Freddy Joris Frédéric Marchesani
Sur les traces du Mouvement wallon
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Édition Institut du Patrimoine wallon (IPW) 79, rue du Lombard B-5000 Namur Éditeur responsable : Freddy Joris, Administrateur général (IPW) Suivi éditorial Julien Maquet et Valérie Dejardin (IPW) Informations concernant la vente Tél. : +32 (0)81 230 703 – Fax : +32 (0)81 659 097 E-mail : publication@institutdupatrimoine.be Conception graphique, prépresse et impression Snel, à Vottem Dépôt légal : D/2009/10.015/1 ISBN : 978-2-930466-66-8 Illustrations de la couverture En haut. Le monument au Coq à Jemappes (Mons). À droite. Le kiosque du parc de l’Harmonie à Verviers. En bas. Le coq des époux de Pas à l’Élysette (Namur). G. Focant, DPat © SPW. À gauche. Le monument aux victimes de Grâce-Berleur (Grâce-Hollogne) © IPW. 2
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Préface Il y a vingt ans, la Wallonie recevait de la Communauté française la compétence des matières liées au patrimoine immobilier et archéologique. Jusqu’à ce jour, il s’agit du seul secteur dans lequel la Wallonie peut exercer une réelle politique culturelle et ce, ma foi, avec un certain bonheur. Or, cela est aujourd’hui un peu oublié, le mouvement wallon, avant de devenir un courant politique, s’est d’abord manifesté dans le domaine culturel. À partir de 1870, en effet, se sont développées des Sociétés littéraires wallonnes et des Ligues wallonnes dont l’objectif était, en réaction aux premières lois linguistiques, de promouvoir la langue wallonne et d’assurer la défense des intérêts des francophones, notamment pour l’accès aux emplois publics. Mais très vite, ces sociétés culturelles vont adopter un ton plus politique. Ainsi, dès 1898, le Liégeois Julien Delaite prône la séparation administrative, quatorze ans avant la célèbre « Lettre au Roi » de Jules Destrée. L’intérêt de cet ouvrage n’est pas de refaire l’histoire du mouvement wallon – cela a été le propos de la monumentale Encyclopédie du Mouvement wallon coordonnée par l’Institut Jules Destrée –, mais de marquer dans la pierre, en quelque sorte, le long cheminement de la naissance de la Wallonie en tant qu’entité politique autonome. Et cela pourrait se concrétiser, quand ce n’est pas déjà le cas, par l’apposition de plaques commémoratives rappelant, en quelques mots, l’événement qui s’est déroulé dans le lieu signalé et sa portée historique. Je sais gré à Freddy Joris, Administrateur général de l’IPW et par ailleurs historien du mouvement wallon, ainsi qu’à son jeune collaborateur, Frédéric Marchesani, lui aussi historien, de mettre à la disposition du grand public un ouvrage qui allie défense du patrimoine, parfois non classé et tout à fait contemporain, et facteur d’identité.
Charles Szymkowicz, Un coq pour Charleroi, 1992, acrylique sur toile, 130 × 120 cm. Collection J.-C. Van Cauwenberghe 3
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remerciements Nous aimerions remercier de nombreuses personnes sans lesquelles cet ouvrage n’aurait pu voir le jour et, dans un premier temps, le Ministre wallon du Patrimoine qui a soutenu cette initiative hors des sentiers battus dès que le projet lui fut soumis lors de son entrée en fonction. Ensuite, certains de nos collègues et collaborateurs à l’IPW. Pour leurs conseils, leur dévouement et leur travail de l’ombre, Mme Valérie Dejardin et M. Julien Maquet, Attachés à la cellule « Publications ». Pour des relectures et apports d’informations utiles, Mlles Vanessa Krins, Marie Taminiaux, Nancy Lebrun et Christine Caspers, Mmes Anne-Françoise Barthélemy et Christine Vanhoebrock et M. Sébastien Mainil. Pour leurs reportages photographiques, Mlles Ingrid Boxus et Marie Lambert et M. Xavier Puttemans. Pour la relecture de la liste des monuments choisis, pour leurs remarques avisées et l’importance qu’ils ont donnée à l’initiative, nous remercions chaleureusement Mlle Marinette Bruwier et MM. Jacques Liénart et Jean-François Potelle. Les recherches iconographiques n’auraient pas été possibles sans le concours de Mme Patricia Siméoni, Institut Émile Vandervelde, et MM. Fabrice Meurant-Pailhe, Fonds d’histoire du Mouvement wallon, Paul Delforge, Institut Jules Destrée, et Serge Smal, Institut liégeois d’Histoire sociale. Le formidable travail de M. Guy Focant de la Division du Patrimoine nous a également permis d’enrichir cet ouvrage de clichés inédits. Bien d’autres personnes nous ont apporté des informations précieuses et nous tenons à les en remercier : Mme Viviane Janssens, SPW ; Mme Chantal Mengeot, Directrice à la ville de Charleroi ; Mme Françoise Vandenbroecke, Office du Tourisme de Tournai ; Mlle Christiane Piérard ; Mme Johanna Rensonnet, Ville de Stavelot ; M. Georges Lecoq, Musée communal de Nivelles ; M. Willy Duhameau, Président du Syndicat d’initiative de Tilff ; MM. Marcel Godfroid et Antoon Kegelaers et le service des sépultures des villes de Liège, d’Ottignies et de Charleroi, ainsi que le personnel des cimetières de Walcourt, Belgrade, Robermont, Chênée et Sainte-Walburge.
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avant-ProPos Répondant, en février 1877, à une invitation à célébrer l’anniversaire du 24 février 1848, Victor Hugo avait écrit : « Les souvenirs sont nos forces. Ne laissons jamais s’effacer les anniversaires mémorables. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux ». C’est dans cet esprit – non falsifier l’Histoire, mais ne pas permettre qu’on l’occulte – que l’ancien Ministre-Président de la Région wallonne Jean-Maurice Dehousse prit l’initiative, en 1992, avec l’appui de son successeur Bernard Anselme, d’une exposition et d’un ouvrage consacrés à cent grands Wallons du xxe siècle, sous la plume de Paul Delforge, un livre réédité trois ans plus tard1 . Dans la même volonté de mettre la Wallonie et son histoire dans la tête des Wallons, Robert Collignon devenu Ministre-Président de la Région wallonne en 1994 avait ouvertement installé au sein de son cabinet une cellule « Identité wallonne » qui fit ses premiers pas en épaulant les communes désireuses de s’associer au souvenir de la Bataille des Ardennes, puis en organisant l’année suivante un hommage aux anciens prisonniers de guerre wallons et enfin en publiant le premier ouvrage d’envergure consacré par la Région wallonne elle-même à son histoire et à ses atouts2, à l’occasion de son quinzième anniversaire en 1995 – publication que devait compléter en 1999 un autre livre de prestige sur Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui3.
Une partie des co-auteurs lors de la sortie de l’ouvrage L’aventure régionale en 2000. De gauche à droite : Georges Horevoets, Philippe Suinen, Amand Dalem, Léon Hurez (caché), Willy Taminiaux, Philippe Busquin, Jean-Pierre Grafé, Michel Damar, Guy Spitaels, Yves de Wasseige, Jean-Claude Damseaux, Jean-Claude Van Cauwenberghe, José Happart, Luc Pire (éditeur, caché), Robert Collignon, Jean Defraigne, François Perin (caché), Willy Burgeon, Francis Delperée, José Daras, André Damseaux (caché), Albert Liénard, Jean Stephenne (caché), Melchior Wathelet, Michel Lebrun, Pino Carlino, Francis Haulot et Freddy Joris (coordinateur) © Willy Leclercq (Sud-Presse)
1. Delforge, P., Cent Wallons du siècle, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1995, 2e éd., 120 p. 2. Joris, F. et Archambeau, N. (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, Région wallonne, 1995, 464 p. 3. Destatte, P. (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’ hui, Namur, Institut Jules Destrée et Awex, 1999.
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Sur les traces du Mouvement wallon Cette modeste cellule, qui organisa aussi avec l’Institut Jules Destrée en 1998 les manifestations pour le centenaire de l’idée fédéraliste en Wallonie4, ne survécut pas au départ de Robert Collignon en 1999, mais un an plus tard, c’est à nouveau à l’initiative du Ministre-Président régional, Jean-Claude Van Cauwenberghe en l’occurrence, qu’un recueil de témoignages sur l’histoire des institutions de la Région fut réalisé pour les vingt ans de celle-ci5, quelques mois à peine après la parution du premier des trois volumes de la monumentale Encyclopédie du Mouvement wallon6 qui vit enfin le jour au tournant du siècle avec l’aide du Gouvernement wallon. En 2004, un duo d’historiens liégeois coordonnait une nouvelle mouture de l’Histoire de Wallonie 7 parue trente ans plus tôt chez Privat sous la direction du pionnier Léopold Genicot8, laquelle avait déjà été suivie et amplifiée entre 1975 et 1981 par les six beaux volumes La Wallonie. Le Pays et les Hommes dirigés par Hervé Hasquin pour les deux premiers9, Rita Lejeune et Jacques Stiennon pour les quatre autres10. Genicot en 1986 (Racines d’Espérance)11 et Hasquin en 1999 (La Wallonie. Son histoire)12avaient chacun donné ensuite à l’attention d’un plus large public un condensé plus accessible par son volume et sa présentation. Plus près de nous enfin, la Région prenait l’initiative en 2005 d’une autre synthèse, mais plus pointue celle-là, doublant une nouvelle exposition, à l’occasion du centenaire du premier projet fédéraliste wallon et du quart de siècle d’existence officielle de la Région13. Tous ces ouvrages – et il en est de nombreux autres, plus spécifiques – évoquent chacun à leur manière et sous des angles parfois différents les grandes figures et les grandes étapes du Mouvement wallon qui ont progressivement contribué à la création de la Région, localisent les unes et les autres, évoquent, pour les plus récents, les temps forts de la mise en place et du développement des institutions régionales, ici aussi en les situant dans l’espace, mais ne s’appesantissent pour ainsi dire jamais sur les lieux où ces événements fondateurs se déroulèrent ou sur les traces physiques qu’ils purent laisser ou qui, parfois, les commémorent.
4. Joris, F. (dir.), Les Wallons et la réforme de l’État, 1890-1970, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1997, 2e éd., 232 p. 5. Joris, F. (dir.), L’Aventure régionale. Soixante témoins pour soixante temps forts, Bruxelles, Luc Pire, 2000, 358 p. 6. Delforge, P. (dir.), Encyclopédie du Mouvement wallon, 3 t., Namur, Centre d’histoire de la Wallonie et du Mouvement wallon, 2000-2001, 1.768 pages auxquelles le présent ouvrage doit beaucoup, et plus qu’à tout autre.- Depuis 2003, cet ouvrage existe également sous format CD-Rom ; il s’agit d’une 2e édition, revue et augmentée. 7. Demoulin, B. et Kupper, J.-L. (dir.), Histoire de la Wallonie. De la Préhistoire au xxie siècle, Toulouse, Privat, 2004, 431 p. 8. Genicot, L. (dir.), Histoire de la Wallonie, Toulouse, Privat, 1973, 502 p.- Léopold Genicot (1914-1995), historien, professeur à l’UCL, militant wallon, membre de Rénovation wallonne en 1945, du Rassemblement wallon en 1968 et de « Wallonie Région d’Europe » en 1986. 9. Hasquin, H. (dir.), La Wallonie. Le Pays et les Hommes. 1re partie. Histoire. Économies. Sociétés, 2 vol., Bruxelles, Renaissance du Livre, 1975-1976. 10. Lejeune, R. et Stiennon, J. (dir.), La Wallonie. Le Pays et les Hommes. 2e partie. Lettres. Arts. Culture, 4 vol., Bruxelles, Renaissance du Livre, 1977-1981. 11. Genicot, L., Racines d’espérance. Vingt siècles en Wallonie par les textes, les images et les cartes, Paris, Hatier, 1986, 302 p. 12. Hasquin, H., La Wallonie. Son histoire, Bruxelles, Luc Pire, 1999, 292 p. 13. Delforge, P., Un siècle de projets fédéralistes pour la Wallonie, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2005, 176 p.
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Avant-propos
C’est cette lacune que le présent livre vise à combler au moins partiellement – car comme tout premier essai du genre, il est assurément perfectible et susceptible d’être enrichi à l’avenir. L’Institut du Patrimoine wallon en a assuré la réalisation avec le soutien enthousiaste de son Ministre de tutelle, et espère que les lecteurs auront à cœur d’abord de saluer l’initiative avant d’y chercher ce qu’elle pourrait avoir d’incomplet ou de défectueux. Chargé depuis 2005 de donner une nouvelle impulsion et surtout une réelle diffusion aux ouvrages publiés par la Région sur le patrimoine architectural wallon, l’IPW avait déjà pris l’initiative de publier fin 2007 une synthèse grand public de tous ceux-ci sous le titre Cent merveilles de Wallonie, qui fut rapidement épuisée. Ce volume faisait déjà fi des catégories habituelles (patrimoine exceptionnel, petit patrimoine, etc.) pour ne retenir comme fil conducteur que les choix esthétiques des auteurs, dans le but d’ouvrir les yeux d’un maximum de concitoyens sur les beautés de leur Région14. Ici aussi, les auteurs se sont affranchis de toute catégorie : si bien des événements majeurs de l’histoire du Mouvement wallon se sont déroulés dans des lieux aujourd’hui classés ou repris à l’Inventaire du Patrimoine, c’est loin d’être le cas de tous, et la plupart des monuments commémoratifs ou funéraires liés directement ou indirectement à cette histoire ne bénéficient pas de protection légale, sans doute jugée superflue – ce qui n’est d’ailleurs pas toujours le cas. Le livre comporte cinq parties, dans lesquelles les notices sont chaque fois classées par communes concernées et dans l’ordre alphabétique déterminé par l’élément principal du titre de la notice. Celles de la première partie, au nombre de quarantesix, portent sur autant de lieux où peuvent être localisées des réunions, des initiatives, des manifestations (plus ou moins déterminantes ou restées sans lendemain) de l’histoire du Mouvement wallon, puis de la création de la Région elle-même. L’existence de quelques bâtiments disparus a été rappelée, eu égard à l’importance des faits qui se déroulèrent dans ces endroits, tel le Congrès wallon de 1945. Suivant une logique valable pour l’ensemble du livre, tous ces « Lieux d’étape » sont situés sur le territoire de la Région. Il y manque donc la rue de la Loi à Bruxelles, qu’il s’agisse du 16 ou du Parlement, où se déroulèrent tant de négociations fondamentales pour l’avenir de la Wallonie, et d’autres lieux bruxellois qui abritèrent des événements fondateurs de la future Région, telle la salle Benelux du Palais des Congrès où se tint le 5 novembre 1968 la première assemblée des parlementaires wallons. Mais l’objectif n’était pas de refaire l’histoire du Mouvement wallon et le remarquable travail de l’Encyclopédie sous un angle géographique, mais seulement de repérer et faire connaître les lieux en Wallonie ayant été le cadre de cette histoire. Sous le titre « Lieux détournés », la deuxième partie du volume présente quinze monuments commémoratifs a priori non directement liés au Mouvement wallon. Mais tous ont été d’une façon ou l’autre soit « récupérés » par ce dernier (à commencer par le Coq de Jemappes ou l’Aigle blessé à Waterloo), soit le fruit d’initiatives militantes de celui-ci (Theux ou Verviers), soit exploités par leurs concepteurs pour manifester de manière symbolique des sentiments wallons ou francophiles (Houdeng14. Une exposition itinérante, réalisée en support des éditions française et quadrilingue du livre (Focant, G., Dejardin, V. et Maquet, J., Cent merveilles de Wallonie, Namur, IPW, 2007.- Id., One hundred wonders in Wallonia. Cent merveilles de Wallonie. Hundert Wunder Walloniens. Honderd pareltjes van Wallonië, Namur, IPW, 2007), parcourt depuis un an et demi la Wallonie et les régions voisines.
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Sur les traces du Mouvement wallon Gœgnies ou Limbourg), soit encore installés en Wallonie en raison de faits historiques par ailleurs majeurs pour l’histoire du Mouvement wallon (Chaudfontaine, Liège). On reste dans les monuments commémoratifs avec les « Lieux de mémoire » de la troisième partie, où nous recensons trente et un bustes, statues, plaques explicitement érigées ou apposées en hommage soit à de grandes figures de l’action wallonne (Bovesse, Carlier, Destrée, Pietkin, Renard, etc.), soit à des écrivains ou des artistes ayant illustré la langue wallonne ou honoré la Région en raison des spécificités wallonnes de leur œuvre. Le Mouvement wallon ayant d’abord été, au xixe siècle, un mouvement littéraire et culturel, cet angle de vue s’imposait également. La quatrième partie « Lieux de repos » est certainement encore moins exhaustive que les précédentes, avec quatre grands cimetières où reposent plusieurs militants ou écrivains wallons (Robermont, Sainte-Walburge, Namur et Seraing) et sept sépultures isolées en d’autres endroits de Wallonie. Une exploration systématique de tous les champs de repos du territoire régional permettrait sans doute de repérer d’autres monuments funéraires rendant hommage explicitement ou symboliquement à l’engagement wallon du défunt. C’est d’ailleurs loin d’être le cas pour tous : les sépultures d’Alfred Califice15 à Walcourt, ou d’Henri Mordant16 à Bressoux notamment sont dénuées de toute indication de ce genre ; les cendres de Léopold Genicot ou de Jean Gol17 furent dispersées après l’incinération ; la tombe d’Élie Baussart18 au cimetière de Loverval semble avoir disparu aujourd’hui… Enfin, le cadre géographique retenu ne nous a pas permis d’évoquer par exemple le monument funéraire hautement symbolique d’Achille et Hector Chainaye à Ixelles19 ou encore, au même cimetière, les tombes de deux anciens du Cercle des étudiants wallons de l’ULB, Valère Passelecq et Robert Thonon, qui ont justement leur place dans l’Encyclopédie du Mouvement wallon20. Titrée « Lieux vivants », par contraste avec la précédente, la dernière partie de l’ouvrage s’éloigne légèrement de l’objet premier de celui-ci puisqu’à travers trois monuments urbains (à Charleroi, Namur et Liège) et surtout une sélection de seize bâtiments administratifs régionaux récents21 (édifices anciens réaffectés pour les trois quarts, mais aussi constructions neuves), ce sont des étapes de la vie effective de la Région de 1980 jusqu’à ces tous derniers mois qui sont rappelées en commentant ces lieux où s’exerce aujourd’hui le pouvoir régional. Chacune des cent quinze notices ci-après comprend une brève description du bâtiment ou, s’il y a lieu, du monument, parfois un témoignage, toujours un rappel sommaire des faits ou des individus : pour chacun d’eux, nous renvoyons ici une fois pour toutes, bien évidemment, aux notices de l’Encyclopédie que nos quelques lignes ne sauraient nullement remplacer. Afin d’aider néanmoins un lecteur peu averti de l’histoire du Mouvement wallon, puis de la Région, nous avons placé en guise d’introduction un très bref résumé de celle-ci, hélas souvent bien moins connue par nos concitoyens que l’histoire de Belgique. Nous, c’est-à-dire un duo d’historiens de formation tous deux issus de l’Université de Liège, le premier en 1977, le second en 2006. Dans ce travail en tandem, c’est ce dernier, Frédéric Marchesani, qui a assumé durant plusieurs mois pour le compte de l’IPW les recherches en bibliothèque et sur le terrain, la collecte iconographique, la rédaction des premières moutures de la quasi-totalité des notices. Déjà auteur, directeur ou coordinateur de trois titres parmi ceux rappelés au début de cet avant-propos, Freddy Joris a conçu le projet et la structure du volume, orienté et supervisé les recherches, contribué à la rédaction finale. Bien entendu, sans distinguer ce qui revient à l’un et à l’autre, comme tous parents qui se respectent, mais bien conscients de ce qu’ils doivent à leurs devanciers et à Paul Delforge en particulier, les auteurs assument conjointement les pages qui suivent. Puissent-elles contribuer à une meilleure connaissance de la « longue marche » de la Région wallonne, que les lectures de l’Histoire dans la partie francophone du pays n’éclairent quasiment pas, voire occultent totalement dans les écoles, alors que la Flandre ne se prive pas d’enseigner à sa jeunesse les durs combats pour son émancipation, y compris en nourrissant certains sentiments militants22. Certes, l’heure n’est plus au projet d’un monument national wallon tel que le rêvait jadis Georges Hautecler (« Un monument essentiellement wallon, sans équivoque, en pleine terre wallonne et où tous les Wallons se retrouveraient fraternellement 15. Alfred Califice (1916-1999), démocrate chrétien, fut le premier président du Comité ministériel des Affaires wallonnes au sein du Gouvernement Tindemans, de 1974 à 1977 sous le régime de la régionalisation provisoire. 16. Henri Mordant (1927-1998), journaliste à la RTBF, fut conseiller régional wallon de 1980 à 1985 et président du Rassemblement wallon. 17. Jean Gol (1942-1995), homme politique libéral, fut Secrétaire d’État à l’Économie régionale en tant que militant du Rassemblement wallon en 1974, puis cofondateur du PRLW, président du PRL et Vice-Premier Ministre de 1981 à 1988. 18. Élie Baussart (1887-1965), fondateur de La Terre wallonne en 1919, fut un des premiers catholiques engagés très activement dans le mouvement wallon, dont il fut une des grandes figures. 19. Achille (1862-1915) et Hector (1865-1913) Chainaye, directeurs du journal progressiste La Réforme et militants wallons à Bruxelles. 20. Valère Passelecq et Robert Thonon (nés en 1919) furent tous deux décapités en Allemagne, pour faits de résistance, le 7 juin 1944. 21. Établie avec la collaboration d’André Verlaine. 22. Pierre Havaux, Histoire de Belgique : l’école flamande produit-elle des flamingants ?, dossier publié dans Le Vif du 11 juillet 2008.
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Avant-propos et feraient annuellement le point de leur lutte pour l’existence en tant que communauté »23) quand la Région n’existait pas encore, mais pourquoi pas peut-être, à l’instar de ce qui se fait si systématiquement aux États-Unis pour proposer à la conscience collective les traces de l’Histoire d’un pays en construction (comme le fut la Wallonie depuis un siècle), apposer des plaques explicatives sur les différents lieux recensés ici ou à tout le moins les lieux d’étapes ? À défaut d’avoir son nom inscrit dans la Constitution belge, la Wallonie aurait au moins ainsi l’histoire de sa naissance inscrite sur les murs qui l’ont vu naître24.
De 1890 à 2000, cent dix ans d’histoire régionale en deux ouvrages
23. Paul Delforge, Prisonniers de guerre, in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 3, Charleroi, 2001, p. 1309. 24. Le projet de Constitution wallonne déposé au Parlement wallon par les députés régionaux Jean-Claude Van Cauwenberghe, José Happart, Éliane Tillieux, Paul Ficheroulle, Maurice Bayenet et Christophe Collignon le 4 mai 2006 (« Proposition de décret spécial visant à doter la Région wallonne d’une Constitution ») prévoit dans un de ses articles de substituer dans tous les textes officiels émanant du pouvoir régional l’appellation « Wallonie » à celle de « Région wallonne ».
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Un r apide survol de l’histoire du mouvement wallon C’est au cours des années 1960 que la réforme de l’État est véritablement devenue dans ce pays un sujet d’importance nationale, qu’elle a commencé à mobiliser quasi constamment la classe politique et que des premières solutions institutionnelles ont été trouvées. Elles furent suivies de nombreuses autres dans le cadre d’accords devenant de plus en plus complexes au fil des ans, mais aussi de plus en plus systématiquement contournés ou remis en cause peu après leur conclusion par les responsables politiques flamands. Longtemps, les postures munichoises des uns tinrent lieu de réponse à l’intransigeance obstinée des autres. Ces derniers persistent à inscrire leur action dans le sillage d’un Mouvement flamand d’émancipation entamé – légitimement alors – fort peu d’années après la création de l’État belge. Mais du côté wallon, le point de départ se situe en 1890. Il coïncide avec l’organisation cette année-là du premier Congrès wallon, qui sera suivi de trois autres de 1891 à 1893. Ces premiers Congrès wallons ne réunissent que des intellectuels, presque tous libéraux, et sont dominés par les Wallons de Bruxelles. Les Sociétés littéraires wallonnes ainsi que les Ligues wallonnes, créées dès la fin des années 1870 en réaction aux premières lois linguistiques, fournissent en effet l’essentiel des participants – dont les deux préoccupations principales sont, d’une part, la promotion de la langue wallonne et, d’autre part, la défense des intérêts des francophones pour l’accès aux emplois publics. Il n’est pas encore question à ce moment d’une quelconque revendication de réforme des structures de l’État. Celle-ci apparaît seulement à la fin du siècle sous l’impulsion de la Ligue wallonne de Liège, animée par le libéral Julien Delaite. Le 15 mars 1898, le journal de cette association, L’Âme wallonne, publie un premier et long plaidoyer en faveur de la séparation administrative du pays, dont reste le passage clé : « Prenons ouvertement l’offensive et poursuivons dès aujourd’hui l’obtention d’un régime séparatiste ». À la fin de cette même année, Delaite présente à la Ligue un projet d’État fédéral, le premier du genre du côté wallon, en soulignant divers aspects positifs d’une telle structure pour la Wallonie. Julien Delaite continuera à peaufiner son projet fédéraliste durant plusieurs années encore, jusqu’au Congrès wallon qui se tient à Liège le 7 juillet 1912. Celui-ci sera le premier à émettre le vœu « de voir la Wallonie séparée de la Flandre en vue de l’extension de son indépendance vis-à-vis du pouvoir central et de la libre expansion de ses activités propres ». On voit déjà poindre les revendications de type économique. C’est également de cette année 1912 que date la célèbre « Lettre au Roi » du socialiste Jules Destrée, qui donnera un certain retentissement au problème wallon.
Le buste de Georges Truffaut sur sa tombe à Robermont (Liège) © IPW
Dans la foulée du Congrès wallon de 1912, une « Assemblée wallonne » permanente est mise en place pour populariser les idées du Mouvement wallon. Tant à Liège qu’en Hainaut, d’importantes personnalités socialistes et libérales rejoignent celui-ci ; en revanche, les partis politiques en tant que tels restent étrangers à la revendication fédéraliste wallonne, et ils le resteront longtemps.
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Un rapide survol de l’histoire du Mouvement wallon Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le Mouvement wallon, et l’Assemblée wallonne en particulier, subira le contrecoup, d’une part, de l’attitude collaborationniste d’une partie du Mouvement flamand durant l’occupation et surtout, d’autre part, de la vague de sentiment national belge qui inonde véritablement le pays au lendemain du conflit. Il faudra attendre les années 1930 pour que se recrée, à nouveau à Liège, une « Concentration wallonne » réclamant une réforme de la Constitution dans un sens fédéral. Plusieurs futurs grands militants wallons font alors leurs premières armes, ainsi les socialistes Georges Truffaut et Fernand Dehousse ou encore les libéraux Auguste Buisseret et Jean Rey. En effet, la nouvelle politique étrangère de la Belgique dans la seconde moitié des années 1930, politique étrangère dite « des mains libres » et qui consistait en une neutralité (telle que souhaitée par la Flandre) entre l’Allemagne nazie et la France républicaine, cette politique donc provoque une très forte poussée d’action wallonne à cette époque. La Concentration wallonne agit alors sur deux axes. D’une part, elle synthétise tous les griefs économiques wallons en publiant une série de Documents et, d’autre part, elle charge une commission dans le courant de 1937 d’élaborer un projet de loi sur le statut fédéral belge. Cette commission, présidée par Fernand Dehousse, aboutira au premier projet fédéraliste wallon déposé à la Chambre en mai 1938 – quarante ans après la publication du projet de Julien Delaite. C’est également durant ces années 1930 que la revendication wallonne commence à être prise en compte, fort timidement encore, au sein des partis politiques. Si du côté catholique, on ne peut relever que l’action de quelques grandes individualités telles que Jean Duvieusart ou Élie Baussart, par contre on acte la création d’une Entente libérale wallonne en 1937 et surtout, du côté socialiste, on s’aperçoit que des socialistes wallons non seulement tournent le dos à un « Compromis des Belges » élaboré par le Parti Ouvrier Belge en 1929, mais surtout organisent un premier Congrès des socialistes wallons à Liège en janvier 1938. Les fédéralistes convaincus seront certes minoritaires à ce Congrès, mais personne, en revanche, ne niera le « malaise wallon » ni même la nécessité de modifier d’une manière ou de l’autre la structure de l’État. La Seconde Guerre mondiale sera l’occasion d’une intense activité clandestine du Mouvement wallon, grâce aux militants engagés les uns dans « Wallonie libre » d’inspiration socialiste et libérale, d’autres dans « Wallonie indépendante » d’inspi-
Premier Congrès du Mouvement populaire wallon. Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège. 11
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Sur les traces du Mouvement wallon ration communiste, ou encore dans « Wallonie catholique » qui donnera naissance plus tard au groupe « Rénovation wallonne ». Ces divers mouvements préparent activement pour le lendemain de la libération des cahiers de revendications wallonnes, et notamment la création d’un Conseil économique wallon par exemple, mais aussi de nouveaux projets de réforme de l’État dans un sens fédéral. À cet égard, la Fédération socialiste liégeoise rédige sous l’inspiration essentiellement de Fernand Dehousse un Projet d’instauration du fédéralisme en Belgique, qui inspirera fortement le projet adopté par le Congrès national wallon en 1947, projet connu sous le nom de deux de ses promoteurs au niveau parlementaire, les députés Grégoire (socialiste) et Rey (libéral). Quant au Congrès national wallon lui-même, il avait été précédé par un autre Congrès en 1945 dont le geste le plus fameux fut le vote dit « sentimental » en faveur du rattachement à la France avant qu’une majorité de congressistes se rallie ensuite à la thèse fédéraliste, un vote sentimental qui laisse encore des traces aujourd’hui chez certains et non des moindres.
La revendication fédéraliste prendra ensuite de plus en plus de poids au sein d’une partie des partis wallons, notamment et surtout au sein de l’aile wallonne du PSB, et cela à l’occasion des clivages entre Flamands et Wallons apparus lors de la question royale en 1950, puis dans la prise en compte insuffisante par les autorités nationales du drame de la fermeture des charbonnages wallons dans la seconde moitié de la décennie, enfin et surtout lors de la grande grève de l’hiver 1960 au cours de laquelle, sous l’impulsion du syndicaliste liégeois André Renard, l’idée fédéraliste retrouvera comme en 1950 et plus encore clairement cette fois un véritable contenu populaire du côté wallon, en étant associée à l’époque à la revendication de réformes des structures économiques. La première moitié des années 1960 sera particulièrement agitée pour les fédéralistes wallons, avec l’émergence du Mouvement populaire wallon d’André Renard, sa condamnation par les instances nationales du PSB, le vote des lois linguistiques de 1963 et notamment le rattachement des Fourons au Limbourg en raison de l’absence de système de votes à majorité spéciale à l’époque. Le milieu de la décennie verra, en conséquence, les premiers succès de formations politiques wallonnes ou francophones constituées tout récemment en dehors des partis traditionnels. L’affaire de Louvain en 1967 acheva d’ouvrir les yeux de certains sur « le divorce belge » pour reprendre l’expression célèbre et prémonitoire de Lucien Outers, et le gouvernement Eyskens-Cools décida en 1968 de s’attaquer enfin à la réforme des structures de l’État, septante ans après la première revendication wallonne en ce sens.
Il serait beaucoup trop long et fastidieux de retracer ici toutes les étapes de ce processus qui devait aboutir, sur un fond de tension politique quasi permanente, et dans un contexte de fonctionnement parlementaire fondamentalement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, au vote de la réforme de la Constitution en 1970 et aux lois créant les Sociétés régionales de développement en 1971, c’est-à-dire les deux fondements d’un État « régional et communautaire » pour reprendre l’expression du ministre wallon des Réformes institutionnelles de l’époque, l’Amaytois Freddy Terwagne.
Au terme des multiples compromis de toutes sortes nécessités par des mois de négociations et par le vote difficile de ces diverses réformes, les fédéralistes wallons avaient certes obtenu en 1970 l’inscription dans la Constitution de la reconnaissance de trois Régions (mais uniquement sur papier alors). Par contre, il leur faudrait encore faire pas mal de chemin pour aboutir à l’État fédéral de 1995, un quart de siècle et quelques grandes crises politiques plus tard.
Ce seront la régionalisation provisoire imaginée en 1974 par le Liégeois François Perin, puis les réformes de l’État de 1980, de 1988 et enfin de 1993, aboutissant lors des élections législatives de 1995 à des scrutins séparés pour le fédéral et pour les entités fédérées. Ces scrutins concluaient provisoirement un très long chapitre de notre histoire politique au terme duquel les modes de décisions, les règles du processus démocratique et les possibilités d’actions wallonnes autonomes avaient été radicalement bouleversés depuis l’appel de L’Âme wallonne du 15 mars 1898. Au vu de l’évolution de la revendication fédéraliste wallonne ainsi fort brièvement retracée jusqu’à la fin du xxe siècle, on peut faire deux sortes de constats, les uns historiques, les autres politiques. On s’en tiendra ici aux premiers, laissant le soin à d’autres d’actualiser les leçons politiques.
On peut dégager six caractéristiques de la revendication fédéraliste wallonne telle qu’elle s’exprime dans les divers projets fédéralistes wallons et dans l’histoire politique qui en est indissociable pour qu’ils soient compréhensibles : c’est l’ancienneté et la permanence de cette revendication, sa popularisation croissante, son évolution d’un contenu purement linguistique et culturel à un contenu davantage économique et social, son caractère surtout libéral au tout début puis essentiellement socialiste avant qu’elle ne s’incarne enfin en un parti autonome trouvant une forte assise populaire permettant de forcer de premières conquêtes, et son côté fortement liégeois. Les faits ont démontré largement ces six aspects et nous reprendrons succinctement chacun d’eux. Dès la fin du xixe siècle, des militants wallons, certes isolés, ont revendiqué une réforme profonde des structures unitaires de l’État. Ensuite, dès avant la Première Guerre mondiale, cette revendication reçoit une formulation quelque peu précise (c’est le projet de Delaite), puis le soutien d’hommes politiques engagés dans l’action wallonne, c’est le Congrès de 1912.
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Un rapide survol de l’histoire du Mouvement wallon La revendication wallonne fut ensuite permanente : constamment, il s’est trouvé des militants ou des groupements wallons, des cercles ou des assemblées politiques ou syndicales pour préciser sa formulation comme le montrent les principaux projets fédéralistes wallons qui se succèdent de 1912 à 1967. Et il s’est trouvé des groupes militants, puis des fractions de partis pour inscrire cette revendication à leur programme et pour tenter déjà (au début sans illusions) de la faire aboutir au Parlement, dès avant 1940 et dans les années d’après-guerre notamment. Progressivement, la revendication wallonne obtient une assise de plus en plus large : le Congrès national wallon de 1945 est autrement représentatif que les assemblées wallonnes du début du siècle et même de l’Entre-deux-Guerres par exemple, et de même le soutien d’un Congrès des socialistes wallons est autrement significatif que celui de quelques élus agissant à titre individuel. La « grande grève » et le Mouvement populaire wallon apportèrent enfin à la revendication fédéraliste une base réellement populaire, qui se traduisit dans les spectaculaires résultats électoraux du Rassemblement wallon du milieu des années 1960 au milieu des années 1970. Au début des années 1960, le mouvement wallon achève aussi de donner un contenu davantage économique et social à la revendication ; les projets fédéralistes du MPW et des socialistes en 1961-1962 en témoignent, de même que les préoccupations des nouveaux partis wallons et des Congrès socialistes wallons de Tournai et de Verviers en 1967-1968, les derniers avant le début du processus de réforme de l’État qui est maintenant en cours depuis près de quarante ans. Certes, on voit apparaître tôt, fort tôt même, des préoccupations économiques (et démographiques) chez les fédéralistes wallons, mais ce n’est que progressivement, surtout après la Seconde Guerre mondiale, qu’elles ont acquis l’importance que l’on sait – au fur et à mesure que la crise de la Wallonie s’aggravait sans que l’État unitaire la résorbe. À un autre point de vue, on pourrait aussi trouver une certaine continuité dans les partis wallons constitués en dehors des partis nationaux car il en exista très tôt aussi mais longtemps à titre anecdotique ; en fait ce n’est qu’après 1964 que les formations de ce type ont pu percer sur la scène politique et y prendre une large place en un laps de temps extrêmement court, ce qui ne fut certainement pas sans conséquences sur la suite des événements et c’est le moins que l’on puisse dire. Que la revendication fédéraliste ait trouvé auparavant l’essentiel de ses forces et de son énergie dans le monde socialiste (au sens large du terme) et de manière croissante au fil des décennies (songeons au MPW), il serait difficile de le nier, tout comme d’un autre côté l’existence d’un fort courant libéral qui fit œuvre de pionnier, mais qui s’était quasi éteint dans les années 1960. Encore plus nette enfin est la localisation géographique du foyer fédéraliste wallon : la grande majorité des militants, des groupes, des projets fédéralistes sont liégeois. On pourrait multiplier les exemples, il y a là une constante remarquable : on peut dire sans beaucoup d’exagération que Liège fut le moteur de la pensée et de l’action fédéralistes en Wallonie, avant 1970 en tout cas.
Médaille frappée par la Ville de Verviers après la guerre 1914-1918. R. Delhaye © Collection F. Joris 13
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De 1962 Ă 1978, quatre ouvrages correspondant Ă quatre temps forts de la prise de conscience wallonne 14
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Sur les traces du Mouvement wallon PREMIĂˆRE PARTIE
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I. Lieux d’étapes
1. A RLON, l’hôtel de ville Rue Paul Reuter, 8
Terminé en novembre 1843, l’hôtel de ville d’Arlon était à l’origine un athénée. Construit sur une grande terrasse entourée de grillages de fer, il était le bâtiment le plus considérable construit jusqu’alors à Arlon. L’édifice s’étant vite dégradé, décision est prise de construire un nouvel athénée. La ville d’Arlon dresse alors des plans d’appropriation de l’ancien bâtiment, destiné à devenir le nouvel hôtel de ville. La façade est remise à neuf, l’escalier central partiellement renouvelé. Tous les services communaux sont définitivement installés dans leurs nouveaux locaux le 19 août 1898. Le bâtiment, ayant souffert au cours de la grande guerre, sera à nouveau restauré en 1920. L’édifice présente un volume principal composé d’une façade en double corps de cinq travées sur deux niveaux et un niveau d’attique. De part et d’autre, deux ailes transversales en léger retrait présentent en façade une travée sur trois niveaux de baies rectangulaires. Le tout surmonte un haut soubassement ajouré de baies. Aujourd’hui, l’hôtel de ville a été considérablement agrandi car la fusion des communes demandait un espace plus grand pour gérer la nouvelle population. Les travaux d’extension furent terminés en 1997. Contemporains, les nouveaux bâtiments s’intègrent néanmoins parfaitement avec le bâtiment d’origine.
1908 : la réception d’ouverture du Congrès international de langue française Présidée par le bourgmestre Numa Ensch-Tesch 25, cette réception solennelle, le 20 septembre 1908, était un moyen de célébrer plus que d’ouvrir le Congrès. Arlon, encore essentiellement empreinte de culture germanique au début du siècle, avait à cœur en tant que chef-lieu d’une province belge de montrer son appartenance francophone au reste du pays. Réunis autour des autorités communales et provinciales, les congressistes sont présentés aux officiels présents par le président du congrès, Maurice Wilmotte26. Parmi ceux-ci, plusieurs personnalités étrangères de haut rang sont venues faire honneur à la francophonie : Jules Gautier, délégué du ministre français de l’Instruction publique, Monsieur Bonnard, délégué de la Confédération helvé25. Numa Ensch-Tesch (1841-1929). Libéral et avocat de formation, il est bourgmestre d’Arlon de 1901 à 1921. 26. Maurice Wilmotte (1861-1942). Professeur à l’université de Liège et auteur de nombreux ouvrages scientifiques, il participe aux divers Congrès wallons du début du xx e siècle.
tique, et d’autres personnalités françaises ou encore luxembourgeoises. Le bourgmestre, lors de son discours, commentera le choix d’Arlon comme siège du congrès27. Après cette soirée inaugurale le Congrès pouvait s’ouvrir, dans la foulée de celui de Liège de 1905, déjà présidé par Wilmotte. Mais si le Congrès de Liège était resté fort linguistique et littéraire, celui d’Arlon fut l’occasion de tentatives de débats nettement plus politiques avec les rapports d’Hector Chainaye (Pourquoi et comment les Wallons doivent combattre les flamingants) et de Julien Delaite28 (Le français en Wallonie et en Belgique).
27. « Monsieur Ensch-Tesch prend la parole pour souhaiter la bienvenue et se féliciter de ce qu’Arlon ait été choisie comme siège du congrès. Ce choix est symptomatique ; il est heureux, vu la situation géographique de la ville. Il assure les nombreuses personnalités étrangères d’un accueil cordial, et fait des vœux pour la fécondité des travaux et l’heureux effet qui doit en résulter ». Le Soir, mardi 22 septembre 1908, p. 2, col. 4. 28. Julien Delaite (1868-1928). Libéral, conseiller communal, puis conseiller provincial de Liège. Docteur en sciences naturelles, président de la Ligue wallonne de Liège, ainsi que des Congrès wallons liégeois de 1905, 1912 et 1913, membre de la section liégeoise de la Société des Amis de l’Art wallon.
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Sur les traces du Mouvement wallon
2. A RLON, l’ancien palais de Justice Place Léopold
Situé sur ce grand espace entièrement pavé qu’est la place Léopold, le palais de Justice d’Arlon est érigé à partir de 1864 selon les plans de l’architecte de la ville, Albert-Jean-Baptiste Jamot. De style néogothique, il offre une nouvelle variété architecturale à l’ensemble, sur lequel se trouve déjà un palais provincial néoclassique. Le palais de Justice est inauguré le 13 septembre 1866 à l’occasion de la joyeuse entrée de Léopold II à Arlon. Cet élégant bâtiment est composé d’un corps principal fait de trois niveaux et de deux ailes plus basses. La bâtisse se trouve sur un haut soubassement. L’accès à l’édifice se fait par un imposant perron à double volée en haut duquel se trouvent trois portes en arc-brisé. Un fronton orné d’une corniche, d’une frise, d’arcatures en relief et de trois clochetons surmonte l’ensemble. Les armoiries des dix principales villes de la province1 ont été taillées dans la pierre entre les linteaux supérieurs du premier étage et les fenêtres du second. Le bâtiment abritait principalement la cour d’assises du Luxembourg et le tribunal de première instance mais depuis avril 2003, l’entièreté des services judiciaires a intégré les bâtiments du nouveau palais de Justice d’Arlon. Aujourd’hui, l’ancien palais de Justice abrite notamment des expositions temporaires.25 1. La Roche-en-Ardenne, Bouillon, Houffalize, Virton, Neufchâteau, Virton, Arlon, Marche-en-Famenne, Bastogne, Saint-Hubert et Chiny.
1908 : le Congrès international de langue française Tenu à Arlon du 20 au 23 septembre 1908 dans le palais de Justice, le Congrès pour la culture et l’extension de la langue française fut un événement de grande importance pour la petite ville sud-luxembourgeoise. De nombreux congressistes participèrent aux travaux des trois principales sections, constituées dès l’ouverture le lundi 21 septembre : une section littéraire (présidée par le poète Émile Verhaeren), une section de propagande et une section pédagogique. La section de propagande ouvrit d’ailleurs ses débats sur la lecture d’un rapport de Julien Delaite, président de la Ligue wallonne, qui émit le vœu de voir la langue française
rester l’unique lien d’échange entre « les deux races qui constituent notre nationalité »29. Les débats furent interrompus la journée du 22 septembre afin que les congressistes se rendent à Luxembourg, pour une réception. La séance de clôture du Congrès, tenue dans la salle de la cour d’assises le mardi 23 septembre à 16h, vit l’adoption de la plupart des décisions prises en section : développement de la culture française dans le monde, notamment via la presse et la littérature en général, augmentation des études phonétiques… Le Congrès d’Arlon fut donc l’occasion pour les militants wallons, réunis autour de francophones du monde entier, de faire la part belle à la langue française dans une région frontalière. 29. La Meuse, mardi 22 septembre 1908, p. 1, col. 2.
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Le Mouvement Lieux d'wallon étapes
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3. CHARLEROI, l’hôtel de ville Place Charles II Monument classé le 9 septembre 2001
Inauguré en 1936, l’hôtel de ville de Charleroi est un monumental édifice classique aux accents Art déco réalisé selon les plans des architectes Joseph André et Jules Cézar. Il allie les marbres rouges et noirs avec le bronze, le laiton et le fer forgé. Surmonté d’un imposant beffroi, l’édifice comprend un rez-de-chaussée et deux étages. La toiture est couronnée d’un campanile en bronze surmonté d’une lanterne. La façade principale est construite en pierre bleue et blanche. L’étage est composé d’une grande colonnade et le bâtiment surmonté d’un important attique. L’intérieur est décoré de nombreuses statues qui visent à exalter le triomphe de la ville, sa prospérité et sa richesse industrielle. Le hall d’honneur, presque entièrement couvert de marbres, est la pièce maîtresse de la bâtisse. Chef-d’œuvre de l’architecture civile, l’hôtel de ville a vu son beffroi inscrit sur la liste du patrimoine mondial par l’Unesco. L’ensemble du bâtiment est reconnu patrimoine exceptionnel de Wallonie.
1938 : le premier Congrès culturel wallon Organisé du 11 au 13 novembre 1938 dans la salle des mariages, le premier Congrès culturel wallon est avant tout l’occasion de fêter le vingt-cinquième anniversaire de l’Assemblée wallonne, à l’origine de l’initiative. Ce Congrès « n’a pas pour but d’aider à l’épanouissement ou à l’affirmation d’une culture wallonne, mais de défendre la Culture tout court. Le Congrès est au surplus wallon parce que seuls les Wallons y traitent de leurs affaires, en famille »30. Composé de soixante-cinq sections, le programme du Congrès est vaste et imposant (politique culturelle, science, musique, théâtre, littérature, beaux-arts, folklore, tourisme…). En marge du Congrès, des expositions et animations musicales sont proposées. Néanmoins, malgré le nombre important de communications, le Congrès rassemble peu de monde et se clôt donc sur un succès en demi-teinte. Une association culturelle wallonne, dont le siège est fixé à Bruxelles, est également créée au cours de ce Congrès.
La salle des mariages Abondamment éclairée par sept grandes baies, la salle du conseil et des mariages est garnie de vitraux aux armes des chefs-lieux des sept cantons de l’arrondissement et éclairée par trois lustres en cristal du Val-Saint-Lambert. Sept grands panneaux décoratifs de Jos Desmedt figurent un cortège allégorique à la gloire de la ville de Charleroi.
30. La Défense wallonne, 12 juin 1938, p. 1.
1961 : la première assemblée générale de l’Institut Jules Destrée Héritier de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie31, l’Institut Jules Destrée est né de la volonté de créer une association culturelle wallonne. Le 13 janvier 1960, la préfète du lycée de Charleroi Aimée Lemaire32 et quelques autres personnes parmi lesquelles Arille Carlier33 décident de faire renaître l’ancienne société historique sous ce nouveau vocable. La première assemblée générale, le 13 avril 1961, est l’occasion de faire le bilan d’une première année d’activités. Un nouveau comité est constitué, sous la présidence de Maurice Bologne34. Actuellement, l’Institut Jules Destrée 31. Voir les articles sur l’hôtel de Grady et la maison Havart à Liège p. 36 et 47. 32. Aimée Lemaire (1904-1998). Militante socialiste et épouse de Maurice Bologne, elle participe à des opérations de résistance et devient, en février 1943, préfète des études de l’école moyenne pour filles de Charleroi. Le 11 septembre 1944, après la libération de la ville, c’est dans son lycée que le local de Wallonie libre sera officiellement inauguré. Membre fondatrice de la Société historique en 1938, elle est directrice de travaux à l’Institut Jules Destrée de 1960 à 1975. 33. Arille Carlier (1887-1963). Dialectologue et folkloriste, militant wallon dès 1906, il est membre de l’Assemblée wallonne en 1912. Participant aux congrès de la Concentration wallonne, il est membre fondateur de la Société historique, promoteur de la Maison wallonne de Charleroi. Engagé dans « Wallonie libre » durant la guerre, dont il sera membre du directoire de 1945 à sa mort. Membre du comité permanent du Congrès national wallon (1947-1963), il adhère également au Mouvement populaire wallon en 1961. 34. Maurice Bologne (1900-1984). Militant socialiste, il débute ses activités de militant wallon au sein de la Concentration wallonne en 1937. Membre fondateur de la Société historique, il publiera grâce à celle-ci plusieurs ouvrages à caractère historique. Ardent résistant, il est présent au Congrès national wallon de Liège en 1945, dont il sera membre du Comité permanent jusqu’en 1971. Il adhère au Mouvement populaire wallon en 1961 et préside le Comité d’Action wallonne de Charleroi à partir de 1963.
