Sur les traces du Mouvement wallon Deuxième partie
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. Lieux détournés
1. A RLON, le monument aux morts français de 1914-1918 Cimetière d’Arlon, rue de Diekirch, 243
C’est à l’initiative de la Jeunesse arlonaise, club de football créé au lendemain de la Première Guerre mondiale, qu’est érigé un monument à la mémoire des soldats français morts durant le conflit. L’architecte Lamy et le sculpteur arlonais Jean-Marie Gaspar sont sollicités et dessinent un coq gaulois perché sur une colonne de pierre. Le symbole est double : le coq symbolise la France, mais le monument rappelle nettement celui qui avait été élevé peu avant le conflit à Jemappes, à l’initiative du Mouvement wallon, dont le coq était l’œuvre de Gaspar également, mais qui avait été dynamité par les Allemands en 1914. À la différence du coq de Jemappes, qui commémorait une victoire de la Révolution, le coq d’Arlon a la gorge tendue dans une attitude de défi, prêt à pousser un cri de triomphe à l’égard de l’ennemi168 et il est perché sur un casque allemand. Fondu à Schaerbeek, il est terminé en juillet 1919. La ville d’Arlon, parée des couleurs belges et françaises, inaugure en grande pompe son nouveau monument le 17 août 1919, en présence du général de Castelnau, adjoint du maréchal Joffre. Il s’agit d’un des premiers monuments élevés en Belgique à la mémoire des morts de la Grande Guerre. Sur sa base sont inscrits les mots suivants : « À nos amis de France 1914-1918 ». Le carré des soldats français tombés à Arlon entoure le monument, à côté duquel flotte un drapeau français. Le coq actuel est une réplique de l’original, due au sculpteur Demanet, installée en septembre 1956 à la place de l’œuvre de Gaspar qui avait connu en 1940-1945 le même sort que le coq de Jemappes en 1914-1918, en terminant dans les fonderies du Reich.
Inauguration du monument français d’Arlon en 1919 © Institut archéologique du Luxembourg, Arlon
168. Dominicy, F., La vie ardente de Jean-Marie Gaspar, Bruxelles, Volumen, 1979, p. 117.
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Le monument aux morts français de 1914-1918 © IPW
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2. CHÂTELET, le monument français Rue des Français
Le monument français © IPW
En octobre 1920, un comité provisoire se forme pour ériger un monument en l’honneur des Français morts durant la guerre. Réalisé par le sculpteur Jacques Marin, il représente la force morale repoussant la force brutale : celle-ci est symbolisée par un énorme bloc de pierres surplombant le héros qui l’arrête, alors que le coq gaulois
lance un cri de victoire dans sa direction. Le monument est inauguré le 12 septembre 1921 et, par la suite, les fêtes de septembre en l’honneur de la Wallonie seront l’occasion de rassemblements. La place à proximité de ce bâtiment est par ailleurs baptisée « place Franco-Belge ».
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3. CHAUDFONTAINE, le monument du Stalag I A Avenue des Thermes
Couverture du livre de l’IJD Les combattants de ’40 paru en 1995
Ce monument fut érigé en 1960 en hommage à tous les militaires belges prisonniers du Stalag I A et disparus au cours de leur captivité. Le Stalag I A, vaste camp de prisonniers de guerre situé à 50 km au sud de Königsberg169, accueillit près de 23.000 soldats belges, dont beaucoup avaient servi dans les forteresses liégeoises. Le mirador et les barbelés qui structurent le monument au sommet d’arcs voûtés en béton symbolisent la servitude et l’oppression subies par les prisonniers du Stalag I A. Le monument fut inauguré en présence de milliers d’anciens, le 18 septembre 1960. En 1963, une plaque rappelant les liens qui unissaient les prisonniers belges et français y fut apposée, et une urne contenant de la terre du cimetière allemand de Stablack170 y fut scellée le 21 septembre 1969. 169. Actuelle ville de Kaliningrad, dans une enclave russe située entre la Pologne et la Lituanie. Allemande depuis la fin du xix e siècle, la ville redevient russe après la Seconde Guerre mondiale et le demeure après la disparition de l’U.R.S.S. en 1991. 170. Cimetière de Prusse orientale, région allemande de l’époque. Stablack se trouvait à proximité de Königsberg. La Prusse orientale, divisée après la guerre, a été cédée alors en grande partie à la Pologne et à d’autres pays.
