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TEXTE EDITO

C’est un peu récurrent de parler des noms choisis par les groupes mais comme c’est un sujet intarissable, c’est assez pratique quand tu dois torcher un édito rapido... D’autant plus que ce quinzième mag s’y prête plutôt bien... Et oui, qui ne sait pas que Lofofora vient du nom d’une plante psychotrope ? Tous les écrivaillons l’ont rabâché pour te les présenter quand ils ont commencé à faire parler d’eux. Aujourd’hui la plante (et ses vertus) est connue grâce à eux, le nom est certes partagé mais la bande de Reuno a pris l’avantage, un peu comme la bande à Bono a pris l’avantage sur l’avion espion... Mais ce n’est pas toujours le cas avec des noms communs, et si certains combos français ont osé s’appeler Cheveu ou Poil, ça marche aussi à l’étranger, fais une recherche d’images sur Helmet, tu ne trouveras que des casques, pas la moindre photo de Betty (recherche sur laquelle tu feras «Boop» plus que «Milquetoast»), ceci dit, ça reste une recherche moins crade que Garbage... Et quand un groupe frenchie prend un nom anglais alors ? Restons sur Google et tapons «Jackhammer», et hop un festival de perforateur qu’ils soient outils ou flingues. Pas grand chose sur le perso de comic et encore moins sur les Rennais qui vont perforer quelques tympans avec leur nouvel EP. Et si tu crois qu’ajouter «band» dans la recherche va aider, c’est pas toujours gagné, tu peux alors dénicher un héros du rock sud-africain (Jack Hammer). A ce propos, certains groupes ont eu la mauvaise idée d’avoir un nom qui claque et qui excite, mauvaise idée car bon courage pour expliquer à tes collègue de bureau que tu cherchais à avoir une idée du dernier visuel de Orgy avant de tomber sur un tas de photos olé olé... Et là, ajouter «band» peut prêter à confusion... Revenons à JackHammer, un des méchants de Daredevil, ce n’est pas le premier à laisser son nom à un groupe, ce n’est pas le Chapelier Fou qui dira le contraire, les photos de Louis Warynski dans les résultats apparaissent comme des intrus pour les fans d’Alice au pays des Merveilles... Quitte à prendre un nom, autant en prendre un pas trop courant, non ? Doyle par exemple c’était une bonne pioche, jusqu’à ce qu’un sombre idiot décide que ça lui appartenait... Il faut aussi espérer qu’il ne devienne pas un prénom à la mode ou la dénomination d’une bagnole, ça les Zoe ne pouvaient pas prévoir... En ne cherchant que les trois lettres, on récupère des intérieurs cuir et des jantes dans tous les sens... Et tout de même quelques chevelus, pas de bol, c’est le groupe mexicain du même nom, pas celui qui a retourné le Gibolin à Saint-Omer le dernier samedi de septembre... La parade, c’est d’ajouter un truc comme Marcel mais si t’as pas tout un orchestre avec toi, tu prends ce que tu peux, n’est-ce pas Jose and the Wastemen ? Le Jose qui nous a fait un énorme cadeau pour ce numéro et qu’on ne remerciera jamais assez pour le temps (pas perdu) qu’il nous a consacré... Un nom avec plusieurs mots, voilà donc la bonne solution ? Pour Under the Sun, ce n’est pas sûr, pas mal de groupes ont eu la même idée et du coup pour trouver un nom de domaine ou de page sur les réseaux sociaux, c’est compliqué, «underthesunrock», «underthesunband» et même «bandunderthesun» sont déjà pris... Les Sudistes qui livrent un superbe album ont du se replier sur «utsunderthesun», pas évident de les retrouver quand on ne les connaît pas bien... D’autres expressions marchent mieux comme pour Your Favorite Enemies qui m’a tapé dans l’oeil avant de me taper dans les oreilles, bien joué les caribous ! Oli 2


SOMMAIRE TEXTE

SOMMAIRE 04 LOFOFORA 14 SLASH 15 YOB 16 ROBOT ORCHESTRA 17 MERGE 18 HELMET 18 LONELY THE BRAVE 24 BORN RUFFIANS 25 CHAPELIER FOU 30 H.O.Z 31 KERRETTA 38 Empty Yard Experiment 40 ORANGE BLOSSOM 45 UNSWABBED 48 FOIRE AUX VINS 52 JOSE & THE WASTEMEN 66 EN BREF 72 CONCOURS 73 IL Y A 10 ANS 74 DANS TON CULTE 78 DANS LA PRESSE 80 DANS L’OMBRE

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LES DISQUES DU MOIS

LOFOFORA

L’épreuve du contraire (At(h)ome) voir une avoinée en mode business class à l’écoute de ce nouvel album, bien que les tempi et le ton varient en fonction des compositions. En êtes-vous sincèrement surpris ?

Lofofora nous délivre l’année de ses 25 ans L’épreuve du contraire, un huitième album au titre inspiré et inspirant de par son jeu de mot évident. Parce qu’il est un devoir pour chaque individu de ce monde de se remettre constamment en question, provoquer la contradiction (coucou les Mass Hysteria !) et d’agir, non sans difficulté, à sa manière et/ou collectivement pour que les choses tournent dans le «bon sens». Et si on ne doutait point de sa motivation à garder son rang de haut représentant du rock métallisé hexagonale, le groupe continue à se tenir droit dans ses bottes lorsqu’il s’agit de dénoncer, souvent avec ironie, la folie du monde dans lequel nous vivons. Mû par sa passion des mots et de l’écriture piquante, Reuno s’exprime sans détour sur la montée inquiétante et, on ne peut plus d’actualité, des idées nationalistes («Pornopolitique»), l’individualisme qui mine notre société («Le malheur des autres»), le machisme et la phallocratie («Romance») et bien d’autres sujets tels que l’environnement («Notre terre») et le malaise des rapports sociaux («Contre les murs»). Produit à nouveau par Serge Morattel (Knut, Ventura, Hateful Monday...) dans un studio en campagne bretonne en quatorze jours, L’épreuve du contraire bénéficie du substrat sonore idoine pour porter cette rage verbale si familière au quatuor. Autrement dit, l’auditoire va rece-

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Car Lofofora reste Lofofora, formation qui a exploité jusqu’au fond des tiroirs la fusion punk-métal-rock. Indestructible, sa musique cultive le groove avec classe et ce dès le premier morceau, «L’innocence», brûlot taillé pour le live. Le groupe, toujours précis et énergique dans son entreprise, allie les riffs compacts et pondéreux à la fois néo («Trompe la mort»), punk («La tsarine»), rock US 90’s («Karmasutra»), métal («Pornopolitique») ou post-métal/rock («La dérive») et joue par moment avec de belles boucles de grattes résistantes («Notre terre», «Pyromane») qui feront à coup sûr mouche sur scène, lieu où la formation excelle à mon sens. Pour preuve, son concert en juin dernier au Hellfest annonçant par la même occasion la couleur de cet album, a laissé de sources sûres certains des plus sceptiques sur le cul. Si Lofofora laisse encore quelques punchlines croustillantes dans cette œuvre, cette dernière manque cruellement, au vu de ses textes alarmistes, de morceaux plus légers comme il a su le faire auparavant avec «Buvez du cul», «Holiday In France», «Rock n’ Roll class affair» ou «Weedo». Mais on apprécie toutefois l’équilibre plutôt judicieux entre les envies furibondes et pondérées de la bande de Reuno, à l’image de «Le malheur des autres», l’une des meilleures chansons du disque qui se trouve être un bon indicateur du climat de cet album en misant sur un chant mi-parlé, mi-gueulé sur une instrumentation pétulante. Il faut quand même bien cela car digérer 14 titres d’affilée à jeun n’est pas forcément une mince affaire, L’épreuve du contraire étant plutôt le genre d’album à consommer à maintes reprises pour ressentir réellement ses effets. Sans grande surprise, ce dernier, sonnant Lofofora comme jamais, devrait recevoir sans anicroche un accueil chaleureux de la part des séides et des personnes gravitant autour de la sphère rock-métal française. Ted


INTERVIEW> LOFOFORA Une semaine tout pile avant la sortie de son tout nouvel album, L’épreuve du contraire, Lofofora, par l’intermédiaire de son frontman Reuno, nous a accordé de son temps dans un bar très sympa situé à Montreuil. Retour sur la genèse du disque, ses thématiques, sa direction, son enregistrement, son artwork, mais également, parmi d’autres questions, un petit mot sur son chant, ses modèles et une dernière épreuve dont s’est délecté notre interviewé.

Votre nouvel album, L’épreuve du contraire sort dans une semaine. Est-ce que l’attente commence à devenir longue ? On a un album qui sort effectivement dans une semaine, on a hâte mais on s’est toujours bien débrouillé avec Lofofora pour ne pas avoir six mois voire un an entre le moment où tu sors de studio et le moment où l’album sort. Il y a des groupes à qui ça arrive, ça doit être complètement horrible car tu dois déjà être dans un autre état d’esprit quand ton disque met du temps à sortir. Nous, on a toujours insisté pour tirer au plus tard les dates d’enregistrement. L’épreuve du contraire a fini d’être mixé au mois de mai donc, tu vois, c’est pas trop long mais on a hâte de retourner sur scène et de reprendre la route car finalement c’est ça qui nous manque le plus.

ce que j’ai pu mettre dans un disque mais l’album s’appelle L’épreuve du contraire et en faisant un peu le point sur mon époque, je me dis qu’on est vraiment monté à l’envers pour faire ce qu’on fait et de la manière dont on le fait. On ne fait pas du rock en France pour avoir du succès et devenir riche et célèbre alors que ça a l’air d’être la préoccupation d’à peu près tous les gens qui montent sur scène aujourd’hui. Donc c’est pour dire qu’on fait les choses contre vents et marées et c’est comme ça que le vent nous pousse aussi, tu vois, pour rester dans des allégories qui vont très bien avec la pochette plus nautique. Mais sinon, on ne se met pas dans un état d’esprit particulier, on est déjà dans une cave avec des relents d’égouts de temps en temps donc le contexte est déjà bien particulier.

Raconte-moi comment est né cet album ? Vous aviez une ligne artistique définie avant la composition ? Chaque fois qu’on rentre dans notre local pour composer, on n’a pas particulièrement d’idées, on ne fait pas de briefing et on ne définit pas de concept. On est une bonne bande de potes, ça se passe façon pique-nique : il y en a un qui ramène les œufs durs, l’autre le poulet. Non, mais c’est un peu ça en fait, chacun y met un peu du sien, les gars arrivent avec des riffs et des rythmes et on s’y colle. C’est seulement au bout de quelques chansons finies qu’on se rend compte un petit peu de la teneur de l’album. Concernant les textes, sans parler d’un fil conducteur, j’essaie d’avoir un état d’esprit un peu récurrent sur un album. J’ai souvent du mal à parler de

Est-ce que vous vouliez aborder des thématiques particulières en terme de textes sur cet album ? C’est toujours un petit peu la question pour moi de savoir si j’ai toujours quelque chose dans mon stylo, si j’ai encore un truc à dire parce que c’est toujours un peu les mêmes thèmes qui m’inspirent quand mes copains sortent les gros riffs. Après il y a des musiques différentes comme «Double A» qu’assument à fond le fait que, malgré la quarantaine passée, on est des adolescents attardés et on le revendique. Il y a pas mal de gens qui se font taxer d’adolescents attardés et je pense que c’est plus un compliment qu’une insulte. J’avais aussi envie de faire un texte sur les enfants parce qu’il y a eu du nouveau dans la famille des Lofo cette année

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INTERVIEW TEXTE

donc on a écrit un morceau sur les bébés, c’était un truc prémédité. Ça m’est arrivé dans les albums précédents d’avoir une idée de texte et de ne pas avoir finalement la musique qui s’y prête, et puis je ne me voyais pas dire à mes potes : «Tiens, j’ai des textes, faites-moi une bonne instru qui va bien là-dessus». Ça sort à la bonne franquette et c’est à moi de voir quelles paroles je peux poser sur telle ou telle musique. Des fois, il y a des textes que je n’arrive pas à placer. Un exemple, j’aimerais écrire sur «si j’avais été une fille plutôt qu’un garçon», je n’ai pas encore trouvé mon angle d’attaque pour le faire et c’est encore un truc que j’ai sous le coude. Retour à la production pour Serge Morattel qui avait produit le précèdent. Visiblement vous ne le lâchez plus là. Les Ventura nous disait il n’y a pas longtemps que c’est un type en or qui arrive à comprendre assez facilement l’univers d’un groupe. Peux-tu nous parler de lui et de cet enregistrement ? Alors, Serge Morattel c’est un gars qui vient de Genève. C’est l’ingé son qu’on a choisi une deuxième fois pour travailler sur cet album-là. C’est vrai que c’est un mec extra, humainement t’as l’impression d’avoir un gars qui te connaît depuis toujours. On a le même sens de l’humour et quelques idoles en commun comme Jean-Pierre Marielle et Bertrand Blier, ça aide forcément. Il y a des grosses répliques qui ont ponctué nos journées, il peut te faire par exemple des tirades entières des «Galettes de Pont-Aven» donc tu te dis que c’est forcément un mec bien. On s’est aussi demandé si quelqu’un pouvait nous produire avec un son aussi voire plus épais car il avait fait quelque chose de balèze sur le précèdent. Et puis, nous n’avions pas envie d’un son purement métal car il y a des gens très doués pour faire ça en France, mais ce n’est pas le son de Lofofora. On voulait un truc un peu plus gras, un peu plus dégueu et c’est ce qui nous a apporté sur ce nouvel album, et d’après les premiers échos, les gens sont assez contents de la prod du disque. Cette fois, on a fait sortir Serge de Genève pour l’emmener en Bretagne dans un studio où on avait la chance d’habiter sur place. Donc, voilà, on a vécu ensemble pendant deux semaines et on s’est encore bien marré. Un coup, je disais à Serge : «En fait, quasiment la moitié de ton boulot d’ingé son, c’est éducateur spécialisé ?», il m’a regardé et m’a dit : «Oh, bien plus que ça !». Voilà, donc s’il y a des éduc spé qui veulent se recycler, ingé son ça peut le faire. J’aime bien l’idée et le sens du titre de votre nouvel. Au final, on en est toujours au même point, on a des solutions alternatives prouvées pour améliorer les choses

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dans ce monde à tous les niveaux mais personne ne fait rien pour le rendre meilleur. Ouais, comme je te disais tout à l’heure, L’épreuve du contraire c’est cette impression de ne rien faire comme les autres. Enfin, pas «rien» non plus, j’habite dans une maison avec un toit, je mange par la bouche, je fais caca par les fesses. Mais voilà, ça se situe dans la façon de concevoir le monde, dans cette idée de croire encore malgré la noirceur qui peut y avoir dans les albums de Lofo. Si on se sort les doigts du cul pour faire encore des disques, c’est qu’on y croit encore un petit peu. Le fait pour nous de faire du rock, de la musique violente comme ça, c’est déjà un exutoire quasiment vital. Il y a cette volonté chez nous de remuer le bazar même s’il y a de plus en plus de gens désespérés qui n’y crois plus. Comme j’avais écris il y a plusieurs albums en arrière : «Tant qu’il y a une lueur d’espoir, on essaye de s’accrocher à ça». Évidemment, parfois on me dit que ça fait 25 ans que je chante le monde qui va mal et, en fait, tout va pire encore. Bah ouais, mais en même temps, je ne pensais pas non plus que mes chansons étaient des baguettes magiques. C’est affligeant de voir que toutes les solutions sont là, il suffit juste d’ouvrir les yeux, quand on maintient une population dans une espèce d’angoisse permanente. Moi, depuis que je suis né, c’est la crise alors qu’en fait il n’y a pas de crise, il n’y a jamais eu autant de pognon. C’est juste qu’il ne va pas dans les bons tuyaux, c’est ça le problème. J’ai un peu des envies de meurtre quand je regarde le journal télévisé donc je préfère faire de la musique, vraiment. Le jeu de mot du titre est évident d’où ma question : selon toi, est-ce que prouver le contraire est une épreuve ? Ouais, ouais, ça peut l’être. Par exemple, ce que je viens d’évoquer avec la crise économique. On nous répète qu’elle est présente alors qu’il y a 400 000 milliards qui s’échange sur les places financières par jour. Tu vois, avec le budget pub de McDo, c’est limite si on ne résout pas le problème de la faim dans le monde. Pour prouver le contraire, sur certaines choses, faut y aller avec des formules et des idées chocs parce que c’est un peu comme ça que sont mises les idées négatives dans la tête des gens. Jamais on développe à travers les médias le pourquoi du comment, on te martèle des idées jusqu’à temps que ça rentre et que tu y crois et que tu finisses par plier l’échine. Il faut faire prendre conscience aux gens que ce sont des conneries mais c’est pas facile tout ça. Au sujet de tes textes, est-ce que ce n’est pas difficile


que Monstre ordinaire. C’est volontaire ? On n’a pas particulièrement eu cette volonté de faire un album moins bourrin que le précèdent. Comme je te disais, on enchaîne les périodes de compositions et des fois ça nous arrive d’oublier des trucs qu’on avait composé 3 ou 4 mois auparavant. Phil, notre bassiste, enregistre tout sur son ordi et parfois on se réécoute des trucs qu’on avait totalement oubliés, du coup, on ne pense pas forcément à un équilibre. On s’est hyper pris la tête pour trouver le tracklist de l’album parce que contrairement à Monstre ordinaire qui est plutôt monobloc et assez métal. L’épreuve du contraire rejoint peut-être un peu plus les premiers albums du groupe où on pouvait trouver différentes ambiances musicales, différentes émotions avec plusieurs façons de poser

comme ça sur une telle musique. Quand j’ai fait écouter ce morceau à ma meuf, elle m’a dit : «Je vois exactement le genre de connard dont tu veux parler dans cette chanson». Ça m’a fait rire parce que c’est exactement ça, le macho possessif qu’est complètement à côté de la plaque. T’as quand même beaucoup de mecs qui sont avec leur meuf pour qu’elle remplace leur mère, il me semble quand même qu’il y a quelque chose d’hyper malsain là dedans. C’est ça que je voulais souligner dans «Romance».

ma voix. Quand on s’est rendu compte de ça, on en était plutôt content. Quand je me remets à écrire des textes pour Lofofora, ça m’arrive souvent de réécouter ce qu’on avait fait avant et je trouvais que les deux derniers albums manquaient d’une pointe d’ironie et de dérision. Je me suis rendu compte de ça au moment d’écrire sur ce disque là que ça faisait longtemps que je n’avais pas sorti des phrases qui provoquent des petits rictus. Ce sont les différentes émotions du disque qui m’ont poussé à essayer d’aller plus loin là-dedans. Mais je vous rassure tout de suite, je ne vais pas écrire pour Gad Elmaleh, je ne suis pas banquier à la base.

Ce que j’adore dans votre dernier album ce sont des titres mi-parlé, mi-gueulé comme «Le malheur des autres». Je trouve que cet album a un tempérament plus équilibré, au final moins bourrin sur la longueur

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de se renouveler ? Par exemple, un titre comme «Romance» me fait penser à «Macho blues». A chaque fois que je me replonge dans l’écriture, je me fais de grosses angoisses d’artiste à deux balles parce que je me dis que j’ai déjà tout dit. Et puis il y a des thèmes que m’inspire la musique qui me reviennent en tête et j’ai l’impression de plus ou moins de répéter la même chose. Si c’est un même thème, je vais essayer de le prendre en biais. Tu me disais que «Romance» te faisait penser à «Macho blues», il y a un petit peu de ça ouais, sauf que dans «Macho blues» c’était vraiment sur la domination masculine qui peut s’exercer sur une femme à n’importe quel âge de sa vie alors que «Romance» est plus anecdotique, c’est un morceau court, punk. Mes copains ont été surpris que je sorte un texte

J’ai remarqué en écoutant ce dernier disque que ça manquait de textes plus légers du genre «Buvez du

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cul», «Weedo» ou «Rock n’ roll class affair». Ouais, il y a peut-être moins de textes légers que sur les tous premiers disques de Lofofora. Dans un morceau comme «Chanson d’amour», il y a des phrases un peu chelous qui restent, pour un groupe comme nous, assez légères. Pour Bénabar, ce serait du pudding au béton, tu vois ? T’as une copine, t’es amoureux, t’es chanteur, la logique voudrait que tu lui chantes une chanson d’amour mais quand tu sors de chez toi et que t’as l’impression que tu vas te prendre une bombe sur le nez, t’as moins envie forcément. Mais c’est vrai, t’as raison, il faut que je fasse un peu plus de légèreté, je vais écrire de la chanson pour enfant bientôt (rires). Vous vous êtes retrouvés dernièrement sur un ring de boxe pour tourner le clip «Contre les murs», raconte-moi ça. Ça faisait bien longtemps qu’on n’avait pas fait de clip, le dernier datant de deux albums en arrière, sur Mémoire de singes, c’était tout en animation donc on y avait à peine participé et ça faisait vraiment longtemps qu’on n’avait pas fait un clip où on apparaît en playback. C’était plutôt cool, on a repéré un réalisateur qui s’appelle Guillaume Panariello et on aimait bien la noirceur des quelques clips qu’il avait réalisé, il y a une espèce d’élégance et son image est plus cinématographique que clip. Je dis «clip» parce que je trouve qu’il y a beaucoup de réalisateurs qui quand ils font des clips, on dirait qu’ils font des pubs. On n’avait pas envie d’une pub pour Lofofora mais plutôt d’un truc artistique donc il nous a proposé d’aller dans une salle de boxe. Comme on aimait bien le

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travail de ce mec-là, on lui a fait confiance quasiment à 100%. On a trouvé la première idée qu’il a évoquée un peu cliché même si c’était là-dessus qu’il voulait jouer, on aurait eu l’impression d’être des ados, enfin, je vais pas te raconter ça. Bref, on se retrouve sur un ring de boxe avec un mec qui s’entraîne, c’est assez éthéré finalement, c’est en noir et blanc en format cinémascope, on a vu le résultat il y a quelques jours et on en est content. Ce n’est pas un clip qui illustre totalement tous les propos de la chanson qui s’appelle «Contre les murs», ça parle d’une forme de combat avec soi-même. Il est chouette l’artwork, qui l’a réalisé ? Pour cet album, Phil a enfin ressorti ses crayons. Pour Monstre ordinaire, c’était une photo d’Eric Canto, Mémoire de singes c’était une peinture de King Ju de Stupeflip, depuis le début du groupe c’était Phil qui dessinait nos pochettes. Phil, ça fait très très longtemps que c’est mon copain et je crois que je ne l’ai jamais vu faire un aussi beau dessin. Il a fait une espèce de pointillisme, il s’en est fait des crampes à la main à répétition parce qu’il doit y avoir deux millions de points sur cette image et je trouve ça assez joli.

Ca joue toujours avec Mudweiser ? Un petit mot sur votre actu ? J’ai habité dans le sud de la France à Montpellier pendant quelques années et j’ai été recruté par un groupe stoner-rock, comme on dit, qui s’appelle Mudweiser. A l’heure actuelle, on a fait deux albums et un EP en vinyle. On a eu des plannings professionnels et personnels qui


As-tu d’autres projets musicaux en ce moment à part ces deux groupes ? Je n’ai pas particulièrement d’autres projets musicaux à part Lofofora et Mudweiser pour l’instant si ce n’est quelques fois des featurings, comme on dit. Le dernier en date, j’étais hyper étonné car c’est un groupe italien de techno plutôt hardcore, qui tape assez dur et qui s’appelle Cyberpunkers, ils font des trucs à la MSTRKRFT (NDR : prononcé Master Kraft, il s’agit d’un duo connu pour certains de leur remixes dont des titres de Justice et dans lequel est impliqué Jesse F. Keeler de Death From Above 1979). En fait, ils m’ont contacté par e-mail pour que je pose ma voix prochainement sur un texte qu’ils ont écrit en anglais. Ils veulent vraiment ma voix, j’ai été contacté par la scène internationale quoi ! (rires) Tu es souvent invité sur des albums d’artistes divers, n’as-tu pas pensé à faire venir quelqu’un sur le nouvel album ? C’est vrai que ça fait depuis quelques albums qu’on n’invite plus personne, les billets de train sont devenus tellement chers, c’est la crise ma bonne dame ! Non mais ça ne nous ait pas venu à l’esprit, c’est vrai qu’à chaque fois notre label nous demande si on a un invité, et cette fois-ci on lui a répondu qu’on n’y avait pas pensé. King Ju était venu pousser la chansonnette avec nous sur Mémoire de singes mais maintenant ce sera Catherine Ringer (Rita Mitsouko) ou personne de toute façon, que cela soit dit ! Mais comme j’ose pas lui demander, il y aura personne (rires). On t’avait vu un jour dans un sujet télévisé qui traitait de cours de chant métal. Tu prends réellement des cours ? J’ai pris des cours de chant au tout début de Lofofora donc il y a très longtemps de ça, plus précisément entre le premier et le deuxième album, avec une dame extraordinaire et généreuse qui s’appelle Sarah Sanders. Elle

m’a appris énormément de choses, c’est comme si elle avait planté des graines dans ma tête et qu’elles avaient éclos quelques années plus tard. Ça nous avait été payé à l’époque grâce à un concours qu’on avait gagné, je n’avais vraiment pas les moyens de payer cette dame, enfin, ses services en tout cas. Sinon, concernant le reportage à la téloche qui est d’ailleurs passé au zapping où tu me voyais monter sur une chaise en train de faire «Raaahheuuh», c’était ridicule sorti de son contexte. Ce cours était un module éducatif sur les voix saturées, un cours collectif qui avait lieu à l’Empreinte à Savigny-leTemple, et j’étais invité avec Poun de Black Bomb A pendant deux jours à cette espèce de colloque sur le métal et les voix saturées. Voilà, c’était rigolo à faire mais le reportage de France 3 était hyper parodique, c’était une catastrophe.

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fait qu’en 2014 on n’a pas fait beaucoup de concerts. Là je vais m’arranger avec le tourneur de Lofofora pour qu’il m’accorde un petit break, peut-être pendant les vacances scolaires ou un truc comme ça, pour tourner avec Mudweiser. On a en projet de sortir peut-être un 45 tours l’année prochaine, on ne fait que des trucs qui ne se vendent pas, c’est un peu le projet du groupe (rires). Je te dis ça parce qu’on avait sorti un maxi 4 titres qui n’existe qu’en 33 tours, juste ça, pas de format numérique avec. Donc, là ce serait un 45 tours, le truc qui se vend le moins en format disque en fait, faut bien le savoir, c’est notre côté groupe old school.

