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Bonne route ! PAR

VERONIQUE

RADIER

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arement l’orientation aura soulevé autant d’angoisses, d’interrogations. En ces temps de chômage persistant, de mutations rapides, souvent inattendues, comment être sûr de miser sur la bonne formation ? Car malgré la mise en place de la grande réforme du LMD, notre enseignement supérieur est encore un maquis broussailleux, semé de chausse-trappes, de voies sans issues et où il est bien difficile de trouver la direction pour arriver à bon port. Pourtant, pour qui sait y naviguer, il peut offrir le meilleur : un diplôme bien placé sur le marché de l’emploi, menant à un métier en rapport avec ses aspirations. Et pour cela, il n’est pas besoin d’être un crack ! Les meilleurs élèves ne sont d’ailleurs pas à l’abri des déceptions. Le secret d’une orientation réussie ? Dès le lycée, ou même avant, il faut s’informer, s’informer et encore s’informer et s’armer d’une bonne boussole… Telle est l’ambition de ce guide, vous servir de boussole afin de débusquer les bonnes filières, celles qui ouvrent la voie vers des métiers recherchés mais peu accessibles : éditeur, journaliste, chercheur… ou encore qui permettent de décrocher rapidement un job bien rémunéré. Unique en son genre, apprécié par de nombreux professionnels de l’orientation, ce guide dresse un panorama général et néanmoins très précis des différentes formations, de bac +2 à bac +8, de leurs particularités, leurs performances, leurs atouts, leurs faiblesses et vous livre surtout des informations précises et inédites sur la réalité des emplois obtenus par leurs diplômés. Grâce à une veille permanente, nous vous livrons une foule de données pour la plupart méconnues sur les différents cursus et leurs mérites comparés, en toute indépendance. Loin des idées reçues, des rumeurs et du discours rassurant des plaquettes officielles, vous trouverez ici des informations concrètes pour déjouer les mille et un pièges qui jalonnent la route mouvementée de l’enseignement supérieur. Pour vous aider à faire bonne route.

La cote des diplômes

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SOMMAIRE Une collection éditée par MédiaObs 10-12, place de la Bourse, 75002 Paris. www.nouvelobs.com/guides Tél. : 01 44 88 97 70. Fax : 01 44 88 97 79. E-mail : infos@mediaobs.com GÉRANT : Jean-Claude Rossignol. DIRECTRICE GÉNÉRALE : Corinne Rougé. ÉDITEUR : Bertrand Clare. REDACTION CONCEPTION ET RÉDACTION EN CHEF : Patrick Fauconnier. RÉDACTION EN CHEF DÉLÉGUÉE : Véronique Radier. RESPONSABLE D’ENQUÊTE : Fanny Weiersmuller. CHARGÉES D’ENQUÊTE : Stéphanie Condis, Béatrice Girard, Véronique Radier, Lisa Telfizian, Fanny Weiersmuller. CONCEPTION GRAPHIQUE : Dany Bliss de la Boissière. COUVERTURE : Catherine Dassonville. PHOTO DE COUVERTURE : Getty/Photonica/Nick Dali. SECRÉTARIAT DE RÉDACTION : Nathalie Laville. PUBLICITE MédiaObs, 44, rue Notre-Dame-des-Victoires, 75002 Paris. Tél. : 01 44 88 97 70. Fax : 01 44 88 97 79. mnmaggi@mediaobs.com PUBLICITÉ ÉDUCATION-FORMATION : Parcourmedia, Thierry de Teneuille 3, rue de l’Arrivée, 75749 Paris Cedex 15. Tél. : 01 45 38 88 50. Fax : 01 43 20 94 85. p.deteneuille@parcourmedia.fr PUBLICITÉ LITTÉRAIRE : La Littéraire Lorraine de Moustier, 9, rue Dupin, 75006 Paris. Tél. : 01 45 49 43 00. Fax : 01 42 84 18 00. IMPRESSION Dulac Médiapartenaire, Pacy-sur-Eure. VENTE DIRECTRICE DES VENTES : Paule Coudérat. Tél. réservé au réseau NMPP : 08 00 24 69 33. Médiaobs, SARL au capital de 150000 euros, RC Paris B 424 478 113. Directeur de la publication : Claude Perdriel. Commission paritaire : 0110 C 85929. Dépôt légal à parution (4e trimestre 2006). Numéro d’impression : Ce numéro comprend une brochure de 132 pages plus un supplément gratuit de 28 pages.

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FORMATIONS COURTES

BTS Une formation courte pour se caser rapidement sur le marché de l’emploi . . . . . . . . . . . 7 DUT Un cursus à bac +2 qui permet la poursuite des études . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 DEUST ET DU Une option de spécialisation attractive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 LICENCES PROFESSIONNELLES Une véritable réussite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

ECOLES

SPECIALISEES ET CONCOURS

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ENSEIGNEMENT Les candidats sont nombreux et les places toujours chères… . . . . . . . . . . . . . 28 SOCIAL ET PARAMEDICAL Des concours sélectifs pour des filières en manque de bras . . . . 34 Educateur spécialisé • Animateur socio-culturel • Assistant du service social • Développement social urbain PARAMEDICAL Opter pour ces métiers, c’est la certitude de décrocher un job . . . . . . . . . . . . . . . 36 Infirmier • Ergothérapeute • Orthophoniste • Diététicien • Kinésithérapeute • Psychomotricien FONCTION PUBLIQUE Les départs en retraite sont nombreux, tout comme les candidats ! . . . 41 ECOLES DE JOURNALISME Pour passionnés exclusivement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 INTERPRETATION ET TRADUCTION Des emplois au compte-gouttes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 ECOLES D’ART Talent et persévérance sont de rigueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 ECOLES DE MODE ET APPRENTISSAGE Des paillettes et de la sueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 ARCHITECTURE Pour homme ou femme orchestre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 CNED Mode d’emploi de l’enseignement à distance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

UNIVERSITES

ET GRANDES ECOLES

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ECOLES DE COMMERCE Un placement qui rapporte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Ecoles en trois ans • Ecoles après-bac • Après un bac +2, 3, 4 ou… 5 SCIENCES PO C’est toujours la ruée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 ECOLES D’INGENIEURS Une voie royale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Ecoles après-prépa• Ecoles post-bac• Ingénieur sans prépa MASTERS PROFESSIONNELS DE L’UNIVERSITÉ Des bac +5 qui payent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 MAE L’atout de la double compétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 APPRENTISSAGE Oubliez les clichés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

DOCTORATS

ET POST-DIPLOMES

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MBA L’ascenseur vers le sommet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 MASTERES SPECIALISES Chers, mais efficaces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 DOCTORAT Les places sont rares . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 ETUDES MEDICALES Surfez sur la pénurie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 Médecine • Dentaire • Pharmacie • Vétérinaire • Sage-femme


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Les formations courtes

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es cursus en deux ou trois ans, BTS, DUT ont la cote auprès des entreprises friandes de jeunes techniciens rapidement opérationnels. Avec des postes et des salaires attrayants, surtout en ce

qui concerne les secteurs de l’informatique et du commerce, mais aussi sur quelques niches bien choisies. Comme les licences professionnelles, en plein essor, qui font pour certaines des étincelles. Mais attention, toutes ne permettent pas des poursuites d’études et toutes les spécialités ne sont pas logées à la même enseigne.

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BTS : courts et efficaces Si toutes les spécialités ne connaissent pas le même succès, ce bac +2 permet à la plupart de ses diplômés de se caser rapidement sur le marché de l’emploi.

éforme du LMD ou pas, le BTS à bac +2 continue de plaire aux entreprises. Mieux, elles en redemandent. Ainsi Benoît, tout juste diplômé du BTS ATI (Assistant technique d’ingénieur) a été «chassé » pour deux postes dès sa sortie de formation : l’un chez Total, l’autre chez Bonduelle. Et l’industrie n’est pas la seule à regarder du côté de ces profils. Le marché s’affole pour ces diplômés dans le BTP, la banque, le commerce… Mais, paradoxalement, le nombre d’entrants est en baisse, avec tout de même plus de 113000 étudiants cette année séduits par l’éventail de professions accessibles après l’obtention du diplôme. La liste des BTS compte pas moins de 88 spécialités auxquelles il faut ajouter une multitude d’options. Ce sont, au total, plus de 140 spécialités couvrant tous les secteurs d’activités qui sont proposées au choix des bacheliers : métiers de l’eau, design, commerce international, audiovisuel, immobilier… Mais avant d’opter pour ce cursus, mieux vaut avoir une idée assez claire du métier que l’on souhaite exercer car le BTS est un diplôme très pointu et il peut se révéler difficile, et même parfois impossible, de poursuivre ensuite une autre formation. Certaines spécialités sont positionnées sur des niches, souvent porteuses. On peut citer les BTS Industrie céréalière, Industrie céramique ou encore Construction navale, qui ne sont d’ailleurs préparés que dans un seul établissement.

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LE DEROULEMENT DES ETUDES Loin des premiers cycles de l’université où il faut se prendre en main pour organiser son travail, le BTS offre le cadre

rassurant et familier du lycée. Le revers de la médaille ? Des études sous étroite surveillance. Ici, les professeurs font l’appel et relèvent les absences. Les semaines de cours sont chargées, le volume horaire évoluant entre 32 et 35 heures hebdomadaires. Et seule la réussite à un examen mixant épreuves écrites et orales en fin de deuxième année permet de valider le BTS. La professionnalisation est également l’un des atouts de ce diplôme. En plus des modules d’aide à la vie professionnelle – comme la rédaction de CV –, tous les BTS prévoient une période de stage, de huit à douze semaines, certains pouvant même se dérouler à l’étranger. Mais il faut noter que si la majorité des BTS se prépare en deux ans, certains font exception avec un cursus en trois ans comme pour les BTS de podo-orthésiste ou de prothésiste-orthésiste. De même, les BTS en arts appliqués et hôtellerierestauration imposent une année de mise à niveau aux étudiants n’ayant pas le bac correspondant.

COMMENT FAIRE SON CHOIX ? Face au foisonnement des spécialités et des établissements, il n’est pas toujours aisé de se décider. Mais, élément rassurant, des commissions paritaires se réunissent régulièrement pour ajuster le contenu des formations aux évolutions du marché. C’est ainsi que les BTS Force de vente et Action commerciale ont changé de nom, devenus respectivement Négociation et relation client et Management des unités commerciales. Une nouvelle identité plus en adéquation avec les débouchés : « On s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup plus d’offres sur Force de vente. Les BTS La cote des diplômes

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UN BTS EN UN AN OU… SANS LE BAC ! OBTENIR UN BTS EN UN AN AU LIEU DE DEUX : c’est possible, à condition d’avoir déjà effectué un, voire deux ans d’études, ou de pouvoir justifier d’une expérience professionnelle. Cet aménagement de formation n’est possible que si cela a été accordé au préalable par le recteur d’académie, après avis de l’équipe pédagogique. AUTRE BONHEUR À LA CARTE, la possibilité d’intégrer un BTS même en ayant échoué au baccalauréat. Mais attention, c’est une voie à risque. Si certains établissements privés hors contrat avec l’Education nationale acceptent des recalés, le taux de réussite est dans ce cas bien moindre. C’est aussi une solution coûteuse, puisque les frais de scolarité peuvent s’envoler jusqu’à 5 000 € par an contre 300 à 900 € dans un lycée privé sous contrat et une scolarité gratuite dans le public.

QUI GAGNE QUOI > Selon le Céreq, les bac

+2 des services gagnent en moyenne 17 300 € brut par an, trois ans après l’obtention du diplôme, ceux de l’industrie ou du BTP, 18 700 €.

Action commerciale, censés former aux métiers liés au marketing sur des postes d’assistants ou de chefs de produit, se retrouvaient finalement sur des postes Force de vente », explique Béatrice Navarro, responsable des programmes BTS chez Négocia. Plus des trois quarts des candidats présentent l’examen dans une spécialité des services. Le nombre d’étudiants augmente surtout dans la spécialité Comptabilité et gestion des organisations. Plus largement, le groupe Echanges et gestion, qui inclut également les spécialités Action commerciale et Assistance de gestion PME-PMI, attire un grand nombre d’étudiants : ils représentaient près de 50 % des étudiants de BTS en 2005. Dernier point à regarder de près avant toute inscription : le taux de réussite au diplôme. D’un établissement à l’autre, le sérieux de la formation peut être très inégal. En 2005, le taux de réussite était de 77 % pour les lycées publics contre 78 % pour les privés sous contrat et 54 % pour les privés hors contrat. Le taux de réussite des BTS suivis par apprentissage s’élevait, lui, à 65 %.

COMMENT Y ENTRE-T-ON ? Le BTS est une filière sélective. Les lycées sont donc libres de choisir leurs candidats répondant à leurs critères. Et pour les plus réputés d’entre eux, les places peuvent être chères. Chaque année, les établissements les plus côtés, qu’ils soient publics ou privés sous contrat avec l’Education nationale, sont pris d’assaut.

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Dès janvier, les lycéens de terminale peuvent retirer auprès de leur secrétariat le dossier d’inscription valable pour les STS, sections de technicien supérieur, publiques de leur académie. Seule exception, pour les BTS dits rares, qui ne peuvent se préparer que dans un seul établissement. Les futurs bacheliers doivent alors s’adresser directement aux établissements. Pour augmenter ses chances, la plupart des élèves multiplient les inscriptions, souvent une dizaine. Aussi, les désistements sont fréquents et les commissions d’admissions piochent régulièrement dans les listes complémentaires. Par le jeu des candidatures multiples et des désistements, la sélectivité peut donc se révéler moins forte. A noter, la procédure d’admission un peu particulière pour les Parisiens. Ceux-ci doivent en effet passer obligatoirement par la procédure Ravel (www.ravel-multimedia.fr). Mais quelle que soit sa région d’origine, le dossier reste primordial dans la sélection. Il comprend le plus souvent les notes de première et de terminale, ainsi qu’une lettre de motivation. Des tests et un entretien viennent compléter le dispositif de sélection. Les admis confirment ou infirment ensuite leur inscription dès les résultats du bac.

JOUER LA CARTE DE L’ALTERNANCE Mathieu a opté pour un BTS Maintenance industrielle, mais en apprentissage. Deux ans entre l’entreprise et le centre de formation d’apprentis de l’industrie de l’Aquitaine : «On a trop souvent l’image du mauvais élève orienté vers l’apprentissage. Mais j’avais besoin de quelque chose de concret, de rapprocher la théorie à la pratique », expliquet-il. « L’alternance permet de se confronter aux besoins et aux contraintes du monde industriel. Et à la sortie, on est plus rapidement opérationnel. On a l’expérience du terrain. » Mathieu Bourlard est aujourd’hui responsable maintenance dans une société agro-alimentaire, embauché à 1650 € brut mensuel. Préparer un BTS en étant à la fois salarié d’une entreprise et étudiant, c’est-à-dire en alternance, peut être un plus sur le CV. Que ce soit grâce à un contrat de qualification ou d’apprentissage, la formule reste la même : l’apprenti alterne semaines de cours et périodes en entreprise. Mais si la plongée en entreprise et la rémunération


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pendant toute la formation représentent des atouts incontestables, ce choix demande plus d’efforts : il faut mettre les bouchées doubles et les échecs sont plus fréquents que par la voie classique.

QUELLE PERSPECTIVE APRES LE BTS ? Si ce diplôme a toujours la cote auprès des entreprises, l’insertion n’est pas forcément toujours aisée. Tout est question de spécialités. Ainsi, sur les métiers du secrétariat par exemple, les diplômés doivent faire face à la concurrence des bac +3 et bac +4 de l’université. Le salaire brut moyen ne dépasse guère, en 2004 et selon le Céreq, 17 000 € par an dans les services et 18 700 € dans l’industrie. Depuis, les rémunérations ont dû connaître une évolution significative, car les entreprises sont de plus en plus friandes de ces jeunes rapidement opérationnels. Mais là où le bât blesse, c’est du côté des évolution de carrière car, dans de nombreux secteurs, l’accès à des fonctions d’encadrement reste exceptionnel à bac +2. Résultat, plus d’un tiers des diplômés poursuivent leurs études, la plupart vers des licences professionnelles. Prudence en revanche pour celles et ceux qui seraient tenter de repiquer vers l’université. Selon les derniers chiffres disponibles, la moitié des BTS ont échoué lors de leur première présentation au Deug. Quant aux écoles d’ingénieurs ou de commerce, seuls les meilleurs éléments parviendront à s’y faufiler. Malgré cela, il y a de belles exceptions : «L’un de nos anciens, avec trois à quatre ans d’expérience, gagne plus qu’un ingénieur !», remarque Jean-Pierre Rouault, chef de travaux au Lycée de l’image et du son à Angoulême. Même perspective pour les BTS Spécialités industrielles. Très porteurs, leurs anciens s’en sortent plutôt bien et leur côte auprès des recruteurs ne se dément pas. « Nous n’avons pas de mal à vendre nos étudiants, assure Emmanuel Doucet, responsable du BTS Maintenance industrielle au Centre de formation des apprentis de l’industrie en Aquitaine. Même ceux qui n’ont pas eu l’examen sont déjà casés ! » Autre atout, ces diplômes sont souvent bien ancrés dans leurs territoires et le tissu économique local. Ce qui n’empêche pas la mobilité géographique. Selon une étude du Céreq, un tiers des étudiants plient bagages et quittent la région où ils

TEMOIGNAGE ESTHER JOLY, 24 ans, diplômée du BTS Négociation et relation client chez Négocia, à Paris Esther a opté pour le BTS Négociation et relation client (NRC), mais en alternance. Après une première année comme apprentie dans la pub, elle enchaîne dans les assurances. Une deuxième année entre les cours de BTS à Négocia et une filiale du groupe Generali : « Mon objectif était de développer des partenariats avec des experts comptables. J’étais sur le terrain. Le fait de faire du porteà-porte a été très formateur, car il faut être persuasif. J’ai gagné en assurance. » Autre atout, le côté généraliste de la formation : « En plus de l’apprentissage des techniques de vente, le BTS apporte une culture générale économique et juridique. » Rompue aux ficelles de la négociation, Esther a également testé ses aptitudes à la communication : « Grâce aux cours de communication et de négociation, j’ai aujourd’hui des clefs d’analyse du comportement : j’ai développé mon esprit d’observation. Je cerne mieux les situations et les personnes que j’ai en face de moi. » Au final, « je me sens plus à l’aise, et les expériences en entreprise m’ont permis d’avoir plus de crédibilité ». Forte de son côté « pro », Esther a été embauchée dès sa sortie chez BNP Paribas.

ont suivi leur formation. A l’arrivée, l’insertion est souvent plus facile et constitue même parfois un véritable tremplin en début de carrière. Surtout pour les spécialités tertiaires où « au terme de cinq années de vie active, les migrants sont souvent moins déclassés, beaucoup mieux rémunérés et sont déjà 12 % à avoir accédé au statut de cadre, contre 7 % des non-migrants ». Bon à savoir…

A LIRE > BIEN CHOISIR SON BTS OU DUT, par Murielle Wolski, Ed. L’Etudiant (11,50 €). Un guide très complet pour connaître les cursus et les profils des admis. En prime, le carnet d’adresses des établissements.

BTS INDUSTRIELS : recherche débutants ! Malgré les délocalisations, les industries sont aujourd’hui encore en quête de jeunes techniciens, avec parfois de belles carrières à la clef. «

’industrie fait peur. Les jeunes pensent tout de suite burette d’huile et clé à molette », regrette un responsable de formation. Pourtant, les BTS industriels comprennent un grand nombre de spécialités dont certaines sont extrêmement porteuses. Parmi elles, quelques-

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BTS unes, pointues, sont enseignées dans une poignée d’établissements seulement. Ils accueillent en majorité des bacheliers STI (sciences et technologie de l’industrie). Le BTP et l’industrie, pénalisés par une mauvaise image, manquent de bras, et certaines filières peinent à faire le plein de candidats. Seule exception, l’informatique qui fait toujours autant recette auprès des bacheliers. D’autant mieux inspirés que les sociétés d’informatique qui rechignaient à recruter des bac +2 se sont ravisées pour faire face au manque d’ingénieurs.

REPERES > 4 % DES CANDIDATS DU BTS sont titulaires d’un bac technologique, 27 % d’un baccalauréat général et 13 % d’un bac professionnel. > PLUS D’UN TIERS DES BTS poursuivent leurs études. > LES BTS INDUSTRIELS ET TERTIAIRES ne sont, respectivement, que 6 % et 9 % à être cadre trois ans après leur sortie (source Céreq).

OSER LES BTS DU BATIMENT « Nos diplômés ont le choix entre 6 ou 7 offres d’emploi. Les entreprises font preuve d’imagination pour capter leur attention et tenter de les récupérer », explique Michel Oudin, le proviseur de l’Ecole des travaux public de Vincennes. La dernière stratégie en date ? Les concours s’appuyant sur des défis techniques, comme par exemple le trophée 4L «Paris-Marrakech » organisé par Vinci. Les opérations de séduction se multiplient également du côté des différentes fédérations du BTP, entre visite de chantier et spots télé. Il faut dire qu’il y a des places à prendre. Les travaux publics annoncent 10000 postes à pourvoir dans les dix ans à venir. Et la carotte est alléchante : selon la Fédération française du bâtiment (FFB), un bac +2 touche entre 2 200 et 2 300 € mensuel à l’embauche selon les secteurs. D’ailleurs, d’après une étude du Céreq, ces diplômés seraient ceux qui touchent les meilleurs salaires et pour lesquels la déqualification n’a pas cours puisque les deux tiers d’entre eux occupent un poste de profession intermédiaire ou de cadre. Cerise sur le gâteau, les candidats à l’entrepreneuriat seront comblés. Sur les 280000 entreprises du bâtiment, la moitié passeront la main dans les dix ans, offrant de belles perspectives d’évolution. Outre les chantiers, les diplômés du BTP peuvent travailler en cabinet d’études ou d’architectes, ou encore dans les services techniques des collectivités locales. Parmi les diplômes de ce secteur, trois voguent actuellement sous des vents particulièrement porteurs. Il s’agit des BTS Bâtiment, Etudes et économie de la construction, et Travaux publics. Le premier destine à devenir conducteur de travaux ou chef de

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chantier. Le second prépare surtout à intervenir dans les bureaux d’études à tous les niveaux de la réalisation d’un projet, de la faisabilité financière jusqu’au contrôle des coûts et de la qualité. Quant à la filière Travaux publics, elle mène à la conduite d’un chantier de bout en bout. Les bacheliers de la filière STI Génie civil sont les mieux placés pour intégrer ces cursus, avec naturellement, les bacheliers scientifiques, peu nombreux à postuler. A noter également le BTS Topographie, très recherché car très peu d’étudiants en sortent chaque année. Si les bac+2 ont donc encore leur carte à jouer, les poursuites d’études peuvent néanmoins se révéler très intéressantes. L’école du BTP de Vincennes par exemple propose un diplôme européen avec la licence professionnelle de Marne-la-Vallée et celle de Preston en Angleterre. Pour Aurélie, l’effet auprès des recruteurs a été réussi et quasi immédiat : « Un quart d’heure après avoir déposé mon CV sur le Net, j’avais déjà des propositions d’embauche ! Au final, j’ai eu une dizaine d’offres. J’ai pu faire la fine bouche ! »

… ET CEUX DE L’INDUSTRIE Chaque semaine, Michel Nosré, responsable d’une agence Manpower spécialisée dans l’ingénierie industrielle et informatique, regarde les offres s’accumuler sur son site. Des dizaines de propositions ne trouvent pas preneurs. L’industrie embauche, mais les idées reçues ont la vie dure. Pourtant, on passe aujourd’hui plus de temps les mains sur un clavier d’ordinateur que dans le cambouis. Faut-il pour autant s’orienter vers ces métiers? Prudence, car sous nos latitudes, l’industrie apparaît comme une activité fragile, à la merci des délocalisations. Mieux vaut donc bien savoir choisir sa branche. Même si les diplômés de spécialités industrielles restent, dans l’ensemble, très prisés, certains sont plus courus que d’autres. En vedette, les détenteurs des BTS Conception de produits industriels (CPI) et Conception et réalisation carrosserie (CRC). « Sur une période de trois mois, l’une de nos recrues a été sollicitée deux fois au cours de sa mission. Avant la fin, il avait un poste qui l’attendait et il a fait grimper son salaire de 20 % », raconte Michel Nosré. Mieux, au bout de deux à trois ans, un technicien peut atteindre les 30 000 € annuel.


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Autre diplôme ayant toujours le vent en poupe : le BTS Mava, Maintenance et après-vente dans l’automobile, où un étudiant a le choix entre 4 ou 5 offres avant même l’obtention du diplôme. « Les élèves des BTS liés à la mécanique automobile et à l’électronique embarquée ont déjà un emploi avant même de sortir de l’école. Les employeurs chez qui ils ont fait leur stage les gardent », explique une attachée de recrutement Manpower. Encore plus rare, et donc plus coté, le BTS MCI (moteur à combustion interne). A la seule évocation du nom, les recruteurs s’arrachent les cheveux. Quelques dizaines de diplômés seulement sortent chaque année de ces promotions: «Il faut les pister, les recrutements s’effectuent souvent par le bouche-à-oreille », précise Michel Nosré. Autre filon, le BTS Traitement des matériaux. Il n’existe, à l’heure actuelle, quasiment aucune formation de niveau inférieur ou supérieur à ce BTS. Sa mission consiste à améliorer, dans le processus de fabrication, la résistance des métaux par traitement thermique. On les recherche particulièrement dans les laboratoires de contrôle ou les ateliers de traitement thermique ou de surface, dans l’automobile, l’aéronautique, la métallurgie, mais aussi dans l’orfèvrerie et la bijouterie de luxe. La moitié des admis ont un bac STI. Viennent ensuite les bacs STL. Enfin, à la lisière de l’industrie et du BTP, le BTS Constructions métalliques, qui recrute à une écrasante majorité ses candidats chez les bacheliers STI (70 %), principalement de la spécialité Génie mécanique. Sur le marché du travail, la concurrence est faible. Résultat, les salaires sont à la hausse là aussi.

L’INFORMATIQUE,TOUJOURS PORTEUR C’est reparti. Depuis les derniers mois, les plans de recrutement dans les SSII, les sociétés de service et d’ingénierie informatique se multiplient. Les chiffres donnent le tournis : quand Sopra Group annonce 1 400 recrutements en 2007, Atos Origin en affiche 2 600 par exemple. Dans une agence Manpower positionnée sur l’informatique, le nombre d’offres a augmenté de près de 70 % en un an. Et les bac +2 sont en bonne place pour prendre part à la reprise. Deux BTS alimentent en effet cette filière : Informatique et réseaux pour l’industrie et les services tech-

niques, et Informatique de gestion pour lequel les bacheliers STT, spécialité informatique et gestion constituent l’essentiel des admis (44 %). Cependant, la formation est également accessible aux bac S et ES, et 18 % sont déjà passés par la fac. Issu de l’ex-BTS Informatique industrielle, le premier offre une formation plus poussée dans la gestion et la mise en œuvre des réseaux, tout en élargissant les compétences à la gestion d’entreprise, et les interventions non seulement dans l’industrie, mais aussi dans le tertiaire et à la communication. Résultat, un BTS directement en concurrence avec le DUT Génie des télécommunications et des réseaux. Le second, bien que davantage destiné au tertiaire, a récemment été scindé en deux options : Administrateur de réseaux locaux d’entreprise, et Développeur d’applications. Mais la demande est telle que, bien souvent, les spécificités des options ne sont plus respectées.

PENSER AUX BTS AGRICOLES Vous rêver de travailler au grand air ? Il y a certainement un BTS agricole pour vous. D’autant que, selon le Céreq, après cinq ans de vie active, les bac +2 de l’agriculture sont ceux qui ont connu la période de chômage cumulée la moins longue, à savoir moins de six mois. Bien adaptés à la demande de l’agriculture mais aussi des industries agroalimentaires, ses diplômés se placent sans difficulté, et à des salaires tout à fait honorables. Par contre, si votre rêve est de vous promener dans les bois pour veiller au reboisement des forêts ou lutter contre les incendies, il faudra réétudier votre projet. Il existe bien un BTS Gestion forestière, mais l’insertion professionnelle est en réalité difficile, tant dans le secteur public (Office national des forêts) que privé (organisations professionnelles, cabinets d’expertise, propriétaires forestiers…). Parmi les outsiders, le BTS Gémeau (gestion et maîtrise de l’eau). C’est l’une des formations les plus recherchées par les entreprises. Diplôme anti-chômage grâce à la diversité même de ses débouchés : directions régionales du ministère de l’Environnement, syndicats de rivière, collectivités territoriales, stations d’épuration ou encore bureaux d’études privés. Avec lui, le BTSA Génie des équipements agricoles très bien adapté aux bacs techno (45 %) et aux bacs pro (27 %), mais aussi La cote des diplômes

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BTS

LE TOP DES BTS COMPLÉTER SON CURSUS, c’est le choix de plus en plus de titulaires d’un bac +2. Mais il faut que le domaine de spécialisation s’y prête. Selon le magazine l’Etudiant, les 6 meilleurs BTS pour pousser à bac +3 ou bac +5 sont : Assistance technique d’ingénieur, Commerce international, Comptabilité et gestion des organisations, Electrotechnique, informatique de gestion, et Management des unités commerciale. (Source: Palmarès BTS/DUT 2007, L’Etudiant, n° 291.)

aux bacs S (19 %), et le BTSA Analyse et conduite de système d’exploitation. Généraliste, ce dernier diplôme destine à diriger une exploitation agricole sans pour autant exclure d’autres carrières. Montpellier-I a d’ailleurs mis en place un IUP Economie agroalimentaire et du développement local, ouvert aux titulaires de ce BTSA. Egalement appréciés des recruteurs, les diplômes jouant la carte de la double compétence technique et commerciale. Ajouté à une spécialisation, l’insertion est souvent très réussie. Cinq options sont au choix : agrofournitures ; boissons, vins et spiritueux ; produits alimentaires ; produits d’origine forestière ; végétaux d’ornement. Le BTS Technico-commercial, option Boissons, vins et spiritueux de Tecomah offre même une ouverture à l’international avec deux langues obligatoires, une troisième optionnelle et l’obtention d’un double diplôme anglais, le Wine Trust Education. Mais il faut savoir que ces BTS relevant du ministère de l’Agriculture occupent une place à part dans le panorama des bac +2. Leur procédure d’inscription est différente des autres BTS : une commission nationale étudie toutes les candidatures et répartit les effectifs en fonction des vœux des étudiants. Pour s’inscrire, il faut alors retirer et remettre un dossier (un seul suffisant à exprimer jusqu’à quatre vœux) auprès du lycée d’enseignement général et technologique agricole de son département.

VISER LES BTS DITS RARES Ceux qui savent fureter feront des trouvailles. Certains BTS accueillant de petites promotions peuvent constituer de véritables niches d’emploi. On en recense une vingtaine, souvent dans le secteur industriel. Pour la plupart

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d’entre eux, ils sont même dispensés dans un seul établissement. Comme le BTS Industrie céréalière à l’Ecole nationale supérieure de meunerie et des industries céréalières à Paris. Ici, la priorité est donnée aux bac S et STI mais aussi, plus exceptionnellement, à quelques excellents BTA. Etant l’une des sept écoles les plus réputées dans le monde de la meunerie, l’insertion est plutôt facile d’autant plus que, dans ce milieu, le réseau des anciens et la cooptation jouent à plein. A noter également le très couru BTS Art céramique, préparé uniquement dans deux écoles dont l’ENSAAMA à Paris, avec ses 1 900 candidats pour 120 places offertes, ou le BTS Géologie appliquée, présent dans un seul établissement, à Nancy. Bac S obligatoire, il forme des diplômés rompus à l’investigation géologique, géophysique et géotechnique indispensable à l’étude de réalisation des grands travaux publics. Autant dire une mine d’or côté débouché. Mais là aussi, la concurrence est rude. Il faut compter une centaine de candidats pour 20 places. Autre piste pour les scientifiques, le BTS Contrôle des rayonnements ionisants et application des techniques de protection. Dispensé à l’Institut national des sciences et techniques nucléaires à Cadarache (Bouches-du-Rhône), ce diplôme reste atypique car il recrute uniquement des titulaires d’un bac +2 : DUT Hygiène, sécurité, environnement et mesures physiques en priorité, puis BTS et Deug scientifiques. Au programme : physique nucléaire, détection des rayonnements, protection contre la contamination, physique sanitaire, stage de 9 semaines au CEA (Commissariat à l’énergie atomique), à la Cogema, EDF… Les débouchés sont immédiats. On peut encore citer le BTS Peintures, encres et adhésifs, préparé dans trois établissements, ou celui de Physico-métallographe de laboratoire, dispensé uniquement dans une école parisienne. Ce dernier forme des techniciens très recherchés dans l’aéronautique, la sidérurgie, l’automobile, l’électronique, les activités spatiales, mais aussi à la SNCF ou à la RATP. Et comme 70 % des diplômés poursuivent leurs études, ceux qui optent pour le marché du travail n’ont que l’embarras du choix.


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BTS DES SERVICES : viser juste Il faut pister les bonnes spécialités et regarder les débouchés à la loupe. Flair et sens critique exigés. es diplômés ont moins la faveur des recruteurs. S’ils se casent sans trop de difficultés à la sortie, les salaires sont moins élevés que dans l’industrie et les statuts moins favorables. Ils ne sont qu’un tiers à décrocher un CDI en début de carrière. Trois ans après leur sortie, ce taux grimpe à 75 %, mais à peine la moitié accèdent à une profession intermédiaire, et 8 % au statut de cadre. Prudence donc. D’autant que les performances varient beaucoup selon la spécialité choisie.

C

COMMERCE ET BANQUE Les commerciaux ont le vent en poupe. Tous les secteurs ou presque les recherchent pour remplir leurs carnets de commande. Les banques et les assurances notamment raffolent de ces profils. « Les BTS préparant aux carrières commerciales sont toujours d’excellentes formations très demandées, surtout pour ceux qui ont privilégié l’alternance, souligne Pascale Pourrier, responsable d’une agence Manpower spécialisée. Et ils sont de plus en plus nombreux à se diriger vers la banque, l’assurance ou l’immobilier. » Contrairement aux idées reçues, le monde bancaire n’est pas réservé aux « sur-diplômés ». Selon l’Association française des banques (AFB), près de la moitié (45 %) des embauches s’adressait aux bac +2 et +3 en 2005. Des bataillons de BTS sortant des filières MUC (management des unités commerciales), NRC (négociation et relation client) ou Banque sont recrutés dans les réseaux où ils représentent, là encore, la moitié des embauches. La récente réforme des BTS Force de vente et Action commerciale, remplacés respectivement par Négociation et relation client (NRC), et Management des unités commerciales (MUC), n’a pas remis en cause l’insertion professionnelle des étudiants. Une fois dépassée la caricature du VRP faisant du porte-à-porte, les diplômés ont de belles perspectives sur le

terrain : «Sur NRC, je reçois plus d’offres que de demandes, assure Béatrice Navaro, la responsable de ces diplômes chez Négocia à Paris. Par contre, les entreprises sont plus attentistes sur MUC. J’ai moins d’offres, mais nos élèves ont tout de même le choix de l’employeur. » Dans la nouvelle mouture, le BTS NRC forme davantage au management et à la fidélisation de la clientèle. De la prospection jusqu’à la fidélisation, le diplômé gérera la relation client dans sa globalité. Même recentrage pour l’ex-BTS Action commerciale. Si ce diplôme formait des spécialistes de la stratégie commerciale, l’accent est mis, dorénavant, sur la formation de responsables de points de vente réels ou virtuels. Contrairement à Négociation et relation client qui attire une majorité de bacs STT, Management des unités commerciales séduit davantage les bacs généraux. Tout comme le BTS Commerce international qui compte 33 % de bac STT, suivis de près par les bac ES (27 %) et L (13 %). Les étudiants doivent avoir un bon niveau de culture générale, et, condition sine qua non, maîtriser deux langues vivantes dont l’anglais obligatoire. Enfin, le BTS Technico-commercial avec ses quatre options : matériaux du bâtiment ; bois et dérivés ; génie électrique et mécanique, et matériaux souples. Les promotions de l’option Génie électrique et mécanique sont les plus importantes et se composent majoritairement de bacheliers STI (62 %). Ce BTS réserve une place importante à l’enseignement industriel, assorti d’économie, de gestion, de droit… Ce spécialiste du négoce industriel est particulièrement recherché dans l’import-export, l’informatique, le BTP ou encore dans l’industrie textile ou forestière. Et le manque de candidats fait grimper les salaires… Pour les diplômés qui désireraient poursuivre leurs études, il existe plusieurs solutions. Parmi les choix possibles, une licence professionnelle – nombreuses autour de ces spécialités– ou encore une troisième année de spécialisation. Négocia par exemple, propose à ses étudiants une année supplémentaire à Londres pour obtenir un Bachelor au Collège européen de business et d’administration. Quant aux meilleurs éléments, ils se frotteront aux concours des écoles de commerce. La cote des diplômes

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BTS HOTELLERIE ET RESTAURATION ET TOURISME Les syndicats professionnels de l’hôtellerie-restauration clament qu’il leur manque 60 000 collaborateurs. Mais les candidats ne se pressent pas au portillon. Il faut dire que les salaires de départ y sont généralement faibles. Les emplois saisonniers ou en intérim sont fréquents, et les horaires souvent extensibles. Cependant, dans un secteur où beaucoup d’employés n’ont pas ou peu de diplômes, le BTS Hôtellerie-restauration et ses deux options (Mercatique et gestion hôtelière, et Art culinaire, art de la table et du service) reste un must. De plus, ces métiers ouvrent la voie à de belles carrières internationales, contrairement au BTS Tourisme qui, malgré les idées reçues, mène souvent derrière un comptoir ! Selon le Céreq, les diplômés du tourisme subissent plus massivement un déclassement à l’embauche : 20 % d’entre eux seulement occupent un poste de technicien ou d’agent de maîtrise, contre 37 % en moyenne pour les BTS tertiaires. Et trois ans après l’obtention du diplôme, ils ne sont que 1% à accéder au statut de cadre ! Inévitablement, les salaires sont inférieurs de 10% à la moyenne du salaire médian des sortants de BTS tertiaire. Ceux qui rêvent d’expatriation pourront tenter leur chance avec le récent BTS Responsable de l’hébergement à référentiel commun européen. Créé sur l’initia-

tive de neuf pays partenaires (la Belgique, l’Espagne, la France, l’Italie, la Grèce, la Hongrie, les Pays-Bas, la République tchèque et le Royaume-Uni), il est aujourd’hui dispensé dans six établissements. Les candidats devront être titulaires d’un bac technologique Hôtellerie et obligatoirement maîtriser deux langues étrangères. Ce diplôme vise exclusivement les emplois proposés dans de grands établissements hôteliers, surtout dans la gestion de l’accueil. Au programme, donc, gestion et techniques des ressources humaines, organisation et gestion administrative et comptable, communication professionnelle, droit appliqué à l’hébergement, organisation et technique de la réception en deux langues… Le bilan de la première promotion du lycée Alexandre-Dumas à Strasbourg-Illkirch sortie en 2005 est plutôt mitigé. Trois mois après la sortie, ils sont près de 67 % à être dans la vie active, 22% à poursuivre leurs études et 11% à pointer au chômage.