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La façade principale de l’hôtel de ville de Charleroi. G. Focant, DPat © SPW
est toujours en activité, sur les bases de la réorganisation de 1987 : animation, édition et recherche. Il a notamment assuré l’édition de la monumentale Encyclopédie du Mouvement wallon dirigée par Paul Delforge.
De 1933 à 1998 : d’autres grands moments C’est également dans la grande salle des fêtes de l’hôtel de ville de Charleroi que se tint le 16 avril 1988 à l’initiative de José Happart, dans un contexte de crise institutionnelle, le Congrès constitutif du mouvement « Wallonie, Région d’Europe », au cours duquel 1.500 à 2.000 militants revendiquèrent le transfert à la Région de nouvelles compétences significatives accompagnées des moyens financiers adéquats, qui furent en grande partie obtenues les jours suivants dans le cadre de la troisième réforme de l’État.
L’hôtel de ville de Charleroi fut donc le siège d’événements majeurs de l’histoire du Mouvement wallon, mais également le théâtre de nombreuses autres manifestations à l’occasion de réunions militantes se déroulant ailleurs à Charleroi. Le bourgmestre de Charleroi recevait, en effet, régulièrement les congressistes pour une réception d’ouverture de leur Congrès ; ce fut notamment le cas à l’occasion du Congrès de la Concentration wallonne du 17 décembre 1933, du second Congrès national wallon le 11 mai 194635, ou encore de la session extraordinaire du Congrès national wallon du 26 mars 195036. L’hôtel de ville abrite aussi le Musée Jules Destrée, installé dans les combles du bâtiment depuis 1988, et retraçant l’action et la personnalité de cette grande figure du Mouvement wallon. 35. Voir l’article sur le théâtre de l’Éden de Charleroi p. 22. 36. Voir l’article sur l’Université du Travail à Charleroi p. 24.
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Sur les traces du Mouvement wallon
4. CHARLEROI, le théâtre de l’Éden Boulevard Jacques Bertrand, 3
Réalisé par l’architecte Auguste Cador en 1884-1885, il s’agit du premier théâtre en matériaux durables de Charleroi. Le corps principal, élevé en brique et en calcaire, présente une façade de trois niveaux et cinq travées sous un fronton triangulaire. Ce volume est prolongé vers la rue de France par un bâtiment fort simple, structuré par des pilastres de brique. Racheté par la province du Hainaut peu avant la Seconde Guerre mondiale, il passe sous la gestion de la Maison de la culture de Charleroi en 1992, devenu Centre culturel de Charleroi, qui procède à sa rénovation en 1996-1997 sous la direction des architectes Pierre et Pablo Lhoas.
1946, 1953, 1957 : trois fois l’hôte du Congrès national wallon Après celui de Liège en 194537, le second Congrès national wallon se déroule au « théâtre provincial de Charleroi »38, les 11 et 12 mai 1946, alors que la ville s’est drapée aux couleurs wallonnes. La commission des griefs, constituée lors du précédent congrès, y présente son rapport et classe les griefs wallons en quatre catégories : griefs administratifs, culturels, économiques et agricoles. Constat est déjà fait que sous ces quatre angles, la Flandre est privilégiée par rapport à la Wallonie. La seconde grande question débattue à Charleroi concerne le fédéralisme. La motion votée à l’issue de ce Congrès se prononce clairement pour un fédéralisme à deux. Une commission, chargée d’y travailler à l’issue du Congrès, aboutira au dépôt (purement symbolique) d’un projet de loi au Parlement le 25 mars 1947, optant pour le confédéralisme : deux États (Wallonie et Flandre) et une région fédérale (Bruxelles)39. Après quelques années, l’Éden retrouve à nouveau le Congrès national wallon et accueille sa septième session, les 3 et 4 octobre 1953, trois ans après le précédent 37. Voir l’article sur le parc de la Boverie à Liège p. 56. 38. Le Soir, 13 mai 1946, p. 3. Racheté par la province, l’Éden était parfois nommé « théâtre provincial » ou encore « théâtre communal de Charleroi ». Ces dénominations, courantes dans la presse, seront néanmoins éphémères. 39. Voir l’article consacré au théâtre royal de Namur p. 85.
congrès. Plusieurs sujets sont débattus : les congressistes tracent un projet de frontière linguistique40, se prononcent encore et toujours pour le fédéralisme après l’échec du projet parlementaire et appuient l’initiative du manifeste Schreurs-Couvreur41. Après une nouvelle pause de plusieurs années, le huitième Congrès national wallon se retrouve au même endroit, les 25 et 26 mai 1957. La participation est d’emblée bien moins encourageante : bon nombre de congressistes, déçus par l’action des six ministres wallons du gouvernement socialiste-libéral, décident de ne pas se rendre au Congrès. Les membres présents doivent faire face à une crise de confiance chez les militants wallons et, dans sa motion finale, le Congrès ne fait que réaffirmer la volonté d’autonomie de la Wallonie, prônée depuis 1945. La vie du Congrès national touche à sa fin et les militants ne peuvent que se rendre compte de l’importante baisse d’influence de cet organe sur la politique wallonne. Une neuvième et dernière session sera convoquée à Liège en 195942. 40. La frontière linguistique ne sera pourtant officiellement dessinée que dix ans plus tard. 41. Il s’agit d’une initiative ayant pour but le dialogue entre Wallons, Flamands et Bruxellois. Un manifeste des intellectuels wallons et flamands est rédigé en décembre 1952. Suivront un Collège wallon-flamand (octobre 1954) et une journée d’étude des fédéralistes wallons et flamands (15 octobre 1961 – Voir l’article sur le palais des Congrès de Liège p. 50). 42. Voir l’article sur le palais des Congrès de Liège p. 50.
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Sur les traces du Mouvement wallon
5. CHARLEROI, l’Université du Travail Boulevard Solvay, 31 Monument classé le 16 juin 2004
En juillet 1901, le jeune avocat socialiste Paul Pastur suggère la création d’un grand ensemble scolaire et muséal consacré à l’industrie. Son idée est à la base de la réalisation d’un imposant complexe. Construits selon les plans d’Albert et Alexis Dumont, les bâtiments de l’Université du Travail sont inaugurés en mai 1911. Chef-d’œuvre de l’architecture néoclassique, le bâtiment Gramme en constitue la construction principale. On y accède par un escalier monumental à un hall comportant un portail s’ouvrant par trois arcades enrichies de vitraux d’inspiration Art nouveau représentant les piliers de l’industrie régionale : le charbon, le verre et le fer. La principale innovation de ce bâtiment réside dans les deux grandes verrières constituant les pignons des deux grandes halles que réunit la colonnade. En 1913, l’Université du Travail est divisée en trois écoles : l’École industrielle, l’École professionnelle du jour et les Écoles professionnelles du soir et du dimanche. Ces bâtiments, dont le plus récent date de 1962, forment encore aujourd’hui un imposant ensemble, le plus grand complexe d’enseignement de la région de Charleroi.
1950 : le sixième Congrès national wallon Le Congrès wallon extraordinaire de Charleroi du 26 mars 195043 est convoqué d’urgence suite aux événements qui secouaient le pays. En pleine question royale, les Wallons s’étaient prononcés quelques jours auparavant contre le retour de Léopold III44. La volonté du gouvernement d’ignorer la césure entre le sud et le nord du pays avait incité le Comité permanent du Congrès national à convoquer une réunion rapidement pour se prononcer sur le sujet. Malgré le court délai de convocation, plus de mille congressistes45 décidèrent de se rendre à l’Université du Travail, après une réception et un discours d’ouverture du bourgmestre Tirou46 à l’hôtel de ville.
43. Le 6 e Congrès national est aussi dénommé « extraordinaire » car il n’avait pas été prévu au départ par le Comité permanent. 44. La consultation populaire du 12 mars 1950 avait, en effet, vu le « non » l’emporter au sud du pays, alors que le nord avait massivement voté « oui ». 45. S chreurs, F., Les congrès de Rassemblement wallon de 1890 à 1959, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1960, p. 42-43. 46. Joseph Tirou (1876-1952). Libéral, échevin, puis bourgmestre de Charleroi (1925-1952), sénateur (1939-1946), il siège également à l’Assemblée wallonne de 1927 à 1940 et il est membre du Comité permanent du Congrès national wallon.
Présidé par Joseph Merlot47, le Congrès voit tous les orateurs s’opposer au retour du roi et défendre la cause wallonne, tout comme la résolution adoptée en fin de séance qui, entre autres, demande une représentation paritaire des Wallons et des Flamands au sein du Parlement fédéral.
De 1912 à 1987, de nombreux autres événements Depuis sa création, l’Université du Travail a souvent été le théâtre d’événements liés au Mouvement wallon. Elle accueillit ainsi la séance constitutive de l’Assemblée wallonne le 20 octobre 191248, mais aussi plusieurs manifestations plus récentes, telles qu’une exposition Jules Destrée (13 au 27 février 1976), la première journée d’étude consacrée à l’histoire du Mouvement wallon (21 février 1976) ou encore le premier des quatre Congrès de prospective sur La Wallonie au futur (17 et 18 octobre 1987). 47. Joseph Merlot (1886-1959). Socialiste, bourgmestre de Seraing en 1921, plusieurs fois ministre entre 1936 et 1949. Résistant, arrêté et déporté, il participe au Congrès national wallon de 1945 à son retour de captivité et en devient le président du Comité permanent jusqu’à sa mort. 48. Voir l’article sur l’hôtel de ville de Liège p. 38.
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La Houille. Vitrail de l’Université du Travail à Charleroi. G. Focant, DPat © SPW
Le Congrès national wallon organise un congrès extraordinaire, à Charleroi, le 26 mars 1950. Photo Robyns – Coll. Institut Jules Destrée
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6. DINANT, le Castel de Pont-à-Lesse Pont-à-Lesse, 31 à Anseremme
C’est en 1948 que les Métallurgistes FGTB de la province de Liège acquièrent près de Dinant, sur la commune d’Anseremme, le château Brugman, édifice néoclassique en L, en brique peinte, du premier tiers du xixe siècle, doté de dépendances néobaroques en calcaire de la fin du xixe siècle. Ils le transforment en « Castel des syndicats » pour permettre aux travailleurs de profiter le mieux possible de leurs congés payés. Cet ancien établissement de tourisme social, aujourd’hui reconverti en hôtel privé exploité par le groupe Accor sous l’enseigne Mercure, a accueilli durant des décennies quantité de formations, de conférences et de réunions de la FGTB wallonne.
Le Castel de Pont-à-Lesse, actuel hôtel Mercure. G. Focant, DPat © SPW
1950, 1962 : André Renard dans la question wallonne Plusieurs témoignages49 font état d’un projet de gouvernement provisoire wallon à la fin de juillet 1950, au plus fort de la crise royale, dans lequel le leader des Métallos FGTB liégeois était impliqué. Selon un autre syndicaliste, Robert Moreau (qui deviendra plus tard Secrétaire d’État RW en 49. Soigneusement confrontés et analysés d’un œil critique par Pierre Tilly (André Renard, Bruxelles, Le Cri, 2005, p. 308-309).
1974), André Renard était au Castel de Pont-à-Lesse le 29 juillet 1950 pour y rédiger avec d’autres syndicalistes, non liégeois, une déclaration d’autonomie de la Wallonie. Douze ans plus tard, c’est en tout cas à Pont-à-Lesse que Renard, le 24 juin 1962 – moins d’un mois avant son décès le 20 juillet suivant –, eut sa dernière réunion avec les cinquante cadres du MPW, dans la foulée de la grande manifestation organisée par celui-ci le 15 avril à Liège, pour arrêter un programme de développement du Mouvement constitué sous son impulsion sept mois plus tôt.
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7. DINANT, l’hôtel de ville Rue Grande, 112
Imposante bâtisse de briques et pierre calcaire, l’hôtel de ville de Dinant occupe actuellement l’emplacement d’une ancienne résidence des princes-évêques de Liège édifiée par Joseph-Clément de Bavière et occupée par le maire de la ville après la mort de ce dernier en 1723. Il fut reconstruit en 1924-1925 par les architectes bruxellois R. Monnaert et F. Petit en style néoclassique, tout en restant fidèle à la construction d’origine, détruite par un incendie en août 1914. L’édifice se compose de deux ailes à deux niveaux dans l’angle desquelles se niche, en oblique, l’entrée monumentale en pierre de taille. La façade de droite comporte neuf travées de baies encadrées de pierres dans un parement de brique. Celle de gauche n’en compte que six seulement. Le long du fleuve, la façade a été reconstruite à l’identique, à l’exception de la substitution de la toiture originelle à la Mansart par une bâtière à croupes. Une tour coiffée d’un haut bulbe amorti par un campanile termine l’édifice.
L’hôtel de ville de Dinant. G. Focant, DPat © SPW
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1948 : l’Association des Bourgmestres de Wallonie50
Le Mouvement wallon souhaitait sensibiliser les édiles communaux aux problèmes wallons. L’idée d’un organe ad hoc fut avancée pour la première fois par Fernand Schreurs51 lors du Congrès national wallon de Namur en 194752. La concrétisation du projet aura lieu un an plus tard au travers de la création d’une Association des Bourgmestres de Wallonie, indépendante de tout parti. Une première réunion est organisée le 3 novembre 1947, à Liège, à l’instigation du bourgmestre de la cité ardente, Paul Gruselin53, mais à ce moment, tous les bourgmestres des grandes villes wallonnes ne se sont pas encore prononcés sur le sujet. C’est finalement à l’invitation du bourgmestre de Dinant que la première séance de l’Association, présidée par Paul Gruselin, se tiendra en l’hôtel de ville de Dinant 50. Delforge, P., Association des bourgmestres de Wallonie, in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 1, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 73-74. 51. Fernand Schreurs (1900-1970). Docteur en droit, militant à la Ligue d’Action wallonne, résistant au sein du Mouvement wallon clandestin Sambre et Meuse, puis dans Wallonie libre, il devient, en 1945, membre du Comité permanent du Congrès national wallon et secrétaire de celui-ci jusqu’à sa mort. Président du Comité central d’Action wallonne de 1962 à 1964, Fernand Schreurs est également un fédéraliste de la première heure. 52. Concernant cet événement, voir l’article sur le théâtre royal de Namur. 53. Léopold dit Paul Gruselin, (1901-1985). Ouvrier-mineur, puis docteur en droit, député socialiste de Liège, il prend une part active à la résistance et est arrêté en 1944. Membre du Congrès national wallon à la libération, il est bourgmestre de Liège de 1945 à 1958. Membre du Comité permanent du Congrès national wallon de 1947 à 1971.
le 6 juin 1948. Numériquement dominés par leurs collègues flamands, les députés wallons ne se sentaient pas entièrement en mesure de pouvoir défendre la Wallonie au Parlement et comptaient sur les élus locaux pour les épauler dans cette tâche : les bourgmestres, à la différence des parlementaires, avaient le pouvoir de faire flotter le coq sur les maisons communales et étaient au cœur des manifestations de septembre. Ils avaient dès lors un rôle de proximité à jouer en faveur du Mouvement wallon. Si l’existence de cette Association fut éphémère, les bourgmestres wallons eurent à d’autres reprises l’occasion de se mobiliser dans un but wallon commun, notamment en 1967, lorsque l’économie wallonne avait l’opportunité de bénéficier d’aides européennes, mais que le Gouvernement belge ne la saisissait pas ; dix-huit bourgmestres wallons54 décidèrent de reprendre la démarche à leur compte et réussirent à obtenir une réponse favorable en février 1968, même si la chute du Gouvernement remit le projet à plus tard. Cet événement fut significatif d’une possibilité d’action commune des pouvoirs locaux wallons, timidement annoncée dans l’Association de 1948, et définitivement concrétisée quarante-cinq ans plus tard avec la fondation en 1993 de l’Union des Villes et Communes de Wallonie. 54. Il s’agit des bourgmestres d’Arlon, Athus, Aubange, Auvelais, Charleroi, Flémalle, Huy, La Louvière, Liège, Messancy, Mons, Mouscron, Namur, Saint-Mard, Saint-Servais, Seraing, Tournai et Verviers.
Affiches de deux manifestations wallonnes qui revendiquèrent notamment le respect de la volonté des Fouronnais de demeurer en Province de Liège (voir page suivante) 28
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8. FOURONS, plaie ouverte… Anciennement province de Liège, actuellement province du Limbourg
Fin 1981 sortait sur les écrans Le Grand Paysage d’Alexis Droeven, avec Nicole Garcia, un film de Jean-Jacques Andrien (qui réalisa plus tard Australia, sur la déconfiture du textile verviétois). Dans Le Monde, José Fontaine salua cette réalisation comme « le premier grand film d’un cinéma wallon » qui était loin d’avoir conquis ses actuelles lettres de noblesse. Forte de splendides images en noir et blanc, l’œuvre décrivait un monde rural confronté aux violences des milices flamingantes sous le regard complaisant de gendarmes flamands, venant les unes et les autres imposer par la force et l’intimidation, avec la complicité passive d’une partie du monde politique wallon, une loi scélérate dénoncée alors par la population concernée – et par l’ensemble du Mouvement wallon – depuis près de vingt ans.
Manifestants flamands agressant un francophone et s’en prenant à une maison dans les Fourons en 1980 (extrait d’une affiche vendue en solidarité par l’Action fouronnaise)
Officiellement annexés à la Flandre depuis près d’un demi-siècle maintenant et progressivement « flamandisés » avec succès puisqu’une majorité néerlandophone s’y est imposée lors du scrutin communal de 2000 grâce notamment au vote de nombreux Néerlandais émigrés, les villages des Fourons, soit quelque 50 km 2 au nord d’Aubel peuplés d’un peu plus de 4.300 habitants, ont constitué pendant longtemps l’un des plus importants points de cristallisation du différend entre les deux grandes communautés, et ont incontestablement joué un rôle important dans la prise de conscience de la minorisation wallonne et dans la progression des partis fédéralistes wallons. C’est qu’en 1962 le transfert des Fourons de la province de Liège vers celle du Limbourg avait été décidé contre la volonté très nettement exprimée de la majorité « pro-liégeoise » (en voie de franci-
sation) de la population, par une majorité des parlementaires flamands contre une majorité des élus wallons, à une époque où aucun des mécanismes de protection des minorités n’avait encore été mis en place au niveau de l’État central. Aujourd’hui, les Fourons restent pour les plus combatifs des militants wallons le souvenir ineffaçable de la violence des milices d’extrême droite du mouvement flamand dans les années 1970 et 1980, le symbole de l’intransigeance et de la ténacité de celui-ci comme de son emprise sur le monde politique de Flandre, le fruit amer enfin de nombreux « Munich » francophones successifs, et une plaie toujours ouverte – parmi d’autres du même acabit – au flanc de l’État et au cœur des démocrates du sud du pays… 29
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9. LIÈGE, l’athénée Destenay Boulevard Saucy, 16
Suite à l’installation d’une école moyenne dans les locaux de l’école industrielle, sise jusque-là rue des Croisiers, décision est prise de construire un nouveau bâtiment pour abriter l’institution, sur les plans des architectes Louis Boonen et Joseph Lousberg. Facilement accessible depuis la construction d’une passerelle en 1878, le boulevard Saucy s’impose au choix du collège communal. Située sur l’ancien bief de Saucy comblé en 1872, l’école industrielle s’installe donc dans un nouveau quartier sortant de terre à la fin du xixe siècle. L’édifice est terminé en 1881 et inauguré en 1883. Bâtiment imposant de style néoclassique, l’école industrielle présente une riche façade : frise de feuillage en pierre, fronton à colonnes et linteaux de fenêtres en alternance de pierres. Un œil-de-bœuf, dans lequel l’architecte pensait installer une horloge, anime également cette façade. Le fronton comporte une haute statue en pierre, Le Métallurgiste, réalisée sur concours par le statuaire Guillaume Beaujean. Cette œuvre, imposante dans ses dimensions, renforce le caractère néoclassique du monument, déjà étayé par le jeu des colonnades. Le bâtiment a été surélevé au milieu des années 1950, sur ses deux ailes, par un troisième étage en briques rouges. Dans la cour trône un bronze représentant Zénobe Gramme, ancien élève de l’école (lorsqu’elle était rue des Croisiers), réalisé par le sculpteur liégeois Joseph Sauvage. Un intéressant monument aux morts des deux guerres mondiales se trouve au premier étage depuis 1946. Depuis 1962, le bâtiment abrite les locaux d’une école secondaire, l’athénée communal Maurice Destenay (aussi appelé athénée Saucy).
1912 : le septième Congrès wallon55
1913 : le huitième Congrès wallon
Organisé par la Ligue wallonne de Liège, le Congrès wallon se déroule pour la première fois dans les locaux de l’école industrielle, le 7 juillet 1912, six ans après le dernier Congrès et sous la présidence de Julien Delaite. De nombreux sujets sont à l’ordre du jour : flamandisation de l’Université de Gand, défense de la langue et de la littérature wallonnes, mise en valeur de l’histoire wallonne. Au cours des débats, le projet de Delaite en faveur d’une séparation administrative fait l’objet d’un débat vif et d’un vote favorable56. Pour la première fois depuis 1890, un Congrès wallon opte pour le fédéralisme. C’est en rentrant du Congrès que Jules Destrée conçoit sa « Lettre au Roi » sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre.
À nouveau organisé par la Ligue wallonne de Liège, le Congrès du 6 juillet 1913 présidé par Delaite est essentiellement culturel : mise en valeur de l’histoire wallonne, littérature et philologie wallonnes en sont les thèmes principaux. Le Congrès est également l’occasion de s’insurger contre la récente loi sur l’emploi du flamand à l’armée57. Ce congrès, qui aura bien moins de répercussions que le précédent, clôture une série de Congrès organisés à Liège. Un dernier Congrès wallon sera organisé à Verviers58 peu avant l’invasion.
55. Voir Carlier, P. et Libon, M., Le congrès wallon de 1912, in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 1, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 356-358. 56. Schreurs, F., Les congrès de rassemblement wallon de 1890 à 1959, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1960, p. 19
57. La loi de Brocqueville imposait aux gradés la connaissance du flamand et, de ce fait, écartait de nombreux Wallons d’une carrière militaire. 58. Voir l’article sur l’hôtel de ville de Verviers p. 92.
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L’athénée Destenay, boulevard Saucy. G. Focant, DPat © SPW
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10. LIÈGE, le cinéma Palace Ancien hôtel Mohren, rue Pont d’Avroy, 21
L’hôtel Mohren, devenu par la suite Liège-Palace, puis le cinéma Palace, est un des premiers grands music-halls de la ville. Construit dans la rue Pont d’Avroy lorsqu’elle fut considérablement élargie (12 m de plus) en vue de l’exposition universelle de 1905, il intègre les bâtiments d’un premier hôtel Mohren, aménagé en 1876 par l’architecte Castermans. Bâtiment de deux travées courant jusqu’à la place Saint-Paul, il est doté d’une nouvelle façade donnant sur la rue Pont d’Avroy en 1905-1906. Il s’agit d’un bâtiment asymétrique dont le rez-de-chaussée et le premier étage ont été plusieurs fois remaniés (dont une dernière fois en 2006), les étages supérieurs restant intacts. Les éléments architectoniques, composites, sont très travaillés : bossages, ressauts, volutes, pilastres engagés, chapiteaux corinthiens, frontons, modillons, balustrades… L’immeuble s’intègre parfaitement au style éclectique des bâtiments de la rue. L’étonnante façade de la place Saint-Paul, datant quant à elle de 1910, est l’œuvre de l’architecte Clément Pirnay.
1909 : l’Assemblée constitutive des « Amitiés f rançaises »59 Les Amitiés françaises sont constituées à Liège, à l’initiative d’Émile Jennissen60, le 2 septembre 1909, pour faire connaître la culture française en faisant plus que les associations de défense de la langue française. Le siège social est fixé à Liège et Jennissen est élu secrétaire général. Ce premier groupement liégeois est rapidement suivi par d’autres, à commencer par les Amitiés françaises de Mons le 10 mai 1910. Ensuite, la plupart des villes wallonnes créeront 59. Kesteloot, C., Amitiés françaises, in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 1, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 43-45.- Les Amitiés françaises, Liège (1909-1959), Liège, Amitiés françaises, 1959. 60. Émile Jennissen (1882-1949). Docteur en droit avant de parfaire sa formation à Paris, où son attachement pour la France prend une véritable dimension. Présent au Congrès wallon de 1905, il publie plusieurs articles et collabore à plusieurs revues à caractère francophile. Fondateur et secrétaire général des « Amitiés françaises » à partir de 1909. Membre de l’Assemblée wallonne et militant de la Concentration wallonne, il adhère également à la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie (voir les articles sur la Maison Havart et l’hôtel de Grady à Liège p. 36 et 47). Jennissen fut également conseiller communal et député de Liège, ainsi qu’échevin de l’Instruction publique.
leur groupe61, chacun composé d’intellectuels attachés à la Belgique, mais animés d’une réelle volonté de bénéficier et de faire profiter leur pays de la richesse de la culture française. Ces ligues locales se retrouvent au sein de la Ligue internationale des Amitiés françaises, une structure de plus grande ampleur regroupant des Français de France et d’ailleurs. Cette structure est dirigée depuis Paris et organise les Congrès internationaux. Le premier Congrès international se déroule à Mons en 191162. En dehors de ces manifestations internationales, chaque section est libre d’agir de son propre chef, via notamment l’organisation de conférences. Après 1945, les diverses sections se maintiennent essentiellement à Liège, Mons, Charleroi et Namur. Aujourd’hui, un siècle après leur création, elles subsistent à Liège (surtout), Charleroi et Bruxelles même si leurs activités sont fortement restreintes. 61. Verviers en 1910 également, Tournai en 1911, Charleroi, Dinant et La Louvière après la Première Guerre mondiale. De nombreuses sections virent également le jour dans les grandes villes de Flandre. Toutefois, l’existence de ces dernières fut éphémère : la plupart des sections du nord du pays disparurent avant la Seconde Guerre mondiale. 62. Voir l’article sur l’Institut commercial des industriels du Hainaut à Mons p. 92.
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Le cinéma Palace à Liège. G. Focant, DPat © SPW
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11. LIÈGE, l’ancien couvent des Frères mineurs Cour des Mineurs Monument classé le 3 février 1953
Les bâtiments actuels, édifiés par les Frères mineurs à partir de 1655, constituent un ensemble architectural d’une grande importance au cœur de Liège. De style Renaissance mosane, ils sont construits autour d’un quadrilatère en briques et calcaire de deux étages percés de baies et couverts de bâtières d’ardoises. Le cloître du couvent est relié à un autre bâtiment, la maison Chamart jadis réservée au supérieur de la communauté religieuse, par une galerie qui permet le passage entre deux cours. Cette maison s’élève sur trois niveaux et date de 1670. Un pignon est flanqué à gauche d’une tour carrée caractérisée notamment par des blasons sculptés en tuffeau. Gravement sinistrés au cours de la Seconde Guerre mondiale, les bâtiments conventuels ont été rénovés entre 1963 et 1970 en respectant le style ancien tout en s’adaptant à une affectation muséale. Ils viennent d’être remaniés en 2008 dans le même esprit mais avec encore plus d’audace, dans la foulée du renouvellement de la scénographie du musée.
L’ancien couvent des Frères mineurs, actuellement siège du Musée de la Vie wallonne. G. Focant, DPat © SPW
1913 : le Musée de la Vie wallonne63 Pensé et voulu par la Société de Littérature wallonne dès 1907 pour sauver la langue, les objets et les traditions de Wallonie, le Musée de la Vie wallonne fut créé en 1913 et d’abord installé dans des locaux abandonnés par l’Académie des Beaux-Arts, puis dans des dépendances en Féronstrée. Dirigé par Joseph-Maurice Remouchamps64 à 63. Pinon, R., Le folklore et les traditions populaires de Wallonie. L’exemple du Musée de la Vie wallonne à Liège, in Courtois, L. et Pirotte, J. (dir.), Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, Louvain-la-Neuve, 1999, p. 121-135. 64. Joseph-Maurice Remouchamps (1877-1939). Avocat de formation, il se consacre essentiellement au Mouvement wallon à partir de 1911. Il participe à la fondation de l’Assemblée wallonne en 1912 et en devient le secrétaire général en 1919.
sa création, puis par son fils Édouard en 1939, le musée développe ses activités au travers d’une importante collection qui retrace l’histoire de la vie quotidienne et des métiers traditionnels de Wallonie : cadres familiaux, objets usuels, instruments agricoles, marionnettes, cultes populaires, etc., au point de devenir le plus important musée d’ethnographie et de folklore de Wallonie. Le Musée s’installe progressivement dans l’ancien couvent des Frères mineurs entre 1963 et 1971 ; il possède aussi une importante bibliothèque riche en ouvrages et archives d’ethnographie régionale et il contribue à de nombreuses publications depuis sa création. Depuis 2004, il abrite également le Fonds d’histoire du Mouvement wallon et, depuis 2005, la bibliothèque des dialectes de Wallonie.
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12. LIÈGE, l’hôtel de l’Europe Bâtiment disparu à l’actuel carrefour de la rue Joffre et de la place Verte
Appelé Grand Hôtel jusque 1923, l’hôtel de l’Europe faisait partie des nombreux bâtiments construits dans les années 1880 sur la place Verte dont le tracé avait été modifié par la ville de Liège en 1849 afin de lui donner un nouvel alignement. Construit à l’angle des anciennes place Verte et rue Joffre et aujourd’hui disparu, comme la plupart des bâtiments de la place, l’hôtel de l’Europe se dressait à l’actuel emplacement de l’îlot Saint-Michel. Cet ensemble néoclassique présentait deux façades rythmées par des pilastres engagés. Côté rue Joffre, la travée centrale était soulignée par un décrochement de la marquise, un fronton triangulaire et une toiture en pavillon (cône tronqué percé d’œils de bœuf et sommé de ferronneries). Ce dispositif de toiture était répété aux trois angles à rue du bâtiment.
Le Grand Hôtel, devenu l’hôtel de l’Europe, aujourd’hui disparu © Collection privée
1927, 1929, 1930 : trois Congrès d’Action wallonne Entre 1927 et 1930, la Ligue d’Action wallonne de Liège tiendra trois fois son Congrès dans cet hôtel encore connu dans la mémoire de certains Liégeois comme le Grand Hôtel. Le quatrième Congrès, réuni les 9 et 10 juillet 1927 dans la salle japonaise de l’hôtel, se préoccupe principalement de questions économiques : équipement de la Wallonie, union douanière avec la France et gestion du réseau wallon de canaux. Deux ans plus tard, le sixième Congrès retrouve l’hôtel de l’Europe les 6 et 7 juillet 1929. Plus culturel que les précédents, il voit également la création d’une commission chargée de réaliser un nouveau programme pour la Ligue. Le septième et dernier Congrès, réuni dans la salle japonaise le 6 avril 1930, se penche sur les projets établis
par la commission créée l’année précédente. Après de longues discussions, les congressistes décident d’adopter une motion en faveur de la formation tant à la Chambre qu’au Sénat d’un bloc wallon uni afin de faire entendre les revendications wallonnes. Enfin, l’Action wallonne proclame le droit de la Wallonie à disposer d’elle-même si la sauvegarde de son intégrité l’exigeait. Après la réforme de son programme à l’issue de ce septième Congrès, la Ligue d’Action wallonne se dote d’un Comité central qui, en remplaçant le Comité d’Action wallonne, va devenir l’organe directeur de la Ligue. Ce Comité central décidera la création de la Concentration wallonne et organisera son premier Congrès, toujours à Liège, à l’occasion du centenaire de l’indépendance, les 27 et 28 septembre 193065. 65. Voir l’article sur le théâtre du Trianon à Liège p. 62.
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13. LIÈGE, l’hôtel de Grady Rue Hors-Château, 5 Monument classé le 7 octobre 1941
Construit en brique et calcaire, l’hôtel de Grady, également appelé de Sklins ou de Spirlet, est un des nombreux hôtels de maître de la rue Hors-Château. Commandité par Nicolas de Spirlet, il est composé de neuf baies rythmant les deux niveaux qui posent sur un haut soubassement en pierre. Les trois travées centrales sont couronnées d’un fronton triangulaire qui présente une allégorie des fonctions de conseiller. Un porche cintré s’ouvre vers la cour intérieure bordée de bâtiments. La façade porte le millésime de 1765. L’hôtel de Grady illustre la richesse du statut social de cette artère liégeoise au xviiie siècle. La beauté de ses décors intérieurs, notamment des peintures de Henri Deprez, stucs, boiseries et cheminées, traduit le raffinement de l’art de vivre à l’époque. Actuellement, l’hôtel de Grady abrite une partie de l’École d’hôtellerie de Liège.
1935 : la Maison wallonne de Liège Fondée en 1930, la Maison wallonne de Liège s’inscrit dans un mouvement né après la Première Guerre mondiale. La première association du genre avait été créée à Bruxelles en 1921, et de grandes villes wallonnes avaient suivi66. Les diverses associations wallonnes pouvaient se retrouver dans ces maisons, mettre en commun leurs initiatives et développer ensemble leurs activités. Prenant la forme d’une coopérative, la Maison wallonne de Liège naît donc au moment de l’exposition internationale de 1930, organisée à Liège à l’occasion du centenaire de l’indépendance67. Installée en premier lieu sur le boulevard de la Sauvenière, la Maison wallonne déménage en 1935, en Hors-Château, dans l’hôtel de Grady. Une association des Amis de la Maison wallonne prendra alors la suite de la coopérative. Composée de responsables issus des milieux culturels wallons, elle est ouverte à tous. Pourtant, en raison de tensions avec le Front démocratique wallon68, elle sera contrainte de fermer peu avant la guerre : les Amis restent ensuite actifs, mais la Maison wallonne n’existe plus. Il faudra attendre le 13 avril 1957 pour que soit inaugurée une Nouvelle Maison wallonne, au boulevard de la Sauvenière, qui restera ouverte jusqu’en 1998.
66. Namur en 1932, Charleroi en 1938 et Gembloux en 1963. Voir Delforge, P., Maisons wallonnes, in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 2, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 1062-1064. 67. Cette exposition n’était pas considérée comme « universelle » car elle était spécialisée dans les sciences et la grande industrie. 68. Mouvement créé en 1936 suite à la victoire des rexistes aux élections du 24 mai 1936 et se réclamant de l’idée wallonne. Le mouvement connaît néanmoins une existence éphémère et ne survit que jusqu’en 1940. Voir Delforge, P., Front démocratique wallon (1936-1940), in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 2, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 679-680.
1938 : l’assemblée de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie Réunis le samedi 11 juin 1938 autour du président de la Concentration wallonne, l’abbé Jules Mahieu69, sept militants wallons décident de créer une société savante, la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie70. Les premiers travaux de la société sont prolifiques : cinq assemblées sont organisées en deux ans, dont la première à l’hôtel Cosmopolite de Namur71. La seconde se tient à Liège, dans les locaux de la Maison wallonne, le 29 octobre 1938, toujours sous la présidence de Jules Mahieu. On y signe l’acte constitutif de l’association. Trois personnalités d’envergure se trouveront à la tête de celle-ci : Jules Mahieu (président), Maurice Bologne (secrétaire) et Robert Grafé72 (administrateur). La société présente son programme et son but principal : par des communications et des publications, faire connaître l’histoire de la Wallonie au peuple wallon. En 1960, la Société deviendra l’Institut Jules Destrée, toujours en activité actuellement.
69. Jules Mahieu (1897-1968). Ordonné prêtre en 1922, il devient curé à Roux (actuellement commune de Charleroi). Très tôt en rapport avec la Ligue wallonne de Charleroi, il abandonne son ministère et commence à écrire dans plusieurs revues wallonnes. Fidèle du pèlerinage de Waterloo, il rejoint définitivement le Mouvement wallon après les élections de 1936 et devient président de la Concentration wallonne en 1937. Au service de la France pendant la guerre, il garde de nombreux contacts avec la Wallonie, mais devient prêtre en France, où il meurt en 1968. 70. Voir Destatte, P., Institut Jules Destrée (1938-1998), in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 2, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 842-845. 71. Voir également l’article concernant la maison Havart de Liège p. 47. 72. Robert Grafé (1896-1968). Docteur en philosophie et lettres, membre fondateur de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie. Membre de Wallonie libre durant la guerre, puis du Congrès national et de l’Association pour le progrès intellectuel de la Wallonie en 1945. Membre titulaire de la Société de langue et littérature wallonnes en 1954, il participe également au second Congrès culturel wallon de 1955 (voir l’article sur la salle académique de l’Université de Liège p. 60). Grand littérateur, il développe une activité dialectale intense.
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14. LIÈGE, l’hôtel de ville Place du Marché, 2 Monument classé le 13 novembre 1942
Construit entre 1714 et 1729 à l’emplacement de l’ancienne maison de ville gothique détruite par les Français en 1691 et situé en face du Perron, symbole des libertés urbaines liégeoises, l’hôtel de ville est un imposant bâtiment en U de deux étages alternant la brique et la pierre calcaire. Au sommet de la composition se trouve un fronton triangulaire portant le millésime de 1718, date de la première réunion des bourgmestres, ainsi que les armes du prince-évêque Joseph-Clément de Bavière et celles des deux bourgmestres de l’époque, Michel-Nicolas de Lothier et Louis-Lambert de Liverlo. Surnommé « La Violette », le bâtiment est accessible par un imposant escalier à double rampe et triple volée. Le hall d’entrée est orné de huit colonnes, de quatre pilastres en pierre noire et d’une tribune soutenue par quatre atlantes en chêne. L’hôtel de ville comporte de nombreux salons richement décorés dont la majestueuse salle du Conseil communal et l’ancienne salle des mariages, décorées de stucs, marbres, tapisseries et toiles peintes. L’hôtel de ville de Liège est reconnu patrimoine exceptionnel de Wallonie depuis 2002.
1913 : la formation du Comité d’Action wallonne de Liège73 Le Comité d’Action wallonne entend regrouper toutes les Ligues wallonnes actives dans l’arrondissement de Liège et défendre la cause wallonne via la création et le soutien de nouveaux groupes utiles à celle-ci. Constitué dans la salle du Conseil communal le 16 novembre 1913, il regroupe plusieurs associations parmi lesquelles les Amitiés françaises de Liège, la Ligue wallonne de Liège ou l’Union des femmes de Wallonie. En différend avec l’Assemblée wallonne, le Comité verra naître en son sein en 1923 la Ligue d’Action wallonne de Liège74, plus radicale. Au fil des années, les deux associations finiront par se confondre.
7 juillet 191276, elle fonctionne en constituant des commissions chargées de réfléchir chacune sur un thème différent. Sans couleur politique, elle se réunit deux fois par an sous la présidence de Jules Destrée77. Volontairement inactive au cours de la guerre au contraire des mouvements flamingants les plus radicaux, elle se retrouve à Liège le 27 avril 1919 et élimine tout collaborateur qui se trouverait parmi ses membres. L’hôtel de ville de Liège accueille encore l’Assemblée wallonne le 27 mai 1922, en plein débat politique sur la flamandisation de l’Université de Gand.
De 1892 à 1930, d’autres temps forts
L’Assemblée wallonne75, qui se réunira à deux reprises à Liège dans l’Entre-deux Guerres, est le premier organisme wallon unifié. Sorte de parlement du Mouvement wallon, elle est créée en 1912 et étudie toutes les questions en rapport avec la Wallonie. Issue du Congrès wallon du
Liège, ancienne capitale d’État, a toujours joué un rôle moteur dans le Mouvement wallon et son hôtel de ville a été le témoin de nombreux événements importants. À partir de 1924, il accueille la réception des fêtes de Wallonie78 et des discours d’une grande importance politique y sont prononcés. Le bourgmestre et les autorités se réunissent alors sur le balcon devant la foule massée place du Marché et, après les discours, assistent au passage d’un cortège folklorique. La séance matinale du troisième Congrès wallon, le 20 novembre 189279, se déroule dans l’ancienne salle des mariages. Les Congrès tenus à Liège sont l’occasion d’une réception d’ouverture ou d’une soirée où les autorités communales convient les congressistes. Ce fut notamment le cas à l’occasion du premier congrès de la Concentration wallonne le 27 septembre 1930, à l’invitation du bourgmestre Xavier Neujean.
73. Voir Delforge, P., Comité d’Action wallonne et Comité d’Action wallonne de Liège, in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 1, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 305-307. 74. Voir l’article sur l’hôtel Moderne de Liège p. 42. 75. Voir Jaminon, S. et Delforge, P., Assemblée wallonne, in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 1, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 68-73.
76. Voir l’article sur l’athénée Destenay de Liège p. 30. 77. Jules Destrée restera secrétaire général jusque 1919, moment de sa nomination à une fonction ministérielle. 78. Sur l’histoire et la genèse des fêtes de Wallonie, voir l’article sur le parc de l’Harmonie à Verviers p. 94. 79. Voir l’article sur le passage Lemmonier à Liège p. 58.
La salle du Conseil communal Ancien salon des trois corps de ville, cette salle aménagée à partir de 1717 est entièrement ornée de stucs et de nombreuses toiles peintes (plafond et dessus-de-porte). Une cheminée monumentale en marbre et d’élégants lambris de bois peint et doré achèvent la décoration de cette vaste pièce.
1919 et 1922 : deux réunions de l’Assemblée wallonne
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L’hôtel de ville de Liège depuis la place du Marché. G. Focant, DPat © SPW
Enfin, l’hôtel de ville fut le théâtre privilégié d’un événement symbolique de la plus haute importance pour les Wallons qui résistèrent à l’envahisseur en 1914 dans les forts de la ceinture liégeoise : le 24 juillet 1919, en présence des Souverains, les autorités communales recevaient la Légion d’Honneur des mains du Président français en personne, Raymond Poincaré. Cette cérémonie fut également l’occasion pour les Amitiés françaises de Liège de remettre une épée au Maréchal Foch, sur laquelle étaient ciselés un coq et le perron liégeois.
L’ancienne salle des mariages Comportant une grande toile peinte illustrant une scène allégorique, l’ancienne salle des mariages comporte un plafond et des cloisons stuqués peints en blanc, agrémentés par quelques dorures datant de la première moitié du xviiie siècle.
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La salle du Conseil communal de l’hôtel de ville de Liège. G. Focant, DPat © SPW
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En haut. Les membres de l’Assemblée wallonne sur le perron arrière de l’hôtel de ville de Liège (1919) Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège En bas. Liège, fêtes de Wallonie, défilé des sociétés devant l’hôtel de ville (1928) © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège
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15. LIÈGE, l’hôtel Moderne Rue Pont d’Avroy, 29
Érigé en 1906 sur les plans de l’architecte Arthur Snyers dans un style éclectique, l’immeuble s’élève sur cinq niveaux et présente une façade de cinq travées de dimensions égales. Le rez-de-chaussée et l’entresol, aujourd’hui remaniés, présentaient à l’origine deux monumentales entrées de style néoclassique pour le premier et une série de dix balconnets disposés deux par deux pour le second. Le reste de la façade, intact, impose une grande verticalité à l’ensemble : les premier et second étages alternent trois séries de deux bow-windows (de section courbe au centre et de section polygonale sur les extrémités) qui se concluent par un balcon. Le troisième étage, sous les combles, prolongeait les travées en trois pignons à lucarnes (courbe au centre et triangulaire sur les côtés). Cette prolongation a aujourd’hui disparu et a fait place à deux nouveaux étages, construits dans la continuité du premier et du second. Avec cet imposant immeuble, l’architecte joue sur la ligne droite et la ligne courbe, et fait référence autant à l’Art nouveau qu’au néoclassicisme. La riche décoration intérieure, également teintée d’éclectisme, présentait notamment une allégorie des quatre saisons, œuvre de l’artiste liégeois Auguste Donnay1. Transformé en 1957 pour y intégrer une galerie toujours en activité, l’hôtel a définitivement fermé ses portes en 1976, les chambres étant alors transformées en studios.25 1. L’œuvre, riche et monumentale, a malheureusement disparu après son dépôt dans un musée de la ville lors des transformations de 1957. La plupart des décorations intérieures, mises à part celles de l’entresol et du salon Louis XIV, ont également disparu.
1924 : le premier Congrès d’Action wallonne En 1923, le Comité d’Action wallonne de Liège, en différend avec l’Assemblée wallonne, décide de quitter celle-ci et de fonder la Ligue d’Action wallonne de Liège80, où se retrouvent de nombreuses figures de proue liégeoises du mouvement : Émile Jennissen, Auguste Buisseret81 ou encore Lucien Colson82. Plus radicale, la Ligue est persuadée que « la Belgique ne peut poursuivre ses destinées par l’union des deux peuples qui la composent »83. La 80. Voir Jaminon, S. et Delforge, P., Ligue d’Action wallonne de Liège (19231940), in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 2, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 991-995. 81. Auguste Buisseret (1888-1965). Avocat, homme politique libéral, Auguste Buisseret est tour à tour conseiller communal de Liège, échevin, sénateur et Ministre de l’Instruction publique, de l’Intérieur et des Travaux publics dans l’immédiat après-guerre. Bourgmestre de Liège de 1959 à 1963. Membre de la Ligue d’Action wallonne et de la Concentration wallonne, de Wallonie libre (1942-1965) et du Comité permanent du Congrès national wallon (1945-1961). 82. Lucien Colson (1877-1929). Auteur wallon, membre de l’Assemblée wallonne et de la Ligue d’Action wallonne. 83. Jaminon, S. et Delforge, P., Ligue d’Action wallonne de Liège (1923-1940), in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 2, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 991.
Ligue va dès lors s’attacher à créer des sections locales qui l’aideront à organiser la propagande et le recrutement. Le premier Congrès d’Action wallonne a lieu à l’hôtel Moderne, à l’initiative de la Ligue liégeoise, les 13 et 14 juillet 1924. Il réunit à peu près deux cents participants dont Albert Mockel84, Auguste Buisseret, Julien Delaite et Georges Truffaut85. Les congressistes adoptent des résolutions sur l’union douanière franco-belge, sur la loi relative à l’emploi des langues en matière administrative, et surtout sur une solution fédéraliste pour le pays. Six autres congrès seront organisés avant la disparition de la Ligue en 194086.
84. Albert Mockel (1866-1945). Auteur wallon prolifique et militant wallon de premier plan, membre des commissions du Congrès wallon de 1905 et animateur de l’Assemblée wallonne dans l’Entre-deux-Guerres. 85. Georges Truffaut (1901-1942). Conseiller communal socialiste de Liège et député POB. Membre fondateur de la Ligue d’Action wallonne dont il devient le président en 1932, Truffaut s’érige en ardent militant wallon. Impliqué dans la résistance, il rejoint Londres et prononce plusieurs appels aux Wallons dans lesquels il les exhorte à résister. Il est tragiquement décédé lors d’un exercice militaire en Angleterre, le 3 avril 1942. 86. Voir l’article concernant l’hôtel de l’Europe à Liège p. 35.
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La façade de l’ancien hôtel Moderne à Liège. G. Focant, DPat © SPW
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16. LIÈGE, l’îlot Saint-Georges Rue Saint-Georges
Bâtiment moderne de plan carré et orné d’un jardin à ciel ouvert en son sommet, l’îlot Saint-Georges abrite depuis 1980 le Musée de l’Art wallon. Dessiné par le bureau d’architectes Henri Bonhomme, la conception de l’édifice est celle d’une masse fermée destinée à contenir des œuvres d’art qui seront protégées de la lumière et des agents extérieurs. La promenade, débutant au sommet du bâtiment, devient alors périphérique et permet une descente, de niveau à niveau.