Comment tu gères ta voix au quotidien, tu la bichonnes au miel et au citron ? Non, je ne prends rien du tout. J’ai arrêté de fumer donc ma voix va nettement mieux maintenant. A ce propos, mon ingé son m’a déjà dit que ça s’entendait et que j’arrivais à garder la même tonicité à la fin du concert qu’au début. On refaisait le rider pour la tournée - pour les gens qui ne savent pas, c’est la liste des choses que tu demandes quand t’arrives dans un lieu où tu vas faire un concert - et moi j’ai fait virer miel et citron parce que bon... en plus souvent c’est même pas du vrai miel, c’est du sirop de glucose avec du prout d’abeille ou je ne sais quoi donc hors de question que je bouffe un truc pareil. Comment tu évalues tes capacités et l’évolution de ton chant depuis le début, tant au niveau de la technique vocale que du style ? Oh, 12% environ avec une courbe exponentielle (rires). Qu’est-ce que je fais ? Je me la pète ? Je fais de la fausse modestie ? Plus sérieusement, je pense que j’arrive mieux à chanter qu’auparavant, il y a pas de choses que j’arrivais à faire avant que je peux plus faire aujourd’hui, c’est même plutôt le contraire. Je crois que Mudweiser m’a hyper décomplexé dans mon rôle de chanteur. Selon moi, je n’étais pas un chanteur mais plutôt un gars qui scandait des textes, qui gueulait un peu, d’ailleurs je le suis encore pour beaucoup de gens. Le fait de faire plus de mélodies, plus de choses vraiment différentes dans Mudweiser m’a donné plus de confiance dans Lofofora pour faire quelques mélodies de-ci de-là et de voir ma voix davantage comme un instrument qui fait des notes plutôt qu’une percussion par exemple. Est-ce que le rap que tu écoutes te donne des idées

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INTERVIEW

pour les phrasés ? J’ai écouté beaucoup de rap français et étranger il y a encore une dizaine d’années. Faut dire que maintenant il faut creuser pour trouver du rap qui ne soit pas de la musique de droite car j’ai beaucoup de mal avec tous ces mecs qui revendiquent juste le fait de rouler dans des grosses voitures et d’avoir des meufs siliconées par douzaine dans des jacuzzis. Je ne me reconnais pas dans cet univers-là. Une de mes découvertes ces dernières années en terme d’écriture, c’est un mec qui habite à deux rues d’ici qui s’appelle Marc Nammour, c’est le chanteur de La Canaille, un groupe qui va également sortir son album en septembre. Gardez un peu de vos sous après avoir acheté notre disque pour celui de La Canaille car Marc écrit super bien, cela m’a fait un bien fou de tomber sur les textes de ce mec là, je me suis senti moins seul. Je ne dis pas ça pour me flatter ou quoi mais c’est quelqu’un comme moi qui a l’air de faire un petit effort dans les thèmes, dans son approche, en plus son écriture est fluide. Ouais, j’aime beaucoup sa façon d’écrire. Et puis dans le phrasé, il y a des gens extraordinaires aux Etats-Unis, je ne connais pas assez la scène rap underground française pour en parler parce que la partie immergée de l’iceberg schlingue à fond, du coup cela ne m’a pas donné envie d’écouter ce qu’il se passe en dessous. Quand t’écoutes Jay Z, un type qui est surement l’artiste le mieux payé au monde, il a un flow magique et impeccable. Après, on peut aimer ses morceaux ou pas, mais il a fait «Death of auto-tune» et moi j’y ai cru à la fin de l’auto-tune parce qu’un mec comme lui l’avait dit mais malheureusement, ça s’est pas produit. J’aime bien des mecs qui ont un flow débonnaire et nonchalant comme Method Man, ce n’est pas facile avec la langue française de faire ça. Il y a trop de saloperies dans le rap, c’est pas bien de mettre des trucs comme ça dans la tête des enfants. As-tu des modèles en terme de chanteur ? Ouais, il y a un mec que j’adore pour son phrasé et sa rythmique, c’est Neil Fallon de Clutch. Ça doit faire 25 ans qu’on écoute ce groupe-là, je les ai vus pour la première fois il y a un an ou deux à La Maroquinerie et il est juste impeccable. Je suis vraiment sensible au groove et il en a, et c’est rare de voir un chanteur, parmi ceux qui envoient du volume et de l’énergie, maîtriser autant cette technique de groove. Moi j’écoute énormément chez moi de musique noire américaine datant de 1940 à 1975, c’est même l’essentiel de la musique que j’écoute donc pour tripper sur une voix, j’ai besoin de groove. Idem pour la musique, si ça groove pas, j’ai beaucoup plus de mal. Et puis, je vais te citer Nina Hagen également dans

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mes modèles. Je suis beaucoup plus fan d’elle que de Mike Patton par exemple. Mike Patton dans le métal, c’était «the ultimate reference», sauf que ca fait vingt ans qu’il nous fait du Mike Patton. Puis, il est capable de te faire des concerts ultra chiants avec un côté égocentré assez pénible, je ne comprends pas la démarche de monter sur scène de cette façon-là. Après, chacun son truc. Je préfère Charles Bradley par exemple. Un mot sur la réforme des intermittents du spectacle ? Es-tu allé manifester ou allé foutre le bordel sur les plateaux de télé, voire refuser de monter sur scène ? Bien sûr qu’on est sensible à la cause des intermittents du spectacle. Je ne vais ni dans les manifs, ni foutre le bordel sur les plateaux télé car je trouve que ça ne sert pas forcément la cause même si ça fait parler du bazar. Je soutiens ceux qui le font, je ne suis pas en train de dire qu’ils ont déconné, mais ça se retourne vite fait contre toi ce genre de choses. Ce que j’ai trouvé scandaleux quand ils ont allé chez Pujadas, c’est que la plupart des gens qui travaillent en régie ou sur des plateaux télé y compris dans l’information - ce qui n’est pas censé être du spectacle à la base - sont des intermittents du spectacle. Donc les mecs se sont fait couper la chique par des gens qui subissent à peu près la même chose qu’eux ou par des gens qui pourrissent le statut. Ce statut est viable, contrairement à ce que Monsieur Gattaz essaie de nous faire croire, le seul problème c’est qu’il y a des tas de gens qui bossent toute l’année à temps plein dans des boites de prod ou des rédactions et qui sont payés dix ou quinze jours par leur boite et le reste du temps par Pole Emploi. Donc c’est eux qui niquent ce statut-là, ces mêmes gens qui ont coupé la chique aux vrais intermittents qui sont venus pour manifester sur les plateaux télé. Le péquin moyen devrait avoir la puce à l’oreille quand il entend que le patron du Medef dit que les intermittents coûtent un milliard par an et qu’après calcul on arrive à 130 voire 110 millions d’euros. Donc pourquoi le mec essaie de nous faire croire que ça coûte dix fois plus cher ? Il n’y a pas un seul journaliste qui s’est posé la question et moi ça me scandalise vraiment. J’ai ouvert un peu ma gueule quand on est monté sur la scène du Hellfest parce que s’il n’y avait pas tous les intermittents et notamment tous les bénévoles - ça c’est encore autre chose - pour bosser sur ce festival, il n’existerait pas. On a joué quelques temps après sur un festival avec Gojira et j’ai fait éteindre la lumière et la sono et on a joué un morceau avec le son de nos instruments, sans amplification, pour montrer ce que ça fait un concert sans intermittent. Voilà, faut arrêter, quoi ! Il y a soixante milliards minimum qui se barrent en fraude


Votre première date de tournée pour le festival Les Forges du Feu est tombée à l’eau soi-disant parce que le lieu est inadapté. Ça commence bien, ça vous est déjà arrivé ce genre de mésaventures ? Le premier concert devait commencer le 13 septembre et il a été annulé par un préfet qui trouve que le lieu n’est pas adapté. J’ai trouvé ça quand même louche, c’est un peu à répétition ce genre de choses. Après, on a reçu des messages sur Facebook nous disant que ce festival était très mal organisé. Bon, je ne vais pas aller mener une enquête sur place pour savoir qui a raison et qui a tort. Notre tourneur, qui a pris un peu la température, pense qu’il y a de la manœuvre politique là-dessous, un petit fight d’élus locaux donc un truc un peu miteux. On a eu la même chose à Chambéry avec un changement de municipalité et, du coup, plein de concerts ont été annulés parce qu’ils veulent sucrer le budget de la culture. C’est ça le malheur des gens, c’est qu’il y a trop de culture dans ce pays-là donc s’il y a des économies à faire c’est bien en virant ça. Le plus ridicule dans tout ça c’est que du fait que les contrats avaient déjà été signés, ils veulent reporter la date donc on va être obligé de la faire et on va toucher des indemnisations en plus parce que la date est annulée. Je dis bravo au maire de Chambéry pour ses fabuleux calculs. Dernière épreuve : je commence une phrase par «Si» et tu la termines... Si tu devais réparer une seule erreur que tu as faites dans Lofo ou dans la vie Attends, tu m’envoies face à des trucs là d’un seul coup (rires). Tu sais, comme dans les parcours du combattant quand tu as des figures qui arrivent en grandeur nature comme ça. Et bien, j’essaierais de ne pas faire de mal aux gens à qui j’en ai fait. Si tu avais le président de la république devant toi Je mettrais des piles dans son réveil ! Si ton gosse te disait que son rêve c’est de faire la

même chose que toi Fais la même chose que TOI mais si tu veux faire le même métier que papa, c’est plutôt une bonne idée parce qu’il y a moyen de se fendre la gueule. En ce qui me concerne, je la mettrais au courant des râteaux qu’elle peut se prendre, il y a du plaisir mais il y a les risques que ça comporte avec. Faut pas faire ça pour devenir riche et célèbre, je ne le dis pas qu’à mon enfant mais à tous les jeunes : il faut y croire, que tu en aies envie, que ce soit un besoin vital presque. A mon avis, c’est la seule bonne et unique raison de faire du rock dans la vie.

INTERVIEW

fiscale tous les ans, et qui sont les méchants ? Les chômeurs, on entend dire qu’on va faire la chasse aux chômeurs, que ça représente une centaine de millions d’euros et c’est pareil pour les intermittents. Alors qu’on sait tous que l’avenir de la France, c’est le tourisme et la culture, on sait tous qu’on ne sera plus jamais un pays industriel. On va peut-être devenir un grand parc Astérix et pour ça, il faut des intermittents du spectacle.

Si tu devais autoriser une chanson de Lofo pour une publicité Ouah, putain ! Franchement, non, je peux pas. Ou alors, ce serait pour un truc genre Greenpeace ou Sea Shepherd et je leur laisse choisir la chanson qu’ils veulent. Tout à l’heure, j’évoquais le truc : quand tu sais ce que représente un budget publicitaire sur un an dans le monde, c’est juste incroyable, on résout la misère dans le monde. Ça, c’est L’épreuve du contraire mon pote ! Si tu devais jouer à la mi-temps d’une rencontre sportive comme certains le font aux States Déjà, ce serait pas l’hymne national, c’est sûr et certain. Voilà, ça c’est pour ceux qui chouinent quand elle est mal chantée par des footballeurs qui sont toxicomanes et milliardaires. Le sport, ce n’est pas mon truc. Avant dans Lofo, il y en avait deux mais depuis l’arrivée de Vincent, il y a trois mecs qui aiment le foot et des fois je me sens seul, tu peux pas savoir, donc faudrait leur demander. Je sais pas moi, une chanson tranquille pour pacifier un PSG-Marseille ou, non, un truc pour qu’ils se foutent sur la gueule une bonne fois pour toute qu’on en parle plus Si on te filait un paquet de fric pour jouer à l’anniversaire d’un rejeton d’un patron du CAC40 On aurait vraiment du mal à faire ça. On reçoit souvent des messages sur le site internet ou sur notre page Facebook de gens qui veulent qu’on joue pour leur mariage ou pour leur anniversaire et qui nous demandent nos conditions. Je suis désolé mais on ne répond même pas, on ne fait pas les bar-mitzvahs, les communions, les mariages, les enterrements. Peut-être que si c’était pour une grosse somme d’argent, on monterait une arnaque, envoyer d’autres gens à notre place, prendre le pognon et en faire quelque chose de marrant. Si tu devais recommander un seul album de Lofo à un ami qui ne connaît pas le groupe

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INTERVIEW

J’ai des amis dans la vraie vie qui ne connaissent pas forcément ma musique alors ça ne peut être que dans des conditions particulières genre très tard le soir ou dans la nuit. Tu vois, quand un pote vient dormir chez toi après un long apéro et à 3h du mat tu lui dis : «Bon, allez je vais te faire quand même écouter ce que je fais». Je sélectionne les morceaux selon la personne, je suis assez bon pour ça comme à l’époque où on faisait des cassettes, des compils pour faire découvrir des trucs aux copains. Mais, pour faire découvrir Lofofora, je l’enverrais direct sur le dernier. Ça paraît un peu bateau mais quand tu fais ce métier là, plus t’avances, plus tu maîtrises les processus de création donc plus le produit fini ressemble à ce que tu avais dans le crâne. Si Phil te disait : «Bon écoute Reuno, il serait peut-être temps qu’on arrête» Arrête, tu vas me faire pleurer ! Si cela arrive, c’est peutêtre une nuit où on aurait dérapé dans un hôtel en pleine tournée, il serait arrivé un truc qui fait qu’on arriverait plus à se regarder en face, peut-être un truc comme ça (rires). Mais ça se peut, je ne sais pas... Si on avait cette impression d’être arrivé au bout de notre histoire, ce serait le moment d’arrêter. Je préférerais que ça passe comme ça plutôt que de s’inventer des faux problèmes et en se jetant tout à la gueule juste parce que l’un ou l’autre n’a plus trop envie. Comme les gens font dans les couples, par exemple, tu vois ce que je veux dire ? Il n’y a pas longtemps, un gars m’a demandé si je ne me sentirais pas ridicule en continuant Lofo à 55 balais et, en toute humilité gardée, je lui ai répondu que si Lemmy à 68 balais et Iggy à 67 ne le sont pas, je vois pas trop pourquoi je le serais à 55. Ou alors, c’est que j’avais déjà l’air con depuis un moment ! Merci à Reuno pour sa disponibilité et à Olivier d’At(h)ome. Ted Photo officielle : François Berthier Photo article : Guillaume Vincent

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TEXTE

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LES DISQUES DU MOIS

SLASH

World on fire (Roadrunner Records)

Qu’attendre de Slash en 2014. Voilà un très bon sujet de devoir de philosophie, vous ne trouvez pas ? La réponse semble évidente, mais World on fire, son nouvel opus accompagné de ses désormais fidèles Myles Kennedy & The Conspirators, est un bon prétexte pour se pencher en profondeur sur le cas du génial guitariste. Vous avez 3500 signes. Défi accepté. Le talentueux six-cordiste (Guns ‘N’ Roses, Slash’s Snakepit, Velvet Revolver, mais ça tu le savais déjà) semble avoir trouvé la formule qui lui convient parfaitement en s’épaulant des mêmes musiciens que sur son précédent disque, lesdits musiciens l’accompagnant également en live depuis le début de son aventure solo. Et si tu as lu son excellente biographie, tu n’es pas sans savoir que notre ami recherche des musiciens avec qui il va se sentir bien et prendre un réel plaisir de jouer, car oui, Slash est un amoureux de la guitare, et sa vie est dévouée à la musique. Alors aujourd’hui, pas de pénible Axl Rose dans les pattes, pas d’instable Scott Weiland sur le dos, ladies and gentlemen, faites une ovation à Myles Kennedy, le charismatique et sympathique vocaliste d’Alter Bridge. Et après un énorme Apocalyptic love paru en 2012, Slash est (déjà) de retour sur disque avec World on fire. Quoi de neuf sous le soleil ? Si tu aimes le jeu de guitare de notre ami chapeauté, tu vas bien évi-

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demment te régaler. Le « touché » caractéristique du guitariste américain fera hérisser de plaisir les poils de ses fans, et comme un bonne nouvelle n’arrive jamais seule, World on fire est un album dense, avec pas moins de 17 titres et 78 minutes de chansons vraiment bien branlées. Oui, de chansons et pas seulement de soli envoyés à tout va pour faire mousser notre guitar-hero. Et dès le premier riff de « Word on fire » ouvrant le disque du même nom, le ton est donné, la Les Paul est affûtée, les amplis Marshall saignent déjà, et notre gaillard te le dis bien fort, droit dans les yeux (ou plutôt dans les oreilles) : pas de figuration ou de littérature, juste du rock ‘n’ fuckin’ roll. Du rock d’accord (« Shadow life », « 30 years of life », le monstrueux « Withered delilah »,.) mais aussi des titres taillés pour devenir des hits (« Automatic overdrive », « Beneath the savage sun », « Stone blind » très Guns N’ Rosesien, le rugueux « Too far gone ») et quelques morceaux plus mid(inettes) tempo (« Bent to fly », « Battleground » , « Iris of the storm »). Sans oublier un dévastateur instrumental où Slash fait une nouvelle fois parler son touché si particulier, avec ce son de guitare qu’il trimbale depuis ses débuts avec Guns ‘N’ Roses et son solo en gamme mineure à se taper la tête contre les murs). Avec ce disque, on est entre le respect de l’entertainment et la liberté d’envoyer la sauce comme Dieu le veut. Bien que défendu et présenté comme étant le deuxième disque de son nouveau groupe, (alors que, pour moi, notre homme n’a eu que deux groupes dans le sens « collectif » du terme), ce nouvel album de Slash, accompagné de sa « nouvelle » équipe, fait mouche et reste dans la droite lignée du précédent. Alors bien sûr, les réfractaires du chant particulier de Myles serreront les dents pour ne retenir que les belles envolées guitaristiques et les morceaux bien branlés (et regretteront que Weiland ait sabordé les géniaux Velvet Revolver). Les autres (la majorité, je te rassure) prendront leur pied à l’écoute de ce disque intelligent, bourré de « gros » morceaux, aux couleurs multiples et à la production monstrueuse. Gui de Champi


LES DISQUES DU MOIS

YOB

Clearing the path to ascend (Neurot Recordings) qui donne dans le tellurique et remue les tripes tandis que les riffs boueux sont à rattacher au genre reptilien. Oppressant, pesant et marécageux la plupart du temps (on peut alors penser à Tusk ou certains morceaux de Down), quand les Américains accélèrent et éclairent (un petit peu) leurs notes, on obtient du très grand post HxC avec riffs hypnotiques taillés pour le live. Tout l’inverse du «Unmask the spectre» qui s’embourbe quelque peu à trop vouloir ralentir le rythme et découpé les mesures, dommage car les deux autres morceaux plus «calmes» sont bien plus réussis (même si j’émets quelques réserves sur le chant clair de «Marrow»).

Après un Atma très décevant, YOB a pris le temps (3 ans) pour non seulement remettre les choses au point mais aussi se faire désirable ! Leur récente signature chez label Neurot Recordings (le label de Neurosis qui n’a pas pour habitude de signer les oreilles fermées) et un artwork, pour une fois, vraiment classe (signé Orion Landau, responsable de pas mal de jolies choses pour Red Fang mais aussi Mumakil, Nile, Pig Destroyer...) nous permettaient d’envisager le meilleur... Et le son qui surgit des enceintes nous donne raison, lourd et dense à souhait, YOB fait son mea culpa et revient sérieusement aux affaires.

Digipak classieux, production impeccable, qualité d’ensemble bien au-dessus de la moyenne, Clearing the path to ascend marque le retour de YOB au premier plan et c’est une bonne nouvelle car le petit monde doom/ stoner/sludge a besoin de patrons dans le genre de la bande de Mike Scheidt. Oli

4 titres, plus d’une heure de musique, le trio prend toujours son temps pour développer ses idées et construit bien souvent ses compositions en suivant les règles du post rock mais le tout est bien sûr orienté stoner doom («In our blood», «Marrow»), post hardcore («Nothing to win») et sludge («Unmask the spectre»). Ca, ça vaut pour les grandes largeurs parce que Clearing the path to ascend est à digérer comme un tout, autant que faire ce peu car ce bloc massif, dense et lourd n’est pas facile à ingurgiter. Faut avoir l’estomac accroché car l’ambiance est assez malsaine, avec ce chant option Led Zeppelin sous tranquillisant qui hante les titres, une rythmique

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LES DISQUES DU MOIS

ROBOT ORCHESTRA Robot orchestr3 (Smalltones Records)

Bien connu des services de renseignements du W-Fenec (voir la chronique de ...Now we can walk, son album précèdent sorti il y a deux ans et demi), Robot Orchestra ne l’est pas forcément pour ma part. Pas évident alors d’avoir le recul rapide et nécessaire pour analyser l’évolution de ce duo devenu trio à l’occasion de la sortie en début d’année de son nouvel album, Robot orchestr3. Tenons-nous en par conséquent à ce troisième opus dont les sept titres ont été enregistrés en août 2013 par Nicolas Aigrot (guitariste de 7 Weeks et ex-Down To Earth) et mixés par Sylvain Biguet, le producteur, entre autres, de Klone, Trepalium et Comity. Impressionné par le soin que les Rochelais ont apporté à leur œuvre, tant dans le contenu (du post-rock bipolaire digressif) que dans le contenant (l’artwork de Romain Barbot ainsi que la gueule du pack promo est bien classe), ce disque est particulièrement touchant. C’est le moins que l’on puisse dire et ce n’est pas l’arrivée de Johan Gardré, avec ses violons, son Moog et sa trompette, qui vient adoucir le propos. Bien au contraire. Robot orchestr3 démarre avec un «Invicible smoke» dont la structure est assez semblable à ce que fait Neurosis. Mystérieux, ce morceau monte en puissance progressivement pour faire chanceler son auditoire. C’est

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efficace et la partie où violons et guitares cohabitent est renversante, mais malheureusement pour certains, Robot Orchestra ne va pas s’obstiner à se cantonner à jouer ce style à grosse guitare tout au long de son nouvel album. Et c’est là tout son intérêt. Dimitri, Steve et Johan savent aussi sombrer dans une élégance rare, voluptueuse à l’image de «Crossroads», titre immédiat et bouleversant, surement le plus beau du lot. «Gasoline» et son rythme immuable met l’accent sur des guitares cristallines et le chant très vague à l’âme de l’ex-Headcases et désormais en solo, Luis Francesco Arena, venu prêter main forte au groupe pour l’occasion. Captivant et immédiat, bien que les titres soient souvent plus longs que la norme rock, ce Robot orchestr3 sait aussi sonner cru et vif en s’autorisant «Sunday hangover» et «So many battles», deux titres tendus un peu à part dans l’œuvre. Pas forcément là où on l’attend, le trio délivre également «Pendule», une confession acoustique pleine de spleen qui se termine en une série de percussions voilées. C’est saisissant et le groupe montre une cohérence inébranlable dans l’hétérogénéité de ses compositions. Ambitieux, il réalise ainsi ce dont il est capable de faire sans tomber dans l’artifice, l’excès et le pathos. «Edifices» qui clôt le disque en est une preuve supplémentaire, ce titre nerveux chanté en français résume à lui seul l’album : son introduction alarmante nous emmène vers des contrées rock inflexibles et pleines de rage dans lesquelles les riffs de guitares s’envolent et nous échappent. On ressort envoûté par ce Robot orchestr3, un voyage sonore aux virages parfaitement maîtrisés de A à Z. Classe ! Ted


LES DISQUES DU MOIS

MERGE

Elysion (Red Cord Records) blème les parties plus éthérées. Et quand le contraste de poids n’est pas là, ça fonctionne aussi, en témoigne l’ultime «In details part 2 : Is this my wish, is this my will», titre totalement instrumental, assez cool jusqu’à une déflagration sonique à la Explosion In The Sky de toute beauté. Et si Alex de The Prestige s’ajoute à un titre («Wolf’s dagger»), là encore, ça coule comme de l’eau de source ! A noter qu’il est également responsable de la très belle pochette... Si Merge a fait quelques dates et commence à se faire un nom en France, le combo risque vite de passer à la vitesse supérieure et de conquérir nos voisins avant, pourquoi pas, de franchir l’Atlantique. A ta place, on n’attendrait pas trop pour profiter d’eux tant qu’ils ne sont pas encore entre deux tournées à l’étranger ! Deux ans après son remarquable et remarqué EP Transmission, Merge refait surface avec un album long format intitulé Elysion signé chez Red Cord Records (un label américain qui a une quinzaine de groupes dont Phinehas ou Beware the Neverending). Bonnes idées, bel artwork, digipak classe, énorme son, Elysion enfonce le clou et défonce les tympans, se plaçant du même coup dans les traces de Doyle Airence pour porter haut les couleurs d’un métal français qui ne fait pas que suivre des modèles.

Oli

Si tu as raté l’épisode précédent, la base de la musique du groupe est un post-hardcore assez savant et expéditif (la plupart des compos font moins de quatre minutes), base sur laquelle vient se poser un chant screamo qui sait aussi se faire charmeur et mélodieux donnant parfois des faux airs de metalcore à certains passages. Bref, Merge ne fait pas comme tout le monde dans ce registre et assure dans tous. Alternant passages très dégagés et très énervés (voire carrément HxC sur «The discord»), les Parisiens sont à l’aise partout et même quand il s’agit de placer des choeurs (le genre de truc que je n’aime pas du tout) et bien, ça passe («Us against our cities»). Le gros son sert les distorsions et la rythmique plombée et la qualité de production permet d’amalgamer sans pro-

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INTERVIEW TEXTE

INTERVIEW > HELMET On aurait préféré le voir en tête à tête pour le faire parler ce bougre de Page Hamilton, leader et unique membre fondateur restant des mythiques Helmet. Tant pis, le minimum qu’on puisse vous offrir c’est cette petite «interview» dégotée par e-mail. Son «vrai» cadeau sera de le voir jouer Betty à l’occasion de la tournée européenne fêtant le 20ème anniversaire de sa sortie qui passera par la France en novembre. Tu sais donc ce qu’il te reste à faire...

Helmet est de retour en Europe pour célébrer le 20ème anniversaire de la sortie de Betty, un album majeur de la discographie du groupe. Il me semble que vous aviez fait de même pour Meantime, doit-on s’attendre à vous revoir dans trois ans pour fêter l’anniversaire d’Aftertaste ? Je suis prêt pour ça ! 40 dates sont prévues pour cette tournée européenne. Est-ce que tu arrives encore à enchaîner facilement autant de dates à 54 ans ? Non, c’est assez dur d’enchaîner. La tournée européenne qui arrive va être plutôt difficile à tenir physiquement mais nous venons d’effectuer cet été une série de 27 dates américaines et nous sommes actuellement en pleine forme. J’ai lu que cette tournée anniversaire n’allait pas se faire aux USA, hormis un show au Viper Room à LA effectué le 11 juillet. Quelle en est la raison ? Ce n’est pas tout à fait vrai puisque nous avons joué Betty à Chicago et à Grand Junction dans le Colorado et je t’annonce la préparation d’une mini-tournée sur la côte Est en décembre.

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Quel recul as-tu par rapport à Betty en 2014 ? Je trouve que Betty a bien résisté au temps et que c’est un album que j’adore vraiment jouer live. Est-ce que ta manière de jouer de la guitare, qui a influencé pas mal de formations notamment néo-métal, t’es venue du jazz, un genre que tu as étudié avant de fonder Helmet ? C’est simple, le jazz a absolument influencé ma façon de jouer de la guitare et de composer des chansons. Et je pratique encore le jazz tous les jours. Est-ce que le line-up d’avant votre séparation de 1998 fait vraiment partie d’une période révolue du groupe ? Il n’y aucune réunion de prévue avec mes anciens partenaires d’Helmet qui sont assez occupés avec leurs projets respectifs. En fait, le line-up actuel me convient parfaitement. Je me souviens quand je vous avais vu à Paris il y a 4 ans, tu discutais de manière assez naturelle avec tes fans à la fin du show, c’est plutôt rare pour un groupe de votre envergure. Est-ce que tu te donnes les moyens d’être disponible après chaque show ou ça tient de la spontanéité de ta personnalité ? Je n’interagis pas avec les fans sur les réseaux sociaux,


Tu fais de la production depuis de nombreuses années en parallèle, mais également pour Helmet avec votre dernier album en date. On a ouï dire que tu avais même produit un groupe français, les Rescue Rangers. C’était un coup de cœur ? Comment arrive t-on a être produit par Page Hamilton ? Pascal de Rescue Rangers m’a abordé lors d’un concert de jazz dans lequel je jouais à Santa Monica en Californie. Il avait un CD de son groupe en main et m’a demandé si j’étais intéressé de leur produire un album. J’ai accroché à leur musique et senti que je pouvais leur apporter beaucoup de choses. Alors, je lui ai demandé s’il était ouvert à la critique constructive de ses chansons et de me faire confiance sur le fait que mon seul objectif était de les rendre meilleurs et d’améliorer leur façon de faire des chansons. Il m’a répondu OK et nous avons calé nos agendas pour se faire une session studio chez eux vers Aix-en-Provence. On a vraiment passé un super moment. Est-ce important pour toi maintenant de contrôler la production d’Helmet ? Ouais, carrément. J’ai toujours eu le dernier mot sur les décisions artistiques à l’égard d’Helmet. Est-ce qu’en matière de production musicale, tu as un modèle ? Plusieurs même, je vais te citer Thom Bell (The Delfonics, The Stylistics, The Spinners), Jerry Wexler (Bob Dylan, Aretha Franklin, Dusty Springfield), Glynn Johns (Led Zeppelin, The Who, Eric Clapton), Al Bell (Isaac Hayes, Rufus Thomas, The Staples Singers) et Arif Mardin (Bee Gees, Norah Jones, Phil Collins).

double guitare et/ou des accords lourds, etc. En général, quand j’écris des bandes-son de film comme j’ai pu le faire avec «Convergence» ou «Sons of liberty», les plus récents auxquels j’ai participés, je regarde d’abord les scènes avec le réalisateur puis je me note quelques idées pour moi-même. Ensuite, je commence par un son qui n’est généralement pas celui d’une guitare mais plutôt une forme mélodique, un intervalle ou des trucs de ce genre qui peuvent porter pas mal le poids dramatique d’une scène ou d’un film.

INTERVIEW TEXTE

je pense que c’est plus personnel et mieux de parler avec eux après le show. Je ne me souviens pas exactement quand ou pourquoi on a commencé à faire ça mais c’est vraiment plus cool de serrer des mains, de partager des choses avec les gens qui apprécient ce que nous faisons musicalement parlant.

