt anthologique, ça joue vite, ça joue fort, ça tabasse sec, les références s’entrechoquent, les clichés auditifs défilent à grande vitesse. Une avalanche d’idées et de riffs plus effarants les uns que les autres. «Mars» est une excellente entrée en matière, une espèce de déluge nonstop où il est dur de reprendre son souffle. Quand Livhzuena met le couvert, ils ne font pas les choses à moitié. Un petit coup d’oeil au dos de la pochette; le groupe est signé sur Klonosphere. Les choses se précisent donc, peu de labels français sortent ce style de musique, encore moins avec cette qualité-là. Les guitares enchaînent sans répit, c’est une grosse claque que Livhzuena cherche à nous administrer. Prends 3 secondes pour bien décomposer le mot, Livhzu-é-na. À part être un anagramme de «Inhalez», c’est une recette certaine pour que Google ne confonde pas le nom du groupe avec autre chose. Ça sonne un peu comme Klone, une peu comme Hacride, mais avec plus de mordant et plus de dynamique, on peut y voir des influences comme Meshuggah, ou même Soulfly (oui, oui, écoute bien «Quantic quake monster»). «Shadows and matter» déballe son lot de cadeaux, un riff très condensé, un train lancé à vive allure que rien

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Dark mirror neurons est petit condensé de bonne idées à la réalisation plutôt bien réussite, qui ne mérite qu’une chose : d’augmenter le son ! Pooly


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HO99O9

Horrors of 1999 (Family Artists) malsaine avec une interlude («Gates of torment») puis termine déjà le disque comme il l’avait commencé, soit par un titre punk brut de décoffrage, aux antipodes du hip-hop. La boucle est bouclée...

Trois ans après sa fondation en 2012, le duo originaire du New-Jersey Ho99o9 (se prononce «Horror») peut se targuer d’avoir fait parler la poudre avec une musique, une attitude, et une image bien rodée (regardez donc leurs clips). En l’espace de deux ans, theOGM et Eaddy ont sorti 4 disques dont cet EP de 11 minutes qui nous est tombé dessus cet été : Horrors of 1999. Ca débute avec une torpille punk sonique et crado («No regrets»), sorte de crossover punk-hip-hop doté d’une puissance de feu qui laisse présager du lourd pour la suite. «Day of vengeance» capte l’attention par son atmosphère neurasthénique et intrigante, comme un délire à la Stupeflip où les effets de voix graves et le beat lent hantent les sillons, un morceau qui malheureusement peine à convaincre.

Annoncé par le magazine Rolling Stones comme l’un des 10 nouveaux groupes à connaître en 2014, Ho99o9 brouille pas mal les étiquettes. Sa musique qu’on pourrait tenter de définir comme un mélange de celle des Bad Brains, de Death (le groupe de proto-punk), et de Death Grips, est polluée par l’indicible envie de ses géniteurs de jouer la carte du tout anti-conformiste et du j’m’en foutisme, quitte à brouiller la lecture du disque. Résultat des courses : on a l’impression d’avoir à faire à un EP pas tout à fait (voire pas du tout) terminé au sein duquel les idées bien présentes manquent de mises en valeur et de cohésion. Quelques chansons de plus ou des titres plus longs auraient sans doute été une partie de la solution pour le rendre moins plat et renforcer le propos dans son ensemble. Ted

Les «horreurs de 1999» prennent alors une petite pause avec un dialogue entre un homme et une femme en guise de «skit» puis enchaînent sur «P.O.W. (Prisoners of war)» qui relève légèrement le niveau. Ces fans de Rob Zombie nous plongent alors dans le dédale de leur ‘»horror hip-hop» avec un rythme bien gras, des sons indus-noise et des flows rageurs qui bouleversent un peu les âmes sensibles. Ho99o9 continue la démarche jusqu’au-boutiste de dévoiler une ambiance

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INTERVIEW TEXTE

INTERVIEW > THE PRESTIGE On est habitué à écouter du très lourd avec The Prestige, on a voulu savoir comment il était possible d’en arriver là... Et c’est Alex qui s’est chargé de répondre à nos questions sur leurs choix (de producteur, de pochettes, de textes, ...) mais aussi de l’actualité récente qu’elle soit tragique (les attentats) ou plus heureuse (une tournée en Angleterre).

Avant de parler musique, parlons du choix du producteur... Guyom n’était pas dispo ou vous aviez directement demandé à Amaury de travailler sur l’album ? Tout d’abord, Amaury avait travaillé avec nous sur Black mouths. Nous étions dans son studio, et il travaillait donc avec Guyom, l’assistait pendant les prises. Puis, à la sortie de l’album nous sommes partis en tournée avec The Brutal Deceiver, le groupe défouloir de As We Draw dans lequel Amaury joue de la batterie. On était déjà potes mais passer 15 jours ensemble nous a bien trop appris à nous connaître. Nous avions déjà une ou deux compos de prêtes pour un nouvel album et on a commencé à en parler avec lui de l’ambiance de l’album et de ce qu’on en attendait. Et on était sur la même longueur d’onde. Nous avons toujours été fans du boulot d’Amaury et la combinaison copain plus gros son a fait le reste. Entrer en studio avec quelqu’un que vous connaissez est important ? Je ne saurai pas dire si c’est important ou pas. C’est rassurant c’est sûr. Ce qui est important c’est plutôt la confiance que tu as dans cette personne. Amaury c’est un ami pour qui on a beaucoup de respect tant pour le musicien que pour le producteur. Lors de l’enregistrement c’est surtout important de parler librement, de

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donner son avis, de prendre en compte l’avis de l’autre. Pour nous, un producteur c’est un cinquième membre. Vous avez discuté de l’éventualité d’avoir un producteur qui ne vous connaissait pas ? Non, à aucun moment. Bob Weston pour le mastering, comment ça se passe ? C’est juste un colis avec les bandes et un chèque ou c’est plus que ça ? Après le mixage on s’est dit «A qui donner le bébé maintenant ?», parce que c’est un peu ça. Tu dois filer ton gosse à quelqu’un pour qui te le rende encore plus beau, tout en respectant ce qu’il est. Bob Weston, c’était juste le mec parfait. Il a gardé la personnalité de l’album tout en affinant certaines choses. On pensait que le mec allait nous envoyer chier mais au contraire, ça s’est très bien passé. Il nous envoyait même des messages genre «Désolé les gars j’ai pris du retard aujourd’hui, j’ai dû remasteriser de bandes de synthés des années 80, vous aurez la chanson un peu plus tard dans la soirée». Le mec est à la cool. Les pochettes sont superbes, sortir plusieurs versions c’est pour les fans de collection ou parce que vous ne


Vous avez dirigé ce travail ou vous l’avez récupéré «tout fait» ? On l’a dirigé entièrement, avec l’aide de Loic. D’abord, on avait contacté un graphiste pour faire le boulot mais on avait pas la même sensibilité. Et je crois qu’on était très protecteurs vis-à-vis de l’album. On a beaucoup parlé de ce qu’on voulait représenter, du principe de la nature morte revisitée, etc. Cela a pris quelques semaines. Et à force de tourner, on s’est dit «allez on booke un studio photo et on le fait». Le français dans les textes, ça a du en surprendre plus d’un, c’est venu naturellement ou vous vous êtes forcés ? Au contraire, c’est le fait de ne pas se forcer à écrire en anglais. Pour moi, l’anglais est assez naturel mais en vieillissant je me suis rendu compte que cela crée une distance avec le sens de mes mots. Pendant l’enregistrement j’écris les textes la veille pour le lendemain. Un jour, les gars étaient partis faire la fête pendant que j’écrivais. Je voulais tenter le français sur la chanson «Négligée» dont Paris est le sujet. Je crois que la pudeur me retenait mais j’étais seul alors j’ai enregistré les premières phrases de la chanson et j’ai trouvé ça cool. A leur retour je leur ai fait écouter et ils ont aimé. D’abord, j’ai pensé que c’était surtout à cause de l’alcool mais ils n’avaient pas changé d’avis le lendemain matin. Maintenant j’assume beaucoup plus le français dans les textes, je ressens encore plus le poids de chaque mot et je pense que l’auditeur aussi. J’ai l’impression que le son prime sur le sens pour les mots choisis, je dois avoir un peu tort, non ? Mmmh. Il y a un peu de vérité là-dedans je crois ! La voix, c’est un instrument et il doit avoir sa propre partition. Il faut parfois faire la concession du sens pour celle du son, sinon, et particulièrement en français, tu te retrouves avec des phrases certes pleines de sens mais complètement dépourvue de musicalité. Et en général,

mes paroles n’ont pas de sens direct, il faut parfois aller loin pour le chercher. Comme j’écris la nuit, c’est parfois une sorte d’écriture «automatique».

INTERVIEW TEXTE

saviez pas trancher pour en choisir une seule ? Tu crois qu’on a des fans qui vont faire collection de nos albums? (rires) C’était juste pour faire des versions différentes et nous faire plaisir aussi. La séance de photo pour la pochette a duré une bonne journée avec notre pote Loic Véra. On a fait celle du vinyle en premier, puis une deuxième en bougeant les éléments et on s’est dit «ah bah, on va en faire une différente pour le CD». Et une troisième qui va être exclusive à la tape qu’on va sortir dans quelques semaines.