1952 : le Musée de l’Art wallon87 L’origine d’un musée regroupant des œuvres d’art wallonnes remonte au début du xxe siècle, à l’initiative de deux ardents militants wallons : Jules Destrée88 et Auguste Donnay89. Dès le Congrès de 190590, Donnay avance une réflexion personnelle sur le « sentiment wallon en peinture ». Il propose alors d’inventorier toutes les peintures d’artistes wallons dispersées dans le monde. L’impulsion est donnée. La proposition d’installation d’un Musée de l’Art wallon à Liège sera faite par le Collège échevinal le 14 janvier 1949. Le musée est inauguré le 3 mai 1952 au 87. Sabatini, L., Le musée de l’Art wallon, Bruxelles, Ministère de la Communauté française-Crédit Communal, 1988, p. 23-32. 88. Jules Destrée (1863-1936). Docteur en droit, député socialiste de Charleroi de 1894 jusqu’à sa mort. Pilier du Mouvement wallon, il participe aux premiers grands Congrès wallons et se fait surtout connaître par la publication en 1912 de sa « Lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre ». Secrétaire général de l’Assemblée wallonne en 1912, il devient Ministre des Sciences et des Arts (1919-1921). Défendant les droits des Wallons au Parlement, il continue à suivre les actions des militants, notamment lors du premier Congrès de la Concentration wallonne en 1930. 89. Auguste Donnay (1862-1921). Peintre liégeois, il participe aux travaux du Congrès wallon de 1905, en qualité d’artiste. Professeur à l’Académie des Beaux-Arts, il milite pour une reconnaissance d’un « art wallon ». 90. Voir l’article consacré à la salle académique de l’Université de Liège p. 60.
palais de la Boverie91 et le conservateur ne manque pas de rappeler qu’il s’agit là de la réalisation d’une idée chère à Jules Destrée. Au début des années 1970, suite à la démolition des bâtiments du Musée des Beaux-Arts, rue de l’Académie, la Ville décide de construire un nouveau complexe muséal au centre de Liège. La première pierre du futur îlot SaintGeorges est posée en 1975. Les collections du Musée des Beaux-Arts sont transférées à la Boverie en 1978 et celles du Musée de l’Art wallon à l’îlot Saint-Georges, où le nouveau musée ouvre ses portes en avril 1980. Les collections du musée comprennent aujourd’hui plus de deux mille cinq cents peintures et quelques centaines de sculptures. Elles offrent donc un panorama complet d’œuvres d’artistes nés en terre wallonne et s’intègrent parfaitement dans la conscience d’un patrimoine wallon qui reste à défendre au moment où certains préconisent au contraire de débaptiser le Musée.
91. Le palais des Beaux-Arts du parc de la Boverie abrite actuellement le Musée d’Art moderne et d’Art contemporain (Mamac) et le Cabinet des Estampes.
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Le Musée de l’Art wallon installé originellement dans le bâtiment de la Boverie, abritant actuellement le MAMAC. Archives Fonds Desarcy-Robyns © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège
L’îlot Saint-Georges et son esplanade. G. Focant, DPat © SPW
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17. LIÈGE, l’ancienne imprimerie Vaillant-Carmanne Rue Saint-Adalbert, 8
Situé entre deux habitations et magasins également du xixe siècle repris dans le nouvel inventaire Patrimoine architectural et territoires de Wallonie (volume Liège, 2004, p. 302), cet édifice a vu, lui, son rez-de-chaussée profondément remanié au xxe siècle.
La façade de l’ancienne imprimerie Vaillant-Carmanne, rue Saint-Adalbert à Liège © IPW
L’imprimerie H. Vaillant-Carmanne, fondée en 1838, poursuivit ses activités jusqu’à la fin du xxe siècle. Avant de s’installer place Saint-Michel, au pied de la rue HauteSauvenière, elle avait ses locaux dans le « Carré », au no 8 de la rue Saint-Adalbert et cette adresse fut aussi celle de la revue symboliste La Wallonie, imprimée par Vaillant-Carmanne, que fonda et dirigea de 1886 à 1892 le jeune poète liégeois Albert Mockel (1866-1945). « Événement rare : un poète de vingt ans invente le nom de son pays », écrira plus tard une autre grande figure du Mouvement wallon, Marcel Thiry 92. C’est grâce à Albert Mockel et au titre de sa revue que le nom Wallonie devint d’usage courant. Dès cette année-là, par exemple, pour évoquer les terribles émeutes prolétariennes qui avaient secoué en mars 1886 le sillon industriel wallon en faisant plusieurs dizaines de morts, le leader socialiste César De Paepe93 écrivait que le mouvement s’était propagé à travers « toute la Wallonie, depuis la frontière prussienne jusqu’à Tournai94 ».
92. Marcel Thiry (1897-1977), poète et militant wallon de la première heure. En 1923, il rejoint les rangs de l’Union nationale wallonne créée par l’Assemblée wallonne. Journaliste politique, il milite pour une Belgique unie par la langue française et collabore à l’édition de l’Est de Wallonie libre pendant la guerre. Toujours ardent militant, il sera élu sénateur du Rassemblement wallon en 1968. 93. César de Paepe (1842-1890) fut un des animateurs de la section belge de l’Association internationale des travailleurs. Le parti socialiste, créé en 1885, lui doit sa dénomination originelle de Parti ouvrier belge. 94. Bruwier, M., 1886 en Wallonie in 1886, La Wallonie née de la grève ? Actes du colloque de Liège des 29/10, 14 et 29/11/1986, Bruxelles, Labor, 1990, p. 105.
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18. LIÈGE, la maison Havart Quai de la Goffe, 41 Monument classé le 22 février 1951
Parmi les plus anciennes demeures de Liège encore debout, la maison Havart est située en bord de Meuse et comprend un rez-de-chaussée et un entresol, puis deux étages et demi en encorbellement. Le rez-de-chaussée de la façade occidentale est percé de six ouvertures à encadrement de bois. Les deux étages et demi sont ajourés de baies à croisées et meneau en bois et entièrement essentés d’ardoises. À l’entresol, des loggias en encorbellement soutenues par des croix de Saint-André complètent l’ensemble. La façade donnant sur le quai est composée d’élégants pans-de-bois. La charpente en bois ainsi que la forme irrégulière et la structure atypique font de la maison Havart un bâtiment intéressant qui ne manque pas d’attirer l’œil du promeneur.
1939 et 1940 : deux assemblées de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie95 Après avoir tenu sa troisième assemblée à la Maison wallonne de Charleroi96 le 19 mars 1939, la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie se réunit à deux reprises dans la maison Havart à Liège. Lors de sa quatrième assemblée, qui a lieu le 2 juillet 1939, trois communications portant sur les événements de 1789 sont écoutées et discutées. Un ouvrage destiné à la jeunesse est publié d’ailleurs suite à ces discussions97. La cinquième assemblée se tient à nouveau à la maison Havart le 18 février 1940, sous la présidence d’Émile Jennissen, l’abbé Mahieu ayant rejoint la France à l’automne 1939 pour se mettre au service de la République, déjà entrée en guerre. Cette nouvelle assemblée est l’occasion de faire le bilan de l’action de la Société historique depuis sa création : plusieurs publications, bon nombre d’activités et un nombre croissant de membres. L’approche, tant militante que scientifique, semble porter ses fruits. Les travaux de la Société seront néanmoins interrompus par l’invasion du pays, quelques semaines après cette dernière assemblée. Mahieu reste en France et plusieurs membres collaborent au journal clandestin Wallonie libre, né courageusement dès la fin août 1940. C’est aussi dans la clandestinité que sera créée une nouvelle association aux buts similaires, l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie (APIAW), mais la Société ancêtre de l’Institut Destrée reste cependant « la première tentative organisée de restitution à la Wallonie de son histoire et de son patrimoine »98.
95. Voir l’article sur l’hôtel de Grady de Liège p. 36. 96. La Maison wallonne de Charleroi était sise 9, rue Charles Dupret. 97. La révolution de 1789 en Wallonie ; il s’agit du second ouvrage de la Société historique. 98. Galand, G., L’Institut Jules Destrée, in La Dryade, hiver 1980, p. 21-27.
La maison Havart, au pied de la cité administrative de Liège. G. Focant, DPat © SPW
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19. LIÈGE, la Maison des Syndicats FGTB Place Saint-Paul
C’est en 1948 que la Fédération des Métallurgistes FGTB de la Province de Liège acquiert place Saint-Paul, avec l’aide de la FGTB nationale, un ancien hôtel de maître du xixe siècle que la Régionale FGTB de Liège/Huy/Waremme remplace un quart de siècle plus tard par un immeuble neuf inauguré en 1975, qui abrite également aujourd’hui les locaux de la Fondation André Renard.
Le bâtiment de la Maison des Syndicats de la FGTB avant son remplacement par le bâtiment actuel © IHOES, Seraing
Au lendemain de la mort de quatre manifestants à Grâce-Berleur99 au plus fort des grèves pour l’abdication de Léopold III, le 30 juillet 1950, c’est à la Maison des Syndicats de la FGTB place Saint-Paul, selon plusieurs témoignages, que la mise en place d’un gouvernement wallon séparatiste fut sérieusement envisagée au cours d’une réunion rassemblant le comité liégeois de grève (dont André Renard, Robert Lambion100, Robert Gillon101), des
représentants de partis (libéral et communiste) et des militants de mouvements wallons. Selon un autre témoin, deux autres réunions auraient eu lieu en d’autres endroits de Liège, la veille et l’avant-veille, avec le même projet, dont André Renard entretint également des syndicalistes non liégeois le 29 juillet à Pont-à-Lesse102. La solution de compromis qui intervint peu après dans l’affaire royale mit un terme à ces menées révolutionnaires, rarement évoquées depuis103.
99. Voir la notice sur le monument aux victimes de Grâce-Berleur dans le présent volume. 100. Robert Lambion (1914-1983). Sympathisant du Parti communiste et ouvrier à Cockerill, il entre dans le cadre de la Fédération permanente des Métallurgistes de Liège en 1944 suite à sa rencontre avec André Renard. Exclu du PC, il est nommé en 1946 secrétaire général de la Fédération des Métallos de la FGTB. Il participe alors aux grands événements du temps : vote contre le retour de Léopold III, grèves de 1960-1961 et signe la manifeste du MPW. Il renonce à tous ses mandats en septembre 1976, y compris celui de président national de la FGTB, qu’il occupait depuis six ans. 101. Robert Gillon (1927-1993). Résistant et volontaire de guerre, figure de proue de la FGTB et défenseur du fédéralisme, il entre au MPW dès sa création. Désigné président de la délégation des trois mouvements wallons à l’occasion de l’assemblée commune de 1976.
102. Voir la notice sur le Castel de Pont-à-Lesse à Dinant p. 26. 103. Contribution de José Fontaine, in Encyclopédie du mouvement wallon, op. cit., p. 741.
1950 : un projet de gouvernement wallon
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La nouvelle Maison des Syndicats FGTB, place Saint-Paul à Liège © IPW
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Sur les traces du Mouvement wallon
20. LIÈGE, le palais des Congrès Esplanade de l’Europe, 2 Monument classé le 29 décembre 1997
Construit à l’emplacement exact de la salle du jardin d’acclimatation où eut lieu le fameux Congrès wallon de 1945, le palais des Congrès de Liège est l’unique structure du genre en Wallonie. Inauguré en 1958, il est conçu par le groupe de l’Équerre, où collaborent les architectes Paul Fitschy, Edgard Klutz, Émile Parent et Albert Tibaux. L’horizontalité du bâtiment facilite son intégration au milieu naturel, la verrière ouest épousant parfaitement la légère courbe de la Meuse à cet endroit et donnant à la grande salle des pas perdus une source non négligeable de luminosité. L’intérieur de l’édifice se compose de nombreux espaces dont une vaste salle des fêtes de 550 m2. Plusieurs œuvres d’art ont été intégrées à l’édifice dont une sculpture de Wybaux sur la façade nord, qui oppose son dynamisme au statisme de la pierre calcaire qui constitue la majorité des parements du bâtiment. Dans le parc de la Boverie, à côté de la façade sud, la tour cybernétique de Nicolas Schöffer, en voie de restauration sous l’impulsion notamment de l’Institut du Patrimoine wallon, s’intègre parfaitement dans ce paysage de modernité.
1959 : le neuvième Congrès national wallon Organisé dans le nouveau palais des Congrès les 25 et 26 avril 1959 à la demande de la section liégeoise de Wallonie libre, le neuvième Congrès national wallon ne se différencie pas des précédents par les thèmes qu’il aborde : problèmes économiques, culturels et politiques. Tout comme lors du précédent congrès, la déception et la désillusion sont toujours aussi présentes chez les militants104. Les avancées sont inexistantes et on sent le Mouvement arrivé au bout de ses possibilités. Après quinze années de travail au sein du Congrès national wallon, cette session sera la dernière. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Congrès successifs auront réalisé l’unité des forces vives wallonnes, fait participer des groupements syndicaux à la réflexion du Mouvement et opté clairement en faveur du fédéralisme, mais sans réels relais politiques gouvernementaux105.
1961, 1962 : d’autres manifestations C’est au palais des Congrès de Liège que, dans le cadre de l’accord Schreurs-Couvreur106 prônant le dialogue entre 104. Voir l’article sur le théâtre de l’Éden à Charleroi p. 22. 105. Schreurs, F., Les congrès de Rassemblement wallon de 1890 à 1959, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1960, p. 49. 106. Nom né d’un manifeste présenté par le Wallon Fernand Schreurs et le Flamand Walter Couvreur en 1952.
Wallons, Flamands et Bruxellois, une journée d’étude est organisée entre fédéralistes wallons et flamands le 15 octobre 1961. Sous la présidence du Wallon Jean Pirotte (Wallonie libre) et du Flamand Paul Daels (Vlaamse Volksbeweging), la question du fédéralisme est débattue en présence de militants fédéralistes des deux communautés du pays. D’autres Congrès importants, comme celui du Mouvement populaire wallon des 8 et 9 décembre 1962, ont aussi été organisés au palais des Congrès de Liège, qui fut encore choisi comme siège social du Conseil économique wallon107.
1976 : l’Assemblée commune des mouvements wallons Composée de Rénovation wallonne, de Wallonie libre et du Mouvement populaire wallon, une assemblée commune des trois mouvements wallons se réunit au palais des Congrès de Liège le 18 décembre 1976. Au cours de cette réunion, les trois mouvements examinent les possibilités d’élaborer un programme commun. Sous la présidence du patron des Métallos FGTB de Liège, Robert Gillon, dirigeant du MPW, ils s’accordent sur le fédéralisme et les réformes structurelles nécessaires pour y parvenir. 107. Aujourd’hui, le Conseil siège au Vertbois à Liège. Voir l’article concerné p. 189.
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Le palais des Congrès de Liège, la tour Schöffer et la statue du Roi Albert. G. Focant, DPat © SPW
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21. LIÈGE, l’ancien palais des princes-évêques Place Saint-Lambert et place Notger Monument classé le 22 octobre 1973
Avec les multiples richesses patrimoniales que recèlent ses façades, ses deux cours et ses nombreuses pièces d’apparat, le palais de Liège est incontestablement à placer au rang des plus beaux palais européens et il bénéficie d’ailleurs du label « Patrimoine européen ». Sa fonction politique donna au bâtiment ses plus beaux salons d’Ancien Régime et ses très belles réalisations du xixe siècle dans la partie provinciale. Architecturalement, celles-ci furent une des premières manifestations du style historiciste (néogothique en l’occurrence) et, à cet égard, en avance sur leur temps comme l’avait été, des siècles auparavant, l’adoption précoce et très éclectique dans le palais des princes-évêques des premiers canons de la Renaissance italienne dont témoignent le plan de l’édifice et les colonnes de l’imposante première cour.
xie-xviiie siècles : le siège d’un pouvoir souverain Étymologiquement, la notion de « palais » implique l’idée d’un pouvoir souverain et ce fut le cas en l’occurrence avec la naissance à la fin du x e siècle de ce qui devint la principauté épiscopale de Liège, qui fut le seul pouvoir souverain sur le territoire de l’actuelle Wallonie ! Plus de deux siècles après sa disparition en 1795 au terme d’un millénaire d’existence, les Liégeois restent encore viscéralement attachés au souvenir de leur ancienne principauté, de son autonomie, du rôle de capitale de Liège. Ce sentiment d’appartenance distinctive de l’ancienne « Nation liégeoise » a contribué, sinon à nourrir un sentiment wallon, en tous cas à affaiblir un sentiment national belge que d’autres options politiques, bien plus tard, ne renforceront pas davantage. Ainsi, ce n’est pas un hasard si le 14 juillet est fêté à Liège autant qu’en France, et bien plus que le 21 juillet : c’est en 1937 que la Ville (qui avait déjà été la première ville étrangère à recevoir la Légion d’Honneur en 1919 – des mains du Président de la République française Raymond Poincaré en personne – pour sa résistance face à l’armée allemande en août 1914) décida de s’associer officiellement à la fête nationale française, en signe de protestation contre la rupture de l’alliance militaire franco-belge et la politique de neutralité vis-à-vis du IIIe Reich, l’une et l’autre voulues par les milieux flamands radicaux et par le roi Léopold III, et qui portaient déjà en elles les signes avant-coureurs des errements de ces derniers durant l’occupation allemande. Mais l’ancien palais princier a également été le cadre de manifestations plus tangibles du Mouvement wallon et un détail de sa façade principale rappelle un élément fondateur de celui-ci, à savoir la « pierre noire » (v. infra).
Le palais provincial Partie intégrante du palais, le nouveau palais provincial est érigé à l’emplacement des anciennes écuries épiscopales sur les plans de Jean-Charles Delsaux, lauréat d’un concours organisé en 1848. De style néogothique, le bâtiment de trois niveaux se développe sur un corps central flanqué de deux marteaux en saillie. La façade, imposante, s’élève sur vingt-cinq travées, au centre desquelles un péristyle soutenu par cinq colonnes trouve sa place au rez-de-chaussée. La décoration de cette façade est exceptionnelle : quarante-deux statues, soixante blasons et dix-neuf bas-reliefs évoquent l’histoire de la ville et de la principauté de Liège. La décoration intérieure est elle aussi remarquable : le hall d’entrée est orné d’un harmonieux plafond à caissons et de peintures murales décoratives. Les salles des pas perdus et du Conseil provincial sont également très intéressantes. Richement décorée, cette dernière salle comporte un plafond à caissons orné de peintures d’Édouard van Marcke, mais également une imposante double tribune baroque en chêne sculpté polychrome. Une frise et des colonnes polychromes courent tout le long de la pièce et s’harmonisent avec les pupitres couverts de velours pourpre.
1907 : la réunion des ligues wallonnes À l’occasion du dixième anniversaire de la Ligue wallonne de Liège, toutes les ligues wallonnes se réunissent à Liège, au palais provincial, le 9 mai 1907, date du dixième anniversaire de la Ligue de Liège. Celle-ci, comme les autres ligues, a pour but de défendre les droits des Wallons sans porter de couleur politique. La Ligue liégeoise a pour président Julien Delaite, déjà secrétaire de la Société liégeoise de
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La façade principale de l’ancien palais des princes-évêques. G. Focant, DPat © SPW
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La salle du Conseil provincial du palais provincial. G. Focant, DPat © SPW
Littérature wallonne. Promotrice du chant des Wallons, la Ligue wallonne de Liège sera également l’organisatrice des Congrès wallons de 1912 et 1913, tenus à Liège108. Cette Ligue aura toutefois une existence éphémère : sans aucune action durant la Première Guerre mondiale, elle tient quelques réunions après l’Armistice, mais le comité directeur décide de la fin des activités le 28 novembre 1919. La Ligue wallonne de Liège fut cependant une des associations les plus militantes et les plus dynamiques du Mouvement wallon à la prétendue belle époque.
1930 : le premier Congrès de la Concentration wallonne Au début de l’année 1930, la Ligue d’Action wallonne109 décide d’organiser les 27 et 28 septembre un premier Congrès de la Concentration wallonne, au moment où la ville de Liège organise une exposition internationale s’inscrivant dans le cadre du centenaire de l’indépendance de la Belgique. Désireux 108. Voir l’article sur l’athénée Destenay de Liège p. 30. 109. Voir l’article sur l’hôtel de l’Europe à Liège p. 35.
d’affirmer franchement une identité wallonne, ce Congrès est présidé par Charles Defrêcheux110 et Marcel Franckson111, et tient ses séances dans la salle du Conseil provincial. À nouveau, les discussions portent sur la coexistence des Wallons et des Flamands au sein de l’État belge, et sur l’identité française du sud du pays. Une commission est chargée d’étudier la forme institutionnelle que pourrait prendre la Wallonie.
110. Charles Defrêcheux (1877-1953). Docteur en histoire, président de la Société de littérature wallonne, président du Comité des Congrès wallons, il se consacre à la langue wallonne en tant qu’écrivain. Petit-fils du poète Nicolas Defrêcheux (voir l’article sur le cimetière de Robermont p. 159), il prend part au Congrès wallon de 1905. Co-président du premier Congrès de la Concentration wallonne (1930), président de la Maison wallonne de Liège en 1932 (voir l’article sur l’hôtel de Grady à Liège p. 36) et membre du comité d’honneur du premier Congrès culturel wallon de 1938 (voir l’article sur l’hôtel de ville de Charleroi p. 20). 111. Marcel Franckson (1884-1945). Ingénieur civil, il participe à la défense de Liège en 1914 sous le commandement du général Leman. Il découvre le militantisme au cours de la guerre et devient membre de l’Assemblée wallonne. Co-président du premier Congrès de la Concentration wallonne (1930), il est également membre du comité d’honneur du premier Congrès culturel wallon (1938). Résistant, il est arrêté et déporté en mai 1944. Il décède le 6 janvier 1945 au camp de Buchenwald.
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À l’occasion du Xe anniversaire de la Ligue wallonne de Liège (9 mai 1907), toutes les ligues wallonnes de l’époque sont réunies dans la cour du palais des princes-évêques à Liège © Coll. Musée de la Vie wallonne - Liège
La pierre d’affichage des « Loix publiées dans le département de l’Ourte ». G. Focant, DPat © SPW
1947 : l’action du groupe « Jeune France »112 Fin 1945, Liège avait accueilli en novembre, au palais provincial notamment, le général français de Lattre de Tassigny113, qui avait accepté alors de porter l’insigne de « Wallonie libre ». Un an et demi plus tard, à l’été 1947, alors que la mise au placard des revendications wallonnes de 1945 commence à se dessiner, André Schreurs (le fils du secrétaire du Congrès national) et Fernand Massart114 (futur parlementaire Rassemblement wallon), animant le groupe « Jeune France », font nettoyer et redorer « la pierre noire » en tant que témoin des vingt années de période française. 112. Lanneau, C., Le pays de Liège en temps de paix, in Demoulin, B., Liège et le palais des Princes-Évêques, Bruxelles, Mercator, 2008, p. 133-134. 113. Général Jean-Marie Gabriel de Lattre de Tassigny (1889-1952), maréchal de France à titre posthume, se distingua au cours des deux guerres mondiales, ainsi qu’en Indochine. 114. Fernand Massart (1918-1997), membre d’Action wallonne aux côtés de l’abbé Mahieu, il participe aux activités de Wallonie libre et est arrêté en décembre 1941 suite à une dénonciation. Rompant avec le PSB en 1965, il rejoint les rangs du RW en 1968. Il est un des parlementaires à l’origine du choix du 27 septembre comme fête de la Communauté française de Belgique.
La « pierre noire » Sur la façade principale du palais, à gauche de l’entrée principale, se trouve encore, épargnée par les changements de régimes et les restaurations successives depuis deux siècles, une pierre prévue pour l’affichage et dont le dessus porte la mention gravée : Loix publiées dans le département de l’Ourte. Elle fut utilisée à partir du 12 mars 1796, alors que le palais n’avait plus, provisoirement, qu’une fonction judiciaire depuis le rattachement de l’ancienne principauté à la France et son démantèlement dans le cadre de la création de départements préfigurant nos actuelles provinces.
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22. LIÈGE, le parc de la Boverie Site classé le 4 octobre 1974
Aujourd’hui parc de la Boverie, le lieu était autrefois champêtre (les bœufs qu’on y faisait paître ont d’ailleurs donné leur nom à l’endroit) et il fut aménagé en parc à partir de 1853, lorsque les alentours devinrent un quartier chic après le percement de la dérivation de la Meuse. En 1865, un jardin d’acclimatation s’y installe et occupe alors la moitié du parc actuel : lieu de promenade recherché, agrémenté de plans d’eau et de plantes exotiques, on y trouve également un jardin zoologique. Ce jardin prendra un essor considérable en devenant le lieu de l’exposition universelle de Liège en 1905. De cette exposition subsiste le palais des Beaux-Arts (aujourd’hui Musée d’Art moderne et d’Art contemporain et Cabinet des Estampes) dont l’architecture Louis XVI, inspirée du Petit Trianon de Versailles, est due aux architectes Soubre et Hasse. Outre une salle des fêtes aujourd’hui disparue, le parc abrite de petites constructions (volière, centre nautique…), ainsi que, à la pointe de l’île, une roseraie et un jardin à la française agrémenté de bustes de Liégeois célèbres, tel Auguste Donnay. La passerelle Mativa ou pont Hennebique, du nom de son ingénieur, date elle aussi de l’exposition et reste une prouesse considérable d’ingénierie pour l’époque, méritant protection.
1931, 1945, 1949 : lieu de Congrès disparu Actuellement, le palais des Congrès a sa place exacte à l’endroit où se trouvait jadis la salle des fêtes du jardin d’acclimatation, aujourd’hui disparue, qui fut le théâtre de plusieurs événements majeurs du mouvement wallon. Déjà hôte du second Congrès de la Concentration wallonne le 18 octobre 1931, c’est dans cette salle que se sont déroulées deux sessions véritablement historiques du Congrès national wallon. Le premier Congrès national wallon, organisé les 20 et 21 octobre 1945, avec plus de mille cinq cents participants, est le premier grand rassemblement wallon après le second conflit mondial. Il est l’occasion pour les Wallons de faire le bilan de la guerre, de mettre en commun leurs idées et leurs revendications, d’aborder les grands thèmes qui seront ceux des différentes sessions du Congrès national dans les années à venir : problèmes économiques de la Wallonie, problèmes linguistiques, menace sur la culture française, avenir du pays. Le but est clairement affirmé par le président Joseph Merlot : définir une politique commune à toute la Wallonie. Un vote est organisé sur l’avenir de la Wallonie et la réunion à la France emporte le plus de suffrages115. Suite à de nombreuses interventions, la solution fédéraliste est adoptée au second tour. Une commission est chargée de plancher sur un projet concret116. Une exposition sur le Mouvement wallon dans la Résistance est également organisée au même endroit, entre autres à l’attention des congressistes. Les 1er et 2e octobre 1949, le jardin d’acclimatation accueille à nouveau le Congrès national wallon qui se réunit alors pour la cinquième fois. En pleine question royale, les congressistes décident de demander un dépouillement régional en cas de consultation populaire. Une position finale dans la question royale aura lieu lors du Congrès suivant117 mais, déjà, les Congressistes se prononcent contre un retour de Léopold III. 115. Sur 1048 votants : 17 pour le maintien de la structure belge, 391 pour l’autonomie wallonne dans le cadre belge (confédéralisme), 154 pour une Wallonie indépendante et 486 en faveur d’une réunion à la France. 116. Voir l’article sur le théâtre de l’Éden à Charleroi p. 22. 117. Voir l’article sur l’Université du Travail à Charleroi p. 24.
Le 20 octobre fut une belle journée d’automne, tiède et ensoleillée, qui rendait paisibles les rives de Meuse. Le Congrès se réunit dans la salle des fêtes du jardin d’Acclimatation. Au même endroit fut organisée une exposition sur le mouvement wallon dans la Résistance, et qui fut visitée par les participants au Congrès. Outre les participants au Congrès se pressèrent environ 80 journalistes belges, suisses, hollandais et bien sûr des Français, sollicités par les organisateurs, placés derrière le Comité organisateur ou dans la fosse de l’orchestre. À partir de 9 heures, les congressistes se présentèrent de plus en plus nombreux aux portes de la salle, accueillis par des commissaires de Jeune Wallonie. Sur la scène prit place le Comité organisateur, face à l’imposante assemblée, qui allait goûter à une liberté de parole retrouvée après des années de clandestinité et de souffrance. La séance du matin s’ouvrit à 10 heures 30, elle devait durer deux heures. Philippe Raxhon, Histoire du Congrès wallon d’octobre 1945, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1995, p. 49
Un 14 juillet typiquement liégeois Toujours actuellement, le parc de la Boverie est le lieu choisi par les Liégeois pour fêter le 14 juillet. À l’initiative des Amitiés françaises de Liège, des concerts et des animations sont alors organisés pour s’associer à la fête nationale française. Véritable manifestation populaire, cette fête est idéale pour rappeler les nombreux liens historiques sentimentaux et culturels qui unissent la Ville de Liège avec la République française. Chaque année, la journée du 14 juillet est également l’occasion de plusieurs autres événements à Liège : réception donnée par le Consul général de France au palais des Congrès, dépôt de fleurs au monument à la Résistance et cérémonie d’hommage aux héros français et belges au cimetière de Robermont.
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Une vue d’une partie de la salle (Liège, octobre 1945) – Coll. Médiathèque de la Province de Liège – Fonds Desarcy-Robyns
Le Congrès national wallon de 1949. Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège
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23. LIÈGE, le passage Lemmonier Rue de l’Université et Vinâve d’Île Monument classé le 15 décembre 1988
Ouvert au public le 25 janvier 1839, le passage Lemmonier, du nom de son architecte, est le premier grand passage couvert de Belgique. Avec ses cent soixante mètres de long, quatre mètres de large et ses quarante-huit boutiques, il dépasse largement la galerie bruxelloise de la Monnaie, seule galerie marchande du pays à l’époque. Son tracé comporte deux tronçons au milieu desquels se trouve une rotonde. Si le passage compte trois étages, seul le premier est visible depuis la galerie. Celle-ci est recouverte d’une verrière. Toutes les boutiques présentent les mêmes dimensions. À l’origine assez sobre, le passage Lemmonier subit de nombreux changements à partir des années 1930, à l’initiative de l’architecte Henri Snyers. Le soubassement des vitrines est orné de marbre et la coupole, originellement en verre, est reconstruite en béton armé et recouverte de carreaux de mosaïque bleue, ses arcades soutenues par des ferronneries stylisées. Le passage Lemmonier est donc le résultat d’aménagements divers tout en conservant une grande cohérence architecturale qui fait toujours de cet endroit un lieu prisé du commerce liégeois et un témoin privilégié du développement d’un mode architectural typique du xixe siècle, alliant commerce et habitat.
1892 : le troisième Congrès wallon Présidé par Édouard Termonia118, le troisième Congrès wallon se réunit le 20 novembre 1892 à Liège dans la salle des mariages de l’hôtel de ville pour sa séance matinale, mais pour la séance de l’après-midi, les congressistes se rendent au casino du passage Lemmonier, aujourd’hui 118. Édouard Termonia (1847-décédé à l’étranger). Avocat, il fonde la Société de propagande wallonne en 1888 afin de défendre les droits des Wallons dans l’administration. Parmi les premiers défenseurs de l’idée wallonne, il préside les trois premiers Congrès wallons. Parti pour l’étranger en 1896, on perd alors sa trace.
disparu. Le Congrès est essentiellement culturel. Le Mouvement wallon, à peine structuré dans ses premières années, se soucie alors plus de questions culturelles, historiques et linguistiques que de questions politiques119. Certes, une discussion sur les dangers du flamingantisme est déjà entamée au passage Lemonnier, mais elle conclut encore que les flamingants, peu nombreux, ne menacent en rien l’unité nationale. 119. Voir Joris, F., Les Wallons et la réforme de l’État, 1890-1970, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1998.
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Vue de la coupole en béton et ses ferronneries. G. Focant, DPat © SPW
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24. LIÈGE, la salle académique de l’Université Place du XX Août, 7 Monument classé le 24 janvier 1983
La salle académique de l’Université – fondée par Guillaume Ier des Pays-Bas en 1817 – est l’œuvre de l’architecte JeanNoël Chevron. Elle se présente comme un hémicycle néoclassique à vaste galerie à deux étages, avec colonnes ioniques et corinthiennes recouvertes de dorures. Terminée en 1824, elle est couverte d’une demi-coupole avec plafond à caissons orné de stucs à motifs de rosaces. De nombreuses niches abritent des statues dont celles d’Athéna et de Mercure. Au-dessus de la tribune, une élégante grisaille, œuvre du peintre Alexandre Rifflaert, représente Guillaume d’Orange offrant à un jeune diplômé guidé par Minerve une couronne de laurier tendue par la Justice. La salle académique est reconnue patrimoine exceptionnel de Wallonie.
1905 : le cinquième Congrès wallon Présidé par Julien Delaite, le cinquième Congrès wallon s’ouvre le dimanche 1er octobre 1905 dans le cadre de l’exposition universelle. Les travaux se poursuivent le lendemain alors que la veille, le samedi 30 septembre, les congressistes ont visité l’exposition et déposé une gerbe de fleurs sur la tombe des héros de 1830 à Sainte-Walburge, à l’invitation de la Ligue wallonne de Liège. Au cours de cet important congrès, deux questions vont être longuement discutées : celle de la prédominance de la langue française en Belgique et celle de la littérature wallonne. Tout au long des débats, les congressistes s’attachent à mettre au point la construction d’une identité wallonne120. Le but sera de différencier l’âme wallonne de l’âme flamande et tout est fait pour le montrer : on chante le Tchant dès Walons et l’idée d’un drapeau wallon surgit pour la première fois. La Wallonie est définie, caractérisée et son existence affirmée. Le Congrès de 1905 a donc pour la première fois tracé les contours d’une identité wallonne faite d’une mosaïque diversifiée mais unifiable. Tout comme le Congrès national wallon de 1945, le Congrès de 1905 constitue une étape capitale dans l’histoire du Mouvement wallon en dépassant pour la première fois les questions culturelles et linguistiques pour entrer de plein pied dans la discussion politique.
1930 : le deuxième Congrès international des Amitiés françaises Organisé du 10 au 15 juillet 1930 et placé sous la présidence d’honneur de l’ancien Président de la République française Raymond Poincaré, ce Congrès international des 120. Godefroid, C., Le congrès wallon de 1905 : définir la Wallonie, in Renardy, C., Liège et l’exposition universelle de 1905, Bruxelles, La Renaissance du livre, 2005, p. 222.
Amitiés françaises programme son travail en trois sections : manifestations du génie français dans tous les domaines, tourisme et relations économiques entre la France et les autres pays, organisation des Amitiés françaises dans le monde. Au niveau belge, un projet de réunir les divers groupements en une Fédération des Amitiés françaises de Belgique est esquissé. Pour fêter la tenue du Congrès à Liège, les autorités communales organisent de nombreuses manifestations : réception à l’hôtel de ville, soirée de gala au théâtre royal, garden-party à l’exposition internationale et grand banquet le 14 juillet, en l’honneur de la fête nationale française.
1955 : le deuxième Congrès culturel wallon Initialement prévu en 1945, le second Congrès culturel wallon ne sera organisé que dix ans plus tard. Réparti en quatre sections (éducation populaire, activités culturelles, folklore et culture régionale, histoire et histoire de l’art), il s’ouvre sous la présidence de Maurice Delbouille121. Au terme des travaux, plusieurs résolutions sont adoptées parmi lesquelles une sur la fin de l’inégalité entre la Wallonie et… Bruxelles. Le Congrès souhaite également une autonomie culturelle des deux communautés nationales. En marge de ce Congrès, un dîner en présence de figures de proue du Mouvement wallon est organisé le 23 octobre dans le but de célébrer un double anniversaire : les cinquante ans du Congrès wallon de 1905 et les dix ans du Congrès national wallon de 1945. 121. Maurice Delbouille (1903-1984). Docteur en philologie romane, chargé de cours à l’Université de Liège en 1929. Auteur de nombreux ouvrages scientifiques consacrés à la littérature wallonne, il s’est également investi en politique ; il est notamment bourgmestre de Chênée durant l’occupation, puis sénateur socialiste en 1946. Membre du directoire de Wallonie libre, il participe également aux séances du Congrès national wallon.
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Vue de la salle académique récemment restaurée. G. Focant, DPat © SPW
Le deuxième Congrès culturel wallon en 1955. Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège
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25. LIÈGE, le théâtre du Trianon Bâtiment disparu au boulevard de la Sauvenière
Bâtiment aujourd’hui disparu, le « Théâtre Trianon Pathé » a été ouvert en 1908. À la fois salle de spectacle et de cinématographe, il prend son appellation définitive dans les années 1920 et il propose des divertissements variés : actualités, opéras bouffes, spectacles patriotiques, théâtre wallon, etc.
La salle du théâtre du Trianon, aujourd’hui disparu. Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège
1926 à 1930 : trois Congrès Le théâtre du Trianon a, par deux fois, accueilli un Congrès d’Action wallonne dans l’Entre-deux-Guerres. Celui organisé les 10 et 11 juillet 1926 vit les congressistes affirmer leur volonté d’autonomie malgré une importante divergence de vue, déjà, entre les partisans du fédéralisme et ceux favorables à une réunion à la France. Dans sa motion finale, le Congrès envisageait une entente avec les fédéralistes flamands, dans le but de créer un mouvement pour le fédéralisme.
Le Congrès des 7 et 8 juillet 1928 rejeta définitivement cette idée d’accord avec les partisans flamands d’une solution fédérale. Alors que la Ligue d’Action wallonne s’essoufflait, le congrès opta à nouveau pour l’autonomie wallonne et ses positions seront celles de la Concentration wallonne, qui lui succédera. Le théâtre du Trianon accueillera aussi la séance matinale du premier Congrès de la Concentration wallonne, le 27 septembre 1930122.
122. Voir l’article sur le palais des princes-évêques de Liège p. 52.
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Le Mouvement Lieux d'wallon étapes
26. LIÈGE, « La Wallonie » Rue de la Régence, 55
Aujourd’hui reconverti par la Ville de Liège, dans un souci louable de réaffectation, en commissariat de police par une de ces ironies de l’Histoire que les victimes liégeoises des grèves de 1950 et de 1960 apprécieraient peut-être peu, les locaux du journal La Wallonie avaient été édifiés en 1925 par l’architecte liégeois Jean Moutschen, qui construisit plus tard, notamment, le lycée Léonie de Waha. Situés à l’angle des rues de la Régence et de Florimont, ils étaient composés de deux bâtiments d’allure légèrement différente. La façade située rue de la Régence est dominée par la ligne courbe du style paquebot, tandis que l’autre est marquée par des lignes droites1. Trois éléments d’origine ont disparu : une tour et une horloge de style Art déco, et un grand coq en bronze (avec le nom du journal), enlevé en 2007 pour être replacé sur un nouvel immeuble des Métallos FGTB à Namur. 25 1. Charlier, S., L’architecture et l’urbanisme à Liège depuis l’indépendance de la Belgique, in Renardy, C. (dir.), Liège et l’exposition universelle de 1905, Bruxelles, Renaissance du Livre, 2005, p. 97.
Le coq de « La Wallonie » placé à l’origine sur le bâtiment © Proxi-Liège. L’information liégeoise en ligne, www.proxiliège.net
1962 : le centre névralgique du MPW Ce n’est évidemment pas par hasard que l’organe officiel de la section liégeoise du Parti Ouvrier Belge fut baptisé La Wallonie en 1903 déjà et que, après la Première Guerre mondiale, malgré le belgicanisme ambiant, l’édition liégeoise du Peuple prit le titre de La Wallonie socialiste en 1920, puis La Wallonie en 1922, doublée par une Radio Wallonie qui émit de 1925 à 1940. Après le second conflit mondial, le quotidien deviendra essentiellement la propriété de la Fédération des Métallurgistes liégeois FGTB et ses locaux, le centre névralgique de celle-ci davantage que la Maison syndicale de la place Saint-Paul. C’est sur les presses de La Wallonie que sera édité à partir de janvier 1960 l’hebdomadaire Combat, organe du MPW, dont la Fédération provinciale liégeoise des Métallos constituera toujours le noyau fort sous l’impulsion d’André Renard († 1962), de Robert Lambion (1962-1976) et de Robert Gillon (1976-1988)123. 123. Verdin, J., L’apport de la Fédération des Métallurgistes au fédéralisme, in Rouge métal, Liège, IHOES, 2006, p. 201-209.
La façade du bâtiment, actuellement en rénovation et dépourvue de son coq en bronze © IPW
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27. LOUVAIN-LA-NEUVE, le « pavé sacré » Place Sainte-Barbe, entité d’Ottignies-Louvain-la-Neuve
Les auditoires Sainte-Barbe furent, en 1972, les premiers inaugurés à Louvain-la-Neuve, dans la nouvelle ville universitaire conçue suivant un schéma et un esprit totalement neufs par le professeur Raymond Lemaire (l921-1997) jusqu’alors connu comme spécialiste de la protection des villes traditionnelles et des monuments. Trente-six ans plus tard, la première ville nouvelle construite en Wallonie (depuis la place forte de Charleroi en 1666) pour et autour de l’Université catholique compte près de 19.000 habitants, dont désormais une majorité non étudiante.
Le « pavé sacré ». G. Focant, DPat © SPW
Avec l’affaire des Fourons, celle de Louvain, au milieu des années 1960 également, contribua puissamment à l’évolution du sentiment wallon lorsque les étudiants flamands, après des mois de vives manifestations anti-wallonnes à connotation parfois racistes, obtinrent de la hiérarchie de l’Église catholique belge l’expulsion hors de Leuven des sections francophones de l’Université catholique jusque-là bilingue. Aujourd’hui, l’incontournable réussite de ce pari urbanistique en Wallonie tend à occulter les origines peu glorieuses de celui-ci, or la crise de Louvain fut une étape importante – et logique – dans la prise de conscience menant à une première réforme de l’État jusquelà encore unitaire.
Plutôt que la première pierre posée par le roi Baudouin en février 1971, nous retiendrons comme symbole de cette étape le « pavé sacré », fruit d’un canular estudiantin tournant en dérision l’expulsion flamande. L’année universitaire 1972-1973 débutait le 2 octobre et était la première où des étudiants (ingénieurs) se retrouvaient à Louvain-la-Neuve. Ils y inauguraient les auditoires Sainte-Barbe parmi la boue des chantiers. Ils décidèrent de marquer l’événement en allant prélever un pavé de la place du Vieux-Marché à Leuven et, en se relayant, le transplantèrent dans l’unique espace public existant à Louvain-la-Neuve, la place SainteBarbe, le 12 octobre 1972. Il s’y trouve toujours, tache plus sombre mais anonyme au milieu des autres pavés.
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28. MOMIGNIES, les « sources » de l’Oise Macquenoise
Rivière du nord de la France longue de 302 km et affluent de la Seine, l’Oise prend sa source dans le massif forestier de la Fagne, dans la province du Hainaut.
Le site des sources de l’Oise. G. Focant, DPat © SPW
Alors que l’Oise prend réellement sa source dans la localité de Bourlers (sur la commune de Chimay aujourd’hui), des militants wallons préfèreront la situer à Macquenoise (entité de la commune de Momignies), non loin de Chimay également, pour des raisons toponymiques et organisèrent là et non à Bourlers un événement militant. À l’initiative de l’Avant-Garde wallonne, une manifestation hautement symbolique se déroula pendant quatre années, en mai, de 1958 à 1961, sur le petit pont traversant l’Oise : les participants se regroupaient ainsi au pied d’une rivière prenant sa source en terre wallonne pour couler vers la France et se jeter dans la Seine. Évoquant le premier rassemblement, on peut d’ailleurs lire dans Wallonie libre :
« L’Oise qui naît en Wallonie et reflète les paysages de la France est le symbole de l’union des cœurs et des esprits des Filles et des Fils de la grande famille française »124. Durant ce rassemblement, les participants affirmèrent leur fidélité et leur appartenance à la civilisation française125.
124. Wallonie libre, septembre 1958. 125. Delforge, P., Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au mouvement wallon (1940-1997), in Courtois, L. et Pirotte, J. (dir.), Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, Louvain-laNeuve 1999, p. 286.
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29. MONS, l’hôtel de ville Grand-Place, 22 Monument classé le 30 mai 1936
Seule maison communale de style gothique en Wallonie, l’hôtel de ville de Mons a été construit à partir de 1459, notamment avec le concours de l’architecte Mathieu de Layens qui œuvrait alors à la collégiale Sainte-Waudru. En 1477, l’explosion de l’arsenal voisin endommage l’édifice ; l’interruption du chantier laissera le bâtiment initial inachevé. Certaines annexes furent ajoutées dans le courant du xviie siècle et une partie de l’intérieur réaménagée en style néogothique. Un porche donne accès à une cour intérieure entourée de bâtiments du xve au xviiie siècle. Le campanile de 1718 contient encore la cloche communale de 1390 et le petit singe du Grand Garde porte bonheur à celles et ceux qui le caressent de la main gauche. La décoration intérieure de l’édifice est également remarquable : tapisseries de Bruxelles, boiseries du xviie siècle, plafonds à caissons et de nombreuses toiles à sujets historiques. L’hôtel de ville de Mons est reconnu patrimoine exceptionnel.
1893 : le quatrième Congrès wallon er
Organisé le 1 novembre 1893 après une réception donnée par le bourgmestre Sainctelette126, le Congrès s’ouvre sous la présidence d’Ernest Discailles127. Les congressistes ouvrent leurs travaux par une définition des buts du Congrès wallon : combattre le mouvement flamingant, tout en respectant les droits des populations flamandes ; rechercher les moyens de résoudre équitablement la question des langues ; favoriser la diffusion de la langue française dans tout le pays ; encourager la littérature et l’art dramatique wallons128. Comme lors des trois précédents Congrès, les discussions sont essentiellement culturelles. Après le Congrès de 1893, le tournant vers la revendication politique n’aura lieu que lors du Congrès de Liège de 1905129. En effet, celui-ci 126. Henri Sainctelette (1851-1905). Avocat, bourgmestre libéral de Mons de 1888 à 1905. 127. Ernest Discailles (1837-1914). Professeur à l’Université de Gand, président de la Société wallonne de Gand et membre du Comité permanent du Congrès wallon (1890-1893). 128. S chreurs, F., Les congrès de rassemblement wallon de 1890 à 1959, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1960, p. 13. 129. Voir l’article sur la salle académique de l’Université de Liège p. 60.
devait initialement se réunir à Verviers en 1894 mais, suite à des tensions internes autour de la contradiction apparente entre les revendications wallonnes et le désir de conserver l’unité nationale, il ne fut jamais organisé. Il faudra attendre douze ans avant de voir à nouveau la tenue d’un Congrès wallon. L’hôtel de ville de Mons accueillera également la réception d’ouverture du premier Congrès international des Amitiés françaises130, organisée dans la salle des Gobelins, dans la soirée du 21 septembre 1911.
La salle des Gobelins Appelée aujourd’hui « salle des commissions », elle était autrefois dénommée ainsi en raison des cinq tapisseries qu’elle conserve. Ayant pour thème des scènes champêtres, elles ont été tissées avant 1707.
130. Voir l’article sur l’Institut commercial des industriels du Hainaut p. 68.
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L’hôtel de ville, sur la Grand-Place. G. Focant, DPat © SPW
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30. MONS, l’Institut commercial des Industriels du Hainaut Place Warocqué, 17
Fondé le 8 mars 1899 par Henri Dutrieux et Raoul Warocqué, l’Institut commercial des Industriels du Hainaut est installé dans un imposant bâtiment réalisé par les architectes Burton et Dutrieux. Terminé en 1902, l’édifice présente un corps central octogonal terminé par un bulbe surmonté d’une statue de Mercure. Deux ailes latérales de six et sept travées se terminent par deux parties en avant-corps de trois travées chacune. L’intérieur, de style Art déco, ne manque pas d’originalité. L’atrium comporte les bustes de Raoul Warocqué et d’autres recteurs de l’Institut. En haut de l’escalier, un élégant vitrail fait office de monument aux morts. Au premier étage, la salle académique est un des plus beaux exemples de réalisation Art déco en Wallonie. Sur proposition de François André et Paul Pastur, l’institution devient Institut supérieur de commerce de Mons le 29 octobre 1920. Actuellement, le bâtiment abrite la faculté Warocqué des sciences économiques et sociales de l’Université de Mons-Hainaut.
1911 : le premier Congrès international des Amitiés françaises
1979 : la dernière Assemblée des élus wallons
Organisé à l’occasion de la commémoration de la bataille de Jemappes, ce Congrès se tient à Mons du 21 au 27 septembre 1911. Plus de mille personnes sont présentes et réparties en cinq sections débattant chacune de points bien précis : les marches de l’Est (situation de la langue française dans les pays où elle est minoritaire) ; la culture française (littérature) ; le flamingantisme ; les aspects économiques (rapprochement franco-belge) ; enfin, les Amitiés françaises (avec le projet de création d’un journal flamand visant à convaincre les flamands de l’utilité de la langue française). Le but premier de ce Congrès reste toutefois la défense de la langue française. Le 24 septembre, autour de Jules Destrée, les congressistes se rendent à Jemappes pour inaugurer le monument commémoratif de la bataille131.