C’est assez difficile à comprendre de notre point de vue qu’un musicien aussi doué et intègre que toi puisse jouer avec Linkin Park, quelle est ton avis là dessus ? Je suis flatté quand des collègues musiciens citent Helmet comme influence et je suis toujours ouvert à n’importe quel challenge ou invitation musicale...enfin, «presque» toujours ouvert (rires). L’interview touche à sa fin donc dernière question : Estce qu’Helmet bosse actuellement sur le successeur de Seeing eye dog ? Absolument ! Là, j’ai déjà plusieurs chansons entièrement écrites et puis pas mal d’esquisses aussi qui devraient prendre forme prochainement. C’est prévu qu’on rentre en studio vers la fin du printemps 2015 pour une sortie la même année. Merci Page, merci aussi à Elodie et Charles d’HIM Media. Les deux photos sont de Tom Hoppa. Ted

On a tendance à oublier que tu as écris des chansons pour le cinéma (pour les films «Heat», «Titus» et «Catwoman» entre autres) en compagnie notamment d’Elliott Goldenthal. Comment abordes-tu la composition d’une musique de film par rapport à ce que tu fais dans Helmet ? Non, le travail que j’ai fait avec Elliott était en tant que guitariste, moi je n’ai rien écrit. Il avait besoin de différentes couleurs sonores sur des sections de films et a fait appel à moi pour former des sons basés sur des scènes spécifiques. Et puis, j’ai ajouté des parties de

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LES DISQUES DU MOIS

LONELY THE BRAVE The day’s war (Hassle Records)

mettre en avant ces derniers mois : «Trick of the light» et «Backroads», les deux singles, comme les autres morceaux, bénéficient d’un énorme capital sympathie de par la douceur de la disto des guitares et le timbre, si particulier, de David Jakes, à cela il faut ajouter des lignes mélodiques poignantes et une pluie de riffs sur une rythmique grave qui nous laissent contemplatifs. «Backroads» et l’un des trois titres déjà connus par le public averti (avec «Deserter» et «Black saucers» eux aussi présents sur l’EP) mais n’est pas selon moi le meilleur, la rage d’un «Islands», la vitesse d’un «Black saucers» ou à l’inverse la quiétude d’un «Dinosaurs» ou la pesanteur d’un «Call of horses» mettent tout autant les qualités d’écriture du groupe en avant, les singles choisis sont des morceaux médians, ni trop mous, ni trop enlevés, ils sont davantage passe-partout et ne reflètent pas l’étendue du talent de Lonely The Brave. Au début des années 2000, une vague émo-rock renversait l’Angleterre alors qu’émergeaient des groupes qui ont plus ou moins tenu la distance (Funeral For A Friend, The Blueprint, The Lost Prophets, Hundred Reasons, The Hurt Process...), c’est à eux que j’ai immédiatement pensé en découvrant Lonely The Brave. Le groupe s’est monté en 2009 sur les cendres de projets qui n’ont jamais vraiment aboutis avec autour de la voix de David Jakes, la guitare de Mark Trotter, la basse de Andrew Bushen et la batterie de Gavin Edgeley, les quatre n’enrôleront un second guitariste (Joel Mason) qu’un peu plus tard. En 2013, ils sortent un premier EP (Backroads) chez Hassle Records, un des labels londoniens les plus en vue (ils ont découverts Alexisonfire , Rolo Tomassi et 65daysofstatic et ont encore dans leur écurie Attack! Attack!, August Burns Red, Cancer Bats ou The Get Up Kids !). Enchaînant les festivals et les concerts avec Therapy? ou Deftones à Paris, par exemple, le groupe fait sensation auprès de tous ceux qui l’écoutent, leur premier album The day’s war sort en septembre et ne fait que confirmer tout leur potentiel. Après une petite «Intro» instrumentale qui permet de découvrir la clarté du son du quintet, Lonely The Brave attaque avec les deux titres qu’il a choisi de

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Car tout au long de ce premier album, les Anglais nous touchent avec une sensibilité à fleur de peau et savent doser leurs effets pour ne pas tomber dans le mélo larmoyant insupportable dont certains se sont fait une spécialité. Ainsi Lonely The Brave ressemble à un vrai groupe et pourrait être réellement un des meilleurs paris sur l’avenir à faire en cet été 2014. Certes, la presse anglaise a pour habitude de s’exciter un peu trop facilement mais pour le coup, ça n’est pas totalement inadéquat. Le plus dur pour eux commence maintenant, prouver qu’ils peuvent durer, résister aux pressions et continuer d’écrire de bons morceaux. Parce qu’on aimerait bien, dans le futur, éviter de se lamenter sur les qualités de ce premier album étalon en écoutant ses successeurs (confère Ash, Funeral For A Friend, Bloc Party...). Oli


LES DISQUES DU MOIS

RADIKAL SATAN

El incendio que se llevo de la ciudad (Autoproduction) 5) Parce que du tango, j’en écoute jamais. Ils ont décloisonné mes oreilles d’auditeur étroit d’esprit et je les en remercie. 6) Parce que la musique produite par les deux musiciens est particulièrement indéfinissable : doom-tango qu’ils la qualifient. On est plutôt d’accord. Et plus encore tant Radikal Satan semble être un groupe sans chapelle et que tout peut arriver au détour d’une nouvelle piste. A l’écoute de l’album, les références pleuvent (un Tom Waits période Rain dogs version sud-américaine, notamment...) mais sans réellement définir correctement l’identité du groupe. 7) Parce qu’en live, c’est mortel.

10 excellentes raisons de se jeter sur Radikal Satan en mode «Parce que» et puis c’est tout. 1) Parce que depuis Krist Novoselic et «Jesus doesn’t want me for a sunbeam» sur l’unplugged de Nirvana, t’as pas du en écouter des masses des groupes dotés d’un accordéon. 2) Parce que Radikal Satan, c’est un nom de groupe diablement cool, ok ? 3) Parce que le groupe à la configuration atypique est constitué par deux frangins, César (contrebasse, guitare et voix) et Mauricio (accordéon, clavier et voix) Amarante, deux musiciens argentins exilés à Bordeaux. Ça en dit long sur la complicité musicale présente au sein du «Radikal Sheitan».

8) Parce qu’El incendio que se llevo la ciudad est une expérience auditive d’une richesse ineffable. Dépaysement garanti avec la compagnie Radikal air Satan. Il fait parfois très chaud, parfois très froid dans l’univers du groupe mais ça reste toujours jouissif et propice au voyage. 9) Parce que le groupe a toujours des artworks assez classes. 10) Parce-que la discographie entière de Radikal Satan est disponible gratuitement sur leur site internet (radikalsatan.org). Merci Radikal Satan ! N’hésite pas à les remercier en allant les voir live et comme ils tournent constamment, c’est difficile de les rater. David

4) Parce que Radikal Satan rend une certaine «coolitude» à un instrument qui jouit d’une réputation poussiéreuse, malheureusement confinée dans les esprits, la plupart du temps, à un public détenteur d’un déambulateur. Merci la «chance aux chansons». Merci Pascal Sevran. Et merci mamie.

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EVENLINE

Dear Morpheus (Dooweet Records) Evenline me rappelle sans cesse Creed... que j’aime beaucoup. Du coup, je me retrouve aussi à aimer Evenline. Et oui, je suis toujours fan à la fois de grunge et de métal et quand des mecs mélangent les deux, ça me parle tout de suite... Ici, certains titres sont très agressifs (ce «Without you» dont j’ai du mal à me lasser, «Hard to breathe») et donc franchement métal et si cela permet au groupe de se démarquer de ses aînés, il est aussi un peu moins persuasif dans ce domaine, l’efficacité étant bien plus présente sur les passages «rock» voire même les parties plus langoureuses («A letter to a grave», «Already gone», «Eternal regrets») que certains ne manqueront pas de tailler en pièce parce qu’il n’est toujours forcément pas bien vu de faire un «slow»...

En 2010, soit un an après sa création, Evenline avait signalé son existence sur notre forum, leur EP démo The coming life voyait le jour et le groupe francilien commençait à avoir de bons retours. Il décrochait même la première partie d’Alter Bridge au Luxembourg... Aujourd’hui, le quatuor est formé d’Arnaud au chant, Fabrice à la guitare, Thomas à la basse et d’Olivier à la batterie (les deux Julien ayant quitté le navire), a signé chez Dooweet, a enregistré son album avec Jim Dewailly, l’a fait masterisé par Tom Baker (dont le CV regorge de grandes références genre Stone Temple Pilots, Nine Inch Nails, Alter Bridge, Ministry ...) et le sort avec un artwork et un titre qui ravira les amateurs de la trilogie Matrix : Dear Morpheus. Ce cher Morpheus, celui qui croit en la prophétie et fera tout pour que l’élu libère les humains, c’est aussi celui qui a pour mission d’effacer les mauvais souvenirs pour Evenline dans le titre éponyme. Un titre qui comme beaucoup d’autres sonne énormément comme ceux de Creed (notamment celui de My own prison), la voix, le ton, le timbre, les attaques mélodieuses, tout chez Arnaud semble inspiré par Scott Stapp et comme ses comparses sont eux aussi amateurs du combo floridien (ou de ses suites comme Alter Bridge),

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Au final, les Parisiens ont les défauts de leurs qualités, à savoir qu’ils sont très bons dans ce qu’ils font (sorte de power grunge) mais que d’autres l’ont fait avant eux... Ce n’est qu’un premier album, laissons-leur le temps d’affiner leur propre identité et se détacher de leurs modèles. Oli


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CRIPPLED OLD FARTS Free drinks in hell (Rejuvenation Records / Slow Death)

dépassent que rarement les 2 minutes, pas le temps de se lasser d’un style assez monomaniaque que la correction est déjà arrivée à son terme. Et comme d’hab’ avec ce label, l’édition vinyle est mégaclasse avec un p’tit livret (paroles, photos...) imprimé avec amour. Et si tu fais parti de ces nerds qui adorent regarder le vinyle qui tourne sur la platine, Free drinks in hell fera aussi le bonheur des yeux. David

Crippled Old Farts (on te laisse le soin de traduire le nom du groupe...) est un quatuor parisien qui existe depuis 2007 et livre avec Free drinks in hell son premier véritable album via le toujours très actif label Rejuvenation Records (Berline0.33, Ultracoït, Shub, Hawks et une pelletée d’autres sorties...) Dès le premier titre, «Switchblade», ça bastonne sévère et si les Minor Threat et autres Descendents font parti de ton panthéon, Crippled Old Farts risque de te faire ‘zizir aux oreilles : dynamique d’enfer, riffing efficace, chanteur en mode «t’as vu ma glotte ?» Aucun doute la dessus, c’est du punk-hardcore et en une minute et 25 secondes, l’affaire est torchée et les hostilités repartent de plus belle dès la piste suivante. Les 13 titres se passent sans que l’on ait grand chose à redire de Free drinks in hell : il s’agit d’une belle collection de titres grisants et immédiats qui atteignent facilement leurs objectifs, avec quelques moments de grâces notamment au travers de «Rats in maze», un titre où les Crippled Old Farts côtoient les cieux du genre. Évidemment que l’album est dénué de surprises mais franchement, c’est absolument pas la vocation des musiciens qui réussissent à taper dans le mille à chaque piste. D’autant que Free drinks in hell est un album court, les compositions ne

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BORN RUFFIANS Birthmarks (Yep Roc Records / Paper Bag Records)

L’arrivée en avril 2013 de Birthmarks, le troisième album de Born Ruffians, sonne comme une renaissance pour la formation canadienne. Trois ans après un Say it à l’accueil mitigé par la presse musicale (coucou le Sacro Saint Pitchfork !), le désormais quatuor - avec l’arrivée d’Andy Lloyd (l’ex-bassiste de Caribou) au clavier et le remplacement à la batterie de l’instable Steve Hamelin par Adam Hindle - a quitté Warp Records pour Yep Roc Records (pour la distribution mondiale) tout en continuant à travailler avec Paper Bag Records pour le territoire canadien. De plus, le chanteur-guitariste Luke Lalonde a décidé de confier la production à Roger Leavens qui s’est chargé de Rhythymnals, son album solo sorti l’année précédente, et de ne pas poursuivre l’aventure avec Rusty Santos, producteur des deux premiers. Tout ça n’est pas négligeable dans la vie d’un groupe qui fête, rappelons-le, ses dix ans cette année. Birthmarks, pour faire un rapprochement avec son titre, n’est pas le genre d’œuvre qui nous évoque un retour en arrière juste parce que «c’était mieux avant», pas plus qu’une forte remise en question, comme l’a fait un temps Radiohead avec son Kid A. Il est souvent dit que le troisième album est celui de la «maturité», dans le cas présent le style musical et la hype des Canadiens marche

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trop bien dans la sphère rock pour qu’il se défasse de sa pop amuse-gueule et aguicheuse. La démonstration est réalisée dès les premiers morceaux dont «Needle» qui a tout du hit en puissance, accrocheur dès les premiers coups de caisse-claire juste après que le quatuor nous ait préparé une introduction guitare-chant soignée. «65000» , et c’est le cas pour d’autres morceaux comme la flagrante «Rage flows», sonne même comme un titre des Arctic Monkeys ayant travaillé avec multiples artistes de la même vague pop bariolée (citons au pif Vampire Weekend ou MGMT). Là où le bât blesse c’est justement cette impression de déjà-vu, que le groupe n’est qu’un ersatz de tout ça, même si le genre est maîtrisé et que la formation «tente» par moment de briguer cette différence avec ses confrères par des morceaux sortant un peu du lot (citons «Dancing on the edge of our graves» et «Never age», les deux derniers morceaux). Ce troisième album n’est d’ailleurs pas tant linéaire que ça, sa pop se veut autant charnelle («Permanent hesitation») qu’aérienne («So slow», «Never age») et n’est pas en reste pour faire danser les djeuns («Ocean’s deep» en est un très bon exemple). Tout ça pour dire que cela ne fait pas avancer le schmilblick, mais comme on dit, c’est toujours ça de pris, surtout quand c’est bien emballé. Ted


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CHAPELIER FOU Deltas (Differ-ant)

Art et mathématiques sont deux domaines qui s’adorent et si les matheux ne sont pas forcément de grands artistes, nombreux sont les artistes à avoir jouer avec les mathématiques. Si la peinture s’est allègrement amusée avec les nombres (d’or ou pas), en musique, il est moins évident de faire la corrélation, même en écoutant du math-rock... Le Chapelier Fou joue fatalement avec les chiffres depuis toujours mais cette fois-ci, il a noirci le trait en invitant des références à se mêler dans ses titres. Dès l’artwork, c’est évident, la géométrie est belle et bien là, même si elle reste assez floue et surtout colorée, Chapelier Fou est tout sauf binaire et si ses compositions sont ciselées, elles sont également libres et n’apprécient guère les cadres classiques et la rigueur... mathématique. Le titre de l’album est une autre pièce à verser au dossier : Deltas, point de géographie fluviale ici mais davantage le symbole du changement, au pluriel, ils seraient donc plusieurs même s’ils ne sont pas si évidents que ça, tant ce nouvel opus s’inscrit dans la lignée des précédents, avec peut-être un peu moins de violon ? Ensuite, c’est dans les noms de piste que Louis place des références évidentes qui viennent en percuter d’autres : «La guerre des nombres» (ou comment

remixer H. G. Wells), «Triads for two», «Pentogan 3.14» (ou comment un changement de lettre vous déforme un mot, à noter que Pi n’est présent que là alors que si «Grand Arctica» et son rythme marqué avait duré 5 secondes de moins...) ou moins évidentes... Comme ce «Pluisme» que je vois comme la contraction poétique de «prisme» et «pluie» ou ce «i_o» qui peut être interprété comme le passeur de 0 et de 1 d’un appareil à l’autre. Comme toujours, Chapelier Fou apporte plein de choses, son imagination n’est pas forcément la même que la nôtre, sans texte, cette interprétation reste personnelle et chacun pourra se construire la sienne. Musicalement, c’est pareil, on peut chercher à découvrir des symboles, des messages mais je préfère me laisser porter par les mélodies, les samples, les rasades de violon, c’est tellement plus simple et plus agréable... A cette enseigne, dénotent le tip top «Tea tea tea» dansant, la douceur de «Carlotta Valdes» qui procurera quelques Sueurs froides aux plus timorés mais aussi «Tickling time» où Gérald Kurdian vient (de nouveau) poser sa voix. Depuis Invisible, les deux artistes ne se quittent plus : après avoir apporté son instrument sur un titre («Celebration») de l’album de son comparse (La solidité des choses (The strength of things)), le Messin et le Parisien travaillent encore ensemble pour ce morceau très doux où les parasites s’éclatent avec des notes très pures. Jamais facile à appréhender, la musique de Chapelier Fou est à vivre comme une expérience, alors certes, chez soi, ça demande de l’attention et soit de l’abandon soit de la concentration mais en live, c’est un immense plaisir et quand on l’a connu une fois, il est bien plus aisé de s’y replonger. Si tu n’es pas convaincu par ces titres, va à la rencontre du Chapelier Fou, tu y reviendras forcément. C’est aussi sûr que deux et deux font quatre. Oli

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INTERVIEW TEXTE

INTERVIEW>CHAPELIER FOU Avec un nouvel album sous le bras et toujours des tonnes d’idées, on a réussi à arrêter quelques temps le Chapelier Fou pour qu’il réponde à nos questions sur ce Deltas mais aussi sa façon de travailler et les concerts improbables qu’il est capable de donner.

Le nouvel album est porté sur les mathématiques, c’est venu comme ça ou c’était un point de départ pour orienter le nom des titres ? Je ne sais pas trop, je crois que j’ai toujours eu cette obsession. S’il y a une chose qui relie les choses entreelles, c’est bien les nombres et les mathématiques. La musique n’échappe pas à la règle, elle est régie par des séries, des proportions, etc. J’ai trouvé assez drôle de jouer sur des croisements entre les titres, quitte à brouiller les pistes, entre «Triads for two» et «Tea tea tea», ou bien «La guerre des nombres» et «Pentogan 3.14». Le Delta c’est un symbole de changement, qu’est-ce qui a changé chez Chapelier Fou ? Après quelques années passées à construire puis à développer un système pour pouvoir évoluer seul sur scène de manière intéressante (boucles, séquencing en direct, programmation logicielle), j’ai ressenti le besoin d’aller vers autre chose. Je me sens plus libéré dans ma démarche. C’est comme si auparavant, j’avais besoin de tout ça pour justifier d’être là, de faire de la musique. Maintenant, j’assume dans la simplicité : je suis un musicien.

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Le violon laisse davantage de place aux autres instruments, tu ne voulais pas être perçu uniquement comme un «violoniste» ou ton mode de composition a changé ? Je ne me suis jamais considéré comme un violoniste. Il se trouve que, «par hasard», le violon est l’un des instruments avec lequel je suis le plus à l’aise. Mais pour moi un «instrument», ça porte bien son nom, ce n’est qu’un moyen d’arriver à produire de la musique. J’ai composé différemment sur cet album. Sur les précédents, je partais souvent d’une prise live, donc régie par les lois que je m’étais fixées, dans un cadre fait de boucles, de violon. Mais là, j’ai envisagé les morceaux comme étant vraiment le fruit d’un travail d’enregistrement dès le départ. Je ne me suis pas du tout limité en terme d’instruments et d’arrangements. Je n’arrêtais pas de me dire «pour le live, on verra en temps voulu». Comment se passent les collaborations avec les invités ? Tu écris la musique en leur laissant de la place ou c’est un travail commun dés le début ? Il n’y a en fait qu’un seul «invité», c’est Gérald Kurdian sur «Tickling time». Je lui laisse de la place dès le début. Je m’arrête là où, d’habitude, les choses deviennent intéressantes et périlleuses. Puis je lui envoie cette ver-


Tu utilises beaucoup de sons samplés, tu utilises une sonothèque ou tu captes toi-même les «sons» ? J’ai samplé des centaines de disques quand j’étais plus jeune, à la recherche de boucles ou de notes isolées que j’utilise comme matière première dans des sampleurs. J’utilise toujours aujourd’hui cette bibliothèque que je me suis construit. Aujourd’hui, je préfère utiliser un micro et enregistrer tout ce qui passe par là : il y a plein d’objets autour de nous, et c’est un honneur de leur donner une vie par la musique. Sinon, j’utilise bien sûr des samples de sons isolés de boîtes à rythmes glanés sur le net. Mais de manière générale, j’utilise moins de samples qu’auparavant.

Pour résumer, on a été plantés par des mécènes et le projet initial n’était plus réalisable. Les deux réalisateurs sont revenus avec un nouveau projet, très intéressant d’ailleurs, mais ça n’avait plus rien à voir avec le projet pour lequel on avait contacté les gens, et j’ai décidé d’abandonner complètement et de rendre aux gens leur argent. J’ai toujours plein de projets sur le feu, mais sous cette forme plus jamais ça...

INTERVIEW TEXTE

sion. Ensuite je retravaille le morceau par rapport à sa proposition. Enfin on réenregistre la voix. Il y a aussi Maxime Tisserand à la clarinette. J’avais des idées, je lui en ai parlé, on les a enregistrées, c’est aussi simple que ça. Il y a des gens avec qui ça colle tout de suite. Du coup, il se retrouve à partager la scène avec moi pour la tournée à venir.

Il y a des jours où tu n’as «rien» à faire ? T’en profites pour faire quoi dans ces cas-là ? Nager, passer du temps avec ma copine et répondre à des interviews. Merci à Louis mais aussi à Jean-Philippe Béraud. Oli

Tu joues un peu partout dans le monde, comment es-tu reçu par le public à l’étranger ? J’ai eu la chance de voyager pas mal. Je ne peux pas trop savoir, ils parlent presque tous des langues étranges... Globalement, ça s’est toujours très bien passé. Tu peux jouer dans un musée, la salle de sports d’une école, une piscine ou dans un festival folk en Australie, est-ce que tu adaptes la set-list au public ? Pas vraiment. Je suis là pour proposer quelque chose de cohérent. Après, les gens adhèrent ou pas, ce n’est pas vraiment mon souci. Toutefois, il y a certains cadres où je sens que je peux me permettre de plus expérimenter que dans d’autres. Où ou pour qui aimerais-tu jouer ? J’ai vraiment envie de jouer dans des petites salles, pas forcément des salles de concert. Des friches industrielles ? Une aire d’autoroute ? Un haut-fourneau ? Sous un pont ? Faute de financement, le film «Protest» a été abandonné alors que la levée de fond du public avait été une réussite, ça refroidit ou d’autres projets peuvent voir le jour ? Ce fut une expérience vraiment douloureuse : monter un projet, réussir à motiver plein de monde, atteindre un record sur un site de levée de fonds, pour au final laisser tomber, ça fait mal.

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LES DISQUES DU MOIS

MORNING PARADE Pure adulterated joy (So recordings / Parlophone)

sucrées ont autant d’importance que le grain des guitares, les responsables du tempo assurent aussi le groove, plus que de faire des compromis, il s’agit ici de bâtir des ponts. Les arrangements et le clavier viennent d’ailleurs souvent adoucir la (relative) rugosité des autres instruments et donnent beaucoup de relief à l’ensemble et permettent de lier le tout sans souci, «Love thy neighbour» pouvant jouxter «Car alarms & sleepless nights» sans heurt (dans ce dernier, on retrouve des éléments électro rappelant le Radiohead de Ok computer).

L’histoire de Morning Parade est celle de bon nombre de groupes, des mecs qui se rencontrent à l’école, qui plus tard forment un groupe, se séparent, trouvent d’autres gars qui ensemble forment le combo qui fonctionne. Steve, Chad, Phil, Ben et Andy n’avaient pour autant pas forcément prévu de carburer autant. Venant d’un bled du Sud-Est de l’Angleterre, leur premier album éponyme en 2012 a fait sensation, signés chez Parlophone, ils charment l’Angleterre et récidivent au printemps 2014 avec Pure adulterated joy enregistré sous la houlette de Jason Cox (Blur, Gorillaz...). Si dans la façon d’attaquer les chansons (la tonalité, la rythmique, ...), Morning Parade est à classer au rayon pop, le groupe ne fait pas de «brit pop» car il aime trop la distorsion et les envolées rock pour se couler douce à pondre des titres basiques couplet/refrain/couplet sans aspérité pour plaire au plus grand nombre. Non, le quintet évolue dans un univers entre un bon morceau rock de Supergrass (ce chant sur «Shake the cage») et un Nada Surf dans sa version la plus pop («Alienation»). Dans un pays qui se battra éternellement pour savoir si tout en haut, il faut mettre les Beatles ou les Rolling Stones, Morning Parade fait le choix de ne pas s’engager davantage pour l’un que pour l’autre. Les mélodies

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Plus de joie que d’altération dans ce nouvel album de Morning Parade qui n’apporte pas de révolution dans le monde du pop rock mais amalgame avec perfection un tas de grandes références pour faire son petit truc dans son petit coin... Enfin, ça c’était avant car le monde entier les entend désormais. Oli


LES DISQUES DU MOIS

BUSDRIVER Perfect hair (Ninja Tune)

long-termiste, le refrain est scotchant mais là aussi le titre peine à convaincre dès les premiers contacts. «Ego death», on t’en a déjà parlé, c’est la fête du slip. La piste suivante, «Upsweep» est aussi un des moments forts de l’album : un titre dream-pop salopé par un beat efficace et ce chant toujours aussi particulier. Très classe. Parmi les autres pistes incontournables de cet album, il est difficile de ne pas mentionner «Eat the rich» et son tic vocal irrésistible ou «Can’t you tell me I’m a sociopath» et son beat qui s’empare de l’attention pour ne plus la lâcher. Perfect hair se termine sur quelques pistes foisonnantes assez représentatives de l’album : Busdriver nous perd pour mieux nous retrouver, puis nous perdre et reprendre l’auditeur par la peau du dos. Un cache-cache sonore où le rappeur prend un plaisir évident alors qu’il est (pour le moment...) plus sinusoïdale-positif de notre coté. Comme Jhelli beam, le dernier album de Busdriver que j’avais eu l’honneur de chroniquer dans ces pages (ndr : il en a publié deux autres entre-temps), Perfect hair est un disque qui se fait mériter et il faut multiplier les écoutes pour se rendre à l’évidence qu’il s’agit d’un très bon cru. Bien heureusement pour l’auditeur qui n’est pas doté de la patience de votre serviteur, notre conducteur de bus favori (avec Otto des Simpsons et Gérard, le moustachu de la RATP) parsème son album de titres évidents, histoire de ne pas totalement désarçonner et encourager l’auditeur à poursuivre l’itinéraire. La troisième piste, «Ego death», en compagnie d’Aesop Rock et Danny Brown, est d’ailleurs un des sommets de l’album et le meilleur ambassadeur pour représenter Perfect hair : 6 minutes de flows entrelacés percutants sur un instrumental évolutif. Un titre qui, à l’instar d’»Imaginary places» ou «Me-time», devrait rapidement devenir un classique dans la discographie du rappeur hyperactif.

Perfect hair n’est pas forcément l’album le plus efficace de Busdriver et encore moins celui par lequel commencer si tu es afficionados de hip-hop racé. Néanmoins, Busdriver a encore une tripotée d’arguments massues à mettre en avant. Et, turpitude de chroniqueur, à l’instar de Jhelli beam, Perfect hair devrait encore révéler beaucoup de sa magie jusqu’à la prochaine livraison de Regan Farquhar. A la lecture de cet humble article, tu peux donc déjà considérer cet avis comme caduc et rajouter une bonne dizaine de points de séduction. David

Perfect hair commence sur les chapeaux de roues, même si «Retirement ode» ne charme pas immédiatement. Le phrasé inimitable est toujours présent mais le titre désoriente de par ses atmosphères chiadées lorgnant vers un hip-pop progressif (le néologisme est volontaire hein...). «Bliss point» est aussi une réussite

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H.O.Z

Band of brothers (Head Records) qui leur permet de prendre quelques risques incongrues mais plus que bienvenue. Finalement, il n’y a que «Daneel» et ses lignes de chant caricaturales/forcées qui me donnera envie de zapper vers la piste suivante. Le dernier morceau, «Nine meters squad» est une conclusion assez épatante avec un titre en plusieurs temps : une phase punk, une mutation vers une sorte de blues-crooner et l’apparition d’une chorale qui confère un caractère bien épique à cette entreprise (qui ne connaît pas la crise). On a hâte d’entendre la prochaine peau qu’endossera ce groupe qui ne souhaite apparemment pas se laisser enfermer dans un carcan bien précis. Encore une belle sortie d’Head Records (Pneu, Mudweiser, Morse...). David S’il y a un virage surprenant, c’est bien celui qu’entreprend H.O.Z avec son Band of brothers. Car après avoir exploré un hardcore aux tendances math qui convoquait autant Converge que The Locust avec Loud noise making, les Dunkerquois mettent clairement de l’eau dans leur pichet de décibels et nous assènent un album punk-old school aux morceaux percutants qui ne peuvent que remporter l’adhésion de l’auditeur. Le premier titre, «Ain’t got no woman», est un petit tube en puissance et annonce clairement la couleur en rappelant l’immédiateté des tubes de nos années punk : deux-trois écoutes suffisent pour irrémédiablement squatter vos pensées. La piste «Hey girls» qui reprend aussi la nomenklature de tout titre punk qui se respecte, est là aussi une réussite à mettre à l’actif du groupe. On perçoit bien vite dans les partis pris vocaux ou certains tics rythmiques que le groupe ne s’est pas totalement détaché de ses envies de -core et que les muscles, s’ils sont cachés par un t-shirt Dead Kennedys délavé, sont encore bien présents. Même si Band of brothers parait être un album assez monomaniaque, le groupe pimente sa formule et déjoue les pièges de la monotonie soit avec une voix qui se la joue volontiers acrobatique soit avec une ouverture d’esprit

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LES DISQUES DU MOIS

KERRETTA Pirohia (Golden Antenna Records)

emporter par leurs idées, quand ils ajoutent des changements de rythme («The roar»), on atteint même des sommets. Et ce, ultra rapidement car le groupe ne s’étend jamais vraiment (les titres tournent tous autour des 5 minutes), il va à l’essentiel et ne se perd pas dans ces circonvolutions tant appréciées chez les tenants du post-rock. D’une grande cohérence, tout l’album se déguste d’une traite, à peine remarque-t-on ce «Kawea tatou ki nga hiwi» qui incorpore un chant tribal maori, une voix qui est ici un instrument au service d’une ambiance plus qu’un transmetteur de message, on est bien plus proche du shamanisme que d’une «chanson», Kerretta honore ainsi les racines d’une nation à l’identité très forte.

Trois années se sont écoulées depuis la sortie de Saansilo et voilà que Kerretta refait surface. Certes, les kiwis ont sorti des titres en digital pour préparer le terrain à ce Pirohia, mais comme ils sont amateurs de jolis artworks et de digipaks soignés, tenir l’album entre ses mains en plus de l’avoir dans les oreilles, c’est quand même autre chose.

Si quand on te parle de rock et de Nouvelle-Zélande, tu penses à The Datsuns ou Die! Die! Die!, c’est que tu n’as pas encore écouté Kerretta parce que s’il fallait n’en retenir qu’un, ce serait eux. Oli

Même si le ciel et la mer sont au coeur des jolies photos de l’artwork, les riffs et les distorsions lourdes et sombres sont gravement telluriques, à l’écoute de cet album, c’est bien le sol qui gronde, la terre qui se craque et nos pieds qui tremblent. L’attraction terrestre granuleuse et sa pesanteur poussiéreuse se trouvent contrebalancer par des petites notes claires qui font sourire les oreilles et allument le feu dans les yeux, outre la guitare, les ajouts de percussions font aussi beaucoup à contraster l’ensemble et le rendre facilement audible. Si les kiwis n’étaient qu’en mode vrombrissements de basse, on saturerait aussi vite que leur guitare, là, les nombreuses petites éclaircies aérent le tout, le rendent dynamique et parfois même entraînant et hypnotique («Sister, come home»). C’est d’ailleurs dans ce genre de morceau où les contrastes sont poussés au maximum que je prends le plus mon pied à me laisser

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INTERVIEW TEXTE

INTERVIEW > KERRETTA Alors que les kiwis s’apprêtent à embarquer pour une tournée européenne, c’est H.Walker, le batteur du trio, qui a pris de son temps pour répondre à nos quelques questions sur la vie de l’autre côté du globe mais aussi la préparation de leur nouvel album et les concerts.