Côté musique, ça broie et ça broie plutôt du noir, où puisez-vous une telle envie de tout détruire ? Je crois qu’on est plutôt des gens calmes dans la vie de tous les jours mais la violence que l’on observe autour de nous est la source d’inspiration de notre musique. Et quand je parle de violence je parle surtout de celle qu’on ressent plus que la violence physique. La violence d’Amer n’est pas permanente, elle est sournoise, sourde, sale et indirecte. Et ça correspond à l’état d’esprit dans lequel on était. Les événements récents, ça peut vous nourrir ou c’est indécent d’utiliser une telle atrocité pour créer ? On parle des attentats... il me semble important de ne pas les évoquer par un euphémisme. Pour te répondre, je pense que tout le monde a été touché par cette tragédie, à Paris comme tout autour du monde. On connaît tous quelqu’un qui était là-bas, ou qui aurait pu y être. Certains de nos amis proches y étaient. Ce qui est sûr c’est que je n’utiliserai, et j’insiste sur ce mot, pas ce drame car ce n’a jamais été ma démarche, quelque soit l’événement. Je n’écrirai pas un texte qui parle de ces attentats ou de tout autre «événement», à moins peutêtre de l’avoir vécu. Mes paroles ne sont jamais directes donc je ne m’appuierai pas là dessus. Mais cette tragédie nous a affecté et d’une manière, elle nous a changé. Début décembre, il y a eu une petite fête pour Basement Apes, quel est votre groupe préféré sur le label ? En gros, c’est comment nous mettre à dos tous les groupes du label sauf un ! On a beaucoup écouté de Sofy Major, de Cortez ou Plebeian Grandstand. Mais les copains du label, c’est surtout General Lee et Plèvre. Ensuite, il y a une petite tournée en Angleterre, le public anglais n’est pas facile, vous attendez quoi de ces dates ? C’est pas le public qui est difficile, ce sont les conditions. Le public est difficile partout. Tourner en Angleterre, c’est un autre univers où il y a beaucoup de groupes et pas forcément l’attention genre le catering super bon, les boissons, le lit... que tu peux avoir ailleurs en Europe. On prendra ce qui a à prendre, on verra pour le reste. Le disque est aussi sorti aux Etats-Unis, vous avez des retours ? On a reçu pas mal de messages par mail ou sur les

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INTERVIEW TEXTE

réseaux sociaux. On aimerait vraiment pouvoir tourner là-bas, mais cela reste très dur à organiser. On espère pouvoir y aller bientôt. Merci Alex, merci The Prestige et merci Aurélien chez Domino Media. Photos : DR Oli

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LES DISQUES DU MOMENT

ROCK & PHOTOGRAPHIE Hors Série N°21 (Réponses Photo)

Depuis 1992, les passionnés de photo peuvent, chaque mois, se plonger dans Réponses Photo qui propose autant d’articles techniques qu’artistiques sur cet art si particulier. Pour son 21ème Hors Série, l’équipe du magazine consacre un numéro entier au Rock. J’ai découvert le travail des photographes avec Grands Reportages, revue à laquelle mon père était abonné, et si je voulais voir des photos rock, il fallait forcément lire des revues «rock», la frontière entre les deux mondes n’est presque jamais visitée et il faut donc saluer cette initiative de Réponses Photo. Dans ce numéro, il y a des sujets évidents et indispensables tels ceux sur ces photos qui ont fait l’histoire de la musique rock par leur présence sur des pochettes d’albums devenus cultes, que ce soit François Gorin qui nous en parle ou le photographe de la célèbre agence Hipgnosis (et quelques anecdotes savoureuses sur Pink Floyd ou Peter Gabriel) ou qu’on nous recontextualise les artworks de Tom Waits, Beastie Boys, Anorexia Nervosa, Primal Scream, Morrissey, Ash, Hanni El Khatib, Rage Against The Machine ou Led Zeppelin qui se sont servis chez les plus grands pour illustrer leur musique. Ce genre de dossier, c’était un passage obligé et attendu, c’est très bien ficelé mais ça ne vaut pas les port-folio et les interviews ou explications des photographes qui

ont capté des instants rock comme autant de moments de vie qui au final forment des reportages sur la société bien plus que sur le rock, que ce soit dans le passé quand Alfred Wertheimer découvre ce petit jeune qu’est Elvis Presley, quand Chris Steele-Perkins suit les Teds, ou dans le présent avec Eduardo Soteras Jalil qui nous fait dévouvrir «la folie Cuarteto» en Argentine. Le grand intérêt de ce numéro hors série, c’est de traiter du rock en laissant parler ceux qui gravitent autour et qui le perçoivent différement. A ce titre, l’interview de Richard Dumas, auteur de photos pour son pote Etienne Daho mais aussi France de Griessen, Miossec ou Bashung et de portraits sublimes de Patti Smith, John Lydon ou Keith Richards (pour ne citer qu’eux), est un vrai régal. Tout comme cette petite histoire d’une séance photo de Bob Dylan par Elliott Landy en 1969 ou la planche contact ayant pour sujet Miles Davis que Guy Le Querrec nous offre. Le début du mag laisse la parole aux photographes de concerts d’aujourd’hui (Robert Gil, Carole Epinette, Samuel Dietz...) mais ces témoignages en format court sont un peu redondants et on préfère les entretiens plus longs quitte à bouffer un peu de technique pure comme quand Richard Pak nous explique son travail (sur les visages des spectateurs). Au sommaire, tu retrouves aussi le boulot de James Mollison fan des fans et un peu de promo pour le bouquin de Jamie Beeden, qui, s’il a fait de très belles photos de la scène anglo-saxonne, en a aussi sorti quelques unes assez quelconques (Richard Ashcroft, Elvis Costello, Damon Albarn ou Elliott Smith). Pour refermer ces pages exceptionnelles, une petite bibliographie commentée est présentée pour ceux qui voudraient encore creuser le sujet... Ce numéro spécial de Réponses Photo est en kiosque jusque la fin de l’année environ, n’hésite pas à le réclamer à ton buraliste préféré parce que l’histoire du Rock ne serait pas la même sans ces photographes et ceux d’aujourd’hui qu’on croise dans les concerts et qu’on embrasse, même s’ils ne sont pas cités dans ladite revue... Oli

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EN BREF CREEPING DEVIL CACTUS

AMBRØSE

PARKWAY DRIVE

Back from the ashes

Ambrose

Ire

(Autoproduction)

(Autoproduction)

(Epitaph)

Certains disques exigent une chronique avant même que leur lecture ne soit lancée. Parce que si on exige que la production soit correcte et la musique nous plaise, il y a aussi le «facteur W», le truc qui fait que, quoi qu’il se passe quand on écoute, on écrira un truc. Avec Creeping Devil Cactus, le facteur «W» a fait son oeuvre avant même de découvrir un stoner poisseux de plutôt bonne facture. Tu l’auras compris, ici, le «cactus» a fait la différence même s’il fait davantage référence au végétal du désert qu’à notre comparse David. L’épineux problème de la justification d’une chronique par le nom du groupe ne se pose pas longtemps car les riffs bien gras («Ribs’ n’ beer» : chouette programme), la voix rocailleuse et la traînardise ambiante de certains passages («Corner path») sont tout à fait en accord avec ce qu’on attend d’un groupe qui a mis le désert à l’honneur. On n’est s’est pas trompé sur la marchandise qui, sans dépoussiérer les santiags et les stetsons, fait le job en usant des codes inhérents au genre pour plaire à nos oreilles. Pour un premier EP, c’est déjà pas mal, laissons aux Nantais le temps de se piquer au jeu et d’alimenter leur propre identité.

La pop des années 2010 n’en finit décidément plus de s’incarner, et de se désincarner. Dans le sillage de fossoyeurs des 80’s comme The XX ou Fever Ray, on voit éclore (avec 5 ans de retard, comme souvent en France), une flopée de groupes à la sensibilité commune : production froide, synthés vintage et voix éthérées. C’est un peu (complètement) là que voudrait se placer Ambrøse. Et c’est là leur principale erreur. Derrière une volonté pop affichée (morceaux courts, mélodiques et catchy), le trio parisien propose des refrains qui se prennent bien souvent les pieds dans le tapis («Fag ends», «Red light»). Le groupe semble se forcer sur les trois quarts de ce 1er EP, là où la fin du disque (le refrain de «Southern arch», l’intro de «The white semaphore») laisse entrevoir des musiciens davantage dans leur élément. Attention donc à ne pas se méprendre sur le contenu : n’écoutez pas ces 4 titres pour y trouver de la pop très inspirée, mais plutôt pour y dénicher quelques fulgurances new-wave ou trip-hop de bien meilleur goût. Ajouter à cela une production très intéressante, et vous aurez au moins deux bonnes raisons de leur prêter 15 minutes d’attention.

C’est avec un hit destiné aux stades que Parkway Drive ouvre Ire et si ce «Destroyer» risque de faire mouche en festival, pour mes oreilles, ça fait surtout couac. Heureusement, les Australiens remontent assez vite le niveau avec un «Dying to believe» métallique à souhait. Alors qu’on était habitué à un métalcore des familles assez homogène, sur ce cinquième album, les Aussies sont sur courant alternatif (le fameux AC/DC local) enchaînant des morceaux excellents («Crushed», «The sound of violence», «Dedicated») à des titres alourdis par des choeurs indigestes («Vice Grip», «Fractures») et à d’autres plus posés qui peuvent apporter quelque chose («Writings on the wall») ou sonner faux («A deathless song»). Tu l’auras compris, ici, on préfère largement quand ça castagne même si c’est parfois en arrondissant les angles («Vicious») que ça drague la veuve et l’orpheline... et les quelques titres qui s’aventurent dans cette direction nous laissent sur notre faim. Atlas avait amené Parkway Drive sur le toit du monde métalcore, en changeant quelque peu son fusil d’épaule, en tentant de se réinventer, le groupe n’a semble-t-il pas fait les choix les plus judicieux, même si leurs poches devraient se remplir davantage...

Oli

Antonin

Oli

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EN BREF

FURIES

TEN SECONDS ERA

TVIVLER

Furies

Ten seconds era

Negativ psykologi #1

(Autoproduction)

(Autoproduction)

(Autoproduction)

Avec pas mal de retard (problème assez récurrent, je dois dire), on s’est laissé branché par un groupe plutôt récent qui ne perd pas de temps depuis son premier show en septembre 2014. Celui-ci est composé de nanas qui en veulent, d’ailleurs, leur nom est tout trouvé : Furies. Leur fait d’armes : jouer du hard-rock 80’s velu (là, ça marche peut-être pas totalement du coup, quoiqu’on a pas vérifié.). Elles ont sorti en cours d’année un EP éponyme de 4 titres, histoire de montrer qui sont les patronnes du genre en France. En même temps, c’est pas très compliqué tant il est difficile de leur trouver de la concurrence dans un style qui est surtout resté ancré dans les années 80 voire du débuts des 90’s. Furies, c’est donc du revival heavy rock avec attitude et accoutrement compris dans le package, mais c’est surtout un gros prétexte pour s’éclater entre copines. Côté musique, rien de bien surprenant également : tout est codifié, les filles ne s’égarant pas hors des sentiers battus (notons une reprise de Phantom Blue) mais ça joue bien et la prod’ est plutôt correcte, et c’est bien là le principal. Furies est clairement le genre de formation qui serait parfaite à voir en live dans un bar enfumé. Mais aussi un très beau cadeau à offrir à Gui de Champi, maître en la matière.