Réunie pour la première fois au palais des Congrès de Bruxelles le 5 novembre 1968, l’Assemblée des élus wallons132 regroupe de manière officieuse les parlementaires wallons. Elle tiendra son ultime séance à Mons le 10 décembre 1979 dans la salle académique de l’Université de l’État133, mais en l’absence des élus libéraux. Les parlementaires wallons prennent position en faveur d’une régionalisation effective qui se concrétisera en août suivant.
131. Voir l’article sur le coq de Jemappes p. 114.
132. Voir Delforge, P., Assemblée des élus wallons, in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 1, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 67-68. 133. Pas encore intitulé Université de Mons-Hainaut ni Université de Mons, l’Institut commercial était alors nommé Université de l’État.
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La salle académique de l’Université de Mons-Hainaut. G. Focant, DPat © SPW
Assemblée des élus wallons, Mons, 10 décembre 1979 : le bureau est composé des trois membres de l’Exécutif (Philippe Maystadt, Bernard Anselme et Jean-Maurice Dehousse) et par Léon Hurez (président) – Photothèque du journal Le Soir
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31. MONS, l’Institut provincial d’Hygiène et de Bactériologie Boulevard Sainctelette, 55
Fondé à l’instigation du docteur Descamps, membre du Conseil provincial du Hainaut, l’Institut d’Hygiène et de Bactériologie répondait aux besoins de son temps : la lutte contre les épidémies. Inauguré en 1911, au boulevard Sainctelette, il est le résultat du travail des architectes Symons et Dubail. Construit sur un plan en T, l’édifice comprend trois niveaux de hauteur dégressive. De tendance néo-renaissante, son style est pourtant bien éclectique et puise son inspiration tant dans l’Art nouveau que dans l’art de la Renaissance : pilastres colossaux, rythme vertical, bossages et décorations antiques. Le hall d’entrée est le seul élément d’origine avec sa cage d’escalier à double volée en marbre beige, bordé d’une balustrade de fer battu. Pour le reste, rien ne subsiste de la structure du bâtiment dans lequel l’actuel Institut provincial d’Hygiène et de Bactériologie poursuit ses activités.
1913 : l’Assemblée wallonne L’Assemblée wallonne qui se tient à Mons le 16 mars 1913 constitue sans aucun doute une étape primordiale dans la construction d’une identité wallonne. C’est en effet lors de cette réunion que l’Assemblée s’est définitivement prononcée sur l’adoption d’un drapeau wallon. Déjà évoquée lors du Congrès de 1905, la question avait été relancée en 1907 par la revue liégeoise Le Réveil wallon, qui proposait l’emblème du coq134. L’inauguration du monument de Jemappes135 en 1911 et le discours qu’y prononça Jules Destrée avaient conforté les membres de l’Assemblée wallonne dans cette idée. Lors de la réunion du 16 mars 1913, Richard Dupierreux136 présente un rapport, qui lui avait été demandé 134. Moreau, Y., La genèse du drapeau wallon, in Vers une symbolique wallonne, Musée de la Vie wallonne, Liège, Fonds d’histoire du Mouvement wallon, 2006, p. 12. 135. Voir les articles sur le coq de Jemappes et sur l’Institut commercial des industriels du Hainaut de Mons p. 68 et 114. 136. Richard Dupierreux (1891-1957). Collaborant dès son plus jeune âge avec Jules Destrée, il devient secrétaire de la Société « Les Amis de l’Art wallon » en 1912 et membre fondateur de l’Assemblée wallonne.
lors de l’assemblée de juillet 1912. Il y justifie la nécessité de choisir des emblèmes pour la Wallonie et déclare « qu’un drapeau, un chant et une fête wallonne affirmeront l’unité régionale137 ». Il parvint à convaincre ainsi les membres de l’Assemblée qui opteront pour un drapeau wallon sur lequel figure un coq rouge sur fond jaune. Le choix définitif se fera à Ixelles le 20 avril 1913 à l’occasion de la troisième réunion de l’Assemblée wallonne. L’Assemblée confie alors à l’artiste Pierre Paulus la tâche de dessiner le coq qui figurera sur l’emblème wallon. C’est en juillet 1998 seulement que le Parlement wallon, à l’initiative de son ancien président Willy Burgeon, adoptera un décret faisant du coq de Paulus l’emblème officiel de la Région, ce qu’il était déjà depuis 1975 pour la Communauté française138.
137. La Défense wallonne, mars 1913, p. l41.- Sur le rapport de Dupierreux, voir également l’article sur le parc de l’Harmonie à Verviers p. 94. 138. Voir l’article sur la tombe de Fernand Massart p. 173.
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La façade principale de l’Institut d’Hygiène et de Bactériologie. G. Focant, DPat © SPW
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32. NAMUR, l’ancienne Bourse de commerce Place d’Armes
De style néo-Renaissance, la Bourse de commerce a été édifiée à partir de 1932 en briques et calcaire selon les plans de l’architecte E. Dickschen, d’après un avant-projet d’E. Frankinet. Elle fut inaugurée en 1934. Plusieurs bâtiments de la place d’Armes avaient été détruits au cours des bombardements de la Première Guerre mondiale et le nouveau bâtiment avait été édifié grâce aux réparations de guerre versées par l’Allemagne. À l’arrière du bâtiment subsiste une ancienne tour d’enceinte, la tour Saint-Jacques, devenue beffroi de la ville de Namur, et, à ce titre, aujourd’hui, classée au patrimoine mondial de l’Unesco avec les autres beffrois wallons. Complètement restructurée voici peu suivant les plans de l’architecte Marc Jortay, la Bourse de commerce accueille actuellement un centre de Congrès ultra moderne après avoir abrité longtemps le Parlement wallon.
1961, 1968 : les Congrès constitutifs du MPW et du RW Fondé dans la foulée des grandes grèves de l’hiver 1960-1961 contre la loi unique, le Mouvement populaire wallon regroupe essentiellement des syndicalistes de gauche, à l’initiative d’André Renard. Ayant pour objectif le fédéralisme, le succès du mouvement est rapide et de nombreuses régionales sont fondées suite à l’annonce officielle de sa création, faite à Namur le 27 mars 1961. Présidé par André Renard, le premier Congrès du MPW regroupe près d’un millier de personnes à la Bourse de commerce les 18 et 19 novembre 1961. Moins de sept ans plus tard, la crise linguistique et la radicalisation du Mouvement wallon débouchent sur une autre étape parmi les plus fondamentales de l’histoire du Mouvement wallon avec le Congrès constitutif, le 9 juin 1968, du Rassemblement wallon qui regroupe plusieurs partis fédéralistes sous l’impulsion de son premier président François Perin139. Le RW prendra rapidement de l’importance sur la scène politique francophone (en obtenant jusqu’à 20 % des suffrages en 1971) et jouera un rôle essentiel d’aiguillon et de propositions constructives dans la réforme de l’État de 1970 et dans la régionalisation préparatoire de 1974.
1981 : le premier siège du Conseil régional wallon
installation au Saint-Gilles140. D’octobre 1980 à l’automne 1981, le CRW avait siégé dans la grande salle de l’hôtel Sofitel de Wépion141, louée à cette fin par la Ville de Namur, qui mit ensuite les locaux de la Bourse à la disposition du Conseil. Celui-ci regroupait initialement tous les députés et sénateurs élus en Wallonie et il ne disposa d’une composition propre et d’élus distincts des élus fédéraux qu’à partir des élections de juin 1995, les premières du genre. Le parlement de la Région wallonne siégea à la Bourse de commerce du 23 décembre 1981 jusqu’à l’inauguration du SaintGilles en septembre 1998, sous la présidence d’André Cools (1981-1985), de Charles Poswick142 (1985-1988), de Willy Burgeon (1988-1995), de Guy Spitaels (1995-1997) et d’Yvan Biefnot (1997-1999), outre un bref intérim de trois mois de Valmy Féaux de février à mai 1988. Le tableau de cette législature ne serait pas complet sans un mot sur l’ambiance différente qui régnait entre les parlementaires wallons, bien moins compassée qu’au parlement fédéral. Contacts humains directs, simplicité, cordialité, y compris avec les ministres : on y apprenait différemment le débat démocratique bien plus en terme de discussion que d’affrontement. On y nouait aussi des amitiés et je ne peux pas ne pas évoquer avec tendresse Henri Mordant dont les qualités humaines et la grande culture m’avaient d’emblée séduit. Témoignage de José Daras, in L’Aventure régionale, p. 308.
L’ancienne Bourse de commerce fut également et surtout le siège du Conseil régional wallon avant son 139. François Perin (1921-). Docteur en droit, professeur à l’Université de Liège. Fédéraliste convaincu, il fonde le Parti wallon des Travailleurs en 1964 et fait partie des membres fondateurs du RW dont il sera le premier président, mais qu’il quittera en 1976 avec d’autres ténors pour créer le Parti des Réformes et de la Liberté dont il sera sénateur jusqu’en 1980. F. Perin s’est présenté symboliquement aux élections communales de 2006 sur les listes du Rassemblement Wallonie-France.
140. Voir l’article sur l’hospice Saint-Gilles de Namur p. 208. 141. Voir l’article sur l’hôtel Sofitel de Wépion p. 76. 142. Baron Charles Poswick (1924-1994), libéral, docteur en droit et licencié en sciences commerciales, il devient parlementaire PLP en 1965 pour l’arrondissement de Namur. Premier président du Parlement de la Communauté française en 1984-1985 et de celui de la Région wallonne (1985-1988), il fut également Ministre de la Défense.
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Vue de la façade de l’ancienne Bourse de commerce, place d’Armes. G. Focant, DPat © SPW
Épinglette du Conseil régional wallon © R. Delhaye
Réunion du Conseil régional wallon dans la salle de la Bourse de commerce – Coll. Institut Jules Destrée
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33. NAMUR, le château de La Plante Avenue de la Pairelle, 32-34
Cet élégant édifice en U de style Louis XVI aménagé au milieu du xixe siècle par Louis Mohimont au départ de deux maisons jointives du xviiie siècle fut loué à la Province de Namur par les descendants du dernier occupant avant d’être vendu, incendié, menacé de démolition, et heureusement racheté à partir de 1998 par l’ACIS, Association chrétienne des institutions sociales et de santé, dont il abrite le siège social.
1974 : le Conseil régional provisoire er
Le l avril 1974, à l’initiative de François Perin du côté francophone, Ministre RW des Réformes institutionnelles dans une coalition dirigée par Léo Tindemans, la loi dite de « régionalisation préparatoire » créa au sein du Gouvernement trois Comités ministériels des affaires régionales et, au départ des Sénateurs, trois Conseils régionaux consultatifs dont le premier Conseil régional wallon. Ce fut une étape importante dans la voie de la régionalisation à trois, mais les travaux de ce premier CRW furent boycottés par le Parti socialiste en raison de l’hostilité du coprésident du PSB André Cools à cette structure sans pouvoir née en dehors de la volonté du PSB. Le CRW tint ses séances publiques dans la salle du Conseil provincial de Namur143 et c’est également de cette dernière qu’il obtint en sous-location, pour y installer ses services à partir du ler juillet 1975, le château de la Plante que la Province prit en location à cet effet pour un bail de neuf ans. Les présidences de groupes et les bureaux de l’assemblée y furent installés jusqu’à leur dissolution peu avant les élections législatives d’avril 1977. Au terme de celles-ci, le retour des socialistes au pouvoir devait notamment se
traduire par la suppression des Conseils issus de la loi de 1974 avant la création d’un nouveau CRW, radicalement différent, trois ans plus tard. L’implantation de La Plante était prévue pour n’être que provisoire, le Bureau politique du CRW ayant souhaité dès 1975 pouvoir installer le Conseil, sa salle des séances et ses services dans l’ancien hospice Saint-Gilles au confluent de la Meuse et de la Sambre, puis dès l’année suivante, dans un bâtiment neuf à construire sur la pointe du Grognon.
1980 : le premier siège de la SRIW Créée par la loi du 4 août 1978 (après la fin des Conseils régionaux consultatifs), la Société régionale d’Investissement de Wallonie fut officiellement constituée à Namur le 22 octobre 1979. Elle commença effectivement à fonctionner à partir du 1er mars 1980 dans les locaux du château de La Plante désertés par le défunt Conseil, avant de s’installer dans un immeuble de bureaux à Jambes, place Joséphine-Charlotte, puis de rejoindre Liège dans les années 1990 avec les autres organismes publics régionaux à vocation économique.
143. Voir la notice relative au palais provincial de Namur p. 82.
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Namur, le château La Plante. G. Focant, DPat © SPW
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34. NAMUR, l’ancien hôtel Sofitel de Wépion Chaussée de Dinant, 1148 à Wépion
L’ancien hôtel Sofitel de Wépion, aujourd’hui intégré dans la chaîne Léonardo après avoir fait partie de celle des Novotel, est un vaste bâtiment plat en bord de Meuse, édifié en 1973 et comptant plus d’une centaine de chambres et de nombreuses salles de réunion pour séminaires.
1980-1981 : la première session du Conseil régional Le 14 mai 1979, une Assemblée informelle des Parlementaires de la Région wallonne avait été réunie à Namur à la demande de Jean-Maurice Dehousse144, président du premier Exécutif régional, afin de procéder à la lecture de sa déclaration de politique générale. Le Conseil régional wallon, prédécesseur de l’actuel Parlement wallon, tint sa première réunion le 15 octobre 1980 au Sofitel de Wépion, tandis que les quelques fonctionnaires de cette nouvelle assemblée, « se casaient tant bien que mal dans un bâtiment de la rue Saint-Nicolas à Namur145 ». Léon Hurez146 devint le premier président du Conseil régional. Dans la perspective de pouvoir accueillir sans délai les travaux du nouveau Conseil régional wallon (après la suppression du Conseil consultatif provisoire qui avait existé de 1974 à 1977) dont la création, pensait-on, était imminente, la Ville de Namur avait loué dès 1978 la seule vaste salle de réunion disponible sur son territoire, celle de l’hôtel Sofitel de Wépion, inauguré cinq ans plus tôt. Elle courait moins le risque ainsi de voir la nouvelle assemblée wallonne décider de s’installer « provisoirement » dans une autre ville mieux équipée, si d’aventure Namur n’avait pu fournir les lieux nécessaires. C’est donc dans cette salle de réunion qu’eut lieu, le 15 octobre 1980, la séance officielle d’installation du CRW issu des lois d’août 1980. Léon Hurez présida le Conseil régional wallon jusqu’au 6 octobre 1981, durant toute la première session au cours de laquelle furent adoptés les deux premiers décrets wallons dans les matières alors régionales : celui du 21 août 1981 modifiant la loi sur la pêche fluviale et celui du 26 août 144. Jean-Maurice Dehousse (1936-). Socialiste, docteur en droit, membre du MPW en 1961 et délégué syndical FGTB du personnel scientifique de l’Université de Liège. Conseiller communal de Liège en 1976, puis bourgmestre en 1994 jusque son élection en tant que député européen en 1999. Membre du Gouvernement fédéral en tant que président de l’Exécutif régional wallon de 1979 à 1981, il sera encore Ministre-Président de 1982 à 1985. 145. Hurez, L., Les débuts du Conseil régional wallon, in Joris, F. (dir.) L’aventure régionale. Soixante témoins pour soixante temps forts, à l’initiative de J.-C. Van Cauwenberghe, Bruxelles, Luc Pire, 2000, p. 62. 146. Léon Hurez (1924-2004). Socialiste, bourgmestre de Strépy-Bracquegnies (1965-1976), puis de La Louvière (1977-1984). Plusieurs fois ministre, il fut le premier président du Parlement wallon et président du Parlement de la Communauté française.
1981 créant un Comité de surveillance et de contrôle dans les entreprises en voie de restructuration. Dès la législature suivante, après les élections du 8 novembre 1981, le Conseil régional put s’installer dans les locaux de l’ancienne Bourse de commerce au cœur de Namur. Il se rapprochait ainsi des services du greffe qui, alors « forts » de quatre agents, s’étaient installés dès 1980 au no 24 de la rue Saint-Nicolas, dans un bâtiment loué alors à une société bancaire qui l’avait laissé sans occupation depuis longtemps. Ces locaux sont toujours occupés actuellement par le Greffier du Parlement wallon. Le décor : un « Sofitel » en bord de Meuse, une salle basse, aveugle, très moderne d’aspect, mais présentant peu de commodités. Des chambres d’hôtel en guise de salles. À côté, un GB. Ce n’est pas un décor historique pour la Wallonie, mais il semble politiquement exclu de retourner à Bruxelles et de siéger au Sénat comme le Conseil communautaire. Alors, le « provisoire » peut durer. Combat, 13 novembre 1980, p. 2.
« L’intérêt des membres de l’assemblée était réel et conduisit souvent le conseil à siéger tard dans la soirée, tant le souci d’information de ses membres était grand. Les conditions de travail étaient, bien sûr, précaires et malcommodes : siéger dans un hôtel, dans lequel un va-et-vient de clients et de personnel créait une certaine confusion, n’était ni aisé, ni compatible avec la dignité d’une assemblée législative. Qu’on me comprenne bien : je n’entends pas critiquer la décision de la Ville de Namur de mettre ces lieux à notre disposition. Le bourgmestre d’alors, Louis Namêche, avait, bien avant le vote de la loi spéciale, compris qu’il devait rapidement permettre l’accueil de l’assemblée dans une ville à qui le soudain statut d’hôte d’instances régionales posait d’évidence quelques problèmes. Sa décision permit d’installer le Conseil deux mois seulement après l’entrée en vigueur de la loi et le mit en état d’entamer immédiatement ses travaux. Témoignage de Léon Hurez, in L’Aventure régionale, p. 62-63.
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Première réunion du Conseil régional wallon au Sofitel de Wépion (15 octobre 1980) – Coll. Institut Jules Destrée
Vue intérieure de la grande salle de l’ancien hôtel Sofitel © IPW
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35. NAMUR, l’hôtel Kégeljan Rue de Fer, 42
Après la destruction de l’hôtel de ville place d’Armes en 1914, la Ville de Namur acquit en 1919 l’hôtel particulier construit rue de Fer dans l’esprit « néo-Renaissance flamande » entre 1878 et 1880 pour les époux Kégeljan-Godin, par l’architecte bruxellois Henris Beyaert, dont il s’agit d’une des créations les plus harmonieuses. Exemple parfait du style éclectique dont l’architecte était un important représentant, l’hôtel Kégeljan présente une façade d’une rigoureuse symétrie et richement décorée : nombreux balcons, consoles, balustres, obélisques, chapiteaux corinthiens, coquillages, etc. Bombardé en 1944, reconstruit en 1947, l’hôtel Kégeljan abrita les services communaux jusqu’à la construction d’un plus vaste édifice, entamé dans son prolongement en 1981 en raison de la fusion de communes. Depuis lors, un nouveau bâtiment permet de relier par un couloir ce nouvel Hôtel de Ville et l’hôtel Kégeljan, que la Ville a remis en valeur entre 1997 et 2001.
1988 : le premier siège namurois de l’Exécutif régional Après la construction du nouvel hôtel de ville de Namur dans les années 1980, l’hôtel Kégeljan abrita de 1988 à 1992 le siège de la présidence de l’Exécutif régional wallon, jusqu’alors installée à Bruxelles. Celui-ci était dirigé par le socialiste namurois Bernard Anselme et comprenait les socialistes André Baudson147, Edgard Hismans et Alain Vanderbiest148 (tous trois décédés depuis) et les sociauxchrétiens Amand Dalem149, Albert Liénard150 et Guy Lutgen151. Alors que les autres cabinets ministériels ne s’implanteraient que progressivement à Namur, celui du Ministre-Président prit partiellement ses quartiers dans les étages de l’hôtel Kégeljan, dont le rez-de-chaussée abritait les bureaux ministériels et la salle de réunion de l’Exécutif. Bien que le nouveau siège de la présidence152 ait été inauguré en juin 1991, ce n’est que dans le courant de 1992 que le successeur de Bernard Anselme put quitter, avec son cabinet, la rue de Fer pour la rue Mazy et la Maison jamboise. La Ville récupéra son ancien hôtel de ville ultérieurement.
147. André Baudson (1927-1998). Socialiste, il fut ministre fédéral avant de devenir ministre wallon à plusieurs reprises à partir de 1989. 148. Alain Vanderbiest (1943-2002). Socialiste et ministre wallon des Pouvoirs locaux et Travaux subsidiés de 1990 à 1992. 149. Amand Dalem (1938-). Social-chrétien et ministre wallon de 1985 à 1992. Gouverneur de la Province de Namur en 1994, il prend sa retraite en 2007. 150. Albert Liénard (1938-). Social-chrétien, député wallon de 1995 à 2004 et ministre wallon de 1985 à 1995. 151. Guy Lutgen. Social-chrétien, ministre wallon de 1988 à 1999. 152. Voir la notice sur l’Élysette p. 200.
Désigné en mai 1988 Ministre-Président de l’Exécutif de la Région wallonne, je me devais d’engager une course contre la montre pour verrouiller la localisation des institutions. On commença par les symboles. Il fallait que le Conseil des Ministres et le Ministre-Président soient à Namur. Il n’y avait guère d’infrastructures pour les accueillir, certes. Même la Maison jamboise, rebaptisée depuis « Élysette », depuis peu acquise par la Région, avait partiellement brûlé pendant l’été... La Ville mit à notre disposition l’ancien Hôtel de Ville, rue de Fer. L’installation s’y fit juste avant les Fêtes de Wallonie 1988. L’endroit était sympathique, mais exigu et mal commode. Le bruit des séances du cinéma voisin traversait parfois les murs, et la salle de gouvernement servait aussi de salle à manger, de salle de réunion, de salle de presse, de salle de réception... Pour résoudre les problèmes de place, il avait fallu disperser le cabinet sur deux autres implantations à Jambes. Tout cela ne simplifiait pas le travail quotidien. Témoignage de Bernard Anselme, in L’Aventure régionale, p. 124
Le Gouvernement wallon à l’hôtel Kégeljan. De gauche à droite, Albert Liénart, Amand Dalem, Guy Lutgen, feu Alain Vanderbiest, feu Edgard Hismans, Bernard Anselme et feu André Baudson © SPW
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L’hôtel de Kégeljan, contigu à l’actuel hôtel de ville de Namur. G. Focant, DPat © SPW
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36. NAMUR, l’hôtel de ville du XIXe siècle Bâtiment disparu, place d’Armes
À l’origine sur la place d’Armes, l’hôtel de ville de Namur fut incendié par les Allemands en août 1914 et installé après la guerre à un tout autre endroit, rue de Fer. L’édifice précédent datait de 1828 et avait remplacé un premier hôtel de ville datant du xvie siècle. Imposant et de style néoclassique, l’hôtel de ville du xixe siècle consistait en un long bâtiment de trois étages avec un soubassement agrémenté d’arcades et, en son centre, un avant-corps composé de colonnes ioniques et surmonté d’un fronton. Le dernier étage était agrémenté d’une élégante corniche. D’abord remplacé par une série de cafés, ce bâtiment se trouvait à l’emplacement de l’actuel magasin « Inno ».
L’ancien hôtel de ville de Namur, détruit en 1914. Carte postale ancienne © Collection privée
1891 : le deuxième Congrès wallon Organisé à Namur les 25 et 26 décembre 1891 et présidé par Édouard Termonia, le second Congrès wallon est essentiellement orienté autour de problèmes stratégiques : faut-il créer un parti à caractère wallon ou doit-on s’interdire toute activité directement politique ?
Le Congrès décide de s’organiser autour d’un Comité permanent composé de membres de diverses régions. Les questions abordées au cours de la séance du 26 décembre portent sur les subventions à allouer à l’art dramatique wallon et sur la sauvegarde des intérêts des fonctionnaires wallons via un bilinguisme limité en Flandre aux seuls fonctionnaires en contact avec le public néerlandophone.
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37. NAMUR, la maison de la Culture Avenue Golenvaux, 14
Œuvre de l’architecte V. Bourgeois avec la collaboration de J. Ledoux, G. Lambeau et J. Collin, la construction de la maison de la Culture de Namur est entamée en 1957. Inauguré le 24 mai 1964 et situé au confluent de la Sambre et de la Meuse, le bâtiment est un essai hardi d’intégration d’une architecture moderne à proximité du Musée archéologique et de la porte de Sambre-et-Meuse.
La maison de la Culture à Namur. G. Focant, DPat © SPW
1970 : le Congrès de Wallonie libre Wallonie libre est née suite à l’appel du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle, date également du traditionnel pèlerinage à l’Aigle blessé de Waterloo153. Ayant entendu l’appel, une poignée de militants décide de fonder Wallonie libre, sur le modèle de la France libre. Durant la guerre, plusieurs groupes se constituent partout en Wallonie et opèrent un travail clandestin de résistance. De grandes figures du Mouvement wallon prennent une part active dans ces actions : François Van Belle, Fernand Schreurs, Maurice Bologne, etc. La libération du pays en 153. Voir l’article sur le monument à l’Aigle blessé p. 119.
1944 ne met pas fin aux activités de Wallonie libre qui poursuit son action pour l’égalité entre Wallons et Flamands au sein de l’État unitaire. Elle soutient le travail du Congrès national wallon et se prononce contre le retour de Léopold III en 1950. Wallonie libre organise notamment à Namur un congrès de combat, en 1963 et son Congrès du 30e anniversaire, à la maison de la Culture, le 21 juin 1970. Au moment où le Gouvernement présentait son projet de révision de la Constitution, Wallonie libre prônait un fédéralisme complet et une consultation populaire sur les limites de Bruxelles, deux revendications allant bien au-delà des compromis déjà en cours de négociation. 81
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38. NAMUR, le palais provincial Place Saint-Aubain Monument classé le 15 janvier 1936
Ancienne demeure des évêques de Namur de 1732 à la Révolution française et siège des institutions provinciales depuis 1830, cet imposant palais classique est un des plus beaux édifices de Wallonie tant par son architecture que par sa décoration intérieure. Construit en brique enduite et pierre bleue sur un plan en U, il comporte un haut frontispice au centre de l’aile principale. L’ancienne chapelle de l’évêché a été réaffectée en salle de réunion pour le Conseil provincial.
Séance du Conseil régional provisoire dans la salle du Conseil provincial de Namur © SPW
1974 : la première salle de séance du Conseil régional provisoire Le premier Conseil régional wallon, issu de la loi de régionalisation préparatoire de 1974, qui créait des institutions provisoires154, était composé des sénateurs francophones élus en Wallonie, au nombre de soixante-deux, dont vingt-cinq socialistes qui refusèrent de participer aux travaux après la séance d’installation. Sous la présidence du libéral carolorégien Franz Janssens (1914-1985), le Conseil tint ses vingt-trois séances plénières de la législature 19741977, sauf une (le 1er décembre 1975 à Bruxelles), dans la salle du Conseil provincial, dont sa séance inaugurale le 26 novembre 1974 à 14h. Jusqu’à leur installation au château de La Plante à l’été 1975, les services du Conseil (présidence, greffe, comptes rendus intégral et analytique, secrétariat des groupes) furent également hébergés dans les locaux du palais provincial namurois.
Convoqué pour la première fois par le ministre Alfred Califice, le Conseil régional wallon tint sa séance d’installation le 26 novembre 1974 à 14h, en la salle du Conseil du Gouvernement provincial à Namur. Le bureau provisoire était composé du doyen d’âge, Jacques Hambye, qui occupait le fauteuil de la présidence, et des deux membres les plus jeunes, Frédéric François et André Bertouille, remplissant les fonctions de secrétaire. Le doyen ouvrit la séance en déclarant qu’il s’agissait de la première manifestation tangible en Wallonie d’une profonde transformation des structures de l’État belge. La séance se tenait dans la chapelle de l’ancien évêché ; le président siégeait sous une colombe en plâtre représentant le Saint Esprit ; il était donc particulièrement bien inspiré. La disposition de la salle avait été étudiée afin de permettre de faire figurer au premier rang huit PS, quatre PSC, trois PLP et trois RW. Sa configuration respectait la force des quatre partis politiques ; c’était un modèle du genre compte tenu de l’exiguïté de la salle. Les membres de l’Exécutif avaient été placés à la droite du président et le greffier, avec ses collaborateurs, à sa gauche. Témoignage de Jacques Brassine de la Buissière, Le Conseil régional wallon 1974-1979, Namur, Institut Jules Destrée, 2008, p. 29.
154. Voir la notice sur le château de La Plante à Namur p. 74.
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Vue extérieure du palais provincial de Namur. G. Focant, DPat © SPW
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39. NAMUR, la salle Jean Materne Parc Reine Astrid, à Jambes
Situé au cœur de Jambes, le parc Reine Astrid est né vers 1955 de la fusion de deux anciennes propriétés privées. Il bénéficie de nombreux atouts : œuvres d’art et pièce d’eau agrémentée d’une petite cascade ; il abrite également une salle de réunions et de manifestations, la salle Jean Materne, du nom du militant wallon qui fut bourgmestre de Jambes de 1934 à sa mort en 1964.
La salle Jean Materne dans le parc Astrid. D. Brüll, DPat © SPW
1964, 1965 et 1969 : trois Congrès wallons Plusieurs Congrès wallons se sont déroulés dans la salle du parc Reine Astrid de Jambes, qui comptait parmi les lieux habituels de rassemblement des militants wallons namurois, au même titre que la Bourse de commerce. Les troisième et quatrième Congrès du Mouvement populaire
wallon y eurent lieu respectivement le ler mars 1964 et le 7 novembre 1965. Le 22 février 1969, un Congrès des quatre mouvements wallons se tint également à cet endroit : rassemblant le Mouvement libéral wallon, le Mouvement populaire wallon, Wallonie libre et Rénovation wallonne, il permit à ces quatre mouvements de faire le point sur leurs actions et revendications communes.
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40. NAMUR, le théâtre royal Place du Théâtre, 2 Monument classé le 22 janvier 1993
Établi à cet endroit depuis 1825 et détruit trois fois par les flammes, l’actuel théâtre royal de Namur est inauguré le 27 septembre 1868. Conçu par Thierry Fumière, architecte de la Ville de Namur, et par l’ingénieur-architecte JulienÉtienne Rémont, il s’impose à la vue par son élégant avant-corps d’entrée néoclassique et son éblouissante salle de spectacle. La façade, en calcaire jaune, comprend deux niveaux sous attique, de sept travées avec portique : deux niches abritent les statues de la Comédie et de la Musique. L’intérieur intègre au théâtre à l’italienne les modifications françaises du xviiie siècle : décalage des balcons, installation d’une coupole cintrée avec lustre et ornée d’une toile peinte. Le théâtre royal de Namur a fait l’objet d’une restauration complète par l’architecte Thierry Lanotte entre 1994 et 1998.
Le théâtre royal de Namur. G. Focant, DPat © SPW
1947 : le troisième Congrès national wallon Organisé les 3 et 4 mai 1947, le Congrès wallon de Namur devait plancher sur des questions politiques d’actualité. Quelques semaines plus tôt, Marcel Grégoire155 avait élaboré une proposition de révision de la Constitution, sous l’égide du Comité permanent du Congrès national wallon156. 155. Marcel Grégoire (1902-1982). Militant socialiste, il assiste au premier Congrès culturel wallon de 1938. Résistant, il devient député à la Libération (1946-1949), puis conseiller communal de Watermael-Boitsfort (1946-1964). Membre du directoire de Wallonie libre, il est membre du Comité d’Action wallonne et participe aux réunions du Congrès national wallon. Ami d’André Renard, il participe à la création du MPW dont il devient membre du comité de la régionale de Bruxelles. Quittant le parti socialiste belge, il deviendra finalement membre du FDF en 1964. 156. Schreurs, F., Les congrès de Rassemblement wallon de 1890 à 1959, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1960, p. 38.
Le but du Congrès de Namur était d’approuver ce texte et de prévoir l’attitude à adopter si cette proposition était rejetée par la Chambre, ce qui était prévisible puisque la Constitution ne pouvait être modifiée dans l’immédiat, la Belgique connaissant alors une période de Régence. Comme prévu, le Parlement rejeta la proposition en sa séance du 19 novembre. Certains congressistes comme Charles Plisnier157 eurent l’occasion de réaffirmer leur volonté d’un rattachement à la France lors de ce Congrès.
157. Charles Plisnier (1896-1952). Poète et romancier. Communiste avant de rejoindre le parti socialiste belge en 1928, il participe au premier Congrès national wallon de 1945 et il balance entre rattachement et fédéralisme.
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41. NAMUR, 89, rue Van Opré
Petit immeuble de bureaux de trois niveaux construit fin 1984 à l’angle des rues Van Opré et Kefer, dont l’entrée se situe d’ailleurs dans cette dernière.
L’immeuble, 89, rue Van Opré à Namur. C. Bailleux, DPat © SPW
La première réunion d’un Exécutif régional à Namur Abritant aujourd’hui des services de la Communauté française (Allocations d’études et Protection judiciaire), cet immeuble fut édifié à la demande du cabinet du Ministre Valmy Féaux qui venait de s’installer à Namur, pour y loger sa cellule « Emploi ». C’est là qu’eut lieu le 13 mars 1985 la première réunion de l’Exécutif régional en territoire wallon. De 1988 à 1992, la cellule « Implantations » du cabinet du Ministre-Président Bernard Anselme (installé rue Kefer) occupa les lieux.
L’installation de mon cabinet à Namur m’astreignit à de fréquentes navettes vers Bruxelles où restaient localisés les autres Ministres de la Région wallonne. Les réunions de l’Exécutif se tenaient chez le Ministre-Président au boulevard de l’Empereur tous les mercredis. J’obtins quand même que l’Exécutif se réunisse quelques fois à Namur. La première réunion de l’Exécutif à Namur eut lieu le mercredi 13 mars 1985 dans les locaux fraîchement terminés – l’eau sourdait encore des murs – du bâtiment annexe destiné à la cellule « emploi ». La presse salua cette réunion comme un événement historique : des Ministres wallons qui pour la première fois tenaient leur réunion à Namur. Témoignage de Valmy Féaux, in L’Aventure régionale, p. 97.
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42. NAMUR, 97, rue Van Opré
Immeuble de bureaux sans recherche architecturale particulière, tel qu’il s’en est construit beaucoup à Jambes autour de la place Joséphine-Charlotte, au tournant des années 1970 et 1980.
1984 : le premier cabinet ministériel à Namur Aussi longtemps que le pouvoir exécutif wallon encore embryonnaire fut composé de membres de Gouvernement central (Comité ministériel des Affaires wallonnes présidé par Alfred Califice de 1974 à 1977 ; premiers Exécutifs régionaux présidés par Jean-Maurice Dehousse d’avril 1979 à décembre 1981), ceux-ci siégeaient par la force des choses à Bruxelles. C’est le pouvoir exécutif autonome (mais alors obligatoirement composé à la proportionnelle) qui décida le 27 octobre 1982 d’installer à Namur, au plus tard en 1985, les cabinets ministériels wallons et les administrations régionales. L’Exécutif fut présidé par le même JeanMaurice Dehousse d’octobre 1982 à décembre 1985 après neuf mois de présidence du libéral André Damseaux (de janvier à octobre 1982). Malgré cette décision de principe, l’Exécutif wallon resta entièrement localisé à Bruxelles durant encore deux ans, seules ses réunions budgétaires étant organisées au château de La Hulpe.
Notre Exécutif lui-même se cherchait encore, géographiquement parlant. Il siégeait au boulevard de l’Empereur, à Bruxelles, mais il se réunissait au château de La Hulpe quand il s’agissait de discuter du Budget. Nous n’en étions pas encore, loin s’en faut, à imaginer de faire de Namur le centre géographique et politique de la Wallonie qui se composait politiquement. Témoignage de Jacqueline Mayence, in L’Aventure régionale, p. 80.
Le ministre socialiste de l’Environnement, Valmy Féaux158, fut le premier à installer son cabinet ministériel à Namur, au 97 de la rue Van Opré, sur deux plateaux que Cockerill Sambre venait de libérer dans un immeuble proche de la place Joséphine-Charlotte et des premiers bureaux de la SRIW (Société régionale d’Investissement de Wallonie). L’installation du cabinet à Namur eut lieu en décembre 1984. C’est dans un bâtiment annexe à peine terminé au coin de la rue Van Opré et de la rue Kefer (aujourd’hui occupé par des services de l’Inspection de l’Enseignement de la Communauté française), destiné à une des cellules du cabinet, qu’eut lieu le 13 mars 1985 la première réunion à Namur de l’Exécutif régional wallon. Son président, Jean-Maurice Dehousse, installa à son tour son cabinet dans la capitale wallonne en septembre suivant (avenue Prince de Liège, de l’autre côté de la place Joséphine-Charlotte), mais pour trois mois seulement. Fin 1985, le premier Exécutif composé selon les règles normales du jeu démocratique (majorité sociale-chrétienne-libérale et opposition socialiste et écologiste), présidé par le social-chrétien Melchior Wathelet, décidait, en effet, de réinstaller à Bruxelles la totalité des cabinets ministériels wallons. Valmy Féaux quitta Namur le 9 décembre, non sans avoir planté un tilleul « commémoratif » sur l’esplanade faisant face à ses locaux. Ceux-ci sont toujours occupés aujourd’hui par divers services administratifs de la Région. Dans le prolongement du no 97 de la rue Van Opré, mais situé place Joséphine-Charlotte, no 2, un nouvel immeuble de neuf étages (dont la construction avait été entamée en 2004) accueille depuis le 15 décembre 2008 les services du Secrétariat général du SPW (Service public de Wallonie). 158. Voir Féaux V., Des choux et des raves, Ottignies, 1997, p. 153.
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Vue du 97, rue Van Opré à Namur © IPW
Couverture d’une brochure publiée en février 1993 par le Ministre Robert Collignon alors que trois des sept membres de l’Exécutif wallon avaient encore leur Cabinet à Bruxelles 88
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Au sein de l’Exécutif, le débat est vif. Un clivage fort sépare ceux qui pensent qu’il faut rester à Bruxelles à proximité des grands centres de décision, là où se trouve l’administration (essentiellement les ministres libéraux et social-chrétien) et ceux qui, au contraire, plaident pour une installation – même si elle doit s’échelonner – sur le territoire wallon, à Namur, ville choisie pour accueillir les institutions politiques de la Région wallonne et où se trouve déjà depuis fin 1980 le Conseil régional wallon, aujourd’hui appelé Parlement wallon (essentiellement les ministres socialistes). Derrière ce clivage se profile surtout un désaccord profond entre partisans et adversaires de la fusion de la Communauté française et de la Région wallonne. En attendant, chacun s’installe – les uns dans une perspective définitive, les autres provisoire – à Bruxelles dans des locaux proposés par des sociétés immobilières. Témoignage de Valmy Féaux, in L’Aventure régionale, p. 94-95.
Cet hiver-là, la Meuse charriait de gros blocs de glace sous le pont des Ardennes. En certains endroits, il était même possible de traverser le fleuve à pied. Il faut dire que depuis le lendemain de Noël – nous sommes en 1984 – la température à Namur est largement, et de façon continue, négative… atteignant même début janvier une pointe de -20 degrés. C’est pendant cette période hivernale, aux conditions climatiques exceptionnelles, que les premiers collaborateurs du cabinet du Ministre de la Région wallonne pour l’eau, l’environnement et la vie rurale emménagent à Namur – plus exactement à Jambes, à deux pas du pont des Ardennes… balayé par un fort vent polaire. Il fallait voir arriver ces pionniers ! Emmitouflés dans leurs anoraks et leurs pelisses, leurs visages à moitié dissimulés derrière une écharpe, le bout du nez perlé de gel, ils semblaient émerger de la toundra. En arrivant devant le grand bâtiment blanc de la rue Van Opré, appelé à abriter le cabinet du Ministre, ils éprouvaient un vif soulagement… tout en esquissant un sourire plutôt narquois. La carte de vœux du Ministre cette année-là ne reprenait-elle pas en exergue – ô ironie ! – un vers de Georges Brassens : « Il suffit de passer le pont ; c’est tout de suite l’aventure ». Eh oui, quelle aventure ! Ils s’en souviennent encore aujourd’hui, ces vaillants éclaireurs de la présence ministérielle en terre namuroise. Témoignage de Valmy Féaux, in L’Aventure régionale, p. 93.
Robert Collignon, vous êtes à la Région wallonne le Ministre responsable de l’implantation des Administrations régionales, notamment à Namur. Pour vous, qu’est-ce qu’une capitale ? Avant tout, le symbole d’une entité politique qui, dans le cas présent, se forge un avenir de façon aussi sereine que déterminée. Mais une capitale est également un centre, une ville et un carrefour au cœur duquel doivent se rencontrer et s’harmoniser vie locale et fonctions régionales. C’est à cette harmonie que les responsables de la Région et de la Ville souhaitent parvenir. Votre Cabinet est à Namur depuis peu, la vie ne vous y semble-t-elle pas perturbée par trop de modifications structurelles en même temps ? Je crois en effet que la période que vit actuellement Namur est une période de transformations intenses. Cela dit, les chantiers sont étalés dans le temps depuis 1986 et, aujourd’hui, nous pouvons pleinement travailler à l’intégration complète des éléments de vie de Namur qui participent au nouveau visage de la vie quotidienne. Je considère plutôt cette période intéressante – voire passionnante – car elle permet de préparer un avenir sous d’excellents auspices. Extrait de Namur, une ville, une capitale, 1993.
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43. NIVELLES, l’ancien hôtel du Baron Taye Rue de la Religion, 10 Monument classé le ler juin 1982
Édifié sur un plan presque en L, cet ensemble comprend divers bâtiments des xvie, xviie et xviiie siècles qui forment l’ancien hôtel du baron Taye de Wemmel, famille noble de la région dont plusieurs membres furent bourgmestres de Bruxelles aux xvie et xviie siècles. L’édifice présente une large façade uniformisée, rythmée de fenêtres à linteau droit dont certaines pourvues de chaînages. Une porte Louis XV en pierre bleue et une tourelle carrée en briques complètent l’harmonie du bâtiment. L’hôtel abrite actuellement le siège de l’Intercommunale du Brabant wallon (IBW), qui s’est installée dans l’ancienne remise à voitures, entièrement rénovée en 2000.
1949 : la Bibliothèque nationale de Wallonie159 La volonté de créer une bibliothèque à caractère wallon s’est manifestée à plusieurs reprises au cours du xxe siècle. La Société liégeoise de Littérature wallonne possédait déjà une bibliothèque de ce type, mais celle-ci n’avait pas de relation avec le Mouvement wallon. À l’initiative de Luc Javaux, une bibliothèque vit le jour à Namur en 1934 : cette « bibliothèque publique de Wallonie », abritée par la bibliothèque communale, disparut avec la Seconde Guerre mondiale. Une autre bibliothèque exista entre 1933 et 1935 à la Maison wallonne de Liège. Conçue dès 1941 par le cercle « les XIII » de Nivelles et par la Fédération des cercles littéraires et dramatiques du Brabant, une « Bibliothèque nationale de Wallonie » fut inaugurée dans les locaux de l’ancienne maison communale de Thines-lez-Nivelles (entité de Nivelles) en septembre 1949. Elle proposait alors près de sept mille ouvrages. Vingt ans plus tard, le 20 septembre 1969, elle déménagea dans les locaux de l’hôtel du baron Taye, avec ses quelque vingt mille ouvrages.
159. Voir Delforge, P., Bibliothèques de Wallonie, in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. 1, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 149-151.
Bibliothèque de Wallonie – Coll. Institut Jules Destrée, Archives Javaux
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La cour intérieure de l’hôtel du Baron Taye, avec la remise à voitures. G. Focant, DPat © SPW
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44. VERVIERS, l’hôtel de ville Place du marché, 55 Monument classé le 15 mars 1934
Construit entre 1775 et 1780, l’hôtel de ville de Verviers combine élégamment les styles Louis XV et Louis XVI. Œuvre de l’architecte liégeois Jacques-Barthélemy Renoz, il est constitué de trois volumes avec un avant-corps orné d’un fronton courbe et de la devise « Publicité, sauvegarde du peuple », datant de la Révolution de 1830 et faisant référence à la publicité des débats des élus. L’intérieur conserve une décoration remarquable. Un escalier supportant une rampe en fer forgé de style Louis XVI (1780) mène aux étages où se trouvent plusieurs pièces de grand intérêt. Parmi elles, le salon royal, décoré de figures allégoriques et éclairé de cinq grandes fenêtres auxquelles répondent cinq portes. L’hôtel de ville de Verviers est reconnu patrimoine exceptionnel de Wallonie.
1830 : quand Verviers se voulait française Les 28, 29, et 30 août 1830, ce sont les couleurs françaises que les révolutionnaires verviétois arborent sur l’hôtel de ville et à la tête de leurs manifestations, avant que les notables locaux ne parviennent à leur substituer les couleurs franchimontoises (vert et blanc) en souvenir du marquisat de Franchimont. S’étendant sur les actuelles communes de Verviers, Theux, Spa, Jalhay, Pepinster et partiellement Dison, le Franchimont avait fait partie intégrante de la principauté de Liège et avait disparu en même temps qu’elle lors du rattachement à la France en 1795. Six ans plus tôt, les démocrates franchimontois, réunis en Congrès à Polleur, avaient adopté en septembre 1789 une « Déclaration des Droits de l’Homme » plus démocratique que la Déclaration française. Ils avaient manifesté leur souhait de rattachement à la France dès septembre 1790. On a pu écrire à propos de la Révolution liégeoise de 1789 que « si Liège fut la capitale et Verviers la ville de province, ses élites révolutionnaires ont agi sur la première comme un aiguillon, et le mouvement révolutionnaire franchimontois et ses personnalités ont constitué l’aide radicale de la Révolution liégeoise »160. Quatre décennies plus tard, les milieux politiques verviétois sont à nouveau parmi les premiers à prôner, dès octobre 1830, la réunion de la Belgique à la France. Au début, ils sont presque isolés : nulle part ailleurs, le mouvement réunioniste n’a osé s’affirmer avec tant de force et si tôt ; les autres villes étaient plus hésitantes. Progressivement, le « parti français » gagna du terrain dans le sud du pays, à Liège notamment. La campagne profrançaise ou antibelge se poursuivit en 1831 avec autant d’ardeur. En mai, le journal verviétois développa même un thème séparatiste : la province de Liège pourrait revendiquer son ancienne indépendance pour en disposer ensuite à sa guise. Mais le projet resta sans suite. Il en fut de même de celui du bourgmestre de Verviers, Pierre David, qui, en juin 1831, envisagea très sérieusement de soulever les masses ouvrières en faveur de la France. 160. Raxhon, P., Verviers dans la Révolution liégeoise de 1789, in Joris, F. (dir.), Le XIX e siècle verviétois, Verviers, 2002, p. 219.
En septembre 1831, le Journal de Verviers rappelle que « c’est pour la France et rien que pour la France que le pays wallon s’est soulevé » et, en janvier 1832, il écrivait encore : « la fusion de la Belgique avec la France peut encore être longtemps retardée, mais nulle puissance humaine ne peut l’empêcher ». En mars et en juillet 1832 (près de deux ans après la révolution !), il trouva encore l’occasion de se dire toujours convaincu de l’inéluctabilité de la réunion. Ce furent les dernières manifestations de cet esprit réunioniste qui avait caractérisé si longtemps l’esprit public à Verviers de manière particulièrement précoce, profonde et durable et que les premiers militants locaux, trois quarts de siècle plus tard, savaient rappeler161.
1914 : le neuvième Congrès wallon Organisé par la Ligue wallonne de Verviers qui s’était constituée en août 1913, ce Congrès se tint dans la salle des mariages de l’hôtel de ville le 1er mars 1914 avec comme grand point à l’ordre du jour l’organisation des groupements wallons sous un organe centralisateur. Après une réception officielle, les débats s’ouvrirent sous la présidence de Joseph Mélen162, président de la Ligue wallonne de Verviers. Le congrès se mit d’accord pour inviter l’Assemblée wallonne à prendre en mains la centralisation des associations. Il émit le vœu de voir disparaître l’égalité des langues des programmes politiques et souhaita que les associations wallonnes organisent une campagne en faveur des droits de la Wallonie. Quatre mois plus tard, l’invasion allemande et les années de guerre allaient porter un rude coup au sentiment wallon naissant. 161. Un fort sentiment francophile existe encore actuellement en Gaume, dans le sud de la province du Luxembourg. Il n’est pas anodin de voir que le mot « mairie » est toujours inscrit sur les maisons communales de Virton ou de Habay-la-Neuve par exemple. Des manifestations pro-françaises, rapidement matées, éclatèrent à Arlon et Virton au cours de la Révolution de 1848 et les Virtonais eurent une fois de plus l’occasion de marquer leurs volontés rattachistes au sortir de la Seconde Guerre mondiale. 162. Joseph Mélen (1842-1927). Industriel, conseiller communal de Verviers dès 1881, échevin des finances à partir de 1912. Président de la Ligue wallonne de Verviers (1913-1914) et membre du Comité d’Action wallonne de Verviers
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La façade principale de l’hôtel de ville. G. Focant, DPat © SPW
La salle des mariages Éclairée par cinq fenêtres, cette salle est élégamment agrémentée de stucs (médaillons, dessus-de-porte) datant de 1780, ainsi que d’élégantes boiseries. C’est dans cette salle que le révolutionnaire verviétois Grégoire-Joseph Chapuis (seule victime politique de la répression de la Révolution liégeoise statufiée en Wallonie) passa sa dernière nuit avant son exécution sur ordre du prince-évêque de Liège le 1er janvier 1794.