Le monument de Chaudfontaine est le plus important monument belge en hommage aux anciens prisonniers de guerre et, tout comme le monument national à la Résistance, il est somme toute logique qu’il se situe en territoire wallon puisque, sur les quelque 250.000 militaires belges capturés par les Allemands en 1940, tous les Flamands furent systématiquement libérés et rapatriés entre l’été 1940 et février 1941 sur ordre de Hitler, si bien que les 80.000 hommes qui restèrent dans les camps étaient principalement des Wallons, parmi lesquels 65.000 subirent ainsi cinq ans d’emprisonnement. Les médias relaient encore fréquemment le mythe des soldats flamands surreprésentés dans les tranchées de l’Yser, soigneusement entretenu par les autorités flamandes, alors que les statistiques de soldats morts dans ces dernières permettent seulement de constater une légère surreprésentation de 4 à 9 %171 proportionnellement au poids démographique des deux communautés : presque autant de troufions wallons que de soldats flamands subirent les quatre années de boue et de fureur de l’Yser. Au contraire, les cinq années de captivité à l’est de l’Allemagne en 1940-1945 furent quasi exclusivement le sort de miliciens wallons, ce qui eut des conséquences démographiques indéniables à long terme, et une influence politique certaine dans la conscientisation wallonne : le mouvement wallon clandestin souligna la différence de traitement entre les prisonniers – sans parler du sort du « prisonnier de Laeken »… – et rappela constamment celle-ci par la suite. Beaucoup d’anciens prisonniers de guerre, révélés au mouvement wallon par cette expérience, lui apportèrent leur contribution parfois bien plus tard, si bien que l’on peut dire que « la question des prisonniers de guerre apparaît indiscutablement liée au Mouvement wallon »172. Pour le cinquantième anniversaire de la libération des Stalags, le Ministre-Président wallon Robert Collignon, soucieux de rappeler cet épisode historique fondateur parmi d’autres de la conscience wallonne, prit l’initiative d’inviter à une cérémonie d’hommage à Liège, en avril 1995, tous les anciens prisonniers de guerre wallons survivants. Plusieurs centaines répondirent à cet appel. 171. D’après Laurence van Ypersele, historienne de l’UCL et spécialiste du premier conflit mondial en Belgique. 172. Delforge, P., Encyclopédie (…), p. 1309.
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Le monument du Stalag I A à Chaudfontaine. G. Focant, DPat © SPW
Inauguration du monument le 18 septembre 1960. Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège
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4. ESNEUX, le monument aux morts de Tilff Place du Souvenir, à Tilff
Le monument au morts de Tilff surmonté du coq © IPW
Installé au centre de la place du Souvenir, devant la maison communale de Tilff, le monument était à l’origine adossé à cette dernière et dédié aux seuls morts de la Première Guerre mondiale. Inauguré le 11 novembre 1919, il se présentait comme une stèle portant, comme partout, les noms des victimes. C’est à l’occasion du centième anniversaire de l’indépendance qu’un coq en bronze réalisé par le sculpteur Adelin Salle fut installé au sommet de la stèle le 5 octobre 1930 et que celle-ci fut placée au centre de la place, rebaptisée
place du Souvenir. Le coq d’Adelin Salle fut dérobé en 1999 et remplacé par un petit coq provisoire. Le 27 septembre 2006, un nouveau coq en pierre dû au sculpteur Jacky Jansen fut placé au sommet du monument. Il est significatif que cette nouvelle inauguration eut lieu lors des fêtes de septembre, tout comme il faut relever derrière le monument, sous un arbre du parc, une stèle de la liberté portant une phrase en wallon, A Tif èl Walonerèye crèch è riglatih li lîbèrté : À Tilff, en Wallonie, grandit et brille la liberté. 103
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5. GRÂCE-HOLLOGNE, le monument aux victimes de Grâce-Berleur Place du Pérou et rue Émile Janson
Le monument aux victimes de Grâce-Berleur © IPW
Érigé en 1952 en mémoire des victimes de la fusillade du 30 juillet 1950, le monument de Grâce-Berleur rappelle un épisode tragique de l’affaire royale, lorsqu’une manifestation contre le retour de Léopold III organisée à GrâceBerleur, sur les hauteurs de Liège, place des Martyrs de la Résistance, tourna à l’affrontement. Six cents personnes manifestaient quand, arrivés sur place, les gendarmes tentèrent de disperser les manifestants et arrêtèrent le député socialiste Simon Pâque, ainsi que le bourgmestre de Grâce-Berleur, Arthur Samson. Plusieurs manifestants protestaient contre ces arrestations quand la gendarmerie fit feu et abattit quatre hommes, Albert Houbrechts, Henri Vervaeren, Joseph Thomas et, cent mètres plus loin alors qu’il observait la manifestation sans y avoir pris part, Pierre Cerepana. Les funérailles des victimes furent suivies par des dizaines de milliers de personnes, dont plusieurs personnalités politiques wallonnes : André Renard, Joseph Merlot,
Auguste Buisseret… Le cortège était précédé d’un drapeau wallon173. Outre l’imposant monument d’hommage, cinq plaques commémorent l’événement. Le 2 février 1951, un comité incluant André Renard est créé, dans le but de réaliser un monument d’envergure. Ce comité installera une plaque sur la maison devant laquelle les trois premières victimes tombèrent. Réalisée par le sculpteur français Marceau Gillard, elle fut inaugurée le 29 juillet 1951. Dans les pavés du trottoir, aux endroits exacts où périrent les victimes, le Comité fit également sceller quatre plaques figurant leur nom, toujours en place aujourd’hui. L’imposant monument, inauguré l’année suivante, représente la classe ouvrière symbolisée par un colosse se raidissant à la vue de la perte de ses camarades, figurés de 173. Delforge, P., Le monument aux victimes de Grâce-Berleur est-il un lieu de mémoire du Mouvement wallon ?, Courtois, L. et Pirotte, J. (dir.), in Entre toponymie et utopie, les lieux de la mémoire wallonne, Louvain-laNeuve, 1999, p. 256.