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De la Nouvelle-Zélande, on ne connaît que quelques groupes, comment est la scène rock chez vous ? On ne connaît que la scène rock alternative, on ne s’intéresse pas à tout ce qui est commercial. Il y a de supers bons groupes : Beastwars, High Dependency Unit (HDU), Mountaineater, Old Loaves, Jakob, The All Seeing Eye. C’est une bonne chose d’avoir autant de bons groupes, la Nouvelle-Zélande est très éloignée de tout, c’est très difficile pour les artistes de pouvoir faire de bons albums s’ils ne tournent pas à l’étranger, nous ne sommes pas très nombreux en Nouvelle-Zélande et voyager hors du pays coûte horriblement cher.

autres alors que Sydney n’est qu’à deux heures de vol d’Auckland.

C’est facile de trouver des concerts ? Il y a énormément de restrictions quant à la vente d’alcool chez nous, ce qui fait que les squats n’existent pas vraiment. Du coup, les jeunes groupes commencent par jouer des concerts lors de fêtes chez les gens avant de pouvoir en faire dans une vraie salle de concert. Et elles ne sont pas nombreuses donc il vaut mieux connaître d’autres groupes qui y jouent et essayer de faire leur première partie. Quand tu fais une tournée en Nouvelle-Zélande, tu as souvent intérêt à ajouter des dates en Australie, les villes néo-zélandaises sont très éloignées les unes des

Pourquoi avoir enregistrer et mixer vous-mêmes cet album ? Sur certains titres, enregistrer et composer, c’est la même chose pour nous. Là, en gérant tout, on pouvait passer pas mal de temps à faire des prises puis les écouter et voir si ça nous plaisait assez pour développer encore le titre jusqu’à ce que ça sonne comme on le voulait. On a notre propre studio donc on peut enregistrer et mixer comme on veut. David a enregistré beaucoup d’autres groupes, c’est évident pour lui de s’occuper de nous ! Et bien entendu, ça nous coûte beaucoup moins cher que de louer un studio...

Et pour sortir un album ? On a de la chance parce qu’on possède pas mal de matos pour enregistrer et c’est David, notre guitariste qui mixe nos albums, c’est donc plus facile pour nous que pour d’autres. Nos disques sortent via Golden Antenna en Europe, il y a donc des gens qui nous aident beaucoup, on les remercie au passage ! Hors d’Europe, on doit payer pour tout ce qu’on fait, c’est un gros boulot pour faire en sorte que ça marche.


Quel est le pays qui vous attire le plus en terme de musique ? Il y a de la bonne musique dans chaque pays, on n’a rien contre aucun pays ! Bien sûr, on aime pas mal de groupes de Nouvelle-Zélande... Au niveau du rock, les gens ont besoin de temps pour écrire mais aussi de relations et d’argent pour pouvoir répéter et enregistrer quelque part. Je pense que seuls ceux qui réunissent tout ça peuvent monter des groupes durablement... Hors de chez nous, si on considère la population totale du pays, les Suédois s’en sortent pas trop mal, non ? Venir un mois en Europe, c’est des vacances ou le boulot ? Les deux ! On adore composer et bosser dur pour sortir les meilleurs disques possibles puis faire les meilleurs concerts possibles. Partir en tournée, c’est là aussi un peu des deux parce que c’est dur physiquement et mentalement. Ceci dit, on est très chanceux parce qu’on voyage, on rencontre des gens, on donne des concerts, c’est cool. On apprend beaucoup et on voit plein de choses qu’on ne voit pas chez nous. Ca demande des «sacrifices» dans vos vies ? On est loin de nos familles et on se retrouve souvent dans des endroits et des situations où on se demande «qu’est-ce qu’on fout là ?». Mais on est assez passioné par ce qu’on fait pour continuer d’écrire de la musique et essayer de l’amener au plus de monde possible. La mer est au centre des très belles photos de l’artwork, c’est quoi pour vous ? J’ai pas trop envie de développer, je pense qu’avoir une telle image permet à l’autre de se mettre à la place de

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Vous retravaillez les titres en studio ou c’est juste pour enregistrer ? Sur nos deux premiers albums, on répétait et enregistrait tout ce qu’on faisait ensemble ! On bossait en continu sur les parties qui nous plaisaient le plus jusqu’à avoir des titres entiers qui nous satisfaisaient. Ensuite, on allait dans un vrai studio et on les enregistrait proprement. Pour Pirohia, c’était différent parce qu’on ne vit plus aux mêmes endroits, c’était à chacun de nous d’amener des idées qui étaient déjà bien élaborées pour les présenter aux autres. Une fois qu’on se rencontrait quelque part, on ajoutait les idées des autres jusqu’à obtenir la structure de base et on rebossait dessus pour fignoler et placer divers arrangements avant d’entrer en studio pour tout enregistrer.

celui qui prend la photo et de ressentir les choses. Certaines questions ne doivent pas avoir de réponse, c’est mieux de garder une part de mystère. J’espère qu’il y a assez de clarté et d’ombre dans l’artwork pour que chacun se fasse sa propre idée. Vous pouvez nous parler de «Kwea Tatou Ki Nga Hiwi» ? C’est une sorte d’hommage à votre pays ? Déjà, la traduction pourrait être «Amener nous aux collines». D’habitude, on n’a pas de chant, pour la première fois on a écrit une ligne mélodique pour une voix et on voulait l’utiliser comme un instrument. On a bossé sur les textes et le chant plusieurs semaines avant le studio. Les chants traditionnels maori n’utilisent pas la gamme occidentale et leurs lignes de chants ne s’éloignent jamais de plus de 4 ou 5 notes de la note principale. Et souvent la musique passe d’une note à l’autre très lentement, du coup, il y a de tout petits changements de tons. Les textes sont difficiles à traduire, ils sont écrits en vieux maori et non pas dans le langage parlé d’aujourd’hui, cette vieille langue est bien plus élégante et une lourdeur insistante sur les métaphores. C’est pas vraiment un hommage à la Nouvelle-Zélande, ça semblait juste naturel pour nous d’utiliser le maori quand on a décidé de mettre du chant sur cette chanson. Ce chant est davantage présent pour sa musicalité que pour le message mais il est tout de même en maori, ça signifie quelque chose... Depuis toujours, notre approche a été mélodique. Bien sûr que si tu utilises la langue maori, c’est inévitable de faire le rapprochement avec cette culture mais on n’a pas voulu que cela ait un sens particulier, d’ailleurs c’est la même chose dans les chants traditionnels. Si vous aviez des textes, de quoi parleraient-ils ? Peut-être qu’un jour je pourrais répondre correctement à ta question... si jamais on utilise des textes ! L’edition collector de votre album s’est vendu intégralement avant sa sortie, vous vous y attendiez ? Pas du tout ! On est très touchés que les gens dépensent leur argent durement gagné pour venir à nos concerts et acheter les disques sur lesquels on a travaillé. C’est très excitant de savoir que des gens partout dans le monde croient suffisament en nous pour commander un album qu’ils n’ont jamais entendu ! Vous sortez régulièrement des titres en digital, c’est une volonté d’utiliser les nouveaux media ou est-ce que c’est par commodité pour toucher le monde entier ?

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INTERVIEW

On apprécie tous les formats. Quelque soit le moyen, on est heureux que les gens écoutent notre musique. Le digital est très pratique parce que tu l’emportes où tu veux. Notre format favori pour profiter de la meilleure qualité de son, c’est le vinyle. Les formats physiques forment un tout, en plus d’une excellente qualité sonore, tu as l’artwork que l’artiste a voulu pour l’accompagner. C’est bien aussi pour l’aspect social du disque... Merci pour tout, profitez bien de cette tournée européenne ! Merci ! Non, c’est nous qui disons merci à H.Walker et à Kerretta mais également à Magnus chez Golden Antenna ! Oli

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LES DISQUES DU MOIS

ERLEN MEYER Erlen Meyer (Klonosphère)

taines parties compréhensibles sont plus que lugubres et foutent la chaire de poule («Nuit», «Bec et ongles»), je ne conseille donc pas l’écoute de ce premier album éponyme dans le noir complet... Entre deux pièces oppressantes et étendues (on a quatre titres au delà des 8 minutes), on peut souffler avec un «Les caprices de Remington» ou «Ex-Voto», qui comme l’introductif «Gamla stan» sont instrumentaux et plus ou moins légers ainsi le clavier d’une grande pureté sur «Les caprices de Remington» apporte un très beau contraste au coeur de morceaux bien plus gras et denses. Erlen meyer est une belle pierre qui s’ajoute à l’édifice post hardcore rampant, elle trouve sa place pas loin de Cult of Luna et prouve, s’il le fallait, que le français peut se faire une place dans un univers aussi noir et métallique. La route a été longue pour Erlen Meyer depuis Douleur fantôme, après les concerts, il a fallu composer de nouveaux titres, les enregistrer (avec Cédric Soubrand qu’il faut féliciter pour son travail), les envoyer en Suède à Magnus Lindberg (Cult of Luna, Refused, AqME, As We Draw...) pour les faire mixer, chercher un bon deal pour finalement sortir l’album toujours chez Shels Music (Black Sheep Wall, Latitudes, The Ascent of Everest...) en mai 2013 avant de séduire Klonosphère et le rééditer et lui donner un autre écho en mai 2014. Il est vrai qu’il aurait été dommage de passer à côté de cette masse de sludge bien poisseux ! Dans la nuée de combos qui s’adonnent au post-hardcore, Erlen Meyer se met en lumière en utilisant le français et surtout de manière très intelligible sur les parties claires (quand le chant repasse en mode lourd, c’est beaucoup plus compliqué de comprendre quoi que ce soit sans les paroles sous le nez), ça nous rapproche du groupe et nous touche davantage, on a alors la double sensation de se faire caresser les oreilles ... Quelle délicate attention surtout que dans les instants qui suivent ou précèdent Erlen Meyer s’est fait un délire de nous les arracher puis de les piétiner à coups de riffs et de rythmiques pachydermiques ! Attention, cer-

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Oli


LES DISQUES DU MOIS

PORD

Wild (Solar Flare Records) final explosif. Mortel de chez mortel. Le reste, c’est aussi de la balle : Pord étire son propos, multiplie les coups de butoir sans pour autant faiblir ni laisser entrevoir ne serait-ce que l’ombre d’un ventre-mou. A ce titre, «On the couch», le dernier morceau, fait figure d’expérience paroxystique avec ses 11 minutes qui commencent le couteau entre les dents puis après une subite coupure, change nettement de tonalité et t’emmène très loin, très très loin avec une digression quasi post-noise-rock : ou comment pervertir sa propre formule pour mieux la sublimer. La classe encore une fois.

Première réaction à l’écoute de Wild de Pord : «putain de bordel de merde» (oui, quand je suis content, je peux être d’une trivialité débordante...). Car si on savait déjà que Pord avait mis la main sur un baril de poudre avec l’excellent Valparaiso, on ne les imaginait pas revenir à un tel niveau avec Wild. Cette fois-ci, c’est sur, le trio est détenteur des clés de la Sainte-Barbe et revient avec 7 titres totalement ravageurs. 7 pistes, ça paraît court comme ça mais ce n’est absolument pas révélateur de la densité de l’album qui mettra à genoux même l’auditeur le plus réticent au genre. Et le genre, bah c’est foncièrement noise. Mais pas seulement, sinon ce serait trop simple.

Histoire d’être complétiste et me la raconter un peu, les derniers disques noise-rock qui m’ont refilé cette exaltation auditive, c’est le Songs to defy de Doppler et le At the corner of the world de Conger ! Conger !, c’est dire s’il y a du level sur Wild. Vivement le live où le groupe a une réputation pas piquée des vers : les spectateurs présents à la dernière sauterie du label Rejuvenation Records à Paris ont encore les oreilles qui bourdonnent. Wild est disponible via le sémillant label Solar Flare Records (Pigs, Sofy Major, The Great Sabatini...) qui a totalement fait sienne l’expression «avoir le nez creux» en ce qui concerne ses multiples sorties. David

Dès le premier titre, «Staring into space», c’est la boucherie noise sous influences Amphetamine Reptile : la basse entame les «noise-stilités» puis la batterie et la guitare viennent se tailler la part du cake pour incontestablement asseoir la domination sonore. Une entame d’album carnassière et jouissive qui place d’emblée le niveau très haut. Sauf que la seconde piste, «I’m swimming home», surpasse encore la précédente : une intro’ quasi classic-rock (j’ai presque envie de citer Led Zep’...) et un morceau qui joue avec les nerfs, multipliant les cassures rythmiques jusqu’à ce break cinglant et ce

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Empty Yard Experiment Kallisti (Autoproduction) sant le cachet de cire marqué du sceau du groupe et nous laisse découvrir des cartons illustrant superbement les membres du groupe d’un côté, les textes de l’autre, c’est aussi inventif que rare et somptueux, ça met la barre quelques crans plus haut quant à la qualité de la musique dont on attend alors encore plus.

La tour la plus haute du monde (Burj Khalifa), le tournoi de tennis, les îles artificielles, les palaces, la piste de ski... Quand on te dit Dubai, tu peux penser à tout ça mais certainement pas l’associer à un groupe de rock, d’ailleurs, dans les pays pétroliers du Moyen Orient, le paysage rock semble, vu d’ici, assez ...désertique. Formé en 2006, Empty Yard Experiment change la donne, certes trois des cinq membres ne sont pas tout à fait des Emirats Arabes Unis (le combo compte dans ses rangs un serbe, un iranien et un indien), le quintet a d’abord beaucoup bossé dans l’ombre, puis a sorti un EP éponyme en 2011, c’est un sésame pour s’ouvrir d’autres portes, notamment celles du monde mais également recevoir Metallica dans leur capitale Abu Dhabi en 2013. Bojan, Mehdi, Gorgin, Kaveh et Josh font définitivement tomber les barrières en septembre 2014 avec la sortie «mondiale» de leur premier album : Kallisti. Kallisti en grec, c’est la plus belle, c’était écrit sur une fameuse pomme d’or source de célèbres discordes (dont la guerre de Troie quand même !), on peut donc s’attendre à du «beau» pour ce premier opus d’Empty Yard Experiment... Et le quintet va au delà de nos espérances car Kallisti est simplement l’un des plus beaux objets sonores que j’ai reçu. Le digipak s’ouvre en cas-

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Et là aussi, Empty Yard Experiment nous comble, ce groupe est vraiment une perle. Jouant dans un registre métal appuyé sur la corde sensible, travaillant les émotions et les atmosphères, les Émirati insufflent des mélodies douces et érosives selon leur humeur. On pourra juste leur reprocher d’être parfois trop proche de leurs modèles, quand le son de guitare ou les petits rythmes de batterie sonnent Tool (sur «Greenflash»), quand les passages réservés aux instruments font penser à du Mogwai (sur «The blue eyes of a dog») ou quand se met en place du piano aux sonorités Porcupine Tree (sur «There will never be»), la faute aussi à cette voix limpide qui rappelle Steven Wilson. Il faut dire que rares sont les groupes évoluant dans la sphère métal progressif a montré autant de qualités et qu’on aurait tendance à chercher la petite bête pour ne pas se prosterner tout de suite face à Empty Yard Experiment. Oeuvre à la fois complexe (dans ses constructions alambiquées et fouillées) et si évidente tant elle coule limpidement du début à la fin, Kallisti apparaît d’une richesse éclatante, mixant allégrement diverses influences (métal, rock progressif, post-rock...), l’album est une superbe synthèse de ce que le groupe aime et ce n’était pas une mince affaire. Avant de rompre le sceau, je ne connaissais pas Empty Yard Experiment, je suis maintenant un fan convaincu et vais prêcher pour leur paroisse, espérant qu’ils viennent jusqu’en Europe délivrer des concerts qui sont inspirés de l’expérience Pink Floyd, rien que ça. De quoi s’extasier encore et encore. Parfait. Oli


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ORANGE BLOSSOM Under the shade of violets (Washi-Washa)

idées, qu’il trouve l’harmonie pour ensuite capter le savoir-faire traditionnel séculaire de musiciens et de chanteurs au fond d’un hôtel à Aman en Jordanie puis revenir en France pour celui de l’orchestre du conservatoire de Cholet. Après cela, si l’album n’est pas à la hauteur des espérances et des moyens que s’est donné la troupe du mexicain Carlos Robles Arenas et du nantais PJ Chabot, il va falloir sérieusement passer à autre chose. Fort heureusement, ce troisième opus est à l’image de ses membres : éclectique, talentueux, imprédictible et audacieux. Ce n’est donc pas si étonnant de voir que ce groupe se voit volontiers comme un croisement entre Pink Floyd et Joy Division composant pour la voix de l’»Astre d’Orient» Oum Khalthoum. C’est dans un vocabulaire hybride mâtiné d’effluves orientales, de classique, d’électro, de rock et de musique brésilienne qu’Under the shade of violets s’exprime. Dire qu’on attendait sagement ce nouvel album d’Orange Blossom est un doux euphémisme. Depuis début 2005 et la sortie de son ô combien magique Everything must change, vendu à hauteur de 30000 copies : rien ! Plus rien du tout, plus de nouvelles si ce n’est quelques vidéos lives retrouvées ci et là sur YouTube pour nous rassurer sur l’état de forme du groupe et démontrer qu’il est toujours en vie. Vous voyez, un peu comme si votre super pote partait faire le tour du monde et postait de belles photos de ses aventures sur Facebook en guise de carte postale, sans plus, histoire d’entretenir le doute et de nourrir différents fantasmes sur ses projets. C’est un secret de polichinelle, Orange Blossom est du genre à prendre son temps, on a pu s’en rendre compte avec les huit ans séparant la sortie du premier et du deuxième disque, et ne déroge pas à la règle en ce qui concerne Under the shade of violets, une œuvre enchanteresse qui a pris neuf ans pour arriver à maturité. Orange Blossom a commencé par dénicher une nouvelle voix avec l’arrivée de l’égyptienne Hend Ahmed pour remplacer la franco-algérienne Leïla Bounous, partie former son projet solo. Puis, voyageur qu’est le groupe, il a fallu qu’il s’inspire et s’imprègne des beautés musicales que nous offre la Terre Mère, mette en place ses

Accompagné ou non, le chant rayonnant voire éblouissant d’Hend Ahmed se conjugue à tous les temps tout au long de l’album. Qu’elle côtoie des sonorités arabisantes («Ommaty»), classiques (avec la sublime «Ya sidi») ou électro-rock («Pitcha» ou l’excellente «Black box» qui rappelle Everything must change), sa voix s’exprime avec une facilité déconcertante. Les musiciens ne sont d’ailleurs pas en reste sur ses onze titres, vecteurs d’émotions à travers un voyage nous invitant aux expériences les plus variées (la candeur de «Good bye Kô» s’oppose à l’effarouchée «Pitcha»). S’affranchissant de l’électro-rock qui hantait les précédentes réalisations de la formation, Under the shade of violets trouve davantage son bonheur dans un métissage plus profond des cultures musicales ancestrales mondiales, y compris la nôtre à l’instar du chant en français dans «Mexico», pas forcément ce qu’il y a de mieux dans l’album, soit dit en passant. Toujours est il qu’Orange Blossom nous prend de nouveau à contre-pied, se place là où on ne l’attend pas forcément tel l’électron libre parfait de la scène musicale française. Chapeau bas ! Ted

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ORANGE BLO S S OM Fin septembre, Orange Blossom lance son troisième album Under the shade of violets, soit neuf ans après l’excellent Everything must change. Un disque plus organique et plus abouti que son précèdent selon les dires de Carlos Robles Arenas, qui a bien voulu nous accorder une interview revenant pour l’occasion sur sa création, ses inspirations et bien d’autres choses encore. Court mais efficace.

On s’est pas mal demandé ce qu’Orange Blossom devenait depuis toutes ces années. Alors ? On a tourné en Russie, aux États-Unis et au Maroc puis, par la suite, on a été très pris par la construction d’Under the shade of violets. On est parti à l’étranger à la recherche de musiciens, de chanteurs et de chanteuses en faisant des auditions en Égypte, au Maroc et en Jordanie. On a aussi énormément travaillé en studio sur la composition, notamment les parties électroniques et les arrangements de cordes. J’imagine que votre effectif a dû évoluer depuis Everything must change. Il n’y a que Leila qui est partie, le noyau dur du groupe reste toujours PJ et moi-même. Il y a également Matthias, le percussionniste, qui fait toujours partie de l’aventure, même s’il peut parfois être remplacé. La nouvelle chanteuse Hend est égyptienne, elle vit au Caire et nous amène un vent nouveau. Ensuite, il a plein d’invités et d’intervenants à découvrir sur ce nouvel album. Pourquoi Orange Blossom met autant de temps à sortir des disques ? Ce fut long de trouver les bonnes personnes pour ce troi-

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sième album et puis on a voulu prendre le temps d’accomplir chaque morceau tel qu’on les entendait dans l’idéal, sans qu’on soit forcé à ne pas rester fidèle à ce qu’on voulait, juste pour «aller plus vite». Par rapport à Everything must change, l’écriture du nouvel album est beaucoup plus importante. Au moins 90 musiciens y ont travaillé et ce fut une montagne de choses à organiser et à faire concorder. En 2005, à la sortie d’Everything must change, la presse parlait d’un nouveau départ. En 2014, avec la sortie fin septembre d’Under the shades of violets, peux t-on parler encore de nouveau départ ? Non, ce sont les médias qui utilisent ces termes mais, pour moi, c’est une continuité, c’est simplement la suite évidente de ce qu’on faisait avant. Comment décririez-vous la composition de ce nouvel album par rapport aux deux premiers disques ? Elle est plus aboutie, plus mature et plus acoustique. Je pense que la réponse est dans l’album, il parle de lui même.


L’esprit vif de l’électro d’Everything must change a disparu pour laisser un espace plus important aux instruments. Pourquoi ce choix ? Est-ce un retour aux sources ? Non c’est l’envie du moment, j’aime toujours autant l’électro mais nous avions envie de quelque chose de plus organique. Dans le refrain de «Ya Sidi», le chant suit une série de notes que l’on retrouve dans les «Trois Gnossiennes» d’Erik Satie. C’est involontaire ou Satie est vraiment une de vos influences majeures ? On considère que «Ya sidi» est un grand hommage à Erik Satie et à Samuel Barber. Vous êtes attirés par les gammes autres que celles basés sur la gamme tempérée ? Évidement toutes les gammes sont intéressantes. Je voudrais aborder le rôle du chant dans Orange Blossom. A chaque fois, il s’agit d’une femme ayant des origines arabes ou maghrébines, pourquoi ? N’avez-vous jamais pensé réintégrer un chanteur comme sur votre premier album ? Dans les deux derniers albums, il n’y a pas qu’une voix féminine, il y a aussi des voix masculines. Cela dit, la sensibilité musicale féminine me touche énormément, qu’elle soit orientale ou pas. Sur Under the shades of violets, on peut trouver une chanson en bambara qui s’appelle «Good bye Kô», un chant en français sur «Mexico», «The nubian» est interprété par Sayed, un homme de Nubie, et notre grand et regrettable Kheder Alatar chante sur «Jerusalem».

Quelle différence faites-vous entre le chant de Hend Ahmed et Leila Bounous, votre ancienne vocaliste ? Tout est différent et on ne peut pas vraiment comparer deux voix, ni deux personnes. Les deux ont leur talent et leurs qualités.

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Comment a t-il été préparé et comment s’est passé son enregistrement ? D’abord, on s’enferme avec les machines. La rue et ses moments du quotidien m’inspirent beaucoup et quand je ressens des choses dans ma tête et dans mon cœur, ça veut dire que je suis sur le bon chemin. Ensuite, il y a un travail d’orchestration pour mettre tout ça en forme et c’est aussi par la rencontre avec les intervenants et les différents interprètes que les choses se passent. L’écriture peut être modifiée soudainement à la fin d’un morceau car j’ai souvent de très belles surprises quand je travaille avec les gens. En réécoutant, on s’autocritique et on corrige sans cesse jusqu’à la fin. Viens ensuite un gros travail en studio pour faire des prises de son, d’édition, et de mixage.

L’année dernière, vous étiez sur scène avec la marocaine Yasmine Madjour, pourquoi ne pas avoir poursuivi avec elle ? C était simplement un essai. Robert Plant, qui apprécie beaucoup les musiques du monde et surtout celles de l’Orient, avait été séduit par Everything must change et vous avait invité sur sa tournée en 2006. Comment s’est passé la vie en tournée avec lui à l’époque ? C’était vraiment génial et constructif musicalement, moralement et physiquement. Allez-vous lui envoyer votre nouvel album ? Oui, quand il sortira, le 29 septembre. Si vous pouviez remonter le temps et changer quelque chose sur votre premier album, ça serait quoi ? Le label Prikosnovénie, le mixage et l’ingénieur du son qui a eu le talent de nous faire un super CD «hors phase», c’est une belle erreur technique. Connaissez-vous des groupes qui jouent un style proche du votre ? Il y en a surement mais, malheureusement, on ne les connait pas. Est-ce qu’Orange Blossom est un groupe qui se sent mieux en studio ou sur scène ? Moi je me sens mieux en studio et PJ se sent mieux sur scène. Pour terminer, quelles sont les échéances dans les prochains mois ou vos projets dans les années à venir ? La sortie officielle de l’album est le 29 septembre, ensuite on va faire un passage radio chez André Manoukian sur France Inter le 15 octobre, un mini concert sur Fip le 16 octobre, plusieurs autres émissions radios et ensuite la tournée. Vous pouvez retrouver les dates sur internet ou sur le Facebook du groupe. Merci à Carlos et à Laurie de VS Com Ted Photo : Adrien Selbert

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LES DISQUES DU MOIS

GERSHWIN & FIRE aPACHE (Autoproduction)

de Stone Temple Pilots...) (eT bEN mES cADETS...!) tout en prenant quelques risques pas négligeables (dans «bABY 2000», il y a du David Yow par exemple...). Le tout est perfectible (eT bEN mES cADETS...!), notamment l’enregistrement qui mériterait un meilleur rendu, mais voilà un groupe qui ne manque vraiment pas d’atouts à mettre en avant. En plus, l’artwork, qui rend super bien sur le vinyle, est réalisée par Shelby Circa (fondateur du groupe Frodus et qui a bossé sur la pochette d’Ire works de Dillinger Escape Plan). Bref, vraiment pas mal d’atouts ces Gershwin & Fire... Et sinon, il serait bien con de se priver d’un «eT bEN mES cADETS...!» d’encouragements. Good job guys ! David Gershwin & Fire est un trio constitué par Nick Canon au chant, Al Canon à la guitare et George W. Canon à la basse et aux machines (eT bEN mES cADETS...!). Un groupe qu’on identifie de prime abord comme une blague de potaches alors qu’ils ont des arguments bien sérieux à faire valoir (eT bEN mES cADETS...!). Le groupe est totalement transparent sur ses influences (Tad dont ils reprennent excellemment «Jinx», les Melvins, les Butthole Surfers, une pointe d’Alice In Chains également...) et sur ses motivations : juste faire du grunge qui fasse secouer les têtes (eT bEN mES cADETS...!) et il faut avouer que ça fonctionne parfaitement de notre coté (eT bEN mES cADETS...!). aPACHE commence sur un instrumental classe avec «aLLOWIN» (eT bEN mES cADETS...!) puis enchaine avec des titres où l’on sent que le groupe maîtrise son sujet et son songwriting (eT bEN mES cADETS...!) : les «pILES» et autres «yULE lOG» sont des morceaux de choix mais il ne faut pas pour autant négliger le reste. En dehors du fait que les pistes soient courtes et que le format facilite la digestion, la voix est également pour beaucoup dans notre bonne appréciation du disque, Nick Canon semble avoir assimilé toutes ses sources d’inspirations vocales (Buzz Osborne, Layne Staley, peut-être Scott Weiland

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LES DISQUES DU MOIS

SHEIK ANORAK Keep your hands low (Gaffer Records)

hypnotisant tandis que «Blood» semble reprendre cette formule séduisante de la première piste. Sheik Anorak fait preuve d’un songwriting de haute tenue, d’une forte identité qui allie un chant sobre, des mélodies simples et des rythmes fédérateurs. Et finalement rien ne viendra atténuer notre enthousiasme sur Keep your hands low. Même quand il reprend «Tomorrow never knows», le classique des Beatles, Frank s’approprie totalement un morceau qui ne dépareille absolument pas au milieu de ses propres compositions. Keep your hands low est un excellent album d’indie-noisy-rock open-mind. On t’invite vivement à le commander via Gaffer Records ou tout simplement à aller voir Sheik Anorak en live. Et comme le bonhomme sillonne fréquemment l’hexagone, il est difficile de le rater. Derrière Sheik Anorak se cache Frank Garcia, un musicien qui traîne/a trainé ses guêtres dans pas mal de groupes (Loup, Immortel, Neige Morte, Total Eclipse, Socrates...). Ce projet existe depuis 2006, Frank en est le seul instigateur mais est aussi ouvert aux collaborations (notamment avec Walter Weasel de The Flying Luttenbachers...) et livre avec Keep your hands low, son second long effort. A l’écoute de ces 8 pistes au fort potentiel de séduction, on sent nettement le batteur/guitariste tiraillé entre ses envies de composer des morceaux immédiats taillés pour le live et un gros penchant pour l’expérimentation noise. Dans les deux cas, Sheik Anorak convainc aisément et quand ces deux orientations se confondent comme sur le superbe «Stuck in there», Sheik Anorak accentue encore un peu plus sa singularité déjà bien présente et le plaisir de l’auditeur aux oreilles décloisonnées. Le premier titre, Keep your hands low, est une entame accrocheuse en diable : une petite bombe indie-rock, sautillante et efficace qui s’insère immédiatement dans votre quotidien. La seconde piste, est déjà bien différente, instrumentale et flanquée d’un onirisme tribal

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David


LES DISQUES DU MOIS

UNSWABBED

Tales from the nightmares vol​.​1 (Autoproduction) et on sait déjà que le «vol. 2» est en partie enregistré, à croire que sortir 2 Eps est plus simple que de balancer un seul album ? Ca aussi on en reparlera avec eux mais pour l’heure, voyons ce que cette étrange bête (un corbeau dessiné par Rorschach ?).