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45. VERVIERS, le parc de l’Harmonie Parc classé comme site le 13 janvier 1971 Kiosque classé comme monument le 21 septembre 1982
Créée en 1829, la Société royale d’Harmonie acquit en 1832 un terrain sur lequel un bâtiment, classique et élégant, fut inauguré en 1835. Le parc, rénové en 1994 par le paysagiste Serge Delsemme, conserve de nombreux arbres séculaires dont un des plus gros marronniers de Wallonie (5,30 m de tour) et un remarquable kiosque à musique inauguré le 13 août 1854. De forme octogonale et d’allure orientalisante, il repose sur un socle en pierre et sa toiture, surmontée d’un bulbe aplati, est soutenue par huit paires de colonnettes moulurées en fonte. Haut de près de onze mètres et large de plus de dix, cet édifice (dont une réplique existe à Bruges) confère au parc un charme tout particulier, au milieu d’un écrin de verdure au centre de Verviers.
1913 : la première fête de Wallonie Le musicologue et militant wallon Paul Magnette163 fut le premier à émettre l’idée d’une fête wallonne. Dans un article paru en 1911, il préconisait « d’affirmer l’identité de la Wallonie par l’instauration d’une fête distincte du 21 juillet164 ». L’Assemblée wallonne de 1912 sollicita un rapport à ce sujet qui fut présenté par Richard Dupierreux165 lors de sa réunion du 16 mars 1913. À l’issue de celle-ci, l’Assemblée décréta que la fête de la Wallonie serait célébrée le dernier dimanche de septembre, dans l’esprit des commémorations des combats révolutionnaires de 1830166, et ce fut le cas pour la première fois en septembre à Verviers. Après une inauguration de l’événement à l’hôtel de ville, la première fête de Wallonie, organisée par la jeune Ligue 163. Paul Magnette (1888-1918). Fils de l’homme politique libéral liégeois Charles Magnette. Membre de l’exécutif de la Ligue wallonne de Liège (1912) et auteur d’une histoire de la musique en Wallonie. Fondateur de la Nouvelle Revue wallonne, il est emporté par la grippe espagnole en octobre 1918. 164. La lutte wallonne, 24 décembre 1911, p. 1, col. 3-4. 165. Voir l’article sur l’Institut d’hygiène et de bactériologie de Mons p. 70. 166. Carlier, P., La Wallonie à la recherche d’une fête nationale, in Vers une symbolique wallonne, Liège, Musée de la Vie wallonne – Fonds d’histoire du Mouvement wallon, 2006, p. A3.
wallonne de Verviers, se déroula dans le parc de l’Harmonie. Quelques manifestations avaient lieu aussi à Bruxelles, mais la plupart des associations wallonnes étaient représentées à Verviers où défila un cortège de 2500 personnes. Après plusieurs discours, dont celui de Jules Destrée, un chanteur interpréta le « Chant des Wallons ». C’est à l’initiative de la Ligue wallonne de Liège que ce chant avait été composé suite à un concours lancé en novembre 1899. Un prix avait été décerné pour la musique au compositeur liégeois Louis Hillier le 12 avril 1901167. C’est l’Assemblée wallonne, déjà à la recherche d’un drapeau et d’une fête, qui consacra également le Tchant dès walons, écrit par Théophile Bovy sur la musique d’Hillier. Traduit par la suite en français, le Chant des Wallons fut adopté officiellement comme hymne régional par le Parlement wallon en juillet 1998 après de longs débats : certains regrettaient le caractère désuet de ses paroles, mais celles-ci furent conservées dans leur historicité.
167. Godefroid, G., Du Tchant dès Walons au Chant des Wallons, in Vers une symbolique wallonne, Liège, Musée de la Vie wallonne – Fonds d’histoire du Mouvement wallon, 2006, p. 60-62.
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Le kiosque du parc de l’Harmonie. G. Focant, DPat © SPW
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46. VERVIERS, le Grand Théâtre Rue des Artistes, 2 Monument classé le 28 mars 2003
Remplaçant un théâtre construit place Verte au début du xixe siècle, le Grand Théâtre est édifié entre 1892 et 1897 dans un style néoclassique par l’architecte Charles Thirion. Vaste quadrilatère en calcaire partiellement peint et construit comme un théâtre à l’italienne, son harmonieuse façade comporte des murs à bossages au rez-de-chaussée et des murs à refends à l’étage. De nombreux éléments antiques viennent égayer l’ensemble. Au sommet, les balustrades sont ornées de lampadaires à plusieurs lanternes. À l’intérieur, la décoration de style Louis XIV comporte notamment un plafond peint de représentations mythologiques, réalisé par le peintre liégeois Berchmans.
Détail d’une façade latérale du Grand Théâtre à Verviers. G. Focant, DPat © SPW
1922 : l’Assemblée wallonne La réunion de l’Assemblée wallonne qui se tient à Verviers le 9 septembre 1922 a lieu en plein débat sur la flamandisation de l’Université de Gand, qui suscite des discussions qui enflamment le Parlement. L’Assemblée se
prononce contre la flamandisation et décide de se réunir après le vote parlementaire afin de discuter de son orientation politique une fois les résultats connus. La décision de flamandiser l’Université gantoise sera suivie, en 1923, par l’adoption d’une loi sur l’usage des langues dans l’armée.
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. Lieux détournés
1. A RLON, le monument aux morts français de 1914-1918 Cimetière d’Arlon, rue de Diekirch, 243
C’est à l’initiative de la Jeunesse arlonaise, club de football créé au lendemain de la Première Guerre mondiale, qu’est érigé un monument à la mémoire des soldats français morts durant le conflit. L’architecte Lamy et le sculpteur arlonais Jean-Marie Gaspar sont sollicités et dessinent un coq gaulois perché sur une colonne de pierre. Le symbole est double : le coq symbolise la France, mais le monument rappelle nettement celui qui avait été élevé peu avant le conflit à Jemappes, à l’initiative du Mouvement wallon, dont le coq était l’œuvre de Gaspar également, mais qui avait été dynamité par les Allemands en 1914. À la différence du coq de Jemappes, qui commémorait une victoire de la Révolution, le coq d’Arlon a la gorge tendue dans une attitude de défi, prêt à pousser un cri de triomphe à l’égard de l’ennemi168 et il est perché sur un casque allemand. Fondu à Schaerbeek, il est terminé en juillet 1919. La ville d’Arlon, parée des couleurs belges et françaises, inaugure en grande pompe son nouveau monument le 17 août 1919, en présence du général de Castelnau, adjoint du maréchal Joffre. Il s’agit d’un des premiers monuments élevés en Belgique à la mémoire des morts de la Grande Guerre. Sur sa base sont inscrits les mots suivants : « À nos amis de France 1914-1918 ». Le carré des soldats français tombés à Arlon entoure le monument, à côté duquel flotte un drapeau français. Le coq actuel est une réplique de l’original, due au sculpteur Demanet, installée en septembre 1956 à la place de l’œuvre de Gaspar qui avait connu en 1940-1945 le même sort que le coq de Jemappes en 1914-1918, en terminant dans les fonderies du Reich.
Inauguration du monument français d’Arlon en 1919 © Institut archéologique du Luxembourg, Arlon
168. Dominicy, F., La vie ardente de Jean-Marie Gaspar, Bruxelles, Volumen, 1979, p. 117.
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Le monument aux morts français de 1914-1918 © IPW
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2. CHÂTELET, le monument français Rue des Français
Le monument français © IPW
En octobre 1920, un comité provisoire se forme pour ériger un monument en l’honneur des Français morts durant la guerre. Réalisé par le sculpteur Jacques Marin, il représente la force morale repoussant la force brutale : celle-ci est symbolisée par un énorme bloc de pierres surplombant le héros qui l’arrête, alors que le coq gaulois
lance un cri de victoire dans sa direction. Le monument est inauguré le 12 septembre 1921 et, par la suite, les fêtes de septembre en l’honneur de la Wallonie seront l’occasion de rassemblements. La place à proximité de ce bâtiment est par ailleurs baptisée « place Franco-Belge ».
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3. CHAUDFONTAINE, le monument du Stalag I A Avenue des Thermes
Couverture du livre de l’IJD Les combattants de ’40 paru en 1995
Ce monument fut érigé en 1960 en hommage à tous les militaires belges prisonniers du Stalag I A et disparus au cours de leur captivité. Le Stalag I A, vaste camp de prisonniers de guerre situé à 50 km au sud de Königsberg169, accueillit près de 23.000 soldats belges, dont beaucoup avaient servi dans les forteresses liégeoises. Le mirador et les barbelés qui structurent le monument au sommet d’arcs voûtés en béton symbolisent la servitude et l’oppression subies par les prisonniers du Stalag I A. Le monument fut inauguré en présence de milliers d’anciens, le 18 septembre 1960. En 1963, une plaque rappelant les liens qui unissaient les prisonniers belges et français y fut apposée, et une urne contenant de la terre du cimetière allemand de Stablack170 y fut scellée le 21 septembre 1969. 169. Actuelle ville de Kaliningrad, dans une enclave russe située entre la Pologne et la Lituanie. Allemande depuis la fin du xix e siècle, la ville redevient russe après la Seconde Guerre mondiale et le demeure après la disparition de l’U.R.S.S. en 1991. 170. Cimetière de Prusse orientale, région allemande de l’époque. Stablack se trouvait à proximité de Königsberg. La Prusse orientale, divisée après la guerre, a été cédée alors en grande partie à la Pologne et à d’autres pays.
Le monument de Chaudfontaine est le plus important monument belge en hommage aux anciens prisonniers de guerre et, tout comme le monument national à la Résistance, il est somme toute logique qu’il se situe en territoire wallon puisque, sur les quelque 250.000 militaires belges capturés par les Allemands en 1940, tous les Flamands furent systématiquement libérés et rapatriés entre l’été 1940 et février 1941 sur ordre de Hitler, si bien que les 80.000 hommes qui restèrent dans les camps étaient principalement des Wallons, parmi lesquels 65.000 subirent ainsi cinq ans d’emprisonnement. Les médias relaient encore fréquemment le mythe des soldats flamands surreprésentés dans les tranchées de l’Yser, soigneusement entretenu par les autorités flamandes, alors que les statistiques de soldats morts dans ces dernières permettent seulement de constater une légère surreprésentation de 4 à 9 %171 proportionnellement au poids démographique des deux communautés : presque autant de troufions wallons que de soldats flamands subirent les quatre années de boue et de fureur de l’Yser. Au contraire, les cinq années de captivité à l’est de l’Allemagne en 1940-1945 furent quasi exclusivement le sort de miliciens wallons, ce qui eut des conséquences démographiques indéniables à long terme, et une influence politique certaine dans la conscientisation wallonne : le mouvement wallon clandestin souligna la différence de traitement entre les prisonniers – sans parler du sort du « prisonnier de Laeken »… – et rappela constamment celle-ci par la suite. Beaucoup d’anciens prisonniers de guerre, révélés au mouvement wallon par cette expérience, lui apportèrent leur contribution parfois bien plus tard, si bien que l’on peut dire que « la question des prisonniers de guerre apparaît indiscutablement liée au Mouvement wallon »172. Pour le cinquantième anniversaire de la libération des Stalags, le Ministre-Président wallon Robert Collignon, soucieux de rappeler cet épisode historique fondateur parmi d’autres de la conscience wallonne, prit l’initiative d’inviter à une cérémonie d’hommage à Liège, en avril 1995, tous les anciens prisonniers de guerre wallons survivants. Plusieurs centaines répondirent à cet appel. 171. D’après Laurence van Ypersele, historienne de l’UCL et spécialiste du premier conflit mondial en Belgique. 172. Delforge, P., Encyclopédie (…), p. 1309.
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Le monument du Stalag I A à Chaudfontaine. G. Focant, DPat © SPW
Inauguration du monument le 18 septembre 1960. Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège
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4. ESNEUX, le monument aux morts de Tilff Place du Souvenir, à Tilff
Le monument au morts de Tilff surmonté du coq © IPW
Installé au centre de la place du Souvenir, devant la maison communale de Tilff, le monument était à l’origine adossé à cette dernière et dédié aux seuls morts de la Première Guerre mondiale. Inauguré le 11 novembre 1919, il se présentait comme une stèle portant, comme partout, les noms des victimes. C’est à l’occasion du centième anniversaire de l’indépendance qu’un coq en bronze réalisé par le sculpteur Adelin Salle fut installé au sommet de la stèle le 5 octobre 1930 et que celle-ci fut placée au centre de la place, rebaptisée
place du Souvenir. Le coq d’Adelin Salle fut dérobé en 1999 et remplacé par un petit coq provisoire. Le 27 septembre 2006, un nouveau coq en pierre dû au sculpteur Jacky Jansen fut placé au sommet du monument. Il est significatif que cette nouvelle inauguration eut lieu lors des fêtes de septembre, tout comme il faut relever derrière le monument, sous un arbre du parc, une stèle de la liberté portant une phrase en wallon, A Tif èl Walonerèye crèch è riglatih li lîbèrté : À Tilff, en Wallonie, grandit et brille la liberté. 103
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5. GRÂCE-HOLLOGNE, le monument aux victimes de Grâce-Berleur Place du Pérou et rue Émile Janson
Le monument aux victimes de Grâce-Berleur © IPW
Érigé en 1952 en mémoire des victimes de la fusillade du 30 juillet 1950, le monument de Grâce-Berleur rappelle un épisode tragique de l’affaire royale, lorsqu’une manifestation contre le retour de Léopold III organisée à GrâceBerleur, sur les hauteurs de Liège, place des Martyrs de la Résistance, tourna à l’affrontement. Six cents personnes manifestaient quand, arrivés sur place, les gendarmes tentèrent de disperser les manifestants et arrêtèrent le député socialiste Simon Pâque, ainsi que le bourgmestre de Grâce-Berleur, Arthur Samson. Plusieurs manifestants protestaient contre ces arrestations quand la gendarmerie fit feu et abattit quatre hommes, Albert Houbrechts, Henri Vervaeren, Joseph Thomas et, cent mètres plus loin alors qu’il observait la manifestation sans y avoir pris part, Pierre Cerepana. Les funérailles des victimes furent suivies par des dizaines de milliers de personnes, dont plusieurs personnalités politiques wallonnes : André Renard, Joseph Merlot,
Auguste Buisseret… Le cortège était précédé d’un drapeau wallon173. Outre l’imposant monument d’hommage, cinq plaques commémorent l’événement. Le 2 février 1951, un comité incluant André Renard est créé, dans le but de réaliser un monument d’envergure. Ce comité installera une plaque sur la maison devant laquelle les trois premières victimes tombèrent. Réalisée par le sculpteur français Marceau Gillard, elle fut inaugurée le 29 juillet 1951. Dans les pavés du trottoir, aux endroits exacts où périrent les victimes, le Comité fit également sceller quatre plaques figurant leur nom, toujours en place aujourd’hui. L’imposant monument, inauguré l’année suivante, représente la classe ouvrière symbolisée par un colosse se raidissant à la vue de la perte de ses camarades, figurés de 173. Delforge, P., Le monument aux victimes de Grâce-Berleur est-il un lieu de mémoire du Mouvement wallon ?, Courtois, L. et Pirotte, J. (dir.), in Entre toponymie et utopie, les lieux de la mémoire wallonne, Louvain-laNeuve, 1999, p. 256.
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part et d’autre sur deux bas-reliefs sur lesquels apparaissent la date de 1950 et les noms des victimes. Sous le colosse, une simple phrase : « Frères, salut ». C’est devant ce monument qu’un hommage est rendu aux victimes, sans interruption jusqu’en 1997. Organisé par le mouvement socialiste, cet hommage verra par deux fois la participation du Mouvement wallon : « Wallonie libre » et le « Congrès national wallon » participent à la cérémonie en 1957, « Wallonie Région d’Europe » en 1990. Le Mouvement wallon avait joué un rôle important dans la question royale. On sait que les partis laïcs et progressistes en général étaient opposés à ce que Léopold III puisse poursuivre son règne après avoir adopté durant la guerre une attitude qu’ils estimaient critiquable. Comme dans la question de l’amnistie aux collaborateurs, Flandre et Wallonie allaient se diviser autour du chef d’État. Une consultation populaire fut organisée le 12 mars 1950, les électeurs étant invités à se prononcer sur la reprise par le roi de ses pouvoirs constitutionnels : une majorité de 57,5 % se dégagea en faveur de Léopold III dans l’ensemble du pays. Mais, si les « oui » l’emportaient très largement en Flandre (72 %), la Wallonie avait, elle, voté « non » à 58 %. Le gouvernement organisa le retour du roi au pays, sans tenir compte de l’hostilité wallonne. Les forces syndicales et politiques de gauche déployèrent une activité intense en Wallonie (manifestations, grèves après le retour du roi en juillet) jusqu’à ce que Léopold consente à s’effacer en faveur de son fils. Dès 1949, au cours d’une assemblée tenue à Liège les 1er et 2 octobre, le Congrès national wallon avait pris parti dans la question léopoldienne en exigeant que, en cas de consultation populaire, le dépouillement soit effectué de manière régionale, ce qui fut fait sur l’insistance du militant libéral wallon Jean Rey, qui participait au gouvernement. Un congrès extraordinaire fut convoqué à Charleroi, le 26 mars 1950, avec pour seul objet l’attitude à adopter dans l’affaire royale. Avec des modalités diverses, tous les orateurs exprimèrent leur opposition à Léopold III ; une résolution très dure fut adoptée. Par la suite, les militants des mouvements wallons, les Comités régionaux d’Action wallonne participèrent activement à la campagne antiléopoldiste évoquée ci-dessus. Celle-ci fut placée sous le signe de la Wallonie et la lutte pour l’autonomie fut progressivement associée dans les manifestations et les discours à celle pour l’abdication de Léopold III. Le 26 juillet 1950, le président du Congrès national wallon, Joseph Merlot, évoqua l’éventualité d’une convocation d’États généraux de Wallonie si le roi ne se retirait pas. Mais, dès ce retrait (1er août), les dirigeants des partis firent en sorte que le mouvement ne se poursuive pas sur la revendication autonomiste. Bien des militants wallons qui avaient espéré beaucoup de cette période insurrectionnelle en furent déçus. Au moins les événements de 1950 firentils progresser la conscience wallonne dans les masses. À cet égard, il faut souligner que c’est au cours du Congrès wallon du 26 mars 1950 qu’eut lieu la première rencontre entre ce dernier et le leader syndical liégeois André Renard, qui apporta au mouvement wallon « l’adhésion de 85.000 travailleurs ».
La plaque commémorative à proximité du lieu du drame © IPW
Une des plaques posées sur le trottoir à l’endroit où les victimes sont tombées © IPW
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Les quatre victimes du drame © Archives de l’Institut Émile Vandervelde – Bruxelles
Hommage aux victimes de Grâce-Berleur © Archives de l’Institut Émile Vandervelde – Bruxelles
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6. L A LOUVIÈRE, le monument aux morts de Houdeng-Goegnies Grand-Place, Houdeng-Goegnies
Le monument aux morts de Houdeng-Goegnies © IPW
Inauguré le 21 octobre 1923, ce monument réalisé par le maître carrier Rombaux-Gaudier comporte à son sommet la statue d’un coq, la majorité politique socialiste entendant bien par là rendre hommage à ses valeurs francophiles et républicaines. La société des charbonnages du Bois-duLuc (un des principaux souscripteurs du monument) s’émut de cette signification politique et obtint des autorités
communales qu’elles fassent graver sous la statue « le Coq gaulois salue la Belgique et la France174 ». 174. van Ypersele, L., Les monuments aux morts de 1914-1918, in WatthéeDelmotte, M. (dir.), La violence, représentation et ritualisation, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 107.- L’auteur souligne, par ailleurs, que l’immense majorité des monuments aux morts d’après 1914-1918 faisaient référence à la Belgique, et non à l’idée ou à des symboles régionalistes.
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7. LIEGE, le monument à la Résistance Parc d’Avroy, face aux Terrasses
Seul monument national érigé en hommage aux Résistants de 1940-1945, ce monument (récemment restauré) est dû à l’architecte Paul Étienne et au sculpteur Louis Dupont. Il fut inauguré le 8 mai 1955. Le groupe des statues à gauche évoque la résistance armée, celui de droite la résistante intellectuelle. Le choix de Liège – et de la Wallonie… – pour sa localisation s’expliquait par le rôle phare joué par certains de leurs citoyens dans la résistance à l’occupant.
Le monument à la Résistance « armée ». G. Focant, DPat © SPW
Le monument à la Résistance « intellectuelle ». G. Focant, DPat © SPW
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Carte des sabotages © Coll. Institut Jules Destrée
Le mouvement wallon dans la Résistance175 « Tout concourt à montrer qu’une attitude, qu’un comportement différent se révéla au nord et au sud du pays face à l’occupation », écrivait dès 1976 un des meilleurs et des plus objectifs historiens de la Seconde Guerre mondiale, José Gotovitch. Ces dernières années, dans un climat où tout fait farine au moulin pour tenter d’occulter des disparités, d’aucuns se sont efforcés de monter en épingle, a contrario, les actes coupables de collaborateurs ou d’autorités politiques en Wallonie. C’est pourquoi il importe encore de rappeler ici, à la suite de Gotovitch toujours, que la collaboration dans le sud du pays ne put s’appuyer sur le mouvement wallon alors qu’en Flandre elle fut le fait d’un parti nationaliste disposant d’une réelle base populaire, et qu’au contraire « le caractère net et intransigeant du refus de l’occupation, l’engagement contre les Allemands et la volonté de libération nationale affirmés dès les premières semaines d’occupation, placent les militants wallons parmi les premiers à s’être relevés de la prostration générale ». 175. Évoqué ici et non dans la deuxième partie, car il a été retenu non comme monument en hommage au mouvement wallon, ce qu’il n’est pas, mais comme symbole d’une étape importante dans l’histoire de celui-ci. Un autre monument hautement symbolique à cet égard est le fort de Huy, où plus de 6.000 Résistants furent emprisonnés, davantage qu’à Breendonck dans cette catégorie, si bien que ce fort aurait pu légitimement bénéficier depuis des mêmes attentions du pouvoir central que cet autre lieu tragique de la Seconde Guerre mondiale.
Outre la création envisagée dès le 2 juin 1940 (quatre jours après la capitulation !) de « Wallonie libre » par certains de ces militants réunis à Bruxelles, on signalera l’appel à la résistance de tous les Wallons lancé depuis Paris par d’autres militants quatre jours plus tard, le rassemblement du 18 juin, la mise en place dès août 1941 d’un « Front wallon pour la Libération du Pays » antérieur au « Front de l’Indépendance » qui se constituera en mai 1942, la tentative de création d’un Rassemblement démocratique et socialiste wallon en 1943, mais aussi et surtout l’implication de dizaines de militants dans la presse clandestine, les filières d’hébergement et d’évasion de toutes sortes, les actions de sabotage, si bien que plus d’une cinquantaine des principaux dirigeants du mouvement wallon trouveront la mort dans la Résistance – au combat ou en déportation. En ce qui concerne enfin les différences (aujourd’hui souvent minimisées) entre Flandre et Wallonie concernant l’implication respective de leur population dans la résistance à l’occupation et au nazisme, plus que de longs discours, on reproduit ci-dessus l’éloquente carte (publiée par l’Institut Jules Destrée en 1998) des actes de sabotage commis dans le pays durant les vingt derniers mois de l’occupation, à un moment où la défaite allemande se profilait pourtant. Elle se passe de commentaires. En 2008, le Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, sous la direction du même José Gotovitch et de Paul Aron, confirma la surreprésentation réelle de la 109
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Vue aérienne du fort de Huy, où furent détenus de nombreux prisonniers politiques wallons. G. Focant, DPat © SPW
Wallonie dans la Résistance, avec 71 % des journaux clandestins, 79 % des actes de sabotage… Le même ouvrage démonte plusieurs des mythes nationalistes flamands, qu’il s’agisse des martyrs de l’Yser ou de la répression de 1945, et souligne que cette dernière ne fut pas dirigée contre le mouvement flamand, mais que 62 % des condamnés pour collaboration furent néerlandophones176. Les chiffres se passent, ici en tous cas, également d’autres commentaires. Nous terminerons cette notice en rappelant que si durant quatre décennies au moins après la Libération, le monde politique flamand dans son écrasante majorité n’eut de cesse de réclamer l’amnistie des collaborateurs condamnés (et obtint progressivement « réparation » pour certains), c’est au monde politique wallon quasi unanime qu’il se heurta toujours sur cette question. À ce titre et par
contrecoup, celle-ci fut elle aussi un des ferments d’une identité wallonne, comme devait l’observer le MinistrePrésident Robert Collignon lors du cinquantenaire de la Libération : « Pour ce qui est des Wallons d’aujourd’hui, la Région wallonne est fière de constater qu’à chaque fois que le débat sur l’amnistie rebondit, la réaction unanime de la population et de la presse wallonnes est de rappeler les sacrifices de nos résistants, de nos martyrs massacrés par l’ennemi. Ailleurs, on semble plutôt enclin à débattre davantage du bien-fondé des réhabilitations et même de l’opportunité de réécrire l’histoire177 ». Faut-il ajouter que le jour où un Ministre régional wallon devrait démissionner pour avoir participé avec entrain à une réunion d’anciens SS ne semble pas près d’arriver ?
176. Raphaël Spinna, Compte rendu, in Le Mouvement social.
177. Les combattants de 1940, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1995, avantpropos, p. 6.
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8. LIÈGE, le monument Tchantchès Rue Pont Saint-Nicolas
Xavier Neujean et Georges Truffaut inaugurent le monument Tchantchès (1936) – Coll. Institut Jules Destrée
Née pour la première fois en 1914, l’idée d’élever un monument à Tchantchès est lancée par la société Le VieuxLiège en 1922. Le monument, devant représenter le héros des pièces de marionnettes liégeoises et le véritable ardent liégeois personnifié, est érigé en 1936 dans le quartier populaire d’Outremeuse et réalisé par le statuaire Joseph Zomers. Inauguré le 27 septembre, dans le cadre des fêtes de Wallonie, en présence du bourgmestre Xavier Neujean et de militants wallons parmi lesquels Georges Truffaut, il
représente une hiercheuse brandissant la marionnette de Tchantchès. Réalisée en bronze, cette statue repose sur un imposant piédestal composé d’une fontaine et de petites vasques conçues par l’architecte Bernimolin. À l’arrière, un coq est figuré sur la plaque permettant d’accéder au mécanisme de la fontaine. Monument témoin du folklore et de l’esprit wallon, il deviendra un lieu d’hommage du Mouvement wallon en 1959.
Le coq du monument Tchantchès à Liège. G. Focant, DPat © SPW
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Le monument Tchantchès en Outremeuse à Liège. G. Focant, DPat © SPW
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9. LIMBOURG, le monument aux morts de Dolhain Place Léon d’Andrimont à Dolhain
Le coq du monument aux morts de Dolhain. G. Focant, DPat © SPW
Inauguré le 4 août 1920 sur la place principale de Dolhain, ce monument aux morts a été conçu par l’architecte Charles Vivroux et est caractérisé, comme la médaille de Verviers (page 13) et les monuments de Jemappes, d’Arlon, d’Houdeng-Goegnies et Tilff (Esneux), par un coq dont la signification à la fois wallonne et francophile était indéniable en ces temps d’exaltation nationale belge. Mais de surcroît, tout comme à Arlon, ce coq est dressé sur un casque allemand ! Comme ce fut le cas pour le monu-
ment de Jemappes en 1914 et pour le monument aux morts d’Arlon en 1940, il fut détruit par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale : on perdit définitivement la trace de la sculpture alors. En 1946/47, un coq en bois est installé au sommet de la colonne pour remplacer provisoirement l’emblème disparu. Il fait place en novembre 1957 à un coq en béton. Le coq toujours présent actuellement, en bronze, réplique de l’œuvre originale, a été inauguré le 11 novembre 1959. 113
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10. MONS, le monument au Coq Butte du Campiau à Jemappes Monument classé le 4 novembre 1976
Depuis 1890, l’idée de réaliser une commémoration de la bataille de Jemappes était dans l’air. Cette bataille, remportée par la jeune République française le 6 novembre 1792 sur les armées autrichiennes, avait permis la victoire de la République et, à terme, le rattachement de nos régions à la France. Le symbole était fort pour le Mouvement wallon naissant. L’idée de l’érection d’un monument se précisa dans les colonnes d’un quotidien hennuyer en 1908. Un comité d’action, dans lequel se trouvait Jules Destrée, fut constitué en mai 1909 et sélectionna le sculpteur arlonnais Jean-Marie Gaspar, le plus grand spécialiste de la sculpture animalière à l’époque. Le monument consiste en un obélisque de granit de 16 m de hauteur. À son sommet un coq en cuivre qui symbolise la puissance de la France révolutionnaire, tourné vers l’est, immense, aux lignes élégantes, se dresse vers le ciel, les ergots en bataille et le cou gonflé par le cri qu’il pousse. Il fut inauguré avec faste le 24 septembre 1911 à l’occasion du Congrès international des Amitiés françaises, en présence de quelque cent mille personnes venues de toutes les régions de Wallonie. Des Français de Lille et Valenciennes étaient également présents en nombre. Parmi de nombreuses interventions, le discours de Jules Destrée marqua les esprits par sa fougue et son éloquence. La sculpture fut détruite par les Allemands dès le 24 août 1914, et un nouveau coq réalisé par le sculpteur Charles Samuël fut installé sur l’obélisque le 21 mai 1922. Épargné par la seconde occupation, il trône toujours en haut du monument, aujourd’hui au cœur d’une cité sociale. Tout comme Waterloo, Jemappes - célébrant une victoire et non une défaite - accueillera de nombreuses manifestations francophiles. Un premier événement y est organisé par les Ligues wallonnes affiliées à la Concentration wallonne le 14 novembre 1937. À partir de 1938, la date du 6 novembre devient celle de la célébration de l’amitié franco-wallonne. En 1950, Joseph Merlot y représente le Congrès national wallon et le 160 e anniversaire de la bataille, en 1952, est l’occasion pour le Mouvement wallon d’organiser un grand rassemblement à la lumière de torches qui sont réunies en un énorme brasier au pied du monument. Une cérémonie se tient encore dans les années suivantes, à l’initiative de membres de « Wallonie libre », mais elle se fait en petit comité. Un essai de relance, par « Wallonie Région d’Europe » et l’Institut Jules Destrée, eut lieu en 1989, sans lendemain.
Carte postale ancienne évoquant la bataille de Jemappes (1792) © Collection privée
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Le monument au Coq à Jemappes. G. Focant, DPat © SPW
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11. NIVELLES, les monuments aux morts Esplanade du Souvenir
Le monument aux morts de 1830 à Nivelles. G. Focant, DPat © SPW
La colonne aux volontaires de 1830, inaugurée le 16 décembre 1834, est l’œuvre du marbrier nivellois Joseph Lanneau. Installée à proximité de la collégiale, elle sera déplacée au cimetière Saint-Pierre en 1848 avant d’être ramenée à son endroit initial en 1905 et transférée définitivement sur l’esplanade du Souvenir en septembre 1984. Le monument aux morts de la Première Guerre mondiale, lui, se situait autrefois dans un couloir de l’hôtel de ville et fut détruit avec celui-ci par les importants bombardements de mai 1940. C’est à l’initiative du bourgmestre Jules Bary178 qu’un monument aux morts des deux guerres vit le jour. Il
fut installé sur la nouvelle Esplanade du Souvenir en septembre 1964, à l’occasion du vingtième anniversaire de la libération. À partir de septembre 1944, la section locale de Wallonie libre organisa chaque année une cérémonie devant le monument de 1830. Modifié et déplacé entre-temps, l’hommage rendu par Wallonie libre se poursuivit. Une gerbe de fleurs aux couleurs françaises sera encore déposée à son pied en septembre 1997. D’autres commémorations se dérouleront devant le monument aux morts des deux guerres, installé à proximité de celui de 1830 en 1964.
178. Jules Bary (1912-1977). Secrétaire général du Conseil économique wallon en 1953 et 1954, syndicaliste et président du Comité d’Action wallonne du Brabant (1950), il entre au Comité permanent du Congrès national wallon en 1951 et combat la loi unique aux côtés de Renard et Merlot. Membre du MPW, il est bourgmestre de Nivelles de 1962 à 1969 et offre à sa ville un caractère officiel aux fêtes de Wallonie.
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12. T HEUX, la statue du Congrès de Polleur Carrefour de la Nationale 640 et de la voie du Vieux Chemin à Polleur
« Ce que la France a été pour l’Europe, le Pays de Liège l’a été pour la Belgique1 et le Pays de Franchimont et de Stavelot pour le Pays de Liège ». C’est en ces termes que Merlin de Douai, président de la Convention nationale, saluait le 8 août 1794 les patriotes réfugiés du Franchimont qui s’apprêtaient à quitter Paris pour regagner les rives de l’Amblève, de la Hoëgne et de la Vesdre. Liège venait d’être libérée par l’armée de Sambre-et-Meuse. Cette phrase maintes fois citée situe très bien le caractère plus progressiste encore et plus radical de la révolution de 1789 dans le Franchimont2. Cette tendance se traduisit notamment dans deux faits historiques importants. Ce furent d’abord, du 26 août 1789 au 23 janvier 1791, les vingt-cinq séances du Congrès de Polleur rassemblant au centre géographique de l’ancien marquisat des délégués des cinq bans de celui-ci, qui adoptèrent le 16 septembre 1789 une Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la troisième au monde après celle de Virginie et de Paris, mais plus démocrate que cette dernière en certains de ses articles. Ce furent ensuite, le 23 décembre 1792, les vœux émis par les habitants des communes de Theux et de Spa en faveur de la réunion à la France, premiers du genre et imités un mois plus tard par Liège et par près de 380 autres localités de l’ancienne principauté.168 1. C’est-à-dire les Pays-Bas autrichiens, hors principauté de Liège. 2. Jarbinet, G., 1792 en Franchimont, Theux, 1972, p. 7.
En 1964, deux militants wallons, responsables de la section verviétoise de « Wallonie libre » depuis sa création, le Verviétois Jules Nissenne (1907-1991) et le Disonais Joseph Gélis (1923-2006), prennent l’initiative d’organiser des cérémonies à l’occasion du 175e anniversaire du Congrès de Polleur et de sa Déclaration de 1789 pour rappeler à leurs contemporains l’importance de « lutter pour les droits sacrés de liberté des Citoyens et de respect de la Constitution »179. Huit ans plus tard, ce duo est encore à la base du comité créé pour le 180e anniversaire des vœux de rattachement à la France de 1792, qui souligne que « ces vœux procédaient d’un idéal de liberté et concrétisaient un droit essentiel, celui des peuples à disposer d’eux-mêmes, qu’il convient de célébrer en un temps où, de la périphérie bruxelloise aux Fourons, cet idéal, ce droit, cyniquement, sont bafoués »180. En 1989 enfin, pour le bicentenaire du Congrès de Polleur (et des révolutions franchimontoise, liégeoise et française), l’asbl « Congrès de Polleur » est constituée : elle est à l’initiative d’une route des Droits de l’Homme qui parcourt tout le territoire de l’ancien marquisat de Franchimont et est balisée par seize stèles qui égrènent chacun des droits proclamés par le Congrès en invitant le passant à la réflexion181. Une statue symbolisant le Congrès fut également installée en retrait de la stèle placée à Polleur. Elle représente un personnage féminin portant dans ses bras le texte de la Déclaration franchimontoise. 179. Nissenne et Gélis, Les 25 séances du Congrès de Polleur, Theux, 1964, p. 2 (préface d’A. Doms). 180. Nissenne, 1792 en Franchimont, p. 5 (préface de G. Jarbinet). 181. Les stèles initiales se trouvaient respectivement à Theux, Pepinster, Verviers, Andrimont, Surister, Jalhay, Solwaster, Verviers, Sart, Nivezé, Spa, Creppe, La Reid, Spixhe, Oneux, Fays, Jehanster et Polleur. Une stèle supplémentaire fut installée à Limbourg et une autre inaugurée le 8 mai 2004 à Stavelot, toutes deux hors du territoire franchimontois.
La statue du Congrès de Polleur. G. Focant, DPat © SPW
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13. VERVIERS, le monument de Gaulle Square Charles de Gaulle
Le monument de Gaulle à Verviers. G. Focant, DPat © SPW
C’est à l’initiative de Joseph Gélis, fondateur et secrétaire de la section verviétoise de Wallonie libre, qu’un monument en hommage au général de Gaulle existe à Verviers : lors du décès du grand symbole de la Résistance, celle-ci décida, dès le 10 novembre 1970, de lui rendre hommage. Un comité provisoire, soutenu par le fils du général, fut mis en place, mais le nom de de Gaulle ne faisait pas l’unanimité chez les anciens combattants. L’idée ne fut reprise qu’en 1979, à l’initiative de Jules Nissenne. La ville de Verviers refusa de s’associer via un soutien financier, mais donna son accord pour l’édification du monument dans un espace public. Le Comité du Souvenir Charles de Gaulle – Verviers lança alors une souscription publique et le monument fut inauguré le 21 juin 1980. Réalisé par les architectes Charles Vivroux (dont ce fut la dernière réalisation avant son décès) et Jean Burguet, il se
présente sous la forme d’une stèle de 3 m de haut sur laquelle se trouve une croix de Lorraine et un médaillon en bronze représentant de Gaulle. Plusieurs inscriptions sont également visibles sur le monument : en-dessous du médaillon « Charles de Gaulle. Appel du 18 juin 1940 » et, sur les faces latérales, « Honneur et Patrie », ainsi que « Hommage à la résistance ». Ce fut longtemps le seul monument en l’honneur de de Gaulle érigé en dehors du territoire français. L’emplacement du monument, rebaptisé « Square de Gaulle » en juin 1982, devint un lieu de commémoration pour le Mouvement wallon. Une cérémonie y est organisée chaque 18 juin, d’abord par l’Union française de Verviers entre 1982 et 1987 ; ensuite par le Comité du Souvenir Charles de Gaulle – Verviers, enfin, depuis 2008, par la Ville de Verviers qui a pris le relais des militants wallons.
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14. WATERLOO, le monument à l’Aigle blessé Commune de Lasne Monument classé le 11 septembre 1978
Réalisé par le sculpteur Jean-Léon Gérôme et érigé à l’initiative de trois particuliers le 28 juin 1904 sur un terrain au croisement du chemin de Plancenoit, endroit qui selon la légende aurait été la portion de terrain occupée par le « dernier carré » de la Garde impériale et où le général Cambronne aurait prononcé ses mots célèbres182, l’Aigle blessé commémore les soldats français morts au champ d’honneur et donc pas la défaite de Waterloo. L’oiseau de proie, dans un triste état, déploie ses ailes percées de balles et est perché sur un rocher qui évoque celui de SainteHélène183. Il retient pourtant le drapeau qui tombe là où l’on peut lire le nom de grandes victoire napoléoniennes, au contraire de la déroute de Waterloo ; sur son socle, la dédicace « Aux derniers combattants de la Grande Armée » est inscrite comme un dernier témoignage de souvenir sur ce monument symbolisant pourtant la chute de l’Empire. C’est au cours de l’assemblée générale de l’Avant-Garde wallonne du 13 mai 1928 que l’idée d’un pèlerinage à Waterloo est lancée. Les premières fleurs sont déposées au pied de l’Aigle blessé par une poignée de militants wallons le 16 juin suivant. Le pèlerinage, dès lors organisé tous les ans, rassemble une foule grandissante d’année en année ; les plus grands moments auront lieu dans les années 1930 lorsque le nombre de participants atteint quinze à vingt mille personnes. Des discours enflammés y sont prononcés chaque année par des militants wallons de grande importance : Jules Destrée, Georges Truffaut ou encore l’abbé Mahieu. Waterloo devient un lieu de première importance pour le militantisme en Wallonie quand y naît le Front démocratique wallon en 1936 et le mouvement Wallonie libre le 18 juin 1940. L’assistance se réduit dans l’immédiat après-guerre pour se restreindre fortement dans les années 1950. La manifestation reste maintenue, mais elle devient pratiquement anecdotique dans les années 1970. Interrompue entre 1983 et 1986, elle reprend ensuite grâce au Comité du Souvenir français sous forme d’un « hommage aux Wallons »184 sans redevenir une manifestation de masse. Le monument à l’Aigle blessé, riche de symboles, reste toutefois un lieu de mémoire privilégié pour l’histoire du Mouvement wallon.
L’Aigle blessé. G. Focant, DPat © SPW
182. Grignard, P., Le mouvement wallon de 1915 à 1951, Liège, mémoire de licence inédit en histoire, Université de Liège, 2007, p. 17. 183. Raxhon, P., L’aigle blessé sous l’aile du Mouvement wallon, in Watelet, M., Couvreur, P. et de Villelongue, P. (dir.) Waterloo, monuments et représentations de mémoires européennes (1792-2001). Actes du colloque international de Louvain-la-Neuve organisé par l’Association franco-européenne de Waterloo, 20 octobre 2001, Louvain-la-Neuve, 2003, p. 190. 184. Id., p. 205-206.
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Carte postale ancienne de l’inauguration du monument © Collection privée
Manifestation à l’Aigle blessé, probablement peu après le second conflit mondial © Archives de l’Institut Émile Vandervelde – Bruxelles
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15. WAVRE, le monument aux morts Parc Houbotte
Le monument aux morts de Wavre © IPW
Comme dans d’autres villes wallonnes, les Fêtes de septembre sont l’occasion d’organiser un cortège vers le monument aux morts. Au départ, un monument aux morts de la Première Guerre mondiale avait été édifié devant le cimetière de la ville. En 1946, plusieurs associations patriotiques, ainsi que des représentants du Mouvement wallon ont décidé de réunir en un monument unique l’hommage aux morts wavriens de la révolution de 1830 et des deux guerres mondiales. Conçu par l’architecte Navez et inauguré en juillet 1951, il se présente sous la forme d’une colonnade semi-circulaire devant laquelle se trouve une
urne destinée à accueillir une flamme et sur le socle de laquelle sont gravées les dates des conflits. À l’avant, la mention « À nos martyrs » se trouve juste derrière un parterre de fleurs qui, à l’origine, était une pièce d’eau. Un peu en retrait de ce monument, une arcade conserve la cloche Donglebert, cloche wavrienne fondue en 1696 qui n’avait pas été réquisitionnée par les Allemands en 1943. Rachetée en 1954 par l’abbé Pensis, elle fut offerte au comité des Fêtes de Wallonie qui l’installa dans le parc Houbotte et décida de surmonter le monument d’un coq wallon. Volé il y a plusieurs années, ce coq n’a jamais été remplacé. 121
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Sur les traces du Mouvement wallon
La cloche Dongelbert de Wavre Š IPW
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Sur les traces du Mouvement wallon Troisième partie
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. Lieux de mémoire
1. CHARLEROI, le buste de Jules Destrée Grand-Place, à Marcinelle
Le monument dédié à Jules Destrée © IPW
Situé sur la Grand-Place de Marcinelle et adossé à un muret derrière l’église romane Saint-Martin, un petit monument à Jules Destrée a été le lieu de commémorations liées au Mouvement wallon, à l’initiative de la commune de Marcinelle, à partir de 1950. Composé d’un élément principal en pierre, le monument comporte une colonne sur
laquelle est placé un buste en bronze de Jules Destrée au visage expressif, œuvre du sculpteur et graveur bruxellois Armand Bonnetain (1883-1973). Un autre exemplaire de ce buste, en pierre, se trouve au palais des Académies à Bruxelles et un troisième, en bronze lui aussi, est installé dans un des halls du palais de Justice de Bruxelles.
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Le Mouvement Lieux de mémoire wallon
2. CHARLEROI, le buste et la plaque en hommage à Orsini Dewerpe Rue Dewerpe, 12 à Jumet
La plaque dédiée à Orsini Dewerpe à Jumet © IPW
Auteur, compositeur, musicien et chanteur wallon, Orsini Dewerpe, né en 1887, fut actif dans toute la Wallonie, principalement dans les années 1930. Auteur de nombreuses chansons célébrant sa région, parmi lesquelles « En Wallonie ! » dédiée à Paul Pastur et « Amis, chantons la Wallonie », il fut proche des revendications du Mouvement wallon et se tint informé des actions de la Wallonie libre clandestine jusqu’à son décès à Jumet le 19 août 1943.
En 1954, Wallonie libre décida d’apposer une plaque commémorative en bronze sur son domicile, en hommage à son patriotisme wallon. Un buste de l’artiste réalisé par le sculpteur Jean Delcourt (né à Felenne en Ardenne en 1939) se trouve également depuis 2000 devant l’Athénée de Jumet, dont Dewerpe fut directeur alors qu’il s’agissait encore de l’École moyenne ; l’établissement scolaire porte aujourd’hui son nom.
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Le monument dédié à Orsini Dewerpe à Jumet © IPW
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3. CHARLEROI, le monument à Arille Carlier Avenue du Centenaire, à Dampremy
Discours de Maurice Bologne au monument Carlier – Novembre 1976 – Coll. Institut Jules Destrée
Lieu de mémoire important pour le Mouvement wallon, le monument qui célèbre la mémoire d’Arille Carlier185 fut inauguré le 5 octobre 1969 sur un square aménagé spécialement à cet effet. Il se présente sous la forme d’une imposante pierre sur laquelle se trouve un médaillon à l’effigie de Carlier, réalisé par le sculpteur Alphonse Darville, 185. Dialectologue et folkloriste wallon à ses débuts, Arille Carlier est né en 1887 et il milite dans les milieux wallons dès les années 1910. Fondateur de la ligue wallonne de Charleroi et cofondateur de la Société des Amis de l’Art wallon avec Jules Destrée en 1912, il est également membre de l’Assemblée wallonne à ses débuts. Dénonçant l’action flamande au cours de la Première Guerre mondiale, il participe aux Congrès de la Concentration wallonne dans l’Entre-deux-Guerres et en devient vice-président en 1937. Participant à la création de la Société pour la Défense et l’Illustration de la Wallonie en 1938 et s’engage dans Wallonie libre clandestine en septembre 1940. Membre du directoire après la guerre et membre du comité permanent du Congrès national wallon, il adhère au MPW en 1961 et décède en 1963.
Le monument dédié à Arille Carlier à Charleroi. G. Focant, DPat © SPW
également auteur de la statue de Jules Destrée au boulevard Audent à Charleroi. Initiative du Mouvement wallon, le monument fut érigé grâce à une souscription lancée en 1968 par Wallonie libre, l’Institut Jules Destrée et la commune de Dampremy. Depuis son inauguration, un hommage est rendu devant le monument à l’occasion des fêtes de Wallonie en présence de plusieurs associations et personnalités représentant le Mouvement wallon. Hormis cette célébration annuelle, le monument fut le témoin de deux manifestations particulières : une séance solennelle à l’occasion du dixième anniversaire de la disparition d’Arille Carlier en 1973, une autre pour le centième anniversaire de sa naissance en 1987. Depuis lors, le président de l’Institut Jules Destrée prononce un discours devant le monument à l’occasion des fêtes de Wallonie. 127
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4. CHARLEROI, la plaque en hommage à René Dethier Avenue Marius Meurée, 63 à Marcinelle
La plaque en hommage à René Dethier à Charleroi © IPW
Une plaque commémorative en l’honneur du poète René Dethier, fondateur de la revue d’art La Jeune Wallonie, en 1906, fut apposée en décembre 1911 sur le pignon droit de la maison de ses parents, un peu plus d’un an après le décès de Dethier en juillet 1910 à l’âge de 22 ans. Elle
porte un médaillon en bronze présentant en relief le profil du poète, sculpté par Joseph Van Hamme. Une dédicace rappelle sa brève action militante : « À René Dethier, directeur de la “Jeune Wallonie”, ses confrères, ses vrais amis reconnaissants ».