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part et d’autre sur deux bas-reliefs sur lesquels apparaissent la date de 1950 et les noms des victimes. Sous le colosse, une simple phrase : « Frères, salut ». C’est devant ce monument qu’un hommage est rendu aux victimes, sans interruption jusqu’en 1997. Organisé par le mouvement socialiste, cet hommage verra par deux fois la participation du Mouvement wallon : « Wallonie libre » et le « Congrès national wallon » participent à la cérémonie en 1957, « Wallonie Région d’Europe » en 1990. Le Mouvement wallon avait joué un rôle important dans la question royale. On sait que les partis laïcs et progressistes en général étaient opposés à ce que Léopold III puisse poursuivre son règne après avoir adopté durant la guerre une attitude qu’ils estimaient critiquable. Comme dans la question de l’amnistie aux collaborateurs, Flandre et Wallonie allaient se diviser autour du chef d’État. Une consultation populaire fut organisée le 12 mars 1950, les électeurs étant invités à se prononcer sur la reprise par le roi de ses pouvoirs constitutionnels : une majorité de 57,5 % se dégagea en faveur de Léopold III dans l’ensemble du pays. Mais, si les « oui » l’emportaient très largement en Flandre (72 %), la Wallonie avait, elle, voté « non » à 58 %. Le gouvernement organisa le retour du roi au pays, sans tenir compte de l’hostilité wallonne. Les forces syndicales et politiques de gauche déployèrent une activité intense en Wallonie (manifestations, grèves après le retour du roi en juillet) jusqu’à ce que Léopold consente à s’effacer en faveur de son fils. Dès 1949, au cours d’une assemblée tenue à Liège les 1er et 2 octobre, le Congrès national wallon avait pris parti dans la question léopoldienne en exigeant que, en cas de consultation populaire, le dépouillement soit effectué de manière régionale, ce qui fut fait sur l’insistance du militant libéral wallon Jean Rey, qui participait au gouvernement. Un congrès extraordinaire fut convoqué à Charleroi, le 26 mars 1950, avec pour seul objet l’attitude à adopter dans l’affaire royale. Avec des modalités diverses, tous les orateurs exprimèrent leur opposition à Léopold III ; une résolution très dure fut adoptée. Par la suite, les militants des mouvements wallons, les Comités régionaux d’Action wallonne participèrent activement à la campagne antiléopoldiste évoquée ci-dessus. Celle-ci fut placée sous le signe de la Wallonie et la lutte pour l’autonomie fut progressivement associée dans les manifestations et les discours à celle pour l’abdication de Léopold III. Le 26 juillet 1950, le président du Congrès national wallon, Joseph Merlot, évoqua l’éventualité d’une convocation d’États généraux de Wallonie si le roi ne se retirait pas. Mais, dès ce retrait (1er août), les dirigeants des partis firent en sorte que le mouvement ne se poursuive pas sur la revendication autonomiste. Bien des militants wallons qui avaient espéré beaucoup de cette période insurrectionnelle en furent déçus. Au moins les événements de 1950 firentils progresser la conscience wallonne dans les masses. À cet égard, il faut souligner que c’est au cours du Congrès wallon du 26 mars 1950 qu’eut lieu la première rencontre entre ce dernier et le leader syndical liégeois André Renard, qui apporta au mouvement wallon « l’adhésion de 85.000 travailleurs ».
La plaque commémorative à proximité du lieu du drame © IPW
Une des plaques posées sur le trottoir à l’endroit où les victimes sont tombées © IPW
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Les quatre victimes du drame © Archives de l’Institut Émile Vandervelde – Bruxelles
Hommage aux victimes de Grâce-Berleur © Archives de l’Institut Émile Vandervelde – Bruxelles
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6. L A LOUVIÈRE, le monument aux morts de Houdeng-Goegnies Grand-Place, Houdeng-Goegnies
Le monument aux morts de Houdeng-Goegnies © IPW
Inauguré le 21 octobre 1923, ce monument réalisé par le maître carrier Rombaux-Gaudier comporte à son sommet la statue d’un coq, la majorité politique socialiste entendant bien par là rendre hommage à ses valeurs francophiles et républicaines. La société des charbonnages du Bois-duLuc (un des principaux souscripteurs du monument) s’émut de cette signification politique et obtint des autorités
communales qu’elles fassent graver sous la statue « le Coq gaulois salue la Belgique et la France174 ». 174. van Ypersele, L., Les monuments aux morts de 1914-1918, in WatthéeDelmotte, M. (dir.), La violence, représentation et ritualisation, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 107.- L’auteur souligne, par ailleurs, que l’immense majorité des monuments aux morts d’après 1914-1918 faisaient référence à la Belgique, et non à l’idée ou à des symboles régionalistes.