Unswabbed aurait-il fait le tour de la question «rock métal français» ? En tout cas depuis In situ (c’était en 2007 déjà, une éternité pour un groupe de rock), les Lillois se retrouvent là où on ne les attend pas forcément... Après trois albums plus qu’électriques, ils avaient jouer la douceur acoustique avec Intact et on les retrouve cette année avec un EP... en anglais. Retour case départ (des textes étaient chantés en anglais à leurs tous débuts... quand ils sortaient encore des K7 !) ou besoin d’un nouveau challenge ? En tout cas, une nouvelle fois, le «sur place» n’est pas au programme... Compte sur moi pour bientôt leur demander si les sonorités se sont assagies parce que le chant a changé d’idiome ou si c’est cette approche plus rock de leur musique qui les a fait revenir à la langue de Shakespeare, ce qui est certain, c’est que cet EP est plus «doux», moins agressif que ce à quoi on était habitué (avant l’unplugged bien entendu) et donc plus rock tout en gardant quelques distorsions abrasives. Les Unswabbed ont bien réfléchi avant de coucher sur bande ce Tales from the nightmares vol. 1, c’est un mini concept album sur les peurs de la nuit, les ombres inquiétantes et les monstres nocturnes de tout genre, le thème est décliné

«Come to me» semble être (avec «Pull the trigger again») un des titres les plus Unswabbedesques du disque, c’est celui sur lequel on imagine le plus facilement des textes en français se fondre facilement dans la discographie du combo, c’est mélodique et ultra entraînant, on est en terrain connu, seul le double chant avec ces «ahah» surprend quelque peu mais réussit assez bien à installer une ambiance où l’inquiétude grandit, avec un superbe break où la batterie et les samples se taillent la part du lion. Efficace et bien ficelé, le morceau est une petite bombe où tout apparaît millimétré. Et puis déboule «Wake me up», mon préféré, un paquet de sons trafiqués, des touches de sampler, des arrangements à tout bout de chant, un choeur d’enfants qui reprend une comptine anti croque-mitaine, les mecs ont abattu un boulot de dingue et délivrent un titre digne des derniers KoRn pour la production et du premier pour l’atmosphère «Shoot & ladders» (sans la cornemuse). Frissons garantis, je n’ose imaginer une chorale de gamins monter sur scène lors des prochains concerts juste pour ce titre... On se calme et on garde juste un peu d’angoisse pour «Hold the line», très lent et lancinant, le chant agit comme un venin qui remonte dans les veines jusqu’au cerveau pour nous convaincre que c’était le bon choix de baisser autant le rythme... Très rock, «Dead end zone» remet un peu de tonus mais n’atteint pas le niveau de ses voisins de track-list, d’autant que «Pull the trigger again», avec lui aussi des riffs rock, est bien plus captivant et stressant, les sons (et les saturations) choisi(e) s sont excellent(e)s, la dynamique bien plus percutante, Unswabbed nous rembarque dans ses histoires à ne plus vouloir dormir et du même coup réussit son pari. Oli

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LE LIVRE DU MOIS

MATGAZ T’arrives ou tu repars ? (Kicking Records)

Je connais Matgaz depuis bientôt six ans, et c’est le genre de mec que je croise assez régulièrement aux quatre coins de la France (et même deux fois dans mon bled dans le cadre de concerts de Billy Gaz Station !). Mais voilà, j’ai beau passer du temps avec cet hurluberlu à Brainans, à Epinal ou à Clisson, je prends toujours un réel plaisir à boire ses paroles sur des anecdotes de tournées, des descriptions improbables de bonhommes encore plus improbables croisées sur la route avec ses multiples orchestres. Car notre bonhomme en a bouffé du bitume, que ce soit avec BGS, mais aussi avec Headcases, Glasnost, Epic, Mars Red Sky, Reverend James Leg, et bien d’autres. Alors quand mon ami (car oui, c’est mon ami, et j’en suis fier) m’a fait part de son projet de narrer sur papier 60 jours de tournées avec ses groupes du moment, je ne pouvais qu’être enthousiaste ! T’arrives ou tu repars ? est plus qu’un carnet de bord, c’est une ode au voyage, l’encyclopédie de la face cachée des tournées, le dictionnaire des galères de concert, un résumé grandeur nature des péripéties sur les routes du monde entier. Car pour ce premier effort (dis-moi qu’il y en aura d’autres Mathieu !!) paru chez Kicking Records, notre batteur, qui a le sens de la formule, a mis les petits plats barbaques dans les grands :

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tournée avec les psychés (ah ah ah !!) de Mars Red Sky en Argentine et au Brésil, escapades européennes avec James Leg et toujours les fameux MRS, le tout en moins d’un trimestre. Matgaz a posé ses fûts un peu partout, a ricané avec l’autochtone, a observé et a pris soin de lui. Car le rock ‘n’ roll, c’est beau, mais encore faut-il savoir tenir la distance, au sens propre comme au sens figuré. 169 pages qui se lisent d’un trait, un port-folio illustrant superbement quelques moments de vie sur la route, un lexique français - charentais pour comprendre les subtilités du patois employé par Matgaz, et des rêves pleins la tête. Voilà de quoi est composé T’arrives ou tu repars ?. Mais pas que. L’auteur écrit comme il parle, sa bonne humeur transpire dans ses lignes, et ceux qui ont l’habitude de papoter avec le gazier auront vraiment l’impression d’avoir sa voix dans la tête en même temps qu’ils liront ce bouquin. Un bouquin qui n’a pas pour but premier de te faire marrer ou de rendre respectable quelques situations saugrenues, mais qui te fera comprendre comment, avec un peu d’esprit, un savoir-vivre à toute épreuve et un hygiène de vie plus ou moins stable, on peut enquiller les dates et emmagasiner des souvenirs jusqu’à la fin de sa vie, et ce en toute simplicité. Je pourrais, dans cette chronique, te balancer quelques bons extraits de ce bouquin, façon Paris Match avec le livre de Trierweiler. Mais non, je préfère que tu prennes autant de plaisir que moi en lisant ce « li(v)(f)e report » qui ne récoltera pas le prix Pulitzer mais qui aura fière allure dans ta bibliothèque. Que tu te marres en apprenant le lien de parenté entre Matgaz et James Leg, que tu cogites aux grandes théories de notre homme, et que tu pestes quand il évoque ses liens avec les lighteux (non, là, il n’y a pas que moi qui râle). Pour un premier « essai » en format livre, c’est du tout bon. Beunaise comme on dit à Jarnac. J’espère que ma bafouille t’aura donné l’envie d’aller te plonger dans ce récit. Et une fois que tu auras dévoré ces bonnes histoires, n’oublie surtout pas d’aller serrer la paluche du drôle et de feuner un peu pour qu’il te raconte le tail, le vrai !! Gui de Champi


6 29 Novembre

2014 PUB

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> FOIR E AUX VINS Dimanche 10 août 2014. Motörhead à soixante bornes de chez moi. Bien évidemment, c’est immanquable. D’autant plus quand le trio britannique est accompagné de Airbourne et que ces concerts se déroulent dans le cadre de la riche et variée programmation de la Foire Aux Vins de Colmar. Hey Ho, let’s go !

«Bonjour ! Ma collègue chargée des accréditations presse s’est absentée quelques minutes, mais je vais l’appeler tout de suite et ne va pas tarder à vous donner votre pass. En attendant, je peux vous offrir un café ?» Mince alors, la Foire Aux Vins de Colmar sait recevoir ! Pendant que je me fais couler un jus au distributeur, je contemple quelques affiches de concerts ayant eu lieu depuis quelques décennies au sein de cette foire de renommée internationale. La demoiselle en charge de la délivrance des précieux sésames me remet mon accès magnétisé, accompagné de quelques goodies histoire de passer une bonne journée. Je traverse les allées de la FAV pour rejoindre l’espace presse, espace confiné et agréable où les frigos sont remplis de douceurs liquides à libre disposition des journalistes couvrant l’événement. Pour ma part, la programmation éclectique (Indochine, Neil Young, Shaka Ponk, Gad Elmaleh !) sera concentrée sur une seule journée, à la savoir la désormais fameuse Hard Rock Session. Les concerts débutent à 17 heures, et s’enchaînent depuis le début de l’après-midi les conférences de presse dans la bonne humeur. J’ai loupé la délicieuse Tarja, et je déboule ni vu ni connu pour l’entretien avec les fossoyeurs de Blackrain. La paire rythmique basse/batterie se présente dans les canapés de

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l’espace presse, et on ne retiendra pas grand chose, si ce n’est que les gars ont des projets pour l’hexagone et l’international, mais «chuuut, rien n’est finalisé, donc on ne peut rien dire». Ouais, donc, en décryptant le langage universel des musiciens en interview, il ne se passe pas grand chose dans la vie du groupe. Je tente de connaître leurs connections avec la scène française et certains groupes glam d’Europe de l’Est, mais les gars ne pipent mot quand je leur balance une ou deux références. Ok, next... Après une conférence de presse bidon du faux groupe Wine Devil déclinant leur amour pour le vin et le diable, c’est au tour des guitaristes de Airbourne de prendre le relais et d’être assaillis de questions, conférence de presse bien plus intéressante que les précédentes. Les gars sont détendus, n’esquivent aucune question et prennent le temps de discuter à la fin de la conf’ avec les journalistes encore présents. Bon, ce n’est pas tout ça, mais après s’être désaltéré aux frais de la princesse, il est temps de prendre place dans l’enceinte de l’espace concert de la FAV. Quand je déboule dans l’arène semi-ouverte avec mes


groupe «préfabriqué» alors qu’ils existaient avant leur passage sur M6 et leur signature sur une major, les quatre gaziers semblent heureux de partager leur répertoire devant une assistance nombreuse. Les lights sont efficaces, le son l’est également (le delay dans la voix est très géré à la console), et le public semble se réveiller à la fin du set. Sans crier au génie et sombrer dans la folie, Blackrain sur scène me fait passer un moment assez agréable. Comme dirait un ami cher, «un bon groupe de stadium rock qui joue dans les sous-préfectures».

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camarades de jeu (et notamment l’ami Nicolas Daily Rock à qui vous devez ces belles photos illustrant ce non moins bel article), les frenchies de Blackrain vont commencer leur set devant un parterre déjà bien garni. Ce groupe de Haute-Savoie exporté en région parisienne et médiatiquement mis en valeur par sa participation au télé crochet «La France a un incroyable talent» va jouer la carte du glam rock à fond les ballons. Guitares remuantes, tenues vestimentaires à la limite de la décence, les héritiers de Mötley Crüe et Poison ne font pas les choses à moitié. Sous un soleil de plomb, et après une entrée réussie, le quatuor va enchaîner les morceaux et tenter de communier avec un public encore trop attentif. Swan, guitariste chanteur aux tatouages de bon goût (et je le pense !), va tenter de se mettre le public enthousiaste dans la poche. Seulement mec, ici, tu es à Colmar et pas au Gibus et la réponse de la fosse n’aura pas l’effet escompté. Qu’à cela ne tienne, le groupe se livre tout entier, à base de soli de guitare enflammés et de refrains percutants pour chauffer l’ambiance pas franchement fofolle. Musicalement, ça tient la route même si ce n’est pas transcendant. Alors, bien sûr, je souris quand, à la fin d’un titre, un guitariste entame l’intro de «Sweet child o mine» et je jubile quand le groupe attaque le monstrueux «We’re not gonna take it» de Twisted Sister («le tube qui nous a fait connaître en 1984 !»). Mais je suis à la limite de me boucher les oreilles quand Swan monte dans les aiguës (pas de puissance, à la limite de la fausse note) et je m’interroge quand, assez proche de la scène, je crois me rendre compte que les choeurs de certains morceaux semblent samplés. Merde alors. En même temps, ils font comme leurs héros !!! Les interventions du guitariste/chanteur entre les morceaux sont assez banales (même si j’aime beaucoup le fait de tutoyer l’auditeur) et ne parviendront que très rarement à faire réagir comme il se doit le public. Dommage, car, outre la réputation de

Tarja prendra ensuite le relais. Pas ma came, mais alors vraiment pas. Alors comme je le fais parfois, je m’attarde sur le visuel plutôt que sur l’aspect sonore. Il faut dire qu’avec un clavier et un violoncelle sur la même scène, j’ai tendance à vite faire demi tour. Le traditionnel duo basse/guitare est bien sûr de la partie, et le monstrueux batteur à crête Mike Terrana prend également part aux réjouissances. Le kit batterie du bonhomme est assez impressionnant, à tel point que le gars doit monter sur un escabeau pour envoyer de grandes pêches sur ses cymbales. C’est une image bien sûr, mais visuellement, cela fait son petit effet. Le guitariste, lui, est à la limite du grand écart, ses poses méritant bien un claquage musculaire pour lui montrer que ce n’est pas comme ça qu’on balance des riffs. Non mais ! Coté musique, j’abandonne assez rapidement au moment où le clavier balance un patch «clavecin» dans la sono. Merde, c’en est trop pour moi. Je décide d’aller faire un tour pendant que la jolie chanteuse au joli manteau bleu balance avec ses compères un métal symphonique assez connoté «musique de train fantôme d’Europa Park» et très apprécié par les gars arborant des teesh Motörhead. Va comprendre Charles ! N’empêche que, quand je repointe le bout de mon nez à la fin du concert, c’est littéralement de la folie dans l’enceinte de concert : la

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chanteuse symphonique finlandaise, ancienne Nightwish, a, telle une sirène, envouté une assistance tombée sous son charme. Tarja semble émue au moment de quitter la scène, et même si ce n’est pas mon style de prédilection, je dois reconnaître que la chanteuse a réussi son coup, laissant derrière elle un public complètement survolté.

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Alors qu’un sacré orage tombe sur Colmar, les roads d’Airbourne s’affairent à monter un plateau dégueulant d’amplis Marshall et de «blinders» (lights quelque peu aveuglantes) prêts à t’en foutre plein la gueule. Les guitaristes ont bien fait rire pendant la conférence de presse, mais maintenant, place aux choses (plus ou moins) sérieuses ! Le backdrop de champion (reprenant la pochette de l’excellent Black dog barking) est en

chant à la Mötley Crüe (décidément, les ricains ont fait des émules !) sur l’énorme «Too much, too young, too fast». Le combo australien enchaîne les «classiques» de ses trois premiers albums sans lever le pied, et les pas de danse de Joel «à la Angus» sur «Blond, bad and beautiful» me font penser qu’ils ont décidément tout chopé aux valeureux AsseDesse. Evidemment, c’est un clin d’oeil, mais le chaland ne connaissant pas plus que ça le groupe criera très certainement au plagiat. «Girls in black» fait honneur à la set list, mais pendant que les gars balancent allègrement les riffs, je ne parviens plus à voir le fougueux guitariste/chanteur. Habitué à escalader les structures sons, le bonhomme ne pourra pas faire grand chose dans la config de l’arène de la FAV, alors, le voilà parti rejoindre le carré VIP et l’éclairagiste à la poursuite en traversant les gradins. Sacré

place, et c’est parti pour pas loin de 90 minutes de rock ‘n’ roll sauvage et décomplexé. «Ready to rock» ouvre le show, et c’est déjà la folie sur scène, Joel O’Keeffe se fracassant au bout d’une minute une canette de bière (en alu) sur le crâne, pour la grande joie des photographes agglutinés sur le frontstage. «Are you ready to rock ?» Bah ouais mon pote, on est là pour ça !!! A peine entamé, le show sent le souffre, ça barde dans tous les sens, et le groupe s’amuse des clichés en se déhan-

subterfuge ! Evidemment, le public devient dingue et notre homme balance des soli endiablés mais bourrés d’esbrouffe. La magie du rock ‘n’ roll en quelque sorte. «Cheap wine & cheaper women» voit notre frontman descendre une bonne demie bouteille de «Stone Original» à la vitesse de la lumière, et emprunter la mini caméra de son tour manager histoire d’immortaliser un public complètement acquis sa cause. Les tubes se succèdent («Chewin the fat», l’excellent «Black dog


Après un concert de cette volée, difficile de passer derrière les Australiens d’Airbourne. Mais cela ne doit pas impressionner les patrons de Motörhead de retour sur les planches après les déconvenues physiques de Lemmy Kilmister. Le temps d’aller se rafraîchir coté presse, je regagne ma place gardée bien au chaud par mon voisinage d’un soir, tout en constatant qu’il y a vraiment beaucoup de monde dans l’arène atypique du parc des expositions de Colmar. Et le moment tant attendu est arrivé ! «We’re Motörhead, and we play rock ‘n’ roll» ! La formule magique est lâchée, le public rugit de plaisir, et c’est le trop rare «Damage case» qui ouvre le show du trio anglais. Première constatation : le son est énorme, laissant présager un très bon moment. Seulement, alors que «Stay clean» et «Metropolis» sont exécutés, il faut se rendre à l’évidence : le tempo est ralenti, la bête sauvage est encore convalescente, et même si ça swingue, il manque cette folie dans l’interprétation de ces morceaux «speed metal». Les impressions après le visionnage de vidéos en ligne de sa prestation au Wacken Open Air ne sont donc pas tronquées : le groupe a perdu de sa superbe. Alors oui, Mickey Dee fait (parfaitement) le boulot derrière les fûts, Phil Cambell est lui aussi quasi irréprochable à la six-cordes (encore un problème de look, mais je pense que c’est foutu, on ne pourra plus rien faire), mais on sent que ce n’est pas la fête «on stage». On se prend à rêver quand le groupe envoie un énorme «Over the top» : la machine est enfin lancée, le temps de se chauffer et nous y voilà, le grand

Motörhead va tout dévaster sur son passage. Sauf que le dispensable temps du «guitar solo» de Phil pointe le bout de son nez, et du coup, la pression retombe. Mickey et Lemmy reviennent sur scène après avoir très certainement soufflé backstage, et le concert reprend son rythme de croisière, un rythme pas transcendant, mais suffisamment prenant pour apprécier les tubes du trio britannique. Mais pour avoir vu le groupe à de nombreuses reprises, je sens la cassure et la fatigue dans l’interprétation des morceaux. Et sans pour autant regretter d’être venu au concert, je préfère garder en mémoire les précédentes prestations auxquelles j’ai pu assister, plutôt que ce concert «de trop». Et quand la technique s’y mêle (avec des larsens à répétition), on se dit que rien ne va décidément comme on le voudrait ce soir. L’interprétation du mid tempo «Lost woman blues» est parfaite, et «Doctor rock» voit Mickey Dee exécuter son propre solo. Ce gars est un métronome, et sa justesse et son feeling me subliment à chaque fois. Et après un assez lent «Just Cos you got the power», voici que s’annonce (déjà) la fin du concert avec les incontournables «Going to Brazil» (efficace), «Kill by death» (un poil trop lent) et le poussif «Ace of spades». A peine une heure de show alors que le groupe est «headliner» de la soirée, en tenant compte de «Overkill», seul titre du rappel. Du jamais vu. Et alors que je rejoins ma voiture pour retrouver mes montagnes, je prends conscience que j’ai très certainement vu mon dernier concert de Motörhead car même si le groupe envisage de continuer de tourner, je n’ai pas vraiment envie de les revoir dans ces conditions. Non pas que le concert ait été mauvais, loin de là, mais au fond de moi, j’ai de la peine de voir ainsi l’animal blessé.

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barking») et Joel en profite pour rappeler que c’est un honneur pour lui et ses sbires de partager l’affiche avec Motörhead, groupe dont il écoutait les classiques Bömber et Iron fist à l’âge de six ans. «No way but the hard way» voit notre gaillard (qui assume et assure complètement son rôle de leader) avec une torche géante alors que seuls le backdrop et les potards d’amplis sont éclairés, et tandis que le groupe achève son set, après 75 minutes de rock ‘n’ roll déjanté et parfaitement exécuté, avec l’hymne qu’est «Stand up for Rock ‘n’ Roll». 75 minutes, il n’en faut pas plus pour rester sur une excellente impression malgré une sortie de scène un peu bâclée. Mais le groupe revient pour quinze minutes où le chaud (l’énorme «Running wild» qui clôture le concert avec ses sirènes et son medley où le «Paranoïd» de Black Sabbath s’entremêle à «TNT» d’AC/DC) souffle le froid (le longuet et dispensable «Live it up»). Le public est conquis, moi aussi, même si ce genre de groupe mérite d’envoyer le bois sans artifices, en se contenant de jouer ses (déjà) classiques et en nous dispensant de ses longs intermèdes. Rock ‘n’ Roll will never die !

Airbourne a fait le boulot, volant la vedette à Motörhead sous le ciel chargé de Colmar. Une passation de pouvoir ? Un retour prématuré de Lemmy sur scène ? Satan seul le sait. Tout ce que j’ai pigé, c’est que le rock ‘n’ roll n’est pas prêt de s’éteindre, et ça, c’est un putain de soulagement. Remerciements et salutations au staff presse de la FAV (sacré boulot !), Alexandre Est Republicain, Koud’j, Kem, et maximum respect à Nico Daily Rock pour ses clichés et sa sympathie. Gui de Champi Photos : Nicolas Keshvary / Daily Rock

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JOSE & THE WASTEMEN « Mojo Jojo contre Psycho Burrito » ou les aventures interlopes d’un rocker français dans les champs de maïs de l’Indiana. Tu t’apprêtes à lire une aventure exceptionnelle racontée par Jose himself. Amazing merci.

EPISODE 1 : Un gars improbable Quand Oli Fenec m’a sollicité pour écrire quelque chose sur notre tournée aux USA & Canada de cet été avec les Wastemen, j’ai d’abord hésité, par manque de temps. Je n’en ai plus assez pour écrire alors que j’adore ça, mais que voulez-vous, c’est la vie ma bonne dame. J’ai déjà de plus en plus de mal à avoir du temps pour la musique. Quand on n’est pas intermittent, c’est pas forcément la fête. Et puis finalement je me suis dit que ça ne serait pas si mal, parce que ça me permettrait de liquider une des anecdotes de ce fameux voyage, que j’avais eu le malheur de dévoiler vite fait sur facebook. Pendant tout notre périple de 3 semaines, qui nous aura vu aller de Rock Island à Montréal en passant par Nashville ou Toronto, pendant les 5888 kilomètres que j’ai conduit intégralement, j’ai laissé le soin à mes comparses, connectés et équipés, de gérer notre présence sur les réseaux sociaux ; pour rassurer tata Denise ou copine Tartempion. La seule fois que j’ai posté un message, c’était celui-ci :

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////// Dimanche 20 juillet 2014. Vider un bar country à Brownsburg, Indiana, en jouant du rock : fait. Se jeter d’un pickup sur le coup des 2h du matin, après avoir essayé d’étrangler son conducteur (qui portait un Stetson) : fait. Se retrouver seul, perdu au milieu des champs en Indiana : fait. Bloquer un camion au milieu des champs pour essayer de revenir en ville (à Brownsburg, Indiana) : fait. Finir une soirée en discutant avec un flic américain fan de la femme de Alexandre De Meyer devant un fast-food zarbi : fait. Être content d’être en vie : fait. ////// Je ne m’attendais aucunement au retentissement international qu’allait générer ces quelques lignes, faisant passer la récente guerre au Machinistan ou le renversement de Trükmüsh (j’ai pas tout suivi ces derniers temps) pour des entrefilets de faits divers de la Presse Quotidienne Régionale. Submergé depuis lors par des millions de lettres de fans angoissés, harcelé jour et nuit dans la rue et à mon do-


Et voici donc la fameuse histoire de ... Psycho Burrito. J’allume ma pipe au coin du feu, installez-vous confortablement les enfants. Raclements de gorge, toussotements discrets. Samedi 19 juillet. On se réveille tant bien que mal à Louisville, Kentucky. Après le concert d’hier soir, on a été accueilli chez Samuel, promoteur du concert, qui faisait aussi serveur dans le gros bar-pub où on a joué (« Highlands Tap Room »), qui a aussi joué avec nous en formule solo « Samuel St Samuel », qui est aussi chanteur guitariste de Call Me Bronco)). Et qui revenait hier aprèsmidi de trois semaines de tournée avec ce dernier groupe. Ça fait beaucoup. L’appartement n’était donc pas dans un état de fraîcheur extrême. Notre gars était manifestement parti dans la précipitation pour ses trois semaines de tournée. Le festival de chaussettes sales, de slips douteux, de poubelles éventrées, de vaisselle éparpillée (qu’on distingue malgré les nuées de mouches) est typiquement le genre de truc qui fait que tu n’emmèneras JAMAIS ta meuf’ en tournée. Elle décéderait instantanément, cherche pas.

Félix, notre guitariste canadien « de remplacement » (je vous passe les détails) qui a pourtant un zizi, a carrément préféré dormir à même le sol de notre véhicule de location parqué en face dans la rue. Moi, qui en ai vu d’autres (aïe, mes rhumatismes), je me suis accommodé d’un canapé (?) duquel j’ai du virer plusieurs kilogrammes de ferraille et de bois avant de pouvoir m’y allonger. Alex, notre bassiste franco-américain « de remplacement » (je vous passe les détails) a dormi par terre dans le salon, alors que la teuf’ battait encore son plein puisque notre hôte avait aussi invité plein de potes qui avaient de quoi tenir toute la nuit ; et plus si affinités nasales. Je crois que Niko, notre batteur français « de remplacement » (je vous passe les détails) a dormi sur ce qui avait dû être un fauteuil il y a quelques années (décennies ?). Soda, artiste solo à connaître absolument, et qui a fait quasiment tous les concerts américains avec nous, n’a, je crois, pas dormi du tout. Soda, c’est un vrai. Tout ceci dit sans aucune malveillance ou mauvaise pensée envers Samuel, qui est un gars en or, un vrai rocker ; le cœur sur la main et la bière dans l’autre. Merci Samuel, tu déchires.

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micile, je me devais de vous narrer cette journée par le menu. Cette journée et cette nuit, je préviens, c’est un peu long. Et comme ça, on n’en parle plus, et millions de fans mis à part, mes potes/connaissances/gens que je croise pourront me parler d’autre chose. Si j’avais dit avoir niqué Kate Moss en sniffant de la coke sur le bureau d’Obama, ça aurait été le même tarif. Les premières fois que tu racontes ça, t’es encore dedans (si je puis dire) ; t’es limite en train de faire de l’Actor’s Studio : « Ouais et là tu vois j’l’ai prise comme ça shlakshlak ! » à grands renforts de gestes, de mimiques, et d’entrain communicatif. Mais dès la troisième fois, tu t’aperçois que t’es pas acteur du tout, et que finalement tu ne sais pas trop bien raconter ça en vrai, en 3D Haute Définition (la vraie vie, quoi). Ça doit être aussi ma nature, je sais pas, mais donc tout ça pour vous dire que comme ça sera raconté une fois, je serai pas obligé de la raconter à Copinou et Poto en faisant semblant d’être encore à fond, plein d’adrénaline et de rebondissements en-veux-tu-en-voilà.

Après ce réveil fait de romantisme et de fraîcheur boisée, il fallait penser à ce soir. C’est comme ça que ça marche en tournée : tu te réveilles, t’as du mal, et il est l’heure de se demander : « Et ce soir on fait quoi ? On joue où ? ».