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5. CHARLEROI, la statue de Jules Destrée Boulevard Audent
La statue de Jules Destrée à Charleroi © IPW
Cette statue monumentale en bronze due au sculpteur Alphonse Darville (1910-1990, originaire de Mont-surMarchienne et directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi qu’il fonda en 1946) représente Jules Destrée sous les traits de l’homme de dialogue, simple et en mouvement, une main tendue vers le haut. Elle fut commandée par la ville de Charleroi186, mais l’initiative avait été lancée par le député permanent René Thône187 en 1956, puis relayée par les autorités communales. Inaugurée le 23 juin 1957 en présence du roi Baudouin, elle deviendra un lieu de rassemblement du Mouvement wallon dès 1959 suite à la décision du Directoire de Wallonie libre d’y organiser un rendez-vous annuel le premier dimanche de septembre. 186. Les études préparatoires, en plâtre, sont toujours visibles au Musée Jules Destrée de Charleroi. 187. René Thône (1894-1968), échevin socialiste de Couillet avant de siéger au Conseil provincial du Hainaut en 1921. Député permanent de 1934 à sa mort, il est un collaborateur de Paul Pastur auquel il succède à la présidence de l’Université du Travail. Engagé dans Wallonie libre au cours de la guerre, il participe au Congrès national wallon de 1945 où il défend l’autonomie de la Wallonie.
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6. COUVIN, le monument à René Lyr Les Allées
Le monument dédié à René Lyr à Couvin © IPW
René Vanderhaegen (1887-1957), Couvinois d’origine, s’établit à Bruxelles dès 1905 et y prend le pseudonyme littéraire de René Lyr sous lequel il publiera ses poésies. Membre de la Société des Amis de l’Art wallon, puis secrétaire de la Fédération des Artistes wallons, il représente Bruxelles à l’Assemblée wallonne de 1919 à 1940, milite
dans la « Wallonie indépendante » clandestine et participe au Comité permanent du Congrès national wallon de 1947 à sa mort. Le monument érigé à sa mémoire le 21 juin 1960 au lieu-dit les Allées au centre de Couvin est composé d’une stèle en moellons portant un buste du poète.
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7. F LÉMALLE, le monument à André Cools Grand-Route, 297
Inauguré le dimanche 19 septembre 1993 dans les jardins de la maison communale de Flémalle, le monument en hommage à André Cools (1927-1991) se présente sous la forme d’une pyramide (symbolisant l’appartenance maçonnique du défunt) ornée d’un bas-relief réalisé par le sculpteur Michel Smolders présentant les traits de l’ancien Ministre assassiné. Celui-ci joua un rôle majeur dans les négociations préparatoires aux réformes de l’État de 1970 (en tant que Vice-Premier Ministre), 1980 (comme président du PS) et dans une moindre mesure 1988 (aux côtés de Guy Spitaels), et il fut également, de 1981 à 1985, président du Conseil régional wallon188. Devant le monument, un hommage est rendu à l’homme d’État : « André Cools (1927-1991). Bourgmestre de Flémalle, homme d’État, militant socialiste et wallon assassiné le 18 juillet 1991 ». Tout autour du monument sont reproduites des citations d’André Cools dont une retient particulièrement l’attention ici : « La régionalisation, c’est de la responsabilité, encore de la responsabilité, toujours de la responsabilité ».
Le monument dédié à André Cools à Flémalle. G. Focant, DPat © SPW
188. Baigné dans l’action politique depuis son plus jeune âge – ses parents géraient la Maison du Peuple de Flémalle et son père mourut en déportation –, il devient membre du PSB en 1944 ; il est présent au Congrès national wallon de 1945. Député en 1958, il est membre de Wallonie libre en 1959 et du MPW en 1961, qu’il quitte toutefois au milieu des années 1960. Vice-Premier Ministre de 1969 à 1971, président du Parti socialiste (1973-1981), président du Conseil régional wallon (1982-1985) et enfin Ministre wallon (1988-1990), André Cools est assassiné le 18 juillet 1991.
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8. L A LOUVIÈRE, les monuments du parc communal Rue Arthur Warocqué
Le monument en hommage à Vî-Stou © IPW
Inauguré en 1898 non loin du centre-ville, le parc communal de La Louvière accueille trois monuments rendant hommage aux artistes wallons. Un mémorial dédié à l’auteur-compositeur wallon Léopold Dupuis se trouve en bordure de la rue Warocqué. Né à Saint-Vaast le 27 mars 1859 et mort à La Louvière le 9 janvier 1932, il était surnommé Vî-Stou. Compositeur attaché pendant plus de quarante ans à la faïencerie Boch, il nous laisse des œuvres variées et nombreuses très appréciées du public. En 1912, il crée le journal wallon Wallonia et El’ mouchon d’Aunias auquel il collaborera jusqu’à sa mort. Il y publiera notamment un glossaire du wallon du Centre. Auteur de deux opérettes et de pièces de théâtre, il en a composé toutes les musiques. Le monument lui rendant hommage a été érigé en 1934 à l’initiative du Mouchon d’Aunias et comporte un buste de Dupuis réalisé par Hector Brognon (1888-1977), sculpteur originaire de Bois-d’Haine et créateur de plusieurs monuments commémoratifs dans le Hainaut. Sous ce buste, une inscription : « Hommage de la Wallonie à Vî-Stou (Léopold Dupuis), littérateur – poète – musicien wallon (1859-1932) ».
Face à ce mémorial, un petit monument rend hommage au chanteur wallon Maurice Roland. Érigé à l’initiative du groupement wallon Les scryeus du Centre, il se présente sous la forme d’un petit banc dont le nom est « le banc de la chanson wallonne » et d’une stèle comportant une inscription en wallon : Banc del canson walone al memwâre du fel canteû Maurice Roland. Enfin, à quelques mètres de ces deux monuments, un troisième rend pour sa part hommage aux auteurs et interprètes wallons du Centre. Érigé en 1962 pour les cinquante ans de la revue El’ mouchon d’Aunias, il consiste en une sculpture en bronze réalisée par l’artiste louviéroise Louise Nopère (née en 1933), spécialiste des figures de jeunes filles. Elle représente une jeune femme en tablier, levant les yeux au ciel et tenant un coq dans ses bras. À quelques mètres du parc, l’immeuble faisant le coin de la rue Arthur Warocqué et de l’avenue Rêve d’or conserve une plaque rendant hommage à Paul Pastur. Comportant un blason, elle nous indique que « cette maison, inaugurée le 9 juillet 1939, perpétue l’œuvre de Paul Pastur, père des loisirs du travailleur. »
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En haut à gauche. Le banc de la chanson wallonne © IPW En bas à gauche. Plaque en hommage à Paul Pastur © IPW À droite. Le monument en hommage aux auteurs et interprètes wallons du Centre © IPW
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9. LIÈGE, La Légende Parc de la Boverie
La Légende © IPW
Œuvre du sculpteur liégeois Joseph Rulot (1853-1919), La Légende devait au départ faire partie d’un ensemble monumental en l’honneur de la mémoire du poète wallon Nicolas Defrêcheux (1825-1874), auteur de Lèyiz-m’plorer et membre fondateur de la Société liégeoise de littérature wallonne en 1856 déjà. Un concours lancé en 1895 avait abouti au choix du projet initial de l’artiste, qui se composait de quatre figures allégoriques (La Légende, La Poésie, La Fantaisie et La Naïveté) et de divers personnages issus des poèmes de Nicolas Defrêcheux, ainsi qu’une fontaine et un portrait en médaillon du poète. Suite à des problèmes de financement et à une polémique quant à son emplace-
ment, le projet subit des retards jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale et la mort de Joseph Rulot en 1919 sonnent la fin de l’entreprise. Aujourd’hui, une seule des quatre statues se trouve encore dans le parc de la Boverie. Sculptée dans la pierre à partir d’une maquette de Rulot, elle fut acquise par la ville de Liège en 1956 et installée à son emplacement définitif au milieu des années 1960. Beaucoup plus petite que la taille de douze mètres (!) prévue à l’origine, et dénaturée de sa signification première, cette statue reste néanmoins le témoin d’une entreprise grandiose qui avait pour but de célébrer la Wallonie au travers d’un hommage à un de ses écrivains.
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10. LIÈGE, le mémorial des auteurs wallons morts pour la Patrie Boulevard Saucy, 14
Le mémorial des auteurs wallons morts pour la Patrie © IPW
Installé sur la façade d’une annexe de l’Athénée Destenay située à l’angle du boulevard Saucy et de la rue Damery, ce petit mémorial rend hommage à des auteurs wallons victimes de la Première Guerre mondiale. Réalisé en bronze au début des années 1930, il est l’œuvre du sculpteur Jean Bury, originaire de Ghlin, qui avait servi sur le front de l’Yser au cours de la Grande Guerre. Représentant en son sommet un coq au milieu de rameaux, lançant un cri en direction du ciel, il comporte le nom de sept auteurs wallons entourés par deux figures féminines : Raymond Hynstens (1894-1918), originaire de Tournai, qui collabora au journal des tranchées Les infants d’Tournai dans lequel on retrouve plusieurs de ses
chansons, et mourut à Kippe (Merckem) ; Jean Istace (18871917), originaire de Vedrin, auteur de quelques poésies et d’une comédie, décédé au camp de Guben, en Allemagne ; Ernest Lambotte (1883-1926), originaire de Ciney, collaborateur de la gazette L’arsouye et qui laissa également deux comédies en un acte ; Jules Leruth (1871-1925), originaire de Herve, fondateur et collaborateur de L’Almanak dè pays d’Haive ; Georges Pelouse (1891-1918), président-fondateur du cercle littéraire Les rèlis Namurwès en 1909, mort dans le secteur de Boesing ; Alphonse Ramet (1873-1916), originaire de Verviers, fusillé par les Allemands à Liège le 19 mai 1916 et Maurice Turc. 135
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11. LIÈGE, le monument Pierre Van Damme Terrasses d’Avroy
Le monument dédié à Pierre Van Damme à Liège © IPW
Situé en bordure d’une pelouse entre les Terrasses et le pont Albert Ier à Liège, ce monument rend hommage au musicien wallon Pierre Van Damme (1867-1947), qui mit en musique bon nombre de textes d’auteurs wallons, dont le célèbre Li p’tit banc d’Émile Wiket189. Composé d’un imposant bloc de pierre, il comportait auparavant un
médaillon représentant Van Damme, aujourd’hui disparu comme l’atteste l’important espace vide. Une phrase rappelle la place qu’avait la Wallonie dans l’œuvre de l’artiste : « À Pierre Van Damme qui transcrivit en pages musicales l’âme et les paysages de la Wallonie ».
189. Voir l’article suivant, sur le monument Wiket de Liège.
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12. LIÈGE, le monument Wiket Rue Wazon
Le monument dédié à Émile Wiket © IPW
Élevé dans un petit square aménagé à l’angle des rues Wazon et Saint-Laurent, le monument en hommage au poète wallon Émile Wiket190 évoque une des chansons les plus célèbres de l’artiste, Li p’tit banc, puisqu’il représente un banc, agrémenté d’une citation wallonne (Tot près de vî pont in’ast on p’tit banc) et à côté duquel une pierre porte un hommage à Émile Wiket, « Poète wallon, 1879-1928 ». Membre titulaire de la Société de littérature wallonne en 1925, celui-ci avait demandé à être enseveli dans les plis du 190. Voir l’article sur le cimetière de Robermont p. 159.
drapeau wallon. Ce monument fut érigé par souscription publique à l’initiative du cercle littéraire « La Wallonne », dont Wiket avait été le président de 1922 à sa mort. Fondé le 11 mai 1892 par Jean Bury191 et quelques autres auteurs wallons, ce cercle littéraire avait pour but de promouvoir la langue wallonne. 191. Jean Bury (1867-1918), dessinateur, graveur et compositeur wallon, il dirige également quelques gazettes patoisantes et laisse une œuvre d’une cinquantaine de pièces et d’une dizaine de recueils de vers en wallon. Membre de la Ligue wallonne de Liège de 1902 à 1904, il était également le directeur du Théâtre des auteurs wallons.
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13. LIÈGE, la plaque en hommage à Édouard Remouchamps Rue du Palais, 44a Monument classé le 5 septembre 1978
Plaque en hommage à Édouard Remouchamps à Liège © IPW
Installée sur la façade de la maison natale d’Édouard Remouchamps, cette plaque commémorative rappelle l’importance de ce dernier, dramaturge wallon parmi les plus importants de la fin du xix e siècle, né en 1836, mort en 1900. Sa pièce de théâtre Tâti l’pêrîquî (Gauthier le perruquier) fut jouée pour la première fois à Liège le 10 octobre 1885, alors que naissait timidement le Mouvement wallon. Dans son Anthologie de la littérature wallonne, Maurice Piron dira d’elle qu’elle « contribua à la renaissance du théâtre dialectal et donna son premier souffle au Mouvement wallon tout entier »192.
La plaque commémorative rappelle ce fait : « Le 14 mai 1836 est né dans cette maison Édouard Remouchamps, auteur de la célèbre comédie Tâti l’pêrîquî dont le succès détermina le réveil du sentiment wallon ». Commandée par la société « Les Amis de l’art wallon » et réalisée en 1912, cette plaque (où figurent aussi deux personnages, ainsi qu’un masque et des décors végétaux) est l’œuvre du sculpteur liégeois Georges Petit (1879-1958), également auteur du monument en hommage à Nicolas Pietkin à Waimes.
192. Piron, M., Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie : poètes et prosateurs, Liège, Mardaga, 1979, p. 124.
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14. LIÈGE, la plaque en hommage à André Renard Place André Renard à Wandre
De nombreuses places et rues de la région liégeoise portent actuellement le nom du fondateur du MPW, André Renard. À Wandre, à l’occasion de l’inauguration de la place de ce nom le 14 septembre 1963, moins de deux mois après le décès de Renard le 20 juillet, une plaque commémorative est dévoilée sur une habitation située à proximité de la gare. En dessous d’un médaillon figurant le militant wallon, la plaque comporte les mots « André Renard, leader syndicaliste wallon, 1911-1962 » et la date de l’inauguration. Elle a été déplacée depuis de quelques mètres, en raison d’aménagements de la place.
La plaque en hommage à André Renard à Wandre © IPW
Inauguration de la place André Renard à Wandre (14 septembre 1963) – Coll. Médiathèque de la Province de Liège – Fonds Desarcy-Robyns
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15. MONS, le buste de Charles Plisnier Parc du Château
Le buste de Charles Plisnier à Mons © IPW
Le parc érigé sur les vestiges de l’ancien château fort des comtes de Hainaut abrite notamment un buste de l’écrivain montois Charles Plisnier (Ghlin, 1896 – Ixelles, 1952), qui adhéra très tôt au Mouvement wallon et y défendit avec éloquence - notamment au Congrès de Liège de 1945 – la thèse réunioniste (profrançaise) ou, à défaut, fédéraliste. À sa mort, Marcel Thiry avait salué la mémoire du « champion le plus prestigieux de la Wallonie depuis Jules Destrée ». Plisnier avait été, en 1937, le premier écrivain non français à recevoir le prix Goncourt et il fut sérieusement proposé pour le prix Nobel de littérature en 1951.
Le 8 mars 1997, la commune de Lasnes (Brabant wallon) a inauguré une plaque commémorative sur la maison où l’auteur résida de 1935 à 1937 à Ohain. Enterré au cimetière de Mons, Plisnier a également un buste en son honneur au parc Jacques Franck à Saint-Gilles (Région bruxelloise), œuvre de l’ancienne danseuse Akarova (Marguerite Akarin, 1904-1999), buste dont un double se trouve depuis 1957 à Woluwé-Saint-Lambert à l’intersection des avenues des Géraniums et des Camélias.
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16. NAMUR, La fresque des Wallons Jardins de l’hôtel de ville, rue de Fer
Détail, avec François Bovesse et le coq de Paulus, G. Focant, DPat © SPW
La fresque des Wallons sur l’annexe contemporaine de l’hôtel de ville de Namur. G. Focant, DPat © SPW
Réalisée entre avril et août 2004, la fresque des Wallons est une grande œuvre en trompe-l’œil décorant l’entièreté du pignon de l’extension contemporaine de l’hôtel de ville de Namur donnant sur les « Jardins du Maïeur ». Inspiré par une célèbre fresque similaire sur la place Royale à Québec (ville jumelée avec la capitale wallonne), le projet naît en 2001, tant pour célébrer la Wallonie au cœur de sa capitale que pour agrémenter cet espace, récemment aménagé en jardin. L’œuvre est inaugurée à l’occasion des fêtes de Wallonie le 18 septembre 2004. Réalisée par l’atelier français « Cité de la Création » (qui avait signé un
travail similaire à Lyon) et regroupant près de 250 personnages sur un espace de 330 m 2, la fresque monumentale évoque des références typiques de l’histoire tant ancienne que récente de la Wallonie, des personnages historiques, artistes, écrivains, etc. On remarquera aisément aussi bien la reproduction du coq wallon de Pierre Paulus que le portrait de François Bovesse à une fenêtre, à titre d’exemple. La fresque des Wallons est aujourd’hui un des témoins les plus symboliques de l’histoire de la Région, au même titre que ses sœurs et modèles de Québec et de Lyon.
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17. NAMUR, les plaques en hommage à François Bovesse Avenue Cardinal Mercier, 2 et Halle al’Chair, rue du Pont Halle al’Chair, monument classé le 15 janvier 1936
La plaque en hommage à François Bovesse, avenue Cardinal Mercier à Namur. G. Focant, DPat © SPW
Militant wallon de longue date, le libéral François Bovesse, gouverneur de la province de Namur, fut assassiné à l’aube du 1er février 1944 par deux militants rexistes accompagnés de trois Waffen-SS, qui l’abattirent de deux balles à l’intérieur même de sa demeure. Près de dix mille personnes assistèrent à ses funérailles malgré la présence de l’occupant et ses assassins, condamnés à mort le 24 octobre 1945, furent fusillés à la citadelle le 1er juin 1946. Installée sur la maison de Bovesse, avenue Cardinal Mercier, en 1962, une plaque commémorative rappelle l’événement tragique qui s’y est déroulé : « Ici fut lâchement assassiné le 1er février 1944 le grand patriote François Bovesse,
La plaque en hommage à François Bovesse apposée sur le pignon de la Halle al’Chair à Namur. G. Focant, DPat © SPW
Gouverneur de la province ». Outre les nombreuses commémorations en mémoire de ce dernier lors des Fêtes de Wallonie, cette plaque reste aujourd’hui un témoignage supplémentaire, à l’endroit même de la tragédie, du courage de nombreux militants wallons dans la résistance à l’occupant. Plus loin, placée sur le pignon de la Halle al’Chair sise rue du Pont le long de la Sambre, une plaque, contenant un médaillon représentant François Bovesse et l’inscription « Mon domaine n’est qu’un bout de sol wallon », constitue une étape importante des célébrations des fêtes de Wallonie.
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Le Mouvement Lieux de mémoire wallon
18. NIVELLES, le monument Georges Willame Rue Saint-Georges
pignon
Le monument Georges Willame à Nivelles © IPW
Né le 9 juillet 1863 et décédé en 1917, Willame est d’abord l’historiographe de la ville de Nivelles avant de s’affirmer comme auteur dramatique wallon, défenseur du patois local et de la Wallonie entière. Cofondateur du journal L’Aclot et de la revue Wallonia , il fait partie de divers groupes illustrant la langue et le folklore wallons. Parmi ses œuvres, la plus importante reste certainement El Rouse dé Sainte Ernelle (La rose de sainte Renelde), première pièce de théâtre poétique en wallon. La stèle en hommage
à Georges Willame a été installée au centre d’un petit square situé à l’extrémité de la rue Saint-Georges, après avoir trôné au parc de la Dodaine. Inauguré le 1er juin 1930, le monument est l’œuvre du sculpteur et architecte Marcel Collet. Une plaque en bronze représentant Willame est installée entre deux petites colonnes et sous la phrase « À Georges Willame, les Aclots » se trouve une citation wallonne.
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19. NIVELLES, les plaques du parc de la Dodaine Parc de la Dodaine Site classé le 28 avril 1945
Créé au début du xixe siècle par le premier maire de la ville de Nivelles, Jean-Baptiste Dangoneau, le parc de la Dodaine comporte une vaste pièce d’eau agrémentée de deux jets d’eaux et bordée de grandes allées d’arbres. Après un imposant jardin circulaire fleuri, une seconde pièce d’eau prolonge le parc. Décoré de plusieurs statues, dont certaines contemporaines, le parc de la Dodaine comprend d’importantes pelouses. Entre le jardin et la première pièce d’eau, deux groupes sculptés d’angelots provenant de l’ancien hôtel des Postes de Bruxelles ont trouvé leur place parmi les bosquets et le monumental portail baroque.
Vue d’ensemble du parc de la Dodaine de Nivelles © IPW
Lieu de rencontre important de la vie nivelloise, le parc de la Dodaine abrite, dans son jardin central, trois plaques commémoratives d’artistes wallons nivellois. Au cours des
hommages rendus par le Mouvement wallon dans la cité brabançonne, ces plaques furent toujours une étape de leur pèlerinage.
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Le Mouvement Lieux de mémoire wallon
La plaque en hommage à Franz Dewandelaer de Nivelles © IPW
Plaque en mémoire de Franz Dewandelaer Né le 20 mai 1909, Franz Dewandelaer découvre la poésie wallonne sur les bancs de l’école primaire ; il reçoit son premier prix en 1930. Poète dialectal, il écrit à la fois en français et en wallon. Membre du Congrès national
wallon, il se présente sur les listes électorales du Parti d’Unité wallonne en 1949. Il décède le 23 août 1952. Un quatrain en wallon issu de son recueil de poèmes dialectaux Bouquet tout fait est inscrit sur sa plaque commémorative. 145
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Sur les traces du Mouvement wallon
La plaque en hommage à Albert du Bois à Nivelles © IPW
Plaque en mémoire du comte Albert du Bois Poète et dramaturge, Albert du Bois est né le 4 septembre 1872. Après des études de droit et un passage à l’Ambassade de Belgique à Londres, il publie en 1903 Le catéchisme wallon, œuvre marquante dans laquelle il affirme son attachement à ses racines latines et défend ardemment la culture wallonne. Il s’impose rapidement comme une figure de proue du Mouvement wallon au même titre que ses contemporains Albert Mockel et Jules Destrée. Il participe au Congrès wallon de 1905193 et fonde Le Réveil
wallon, journal hebdomadaire, en 1907. Il participe à l’érection du monument de Jemappes et représente l’arrondissement de Nivelles à l’Assemblée wallonne. Il meurt le 3 décembre 1940 et son corps repose dans le caveau familial du château d’Écaussinnes-d’Enghien. La plaque commémorative rappelle qu’il fut un « précurseur du Mouvement wallon » et précise son attachement à la culture latine et à la versification : « Il aima passionnément la musique du vers français et défendit la culture latine ».
193. Voir l’article sur la salle académique de l’Université de Liège p. 60.
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Le Mouvement Lieux de mémoire wallon
La plaque en hommage à Paul Collet à Nivelles © IPW
Plaque en mémoire de Paul Collet Né le 29 juillet 1889, docteur en droit, homme de lettres et également un des meilleurs dessinateurs-graveurs de son époque, Paul Collet mène en parallèle un combat pour la Wallonie. Fondateur et principal rédacteur de la revue Le Roman païs de Brabant, il crée le comité des Fêtes de Wallonie de Nivelles en 1928, à l’exemple de ce que venait de faire François Bovesse à Namur. Membre de l’Assemblée wallonne, il participe aussi au premier Congrès culturel wallon de 1938, mais son engagement politique l’a alors mené au Parlement en tant que député rexiste de l’arrondissement de Nivelles. Non réélu en 1939, il quitte Degrelle et il rejoint les rangs du comité nivellois de
Wallonie libre en août 1944. Il est encore président du comité nivellois des fêtes de Wallonie et membre du Congrès national wallon. Il meurt à Nivelles le 22 juillet 1952. La plaque commémorative fut installée par la Ville dans le parc de la Dodaine en 1967. Elle rappelle l’attachement de Collet à la Wallonie : « À Paul Collet 1889-1952, avocat, homme de lettres, imagier de Nivelles et du Roman Pays de Brabant, défenseur de la terre wallonne et de la pensée française ». Les Fêtes de Wallonie de 1989 furent l’occasion pour la ville de commémorer le centième anniversaire de la naissance de Collet. La plaque comporte également une reproduction d’une gravure de Paul Collet, ainsi qu’un drapeau aux couleurs françaises, tout comme cela est le cas pour la plaque dédiée à Franz Dewandelaer. 147
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20. R EMICOURT, la plaque en hommage à Freddy Terwagne Rue Terwagne, 20 à Hodeige
La plaque en hommage à Freddy Terwagne à Hodeige © IPW
Né à Amay en 1925, Freddy Terwagne termine ses études de droit pendant la guerre et entre dans l’Armée secrète en 1942. Il collabore ensuite au journal La Wallonie et adhère au PSB autant qu’à la cause wallonne. Il participe aux actions menées pendant les grèves de 1960-1961 aux côtés d’André Renard et se trouve avec lui en tête du cortège du 15 avril 1962 en faveur du maintien des Fourons à la Wallonie notamment. Ministre francophone des Relations communautaires de 1968 à son décès prématuré en 1971 (avec pour chef de cabinet adjoint Jean-Maurice Dehousse et parmi ses collaborateurs Bernard Anselme et
Robert Collignon, trois futurs Ministres-Présidents wallons), il est un des pères de la réforme constitutionnelle de 1970 et de la loi créant les premiers organes de décentralisation économique. Freddy Terwagne décède à Liège le 15 février 1971. Une plaque, située sur la façade d’une maison du village de Hodeige, rend hommage au militant wallon Freddy Terwagne, dans la rue qui lui est dédicacée. Elle rappelle brièvement la carrière de l’homme d’État et précise son attachement à la cause wallonne.
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21. TOURNAI, le monument à la littérature et à la chanson wallonnes Rue des Jésuites
Le monument à la littérature et à la chanson wallonnes. G. Focant, DPat © SPW
Inauguré dans le bas de la rue des Jésuites le 15 août 1931, le monument à la littérature et à la chanson wallonnes devait être initialement un monument en hommage à l’auteur wallon Achille Viehard (1850-1926). L’idée de départ se transforma rapidement en un projet plus important dépassant la mémoire du père de la chanson et du théâtre wallons tournaisiens, pour englober celle de tous ses confrères. Érigé grâce à des fonds provenant de la ville de Tournai, de la province du Hainaut et des « Amis d’Achille Viehard », le monument fut conçu par l’architecte Jules Wilbaux. Il s’inspire fortement d’une ancienne
fontaine tournaisienne194 et se présente sous la forme d’un bloc de pierre sur lequel se trouve un cracheur d’eau (rappelant la fontaine) et un médaillon. La dédicace « À la littérature et à la chanson wallonnes » rappelle la portée symbolique de l’œuvre, tout comme sur le support soutenant cette pierre une sculpture de Paul du Bois symbolise la terre wallonne au travers d’un titi tournaisien désinvolte et dynamique. Le monument est fleuri à l’occasion des Fêtes de Wallonie. 194. Il s’agit de la fontaine du Pichou Saint-Piat se trouvant autrefois aux abords du cimetière de l’église.
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22. VERVIERS, le cimetière Rue de la Cité
Le cimetière de la ville de Verviers se trouve à son emplacement actuel depuis 1831, sur une prairie en forte pente, si bien que sa configuration est fort originale, avec des allées en paliers, des murets, des terrasses et de nombreux escaliers qui confèrent à ce parc funéraire, riche de nombreux monuments, une atmosphère toute particulière. Trois constructions méritent d’être signalées ici.
Le monument aux artistes verviétois. G. Focant, DPat © SPW
Le monument aux combattants de 1830 Fort abîmé, ce monument en forme d’obélisque comporte les noms des Verviétois ayant pris part aux combats de septembre 1830. L’association verviétoise du « Souvenir wallon » se rendit chaque année devant cette pierre, à partir de septembre 1958, ainsi que devant les monuments aux morts des deux guerres, et celui aux artistes verviétois.
Le monument aux artistes verviétois À l’occasion des commémorations des Journées de septembre, l’association « Pré-Javais Attractions » organisa à partir du xxe siècle un hommage sur les tombes des principaux artistes enterrés au cimetière de Verviers. Elle fut ensuite l’initiatrice d’un monument à ces derniers, finale-
ment élevé en 1949 par l’association « Le Souvenir wallon » et son fondateur Joseph Defaaz (1894-1968). Œuvre de Pierre Pirenne, ce monument a la forme d’une assez grande colonnade entourant une pelouse où se trouve une plaque en hommage à Defaaz ; la partie inférieure de la colonnade comporte un coq wallon.
La tombe de Corneil Gomzé Militant démocrate dès 1848, correspondant de Victor Hugo, le poète Corneil Gomzé (1829-1901) fut un des premiers écrivains en wallon verviétois. Sa tombe fut érigée à l’initiative du cercle littéraire « L’Élan wallon » créé en 1893, à une époque où quatre autres sociétés wallonnes virent le jour à Verviers entre 1890 (« Les Wallons ») et 1903 (« Lu Steûle wallonne »).
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Manifestation au monument des artistes lors des Fêtes de Wallonie, le 26 septembre 1954. Coll. F. Joris
Lettre autographe de Victor Hugo à Corneil Gomzé (1877) © Musée royal de Mariemont
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23. VILLERS-LE-BOUILLET , le monument Joseph Durbuy Rue de Borset à Vaux-et-Borset
La plaque en hommage à Joseph Durbuy à Vaux-et-Borset © IPW
Situé sur la façade de sa maison natale, ce monument rend hommage à l’écrivain wallon Joseph Durbuy (18821963), mentionné dans L’Encyclopédie du Mouvement wallon. Agronome et marchand de bestiaux, il débuta une carrière littéraire en 1902, collaborant alors avec les journaux wallons Li p’tit Lidjwés et Li Clabot. Il deviendra rapidement le chantre de la Hesbaye. Son recueil de poésies Copales et Djavès recevra le prix de la Société de Langue et Littérature wallonne. Sa production théâtrale
sera également récompensée à plusieurs reprises et fut l’objet de milliers de représentations. La plaque commémorative, installée par ses concitoyens et inaugurée le 9 août 1945, présente un bas-relief figurant un paysan hesbignon et son chien dans un décor champêtre, en parfaite adéquation avec les thèmes de prédilection de Joseph Durbuy. On peut y lire « Ici est né le 27 août 1882 Joseph Durbuy, écrivain wallon, prix de littérature de la Province de Liège en 1942 ».
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24. WAIMES, le monument Pietkin Sourbrodt
Le monument dédié à Nicolas Pietkin à Sourbrodt. G. Focant, DPat © SPW
Né à Malmedy en 1849, le prêtre Nicolas Pietkin symbolise la résistance des francophones de cette région appartenant alors à la Prusse. Ordonné prêtre à Cologne en 1875, il s’exile en Belgique avant de rentrer chez lui pour être désigné prêtre à Sourbrodt, aujourd’hui sur l’actuelle commune de Waimes. Il prêche en français et refuse la politique de germanisation du Deuxième Reich. Il publie en 1904 La germanisation de la Wallonie prussienne. Arrêté par les Allemands en août 1914, il est détenu en raison de ses sympathies francophiles et wallonnes. Après avoir connu le retour de la Wallonie malmédienne à la Belgique suite au Traité de Versailles de 1919, il décède à Malmedy en janvier 1921. C’est à l’initiative de l’Assemblée wallonne qu’une souscription est lancée dans le but d’élever un monument à la
mémoire de l’abbé Pietkin. Situé au carrefour des routes de Robertville, Mont-Rigi et Sourbrodt, celui-ci est inauguré le 3 octobre 1926. Réalisé par le sculpteur liégeois Georges Petit (1879-1958), il se présente sous la forme d’une imposante stèle de 7 m de hauteur au sommet de laquelle se trouve un bronze représentant la louve romaine allaitant Romulus et Remus, symbole de la civilisation romaine et latine, et rappel du combat de Nicolas Pietkin. Un médaillon de bronze de 1,20 m représentant l’abbé se trouve aussi sur ce monument. À l’instar du coq du monument aux morts de Dolhain notamment, le monument Pietkin fut endommagé par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale. Restauré, il fut inauguré à nouveau le 2 juin 1957 en présence de nombreux militants wallons. 153
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De 1961 à 1999, quatre documents du MPW, de « Wallonie libre » et du Rassemblement wallon
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Sur les traces du Mouvement wallon Quatrième partie
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. Lieux de repos
1. A MAY, la tombe de Freddy Terwagne Cimetière d’Amay, rue Pirka
La tombe de Freddy Terwagne à Amay. G. Focant, DPat © SPW
La sépulture de Terwagne au cimetière d’Amay comporte un monument réalisé par le sculpteur liégeois Marceau Gillard (1904-1987), qui fut installé en présence de dix-huit Ministres ou anciens Ministres deux ans après l’inhumation de Terwagne. Il représente un homme assis,
le bras posé sur les genoux. Le 14 février 1981, le cimetière fut le cadre d’une cérémonie d’hommage à l’occasion des dix ans de la mort de Freddy Terwagne en présence du roi Baudouin.
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2. CHARLEROI, la tombe commune de Jules Destrée et Paul Pastur Cimetière de Marcinelle, 12, rue du Repos
La tombe de Jules Destrée et de Paul Pastur © IPW
Image étonnante, à l’entrée du cimetière de Marcinelle195, que celle de la sépulture commune de Jules Destrée et de son ami et collègue Paul Pastur (1866-1938), autre figure du Mouvement wallon, mais surtout fondateur de l’Université du Travail de Charleroi. Entre deux médaillons présentant les profils des deux illustres occu-
pants du caveau, la phrase « Les familles Pastur et Destrée, unies dans la vie, réunies dans la mort » fut ajoutée à la mort de Pastur, survenue deux ans après celle de Jules Destrée, lorsque son urne funéraire fut placée à côté de celle de son ami d’enfance dans le caveau familial.
195. La tombe est la première de l’Allée 1, à gauche en entrant.
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Sur les traces du Mouvement wallon
3. F LEURUS, la tombe de Luc Javaux Cimetière de Fleurus, route de Mellet
La tombe de Luc Javaux à Fleurus. G. Focant, DPat © SPW
Né à Namur en 1911, Luc Javaux s’engage pour la Wallonie alors qu’il n’est qu’étudiant à l’Athénée de Namur. Il fonde ensuite la Fédération des Universitaires wallons dont la devise « Mieux vaut mourir de franche volonté, que du pays perdre la liberté » – que l’on retrouve sur la tombe de Georges Truffaut à Liège – préfigure son destin. Avocat, il devient une des figures les plus actives du Mouvement wallon. Il part en Angleterre en 1940 : aviateur, il s’engage au sein de la Royal Air Force britannique et participe à la bataille d’Angleterre avant de poursuivre le combat. Luc
Javaux meurt le 18 octobre 1943 alors qu’il survolait les Indes, son avion étant broyé par un typhon. Ayant émis le souhait d’être enterré en terre wallonne, il sera inhumé dans le caveau familial du cimetière de Fleurus en présence de nombreux militants wallons le 18 octobre 1961 seulement. Sur le caveau, une inscription rappelle les engagements du militant : « Maître Luc Javaux. Namur 16-8-1911. Premier volontaire belge R.A.F. Capitaine aviateur tombé le 18-10-1943. Mort pour la Wallonie française ».
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4. LIÈGE, le cimetière de Robermont Rue de Herve Site classé le 24 septembre 2002
Dès 1200, l’emplacement est occupé par des religieuses installées à cet endroit jusqu’en 1796, lorsque les communautés religieuses sont supprimées et leurs biens transférés à la République. Vendue en 1797, l’abbaye est acquise par la Ville de Liège qui décide de transformer le lieu en cimetière en 1805. De nombreuses fois agrandi depuis, le cimetière de Robermont s’étend sur un vaste espace entièrement ceint par un mur. Doté de nombreux arbres qui lui confèrent un charme certain, il conserve les sépultures de nombreuses personnalités liégeoises, ce qui lui vaut son surnom de « Père-Lachaise liégeois ».
De très nombreuses sépultures intéressent le Mouvement wallon dans son sens le plus large à Robermont, notamment de nombreuses tombes d’artistes wallons mentionnés comme tels sur la pierre, parmi lesquels, par exemple, Joseph Demoulin (1825-1879), président du Caveau liégeois, Armand Ledoux (1880-1955), président de la Société littéraire Les Auteurs wallons, Joseph Halleux (1874-1939) et Charles Batholomez (1868-1915), auteurs wallons. Chaque année, à l’occasion des fêtes de Wallonie, une cérémonie d’hommage avec dépôt de fleurs sur les tombes d’artistes wallons et militants est organisée. Une douzaine d’autres sépultures méritent d’être relevées spécialement en raison soit de leur caractère symbolique, soit de la personnalité du défunt, soit des hommages militants organisés sur les lieux196. Henri Bekkers (1859-1933), poète et sculpteur wallon, fut président du Caveau liégeois, société de passionnés de la langue, de la littérature et des traditions wallonnes, fondée en mars 1872 par Toussaint Brahy, inhumé à SainteWalburge. Comme sculpteur, Bekkers assura la sauvegarde de repères de la mémoire wallonne, notamment grâce à l’érection de monuments funéraires, tel celui de Brahy. Sa propre sépulture, érigée par souscription à l’initiative du Caveau liégeois, comporte un buste réalisé par le sculpteur Louis Gérardy (1887-1959), un rappel de ses fonctions et une citation éloquente en wallon : Efants, ni rouviz may qui vos estez Walons ! 196. Les emplacements des sépultures identifiées sont les suivants : Jean Bury (parcelle 176 – B-C), Nicolas Defrêcheux (parcelle 42 – 78), NicolasJoseph Demoulin (parcelle 6 – 67), Auguste Donnay (parcelle 26), Émile Dupont (parcelle 87/A2/1), Louis Hillier (parcelle 210 – A), Armand Ledoux (parcelle 29 – B), Albert Mockel (parcelle 127 – A), Édouard Remouchamps (parcelle 42 – 81), Fernand Scheurs (parcelle 44 – 14), Fifine Vidal (171 – A/C), Jean Warroquiers (parcelle 217- B/C).
Jean Bury (1867-1918), auteur d’une production wallonne considérable, est mort à Amsterdam. Son corps fut rapatrié en 1921 par le poète wallon Émile Wiket. Jean Warroquiers (également enterré à Robermont) lança une souscription sous les auspices du cercle littéraire « La Wallonne » et du journal Noss’ Pèron afin de lui élever un monument funéraire, qui fut réalisé par Constant Thys et installé à proximité de celui de Wiket. Il comporte une épitaphe de Bury lui-même : On n’deût aveûr qu’on but èl ‘vèye ognèsse, mori parèy. Nicolas Defrêcheux (1825-1874), poète lyrique wallon ; une souscription publique lancée par le journal Noss’ Pèron permit de lui élever un monument funéraire dû à l’architecte Émile Bernimolin (1884-1953). À l’occasion du centenaire de la naissance de Defrêcheux, un médaillon réalisé par Louis Gérardy prit place sur le monument aux côtés des titres de quelques-unes des œuvres du poète. Auguste Donnay (1862-1921), peintre, attaché à la reconnaissance d’un art wallon et participant actif du Congrès wallon de 1905. Les Amis de l’art wallon demandèrent à l’architecte liégeois Paul Jaspar (1859-1945) de créer la pierre tombale de l’artiste. Sur un simple morceau de calcaire blanc sont inscrits les mots : « La ville de Liège et les Amis de l’art wallon à Auguste Donnay, artiste peintre ». Émile Dupont (1834-1912), député libéral de 1864 à 1890 puis sénateur de 1890 à sa mort, ce grand bourgeois, dont une place tente de commémorer le souvenir près de Saint-Jacques au centre de Liège, prit part aux diverses discussions sur les lois linguistiques en se rapprochant progressivement des thèses du Mouvement wallon. Il avait 78 ans, avait été vice-président du Sénat et était Ministre d’État lorsqu’il s’exclama publiquement au Parlement, à 159
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La tombe d’Henri Bekkers © IPW
La tombe de Nicolas Defrêcheux © IPW
La tombe de Jean Bury © IPW
La tombe d’Auguste Donnay © IPW
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La tombe d’Émile Dupont © IPW
l’issue d’un vote favorable aux thèses flamandes, le 9 mars 1910, « Vive la séparation administrative ». C’était la première fois qu’une aussi haute personnalité manifestait ainsi son adhésion au projet fédéraliste alors à l’étude dans les rangs du Mouvement wallon. Louis Hillier (1868-1960), violoniste, compositeur et chef d’orchestre, mit en musique les paroles du Chant des Wallons écrit par Théophile Bovy. Le Congrès national wallon lui avait rendu hommage en 1948 à Liège. Décédé à Paris, il avait émis le souhait de reposer à Liège. Albert Mockel (1866-1945) reste essentiellement connu pour avoir popularisé les mots Wallon et Wallonie à la fin du xixe siècle, mais il fut aussi à la base de la création de l’Assemblée wallonne en 1912. Il mourut à Ixelles, mais sa dépouille fut transférée à Liège six ans plus tard, en 1951. La Ville lui réserva une pelouse spéciale au cimetière de Robermont. Édouard Remouchamps (1836-1900) est enterré dans le caveau familial. Il s’agit d’un monument fort simple,
La tombe de Louis Hillier © IPW
mais qui fit toutefois partie de ceux auxquels hommage fut rendu lors des fêtes de Wallonie. Fernand Schreurs (1900-1970), figure de proue du Mouvement wallon d’après-guerre, secrétaire du Congrès national wallon en 1945 et créateur du Mouvement libéral wallon en 1962, est lui aussi enterré dans le caveau familial, en compagnie de son épouse et d’autres parents, dans un monument d’une grande sobriété. Sa tombe a fait l’objet de nombreuses commémorations : parmi celles-ci, un hommage rendu par la Ville de Liège et la Région wallonne en 1985, ainsi qu’un autre en 1995 à l’occasion du cinquantième anniversaire du premier Congrès national wallon. Fifine Vidal (1883-1926), populaire comédienne wallonne, symbolise le théâtre dialectal. À sa mort, un comité décida de lui ériger un monument funéraire, réalisé par le sculpteur Oscar Berchmans (1869-1950). Sur celuici, un médaillon en marbre représente la comédienne en femme du peuple, fichu sur la tête, et la dédicace lui rend cet hommage : « La Wallonie à Fifine Vidal ».
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La tombe d’Albert Mockel © IPW
La tombe d’Édouard Remouchamps © IPW
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La tombe de Fernand Schreurs © IPW
Jean Warroquiers (1880-1935), fondateur de l’École de musique Grétry, directeur du journal wallon Noss’ Pèron, fut l’organisateur des fêtes de Wallonie à Liège et le premier président de la République libre d’Outremeuse. Sa sépulture évoque on ne peut plus clairement ses engagements wallons : en plus d’un coq doré sur fond noir, une citation en wallon rappelle qu’« Il esteût si fîr d’èsse Walon ». Le médaillon représentant Warroquiers est dû au sculpteur Louis Gérardy, qui intervint aussi sur les tombes de Bekkers et de Defrêcheux. Émile Wiket (1879-1928), poète wallon auteur de Li p’tit banc, engagé dans de nombreux mouvements wallons, fut membre notamment de la Société de langue et de littérature wallonnes et président du cercle littéraire La Wallonne. Rédacteur en chef et fondateur de Noss’Pèron, il fut aussi rédacteur d’Amon nos Autes. Son monument funéraire, situé à proximité de celui de son ami Jean Bury, porte un médaillon réalisé par Joseph Sauvage et plusieurs inscriptions rendant hommage à la chanson fétiche de Wiket (Li sûre ax lâmes tchanson d’sot les hayes tchantèt li p’tit banc), ainsi qu’au poète Nicolas Defrêcheux, dont Wiket appréciait l’œuvre (À Colas Defrècheux, mes sondjes dansèt nosse pauve monde, tchanson d’espwèr).
La tombe de Fifine Vidal © IPW
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Hommage rendu à Jean Warroquiers (s.d.). Coll. Musée de la Vie wallonne (n° A34.134a)
La tombe de Jean Warroquiers © IPW
La tombe d’Émile Wiket © IPW
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5. LIÈGE, le cimetière de Sainte-Walburge Boulevard Fosse-Crahay
Le premier cimetière de Sainte-Walburge était situé autour de l’église du même nom, mais il fut désaffecté en 1866. Le cimetière actuel fut inauguré le 20 mars 1874 et était alors quelque peu à l’écart du quartier. Doté d’une entrée monumentale en 1907, le cimetière n’a cessé de se développer depuis. Entièrement clos, il a accueilli les dépouilles de nombreuses personnalités liégeoises liées au Mouvement wallon, ainsi qu’une importante manifestation récurrente.
Le pèlerinage à Sainte-Walburge Le cimetière de Sainte-Walburge contenait un monument aux héros de la révolution de 1830 et les tombes de nombreux révolutionnaires, parmi lesquels le mythique Charlier-Jambe-de-Bois. Un pèlerinage devant ces monuments fut organisé dès les années 1890 et la Ligue wallonne de Liège s’y associa dès sa création en 1897, les journées de septembre étant alors perçues surtout comme une révolte contre la politique de néerlandisation de Guillaume Ier. C’est dans le même esprit qu’avant le Congrès wallon de 1905, les congressistes se rendaient au monument de Sainte-Walburge le 30 septembre. Le pèlerinage se poursuivrait lors des premières fêtes de Wallonie, ainsi qu’en d’autres occasions : une cérémonie en présence des membres de la Concentration wallonne eut lieu le 28 septembre 1930 au cours des fêtes du centenaire de l’indépendance et des résistants du Front wallon pour la libération du pays s’y rendirent le 30 septembre 1941 pour y déposer symboliquement leur charte.