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7. LIEGE, le monument à la Résistance Parc d’Avroy, face aux Terrasses
Seul monument national érigé en hommage aux Résistants de 1940-1945, ce monument (récemment restauré) est dû à l’architecte Paul Étienne et au sculpteur Louis Dupont. Il fut inauguré le 8 mai 1955. Le groupe des statues à gauche évoque la résistance armée, celui de droite la résistante intellectuelle. Le choix de Liège – et de la Wallonie… – pour sa localisation s’expliquait par le rôle phare joué par certains de leurs citoyens dans la résistance à l’occupant.
Le monument à la Résistance « armée ». G. Focant, DPat © SPW
Le monument à la Résistance « intellectuelle ». G. Focant, DPat © SPW
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Carte des sabotages © Coll. Institut Jules Destrée
Le mouvement wallon dans la Résistance175 « Tout concourt à montrer qu’une attitude, qu’un comportement différent se révéla au nord et au sud du pays face à l’occupation », écrivait dès 1976 un des meilleurs et des plus objectifs historiens de la Seconde Guerre mondiale, José Gotovitch. Ces dernières années, dans un climat où tout fait farine au moulin pour tenter d’occulter des disparités, d’aucuns se sont efforcés de monter en épingle, a contrario, les actes coupables de collaborateurs ou d’autorités politiques en Wallonie. C’est pourquoi il importe encore de rappeler ici, à la suite de Gotovitch toujours, que la collaboration dans le sud du pays ne put s’appuyer sur le mouvement wallon alors qu’en Flandre elle fut le fait d’un parti nationaliste disposant d’une réelle base populaire, et qu’au contraire « le caractère net et intransigeant du refus de l’occupation, l’engagement contre les Allemands et la volonté de libération nationale affirmés dès les premières semaines d’occupation, placent les militants wallons parmi les premiers à s’être relevés de la prostration générale ». 175. Évoqué ici et non dans la deuxième partie, car il a été retenu non comme monument en hommage au mouvement wallon, ce qu’il n’est pas, mais comme symbole d’une étape importante dans l’histoire de celui-ci. Un autre monument hautement symbolique à cet égard est le fort de Huy, où plus de 6.000 Résistants furent emprisonnés, davantage qu’à Breendonck dans cette catégorie, si bien que ce fort aurait pu légitimement bénéficier depuis des mêmes attentions du pouvoir central que cet autre lieu tragique de la Seconde Guerre mondiale.
Outre la création envisagée dès le 2 juin 1940 (quatre jours après la capitulation !) de « Wallonie libre » par certains de ces militants réunis à Bruxelles, on signalera l’appel à la résistance de tous les Wallons lancé depuis Paris par d’autres militants quatre jours plus tard, le rassemblement du 18 juin, la mise en place dès août 1941 d’un « Front wallon pour la Libération du Pays » antérieur au « Front de l’Indépendance » qui se constituera en mai 1942, la tentative de création d’un Rassemblement démocratique et socialiste wallon en 1943, mais aussi et surtout l’implication de dizaines de militants dans la presse clandestine, les filières d’hébergement et d’évasion de toutes sortes, les actions de sabotage, si bien que plus d’une cinquantaine des principaux dirigeants du mouvement wallon trouveront la mort dans la Résistance – au combat ou en déportation. En ce qui concerne enfin les différences (aujourd’hui souvent minimisées) entre Flandre et Wallonie concernant l’implication respective de leur population dans la résistance à l’occupation et au nazisme, plus que de longs discours, on reproduit ci-dessus l’éloquente carte (publiée par l’Institut Jules Destrée en 1998) des actes de sabotage commis dans le pays durant les vingt derniers mois de l’occupation, à un moment où la défaite allemande se profilait pourtant. Elle se passe de commentaires. En 2008, le Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, sous la direction du même José Gotovitch et de Paul Aron, confirma la surreprésentation réelle de la 109
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Vue aérienne du fort de Huy, où furent détenus de nombreux prisonniers politiques wallons. G. Focant, DPat © SPW
Wallonie dans la Résistance, avec 71 % des journaux clandestins, 79 % des actes de sabotage… Le même ouvrage démonte plusieurs des mythes nationalistes flamands, qu’il s’agisse des martyrs de l’Yser ou de la répression de 1945, et souligne que cette dernière ne fut pas dirigée contre le mouvement flamand, mais que 62 % des condamnés pour collaboration furent néerlandophones176. Les chiffres se passent, ici en tous cas, également d’autres commentaires. Nous terminerons cette notice en rappelant que si durant quatre décennies au moins après la Libération, le monde politique flamand dans son écrasante majorité n’eut de cesse de réclamer l’amnistie des collaborateurs condamnés (et obtint progressivement « réparation » pour certains), c’est au monde politique wallon quasi unanime qu’il se heurta toujours sur cette question. À ce titre et par
contrecoup, celle-ci fut elle aussi un des ferments d’une identité wallonne, comme devait l’observer le MinistrePrésident Robert Collignon lors du cinquantenaire de la Libération : « Pour ce qui est des Wallons d’aujourd’hui, la Région wallonne est fière de constater qu’à chaque fois que le débat sur l’amnistie rebondit, la réaction unanime de la population et de la presse wallonnes est de rappeler les sacrifices de nos résistants, de nos martyrs massacrés par l’ennemi. Ailleurs, on semble plutôt enclin à débattre davantage du bien-fondé des réhabilitations et même de l’opportunité de réécrire l’histoire177 ». Faut-il ajouter que le jour où un Ministre régional wallon devrait démissionner pour avoir participé avec entrain à une réunion d’anciens SS ne semble pas près d’arriver ?