Quintet formé à Genève en 2013, Ten Seconds Era déboule avec un EP 4 titres déjà bien abouti avec un joli artwork et un son tout aussi soigné (enregistré par Drop (Sybreed, Samael...) et masterisé à New York par Ted Jensen (Pantera, Deftones...)). Emmenée par des guitares tranchantes et un chant clair charmant, la musique des Suisses s’émeut autant des mélodies rock que de la puissance du métal amalgamant les deux styles avec une facilité apparente. Puisant son inspiration chez les groupes ricains qui squattent les college radio (on est plus proche de Taproot que d’A Perfect Circle), le groupe fera soit du rock trop méchant, soit du métal trop gentil tant les barrières sont importantes de ce côté-ci de l’Atlantique. Dommage pour toi si tu penses comme ça car Ten Seconds Era a forcément plus à offrir que la caricature de surface : la richesse des chants de «Belabor», les parties limpides de «Touchdown», les sonorités et harmonies de «Hook it» et le côté hypnotique de «Live it» sont autant d’exemples notables de l’intérêt à porter à ce premier EP très encourageant.

Quatre Danois super énervés qui balancent quatre titres super énervés. On pourrait se contenter de résumer ainsi Negativ psykologi #1, premier méfait de Tvivler. Pour vous situer le champ de bataille vous pouvez vous imaginer pris dans des tirs croisés entre Botch et Converge. Des cordes froides et tendues comme celle d’un string, une vélocitude à en fatiguer Usain Bolt et une voix qui hurle au désespoir à la façon d’un David Yow. L’expérience est courte (un peu plus de 10 minutes) mais intense. Voilà quatre scuds qui passent comme une lettre à la poste sans manquer de laisser des cendres sur leurs passages et des traces dans votre mémoire. En effet Tvivler ne se contente pas de sauter dans tout les sens en bavant sur son micro et fait preuve d’une vraie petite originalité avec des plans qui sortent vraiment du lot par endroit, notamment «Almanak» et son riff qu’on n’aurait pas osé sortir devant Kurt Balou, mais qui là en l’occurrence marche du feu de dieu, de manière totalement inexplicable. Concis, précis, efficace, plus varié que la plupart mais assez cohérent pour être rassasié. Ah et au fait, ils chantent danois, mais comme dans le hardcore on pige rien aux paroles, tu t’en fous.

Oli

Elie

Ted

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EN BREF EGO MISS BLINDED

EDITORS

MANITU

... A view

In dream

Raw

(Jaff)

(PIAS)

(M&O music)

Power rock ou light métal ? A toi de voir mais Ego Miss Blinded n’a pas choisi et joue autant dans le registre du MetallicA des années 2000 («The road to the west») que dans celui d’un groupe de (hard) rock des seventies («Gate of south»). Pourtant Phil (au chant, ex-plein de groupes), Jaff (à la guitare, fondateur du label qui porte son nom et qui livra des albums de Nihil, Lofofora, Enhancer...), Shag (à la basse, ex-Zuul FX) et Keuj (à la batterie, ex-Watcha qui a remplacé Cédrico) ont joué dans plein de projets plus ou moins marqués par d’autres styles que celui qui les réunit aujourd’hui. Un style qu’on peut résumer à un rock dur mais pas dénué de mélodies, elles sont omniprésentes et puissantes, jouant parfois très bien avec la guitare («Summer breath»). Les gars ont pas mal d’expérience et savent doser la part de chaque instrument pour obtenir un équilibre alors le petit solo, le break, le pont, ... tout passe avec facilité et l’ensemble s’écoute assez facilement (si ce n’est les bugs de l’édition du CD promo avec de longues minutes de blanc après certains titres comme ce «Time to sleep» assez chelou que, du coup, je zappe). Au final, ... A view est plutôt sympathique et si le ton n’est pas moderne, il reste «hors du temps» et peut toucher plusieurs générations.

Il faut toujours se méfier d’un dossier presse de trois pages qui vous explique à quel point une sortie est exceptionnelle. Dans le cas du sixième album des anglais d’Editors ça n’a pas raté. Car inutile de tergiverser, il n’y a quasi rien d’original, de touchant, de surprenant ou d’intéressant sur ce In dream, un disque qui ferait presque passer les précédentes productions du groupe pour des chefs-d’oeuvres intemporels. La musique, parfois tolérable, souvent insignifiante, se veut ici un écrin pour la voix. Une voix terne, peu inspirée et sous-mixée (!) : «Ocean of night-club», «Salvation», «The law», «At all cost» restent des titres très durs à ne pas skipper ; quant à l’introduction de «Life is a fear», elle fait juste penser à une (mauvaise) blague. On est vite tenté de diagnostiquer, à tort espérons-le, un groupe en fin de course, ou peutêtre plus simplement des musiciens un poil surestimés. Reste qu’il est de plus en plus difficile, dix ans après leurs débuts, de ne pas voir en Editors un épiphénomène des années 2000, au coeur d’une inexorable chute amorcée il y a déjà plusieurs années.

Si les noms de L7 ou Babes In Toyland évoquent quelque chose pour toi, alors penche-toi sur Manitu. Le quatuor suisse livre en effet un rock alternatif tout doit sorti des années 90’ avec un chant féminin assez rauque et des guitares parfois métalliques en figure de proue. Avec des attaques et des rythmiques un peu punk et un sens de la mélodie assez écorchée, leur album Raw fleure parfois aussi bon le vieux grunge (les débuts de Hole), celui des bars enfumés avec des tables où les marques de verre de bière te collent les manches. Pas question ici de surproduire des idées brutes, on est dans le rock «Do It Yourself», l’album est d’ailleurs enregistré chez eux par leur guitariste, seul le mastering a été confié à un habitué du boulot, en l’occurence Glenn Miller du Greenwood Studio (Kill The Thrill, Lunatic Age, Sexypop, Lofofora...), et le résultat est parfait pour procurer de bonnes vibrations et le genre de sensations qui vont avec. Brut, à vif ou cru, tu peux traduire Raw comme tu veux, tu taperas forcément dans le mille car Manitu, c’est tout ça à la fois, et même plus quand le groupe tire sur la corde sensible d’un folk désabusé.

Oli

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Antonin Oli


EN BREF

IGORRR & RUBY MY DEAR

MISERY

KOGNITIF

Maigre

We will be brave

Soul food

(Ad Noiseam)

(M & O Music)

(Autoproduction)

Les Misery ne sont pas les premiers à s’appeler comme ça mais ça claque, alors ils ont conservé cette idée (jusqu’à une menace de procès ?). Les cinq métalleux basés à Lille ne sont pourtant pas nés de la dernière pluie puisqu’ils ont tous de l’expérience (on connaît au moins Guts Syndicate d’où vient Greg et Purify dont est issu Smus). Et ce vécu dans l’écriture ou l’enregistrement se ressent très vite tant ce premier EP est «propre» et ce n’est pas parce que les frappes sont chirurgicales, les sons cinglants et les mélodies ultra présentes que les Nordistes n’envoient pas un métal puissant mixant plusieurs influences : djent, métal modernisant avec des samples mis en évidence, screamo, métalcore et même post métal truc sur les parties les plus douces qui ne servent pas uniquement de décoration. Ce qui pourrait être une force se transforme en faiblesse car sur un EP assez court, on ne sait pas trop où le groupe veut en venir, le titre «Pale & cold» dominé par le clavier est sympa mais pourquoi le mettre entre «Take» et «Answer», la liaison est peu évidente, le placer en dernier aurait, me semble-t-il, été plus judicieux. Quoi qu’il en soit, We will be brave présente une large revue de potentialités pour Misery qui a donc une bonne base de travail pour la suite.

Je ne compte même plus le nombre de beatmakers en France qui se sont lancés dans ces musiques assistées par ordinateur, dont l’écoute clairement easy-listening s’effectue sur des cadences down et mid-tempo sans fioriture, où le principal enjeu est d’amalgamer de la soul, du jazz, du swing et je ne sais quels autres styles ancestraux, sous couvert d’une étiquette toute trouvée : l’abstract hip-hop. Je suis sûr que ça ne doit pas être évident pour Cyril Capra aka Kognitif de définir lui-même son style. Et ce n’est pas son rôle. Lui est là pour prendre du plaisir et nous en donner à travers des compositions variées en dénichant, tel un cuisinier, les meilleurs ingrédients pour concocter non pas de la soupe, mais un festin sonore agréable à l’oreille pour nos soirées ou moments de détente. Et ma foi, ça fonctionne plutôt pas mal. Les découpages et arrangements de ses titres sont propres comme un sou neuf mais ces derniers manquent cruellement de caractère, comme une sensation de déjà-vu. Une tare qui ne remet pas en cause le talent du Poitevin avec des titres percutants («That’s where it all started», «Yeah yeah yeah») mais l’heure d’écoute paraît finalement bien trop longue et pénible pour apprécier l’œuvre à sa juste valeur.

Lorsque ce projet a été annoncé en 2014, on osait espérer Ruby My Dear capable de calmer un peu les ardeurs d’Igorrr, maître en breakcore mais surtout champion du bordel musical organisé. Après écoute, on s’est vite rendu compte que c’était le contraire, comment pouvait-on en douter tant Igorrr est imperturbable ? La hautecouture du breakcore français se réunit donc en duo à travers Maître, un EP de 5 titres haut en couleur sorti chez le défricheur berlinois de bons sons, Ad Noiseam (Oyaarss, DJ Hidden, Underhill). Composé et enregistré à deux avec l’aide d’un certain nombre d’invités proches du groupe (des membres de Öxxö Xööx, City Weezle, Pryapisme et le guitariste de Bologna Violenta), ce disque est d’une densité époustouflante et forcément pas évidente à digérer. En témoigne, le nombre de genres musicaux et d’instruments qui passent et repassent au creux des sillons : breakcore, accordéon, baroque, violoncelle, drum n’ bass, guitares, death métal, orchestre symphonique, black métal, piano, IDM, chant barrés et autres samples de monologues absurdes. «Maigre, What else ?» Ted

Ted Oli

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EN BREF CLOSET DISCO QUEEN

VIKTOR COUP?K

TRANSPORT LEAGUE

Closet disco queen

Montre moi ta langue

Napalm bats and suicide dogs

(Hummus Records / Division Records...)