Le monument aux écrivains wallons Un monument en forme d’obélisque au sommet duquel se trouve un flambeau, placé en face de la sépulture de Georges Truffaut, rend hommage aux écrivains wallons de manière générale : « À la mémoire de nos écrivains wallons regrettés » dit la dédicace de cette pierre, érigée en 1938 à l’initiative du Souvenir wallon. Plusieurs belles figures du mouvement wallon sont enterrées dans le cimetière de Sainte-Walburge et la symbolique de certaines tombes est parfois très forte197. Théophile Bovy (1863-1937), auteur des paroles du Chant des Wallons (dont Louis Hillier composa la musique) est inhumé dans le caveau de la famille Bovy. Classique, le monument funéraire comporte l’inscription « Théophile Bovy. Auteur wallon. Chevalier de l’Ordre de Léopold. 1863-1937 ». Auteur de pièces en wallon, Bovy fut membre du comité exécutif de la Ligue wallonne en 1897 et président de l’Association des auteurs wallons. Toussaint Brahy (1821-1888), poète wallon, fonda le Caveau liégeois en mars 1872, une association toujours 197. Les sépultures se trouvent aux endroits suivants : Théophile Bovy (parcelle 39 – 1C), Toussaint Brahy (parcelle 1 – 1C), Maurice Destenay (parcelle 45-1A-7), Eugène Duchesne (parcelle 10 – 1E), Jean Haust (parcelle 131-133), Alphonse Tilkin (parcelle 8 – 1 A) et Georges Truffaut (parcelle 45 – 1 A).
active actuellement sous la présidence du folkloriste JeanDenys Boussart. Le monument funéraire de Brahy comporte une colonne surmontée d’une pomme de pin, symbolisant le perron liégeois. Maurice Destenay (1900-1973), député libéral de 1949 à 1965, échevin (1953), puis bourgmestre (1963) de Liège jusqu’à sa mort, développa une action wallonne énergique dès les années 1930, qui culmina dans sa défense des Fourons dans les années 1960. Outre sa tombe à SainteWalburge, on peut signaler le petit monument qui lui a été dédié au centre de Liège à proximité de la bibliothèque des Chiroux, à côté de l’avenue portant son nom. Eugène Duchesne (1901-1966), inhumé dans le caveau familial, s’illustra comme militant wallon, puis comme résistant au cours de la Seconde Guerre mondiale et reçut la médaille d’or de Wallonie libre en 1959. Sa tombe conserve, posée sur la pierre tombale, un macaron figurant le drapeau wallon. Jean Haust (1868-1946), originaire de Verviers, fut, selon l’Encyclopédie du Mouvement wallon, la figure la plus marquante et la plus connue de la dialectologie wallonne, qu’il fit entrer à l’Université en 1920, et un militant wallon très actif jusqu’au Congrès de 1945. Alphonse Tilkin (1859-1918), auteur wallon et président de la Société des auteurs wallons en 1887, puis de celle des Auteurs dramatiques et chansonniers wallons en 1895, participa notamment au comité des Congrès wallons de 1890 à 1893. Sa sépulture porte à son sommet un coq prenant le perron liégeois sous son aile, la patte posée sur un exemplaire de Li Spirou, journal fondé par Tilkin. La dédicace (Di main d’maisse i scriya noss’ wallon) résume l’action du défunt. Georges Truffaut (1901-1942) : membre fondateur et ardent animateur de la Ligue d’Action wallonne (1923), ce député socialiste de Liège, figure emblématique du Mouvement wallon durant l’Entre-deux-Guerres, poursuit le combat contre les Allemands en Angleterre dès mai 1940, tout comme le Namurois Luc Javaux. Lui aussi y perd la vie, le 3 avril 1942. Sa dépouille fut rapatriée en 1947 et sa sépulture, outre un buste, comporte un bas-relief représentant un flamboyant coq wallon. La dédicace est faite à : « Georges Truffaut, échevin, député, fondateur du Grand Liège, ardent wallon, capitaine de l’armée belge, mort pour la liberté, 1901-1942 ». La citation « Mieux vaut mourir de franche volonté que du pays perdre la liberté » rappelle la devise des Universitaires wallons et de Luc Javaux. 165
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En haut, à gauche. Le mémorial des écrivains wallons © IPW En haut, à droite. La tombe de Théophile Bovy © IPW En bas, à gauche. La tombe de Toussaint Brahy © IPW En bas, à droite. Le monument à la mémoire de Maurice Destenay, place des Carmes à Liège. G. Focant, DPat © SPW
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En haut, à gauche. La tombe d’Eugène Duchesne © IPW En haut, à droite. La tombe de Jean Haust © IPW En bas, à gauche. La tombe d’Alphonse Tilkin © IPW En bas, à droite. Hommage à Georges Truffaut (1963). Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne – Liège
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La tombe de Georges Truffaut © IPW
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6. LIÈGE, la tombe de Jo Woussen Cimetière de Chênée-Centre, rue de Chèvremont Champion de Belgique de boxe (poids léger) en 1956 (à l’âge de 28 ans), devenu ouvrier métallurgiste, Joseph Woussen fut une des quatre victimes de la grande grève de l’hiver 1960. Pendant plusieurs années, des responsables du Mouvement populaire wallon organisèrent des rassemblements autour de sa tombe (en 1963, 1965, 1966) pour rendre hommage au « martyr de la classe ouvrière et de la cause wallonne ». Jo Woussen (né à Liège en 1928) n’était pas un militant wallon, mais cet ouvrier métallurgiste fut tué d’une balle lors d’une charge de gendarmerie le 17 janvier 1961 à Chênée, pendant les manifestations de l’hiver 1960. Son destin est ainsi lié à un des grands moments fondateurs de l’identité wallonne : la « grande grève » de décembre 1960janvier 1961 contre le projet de loi « unique » du gouvernement chrétien-libéral de Gaston Eyskens, qui annonça une série de bouleversements importants du côté des forces politiques et syndicales wallonnes, et du Mouvement wallon. Elle eut un impact considérable quant au progrès de la revendication fédéraliste. Dès le 17 novembre 1960, une réunion des cadres wallons de la FGTB à Charleroi décidait, entre autres, la parution à partir de janvier 1961 d’un journal de lutte « spécifiquement wallon » et de la mise sur pied d’un organe de coordination syndicaliste wallon. Dès décembre 1960, l’action de grève apparaît surtout comme wallonne et socialiste. André Renard préconise une grève générale de durée illimitée, toutes les régionales wallonnes (sauf une) et les centrales professionnelles majoritaires en Wallonie l’approuvent, mais toutes les régionales flamandes (sauf Gand) et les centrales majoritaires en Flandre votent contre ! La grève dura plus d’un mois et ses objectifs évoluèrent : de l’opposition à la loi unique, l’accent se déplaça vers les problèmes spécifiquement wallons et la revendication s’étendit aux réformes de structures économiques et politiques. Un comité de coordination des Régionales wallonnes de la FGTB avait été créé le 23 décembre à Namur. Il déclare dès le 2 janvier 1961 que « dès à présent se pose le problème de réformes de structures seules capables d’assurer l’expansion économique et la prospérité de la Wallonie dans le cadre des structures politiques du pays révisées ». Le même jour, les représentants des Fédérations wallonnes du PSB réunis à Namur décident de constituer un Comité permanent de liaison entre les Fédérations et soulignent la nécessité d’une révision des structures politiques du pays, autrement dit – car c’était déjà de cela qu’il s’agissait – du fédéralisme. Le lendemain 3 janvier à Yvoz-Ramet, André Renard situe clairement l’enjeu : « le peuple wallon est mûr pour la bataille. Nous ne voulons pas que les cléricaux flamands nous imposent la loi. Le corps électoral socialiste représente 60 % des électeurs en Wallonie. Si demain le fédéralisme était instauré, nous pourrions avoir un gouvernement
La tombe de Jo Woussen © IPW
du peuple et pour le peuple ». Haranguant les grévistes le 6 janvier à Liège, le 11 à Mons, le leader syndical parle dans le même sens. Pour la première fois, la revendication d’une réforme radicale de l’État est affichée par les travailleurs wallons en lutte et elle retrouve un soutien populaire comme en juillet 1950. L’essoufflement du mouvement commence en Wallonie quand les grévistes wallons, qui luttaient pour le retrait pur et simple de la loi, pour les réformes de structures économiques et pour le fédéralisme, s’aperçoivent que la grève ne peut plus trouver d’issue politique immédiate. Le mouvement se relâche dès le 16 janvier. Le 21, il reste 150.000 grévistes wallons seulement. Le Comité de coordination des Régionales wallonnes de la FGTB décide de « suspendre » la grève pour le 23 et de « donner de nouvelles formes à l’action », ce qui aboutira à la création du Mouvement populaire wallon, le nouveau fer de lance du combat wallon avant la création du Rassemblement wallon en 1965. 169
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7. NAMUR, le cimetière dit « de Belgrade » Chaussée de Waterloo, à Saint-Servais
Conçu en 1865 comme un parc aux allées majestueuses bordées d’arbres imposants dont seuls quelques uns subsistent, le cimetière de Namur dit « de Belgrade » comporte de nombreux monuments commémoratifs, un carré militaire et la sépulture de plus de 67.000 Namurois. Comme tous les grands cimetières urbains de la seconde moitié du xixe siècle, il a été dessiné par un architecte qui a prévu une entrée monumentale, de larges allées carrossables arborées et une grande pelouse d’honneur.
À l’instar des cimetières liégeois de Robermont et de Sainte-Walburge, celui de Belgrade à Namur est également le lieu de nombreuses commémorations autour de tombes de militants wallons. D’autres sépultures méritent de retenir l’attention par leur symbolisme198. Jean-Antoine Bioul (1915-1983) : la tombe de ce lieutenant-colonel honoraire est intéressante par le médaillon figurant un coq et la dédicace « Wallon toujours » qui y sont présents. Nicolas Bosret (1799-1870) : auteur de nombreuses chansons en wallon, dont Li Bia Bouquet, que la ville de Namur choisira comme hymne en 1857, et membre de la Société royale Moncrabeau, société folklorique et philanthropique namuroise. L’hommage des Fêtes de Wallonie au cimetière de Namur inscrit la sépulture de Nicolas Bosret à son programme en 1959. La pierre tombale porte les armoiries de la Royale Moncrabeau. François Bovesse (1890-1944) : grand militant libéral wallon, fut à l’origine des fêtes de Wallonie à Namur en 1923. Gouverneur de la province de Namur en 1937, il continua néanmoins à combattre le flamingantisme. Démis de ses fonctions par les Allemands, il s’engage dans la 198. Les sépultures retenues se trouvent aux emplacements suivants : Lieutenant-Colonel Bioul (carré 3, rangée 6, tombe 15), Nicolas Bosret (allée des victimes de guerre, côté droit, tombe 1), François Bovesse (allée de la crypte, allée centrale, tombe 4), Joseph Calozet (carré 9, allée 2, tombe 11).
Résistance et il est assassiné par des rexistes le 1er février 1944. Le 6 février 1954, le Comité namurois des fêtes de Wallonie lui rend un hommage solennel sur sa tombe, qui fait également partie du circuit lors de l’hommage rendu au cimetière de Namur le dimanche des fêtes de Wallonie. En septembre 1985 lors de son éphémère implantation à Namur, le Ministre-Président wallon Jean-Maurice Dehousse dépose une gerbe de fleurs sur la tombe, geste que répétera notamment Guy Spitaels en 1992 lors de son entrée en fonctions. Joseph Calozet (1883-1968), auteur wallon, secrétaire de la Fédération wallonne littéraire et dramatique de la province de Namur, membre de Rénovation wallonne en 1945 et du comité provincial namurois de patronage du Congrès national wallon en 1947. Président du Théâtre wallon namurois, il participe au second Congrès culturel wallon de 1955. À la fin des années 1970, la tombe de Joseph Calozet est mise au programme du traditionnel hommage aux Wallons rendu le dimanche des fêtes de Wallonie. Monument aux morts de 1940-1945 : ce monument érigé au cœur du cimetière est, avec la tombe de François Bovesse, une des premières fleuries lors de l’hommage rendu au cours des fêtes de Wallonie depuis les années 1950. Les autres sépultures ont été ajoutées par la suite à ce pèlerinage.
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Le monument aux morts de 1940-1945 dans le cimetière de Belgrade Š IPW
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Sur les traces du Mouvement wallon
En haut, à gauche. La tombe de Jean-Antoine Bioul © IPW
En haut, à droite. La tombe de Nicolas Bosret © IPW
En bas, à gauche. La tombe de Joseph Calozet © IPW
En bas, à droite. Hommage du Gouvernement wallon, présidé par Guy Spitaels, sur la tombe de François Bovesse © SPW
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8. NAMUR, la tombe de Fernand Massart Cimetière de Beez, avenue du Château
La tombe de Fernand Massart © IPW
Fernand Massart (1918-1997), résistant au sein de la « Wallonne libre » clandestine, membre actif du Mouvement populaire wallon au début des années 1960, fut le seul parlementaire à démissionner du PSB en 1963 en raison de l’hostilité et des entraves mises par la direction nationale de ce dernier à l’action du MPW. Après avoir siégé comme indépendant jusqu’en 1965, il redevint en 1968 parlementaire du Rassemblement wallon (dont il sera président en 1983). C’est sur sa proposition que le Conseil culturel de la Communauté française adopta comme symboles en 1975 le drapeau wallon de Paulus et la date du 27 septembre. La tombe de Massart au cimetière de Beez rappelle seulement qu’il fut sénateur et le dernier bourgmestre de Beez avant la fusion avec Namur, mais, en face du champ de repos, l’ancien presbytère (vaste habitation datant de 1847) a été rebaptisé « Espace Fernand Massart »199 en 2001 et la plaque apposée à cette occasion en présence du Ministre-Président wallon JeanClaude Van Cauwenberghe salue en Massart le militant wallon uniquement, à l’initiative d’une asbl « Souvenir Fernand Massart ».
La plaque dédiée à Fernand Massart © IPW
199. Cet espace est situé au 30, avenue du Château.
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9. SAINT-NICOLAS, la tombe de François Van Belle Nouveau cimetière de Tilleur, rue Malgarny
La tombe de François Van Belle à Tilleur © IPW
Né à Tilleur en 1881, Van Belle, militant et élu socialiste (il sera député de 1919 à 1958 et bourgmestre de Tilleur de 1921 à sa mort en 1966 !), participe aux Congrès wallons de 1905 et 1912, préside la Concentration wallonne de 1931 à 1937, est le premier président de la Wallonie libre clandestine et, enfin, un des moteurs du Congrès national wallon de 1945. Sa tombe, installée dans les premières
allées du nouveau cimetière de Tilleur, est un monument familial d’une grande simplicité, portant une plaque offerte par la commune. Elle fut fleurie en 1981 à l’occasion du centenaire de la naissance de Van Belle, mais aussi à l’occasion du cinquantième anniversaire du Congrès national wallon en 1995.
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10. SERAING, le cimetière de la Bergerie Boulevard Galilée
La tombe de Joseph-Jean Merlot à Seraing © IPW
Le plus important des cimetières de la ville de Seraing comporte les tombes de trois militants wallons sérésiens dans l’allée principale, dont celle d’une des plus grandes figures du Mouvement wallon. Joseph Merlot (1886-1959) : bourgmestre de Seraing, député de Liège et ministre à plusieurs reprises entre 1936 et 1949, fut un des principaux acteurs du Mouvement wallon de l’après-guerre. Sa sépulture, de marbre brun, comporte l’énoncé de ses fonctions, un médaillon le représentant, sous le blason de la ville de Seraing, et diverses citations. Joseph-Jean Merlot (1913-1969), fils du précédent, succéda à son père tant au maïorat de Seraing en 1947 qu’au Parlement, ensuite, et au Gouvernement, enfin. Il démissionna de celui-ci en 1962 en raison du rattachement des Fourons à la Flandre, resta fidèle au PSB dans les années 1960, mais demeura cependant un allié du Mouvement wallon. Son monument funéraire consiste en une grande dalle entourée de fleurs, comportant un buste du défunt et le blason de la ville de Seraing.
André Renard (1911-1962), leader syndical et figure historique de Wallonie pour son action en 1950, 1960 et la fondation du Mouvement populaire wallon en 1961. Décédé l’année suivante, sa tombe devient le lieu de nombreux hommages, tant du Mouvement wallon que de la part des organisations syndicales. À proximité de la tombe, un monument fut inauguré le 24 septembre 1965 à l’initiative de la Fondation André Renard. Il évoque le métal en fusion, les flammes de la métallurgie et du souvenir. La plaque commémorative rappelle l’importance d’André Renard tant pour le Mouvement wallon que pour le monde syndical : « André Renard, grand militant syndicaliste et mutuelliste. Défenseur de la Wallonie et du socialisme ». Autour de ce monument, plusieurs plaques d’hommage ont pris place, dont celle de la section du MPW de Seraing-Ougrée, portant les mots : « Pour la Wallonie, il a lutté. Continue son combat 200 ». 200. Les autres plaques ont été installées à l’initiative de la Fédération des métallurgistes FGTB de Liège (qu’André Renard avait présidée), des cheminots de Kinkempois, des ouvriers des Aciéries d’Ougrée, de la section du MPW de La Préalle (dont André Renard fut le président) et de la section du MPW du Tournaisis.
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La tombe de Joseph Merlot © IPW
Le monument dédié à André Renard © IPW
Manifestation wallonne sur la tombe d’André Renard. Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne, Liège
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11. STAVELOT, l’ancienne tombe de Jacques Georgin Cimetière de Stavelot
L’avis mortuaire de Jacques Georgin © IPW
Les commentateurs rapides ou partiaux du conflit communautaire201 ont coutume d’écrire que celui-ci, au contraire de tant d’autres, n’a jamais fait de victimes, voire jamais occasionné de heurts violents. C’est oublier un peu vite ou occulter délibérément ce qu’ont subi les habitants francophones de Fourons dans les années 1970 lorsque les milices flamingantes alors tolérées par les Ministres de l’Intérieur successifs harcelaient régulièrement les Fouronnais sous l’œil de gendarmes flamands complaisants sinon alliés, et surtout le destin tragique de Jacques Georgin à Bruxelles. Né en 1935, à Etterbeek, ce romaniste enseignant à l’Institut technique supérieur de l’État milita au sein de la section bruxelloise du MPW, puis au Front démocratique des Francophones (FDF) dès la création de celui-ci en 1965 et devint secrétaire de sa section de Laeken.
Lors d’un affichage nocturne pendant la campagne pour les élections communales d’octobre 1970, des membres du Vlaamse Miltanten Orde (VMO), une des plus importantes organisations flamingantes néonazies, le rouèrent de coups le 11 septembre 1970 et Georgin mourut dans la nuit. Jacques Georgin fut inhumé dans le caveau familial au cimetière de Stavelot le 8 septembre suivant. L’Association wallonne des Anciens combattants ainsi que la Régionale verviétoise du Rassemblement wallon organisèrent des hommages sur sa tombe202 au cimetière de Stavelot. Un des meurtriers de Jacques Georgin (tous furent acquittés…) fut candidat sur les listes du Vlaamse Blok en 1994…
201. À l’instar du « plus wallon des journalistes flamands », Guido Fonteyn, dans la notice sur les villages des Fourons insérée dans l’édition du Petit Futé publiée en 2008 sur les cantons de l’Est : celui-ci y minimise totalement l’histoire du conflit fouronnais (d’après Le Jour, 9 juillet 2008, p. 7).
202. J. Georgin fut inhumé dans le caveau de la famille Georgin-Bayard (concession n° 702) octroyé le 22 mars 1939 et repris par M. et Mme MoxhetGeorgin le 20 octobre 1982. Renseignements transmis par la Ville de Stavelot avec la collaboration du fils de Jacques Georgin.
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Le catholique Élie Baussart (Charleroi), le libéral Luc Javaux (Namur), deux belles figures du Mouvement wallon
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Sur les traces du Mouvement wallon Cinquième partie
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. Lieux vivants
1. CHARLEROI, Le Chantre de la Liberté Rond-point du boulevard Tirou
Le Chantre de la Liberté à Charleroi. G. Focant, DPat © SPW
Installée en 1996 à l’entrée de la ville de Charleroi, sur le rond-point situé entre le boulevard Tirou, les rues du Pont-Neuf et de l’Écluse, cette sculpture réalisée par l’artiste local Charles Delporte (né à Marcinelle en 1928)
représente trois coqs identiques et dos à dos regardant chacun dans une direction différente. Choisi par son auteur, le titre de l’œuvre symbolise clairement la signification politique donnée ici au coq wallon.
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2. CHARLEROI, le Fonds du Logement Rue de Brabant, 1
Construit au début du xxe siècle, cet imposant bâtiment néoclassique abritait jusque dans les années 1980 le siège de la Générale de Banque. Racheté en 1994 par le Fonds du Logement, l’édifice est restauré et réaffecté par les architectes JeanJacques Catteau et Alain Stevens en 1998. La présence de deux atriums amène un apport de lumière important à l’immeuble, soutenu par deux vastes verrières à pentes doubles. L’architecture du lieu a toutefois été respectée : le verre s’intègre admirablement aux éléments d’origine tels que le sol pavé, les colonnes et les pilastres du grand atrium. Si l’intérieur est profondément remodelé, les modifications extérieures sont quant à elles minimes dans cette réaffectation exemplaire.
Le Fonds du Logement des Familles nombreuses de Wallonie Institution nationale régionalisée, ayant pour mission de concrétiser le droit au logement des familles de trois enfants et plus via des prêts au logement et des aides locatives, le Fonds du logement avait conservé initialement son siège à Bruxelles, puisqu’il était l’héritier du Fonds du Logement de la Ligue des Familles nombreuses de Belgique créé en 1929. C’est en 1980 qu’eut lieu au départ de ce dernier la fondation de la société coopérative Fonds du Logement des familles nombreuses de Wallonie, qui devint opérationnelle en 1984. À ses côtés, le décret du 25 octobre 1984 créa la Société régionale wallonne du Logement (devenue SWL) au départ de la scission de la Société nationale du Logement (SNL) et de la Société nationale terrienne (SNT). La nouvelle Société wallonne devait s’installer à Charleroi (au milieu des années 1990 dans un immeuble neuf qu’elle partagea avec le Forem) au même titre que les autres institutions régionales à caractère social, telle l’AWIPH (Agence wallonne pour l’Intégration des Personnes handicapées). Le Fonds du Logement s’installa à Charleroi à son tour en 1998, dans le cadre de la même politique de localisation des institutions à caractère social.
Il faut rendre hommage à la Région wallonne qui a su profiter des divers déménagements de ses administrations sociales pour mener des opérations de requalification urbaine dont Charleroi avait grand besoin : l’installation de l’AWIPH a permis de requalifier le site de l’ancien terril Saint-Charles ; la construction des bâtiments destinés au FOREM et à la SWL a été l’occasion d’améliorer de façon sensible le bout du boulevard Tirou et de lancer une dynamique de création d’un nouveau quartier reliant la rue du Pont-Neuf à la Sambre ; le Fonds du Logement des Familles nombreuses s’est installé dans un très beau bâtiment en bord de Sambre qui était abandonné depuis de nombreuses années et qui a été sauvé grâce aux travaux réalisés par la Région. Témoignage de Jacques Van Gompel, in L’Aventure régionale, p. 246.
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Le bâtiment du Fonds du Logement. F. Dor, DOHC © SPW
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3. CHARLEROI, la maison du Bailli Rue Turenne, 2-4 Monument classé le 4 août 1989
Située à proximité du superbe hôtel de ville Art déco, la maison du Bailli, édifiée en 1781, est le meilleur exemple d’architecture civile d’Ancien Régime dans la ville haute de Charleroi. Ayant adapté les canons esthétiques français (travées symétriques, bandeaux horizontaux, façade enduite…), elle comprenait un remarquable salon décoré sur le thème des quatre saisons. Classée en 1989, elle fut restaurée pour le compte de la Région wallonne par l’architecte Michel Autenne qui édifia aussi les parties nouvelles, notamment un patio intérieur en métal et en verre rehaussé par une œuvre en acier monochrome rouge de l’artiste Marc Feulien.
La maison du Bailli à Charleroi. G. Focant, DPat © SPW
L’Espace Wallonie de Charleroi Depuis l’achèvement de sa restauration en 2003, la maison du Bailli, devenue propriété régionale, accueille un des deux « Espace Wallonie » ouverts par l’Administration régionale sur le territoire wallon. Le second se situe à Liège203 et un troisième se trouve à Bruxelles, rue Marchéaux-Herbes, non loin de la Grand-Place, également dans une ancienne construction réaménagée : ce dernier se présente comme une ambassade du savoir-faire industriel 203. Voir la notice sur l’hôtel Desoër de Solières à Liège p. 187.
et artisanal, ainsi que de la richesse et de la diversité des matériaux wallons. Ces trois « Espaces » sont des lieux de rencontre qui accueillent diverses manifestations ayant pour but de mettre en avant les talents et atouts wallons (expositions, séminaires, conférences de presse, réunions de travail…), en plus des fonctions permanentes d’information sur la Région que l’on retrouve également dans les neuf Centres d’information et d’accueil eux aussi gérés par le Service public de Wallonie, et installés, plus modestement, à Arlon, Eupen, La Louvière, Mons, Namur, Nivelles, Tournai, Verviers et Wavre.
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4. LIÈGE, L’Envol de la Wallonie Quai Van Beneden
Œuvre monumentale (de 5 m de haut) en bronze, du sculpteur René Julien (né à Liège en 1937 mais installé dans le Lubéron), L’Envol de la Wallonie est symbolisé par deux jeunes filles jouant à saute-mouton. Cette allégorie avait été commandée par le Gouvernement wallon à la demande du Ministre-Président Guy Spitaels peu après son entrée en fonction en 1992 et elle devait prendre place dans les jardins de l’Élysette204. L’œuvre fut achevée alors que Guy Spitaels avait été remplacé à la tête de la Région par Robert Collignon (Ministre-Président de 1994 à 1999) et celui-ci préféra intégrer cette réalisation dans le cadre des aménagements piétonniers des quais de la Meuse à Liège (où elle trouva place en 1997), pour réserver l’emplacement prévu dans les jardins de l’Élysette à un coq monumental commandé aux artistes De Pas.
204. Souvenirs personnels de l’auteur. Une version réduite de l’œuvre se trouve également à Liège, dans l’ancien Hôtel des Ponts et Chaussées, rue Forgeur.
L’Envol de la Wallonie, quai Van Beneden. G. Focant, DPat © SPW
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5. LIÈGE, l’ancien hôpital des Anglais Montagne Sainte-Walburge, 2
Également appelé le collège des jésuites anglais, cet édifice situé sur les hauteurs de la ville est lié à l’histoire religieuse britannique. Chassés de leur pays, des jésuites anglais décident de s’installer à Liège en 1613. Leurs bâtiments conventuels sont terminés en 1616. Au xixe siècle, le collège jésuite fait place successivement à des magasins, une caserne, un pensionnat, etc., et il devient un hospice en 1880 avant d’être désaffecté par le CPAS en 1984. Du grand ensemble architectural du xviie siècle subsistent aujourd’hui trois ailes formant un plan en U d’une belle unité architecturale : baies à croisée ou à traverse, frise dentée sous la corniche… L’édifice est restauré et doté d’une extension contemporaine par les architectes Jacques Valentiny et Jacqueline Charlier pour le compte de la Région, qui y regroupe plusieurs services administratifs à partir de 1999.
L’ancien hôpital des Anglais à Liège. G. Focant, DPat © SPW
Le regroupement de services liégeois de l’Administration wallonne C’est dix ans après l’abandon de l’hôpital des Anglais par le CPAS que la Région décide, en 1994, de regrouper dans ce bâtiment les différents services du Ministère de la Région wallonne (MRW), alors dispersés aux quatre coins de la ville, soit quelques trois cents agents régionaux. Les bâtiments rénovés abritent à partir de 1999 des agents de la Direction générale des Pouvoirs locaux (DGPL), de la Direction générale de l’Action sociale et de la Santé (DGASS) et, dès 2000, les agents de la Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine (DGATLP). L’extension contemporaine, en
retrait par rapport aux bâtiments originaux, loge, elle, des agents de la Direction générale des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGRNE). Depuis août 2008, ces quatre Directions générales, ainsi que toutes les autres tant du MRW que du MET (Ministère de l’Équipement et des Transports) ont été restructurées, rebaptisées et fusionnées au sein d’un seul Service public de Wallonie (SPW). Outre les Anglais et l’Espace Wallonie (à l’ancien hôtel Desoër de Solières), le SPW occupe également à Liège d’autres locaux, à destination des anciens services du MET, notamment, entre autres, rue Côte d’Or (construction neuve achevée en 1995) et rue Forgeur (ancien hôtel des Ponts et Chaussées restauré en 1994).
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6. LIÈGE, l’hôtel Desoër de Solières (illustration page suivante) Place Saint-Michel, 86 Monument classé le 10 juin 1963
Édifié de 1555 à 1561 par Guillaume d’Elderen, président du Conseil privé et de la Chambre des Comptes, l’hôtel Desoër de Solières – du nom de la dernière famille qui l’occupa – est un témoin privilégié de l’architecture civile de la Renaissance à Liège. Construit en briques, tuffeau de Maastricht et calcaire de Meuse, il se distingue par un plan irrégulier en L rythmé par une tour à la jonction des deux corps du bâtiment. La décoration des façades est exceptionnelle : colonnes doriques, entablement avec frise, mascarons. Abandonné dans les années 1970 et victime d’un incendie en 1995, le bâtiment était très gravement endommagé lorsque débuta sa restauration en décembre 2001. Le bureau d’architecture Greisch travailla dans la volonté de restaurer les éléments d’origine encore lisibles. Malheureusement, l’intérieur dut être vidé compte tenu de l’état désastreux de sa structure. La façade fut entièrement rénovée et une audacieuse extension contemporaine ajoutée à l’ensemble. Celle-ci s’acheva par une tour cylindrique conçue par Philippe Greisch, qui s’intègre hardiment entre l’hôtel Desoër de Solières et l’hôtel de Bocholtz, restauré de manière beaucoup plus traditionnelle.
Une des vitrines de la Wallonie L’hôtel Desoër abrite depuis mai 2003 un des trois « Espaces Wallonie205 », les permanences de diverses administrations régionales, une boutique de l’Office des Produits wallons, et il a hébergé durant cinq ans jusqu’en août 2008 les services administratifs de l’Archéoforum de Liège, dépendant de l’Institut du Patrimoine wallon (IPW). C’est également l’IPW qui avait mené à bien l’achèvement du chantier à partir de décembre 2001, pour le compte et avec l’aide tant du MET (Implantations) que du MRW (Patrimoine). « La restauration de l’hôtel Desoër de Solières constitue, à ce jour, une des expressions les plus significatives de la volonté du Gouvernement régional de faire converger ses besoins immobiliers et sa mission de protection du patrimoine »206. On notera que l’architecte Philippe Greisch 207 a également réalisé pour la Région wallonne en 2000-2005, mais pour le compte cette fois de la Société régionale wallonne du Transport (SRWT) et de la Société wallonne des Aéroports (SOWAER), la nouvelle aérogare de Liège, bâtiment de verre à image technologique forte en adéquation avec sa fonction 208, et belle image de modernité pour un autre outil régional wallon. On a peine à imaginer aujourd’hui qu’il n’y a guère beaucoup plus de dix ans, les seules installations civiles de Bierset consistaient en un baraquement provisoire dont le responsable de l’aéroport essayait vainement de colmater les nombreuses brèches... Cette situation illustre le fait que, durant des dizaines d’années, le Gouvernement fédéral avait - totalement - négligé les aéroports régionaux de Bierset et de Gosselies. Tout au contraire, dès le début 1989, le Gouvernement wallon a pris l’option de faire de ceux-ci des outils centraux de développement et de reconversion économique. Témoignage d’Amand Dalem, in L’Aventure régionale, p. 166. 205. Voir la notice sur la maison du Bailli à Charleroi p. 184. 206. Henrion, P., Liège. L’ hôtel Desoër de Solières, in Duchesne J.P. et Henrion P. (dir.) Patrimoine et réaffectation en Wallonie, Namur, Région wallonne, 2005, p. 167 207. Né en 1955 et fils de l’architecte René Greisch (1929-2000), fondateur du bureau d’études du même nom, Philippe Greisch s’illustre depuis plusieurs années en Wallonie en alliant verre et béton. 208. Stevens, A., Alter Wallonia architecture. Les cathédrales d’aujourd’ hui, LouvainLa-Neuve, Édition de l’Octogone, 2005, p. 62.
Liège Airport © JL DERU / photo-daylight.com
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Vue aérienne de l’hôtel Desoër de Solières. G. Focant, DPat © SPW
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7. LIÈGE, le Vertbois (illustration page suivante) Avenue Maurice Destenay, 3 Monument classé le 24 juillet 1936
Ancien hospice des incurables et des filles repenties, le Vertbois est édifié à partir de 1702 en brique et pierre calcaire. Construit sur un plan en E, l’aile centrale est occupée par la chapelle Saint-Charles Borromée, dont la façade principale est rythmée par quatre imposants pilastres et un portail en plein cintre. Entre la chapelle et les restes des bâtiments se trouvent deux cours intérieures. Une partie de l’édifice abrita un orphelinat jusque 1981 alors que le reste du bâtiment connut de nombreuses affectations au cours des siècles. Un projet de réaffectation prend forme au début des années 1990 afin de reconvertir les lieux pour y abriter plusieurs services à vocation économique et principalement le Conseil économique et social de a Région wallonne. Les travaux sont terminés en 1994. Les architectes Daniel Lesage et Christian Satin ont considérablement modernisé l’ensemble et transformé la chapelle en salle de réunion. Le caractère profondément contemporain de l’intérieur s’allie au caractère ancien de l’extérieur, rénové mais conservé intact.
Le Conseil économique et social de la Région wallonne Le projet de création d’un Conseil économique est avancé pour la première fois à la fin des années 1930 dans les milieux d’Action wallonne à Liège, dans un souci de faire pendant au Vlaams economisch Verbond, le Conseil économique flamand, et d’alimenter la défense de la Wallonie au point de vue économique. Dans la foulée des réflexions de la clandestinité, sous l’occupation, la création d’une association privée de défense de l’économie wallonne a lieu le 21 juillet 1945, sous la forme d’une asbl. À la suite du premier Congrès national wallon d’octobre 1945, le Gouvernement charge cette association d’analyser les causes du mal-être économique du sud du pays et cette première mission officielle lance les travaux de ce Conseil économique wallon. Association toujours privée, l’asbl Conseil économique wallon est présidée par des gouverneurs de province à partir de 1948209. C’est sur l’insistance du Vice-Premier Ministre 209. Émile Cornez (-), gouverneur de la province du Hainaut (19441966) et président du CEW de 1948 à 1963 ; Pierre Clerdent (19092006), gouverneur de la province de Liège (1953-1971) et président du CEW de 1963 à 1968 ; Maurice Brasseur (-), gouverneur de la province du Luxembourg (1965-1976) et président du CEW de 1968 à 1970.
Merlot et à l’occasion de la première grande réforme de l’État que le statut de l’organe va évoluer : la loi Terwagne210 du 15 juillet 1970 fait du CEW le Conseil économique régional pour la Wallonie (CERW). Le début des années 1980 marque un nouveau changement, suite à la création effective de la Région wallonne. Un décret du 25 mai 1983 transforme l’institution en Conseil économique et social de la Région wallonne (CESRW), précise sa composition et détaille ses missions : étude, avis et recommandations sur toutes les questions économiques et sociales du ressort de la Région, ainsi que secrétariat des commissions consultatives chargées de rendre des avis sur les matières régionales. C’est en 1994 que le CESRW s’installe au Vertbois, dans la logique de la répartition des institutions régionales décidée dans les années 1980, qui prévoyait la localisation à Liège de celles à vocation économique. C’est André Cools211 qui avait lancé l’idée de réaffecter l’ancien hospice du Vertbois afin d’y installer le Conseil économique et 210. Loi organisant la planification et la décentralisation économique, du nom du militant wallon Freddy Terwagne, artisan de la réforme institutionnelle de 1970 qui verra les Régions inscrites dans la Constitution. 211. Voir la notice sur le monument à André Cools à Flémalle p. 131.
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La salle des séances plénières du Conseil économique et social. G. Focant, DPat © SPW
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Séance du Conseil économique wallon dans la salle du Conseil provincial de Liège (1954). Archives Fonds Desarcy-Robyns, Fonds d’histoire du Mouvement wallon © Collections Musée de la Vie wallonne - Liège
social, idée que le Ministre Collignon 212 en charge des Implantations régionales devait concrétiser et qu’il put inaugurer en tant que Ministre-Président le 9 juin 1994. Aujourd’hui, « le Vertbois est devenu le symbole d’un lieu de rencontre permanent entre acteurs sociaux, économiques, culturels et politiques de la Région wallonne213 ».
212. Robert Collignon (1943- ). Socialiste et Wallon convaincu, il participe aux grandes grèves de 1960 aux côtés de Freddy Terwagne avant de devenir docteur en droit de l’ULg en 1966. Député en 1971, il devient bourgmestre d’Amay en 1987 avant d’être nommé Ministre-Président de la Région wallonne en 1994 et Président du Parlement wallon en 2000. Quittant cette fonction en 2004, il retrouve sa charge maïorale jusque 2006. 213. Vandersmissen, G., L’implantation des institutions économiques et sociales : d’un pari controversé à une cohésion renforcée, in L’aventure régionale, soixante témoins pour soixante temps forts, à l’initiative de J.-C. Van Cauwenberghe, Bruxelles, Luc Pire, 2000, p. 238.- Georges Vandersmissen avait été président du CESRW de 1984 à 1996.
L’Assemblée générale du CESRW se préoccupa, bien entendu, des conditions de réussite de l’opération : moyens suffisants pour réaliser une implantation appropriée aux fonctions du CESRW ; exigence que les Conseils consultatifs spécialisés dont le CESRW assurait le secrétariat et la coordination soient également tenus de se réunir à Liège ; dispositions transitoires pour le personnel en fonction à Namur depuis 1972... La rencontre de ces conditions et le choix de l’ancien orphelinat du Vertbois doivent beaucoup à l’intervention d’André Cools qui y a mis toute sa fougue et sa force de conviction. Je veux ici lui rendre hommage et c’est le souvenir de son enthousiasme pour la rénovation du Vertbois qui a souvent soutenu les promoteurs face aux problèmes techniques et matériels que l’on peut rencontrer dans une telle opération. Témoignage de Georges L’Aventure régionale, p. 237.
Vandersmissen,
in
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8. M ARCHE-EN-FAMENNE, le Comptoir forestier Zoning industriel d’Aye
C’est à l’architecte Philippe Samyn que fut commandé ce bâtiment à la fois fonctionnel, très esthétique et novateur, entamé en janvier 1994 et inauguré en février 1996. Son originalité réside principalement dans l’utilisation harmonieuse des formes courbes, du mariage de différents matériaux et surtout de sa charpente – une structure faite de l’assemblage de cinquante arcs identiques en bois massif d’épicéa ardennais cintrés à la vapeur, recouverte de profilés spéciaux en aluminium et de tuiles de verre feuilleté. Clin d’œil contemporain au milieu de chênes bicentenaires1, cette construction ovoïde fait partie de la trentaine de réalisations architecturales industrielles contemporaines qui illustrent un indéniable dynamisme architectural.168 1. Stevens, A., Alter Wallonia architecture. Les cathédrales d’aujourd’ hui, Louvain-la-Neuve, Éditions de l’Octogone, 2005, p. 62.
Le Comptoir forestier à Marche-en-Famenne. G. Focant, DPat © SPW / Philippe Samyn et associés, architectes et ingénieurs
Administration séculaire, architecture contemporaine L’ancienne Administration forestière, mise en place par le Code forestier de 1854, fut une des premières à être régionalisée. Elle devint la Direction des Ressources forestières au sein de la Division de la Nature et des Forêts de la Direction générale des Ressources naturelles et de l’environnement, aujourd’hui DGO (pour Direction générale opérationnelle) « Agriculture, Ressources naturelles et
Environnement ». L’administration forestière wallonne souhaitait depuis de nombreuses années créer son propre centre de récolte, de traitement et de commercialisation de graines forestières de haute qualité génétique. Faisant songer à une graine qui émerge du sol, ce bâtiment, de par sa forme originale, reflète le dynamisme du service public régional qui en fut le maître d’ouvrage autant que l’inventivité de l’architecte Samyn, dont c’est un des projets les plus célèbres.
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9. MONS, l’ancien béguinage Place du Béguinage,16 Chapelle et façade classées les 2 décembre 1959 et 13 janvier 1989
Fondé en 1248 par Marguerite de Constantinople, le béguinage de Mons occupait, dans sa dernière configuration, des bâtiments édifiés en 1829 et présentant une façade à deux étages sur un haut soubassement de trente et une travées. Au milieu, un porche d’entrée débouche sur la façade d’une petite chapelle en grès, pierres et briques, construite de 1549 à 1551 en style gothique hennuyer et possédant une nef de trois travées, couverte d’un toit en ardoise coiffé d’un clocheton effilé. Désaffectés en 1974, les bâtiments ont été rénovés entre 1997 et 1999 par la Région pour y regrouper plusieurs services administratifs. La façade de la place du Béguinage, classée, fut conservée mais la partie arrière avait été démolie et reconstruite. Classée et également restaurée, la chapelle ne fut réaffectée que dix ans plus tard, par l’Institut du Patrimoine wallon.
Le regroupement de plusieurs services régionaux Dans la même logique de regroupement de services administratifs épars ayant prévalu à Liège (aux Anglais) ou à Arlon (place Didier), les bâtiments de l’ancien béguinage montois ont été affectés en 1999 à plusieurs services de la Région wallonne (urbanisme, logement, pollution, remembrement, eaux et forêts…) répartis sur cinq niveaux (dont un en sous-sol) s’étendant sur 4500 m 2. La chapelle avait également été acquise et restaurée par la Région afin de l’intégrer à l’ensemble du site du béguinage, mais elle n’avait toutefois pu bénéficier d’une affectation propre et resta vide durant 5 ans. Chargé de la valoriser, l’IPW confia en 2004 à l’architecte Thierry Lanotte le soin de procéder aux aménagements acoustiques et thermiques permettant d’enfin utiliser l’ancienne chapelle à des fins de réunion, entre autres celles de la Chambre provinciale des Monuments, Sites et Fouilles du Hainaut, ce qui est désormais le cas. Non loin de là, les anciennes Casemates sont un autre monument classé (dont les façades ont été restaurées également par l’IPW) destiné à recevoir des services de la Région wallonne.
La chapelle de l’ancien béguinage à Mons. G. Focant, DPat © SPW
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10. NAMUR, le Bibot Place Léopold, 3 Monument classé le 23 septembre 1991
Construit en 1897 en style néo-Renaissance, l’immeuble Bibot fait partie des nombreux hôtels particuliers érigés à Namur dans le dernier quart du xixe siècle. Composée de trois travées et d’un frontispice central, la façade est ornée de pilastres, de chapiteaux, de balcons avec garde-corps à balustres et de nombreux éléments décoratifs. Laissé à l’abandon, le bâtiment se trouvait dans un état désastreux lorsque débuta sa restauration par le bureau d’architecture Haulot en janvier 1997 à l’initiative de la Région. La façade, classée, fut maintenue, mais la structure interne fut intégralement agencée d’une manière différente. Les pierres et briques de la façade, nettoyées, se parent désormais sobrement d’éléments de verre et de métal. À l’intérieur, les matériaux naturels sont privilégiés, tandis que le hall d’entrée circulaire est doté d’un puits de lumière.
La direction namuroise de la DGO 4 En ruine depuis les années 1980, l’immeuble Bibot est acheté par la Région wallonne en 1996 alors que les décors intérieurs s’effondrent et que, pour sauver la façade classée, il avait fallu soutenir celle-ci par un échafaudage. Le Gouvernement wallon songeait depuis 1992 à y installer un cabinet ministériel. Terminés en 1998, les travaux eurent finalement pour objet de loger les agents des services extérieurs (de Namur) de la Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine du MRW – devenue la Direction générale opérationnelle 4 :
Aménagement du Territoire, Logement, Patrimoine, Énergie –, jusqu’alors situés dans des locaux loués boulevard Frère-Orban. Cette nouvelle affectation des services de la DGTALP, concrétisée en janvier 1999, s’inscrivait dans la politique générale menée par la Région d’héberger ses services dans des bâtiments de qualité dont elle était propriétaire, mais aussi de marier alors cette politique avec la rénovation de fleurons du patrimoine architectural namurois et wallon : Maison jamboise (Élysette), Célestines (cabinet), Saint-Gilles (Parlement), moulins de Beez (Archives)…
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L’hôtel Bibot à Namur. G. Focant, DPat © SPW 195
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11. NAMUR, les Célestines Place des Célestines Monument classé le 15 mars 1995
Bâti entre 1635 et 1658, le couvent namurois des sœurs Célestines formait un vaste ensemble dont l’aile principale abritait la salle capitulaire, le réfectoire, etc. La façade principale compte une dizaine de travées sur deux niveaux et est édifiée en brique et pierre bleue. Très sobre, le bâtiment constitue un bel exemple d’architecture traditionnelle mosane. Le monastère ou du moins son aile centrale, la seule qui subsiste, connut diverses affectations après la Révolution française, la dernière étant de servir de réserve aux ateliers communaux. Dans le cadre de la vaste campagne de réhabilitation de l’îlot des Célestines et du quartier lui-même, l’aile centrale de l’ancien couvent fut restaurée par les architectes Christian Dejardin et Jean-Pierre Wargnies (de l’Atelier de l’Arbre d’Or), à la fin des années 1990, tandis que les architectes Olivier De Sorgher et Nicolas Giomorey (du Bureau Dupont) restaurèrent plus tard, eux, pour l’IPW l’édifice non classé construit au xixe siècle à l’emplacement de l’ancienne entrée du couvent.
L’ancien couvent des Célestines à Namur. G. Focant, DPat © SPW
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Dix ans, trois Ministres, trois partis Inauguré en février 1998, l’ancien couvent des Célestines abrite à partir de 2004 le cabinet du Ministre socialiste de l’Économie, de l’Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine Jean-Claude Marcourt. Avant celui-ci, les lieux avaient accueilli le cabinet du Ministre de l’Environnement, des Ressources naturelles et de l’Agriculture, le social-chrétien Guy Lutgen (1998-1999), puis celui du libéral Michel Foret, Ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Environnement (1999-2004).
Le siège de l’Institut du Patrimoine wallon À quelques mètres à peine du cabinet ministériel, le siège central de l’Institut du Patrimoine wallon se situe depuis mars 2002 dans une maison de maître néoclassique construite au xixe siècle à l’emplacement de l’ancienne conciergerie du couvent des Célestines. Cet immeuble avait servi de bureaux à la ville de Namur jusqu’à son rachat par la Région en même temps que l’ancien couvent. Les architectes chargés de sa réaffectation ont habilement installé quatre niveaux et demi de locaux dans un espace qui n’en comptait que deux auparavant, tout en respectant la structure et le caractère de l’édifice.
Le siège de l’Union des Villes et Communes À deux pas de l’ancien couvent, de l’autre côté de la rue de l’Étoile (no 4) et face aux anciens bâtiments du moulin du même nom intégrés dans le projet de cabinet ministériel, le nouveau siège de l’Union des Villes et Communes de Wallonie se trouve dans une construction contemporaine de qualité, audacieuse de modernité, nichée dans un très bel espace vert. Conçu par l’architecte Wargnies de l’Atelier de l’Arbre d’Or, ce bâtiment a été inauguré le 22 juin 2004.
En haut. Le siège administratif de l’IPW. G. Focant, DPat © SPW En bas. Le siège administratif de l’Union des Villes et des Communes à Namur. G. Focant, DPat © SPW
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12. NAMUR, le Centre administratif de l’ancien MET (SPW) Boulevard du Nord, 8
Le Centre administratif du MET G. Focant © SPW
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Conçu par l’architecte montois Jean Barthélemy (par ailleurs président des Journées du Patrimoine en Wallonie de 1991 à 2008) au sein de l’Atelier d’urbanisme, de réhabilitation et d’architecture (AURA), le Centre administratif du Ministère de l’Équipement et des Transports fut édifié derrière les voies de chemin de fer de la gare de Namur à partir d’octobre 1996 et achevé en juin 1999. L’édifice se singularise non seulement parce qu’il fut le plus grand bâtiment public réalisé jusqu’alors en Wallonie, mais aussi par la précision et le raffinement de sa réalisation ainsi que par la modernité de son image. Offrant une superficie totale de 68.000 m² et pouvant accueillir 950 agents autour d’une rue intérieure qui permit de développer un espace interne d’une valeur esthétique manifeste, il réussit le pari d’intégrer une construction d’envergure dans le paysage urbain en tirant parti d’un terrain long et étroit, tout en marquant sa présence – et donc celle de la Région – avec une certaine solennité.
Un ministère pour le xxie siècle La création du Ministère de l’Équipement et des Transports (le MET) remonte à l’été 1989, lorsqu’eut lieu le transfert aux Régions (décidé par la loi du 8 août 1988) de nouvelles compétences, principalement en matière d’économie, de transport et d’infrastructure. Quelques 3.500 agents des Travaux publics, des Communications, du Fonds des Routes, des Voies navigables et des Voies aériennes intégrèrent ainsi le 1er janvier 1990 le tout nouveau Ministère, créé alors aux côtés du Ministère de la Région wallonne (le MRW, remontant à 1981). Ceux-ci furent d’abord disséminés dans divers locaux namurois, mais le principe de la construction d’un bâtiment pour les regrouper fut arrêté dès 1990 et le choix du site de la gare fut accepté par l’Exécutif régional dès l’année suivante. Il fallut ensuite deux ans de discussions complexes sous la houlette du cabinet du Ministre en charge des Implantations Robert Collignon pour que le projet prenne corps et soit approuvé en mai 1994, puis deux ans de démarches diverses encore pour pouvoir entamer le chantier en octobre 1996. Le démarrage des travaux du Centre administratif du MET suivait d’un peu plus d’un an et demi l’inauguration par le même Robert Collignon, le 13 janvier 1995, du siège central du MRW, à Jambes, entamé en mars 1992. Œuvres des architectes Honoré, Minet, Wargnies, Farla et Greisch, celui-ci accueillait sur le site de l’ancien hôtel de ville de Jambes quelque 800 fonctionnaires dans un bâtiment
renouant avec l’inspiration urbanistique et architecturale de la Renaissance, tout en dégageant à ses pieds une nouvelle place de la Wallonie. L’équipe architecturale initiale (Honoré et Farla) avait été constituée en 1984 déjà lorsque le Ministre-Président Jean-Maurice Dehousse avait lancé un concours de promotion pour l’implantation des administrations régionales à Namur, décidée en 1983 mais remise en cause entre 1985 et 1987. Une cellule provisoire de la future administration wallonne, forte de douze agents, avait été mise en place en mars 1981 et elle s’était efforcée dans un premier temps de regrouper l’ensemble des fonctionnaires alors régionalisés en un lieu unique à Bruxelles, square Frère-Orban. À l’époque, en matière d’outils publics régionaux, seuls des agents de la Société de Développement régional de Wallonie (SDRW) se trouvaient à Namur, soit au siège de celle-ci (rue Grafé, 5), soit au 54 de la rue Godefroid, face à la gare. Ils furent intégrés au MRW en juillet 1983, la SDRW ayant été dissoute. Les premiers transferts de fonctionnaires depuis Bruxelles pour Namur eurent lieu au milieu des années 1980, dans les endroits les plus divers : au-dessus du magasin C&A face à la gare, dans une aile encore inoccupée de l’hôpital (avenue Albert Ier face à la Meuse), dans des immeubles à appartements transformés en bureaux à Jambes, etc. Le Ministre-Président Bernard Anselme put élaborer une politique d’implantations plus cohérente au tournant des années 1980-1990.