176. Raphaël Spinna, Compte rendu, in Le Mouvement social.
177. Les combattants de 1940, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1995, avantpropos, p. 6.
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8. LIÈGE, le monument Tchantchès Rue Pont Saint-Nicolas
Xavier Neujean et Georges Truffaut inaugurent le monument Tchantchès (1936) – Coll. Institut Jules Destrée
Née pour la première fois en 1914, l’idée d’élever un monument à Tchantchès est lancée par la société Le VieuxLiège en 1922. Le monument, devant représenter le héros des pièces de marionnettes liégeoises et le véritable ardent liégeois personnifié, est érigé en 1936 dans le quartier populaire d’Outremeuse et réalisé par le statuaire Joseph Zomers. Inauguré le 27 septembre, dans le cadre des fêtes de Wallonie, en présence du bourgmestre Xavier Neujean et de militants wallons parmi lesquels Georges Truffaut, il
représente une hiercheuse brandissant la marionnette de Tchantchès. Réalisée en bronze, cette statue repose sur un imposant piédestal composé d’une fontaine et de petites vasques conçues par l’architecte Bernimolin. À l’arrière, un coq est figuré sur la plaque permettant d’accéder au mécanisme de la fontaine. Monument témoin du folklore et de l’esprit wallon, il deviendra un lieu d’hommage du Mouvement wallon en 1959.
Le coq du monument Tchantchès à Liège. G. Focant, DPat © SPW
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Le monument Tchantchès en Outremeuse à Liège. G. Focant, DPat © SPW
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9. LIMBOURG, le monument aux morts de Dolhain Place Léon d’Andrimont à Dolhain
Le coq du monument aux morts de Dolhain. G. Focant, DPat © SPW
Inauguré le 4 août 1920 sur la place principale de Dolhain, ce monument aux morts a été conçu par l’architecte Charles Vivroux et est caractérisé, comme la médaille de Verviers (page 13) et les monuments de Jemappes, d’Arlon, d’Houdeng-Goegnies et Tilff (Esneux), par un coq dont la signification à la fois wallonne et francophile était indéniable en ces temps d’exaltation nationale belge. Mais de surcroît, tout comme à Arlon, ce coq est dressé sur un casque allemand ! Comme ce fut le cas pour le monu-
ment de Jemappes en 1914 et pour le monument aux morts d’Arlon en 1940, il fut détruit par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale : on perdit définitivement la trace de la sculpture alors. En 1946/47, un coq en bois est installé au sommet de la colonne pour remplacer provisoirement l’emblème disparu. Il fait place en novembre 1957 à un coq en béton. Le coq toujours présent actuellement, en bronze, réplique de l’œuvre originale, a été inauguré le 11 novembre 1959. 113
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10. MONS, le monument au Coq Butte du Campiau à Jemappes Monument classé le 4 novembre 1976
Depuis 1890, l’idée de réaliser une commémoration de la bataille de Jemappes était dans l’air. Cette bataille, remportée par la jeune République française le 6 novembre 1792 sur les armées autrichiennes, avait permis la victoire de la République et, à terme, le rattachement de nos régions à la France. Le symbole était fort pour le Mouvement wallon naissant. L’idée de l’érection d’un monument se précisa dans les colonnes d’un quotidien hennuyer en 1908. Un comité d’action, dans lequel se trouvait Jules Destrée, fut constitué en mai 1909 et sélectionna le sculpteur arlonnais Jean-Marie Gaspar, le plus grand spécialiste de la sculpture animalière à l’époque. Le monument consiste en un obélisque de granit de 16 m de hauteur. À son sommet un coq en cuivre qui symbolise la puissance de la France révolutionnaire, tourné vers l’est, immense, aux lignes élégantes, se dresse vers le ciel, les ergots en bataille et le cou gonflé par le cri qu’il pousse. Il fut inauguré avec faste le 24 septembre 1911 à l’occasion du Congrès international des Amitiés françaises, en présence de quelque cent mille personnes venues de toutes les régions de Wallonie. Des Français de Lille et Valenciennes étaient également présents en nombre. Parmi de nombreuses interventions, le discours de Jules Destrée marqua les esprits par sa fougue et son éloquence. La sculpture fut détruite par les Allemands dès le 24 août 1914, et un nouveau coq réalisé par le sculpteur Charles Samuël fut installé sur l’obélisque le 21 mai 1922. Épargné par la seconde occupation, il trône toujours en haut du monument, aujourd’hui au cœur d’une cité sociale. Tout comme Waterloo, Jemappes - célébrant une victoire et non une défaite - accueillera de nombreuses manifestations francophiles. Un premier événement y est organisé par les Ligues wallonnes affiliées à la Concentration wallonne le 14 novembre 1937. À partir de 1938, la date du 6 novembre devient celle de la célébration de l’amitié franco-wallonne. En 1950, Joseph Merlot y représente le Congrès national wallon et le 160e anniversaire de la bataille, en 1952, est l’occasion pour le Mouvement wallon d’organiser un grand rassemblement à la lumière de torches qui sont réunies en un énorme brasier au pied du monument. Une cérémonie se tient encore dans les années suivantes, à l’initiative de membres de « Wallonie libre », mais elle se fait en petit comité. Un essai de relance, par « Wallonie Région d’Europe » et l’Institut Jules Destrée, eut lieu en 1989, sans lendemain.
Carte postale ancienne évoquant la bataille de Jemappes (1792) © Collection privée
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Le monument au Coq à Jemappes. G. Focant, DPat © SPW
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11. NIVELLES, les monuments aux morts Esplanade du Souvenir
Le monument aux morts de 1830 à Nivelles. G. Focant, DPat © SPW
La colonne aux volontaires de 1830, inaugurée le 16 décembre 1834, est l’œuvre du marbrier nivellois Joseph Lanneau. Installée à proximité de la collégiale, elle sera déplacée au cimetière Saint-Pierre en 1848 avant d’être ramenée à son endroit initial en 1905 et transférée définitivement sur l’esplanade du Souvenir en septembre 1984. Le monument aux morts de la Première Guerre mondiale, lui, se situait autrefois dans un couloir de l’hôtel de ville et fut détruit avec celui-ci par les importants bombardements de mai 1940. C’est à l’initiative du bourgmestre Jules Bary178 qu’un monument aux morts des deux guerres vit le jour. Il
fut installé sur la nouvelle Esplanade du Souvenir en septembre 1964, à l’occasion du vingtième anniversaire de la libération. À partir de septembre 1944, la section locale de Wallonie libre organisa chaque année une cérémonie devant le monument de 1830. Modifié et déplacé entre-temps, l’hommage rendu par Wallonie libre se poursuivit. Une gerbe de fleurs aux couleurs françaises sera encore déposée à son pied en septembre 1997. D’autres commémorations se dérouleront devant le monument aux morts des deux guerres, installé à proximité de celui de 1830 en 1964.
178. Jules Bary (1912-1977). Secrétaire général du Conseil économique wallon en 1953 et 1954, syndicaliste et président du Comité d’Action wallonne du Brabant (1950), il entre au Comité permanent du Congrès national wallon en 1951 et combat la loi unique aux côtés de Renard et Merlot. Membre du MPW, il est bourgmestre de Nivelles de 1962 à 1969 et offre à sa ville un caractère officiel aux fêtes de Wallonie.
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12. T HEUX, la statue du Congrès de Polleur Carrefour de la Nationale 640 et de la voie du Vieux Chemin à Polleur
« Ce que la France a été pour l’Europe, le Pays de Liège l’a été pour la Belgique1 et le Pays de Franchimont et de Stavelot pour le Pays de Liège ». C’est en ces termes que Merlin de Douai, président de la Convention nationale, saluait le 8 août 1794 les patriotes réfugiés du Franchimont qui s’apprêtaient à quitter Paris pour regagner les rives de l’Amblève, de la Hoëgne et de la Vesdre. Liège venait d’être libérée par l’armée de Sambre-et-Meuse. Cette phrase maintes fois citée situe très bien le caractère plus progressiste encore et plus radical de la révolution de 1789 dans le Franchimont2. Cette tendance se traduisit notamment dans deux faits historiques importants. Ce furent d’abord, du 26 août 1789 au 23 janvier 1791, les vingt-cinq séances du Congrès de Polleur rassemblant au centre géographique de l’ancien marquisat des délégués des cinq bans de celui-ci, qui adoptèrent le 16 septembre 1789 une Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la troisième au monde après celle de Virginie et de Paris, mais plus démocrate que cette dernière en certains de ses articles. Ce furent ensuite, le 23 décembre 1792, les vœux émis par les habitants des communes de Theux et de Spa en faveur de la réunion à la France, premiers du genre et imités un mois plus tard par Liège et par près de 380 autres localités de l’ancienne principauté.168 1. C’est-à-dire les Pays-Bas autrichiens, hors principauté de Liège. 2. Jarbinet, G., 1792 en Franchimont, Theux, 1972, p. 7.