(Because Music / Musicast)

(Metalville)

Si tu penses que le math rock est surfait et que la question ne mérite même plus d’être traitée, alors fonce écouter Closet Disco Queen et ravise ton jugement. Sur cette base ultra pointue, le duo suisse (échappé de Coilguns) vient encastrer des influences hallucinées qui empruntent autant au rock psychédélique qu’à une noise cinématographique. Pendant près d’une heure, on voyage donc dans un pays où les baba cools de l’artwork sont prisonniers du labyrinthe mécanique de leur très beau logo. Intégralement instrumental, la musique de ce premier album éponyme démontre que le projet n’est pas qu’un passe-temps pour Jona Nido (guitariste chez Kehlvin ou The Ocean par le passé) et Luc Hess (également batteur chez Kunz ou The Ocean pour ne citer que ceux-là !). Les deux gaillards se connaissent très bien et savent mettre en avant les idées virevoltantes de l’un ou de l’autre avec leurs instruments respectifs, tantôt le rythme se fait plus posé («Black saber»), tantôt les deux s’enflamment et se coursent littéralement («Hey sunshine !») ou échangent des folitudes bien senties («The shag wag»). En tout cas, il est clair qu’ils vont bien ensemble et se subliment l’un l’autre.

Avec un artwork qui ne passe pas inaperçu, on sent bien que Viktor Coup?K a de la rage à revendre sur son 2ème EP. Montre moi ta langue marque un nouveau coup d’essai dans une formule rock-électro rappée qui n’est pas sans rappeler le projet Zone Libre mené par l’ex-guitariste de Noir Désir, Serge Teyssot-Gay, mais également des formations proches de ce collectif comme La Canaille ou La Rumeur. En gros : du bon ! De ce rap à la gouaille teigneuse, l’ex-rappeur de Kalash l’embellit de grooves pachydermiques («Fallait frapper plus fort»), de guitares bien baveuses, acérées et froides («Montre moi ta langue»), de beats et de mélodies hip-hop qui font mouche («Paname») ou qui désarçonnent complètement («Ni queue ni tête»). Le tout avec une liberté de ton infaillible et un esprit conscient («Exploser l’miroir»), à l’image de ce qu’on attend d’une personne en totale phase avec l’alternatif et l’indépendance. Ce Parisien, résident des studios Mains d’Oeuvres à SaintOuen dans lesquels il a écrit, arrangé et enregistré cet EP, a été accompagnés entre autres par Etienne de Cheveu et de la «sensation» rock psychédélique française Forever Pavot. Un homme de bon goût, comme on dit chez nous.

Sa petite sauterie en Enfer terminée (Boogie from Hell), Transport League enchaîne illico presto avec au programme Napalm bats and suicide dogs ! Et quand on jette un oeil à la liste des titres, on sait que ça va swinguer («Hallelujah vampire», «New bomb war», «Kill, kill faster», «Burning Bible», «Dark days, evil ways»...) car les (hard)rockers venus du Nord n’incitent pas à la douce promenade riffique, non, il s’agit d’envoyer du gras et du lourd. Mets ton casque et ne quitte pas l’abri anti attaque aérienne si tu veux éviter de prendre un coup de manche ou de baguette parce que ça remue et si ça reste dans le domaine du stoner puissant, c’est un peu plus inventif que sur l’album précédent tout en conservant une grosse adiposité qui fait qu’on accroche rapidement. Vindicatif et hargneux («Burning Bible», «Slow fall»...), le Transport League de 2016 a décidé de vraiment lâcher les chevaux (et les cheveux ?) pour nous en mettre plein les dents et sortir quelque peu de leur routine et des schémas basiques, choix judicieux car il promet des concerts bien furieux.

Oli

56

Ted

Oli


EN BREF

JEFF THE BROTHERHOOD

THE GUARDOGS

ADIEU PAPILLON

Wasted on the dream

Beware of the dog

Your music is missing me : EP 2

(Dine Alone Records / Infinity Cat Rec.)

(Black Desert Records)

(Autoproduction)

Malgré ses déboires avec la major Warner Music Group lors de la sortie de leur 8ème album, Wasted on the dream, le duo power-pop de Nashville JEFF The Brotherhood semble plus que jamais opérationnel pour envoyer du bois quand il s’agit de jouer un rock énergique et fédérateur. Fondé en 2001 par les frangins Orrall (dont le batteur est l’ancien de Be Your Own Pet, pour ceux qui connaissent), et rejoint sur cet album par Jack Lawrence (The Raconteurs, The Dead Weather) à la basse, JEFF The Brotherhood déploie une armada de 11 titres racés taillés pour les radios. Wasted on the dream, ce sont une plâtrée de riffs abrasifs souvent bourrés de fuzz que ni les gars de Weezer, ni ceux de Black Sabbath ne renieraient ; des refrains entêtant typée 90’s («Black cherry pie» avec un solo de flûte de Ian Anderson de Jethro Tull) ou «In my dreams» avec la chanteuse de Best Coast, Bethany Cosentino ; une production réalisée par Joe Chiccarelli (My Morning Jacket, The Strokes) et répondant à un cahier des charges intitulé «lisse mon pote, lisse, n’hésite pas !» ; mais ce sont surtout des hymnes aux paroles légères pour faire la fête. Rien de plus, rien de moins, et c’est bien comme ça.

Les chiens de garde ne sont pas si dangereux que ça, soyez tranquilles, ça rock et ça headbang comme sur le clébard de la plage arrière d’une voiture des années 80 plus que ça n’aboie en mode berger allemand croisé avec un pitbull. Ce combo Nantais n’en est qu’à ses débuts (ils ont à peine 2 ans) mais fait honneur à ses inspirateurs au rang desquels la filiation la plus évidente est Queens of the Stone Age (et comme le sort s’acharne sur moi, ils sont aussi fan des Eagles of death Metal... salope d’actualité, toujours là, pour remuer le couteau dans ce qui ne devrait pas être une plaie). Chant et riffs traînants, chaleureux, distorsions soignées aux petits oignons, rythmiques impeccables, les chansons de ce double EP sont assez simples et entrent rapidement en tête même si elles sont également assez rapides, on se souvient surtout des ressemblances avec QOTSA et d’une voix pas toujours au diapason du reste car limitée dans ses possibilités (n’est pas Josh Homme qui veut). Voilà donc où les progrès sont attendus, si la tonalité d’ensemble reste la même, ça peut être du bon. Du très bon même si le quintet lâche...les chiens.

Adieu Papillon c’est avant tout 5 gars de Haute-Normandie, issus de formations aux noms familiers comme Radiosofa ou Tokyo/Overtones, et une grande expérience de la scène et du studio. La preuve : projet récent, le groupe enchaîne pourtant les EP à un rythme effréné depuis un an. Le but étant de compiler tout ce travail (4 disques tout de même) dans un coffret intitulé Your music is missing me. Sur ce second EP il faut reconnaître aux musiciens un vrai sens des mélodies, même si certains titres semblent parfois tourner légèrement à vide, à cause de l’utilisation abusive des couches de synthés notamment. La voix à la Phoenix a également le chic pour offrir des gimmicks qui s’impriment instantanément dans notre boîte crânienne. Si les deux premiers titres (« On porno tracks », « We went today ») sont diablement efficaces, le reste se laisse plus simplement écouter. Mais vu le rythme des sorties du groupe (3 EPs en 2015 déjà) on ne peut que rester admirateur d’une telle qualité de composition et de production. Antonin

Oli

Ted

57


EN BREF YOUNG CARDINALS

WOODSON

HARMORAGE

Lights / Burns / Despair

Fieldhouse

Psychico corrosif

(Send the Wood Music)

(BlackOut Prod / Red Plane Records)

(Doowet)

Je vois d’ici les Lyonnais se gausser, «ahah, sont jamais en avance mais là, quand même plus de deux ans de retard...», parce que ce premier EP de Young Cardinals est dispo depuis l’été 2013. Autoproduit, autodistribué, celui-ci n’est pas arrivé jusqu’à nous à cette époque-là. Réédité suite à leur signature chez Send the Wood Music, on peut pleinement en profiter avant de découvrir leur premier album en février prochain. Formé par d’ex-membres de groupes connus de nos services (Jaïl, Bul, Tanguero), le quatuor a enregistré avec Fabrice Boy ce 4 titres qui sonnent pas mal comme leurs cousins de StereoTypical Working Class dont on les sent assez proches (et pas que géographiquement). Dans le chant, le traitement des guitares, les mélodies ou la rage, on retrouve ce qu’on aime dans ces groupes qui aiguisent leurs guitares et soignent leurs voix, tapent fort et cisèlent les harmonies, jouent sur les émotions autant que la tension physique. Les quatre excellents titres font donc saliver d’autant plus qu’on sait qu’on ne devra pas attendre 2 ou 3 ans pour avoir une suite mais juste quelques semaines, rien que pour ça, on ne leur en veut pas de nous avoir oublié sur la promo de leur démo.

Chouette, un nouveau disque de Woodson. Je n’avais pas trop de nouvelles depuis leur split partagé avec les défunts The Early Grave. Du coup, je suis content de te parler en quelques mots de Fieldhouse, nouvel EP du trio de Rouen. 6 titres et 24 minutes de bonheur. Le ton est donné. Ces gars ont été élevés au son de la power pop et du hardcore mélodique US, tout en agrémentant la sauce d’un soupçon d’influences bien de chez nous (tu me connais, quand j’entends un groupe qui me rappelle Second Rate, je ne peux qu’être sous le charme). Fieldhouse ne connaît pas de temps morts, le groupe ne lâchant pas la pression, et même si certains titres (« Waiting for something ? », « Backed « ) se veulent plus « rentre dedans » que d’autres, l’ensemble révèle une constance indéniable : Woodson sait composer et exécuter de bonnes chansons. Des chansons sentant bon le punk rock mélodique, avec des guitares inspirées, des voix travaillées, et même si on pourrait reprocher une prod’ un poil faiblarde, on ne que s’enthousiasmer à l’écoute de ces morceaux bien construits et savamment envoyés. Le punk rock en France a encore de beaux jours devant lui.