SECRETARIAT ET GESTION Si la plupart des BTS sont dispensés dans une centaine d’établissements, le secrétariat et la gestion battent tous les records. Plus de 500 établissements préparent au BTS Assistant de direction, et près de 600 pour le BTS Assistant de gestion PME-PMI. Ces cursus restent dans le peloton de tête des filières qui attirent le plus d’étudiants. Les bacheliers STT

(1) MEA : maîtrise de l’eau en agriculture. (2) GSEA : gestion des services d’eau et d’assainissement.

6 EXEMPLES DE BTS VILLE/DIPLÔME LILLE (ECOLE D’OPTIQUE)/ OPTICIEN-LUNETIER RENNES-LE RHEU/ GESTION ET MAÎTRISE DE L’EAU • OPTION MEA (1) • OPTION GSEA (2) STRASBOURG-ILLKIRCH/ RESPONSABLE DE L’HÉBERGEMENT

NBRE DE PROFES-

NBRE

NBRE

DE PLACES

DE CANDIDATS

113

180

7

18 18 12

30 40 60

TAUX DE

TAUX ÉLÈVES PARTANT À L’ÉTRANGER

RÉUSSITE (SESSION

2006)

COÛT SCOLARITÉ (EN €/AN)

8 sem.

0%

87 %

5 000

18

12 sem. 16 sem. à l’étranger + 6 sem. en France

90 % 86 % 92 %

Gratuit

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NS (1 étudiant par an) 100 %

SEURS PERMANENTS

À RÉFÉRENTIEL

DURÉE MIN. DE STAGE

gratuit

RAPIDITÉ D’INSERTION

NC 50% au bout de 3 mois, 100% au bout de 6 mois 89% au bout de 3 mois

SALAIRE BRUT MOYEN À LA SORTIE (EN €/AN)

15 600 à 18 000 12 000 à 17 000 15 000 à 18 000

COMMUN EUROPÉEN

VINCENNES (ECOLE DU BÂTIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS)/

• ECONOMIE DE LA CONSTRUCTION • TRAVAUX PUBLICS

100% au bout de 3 mois

5% 32 44

70 100

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8 sem. 11 sem.

50 % 75 %

900 900

22 500 à 24 000 25 000 à 27 000


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constituent le gros des troupes : ils représentent 61% des admis au BTS Assistant de gestion de PME-PMI, 58 % pour Assistant de direction et 38 % pour Assistant secrétaire trilingue. Viennent ensuite les bacs pro et les bacs généralistes comme ES ou L, notamment pour Assistant secrétaire trilingue. Les programmes des BTS Assistant de direction et Assistant secrétaire trilingue comprennent des matières générales (droit, économie, français, communication, langues vivantes) et des cours professionnels. Pour Assistant secrétaire trilingue, deux langues étrangères sont même obligatoires ainsi qu’un stage à l’étranger. A mi-chemin entre l’administratif et le commercial, le BTS Assistant de gestion de PME-PMI prépare, lui, à toutes les fonctions d’assistance des dirigeants : accueil des clients, devis, contrats, conseils… Très axé sur les PME, on y étudie surtout l’administration et la gestion de ces entreprises. Si la poursuite d’études est difficile pour les BTS du secrétariat, plus de la moitié des diplômés de la comptabilité-gestion enchaînent vers l’expertise comptable. La concurrence et le niveau d’emploi poussent à reculer l’entrée sur le marché du travail. Les CV des BTS Comptabilité et gestion des organisations se retrouvent souvent face aux DUT GEA, option finance-comptabilité. Du coup, ils sont de plus en plus nombreux à enchaîner BTS, DECF (diplôme d’études comptables et financières) et DESCF (diplôme d’études supérieures comptables et financières).

LES NICHES ET LES AUTRES… Gare aux spécialités « paillettes » souvent guère porteuses en termes d’emploi. La communication audiovisuelle, l’architecture d’intérieur, le design de mode ou encore l’expression visuelle font rêver, mais l’insertion et les fins de mois sont souvent difficiles. Ces diplômes subissent de plein fouet la concurrence des diplômes supérieurs, plus attractifs pour les recruteurs. Idem pour les BTS Arts appliqués, à l’exception des établissements parisiens comme Boulle, Olivierde-Serres, Estienne et Duperré. Pour une meilleure adéquation avec le marché du travail, le BTS Stylisme de mode a d’ailleurs disparu en 2003 pour le BTS Design de mode, textile et environnement. Ce nouveau diplôme qui aborde l’architec-

ture et le travail dans l’espace apporte ainsi de nouvelles opportunités dans la décoration d’intérieur. A noter également que la majorité de ces BTS pour créatifs demandent très souvent une année de mise à niveau. Pour le BTS Design de mode, textile et environnement par exemple, tous les bacs autres que le STI Arts appliqués devront y passer. Même traitement pour le BTS Expression visuelle, où seuls les bacs STI Arts appliqués et les BT Dessinateur-maquettiste échapperont à cette année supplémentaire d’études. Certains diplômes réservent cependant de bonnes surprises, comme le BTS Audiovisuel. Ce diplôme surfait déjà sur la multiplication des chaînes, mais avec le lancement de la TNT (Télévision numérique terrestre), ses diplômés ont encore de beaux jours devant eux. Quelle que soit l’option choisie (montage, son, techniques d’ingénierie et gestion de production), ils sont recherchés autant par les télévisions que par les radios et les maisons de production. Mais seuls ceux de l’option Techniques d’ingénierie échapperont au statut d’intermittent du spectacle avec un salaire moyen de 2 000 € par mois. Cependant, si certains rament, d’autres au contraire refusent les contrats. Au bout de trois à quatre ans d’expérience, certains anciens touchent d’excellents salaires. Autre filon, le BTS Opticien-lunetier où le bac S est plus que recommandé (54 % des admis). Toutefois, les bacheliers sont en concurrence avec des candidats ayant déjà effectué une année d’études supérieures (22 %), notamment en fac de médecine. Ajouté à un bon sens commercial, l’insertion devrait être réussie car les débouchés sont là. Diplômé en 2006, Benoît Zilavec a eu trois propositions d’embauche. « Il n’est pas rare d’avoir deux offres pour un diplômé, quand ce n’est pas plus. On n’arrive pas à satisfaire toutes les demandes », confirme Dominique Delhorbe, directeur de l’Ecole d’optique de Lille. Mieux , les évolutions de carrières seront au rendez-vous : «Au bout de deux ou trois ans, ils peuvent avoir assez vite des responsabilités à travers le management d’équipes ou la direction de magasin, précise Dominique Delhorbe. Et leur salaire peut doubler, pour atteindre les 3 000 € brut mensuel. » Pas mal pour un bac+2, non? La cote des diplômes

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DUT

DUT : pour faire coup double Le diplôme universitaire de technologie cumule les atouts : l’insertion est souvent excellente et le cursus ouvre la porte aux poursuites d’études.

A CLIQUER > Les 115 instituts

répartis sur l’ensemble du territoire proposent 24 spécialités : 16 du secteur industriel, et 8 des services. Le site des directeurs d’IUT permet de retrouver notamment l’adresse d’un IUT et son offre de formation : WWW.IUT-FR.NET

POUR S’INSCRIRE > Pour les inscriptions, le site incontournable reste www.candidut.com. Mais pour les IUT d’Ile-deFrance, il faudra d’abord se connecter sur le système Ravel (WWW. RAVEL-INFO.FR), puis sur WWW.IUT-IDF.ORG

la moulinette du LMD (licence, master, doctorat), le DUT a résisté. En effet, n’en déplaise aux réformateurs, ce diplôme de niveau bac +2 est toujours debout, et les responsables de filières plus que jamais d’attaque. Le bac +3 est devenu la norme ? Les instituts universitaires de technologie (IUT) se positionnent également sur le bac +3. Fort de leur réseau d’entreprises, ils proposent 60 % des licences professionnelles de l’université, devant les UFR. Cela tombe bien, car 74 % de leurs diplômés poursuivent désormais leurs études. Dans le vent de la réforme, voilà le DUT devenu un diplôme intermédiaire au sein du cursus de licence en IUT. Mais les étudiants les plus pressés ont toujours la possibilité de quitter les bancs de l’école pour aller vers la vie active. Nombre d’entreprises en manque de bras et friandes de jeunes vite opérationnels les recrutent à la pelle. La dernière enquête nationale, lancée auprès des diplômés 2003 deux ans et demi après leur sortie, confirme d’ailleurs l’efficacité du DUT : parmi la minorité des étudiants visant une insertion directe, 8 % seulement sont en recherche d’emploi. Autre point positif, les CDI sont majoritaires (80 %). Par contre, pas de grands changements du côté des postes occupés comme du côté des salaires. Selon l’Adiut, l’Assemblée des directeurs d’IUT, la proportion d’emplois de niveau cadre reste stable depuis les trois enquêtes menées depuis 2003. Rivée à 6 %. Il en est de même pour les rémunérations, avec un salaire net médian qui est calé

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à 1 200 € par mois, 1 325 € avec les primes et/ou le treizième mois. Mais qui sait bien choisir sa spécialité tirera son épingle du jeu. Car en la matière, toutes les filières ne sont pas sur un même pied d’égalité. Les principaux secteurs de recrutement restent l’industrie, le commerce et les transports, le BTP, l’informatique, ou encore les banques ou les assurances. Selon l’Association française des banques (AFB), près de 45 % des embauches concernaient les bac +2, +3 en 2005. Les DUT ne sont pas encore enterrés.

LA SELECTION Il faut se préparer à batailler ferme pour gagner sa place. Les candidats sont départagés sur dossier, voire sur entretiens et tests. Dans certains départements, comme celui d’Info-com, option Journalisme, ces tests prennent même l’allure d’un véritable concours avec des épreuves écrites et un oral. A l’IUT de Bordeaux, par exemple, ils sont 1 500 à 1 700 à se présenter pour une cinquantaine de places. En informatique, seuls 20 % des élèves sont élus en moyenne. Dans les coulisses, la commission d’admission établit deux listes, la générale et la secondaire où figurent les candidats en ballottage. Mais au final, le recrutement peut se révéler moins sélectif qu’il n’y paraît car les bacheliers multiplient les candidatures pour augmenter leur chance de réussite. Aussi, les désistements sont fréquents. Et chaque année, à la rentrée, c’est toujours le même phénomène contradictoire qui se produit : des IUT disposent de places vacantes alors que des élèves se trouvent sans affectation. En 2006, le ministre délégué


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à l’Enseignement supérieur et à la recherche estimait le nombre de chaises vides à 5 000. Il y donc des places à prendre, mais gare aux désillusions : « Il existe bien des places vacantes, mais jamais dans le tertiaire », prévient Philippe Pierrot, le président de l’Adiut, l’Assemblée des directeurs d’IUT. Pour optimiser ses chances de réussite, mieux vaut donc avoir le bon profil. Le choix d’un DUT est étroitement lié au bac d’origine. Un bachelier L n’a aucune chance d’être admis en DUT STID (Statistique et traitement informatique des données), mais se trouve en bonne place pour les DUT information-communication et carrières sociales par exemple. Mais quelle que soit la filière choisie, les bacs généralistes trustent la majorité des places. Dans les filières scientifiques, les bacs S s’imposent. En mesure Physique, ils raflent presque toutes les places (93 %) comme en chi-

LE PALMARES DES DUT Animateur socio-culturel, gestionnaire des stocks, logisticien dans l’industrie, technicien spécialisé en réseaux et télécom… L’éventail des professions accessibles directement après un DUT est large. En revanche, les perspectives d’embauche sont très variables selon les diplômes et la spécialité. L’Etudiant a réalisé un palmarès des DUT selon deux catégories : Meilleurs diplômes pour se diriger vers la vie active et Meilleurs diplômes pour prolonger son cursus.Figurent dans le premier classement : les DUT Carrières sociales, Génie civil, Gestion logistique et transport, Hygiène, sécurité, environnement, Qualité, logistique industrielle et organisation, et enfin Services et réseaux de communication. Par ailleurs, 12 DUT ont été élus meilleurs diplômes pour prolonger son cursus. Le tiercé gagnant est le DUT Carrières juridiques, Génie électrique et informatique industrielle et Mesures physiques, avec « des moyennes d’études très supérieures à la moyenne nationale ». Bref, de bons chevaux pour tenter de pousser un peu plus loin en assurant un diplôme directement monnayable sur le marché du travail. L’ETUDIANT, PALMARÈS BTS/DUT 2007, n° 291, janvier 2007, 4,90 €.

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L’AVIS DES ANCIENS > Faut-il s’insérer directement ou pousser à bac +3 ? Sur le site de l’IUT de ClermontFerrand, les anciens élèves donnent leur avis sur les filières et les poursuites d’études. Qu’ils soient diplômés du DUT Diététique ou du DUT Génie des télécommunications, ils ajoutent tous leur grain de sel. Des témoignages instructifs à lire aux côtés des dernières enquêtes d’insertion sur HTTP://IUTWEB. U-CLERMONT1.FR

REPERES > Chaque année,

les IUT forment 121 000 étudiants. > Le coût annuel de la formation s’élève à environ 160 €. > Le taux de réussite au diplôme en deux ans est de 62,3 % pour les inscrits du secteur de la production, contre 68,9 % dans les services. > A la sortie, le taux de poursuite d’études s’élève aujourd’hui à 74 %.

mie (89 %) ou en en génie biologique. En Gestion des entreprises et des administrations (GEA), près de 70 % des admis sont des bacs généralistes avec en tête la série ES. Les spécialités qui accueillent les bacs pro sont peu nombreuses. Parmi elles, GLT (Gestion logistique et transport), GIM (Génie industriel et maintenance) et OGP (Organisation et génie de la production). Mais leur proportion oscille entre 2 et 5 % ! « Le niveau d’exigence rend difficile la réussite des bacs pro, explique Michel Le Nir, président de la commission Alternance et Insertion professionnelle à l’Adiut. Il n’est pas rare qu’on ait besoin de trois ans pour les amener au diplôme. »

L’ORGANISATION DES ETUDES On est loin de l’anonymat des amphis de la fac où l’absence d’un étudiant passe inaperçue. A l’IUT, les études sont sous étroite surveillance. Pas question de sécher les cours : l’assiduité est obligatoire et l’évaluation repose sur le contrôle continu. De plus, le rythme y est intensif. L’emploi du temps compte une trentaine d’heures de cours par semaine, auxquelles il faut ajouter le travail personnel. En tout, ce sont près de 1 800 heures de cours, travaux pratiques et dirigés. Tant pour valider la première année que pour décrocher le diplôme, il faut avoir non seulement un minimum de 10 sur 20 de moyenne générale, mais aussi 8 sur 20 au minimum dans chacune des unités d’enseignement. Avec la réforme LMD, l’organisation du DUT se fait désormais autour d’une majeure garantissant le noyau dur des compétences attendues dans le domaine professionnel visé, et de trois modules complémentaires. Le premier renforce l’objectif originel du diplôme, à savoir l’insertion professionnelle à bac +2. Le second prépare et accompagne les étudiants souhaitant poursuivre en licence professionnelle. Quant au dernier module, il doit permettre l’aménagement de passerelles vers les autres formations à finalité professionnelle en offrant un renforcement théorique. Mais l’une des pierres d’angle de la formation reste la professionnalisation. Pour chacune des 24 spécialités – 16 dans le secondaire et 8 dans le tertiaire– les programmes sont définis par des commissions pédagogiques nationales

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composées de représentants du monde du travail. Mieux encore, pour assurer une meilleure intégration dans le tissu économique local, les formations ont la possibilité d’adapter jusqu’à 20 % du volume horaire total des cours. Par ricochet, la réactivité des IUT face aux évolutions du marché est très forte. Les responsables n’hésitent pas à modifier leur programme. Ainsi, le tout nouveau DUT QLIO (Qualité, logistique industrielle et organisation) résulte de la fusion de deux mentions : OGP (Organisation et génie de production) et MCQ (Métrologie, contrôle, qualité). « Cette nouvelle filière devrait élargir les débouchés vers les fonctions Qualité en entreprise, explique un enseignant de cette spécialité. Les banques et les assurances qui s’engagent dans une démarche qualité et de certification type ISO 9000 pourront dorénavant regarder aussi du côté de ses diplômés. » Enfin, dernier atout, la philosophie du DUT fait la part belle à la culture de projet. Développée à travers des travaux personnels et en équipe, elle vient consolider l’approche pratique et concrète des études en plus du projet tuteuré et des stages. A la sortie, l’étudiant pourra se prévaloir d’au moins dix semaines en entreprise. Pour être plus pro encore, l’alternance reste un must. L’apprentissage permet d’alterner les périodes en entreprise et à l’IUT tout en étant rémunéré. Un vrai plus sur le CV.

LES DEBOUCHES Le DUT offre souvent une voie royale vers l’entreprise, exceptées quelques filières du secteur tertiaire. Mais les « dutiens » sont peu pressés d’entrer dans la vie active et sont très nombreux à poursuivre leurs études. Si vous êtes tentés par cette option, sachez que les chances de réussite sont différentes d’une voie à l’autre : « Le taux de réussite est plus élevé pour les cursus professionnels que pour les cursus classiques où le taux d’échec atteint 17 % contre 4 % en licence professionnelle », précise Michel Le Nir. Selon la dernière enquête de l’Adiut, plus d’un quart des diplômés du secondaire (27 %) se dirigent vers les écoles d’ingénieurs qui leurs ouvrent les portes de plus en plus grandes. En 2006, Supelec compte 9 DUT parmi ses admis, l’ECE Paris en


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affiche 16, l’Isep Paris 18… Le DUT, comme cheval de Troie, a fait ses preuves. Les meilleurs éléments contournent ainsi les classes préparatoires tout en assurant leurs arrières avec un bac +2 ayant la cote auprès des DRH. Un stratagème usé, mais toujours judicieux.

INDUSTRIE,BTP,LOGISTIQUE ET TRANSPORT : des jobs à saisir ! Pas sexy l’industrie ? Pourtant, il y a des places à prendre… Un secteur pourvoyeur d’emplois ! ’est un véritable gâchis. « On est face à un paradoxe : il y a un gros besoin de techniciens de la part des entreprises, mais nos élèves veulent s’inscrire dans le “L”. La fuite de nos bac +2 vers les bac +3 s’accélère », remarque Françoise Morelle, responsable du département Gestion logistique transport (GLT) à l’IUT Lumière à Lyon. Même constat du côté du département Génie civil de l’IUT Robert-Schuman à Strasbourg : « On croule sous les offres d’emploi, les entreprises nous réclament des DUT, mais nous ne pouvons pas satisfaire toutes les demandes. Chaque étudiant a le choix entre une dizaine de propositions ! », explique Bernard Lickel, le directeur du département. Les DUT surfaient déjà sur une pénurie de techniciens, mais avec la réforme des cursus poussant les étudiants à intégrer le « 3-5-8 » européen, les entreprises doivent prendre leur mal en patience. L’industrie souffre encore d’une image peu sexy. La caricature du travail à l’usine dans un environnement bruyant, salissant et offrant des rémunérations médiocres à la vie dure. Dommage, car les bac +2 de l’industrie cumulent les atouts. Selon le Céreq, ils sont 81 % à bénéficier « d’un accès rapide et durable à l’emploi », et trois mois après la fin de leur études, seuls 7% d’entre eux pointent au chômage. Seul bémol : un gros tiers des BTS-DUT débutent en intérim : « Un mois et demi suivant la sortie, tous nos diplômés sont en emploi. Mais la moitié en intérim », confirme Françoise Morelle. Cependant, l’industrie offre de réelles perspectives. En génie civil par exemple, « il s’agit sou-

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vent de métiers à forte responsabilité, et où il n’est pas rare d’obtenir de nombreux avantages en nature, comme la voiture ou le téléphone par exemple », précise Bernard Lickel. Après bien des campagnes publicitaires officiées par l’UIMM, l’Union générale des industries minières et métallurgiques, ou les fédérations du bâtiment et des travaux publics, quelques tabous tombent peu à peu. « En DUT Génie civil, on constate une augmentation des candidatures de 15 à 20 % par an depuis trois ans. Il y a des postes à prendre, et cela commence enfin à se savoir », explique Bernard Lickel. La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) note également une hausse des effectifs de 20 % dans les filières de formation aux métiers des travaux publics à la rentrée 2006. Les départements Génie thermique des IUT profitent aussi de l’embellie, avec une augmentation de 15 % des étudiants. Idem du côté des GLT : « Les candidatures repartent à la hausse, de 10 % environ », note Françoise Morelle. Pourvu que ça dure…

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TEMOIGNAGE ANAIS ET VALERIE, diplômées (2006) du DUT Gestion des entreprises et des administrations Elles sont deux copines de promo, toutes deux diplômées du DUT GEA de Longwy, mais elles ont choisi des voies différentes. Anaïs a décidé de poursuivre ses études en licence professionnelle, et Valérie a opté pour la vie active. « J’ai préféré l’IUT à la fac pour voir le monde de l’entreprise à travers le stage de dix semaines. Les études sont plus structurées, les profs sont davantage à l’écoute », raconte Anaïs. Mais « poussée par la réforme LMD, je voulais un bac +3 », poursuit-elle. Valérie, elle, a cédé aux propositions alléchantes d’une société d’investissement au Luxembourg : « J’ai eu trois propositions d’embauche. J’ai même signé mon contrat avant d’être diplômée. Le DUT m’a donné une culture générale, et j’ai gagné en maturité. » Cerise sur le gâteau, son salaire plutôt rondelet pour un bac +2 : 2 400 € sans le treizième mois et les primes.

PROBABILITE DE REUSSITE > DANS LE SECTEUR DE LA PRODUCTION,

la réussite en deux ans des bacheliers généraux reste très forte (74 %). En revanche, l’écart se creuse entre bacheliers scientifiques (70 %) et économiques (62%). Les chances de succès sont plus faibles encore pour les bacheliers technologiques (48 %). (Source DEPP, 2006.)

SEDUIT PAR L’INDUSTRIE ? Vous visez les bureaux d’études, les services de gestion de la production ou les laboratoires d’essais et de contrôle ? Le DUT Génie mécanique et productique est pour vous. D’autant plus si vous êtes titulaire d’un bac S ou STI, qui représente respectivement 62 et 36 % des admis. Avec la réforme, l’accent est mis davantage sur le management, l’encadrement des hommes, la gestion de production et la qualité. Et, à la sortie, l’insertion est au rendez-vous : « Des entreprises comme Peugeot, Renault ou la Marine nationale viennent recruter nos jeunes avant même d’être diplômé », raconte Régis Ruiz, responsable de ce DUT à l’IUT de Dijon. Autre diplôme anti-chômage, le DUT Génie thermique et énergie. Le responsable de Saint-Lô reçoit depuis plusieurs années cinq fois plus d’offres d’emploi qu’il n’a d’étudiants. Il faut dire que les débouchés sont nombreux : aéronautique, industrie pétrolière ou agroalimentaire, entreprise de climatisation, bureaux d’études dans le bâtiment… Les diplômés n’ont que l’embarras du choix. Porteur également, le DUT Génie industriel et maintenance ou encore le DUT Sciences et génie des matériaux. Pour le premier, les bacs STI et S sont les plus adaptés ; pour le second, les bacs S représentent près de 70 % des admis, loin devant les bacs STI (26 %) et STL (5 %). Au programme : chimie, thermodynamique,

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électricité, matériaux, écoulement des fluides, mécanique, dessin et documentation technique, mathématiques ou encore l’anglais. Les matériaux touchent tous les secteurs, alors là aussi, ce n’est pas le boulot qui manque.

ATTIRE PAR LA LOGISTIQUE ? « On souffre beaucoup de la connotation négative des transports. Les jeunes ont en tête l’image du conducteur routier », explique Françoise Morelle, responsable du département Gestion logistique transport (GLT) à l’IUT Lumière à Lyon. Pourtant, la carotte est là : les diplômés GLT mettent seulement un mois et demi à s’insérer, avec un salaire moyen de sortie de 1 300 € net mensuel, 1 475 € avec les primes et/ou le treizième mois. Ils sont chef d’escale, agent d’exploitation, agent de transit, gestionnaire des stocks ou responsable en approvisionnement. De plus, contrairement aux idées reçues, l’enseignement est davantage tourné vers la logistique que les transports. Au total, 22 instituts proposent ce DUT. Par contre, les allergiques aux langues étrangères devront passer leur chemin car deux langues sont obligatoires. Proximité du marché allemand oblige, l’IUT de Metz va même jusqu’à dispenser un quart de ses cours en allemand. Enfin, dernier atout : les évolutions de carrière sont réelles. Diplômé en 2000 de l’IUT Lumière, Alexandre est aujourd’hui responsable approvisionnement chez Go Sport, et partage son temps entre la Chine et la France. Clément est également de la même promotion, mais il a échoué au diplôme. Il a pourtant décroché un VIE chez Valéo en Thaïlande, pour gérer un entrepôt logistique. Avis aux amateurs… BRANCHE PAR L’INFORMATIQUE ? C’est une excellente nouvelle pour les diplômés des DUT Informatique, services et réseaux de communication, Réseaux et télécommunications, Statistiques et traitement informatique des données… Le secteur informatique embauche de nouveau à tour de bras : « Le nombre de demandes a explosé. Nous avons 60 à 70% d’offres en plus par rapport à l’année dernière », remarque Virginie Bousquet, responsable d’une agence Manpower spécialisée en informatique. Seul bémol, « le marché des salaires n’est pas reparti, poursuit Virginie Bousquet. Les jeunes


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diplômés qui débarquent sur le marché du travail pensent valoir de l’or ! Mais les entreprises proposent des salaires de 1500 à 1 600 €. » De plus, les chouchous des recruteurs restent les diplômés en alternance : « Les entreprises recherchent si possible des candidats avec de l’expérience. Elles privilégient souvent l’alternance. » Autre point à ne pas négliger, le savoir-être : « Un bon technicien informaticien est aussi un bon communicant. Du fait de la forte activité de contacts clients, le comportement est extrêmement important », insiste Virginie Bousquet. Pour profiter de la manne, le DUT Informatique reste un bon diplôme à monnayer. Avec la réforme, ce DUT qui recrute principalement des bac S a perdu ses options autrefois au nombre de trois. La différenciation se fera donc via les adaptations locales et les modules complémentaires. Mais pour se distinguer, il faudra peut-être opter pour le DUT Statistique et traitement informatique de données. Réformé lui aussi, son programme a été allégé en maths et l’informatique a été gonflée. On ne le trouve seulement que dans une dizaine d’IUT. Avec 200 diplômés environ chaque année, les problèmes d’insertion sont quasi inexistants. Davantage axé sur l’industrie, le DUT Génie électrique et informatique industrielle (GE2I) accueille une majorité de bacheliers STI (60 %), suivis par les bacheliers S (39 %). Mais trois BTS sont en concurrence avec ce diplôme : le BTS Electrotechnique, le BTS Informatique industrielle et le BTS Systèmes électroniques. Autre diplôme ayant la faveur des recruteurs, le DUT Services et réseaux de communication. Les emplois se situent au sein des services de communication, de marketing, dans les agences de création de site Internet ou encore dans la création audiovisuelle. Du coup, ces enseignements sont beaucoup plus généralistes et moins techniques en première année. Au programme, langue et communication interculturelle, théorie de l’information et de la communication, esthétique, écritures, langages et communication… Enfin, dernière piste à privilégier, le DUT Réseaux et télécommunications. Les bacs S décrochent la moitié des places offertes en première année, avec 55 % des effectifs, suivis de peu par

les bacs STI (42,5 %). Appréciés également, les titulaires d’un bac pro MRBT (Maintenance des réseaux, bureautique, télématique). Les rémunérations peuvent être très attractives. A l’IUT de ClermontFerrand, la dernière enquête d’insertion réalisée en 2006 auprès des diplômés 2005 affiche une fourchette de salaire allant de 1 210 € à 3 230 € brut mensuel, ce qui avoisine ou dépasse bon nombre de rémunérations proposées aux bac +3, voire aux bac +5. Qui dit mieux ?

SPECIALITES DES SERVICES : quelques filons Si certaines spécialités tirent leur épingle du jeu, d’autres sont en revanche beaucoup plus aléatoires… La prudence s’impose. ’industrie contre les services, c’est un peu le pot de fer contre le pot de terre. Tant du point de vue des débouchés que de celui des salaires. Selon le Céreq, les DUT du tertiaire touchent un salaire moyen de 1 200 € net moyen contre plus de 1 300 € pour les industriels. Mais toutes les spécialités ne sont pas à mettre dans le même sac. Loin d’être des voies de garage, certaines sont même bien placées pour accrocher un bac +3, voire un bac +4 à son CV. Les meilleurs diplômés du DUT Gestion et administration des entreprises (GEA) et, en particulier, ceux des options finances-comptabilité et ressources humaines, peuvent poursuivre en master Comptabilité, contrôle, audit (ex-MSTCF) ou encore s’attaquer aux écoles de commerce. Bien placé également, le DUT Technique de commercialisation, qui affiche un temps moyen d’insertion de 2,4 mois. Tous les secteurs réclament aujourd’hui des commerciaux. Sur le site de l’Apec, près de 7 900 offres d’emploi de commercial ont été publiées sur leur site au cours du troisième trimestre 2006, soit 15 % de plus qu’à la même période l’an passé. Il y a donc des places à prendre. Les profils ES et STT sont les plus courus, à condition de ne pas rechigner à avaler des kilomètres et de balayer les idées reçues. Vous serez un vendeur ou un commer-

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DEUST ET DU cial: représentant, chef de rayon dans une grande surface, chef d’une équipe de vente… Mais oubliez le représentant des années 1980 faisant du porte-à-porte avec son argumentaire appris par cœur !

GARE AUX DESILLUSIONS Il faut se méfier des apparences. Les spécialités Information communication et Carrières sociales sont celles où les étudiants ont les plus fortes chances d’obtenir le DUT en deux ans (81 %). Le revers de la médaille ? Une insertion plus difficile et des salaires plus modestes. Ainsi, les diplômés des départements Information-Communication devront faire preuve d’un peu plus de pugnacité. Quelle que soit l’option choisie (Communication des organisations, Gestion de l’information et du document dans les organisations, Journalisme, Métiers du livre, et Publicité), il faut compter quatre mois et demi en moyenne pour décrocher un emploi. Toutes ces spécialités souffrent en effet d’une surabondance de diplômés, mais elles sont surtout en concurrence avec des bac +4 ou des bac +5. C’est le cas de l’option Journalisme. Ses étudiants sont en concurrence avec une dizaine d’écoles qui sortent des promotions de niveau bac +4 ou bac +5. C’est pourquoi à l’IUT de Bordeaux un master s’est substitué au DUT depuis la rentrée 2006.

Les étudiants de l’option Métiers du livre devront aussi s’accrocher. L’édition est un petit monde de 10 000 salariés où il faut réussir à se tailler sa route aux côtés des diplômés de troisième cycle très prisés comme le master Edition de Paris-XIII par exemple. Quant aux diplômés des options Assistance sociale et Education spécialisée du DUT Carrières sociales, ils se retrouvent sur le marché du travail face aux diplômés des écoles spécialisées. De plus, pour la première comme pour la deuxième option, une année de formation supplémentaire est nécessaire pour décrocher le diplôme d’Etat. Le DUT Carrière juridique n’est guère mieux loti. Il forme des assistants dans les services contentieux ou ressources humaines, ou dans les études de notaires et d’huissiers pour des salaires avoisinant 1 200 € net mensuel. Autre débouché possible : les banques et les assurances, même si elles leur préfèrent souvent des commerciaux. Les bacheliers STT forment les plus gros bataillons des admis, suivis par les bacs ES et L dans une moindre mesure. Mais il n’existe que 8 formations de ce type en France. La concurrence y est féroce. A Lyon, 650 candidats se disputent 180 places. A Laon, les chances d’intégrer l’IUT sont tout aussi minces : 500 candidats pour 150 admis. A bon entendeur…

Deust et DU : l’option « professionnelle » Votre cursus est trop généraliste ? Vous souhaitez ajouter une spécialisation ou un stage sur votre CV ? Pointus, les Deust et DU restent une option attractive.

ls sont quelques-uns à avoir survécu à la réforme dite « LMD » (licence, master, doctorat). Mais les Deust, ces diplômes d’études universitaires scientifiques, sont aujourd’hui en péril. « Ces diplômes n’ont plus une grande valeur dans le

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schéma LMD, mais ils subsisteront tout de même comme un diplôme intermédiaire dans le parcours de la licence », précise Yves Lichtenberger, le président de l’université de Marne-laVallée, et vice-président de la Conférence des présidents d’université (CPU)


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en charge de la commission Pédagogie. Il n’empêche, leur nombre se réduit comme peau de chagrin… Jugés « archaïque dans le nouveau schéma des études », l’université de Rennes-II, par exemple, prévoit leur disparition totale d’ici à 2008. Voici le sort de ses quatre Deust scellé : ils seront transformés en licence professionnelle. Il faut donc pister ces diplômes à bac +2 dans l’offre de formation des universités, car certaines les gardent en marge de leurs cursus répondant aux nouveaux standards européens. Il serait dommage de s’en priver, car ils représentent, tout comme les DU (les diplômes universitaires), une option attractive pour qui veut ajouter la carte de la spécialisation et des stages sur son CV.