En 1964, deux militants wallons, responsables de la section verviétoise de « Wallonie libre » depuis sa création, le Verviétois Jules Nissenne (1907-1991) et le Disonais Joseph Gélis (1923-2006), prennent l’initiative d’organiser des cérémonies à l’occasion du 175e anniversaire du Congrès de Polleur et de sa Déclaration de 1789 pour rappeler à leurs contemporains l’importance de « lutter pour les droits sacrés de liberté des Citoyens et de respect de la Constitution »179. Huit ans plus tard, ce duo est encore à la base du comité créé pour le 180e anniversaire des vœux de rattachement à la France de 1792, qui souligne que « ces vœux procédaient d’un idéal de liberté et concrétisaient un droit essentiel, celui des peuples à disposer d’eux-mêmes, qu’il convient de célébrer en un temps où, de la périphérie bruxelloise aux Fourons, cet idéal, ce droit, cyniquement, sont bafoués »180. En 1989 enfin, pour le bicentenaire du Congrès de Polleur (et des révolutions franchimontoise, liégeoise et française), l’asbl « Congrès de Polleur » est constituée : elle est à l’initiative d’une route des Droits de l’Homme qui parcourt tout le territoire de l’ancien marquisat de Franchimont et est balisée par seize stèles qui égrènent chacun des droits proclamés par le Congrès en invitant le passant à la réflexion181. Une statue symbolisant le Congrès fut également installée en retrait de la stèle placée à Polleur. Elle représente un personnage féminin portant dans ses bras le texte de la Déclaration franchimontoise. 179. Nissenne et Gélis, Les 25 séances du Congrès de Polleur, Theux, 1964, p. 2 (préface d’A. Doms). 180. Nissenne, 1792 en Franchimont, p. 5 (préface de G. Jarbinet). 181. Les stèles initiales se trouvaient respectivement à Theux, Pepinster, Verviers, Andrimont, Surister, Jalhay, Solwaster, Verviers, Sart, Nivezé, Spa, Creppe, La Reid, Spixhe, Oneux, Fays, Jehanster et Polleur. Une stèle supplémentaire fut installée à Limbourg et une autre inaugurée le 8 mai 2004 à Stavelot, toutes deux hors du territoire franchimontois.
La statue du Congrès de Polleur. G. Focant, DPat © SPW
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13. VERVIERS, le monument de Gaulle Square Charles de Gaulle
Le monument de Gaulle à Verviers. G. Focant, DPat © SPW
C’est à l’initiative de Joseph Gélis, fondateur et secrétaire de la section verviétoise de Wallonie libre, qu’un monument en hommage au général de Gaulle existe à Verviers : lors du décès du grand symbole de la Résistance, celle-ci décida, dès le 10 novembre 1970, de lui rendre hommage. Un comité provisoire, soutenu par le fils du général, fut mis en place, mais le nom de de Gaulle ne faisait pas l’unanimité chez les anciens combattants. L’idée ne fut reprise qu’en 1979, à l’initiative de Jules Nissenne. La ville de Verviers refusa de s’associer via un soutien financier, mais donna son accord pour l’édification du monument dans un espace public. Le Comité du Souvenir Charles de Gaulle – Verviers lança alors une souscription publique et le monument fut inauguré le 21 juin 1980. Réalisé par les architectes Charles Vivroux (dont ce fut la dernière réalisation avant son décès) et Jean Burguet, il se
présente sous la forme d’une stèle de 3 m de haut sur laquelle se trouve une croix de Lorraine et un médaillon en bronze représentant de Gaulle. Plusieurs inscriptions sont également visibles sur le monument : en-dessous du médaillon « Charles de Gaulle. Appel du 18 juin 1940 » et, sur les faces latérales, « Honneur et Patrie », ainsi que « Hommage à la résistance ». Ce fut longtemps le seul monument en l’honneur de de Gaulle érigé en dehors du territoire français. L’emplacement du monument, rebaptisé « Square de Gaulle » en juin 1982, devint un lieu de commémoration pour le Mouvement wallon. Une cérémonie y est organisée chaque 18 juin, d’abord par l’Union française de Verviers entre 1982 et 1987 ; ensuite par le Comité du Souvenir Charles de Gaulle – Verviers, enfin, depuis 2008, par la Ville de Verviers qui a pris le relais des militants wallons.