Harmorage se veut être un mélange entre «Harmonie» et «Rage», sur Psychico corrosif, on cherche surtout l’harmonie (trop discrète bien que maîtrisée sur des passages délicats) car la rage est présente partout... Si musicalement, elle prend différentes formes avec des riffs qui tiennent autant d’un punk old school que du power métal (prends ton harmonique articifielle dans la face) avec quelques envolées heavy histoire de contraster les sons graves, au niveau du chant, c’est bien plus constant avec une référence éclatante : Lofofora. Vindicatifs, en français, engagés et enragés, les messages d’Harmorage passent en force et gagneraient à être plus mélodiques (il n’y a qu’à écouter comment «Mon anarchie» attire l’attention) et moins calqués sur le type de flow de Reuno pour sortir de l’ornière de la comparaison et de leur relative monotonie. Les Lyonnais ont connu quelques remaniements depuis leur premier album (Berserker en 2007) mais tapent du poing sur la table avec cette nouvelle galette et comptent bien se faire entendre, avec ou sans ton consentement.

Gui de Champi Oli

58

Oli


EN BREF

THE LONG ESCAPE

NUMÉROBÉ

NECROBLASPHEME

The warning signal

Own words

Belleville

(Auroproduction)

(JFX Lab)

(Auroproduction)

Sur la pochette de The triptych, le triangle pointait vers le bas, ici, c’est vers le haut, le ciel, les sommets qu’il vise. Kimo et son projet The Long Escape continuent de gravir les échelons, marche après marche, pour se hisser au-dessus de la mêlée des groupes qui jouent autant avec les mélodies (extraordinairement justes) que le métal le plus sombre (et sans forcer au niveau du chant, ce qui est plus qu’appréciable) et qu’on a du mal à qualifier tant il touche à tout. Ce n’est pas vraiment alternatif, ce n’est pas vraiment prog mais c’est vraiment bien foutu. Et c’est tout ce qui compte parce que des groupes qui s’approchent de la qualité des A Perfect Circle ou Porcupine Tree, c’est plutôt rare, d’autant plus en France... Compos en béton, son irréprochable, qualités techniques indéniables, The Long Escape est à l’aise dans tous les registres et passe de l’un à l’autre avec une facilité déconcertante sans pour autant tomber dans des plans simplistes (les parties un peu mielleuses du passé ont disparu). Bref, quand un pote viendra te dire du bien de TLE, tu ne pourras pas dire qu’on ne t’avait pas prévenu.

Récemment évoqué pour le remix d’un titre du nouvel EP de Margaret Catcher, des gars du Nord comme lui, NUMéROBé a bien avant cela sorti un EP cet été intitulé Own words. Et autant vous dire que le bonhomme de 26 ans sait manier avec classe ses machines pour en sortir de belles effluves sonores typées ambient / electronica que renierait nullement Mount Kimbie, John Talabot, Nosaj Thing ou même Filastine. Ceux pour qui ces noms sont familiers comprendront assez vite la substantifique moelle de ce 4 titres. Ces derniers mettent en effet l’accent sur le voyage sonore, la sensibilité et les émotions que procurent chaque vague rythmique et instrumentale, un mélimélo introspectif à écouter au casque avec un volume imposant, quelques voix qui traversent le bulbe pour vous accompagner dans ce périple à la fois aérien et entraînant, mais surtout hyper hypnotisant. Voilà grosso merdo la formule de NUMéROBé qui sait consciemment que les maîtres de ce genre en vogue rôdent toujours et risquent de lui faire de l’ombre. A lui de se faire sa place dans ce monde merveilleux de la musique indépendante.

Bel artwork, gros son (signé Francis Caste), Necroblaspheme fête ses 15 années d’existence avec un gros album qui devrait les faire connaître bien davantage tant la musique qu’ils proposent est dans l’air du temps, quelque part entre death (leurs origines qui semblent assez lointaines désormais), post-hardcore sludge le plus sombre et hardcore tout court. Essaye d’imaginer Nesseria, Hangman’s Chair et The Arrs bosser ensemble et ne renier aucune de leurs aspirations, ça donne un mélange détonnant où la double pédale peut blaster tout ce qui bouge, des titres pesants et oppressants et une rasade de poésie du XIXème siècle (le texte d’Emile Goudeau). Riche, varié, le métal de Necroblaspheme version 2015 peut plaire à tous ceux qui sont davantage touchés par le dégoût, la rage ou le désespoir que par un style particulier que ce soit en rythmique, en riffing ou en chant car Necroblaspheme touche un peu à tout et comme il le fait bien, ne se prive pas pour varier les plaisirs (n’écoute rien que «Such a lot» pour te faire une «petite idée»... même si sur ce titre, ils ont le renfort de Thomas de Bodie).

Oli

Ted

Oli

59


EN BREF MONO / THE OCEAN

BIRDPEN

MY HOME ON TREES

Transcendental

In the company of imaginary friends (Jar Records)

How I reached home

Birdpen est né de l’association de deux musiciens anglais : Mike Bird et Dave Pen. Si ce dernier nom ne vous évoque rien, sachez que le monsieur officie au sein d’Archive depuis plus de 10 ans maintenant, tout en ayant eu le temps parallèlement de sortir 5 EPs et 3 albums avec cet autre projet. Une décennie pour les deux groupes donc, et une influence qu’on sent grandissante de l’un sur l’autre : les ambiances et les textures sonores y sont tout autant sombres, travaillées, voire désabusées. Néanmoins si Birdpen s’engouffre sans complexe dans le sillage d’Archive (répétitions, lenteur des progressions, effets similaires), il fait parfois l’impasse sur une certaine volonté de surprendre. L’album se divise donc entre titres qui fonctionnent, souvent les plus épurés et émotionnels (« Lost it », « Like a moutain ») et ceux qui n’apportent pas beaucoup d’eau au moulin (« Into the blacklight », « No place like drone »). Certains méritent surtout leur lot de réécoutes : un travail auquel seuls les fans du groupe consentiront. Les autres ne verront surement dans ce nouveau album qu’un rock-electro aérien qui peine à décoller.

My Home On Trees vient tout droit d’Italie et officie dans un stoner très largement métallisé. Pas forcément ma formule préférée mais le petit chant féminin réverbéré à la Acid King sauve un peu les meubles. Pour le reste il y a à boire et à manger avec d’un coté des morceaux plutôt prenants avec deux trois bons riffs pas transcendants non plus, et de l’autre des compos qui tirent malheureusement trop souvent en longueur et qui se ressemblent un peu toutes et que ne sont pourtant qu’au nombre de six.

(Pelagic Records)

Chacun un titre d’une dizaine de minutes. Quand The Ocean et Mono partagent un split, on embarque dans un trip où l’innocente délicatesse est sans cesse menacée par des ombres qui gagnent progressivement du terrain. Pour les deux groupes, le combat entre l’ombre et la lumière est un leitmotiv : des accords plus gras et une rythmique plus sourde pour le collectif qui livre «The quiet observer», des distorsions échevelées et un tempo davantage appuyé pour les Japonais qui offrent «Death in reverse», mais au final, la sensation que le calme revient toujours après la tempête. Les combos qui ont tourné ensemble à l’automne à travers l’Europe (avec également Solstafir qu’on aurait aimé voir sur ce split...) ont beaucoup en commun dans leur approche de la musique, depuis les constructions alambiquées estampillables «post» jusqu’à la capacité à retenir au maximum une débauche d’énergie qui finit, toujours, par éclater pour le plus grand plaisir de nos sens. Un régal pour les oreilles qui ouvrira peut-être les portes du post-HardCore aux fans de post-rock à moins que ce ne soit l’inverse. Maintenant, on a hâte d’écouter d’autres titres alors au boulot les gars !

Antonin

(Heavy Psych Sound)

Dommage car tout n’est pas à jeter à la poubelle loin de là, le chant de Laura Mancini est plutôt plaisant à défaut d’être super original, un morceau comme «Resume» laisse présager d’une petite dose d’originalité qui ne demande qu’à montrer son nez et l’ensemble de l’album est habité par une sorte de psychédélisme noir enfumé plutôt plaisant. Bref, My Home On Trees n’a que trois ans d’existence, il pèche un peu en se dispersant sans réussir à taper au bon endroit au bon moment. Pas de quoi se faire son trou dans un genre déjà overbooké, du moins pour l’instant.

Oli Elie

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EN BREF

DEGRADEAD

OLD MAN LIZARD

NO METAL IN THIS BATTLE

Degradead

Old Man Lizard

Ours

(Metalville)

(Heavy Psych Sound)

(Autoproduction)

Degradead attaque 2016 (l’album sort fin janvier) avec la même volonté qu’il avait terminé 2013 (The monster within), jouant toujours autant sur les tableaux heavy, death et mélodiques. Le mélange détonne et plaira obligatoirement aux amateurs de ce genre particulier car les Suédois ont ciselé chaque morceau pour ne pas laisser une seconde au hasard. Distorsions, parties harmonieuses (parfois encore trop mielleuses pour mes oreilles), enchaînements fracassants, descentes de manche, visite de l’intégralité des fûts, Degradead enquille tout le savoir-faire du combo avec une évidente facilité. Si techniquement, il n’y a pas grand chose à redire, j’ai un peu de mal à me laisser embarquer par l’ensemble qui manque de ... je ne sais pas, un truc qui serait le charisme pour un acteur (genre Adam Driver dans Le réveil de la force), ce truc en plus qui fait qu’on devient accro et qu’on peut réécouter sans jamais se lasser de l’album. Celui-là est bon mais passe sans laisser de traces...

La bonne surprise stoner de ce mois-ci vient d’Angleterre et s’appelle Old Man Lizard, groupe protéiforme qui sort chez Heavy Psych Sound un album ravissant. Oui, les Britanniques ont l’air d’avoir passé beaucoup de temps à écouter Baroness mais leurs influences sont multiples et leur musique à le mérite de se détacher un peu du lot grâce à des mélanges stylistiques exotiques et un son proche du post-hardcore avec une caisse claire bien froide et une guitare super tranchante. Un guitariste plutôt bien inspiré d’ailleurs.