UN COMPLEMENT QUI RESTE BIEN UTILE Les survivants sont d’ailleurs souvent portés par des professionnels, comme le Deust Métiers de la forme préparé dans cinq universités (Toulouse, Paris, Créteil, Rennes et Strasbourg), le Deust Administrateur de biens à Lyon-III, ou encore le Deust VAS (vibration, acoustique, signal) de l’université du Maine. Le premier a été créé en partenariat avec le Snef (Syndicat national des entreprises de fitness), le second avec la Cnab (Confédération nationale des administrateurs de biens), et le troisième a vu le jour à la demande d’industriels du secteur des transports et du bâtiment. La logique est d’ailleurs la même pour la plupart des diplômes universitaires. Le tout nouveau DU Jeux vidéos et application mobiles proposé par l’université de Nice-Sophia-Antipolis par exemple est ainsi soutenu par le Sell, le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs. Qu’ils se répartissent entre les premier, deuxième et troisième cycles, tous sont conçus comme un complément de formation ou une spécialisation. « Avec mon bac +4 en droit public, trop généraliste, je n’entrevoyais aucun débouché, explique Guilaine Angulo, une diplômée du DU Responsable en logistique et transports de l’université délivré par Pau. Le DU m’a permis de me professionnaliser. » Toutes les filières ont leur diplôme universitaire, très souvent sur un créneau

pointu. On en trouve un en Psychologie et sociologie du crime à l’université de Rouen, un autre en Langue des signes à Aix-Marseille-I ou en Management franco-italien à Lyon-III, ou encore un DU d’Hypnose médicale porté par la faculté de médecine de Paris-IV. Certains de ces diplômes peuvent même se préparer en alternance. C’est le cas, par exemple, du DU Responsable en logistique et transport de l’université de Pau et des Pays de l’Adour où ses étudiants alternent tous les quinze jours les cours à la faculté et le travail en entreprise. L’insertion est d’autant plus aisée : « Nos diplômés ont le choix, en moyenne, entre deux offres d’emploi, et à mi-parcours de la formation, la moitié de la promotion est embauchée », précise Yves Rodriguez, le responsable du DU. Guilaine, elle, a eu cinq propositions d’embauche. Et elle a débuté à 39 000 € brut annuel.

UN CURSUS TRES PROFESSIONNALISANT Alternance ou pas, la caractéristique de ces programmes tient à la présence importante de professionnels, qui assurent 25 à 40 % des cours. Mais ce pourcentage peut parfois grimper jusqu’à 60 % comme pour le Deust Métier de la forme de Strasbourg. Par contre, mieux vaut savoir que les diplômes universitaires ne bénéficient pas d’une reconnaissance nationale. Ils ne permettent donc pas automatiquement une poursuite d’études à bac +3 ou bac +4. Etant un diplôme reconnu uniquement par l’université qui le délivre, l’organisation des études varie beaucoup d’une université à l’autre. « Le diplôme universitaire peut être organisé en semestre sur une année, ou proposer seulement deux jours ou quelques heures par semaine, prévient Yves Lichtenberger. A Marne-la-Vallée, notre DU Gestion des ressources humaine se déroule sur quinze jours en septembre, par exemple. » Il en va de même pour les modes de sélection, qui sont différents dans chacune des universités. Mais comme pour les Deust, l’entrée se joue généralement en deux étapes : d’abord un examen du dossier, suivi d’un entretien de motivation. Car si on est bien à la fac, les candidats sont triés sur le volet.

> UNE FOIS N’EST PAS COUTUME,

mais les Deust et DU sélectionnent leurs candidats. Plusieurs centaines d’étudiants se disputent généralement une trentaine de places.

ATTENTION ! > LES DU NE BÉNÉFICIENT PAS

d’une reconnaissance nationale. La poursuite d’études ne va donc pas de soi. La cote des diplômes

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Licences professionnelles : un pari réussi Ne pas s’éterniser sur les bancs de la fac tout en se préparant à un métier : c’est ce qu’offrent ces licences, mais attention toutes ne se valent pas.

’est le diplôme qui monte. Depuis leur création en 1999, les licences professionnelle ont vu leurs effectifs quasiment multipliés par six ! On recensait 5 000 inscrits en 2000, ils sont aujourd’hui plus de 34 000. Créées pour redorer le blason des formations professionnelles tout en désengorgeant les filières généralistes, leur succès ne se dément pas. Et il y a fort à parier que leur nombre n’a pas fini de croître. Ainsi, à la dernière rentrée on en comptait 1 455, contre 1 236 l’an passé. Avec un sérieux bémol tout de même : si la licence pro est un indiscutable succès, elle n’a pas encore réussi pour l’instant le pari d’offrir une nouvelle voie aux étudiants des disciplines générales. En effet, les diplômés des filières courtes trustent les places : ils représentent plus de 80 % des effectifs (43 % viennent de BTS et 38 % de DUT), contre 6 % seulement de Deug. D’ailleurs, les IUT, plus expérimentés que l’université traditionnelle en matière de cursus professionnels portent à eux seuls 60 % des licences professionnelles. Ils y voient le moyen de développer des spécialisations porteuses pour leurs diplômés, qui sont le plus souvent désireux de poursuivre au-delà de bac + 2.

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LES FACULTES S’Y METTENT A LEUR TOUR Mais la situation pourrait évoluer, car pour certaines facs de lettres ou d’histoire, ce cursus fait aujourd’hui un peu figure de planche de salut pour enrayer la chute des inscriptions : « Après avoir

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perdu quelque 1 300 étudiants l’an dernier, nous tablons encore sur une baisse de 500 inscriptions en 2006. Il y a donc urgence à professionnaliser les filières des sciences humaines et sociales », explique ainsi Marc Gontard, le président de l’université de Rennes-II. Et de préciser : « Actuellement nous n’avons que cinq licences pro, mais nous souhaitons prochainement en doubler, voire en tripler le nombre. » Ainsi, l’université a déjà mis sur pied la licence Métiers de l’administration territoriale de Rennes-II. « Bien que nos étudiants passaient les concours de la fonction publique territoriale, certains postes qualifiés restaient en pénurie de candidats », explique Ronan Doaré, le responsable de la licence pro. Rennes-II s’est donc rapproché des quatre centres de gestion de la fonction publique territoriale de Bretagne, et du CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) pour mettre sur pied ce cursus. « Le but est d’offrir à nos étudiants une meilleure adéquation avec les postes proposés. » Preuve que dans ces disciplines également, il est tout à fait possible de mener les étudiants vers des métiers parfaitement définis. Sans compter les responsables de filières courtes au sein de la fac qui se lancent eux aussi dans la création de licences pro, comme les Deust (diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques) ou encore les responsables de DU (diplôme d’université, reconnu seulement par l’université qui le délivre), qui y trouvent la possibilité de pérenniser leur cursus en y accolant un diplôme national.


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DES DEBOUCHES TOUS AZIMUTS Les licences professionnelles couvrent une très large palette de secteurs : production agricole (agronomie, gestion d’exploitation, espaces naturels, etc.) ou industrielle (génie civil, bâtiment, électricité, électronique, informatique industrielle, chimie, biotechnologies), métiers de service (commerce, gestion, banque, communication), les services aux personnes et aux collectivités (santé, carrières sanitaires et sociales, hôtellerie, tourisme, protection de l’environnement, activités culturelles et artistiques…). L’organisation des études varie d’une université à l’autre. Mais le volume annuel des cours avoisine généralement les 450 heures et la durée du stage s’échelonne de quatre à douze semaines, jusqu’à dix-neuf parfois. Nec plus ultra en matière de professionnalisation, les diplômes en apprentissage comme la licence Droit et gestion immobilière, de Lyon-III – où les étudiants sont en entreprise une semaine sur deux –, ou encore à l’IUT d’Aix, la licence en Maintenance aéronautique. Une formule très efficace. « Entre les cours assurés par des experts et les semaines en entreprise, on adopte une tournure d’esprit professionnel. On a plus confiance en soi, et on développe une rigueur. C’est un atout énorme », explique Enguerrand Gaud, embauché dès l’obtention de son diplôme chez Eurocopter. A l’université de Marne-la-Vallée, un tiers des étudiants a opté pour l’apprentissage. Mais au plan national, ils ne sont que 4 000 à avoir saisi cette opportunité en 2006, soit 11,5 % des étudiants inscrits en licence professionnelle. EN PHASE AVEC LES RECRUTEURS En principe, ces diplômes doivent voir le jour à la demande de branches professionnelles ou de grands groupes industriels. Comme par exemple SaintGobain ou la Cristallerie d’Arques pour la licence Matériau verre à Nancy-I par exemple, ou encore sur l’initiative de fédérations soucieuses de professionnaliser un secteur. Ainsi, soutenue par la Fédération française de golf et l’ADGF (l’Association des directeurs de golf), l’université d’Angers propose une licence en Management des mé-

TEMOIGNAGE BRUNO, diplômé 2005 de la licence pro Draci A longueur de journée, Bruno crée des recettes, recherche des matières premières, élabore des échantillons… Son dernier coup en date ? Un sabayon de noix de saintjacques. Non, Bruno n’est pas dans les cuisines d’un restaurant 4 étoiles, mais dans les laboratoires de Tipiak. Diplômé de la licence professionnelle Draci (Développement, recherches en arts culinaires industrialisés), à Rennes-I, il a décroché le poste de chef de projet chez cet industriel de l’agroalimentaire. Un choix qu’il savoure aujourd’hui : « Entre le stage et les intervenants, ce cursus permet de rencontrer des professionnels. On multiplie ainsi les contacts et les cartes de visites, tout en se confrontant à des cas concrets. Au final, sur cinq entretiens, j’ai eu deux propositions d’embauche. » A 22 ans et avec un seul bac +3 en poche, Bruno est déjà chef de projet et touche un salaire de 1800 € brut mensuel. L’effet licence pro.

tiers du golf qui s’adresse plus particulièrement aux DUT gestion des équipements sportifs et de loisirs, et aux BTS et DUT spécialisés dans le marketing, la gestion, le tourisme ou l’hôtellerie restauration. Certaines sont même positionnées sur des niches où elles sont seules à occuper le créneau. Comme par exemple, la licence en Management du logement social de l’IUT de ClermontFerrand dédiée au secteur du logement social qui regroupe 60 000 emplois en France ou encore la licence Plasturgie et matériaux composites à Mantes créée en partenariat avec l’Ifoca, l’association professionnelle des métiers du caoutchouc.

PROFIL IDEAL > CEUX QUI ARRIVENT EN

DUT ont un taux de réussite plus élevé que la moyenne (87%), contre 83 % pour les titulaires de BTS et 75 % pour les autres diplômes. (Source DEP, avril 2006.)

LICENCE PRO AVEC UN

DES BONS RESULTATS SUR LE MARCHE DE L’EMPLOI Résultat, une insertion professionnelle dans l’ensemble réussie. Selon le Céreq (Centre d’études et de recherche sur les qualifications), le taux de chômage, trois ans après la sortie de formation se situe à 9 % en moyenne, mais avec de grandes disparités : les diplômés des filières industrielles n’affichent que 5 % de chômage contre 12 % dans les services. Le salaire net moyen mensuel se situe à 1 380 €, contre 1 300 pour les titulaires d’une licence classique. Le Céreq souligne que cette troisième année constitue un plus réels pour diplômés des filières courtes en matière de La cote des diplômes

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PLEBISCITE > DEPUIS 2000, le nombre

de formations ouvertes a augmenté en moyenne de 55 % par an, et le nombre d’étudiants de 58 % par an.

PARI GAGNANT > PARMI LES ÉTUDIANTS INSCRITS POUR LA PREMIÈRE FOIS

en licence pro, plus de 4 étudiants sur 5 (83 %) obtiennent leur diplôme. (Source DEP, avril 2006.)

salaire et de niveau de qualification. Une enquête un peu plus récente menée par le ministère de l’Education nationale constate que 70 % des diplômés 2003 étaient en emploi en février 2005, soit dix-huit mois après l’obtention du diplôme. Selon cette étude, les licences en Assurances, banque, finances et Accueil, hôtellerie, tourisme sont les plus performantes avec des taux d’emploi respectif de 94 et 90 %. Les deux plus mal loties sont Electricité et électronique (74 %) et Transformations chimiques et apparentées (73 %). Par ailleurs, si le chômage reste faible (10 %), le taux de poursuite d’études des détendeurs de ce diplôme en principe destiné à permettre une sortie directe sur le marché du travail reste relativement élevé : 20 % environ. Signe plus inquiétant, ce taux ne cesse de progresser. Ainsi, à l’université de Marne-la-Vallée, il est passé de 17 % à 26 % en un an. D’autant que l’accès en cursus master est loin d’aller de soi : de nombreux diplômés désireux d’enchaîner sur un autre cursus le découvrent parfois un peu tard. En effet, l’accès en M1 n’est de droit que si l’on poursuit exactement dans la même discipline qu’en licence, ce qui, par nature, ne peut se présenter dans ces cursus professionnel. Pour les autres, l’accès est sélectif, voire très sélectif. Rançon de leur succès, les candidats se pressent de plus en plus nombreux à l’entrée de ces cursus. Ils sont parfois titulaires d’un bac +3, voire d’un bac +4. A Marne-la-Vallée par exemple, 11% des étudiants s’inscrivent en licence pro avec déjà un titre de niveau bac+3 ou plus.

LES SPECIALITES QUI FONCTIONNENT BIEN Les domaines porteurs sont un peu les mêmes que pour les bac +2, commerce, compta, finance, industrie, BTP etc. mais ici les choses se jouent finement, par spécialités. Voici, à titre d’exemple quelques licences qui ont déjà fait fort joliment leurs preuves : assurance, banque, finance, spécialité Back office et Middle office à Paris-V, qui affiche 78 % de CDI au bout de six mois. Pour la licence Génie civil et construction à Strasbourg-III, près de 90 % des diplômés sont insérés dès la sortie. « Sous

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la pression des entreprises, on est passé de 24 étudiants à une cinquantaine d’élèves », explique Bernard Lickel, directeur du département génie civil. Logique dans un secteur fortement créateur d’emploi (les travaux publics annoncent l’ouverture de 10 000 postes de débutants par an dans les dix années à venir) et où la pénurie se fait déjà sentir. Mais également parce que l’université propose de préparer cette licence par apprentissage, ou bien à la suite d’une formation tri-nationale en collaboration avec Bâle et Karlsruhe. Les étudiants tournent ainsi sur les trois campus en France, en Suisse et en Allemagne, et à la sortie, ils maîtrisent les différentes normes et réglementations en vigueur dans les trois pays partenaires. Une sérieuse valeur ajoutée ! A l’IUT d’Aix, la licence professionnelle Maintenance aéronautique compte quant à elle parmi ses fidèles de très nombreux groupes prestigieux comme Eurocopter, Air France, Dassault, Turbomeca, Sogerma… Certains sont même particulièrement friands de ces étudiants : « Eurocopter, qui prend habituellement quatre apprentis, en a recruté cinq cette année, et ils nous en réclament encore deux ! », raconte Françoise Bonnardel, la responsable de la licence pro. Autre partenariat malin, l’université de Rennes-I qui a mis sur pied, avec le lycée hôtelier de Dinard, la licence DRACI (Développement, recherches en art culinaires industrialisés) pour répondre à des besoins très clairement formulés par les industries agroalimentaire: « Les industriels nous demandent toujours de doubler nos promotions. Je ne peux même pas honorer toutes les demandes ! », lâche Georges Le Roux, le responsable du diplôme. « Notre réputation dépasse même les frontières, poursuit-il. Cette année, nous avons reçu une offre d’emploi d’Angleterre et une autre d’Espagne. » Néanmoins, il faut faire attention. « Les licences professionnelles répondent souvent à un bassin d’emploi local », précise Thierry Barrandon, chef du bureau Licence à la direction générale de l’enseignement supérieur. En effet, ce qui marche bien dans un endroit ne fera pas forcément des étincelles ailleurs…


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Ecoles spécialisées et concours

V

oici des formations pour celles et ceux qui ont déjà une vocation : enseignement, journalisme, profession paramédicale, métiers du social, de la traduction, architecture, métiers

de la création… Pour y faire ses premiers pas, il faut affûter sa stratégie et viser juste. Tout comme pour décrocher l’un des nombreux concours qui permettent d’entrer dans la fonction publique.

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BAC +3, +4 ENSEIGNEMENT

Futurs profs : affûtez votre stratégie Jamais les concours conduisant au métier d’enseignant n’ont attiré autant de candidats. Et malgré les 25 000 recrutements prévus chaque année, les places sont toujours chères.

e temps n’est plus où l’Education nationale s’inquiétait d’une possible crise des vocations : les étudiants se bousculent en masse aux portes des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) qui préparent aux différents concours de l’enseignement. Ces établissements reçoivent aujourd’hui près de cinq fois plus de candidats qu’ils ne peuvent en accueillir ! En particulier pour préparer le concours de professeur des écoles. Et les postes seront d’autant plus difficiles à décrocher pour les aspirants que, en parallèle, le nombre de places offertes aux différents concours est en baisse, de l’ordre de 8 % pour les professeurs des écoles et de 7 % pour ceux des collèges et lycées. Soit au total une baisse de plus de 2 000 postes en 2006, ce qui laisse tout de même un peu plus de 25 000 recrutements chaque année. Autant dire que la concurrence est féroce, avec des variations très importantes d’un concours à l’autre. Ainsi, à titre d’exemple, en 2005, presque un candidat sur deux a décroché le Capes de lettres classiques (44 %), contre seulement 16 % en sciences de la vie et de la Terre et à peine 3 % en philo ! De plus, le nombre de places offertes aux différents concours n’est révélé qu’au dernier moment, ce qui ne facilite pas la tâche des étudiants. Un constat s’impose cependant : en dépit des prévisions qui annonçaient de nombreux recrutements à l’horizon 2010, 2007 et 2008 se profilent plutôt comme des années de vaches maigres, avec d’importantes réductions de postes à la clé. Et la tendance ne devrait pas s’inverser pour l’instant.

L

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Les pouvoirs publics ont en effet revu leurs prétentions à la baisse et s’en expliquent : les départs à la retraite sont et seront moins nombreux que prévu, tandis que les effectifs d’élèves ne progressent plus. De moins en moins d’élèves, des enseignants qui travaillent plus longtemps (en particulier dans le second degré…), voilà donc pour le contexte. A ceux qui ont, malgré tout, attrapé le virus de l’enseignement et n’en démordent pas, les formateurs et directeurs d’IUFM conseillent de mettre en place une stratégie affûtée. « Pour les concours du second degré, ne vous focalisez pas sur une seule matière », martèle Jean-Marc Guéguéniat, le directeur de l’IUFM de Caen-BasseNormandie à ses étudiants. Aux férus de lettres modernes, le spécialiste conseille de s’intéresser aussi à la documentation, aux purs matheux d’envisager les sciences physiques. Mais son discours n’est malheureusement entendu qu’après un premier échec. Enfin, il leur conseille de scruter à la loupe les épreuves des différents concours, surtout ceux préparant à l’enseignement des matières techniques et professionnelles dans les lycées. « Il y a fréquemment 50 % d’épreuves communes entre les Capet et les CAPLP, il est donc sage d’en présenter plusieurs. » Des concours qui souffrent néanmoins d’une image négative et sont rarement le premier choix des étudiants. A tort ! Car ils offrent parfois de belles opportunités. Par exemple, 57 % de réussite en 2005 pour le CAPLP Génie industriel option Construction métallique ; et 40 % dans la filière Génie mécanique, option


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Productique. « Les étudiants n’analysent pas les choses correctement », estime Jean Marc Guéguéniat. « Je leur dis toujours : faut-il galérer toute une vie dans une classe de maths face à quelque 30 élèves de collège, ou s’épanouir dans un lycée professionnel où le lien avec l’élève est plus fort, devant des effectifs plus réduits ? » La question est posée… Pour enseigner dans les maternelles ou les écoles primaires, la problématique est un peu différente. En effet, le recrutement du concours de professeur des écoles est régional (CRPE). Ainsi, celui qui obtient son concours dans l’académie de Montpellier est assuré d’y faire sa carrière ! Un détail qui attire des foules de candidats motivé, autant par le goût d’enseigner que par la certitude de rester dans leur région d’origine. Les académies du Sud et du Grand Ouest notamment sont ainsi littéralement prises d’assaut au profit de celles du Nord ou encore du Nord-Est. Ces flux rendent le concours plus ou moins facile à obtenir selon les régions. Ainsi, à Toulouse, en 2005, 2 831 candidats se sont disputé les 363 postes offerts. Mais, la même année, le taux de réussite était trois fois plus élevé dans l’académie de Créteil (38 %) que dans la Ville rose (13 %)… Pour faire face à une telle affluence, les trois quarts des 31 IUFM ont dû établir des tests de sélection à l’entrée. Les épreuves prennent le plus souvent la forme de QCM et restent propres à chaque institut, mais l’objectif est le même partout. Il s’agit de valider les connaissances fondamentales des candidats dans les disciplines majeures (français et mathématiques). Certains IUFM testent également les connaissances des candidats en histoire et géographie, en sciences ou encore en culture générale… Ceci afin de coller à l’esprit du nouveau concours entré en vigueur en 2006. Dans de très nombreux IUFM enfin, les épreuves écrites sont complétées par un examen de dossier. A ce stade, la priorité est donnée aux très bons élèves. «Ceux qui ont effectué un parcours sans faute depuis le bac ont plus de chance », confie une responsable de la scolarité. Autre avantage : avoir cumulé des expériences auprès des enfants en tant

ENSEIGNER DANS LE PRIVE LE CERTIFICAT D’APTITUDE aux fonctions d’enseignement dans les établissements privés (CAFEPS) permet d’enseigner dans les collèges et lycées privés. Les dates sont identiques à celles du Capes, mais le recrutement est régional. Pour devenir professeur des écoles, la formation est dispensée dans des centres de formation pédagogique qui opèrent une sélection à l’entrée comme les IUFM. > Toutes les informations sont sur : WWW.SCOLANET.NET

qu’auxiliaire scolaire, assistant d’éducation, ou encore animateur en centre de loisirs… Ces tests laissent finalement une bonne partie des candidats sur le carreau ; ils ont en effet à peine six mois pour s’y préparer pendant leur année de licence et sous-estiment parfois le niveau des épreuves. Il faut rappeler que pour passer l’un des concours de l’enseignement, la licence est obligatoire. Mais attention, pas n’importe laquelle, surtout pour devenir professeur des écoles ! Les licences des matières fondamentales : lettres, mathématiques, histoire sont celles qui offrent les meilleures chances de réussite ; loin devant les filières juridiques, de sciences humaines ou de l’éducation. Ceux qui véritablement n’ont pas choisi la bonne filière au départ ont tout intérêt à compléter leur formation par un module de préprofessionnalisation (ex-préparation aux concours). Proposé dans de nombreuses universités, il augmente considérablement les chances de réussite. Certains étudiants tentent aussi leur chance au concours en candidat libre ; néanmoins, suivre une préparation au sein d’un IUFM multiplie par trois les chances de réussite. Cette année particulièrement intensive se résume en un seul mot : ba-cho-ta-ge ! « Pour préparer l’écrit, j’ai épluché toutes les annales du concours depuis 1994 et ça a payé », raconte Virginie, toute jeune lauréate du Capes de physique-chimie. En deuxième année, à l’issue du concours, les étudiants bachoteurs se métamorphosent en enseignants stagiaires. Ils sont désormais fonctionnaires et perçoivent un salaire de 1400 € brut par mois. Ils cumulent alors plusieurs stages et ont une année pour apprendre leur futur métier à l’épreuve du terrain.

A CLIQUER DEUX SITES INCONTOURNABLES : > WWW.IUFM.FR : le portail des IUFM pour des informations détaillées sur chaque institut. > WWW.EDUCATION. GOUV.FR/SIAC/ : le site du ministère mis à jour avec les statistiques des différents concours et des extraits d’épreuves comme si on y était !

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BAC +3, +4 ENSEIGNEMENT e recrutement régional qui caractérise le concours de professeur des L écoles rend cette épreuve particulière.

L’ENQUETE QUI FACHE > UNE RÉCENTE ENQUETE effectuée auprès des professeurs des écoles remet en question la deuxième année de formation à l’IUFM. Les trois quarts des profs interrogés la qualifient d’insuffisante ou de très insuffisante. Ils mettent en avant un manque de conseils pour gérer les situations difficiles (58 %) et un manque d’échanges avec les enseignants en poste (55%). 35 % trouvent qu’il n’y a pas assez d’analyses de pratiques professionnelles, 34 % que les stages en responsabilité ne sont pas assez longs et 23 % que les notions sur la psychologie de l’enfant ne sont pas abordées. (Source : enquête « Les enseignants des écoles publiques et la formation », publiée dans la note d’information du ministère de l’Education nationale, mai 2006.)

Ceux qui se destinent à enseigner en lycée ou en collège prennent une classe sous leur responsabilité pendant toute l’année, à raison de 6 heures de cours par semaine. Les futurs professeurs des écoles réalisent quant à eux depuis la rentrée 2006 un « stage filé » dans la même classe, pendant trente semaines, à raison d’un jour par semaine. Pour tous, ces stages sont l’occasion d’une première confrontation au réel avec la dose de stress et – parfois – de déconvenue que cela engendre. « Avant ce stage, je ne me sentais pas prête à enseigner, j’ai ressenti le stress de prérentrée et j’ai vraiment flippé devant les élèves et puis le miracle s’est produit : c’est venu tout seul », se souvient Virginie.

PROFESSEUR DES ECOLES : accessible au Nord, saturé au Sud connaître les Pour résultats des autres

Les académies du Sud et de l’Ouest sont prises d’assaut, tandis que la région parisienne et le Nord offrent de belles opportunités.

académies, cliquer sur WWW.EDUCATION.GOUV.FR/SIAC/ dans la rubrique Siac 1, statistiques 2005.

LES TROIS ACADEMIES LES PLUS ACCESSIBLES ACADÉMIE CRÉTEIL VERSAILLES ORLÉANS-TOURS

NOMBRE DE POSTES

NOMBRE DE CANDIDATS

TAUX ADMIS/PRÉSENTS

1 333 1 503 439

3 490 4 740 1 705

39 % 32 % 26 %

LES TROIS LES MOINS ACCESSIBLES (HORS DOM-TOM) MONTPELLIER RENNES TOULOUSE

402 261 363

30 Le Nouvel Observateur Etudiants n° 8

2 680 1 859 2 831

15 % 14 % 13 %

En effet, ceux qui réussissent le CRPE ont l’absolue certitude d’effectuer ensuite toute leur carrière dans la même région. Voilà pourquoi certains IUFM sont littéralement pris d’assaut par des candidats animés autant par le désir d’enseigner que par l’opportunité de mener toute leur carrière dans leur région d’origine. Résultat : c’est un concours particulièrement sélectif dans certaines académies. Imaginons un croissant de lune qui partirait de la Bretagne et irait jusqu’aux Alpes-Maritimes : dans toutes les régions traversées, la concurrence est rude avec des taux de réussite si faibles qu’ils pourraient même décourager les plus motivés. Par exemple, en 2005, on pointait seulement 16 % de réussite à Marseille, 15 % à Montpellier, 14 % à Rennes et 13 % à Toulouse. Les concours sont en revanche très accessibles dans le Nord ou en région parisienne, avec 39 % de réussite à Créteil, 32 % dans l’académie de Versailles, 26 % à Orléans-Tours, 25 % à Strasbourg, ou encore 23 % à Rouen… Voilà un aspect que les candidats doivent absolument prendre en compte avant de s’engager dans cette voie. En effet, pour limiter la désertion de certaines académies et en désengorger d’autres, depuis trois ans, le concours se déroule à date unique. Il n’est donc plus possible de tenter sa chance dans plusieurs académies simultanément. La session 2006 s’est déroulée durant les 11, 12 et 13 mai dans toute la France selon un calendrier quelque peu décalé par les événements du CPE. Les épreuves ont lieu en général un mois plus tôt. Voilà qui ne laisse que six mois aux candidats pour se préparer. L’année de préparation au sein de l’IUFM est intensive, avec 450 à 500 heures de cours. Les étudiants remettent à niveau leurs connaissances disciplinaires de base, propres à chaque épreuve : le français, les mathématiques, l’histoire et la géographie, les sciences et techniques. Ils se familiarisent également avec des démarches didactiques et pédagogiques pour apprendre à enseigner à un jeune public. La préparation implique également beaucoup de travail personnel par le biais de nombreuses lectures.


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La session 2006 a donné le coup d’envoi à un nouveau concours, constitué non plus de deux mais de trois épreuves d’admissibilité. L‘objectif de cette réforme est de former des enseignants plus polyvalents. Au français et aux mathématiques s’ajoutent désormais deux épreuves : une en sciences expérimentales et l’autre en histoire et géographie. Pour moduler les épreuves en fonction de leurs points forts et de leurs points faibles les candidats peuvent cependant appliquer des coefficients de majeures et de mineures aux différentes épreuves. Les admissibles passent ensuite un certain nombre d’oraux : un oral de langue étrangère (obligatoire), qui mesure la compréhension et la spontanéité du candidat. Enfin, la littérature jeunesse, les arts plastiques et l’expression musicale ont fait leur apparition dans la panoplie des options. Pour les épreuves sportives, les étudiants ont le choix entre la danse et une course de 1 500 mètres. Ceux qui décrochent la timbale dans leur région de prédilection effectuent une deuxième année au sein de l’IUFM au cours de laquelle ils apprennent à transmettre leur savoir dans les différentes disciplines en fonction de l’âge des enfants. Ils effectuent également plusieurs stages dont un « stage filé » de trente jours à raison d’un jour par semaine dans la même classe du premier au dernier jour de classe.

PROFESSEUR DU SECONDAIRE : scruter les disciplines à la loupe Lettres, philo, math… Selon les disciplines, les chances de réussir varient de 1 à 10 ! vec un taux de réussite global de 21 % en 2005, le Capes est devenu A le concours le plus accessible de tous les concours de l’enseignement en 2005. Ce taux masque pourtant de grosses disparités selon les disciplines visées. Offrons-nous un petit panorama rapide – mais édifiant – des résultats. En tête,

TEMOIGNAGE ALEXANDRE, lauréat du concours CAPLP lettres-histoire « Mon conseil à tous les étudiants qui s’apprêtent à tenter l’un des concours de l’enseignement, c’est tout d’abord d’anticiper et de se mettre au travail dès l’été. Car après, l’année scolaire se révèle bien trop courte. Moi, j’avais avalé les cinq siècles de littérature en trois semaines, fait des fiches et capitalisé quelques connaissances avant la rentrée. Ensuite, il faut vite admettre que l’on n’est pas en compétition avec les autres… Bien sûr, c’est un concours, néanmoins, on a beaucoup plus de chance de réussir si l’on privilégie le travail en équipe. Il faut essayer de travailler à deux ou trois, se passer fiches et comptes-rendus de lecture. On se sent moins seul face à l’épreuve qui approche et on y gagne énormément au niveau du moral… Bien sûr, il faut aussi suivre les cours de manière assidue et fournir un travail personnel conséquent. Le jour J, il faut soigner l’approche méthodologique à l’écrit, cela a autant de poids que les connaissances. »

le Capes de lettres classiques avec 44 % de réussite, les mathématiques (29 %), la physique-chimie (25 %), mais 18 % pour l’histoire-géo, 12 % pour l’EPS, 9 % pour l’italien ou encore les arts plastiques, 8 % pour les sciences économiques et sociales (un Capes réputé difficile) et terminons par la philo avec à peine 4 % de réussite… Les étudiants qui parviennent à décrocher le concours effectuent leur deuxième année à l’IUFM et sont d’emblée mis en responsabilité. Ils deviennent enseignants stagiaires et prennent en charge une classe. Ils partagent alors leur temps entre l’IUFM (3 jours) et le lycée ou le collège dans lequel ils ont été affectés (2 jours) par le rectorat en fonction des besoins. C’est un véritable plongeon dans le grand bain. « Ce n’était pas facile, mais je m’y attendais », raconte Célia, jeune prof d’éducation physique et sportive. « Au début, je me suis montrée un peu plus dure que je ne suis en réalité, je n’ai rien laissé passer car j’avais peur de me faire “bouffer”. » Pour confronter leurs expériences acquises sur le terrain, les étudiants suivent un module intitulé atelier analyse de pratique pédagogique (AAPP), « ça La cote des diplômes

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BAC +3, +4 ENSEIGNEMENT LE MATCH CAPES/AGREGATION DANS QUELQUES DISCIPLINES EN 2005 AGRÉGATION

NOMBRE DE POSTES

PRÉSENTS

43 145 25 3 39 128 60 150 72 388 33

227 999 481 14 313 2 004 360 1 111 903 1 716 209

Allemand Anglais Arts plastiques Chinois Géographie Histoire Lettres classiques Lettres modernes Philosophie Mathématiques Sciences économiques et sociales

LE CHIFFRE > 47 % DES PROFESSEURS

des écoles âgés de moins de 32 ans sont titulaires d’un bac S (source DEP).

ADMISSIBLES

107 328 61 8 80 254 135 310 164 712 63

TAUX ADMIS/ PRÉSENTS

19 % 15 % 5% 21 % 12 % 6% 17 % 13 % 8% 23 % 16 %

PROFESSEUR DU TECHNIQUE : ou du professionnel Quelques filières sont très accessibles, à condition de dépasser certains a priori ! our enseigner dans les lycées techniques, il faut passer le Capet, certificat d’aptitude à l’enseignement technique. Le concours est ouvert dans 26

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ADMISSIBLES

TAUX ADMIS/ PRÉSENTS

125 1 020 190 8 1 040

639 4 067 2041 55 5 859

263 2 458 390 21 1 943

19 % 25 % 9% 14 % 18 %

284 1 364 48 1 310 92

644 3 939 1 210 4 487 1 135

477 2 558 142 2 473 179

44 % 35 % 4% 29 % 8%

DE POSTES

Allemand Anglais Arts plastiques Chinois Histoiregéographie Lettres classiques Lettres modernes Philosophie Mathématiques Sciences économiques et sociales

ressemble un peu aux rencontres des profs anonymes », plaisante Alexandre, en deuxième année d’IUFM. Pendant les séances, chacun raconte son expérience et fait part de ses difficultés, « néanmoins, il ne faut pas attendre de recette toute faite de la part de l’IUFM, plutôt un accompagnement, des réflexions sur l’autorité ou la psychologie des adolescents », tempère-t-il. Pour devenir enseignant dans le second degré, certains étudiants choisissent de passer l’agrégation ; ce diplôme est ouvert aux titulaires d’une maîtrise et se prépare au sein de l’université. Même s’il est réputé plus difficile que le Capes, il offre de réelles opportunités dans certaines matières. Par exemple, on note 16 % de réussite pour l’agrégation de sciences économiques et sociales, contre 8 % seulement pour le Capes. Un résultat à méditer…

PRÉSENTS

NOMBRE

CAPES

disciplines comme les biotechnologies, le génie civil, l’hôtellerie-restauration ou encore l’économie et la gestion. Pour les lycées professionnels, c’est le CAPLP (certificat d’aptitude au professorat des lycées professionnels) qui est nécessaire. Il est ouvert dans une quarantaine de filières très spécialisées comme les métiers de l’alimentation (boucherie, pâtisserie, charcuterie…) ou encore de la réparation et du revêtement en carrosserie… Les deux concours se préparent au sein des IUFM, sauf dans certaines filières où un bac +2 suffit. Une voie intéressante pour les diplômés de filières courtes BTS ou DUT. Par ailleurs, nombreux sont les candidats qui tentent leur chance après cinq années d’expérience professionnelle. Ces concours offrent de bonnes chances de réussite dans certaines spécialités. C’est le cas notamment en Génie industriel, option Structure métallique (57 %), ou encore en Génie mécanique option Productique (40 %). D’ailleurs, en 2005, les inscriptions au CAPLP ont bondi de 12 % ; simultanément le nombre de postes offerts a augmenté de 9 %. Côté Capet, on compte en moyenne un candidat admis pour huit présents. Dans les couloirs des IUMF cependant, beaucoup de candidats hésitent encore, effrayés par les réputations difficiles des établissements technologiques et professionnels. C’était le cas d’Alexandre. « Après avoir raté le Capes d’histoire, l’idée a fait son chemin et j’ai retenté ma chance avec le CAPLP lettres-histoire,


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TAUX DE REUSSITE AU CAPET ET AU CAPLP SESSION 2005 SECTIONS-OPTIONS

POSTES

PRÉSENTS

ADMISSIBLES

ADMIS

TAUX ADMIS/PRÉSENTS

CAPET Sciences et techniques médico-sociales Technologie Economie et gestion administrative Génie mécanique-maintenance des véhicules

40 265 80 8

339 1 313 680 54

80 481 200 21

40 265 80 8

12 % 20 % 12 % 15 %

CAPLP Santé-environnement Communication administrative et bureautique Comptabilité et bureautique Génie civil, équipement technique et énergie Génie industriel-structures métalliques

110 83 98 40 45

459 933 896 97 60

183 211 246 66 44

110 83 90 40 34

24 % 9% 10 % 41 % 57 %

que je viens de décrocher. Pourtant, je nourrissais de sérieux préjugés à l’encontre des lycées professionnels. J’ai finalement eu de très bons contacts avec des classes en filière électrotechnique et en génie mécanique. Je reconnais que ce n’est pas toujours facile, j’ai été confronté à des élèves qui avaient des problèmes ; néanmoins, aujourd’hui je ne regrette pas mon choix. » Il faut cependant regarder de près les taux de réussite des différentes disciplines. En effet, certains Capet restent très sélectifs, c’est le cas en économie et gestion et communication (8 % de réussite en 2005). De plus, devant la baisse annoncée du nombre d’ouvertures de poste, le concours n’a pas été ouvert en 2005 dans les filières de génie électrique, génie industriel et génie civil et ces fermetures sont susceptibles d’être reconduites en 2007-2008.