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14. WATERLOO, le monument à l’Aigle blessé Commune de Lasne Monument classé le 11 septembre 1978
Réalisé par le sculpteur Jean-Léon Gérôme et érigé à l’initiative de trois particuliers le 28 juin 1904 sur un terrain au croisement du chemin de Plancenoit, endroit qui selon la légende aurait été la portion de terrain occupée par le « dernier carré » de la Garde impériale et où le général Cambronne aurait prononcé ses mots célèbres182, l’Aigle blessé commémore les soldats français morts au champ d’honneur et donc pas la défaite de Waterloo. L’oiseau de proie, dans un triste état, déploie ses ailes percées de balles et est perché sur un rocher qui évoque celui de SainteHélène183. Il retient pourtant le drapeau qui tombe là où l’on peut lire le nom de grandes victoire napoléoniennes, au contraire de la déroute de Waterloo ; sur son socle, la dédicace « Aux derniers combattants de la Grande Armée » est inscrite comme un dernier témoignage de souvenir sur ce monument symbolisant pourtant la chute de l’Empire. C’est au cours de l’assemblée générale de l’Avant-Garde wallonne du 13 mai 1928 que l’idée d’un pèlerinage à Waterloo est lancée. Les premières fleurs sont déposées au pied de l’Aigle blessé par une poignée de militants wallons le 16 juin suivant. Le pèlerinage, dès lors organisé tous les ans, rassemble une foule grandissante d’année en année ; les plus grands moments auront lieu dans les années 1930 lorsque le nombre de participants atteint quinze à vingt mille personnes. Des discours enflammés y sont prononcés chaque année par des militants wallons de grande importance : Jules Destrée, Georges Truffaut ou encore l’abbé Mahieu. Waterloo devient un lieu de première importance pour le militantisme en Wallonie quand y naît le Front démocratique wallon en 1936 et le mouvement Wallonie libre le 18 juin 1940. L’assistance se réduit dans l’immédiat après-guerre pour se restreindre fortement dans les années 1950. La manifestation reste maintenue, mais elle devient pratiquement anecdotique dans les années 1970. Interrompue entre 1983 et 1986, elle reprend ensuite grâce au Comité du Souvenir français sous forme d’un « hommage aux Wallons »184 sans redevenir une manifestation de masse. Le monument à l’Aigle blessé, riche de symboles, reste toutefois un lieu de mémoire privilégié pour l’histoire du Mouvement wallon.
L’Aigle blessé. G. Focant, DPat © SPW
182. Grignard, P., Le mouvement wallon de 1915 à 1951, Liège, mémoire de licence inédit en histoire, Université de Liège, 2007, p. 17. 183. Raxhon, P., L’aigle blessé sous l’aile du Mouvement wallon, in Watelet, M., Couvreur, P. et de Villelongue, P. (dir.) Waterloo, monuments et représentations de mémoires européennes (1792-2001). Actes du colloque international de Louvain-la-Neuve organisé par l’Association franco-européenne de Waterloo, 20 octobre 2001, Louvain-la-Neuve, 2003, p. 190. 184. Id., p. 205-206.
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Carte postale ancienne de l’inauguration du monument © Collection privée
Manifestation à l’Aigle blessé, probablement peu après le second conflit mondial © Archives de l’Institut Émile Vandervelde – Bruxelles
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15. WAVRE, le monument aux morts Parc Houbotte
Le monument aux morts de Wavre © IPW
Comme dans d’autres villes wallonnes, les Fêtes de septembre sont l’occasion d’organiser un cortège vers le monument aux morts. Au départ, un monument aux morts de la Première Guerre mondiale avait été édifié devant le cimetière de la ville. En 1946, plusieurs associations patriotiques, ainsi que des représentants du Mouvement wallon ont décidé de réunir en un monument unique l’hommage aux morts wavriens de la révolution de 1830 et des deux guerres mondiales. Conçu par l’architecte Navez et inauguré en juillet 1951, il se présente sous la forme d’une colonnade semi-circulaire devant laquelle se trouve une
urne destinée à accueillir une flamme et sur le socle de laquelle sont gravées les dates des conflits. À l’avant, la mention « À nos martyrs » se trouve juste derrière un parterre de fleurs qui, à l’origine, était une pièce d’eau. Un peu en retrait de ce monument, une arcade conserve la cloche Donglebert, cloche wavrienne fondue en 1696 qui n’avait pas été réquisitionnée par les Allemands en 1943. Rachetée en 1954 par l’abbé Pensis, elle fut offerte au comité des Fêtes de Wallonie qui l’installa dans le parc Houbotte et décida de surmonter le monument d’un coq wallon. Volé il y a plusieurs années, ce coq n’a jamais été remplacé. 121
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La cloche Dongelbert de Wavre Š IPW
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