No Metal In This Battle est un quatuor venant tout droit du Luxembourg, petit pays d’Europe dont la scène musicale la plus connue est surement celle du métal et du hardcore (on pense à dEFdUMP ou Retrace My Fragments). Cependant, depuis ces dernières années, un mouvement math-post rock instrumental et un chouia expé’ semble s’être dégagé de là-bas avec des groupes de qualité répondant au nom de Mount Stealth, Mutiny On The Bounty... et No Metal In This Battle. Ce dernier démontre avec son deuxième EP Ours son infreinable envie d’explorer les possibilités de la création sonore et de faire évoluer des compositions portées par un post-rock mâtiné de mathrock groovy, sans être pour autant un digne représentant d’un funk fiévreux. Ici, le sujet recherche les moments extatiques et dansants («Walkabout», «Beat massaï»), mais également une sorte de transe cyclique où les harmonies de guitares et claviers servent de guide dans un voyage à l’amplitude sensorielle pleine («Ours», «Chatcopter»). Malgré son côté aventureux, Ours reste une œuvre appliquée sans grand écart de conduite, ne dérogeant pas à la ligne de conduite stylistique que se sont imposés ces brillants musiciens que sont Marius, Gianni, Pierre et Nunz : un équilibre parfait entre math et post. Ted

Oli

Cet album éponyme composé de sept pistes du genre étirées macère dans un vieux mélange de blues et de rock 70’s inspiré par Marie-Jeanne, le tout porté par un feeling franchement sombre et doomesque voire obsessionnel mais qui se permet de temps à autre de balancer un petit peu de rythmique hardcore dans son Black Sabbath. Si l’ombre du groupe de John Dyer Baizley plane clairement au dessus de la formation de Colchester - notamment lorsqu’elle se lance dans des passages plus lyriques - nul doute qu’Old Man Lizard est en passe de trouver son petit créneau à lui. A surveiller de près. Elie

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TEXTE LIVE

ARCHIVE AU CARGÖ C’est un Cargö archi-complet qui accueille en ce jeudi un groupe très attendu. Dire qu’il se fait rare en Basse-Normandie est un doux euphémisme : le dernier concert programmé dans la région date de 2012 et avait été annulé la veille pour raisons médicales. Autant dire que le public est sur le pied de guerre ce soir, d’autant que le spectacle, déplacé du Zénith au Cargö, semblait bien parti pour passer une nouvelle fois à la trappe. D’ailleurs moins d’une demie-heure après l’ouverture des portes la grande salle de la SMAC est déjà quasi pleine ; un vrai signe. Et c’est un public bigarré (mi-cinquantenaire, mi-trentenaire) qui voit arriver BRNS sur scène.

Première partie d’Archive sur les 13 dates de leur tournée française, les Bruxellois ouvrent la soirée avec une conviction à toute épreuve ; une motivation palpable que le public semble clairement apprécier. Portées à bout de bras par un batteur-chanteur au jeu puissant et inspiré, les compositions s’enchaînent sans temps mort. Déjà vu dans ce même lieu lors de l’édition 2013 de Nordik Impakt (en première partie de Mac Demarco), le concert nous laisse cependant un peu la même impression : une euphorie rapide dès les premiers morceaux, suivie d’une (très relative) lassitude, sans doute due à un certain systématisme. La plupart des morceaux se constituant en effet de quelques phrases répétées en boucle et d’une montée en tension. Il manque parfois le petit plus qui rendrait le groupe définitivement marquant. Néanmoins on sent les musiciens expérimentés et sûrs d’eux (ils entament leur cinquième année ensemble). Ils sont chaudement applaudis au terme d’un set court et sans retenue. BRNS quitte nerveusement le plateau pendant que les techniciens (en très grand nombre) s’affairent sur

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scène. Archive nous a prévenu : il s’agit du spectacle le plus impressionnant de leur carrière. Scéniquement cela se traduit par 3 grands écrans en fond de scène, 8 musiciens (avec parfois 3 guitaristes simultanément) et beaucoup, beaucoup de projecteurs. C’est sur « Feel it » que démarre le concert ; premier titre du dernier album en date, Restriction, le morceau est plutôt déconcertant et dénote avec ce qu’on connaît d’Archive. Plus déstabilisant encore, le groupe semble prendre un malin plaisir à ne jamais vouloir le finir, s’arrêtant... puis repartant trois fois d’affilée ! Un faux départ vite oublié dès les premières notes de « Fuck U » ; à partir de cet instant la précision chirurgicale du groupe n’aura de cesse d’impressionner les spectateurs présents. « Finding it so hard » et « Dangervisit » voient les premiers sub gronder ; le groupe possède une sacré réserve. Second extrait de Restriction, « Crushed » passe mieux l’épreuve du live avec son ambiance tribale, assez proche du dernier album de Radiohead. Entre chaque morceau la communication est quasi


TEXTE LIVE

inexistante, sans que cela ne choque vraiment. On sent les musiciens plus au service des morceaux que l’inverse. De fait, l’absence de leader au sens strict sur scène (les deux membres fondateurs du groupe sont placés aux deux extrémités du plateau), rend l’attitude du groupe plutôt cohérente. Même si les deux chanteurs tentent timidement de faire lever les bras des spectateurs, on sent qu’on est pas vraiment là pour assister à un concert de rock classique (tant mieux).

Le groupe revient pour deux rappels après 5 bonnes minutes d’applaudissements caennais (comprendre : nourris mais pas trop) : tout d’abord en formule guitarevoix pour « Nothing else » (seul extrait de Londonium ce soir), puis en groupe pour un « Lights » un peu mou et amputé de 3 bonnes minutes. 18 titres (dont 6 du nouvel album) et quasi 2 heures de concert d’un très haut niveau plus tard la salle se rallume. Ce soir Archive n’aura pas déçu, mais pas complètement surpris non plus.

Les trois-quarts d’heure de spectacle voient l’arrivée de la troisième voix de la soirée, Holly Martin. Bien que membre du groupe depuis 2011, la jeune femme semble moins à l’aise que ses homologues masculins. Elle entame néanmoins impeccablement la partie plus planante du set : « Violently », « Black and blue », « End of our days », et le récent single « Kid corner ». L’ambiance cotonneuse explose cependant bien vite dès l’introduction de « You make me feel » (sans doute le point d’orgue du concert). À gauche de la scène Darius Keeler, en chef d’orchestre un peu fou, exulte. Soit l’exact contraire de l’attitude de Danny Griffiths, qui face à lui, demeurera invariablement assis et concentré durant tout le set.

Set list : Feel it, Fuck U, Dangervisit, Finding it so hard, Crushed, Conflict, Violently, Black and blue, End of our days, Kid corner, You make me feel, Bullets, Distorted angels, Baptism, Ladders, Numb /// Nothing else, Lights Merci à Pauline Leclercq (Photos) et à Barthélemy ([PIAS]
). Antonin

En terme d’éclairage on en prend effectivement plein la vue ; le show lumière, archi-millimétré, est presque un spectacle à lui tout seul. Mention spéciale pour le dernier titre « Numb » et ses boules à facette donnant un aspect de discothèque surréaliste à la vaste salle de 1200 places.

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TEXTE LIVE

SALE ET SAUVAGE #4 A Saint-Ouen, il n’y a pas 36 000 lieux pour faire la bringue. Si ce n’est pas pour aller poser son coude sur le zinc du Picolo tout en contemplant une ribambelle de groupes aux styles plus ou moins chelous, ou pour aller poser son cul dans l’antre malfamée du camarade Simon pour manger (au hasard) une carbonade flamande, et bien on va dans ce lieu très sympa qu’est Mains d’œuvres. Il s’avère que tous les ans, dans cet espace de 4000 m2 où se trouvait l’ancien centre social et sportif des usines Valeo, se tient la soirée rock-garage-post-punk-machin Sale Et Sauvage. Cette année, la quatrième édition annonçait une programmation musicale plus qu’intéressante puisque le lieu affichait complet le jour J. Ambiance Halloween en sus.

C’est donc avec dix concerts sur deux scènes allant de la cold-wave au garage punk en passant par la shoegaze fuzzy, que Sale et Sauvage nous faisait l’honneur d’accueillir Frustration, Le Prince Harry, Avenue Z, Delacave, Albinos Congo, Quetzal Snakes, Empereur, Burnt Ones, Creeping Pink, Bisous de Saddam. Autant vous le dire tout de suite et en toute honnêteté : votre serviteur n’est pas arrivé en avance (loin de là) et n’a donc pas pu profiter pleinement de tous les concerts (bouh !). En même temps, qui l’a fait, au vu du nombre d’activités présentées en marge des manifestations musicales et des zombies errant dans la fosse ? Parce qu’en plus de croiser les copains, donc tailler la bavette, donc boire des coups, on : - rencontre aussi plein de gens qui animent des ateliers sympas proposant des jeux bien rock n’ roll (coucou Fouad et Mary) ; - passe au village label acheter des disques (où, parmi d’autres, Born Bad Record, Ballades Sonores, Teenage Menopause Records étaient présents) ou.discuter ;

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- assiste à des projections bien gore de films de série Z - franchi un stand de tattoo tenu par Stigmate Noir (http://www.stigmatenoir.com) - visite une exposition des chouettes travaux des types du magazine alternatif Barré (http://www.barremag. info) - se prend des playlists (pas toujours de bon goût) de DJ Set - etc... Bref, c’est la distraction totale (ce qui était le but de la soirée quand même) dans cette immense espace ou se déplacer devient vite un sport vu le nombre de personnes et la grandeur des lieux. OK, et les groupes dans tout ça ? Et bien, hormis le fait que le niveau sonore laissait par moment à désirer, surtout quand les basses sont censées de retourner le cerveau, Le Prince Harry a bien gagné son titre dans la catégorie électro-synth-punk. Ca pulse et la rage sonore des belges a fait un effet bœuf sur un public déjà bien indiscipliné à l’heure où le duo s’exprime. On a vu une partie de Frustration, la formation


TEXTE LIVE

francilienne dont le style oscille entre cold wave et postpunk, joue de la noirceur et des rythmes entrainant de ses morceaux pour instiller un déchainement psychotique à son audience. Enfin, on a terminé la soirée musicale avec les bordelais d’Avenue Z (avec deux membres de Magnetix et un de Catholic Spray, dans une ambiance bien Sale Et Sauvage, du «space garage» en roue libre qui magnétise assez facilement mais dont la recette à tendance à s’essouffler sur la longueur. Le chanteur (faussement ?) énervé à la fin du show en quittant la scène avant ses camarades de jeu, a surement dû le ressentir. On quitte Mains d’œuvres, non sans s’être pris la tête avec des videurs visiblement très pressés qu’on déguerpisse les lieux. Cette soirée porte définitivement bien son nom, vivement l’année prochaine ! Merci à Blandine de Mains d’Oeuvres et un grand coucou à toute la clique, trop nombreux à citer, ils se reconnaitront. Ted

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INTERVIEW TEXTE

MASS : CANAL HYSTERIQUE Alors que Matière noire tourne beaucoup sur ma platine, aucune date de Mass Hysteria n’est prévue dans le NordPas-de-Calais avant début mars 2016, c’est donc très loin... Il leur reste 3 dates en cette fin d’année dont une à Nancy, à 15 minutes de chez Gui de Champi, «on y va ?». C’est parti pour un peu de furia à L’autre Canal.