PROF DE SPORT : rien à voir avec un parcours de santé Une profession qui fait rêver les jeunes, mais qui compte peu d’élus… e prof d’éducation physique et sportive qui passe ses journées en jogging au bord du terrain de foot est une image qui perdure… Elle est pourtant réductrice ! Les étudiants qui tentent chaque

L

année le certificat d’aptitudes au professorat d’éducation physique et sportive (Capeps) ont l’impression qu’ils se lancent dans un métier facile. « Il n’en est rien, et le concours est encore plus difficile que le métier », prévient Célia lauréate du Capeps en 2004. En 2005, 6 700 candidats se sont partagé les 800 postes offerts au niveau national et à peine 12 % ont obtenu leur sésame. Pour présenter le Capeps, il faut d’abord obtenir une licence Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) option Education et motricité à la fac. Au programme : 400 heures d’enseignements magistraux en histoire, sociologie, psychologie, physiologie, pédagogie et didactique de l’EPS. Pendant ce temps, pas question de baisser la garde, il faut continuer à travailler sa condition physique car le niveau exigé par la suite au concours sera élevé. « En sport collectif, le niveau est équivalent à celui d’un club régional », évalue Célia. Les étudiants qui obtiennent leur licence entrent ensuite en IUFM sous réserve de passer les tests de sélection (épreuve écrite et examen du dossier). Ils ont ensuite six mois pour préparer le concours. Les épreuves écrites d’admissibilité prennent la forme de dissertation sur l’histoire et la didactique de l’éducation physique. Les épreuves d’admission se déroulent sur une semaine à Vichy pour les candidats de la France entière. Ils comprennent plusieurs oraux et prestations physiques en athlétisme, gymnastique, natation et enfin sport collectif.

OBLIGATOIRE ! > UNE ATTESTATION DE FORMATION AUX PREMIERS

et une attestation de natation sur une distance au moins égale à 50 mètres sont exigées au moment de l’inscription au concours, au même titre que la licence ! SECOURS

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BAC +3, +4 SOCIAL ET PARAMEDICAL

Social : des vocations qui recrutent Conseil, éducation, aide à domicile… Jamais le besoin en travailleurs sociaux ne s’est fait autant sentir. Pourtant, les concours menant à ces métiers restent dans l’ensemble très sélectifs.

n le sait, les besoins en travailleurs sociaux ne cessent d’augmenter. Mais faute de budget, les créations de postes ne suivent pas à hauteur des besoins : cela concerne autant les éducateurs, les assistants de services sociaux que les animateurs. Résultat, les concours d’entrée restent très sélectifs et les salaires plutôt modestes, au regard des exigences de ces professions au service des autres. Les 800 000 professionnels de ce secteur exercent des métiers bien différents. Certains sont des spécialistes du conseil, d’autres de l’éducation, de l’aide à domicile… Mais quel que soit le métier choisi et le lieu où il s’exerce, ils ont tous en commun la vocation d’aider les autres.

O

EDUCATEUR SPECIALISE : une demande constante Des portes s’ouvrent ! onne nouvelle, la profession ouvre les vannes ! Entre 2006 et 2010, quelques 1200 éducateurs spécialisés seront recrutés chaque année pour pallier les départs à la retraite. Actuellement, 55 000 éducateurs spécialisés travaillent en France dans des associations ou des établissements spécialisés, on parle de milieux ouverts ou fermés. Ils interviennent auprès de publics variés (adultes handicapés, personnes en voie d’insertion ou de réinsertion, mères célibataires, adolescents en difficulté…). Pour exercer, il faut posséder le diplôme d’Etat d’éducateur spécialisé (DEES), qui se prépare en trois ans dans 80 écoles publiques ou privées avec d’excellentes

B SALAIRE > Un éducateur spécialisé

débutant gagne 1 300 € 2 600 € BRUT EN FIN DE CARRIERE DANS LE PUBLIC. Dans le privé, cela dépend des conventions collectives. A titre d’exemple, la convention collective de l’enfance inadaptée prévoit 1500 € en début de carrière et 2600 € en fin de carrière. ET

34 Le Nouvel Observateur Etudiants n° 8

chances de réussite : 90% des candidats sont reçus. La formation est ouverte aux bacheliers, les séries L et ES sont les plus représentées, suivies par les S et les STT. Mais attention, les écoles pratiquent une sélection drastique à l’entrée ; et le nombre de places offertes dans chaque école dépend des besoins dans la région (les besoins sont importants dans le Nord et en région parisienne, tandis qu’un millier de candidats se disputent chaque année 150 places dans le Sud…). Les tests, communs à tous les établissements, comprennent des épreuves écrites et des tests psychotechniques, organisés par la Drass (Direction régionale des affaires sanitaires et sociales). La deuxième partie des épreuves est mise en place par chaque centre de formation. Certaines écoles proposent des entretiens individuels assortis d’un test en groupe afin de mesurer les connaissances du candidat sur le métier et évaluer sa motivation, sa capacité d’adaptation… Le cursus alterne 1450 heures de cours et quinze mois de stage.

ANIMATEUR SOCIO-CULTUREL : vers la professionnalisation Finies les formations sur le tas, les diplômes sont désormais requis ’animateur socio-culturel a l’image du type sympa, jeune et débordant d’énergie… Pourtant, il s’agit d’un métier à part entière, pas d’une exclusivité pour étudiants en quête d’occupation et d’argent de poche. Sa dimension sociale a d’ailleurs toute son importance, en particu-

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lier dans les maisons de quartier, car son rôle consiste à créer du lien en intervenant auprès de différents publics (enfants ou ados en difficulté, personnes âgés…). Ils travaillent aussi dans la fonction publique territoriale au service des communes, Régions ou départements. Si les métiers de l’animation ont la réputation de s’apprendre sur le tas, il est devenu quasiment indispensable de passer des diplômes si l’on veut se professionnaliser, accéder à un poste à responsabilité ou même simplement à un emploi stable. Ainsi, le BEATEP (brevet d’état d’animateur technicien de l’éducation populaire et de la jeunesse), de niveau bac +1, est délivré par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Il permet d’obtenir la qualification d’animateur professionnel et de devenir responsable d’une activité. Il existe 3 spécialités possibles : scientifique et technique, culturelle et d’expression, sociale et vie locale. Le BEATEP permet aussi de poursuivre ses études en DEFA (diplôme d’Etat relatif aux fonctions d’animation) niveau bac +2.

ASSISTANT DU SERVICE SOCIAL : peu d’élus Des recrues surtout féminines… es assistants du service social ont un vaste champ d’intervention et cette variété contribue à leur succès. En entreprise, en milieu scolaire ou carcéral, dans des établissements de santé… Ils sont susceptibles d’intervenir partout mais toujours auprès de personnes en difficulté. Leur rôle? Faciliter des démarches administratives, l’obtention d’aides financières… La profession est totalement dominée par la gent féminine : 90 % de femmes parmi les 42 000 assistants du service social. Les premiers employeurs des assistants sociaux restent les conseils généraux, suivis par les organismes de protection sociale et les établissements de santé. Malgré une récente augmentation des quotas à l’entrée des écoles, la demande en assistants du service social est très forte. Pour exercer il faut posséder le DEASS (diplôme d’Etat d’assistant du service social) qui se prépare en trois ans dans une cinquantaine d’établissements.

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Ces écoles sont ouvertes aux bacheliers, mais là encore il y a de nombreux candidats pour peu d’élus. Chaque centre est libre de ses modalités de recrutement, mais les concours prévoient presque toujours une épreuve d’admissibilité et deux épreuves d’admission pour juger la motivation. La formation alterne théorie et pratique, 1 740 heures de cours dont 450 de travaux pratiques. Douze mois de stage jalonnent aussi la formation. A l’issue des trois années, l’obtention du diplôme est sanctionnée par un examen final (80% de réussite) comprenant une épreuve dite de Dossier de communication, un écrit sur la connaissance des politiques sociales, la présentation et la soutenance d’un dossier de pratique professionnelle et d’un mémoire d’initiation à la recherche.

A LIRE > LE GUIDE DES CARRIERES SOCIALES,

de Gabrielle Blanchout-Busson, Collection L’étudiant. Ed. 2006-2008. 11,50 €.

DEVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN : nouveaux métiers pour nouveaux profils De nombreuses filières mènent à ces professions passionnantes. es métiers sont apparus dans le cadre du développement des politiques de la Ville depuis une quinzaine d’années. Fréquemment appelés chargés de projet urbain, chargés de projet de politique de la Ville, chargés de mission quartier ou coordinateur de projet quartier, ces professionnels sont employés par les mairies. Ils travaillent en grande partie sur le terrain, doivent faire preuve d’un grand dynamisme et de diplomatie pour gérer des pressions politiques multiples. Les horaires sont lourds, les débuts parfois précaires (seuls 25 % des chargés de projets urbains bénéficient d’un CDI) ; ce qui explique un turn-over important dans la profession. Les formations universitaires qui mènent au secteur sont nombreuses. Il existe plusieurs masters, notamment celui d’aménagement et développement territorial qui offre de bons débouchés en tant qu’agent de développement local, urbain, régional. Autre formation porteuse : le master Développement social urbain à Evry. A la sortie, la concurrence reste rude et l’accès au métier se fait fréquemment par le biais de stages.

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Paramédical : des places à prendre Opter pour ces métiers, c’est la certitude de décrocher un job. On manque d’infirmières, de kinés, de psychomotriciens, etc. A condition de réussir les concours qui y mènent.

a plupart des métiers en blouse blanche continuent d’être des armes anti-chômage ! Infirmier, kiné, orthophonistes, ou psychomotriciens… sont autant de métiers qui recrutent. Les professionnels qui exercent ces métiers travaillent en cabinet ou à l’hôpital et ont tous en commun de posséder de sérieuses qualités humaines, indispensables au quotidien. Attention quand même, malgré la perspective du boulot assuré, il faut garder à l’esprit que ces filières sont sélectives, conditionnées pour la plupart par un numerus clausus. Enfin, il faut mettre en garde contre certaines spécialités largement saturées, mais qui continuent pourtant d’attirer de nombreux étudiants. C’est le cas de la filière diététique (non soumise au numerus clausus) et dont les débouchés sont très insuffisants au regard du nombre de diplômés.

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INFIRMIER : on recrute à tour de bras Les candidats, en ces temps de pénurie, sont toujours bienvenus. REVENUS EN LIBERAL > LES INFIRMIERS ET LES KINÉS QUI EXERCENT EN LIBÉRAL

gagnent en moyenne entre 28 000 et 29 000 € net par an. Il existe de grandes disparités selon les régions.

algré les 440 000 infirmiers que compte notre pays, la pénurie perdure dans les hôpitaux et les différents établissements de santé. Même constat dans les centres de formation, les IFSI (instituts de formation en soins infirmiers). D’autant que pour 2006-2007, le quota de places reste identique à l’année précédente : 30 000 places. Et

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sur le terrain, l’on ne parvient pas à juguler le manque ! Dans son rapport publié en début d’année, l’observatoire national des professions de santé (ONPS) dresse un constat alarmiste concernant la profession. Dans certaines régions comme le Nord ou l’Ilede-France, le manque est criant. Les élèves infirmier(es) sont en effet nombreux à quitter leur région d’origine pour passer leur diplôme, mais ils y retournent volontiers pour exercer leur métier (ce serait le cas de 12 % des diplômés en Ile-de-France). Un phénomène qui laisse de nombreux postes vacants dans certains départements. Autre constat : la déperdition importante d’étudiants en cours d’études : de l’ordre de 20 % au niveau national et jusqu’à 29 % dans le Nord-Pas-deCalais. Il faut dire que le premier stage est un moment révélateur. Loin des images lissées des feuilletons télé, le métier devient réalité et il décourage plus d’un étudiant. A côté de cela, les demandes de soins sont en augmentation constante et leur spécificité crée aujourd’hui des besoins particuliers (vieillissement de la population ; apparition de pathologies chroniques suite aux progrès de la médecine, gestion des 35 heures…). Ce contexte tendu permet aux jeunes diplômés de trouver sans mal un poste sur mesure dès leur sortie de l’école, quitte à négocier considérablement les conditions de travail (choix du service, négociation des avantages divers…). 73 % des infirmières choisissent d’exercer dans des établissements de santé, 13 % en libéral et 14 % en extra-hospitalier (entreprises, associations…).


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BAC +3, +4 SOCIAL ET PARAMEDICAL SALAIRES DANS LE PUBLIC > DANS LA FONCTION PUBLIQUE LES SALAIRES DÉPENDENT DE LA CATÉGORIE DANS LAQUELLE SE SITUE LA PROFESSION.

Pour les puéricultrices, le salaire mensuel brut débutant s’élève à 1 500 €. Pour les infirmiers, les rééducateurs, les secrétaires médicales, 1400 € brut mensuel, pour les aides-soignants et les auxiliaires, 1 162 €.

Formation : le concours d’entrée à l’institut de formation des soins infirmiers, accessible aux bacheliers, compte certainement parmi les plus ouverts des concours paramédicaux. Certains IFSI dépendent des hôpitaux publics, d’autres de la Croix-Rouge française et d’autres d’associations privées. « Les bacheliers ES et même les littéraires s’ils sont motivés tirent très bien leur épingle du jeu, car l’ouverture d’esprit et la culture générale sont tout aussi importants que la rigueur scientifique », précise une ancienne directrice d’IFSI. En effet, au menu du concours, les candidats passent une épreuve de culture générale sur une question d’actualité, des tests psychotechniques, un entretien de motivation. Pas d’épreuve scientifique, donc. Une fois le concours en poche, la formation intense dure trois ans, alternant cours classiques et travaux pratiques, elle prévoit une quinzaine de stages de trois ou quatre semaines tout au long du cursus. Et les matières scientifiques (physiologie, pathologie, anatomie, pharmacologie…) sont bel et bien au programme. Les diplômés ont ensuite la possibilité de se spécialiser en faisant une année supplémentaire en puériculture ou après deux années d’expérience professionnelle en anesthésie ou bloc opératoire.

ERGOTHERAPEUTE : toujours aussi recherché Les places sont assurées pour ceux qui réussissent le concours. e concours est sélectif et peu de centres permettent de s’y préparer ; mais pour ceux qui réussissent, la place est assurée. « Dans certaines régions comme l’Ile-de-France, nous manquons déjà cruellement d’ergothérapeutes », constate Hélène Hernandez, vice-présidente de l’Association nationale française des ergothérapeutes et directrice technique de l’Institut de formation de Créteil. Les ergothérapeutes, victimes de leur succès ? Voilà qui y ressemble. La profession semble en tout cas être en voie de reconnaissance en France. En particulier depuis la loi de janvier 2005 qui réorganise l’offre

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de soins vis-à-vis des personnes handicapées. Cette loi a donné lieu à la création de maisons départementales dans lesquelles les embauches sont nombreuses. Par ailleurs, avec le vieillissement de la population, de plus en plus de maisons de retraite s’offrent les services d’ergothérapeutes. Pour répondre à ces besoins, l’accès à la profession n’est pas soumis au numerus clausus et l’on forme aujourd’hui 340 diplômés par an, un chiffre qui reste stable. L’écrasante majorité des 5 000 ergothérapeutes en exercice sont salariés dans des hôpitaux ou des établissements de rééducation. Ils aident les patients victimes de handicaps temporaires ou permanents en leur proposant toutes sortes d’activités et d’exercices de réapprentissage. Formation : 8 instituts préparent au diplôme national d’ergothérapeute, mais le mode de recrutement varie selon les établissements. A Lyon, le concours est commun avec les études de médecine. A Nancy et à Bordeaux, il s’agit d’un concours commun adapté (les coefficients changent et les candidats à l’ergothérapie passent des épreuves spécifiques). Chacun des cinq autres instituts possède son propre concours, dont les modalités générales sont mises au point par les Drass. Les candidats planchent sur des épreuves de biologie et de physique et les scientifiques s’en sortent évidemment mieux que les autres, même si tous les bacheliers peuvent tenter leur chance. En première année, la formation allie des connaissances théoriques et la pratique avec des techniques de rééducation. Les élèves de deuxième et troisième années alternent cours théoriques et stages (pratique clinique).

ORTHOPHONISTE : pour scientifiques et littéraires Le concours est de plus en plus ouvert, mais reste difficile. e plan langues, mis en place par Bernard Kouchner dès 1999 pour prendre en charge les troubles du lan-

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gage à l’oral et à l’écrit, a largement contribué au développement de la profession. Aujourd’hui, les orthophonistes ont un champ d’intervention considérablement étendu : ils travaillent sur le bégaiement des adultes, les patients souffrant d’Alzheimer, les enfants souffrant de dyslexie ou de dysphasie… L’école reste d’ailleurs le principal lieu de dépistage des problèmes de langage et les enfants occupent 70 % des consultations. La profession est presque exclusivement féminine (98 % de femmes parmi les 15 500 orthophonistes recensés) ; elle s’exerce surtout en libéral (80 %). Certains professionnels n’hésitent pas à se spécialiser dans des voies très pointues (la phoniatrie, les dysfonctionnements en mathématique…) tant la demande est forte. Le numerus clausus qui règlemente l’accès à la profession n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Pour 2006-2007, il a été fixé à 736 places. Formation : la filière qui conduit au certificat de capacité d’orthophoniste se déroule sur quatre ans. Elle est dispensée exclusivement dans les universités, le plus souvent dans les UFR de médecine. Le concours est ouvert aux bacheliers, mais les candidats sont nombreux à avoir fait une année de Deug en sciences de l’éducation ou en psychologie avant de tenter le concours. Le recrutement se fait pour moitié entre des candidats issus de filière S et de L, avec une option maths et il est très sélectif. Dans les 13 centres qui préparent au concours, près de 1 500 candidats se disputent une trentaine de places, sauf à Lille et à Paris : ces centres accueillent chacun plus d’une centaine d’étudiants. La formation comprend 40 % d’enseignement pratique, avec 1 600 heures de stage en hôpital ou en libéral.

n’en est rien ! Avant de se lancer dans cette filière, mieux vaut le savoir… Les débouchés sont quasi inexistants dans les hôpitaux et les diplômés ont bien du mal à s’insérer. Les réseaux de santé publique (Drass) et les métiers de la nutrition conseil aux entreprises offrent les meilleures perspectives ; tandis que les possibilités d’exercice en libéral restent limitées, les séances n’étant pas remboursées par la sécurité sociale. Formation : deux grandes filières préparent les candidats au métier de diététicien(e) : les BTS diététique et les IUT Génie biologique, option Diététique. Mais à côté de ces deux formations reconnues, de nombreuses écoles privées, souvent chères et de qualité variable, forment au métier : un manque d’homogénéisation qui dessert la profession, d’autant que dans ces établissements, les taux d’échec sont élevés. En réalité, contrairement aux autres filières paramédicales, la filière diététique n’est pas soumise au numerus clausus, elle attire donc de nombreux candidats. A peine un sur deux décroche finalement son diplôme. Les profils scientifiques s’en sortent mieux, quelle que soit la filière choisie, car les programmes font la part belle aux matières scientifiques (biochimie, physiologie, nutrition…). Les étudiants sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à poursuivre leurs études dans des filières techniques à l’université, par exemple dans les secteurs de l’agroalimentaire, de la qualité ou encore technico-commercial. Autant de spécialités qui facilitent l’insertion.

KINESITHERAPEUTE : trop de prétendants Plus question d’étudier en Belgique, retour à la case France.

DIETETICIEN : insertion non assurée ! Dur, dur de trouver un emploi dans ce secteur plutôt bouché. l’heure de la traque de la malbouffe, et en pleine obsession de la pandémie d’obésité qui nous guette, les diététiciens devraient faire fortune… Il

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e métier de kinésithérapeute a toujours aussi bonne presse auprès des étudiants, nombreux à tenter leur chance chaque année à ce concours très sélectif. En 2006-2007, le numerus clausus ouvre la profession à 1 889 candidats, un chiffre en hausse constante depuis plusieurs années. La grande nouveauté concerne cette année les étudiants qui tentaient tradi-

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A CLIQUER Plusieurs sites pour se renseigner sur les différentes professions : > WWW.SNUP.FR, Syndicat national d’union des psychomotriciens. > WWW.FFMKR.ORG, la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs. > WWW.ORTHOPHONISTES.FR le site de la Fédération nationale des orthophonistes. > WWW.INFIRMIERS.COM, le site de la profession qui s’adresse aussi bien aux étudiants qu’aux professionnels exerçant. Infos sur concours, avec conseils et annales. > WWW.ADLF.ORG, le site des Diététiciens de langue française. La cote des diplômes

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A LIRE > LES CARRIERES PARAMÉDICALES,

de Stéphanie Desmond. Edition 2005-2006. L’Etudiant. 10,90 €.

tionnellement leur chance de l’autre côté de la frontière en Belgique pour devenir kiné. Jusqu’à présent, la Belgique ne sélectionnait pas ses candidats : une véritable aubaine pour les étudiants français, volontaires pour se former làbas et rentrer ensuite au pays pour exercer... Mais la formule a vécu. Les autorités belges viennent de mettre en place un quota de 30 % de places maximum réservées aux étudiants français, sélectionnés par… tirage au sort. « C’est plutôt une bonne nouvelle que les choses aient été rééquilibrées, c’était injuste pour les autres étudiants français », se félicite Eric Pastor, secrétaire général à l’enseignement, recherche et évaluation à la Fédération française des masseurskinésithérapeutes. Avec un bémol : « Les 1 200 diplômés belges qui rentraient chaque année en France pour exercer manqueront forcément sur le terrain, mais on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. » Car comme les médecins, les kinés « désertent » certaines régions. En effet, la profession qui s’exerce en grande majorité sur le mode libéral (près de 80 %) attire de (trop…) nombreux diplômés dans les zones côtières et urbaines mais pas assez dans les zones rurales. Formation : le concours de kiné attire les foules mais, au final, moins de 5 % des candidats (constitués à 98 % par des bacheliers S) réussissent à intégrer l’un des 35 instituts de formation en massokinésithérapie qui préparent au diplôme d’Etat en trois ans. La moitié des futurs kinés sont recrutés à l’issue d’une première année de médecine validée, l’autre moitié sur concours spécifique à l’issue d’une classe prépa. Mais l’ensemble de la profession vient d’émettre plusieurs souhaits d’évolution dans un livre blanc, notamment un mode de recrutement élargi après une première année universitaire validée. « L’idée est que les étudiants qui valident une première année de bio, ou de Staps, bref d’autre chose que médecine, puisse aussi tenter leur chance », explique Eric Pastor. Autre souhait de la profession : que les étudiants enchaînent trois années de formation en institut à l’issue de cette première année universitaire, avec une troisième année très axée sur le clinicat. Le niveau de sortie serait un niveau licence avec les deux tiers des ECTS du

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master 1, ce qui permettrait à certains de poursuivre en master 2 pour se spécialiser en ostéopathie par exemple.

PSYCHOMOTRICIEN : une profession qui monte Peu nombreux à être formés chaque année, ils se casent sans difficulté. la rentrée 2006, 398 places étaient accordées au numerus clausus de la profession. Un chiffre identique à l’an dernier. Il n’en a pas fallu davantage aux professionnels du secteur pour tirer la sonnette d’alarme. « D’ici quelques années, avec l’explosion de pathologies comme Alzheimer et Parkinson, la pénurie de psychomotriciens sera réelle. C’est déjà le cas en Alsace-Lorraine où on dénombrait une vingtaine de postes vacants à la rentrée 2006 », indique Yannick Thomas le président du Syndicat national d’union des psychomotriciens. Ces professionnels, que l’on estime environ à 5 000 en exercice en France, interviennent tout au long du processus de rééducation, de réadaptation et de réinsertion des personnes en situation de handicap. Le concours attire de nombreux candidats qui n’ont pas forcément un profil scientifique, mais le nombre d’écoles susceptibles de les former n’augmente pas. Cinq sont publiques, et rattachées aux universités, et une est privée. Toutes préparent au diplôme en trois ans. Le concours comprend deux épreuves totalement différentes de deux heures chacune : il s’agit de la biologie et d’une épreuve de contraction de texte. Plus de 80 % des étudiants qui intègrent une école sont titulaires d’un bac S. A la sortie, 10 % exercent en libéral et 90 % en milieu hospitalier public ou privé selon une étude réalisée par le Snup (syndicat national d’union des psychomotriciens) en 2005. Formation : les études durent trois ans. La première année mêle les apprentissages théoriques et une approche pratique des techniques de psychomotricité. A partir de la deuxième année les étudiants font des stages (vingt semaines au minimum).

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Fonction publique: encore des places à prendre Les nombreux départs en retraite ouvrent des postes, mais en même temps, jamais il n’y a eu autant de candidats. Pour devenir fonctionnaire il faut donc plus que jamais affiner sa stratégie.

onne nouvelle pour les aspirants fonctionnaires ! Depuis novembre 2005, les conditions de recrutement, essentiellement sur concours, ne fixent plus de limite d’âge, à quelques exceptions près: les postes qui impliquent des contraintes physiques (pompiers, policiers, membres de l’administration pénitentiaire) ou qui sont accessibles après une longue scolarité (Ecole nationale de la magistrature, ENA, Ecole normale supérieure). Les autres conditions pour devenir fonctionnaires sont quant à elles maintenues: posséder la nationalité française ou, éventuellement, être ressortissant d’un Etat membre de l’Union européenne, bénéficier de tous ses droits civiques, faire preuve d’aptitude physique, avoir un casier judiciaire vierge dans certains cas, et être en situation régulière au regard des obligations de service national. La moins bonne nouvelle, c’est que ce changement va entraîner un afflux de postulants – qui sont déjà, en tout, un million par an selon le ministère de la Fonction publique. Heureusement, les recrutements vont croissants du fait des très nombreux départs à la retraite dans les prochaines années, même si tous les emplois ne seront pas renouvelés. Le Centre d’analyse stratégique (ancien Commissariat au plan) estime qu’il faudra pourvoir, d’ici à 2015, près de 90 000 postes de catégorie A (encadrement et enseignement) : ils sont ouverts aux titulaires d’un bac +3 minimum mais, dans les faits, ce sont souvent des diplômés à bac +5 qui se présentent. Et l’instauration de la réforme licence, master, doctorat (LMD) risque de renforcer encore ce phénomène de surqualification.

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Dans la catégorie B, qui englobe les fonctions intermédiaires, un peu plus de 80000 embauches sont prévues : les candidats doivent au moins posséder le bac (parfois un DUT ou un BTS), mais ils ont le plus souvent un niveau bac +3. A noter que la catégorie C concerne les fonctions d’exécution et s’adresse à ceux qui ne sont pas qualifiés ou qui possèdent le brevet des collèges, voire un diplôme professionnel comme le CAP ou le BEP.

PLUS DE 450 CONCOURS Au total, toutes catégories confondues, il existe plus de 450 concours accessibles en externe, c’est-à-dire aux postulants qui ne sont pas déjà fonctionnaires: ils portent sur environ 50 000 emplois par an, dans les différents corps d’administration. La fonction publique, qui compte cinq millions de salariés, est divisée en deux branches principales : la fonction publique d’Etat comprend la moitié des effectifs et inclut l’ensemble des ministères et l’administration centrale ; la fonction publique territoriale regroupe les communes, les départements et les Régions, soit plus d’un million et demi de personnes. Cette dernière, qui est accessible en externe via une vingtaine de concours, s’est beaucoup développée avec la politique de décentralisation. D’ici à 2012, 35%, voire 50% des cadres seront sur le départ. C’est donc un bon filon, mais avec une particularité : les candidats admis au concours ne sont pas affectés directement à un poste défini. A eux de le trouver en postulant auprès des collectivités locales. Sinon, les concours de catégories A et B se déroulent selon les mêmes grands principes. D’abord des épreuves d’admissibilité, sous forme

INFOS > Renseignements sur les

concours nationaux : HTTP://CONCOURS. FONCTION-PUBLIQUE.GOUV.FR La cote des diplômes

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BAC +3, +4 FONCTION PUBLIQUE ENGAGEZ-VOUS ! L’ARMÉE RECRUTE ET INSISTE SUR LES PASSERELLES AVEC LE MONDE DU : la moitié des métiers sont transposables dans le secteur civil (informaticien, linguiste, mécanicien…). De plus en plus de civils et de contractuels sont employés, qui ne feront pas toute leur carrière dans les rangs de la Grande Muette. Sur les 134000 militaires de l’armée de Terre, on recense 15700 officiers (dont 17% de contractuels), 46700 sous-officiers (dont 40% de contractuels) et plus de 20% de civils (dont plus de la moitié sont fonctionnaires). Les diplômés du supérieur sont recherchés pour ces postes d’encadrement : en 2006, 400 places étaient ouvertes pour les titulaires d’un bac+2 jusqu’à un doctorat. Les salaires sont bas: environ 1533 € net par mois pour un officier débutant. La Marine et l’armée de l’Air ont prévu de recruter 4000 personnes chacune en 2006. La gendarmerie et la Délégation générale pour l’armement (DGA) aussi, dans des proportions plus faibles.

TRAVAIL

A LIRE > LE GUIDE DES CONCOURS DE LA FONCTION PUBLIQUE, par Céline Manceau, Guide L’Etudiant, 2006. 14,90 €. 450 fiches de présentation et conseils pratiques.

écrite, qui testent la culture générale (souvent par un QCM), la maîtrise du français et les capacités d’expression, de synthèse et d’analyse (via une dissertation et un résumé de documents). Les admissibles passent ensuite un oral devant un jury composé de plusieurs personnes, qui évalue leur motivation. Mieux vaut, dans les catégories A et B, avoir de bonnes connaissances en droit et en économie.

UNE PREPARATION AD HOC Pour bien se préparer à ces nombreux concours, dont la fréquence varie (parfois tous les ans, parfois beaucoup moins souvent) et dont les débouchés sont nationaux, régionaux ou locaux, il est vraiment préférable de suivre une préparation spécifique au sein d’une structure spécialisée, car réviser seul est risqué étant donnée la concurrence…

TEMOIGNAGE CECILE, 26 ans, attachée territoriale dans une communauté de communes du Sud-Ouest « J’ai préparé seule le concours d’attaché territorial, de catégorie A, après un DESS Communication politique et sociale à Paris-I. Comme j’ai aussi passé trois ans à Sciences Po Bordeaux, en section Service public, j’étais bien entraînée aux épreuves écrites et aux oraux, notamment ceux de culture générale ou de langue. Lauréate en juin 2005, j’étais inscrite sur une liste d’aptitude durant un an. Je devais moi-même postuler auprès des collectivités : j’ai répondu à plus d’une soixantaine d’annonces et j’ai décroché trois entretiens de recrutement, dont l’un s’est révélé concluant ! J’ai dû défendre mon parcours et mettre en avant mon expérience. »

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On peut toujours s’inscrire au Cned, le centre national d’enseignement à distance, qui propose des formations pour une quinzaine de concours de catégorie A et une vingtaine dans la catégorie B. Autre possibilité, décrocher une licence d’administration publique (LAP) grâce à un cursus au sein d’une université de droit et parfois d’économie, dans l’un des instituts de préparation à l’administration générale (il existe une vingtaine d’Ipag dans toute la France). Les étudiants qui s’inscrivent en LAP viennent en général des filières juridique et économique et possèdent un niveau bac +2. Les Ipag assurent aussi des préparations d’un an à temps plein pour les concours de catégorie A, et éventuellement de catégorie B. Ils accueillent des élèves qui ont souvent un bac +3 et le programme est chargé: droit administratif, constitutionnel et communautaire, économie, culture générale, notes de synthèse, etc. Autre «entraînement» intensif et plutôt efficace, celui des centres de préparation à l’administration générale (CPAG). Ils sont rattachés aux instituts d’études politiques (Paris, Bordeaux, Strasbourg, Lille, Aixen-Provence, Lyon, Grenoble, Rennes et Toulouse). Les étudiants issus d’IEP ou titulaires d’une licence, voire d’une maîtrise, préparent alors les concours de catégorie A. Les meilleurs intègrent l’ENA. Sinon, les instituts régionaux d’administration (IRA) constituent aussi des débouchés intéressants. Ils sont au nombre de cinq : à Lyon, Lille, Metz, Nantes et Bastia. Créés en 1970, ces sortes d’ENA régionaux forment, en un an, les cadres de l’administration française. Enfin, plus spécialisés, les instituts d’études judiciaires (IEJ), rattachés à certaines facs, préparent aux concours de la justice, de la police et de l’administration pénitentiaire. Ils offrent un accès à l’Ecole nationale de la magistrature (ENM), au centre régional de formation professionnelle des avocats (CRFPA), à l’école nationale supérieure de la police nationale (ENSPN), au centre de formation professionnelle notariale (CFPN), etc. Pour suivre le cursus d’un IEJ, il faut posséder au moins un niveau bac +4 en droit.

UNE TRES GRANDE SELECTIVITE Grâce à ces différentes formations, les candidats possèdent les atouts nécessaires pour réussir les concours. Mais le


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BAC +3, +4 ECOLES DE JOURNALISME taux de réussite est très variable… Et il a beaucoup baissé au fil des ans: dans la fonction publique d’Etat, par exemple, on comptait, en 2003, 30 candidats pour 1 place pour les postes de catégorie A, contre 7 pour une place il y a quinze ans! Dans la fonction publique territoriale, les postes de cadres se trouvent surtout dans le corps des attachés territoriaux qui élaborent et appliquent les politiques des élus locaux à différents niveaux de responsabilité, du chargé de mission au directeur. Ils sont formés dans les instituts régionaux d’administration où 1 candidat sur 6 en moyenne parvient à entrer.

CIBLER LES METIERS PEU CONNUS Certains métiers emblématiques sont plus difficiles d’accès. Par exemple, commissaire de police (avec un taux de réussite de 2,5 % en 2003), inspecteur du Trésor Public (taux de 5,5 % en 2005) ou inspecteur des fraudes (3,1 % en 2002).

D’autres, moins connus, sont aussi moins courus… On comptait environ 4 candidats pour 1 reçu au poste d’ingénieur du contrôle de la navigation aérienne en 2003. Même ordre de grandeur pour les architectes et urbanistes d’Etat. Au concours d’inspecteur analyste des impôts, où les diplômes d’ingénieur ou d’informaticien sont nécessaires, le taux de réussite atteignait près de 20 % en 2003. D’une manière générale, les candidats ayant suivi des études scientifiques, d’informatique ou d’ingénieur ont plus de chances que les autres. Il faut dire que le service public a plus de mal à les attirer face aux salaires potentiels du privé… Les postes vacants sont donc plus nombreux qu’ailleurs. Car ce n’est pas qu’une idée reçue: être fonctionnaire assure la pérennité de l’emploi – bien que les postes de contractuels soient de plus en plus nombreux – au détriment de rémunérations élevées…

A LIRE > LES MÉTIERS DE LA FONCTION PUBLIQUE,

de Yaël Didi, Guide L’Etudiant, 2005. 10,90 €.