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Et bien normalement, ce soir, on est « off » à Nashville pour faire les touristes avant le concert du lendemain (à Nashville). Et on doit aller au NAAM, grand raout des pros de l’équipement musical auquel nous conviait gentiment Jeff Nolan, qui venait depuis Orlando nous rejoindre à Nashville pour faire le concert avec nous, soit le kiff ultime puisque je suis fan et qu’on s’était jamais rencontrés en vrai. Mais finalement le très cool Austin de Hangdog Hearts, avec qui on avait partagé l’affiche au Chopin Theatre de Chicago, nous a proposé il y a deux jours d’aller jouer à Brownsburg (Indiana), ville banlieue d’Indianapolis, où ils allaient finir leur tournée d’été. On se voyait mal refuser une date de plus, vus les haut niveaux de gaule-kiff qu’on se prenait depuis le début. Et ce, même si ça nous (et surtout me) faisait un peu rebrousser chemin avant de repartir pour Nashville. On arrive donc à Brownsburg, Indiana, après une petite pause dans un Steak’n’Shake. C’est pas hyper citadin. Pas hyper campagne. Par contre c’est hyper étendu (au sens de « étalé »), avec des rues comme toutes celles du middle-west, rien de spécial. Le lieu est über-cool. On peut fumer dedans, bienvenue en 1997. C’est samedi et il y a déjà pas mal de monde sur le coup des 18h00. Ca se présente bien. En plus Austin et sa bande sont d’ici, leur dernier concert de tournée à la maison, c’est l’assurance de jouer devant une salle garnie, d’autant plus qu’il nous laisse jouer tête d’affiche. On a droit à une quota de ministre au bar, et les gens sont ravis de discuter avec nous. La salle qui peut accueillir facilement 250 personnes est bien équipée et bien foutue. Tout s’annonce pour le mieux. A l’heure de monter sur scène on a quelques IPAs (la nouvelle bière à la mode aux USA) derrière la cravate. Sauf Felix, qui est la sagesse même, option sécurité 4 fromages. On va sur scène en sirotant entre MILFs en manque et vétérans de Desert Storm, pépère. On en a bus d’autres. Soda puis The Hangdog Hearts ont fini leurs sets. A nous d’attaquer, avec « Hello there », la reprise de Cheap Trick. Je sens que ça ne prend pas. Assez rapidement. Les autres titres n’arrangent rien, et « Go fuck yourself » trouve un accueil pour le moins mitigé, qui voit une grande partie du public sortir de la salle pour aller se réfugier sur la grande terrasse arrière. Toussotement. Pourtant les autres fois (et celles à suivre) les gens étaient plutôt enclin à brailler le refrain avec nous. Là, pas du tout. Il doit rester environ 8 personnes. J’essaye de tchatcher un peu entre les morceaux pour raccrocher

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les wagons. D’ailleurs avant d’arriver là-bas c’était le truc qui me stressait le plus. Et finalement c’est un des trucs que j’ai le plus apprécié : taper le bout de gras avec la salle, dans leur langue sans me prendre le front en sortant ce qui me passait par la tête, et des fois on s’est bien marré. Là, je vois que ne ça sert pas à grand chose, et qu’il vaut mieux en finir au plus vite. On a beau essayer de calmer le jeu en casant du Muddy Waters ou autres reprises plus pépouzes : nan, ce soir, ça marchera pas. On finit le concert pareil. Pas mémorable. Vue l’ambiance et la quasi absence de public, le contraire serait étonnant. Pas catastrophique non plus. C’est juste le concert où tu te dis « bon, il en fallait un pas terrible, c’est lui, merci au revoir et au suivant !». A nos âges, on n’en est plus à se remettre en question et à s’arracher les cheveux quand ça se passe pas super bien. Ça arrive, c’est tout.

Je passe quand même au stand de merchandising, car il faut bien croûter et mettre de la sauce dans le Dodge. Les rares personnes qui passent nous font comprendre, sans animosité aucune mais de façon assez claire, que ici c’est plutôt un club Country. Folk passe encore mon pote, mais ici c’est Country les gars, okay ? Okay. Mais pour le coup désolé je n’ai pas d’anecdotes à la Blues Brothers à raconter, dans lesquelles les gens nous hueraient, nous jetteraient des canettes, où l’on serait protégé par des grillages, et où ça finirait en cassage de chaises sur la gueule. Pourtant on a joué à Rock Island, la ville des Blues Brothers. Non-non. On nous fait juste comprendre que ce qu’on a fait, c’est aussi pertinent que d’aller faire un happening grind-metal-core avec option « art contempo-


Mais (ce mais est important car vous avez vu, avant, j’ai sauté une ligne, c’est bien fait hein ?!?) un gars improbable arrive au stand. Enfin, improbable pour nous Français. Pour là-bas, en Indiana, pas tant que ça. Le gaillard, dans la trentaine, fait quasiment deux mètres. Il a une chemise blanche impeccable, brillante à te péter la rétine. Un grand chapeau Stetson flambant neuf. De jolies bottes lustrées. Un visage couleur cuivre, taillé au couteau, avec une belle moustache fine à la mexicaine, et des mâchoires carrées prêtes à dévorer un bœuf vivant. Un beau bébé athlétique, avec une carrure de quaterback qui n’aurait pas besoin d’épaulettes, qui sent fort le parfum et engage la discussion par un suprenant : « HEY GUYS GREAT !!!! IT WAS AMAZING ! INCREDIBLE ! ». Tu te fous de ma gueule ? Tu te méfies toujours. Là-bas ils peuvent se servir de ce genre d’adjectifs pour parler d’un hot-dog qui est le même que celui de la veille, et qui est tout à fait banal. Ou d’une savonnette trouvée dans un 7/11. Là-bas un truc normal, c’est AU MOINS « amazing ». Donc bref je dis merci au gars et je le laisse dérouler. « VOUS LES GARS, VOUS SAVEZ FAIRE DU ROCK ! J’ACHETE TOUT CE QUE VOUS AVEZ !». Okay là, mec, tu m’intéresses. Kesstu prends ? J’ten mets combien ? Simple : il prend tout. T-shirts, Cds, patches. Et tous les modèles. Et en double. Je lui propose de lui payer un bière. Vu ce qu’il vient de nous filer, on va marquer le coup, hein Niko & Alex ?!? Quand je veux marquer le coup j’appelle toujours Niko & Alex car ce sont deux charmants compagnons de route qui ne disent jamais non. En plus d’être des super-potesbisous-poutous les gars vous me manquez. Mais non, même pas besoin de lui raquer une bière, le mec a pensé à tout. « ALLEZ LES GARS, C’EST MOI QUI OFFRE ! J’AI COMMANDE DES SHOOTERS POUR TOUT LE MONDE ! » Et effectivement une serveuse arrive avec tout un plateau de shooters whisky pour lui et nous. Le mec, en plus, paye sa tournée. Puis une deuxième. Et il est toujours aussi enthousiaste. Ça fait plaisir. Ça sauve au moins un peu de dignité de la soirée. Et il pro-

pose une troisième tournée. Hum. Bon, là, mon grand, il faut qu’on y aille, on va à Nashville demain, tout ça tout ça, alors on se fait la bise et on y va passque sinon je sens que tu vas faire copain

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rain » (celle où tu poses un radis sur un moëllon) dans une fête antillaise où les gens attendent Zouk Machine pour faire du limbo. Dont acte.

avec nous et que on va sortir d’ici les pieds devant, et que demain ça va être douloureux. On sort donc sur le trottoir devant la place, le Dodge est juste devant. Le luxe. Je pose aux gars la question rituelle de chaque fin de soirée/concert pendant 3 semaines : « Ouais okay donc euiuuuuuh on y va mais euh ... on va dormir où ce soir au fait ? » Et Austin de Hangdog Hearts de répondre, goguenard : «Mec, tu dors chez lui» en me désignant notre nouveau copain cow-boy. Ah okay en plus on dort chez lui, c’est la totale. Ce mec est manifestement un don du ciel. Je me sens un coup de perfection, tu sais, ces moments où tout est cool et tout va bien se passer. On va chez lui ? Eh bien on n’a qu’à se suivre. Moi j’ai la flemme de conduire tous les jours, tout seul, et on doit en être au tiers du trajet global que je vais me cogner tout seul. Donc je me dis que là, pour ce soir, EXCEPTIONNELLEMENT je vais filer les clefs à quelqu’un, et me faire conduire après le concert. Le luxe de grosse star quoi. Comme en plus on sort de tournées de shooters, et que Soda nous a alerté tout du long sur le fait qu’en Indiana, ça rigole pas. Je remets donc les clefs à une fille qui connaît Alex et Austin et qui veut bien nous raccompagner (en tout bien tout honneur, cela va de soi). Et je me retourne vers notre cow-boy cuivré en lançant un tonitruant

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« -OK MEC ! ON VA CHEZ TOI ! JE MONTE AVEC TOI ET LES POTES VONT SUIVRE, CA MARCHE ?!? » -YEAH !!!!! » Tout le monde est content, c’est la fête, dans 15 minutes on est chez lui, on fait la teuf, on joue demain soir à Nashville, concert pas terrible ou pas ce soir c’est le trip de ma vie, mes copains sont géniaux, tout va bien, super, groovy, vive la vie ! J’accompagne donc le cow-boy jusqu’à son pickup, garé une vingtaine de mètres plus loin, pendant que les gars et la meuf qui conduit nous attendent pour nous suivre. Mon nouveau pote (désolé mais je n’ai pas retenu son prénom) me lance alors un « -HEY MEC TU SAIS QUOI ?!!! »

EPISODE 2 : Lui il a 3 guns derrière.

- Mmmmm nooooo ? » - J’AI TROIS FLINGUES DANS MON COFFRE » - Mmmm okayyyy coool yeah man yeah cool yeah ». Sûrement une façon de dire bienvenue, en mode « concours de quéquette », comme certains gars ailleurs sur la planète sont fiers de te dire qu’ils ont un yacht, une femme avec des faux seins, une Playstation, ou un kit Polini avec carbu de 32 (choisis ton époque et ta classe sociale avec ces exemples), en faisant un burn avec leur moto ou en montrant leur Rolex.

Je reprends mon souffle. Je me tourne vers lui. Re-corps en avant. Secousse intense. Tout défile très vite. J’essaye de reprendre mes esprits. Il roule comme un taré. Je me dis que ça doit être la suite du concours de quéquette. Genre « Ouais t’as vu , j’ai trois guns dans mon pickup, mais je roule vite aussi, je suis un homme ». J’ai jamais compris ce genre de plan, pourtant très répandu chez les êtres humains pourvus de quéquette. Faut savoir vivre avec les mœurs locales, je ne me for-

Je m’installe à l’avant de son énorme pickup, aussi blanc et clinquant que sa chemise. On fait demi tour dans le parking, on passe devant les potos (« youhouuuuuucoucou » avec la main) qui nous emboîtent la roue, et on se retrouve devant un feu rouge. Direction la maison du cowboy. Pression sur la poitrine. Grosse accélération. Corp qui part en avant. Cowboy a soit chaussé des chaussures en fonte, soit il essaye de passer le pied à travers le plancher.


On va crever. Ça bouge dans tous les sens. Le paysage qui défile n’a aucun sens. Montée d’adrénaline. A soulever une montagne. « - OK, MAINTENANT STOP OU JE VAIS TE BUTER ! JE M’EN FOUS PARCE QUE TU VAS NOUS TUER TOUS LES DEUX ! ENCULE ! JE VAIS T’EGORGER ET TE CHIER DANS LE COU QUAND TOUT SERA TERMINE !!! - ... » Je joins le geste à la parole mais je n’ai ni couteau ni scie sauteuse sous la main. Lui il a 3 guns derrière. J’empoigne son cou de bœuf sous hormones avec mes deux mains. Je serre pas tout de suite. Il va comprendre que là, ça suffit. Obligé. Quedalle. 120 miles toujours. Je serre un peu « ARRETE CETTE MERDE, JE VAIS LE FAIRE ! ALORS RALENTIS ! LAISSE-MOI LA, JE M’EN TAPE !!!! - ... » Le bâtard fixe la route. Bras tendus. 120 miles. Le cul du pick up part encore une fois dangereusement dans un virage. Crissement de pneus. J’vais crever. Putain, j’vais crever. J’vais crever ? J’vais crever. J’vais crever. Je serre de toutes mes forces. Son cou dur comme de l’acier. Il bronche pas. Peur qu’il m’envoie un coup de poing dans le pif. Je fais pas le poids. Il a 3 guns derrière. Je serre. Je serre. J’hurle. Il bronche pas. 100 miles. Je serre. J’hurle. 70 miles. J’hurle. Ses bras tendus. 30 miles. Il veut pas broncher. 20 miles. Maintenant. Ou jamais. Ou son coup de poing ? Ses guns ? Coeur qui tape. Gorge sèche. Maintenant. Regarder le bas côté. Pas encore. Ses mains sur le volant. Maintenant. Peur. Le bas côté. Un ravin sous la lune. Maintenant. Peur. Relâche mes mains. Ouvre la portière. Flash blancs. Hurler. Flash blancs. Peur. PEUR. PEUR. Ma fille.

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malise pas trop, malgré la surprise. Je toussote juste un peu en ricanant bêtement. « - Erm .. hhhhh... On va vite là hhhhhhh fun hhhhhh. ermmmm.. » En me tournant vers lui encore une fois. Il est fixé sur la route. Accroché. Obnubilé. Coup d’œil dans le rétro. Je ne vois plus la voiture des autres. Le bruit du moteur. Trop de bruit de moteur. Coup d’œil au compteur. 120. 120 Miles. Calcul mental. 160 km/h. Reprende ses esprits. « - Bon, c’est cool mais ce serait bien de ralentir un peu parce que je ne vois plus mes potes et ils doivent pouvoir nous suivre pour aller chez toi. - ... ». Pas de réponse. Bruit du moteur. Rétroviseur : rien. « Hey ralentis un peu s’il te plaît, ils ne sauront pas où aller s’ils nous perdent. - . ». Pas de réponse. Coup d’œil au compteur. 120 miles, toujours. Finie la ville. Petites routes, champs de maïs. Crissements de pneus. Ca bouge, ça bouge beaucoup. 360 degrés. Moteur ralentit. Repart à fond. « - MAIS MERDE C’EST QUOI CE BORDEL MEC ?!? Ralentis maintenant, c’est dangereux ! - ... » Pas de réponse. Il fixe la route. Bras tendus. Pas un clignement de paupière. 120 miles. Ça fait long. « - RALENTIS ! MES POTES DOIVENT NOUS SUIVRE JE T’AI DIT ! » Pas de réponse. 120 miles. Champs de maïs. Secousses. Tangue dans tous les sens. 120 miles, on valse. Je me cogne la tête à la vitre. J’ai du mal à déglutir. Je respire très vite. « - ARRETE MAINTENANT ! ARRETE DE DECONNER ET RALENTIS. JE VEUX VOIR MES POTES, TU ROULES COMME UN DINGUE !!! - ... » Pas de réponse. Il fixe la route. Bras tendus sur son volant. Pas d’expression sur le visage. J’hurle dans le vide. « - ARRETE MAINTENANT ENCULE ! J’AI UNE FILLE ! J’AI UNE FILLE !!! TU VAS NOUS TUER TOUS LES DEUX ESPECE DE CONNARD !!!! - ... » Pas de réponse. On valse. 120 miles. Je prends tout ce que j’ai dans les poumons « -J’AI UNE FILLE !!!! J’AI UNE FILLE !!!!! - ... » Le fils de pute ne bronche pas. Je panique totalement.

Sauter. Battements de mon cœur. Très fort. A faire mal. Je suis en vie. J’attends. Attendre. Pas bouger. Pas de grosse douleur. Rien de cassé. Mal à la cuisse. Mal à la tête. Mais rien de cassé. Attendre quand-même. La nuit tout autour. Je sais trop qu’on peut avoir un vilain truc et ne pas le sentir quand on a eu trop d’émotions. Et là j’ai eu mon lot. Je ne vois pas très bien. Merde. Mes lunettes. Et l’autre il est où ? Je suis myope comme une taupe. Je me mets à genoux. Je suis au fond d’un bas-côté de route. L’herbe haute et

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des espèces de ronces m’ont amorti tant bien que mal. Et l’autre il est où ? Pas de bruit de moteur. Je n’en reviens pas. Je n’ai rien de cassé. J’ai envie de pleurer de joie. Je pleure de joie. Ou de je ne sais quoi. Retrouver mes lunettes. Je remonte doucement le bas côté à genoux en tâtant tout ce que je peux avec les mains. Me voilà à hauteur de la route. Comme une taupe qui sort de son trou. Plus de pickup. Plus rien. Juste la route, moi, et du maïs partout. Je tâtonne. Entre l’angoisse d’avoir perdu mes lunettes (je ne vois vraiment rien à plus d’un mètre) et la joie de pas être blessé et de m’être échappé de ce gonze. Il allait où ? M’enculer dans un champ ? Juste nous tuer en caisse ? Rien à foutre, je veux mes lunettes. Je tâtonne à quatre pattes dans un silence absolu. Je n’entends que ma respiration. La face à 3 cm du sol. Je tâtonne. Mes lunettes. PUTAIN MES LUNETTES !!!! Je repleure. Désolé de décevoir mes plus grand(e)s fans : je suis une grosse chialeuse. Vite-fait hein, poussez-pas, non plus : de joie. Je chausse la monture. Vaguement tordue mais quasi rien. Le miracle. Double miracle : indemne, avec mes lunettes. Rien ne peut m’arrêter je suis invincible. Okay mon grand. T’es invincible si tu veux. Rien ne peut t’arrêter, si tu veux, mais tu vas aller où, justement ? T’es paumé. Tout ce que t’as comme repère, c’est une belle lune. Du maïs partout. Une route déserte. Et mal à la cuisse. Merde. Ça caille. Je suis en débardeur. Merde. Donc j’ai pas ma veste. Elle est dans le Dodge. Donc pas de portefeuille. Pas de portable. Pas de thunes. Pas de papiers. Pas de clope. Rien. Ma bite et mes lunettes dans un champ de maïs géant.

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T’en voulais de l’aventure ? Bein voilà. T’en as. Silence. Froid. Cœur qui tape. Bras qui tremblent. Parenthèse : juste avant et pendant que je sautais : au risque de vous décevoir je n’ai pas du tout vu ma vie défiler, ou ce genre de trucs qu’on lit parfois dans les livres. Je ne dis pas ce que ça ne peut pas arriver hein, je signale juste qu’en ce qui me concerne, je n’ai vu que du mauve et du blanc qui faisaient des danses stroboscopiques zarbies. Basta. Si un jour je saute en parachute, qu’il refuse de s’ouvrir et qu’il ne se débloque qu’à 100 mètre du sol, in extremis, je vous dirai si jamais j’ai vu ma vie défiler. Là, non. Désolé. Retour sur la chaussée de l’Indiana. Je me pèle le jonc. Et émotions ou pas, j’arrive à calculer que grosso merdo, on a fait 15 ou 20 bornes depuis Brownsburg. Il doit être 2 heures du matin. Et donc j’en ai pour 3 ou 4 heures de marche. Je regarde la lune : faut que je parte à l’ouest. Quand t’as passé une bonne partie de ta vie à la campagne, tu sais ces choses. Je marche. Pas de clopes, ça me fout le démon. Ceci dit, avec la tremblote que je me tape, je ne suis pas sur de pouvoir la tenir sans l’échapper au bout de deux secondes. De temps à autre je rigole tout seul, à gorge déployée. De grands fou-rires. La seconde d’après je suis pris d’une forme de panique. Putain je vais pas marcher 3 heures en débardeur avec un froid pareil. Pas de lumière où que ce soit, même si on y voit très clair grâce à la lune. Du maïs partout, pas un bruit, on est clairement loin de tout. Mais où sont les autres ? Ils ont vraiment été semé, sinon je les aurai recroisés. Ils vont bien se rendre compte que je suis pas arrivé chez le gars. Quelqu’un va repasser c’est obligé. Je serre les poings dans mes poches. J’entends un moteur au loin. Je saute pour essayer de trouver des lumières de phares. Là-bas, à l’est. C’est pas sur ma route, ça doit être un croisement : je cours. De plus en plus vite, comme un taré. Merde ma cuisse me fait putain de mal. Cours cours cours cours cours ! Le moteur se rapproche, c’est un camion, ou un bus, ses phares découpent le maïs et la nuit, il va arriver là-bas, il y a bien un croisement. Cours cours cours cours putain de merde faut que j’arrête de fumer cours cours cours j’en chie cours cours j’en CHIE PUTAIN J’EN CHIE ! Je me fous au milieu du carrefour, et reprends ma respiration comme je peux, courbé, le tronc en avant, les mains sur les genoux ; je suis limite en train de tomber


EPISODE 3 : Un calibre de type « chie dans ton froc ». Il me pile devant. Comme dans les films, genre à un mètre de ma gueule. Plus de klaxon, juste le bruit du moteur en marche ; dont je sens la chaleur réconfortante tout près de moi. Pour un peu, j’embrasserais la carrosserie. Je m’aperçois que j’ai même pas eu peur. Il allait pas m’écraser non ? Je recule un peu avant de me diriger vers sa cabine. Erreur. « - PUTAIN DE MERDE !! QU’EST-CE TU FOUS ?!? PAS UN GESTE ! PAS UN GESTE CONNARD !!! » Ouh putain « Pas un geste », comme dans les films ! Okay mec je bouge pas, et je fous carrément les bras en l’air. Bienvenu au Far Middle West. « - BORDEL QU’-EST-CE QUE TU FOUS ?!?? » - Eh b-b-b-ien je suis p-p-perdu ... Je.. je dois.. - TOURNE-TOI ! TOURNE- TOI ! T’AS DES FLINGUES ?!? » Ouh putain il est tendax. Oh merde, mes yeux s’habituent à la lumière des phares, le mec a sorti le tronc par la fenêtre et il est en train de me pointer avec ce qui ressemble fort à un calibre de type « chie dans ton froc ». Je serre les fesses, et dans un même mouvement savant, je tourne sur moi-même tout douuuuuuucement : « - Nonononononon enfin JE N’AI PAS DE FLINGUE ! J’AI RIEN ! REGARDE ! - QU’EST-CE QUE TU FOUS LA ???!? » - Je... je... je suis Français, mon gr-gr-gr-groupe et m-mm-moi on on a jou-jou-joué à Browsnsburg mais le mec

qui me ra-ra-ramenait était f-f-f-f-fou et j’ai du sau-sausauté de son p-p-p-p-p-pick up, maintenant, je suis p-pper-perdu et je je je n’ai plus rien ! ». Pendant le long silence qui suit, je me rends compte que suis encore sous le choc de tout ce merdier, à tel point que j’ai du mal à parler distinctement sans bégayer. Ça ne doit pas arranger mon affaire et mon crédit auprès de Super-Trucker. « - C’EST QUOI CE MERDIER ?! TU TE FOUS DE MA GUEULE ?! C’EST QUOI CETTE PUTAIN D’HISTOIRE ?! » - Nononononononononon s’il-te-p-p-p-p-plaît, je je je veux juste re-re-retourner à Brownsburg, ou n’im-n’importe où où je peux trouver des des des gens ou pa-papasser un coup de fil ou n’importe quoi, s’il te plaît ! - TU AS DE L’ARGENT ? » Merde mec, c’est quoi le rapport ? Il veut me plumer ici ? En joignant le geste à la parole, je retourne mes poches pour lui signaler que « - NON J’ai r-r-r-r-r-rien, tout est dans le ca-ca-camion ! » et je pousse le zèle jusqu’à essayer de retourner la poche-ticket (la petite, à droite, bein ouais les gars ça s’appelle la poche-ticket). Miracle : un bifton de 20 dollars plié en quatre tombe sur la chaussée. « - Attends ! Attends ! Attends !!!! Je ne le savais même pas mais j’ai ça !!» - COMBIEN ? » Putain c’est quoi ce film ? - 20 b-b-b-bucks ». - OK DONNE-MOI TES VINGT DOLLARS ET JE TE RAMENE A BROWNSBURG. C’EST SUR MA ROUTE. JE DOIS GARER MON CAMION LA-BAS POUR LA NUIT ». Putain enculé, je te filerais pas les 20 boules tu me laisserais là ?! En plus c’est sur ta route ! Ah okay. T’as un gun. On discute pas. Mais au moins, par pitié arrête de brailler comme un putois.

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dans les pommes. C’est un camion, il est à 100 mètres. Ses phares m’aveuglent, je lève les bras et fais de grands signes en sa direction, mais il n’a pas l’air de vouloir ralentir. Il me fait des appels de phares, puis klaxonne, de plus en plus rapproché. IL est clair qu’il n’a pas envie de s’arrêter. Je le devine en train d’essayer de m’éviter par ma droite. Non mon pote tu passeras pas ! Je me décale sur ma droite. Il est plein phares, il klaxonne sans s’arrêter putain il est proche proche proche je continue de balancer les bras en l’air ARRETE-TOI PUTAIN CONNARD !

Il me fait signe de monter. Je grimpe et m’installe sur le siège, le mec est super tendax. « - Je vais te donner un p’tain de conseil : n’essaye pas de me faire chier. C’est clair ? » - O-k-k-k-kay. Bien sûr. Je veux juste a-a-a-ller à Brownsburg. ».

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On roule, je m’aperçois que j’ai les mains qui tremblent, j’essaye de reprendre une respiration normale, mais ça daube vraiment fort là-dedans ; Super-Trucker n’a pas du voir une douche depuis un bon moment. Panneau de signalisation « Brownsburg ». Ouf. Le mec tourne à gauche. Pas ouf. « - Mmmmm désolé, tu ne vas pas à Brownsburg ? » « - NON Je dois me garer pas trop loin, ma femme va venir nous chercher en voiture ». Bon. Il gare son engin dans une zone désaffectée, et sa femme arrive comme prévue. Mal réveillée, les cheveux en vrac, elle est recouverte d’énormes boutons, et daube autant que son mari. Qui, à la lumière froide du parking, apparaît finalement lui aussi très défraîchi. S’ils sont pas alcooliques, ils prennent de la dope. Elle marmonne quelques questions inaudibles, auxquels son mari répond systématiquement en braillant. Je ne moufte pas. On rentre finalement dans leur voiture qui exhale un inénarrable parfum de chien mouillé, de sueur, de cigarette froide et de vieux simili-skaï. « - Bon, on te dépose où à Brownsburg ? » - Mmmmmm la salle s’appelle erm. uhhhhh » Putain. Le blanc. Aucune idée du nom de la salle. Je rappelle qu’elle n’était pas au routing initial, ça s’est fait il y a deux jours. « - C’est un endroit où il y a des con-con-concerts, deux grandes salles, une où on peut fu-fumer et il y a une grande t-t-t-terrasse derrière ». - Mec, je gare mon camion ici mais j’habite pas à Brownsburg, aucune idée ». Merde. Merde merde merde. « - MMmm c’est au c-c-c-centre, allez sur la r-r-rue principale et je te dirais » Mais en fait je n’en ai aucune idée. On roule, on tourne, et Super Trucker perd patience. « - J’ai assez roulé ces derniers jours, je ne vais pas continuer pendant des heures, tu sais où c’est ou je te laisse là ». Vu le ton y a rien à négocier, faut trouver une solution dans la seconde. « -Ouais désolé, je... je ne sais pas, laisse-moi là. Ou à la police, c’est toujours ouvert, non ? Peut-être que mes amis m’y attendront ? » - Chez les flics ? Sérieux ? Sans pièce d’identité, sans rien ? » - J’ai pas le choix, laisse-moi là ». On suit les panneaux d’indications du poste. Je prépare

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mentalement la litanie incroyable, au sens propre, que je vais devoir présenter aux flics. Il se gare sur le parking. Miracle : la salle est juste derrière. Je mate l’enseigne : elle s’appelle donc « A Stone’s Throw ». A un jet de pierre. Aussi bien c’est encore ouvert. A Rock Island on est resté dans un bar jusqu’à 4 heures, hier à Louisville on a du finir dans ces eaux-là. Ca dépend des Etats, et vu qu’ici on peut fumer dedans, aussi bien il y a encore des êtres

humains, et la chance de voir passer les autres parce qu’ils vont bien repasser là à un moment ou un autre. Et miracle dans le miracle : je vois notre Dodge avec tous les zozos à l’intérieur arriver juste devant. Je leur fais signe, ils sortent et me gueulent dessus. « - Putain mais t’étais où t’avais pas autre chose à faire que d’aller boire des coups putain on a flippé notre race tu fais chier putain !!! » En plusieurs fois, j’essaye de leur expliquer que je ne sors pas du bar, mais de la bagnole de Super Trucker, et tout ce que je viens de vous narrer, par saccades, dans le désordre. Je m’aperçois que le choc est pas passé, ils s’en rendent compte rapidement je crois. Le pauvre Félix, qui fait sa première tournée avec nous, et sa première tournée


Oui, mais ils ont cru qu’il m’avait peut-être ramené en route, ou que je m’étais arrêté ailleurs fait la tawa ou etc. etc. Non les mecs désolé je faisais pas VRAIMENT la tawa pendant tout ce temps. Ni la teuf’, ni la bringue, ni la bamboche. Je leur demande où EUX sont allés. Et là, stupéfaction, ils sont bien arrivés. Chez le gars, sur les indications téléphoniques d’Austin dont la copine conduisait notre Dodge (souvenez-vous, dans l’épisode 1). Et là-bas quand ils ne m’ont pas vu, ils lui ont demandé où j’étais. Ce à quoi le gars a répondu : « - I don’t know. » Et il est allé se coucher sans demander son reste. I don’t know. Surréaliste. Je bouillonne littéralement à l’intérieur, j’ai envie d’aller le tuer. Je demande aux autres comment ça se fait qu’il ait pu répondre ça. J’étais DANS son pickup putain, il peut pas dire qu’il sait pas où je suis. Il m’a au moins lâché quelque part. Les autres ne comprennent pas non plus. J’ai faim, j’ai soif, j’ai envie d’un clope. On est trop content de se retrouver. Alex a un sourire qui illumine le ciel infini de l’Indiana. On décide de tous aller à un fast-food géant qui reste ouvert toute la nuit et qui se trouverait pas très loin. On pourra débriefer, et manger. Je n’en reviens pas qu’on se soit retrouvé aussi facilement, finalement. Eux non plus. J’apprends petit à petit qu’à un moment de notre chevauchée fantastique avec celui que l’on appelle maintenant « Psycho Burrito », les gars derrière ont failli lui rentrer dedans bien comme il faut, mais pas moyen de savoir si c’était avant ou après que j’ai sauté. Puisqu’ils l’ont reperdu en route. Quoi qu’il en soit, je mange comme 15. Je suis vraiment content d’être en vie et je commence à rigoler un peu. Je descends deux bières pour la forme et file fumer une clope dehors. Il y a là un flic qui fait manifestement le planton toute la nuit, en cas de débordement. Dois-je vous rappeler qu’ici on se trimbale armé ? Pour je ne sais quelle raison il entame la conversation avec moi, et dans le fil de celle-ci, pour une raison qui

m’échappe, je lâche que je suis musicien et qu’on a joué ce soir à Browsnburg, c’est cool, tout ça. Oulah non pas cool. Sa tête a changé.