Ce vendredi matin, il faut d’abord aller bosser, ensuite faire pas mal de route et entre les travaux quasi tout le long de la traversée de la Belgique et les bouchons au Luxembourg, le timing n’est pas tout à fait respecté.. Tant pis pour le show de First Rage, on attaque direct avec X Syndicate dont le dernier album en date, Dead or alive ne m’a pas laissé indifférent. Là, est-ce ma fatigue de la route ou celle du groupe ? En tout cas, ça percute moins, les vieux morceaux comme les nouveaux manquent d’un truc pour qu’on rentre dans le show (Gui étant même plus tranché dans son avis que moi). C’est l’avant-dernier concert de Lady Bittersweet qui comme ses copines du devant de la scène se donnent à fond pour chauffer le public. 23h, piles à l’heure, les Mass Hysteria arrivent sur scène sous les acclamations, ce soir, on est un peu plus gâté que sur le reste de la tournée car c’est ici que le groupe a fait sa «résidence», il connaît donc la scène par coeur et va jouer dans des conditions optimales ce nouveau set aux jeux de lumières exceptionnels. De la couleur, du strob’, des effets, des enchaînements, les lights occupent une telle place que Fred, Vince et Yann en font «un peu moins» (Yann confiera aussi que les nouveaux titres demandent plus d’attention pour éviter les pains),

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le spectacle est donc complet car musicalement, ça envoie ! «Tout doit disparaître» / «World on Fire» pour commencer, un peu de L’armée des ombres et un peu de Failles qui, au final, sont à égalité avec Contraddiction pour le nombre de titres dans la set list (à savoir 3 chacun) car même sans rien jouer de deux de ses albums, ils sont six à vouloir placer leurs tubes et tous ne peuvent trouver leur place (bye bye donc «Aimable à souhait», «Knowledge is power», «Mass protect» ou «Serum barbare») car il faut en faire à Matière noire que j’aurais aimé entendre en intégralité... Mais non, dommage car tous les titres ont un gros potentiel en live... Pourquoi pas (re)mettre de côté «Donnez-vous la peine» qui apparaît comme un temps faible (et j’ai du mal à croire que c’est moi qui écrit ça, moi qui ai découvert Mass grâce à ce morceau), «Pulsion» ou «L’enfer des dieux» pour les remplacer par «Mère d’Iroise» ou «L’espérance et le refus» ? Et si sur disque, quand on se demande quel titre sort du lot, ce n’est pas évident de répondre, après le concert, c’est facile, la doublette «Vae soli» / «Tout est poison» est largement au-dessus des autres, le final instrumental du second cloturant avec grande classe la première partie du show alors que le premier déchaîne une bonne dose de furie... Dans les grands moments du set, il faut aussi retenir l’éternel «P4» avec ce qui est


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devenu une tradition : venir jouer le titre au milieu du pit ! Fred, Yann et Mouss se régalent, nous aussi. Pour le rappel, on est en terrain connu (reprise de MetallicA, filles qui dansent sur scène pour «Respect to the dance floor», dernières gouttes de sueur partagées avec les autres groupes de la soirée pour «Furia» et entre les deux les wall of death attendus de «Plus que du métal». Gros son, grosse ambiance, Mass Hysteria ne change pas tant que ça (Fred est «juste» arrivé mais c’est comme s’il avait toujours été là), le temps passe et n’a pas de prise sur l’énergie déployée par le groupe. Il n’a pas non plus de prise sur des amitiés liées à la fin des années 90’ avec les Masnada (eux se souviennent bien du Terminal Export) qu’on a eu grand plaisir à recroiser ce vendredi soir... Bises à GRem & You (Masnada), bises à Gigi & Patty, bises à Shy et L’Autre Canal, bises aux The Early Grave, merci Roger, merci Mass Hysteria et surtout merci Gui de Champi & Tiffany. Set list : Tout doit disparaître, World on fire, Chiens de la casse, Notre complot, Une somme de détails, Babylone, L’Enfer des dieux, Vector equilibrium, P4, Positif à bloc, Pulsion, Failles, L’Archipel des pensées, Vae soli, Tout est poison /// Contraddiction, Donnez-vous la peine, Respect to the dance floor, Plus que du métal, Furia Photos : Oli (L’autre Canal, Nancy, 18/12/2015) Oli

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INTERVI OU : MATT (MANU) Matt Murdock ou Patrick Giordano ? Qui se cache derrière ces noms qui me poursuivent depuis plus de 20 ans ? J’étais trop jeune pour suivre ses aventures avec Les Bandits dans les années 80, mais j’ai pris le train des «jeux vidéos» dès l’Amstrad (un CPC 6128) et j’étais de ceux qui tapaient des lignes de code pour jouer à Bomb... Matt a fait carrière avec l’informatique et les jeux vidéos, s’est aventuré sur le terrain de la BD, avant de revenir à la musique avec Manu, allons-y pour une série de questions sans joker !

Matt Murdock ou Patrick Giordano ? Matt Murdock, c’est plus mes potes du jeu vidéo qui m’appellent comme ça, car j’avais pris ce pseudo quand j’avais commencé dans le jeu vidéo dans Amstrad 100% à la fin des années 80. Et ça m’est resté. Dans la musique, c’est plus Patrick. Nice ou Paris ? Les deux ! Paris, c’est mes activités dans le jeu vidéo, la musique ou la BD et c’est donc où je vis. Mais tous les niçois comprendront que je reste niçois avant tout ! Socca forever ! En groupe ou en solo ? Pour jouer, c’est en groupe. Je serais incapable de jouer dans un cadre «chanson» ou «variété». Mais au final, je dirai en solo car ma musique «perso» est trop barrée pour être jouée avec un seul groupe. Et que je ne la joue que tout seul chez moi. Produire ou composer ? Composer, car je compose depuis que je suis minot. Et je n’ai jamais arrêté. C’est mon ADN et c’est ce que j’aime

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le plus faire. Même si j’aime bien produire aussi. Pas le temps pour le moment, mais peut-être un jour ? Enregistrer ou jouer live ? Les deux sont indissociables. Mais je dirai jouer live car j’aime l’improvisation, les choses bizarres, ne jamais faire ce que les gens attendent, et même dans un cadre, en live, on peut toujours s’approcher de ça. Mais j’aime autant le studio. Le problème, c’est que ne maîtrisant pas le côté technique, j’ai toujours du me plier à des règles que je trouvais absurdes. Je n’aime pas les règles. Bars en Trans ou Bras de Trans ? Bars en Trans avec Manu en live ! Même si j’ai des potes trans (avec des bras !) Guitare ou manette ? Guitar Hero ? Album de musique ou Album de BD ? Album de musique-BD. Avec mon premier groupe à Nice, les Mokos, on avait fait un 45-tours BD avec le dessinateur Ben Hito. J’aimerais bien retenter l’expérience...


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Edgar P. Jacobs ou Enki Bilal ? Les deux sont intéressants, même si ils ne sont pas dans mes auteurs préférés, comme par exemple Naoki Urasawa ou l’italien Magnus. Louis Bertignac ou Serge Teyssot-Gay ? Pareil, ce sont des artistes intéressants, mais, par rapport à des artistes français qui utilisent des guitares, j’écoute plus des trucs comme JC Satan ou Moodoïd. Son clair ou disto ? Disto, car mon son clair est déjà disto... Solo ou bon riff ? Je suis pas vraiment soliste. J’ai pas appris la guitare en essayant de rejouer des parties de guitaristes, mais en jouant mes chansons. Donc, je ne suis ni vraiment soliste, ni vraiment rythmique. The Undertones ou The Ramones ? The Undertones «Des larmes» ou «La vérité» ? Dur de choisir ! «Des larmes», allez... Charles Aznavour ou Tryo ? Ni l’un ni l’autre. Manu le Malin ou Manu Chao ? Manu le Malin Manu ou Ween ? La pire question possible ! Mais je dirai Ween car ils viennent de se reformer et que j’aime TOUT ce qu’ils ont fait. Et même si j’aime TOUT ce que fais Manu, comme je joue avec elle, on dirait que je ne peux pas être objectif... Rendez-vous ou La dernière étoile ? La Vérité ! Twitter ou Facebook ? Plutôt Facebook, car c’est plus pratique. Merci Patrick ! Merci Manu, merci MathPromo. Photos : DR Oli

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CONCOURS UNDERGANG

Le Toulousain Undergang a sorti le 16 décembre un album live, sobrement intitulé Live. Enregistré au Métronum dans sa ville, l’objet a été tiré à 500 exemplaires tous numérotés et signés de la main de son géniteur. Un collector que vous pouvez gagner grâce au W-Fenec qui vous en met trois à disposition, mais dans sa version «promo» ! Pour commander l’»authentique», il vous suffit de vous connecter sur le site de l’artiste (undergang.com) et de débourser 12 euros. En attendant tentez votre chance pendant tous le mois de janvier avec une question très simple. Bonne chance ! LE CONCOURS > http://www.w-fenec.org/concours/index,253.html

YOUNG CARDINALS

Les Young Cardinals seront une des sensations rock burné de 2016, leur album n’est pas encore paru (ce sera le cas en février) mais fais-nous confiance, il est excellent ! Les Lyonnais (qu’on a connu dans leurs formations précédentes comme Jaïl, Bul ou Tanguero) suivent les traces des Stereotypical Working Class et ont pas mal travaillé pour arriver à, justement, une telle ... classe ! Si tu ne nous fais pas confiance (euh..., passons...), écoute leur EP Lights | Burns | Despair et surveille leur bandcamp pour ne pas rater la sortie de Sunset chaser parce qu’il n’y a que 3 exemplaires de l’album à gagner alors il n’y en aura pas pour tout le monde... Bonne chance !