INFOS > Renseignements sur les concours pour intégrer les collectivités territoriales sur le site du Centre national de la fonction publique territoriale : WWW.CNFPT.FR

Journalisme: pour passionnés exclusivement Les places sont chères dans les écoles reconnues par la profession, mais même ceux qui réussissent à décrocher la timbale connaissent des débuts aléatoires dans la profession.

ans les couloirs de l’Institut pratique du journalisme à Paris, l’une des 12 écoles habilitées par la profession, 40 % des candidats au concours se verraient bien correspondant international pour un grand quotidien dans les cinq ans… « Nous aimons bien qu’il leur reste cette part de rêve », reconnaît Pascal Guéné, le directeur, «mais nous les remettons très vite en phase avec les difficultés du métier. » En effet, un retour à la réalité s’impose. Car si la profession continue de faire rêver, dans les rédactions – nationales en particulier – l’offre n’est pas toujours au

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rendez-vous. Les équipes de permanents sont réduites comme peau de chagrin, les postes de correspondants à l’étranger sont chasse gardée et, de façon générale, les licenciements l’emportent sur les embauches. Un contexte morose qui ne suffit pas à décourager les irréductibles. Les candidats au métier de journaliste sont là, toujours plus nombreux. Pour accéder à cette profession, ils tentent leur chance chaque année dans une des écoles reconnues et habilitées par la profession. Dans les rédactions pourtant, à peine 20 % des journalistes en exercice sont passés par la « case école », car contrairement à d’autres professions, il La cote des diplômes

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BAC +3, +4 ECOLES DE JOURNALISME TEMOIGNAGE AMANDINE, journaliste sans école Amandine est une cumularde. Sur son CV, elle affiche une licence de sociologie, une maîtrise de sciences politiques et plein de stages dans de nombreuses rédactions. Quand on évoque les écoles de journalisme, la réponse fuse, « ah non, pour ça, il fallait bosser le concours et j’avais pas envie. J’ai préféré choisir la sociologie car je savais que ça allait m’ouvrir l’esprit ». Une fois sa licence de socio en poche, Amandine se dit que l’avenir n’est pas très rose, elle entre donc à Sciences Po. Dans le même temps, elle fait des stages, « à la fac, on ne nous y poussait pas forcément. Alors je me suis lancé ». Des quotidiens et hebdomadaires régionaux d’abord : la Dépêche du Midi, la Croix du Midi. « Dès que j’ai vu l’effervescence d’une rédaction, j’ai su que je ne pourrai pas faire autre chose. » Pour décrocher ses stages, Amandine n’a pas le prestige du diplôme, mais une bonne dose de ténacité, « j’insiste, je rappelle, je renvoi mon CV… je parviens toujours à mes fins ». Ensuite, elle fréquente les couloirs de Sud Radio de France Inter et enfin de Télé Toulouse. « Au niveau technique, je sentais qu’il me manquait un certain bagage, je mettais plus de temps que les autres, mais j’arrivais quand même à monter mes sujets. » Avec son parcours atypique, Amandine reconnaît qu’il lui manque certaines bases. « La personnalité compte beaucoup, mais il ne faut pas nier que l’école permet d’avoir de bonnes bases techniques et de se créer des contacts. » Aujourd’hui, son master en poche, elle continue les stages mais n’exclut plus de compléter son parcours par une formation en alternance dans une « grande école »…

CHIFFRE > LES PIGISTES REPRÉSENTENT

19 % DES JOURNALISTES ENCARTÉS EN 2005. Un chiffre qui reste stable depuis cinq ans, mais ne reflète pas forcément la précarité du métier puisqu’il ne tient pas compte de ceux qui sont à la fois pigistes et bénéficiaires des Assedic. Source : Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP), statistiques du 1er janvier 2006.

est possible de devenir journaliste en apprenant sur le tas, avec un bagage universitaire et des stages comme porte d’entrée dans le métier. Dans le contexte actuel, est-il pour autant raisonnable de tenter sa chance sans passer par une école? C’est toujours possible, mais peu conseillé. En effet, afficher un diplôme reconnu sur son CV est un vrai gage de qualité pour les entreprises de presse. Le genre de détail qui facilite considérablement l’accès à la profession. « Certains médias n’embauchent que parmi les diplômés des écoles reconnues », pointe Pascal Guéné. Autre garantie : ces établissements permettent aux étudiants – par le biais des enseignants qui sont aussi des professionnels en poste dans de grands médias– de tisser un réseau professionnel et de se constituer un carnet d’adresses, indispensable dans le métier. Le réseau des anciens, puissant et bien organisé, peut

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aussi servir de tremplin. Les rédactions ont aujourd’hui des exigences particulièrement élevées. Pour avoir leur chance, les jeunes journalistes doivent être immédiatement opérationnels. Ils n’ont que peu de temps pour faire leurs preuves. Enfin, les diplômés d’une école reconnue obtiennent leur carte de presse au bout d’un an d’exercice, quand les autres doivent patienter deux ans. Une carte qui leur permet ensuite de grimper plus rapidement les échelons de la profession notamment au niveau de la grille de salaire. Mais les candidats trop nombreux dans les écoles reconnues (dix fois plus que le nombre de places offertes) décident parfois de se tourner vers d’autres formations. Du côté des écoles privées et coûteuses, quel est l’intérêt d’un tel investissement en des temps où les diplômés des écoles les plus prestigieuses peinent à gagner leur vie ? En ce qui concerne les nombreuses formations spécialisées à l’université, avant d’en choisir une, il faut scruter à la loupe le contenu des enseignements proposés et privilégier celles qui garantissent l’intervention de professionnels dans les différents cours et proposent des stages longs. Quant aux écoles reconnues, elles sont désormais douze recrutant à bac +2 ou à bac +3, via des concours très sélectifs. Depuis cette année, trois écoles privées – l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ), le Centre de formation des journalistes de Paris (CFJ) et l’Institut pratique du journalisme de Paris (IPJ) – se sont regroupées pour proposer un concours partiellement commun sur le modèle de ce qui se fait déjà dans les écoles de commerce ou d’ingénieurs. Le « concours Pemep des grandes écoles de journalisme » s’est déroulé en juin dernier sur trois jours dans sept villes de France. Les épreuves d’anglais, de connaissance de la langue et d’actualité étaient communes, d’autres épreuves (comme la synthèse de français ou encore le libre propos…) et l’ensemble des oraux restaient spécifiques à chaque école. Pour les candidats, l’intérêt était de taille. Ce nouveau dispositif permet de s’inscrire à un, deux ou trois concours avec un tarif dégressif et en passant les épreuves près de chez eux. Un avantage qui ne leur a pas échappé puisqu’ils ont été quelque 1250 inscrits à se disputer les 135 places


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offertes (voir encadré ci-contre). Ainsi, à l’ESJ, le nombre d’inscrits a augmenté de près de 50 %. Attention, l’habilitation par la commission de la carte ne prend pas en compte l’insertion professionnelle des étudiants, et parmi les écoles reconnues le devenir des diplômés diffère sensiblement. Les unes, ESJ, CFJ, IPJ, Celsa jouissent d’une réelle notoriété au plan national, les autres moins. Certaines sont publiques et rattachées à des universités ; les frais de scolarité y sont donc réduits. C’est le cas du Cuej à Strasbourg, du Celsa à Paris, des IUT de Tours et de Lannion, ou encore de l’Institut de journalisme de BordeauxAquitaine, toujours rattaché à l’université de Bordeaux-III mais qui remplace l’ancien IUT et délivre désormais un master de journalisme. Les autres sont privées avec des frais de scolarité qui oscillent entre 3 000 et 3 500 € l’année selon les établissements. Y a-t-il un profil type pour intégrer ces écoles très courues ? Pas de canons de beauté assure-t-on du côté des écoles mais des promotions ouvertes. « Nous nous attachons à constituer des promotions équilibrées, car travailler dans la presse agricole, à Radio France ou dans un news magazine n’implique pas forcément les mêmes caractéristiques», détaille Pascal Guéné de l’IPJ. Voilà pour le discours. Dans la réalité, la proportion des diplômés de sciences politique reste largement majoritaire (50%), suivie par les historiens (15 %) et, dans une moindre mesure, les juristes et les littéraires, les scientifiques ou même des commerciaux. « Il faut bien reconnaître que les diplômés de Sciences Po sont de loin les plus motivés, c’est de plus en plus la voie royale», concède Eric Maitrot à l’ESJ qui ajoute, « ils arrivent préparés comme des Ferrari ». Il est vrai que pour décrocher l’un des fameux concours, certains candidats ne reculent devant rien. C’est le cas de cette étudiante qui reconnaît avoir suivi une prépa intensive pendant trente semaines et déboursé pas moins de… 3 900 €. De même, si les concours sont officiellement ouverts aux bac +2 et aux bac +3, dans les faits, le niveau moyen des candidats s’y situe à bac +4, +5. «Nous avons intégré un seul bac +2 en trois ans », résume Cédric Maitrot (ESJ). A l’école de journalisme de Toulouse, le son de cloche

UN CONCOURS, TROIS ECOLES Le CFJ, l’ESJ et l’IPJ proposent un concours avec un tronc commun d’épreuves écrites pendant trois jours dans sept villes de France: Paris, Lille, Bordeaux, Lyon, Marseille, Nancy et Rennes. Les candidats ont la possibilité de s’inscrire à l’un, aux deux ou aux trois concours, pour des frais d’inscription qui s’élèvent à 180€ pour un concours, 324€pour deux concours et 396€ pour les trois.

CONDITIONS POUR POSTULER Pour l’ESJ et le CFJ, être titulaire d’un diplôme de niveau bac +2, pour l’IPJ d’un diplôme de niveau bac+3. LE DÉROULEMENT DU CONCOURS > Premier jour consacré aux épreuves spécifiques à l’ESJ: compterendu de film, libre propos et question développée d’actualité. > Deuxième jour: toutes les épreuves communes aux trois écoles(synthèse de dossier, synthèse, relecture de copie et anglais). > Troisième jour: épreuves spécifiques du CFJ le matin (l’épreuve d’actualité factuelle, le sujet d’actualité et le questionnaire de culture générale) et l’après-midi, celles de l’IPJ (culture générale, connaissance de la France et de l’Europe, rédaction d’un article). Cette année, 1250 candidats se sont inscrits aux concours. A la clé, il y avait 135 places offertes dans les trois écoles confondues. Renseignements sur WWW.CONCOURSPEMEP.COM

est un peu différent. Ici, la politique de recrutement est réellement plus ouverte. Ainsi, tous les candidats sont convoqués en entretien, « chacun a la possibilité de tenter sa chance à l’oral, indépendamment de l’écrit. Cela fait partie de notre logique de recherche de profil : ce recrutement plus ouvert crée de la richesse », explique Franck Demay, le directeur des études. L’entretien consiste en une discussion de vingt minutes à bâtons rompus pour évaluer à la fois le niveau de culture générale et ce que les candidats connaissent du métier. «Nous apprécions les profils atypiques », insiste Franck Demay ; « l’un de mes plus brillants élèves cette année est titulaire d’un bac S et d’un brevet d’accompagnement en montagne ». A Toulouse, le recrutement officiel est fixé à bac +2, mais les bacheliers aussi ont le droit de tenter leur chance. Et le concours ne comprend pas de limite d’âge. De façon générale, pour réussir un oral, inutile de jouer les groupies du journalisme… Les examinateurs cherchent avant tout à déceler une vraie envie parmi les candidats, une capacité d’analyse sur la société, de la sincérité et déjà une certaine idée de la réalité du métier. Toutes les expériences de stages ou de piges éventuelles même dans de petites

A LIRE > L’édition 2006 de CONCOURS D’ENTRÉE EN ÉCOLE DE JOURNALISME, un guide écrit par des journalistes pour de futurs journalistes qui fourmille de conseils, de méthodes adaptées aux épreuves spécifiques des différents concours et vous livre des morceaux choisis d’entretiens et des extraits d’annales corrigées. Par Anne-Lise Carlo et Yoanna Sultan-R’bibo aux éditions Foucher, 18 €.

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BAC +3, +4 INTERPRETARIAT ET TRADUCTION rédactions témoignent de la motivation d’un candidat, « nous voyons de très nombreux étudiants qui ont déjà cumulé des expériences autres que des stages en entreprise, ils ont une réelle longueur d’avance », confie Alain Lavoinne, enseignant au Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg (CUEJ). Une fois le diplôme en poche, les débuts restent aléatoires. Les CDI fermes restent des exceptions dans les promotions de diplômés (4 CDI sur 41 diplômés du CUEJ en 2005, 2 sur 40 pour la même année à l’IPJ…), le gros des troupes doit se contenter de piges (collaborations à l’article dans une rédaction) ou de CDD. Nombreuses sont les écoles qui ne fournissent d’ailleurs pas de statistiques précises quant à l’insertion de leurs diplômés. « Nous n’avons aucun mal à fournir des stages de fin d’études dans les rédactions, mais les choses se corsent dès lors qu’il faut stabiliser les emplois », confie Alain Lavoinne au Cuej. Les écoles, bien conscientes de ces difficultés, encouragent leurs étudiants à partir vers des spécialisations qu’ils ne choisiraient pas naturellement. Par exemple

le journalisme en ligne, la presse hebdomadaire régionale ou encore la presse spécialisée et professionnelle : scientifique, juridique, médicale, touristique… Autant de secteurs qui offrent plus de débouchés que la presse nationale. « Cette année, notre option Journalisme en ligne a généré 6 embauches sur les 40 étudiants de la promo, et ce dans de vraies entreprises de presse », se réjouit Pascal Guéné à l’IPJ. A Strasbourg, l’accent a été mis sur l’international avec l’ouverture en septembre 2005 d’un master franco-allemand ; les diplômés qui en sortiront en 2007 seront de véritables spécialistes des questions franco-allemandes. La promotion est constituée de 12 étudiants dont la moitié sont Français. Démarche comparable à Toulouse, où l’école a signé un partenariat avec l’université d’Aix-Marseille-III, permettant ainsi à ses étudiants de passer un master de journalisme juridique et de tailler leurs plumes pour les pages spécialisées des quotidiens ou des magazines économiques. Des débouchés certes assez éloignés du mythe du correspondant international de grand quotidien, mais plus abordables par les temps qui courent…

Interprétariat et traduction : des emplois au compte-goutte Ces métiers séduisent des foules d’étudiants, mais seule une poignée de formations très sélectives garantissent des débouchés. Réservées aux anglicistes confirmés, maîtrisant au moins une autre langue.

raducteur ou interprète ? On fait souvent l’amalgame entre ces deux métiers. A tort. Le premier, en effet, traduit des textes à l’écrit dans n’importe quel domaine, puisqu’il est censé les maîtriser tous. Ainsi, il peut traduire avec la même précision un texte de géopolitique,

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un ouvrage consacré à l’art byzantin, ou un article sur les énergies renouvelables. L’interprète, en revanche, réalise une traduction simultanée et orale. Toujours en second plan, c’est lui qui chuchote à l’oreille de George Bush ou de Jacques Chirac lors des congrès internationaux, ou assure une traduction en simultanée de-


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puis une cabine. Il travaille le plus souvent dans les grands organismes internationaux (l’Unesco, l’Union européenne, l’ONU…). De très nombreux étudiants sont attirés chaque année par ces métiers, mais les filières qui y préparent sont relativement peu nombreuses et surtout très sélectives.

UNE POIGNEE DE FORMATIONS Deux écoles ont particulièrement pignon sur rue. Tout d’abord, l’Esit : Ecole supérieure d’interprètes et de traducteurs, une école publique intégrée à l’université de Paris-III-Sorbonne nouvelle. Et l’Isit, l’Institut supérieur d’interprétation et de traduction, un établissement privé rattaché à l’Institut catholique de Paris qui délivre un diplôme visé par l’Etat. Ces deux écoles sont les seules écoles françaises membres de la CIUTI (Conférence internationale permanente des instituts universitaires des traducteurs et interprètes), l’organisme qui accrédite 27 grandes écoles de traduction dans le monde entier. La différence – de taille – qui les caractérise, c’est le prix de la formation. Un an de scolarité à l’Esit coûte environ 500 € contre entre 3 410 € et 5 420 € à l’Isit, selon le cursus et le nombre de langues étudiées. Toutes deux préparent à la fois aux métiers de l’interprétation et de la traduction et, selon la filière visée, elles sélectionnent les étudiants directement après le bac ou après une licence. A la sortie, les diplômés sont titulaires d’un master spécialisé. A part ces deux institutions, et quelques autres universités qui proposent des masters spécialisés porteurs, il faut choisir sa formation en traduction avec beaucoup de prudence, les débouchés pouvant ne pas être au rendez-vous…

LA TRADUCTION des débouchés dans les organisations internationales Les candidats se présentent en nombre pour suivre ces filières haut de gamme.

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remière mise au point : les écoles de traduction ne sont pas des écoles de

langues ! « Les candidats qui postulent chez nous sont censés déjà maîtriser deux langues étrangères au minimum, dont l’anglais obligatoire. Tout au long de leur cursus, ils ne font que parfaire leurs connaissances linguistiques », prévient Geneviève Blondy-Mauchand, la directrice de la filière traduction à l’Esit Paris-III. Les candidats à ces formations ont des profils extrêmement variés et souvent atypiques, ils sont nombreux à avoir des doubles compétences (droit, ingénierie…) très prisées par la suite sur le marché du travail.

DES CANDIDATS TRIES SUR LE VOLET L’objectif de ces filières haut de gamme est de former des traducteurs généralistes en trois années après une licence pour l’Esit, en cinq années avec un recrutement dès le baccalauréat, à bac +2 ou à bac +4 pour faire un master à l’Isit. Dans les deux cas, les étudiants passent des tests de sélection. A l’Isit, la principale épreuve d’admissibilité concerne le français, car « ce qui fait un bon traducteur c’est avant tout la maîtrise de sa langue maternelle », rappelle Marie MeriaudBrischoux, la directrice. « Nous mesurons le niveau de langue à l’oral des candidats, mais aussi leurs capacités de mémorisation, de compréhension et leur culture générale. » Les candidats rédigent ainsi un essai de 200 mots sur un sujet donné. Puis ils répondent à des questions de syntaxe relatives à un texte. En langues étrangères (anglais obligatoire plus une autre langue), on leur soumet un texte avec des questions de compréhension et des phrases de thème. Les candidats qui postulent après un bac +2 sont également soumis à des tests de sélection. A l’Esit, en revanche, les tests d’admissibilité ne mesurent dans un premier temps que les capacités de logique, d’analyse et l’esprit de synthèse des candidats. « Des compétences indispensables dans ce métier », affirme Geneviève Blondy-Mauchand. Les candidats sont nombreux, cette année : 500 étudiants ont passé les épreuves mais à peine 140 ont finalement intégré la formation ; « C’est un peu plus que l’an passé, car le niveau des candidats était plus élevé. » A l’issue de la première année, qui ne se redouble pas, un second écrémage important a lieu. Seuls ceux qui terminent

SALAIRE > Un traducteur débutant gagne 2 200 € BRUT PAR MOIS.

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BAC +3, +4 INTERPRETARIAT ET TRADUCTION TEMOIGNAGE ELODIE, traduction et affaires internationales, le doublé gagnant «Depuis le lycée, je voulais faire du droit et des langues. J’ai donc naturellement essayé de m’inscrire en bi-deug anglais droit à Nanterre, mais je n’ai pas été prise. Heureusement, j’ai entendu parler de l’Isit et la filière traduction juridique m’a parue idéale. Les deux premières années étaient très intensives, avec beaucoup de cours, des projets ; mais le droit ne m’a pas plu du tout, je n’ai pas eu le déclic. J’ai donc opté en troisième année pour la filière traduction anglais-espagnol, option Affaires internationales. Au fur et à mesure que j’avançais, j’avais envie de m’ouvrir au monde de l’entreprise, je ne me sentais pas forcément prête à m’établir en free-lance pour faire de la traduction pure. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix. Grâce au master, j’ai acquis une double compétence. langues d’un côté, gestion et négociation internationale de l’autre. J’ai été embauchée chez Sagem suite à un stage de six mois. Aujourd’hui je m’occupe de la division export pour l’Europe du Sud dans la divisiondes portables. Les langues étaient un but, elles sont devenues un moyen, car c’est vraiment ce qui m’a permis d’être embauchée. »

l’année avec 12 de moyenne décrochent leur ticket pour la deuxième année. Les autres (environ 30 %) sont réorientés. Même degré de sélectivité à l’Isit, où 88 candidats se sont disputés 17 places cette année. « Il est frappant de voir que de nombreux candidats ne savent pas ce qui les attend dans une formation comme la nôtre », observe la directrice. Pour ceux qui passent le cap de la sélection, les deux premières années ressemblent à une classe prépa intégrée. Au programme, trente-deux heures de cours par semaine et autant de travail personnel. «La langue est un outil, ils doivent donc apprendre à en maîtriser toutes les subtilités », analyse la directrice.

DE NOMBREUX STAGES Ces formations sont jalonnées de stages obligatoires et elles font, à partir de la deuxième année pour l’Esit et de la troisième année pour l’Isit, une large place à la professionnalisation et à la spécialisation. En effet, les traducteurs sont censés pouvoir s’adapter à tous les domaines. Les formations font la part belle à l’économie, au droit, au management, au marketing ou au commerce international.

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Dans les deux écoles, les enseignants insistent sur le profil des candidats. Il est indispensable d’entretenir une véritable passion pour les langues et les cultures étrangères. Il faut en permanence avoir une fenêtre ouverte sur les pays avec lesquels on souhaite travailler : lire la presse étrangère, écouter les chaînes de télévision de ces pays… « Même si ce n’est pas obligatoire, il est fortement conseillé d’avoir vécu au moins six mois à l’étranger », analyse Geneviève BlondyMauchand. « Mais sur place, même si l’on occupe un petit job, il est indispensable d’acquérir différents niveaux de langage. Ainsi, prendre des cours à l’université est un vrai plus », nuance la directrice de l’Isit. En effet, de retour au pays, le candidat à une école de traduction doit posséder tous les registres de la langue. Les traducteurs débutants démarrent souvent leur activité en indépendant. Ils travaillent alors pour des agences de traduction ou de grandes entreprises, de plus en plus nombreuses à sous-traiter ce genre de service. Ils ont également la possibilité d’intégrer les grandes organisations internationales, via des concours spécifiques. D’ailleurs, dans ces organismes, les besoins en traducteur sont grandissants ; ainsi l’Union européenne, qui emploie actuellement quelque 1300 interprètes en poste, devrait continuer à recruter de façon régulière de nombreux traducteurs dans les prochaines années et augmenter de l’ordre de 30 % le volant d’indépendants auxquels elle fait appel. En tête des besoins : toutes les langues des pays de l’Est. Avis aux amateurs de croate, lituanien, bulgare…

INTERPRETATION : peu d’élus mais des débouchés assurés en free-lance ou pour le compte de grandes organisations internationales. Leurs effectifs sont réduits, mais cela leur assure une place sur le marché du travail. n peut assimiler l’interprétation à une filière d’excellence. Une poignée de diplômés (40 environ) triés sur

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le volet sortent chaque année des deux promotions de l’Isit et de l’Esit. Ils vont rejoindre les rangs d’une profession aux effectifs très limités : à peine quelques centaines d’interprètes sont recensés à Paris, pourtant l’un des endroits où le marché est le plus important… Cette filière d’excellence recrute au comptegouttes, mais cela garantit un bon accès à l’emploi pour ses diplômés. Le profil des candidats à l’interprétation est un peu différent de celui des traducteurs : souvent plus âgés (26 ou 27 ans), ils ont suivi des formations variées (écoles de commerce, licence de mathématiques…). Le niveau requis pour postuler est la licence ou n’importe quel diplôme à bac +3. Parmi eux, nombreux sont les étrangers vivant en France. Ils représentent fréquemment plus de la moitié des promotions. « Les Français avec des profils atypiques, ayant vécu longtemps à l’étranger sont aussi nombreux », mesure Clare Donovan, directrice du département interprétation à l’Esit Paris-III. Les candidats sont évidemment sélectionnés sur leurs capacités linguistiques par le biais de tests oraux. « Mais nous testons aussi des qualités telles que la réactivité, la concentration, la curiosité intellectuelle… Bref, autant de qualités indispensables chez un bon interprète», détaille Marie Meriaud-Brischoux à l’Isit. Durant les deux années de formation, les étudiants apprennent les trois formes d’interprétation : simultanée, chuchotée, consécutive.

DES DEBUTS EN FREE-LANCE Comme les traducteurs, les interprètes ont ensuite la possibilité de passer les concours pour entrer dans les grandes organisations internationales (Communauté européenne, Unesco, OCDE, ONU…). « Mais les débuts dans la profession se font le plus souvent en indépendant », observe Clare Donovan, et nombreux sont ceux qui décident finalement de conserver ce statut par choix. Ils interviennent alors pour le compte de grandes entreprises lors de congrès, pour des associations professionnelles au niveau européen, lors de réunions bilatérales de haut niveau… « En ce moment, il y a une véritable pénurie d’interprètes en anglais de langue maternelle chinoise, arabe ou russe. Nous avons aussi des besoins

très ponctuels liés à l’actualité européenne avec des langues comme le bulgare, le roumain, le croate, le turc… » Autre langue particulièrement convoitée en ce moment : le chinois ! « Les J.O. de Pékin programmés pour 2008 y sont pour beaucoup, tous nos francophones possédant le chinois sont déjà sollicités », se félicite Geneviève Blondy-Mauchand.

SALAIRE > Un interprète qui débute dans la profession fixe ses honoraires à 600 € BRUT LA JOURNÉE et beaucoup plus lorsqu’il s’agit de langues rares.

QUELQUES SPECIALISATIONS : moins connues mais très porteuses… Les secteurs techniques sont de véritables niches à exploiter pour les jeunes diplômés.

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a traduction technique : l’université de Paris-VII propose un master de traduction avec deux options dont l’une, industrie des langues (IL), est particulièrement porteuse. Les étudiants y entrent après une licence et y acquièrent toutes les techniques de traduction indispensables dans des secteurs techniques. Ils deviennent par exemple traducteur spécialisé de l’informatique et des télécommunications avec l’anglais pour langue de travail, ou encore ingénieur linguistique multilingue spécialisé dans le traitement automatique des langues… « Les étudiants boudent cette option à tort, malgré des débouchés nombreux », déplore Geneviève Bordet, une enseignante du master. Ils sont embauchés le plus souvent dans de grandes entreprises type : Afnor, IBM, Sistran ou encore la Société Générale. Ces diplômés sont en phase avec les besoins des professionnels puisque la formation se fait en alternance au rythme d’une semaine en entreprise et d’une semaine en formation. La traduction juridique : l’Isit (encore) a mis en place une filière de double compétence de niveau bac +4 en partenariat avec l’université de Sceaux. Les candidats suivent en parallèle une formation de droit et une formation de traduction adaptée à leur domaine de prédilection à l’Isit. Ils obtiennent un double diplôme et se vendent à prix d’or dans des cabinets d’avocats internationaux. La cote des diplômes

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Ecoles d’art : pour talents accrocheurs Talent, persévérance, sens des relations publiques sont utiles pour mener une carrière dans le domaine des arts. Choisir une bonne formation reste déterminant.

evenir artiste, voilà un rêve qui, pour devenir réalité, nécessite talent… endurance et stratégie. « Si j’avais su, j’aurais commencé dès l’école à serrer les pinces et à soigner mes relations publiques, car le réseau personnel est déterminant pour percer », soupire ce jeune diplômé qui préfère garder l’anonymat. L’enquête inédite du ministère de la Culture (voir encadré p. 53) ne dit pas autre chose : après les compétences, les « relations acquises en cours de formation » sont le deuxième facteur pour trouver du travail, faire une expo, obtenir une exposition médiatique. L’enquête révèle aussi que ceux qui décrochent le DNSEP, diplôme à bac +5 délivré par les écoles d’art, travaillent à 80 % dans un secteur artistique ou para-artistique trois ans après être sortis de l’école, ce qui n’est pas si mal ! Raison de plus pour bien choisir sa formation puisqu’elle permet de faire grandir son talent et d’acquérir des compétences, mais aussi de nouer des relations dans le milieu. Ecoles placées sous la tutelle du ministère de la Culture, écoles privées et écoles placées sous la tutelle du ministère de l’Education nationale proposent une variété de cursus et de diplômes. Suivez le guide pour toquer à la bonne porte…

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QU’EST-CE QU’UNE ECOLE D’ART ? D’abord, un peu de vocabulaire. L’appellation « école d’art » s’emploie pour désigner des établissements ayant vocation à former des artistes, mais aussi des professionnels dans le domaine des arts visuels. La dénomination des écoles – «beaux-arts », « design », « arts visuels », « arts décoratifs » – n’est donc pas tou-

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jours significative, car en réalité il existe souvent plusieurs filières et diplômes distincts dans chaque école, plus ou moins spécialisées, plus ou moins professionnalisantes. Cinquante-deux écoles d’art dépendent du ministère de la Culture. Elles restent plus généralistes que les écoles d’arts appliqués ou les formations aux métiers d’art, qui relèvent du ministère de l’Education nationale et sont vraiment tournées vers des métiers. Ces 52 écoles sont publiques, mais certaines sont nationales (et financées par l’Etat) et d’autres territoriales – des écoles municipales le plus souvent. Mais attention, la différence porte sur le statut de ces établissements et non sur la nature ou le niveau des diplômes délivrés. C’est ainsi que 46 écoles territoriales et 6 écoles nationales préparent aux diplômes nationaux (DNAP, DNAT, DNSEP), au sein de ce qui est désormais appelé le réseau des Beaux-Arts. L’an dernier, le diplôme à bac +5 (DNSEP) proposé par ce réseau d’écoles a obtenu l’homologation de niveau 1, c’est-à-dire qu’il est reconnu de niveau équivalent à un master ou à une école d’ingénieurs. Le diplôme national des arts plastiques (DNAP) s’effectue en trois ans. Il comporte trois options – art, communication ou design. En poursuivant encore deux ans, on accède au diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP), toujours avec les mêmes options. Le diplôme national des arts et techniques (DNAT) se déroule également en trois ans. Il est à visée plus pratique comme le montrent les trois options du diplôme : design de produit, design d’espace ou design graphique.


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Enfin, 5 établissements sont à mettre à part du réseau des écoles d’art car ils délivrent leur propre diplôme et bénéficient d’une notoriété ou spécialisation si grande qu’il forment une catégorie à part. Il y a les « trois parisiennes » : Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad), Ecole nationale supérieure des beauxarts (ENSBA), Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI). Deux autres écoles nationales délivrent aussi leur propre diplôme : l’Ecole nationale de la photographie d’Arles, et le Studio national des arts contemporains du Fresnoy (sous statut associatif), qui recrute à bac +2 et forme en deux ans.

LE RESEAU NATIONAL DES BEAUX-ARTS Les 52 écoles n’offrent pas les mêmes filières, à savoir les trois options Art, Communication, Design. Mais toutes forment, après un concours de recrutement basé sur des épreuves écrites et un test des aptitudes artistiques ou un book, jusqu’à bac +3 ou bac +5, et délivrent le DNAT, le DNAP, ou le DNSEP. En termes de dynamisme, il existe de grandes disparités entre elles : certaines sont plus cotées que d’autres. Mais on ne peut faire de distinction simple entre celles qui sont nationales et celles qui sont municipales : des artistes réputés sont diplômés d’écoles locales, comme Yann Kervale qui a décroché son DNSEP au Beaux-Arts de Quimper : dans le domaine artistique, les écoles ne fabriquent pas les talents, mais aident à leur éclosion. Et certains établissements ont acquis un certain prestige. Ainsi, les BeauxArts de Bordeaux, créés en 1889, proposent deux options, Arts et Communication visuelle. Les écoles d’Aix-enProvence et de Marseille encouragent le travail et la création sur le thème très pointu de la robotique. Les Beaux-Arts d’Avignon mettent en avant un département « conservation et restauration d’œuvres peintes ». Lyon s’est spécialisé dans le design textile, graphique, de produits et de l’espace. Plus inattendue, l’école de Saint-Etienne a mis l’accent de façon spectaculaire sur le design et organise une biennale internationale du design et tient même une Cité du design. Les écoles de Nantes, d’Orléans (l’Institut des arts visuels) et de Reims sont éga-

TEMOIGNAGE OLIVIER DESPORTES, diplômé de l’Institut des arts visuels, l’Ecole des beaux-arts d’Orléans Juste après un bac technologique, il a passé les concours d’Art Déco et de l'ENSCI à Paris, et de l’Institut des arts visuels d'Orléans, l’école locale des beaux-arts, réputée pour sa filière design. « Depuis l’âge de 12 ans, je rêvais de devenir designer, j’avais pas mal de planches à montrer. L’IAV d’Orléans m’a pris sans que j’aie effectué de prépa, ce qui est une vraie chance », explique Olivier Desportes, 27 ans. « Cela m’a évité d’avoir à financer un logement à Paris, alors que les réseaux de l’IAV sont parisiens car les enseignants viennent tous de Paris, ce qui est un atout », souligne-t-il. En 2004, une fois diplômé du DNSEP, il a d’ailleurs commencé par un CDD de 6 mois chez Presse-Citron, maison d’édition où il s’est occupé de design des produits, payé un peu sous le Smic. Puis il s’est inscrit à la Maison des artistes et a enchaîné des missions d’aménagement de magasin, en indépendant. Depuis qu’il enseigne le design à l’IAV, cela va beaucoup mieux. «En cumulant les travaux en indépendant et les heures d’enseignement, je peux vivre de ma formation de designer, sans avoir à accepter des jobs uniquement alimentaires. » Il va passer le concours d’enseignant pour consolider cette activité, ce qui lui laissera du temps libre pour créer et participer à des expositions.

lement particulèrement actifs autour de cette spécialité. Fil conducteur pour guider son choix : les établissements qui proposent des options adossées à des activités régionales, ou proposent la filière Design plus professionnelle. Plus il y a de choix d’option, mieux vous pouvez vous orienter.

A CLIQUER > Site du centre national

des arts plastiques, avec présentation des filières et des écoles : WWW.CNAP.CULTURE.GOUV.FR

L’ENSCI - LES ATELIERS C’est la plus jeune des trois « parisiennes » : elle va fêter ses 25 ans quand ses collègues affichent plusieurs siècles, et compte 300 élèves. L’Ecole nationale supérieure de création industrielle propose trois cursus bien distincts, chacun sanctionné par un diplôme spécifique. On peut devenir designer industriel en cinq ans, ou designer textile en trois ans. Depuis peu, il est également possible d’acquérir des compétences multimédia grâce à un mastère spécialisé Design des nouveaux dédias, accrédité par la Conférence des grandes écoles (1 an, 7 900 €). La filière Designer industriel est particulièrement attractive en raison des débouchés dans les agence de design ou les bureaux d’études travaillant pour Renault, Seb, Alcatel. La promotion est petite : 35 La cote des diplômes

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BAC +3, +4 ECOLES D’ART QUELQUES EXEMPLES D’ECOLES D’ART ET DE DESIGN ECOLES

STATUT

DIPLOMES DÉLIVRÉS

NOMBRE D’ÉLEVES

DURÉE DE LA SCOLARITÉ

Institut d’art visuel d’Orléans

public

DNAT et DNSP en desig, avec 4 options (communication, graphisme, espace, produit)

300

ENSAD

public

Diplôme bac +5 spécifique avec 10 spécialisations

Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg

public

Esag Penningham

privé

COUT

DURÉE DU STAGE OBLIGATOIRE

CONDITIONS D'EMPLOI DES DIPLOMÉS

3 ou 5 ans

470 € par an

4 mois

Le DNAT forme des collaborateurs en agence. Insertion plus rapide que les DNSP se mettant à leur compte

640

5 ans

305 € par an

3 mois en 4e année

L’école signale que ses diplômés vivent de leur art en 2-3 ans. Pas de reconversion et seulement 3% qui deviennent enseignants

DNAP et DNSEP, art, design, communication

597

3 ans ou 5 ans

354 € par an

Recommandés l’été, et obligatoire en 4e année (3 mois)

25 % se mettent à leur compte et en vivent au bout de cinq ans. Le reste travaille en agence ou devient enseignant (10 %)

Diplôme spécifique bac +5 en graphisme ou architecture d’intérieur

650

5 ans

5 920 € 1re année, 6 850 € 2e année, 8 590 € les trois dernières années

3 mois en 4e année

Salaire moyen de 2 400 € net au bout de 12 mois, ce qui est un chiffre élevé

places, en raison d’une sélection drastique – seulement 5 % des candidatures sont retenues ! « Nos étudiants trouvent du travail facilement, mais les bureaux d’études leur demandent de plus en plus de s’établir en indépendant et d’intervenir au titre de prestataire externe, dans un premier temps », explique Valérie Eicher, coordinatrice au sein de l’établissement. Elle souligne un autre atout: « L’école possède une bonne notoriété internationale et des réseaux pour permettre de démarrer une carrière ailleurs qu’en France.» Au bout de trois ans, l’insertion est de 100%, un score excellent.

L’ENSAD - LES ARTS DECO L’Association des anciens compte 900 membres et un site dynamique : voilà une école avec un fort esprit d’école, ce qui est rare chez les artistes ! C’est également un véritable atout pour mettre le pied à l’étrier. Si l’école forme aux arts plastiques et permet de décrocher un diplôme unique – le diplôme d’Etat de l’Ensad –, sa finalité reste assez professionnelle, avec onze secteurs de spécialisation. Dès la deuxième année, les élèves choisissent entre animation, architecture intérieure, art-espace, arts visuels, design graphique et multimédia, design objet, image imprimée, scénographie, textile, vêtement,

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photo-vidéo. « Cette organisation pédagogique qui s’adosse à un métier séduit beaucoup. C’est une autre façon de faciliter l’insertion professionnelle, d’où nos 2000 candidatures pour 80 places», commente Nathalie Fourchet-Battais, responsable de la mission communication. Elle explique aussi la surenchère des prépas et autres années d’études artistiques affichées par ceux qui réussissent le concours, théoriquement accessible même sans le bac.