Nous avons également à négocier le transfert des fonctionnaires qui composent le Ministère de la Région wallonne au départ de huit ministères nationaux. Le passage des membres du personnel des ministères nationaux aux ministères des Communautés et des Régions ne se fait pas sans peine. Sur les mille quatre cent cinquante agents qui composent le cadre du Ministère, neuf cents tout au plus sont transférés. Les effectifs ressemblent quelquefois à une armée en déroute. Des pans entiers de l’administration se retrouvent sans le moindre encadrement. De surcroît, ils sont dispersés dans de multiples bâtiments bruxellois. Je me souviens encore que l’on nous avait même transféré des agents... décédés ou retraités. Notre tâche consiste alors à rassembler l’ensemble de nos troupes en un lieu unique de Bruxelles : square Frère-Orban, à proximité du Conseil d’État. Pour faire face à une telle situation comme pour éviter tout double emploi, nous proposons à l’Exécutif régional wallon de fusionner le Ministère et la Société de Développement régional pour la Wallonie (S.D.R.W). Ce que malheureusement nous n’avons pas prévu, c’est qu’à la veille de la fusion, l’Exécutif décide de gonfler le cadre de la S.D.R.W, si bien que ce sont cent cinquante-six agents supplémentaires qui rejoignent le Ministère. En 1984, l’Exécutif décide d’installer ses services à Namur. D’abord, le cabinet du Ministre-Président, puis l’administration. L’économie, l’environnement, les pouvoirs locaux déménagent ensuite progressivement. Fin 1985, changement de coalition. Melchior Wathelet décide de tout arrêter, allant jusqu’à rappeler les camions en route vers Namur. L’administration doit dès lors vivre avec cette double implantation jusqu’en 1988, moment où l’ensemble des services rejoignent définitivement la capitale wallonne. Témoignage de Georges Horevoets, in L’Aventure régionale, p. 71-72. 199
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13. NAMUR, l’Élysette Rue Mazy, 25-27 à Jambes
Située à Jambes, en bord de Meuse, cette demeure privée fut construite en 1877 par Xavier Thibaut-Éloin, maître-tanneur, à la place d’une précédente habitation à cet endroit. De plan rectangulaire, elle s’élève sur trois niveaux. Le « château Thibaut » sera revendu en 1923 et occupé par plusieurs propriétaires dont le bourgmestre de Jambes Raymond Materne dans les années 1960 avant de devenir propriété publique. Rénové dans les années 1990, l’édifice changea peu à l’extérieur, à l’exception d’un étage supplémentaire, ajouté au volume central. L’intérieur fut, quant à lui, entièrement rénové et le parc se trouvant à l’arrière, totalement aménagé.
Réunion du Gouvernement wallon à l’Élysette. De gauche à droite, feu Guy Mathot, Guy Spitaels, feu André Baudson, Robert Collignon, Jean-Pierre Grafé, Albert Liénart et Guy Lutgen © SPW
La présidence de l’Exécutif wallon214 Appartenant jusqu’alors à la ville de Namur qui en avait « hérité » de la commune de Jambes, la « Maison jamboise » est acquise par l’Exécutif régional dès 1985 afin d’y installer un cabinet ministériel, mais le changement de coalition à la fin de cette même année reporte sine die la concrétisation de ce projet. Il ne sera réactivé qu’après le retour du PS au pouvoir, par l’Exécutif dirigé par le Namurois Bernard Anselme, qui prévoit d’y installer son propre cabinet. À ce moment, le bâtiment est inoccupé et s’est dégradé lentement, un incendie l’a même ravagé en 1988. La réhabilitation du bâtiment est confiée à l’architecte Francis Haulot et les travaux durent ensuite une année environ. Le siège de la présidence de la Région est inauguré le 7 juin 1991. Il comporte quatre niveaux : au rez-de-chaussée se trouvent notamment les salles de réception des hôtes de la Région ainsi que la salle réservée aux réunions du Conseil des ministres ; le premier étage abrite le bureau du MinistrePrésident, des secrétariats et une salle de réunion. De l’autre côté du parc, de vastes bâtiments abritent les services du cabinet proprement dit. 214. Sur l’historique de l’Exécutif wallon avant l’occupation de son siège définitif, voir l’article sur l’hôtel Kégeljan de Namur p. 78.
Depuis Bernard Anselme en 1991 et jusqu’au printemps 2009, cinq Ministres-Présidents se sont succédés dans les lieux : Guy Spitaels (de janvier 1992 à janvier 1994) dont l’arrivée eut pour effet collatéral inattendu le surnom d’Élysette donné par la presse au bâtiment et qui lui est resté, Robert Collignon (1994-1999), Elio Di Rupo (19992000 et 2005-2007), Jean-Claude Van Cauwenberghe (2000-2005) et Rudy Demotte (été 2007).
Sous la présence tutélaire d’une citadelle désormais grande ouverte, le désespoir ne règne pas au cœur de la Présidence. Par les larges baies de la Maison jamboise, un soleil plus ardent semble jaillir, en mille reflets changeants, d’une Meuse empressée de retrouver sa Sambre. Non loin au confluent des artères wallonnes, dans une onde faussement nonchalante, un bâtiment – le Parlement – se mire, sobre et majestueux comme la fonction qu’il incarne. Face à face, solidement établis dans leur capitale namuroise, exécutif et législatif wallons semblent s’adresser un regard complice, un regard résolument tourné vers l’avenir. Témoignage de Jean-Claude Van Cauwenberghe, in L’Aventure régionale, p. 315.
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L’Élysette. G. Focant, DPat © SPW
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14. NAMUR, les coqs de l’Élysette Rue Mazy, 25-27 à Jambes
Le coq des époux de Pas. G. Focant, DPat © SPW
« Le coq wallon » qui se trouve à proximité du bassin du jardin de l’Élysette à Namur, siège du Gouvernement wallon, est une commande du Ministre-Président (de 1994 à 1999) Robert Collignon (en remplacement de L’Envol de la Wallonie de René Julien, finalement installé à Liège quai Van Beneden). Cette audacieuse sculpture monumentale en métal est l’œuvre du couple franco-belge Léon et Peggy
de Pas, installé à Chaumont-Gistoux. Salvador Dali, entre autres, admirait beaucoup l’art de Léon de Pas, né en 1925, dont les créations sont exposées dans des dizaines de pays différents. Un autre coq en bronze, posé sur une reproduction en pierre de la carte de Wallonie, se trouve à l’arrière du bâtiment de l’Élysette. Il est l’œuvre du sculpteur Martin Guyaux.
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Le coq de Martin Guyaux. G. Focant, DPat Š SPW
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15. NAMUR, l’îlot Saint-Luc Chaussée de Louvain, 14
Complexe immobilier de 12.520 m2 édifié de 2001 à 2003 sur le site de l’ancienne clinique Saint-Luc, au pied du pont de Louvain, d’après les plans du bureau Impact, cet ensemble en forme de bateau dont la coque se terminerait par une série de bâtiments aux toits arrondis comprend cinq unités de cinq à huit niveaux, autour d’une placette centrale, agrémentant la circulation piétonne du quartier. Un grand voile de briques, beau geste dynamique, suit la courbe de la voirie qui longe l’îlot. Une tour de 25 m de haut, rappelant celle du Centre administratif de l’ancien MET, constitue l’élément le plus élevé de cette réalisation, d’où la vue s’étend sur toute la capitale wallonne jusqu’à la citadelle.
L’îlot Saint-Luc à Namur. G. Focant, DPat © SPW
Les services de l’Agriculture Depuis juin 2004, les services centraux de ce qui était jusqu’il y a peu la Direction générale de l’Agriculture du Ministère de la Région wallonne (aujourd’hui intégrée à la Direction générale « Agriculture, Ressources naturelles et Environnement ») ont été regroupés dans cet ensemble construit derrière la gare de Namur, à l’intersection de plusieurs voiries. Cette infrastructure à la fois séduisante et performante abrite non seulement les agents de l’Administration, mais aussi le cabinet du Ministre en charge de la matière. Tout comme le Centre administratif du MET achevé cinq ans plus tôt et celui érigé peu après sur le site
de l’ancienne maternité provinciale, l’ensemble des bureaux de l’îlot Saint-Luc s’inscrit dans la politique actuelle de regroupement des services publics régionaux, à Namur, dans des bâtiments neufs, la réaffectation du patrimoine ancien semblant avoir atteint actuellement ses limites par rapport aux besoins. On rappellera que la régionalisation de la politique de l’agriculture fut réclamée très tôt par les partis fédéralistes wallons outrés de la mainmise flamande permanente sur ce secteur et sur ses importantes aides publiques nationales, puis européennes, mais aussi qu’elle ne fut – pour ce motif, comme souvent – concrétisée que tardivement et par petites étapes.
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16. NAMUR, l’ancienne maternité provinciale Chaussée de Charleroi, 85
Les anciens services du MET, aujourd’hui intégrés au nouveau Service public de Wallonie (SPW), ont transformé en profondeur de 2004 à 2007 les 8.350 m 2 de l’ancienne maternité provinciale de Namur à Salzinnes (1954), où travailla le docteur Willy Peers (1924-1984)1, pour y implanter les éditions et l’imprimerie du SPW, ainsi que le département de la Géomatique du Secrétariat général. Ne laissant du bâtiment existant que le squelette structurel constitué par les poutres et les colonnes, le projet du bureau Thierry Lanotte dégage en son centre un important atrium qui articule sur six niveaux toutes les circulations et les échanges fonctionnels des services. Au niveau inférieur, un restaurant et une cafétéria complètent la fonction d’accueil du lieu, fonction qui est par ailleurs amplifiée par la création d’une scénographie végétale et aquatique mise en espace par l’artiste Pierre Courtois. Les espaces de travail, greffés directement en étoile sur cet espace fédérateur central, se développent suivant une configuration horizontale plutôt que verticale. Une exigence particulière est mise sur le traitement des façades et des volumes extérieurs.168 1. Directeur adjoint de la Maternité provinciale de Namur, il fut un ardent militant en faveur de la liberté d’avortement.
La fusion du MRW et du MET L’achèvement du centre administratif de la Région wallonne à Salzinnes aura coïncidé avec le démarrage effectif, en 2007, du processus de fusion des deux ministères de la Région wallonne, le MRW (datant de 1981) et le MET (datant de 1989). Le Gouvernement régional adopta les grandes lignes de cette fusion en septembre 2007 et celle-ci devint opérationnelle moins d’un an plus tard, l’ensemble des neuf mille agents de la Région étant désormais regroupés sous une seule et même autorité, répartis en six « Directions générales opérationnelles » (DGO) assistées par deux « Directions générales transversales » d’appui.
L’ancienne maternité provinciale © Thierry Lanotte Architecture
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17. NAMUR, les moulins de Beez Rue du Moulin de Meuse, 4 Monument classé le 4 mars 1998
Situés entre le chemin de fer de Liège et la Meuse, les moulins de Beez forment un ensemble de bâtiments destinés au fonctionnement d’une minoterie dont la construction a débuté en 1901. Le moulin est constitué de deux bâtiments reliés par une passerelle au niveau du premier étage. Construit sur quatre niveaux, entièrement en brique, il est percé de nombreuses baies et son étage attique est décoré d’une frise surmontée de denticules sur toute la longueur. Véritable « château » d’une industrie florissante à la fin du xixe et au début du xxe siècle, fleuron du patrimoine industriel régional, le site connaît aujourd’hui une seconde vie après sa réaffectation par la Région au terme d’une restauration saluée en 2002 par une médaille de « Europa Nostra » à la demande de l’IPW.
Les archives de la Région wallonne Tout comme pour d’autres bâtiments historiques depuis la fin des années 1980, la Région wallonne a été le maître d’ouvrage de la rénovation et de la réhabilitation des anciens moulins. À l’initiative du Ministre-Président Robert Collignon, elle décida en 1994 – « année du patrimoine industriel » – de transformer ces bâtiments abandonnés pour y installer les archives régionales dont le même Ministre proposait simultanément l’organisation à une échelle et sur des bases dignes du pouvoir régional. La rénovation tint compte des besoins spécifiques aux techniques d’archivage et au volume des archives.
Inaugurés en mars 1998 par Jean-Claude Van Cauwenberghe qui mena le projet à bien, les moulins de Beez abritent, outre les archives (et à titre, en principe, transitoire un cabinet ministériel et diverses cellules administratives), un auditorium de 140 places équipé d’un matériel à la pointe de la technologie. Installé dans l’ancienne salle des machines, celui-ci est géré par l’IPW, chargé de la valorisation des espaces publics des moulins. Des réceptions et des expositions temporaires sont aussi organisées dans le vaste hall d’entrée. L’association « Musées et sociétés en Wallonie » a également son siège aux Moulins de Beez.
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Les moulins de Beez. G. Focant, DPat Š SPW
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18. NAMUR, le Saint-Gilles Rue Notre-Dame, 1 Monument classé le 15 janvier 1936
Situé au pied de la citadelle de Namur, l’hospice Saint-Gilles, attesté dès le xiiie siècle, est entièrement reconstruit entre 1667 et 1724. Composé de trois ailes selon un plan en U ouvert sur la Meuse, le bâtiment est typique des constructions mosanes du xviie siècle : façade composée de brique pour les murs et de pierre calcaire pour le soubassement, encadrement de fenêtres, chaînages d’angle et cordons. Face à la citadelle se dresse un portail baroque en calcaire. Après son abandon dans les années 1960, l’hospice devient propriété de la Région wallonne en 1985. Celle-ci entame des travaux de rénovation dans les années 1990 sur les plans de l’architecte André Dupont. Le bâtiment est consolidé et les murs extérieurs enduits de couleur rouge qui restitue la coloration des briques dont la disposition est rappelée par des joints. L’aménagement intérieur respecte les structures existantes, comme la salle des séances publiques, en U étroit, rappelant la Chambre des Communes anglaise. Une audacieuse verrière extérieure est ajoutée ultérieurement pour faciliter les circulations internes
Le siège du Parlement wallon L’installation de l’assemblée parlementaire wallonne au Saint-Gilles avait été envisagée à l’automne 1975 par le premier Conseil régional 215 avant que celui-ci ne retienne l’idée d’une implantation neuve sur le site (voisin) du Grognon. Lorsqu’en 1985, la Région avait acquis l’ancien hospice, inoccupé depuis vingt ans, c’était initialement dans le but d’y reloger le cabinet du Ministre-Président, la Maison jamboise ne devant abriter dans la conception de ce dernier que les réunions de l’Exécutif. La réorientation de l’affectation se passa en deux temps : d’abord suite à l’implantation du cabinet du Ministre-Président dans la Maison jamboise, qui rendait les surfaces du Saint-Gilles excessives pour les seules réunions de l’Exécutif si bien qu’il fut décidé dès 1992 d’y loger plutôt des services du Parlement. Ensuite, lors du rejet par la Ville de Namur, suite à un référendum populaire, du projet de construction d’un bâtiment neuf pour la salle des séances du Parlement sur le Grognon : le président de l’assemblée, Guy Spitaels, proposa à celle-ci, le 26 juin 1996, d’installer sa salle des séances et ses locaux principaux dans le Saint-Gilles alors déjà en cours de rénovation, ainsi que son lointain prédécesseur Franz Janssens l’avait imaginé onze ans plus tôt 216. La première séance du Parlement dans ses nouveaux locaux eut lieu à la rentrée parlementaire du 21 octobre 1998. Aujourd’hui, le Saint-Gilles est devenu un symbole fort du pouvoir régional, au même titre que l’Élysette qui lui fait face de l’autre côté de la Meuse.
Détaché en 1995 à la présidence de mon parti pour y remplir les fonctions de chef de cabinet, je n’ai pas vécu l’aménagement dans le bâtiment du Saint-Gilles. J’y ai directement siégé comme parlementaire et président. S’il est vrai que l’ensemble a été superbement rénové et se situe au confluent symbolique de la Meuse et de la Sambre, j’ai cependant été amené à déclarer qu’il me paraissait encore trop peu fonctionnel pour répondre aux exigences d’une Assemblée moderne qui doit gérer le destin de la Wallonie. Aujourd’hui, j’espère que les années à venir verront la transformation de ce bâtiment, en harmonie avec le site que les Namurois nomment « le Grognon ». Il y va pour Namur, de sa dimension de capitale wallonne et pour la Wallonie, de la traduction architecturale de sa modernité et de son nouvel élan. Témoignage de Richard Miller, in L’Aventure régionale, p. 296.
215. Voir notice sur le château de la Plante à Namur p. 74. 216. Brassine de la Buissière, J., Le Conseil régional wallon, 1974-1977, Charleroi, IJD, 2008, p. 77.
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La salle des séances publiques du Parlement wallon. G. Focant, DPat © SPW
Épinglette du Parlement wallon
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19. VERVIERS, la Société wallonne des Eaux Rue de la Concorde, 41
Le prolifique architecte verviétois Charles Thirion édifia pas moins de trois établissements bancaires à une quarantaine d’années de distance, dont, entre 1902 et 1904, le nouveau siège de la Banque de Verviers (qui fut absorbée en 1935 par la banque de la Société générale de Belgique). Cette importante construction néo classique, toute en longueur et en calcaire, compte pas moins de onze travées, dont cinq sur deux niveaux. La travée principale s’ouvre sur un hall monumental. Après cinq années d’inoccupation, un chantier de réaffectation du bâtiment fut entamé fin 1988 et achevé en mai 1991 pour accueillir les bureaux de la SWDE. Des parties neuves furent très intelligemment insérées par Vincent Piwowarzyck derrière la façade de Thirion, tout en tirant parti des plus beaux espaces de l’édifice initial. Un patio accessible au public, agrémenté d’une sculpture de Claude Rahir sur le thème du « chat volant », manifesta la volonté de la SWDE de s’intégrer dans la vie de la « capitale de l’eau ».
Une des premières sociétés publiques régionales Inoccupé depuis 1983, le site de la Société générale de Banque (qui s’était installée avenue du Chêne à Heusy) fut racheté en 1987 par la toute jeune Société wallonne de distribution d’eau (née de la régionalisation du secteur), dont le siège avait été fixé à Verviers dans la foulée de la décision de l’Exécutif régional wallon de 1983 de faire de Verviers la capitale wallonne de l’eau, à l’époque où l’influence d’un trio d’hommes politiques verviétois des trois grands partis (les Ministres ou futurs Ministres Damseaux, Wathelet et Ylieff) était grande sur les affaires régionales.
La SNDE (Société nationale de Distribution d’Eau) fut une des premières grandes sociétés publiques nationales à être régionalisée dans la foulée des lois d’août 1980 (pour donner naissance à la SWDE au milieu de la décennie), tout comme dans le secteur du logement la SNL (Société nationale du Logement) et la SNT (Société nationale terrienne) dont les services régionalisés fusionnèrent pour créer la SRWL devenue SWL. La Société publique de gestion de l’eau (SPGE), créée plus tard, s’installera également à Verviers dans un autre bâtiment à réaffecter (partiellement classé comme monument celui-là), l’ancien lycée de filles édifié en 1876 rue des Écoles par les architectes Benoît et Vanderstraeten.
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Le siège administratif de la Société wallonne des Eaux. G. Focant, DPat © SPW
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Des années 1980 aux années 2000, série d’épinglettes de l’Administration et de Cabinets ministériels wallons © R. Delhaye
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INDEX Nom de personnes Akarin Marguerite, 150 Akarova, Voir Akarin Marguerite André François, 68 André Joseph, 20 Andrien Jean-Jacques, 29 Anselme Bernard, 5, 78, 86, 148, 199, 200 Aron Paul, 109 Autenne Michel, 184 Barthélemy Jean, 199 Bartholomez Charles, 159 Bary Jules, 116 Baudouin Ier, 64, 129, 156 Baudson André, 78 Baussart Élie, 8, 11 Beaujean Guillaume, 30 Bekkers Henri, 159, 163 Berchmans Émile, 96 Berchmans Oscar, 161 Bernimolin Émile, 111, 159 Bertouille André, 82 Beyaert Henri, 78 Biefnot Yvan , 72 Bioul Jean-Antoine, 170 Bologne Maurice, 20, 36, 81 Bonnetain Armand, 124 Boonen Louis, 30 Bosret Nicolas, 170 Bourgeois Victor, 81 Boussart Jean-Denys, 165 Bovesse François, 8, 141, 142, 170 Bovy Théophile, 94, 161, 165 Brahy Toussaint, 159, 165 Brassens Georges, 89 Brassine de la Buissière Jacques, 82 Brognon Hector, 132 Buisseret Auguste, 10, 11, 42, 104 Burgeon Willy, 70, 72 Burguet Jean, 118 Burton, 68 Bury Jean, 135, 137, 159, 163 Cador Auguste, 22 Califice Alfred, 8, 82, 87 Calozet Joseph, 170 Cambronne Pierre, Général, 119 Carlier Arille, 8, 20, 127 Castermans Charles, 32 Catteau Jean-Jacques, 182 Cerepana Pierre, 104 Cézar Jules, 20
Chainaye Achille, 8 Chainaye Hector, 8, 16 Chapuis Grégoire-Joseph, 93 Charlier Jacqueline, 186 Charlier-Jambe-de-Bois, 165 Chevron Jean-Noël, 60 Collet Marcel, 143 Collet Paul, 147 Collignon Robert, 5, 6, 101, 110, 148, 185, 191, 199, 200, 202, 206 Collin Jacques, 81 Colson Lucien, 42 Cools André, 72, 84, 131, 189, 191 Courtois Pierre, 205 D’Elderen Guillaume, 187 Daels Paul, 50 Dalem Amand, 78, 187 Dali Salvador, 202 Damseaux André, 87, 210 Dangoneau Jean-Baptiste, 144 Daras José, 72 Darville Alphonse, 127, 129 David Pierre, 92 De Castelnau Édouard, Général, 98 De Constantinople Marguerite, 193 De Douai Merlin, 117 De Gaulle Charles, Général, 81, 118 De Lattre de Tassigny Jean, 54 De Layens Mathieu, 66 De Liverlo Louis-Lambert, 38 De Lothier Michel-Nicolas, 38 De Paepe César, 46 De Pas Léon, 185, 202 De Pas Peggy, 185, 202 De Sorgher Olivier, 196 De Spirlet Nicolas, 36 Defaaz Joseph, 150 Defrêcheux Charles, 54 Defrêcheux Nicolas, 134, 159, 163 Dehousse Fernand, 10, 11, 12 Dehousse Jean-Maurice, 5, 76, 87, 148, 170, 199 Dejardin Christian, 196 Delaite Julien, 10, 11, 12, 16, 18, 30, 42, 52, 60 Delbouille Maurice, 60 Delcourt Jean, 125 Delforge Paul, 5, 8, 21 Delporte Charles, 180 Delsaux Jean-Charles, 52 Delsemme Serge, 94 Demanet Victor, 98
Demotte Rudy, 200 Demoulin Joseph, 159 Deprez Henri, 36 Desmedt Jos, 20 Destenay Maurice, 30, 165 Destrée Jules, 8, 10, 30, 38, 44, 68, 70, 94, 114, 119, 124, 129, 140, 146, 157 Dethier René, 128 Dewandelaer Franz, 145, 147 Dewerpe Orsini, 125 Di Rupo Élio, 200 Dickschen E, 72 Discailles Ernest, 66 Donnay Auguste, 42, 44, 56, 159 Du Bois Albert, 145 Du Bois Paul, 149 Dubail Paul, 70 Duchesne Eugène, 165 Dumont Albert, 24 Dumont Alexis, 24 Dupierreux Richard, 70, 94 Dupont André, 208 Dupont Émile, 159 Dupont Louis, 208 Dupuis Léopold, 142 Durbuy Joseph, 152 Dutrieux Henri, 68 Duvieusart Jean, 11 Ensch-Tesch Numa, 16 Étienne Paul, 108 Eyskens Gaston, 179 Farla Pierre, 199 Féaux Valmy, 72, 86, 87, 89 Feulien Marc, 184 Fitschy Paul, 50 Foch Ferdinand, Maréchal, 39 Fontaine José, 29 Foret Michel, 197 Franckson Marcel, 54 François Frédéric, 82 Frankinet Édouard, 72 Fumière Thierry, 85 Garcia Nicole, 29 Gaspar Jean-Marie, 98, 114 Gautier Jules, 16 Gélis Joseph, 117, 118 Genicot Léopold, 6, 8 Georgin Jacques, 177 Gérardy Louis, 159, 163 Gérôme Jean-Léon, 119 Gillard Marceau, 104, 156 Gillon Robert, 48, 50, 63 213
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Giomorey Nicolas, 196 Gol Jean, 8 Gomzé Corneille, 150 Gotovitch José, 109 Grafé Robert, 36 Gramme Zénobe, 30 Grégoire Marcel, 12, 85 Greisch Philippe, 187, 199 Gruselin Paul, 28 Guillaume Ier, 60, 165 Guyaux Martin, 202 Halleux Joseph, 159 Hambye Jacques, 82 Hasquin Hervé, 6 Hasse Jean-Laurent, 56 Haulot Francis, 200 Haust Jean, 165 Hautecler Georges, 8 Hillier Louis, 94, 161, 165 Hismans Edgard, 78 Honoré Gil, 199 Horevoets Georges, 199 Houbrechts Albert, 104 Hugo Victor, 5, 150 Hurez Léon, 76, Hynstens Raymond, 135 Istace Jean, 135 Jamot Albert-Jean-Baptiste, 18 Jansen Jacky, 103 Janssens Franz, 82 Jaspar Paul, 159 Javaux Luc, 90, 158, 165 Jennissen Émile, 32, 42, 47 Joffre Joseph, Maréchal, 98 Jortay Marc, 72 Joseph-Clément de Bavière, 27, 38 Julien René, 185, 202 Klutz Edgard, 50 Lambeau Georges, 81 Lambion Robert, 48, 63 Lanneau Joseph, 116 Lanotte Thierry, 85, 193, 205 Ledoux Armand, 159 Ledoux José, 81 Lejeune Rita, 6 Lemaire Aimée, 20 Lemaire Raymond, 64 Leruth Jules, 135 Lesage Daniel, 189 Lhoas Pablo, 22 Lhoas Pierre, 22 Liénard Albert, 78 Léopold II, 18 Léopold III, 24, 48, 52, 56, 71, 104, 105 Lousberg Joseph, 16 Lutgen Guy, 78, 197 Lyr René, 130 Magnette Paul, 94
Mahieu Jules, 36, 47, 119 Marcourt Jean-Claude, 197 Marin Jacques, 100 Massart Fernand, 55, 173 Materne Jean, 84, 200 Mayence Jacqueline, 87 Mélen Joseph, 92 Merlot Joseph, 24, 56, 104, 105, 114, 175 Merlot Joseph-Jean, 175, 189 Miller Richard, 208 Minet Christian, 199 Mockel Albert, 28, 46, 146, 161 Mohimont Louis, 74 Monnaert Raymond, 27 Mordant Henri, 8, 72 Moreau Robert, 26 Moutschen Jean, 63 Namêche Louis, 76 Neujean Xavier, 38, 111 Nissenne Jules, 117, 118 Nopère Louise, 132 Outers Lucien, 12 Pâque Simon, 104 Parent Émile, 50 Passelecq Valère, 8 Pastur Paul, 24, 68, 125, 132, 157 Paulus Pierre, 60, 141, 173 Peers Willy, 205 Pelouse Georges, 135 Pensis Jean, 121 Perin François, 12, 72, 74 Petit Fernand, 27 Petit Georges, 138, 153 Pietkin Nicolas, 8, 138, 153 Pirenne Pierre, 150 Piron Maurice, 138 Pirotte Jean, 50 Pirnay Clément, 32 Piwowarzyck Vincent, 210 Plisnier Charles, 85, 140 Poincaré Raymond, 39, 52, 60 Poswick Charles, 72 Rahir Claude, 210 Ramet Alphonse, 135 Rémont Julien-Étienne, 85 Remouchamps Édouard (1836-1900)138, 161 Remouchamps Édouard, 34 Remouchamps Joseph-Maurice, 34 Renard André, 8, 12, 26, 34, 63, 72, 104, 105, 139, 148, 169, 175 Renoz Jacques-Barthélemy, 92 Rey Jean, 11, 12, 105 Rifflaert Alexandre, 60 Roland Maurice, 132 Rulot Joseph, 134 Sainctelette Henri, 66 Salle Adelin, 103 Samson Arthur, 104
Samuël Charles, 114 Samyn Philippe, 192 Satin Christian, 199 Sauvage Joseph, 30, 163 Schreurs André, 55 Schreurs Fernand, 28, 81, 161 Smolders Michel, 131 Snyers Arthur, 42 Snyers Henri, 58 Soubre Charles, 56 Spitaels Guy, 72, 131, 170, 185, 200, 208 Stevens Alain, 182 Stiennon Jacques, 6 Symons Fernand, 70 Termonia Édouard , 58, 80 Terwagne Freddy, 12, 148, 156 Thibaut-Éloin Xavier, 200 Thirion Charles, 94, 210 Thiry Marcel, 46, 139 Thomas Joseph, 104 Thône René, 129 Thonon Robert, 8 Thys Constant, 159 Tibaux Albert, 50 Tilkin Alphonse, 165 Tindemans Léo, 74 Tirou Joseph, 24 Truffaut Georges, 11, 42, 111, 119, 158, 165 Turc Maurice, 135 Valentiny Jacques, 186 Van Belle François, 81, 174 Van Cauwenberghe Jean-Claude, 6, 173, 200, 206 Van Damme Pierre, 136 Van Gompel Jacques, 182 Van Hamme Joseph, 128 Van Marcke Édouard, 52 Vanderbiest Alain, 78 Vanderhaegen René, Voir Lyr René Vandersmissen Georges, 191 Verhaeren Émile, 18 Vervaeren Henri, 104 Vidal Fifine, 161 Viehard Achille , 149 Vî-Stou, Voir Dupuis Léopold Vivroux Charles, 113, 118 Wargnies Jean-Pierre, 196, 197, 199 Warocqué Raoul, 68 Warroquiers Jean, 159, 163 Wathelet Melchior, 87, 199, 210 Wiket Émile, 136, 137, 159, 163 Wilbaux Jules, 149 Willame Georges, 143 Wilmotte Maurice, 16 Woussen Joseph, 169 Wybaux Freddy, 50 Ylieff Yvan, 210 Zomers Joseph, 111
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Index
Institutions, organisations, sociétés Action wallonne, voir Ligue d’Action wallonne Agence wallonne pour l’Intégration des Personnes handicapées (AWIPH), 182 Amitiés françaises, 32, 66 Amitiés françaises de Liège, 38, 39, 56 Amitiés françaises de Mons, 32 Archéoforum de Liège, 187 Archives de la Région wallonne, 194, 206 Asbl Congrès de Polleur, 117 Assemblée des élus wallons, 68 Assemblée wallonne, 11, 20, 38, 42, 70, 92, 94, 96, 130, 147, 153, 161 Association chrétienne des institutions sociales de santé, 74 Association culturelle wallonne, 20 Association des amis de la Maison wallonne, 36 Association des bourgmestres de Wallonie, 28 Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie 47 Association wallonne des Anciens combattants, 177 Avant-garde wallonne, 65, 119 Bibliothèque des dialectes de Wallonie, 34 Bibliothèque nationale de Wallonie, 90 Bureau d’architecture Greisch, 187 Cercle « les XXIII », 90 Cercle des étudiants wallons de l’ULB, 8 Cercle littéraire « La Wallonne », 137, 159, 163 Comité d’Action wallonne, 35 Comité d’Action wallonne de Liège, 38, 42 Comité du Souvenir Charles de Gaulle – Verviers, 118 Comité du Souvenir français, 119 Comité permanent du Congrès national wallon, 38, 85, 130 Comptoir forestier, 192 Concentration wallonne, 11, 35, 62, 114, 165, 174 Conseil économique et social de la Région wallonne, 12, 50, 189, 191 Conseil économique wallon, voir Conseil économique et social de la Région wallonne Conseil provincial du Hainaut, 70 Conseil provincial de Namur, 74 Conseil régional wallon, voir Parlement wallon Convention nationale, 117 Direction générale de l’Action sociale et de la Santé (DGASS), voir Direction générale opérationnelle 5 (DGO5)
Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine (DGATLP), voir Direction générale opérationnelle 4 (DGO4) Direction générale des Pouvoirs locaux (DGPL), voir Direction générale opérationnelle 5 (DGO5) Direction générale des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGRNE), voir Direction générale opérationnelle 3 (DGO3) Direction générale opérationnelle de l’Agriculture, des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGO3), 186, 192, 204 Direction générale opérationnelle de l’Aménagement du Territoire, du Logement, du Patrimoine et de l’Énergie (DGO4), 186, 195 Direction générale opérationnelle des Pouvoirs locaux, de l’Action sociale et de la Santé (DGO5), 186 Entente libérale wallonne, 11 Espace Wallonie du Bruxelles, 184 Espace Wallonie de Charleroi, 184 Espace Wallonie de Liège, 184, 186, 187 Fédération des cercles littéraires et dramatiques du Brabant, 90 Fédération des artistes wallons, 130 Fédération des Métallurgistes FGTB de la Province de Liège, 48, 63 Fédération des Universitaires wallons, 158, 169 Fondation André Renard, 48, 175 Fonds d’histoire du Mouvement wallon, 34 Fonds du Logement, 182, 210 FOREM, 182 France libre, 81 Front de l’indépendance, 109 Front démocratique des Francophones (FDF), 177 Front démocratique wallon, 36, 119 Front wallon pour la libération du pays, 109, 165 Gouvernement wallon, 6, 78, 83, 86, 87, 89, 187, 199, 200, 210 Institut du Patrimoine wallon (IPW), 7, 50, 187, 193, 197, 206 Institut Jules Destrée (IJD), 6, 20, 36, 47, 109, 114, 127 Institut supérieur de commerce de Mons, 68 Intercommunale du Brabant wallon (IBW), 90 Jeune France, 55 Jeunesse arlonaise, 98 L’Élan wallon, 150 Le Caveau liégeois, 159, 165 Le Souvenir wallon, 150, 165
Le Vieux-Liège, 111 Les Scryeus du Centre, 132 Ligue d’Action wallonne, 35, 54, 62, 105, 165, 189 Ligue d’Action wallonne de Liège, 35, 38, 42 Ligue wallonne, 18, 38, 114 Ligue wallonne de Liège, 10, 30, 38, 52, 60, 94, 165 Ligue wallonne de Verviers, 92, 94 Lu Steûle wallonne, 150 Maison wallonne de Charleroi, 33 Maison wallonne de Liège, 36, 90 Ministère de la Région wallonne (MRW), voir Service public de Wallonie (SPW) Ministère de l’Équipement et des Transports (MET), voir Service public de Wallonie (SPW) Mouvement libéral wallon, 84, 161 Mouvement populaire wallon (MPW), 12, 13, 26, 50, 63, 72, 84, 139, 169, 173, 175, 177 Musée de l’Art wallon, 30 Musée de la Vie wallonne, 34 Musée Jules Destrée, 21 Musées et Sociétés en Wallonie (MSW), 206 Nouvelle Maison wallonne, voir Maison wallonne de Liège Parlement wallon, 72, 74, 76, 82, 89, 94, 131, 184, 208 Parti d’Unité wallonne, 145 Pré-Javais Attractions, 150 Rassemblement démocratique et socialiste wallon, 109 Rassemblement wallon (RW), 13, 26, 55, 72, 74, 169, 173, 187 Régionale FGTB de Liège/Huy/Waremme, 48 Rénovation wallonne, 12, 50, 84, 170 Service public de Wallonie (SPW), 87, 186, 187, 199, 204, 205 Société « les Amis de l’Art wallon », 130, 138, 159 Société de Développement régional de Wallonie (SDRW), 199 Société de langue et de littérature wallonnes, 163 Société de littérature wallonne, 34, 90, 137 Société des auteurs dramatiques et chansonniers wallons, 165 Société des auteurs wallons, 165 Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie, 20, 36, 47 Société liégeoise de littérature wallonne, 52, 54, 134 Société littéraire « Les Auteurs wallons », 159 215
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Société nationale de Distribution d’Eau, voir Société wallonne des Eaux (SWDE) Société nationale du Logement (SNL), voir Fonds du Logement Société nationale terrienne (SNT), voir Fonds du Logement Société publique de gestion de l’Eau (SPGE), 210 Société régionale d’investissement de Wallonie (SRIW), 74, 87 Société régionale wallonne du Transport (SRWT), 187 Société royale Moncrabeau, 170 Société royale wallonne du Logement (SWL), voir Fonds du Logement Société wallonne des Aéroports (SOWAER), 187 Société wallonne des Eaux (SWDE), 210 Théâtre wallon namurois, 170 Union des femmes de Wallonie, 38 Union des Villes et Communes de Wallonie, 28, 197 Union française de Verviers, 118 Université de Mons-Hainaut (UMH), 68 Wallonie catholique, 12 Wallonie indépendante, 11, 130 Wallonie libre, 11, 50, 81, 84, 105, 109, 114,116-119, 125, 127, 129, 147, 165, 173, 184 Wallonie Région d’Europe, 105, 114
Assemblées et Congrès wallons Assemblée commune des mouvements wallons, 50 Assemblée constitutive des Amitiés françaises, 32
Assemblée de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie 1938, 36 1939, 47 1940, 47 Assemblée des élus wallons, 68 Assemblée générale de l’Avant-garde wallonne de 1928, 119 Assemblée générale de l’Institut Jules Destrée, 20 Congrès culturel wallon 1938, 20, 147 1955, 60, 170 Congrès d’Action wallonne 1924, 42 1926, 62 1927, 35 1928, 62 1929, 35 1930, 35 Congrès de la Concentration wallonne 1930, 35, 38, 54, 62 1931, 56 1933, 21 Congrès de Polleur, 117 Congrès de Wallonie libre 1963, 81 1970, 81 Congrès de Wallonie, région d’Europe, 21 Congrès des quatre mouvements wallons, 84 Congrès des socialistes wallons , 13 Congrès des socialistes wallons de Liège (1938), 12 Congrès des socialistes wallons de Tournai (1967), 13 Congrès des socialistes wallons de Verviers (1968), 13 Congrès du Mouvement populaire wallon 1961, 72
1962, 50 1964, 84 1965, 84 Congrès du Rassemblement wallon 1968, 72 Congrès international de langue française, 16, 18 Congrès international des Amitiés françaises 1911, 32, 66, 68, 114 1930, 60 Congrès « La Wallonie au futur », 24 Congrès national wallon 1945, 7, 12, 13, 50, 56, 140, 161, 165, 174, 189 1946, 21, 22 1947, 12, 28, 85, 130 1949, 56, 105 1950, 21, 24, 105 1953, 22 1957, 22 1959, 22, 50 Congrès wallon 1890, 10, 165 1891, 80, 165 1892, 38, 58, 165 1893, 66, 165 1905, 30, 44, 60, 66, 146, 159, 165, 174 1912, 10, 12, 30, 38, 54, 174 1913, 30, 54 1914, 30, 92 Journée d’étude des fédéralistes wallons et flamands, 50 Journée d’étude sur l’histoire du Mouvement wallon, 24 Session extraordinaire du Congrès national wallon, voir Congrès national wallon (1950) Réunion des ligues wallonnes, 52
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Sur les traces du Mouvement wallon
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Timbre émis en 1994 pour les 75 ans du journal La Wallonie (disparu en 1998)
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TABLE DES MATIÈRES PRÉFACE ...............................................................................................................................................................................
3
REMERCIEMENTS ............................................................................................................................................................
4
AVANTPROPOS ..................................................................................................................................................................
5
UN RAPIDE SURVOL DE L’HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON ..................................................................
10
Première partie Lieux d’étapes 1. Arlon, l’hôtel de ville ..........................................................................................................................................................
16
2. Arlon, l’ancien palais de Justice ..........................................................................................................................................
18
3. Charleroi, l’hôtel de ville...................................................................................................................................................
20
4. Charleroi, le théâtre de l’Éden ..........................................................................................................................................
22
5. Charleroi, l’Université du Travail......................................................................................................................................
24
6. Dinant, le Castel de Pont-à-Lesse.......................................................................................................................................
26
7. Dinant, l’hôtel de ville.........................................................................................................................................................
27
8. Fourons, plaie ouverte… .....................................................................................................................................................
29
9. Liège, l’athénée Destenay.....................................................................................................................................................
30
10. Liège, le cinéma Palace ......................................................................................................................................................
32
11. Liège, l’ancien couvent des Frères mineurs ........................................................................................................................
34
12. Liège, l’hôtel de l’Europe...................................................................................................................................................
35
13. Liège, l’hôtel de Grady.......................................................................................................................................................
36
14. Liège, l’hôtel de ville ..........................................................................................................................................................
38
15. Liège, l’hôtel Moderne.......................................................................................................................................................
42
16. Liège, l’îlot Saint-Georges .................................................................................................................................................
44
17. Liège, l’ancienne imprimerie Vaillant-Carmanne ..............................................................................................................
46
18. Liège, la maison Havart .....................................................................................................................................................
47
19. Liège, la Maison des Syndicats FGTB ..............................................................................................................................
48
20. Liège, le palais des Congrès ...............................................................................................................................................
50
21. Liège, l’ancien palais des princes-évêques ..........................................................................................................................
52
22. Liège, le parc de la Boverie ................................................................................................................................................
56
23. Liège, le passage Lemmonier ............................................................................................................................................
58
24. Liège, la salle académique de l’Université..........................................................................................................................
60
25. Liège, le théâtre du Trianon ..............................................................................................................................................
62
26. L iège, « La Wallonie » .......................................................................................................................................................
63
27. Louvain-la-Neuve, le « pavé sacré » ................................................................................................................................
64
28. Momignies, les « sources » de l’Oise .................................................................................................................................
65
29. Mons, l’hôtel de ville .........................................................................................................................................................
66
30. Mons, l’Institut commercial des Industriels du Hainaut ..................................................................................................
68
31. Mons, l’Institut provincial d’Hygiène et de Bactériologie ................................................................................................
70
32. Namur, l’ancienne Bourse de commerce............................................................................................................................
72
33. Namur, le château de La Plante ........................................................................................................................................
74
34. Namur, l’ancien hôtel Sofitel de Wépion ...........................................................................................................................
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Sur les traces du Mouvement wallon
35. Namur, l’hôtel Kégeljan..................................................................................................................................................... 36. Namur, l’hôtel de ville du xix e siècle ................................................................................................................................ 37. Namur, la maison de la Culture ........................................................................................................................................ 38. Namur, le palais provincial................................................................................................................................................ 39. Namur, la salle Jean Materne ........................................................................................................................................... 40. Namur, le théâtre royal .................................................................................................................................................... 41. Namur, 89, rue Van Opré.................................................................................................................................................. 42. Namur, 97, rue Van Opré.................................................................................................................................................. 43. Nivelles, l’ancien hôtel du Baron Taye ............................................................................................................................ 44. Verviers, l’hôtel de ville ................................................................................................................................................... 45. Verviers, le parc de l’Harmonie ....................................................................................................................................... 46. Verviers, le Grand Théâtre ...............................................................................................................................................
78 80 81 82 84 85 86 87 90 92 94 96
Deuxième partie Lieux détournés 1. Arlon, le monument aux morts français de 1914-1918 ....................................................................................................... 2. Châtelet, le monument français......................................................................................................................................... 3. Chaudfontaine, le monument du Stalag I A..................................................................................................................... 4. Esneux, le monument aux morts de Tilff ............................................................................................................................ 5. Grâce-Hollogne, le monument aux victimes de Grâce-Berleur ....................................................................................... 6. La Louvière, le monument aux morts de Houdeng-Goegnies .......................................................................................... 7. Liege, le monument à la Résistance...................................................................................................................................... 8. Liège, le monument Tchantchès .......................................................................................................................................... 9. Limbourg, le monument aux morts de Dolhain .................................................................................................................. 10. Mons, le monument au Coq ............................................................................................................................................... 11. Nivelles, les monuments aux morts .................................................................................................................................. 12. Theux, la statue du Congrès de Polleur ............................................................................................................................ 13. Verviers, le monument de Gaulle...................................................................................................................................... 14. Waterloo, le monument à l’Aigle blessé........................................................................................................................... 15. Wavre, le monument aux morts.........................................................................................................................................
98 100 101 103 104 107 108 111 113 114 116 117 118 119 121
Troisième partie Lieux de mémoire 1. Charleroi, le buste de Jules Destrée................................................................................................................................... 2. Charleroi, le buste et la plaque en hommage à Orsini Dewerpe....................................................................................... 3. Charleroi, le monument à Arille Carlier ........................................................................................................................... 4. Charleroi, la plaque en hommage à René Dethier ............................................................................................................ 5. Charleroi, la statue de Jules Destrée.................................................................................................................................. 6. Couvin, le monument à René Lyr........................................................................................................................................ 7. Flémalle, le monument à André Cools .............................................................................................................................. 8. La Louvière, les monuments du parc communal .............................................................................................................. 9. Liège, La Légende ................................................................................................................................................................. 10. Liège, le mémorial des auteurs wallons morts pour la Patrie ............................................................................................. 11. Liège, le monument Pierre Van Damme............................................................................................................................ 12. Liège, le monument Wiket ................................................................................................................................................ 13. Liège, la plaque en hommage à Édouard Remouchamps .................................................................................................. 14. Liège, la plaque en hommage à André Renard .................................................................................................................. 15. Mons, le buste de Charles Plisnier ..................................................................................................................................... 16. Namur, La fresque des Wallons.............................................................................................................................................
124 125 127 128 129 130 131 132 134 135 136 137 138 139 140 141
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Table des matières
17. Namur, les plaques en hommage à François Bovesse ......................................................................................................... 18. Nivelles, le monument Georges Willame ........................................................................................................................ 19. Nivelles, les plaques du parc de la Dodaine...................................................................................................................... 20. Remicourt, la plaque en hommage à Freddy Terwagne.................................................................................................... 21. Tournai, le monument à la littérature et à la chanson wallonnes ...................................................................................... 22. Verviers, le cimetière......................................................................................................................................................... 23. Villers-le-Bouillet , le monument Joseph Durbuy ....................................................................................................... 24. Waimes, le monument Pietkin...........................................................................................................................................
142 143 144 148 149 150 152 153
Quatrième partie Lieux de repos 1. Amay, la tombe de Freddy Terwagne ................................................................................................................................... 2. Charleroi, la tombe commune de Jules Destrée et Paul Pastur......................................................................................... 3. Fleurus, la tombe de Luc Javaux ......................................................................................................................................... 4. Liège, le cimetière de Robermont ........................................................................................................................................ 5. Liège, le cimetière de Sainte-Walburge ............................................................................................................................... 6. Liège, la tombe de Jo Woussen ............................................................................................................................................ 7. Namur, le cimetière dit « de Belgrade » ............................................................................................................................... 8. Namur, la tombe de Fernand Massart ................................................................................................................................. 9. Saint-Nicolas, la tombe de François Van Belle ................................................................................................................. 10. Seraing, le cimetière de la Bergerie ................................................................................................................................... 11. Stavelot, l’ancienne tombe de Jacques Georgin................................................................................................................
156 157 158 159 165 169 170 173 174 175 177
Cinquième partie Lieux vivants 1. Charleroi, Le Chantre de la Liberté..................................................................................................................................... 2. Charleroi, le Fonds du Logement...................................................................................................................................... 3. Charleroi, la maison du Bailli ........................................................................................................................................... 4. Liège, L’Envol de la Wallonie ................................................................................................................................................ 5. Liège, l’ancien hôpital des Anglais....................................................................................................................................... 6. Liège, l’hôtel Desoër de Solières.......................................................................................................................................... 7. Liège, le Vertbois.................................................................................................................................................................. 8. Marche-en-Famenne, le Comptoir forestier ..................................................................................................................... 9. Mons, l’ancien béguinage ..................................................................................................................................................... 10. Namur, le Bibot.................................................................................................................................................................. 11. Namur, les Célestines......................................................................................................................................................... 12. Namur, le Centre administratif de l’ancien MET (SPW) ................................................................................................ 13. Namur, l’Élysette .............................................................................................................................................................. 14. Namur, les coqs de l’Élysette ............................................................................................................................................ 15. Namur, l’îlot Saint-Luc...................................................................................................................................................... 16. Namur, l’ancienne maternité provinciale .......................................................................................................................... 17. Namur, les moulins de Beez............................................................................................................................................... 18. Namur, le Saint-Gilles....................................................................................................................................................... 19. Verviers, la Société wallonne des Eaux .............................................................................................................................
180 182 184 185 186 187 189 192 193 194 196 198 200 202 204 205 206 208 210
INDEX ..................................................................................................................................................................................... 213 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................................................. 217 TABLE DES MATIÈRES ..................................................................................................................................................... 219
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