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tout court, se demande avec quel taré il s’est embarqué. Je devine sur son visage un mélange tout à fait pur de stupéfaction et d’inquiétudes diverses. Mais non les gars, j’ai pas fait la fermeture du bar. Promis, juré, craché. D’ailleurs vous m’avez bien vu monter dans le pickup de l’autre taré puisque après vous nous suiviez ?!

EPISODE 4 : Psycho Burrito en personne. Quel con je fais : depuis le début j’ai fait en sorte que les autorités ne sachent pas qu’on existe en tant que musiciens, ils aiment pas qu’on vienne leur piquer leur boulot les ricains ; et même si c’est un « boulot » sous payé, pour eux c’est le même tarif. Pour dire, j’ai carrément atterri à Chicago sans même un médiator dans la poche, et j’ai tanné les gars pour qu’ils s’alignent sur cette politique de la taupe interlope qui avance masquée et déguisée en autruche. Et là, comme un con, c’est moi qui lâche le morceau. Tout comme le seul gros con qui est finalement parti vadrouiller sans ses papiers et sans son téléphone, eh beh c’est moi.

Alors que à chaque fois qu’on bougeait quelque part je

serinais les gars « c’est bon les gars vous avez vos papiers ? Votre téléphone ? ». Bref. Retour sur mon champion en uniforme : je dois détendre

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l’atmosphère tout de suite, surtout qu’il est en train de me poser toute une chiée de questions sur d’où on vient, où on va, la totale. A un moment il me demande où l’on a atterri et chez qui l’on est hébergé. Ça me donne le déclic, et je tente le tout pour le tout : « - Oh on a atterri chez notre copain Alex, c’est un Français, et maintenant il est marié à une américaine, on vient juste jouer avec lui pour faire la fête hein, trois fois rien hein ahahaah tranquille monsieur. Peut-être que vous connaissez sa femme d’ailleurs ? C’est Danielle Colby de l’émission American Picker ». Comme ça en passant. Hop. Je sais que American Picker passe à Chicago, qu’elle y est assez connue, on a eu l’occasion de s’en rendre compte, mais je n’ai aucune idée de l’audience qu’elle peut avoir ailleurs. J’avais quand même retenu que Felix l’a déjà vue au Québec. Donc bon, j’ai des chances, et j’ai vite fait de découvrir sa popularité ici : le flic ouvre une bouche à avaler trois essaims d’abeilles en même temps. « - OoooooMaaaaaGaaaAAAD’ !!! OMAGAD ! » (bon en fait ils disent Oh My God, mais OMAGAD je trouve ça mieux). « I love Danielle ! » Putain ! Alex est juste à côté il est sorti fumer aussi, je le chope direct : « - C’est vrai, c’est vrai ! Voilà Alex, c’est son mari ! » - OMAGAD !!! » - Vas-y Alex montre lui des photos de toi et Danielle ». Alex en a environ 8000. Il s’exécute dans la bonne humeur. Alex est toujours de bonne humeur. Le flic est comme un guedin, il dégaine son téléphone et commence à faire des selfies avec Alex, le mari de son idole de la télévision. Plus improbable tu meurs. Alex, mon pote de Saint-Blaise du Buis (3.8. représente), adulé comme une star par un flic de l’Indiana qui est à la limite de la catalepsie. En tous cas le tour est joué, le fait qu’on soit musiciens ou pas, il s’en cague comme de son premier donut ; il est content. On papote avec lui, il est tout détendu, il nous montre son badge, on se fait des photos, on est copain comme cochon. Niko est mort de rire et joue le jeu. Niko est toujours mort de rire. Après quelques accolades de bon aloi, on repart. Ah mais où au fait ? « -Euh on repart chez le gars » me dit Alex (ou Felix, ou Niko) - Pardon ? » - Euh bein ouais en fait on a tout posé là bas avant de venir te rechercher à Brownsburg » - Ouais mais après on va où ? »

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- Bein on dort là bas nos affaire sont déjà dedans chez lui » - Nan mais les mecs vous êtes cramés ! Je mets pas les pieds là-dedans c’est un fou furieux si je le vois je le tue !! Putain mais ça craint ! Mais vous aussi quoi merde rentrez pas la dedans ! - Nan mais ça a l’air cool y’a sa femme et tout !» - Cool ? Ouais bon bein vous faites comme vous voulez moi je fous pas les pieds là-dedans il est taré j’te dis ! Putain merde j’ai du me jeter de son van, et quand vous l’avez croisé il a fait l’air de rien ! J’aurai pu crever merde ! - Ouais mais bon bein -euh mais bon euh . - Ouais bon bein on va là bas si y’a tout le matos hein. Pas le choix. Mais moi je fous pas les pieds dedans, je dors dans un champ si il faut ! - Beiiiin y’a le van des Hangdog Hearts. » - Beh si il est ouvert voilà, je dors dedans. ». Nous voilà arrivés. Une grande maison dans une zone pavillonnaire de campagne. Le putain de pickup blanc est là. Le van de Hangdog Hearts aussi, et il est ouvert. Niko et Felix décident de venir passer ce qu’il reste de nuit avec moi. Alex et Soda vont à l’intérieur. On se souhaite bonne nuit, et je leur rabâche de bien faire gaffe. Moins de quatre heures après, sur le coup des 9h00 du matin, le soleil tape dur sur le camion, qui a été récemment repeint en noir. Je dessèche littéralement sur ma couchette, et il n’y a pas le moindre souffle d’air pour venir me sauver. Sec, sec, sec. Comme dirait Ludo Boudou « si jamais je jouis, j’vais éjaculer en poudre ». J’me sens comme une bouze de dromadaire, à midi en plein Sahara. Un pack de petites bouteilles d’eau, posé en bas, me fait de l’œil. Je descends tant bien que mal me prendre une bouteille, et en jette rapidement une à Niko qui est en train de gémir, et j’ouvre les fenêtres dans le vain espoir de faire passer un peu d’air. Vain, l’espoir, en effet. Me faut de l’air. J’ouvre la porte du van pour m’asseoir sur le marchepied, il fait un soleil de plomb, et entre le réveil d’hier, la route d’hier, le concert d’hier, les aventures d’hier et de la nuit, je suis vraiment naze, au dernier degré. Naze complet. La porte de la maison s’ouvre. Psycho Burrito en personne. Merde. « Putain Niko descends, descends, il est là ! » Niko se jette de sa couchette et vient s’asseoir à côté


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de moi. On n’en mène pas large. Psycho Burrito est en débardeur du dimanche, short, tongs et lunettes noires. Mais il est toujours aussi cuivré et balaise. « Salut les mecs ! Bien dormi ? Pourquoi vous n’êtes pas venu dormir à l’intérieur ? Au frais ? J’ai la clim et tout ce que vous voulez ! » et il me tape sur l’épaule en souriant. Je cherche machinalement un clope, que me tend rapidement Niko. Il me connaît bien Niko. Je l’allume, je dis rien. Psycho Burrito fait le tour du camion pour aller ouvrir son garage, qui laisse entrevoir plusieurs Harley Davidson, un écran télé d’environ 12 mètres de large, de grands sabres, et des canapés en cuir XXXXL, entre autres choses. Son putain de garage est plus grand et mieux fourni que mon appart. Je me lève, je scanne les alentours. Je me dirige vers le champ à l’arrière du garage pour essayer de retrouver mes esprits et comprendre ce qu’il se passe. J’entends Psycho Burrito arriver à côté de moi. « C’était un super concert hier soir ! Mais tu sais quoi ? J’ai paumé tout ce que je vous ai acheté ! » Je tire une latte, je cherche Nico du regard derrière mes lunettes de soleil, il est pas loin derrière nous. Je me redirige vers le camion. Je suis sûrement en train de dormir et je rêve (ou je cauchemarde). « Oh et tu sais quoi ?!? Je me suis fait arrêter par les flics sur le retour parce que je roulais trop vite». Putain tu te fous de ma gueule ou quoi ? Tu te rappelles que tu m’as acheté du merch. Tu l’as perdu. Tu te souviens t’être fait arrêter par les flics parce que tu conduisais trop vite (sans blague ?) en revenant chez toi.

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Mais le fait que j’aie essayé de t’étrangler, que j’aie du sauter de ton pickup en marche, que tu m’aies laissé seul comme une merde dans un ravin ça te dit rien ? Que t’aies dit que tu savais pas où j’étais quand les autres t’ont retrouvé ça te dit rien ?!?! Niko lit dans mes pensées, il en a les mâchoires qui se décrochent. Le mec nous parle comme si rien ne s’était passé. Soit il est très bon acteur, soit il a la mémoire sélective, soit il est taré, soit il est/était sous drogues. Soit tout ça cumulé. « Mais c’est bon, je les connais, ça c’est bien passé, j’ai même pas eu d’amende... » Je tente un vague « Mmmmmm. mmmmm. » qui me sert surtout de soupape de sécurité, car je bouillonne comme il faut. Ceci dit entre sa carrure, ses sabres, ses guns dans son pickup, et ce qu’il doit y avoir dans sa maison, j’aime autant ne pas la ramener. Attendons patiemment en restant sur nos gardes. « Bon, je vais faire quelques courses. A d’ta l’heure ! Je pourrais appeler des potes et se faire une grosse fête et une bonne bouffe ! » Et il se barre faire ses courses. On se regarde avec Niko : c’est quoi ce bordel ?!? On décide d’aller rapidement faire un tour dans la baraque. Elle est immense, du dernier cri, et il y fait facilement 25 degrés de moins que dehors. Les Américains sont littéralement malades de la climatisation. En plein été, on a dû mettre un gilet ET une veste à chaque fois que l’on rentrait dans un magasin ou un restaurant. Ca n’empêche pas Alex et Soda de comater confortablement dans le salon, dans de grands canapés avec de grands coussins. Je cherche rapidement la douche dans cette maison luxueuse qui n’a pas vu le moindre grain de poussière depuis sa création.


fait le déplacement depuis Orlando avec sa femme Erin pour nous rencontrer, jouer avec nous et s’amuser. Et même si je ne le sais pas encore pendant que je roule sous un soleil de plomb au milieu des champs de maïs de l’Indiana, c’est bien ce qui va se passer ce soir, comme tous les autres soirs de cette tournée : on va s’amuser entre potes, rencontrer des gens incroyables, jouer dans des endroits terribles, avoir des fous rires à s’en faire mal au ventre, vivre musique à 200%, et se pincer toutes les 10 secondes en se demandant si on n’est pas dans un rêve. Et je vais personnellement le vivre d’autant mieux que l’épisode d’hier soir, qui aurait pu tourner en cauchemar, me remplit finalement d’un sentiment aussi puissant que simple : je suis en vie.

STORY

Je peux me passer de bouffe, de clopes, de café, de tout ce que tu veux, mais en tournée, si j’ai pas ma douche le matin, je ne fonctionne pas correctement, ça m’est vraiment vital. Même si y a juste un lavabo pour faire une toilette de chat hein. Là pour le coup, c’est baignoire de luxe, mais je ne m’y attarde pas. Une fois -vite- fait je retourne au camion. Psycho Burrito revient. Je me cache sur ma couchette, pas envie de le recroiser, seul qui plus est. Un gamin sort de la baraque. Il s’avérera qu’il en a deux, ainsi qu’une femme qu’on croirait tout droit sorti d’un catalogue de bombes atomiques. Ça me rassure : moins de risque de grabuge avec femmes et enfants dans le secteur. Attendre que les gars sortent tous me semble une éternité. Imaginez un peu si on était cinq meufs sur la route : les épisodes salle de bain cumulés nous feraient prendre 5 heures de retard chaque jour. Allez-y les filles huez, huez derrière votre écran. Smiley. Voilà enfin les Wastemen et Soda (relativement) frais et pimpants. Ils ont décliné l’invitation de Psycho Burrito en lui expliquant que ce soir, on doit être à Nashville, et que t’es bien gentil bonhomme, ça fait quand-même une bonne petite trotte à travers l’Indiana, le Kentucky et le Tennessee. On repart dans notre Dodge, pendant que Psycho Burrito, son père fraîchement débarqué et un des fils nous font de grands signes de la main. Psycho est toujours aussi jovial. Troublant. On sort du lotissement, et Alex, Felix et Nico en ont une bien bonne à me raconter. Pendant que j’étais à les attendre, Psycho Burrito les a emmenés dans une pièce de la maison, qui s’est avérée être un véritable arsenal de guerre. Environ 25 pistolets, fusils, fusils d’assaut, fusils mitrailleurs, bien rangés et bien lustrés, que notre hôte a pris soin de leur montrer en long, en large et en travers. Incluant un petit pistolet « de sac à main » pour madame. Rose, évidemment. Comme c’est touchant. Niko lui a demandé ce qu’il pouvait bien faire d’autant d’armes. Le gars lui a répondu que, bein tiens, c’est pour se défendre, on ne sait jamais ! Faudrait déjà qu’il s’achète surtout 12 paires de bras pour tout tenir, mais bon. L’épisode ne les a guère motivé (pour peu qu’il le fussent déjà) à rester plus longtemps ici . Et nous voilà en route pour Nashville. Ce soir on va jouer avec Jeff Nolan, un des guitaristes héros de mon adolescence : il a joué dans I Love You, Screaming Trees et Scott Weiland’s Magnificent Bastards, et c’est lui qui pose le solo sur notre « Go fuck yourself ». Qui sera bien sur ce soir dédicadé à qui vous savez. Bref, Jeff a gentiment

Et la vie, c’est hyper cool. Jose Retrouve Jose & the Wastemen sur wastemen.net wastemen.bandcamp.com facebook.com/joseandthewastemen

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EN BREF Under the sun

POLICA

Your Favorite Enemies

Under the sun

Raw exit

Entre marées et autres ressacs

(Autoproduction)

(Memphis Industries)

(Hopeful Tragedy Records)

Comme on trouve déjà des Under The Sun aux Etats-Unis et en Angleterre, précisons ici que c’est bien le combo de Montpellier où sont venus se défouler des membres de Mudweiser, Verdun et Weaksaw, rien que ça. C’est du post hardcore option chant écorché carrément éraillé, ça prend aux tripes et si comme pour le YOB, il n’y a que 4 titres, tu peux t’installer confortablement car tu vas dérouiller pendant près d’une heure... «Sous le soleil» donc, rien à voir avec la série débile et pas grand chose non plus à voir avec les Beach Boys ou un rock un tant soit peu ensoleillé. Non, ici, le temps est plutôt à la pluie, à l’orage voire à la tempête de temps à autres («Burst in dawn»), lors des accalmies («Initium», «Anubis path»), le ciel reste gris mais Under The Sun est alors plus fascinant, jouant avec les sonorités et les rythmes pour nous balader dans ses paysages colorés au fusain sur une toile passé à l’émeri, histoire que ça accroche et que ça fasse un peu mal si on s’y frotte. Sombres et granuleux, les titres s’étendent et se distordent sans jamais lasser, jusqu’à l’artwork, le groupe ne fait aucune faute de goût et promet donc beaucoup.

Annoncé au début de l’été comme un post-scriptum de Shulamith, le deuxième LP de Poliça sorti l’année dernière, Raw exit est en réalité l’EP au format vinyle qui accompagne sa ressortie récente en version deluxe. Autrement dit, le contenu musical ne diffère pas beaucoup du dernier opus si ce n’est cette reprise sympa de «You don’t owe you», morceau de Lesley Gore datant de 1963 et remis au goût du jour à la sauce Poliça - et trouve assez facilement sa place aux côtés des titres de Shulamith. Au menu, hormis cette cover, trois morceaux dark pop où l’on retrouve cette propension du groupe à ensorceler ceux qui l’écoutent grâce à une formule qui ne lasse pas ou peu : les rythmiques finement travaillées, entre saccades («Raw exit»), subtilités tribales («Baby blues») et cadence effrénée («Great regret»), trouvent échos aux nappes et réverbs de synthés et à la voix majestueuse de la figure de proue du navire Poliça, j’ai nommé Channy Leaneagh. Un EP non surprenant à l’image de ce que le groupe a su démontrer jusqu’à présent, c’est à dire du bon globalement, du très bon même (la chanson éponyme). Attention, toutefois, à ne pas se reposer sur ses lauriers.

Hey, le nom du groupe est cool. C’est un EP, ça doit être leur première démo... Ah non, en fait, ils existent depuis 2006 et ont déjà quelques productions à leur actif (toutes leurs sorties sont sur le label qu’ils ont fondé en 2007) mais ils sont Québécois et ne débarquent en France que maintenant avec ce 5 titres Entre marées et autres ressacs qui préparent le terrain à leur tournée européenne en novembre (à La Maroquinerie à Paris avec ...And You Will Know Us by the Trail of Dead) et certainement à l’édition de leur dernier LP (les morceaux présentés ici sont tous issus de Between illness and migration sorti en avril au Canada). Rock burné avec une jolie saturation («A view from within»), s’il n’y avait pas cet accent pour les trahir (et il faut vraiment qu’ils bossent ça), Your Favorite Enemies pourrait passer pour un de ses groupes ricains qui cartonnent sur les college radio (dans les meilleurs exemples on a Nada Surf et son «Popular» pas très loin de «Empire of sorrows»). Le chant très clair, les mélodies savoureuses et une rythmique aussi bien balancée qu’appuyée rendent l’accroche ultra facile et ensuite, forcément, c’est dur de décrocher. Oli

Oli

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Ted


EN BREF

Go With My sounds #2

OISEAUX TEMPETES

PigBearMan

Compilation

Oiseaux-Tempête

PigBearMan

(Go with my rock)

(Sub Rosa)

(Autoproduction)

Depuis sa création en 2012 l’asso francilienne Go with my rock cherche à promouvoir des groupes rock/métal notamment en sortant une compilation dont la deuxième édition est arrivée sur nos platines. Ces groupes sont pour la plupart autoproduits et cherchent donc à se faire connaître. Sur la tracklist, les Memories of a Dead Man font office de locomotive même s’ils ne sont pas les seuls à être suivis par nos services (So Was The Sun). Parmi les autres, les Former Life se placent premiers, leur rôle dans l’asso leur offre cette place davantage que la dynamique du morceau moins enthousiasmant que ceux d’Amiral Wisewild ou Everything Behind. Avoir de bonnes compos est une chose mais on ne le répétera jamais assez, pour passer à l’étape supérieure, il faut impérativement une production de qualité et certains (Syd Kult, Cley’so Drunk...) ont encore à progresser dans ce registre, pour d’autres, il faut continuer de se forger une identité en se détachant des modèles (Eths pour The Way I Am ?). Dans tous les cas Go with my sounds #2 met un coup de projecteur sur ces 14 groupes que tu as donc l’occasion de découvrir sans te ruiner (3 Euros !) avant que, peut-être, on en parle bien plus...

Les Oiseaux-Tempête ne sont pas de nouveaux venus puisque les deux musiciens fondateurs sont issus de Farewell Poetry et Le Reveil des Tropiques, deux groupes qui sillonnent l’hexagone fréquemment. Avec ce nouveau projet, ils ont soigné autant le fond que la forme, l’album est doté d’un artwork visuellement très classe, ce qui a priori, met l’auditeur dans de bonnes prédispositions.

La sélection des artistes chroniqués sur nos pages est rude et la qualité de la production est un des critères sur lequel on transige le moins... Sauf que parfois, la création et l’atmosphère créée par le groupe l’emporte, c’est le cas pour ce combo d’Aix-en-Provence appelé Pigbearman qui sort un EP très excitant malgré une prod’ un peu brouillonne (peaux de batterie étouffées, saturations qui manquent de netteté...). Le trio mange à différents râteliers, attirés autant par la noise (le son de disto de la plupart des grates), le post-rock (l’ambiance générale qui laisse le champ libre aux instruments) que la mélodie pure (cette petite mélodie vocale à la Weezer qui s’incruste sur «Boson»). Avec une basse ultraprésente et une guitare toujours sur le quivive, la batterie ne s’exprime seule que lors de rares moments où les samples viennent l’accompagner («Heisenberg», des fans de physique ou de Breaking bad ?), peu importe le style ou l’ambiance approchés par le combo, il fait toujours le bon choix et quand on est plongé dans ce bain, on oublie les côtés techniques et on se rêve à vivre ça en live car le pouvoir immersif est déjà très important sur CD, alors en vrai...

Du coté de la musique, on est en terrain connu et déjà bien labouré avec un rock instrumental à forte résonance émotionnelle. Il n’empêche que Oiseaux-Tempête séduit les oreilles avec ses longues plages qui pourraient être la B.O d’un western urbain dans un environnement post-apocalyptique : on pense d’ailleurs beaucoup à Ennio Morricone à l’écoute de ces 74 minutes. Sur une durée conséquente, on ne te cache pas qu’il y a quelques moments de grâce mais aussi quelques phases où la musique se fait oublier (le très Earth «Ouroboros»...) pour mieux re-captiver l’attention par la suite, on pense notamment aux pistes «Kyrie Eleison» et «Call John Carcone» où le propos se fait nettement plus rugueux. Du travail soigné au potentiel de séduction certain.

PS : l’artwork sur le digipak est excellent

Oli David

Oli

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EN BREF Oliver

PECKINPAH!

Transport League

Fortune cookies

Something’s coming...

Boogie from Hell

(Autoproduction)

(Autoproduction)

(Metalville)

Une des bonnes surprises de cet été, c’est le nouvel EP d’Øliver (qui fait suite à un éponyme trop discret) : Fortune cookies, ici pas de message aux interprétations multiples à décoder selon son état d’esprit mais une pop un poil matheuse qui gicle des enceintes pour nous faire bouger les épaules et le popotin. Les six titres allient une rare efficacité à une construction savante faite de petits sons bien placés, d’un rythme punchy dans tous les cas, d’instruments qui n’en font pas des caisses et d’un chant (en anglais et très inspiré par des Grands-Bretons comme Foals) juste et entraînant. Sublimé par la production de Samuel Navel (Cascadeur, Duran Duran...), le travail du combo électro-math-pop ne peut laisser indifférent autant mentalement que physiquement, tant le corps répond à l’esprit en dansant quasi automatiquement à l’écoute de ces douces merveilles. Attention, même si on retrouve le bassiste de L’Homme Puma dans ce groupe, l’ambiance est bien plus ensoleillée, les seuls points communs entre les deux groupes étant la science du détail et le plaisir immédiat (en mettant Bandanascope de côté). Le quatuor parisien est désormais dans la place, on espère qu’ils n’ont pas tout mis dans cet EP...

Avec ses deux ans d’existence au compteur, Peckinpah! n’a pas mis longtemps à digérer ses influences rock seventies et le démontre avec une aisance confondante sur son deuxième EP Someting’s coming.... Au menu, trois titres aux univers à la fois troublants et oniriques invitant l’auditeur à un voyage sonore hallucinatoire. «Strong and sweet» débute les hostilités avec une boucle électronique vintage nous rappelant les errances de Tangerine Dream et se développe durant cinq minutes jubilatoires pendant lesquelles notes de claviers aériennes et voix stellaire prennent le contrôle des opérations pour nous emmener très loin. «God of anger», quant à lui, nous ramène sur terre (tout est relatif) avec un rock psyché et prog barré nous mettant à l’épreuve du déhanchement le plus total. Enfin, «Mental storm» rend un hommage à la kosmische muzik grâce à une section rythmique en totale roue libre soutenue par des nappes de clavier célestes permettant une expression absolue des instruments à l’instar des petits phrasés et soli de guitare bien placés et d’une voix mi-parlée, mi-chantée allant même jusqu’à pousser un inquiétant cri. Voici globalement le programme concocté par cette formation parisienne à suivre, et qui ne devrait pas en rester là si l’on en croit le titre de cet EP. Ted

Transport League a 20 ans (enfin, si on oublie leur break au milieu des années 2000) ! Et si le groupe n’est pas franchement connu dans nos contrées, son leader Tony Jelencovich est une des figures de proue du «rock» made in Suède. Outre d’autres combos, ce dernier a quand même pointé son nez sur les récentes tournées de Fear Factory ou Mnemic... et donne donc plus de retentissement à ce quatrième album Boogie from Hell. Une partie du menu est annoncé dés le titre : du boogie et de l’enfer (le petit monde du cornu est un thème cher aux Scandinaves qui le déclinent régulièrement («Swing satanic swing», «Demon apparatus», «Doctor demon»)), le tout sur fond de hard rock assez lourd et sacrément bien envoyé. Du début à la fin, le quatuor ne change pas de direction, à peine de vitesse (entre accélérations sur «Bitter sand» et «Hi-octane slave» ou ralentissements sur ... ah non en fait, ils ne ralentissent quasiment jamais) et nous emmène donc tout droit dans leur univers hard stoner avec un sens certain pour les mélodies hargneuses et les solos rocailleux. C’est sans sourciller qu’on arrive à destination avec un service irréprochable mais un poil stéréotypé.

Oli

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Oli


EN BREF

Stevans

HIPPIE DIKTAT

LULL

Before the rupture

Black peplum

The epilogue

(R17)

(Becoq Records)

(Wild concept)

Une sortie tous les 4 ans, voilà le rythme de Stevans, un quintet electro power pop qui n’a pas pu attendre la sortie de son troisième album et nous envoie donc un EP 5 titres en éclaireur : Before the rupture, titre tout à fait logique quand on sait que l’opus à venir en cette fin d’année s’intitule ... Rupture. Et histoire de bien nous faire languir, le groupe a un tube absolu dans ses cartons : «Franelizer», en ouverture de disque comme de bal, c’est explosif ! Basse et rythmique binaire, petits sons samplés, boucle impeccable, voix féminine excitée, mélodie en béton... impossible de résister à ce morceau qui tracte un EP de fort belle facture même si cette ouverture est aussi le point culminant de cette colline électro pop. «Brooklyn & me» est pourtant lui aussi excellent dans sa dynamique mais il n’a pas le même impact. «I’ll always fear goodbyes» (calibré brit pop) et «Lost along the way» (un «slow») sont plus doux, moins portés par les machines, bien (trop) plats, je leur préfère encore les effets et bidouillages de «God gave up on you». Si tu découvres juste maintenant Stevans, va mater le clip de «Franelizer», tu retiendras bien plus facilement ce nom dont on reparlera bientôt !

Après le Louis Minus XVI et le Toys’R’Noise, Becoq Records continue de sortir des disques à la singularité évidente avec le Black peplum d’Hippie Diktat. Pas de chemises à fleurs ni de musiciens influencés par le Grateful Dead ici, il s’agit plutôt d’une jolie confrontation entre un saxophone baryton, une guitare et une batterie avec pour résultat un disque passionnant de noise-rock aux inclinaisons free-jazz.

Quelque peu disparu des écrans radars ces dernières années, Lull a refait son apparition il y a plusieurs mois, le bonhomme a passé quelques temps à New York où il a continué d’écrire de la musique et de s’imprégner de l’atmosphère locale. Même si au départ, c’était un projet «solo», Florian a fait appel à d’autres musiciens pour l’accompagner quand il est revenu en France, laissant le soin à son pote Loreto d’intégrer un peu de piano sur quelques morceaux depuis Big Apple. Cet album pop folk très chaleureux est porté par la pureté de la voix mais aussi par la richesse des ambiances, des plus intimistes («Rise my soul») aux plus rockailleuses («You can’t make rain anymore» où Jose des Jose and the Wastemen apporte distorsion et chant plus entraînant). Les titres s’affirment les uns par rapport aux autres tout en formant un ensemble cohérent même si au cas par cas, ça fonctionne plus ou moins bien (le cuivré «Wasted afternoons» me laisse assez indifférent alors que la clarté de «Young and stupid» est très touchante et «The sun» très emballant). Malgré son nom, The epilogue n’est que le premier album long format de Lull et on espère que ce n’est pas le dernier.

Black peplum commence sur le titre «Black peplum», une première piste hypnotisante aux atmosphères volatiles : ça commence très calmement et de manière saccadée pour aboutir à une baston tranchante où le saxophone domine les débats et les dynamitent même. En 5 titres, les Hippie Diktat déballent leurs atouts, prennent le temps de convaincre l’auditeur et n’ennuient jamais en proposant un tout musical sans concession sur des pistes très étirées pouvant flirter avec les 10 minutes. Et en 10 minutes, on te laisse imaginer les tonalités abordées, les variations d’ambiances et le fort potentiel grisant qui en découle. Très classe. David

Oli Oli

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EN BREF COLDRAIN

ALABASTERDS

AL’TARBA

The revelation

Alabasterds

The sleeping camp

(Hopeless Records)

(Autoproduction)

(JFX Lab)

Du métal avec beaucoup de belles mélodies, souvent ça passe ou ça casse, avec Coldrain, c’est ni l’un ni l’autre... Je reste en effet très mitigé à l’écoute de The revelation. Le troisième album des Japonais ne peut être taxé de métalcore faute d’une vraie base HxC mais c’est un peu l’esprit... Quand il la joue métallique, ça envoie, ça taille dans le vif et ça fonctionne assez bien, par contre, à trop vouloir rendre jolies les harmonies du chant, le combo rompt le charme et fait parfois penser à Linkin Park, et oui, quand on est trop mélodieux, on est puni. Trop démonstratif au chant comme avec ses instruments (le petit solo de gratte inutile sur «Time bomb»), Coldrain alterne donc les bons moments et les plus indigestes. Mais comme tout cela va très vite, on a du mal à se faire un avis car une partie blastée/hurlée («Evolve» par exemple) peut vite redorer leur blason et nous donner envie d’écouter la suite... Avec des mélodies aussi bien tenues mais plus acides et en bossant surtout les impacts plutôt que la déco, Coldrain remporterait bien plus de suffrages mais voilà, les titres présentés ne sont pas tous de la trempe de «Voiceless». Dommage.