ENSBA - LES BEAUX-ARTS DE PARIS Les Beaux-Arts de Paris proposent un seul diplôme, sans spécialité, mais fort prestigieux. L’école reste la voie royale pour ceux qui souhaitent devenir artiste. Book, épreuve écrite d’analyse, oral : 700 candidats, affichant généralement un bac+2, se bousculent pour se répartir 80 places. L’école a fait peau neuve à la rentrée 2006 en remaniant son organisation pédagogique afin de coller aux standards européens du semestre, et permettre les transferts de crédits (système ECTS). Le savoir-faire de l’ancienne Académie de peinture et sculpture fondée en 1648 demeure inchangé : ici, la pédagogie est articulée autour du travail en atelier sous la conduite d’artistes de renom. « Dès le début de la première année, chaque élève


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doit choisir un tuteur dans un des trois pôles – peinture, sculpture, multimédia – qui le suivra tout au long de sa scolarité. Il devra combiner des enseignements théoriques et pratiques en étant attentif à ne pas rester dans une relation exclusive avec son tuteur », explique Hervé Lebail, coordinateur au service de la scolarité. L’impressionnante collection de peintures et de sculptures (3 000 œuvres) à disposition des élèves, la politique internationale très active qui repose sur des programmes d’échange avec une cinquantaine d’écoles d’art étrangères, font le reste. Il est à noter que 25% des 550 étudiants inscrits à l’école sont de nationalité étrangère. Si certains élèves sont reperés et « dragués » par les galeries avant même la fin de leur cursus, il est difficile d’avoir une vision précise de l’insertion professionnelle, l’école ne réalisant pas de suivi annuel de ses étudiants.

LES ARTS APPLIQUES DANS LE PUBLIC Céramiste, tapissier, architecte d’intérieur… Cinq écoles publiques dépendant du ministère de l’Education nationale proposent des filières post-bac tournées vers les métiers d’art. Ces établissements, très renommés, sont des lycées techniques, héritiers d’écoles nées au XIXe siècle, et ayant réussi à garder une culture artistique et manuelle fondée sur l’excellence et la créativité. Les titulaires de bac avec mention « art appliqué » peuvent y décrocher, après une scolarité de deux ans, un diplôme des métiers d’art (DMA) ou un encore un BTS (ceux qui sont issus d’un bac général doivent effectuer une année de préparation). Après deux ans d’études supplémentaires, on peut décrocher le diplôme supérieur d’arts appliqués (DSAA), à bac +4. Sélectives, dotées d’une bonne notoriété, elles ne garantissent pas une insertion facile pour autant. Là encore, il faut savoir s’accrocher. ECOLE SUPÉRIEURE DES ARTS APPLIQUÉS DUPERRÉ. Spécialisée dans le design, le textile, la communication visuelle, la mode. L’an dernier, sur 1300 candidats, 80 étaient admis. ENSAAMA. Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art, également appelée Olivier-de-Serres. Sculpture, décor mural, céramique, impression textile, architecture intérieure,

L’ENQUETE NATIONALE D’INSERTION DES DIPLOMES DNSEP

C'est une première, le ministère de la Culture a confié une enquête d’insertion à un labo du CNRS qui a interrogé la promotion 2003 diplômée à bac+5 des écoles d’art, c’est-à-dire affichant le fameux diplôme DNSEP. Les diplômés des Beaux-Arts de Paris, des Arts Déco, de l’Ensci, et autres écoles délivrant leur propre diplôme à bac +5 ne font donc pas partie du périmètre de l’étude. Les résultats se révèlent pour le moins positifs ! 18 mois après l’obtention de leur diplôme, 60 % sont en situation d’emploi, un chiffre qui monte à 80 % au bout de trois ans. Au bout de trois ans, on note une forte relation formationemploi : 4 diplômés sur 5 travaillent dans un secteur d’activité artistique ou para-artistique où ils utilisent des compétences artistiques acquises en école d’art. Le taux d’insertion est différencié selon les options : ceux qui affichent les options Design ou Communication trouvent plus rapidement un emploi, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que le délai nécessaire pour qu’un artiste perce sur le marché de l’art ne peut être inférieur à cinq ans. Enfin, parmi les 80 % de diplômés en activité, 76 % exercent un travail salarié, et 23 % en indépendant. Notons cependant le faible taux de CDI : il est de 13,7 % à 18 mois, et atteint 21 % à trois ans…

communication visuelle, esthétique industrielle, sont les deux domaines d’expertise du lycée qui accueille 710 élèves dans ses formations artistiques post-bac. ECOLE BOULLE des arts appliqués aux industries de l’ameublement et de l’architecture intérieure. L’établissement porte bien son nom, préparant aux métiers du mobilier en général. C’est sa filière la plus réputée, l’école proposant également des filières plus générales sur le design ECOLE SUPÉRIEURE ESTIENNE des arts et industries graphiques de Paris, spécialisée sur le multimédia, l’expression visuelle, l’univers du livre. ESAAT. L’Ecole supérieure des arts appliqués et du textile, à Roubaix, forme au secteur de l’habillement.

A CLIQUER > Site de la Sema, société

d’encouragement aux métiers d’art : HTTP:// METIERSDART-ARTISANAT.COM

LES ECOLES D’ART PRIVEES Leur avantage : des services de placement qui compensent parfois le coût des études, mais sans garantie aucune. CRÉAPOLE, école de création et de design proposant également des filières en architecture d’intérieur, jeu vidéo et animation. Un candidat sur deux réussit l’entrée en première année, qui est une année La cote des diplômes

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BAC +3, +4 ECOLES DE MODE EN APPRENTISSAGE de prépa comptant 350 élèves. Au bout de cinq ans, 80 jeunes seront diplômés. Ils trouveront un emploi entre 0 à 15 mois. CAMONDO : un candidat sur deux réussit à entrer et à décrocher le CESAIPE, diplôme de l’établissement à bac +5, en ar-

chitecture d’intérieur et en design. Parmi les anciens : Philippe Starck. ESAG PENNINGHEM, sélective, l’école enseigne les arts graphiques, le multimédia, le design, l’architecture d’intérieur, et affiche de bon scores d’insertion.

Ecoles de mode : des paillettes et de la sueur La mode est une industrie exigeant compétence, talent, technicité. Les rêveurs peuvent passer leur chemin. Pour les autres, une formation sera le premier pas vers l’insertion.

’est un métier glamour, mais propice aux désillusions. «C’est même un véritable miroir aux alouettes », précise François Broca, directeur de l’Ecole de la chambre syndicale de la couture parisienne. Un établissement qui a formé des créateurs comme Issey Miyake, Valentino, Yves Saint Laurent… Chaque année, François Broca reçoit personnellement en entretien 200 candidats pour en retenir 60. Il explique à chacun, les yeux dans les yeux :« Les maisons de prêt-à-porter ne cherchent pas des créateurs de 25 ans, mais des professionnels capables de concevoir des lignes de produit commercialement viables, dans le respect d’une identité de marque. » Et être reçu dans cet établissement prestigieux permet tout juste de faire modestement ses premiers pas, en bas de l’échelle. Une fois nanti de son bac +3 (à raison de 7 800 € par an), le jeune diplômé devra commencer par… un stage. «Au bout d’un an, il sera pris en CDD à 1500 € brut par mois», explique François Broca. On l’aura compris, ceux qui n’ont ni le talent, ni la foi, ni le sens des réalités et une certaine maturité seront balayés sur un marché de l’emploi impitoyable. Pourtant, il existe un nombre impressionnant d’écoles, instituts et autres éta-

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A LIRE > Guides de l’Etudiant :

LES MÉTIERS DE LA MODE, par Virginie Sabia. Editions l’Etudiant. 10,90 €. Site de la fédération française de couture : WWW.MODEAPARIS.COM

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blissements dans ce domaine, autant dire que la prudence s’impose. Dans le public, il existe peu de formation, mais elles sont excellentes. L’ENSAD, c’est-à-dire les Arts Déco, créé en 1766, propose une filière textile, dont est notamment issu Jean-Paul Goude. La formation dure cinq ans et permet d’obtenir un diplôme de l’école, avec mention de la spécialité Vêtement ou Textile sur le diplôme. La sélection est rude, mais les frais de scolarité ne dépassent pas 290€ par an. Pour l’admissibilité, le sujet de l’épreuve est communiqué par Internet, et les élèves ont quatre jours pour rendre leur copie. Suivent les tests oraux et écrits. L’ECOLE SUPÉRIEURE DES ARTS APPLIQUÉS DUPERRÉ possède une excellente réputation, même si sa notoriété dans le monde professionnel est peut être moins grande que celle de l’Ensad. Elle propose un BTS dont les titulaires travaillent dans les bureaux de style, ou en tant que styliste intégré dans les entreprises de prêt-à-porter. Côté privé, dans le foisonnement des cursus, certains établissements ont fait leur preuve auprès des professionnels. LE STUDIO BERÇOT, école assez discrète sur les salons (voire absente), mais qui a une réputation solide, délivre un certificat agréé par le rectorat de Paris, sanctionnant deux années d’études (7 000 €


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BAC +3, +4 ARCHITECTURE par an). La troisième année, consacrée à un stage en entreprise, est facultative et non payante, mais recommandée. L’école met autant l’accent sur le stylisme que sur le modélisme (la maîtrise des techniques de mise au point du vêtement). L’ATELIER CHARDON SAVARD : ici, la mode est certes un art appliqué évoluant en fonction des réalités industrielles et commerciales, mais l’accent est mis sur la création. L’école annonce un salaire de 1 400 à 1 500 € brut la première année, et

4 à 5 élèves qui créent leur société chaque année (sur une promo de 55 élèves). Formation en trois ans, 6 900 €/an. L’ESMOD, organisée en réseau, dispose de sites à Paris, Bordeaux, Rennes, Lyon et Roubaix, ainsi que dans 23 pays. Formation en trois ans (8000 €/an) que l’on peut compléter par une année à l’international (10 800 €). L’école annonce un salaire de 1500 € brut dès la première année d’obtention du diplôme principal. Ecole réputée chez les professionnels.

Architecture : pour homme ou femme orchestre Les débuts sont parfois ardus mais peuvent mener vers de belles carrières, à condition d’avoir plusieurs cordes à son arc : créativité, technique et étoffe d’un chef d’entreprise.

a maison d’un particulier ou un building de standing à Dubaï… Quelle que soit la commande, l’architecte est censé maîtriser tous types d’ouvrages de la conception jusqu’à la pause de la dernière pierre ! Associée à de grands noms et à des projets prestigieux, la profession fait beaucoup rêver. Pourtant, les débuts ne sont pas roses pour les jeunes architectes qui souhaitent s’installer à leur compte. En effet, le coup de crayon, si précis soitil, ne suffit pas… L’architecte doit aussi être capable de gérer son activité comme une véritable petite entreprise, de constituer son carnet d’adresses. Il doit aussi fréquemment se mesurer aux plus grands lors de concours pour tenter de décrocher un projet. La réussite n’étant pas toujours au rendez-vous. « L’installation à son compte reste une étape difficile. Pour réussir, il faut avoir collaboré à une agence pendant quelques années, en moyenne trois ans », évalue Dominique Noël présidente de l’agence d’intérim et de recrutement Archibat (voir p. 56).

L

Des réalités qui ne découragent en rien les candidats, de plus en plus nombreux à s’inscrire en école d’archi. Ainsi, l’école de Paris la Villette a enregistré en juin dernier 1 400 demandes de pré-inscriptions contre 900 l’année précédente, pour un nombre de places qui reste stable (200). Même constat à l’école d’architecture de Strasbourg qui a vu doubler le nombre de candidatures en deux ans, désormais 700 pour 120 places.

DES ETUDES OUVERTES Aucune des 23 écoles d’architecture ne pratique un concours d’entrée, une sélection tacite s’opère néanmoins. « Après un premier écrémage sur dossier, nous estimons la motivation du candidat au cours d’un entretien », explique Jean Philippe Bach, directeur de l’école d’architecture de Strasbourg. «Nous évaluons sa capacité à parler d’un architecte connu, de l’espace environnant, d’une ville ou d’un lieu donné. » Autres aspects appréciés: s’être déjà intéressé au contenu des études, avoir une certaine ouverture

LA PROFESSION EN CHIFFRES > On compte 27 000 ARCHITECTES inscrits à l’ordre en France sur 40 000 diplômés. 17,6 % sont des femmes, soit +2 % depuis 2001, 69 % exercent en libéral. 1 500 diplômés sortent chaque année des écoles. Le chiffre d’affaires moyen réalisé au cours des trois dernières années par des architectes associés s’élève à 471 611 € et à 143 150 € pour les individuels. Le salaire mensuel net moyen pour un architecte salarié s’élève à 2 193 €.

Sources : L’Observatoire de la profession 2005. L’Ordre national des architectes, données 2004.

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BAC +3, +4 ARCHITECTURE TROIS QUESTIONS A : DOMINIQUE NOEL, architecte et présidente de l’agence d’intérim et de recrutement Archibat QU’EST-CE-QUI CARACTÉRISE LE MARCHÉ DU TRAVAIL EN ARCHITECTURE AUJOURD’HUI ? Nous manquons d’architectes, surtout dans les agences et à tous les niveaux ! Les jeunes diplômés qui n’ont aucune expérience ont un peu plus de mal à se caser. Mais ceux qui ont capitalisé six mois par-ci, six mois par-là et maîtrisent la CAO-DAO n’ont aucun souci. QUELS SONT LES SECTEURS QUI RECRUTENT LE PLUS ? Le privé comme le public recrutent. Le plan Borloo a relancé le logement social, et on a aussi beaucoup travaillé sur les hôpitaux. L’INSTALLATION À SON COMPTE EST-ELLE AUSSI ÉVIDENTE ? Non, cela reste un passage plus ardu, c’est pourquoi je conseille de se mettre à son compte sur une niche. Il peut être opportun de compléter des études d’archi classiques par une formation en archi d’intérieur ou par un diplôme d’assistance à la maîtrise d’ouvrage dans des écoles comme l’Essec ou l’ESTP. Depuis dix ans, le marché a beaucoup évolué, aujourd’hui un jeune diplômé ne doit plus hésiter à s’expatrier pour démarrer.

A CLIQUER > WWW.ARCHI.FR/

NAVIGRA/AD.HTM pour obtenir la liste des 23 écoles nationales d’architecture.

d’esprit et un brin de culture générale. « Nos filières ne sont pas réservées aux scientifiques, tempère Jean Philippe Bach, un bachelier STT peut bien réussir en architecture, il est regrettable que les gens s’autocensurent si souvent. » Entamée depuis 2004, la réforme des études d’architecture est aujourd’hui en passe d’être appliquée dans toutes les écoles. Le cursus a été à la fois raccourci et densifié. Auparavant, six ans, découpés en trois cycles de deux ans, étaient nécessaires pour devenir architecte. Désormais le master, diplôme d’Etat d’architecte –qui permet de travailler en tant que salarié– s’obtient en cinq ans. Un premier cycle en trois ans mène à la licence, complété par deux ans jusqu’au master. Grande nouveauté de cette réforme, les architectes qui souhaitent exercer la maîtrise d’œuvre en leur nom propre, c’est-à-dire s’installer comme architecte libéral, doi-

TEMOIGNAGE BENJAMIN, 26 ans, jeune diplômé « A l’école d’archi, j’ai découvert un milieu très ouvert, j’ai tout de suite su que c’était ma voie. J’ai fait tous mes stages en agence, dont un aux côtés de Christian de Portzamparc, cela m’a donné le goût des grands projets et des concours. Aujourd’hui, je travaille dans une jeune agence qui monte, je m’occupe d’un projet que nous avons remporté par concours. Pour réussir dans ce métier, il faut une force de caractère indéfectible. J’espère monter ma propre agence un jour… Mais pas tout seul. »

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vent désormais compléter leur cursus par une sixième année, à la fois théorique et pratique qui se déroule en partie en entreprise, dans le cadre d’un contrat de professionnalisation. « Jusqu’à présent, nombreux étaient les étudiants diplômés qui commençaient par travailler en agence. Ils ne s’inscrivaient à l’ordre qu’au bout de quelques années, lorsqu’ils sautaient le pas pour s’installer », explique Jacqueline Cornet, responsable du service pédagogique et des études à l’Ecole de Paris la Villette. Autre grande nouveauté : la réforme sonne la fin des allers-retours entre jobs et études, très répandus en architecture. Le diplôme d’Etat d’architecte doit désormais s’obtenir en trois ans à partir de la licence, quatre exceptionnellement dans le cadre d’un échange avec une université étrangère. Les étudiants qui décident malgré tout d’arrêter leurs études pour travailler devront ensuite patienter trois ans pour se réinscrire. Réforme ou pas, le premier cycle reste pluridisciplinaire et il déstabilise plus d’un étudiant. Le programme comprend une large partie de sciences humaines, de la sociologie, de l’histoire de l’art, des arts plastiques à un rythme assez soutenu : de 27 à 28 heures de présence encadrée à l’école, plus du travail personnel. Les étudiants apprennent aussi à dessiner et à se situer dans l’espace. Faut-il pour autant savoir dessiner avant d’entrer à l’école ? « Pas nécessairement, à condition que l’envie d’apprendre à dessiner soit réelle, car la géométrie et les dessins en 3D posent des difficultés à plus d’un étudiant », prévient Philippe Bach à Strasbourg. Le deuxième cycle a été modifié par la réforme, le TPFE (travail personnel de fins d’études) a disparu. Il est remplacé par quatre projets plus courts, dont un projet de fin d’études soutenu devant un jury, qui équivaut à 200 heures de travail personnel. Certaines écoles comme celles de Strasbourg proposent différentes dominantes en master selon l’orientation que l’étudiant souhaite donner à sa carrière. Par exemple, Architecture villes territoires et temporalités, Architecture et patrimoine, Architecture art et technologie. Des stages obligatoires jalonnent le cursus, au nombre de quatre, ils s’étalent sur vingt semaines et aident les étudiants à mieux appréhender les réalités du métier.


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Le Cned mode d’emploi Préparer un diplôme ou un concours à distance, c’est possible et même de plus en plus facilement réalisable. Autonomie et sérieuse motivation indispensable.

lle vit à Vacqueyras, petit village du Vaucluse sans fac ni lycée; pourtant, elle y a suivi sa deuxième année de BTS Tourisme. « J’étais dans la maison de mes parents, en pleine campagne », s’amuse Anne-Laure Heraud, 21 ans. Son secret ? Le Cned, Centre national d’enseignement à distance. Normalement, Anne-Laure aurait dû préparer son BTS dans un lycée privé à Avignon où ses parents l’avaient inscrite pour éviter une location de studio à Marseille. « Mais par manque d’effectifs, on m’a fait suivre les cours de deuxième année, et j’ai raté les examens de passage en deuxième année.» A quelle porte plus sérieuse toquer, sans exploser le budget familial ? « Le Cned m’a accepté en deuxième année de BTS Tourisme, et j’ai pu décrocher mon diplôme avec de très bonnes notes, en travaillant de chez moi », se réjouit-elle.

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UN ETABLISSEMENT INCLASSABLE Imaginez une sorte d’académie virtuelle avec 90 000 élèves inscrits en secondaire, 20 000 étudiants préparant un BTS, 15 000 une licence ou un master. Et aussi 2 500 jeunes préparant les concours d’admission aux grandes écoles. Tout ce petit monde restant chez soi. Car le Cned est le leader de l’enseignement à distance, créé en 1936 pour permettre, où que l’on se trouve, de poursuivre une scolarité. Enfants des zones rurales ou vivant à l’étranger, jeunes exerçant une activité artistique ou sportive nécessitant de nombreux déplacements ont été le premier public du Cned. Très vite, l’établissement est aussi devenu le champion du soutien scolaire et de la préparation au concours de la fonction publique et de l’enseigne-

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ment. « Aujourd’hui, notre catalogue compte 500 formations, soit 3 000 modules pour améliorer une note dans une matière, avec au total 300 000 inscrits», rappelle Jean-Michel Lacroix, directeur et recteur de ce qu’il convient d’appeler « la 31e académie de France », la seule qui ne soit pas territorialisée.

COMMENT ÇA MARCHE ? Pour autant, le Cned n’est pas un établissement à distance, une sorte d’école ou d’université virtuelle, car il ne délivre pas de diplôme. « Nous avons conclu des accords avec les écoles et les universités où les élèves vont passer les examens le jour venu. Quand on s’inscrit au Cned pour décrocher un BTS ou une licence, l’université partenaire valide avec nous le dossier d’inscription en ligne », explique Thibaut Poupard, responsable des licences et masters en sciences de l’éducation. Le savoir-faire du Cned est dans l’ingénierie pédagogique à distance, une pratique qui a pris un vrai coup de jeune avec le passage au numérique. « 50 % de notre offre de formation est numérique et le temps de correction des copies est ramené à 48 heures », rappelle le directeur. Certes, toutes les matières ne bénéficient pas du « tout numérique », et les kilos de cours livrés au moment de l’inscription sont encore fréquents. Mais une partie de la documentation, les « ressources pédagogiques » sont en ligne. Et chaque inscrit devient automatiquement membre d’un forum en ligne qui réunit 25 personnes du même programme, une façon de reconstituer une classe virtuelle. « Dans mon module de prépa Science Po, j’avais deux galops d’essai en plus des devoirs à rendre. Pour ces galops,


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j’ai reçu par mail des documents PDF bloqués et activés le jour de l’examen. Je devais rendre mes copies par mail au bout du temps imparti », se souvient Antoine Hardy (voir encadré ci-contre).

NUMERIQUE ET AUTONOMIE Pour autant, si Cned rime avec liberté, la formule ne rime pas avec facilité. La principale difficulté à surmonter reste inchangée : apprendre à travailler seul, à s’organiser. «Certains jours, je me sentais sans aucun lien social. C’était très difficile. Sans la tutrice que j’avais pris l’habitude d’appeler une fois par semaine, je n’aurais pas tenu », se souvient Anne-Laure. Or, il n’est pas toujours facile de savoir solliciter les référents pédagogiques mis à disposition par l’organisme. « En tant qu’animatrice de groupe de forum, j’envoie à chaque inscrit un mail pour l’inviter à se connecter. Beaucoup ne répondent jamais », remarque Marianig Porot,

TEMOIGNAGE ANTOINE HARDY, 20 ans, reçu à Science Po A Science Po, quand les élèves lui demandent de quelle prépa il vient, il répond : « Une prépa à domicile avec le Cned. » « Les boîtes à prépa étaient au-dessus de mon budget, alors que les 4 modules de préparation en histoire, anglais, culture générale, note de synthèse du Cned coûtaient 250 €. » Après, il a fallu s’organiser : emploi du temps avec cours et exercices 40 heures par semaine, comme en prépa, et utilisation quotidienne du forum du Cned. : « L’enseignement à distance, c’est comme la traversée du pôle Nord : au début, on est chaud, avec des chiens, un traîneau. A mi-parcours, on a tout à coup très froid »…

tutrice. Au final, ces services sont sousutilisés. Dommage, car l’enseignement à distance a le vent en poupe. Ecoles et universités s’y mettent: les cours sont mis en ligne avec le podcasting. Sans oublier les entreprises et le e-learning !

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Universités et grandes écoles

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as de doute, les masters ont la cote. Qu’ils s’agissent de ceux des grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs que les recruteurs s’arrachent ou bien des masters professionnels de

l’université. Les filons abondent dans de nombreuses disciplines, de la gestion aux sciences en passant par les lettres et les sciences humaines, à condition de réussir à se faufiler dans ces programmes très sélectifs et de savoir jouer les prospecteurs pour dénicher ceux qui mènent véritablement aux meilleurs jobs. Suivez le guide.

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Ecoles de commerce : un placement qui rapporte... Même quand la conjoncture fait grise mine, les diplômés en commerce ou gestion tirent leur épingle du jeu. Mais attention, toutes les écoles ne se valent pas.

on fils, fais ton école de commerce d’abord. » Voilà un conseil de bon père de famille dans un contexte économique morose. C’est un fait : les filières aussi efficaces sur le marché du travail ne sont pas si nombreuses. Seuls les ingénieurs font mieux. Et encore, la trentaine d’établissements membres de la Conférence des grandes écoles (CGE) leur dament le pion en termes de taux d’emploi et de salaire. Même si ces grandes écoles ont souffert du tassement de l’emploi des jeunes diplômés depuis 2001, le ciel se dégage si l’on en croit la dernière enquête de la Conférence des grandes écoles. La reprise s’était déjà amorcée en 2005, et cette année, la CGE constate un retour au niveau des embauches enregistrées en 1997-1998, période faste pour les débutants, soit un taux net d’emploi de 82 % six mois après la fin des études.Quant aux salaires moyens d’embauche, la tendance est aussi légèrement à la hausse. En revanche, la proportion de cadres chez les nouveaux recrutés diminue et, dans les petites entreprises, des CNE (contrat nouvelle embauche) se substituent aux CDI et CDD. La situation reste donc fragile. Ces bons résultats sont surtout dûs au retour sur les campus d’entreprises –qui les avaient désertées au plus fort de la crise–, à savoir les sociétés d’études, de conseil et d’audit aujourd’hui à nouveau en plein boom. A elles seules, elles ont recruté un quart des diplômés de 2005 ! Autre secteur friand de ces jeunes diplômés, la banque et l’assurance, avec 17 % des diplômés engagés. Les autres se répartissent dans les secteurs du commerce et distribution ou de l’industrie. Attention:

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ces chiffres valent pour les établissements membres de la CGE, la situation n’est pas la même pour tous les diplômés.

UN ENSEMBLE DISPARATE L’expression « école de commerce » recouvre en effet des réalités très diverses. La typologie n’est pas aisée, mais l’on peut distinguer trois grandes familles : les écoles « après-prépa » (les « grandes écoles » de la CGE) mènent à un niveau bac +5 après un cursus en trois ans. Ce sont les anciennes Sup de Co, souvent rebaptisées d’un plus chic « école de management ». Deuxième famille : les écoles « post-bac », conçues pour les bacheliers que le système de la prépa rebute. En quatre ou cinq ans d’études, elles mènent aux mêmes fonctions que les classiques après-prépa et placent plutôt bien leurs diplômés. Enfin, tout aussi efficaces sur le marché du travail mais plus modestes en termes de niveau d’emplois visés et de fonctions, les écoles de commerce « en trois ans » mènent pour l’essentiel à des emplois locaux dans des PME. Pour la plupart rattachées à des chambres de commerce, leur mission est de pourvoir les entreprises régionales en commerciaux, fonction où les besoins sont grands et assurent de bons débouchés. D’autant que ces postes n’attirent pas vraiment les diplômés des établissements plus prestigieux, qui leur préfèrent le marketing ou la finance. Avant de choisir son école, mieux vaut avoir une idée de son projet professionnel. Pour le reste, la recette comporte partout les mêmes ingrédients : les stages longs en entreprise (parfois l’apprentissage), une pédagogie pratique et un réseau d’anciens et de partenaires professionnels bien entretenu.


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ECOLES EN TROIS ANS : efficaces mais inégales Ces formations insèrent sans souci leurs diplômés, mais pour grimper dans la hiérarchie, mieux vaut prévoir ensuite une poursuite d’études, ce que toutes ne permettent pas. écrocher très vite un emploi tout en s’assurant un bagage minimum pour la suite : voilà ce que proposent les écoles de commerce en trois ans après le bac, dont le diplôme de niveau L (s’il est visé par l’Etat) s’intègre parfaitement au système européen du LMD. La formule est séduisante pour ceux que les études trop théoriques rebutent et qui sont pressés de s’insérer sur le marché du travail, essentiellement à des postes de commerciaux dans leur région. « Nos diplômés visent des postes d’attaché commercial ou de chef de produit, qui évoluent ensuite vers l’encadrement de la vente, parfois le marketing ou l’export pour les plus doués en langues », explique Philippe Benne, directeur de l’Ecole de commerce et de gestion d’Orléans. Gestion, marketing, stratégie, comptabilité, le programme d’études balaye toutes les fonctions de l’entreprise sur une durée de trois ans, entrecoupé de stages en entreprise et d’expériences à l’étranger parfois oligatoires. Une spécialisation intervient en général en dernière année, avant le stage de fin d’études. « Nos élèves viennent chercher chez nous des études courtes, une proximité géographique avec leur lieu de vie, un placement quasi assuré à la sortie et un suivi individuel », détaille Gérard Elineau, directeur de l’EGC Vendée. Ces écoles peuvent donc se révéler des solutions intéressantes pour les BTS, DUT ou licences professionnelles dédiés à la fonction commerciale, et qui mènent aux mêmes types de postes. A condition d’y mettre le prix... Car ces écoles, privées ou consulaires, ont un coût. Les frais de scolarité peuvent même atteindre 5 000 € par an, un investissement non négligeable quand les formations universitaires ou les BTS dispensés dans les lycées publics sont quasi gratuits. En contrepartie, les recruteurs prennent en compte la plus-

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TEMOIGNAGE MARINE, 25 ans, diplômée de l’ACI Paris en 2002 « Mon bac ES en poche, j’ai passé plusieurs concours car je ne me sentais pas prête à affronter la prépa. J’ai été reçue à l’ESSCA d’Angers, une école en cinq ans très bien classée, mais je voulais une formation courte. J’ai choisi l’ACI car sa pédagogie me paraîssait très concrète et pratique, avec beaucoup d’intervenants professionnels. En première année, nous avons dû mener un projet de création d’entreprise dans des conditions réelles. En deuxième année, une entreprise externe nous a confié une mission, ce qui nous a permis d’apprendre le travail en équipe et la gestion de projet. En dernière année, je me suis spécialisée dans la fonction de chef de produit marketing. C’est très complet, on aborde tous les aspects du métier et cela se termine par six mois de stage. Pour consolider mon CV, j’ai enchaîné avec un master à Londres dans le cadre d’un accord avec l’ACI. En rentrant, j’ai trouvé un poste d’assistant chef de produit, à 25 000 € brut annuel. Quatre ans plus tard, je suis aujourd’hui chef de produit. »

value d’un étudiant qui a passé trois ans en école de commerce, contre deux dans un environnement plus scolaire. Les entreprises accordent par exemple une grande importance à la durée des stages et de l’expérience professionnelle acquise pendant le cursus. « Un diplômé d’école de commerce passe au minimum neuf mois en stage, alors qu’il est rare qu’un BTS passe plus de trois mois sur le terrain », note Frédéric Bourguin, responsable Emplois et carrières à la Caisse d’Epargne Val-de-France-Orléanais. Autre avantage de ces écoles : la possibilité de partir à l’étranger. « Cela donne des candidats plus mûrs sur le plan humain, capables d’avoir une évolution de carrière plus rapide. » Car c’est bien là que se fait la vraie différence : si les premiers emplois proposés et les salaires de départ sont grosso modo les mêmes (à la Caisse d’Epargne, ce sont des postes de conseillers commerciaux, rémunérés entre 21 000 et 23 000 € brut annuel), la trajectoire d’un bac +2 aura tendance à stagner. « Chez nous, un diplômé de BTS ou de DUT reste au même poste pendant deux à trois ans, tandis qu’un bac +3 évolue au bout de dix-huit mois vers une fonction plus étoffée, avec un portefeuille de clients à lui et une gamme de produits plus large, détaille Frédéric Bourguin. Il

> LES COUTS DE SCOLARITÉ

dans ce type d’école varient de 2 500 à 6 000 € par an en moyenne. A la sortie, les meilleurs peuvent espérer toucher entre 25 000 et 30 000 € de salaire brut annuel.

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RENSEIGNEMENTS SUR LES CONCOURS > POUR LES EGC, consulter www.reseau-egc.com > POUR LES ÉCOLES du consortium Ecricome, contacter le 0232825868 à l’ESC Rouen. > POUR LES ACI DE PARIS, Dijon et Montluçon, consulter WWW.ACI.EDU > POUR L’ESIAME, bachelor du groupe Essca, et l’Isam, bachelor du groupe ESC Amiens, consulter WWW.ESSCA.ASSO.FR et WWW.SUPCO-AMIENS.FR

peut même être amené à passer d’une clientèle de particuliers à une clientèle de professionnels, voire de PME, ce qui se voit plus rarement après un cursus de deux ans. » En termes de métiers aussi, les possibilités offertes après une école de commerce sont un peu plus ouvertes : « Les diplômés ont accès à des fonctions d’assistant de gestion, de ressources humaines ou de communication, alors qu’un BTS est davantage limité à son intitulé», précise Florence Paul-Leblache, responsable du pôle Plus Cadre chez Plus Intérim. Un diagnostic partagé par Paul Bedin, responsable de l’EGC Agen: « Un diplômé de BTS est un technicien, dont les études sont centrées autour de l’acte commercial proprement dit. Il sera donc employé à un poste spécialisé. Un jeune issu d’une école a vu toutes les fonctions de l’entreprise, il peut évoluer vers la gestion, la reprise ou la création d’entreprise. » Mais attention : contrairement aux labels BTS ou DUT, connus de tous et sur tout le territoire, l’efficacité d’une école est très corellée au bassin d’emplois dans lequel elle est située, aux liens qu’elle a su nouer avec les recruteurs de la région et aux efforts qu’elle déploie pour se faire connaître des entreprises. Autant d’éléments à vérifier avant de faire son choix, car toutes les petites écoles de commerce après-bac ne se valent pas. De plus, certaines licences professionnelles, notamment en alternance, présentent les mêmes atouts en termes de stages et de fonctions visées. A étudier de très près donc, au cas par cas. La polyvalence acquise dans ces écoles facilite également les poursuites d’études. Marketing, comptabilité, contrôle de ges-

tion… Même s’il ne s’agit que de connaissances générales, l’approche de l’entreprise y est plus complète et permet ainsi d’envisager une entrée directe en Sup de Co ou en master. Une voie moins aisée au sortir d’un BTS, mais les titulaires de DUT sont eux aussi assez nombreux à se faufiler dans une grande école. Cette option est de plus en plus prisée des étudiants. A l’ECG Orléans, l’école du réseau EGC la plus réputée, 70 % des diplômés entrent dans la vie active après l’école et 30 % poursuivent leurs études, pour la plupart en ESC, avec l’objectif de se spécialiser ou d’acquérir un niveau bac+5. C’est le cas d’Anne-Laure Nolleau, 28 ans, passée par Sup’TG Reims avant d’intégrer sa prestigieuse « grande sœur», Reims Management School. « Après le bac, malgré mes bons résultats, je savais que la prépa ne me conviendrait pas, et je voulais arriver très vite dans le monde du travail, raconte Anne-Laure. Mais mes professeurs m’ont convaincue. J’ai fait un an de prépa, où je me suis sentie très mal. Admise en deuxième année, j’ai quand même préféré intégrer Sup’TG, car cela ne me fermait aucune porte. » Preuve que ces écoles attirent des élèves de bon niveau. D’autant plus qu’Anne-Laure, aujourd’hui responsable du reporting RH chez Dassault Systèmes, ne tarit pas d’éloges sur la formation qu’elle a reçue à Sup’TG: « Après trois ans d’études, on est déjà de bons professionnels. Si on veut continuer, on est aussi très bien préparé pour passer les concours des ESC. En arrivant en première année, on est largement au-dessus du lot », assure celle qui a intégré Reims MS pour se spécialiser dans la fonction RH.

10 EXEMPLES D’ECOLES EN 3 ANS ETABLISSEMENT/VILLE ACI (Dijon, Paris, Montluçon) Advancia (Paris) ECG Orléans Esiame (Cholet) Isam (Amiens) ISPP (Rouen) Bachelor (ESC Toulouse) Sup’TG Bordeaux Sup’TG Reims PMF Euromed (Marseille)

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VISA

NOMBRE

NOMBRE

COUT TOTAL

DU MINISTERE

DE CANDIDATS

D’ÉTUDIANTS ADMIS

DE LA SCOLARITÉ (EN €)

126 100 40 40 68 113 185 47 35 30

15 450 1 420 7 500 11 100 13 200 9 600 17 400 15 900 15 900 15 800

oui oui oui oui oui oui oui non non oui

509 265 87 131 597 177 456 152 107 364

SALAIRE ANNUEL BRUT MOYEN DES DÉBUTANTS (EN €)

26 000 23 800 22 200 21 500 24 000 27 000 27 500 29 200 25 000 26 000


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TEMOIGNAGE ANNE-CLAIRE, 23 ans, diplômée de l’ESCE en 2005 « Je n’ai pas choisi l’ESCE par hasard : je sortais de terminale franco-allemande et je voulais faire une école de commerce internationale. Et deux années générales de plus, en prépa, je n’en voyais pas l’intérêt. J’ai passé les concours Accès et Sésame, et j’ai choisi l’ESCE car le cursus durait quatre ans et que je n’étais pas obligée de me spécialiser dans une seule langue. Beaucoup sont entrés à l’école sans être excellents en LV1 ou 2, et nous sommes tous sortis trilingues. J’ai aussi passé six mois en échange dans une université allemande. Côté stages, j’ai fait six mois au service export de Lu France et six autres dans une société américaine d’optique. En dernière année, j’ai choisi les options qui correspondaient le mieux à ces expériences : logistique, achats et négociation internationale. J’ai trouvé un emploi très rapidement et je suis aujourd’hui commerciale export, spécialisée dans les produits de la mer. »

Mais attention, un tel parcours n’est pas possible partout : pour envisager une poursuite d’études, il faut non seulement réussir les concours d’entrée, mais surtout, il faut s’assurer que le diplôme reçu présente un minimum de garanties.