LE CONCOURS >

http://www.w-fenec.org/concours/index,254.html

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NEXT MAOTFA MARS RED SKY SUNN O))) MANSFIELD.TYA LOFOFORA UNDERGANG MONO THE OCEAN 91 ALL STARS DARWIN DEEZ FAYRO GRAND DÉTOUR HAPPENING DARIA KULA SHAKER TAGADA JONES KHYNN ...

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IL Y A 25 ANS Du ciment sous les plaines (Barclay)

Noir Désir a en 1991, deux albums à son actif. Le bagage musical est composé de titres connus : Pyromane, Le Fleuve, La Chaleur, Les Ecorchés. « Aux Sombres Héros de L’Amer », diffusé plus que largement sur les ondes radios, offre au groupe la reconnaissance populaire. Les Bordelais semblent bien souvent résumés à ce titre qui passe pour une chanson de « rock pour marins ». Le groupe reste avec un goût amer en pensant que les textes ne sont pas compris par l’audience. Pour couronner le tout, ils semblent mal assumer cette mise sous les projecteurs. Les Bordelais voulaient donner à entendre un rock poétique et underground, une toute autre idée !

Du ciment sous les plaine st un album culte pour bon nombre d’amateurs de rock... C’est le cas de Julien qui suit les aventures du W-Fenec, participe dans l’ombre en proposant quelques news et qui, un jour, saute le pas. Il décide d’écrire et de soumettre sa plume à notre lecture. Heureux de recevoir une proposition de chronique et surtout un article aussi bien écrit, on lui a donné du boulot et directement l’opportunité de poser des questions à Serge Teyssot-Gay, bienvenue au W-Fenec, le webzine au bizutage grand luxe ! Il a choisi d’autres CDs à chroniquer et ainsi fait ses premiers pas dans ce numéro. Comme on en est presque à fêter les 25 ans de cet album, on a placé ici cet article qui devrait te donner envie de te replonger dans les débuts de Noir Désir tout autant que dans le présent de Zone Libre.

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Avec « Du ciment sous les plaines », Nwa:r Dez:r (si l’on utilise l’écriture phonétique de la pochette) veut donc en découdre avec son public et réaffirmer son identité. Côté textes, un haut niveau littéraire est maintenu mais au service de la crise, de la tristesse, de l’angoisse et puis du stress. Le son lui est aussi habité que survolté. Voilà, l’image que veut donner le groupe. La volonté de sortir des routes commerciales est également bien marquée. Pas de publicité et un single expédié en 3min26 pour toute promotion. « En route pour la joie » fait toute de même l’objet d’un clip qui montre tout de l’état fiévreux dans laquelle formation se trouve à la sortie de l’opus.

Henri Jean Debon - réalisateur du clip - met bout à bout un « Hoo Doo » aussi électrique que chamanique et « En route pour la joie ». Les images de concerts sont captées de façon à mettre en évidence un groupe survolté. Les jeux de lumières et les images en noir et blanc alourdissent encore l’atmosphère. Mais l’idée la plus marquante de ce clip est sans doute d’apporter un décalage entre la vitesse de la musique et celle des images. Quand le son s’emballe, les images sont au ralentit. Plus rythme de la musique diminue, plus les images s’agitent frénétiquement. Ce paradoxe de vitesse images/son renforce encore la tension apportée par un guitariste et un chanteur pris dans la tempête. A la fin, Le violon pré-


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sent à titre exceptionnel, souligne encore un peu plus l’état d’urgence. Mais n’enfermons par Noir Désir dans ce titre alors que le groupe offre un album sans concession. « The Holy Economic War » illustre les premières positions politiques de la formation qui dénonce ici la société de consommation. Repris de nombreuses fois sur les Live des années 90, le titre ne ménage pas la voix du chanteur. « Charlie » délivre son rock endiablé agrémenté des interventions de Bertrand Cantat à l’harmonica. Quant à « La chanson de la main », elle surprend le fan : le son est dissonant et les paroles semblent écrites dans un état proche de l’ivresse. Le côté poétique semble particulièrement travaillé sur « Si rien ne bouge » et c’est peut-être ce qui permet à ce morceau d’être joué jusqu’au crépuscule de la formation. « Du ciment sous les plaines » ouvre également une fenêtre sur les influences du groupe.

Reprise du groupe australien The Saints, « The Chameleon » montre que le mouvement punk est une source d’inspiration pour les rockeurs français. Engagé dans une tournée au rythme infernal, le chanteur est victime d’une syncope sur scène. La promotion de l’album est arrêtée. Rupture brutale du 3ème chapitre.

Quoi qu’il en soit, cet album semble avoir atteint son objectif puisque Noir Désir a manœuvré avec brio pour retrouver son identité : la confusion, l’ivresse et la passion.

Julien

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DANS L’OMBRE : JULIEN OLIBA Du côté de Toulouse, se trouve une agence promo d’artistes français issus de plusieurs courants musicaux (electro, pop, rock, hip-hop) gérée par deux personnes passionnées et franchement sympathiques, dont Julien qui a bien voulu passer l’épreuve des présentations pour notre célèbre rubrique «Dans l’ombre».

Quelle est ta formation ? A la base, j’ai une formation dans le domaine de la comptabilité avec un DUT Gestion puis un DECF mais mes premières expériences en cabinet m’ont vite refroidi et je me suis rapidement tourné vers la formation. Quel est ton métier ? Aujourd’hui, je suis «attaché de presse» au sein de l’agence Mathpromo (Rufus Bellefleur, Manu, Undergang, Sidilarsen...), une structure indépendant que mon associé Mathieu Artaud a créé en 2006. Quelles sont tes activités dans le monde de la musique ? Mon défi quotidien, c’est d’éveiller la curiosité des médias, les intéresser et faire en sorte qu’ils parlent des projets que nous défendons. et en ce moment avec le choix toujours plus important de sorties et de concerts (on va pas s’en plaindre.) ce n’est pas chose aisée. Ca rapporte ? Disons que si je me basais au taux horaire, il y a bien longtemps que je serais reparti sur un CDI avec le confort des 35h, mais j’arrive tout de même à vivre de cette passion. J’ai un travail dans lequel je m’éclate, je

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fais de belles rencontres, je vois des concerts gratuits... la vie est belle ! Comment es-tu entré dans le monde du rock ? Je ne peux pas dire que c’est grâce à mes parents car on écoutait très peu de musique à la maison, j’ai découvert le rock dans les 90’s avec la scène alternative française (La Mano Negra , Ludwig Von 88, Noir Désir, Mass Hysteria, No One Is Innocent...). J’ai ensuite participé à un webzine qui m’a permis de m’ouvrir à beaucoup de choses, faire de belles découvertes, rencontrer des artistes. En 2010, alors que je faisais des formations dans le milieu médico-social, Mathieu, que je connais depuis le lycée, m’a proposé de le rejoindre au sein de Mathpromo. Une anecdote sympa à nous raconter ? Celle qui me vient en tête est forcément lié à Stupeflip. On a découvert un King Ju tellement décalé mais tellement attachant. pour les journées promo dans une menuiserie. Le quotidien 20 minutes est venu faire des photos mais le reste du groupe n’était pas là du coup nous avons enfilé les masques et posé devant l’objectif. Ton coup de coeur musical du moment ? En ce moment, je n’ai pas trop le temps d’écouter de


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nouvelles choses. et oui c’est un comble, c’est aussi pour ça que j’aime cette période ou tout le monde fait son «top», ça me permet de voir ce que j’ai raté. J’ai tout de même des artistes qui ne s’éloignent pas de ma platine en ce moment : Jessica93, Cannibales et Vahinés ou Oiseaux-Tempête. Et sur scène, j’ai été scotché par la prestation de Marc Nammour avec La Canaille, du hip hop comme je l’aime, beaucoup d’énergie, un flow poétique et rageur ou par le live de Puts Marie. Es-tu accro au web ? Non, de moins en moins, c’est devenu un outil de travail indispensable mais quand je peux m’en éloigner, je le fais avec plaisir. A part le rock, tu as d’autres passions ? Mon petit garçon, le foot et le foot avec mon petit garçon (rires) Tu t’imagines dans 15 ans ? Oui, forcément aux cotés de Kendji et de la nouvelle révélation starpop au jury de «La prochaine rock star c’est toi !» . Plus sérieusement, c’est très difficile de se projeter dans le métier, tous les 6 mois, on est obligé de se remettre en question, de chercher de nouveaux projets à défendre. Le monde des médias bougent sans cesse, celui de la musique aussi et c’est ça qui me plait, le métier d’attaché de presse n’est déjà pas le même qu’il y a 15 ans. Alors, oui, on réfléchit à de nouvelles choses à proposer, à se diversifier, à ne pas s’user trop vite pour que le taf reste avant tout une passion. J’espère que dans 15 ans, je défendrais toujours des groupes qui me plaisent et que ce sont les médias qui viendront à moi et pas l’inverse (rires). Avec nos concerts anniversaires, on découvre aussi d’autres métiers du secteur et c’est quelque chose d’assez jouissif de permettre aux artistes que l’on aime de se produire dans notre belle ville de Toulouse, voir le public, les sourires, alors pourquoi pas organiser ce genre d’évènement plus régulièrement. Merci à Julien et Math Promo Team W-Fenec

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