Tout jeune groupe lillois (avec un exWes Waltz), Alabastersds a débarqué il y a quelques mois avec un EP 5 titres dont la maîtrise du sujet fait plaisir à entendre. Et le sujet bah c’est un mélange de grunge, de stoner et de punk. Pour le meilleur et uniquement le meilleur. Dès le premier titre, le groupe propose du tube en puissance, le chant mériterait à gagner en puissance et en personnalité mais il s’agit bien là d’une petite bombinette percutante dotée d’un refrain scotchant. L’EP se poursuit sur les chapeaux de roues avec «Blowjobs and flowers» (quel programme !) : le riff nous fait irrémédiablement penser à «La grange» de ZZ Top puis les musiciens nous embarquent dans une cavale punk jouissive digne des Bad Brains, un revirement de situation que l’on n’attendait vraiment pas et qui fait par conséquent plaisir à entendre. Le mid-tempo est aussi à l’honneur avec «Dr Troy’s paper bag» qui semble tout droit sorti du Seattle des années 90’s tandis que c’est plutôt vers Kyuss que lorgne «Highway 1» et sa basse vrombissante. L’EP se clôt sur «Stoned», un morceau étiré et épique dans la grande tradition du stoner mais qui finalement s’avère beaucoup moins convaincant que les premières pistes malgré des idées intéressantes. Alabasterds reste néanmoins très prometteur et on attend la suite des festivités avec impatience. David

On avait laissé Al’Tarba sur un Ladies & ladies, EP encourageant pour la suite même si notre préférence allait clairement sur Lullabies for insomniacs, une compilation aux couleurs sonores plus variées. Avant de sortir son nouvel album,le Toulousain livre un EP intitulé The sleeping camp, une sorte d’avantgoût de ce qui nous attend prochainement. Ce 4 titres renvoie à l’univers des gitans (le vidéo clip de la chanson éponyme se passe d’ailleurs dans un camp de gens du voyages) et marque encore plus l’univers du beatmaker, sensible aux ambiances ombrageuses («The sleeping camp») et instables (la montée progressive de «Dusty signal» se terminant en breakbeat jungle en est l’exemple). Deux invités viennent prêter main forte à l’artiste sur la suite et fin plus rythmée de l’EP: DJ Nix’On, acolyte d’Al’Tarba depuis pas mal de temps déjà, revient scratcher avec classe sur «Hé garçon», titre abstract hip-hop costaud gorgé de samples dont ceux tirés du film «La guerre des boutons» et le flow du duo de Baltimore Dirt Platoon se posant sur «Heat holders», un morceau compact très typé US (on pense à Jedi Mind Tricks mais pas que) qui prend le contre pied sur le reste de l’EP. Au final, Al’Tarba ne surprend pas vraiment avec cette mise en bouche et semble se diriger vers un album de cet acabit. Réponse au prochain épisode. Ted

Oli

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EN BREF

SO WAS THE SUN

JACKHAMMER

WHITE AYRAD

By the worst / In memory of the milk (Autoproduction)

Jackhammer

White ayrad

(Autoproduction)

(Autoproduction)

So Was The Sun poursuit son petit bonhomme de chemin en multipliant les sorties, les apparitions et les concerts... Les voici de retour avec un deux titres : deux morceaux c’est en général trop peu pour une chronique mais comme ces morceaux en valent la peine, pourquoi s’en priver ? On les avait quittés avec un rock à grosse guitare, un chant à fleur de peau et un songwriting affûté, le groupe semble continuer sur cette voie avec le très robot-rock «By far the west» : la basse se fait immédiatement accrocheuse, la mélodie est efficace, le chant toujours aussi plaisant. «In memory of the milk», le second titre, est aussi une réussite en terme de songwriting, le chant semble très imprégné par Eddie Vedder (Pearl Jam), le groupe gagne en puissance et accroît également notre plaisir d’écoute. Puisqu’ils ne sont jamais vraiment arrêtés dans leurs activités, il est pas forcément pertinent de parler de «retour gagnant» alors on te dira plutôt que le trio apporte un joli nouveau parpaing à son édifice. La pochette, comme souvent avec les So Was The Sun, est plutôt classieuse. Et comme le groupe semble adorer battre le fer tant qu’il est encore chaud-bouillant, on devrait avoir de leurs nouvelles très rapidement.

Mille milliards de mille accords de stoner de Breizh ! Voilà l’expression ad hoc pour résumer le 5 titres éponyme de Jackhammer ! Lourd et gras en diable, l’EP n’a rien d’un éctoplasme tant il est épais et consistant. Peutêtre même un peu dur à digérer sur certaines parties dont le chant donne plus dans la combinaison parpaing-ciment-béton que marguerite-bise-papillon. Si ça décape à chaque étape, ça ne va pas toujours à la même vitesse, on oscille entre la charge de cavaliers bachi-bouzouks lancés à l’assaut («No place for reason») et une trouve de zouaves en prise avec un pachyderme dans un marécage («Lady rider»), entre le stoner désertique et le sludge putride, les Bretons nous en font voir de toutes les couleurs en laissant toujours trainer quelque chose dans l’air qui n’est pas très sain, entre mélodies acides et rythmiques bactériennes, si on se plongeait totalement dans un bain Jackhammer on pourrait vite se retrouver avec une tronche vérolée option «moule à gaufres»... Le quintet rennais n’en est qu’à ses débuts (le groupe s’est monté en 2013 et livre là sa première autoproduction) mais avec une entrée fracassante sur la scène stoner métallique, on risque fort de retenir leur nom...

Les jeunots de White Ayrad n’ont pas tergiversé pour mettre en lumière leurs premiers sons. Un an et quelque après leur formation et après avoir fourni son répertoire de titres plus ou moins en gestation, le duo sort en guise de présentation son premier EP éponyme autoproduit. Une sorte de pilote pour montrer son savoir-faire en terme de musique électronique, d’electronica plus précisément. Influencé entre autres par l’héritage des travaux de Boards Of Canada, d’Amon Tobin, de Bernard Parmegiani et de Pink Floyd, White Ayrad s’éprend à jouer d’ambiances contrastées dans un univers où machines et instruments s’expriment conjointement. Un disque où les mélodies stellaires habitées de voix fantomatiques d’«O ten ion anemie» et d’«Above the black mountain» cohabitent avec le télescopage sonore d’un «Dune» au climax redoutable et halluciné ou avec l’intenable et urgent «Moon catcher». L’univers bariolé et fantasmagorique des Parisiens dominé par des sons synthétiques, malgré la présence d’instruments traditionnels, est délicatement soigné aux petits oignons mais pêche par moment par son manque de chaleur. Un détail pour ces architectes du son à qui l’avenir appartient.

David

Oli

Ted

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CONCOURS

CONCOURS LOFOFORA Ca ne t’aura pas échappé mais L’épreuve du contraire figure en bonne place dans nos disques les plus écoutés ces dernières semaines... On t’en a parlé, on en a parlé avec Reuno, c’est bien beau mais l’écouter c’est mieux, non ? C’est pourquoi Lofofora et At(h)ome t’offre 5 albums ! Bon, ils ne l’offrent pas à tous les lecteurs hein... Seulement à ceux qui seront choisis par le sort parmi les bonnes réponses... Si tu ne veux pas attendre Noël, ton charcutier favori doit pouvoir te procurer le disque et les Lofo vont certainement venir te le faire découvrir en live près de chez toi... http://www.w-fenec.org/concours/index,238.html CONCOURS KERRETTA Un nouvel album sensationnel, une tournée en Europe, une interview fort sympathique et non, les Kerretta ne nous ont pas laissé insensibles... Et toi ? Tu ferais bien un tour en Pirohia ? On te donne l’occasion de plonger vers la Nouvelle-Zélande sans bouger de chez toi, il te suffit en effet de bien répondre à ces questions faciles pour remporter l’un des 5 digipaks mis en jeu ! Bonne chance ! Et bonne lecture si tu n’as pas encore lu l’interview... http://www.w-fenec.org/concours/index,237.html CONCOURS JOSE & THE WASTEMEN Jose and the Wastemen nous a déjà fait un beau cadeau en nous confiant son incroyable histoire au coeur de l’Amérique mais Jose est généreux et t’offre également 3 exemplaires de son dernier EP (celui-là même qu’il a vendu à Psycho Burrito !), tu peux l’écouter sur Bandcamp mais l’avoir en vrai, c’est quand même autre chose ! Merci Jose ! http://www.w-fenec.org/concours/index,239.html

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IL Y A 10 ANS

IL Y A 10 ANS>MASNADA Maîtres du je (Sterne Production/Sony Music)

Masnada... Un jeune groupe qui croise un jeune duo qui vient de lancer un webzine... Nos histoires sont très liées et 10 ans après leur ultime offrande, on se rend compte que cet album évoque tout un tas de souvenirs... Ceux d’une époque révolue où on pouvait faire la bringue en «aftershow», découvrir des lieux incongrus et se démerder pour revoir le groupe au plus vite prés de chez soi... Si les trois fenecs incriminés (Pooly, Gui de Champi et moi-même) se mettaient à rédiger les anecdotes qu’ils ont à partager avec Masnada, on pourrait écrire un bouquin... Et il y aurait de quoi se marrer... Pour l’heure, ne revenons que 10 ans en arrière, pour leur deuxième album, les Masnada ne s’étaient pas précipités et aprés de nombreuses préprods et l’assurance d’enregistrer le meilleur album possible, ils le sortaient également dans les meilleures conditions possibles. Enregistré et mixé par Seb Fouble (au Harry’Son), masterisé par JeanPierre Bouquet (à l’Autre Studio), les Masnada n’avaient qu’à envoyer la sauce pour tout faire péter... et c’est ce qu’ils ont fait ! «Le roi» donne le ton : textes très travaillés, mélodies qui s’impriment dés les premières écoutes, frappes précises, riffs matraqués, petits samples efficaces, alternance d’ambiances plus ou moins douces, plus ou

moins agressives... Masnada a conservé son style (un croisement entre Lofofora et Mass Hysteria pour simplifier le schéma tactique) et a gagné dans tous les compartiments de ce jeu dans lequel ils sont passer maîtres. Seul «Libre» est selon moi un ton en-dessous, ce titre qui est aussi le premier single bénéficie d’une boucle et d’un tempo très interressants mais jamais il ne passe à la vitesse supérieur, les guitares gardent un côté lisse tout du long, personnellement, je préfère quand ça bastonne et donc les ultra énergiques «KmiKze», «Adelante siempre» (leur hymne) ou «Ultimate homme»... Les Lorrains ont travaillé longuement sur ces titres, les testant pendant deux ans (au moins) en concert et cela se ressent, tout est millimitré, pas d’esbrouffe, pas d’accords inutiles et là où la progression est la plus nette, c’est dans les textes et le chant. Les thèmes restent centrés sur l’homme : ses déviances («Big brother 2001»), son manque de tolérance («Citoyen du monde»), son inhumanité («Pogrom»), le groupe se permet même de politiser son discours sensé via les mots d’un autre («La rue qui gouverne»), ces paroles, on les chante très vite avec Grem et je ne résiste pas à livrer un extrait de «Big brother 2001» : Tout voir, tout savoir, tout contrôler. Même dévoiler ta vie privée, tes goûts et tes pensées. Je peux modifier les données de ton identité, à tout moment avoir accés à ton intimité. Omniscient, tout puissant, derrière mes écrans, c’est excitant. Clic, clic... Tout cela t’écoeure, trop tard Big Brother est entré dans les moeurs. Et c’était bien avant Facebook !!! A des titres excellents et un digipak de grande qualité, Masnada ajoutait une plage CDRom avec le remix (audio) de «Mas001», le clip de présentation du même titre (un montage d’images live), un montage d’images de l’enregistrement de Maîtres du je et deux petits «bonus» (le grand jeu du cri le plus long que Grem remporte facilement et une petite séquence -émotion- de décaps !). Que de bons souvenirs ! La bise les gars !!! Oli

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DANS TON CULTE

Burning Heads Super modern world(A Donf’)

Jérémie est bavard. Très bavard. Si tu as croisé son chemin au détour d’un concert des Flying Donuts, tu sais de quoi je parle. Mais notre homme ne parle pas pour ne rien dire, et notamment quand il s’agit de te parler de ses disques de chevet. Jérémie aurait pu remplir tout un magazine en parlant de ses skeuds préférés, mais après un temps de réflexion, il a choisi d’évoquer ce que lui a procuré (et lui procure toujours) l’écoute de Super modern world des Burning Heads. (Entre nous, heureusement qu’il n’a pas pensé à jeter son dévolu sur 555%, le triple album de Ginger Wildheart, car tu aurais dû poser des RTT pour tout lire d’une traite).

1996. J’ai 17 ans. Et en pleine dans la crise d’ado révolté. 18 ans plus tard, je ne suis pas sûr qu’elle soit bien achevée d’ailleurs. Mon leitmotiv influencé par mes potes « métalleux » : « refuse, resist » comme dirait le Max juste quelques années auparavant. Baigné des mon plus jeune âge dans l’univers des « zicos » (merci papa, merci maman) et issu de la génération « nirvanesque », mon tout premier groupe vient de splitter.Dirty Youth que ça s’appelait, complètement passionné par l’album Dirty des Sonic Youth quoi ! A 14 ans, on réfléchit un peu vit. Je jouais de la basse à cette époque et mes gourous étaient essentiellement des ricains ou des rosbifs : le grand Krist , le fils Dirnt, le gros Mike, ou encore le père McKeegan à qui je ressemble un peu aujourd’hui, faute à une belle calvitie qui te rappelle chaque jour que physiquement, tu n’as plus 17 ans, justement ! A cette époque, je découvre donc le punk rock et ses diverses variantes. Ultra motivé du fait d’avoir déjà réalisé quelques prestations scéniques à tout juste 15 ans et ayant grand soif de cette culture contestataire, je ne souhaite pas en rester là. Je crois d’ailleurs qu’avoir joué en première partie des Thugs en 1995 dans mon bled

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pourri m’a ouvert les yeux tant sur l’orientation musicale que je voulais prendre que l’état d’esprit. En même temps, je me rends compte qu’a cette époque, il existe une vraie « scène » en France. Plus besoin de taper uniquement dans les standards, j’ai envie de gratter, de « feuner » comme on dit par chez nous ! 1996, c’est aussi l’année où je forme Flying Donuts, avec mon frère qui sait enfin jouer de la batterie (il vient d’avoir ses 14 ans, il est en 3éme le « jeune », en mode daron du collège qu’il faut pas trop faire chier !) et Manu, notre pote d’enfance, également grand passionné de punk rock qui signe son CDI dans le groupe. (D’ailleurs respect, en 18 ans, aucun arrêt maladie !) Et le rapport avec les Têtes Brulées me direz-vous ? On se détend, j’y arrive, juste besoin de vous expliquer le contexte. En lisant Kérosène, sublime fanzine de l’époque, je découvre ces fameux Burning Heads. Mieux vaut tard que jamais, je chope le train en route. Les ayant vu sur scène 3 jours auparavant, je me précipite chez mon disquaire avec un putin de mal de dos (concernant le mal de dos, je vous explique ça dans quelques lignes). J’achète donc Super Modern World chez Top Disc, le disquaire du coin qui a le sens du bon goût puisqu’il avait placé ce disque en tête de gondole au rayon rock fran-


En fait, vu que je n’en branle pas une à l’école et que la seule chose qui m’intéresse vraiment réside dans le fait de « gratouiller mon arbalète » (NdlR : pour ne pas sortir du contexte, l’auteur parle bien de sa guitare et non d’autre chose) je veux juste faire pareil. Ouais, bosser comme des durs avec mon nouveau groupe, se créer notre propre identité, écrire des morceaux aussi cools que ceux là et tracer la route le plus loin possible. Nous y voilà, j’ai trouvé ma voie : devenir un gitan. Super Modern World me permet rapidement de faire le lien entre ce qui se passe pas très loin de chez moi et dans le reste du monde. C’est trop cool, j’appelle ça la magie de la musique. Grâce aux Burning, j’ai découvert cette « scène » de l’époque, composée notamment de Portobello Bones, Sixpack, Sleeppers, Seven Hate, Shaggy hound, Bushmen, Keneda, Unlogistic,. Des groupes avec qui nous avons fait connaissance et joué par la suite. Accessibles, je vous dit ! Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, pas de myspace ni de « chiassebook », internet émergeait seulement. Et si tu voulais te créer un réseau, pas le choix, il fallait te sortir les doigts, et surtout sortir de chez toi. Pas de places pour les imposteurs en ce temps là. Et ce n’était pas plus mal d’ailleurs. Physiquement, j’ai réellement fait connaissance avec les Burning Heads un peu plus tard, le temps de faire un premier album et de partager nos premiers « gros » concerts avec eux du coup, au début des années 2000. Mais je me souviens très clairement de la toute première fois où je les ai vu en concert, pendant la tournée pour cet album. Avec une affiche de rêve : novembre 1997, 70 francs : Burning Heads, NRA, Sixpack, BushmenBim, bam, boum dans ta gueule ! Le jeune que j’étais s’est empressé de venir en mob à cette grande messe du punk rock ! Et j’avais de la

chance avec mon petit réservoir, ça jouait dans ma ville. Rock épine (rip), l’association organisatrice d’Epinal avait donc concocté cette affiche de dingue. Les mecs, dites vous que pour moi, c’était noël avant l’heure, et que cette année là, j’ai eu mon cadeau un mois plus tôt !

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çais (!!). Faut dire que le gros malin avait bien raison, le groupe venant de jouer à Epinal : commerçant un jour, commerçant toujours ! Mais bon, le type était vraiment sympa et de bons conseils. Il me voyait régulièrement dépenser mon argent de poche chez lui, ça devait se frotter les mains dans l’arrière boutique quand je me pointais dans sa caverne d’Ali baba ! Mais je m’égare. Alors revenons en au 3éme album des Burning, waouh, la méchante claque dans la tronche des la première écoute, entre Bad Religion, Down By Law et Dag Nasty, pile ma came ! Mais à ce moment précis, je ne cite encore que des références outre atlantique.Grâce à ce disque, je découvre rapidement qu’un univers parallèle, une sphère bien établie, va changer ma façon de voir les choses. Punk rock spirit, et accessible en plus !

La découverte des morceaux de ce disque sur scène fut riche et intense. Entre les mélodies imparables des refrains, l’énergie communicative de chaque membre du groupe, le fun et le bon esprit de la chose, j’ai vraiment passé un super moment, malgré le fait d’avoir été écrasé pendant 50 minutes à la barrière Vauban du premier rang, merci les punk à chiens ! Punk à chien qui m’ont d’ailleurs kické le dos (on y vient) avec leur rangers de merde sur le morceau Angry Sometimes (que j’ai reconnu en écoutant le disque, plié en deux, la semaine suivante, dans ma piaule d’internat avec mon disc man d’antan, le doigt levé, en tapant du pied mais assis sur mon lit. Comme j’étais trop jeune pour subvenir à mes besoins, je n’avais plus assez d’argent de poche pour m’acheter un disque à la sortie du gig, faute au nécessaire plein d’essence. J’ai donc attendu la semaine suivante pour filer chez le disquaire, je l’ai même réservé dès le lundi suivant. Ce dont je me souviens également, c’est que pendant le gig, le fameux disquaire était 2 mètres derrière moi. En passionné de rock, lui aussi venait mater les concerts de sa ville. Quoi de mieux que ce soit ton disquaire, dix ans plus vieux que toi, qui te paye une bière en fin de soirée ? Vous verriez ça aujourd’hui ? Imaginez vous boire une mousse avec Mr Amazon ou Mme Price Minister. C’est glauque la façon dont tout à vrillé quand on y pense. Je me souviens aussi avoir bossé le méga tube Break me down ainsi que le morceau Swindle » en répétition avec les Flying Donuts pour apprendre à jouer ensemble. Quelques années plus tard, on a aussi repris un titre d’un autre album que nous avions placé soigneusement dans notre set de l’époque. (le morceau Wrong de l’album Be one with the flames, constituant une de nos dernières « cover » je crois). Avec Super Modern World, les Burning signeront sur Epitaph Europe pour les deux prochains skeud. Mais ce que je préfère plutôt retenir de cet album, c’est qu’au delà du fait que le contenu soit génial, il a été enregistré au studio « pole nord » de Blois, studio hyper renommé à l’époque Pas forcement une prod’ monstrueuse mais suffisamment en place pour que ça sonne, et surtout pas loin de chez nous pour des prix carrément honnêtes. Accessible que je vous rabâche, c’est clair non ?

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Notre premier album a été pondu la bas, le tout dernier aussi d’ailleurs ! Ce n’est pas pour rien. Aujourd’hui, j’ai 35 ans, l’âge que devait un peu prés avoir les Burning/rubrique> quand je les ai vu pour la première fois. Ils sont considérés à ce jour par les plus grands journalistes spécialisés comme des vétérans du punk rock en France, et c’est bien vrai. Je reste ultra admiratif de leur parcours et des choix qu’ils ont fait. Sans tomber dans du léchage de fion, il reste une de mes influences majeures, autant dans la zic que dans la démarche. J’ai toute leur discographie à la maison, je kiffe tout autant leurs albums Opposite et leurs splits en tout genre mais mon disque préféré reste l’album <Dive (Sorti avant Super Modern World, en 1994.) Comme je suis un type plutôt honnête, j’ai choisi de partager ce Super Modern World parce que c’est avec cet album que je les ai découvert, mais aussi et surtout parce que ce disque, à travers son contenu et ses auteurs à eu l’effet d’un déclic en moi ! C’est comme si ils m’avaient dit : « Vas y mec, fonce, c’est possible, tu peux le faire toi aussi ». Alors, j’ai réfléchi deux secondes, j’ai remisé ma planche de skate, et je me suis concentré sur le fait d’apprendre à jouer de la guitare correctement. Apres avoir pris quelques citrates de betaine me permettant de mieux digérer mes influences, Je me suis rapidement mis à composer des morceaux avec mon nouveau crew. Merci les Burning ! C’est aussi grâce à vous notre parcours. Pour finir là dessus, une petite anecdote croustillante comme je les aime : Je ne compte plus le nombre de fois où nous avons joué avec les Burning Heads et fait des nuits blanches entre potes à rire et passer du bon temps. La toute dernière fois, c’était il n’y a pas si longtemps : juin 2014 à Périgueux. A la fin du concert, la salle se vide, on boit un dernier verre au bar entre organisateurs et musiciens. Je me retrouve à discuter avec JyB, le bassiste des Burning. On prend des nouvelles, on se raconte quelques banalités.A un moment, il me parle du super groupe ricain The Adolescents avec qui ils ont déjà partagé l’affiche plusieurs fois et avec qui ils s’apprêtent à partir en tournée européenne. Il me dit être heureux de pouvoir réaliser un rêve de gosse, d’avoir écouté ce groupe gamin et de pouvoir jouer avec eux 25/30 ans plus tard. Je le regarde, je me marre, il se marre aussi.

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-« Hé mec, tu me racontes mon histoire aussi là » lui disjeavec mon fort accent vosgien. « Tu ne crois pas que c’est hyper cool pour moi de jouer ensemble, encore ce soir ? Jyb, on est en 2014, c’est vous les gars qui m’avez donné la foi, je m’en souviens très bien. Hiver 1997, super modern world live !!! » Et je l’enchaine : «Tu le sens bien le coup de vieux la ? parce que je te rassure, moi aussi !!!!!!!!!!!!! » Jérémie Dalstein, Flying Donuts


TALES FROM THE NIGHTMARES VOL.1

DISPONIBLE EN DIGITAL ET VPC

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REVUE DE PRESSE

AILLEURS DANS LA PRESSE, ...........................J’AI PEUR.

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NEXT

NEXT> AqME Godflesh Unswabbed Rorcal Lizzard Apparat Hugo Kant La Canaille A Failing Devotion

Stereotypical Working Class ... 79


INTERVIEW TEXTE

DANS L’OMBRE>ABEL GILBERT Les nouveautés Head Records (Pneu, Mudweiser, H.O.Z..), on t’en parle toujours en long et en large car il s’agit d’un label qu’on adore avec des sorties qui tapent souvent dans le mille. Pour ce dans l’ombre, on a donc choisi de s’intéresser à Abel, patron du label mais aussi bassiste chez les coreux de Morse. Mais pas seulement, sinon ce serait trop simple en terme d’agenda. Quelle est ta formation ? J’ai commencé à l’âge de 15 ans à jouer avec des amis, on a monté un groupe qu’on a appelé Spinning Heads, j’ai donc commencé à m’occuper de ce groupe, en cherchant des dates, des chroniques pour les disques qu’on sortait. J’ai rencontré des gens, des groupes, des amis et les années passant, j’ai construit un carnet d’adresses, crée des liens. Par la suite j’ai fait une formation au métier du spectacle pour essayer de me professionnaliser, avoir quelques notions de droit, de compta. Je n’ai pas vraiment de formation, j’ai mis les mains dans le cambouis, j’ai fait des erreurs, j’ai eu des réussites et en ne lâchant rien, en posant pierre après pierre, on arrive à ta question suivante. Quel est ton métier ? Mon premier véritable travail était disquaire chez Gibert Joseph à Montpellier, j’ai connu pas mal de gens de la scène de Montpellier, moi qui venait d’un petit village à

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côté de la capitale de l’Hérault. Ça m’a permis d’organiser mon premier concert, j’ai donc quitté ce beau métier de vendeur de galettes en plastique pour travailler dans l’événementiel. Après quelques virées chez un distributeur de disque et autres labels de jazz / musiques impro, me voilà à plein temps chez Head Records, vivant d’organisation de concerts, de tournées, de sorties de disques et de coup de mains à gauche et à droite. Quelles sont tes activités dans le monde de la musique ? Je suis directeur artistique de Head Records, j’organise des concerts, des tournées et je produis des disques depuis 10 ans. Je suis aussi depuis un an et demi le programmateur musical d’un bar concert génial de 140 places à Montpellier qui s’appelle The Black Sheep. Je travaille aussi dans le jazz et les musiques impro. Je fais aussi du rapport presse et de la promo par la force des choses. J’ai aussi une petite distro d’un millier de références qui me permet d’avoir les meilleures sorties à pas cher. Je me débrouille pour


Ca rapporte ? Oui ça rapporte quelques nuits blanches, plein d’amour et des acouphènes ! Et si tu voulais parler d’argent, ça dépend des moments, mais j’ai appris à vivre avec pas grand-chose, donc j’ai suffisamment d’argent pour nourrir mes deux enfants et leur mère.

Tu t’imagines dans 15 ans ? Oui je n’aurais plus de cheveux, ma seconde passion après le rock m’aura rendu gros, la géopolitique et la connerie humaine m’auront poussé à devenir survivaliste. J’aurais donc rejoint Sylvain, mon ami Québécois dans le grand Nord et on mangera des cuisses de caribous et des steaks d’ours noirs en famille. On pêchera, posé à côté de l’hydravion, en comptant les stères de bois qu’on a accumulés pour passer l’hiver.

INTERVIEW TEXTE

arriver à vivre de la musique en touchant à tout. Je suis aussi bassiste dans un groupe de noise hard core qui s’appelle Morse. Le Morse basé à Montpellier, pas celui de Lyon, ni celui de Lille .

Comment es-tu entré dans le monde du rock ? J’ai entendu AC/DC un jour, puis Trust et j’ai compris que c’était ce que je voulais faire dans ma vie. Nirvana et Soundgarden ont enfoncé le clou. Puis des gars comme Bil, Jean-Mi et Arnaud de Beamtrap ou encore Johan de Radar Swarm (aujourd’hui Year Of No Lignt) m’ont montré que c’était possible. La vie a fait le reste. Une anecdote sympa à nous raconter ? Tu veux que je te raconte que j’ai vu un musicien faire l’hélicoptère avec sa bite ? Un autre nu comme un ver et totalement rasé avec le rasoir de ma copine au petit déjeuner le matin ? Ou encore quand j’ai failli me battre avec Dub Trio le jour de l’anniversaire du batteur ? Ou que je compte le nombre de supers soirées que j’ai organisées et où le public a fait du stage diving dans une salle ou le plafond n’est pas plus haut que deux mètres ? Ton coup de coeur musical du moment ? Yob, je viens d’organiser une date pour eux, la seconde en quatre ans en fait, et c’est un groupe toujours très gentil, très pro, et qui développe un putain de son et une putain d’énergie ! Localement, à Montpellier, le groupe qui m’a fait le plus mal c’est David Vincent, j’espère qu’ils vont enregistrer un truc bientôt ! Es-tu accro au web ? Par la force des choses oui, comment travailler aujourd’hui sans internet, sans Facebook ? Mais je lutte encore contre les Smartphones, j’ai encore un vieux Sony Ericsson avec le wap dessus, l’ancêtre d’internet pour les mobiles, mais je vais être obligé de le changer, le fichier contact est plein et je ne peux plus ajouter de nouveau numéro de téléphone, je dois en effacer un pour en ajouter un autre. C’est pas très pratique. A part le rock, tu as d’autres passions ? La bière, la géopolitique, et la connerie humaine.

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