RECONNAITRE UNE ECOLE DE QUALITE Le seul nom d’une école (« supérieure », « internationale »…) ne veut en soi rien dire de la qualité de la formation. L’important, ce sont les « tampons » qu’elle a décrochés. Si elle est « reconnue par l’Etat », les contenus pédagogiques ont été soumis à une commission ministérielle et les élèves ont droit au statut étudiant. Pour être sûr de l’équivalence du diplôme délivré avec ceux d’autres établissements, notamment avec l’université, il faut que celui-ci soit «visé» par l’Etat. D’autres indices de qualité peuvent aussi orienter un choix. La sélectivité et les épreuves du concours d’entrée (en général, une partie écrite portant sur une synthèse de document, un test de culture générale et la maîtrise de langues étrangères, puis un entretien) sont de bons indicateurs, de même que la proportion de bacheliers S ou ES dans les rangs des recrues. Côté statut, les écoles appartenant à un groupe qui compte aussi une ESC, comme le Bachelor de l’ESC Toulouse, l’Isam d’Amiens ou l’ISPP de Rouen, bénéficient de moyens pédagogiques puissants, ainsi que du service emploi, du ré-

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seau des anciens et de la renommée du groupe. Les six écoles après-bac adossées aux ESC du consortium Ecricome (Toulouse, Bordeaux, Rouen, Nancy, Marseille et Reims) se sont d’ailleurs associées pour proposer un concours d’entrée commun cette année. Autre possibilité : les écoles créées à l’initiative des CCI, comme c’est le cas des 25 membres du réseau EGC (concours commun) ou des ACI de Paris, Dijon et Montluçon. Celles-ci peuvent compter sur le soutien des recruteurs régionaux.

ECOLES APRES-BAC : des challengers particulièrement attractifs Moins connus que les écoles recrutant après prépa mais tout aussi solides, ces programmes offrent une bonne alternative aux ESC, en quatre ou cinq ans d’études après le bac. etite devinette : peut-on faire une « grande école » labellisée sans passer par une classe préparatoire ? La réponse est oui. Deux écoles qui recrutent des bacheliers, l’Essca d’Angers et l’Iéseg de Lille, sont en effet membres de la Conférence des grandes écoles, au même titre que HEC ou Audencia. Toutes deux sélectionnent leurs étudiants sur concours et proposent un cursus en cinq ans. Mais si l’ESSCA et l’Iéseg font figure de leaders des écoles après-bac, cette famille reste encore très hétérogène. Deux groupes sortent clairement du lot : les trois écoles du concours Accès, issues de l’enseignement catholique, et les sept établissements du concours Sésame. Au-delà, le paysage est plus morcelé et les programmes après-bac, souvent onéreux car longs, n’offrent pas tous un diplôme visé par l’Etat.

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LES CONCOURS SESAME ET ACCES : DES VALEURS SURES Toutes trois visées à bac +5 et habilitées à délivrer le grade de master, l’Essca, l’Iéseg et l’ESDES, les écoles du concours Accès, procurent un diplôme du même niveau que les écoles de commerce après prépa. Autant dire que la qualité et le sé-


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rieux sont au rendez-vous, ce qui attire beaucoup de candidats : ils étaient 3 354 à l’entrée de l’Essca en 2005 pour seulement 350 places. La sélectivité est donc élevée, de même qu’à l’Iéseg (2 534 candidats pour 280 places). l’ESDES de Lyon, moins connue, attire quand même 1 468 candidats pour 160 places. Côté cours, les enseignements dispensés dans ces écoles sont généralistes et font une bonne place aux stages et aux séjours à l’étranger. L’Iéseg de Lille offre même la totalité de ses cours des deux dernières années en anglais ! Si chacune a sa propre fibre, commerciale à Angers, économiste à Lille et sociale à Lyon, les débouchés se recoupent (marketing, vente, finances, contrôle de gestion…) et les salaires à l’embauche sont à peu près équivalents, entre 27 000 et 30 000 € brut annuel. Plus hétérogène, le concours Sésame regroupe 7 écoles, pour la plupart rattachées à une CCI. Leur proximité avec un établissement après-prépa leur permet de bénéficier de gros moyens humains et financiers. C’est le cas de l’EPSCI, le programme post-bac du groupe Essec, du Cesem Reims, « bachelor » de Reims MS, du CeseMed (EuroMed Marseille), de l’IFI (ESC Rouen), de l’EBP (Bordeaux EM) et du Cesec de Caen (Ecole de Management de Normandie). Dans ce groupe, seule l’ESCE est propriété d’un groupe privé américain, Laureate. Tous ces programmes durent quatre ou cinq ans et se sont construits sur une idée force : l’international. Le temps obligatoire passé à l’étranger varie de quelques mois à deux ans, et 5 écoles sur 7 affichent entre 65 et 100 % d’étudiants double-diplômés. Le concours d’entrée se compose d’épreuves

DES CRITERES POUR JAUGER LES ECOLES L’HOMOLOGATION DU TITRE : cette appellation a été remplacée par la certification, soit l’enregistrement du titre au répertoire national des certifications professionnelles. Comme l’homologation, qui permettait de déterminer des équivalences de niveau de sortie, elle ne porte pas sur la valeur de la scolarité. LA RECONNAISSANCE PAR L’ETAT : quand le contenu pédagogique d’un programme, le volume horaire et le corps professoral ont été passés en revue par une commission de l’Education nationale, l’école peut être « reconnue ». Ceci donne accès au statut étudiant, donc aux bourses et au Crous. LE VISA : délivré par le ministère après un audit de la formation, c’est le critère de qualité le plus important et le seul qui permette une équivalence avec les diplômes d’Etat (délivrés par des organismes publics). LE GRADE DE MASTER : né de la réforme du LMD, il est délivré par le ministère après audit de la formation par une commission spéciale. Il permet aux établissements privés de délivrer un diplôme de même « grade » que les masters d’Etat délivrés par les organismes publics.

écrites et orales conçues pour être accessibles à un bachelier qui n’a pas suivi de préparation particulière. A l’écrit, il s’agit d’une épreuve de langue (essai et QCM), de logique (générale et numérique) et d’une synthèse en quatre heures.

ECOLES PRIVEES : POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE D’autres programmes présentent un profil similaire, comme l’IECG La Rochelle, bachelor de l’ESC locale ou l’Espeme, l’école post-bac de l’Edhec, qui bénéficient de leur adossement à un groupe puissant. C’est un critère important de choix, au même titre que le visa de l’Education nationale. Dans le privé, l’ECE

10 EXEMPLES D’ECOLES POST-BAC ETABLISSEMENT/VILLE Cesem/Reims Cesemed/Marseille EBP/Bordeaux EPSCI/Paris ESCE/Paris Espeme/Lille-Nice Essca/Angers Iéseg/Lille Ifi/Rouen Sup Europe Cesec/Caen

STATUT

Dép. CCI Dép. CCI Dép. CCI Ass. Loi 1901+ CCI Société com. Ass. Loi 1901 Ass. Loi 1901 Ass. Loi 1901 Dép. CCI Dép. CCI

DUREE DES ETUDES

4 ans 4 ans 5 ans 4 ans 4 ans 4 ans 5 ans 5 ans 4 ans 5 ans

LABELS

CANDIDATS

ADMIS

INTEGRES

Equis Equis Equis AACSB, Equis AACSB, Equis grade master, CGE*, Epas grade master, CGE* Equis -

2 418 1 371 1 338 3 064 3 111 2 830 3 354 2 534 960 994

723 456 293 357 760 393 350 280 356 254

199 174 96 178 320 372 349 280 103 102

% D’ETUDIANTS COUT TOTAL SALAIRE ANNUEL PARTANT A DE LA SCOLA- BRUT DEBUTANTS RITE (EN €) (EN €) L’ETRANGER

100 100 100 100 80 62 60 75 100 100

33 664 25 800 38 500 25 900 34 960 26 600 31 280 27 560 21 400 20 600

31 000 32 000 35 200 31 165 31 500 31 200 28 000 31 500 29 000 28 000

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*Membre de la Conférence des grandes écoles

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TEMOIGNAGE CECILIA, 26 ans, diplômée de l’ESC Grenoble en 2003 « Contrairement aux idées reçues, ma prépa HEC s’est très bien passée. Il y a beaucoup de travail, mais certaines matières sont vraiment intéressantes. Après les deux ans de prépa, je suis entrée à l’ESC Grenoble. J’avais la possibilité de cuber pour retenter les parisiennes, mais je ne regrette pas mon choix : j’ai eu davantage d’opportunités en étant tête de promo à Grenoble qu’en fin de classement à Paris, notamment pour le choix des destinations à l’étranger. J’ai pu partir six mois en Argentine sans aucun souci. La culture technique qu’apporte Grenoble, avec des cours en dessin industriel, sur les procédés de fabrication ou les systèmes d’information m’ont aussi beaucoup aidée par la suite, car il y a pas mal d’offres d’emplois liés à la technologie ici. Et évidemment, les stages sont fondamentaux : c’est grâce à celui de dernière année, pendant lequel j’ai fait des études de marché dans trois pays européens, que j’ai décroché le poste de responsable marketing chez Air Liquide que j’occupe aujourd’hui. »

nique, une expression qui en dit long sur le prestige attribué aux fameuses «grandes écoles ». Une trentaine d’écoles de commerce appartiennent à ce club très sélect (consultable sur www.cge.asso.fr). Pour les atteindre, la sélection est draconienne, une première fois à l’entrée de classe préparatoire, une seconde lors des concours. Voilà pour la théorie. La réalité, elle, est un peu plus complexe, et l’accès à la majorité des écoles de commerce bien plus ouvert qu’il n’y paraît. Sauf pour une poignée d’institutions prestigieuses, les concours s’apparentent en fait à un processus de répartition des étudiants. Avec plus de trente écoles recrutant sur prépa et moins de 8 000 candidats chaque année, de nombreux établissements ne font pas le plein. Un préparationnaire est donc quasi certain d’intégrer une école à l’issue des concours, et les admissions parallèles (donc, sans prépa) sont en hausse constante.

CLASSES PREPA, MYTHES ET REALITES Bordeaux-Lyon, l’EBS, l’ESG, mais aussi l’Ipag, l’Istec ou l’Idrac Lyon ont obtenu ce précieux tampon. La plupart de ces écoles durent cinq ans ou proposent une cinquième année optionnelle pour atteindre le niveau master. Certaines se sont spécialisées dans un domaine : l’EDC développe les cours d’entrepreneuriat tandis que Tema, à Reims, propose un cursus très tourné vers les technologies de l’information. Ces écoles font la part belle au terrain et aux exercices pratiques. La durée des stages, la possibilité de suivre le cursus par la voie de l’apprentissage ou les conditions d’études à l’étranger (frais supplémentaires ?) sont aussi des critères pour apprécier l’offre d’une école.

ECOLES APRES PREPA: le prestige en plus Sélection et compétition sont la règle, mais on trouve aussi des institutions moins exigeantes et des prépas plus « familiales ». ne anecdote sémantique tout d’abord: à l’étranger, on dit des meilleurs étudiants qu’ils sont « passés » par Oxford ou ont « étudié » à Harvard. En France, l’élite « fait » HEC, l’ENA ou Polytech-

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Autre cliché très répandu : les classes préparatoires seraient un bagne, où les professeurs passeraient leur temps à humilier leurs élèves. Certes, la prépa n’est pas un club de loisirs. Avec pour seul objectif la réussite à un concours, la pression est forte. Il ne s’agit pas d’être bon, ni très bon, il faut être meilleur que les autres. Il est donc naturel qu’un certain esprit de compétition y règne. Dans certains lycées très sélectifs, ces deux années peuvent être vécues comme une épreuve psychologique. La charge de travail est aussi très lourde: une trentaine d’heures de cours par semaine, plus le travail personnel et les fameuses « colles », ou interrogations orales. Mais rares sont les prépas où domine une mauvaise ambiance. Au contraire, la difficulté pousse davantage les élèves à se serrer les coudes. « Même si la charge de travail est énorme, il y a une véritable solidarité entre eux et une culture de promo », souligne Eric Baudru, proviseur adjoint du lycée Paul-Cézanne à Aix-en-Provence. Pour préparer au mieux les épreuves de culture générale, certains lycées organisent même des sorties au théâtre ou des conférences. Sans compter les prépas dites « de proximité », ouvertes dans des lycées de taille moyenne, et qui comptent souvent moins de vingt élèves par classe. Ambiance familiale garantie ! Sur le fond, les matières étudiées en classe prépa économique et


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ECOLES DE COMMERCE sont rassemblées en banques communes d’épreuves, dont les deux principales sont celle de la CCIP (24 écoles, dont les trois « parisiennes »), et le Concours Ecricome (ICN Nancy, Euromed Marseille, et les ESC de Toulouse, Reims, Rouen et Bordeaux). Le principe est celui d’un ensemble d’épreuves conçues en commun, auxquelles chaque école attribue le coefficient qu’elle souhaite pour établir sa liste d’admissibles. Avant d’être définitivement admis, ceux-ci devront encore passer les oraux, qui se déroulent dans chaque école. Si le système d’épreuves communes limite beaucoup le nombre de copies à rendre par élève, celuici reste élevé : par exemple, un étudiant qui veut présenter les trois parisiennes, l’EM Lyon, l’Edhec et Audencia, doit plancher sur une contraction de texte, une synthèse, trois dissertations de culture générale, cinq épreuves de mathématiques différentes et deux d’histoire-géographie ! Les écoles les plus prestigieuses appliquent

commerciale sont proches de celles de terminale : mathématiques à haute dose, histoire et géographie, culture générale, LV1 et LV2, avec des variantes en fonction de la filière choisie (scientifique après un bac S option maths, économique pour les bacheliers ES ou technologique pour les bac STT). Les écoles les plus prestigieuses recrutent essentiellement par la voie scientifique : en 2005, 63 % des intégrés à HEC et 70 % des reçus à l’Essec étaient titulaires d’un bac S. Mais les portes ne sont pas totalement fermées aux autres bacheliers, HEC ayant même recruté 7 % de littéraires l’année dernière. Les bacheliers ES sont quant à eux majoritaires dans certaines écoles de moindre notoriété, comme l’ESC Clermont ou le Céram de Nice.

A CLIQUER > Liste des écoles accréditées Equis ou AACSB à consulter sur les sites : WWW.EFMD.ORG et WWW.AACSB.EDU

LE TEMPS DES CONCOURS A l’issue des deux années de prépa vient le marathon des concours, qui dure une dizaine de jours. La plupart des écoles se

ÉD

IT

CGE

Audencia/ Nantes EDHEC/ Lille-Nice EM/ Bordeaux EM/ Grenoble EM/ Lyon ESC/ Pau ESC/ La Rochelle ESC/ Rouen ESC/ Toulouse ESCEM/ Tours-Poitiers ESCP-EAP/ Paris ESSEC/ Paris Euromed/ Marseille HEC/ Paris ICN/ Nancy

Ass. Loi 1901 Ass. Loi 1901 Départ. CCI

oui

Départ. CCI

oui

Ass. Loi 1901+CCI Départ. CCI

oui

CANDIDATS ADMISSIBLES

ADMIS

RS HO ENT TEM RÉPAS U R REC LASSERSE P NNÉE C 1 A EN

TAUX ÉTUDIANTS EN ÉCHANGE AU MOINS UN SEMESTRE PLACES (EN %) INTÉGRÉS OFFERTES CANDIDATS INTÉGRÉS

RECRUTEMENT EN CLASSES PRÉPARATOIRES

CR

STATUT

AC

ETABLISSEMENT/ VILLE

AT

IO

NS

15 EXEMPLES D’ECOLES APRES PREPA COUT DE LA SCOLARITÉ (EN €)

SALAIRE BRUT ANNUEL MOY. DÉBUTANTS (EN €)

AACSB, Equis, Amba AACSB, Equis, Amba Equis

5 246

2 127

1 645

354

-

-

-

100

18 450

35200

5 306

2 213

1 454

486

60

354

65

25

24 150

37500

5 292

3 009

2 073

225

50

1 426

60

100

20 600

36300

4 398

2 337

1 414

355

115

3 306

138

17

21 207

33000

4 879

1 821

958

355

-

-

-

74

22 035

37467

oui

AACSB, Equis, Amba AACSB, Equis, Amba aucune

1 370

1 223

734

110

90

3 376

90

100

20 510

33485

Ass. Loi 1901+CCI Départ. CCI

non

aucune

1 012

931

663

54

130

949

133

43

18 276

31850

oui

Equis

5 253

2 846

1 425

255

35

1 190

34

25

21 200

35000

Départ. CCI

oui

5 390

3 421

2 030

335

50

1 436

64

32

22 350

35700

Syndicat mixte Départ. CCI

oui

2 104

1 807

1 306

230

150

3 328

171

50

20 100

33850

4 138

1 369

882

355

150*

247

148

100

22 100

43012

Ass. Loi 1901+CCI CCI

oui

AACSB, Equis, Amba AACSB AACSB, Equis, Amba AACSB, Equis

3 407

843

633

361

-

-

-

30

24 900

43000

oui

Equis

4 527

2 969

2 105

205

1 117

49

100

20 750

35500

-

-

33

22 850

43242

1 017

64

60

17 350

35000

oui oui

oui

30 Départ. CCI Ass. Loi 1901

oui oui

AACSB, Equis, Amba aucune

*Concours international

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3 007 4 377

701 2 884

381 1 865

360 224

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un fort coefficient aux mathématiques tandis que d’autres privilégient les langues, comme les ESC de Montpellier ou d’Amiens. Il est donc intéressant d’examiner les tableaux de coefficients à la loupe avant de choisir les écoles à présenter. Pour mettre toutes les chances de son côté, mieux vaut cibler les écoles qui correspondent le mieux à son niveau, plus une ou deux de catégorie inférieure pour s’entraîner (notamment lors des oraux) et assurer ses arrières. Si le critère de qualité le plus important au moment du choix des écoles reste le visa de l’Education nationale, les accréditations internationales (Equis, délivrée par l’EFMD, et AACSB) sont aussi devenues des gages de reconnaissance à ne pas négliger. Attention : une école « membre » d’Equis n’est pas forcément « accréditée » par l’organisme. Le label n’est décerné qu’après un audit très poussé de l’école candidate.

TEMOIGNAGE JEREMIE, 28 ans, diplômé de l’ESC Dijon en 2003 « Juste après mon bac, j’ai un peu erré en Deug de géographie, puis je suis parti en BTS Action commerciale en alternance. Malgré la qualité de cette formation, ça n’était pas suffisant pour trouver un emploi à l’étranger. J’ai donc passé les concours d’admission parallèle aux ESC en première année. Je déconseille l’entrée directe en deuxième année : les étudiants arrivent comme un cheveu sur la soupe et ont du mal à s’intégrer à la promo. Aux concours, je m’en suis sorti grâce aux matières littéraires, comme la contraction de texte. Ensuite, aux oraux, j’ai choisi une ou deux écoles pour m’entraîner avant de passer celles qui m’intéressaient vraiment. J’ai choisi Dijon car l’école était belle, en plein centre-ville et proche de Paris. Avec le recul, j’en retiens surtout la possibilité de faire des stages à l’étranger, d’y étudier et de faire une année-césure. Aujourd’hui, je suis vice-président de la start-up new-yorkaise où j’étais parti en stage grâce à une annonce de l’école. »

QU’APPREND-ON DANS UNE GRANDE ECOLE DE COMMERCE? Les portes de l’école tant désirée s’ouvrent enfin. Il est temps de souffler, d’oublier les deux années de labeur en prépa et le stress des concours. Tous les anciens vous le diront: la difficulté, en école de commerce, c’est d’y entrer. Une fois admis, la vie est plutôt paisible, voire carrément festive. Les cours de première année visent à mettre tout le monde au même niveau dans les matières de base : économie, droit, finance, comptabilité, marketing… L’enseignement reste généraliste, et l’année se termine par un stage en entreprise sans responsabilités (le « stageouvrier »). Les deux années suivantes, qui constituent le cycle Master, peuvent être entrecoupées, selon les écoles, de semestres à l’étranger, de stages longs, voire d’une année de césure. Les enseignements se spécialisent en fonction d’une majeure et des options choisies par les étudiants. Depuis quelques années, la majorité des écoles ont opté pour des parcours « à la carte », qui permettent de fabriquer son propre programme de cours. Les majeures correspondent à la fonction dans l’entreprise à laquelle on se destine : marketing, finances, ressources humaines, comptabilité/gestion… et la pédagogie fait une large place aux intervenants professionnels. Le souci de la pratique est d’ailleurs caractéristique de l’enseignement en ESC : stages, études de cas réels, gestion de projets, travaux de groupe, présentations «Powerpoint» à l’oral…

Autre force des ESC : l’expérience à l’international. Fortement recommandée, voire obligatoire, elle est un atout indéniable sur le marché du travail. Elle peut prendre la forme d’un stage ou d’un échange universitaire. Sur ce terrain, l’école la plus en pointe est l’ESCP-EAP, qui a installé de véritables campus à Berlin, Madrid, Turin et Londres et dont le tiers des étudiants sortent avec un double diplôme. Enfin, certaines écoles de commerce proposent l’apprentissage, une formule qui permet d’alterner études et travail en entreprise, avec un véritable contrat et un salaire. L’Essec a été la première à promouvoir l’apprentissage dans ses promotions et les ESC de Pau, Reims, Brest et Grenoble offrent de nombreuses opportunités avec les entreprises de leur région.

A CLIQUER > TOUS LES RENSEIGNEMENTS

sur les concours d’admission sur titre se trouvent sur les sites suivants: > www.hec.fr > www.edhec.com > www.em-lyon.com > www.audencia.com > www.essec.fr > www.passerelle-esc.com > www.ecricome.org > www.lebonprofil.com

FAIRE UNE ECOLE DE COMMERCE APRES UN BAC +2, 3, 4 OU… 5 Après un BTS, un DUT, une licence ou un diplôme d’IEP, toutes les options sont ouvertes. es itinéraires bis seraient-ils plus prisés des étudiants que les grands axes? Le succès des concours d’admission pa-

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ECOLES DE COMMERCE Certaines d’entre elles anticipent même une évolution pédagogique en lien avec ces entrées plus tardives : « Avec la hausse des admissions sur titre, les contenus vont changer, observe Gilles Lescat, directeur de l’ESC Le Havre (banque Passerelle). Les connaissances techniques seront acquises avant, et les étudiants viendront chez nous pour chercher autre chose, qui sera d’ordre plus culturel et comportemental. » Les écoles elles-mêmes cherchent à attirer ces étudiants aux profils plus variés, qui viennent enrichir les promotions et... remplir des places laissées vacantes par les prépas, en particulier dans les écoles de bas de tableau. Car il ne faut pas s’y tromper : les portes des écoles les plus renommées restent difficiles à pousser pour les « hors prépa ».

QUELS MÉTIERS APRES UNE ÉCOLE DE COMMERCE ? Chargé d’études marketing, contrôleur de gestion, acheteur, credit manager, consultant RH… La liste des métiers auxquels mène une école de commerce est longue mais ils restent largement méconnus des étudiants. Pour y remédier, un professeur de Bordeaux EM, Emmanuel Carré, a eu l’idée d’écrire un manuel pratique. « Une école de commerce : et après ? » décrit avec pédagogie les métiers exercés le plus fréquemment à la sortie des ESC. Chaque chapitre aborde l’entreprise sous un angle qui définit une famille de métiers : « Sans client, pas d’entreprise » s’intéresse ainsi à l’univers du marketing, « Sans argent, pas d’entreprise » à celui de la finance (gestion, audit, marchés…), les deux derniers portant sur les métiers de l’organisation (supply chain, achats) et des ressources humaines. Dix fonctions-clés de chaque univers sont expliquées en détail et agrémentées de témoignages d’anciens. « Une école de commerce : et après », sous la direction d’Emmanuel Carré, Ed. Ellipses.

rallèle aux écoles de commerce ne cesse en tout cas de se vérifier. Les candidatures au concours Passerelle, qui donne accès à 12 écoles de province, ont augmenté de près de 10 % cette année, et celles du concours Tremplin, pour entrer dans une des 6 écoles Ecricome, ont fait un bond de 13 %. C’est surtout à partir de bac +3 que les prétendants se font de plus en plus nombreux, une tendance qui devrait s’accentuer avec l’installation progressive du système LMD. Après un premier cycle L en trois ans, il devient naturel de postuler à l’entrée d’un cycle M en école de commerce.

INTEGRER UNE ECOLE DU « TOP 6 » Chez les « grandes », de HEC à l’ESCPEAP, en passant par leurs plus proches challengers (EM Lyon, Edhec et Audencia Nantes), la première année est exclusivement réservée aux étudiants des classes préparatoires... à une exception près : l’Edhec. La Lilloise admet en effet quelques bac +2 triés sur le volet. Ils doivent être titulaires d’un Deug Sciences éco, AES ou scientifique, ou bien être issus d’une prépa maths spé. 60 places sont ouvertes à ces profils, pour environ 350 candidats qui passent des épreuves de maths, synthèse de texte et langues (écrit et oral), puis un entretien.

10 EXEMPLES DE CONCOURS D’ADMISSIONS PARALLELES ADMISSIONS EN

2

E

ET

3

E

ORIGINE DES INTÉGRÉS (%)

ANNÉE

ETABLISSEMENT/VILLE PLACES OFFERTES

Audencia/Nantes EDHEC/Lille-Nice EM/Bordeaux EM/Grenoble EM/Lyon ESC/Pau ESC/La Rochelle ESC/Rouen ESC/Toulouse ESCEM/Tours-Poitiers ESCP-EAP/Paris ESSEC/Paris Euromed/Marseille HEC/Paris ICN/Nancy NC : non communiqué.

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110 90 70 80 150 40 60 60 160 85 115 170 110 130 40

CANDIDATS

371 561 1154 1329 1282 1353 194 1 004 1 383 1 336 1 354 639 1 000 1 312 861

INTÉGRÉS

110 93 77 81 168 40 21 71 130 97 134 135 129 126 68

LICENCE

47,0 46,0 39,0 40,7 43,0 100,0 43,0 42,3 44,4 34,0 30,0 50,3 42,9 49,0

MAITRISE

IEP

43,0 30,4 12,0 18,5 42,0 0 NC 32,4 9,4 9,0 63,0 18,6 12,6 20,6 19,0

2,0 5,9 4,0 0 NC 0,8 5,0 14,5 12,6 23,0 0


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ECOLES DE COMMERCE

A CLIQUER > Méthodologie, exercices,

tutorat à distance par des professeurs habilités… Le programme de préparation en ligne conçu par l’IEP de Paris et la Documentation française court sur les huit semaines d’été et coûte 379 € (gratuit pour les boursiers). Lors du concours 2005, 15% des admis à Paris avaient suivi cette préparation. Site : HTTP://SCIENCESPO. LADOCUMENTATIONFRANCAISE.FR

Pour les autres, il faut au moins un bac+3 en poche et postuler à l’entrée directe en deuxième année. HEC et l’ESCP-EAP organisent un concours commun (le CAD) ouvert aux titulaires de licences, mais aussi aux ingénieurs, pharmaciens, architectes... Entre 50 et 60 places sont ouvertes dans chaque école, pour 700 à 800 candidats. Ce concours commun donne aussi accès à 8 écoles de province. Au menu : des écrits portant sur une épreuve de langues (traduction et expression), une épreuve d’option en fonction des études précédentes du candidat, et une étude critique de dossier, puis des oraux (entretien, langue et une épreuve à option). L’EM Lyon, l’Edhec et Audencia Nantes organisent quant à elles leur propre recrutement à bac +3 et plus (diplômés d’IEP, d’écoles d’ingénieurs, maîtrise...). Les deux premières proposent des épreuves assez proches : dissertation de culture générale et test du Tage-Mage à l’écrit, puis entretien et oral de langue. Audencia joue l’originalité en valorisant les expériences extra-scolaires (engagement humanitaire, activités artistiques...), en plus des épreuves traditionnelles. Les trois écoles recrutent par cette voie une centaine d’étudiants chacune. A l’Essec enfin, l’accès en cycle M est réservé aux bac +4 et plus, mais elle accepte deux fois plus d’étudiants que les deux autres parisiennes : 110 en 2006. Près de 500 candidats ont postulé l’année dernière. Comme à Nantes, un dossier assez fourni est demandé, qui doit notamment contenir un « compte-rendu de responsabilité ou d’initiative ». Les écrits sont basés sur des tests de logique et de compétence verbale et les oraux consistent en un entretien et une épreuve d’anglais.

TREMPLIN, PROFILS, PASSERELLE: 23 ECOLES ACCESSIBLES AUX BAC +2 Construits sur le même modèle, ces trois concours comptent deux niveaux de recrutement chacun : le premier s’adresse à des bac +2 (BTS, Deug, DUT, prépa maths spé...) qui veulent entrer en première année. Le second est ouvert aux bac +3 et plus, pour un accès direct en deuxième année. La banque Tremplin permet l’accès aux six écoles Ecricome : les ESC de Bordeaux, Reims, Rouen et Toulouse,

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plus Euromed Marseille et ICN Nancy. Elle se divise en « Tremplin 1 », pour les bac +2, et « Tremplin 2 », pour les bac +3 et plus. Cette année, 1 775 candidats se sont disputé les 325 places mises au concours de Tremplin 1, Toulouse et Bordeaux étant les plus demandées. Tremplin 2 en a attiré 1 766 (soit 22 % de plus qu’en 2005 !) pour 530 places. Les épreuves ? Test d’anglais, note de synthèse, test Tage 2 à bac +2 ou Tage-Mage à bac +3, épreuve orale de langue et entretien. Ceux qui préfèrent multiplier leurs chances de réussite s’orienteront vers la banque Passerelle, qui regroupe 12 écoles, dont l’ESC Grenoble. Les épreuves sont proches de celles de Tremplin, de même que celles du concours Profils (ESC Brest, Chambéry, La Rochelle, Saint-Etienne et Troyes). Enfin, certaines écoles comme l’INT Management ou l’Inseec organisent en solo leur recrutement sur titre. Si l’esprit reste proche, il faut se renseigner auprès de chacune pour connaître les modalités des concours.

COMMENT DOIT-ON SE PREPARER? A priori, les concours d’admission sur titre sont conçus pour être accessibles sans préparation spécifique, en raison de la diversité d’origine des candidats. Une bonne connaissance de l’actualité est partout recommandée, ainsi que la lecture régulière de la presse. Pour les tests de type Tage-Mage, le site de la Fnege (www.fnege.net) permet de s’entraîner grâce à des annales et à des conseils. La difficulté de ces tests repose surtout sur la maîtrise du temps, il est donc utile de s’y exercer chez soi avant pour savoir à quoi s’attendre. La plupart des écoles proposent d’ailleurs les annales de toutes les épreuves des concours AST sur leur site internet. Chez Passerelle et Profils, des sessions de préparation aux épreuves écrites et orales sont possibles dans chacune des écoles, sur un ou plusieurs jours. Pour les entretiens, les examinateurs attendent des candidats une connaissance minimale des métiers du management. Quelques expériences (stages, activités associatives, responsabilités diverses) seront donc des véritables atouts devant le jury.


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SCIENCES PO

Sciences Po: c’est toujours la ruée ! De plus en plus d’étudiants se pressent aux portes des IEP, voie royale vers les carrières publiques. Pourtant, en pleine réforme, ces cursus doivent encore prouver leur efficacité sur le marché du travail.

st-ce parce que Science Po Paris a fait couler beaucoup d’encre dans les médias en favorisant l’accès des lycées de ZEP à son prestigieux curses via les « conventions d’éducation prioritaire » ? En tout cas, une chose est sûre : jamais l’IEP parisien n’a attiré autant d’étudiants. A la dernière rentrée, ils étaient 20 % de plus que l’année précédente a tenter le concours menant à la première année. Et non des moindres : la fine fleur des bacheliers se presse aux portes de Sciences Po. A Paris toujours, la voie de l’admission sur dossier accessible aux titulaires d’une mention « très bien » au bac a carrément fait exploser les compteurs: + 48 % en un an ! Pour faire face à son succès, l’IEP a ainsi augmenté la taille de ses promotions. En province, la tendance est exactement la même : 1 463 bacheliers ont tenté le concours d’entrée à l’IEP de Bordeaux l’année dernière, alors qu’ils n’étaient que 987 deux ans plus tôt.

E

LA RECETTE SCIENCE PO Culture générale, pluridisciplinarité, ouverture sur le monde, décryptage de l’actualité… Les ingrédients qui font l’originalité d’un cursus Sciences Po sont nombreux. Dans tous les instituts d’études politiques, on retrouve peu ou prou les mêmes ingrédients : l’histoiregéographie, le droit, l’économie, la sociologie et les sciences politiques. Les deux premières années sont consacrées à ces matières générales, la spécialisation n’intervenant qu’au cours du cycle de master. L’objectif est d’assimiler des bases solides dans toutes ces disci-

plines, mais aussi d’apprendre des méthodes de travail différentes. A côté des traditionnels cours en amphithéâtre, la pédagogie s’appuie sur les « conférences de méthode », plus interactives et en petits groupes, qui font une large place aux exposés oraux. Une façon de préparer au quotidien le fameux « grand oral » de fin d’études, une épreuve de culture générale qui se déroule devant un jury. Autre caractéristique forte des IEP : depuis le passage à cinq ans d’études, une année d’expatriation est devenue la règle, soit en stage, soit dans une université étrangère. Pendant les deux dernières années, les étudiants choisissent une spécialité (finances, communication, affaires européennes…) parmi une offre plus ou moins abondante en fonction des IEP. Des stages en entreprise ont fait leur apparition dans le cursus, soit entre trois et six mois obligatoires en cycle M.

COMMENT ENTRER A SCIENCES PO ? Contrairement aux écoles de commerce ou d’ingénieurs, il n’existe pas de classes prépas publiques aux IEP, censés recruter des bacheliers de l’année (ou des bac +1 dans certains cas) sur des épreuves proches de celles du baccalauréat. Elles portent en général sur l’histoire, la culture générale, les langues, voire sur une étude de document ou d’ouvrage ou encore sur l’actualité récente. En réalité, le niveau de ces concours, notamment celui de Sciences Po Paris, nécessite une véritable préparation. Des cours privés ont donc fleuri un peu partout, avec des fortunes diverses.

> SCIENCES PO PARIS :

27, rue Saint-Guillaume, 75007 Paris (01 45 49 50 50). www.sciences-po.fr La cote des diplômes

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TEMOIGNAGE ALEXANDRE LALLET, 24 ans, diplômé de l’IEP de Lille en 2002, sorti major de l’ENA en 2006 « Au départ, je me suis orienté vers l’IEP de Lille parce que je voulais faire des études en journalisme à l’ESJ. Et puis j’ai découvert le droit public, et j’ai adoré ! Du coup, j’ai choisi la filière Administration publique, j’ai passé une année en Allemagne, et j’ai ensuite suivi la prep’ENA à Lille après mon diplôme. Le fait de sortir d’un IEP de province n’est pas un handicap pour entrer à l’ENA: la seule différence avec Sciences Po Paris, c’est qu’il y moins d’émulation entre les élèves et une autocensure psychologique : on ose moins se présenter ! C’est aussi une question de sacrifices. A Lille, je me suis imposé un régime très sévère, je ne sortais pas beaucoup. Aujourd’hui, je suis auditeur au Conseil d’Etat et j’envisage la préfectorale par la suite. »

INFOS CONCOURS > Les IEP de Rennes et

Toulouse proposent maintenant un concours commun d’accès en première année, comme les IEP de Grenoble, Lyon et Aix. Peuvent se présenter les bacheliers de l’année et ceux de la précédente. ATTENTION : à Lille et à Strasbourg, le concours est réservé aux bacheliers de l’année. A Bordeaux, les deux solutions sont possibles mais le concours d’entrée est différent en fonction de l’année d’obtention du bac. A NOTER AUSSI : Les titulaires de mentions « très bien » au bac peuvent être dispensés de concours à Strasbourg, Rennes et Toulouse.

Dans les prépas classiques, quelques hypokhâgnes proposent une option Sciences Po, et certains IEP publient sur leur site internet les annales de leurs concours. Mais l’initiative la plus originale revient à Sciences Po Paris qui s’est associé à la Documentation française pour proposer une préparation en ligne au concours d’entrée en première année, payante mais sans sélection préalable. A noter aussi que des voies d’entrée directe sont possibles en troisième, quatrième, voire cinquième année selon les IEP. Il faut alors être titulaire d’un bac+3 ou +4 et passer un concours spécifique qui comprend souvent un oral. Sciences Po Paris envisage d’ailleurs d’étendre cette épreuve orale au concours de première année dès 2007.

