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Les risques et les conséquences

Depuis quelques années, nous observons un accroissement des possibilités, pour tout individu, de se prémunir contre toutes sortes de choses. Vous réservez un voyage, une excursion? On vous propose, ou cela figure par défaut, une assurance pour le cas où vous devriez annuler, si votre hôtel ne correspond pas au descriptif, si vous vous blessez en crapahutant en baskets au sommet du Mont-Blanc, et même si vous vous apercevez après votre départ que vous avez oublié de fermer la porte de votre domicile (véridique!). Vous avez échoué à un examen? Qu’à cela ne tienne, des avocats prendront votre défense et vous recevrez malgré tout votre diplôme. Vous constatez que le temps passe? Par chance, vous allez pouvoir vous protéger du vieillissement par des remèdes et techniques vous promettant d’en effacer les traces. Quelqu’un est emmené à l’hôpital en état de coma éthylique? Rien de grave, l’assurance paiera et, de toute façon, le personnel soignant est à disposition. Quoiqu’il se passe, une issue existe. Inutile de s’interroger sur notre comportement, notre mode de vie, puisque une solution sera trouvée. Voilà qui procure un grand sentiment de confort, d’invincibilité! Certes, cela a un coût, mais qu’importe, la «liberté» est bien plus attirante. Cela me renvoie à deux situations vécues en cabinet. Alors que j’informais ces patients quant aux risques liés à leur hygiène buccale très moyenne (quelques caries importantes étaient alors en cours de traitement), ils m’ont répondu que cela ne les intéressait pas car, pour le premier, ce sont ces parents qui paieraient la facture, et le second bénéficiait d’une assurance. Ces réponses m’ont fortement interpellée, d’autant plus qu’à cette époque circulait une initiative visant à introduire une assurance couvrant les soins dentaires de base. Sommes-nous devenus prêts à prendre des risques, mais pas à en assumer les conséquences? Nous le savons toutes, la plupart des dommages dentaires sont évitables, la prévention ne coûte pas cher, elle est facile à appliquer par tous, et les traitements des hygiénistes dentaires ont largement démontré leur efficacité. Nous côtoyons chaque jour des patients qui ont décidé de prendre soin de leur hygiène buccale, de devenir acteurs et responsables de leur santé. Une assurance dentaire de base ne contribuerait-elle pas à ce que d’autres patients nous donnent un jour la même réponse, réduisant à néant les efforts que nous menons depuis des années? Certaines «couvertures» n’en demeurent pas moins indispensables. Utilisée à bon escient, la protection de certains patients par une antibioprophylaxie en fait partie. Je vous invite à le découvrir dans les pages de ce numéro, et vous souhaite bonne lecture.

Sigrid Kaehr vice-présidente centrale

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