IEP DE PROVINCE : doivent faire leurs preuves ! La réforme encore en chantier, les huit instituts régionaux devront convaincre sur l’insertion des diplômés. our les IEP de province, l’allongement de la durée des études est un véritable défi. Car en sortant à bac +5, plus question pour les étudiants de compter sur une poursuite d’études

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pour muscler leur CV. Le cursus à Sciences Po devra seul suffire à séduire les recruteurs... Une petite révolution. « C’est vrai qu’auparavant nos étudiants allaient terminer leurs études en IAE, dans les écoles de commerce, de journalisme… reconnaît Norbert Nourian, directeur des études à l’IEP d’Aix-en-Provence. C’est un changement culturel, mais nous gardons ce qui fait notre atout incontestable aux yeux des employeurs, la pluridisciplinarité. » Expérience obligatoire à l’étranger, stages en entreprise, partenariats avec d’autres établissements, réseau d’anciens… Tous les moyens sont bons pour rendre les IEP plus performants sur le marché de l’emploi. « Mais cela ne suffit pas, il faut créer de réels partenariats avec les entreprises, notamment pour avoir des remontées sur les débouchés et les métiers de demain », poursuit Norbert Nourian. Un discours qui pourrait être celui... d’une école de commerce ! Pour l’heure, le recul n’est pas suffisant pour savoir si les IEP sont à la hauteur, les premiers diplômés « en cinq ans » venant tout juste de sortir.

VERS UNE SPECIALISATION DES IEP ? Autre difficulté pour juger de l’efficacité de ces formations sur le marché de l’emploi : la multitude des métiers visés par les différentes spécialités. Si les filières Service public, menant à différents concours de la fonction publique, accueillent plus de la moitié des étudiants et constituent leur cœur de métier, la plupart des IEP proposent des parcours Communication-journalisme, Relations internationales, Economie et finances ou encore Sciences politiques et société. Sous des appellations diverses, ces spécialisation mènent à des secteurs d’activité très variés. Pour faire la différence, les IEP cherchent à investir des spécialités de master pointues, en jouant sur leurs points forts : Direction des projets culturels à Grenoble, Affaires asiatiques à Lyon ou encore Politique et affaires publiques en Europe à Strasbourg. Les performances des uns et des autres devront donc être analysées finement. Petit à petit, les uns et les autres pourraient se spécialiser plus particulièrement sur un domaine, avec une une stratégie de complémentarité. Déjà, le réseau


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réforme, ne pourra être jugée que l’année prochaine, lorsque la première étude d’insertion des diplômés 2005 sera connue. D’ores et déjà, Sciences Po peut se targuer de placer ses diplômés en conseil, finances ou stratégie aussi bien que les meilleures écoles de commerce. « Nous avons toujours recruté à Sciences Po, mais nous avons élargi ce recrutement depuis trois ou quatre ans », indique Olivier Macard, associé du cabinet Ernst & Young, chargé des relations avec l’IEP. « Ce cursus a gagné en maturité grâce à l’année passée à l’étranger obligatoire. Les candidats sont plus ouverts, ils ont fréquenté des milieux internationaux et côtoient beaucoup d’étrangers. C’est une cible très intéressante pour les postes de juniors, car ils ont une grande capacité d’adaptation. » Les recruteurs mettent aussi en avant la diversité des profils rencontrés à Sciences Po, grâce aux études très différentes que les diplômés ont suivies avant d’entrer rue Saint-Guillaume. A peine leur reprochet-on un petit manque d’expérience de terrain, la politique de stages de l’IEP étant encore un cran au-dessous de celle des écoles de commerce. « Sciences Po a fait des efforts pour professionnaliser ses étudiants, mais les ESC les préparent mieux en termes de stages et d’années césures », note Mathieu Chardin, responsable du recrutement chez Michelin, une entreprise qui a aussi fait de l’IEP parisien l’une de ses écoles cibles. Mais sans attendre les résultats des premières enquêtes d’insertion post-réforme, le directeur des études donne son pronostic : « Je m’attends à une insertion très disparate selon les spécialités, estime Laurent Bigorgne. Un diplômé de

des IEP (Paris inclus) a signé une convention de mutualisation des parcours de cinquième année : un étudiant toulousain intéressé par la spécialité Management de la presse écrite de l’institut de Rennes peut demander son transfert en dernière année. « Mais attention, chaque IEP garde le contrôle de ses entrées et sorties », prévient Jean Petaux, chargé des relations extérieures à l’IEP de Bordeaux. Des rapprochements ont eu lieu au niveau des concours d’entrée : Rennes et Toulouse d’un côté, Lyon, Grenoble et Aix de l’autre, proposent désormais un concours commun. Mais là encore, prudence : si certains rêvent tout haut d’un concours commun à tous les IEP de province, d’autres s’y opposent catégoriquement.

SCIENCES PO PARIS : un cas à part Institut prestigieux, Sciences Po offre pourtant des débouchés inégaux à ses diplômés, selon les spécialités. omme pour les IEP de province, le prestige en plus, Sciences Po Paris doit aujourd’hui lui aussi faire ses preuves sur le terrain de l’emploi. Les 11 masters ont été pensés pour coller aux besoins des secteurs visés, et un semestre de stage en entreprise a été rendu obligatoire en dernière année. Les étudiants sont aussi initiés à la gestion de projet. La filière « GRH » est même proposée en apprentissage. Mais l’efficacité de ces mesures, nées de la

C

A CLIQUER > Pour connaître toute l’offre de formation en dernière année des IEP de province, consulter HTTP://WWW.IEP-AIX.FR/, puis cliquer sur l’onglet « Etudes » et « Cinquième année ».

LES 9 IEP ETABLISSEMENT Aix-en-Provence Bordeaux Grenoble Lille Lyon Paris Rennes Strasbourg Toulouse

ANNEE

NBRE

DE

D’ÉTUDIANTS

CRÉATION

INS. À L’IEP

1956 1948 1948 1991 1948 1872 1991 1946 1948

1 850 1 700 1 350 1 285 1 274 6 500 840 900 1 986

NBRE D’ENSEIGNANTS

190 350 180 228 250 1400 160 150 150

PERMANENTS

55 55 69 33 50 70 33 30 30

%

%

D’ADMISSION

D’ADMISSION

%

NBRE

D’ENSEIGNANTS D’ADMISSION EN

1

RE

AN.

10,3 5,5 15,0 11,8 9,3 10,0 15,0 12,3 19,5

EN

2

E

AN.

3,5 Pas d’admi. 10,0 5,6 8,1 8,0 12,0 NC 15,6

EN

COUT ANNUEL DE LA SCOLARITÉ (EN €)

3E OU 4E AN.

Pas d’admi. 3A : 8,3 4A : 26,0 4A : 16,4 Pas d’admi. 4A : 13,0 Pas d’admi. Pas d’admi. 3A : 14,8

800 800 en 1er cycle, 1 000 en 2nd cycle 840 en 1er cycle, 1 000 en M1, 1200 en M2 800 en 1er cycle, 1 000 en 2nd cycle 500 De 0 à 5 000 472 700 en 1er cycle, 150 à 900 en M2 429

NC : non communiqué.

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SCIENCES PO la filière Journalisme aura davantage de difficultés qu’un élève de Finances ou Administration publique. Les salaires seront également variables. » Si le diplôme de Sciences Po n’est pas un sésame, reste la puissance d’une institution qui compte des milliers d’anciens, dont 80 % travaillent dans le secteur privé. Mais où s’arrêtera-t-il ? Depuis quelques années, sous l’impulsion de son bouillonnant et très médiatique directeur Richard Descoing, l’Institut d’Etudes Politiques de Paris enchaîne réforme sur réforme. Plus qu’une école, il se compare à une université, par sa taille (6 500 étudiants) d’abord, sa polyvalence et l’importance de ses centres de recherche ensuite. Surtout, c’est Sciences Po qui donne le ton. En effet, c’est à Paris qu’a été initiée la réforme du cursus en cinq ans et de la professionnalisation. C’est d’abord dans l’institut de la capitale que l’année à l’étranger a été rendue obligatoire, et l’accueil d’étudiants internationaux promu. C’est encore et toujours à Paris que sont nées les « conventions ZEP », pour élargir la base sociale du recrutement de l’institut. Des initiatives qui ont essaimé en province et dans de nombreuses autres grandes écoles. Aujourd’hui, Sciences Po cherche à promouvoir sa politique d’implantation en régions.

SCIENCES POLITIQUES PARIS… EN PROVINCE ! Depuis 2001, la rue Saint-Guillaume n’a plus l’exclusivité de l’accueil des étudiants de premier cycle. Quatre nouveaux campus ont été créés : à Dijon, à Poitiers, à Nancy et à Menton, où l’enseignement, délocalisé, reste rigoureusement le même. Qu’on se le dise : on peut maintenant « faire Sciences Po » au bord de la Méditerranée ! « Nous entendons augmenter encore la taille de nos promotions grâce à ces campus en province », explique Laurent Bigorgne, directeur des études de l’IEP. Aujourd’hui, ces nouveaux campus accueillent quelque 600 étudiants, dont près de la moitié à Nancy, le site le plus ancien. A terme, chacun pourrait en compter entre 250 et 300. Et l’IEP étudie même la possibilité d’ouvrir deux autres campus. Chaque site s’est vu attribuer une aire géographique d’étude : à Dijon, l’Europe centrale et orientale; à Poitiers, le monde ibéro-américain; à Nancy, les relations franco-allemandes; et à Menton,

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le petit dernier, l’IEP a regroupé ses meilleurs spécialistes du Moyen-Orient et des pays méditerranéens. Après avoir réussi le concours d’entrée, les étudiants peuvent demander à suivre leurs deux premières années sur l’un de ces campus avant de partir à l’étranger puis de retrouver l’ensemble de la promo à Paris pour le cycle Master. « Un grand débutant en arabe ou en polonais peut très bien postuler à Menton ou Dijon, car l’intérêt est d’apprendre une langue rare et la culture qui va avec », explique Laurent Bigorgne. L’environnement y est aussi très international, grâce au recrutement d’étudiants étrangers : 50 % de la promo nancéenne vient ainsi de l’espace germanophone.

L’INTERNATIONAL S’AFFIRME DE PLUS EN PLUS Sur son campus parisien aussi, l’IEP s’efforce de constituer des classes internationales. En premier cycle, 800 étudiants français côtoient quelque 400 congénères étrangers en échange. En troisième année, tout le monde s’expatrie, en partant en stage ou dans une université partenaire. Les étudiants peuvent donc indifféremment effectuer une mission humanitaire en Inde ou encore étudier dans une Business School américaine. Au retour, les étudiants choisissent une spécialité de master parmi les onze mentions offertes. Cela va des traditionnelles Affaires publiques, Communication ou Carrières judiciaires et juridiques aux plus pointues Stratégies territoriales et urbaines ou Management de la culture et des médias. « En entrant à Sciences Po après ma maîtrise en droit, je pensais à une carrière dans la diplomatie grâce à l’ouverture internationale de l’IEP, raconte Gabriel Hugonnot, diplômé en 2004. J’ai suivi des cours en commerce international, où je me suis retrouvé avec beaucoup d’étrangers, puis en administration publique, une section beaucoup plus franco-française. » Mais après une année de prép’ENA, Gabriel se tourne finalement vers le conseil dans le secteur public. « C’est un domaine où le diplôme de Sciences Po est très valorisé, car ces études sont à la croisée des chemins entre le public et le privé. » Car à Paris aussi, malgré l’effervescence et le bouillonement de nouveautés, la délicate question des débouchés se pose…


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Ecoles d’ingénieurs : une voie royale Voici une quasi-assurance anti-chômage, proposée au plus grand nombre, avec ou sans prépa. Car bien des profils sont acceptés. Avis aux amateurs.

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S’INSCRIRE AUX CONCOURS > Pour connaître le

calendrier et consulter les statistiques de réussite : WWW.SCEI-CONCOURS.ORG

ous en pincez pour les sciences et la technique ? Pourquoi ne pas tenter une école d’ingénieurs, car il y a des places à prendre. Tous les ans, les écoles comme les classes préparatoires scientifiques ne font pas le plein. Pourtant, le jeu en vaut la chandelle. Quelle que soit la conjoncture, les 28 000 ingénieurs qui arrivent chaque année sur le marché sont les débutants les plus convoités. Selon le CNISF (Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France), le taux de chômage des ingénieurs diplômés est moitié moins élevé que celui de l’ensemble de la population. De plus, les deux grands organismes spécialistes de l’insertion, l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) et le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) sont formels : les ingénieurs ont, en matière de salaire, une bonne longueur d’avance face à tous les autres diplômés. Mais gare aux généralités ! Si une poignée d’établissements jouit d’un très grand prestige, la plupart sont largement méconnus, voire inconnus des recruteurs. Et on ne fait évidement pas la même carrière au sortir de Polytechnique ou d’une modeste école spécialisée. Selon le prestige de l’école choisie ou le secteur d’activité, les écarts de rémunérations peuvent être grands. Selon le CNISF, 5 établissements (Polytechnique, Ponts et Chaussées, Mines de Paris, Télécom Paris et Centrale Paris) procurent un bonus salarial qui peut dépasser 30 % en comparaison des écoles les moins cotées. Si la majorité – dont les plus prestigieuses– recrute à l’issue de deux ans de classes préparatoires, on peut tout à fait embrasser une carrière d’ingénieur sans passer par maths sup-maths spé. Une centaine d’écoles

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recrutent après le bac pour offrir un cursus en cinq ans. De plus, presque toutes ouvrent aujourd’hui leurs portes aux universitaires, aux BTS et DUT grâce aux admissions parallèles. Même les bacheliers technologiques peuvent aussi tenter leur chance. Car le bac S n’a plus le monopole des écoles d’ingénieurs. Les bacs STI, et STL dans une moindre mesure, ont ainsi des places réservées dans un certain nombre d’établissements, y compris au sein des plus cotés. Il serait dommage de ne pas en profiter.

ECOLES APRES PREPA : le haut du panier Les classes prépas, une voie d’excellence difficile à suivre. Portrait-robot du taupin idéal. oie royale du système éducatif français, les classes préparatoires aux grandes écoles intimident autant qu’elles fascinent. De la prépa, on ne connaît souvent que le « côté obscur » : la charge de travail ; l’esprit de compétition, les rituels, le vocabulaire… Pourtant, tout s’acquiert: le travail s’organise, la compétition va de pair avec l’esprit d’équipe et les codes sont faits pour être décryptés. Mais encore faut-il avoir l’étoffe du taupin. Tout le monde n’a pas le souffle pour courir le fameux marathon de deux années minimum : maths sup-maths spé. Près d’un quart des élèves de prépas scientifiques jettent l’éponge avant la fin du parcours. Pour éviter l’accident de parcours, mieux vaut donc se poser les bonnes questions.

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AVEZ-VOUS LE PROFIL PREPA ? La question n’est pas anodine, car n’est pas taupin qui veut. Les élèves obtenant moins de 12 de moyenne, les élèves brillants mais peu réguliers, de même que les fortes têtes très autonomes dans leur travail y sont rarement les bienvenus. Le dossier scolaire est étudié à la loupe. Le jury examine l’âge, le nombre d’années passées au lycée, les appréciations… Et il attache plus d’importance au classement qu’à la moyenne. Ainsi, 11 ou 12 en maths peuvent suffire dès lors que le candidat est dans le premier tiers de sa classe, et à condition de ne pas viser les prépas trop prestigieuses comme Henri-IV à Paris, Hoche ou Sainte-Geneviève à Versailles ou Fermat à Toulouse… Mais inutile de se leurrer : aux notes moyennes correspondent une classe préparatoire aux résultats plus modestes et donc, statistiquement, une probabilité plus faible d’intégrer les plus grandes écoles comme Polytechnique, Centrale ou les Mines. Réussir en prépa nécessite le goût de l’abstraction, un travail acharné (30 heures de cours par semaine en moyenne, et autant de travail à la maison, sans compter les colles !), l’esprit de compétition et des nerfs solides. Certaines classes prépas attachées à leur réputation de cador fixent en effet un niveau d’exigence extrêmement élevé. La notation y est sévère (quelquefois négative), et certaines méthodes s’appuient parfois sur l’intimidation : lecture à haute voix des notes et du classement des élèves dans les différentes matières, remarques soulignant le retard d’un étudiant dans un domaine… Heureusement, tous les lycées n’ont pas une politique de prestige, et tous ne cherchent pas à faire un bon score à Polytechnique. Il existe nombre de prépas dites « de proximité », aux effectifs plus réduits et où l’encadrement est plus attentif. Et qu’on se le dise : les prépas hyper sélectives n’ont pas le monopole du succès. Les plus petites et moins cotées parviennent à hisser chaque année nombre de candidats dans les meilleures écoles.

LES FILIERES DE PREPA Pour les bac S. Il existe 4 sections réservées aux bacheliers S, qui ouvrent chacune un certain nombre de places dans les écoles d’ingénieurs. Ce n’est donc pas la peine de se ruer dans la plus prestigieuse (MP) si l’on n’est pas fait pour elle : c’est l’échec assuré. Choisissez plutôt en fonction de vos affinités et vos aptitudes :

LE PRESTIGE DES ECOLES OFFICIELLEMENT, rien ne distingue les établissements prestigieux de ceux qui restent méconnus des recruteurs. Pourtant, il y a bien des écoles qualifiées de « grandes », quand d’autres ne sont plus que « moyennes », voire peu cotées. Certes, les DRH aiment à répéter qu’ils ne s’attachent pas au pedigree des candidats. Il n’empêche, la plupart des entreprises et cabinets de recrutement classent les écoles en trois groupes, A, B et C ou 1, 2 et 3. Mais ces listings, où les écoles sont classées en fonction de leur notoriété, restent cachés au fond des tiroirs. Alors faute de liste, on pourra toujours guetter les palmarès des écoles d’ingénieurs publiés dans la presse (Le Nouvel Economiste, l’Usine nouvelle, Challenges…). Pourtant, ces listing ont un impact direct sur le salaire des jeunes diplômés : à chaque catégorie d’école sa fourchette de rémunération. Selon une enquête du CNISF, le Conseil national des ingénieurs et des scientifiques de France, l’école d’origine est une des variables qui influent le plus sur le salaire. Cinq écoles (Polytechnique, Ponts et Chaussées, Mines de Paris, Télécom Paris et Centrale Paris) donnent même un bonus salarial qui peut dépasser 30 % par rapport aux établissements les moins cotés.

- Maths, physique (MP) : prestigieuse, mais fort abstraite. Réservée aux matheux pur jus. A savoir : plus de la moitié des effectifs ont obtenu une mention «très bien» au bac. - Physique et chimie (PC) : toujours fort matheuse, elle conduit aux mêmes écoles que les MP, plus les écoles de chimie. - Physique et technologie (PT) : elle laisse une place aux sciences industrielles (mécanique) et conduit aux écoles d’ingénieurs de type Arts et Métiers. - Biologie, chimie, physique et sciences de la Terre (BCPST), dite « agro » : c’est une filière à part, très largement féminisée, qui conduit aux écoles d’agronomie, de géologie, de chimie et aux écoles vétérinaires. Pour les amateurs d’expérimentation en laboratoire, il est conseillé d’opter au deuxième trimestre pour la section Physique sciences de l’ingénieur (PSI), que l’on peut intégrer à partir de toutes les filières (sauf « agro ») et qui mène à toutes les écoles d’ingénieurs. Les matières fondamentales y sont l’électronique, l’automatique et la mécanique. Pour les bac STI et STL. Pour ces bacs technologiques, les prépas réservent trois sections : - Technologie et sciences industrielles (TSI) : réservée aux bons bacheliers STI

A CLIQUER > Sur le site WWW.ADMISSION-PREPAS.ORG,

chaque candidat formule 12 vœux de lycée, classés par ordre de préférence. Il reçoit des réponses positives ou non qu’il peut accepter ou refuser. S’il est recalé partout, un « vœu géographique » lui permettra peut-être de se placer dans les prépas qui n’affichent pas complet.

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TEMOIGNAGES RECITS DE « TAUPINS » En intégrant une classe prépa, Gino ignorait où il mettait les pieds. « Venant d’un lycée du 93, je n’étais pas formaté pour aller en prépa. Mais j’avais besoin d’être encadré et poussé. » Pour Julie, bac S mention « bien » en poche et une école de travaux publics en ligne de mire, la prépa est apparue très vite comme un passage obligé. Mais avant de sauter le pas, Julie a dû se débarrasser des idées reçues : « Les légendes sont nombreuses, comme celle qui veut que lorsqu’on a besoin d’un stylo, il est inutile de le demander à son voisin ! En réalité, si la concurrence se fait sentir en deuxième année, on reste solidaire. » Car les coups durs sont nombreux : « On avait un colleur exécrable : il ne savait pas parler, il hurlait ! De plus, le rythme est intense, on est sans cesse classé. Ce n’est pas toujours facile moralement », avoue Gino. « La première année, j’étais tout le temps stressée, renchérit Julie. L’année suivante, j’ai décidé de prendre un après-midi entier pour continuer la musique, sinon je craquais. » Les points positifs ? « J’ai appris à relativiser et à gérer mon temps, explique Julie. Les colles m’ont aussi permis de prendre de l’assurance. » Julie a intégré l’Ecole nationale des travaux publics d’Etat (ENTPE), et Gino a décroché sa place à l’Ecole nationale supérieure de chimie et de physique de Paris (ENSCP).

A LIRE > A travers 50 fiches,

David Kaufman et Julien Ponceblanc font un tour d’horizon des classes prépas et des grandes écoles. Cet ouvrage répond à de nombreuses questions (Comment choisir sa prépa ? Comment résister à la pression ?…) et grouille de conseils et d’astuces. 50 FICHES POUR ABORDER LA PRÉPA ET LES GRANDES ÉCOLES, de David Kaufmann et Julien Ponceblanc, aux éditions Bréal, 23 €.

ayant choisi une spécialité industrielle. Au programme : technologie, électricité et mécanique, entre autres. Le taux de remplissage de cette filière cotée est de 100 % car elle offre des places dans beaucoup d’écoles. - Technologie, physique et chimie (TPC): pour les bacheliers STL (surtout pour les spécialités chimie de laboratoire et de procédés industriels et physique de laboratoire et des procédés industriels). Débouchés de cette filière : écoles de chimie, surtout. - Technologie et biologie (TB) : pour les bacheliers STL spécialité Biochimie-génie biologique. Elle ouvre les concours agronomiques et aux Enita et aux écoles vétérinaires. Attention : il y a peu de places en TB et seulement trois établissements la préparent à Paris, Strasbourg et Toulouse.

LE LABYRINTHE DES CONCOURS Dur, dur de ne pas se perdre face à la diversité des concours menant aux écoles d’ingénieurs. A chacun ses voies parallèles, ses passerelles entre écoles ou ses accès réservés à certaines filières. Pour simplifier, il existe quatre types de concours :

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- le concours propre, spécifique à une seule école ; - le concours commun, où plusieurs écoles s’associent pour recruter avec les mêmes épreuves et les mêmes coefficients. Les candidats classent ces écoles selon un ordre de préférence. Leur rang de classement après concours leur permettra d’intégrer ou non l’école qu’ils visent. Libre à eux d’accepter ou de refuser d’intégrer les écoles auxquelles ils ont été admis ; - la banque d’épreuves, où plusieurs écoles peuvent piochent, chacune dotant les épreuves des coefficients qu’elle souhaite. Les candidats peuvent s’inscrire à toutes les écoles ou seulement à quelques-unes ; - la banque de notes, qui est constituée des résultats de concours communs dans lesquelles des écoles, ne souhaitant pas organiser leurs propres concours, viennent piocher leurs lauréats selon certaines notes. Attention, la mise en commun des concours et les banques d’épreuves aboutissent parfois à des situations curieuses. Mal classé, un étudiant qui voulait intégrer une école d’informatique peut ainsi se retrouver en… chimie !

ECOLES POST-BAC : de bonnes performances Une soixantaine d’écoles recrutent après le bac, sans passer par la case prépa.

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ême si elles ne jouent pas dans la cour des « grandes » (Centrale, X, Mines, Ponts…), les écoles post-bac n’ont pas à rougir de leurs performances. L’Estaca (l’Ecole supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile), l’UTC (Université technologique de Compiègne) ou encore l’Insa Lyon occupent souvent des places enviables dans les palmarès. Loin d’être boudées par les recruteurs, leurs diplômes offrent généralement les mêmes débouchés et les mêmes salaires que leurs consœurs. Avec un atout supplémentaire : la classe prépa n’est plus un passage obligé. Une soixantaine d’écoles dites «à prépa intégrée» recrutent ainsi leurs étudiants directement après le bac pour un cursus d’une durée de cinq ans. Son principal inconvénient ? Son coût. Si la prépa classique est gratuite ou presque, deux ans


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ECOLES D’INGENIEURS ZOOM : 10 ECOLES APRES-PREPA

ECOLES Brest - ENST Bretagne Clermont - CUST Evry - Télécom INT Grenoble - Ensimag Nantes - Ecole centrale Paris - INA PG Paris - Polytechnique Paris - Supélec Toulouse - Sup’Aero Valenciennes - Ensiame

POSSIBILITÉ DE

SEM. DE STAGE

SUIVRE UNE FILIÈRE EN APPRENTISSAGE

POUR LES NON APPRENTIS SUR TOUT LE CURSUS

oui non non non oui oui non oui non oui

40 36 35 28 45-50 32-36 68 34 36-72 46

NBRE DE DOUBLE DIPLÔME

TAUX D’ÉTUDIANTS ÉTRANGERS DANS LE CURSUS (EN %)

NBRE DE CLUBS ET D’ASSOCIATIONS

TAUX DE DIPLÔMÉS

OBLIGATOIRES PAR AN

140 100 67 40 240 75 NC NC 50 30

20 3 9 10 55 3 18 40 23 3

42 15 30 36 15 19 20 17 22 11

85 12 50 24 50 37 120 80 80 11

50 27 56 61 29 41 100 84 49 69

NBRE D’HEURES D’ANGLAIS

EMBAUCHÉS AVANT OU DÈS LA SORTIE (EN %)

SALAIRE ANNUEL BRUT MOYEN À LA SORTIE (EN €)

35 000 28 000 34 800 34 300 33 500 33 000 38 000 38 100 36 000 29 000

NC : non communiqué.

A LIRE > LE GUIDE DES ÉCOLES D’INGÉNIEURS 2006, édité par le Nouvel Observateur, 8,90 €. 130 pages d’informations et de conseils, des tableaux thématiques pour connaître les atouts et les faiblesses de près de 200 écoles…

de prépa intégrée peuvent coûter plusieurs milliers d’euros, jusqu’à 14 500 € à l’Efrei de Villejuif par exemple. Heureusement, pour nombre d’entre elles, publiques, il faudra seulement régler les droits universitaires.

UNE SELECTION VARIEE Traditionnellement, le candidat type des écoles en cinq ans est un bachelier. Mais nombre d’établissements essayent de diversifier leurs recrues et ouvrent aussi leur porte (en troisième année) à des étudiants admis en parallèle ou aux élèves de classes préparatoires. Car ces derniers savent qu’il vaut mieux intégrer une bonne école en 5 ans qu’une école en 3 ans méconnue… Les profils appréciés sont souvent ceux qui savent déployer une intelligence pratique, plus

TEMOIGNAGE LESLIE, diplômée de l’Esiee Paris (2005), ingénieur qualité-assurance chez Mentor Graphics « En terminale S, je me suis inscrite en classes prépas et aux concours d’écoles post-bac. Acceptée partout, j’ai finalement choisi d’intégrer l’ESIEE Paris, une école en cinq ans. La perspective de travailler à fond durant deux ans, sans sortir la tête de l’eau, m’a dissuadée d’opter pour la prépa. Le cursus de l’école post-bac permet d’avoir tout de suite l’aspect pratique avec des TP, et on touche aux matières techniques comme l’informatique et l’électronique. On peut aussi envisager une vie associative et étudiante. On ne va pas à l’école juste pour prendre ses cours, ce qui est moins vrai en prépa. Et je ne regrette pas mon choix : j’ai été embauchée dans la foulée de mon stage à 33 300 € brut annuel, pour passer trois mois plus tard à 36 600 € ! »

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que les 100 % matheux. C’est pourquoi ces établissements sont (relativement) ouverts aux bacs technologiques (STI surtout, et quelques STL). Certaines aménagent un cursus spécifique pour ces élèves, comme l’Insa Lyon par exemple qui a mis en place une formation active en sciences (FAS) ou l’Université technologique de BelfortMontbéliard (UTBM), qui regroupent les candidats techno des trois universités de technologie sur son campus. Cependant, les procédures d’admission varient d’une école à l’autre. Certaines établissent une sélection à partir du dossier scolaire, d’autres demandent un dossier personnel, d’autres encore optent pour un concours commun… Mais une fois rentré, adieu les questions existentielles qui hantent les taupins durant deux ans. Le parcours de la prépa intégrée est sans incertitude, rythmé souvent par un contrôle continu et, sauf accident, un étudiant a toutes les chances de parvenir à ses fins. Mais la tranquillité d’esprit a un prix : faire un choix engageant, et ce dès le bac.

LE RYTHME SCOLAIRE Si le cursus débute par deux années de classe préparatoire dite « intégrée », on est loin du rythme de travail en maths supmaths spé. L’entrée dans le cycle ingénieur se joue sur un concours interne qui repose souvent sur un contrôle continu. Autre différence : le nombre d’heures consacrées aux matières scientifiques est souvent moins élevé qu’en classe prépa traditionnelle. Les matières y sont plus équilibrées, et la formation plus pratique. L’emploi du temps laisse une place aux matières tech-


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niques : l’informatique et l’électronique jouxte les mathématiques et la physique. Mais pour éviter les mauvaises surprises, mieux vaut regarder de très près les enseignements de ces deux années de prépa car certaines écoles proposent un programme quasiment identique aux prépas classiques avec des colles, des cours magistraux…

POUR FAIRE LA DIFFERENCE ON NE LE DIRA JAMAIS ASSEZ : la meilleure des écoles est celle qui correspond le mieux à votre profil. Vous n’êtes pas vraiment fait pour Polytechnique ou les Mines ? Inutile de désespérer : vous pouvez décrocher le parchemin d’une école moins cotée et tirer votre épingle du jeu. A une condition : savoir déceler le petit « truc » en plus qui séduira le recruteur, sans négliger quelques éléments essentiels. Le réseau des anciens. On sous-estime souvent ce point. A tort : un petit coup de pouce d’un ancien peut être parfois beaucoup plus efficace qu’une liste de formations classées « valeurs sûres ». Quelques indices : une association d’anciens dynamique, qui compte par exemple un site Internet mis à jour, édite un annuaire, organise des journées portes ouvertes… Les stages en entreprise. Pour optimiser son CV, rien de tel que de cultiver son réseau professionnel dès l’école en tirant profit des différents partenariats de son établissement avec les entreprises. Les stages sont aussi primordiaux pour l’insertion professionnelle. Et ils doivent être choisi stratégiquement, car les recruteurs les regardent à la loupe. L’international. L’expatriation à travers un stage ou un séjour d’études à l’étranger n’est pas un « plus », mais une quasiobligation. La perspective d’accéder plus vite à un poste à responsabilité et à une meilleure rémunération est réelle. La Conférence des grandes écoles a chiffré le gain de salaire à 20%.

LES CONCOURS C’est presque plus simple : deux sites Internet centralisent désormais l’inscription à la très grande majorité des écoles en cinq ans (www.grandesecoles-post-bac.fr ; www.admission-postbac.org). Mais le plus dur reste à faire : dénicher les meilleures écoles dans les réseaux d’établissements des différents concours communs. Pour y voir plus clair, voici ces réseaux : Les ENI. Les débouchés traditionnels des 4 écoles nationales d’ingénieurs sont plutôt industriels (génie mécanique, automatique, informatique industrielle, productique électronique…). L’Enit de Tarbes est généralement perçue comme la plus cotée, suivie de celle de l’Enise Saint-Etienne, l’Enib Brest et l’Enim Metz. Les Insa. Parmi les cinq Insa, quatre sont fort cotés auprès des employeurs. Lyon est souvent considéré comme le meilleur, talonné par Toulouse, Rouen, Rennes et Strasbourg. Les UT. La cote des trois UT de Compiègne (la plus prestigieuse), Troyes et BelfortMontbéliard grimpe au fil des ans. La Fesic. La Fédération d’écoles supérieures d’ingénieurs et cadres regroupe 18 établissements privés. Pour 15 écoles de ce réseau, les entrées se font sur dossier,

épreuves et entretien. Parmi celles-ci, on trouve l’Isen Lille, l’Isep Paris et l’Eseo Angers, toutes trois réputées. Les autres écoles recrutent sur dossier et entretien. Parmi elles, l’HEI Lille et l’Icam Lille sont les plus renommées. Les Icam Nantes et Toulouse suivent. L’Ecam Lyon tire, elle, plutôt son épingle du jeu en informatique. Le Geipi. Le Groupement des écoles d’ingénieurs à préparation intégrée rassemble

ZOOM : 10 ECOLES POST-BAC ECOLES Compiègne - UTC Levallois-Perret - Estaca Lyon- Insa Nancy - EEIGM Orléans Polytech’ Paris - ECE Paris - Isep Rennes - Louis-de-Broglie Tarbes - ENIT Villejuif - Efrei

POSSIBILITÉ DE

SEM. DE STAGE

SUIVRE UNE FILIÈRE EN APPRENTISSAGE

POUR LES NON APPRENTIS SUR TOUT LE CURSUS

non non oui non oui non oui oui non non

52 52 40 36 36 57 32 36 50 64

NBRE

TAUX D’ÉTUDIANTS

OBLIGATOIRES PAR AN

DE DOUBLE DIPLÔME

ÉTRANGERS DANS LE CURSUS (EN %)

NBRE DE CLUBS ET D’ASSOCIATIONS

TAUX DE DIPLÔMÉS EMBAUCHÉS AVANT OU DÈS LA SORTIE (EN %)

SALAIRE ANNUEL BRUT MOYEN À LA SORTIE (EN €)

102 45 64 60 100 142 64 60 64 70

8 19 11 3 0 9 4 0 3 10

12 4 27 37 6,4 6 18 4 6 7,6

60 35 90 8 46 31 30 13 20 35

74 47 52 NC 18 67 70 52 72 93

31 800 33 000 31 000 29 000 30 000 34 000 35 000 29 000 35 000 34 500

NBRE D’HEURES D’ANGLAIS

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APPRENTISSAGE : UNE OPTION « PRO » A ETUDIER UNE FILIÈRE AU RABAIS, L’APPRENTISSAGE ? L’idée reçue a pris du plomb dans l’aile. Aujourd’hui, 70 écoles proposent des filières en apprentissage, et plus de 1 300 ingénieurs décrochent chaque année leur diplôme grâce à cette pédagogie. Son principe ? Un partage du temps entre l’école et l’entreprise, au rythme d’une alternance mensuelle, trimestrielle ou semestrielle. L’apprenti travaille alors en entreprise, sur le terrain, puis il théorise son apprentissage en cours. Les FIP (formations d’ingénieur en partenariat), créées au début des années 1990, sont à la base de ce succès. Mais toutes les écoles, et non des moindres, s’y mettent. Comme Sup’Optique, les Mines de Douai, Centrale Nantes, l’ENST Bretagne ou l’Institut national agronomique de Paris-Grignon (INA-PG). Il faut dire que la formule cumule les atouts : une formation gratuite – une année d’études peut coûter jusqu’à 6 000 € par an… –, un salaire durant toute la durée des études et, à la sortie, un diplôme d’ingénieur en bonne et due forme, avec déjà plusieurs années d’expérience. Pour les FIP et les filières mises en place par les écoles, le standard de recrutement est à bac +2, BTS ou DUT technique ou scientifique essentiellement, éventuellement élargi aux Deug scientifiques. Mais les FIP peuvent aussi apprécier les candidats qui ont effectué une année technique de spécialisation (ATS), une troisième année qui permet normalement de se présenter aux concours des écoles en admissions parallèles. Si l’expérience du terrain vous tente, le jeu en vaut la chandelle. Et si l’enquête 2005 du CNISF (Conseil national des ingénieurs et des scientifiques de France) indiquait encore un salaire moyen inférieur de 1 500 € brut annuel entre les filières FIP et les « classiques », l’écart ne cesse de se réduire. Il peut même s’inverser : les diplômés de la filière en apprentissage de l’Ensiame Valenciennes touchent un salaire supérieur de 15 % aux autres diplômés et l’Ecole polytechnique de l’université d’Orléans place ses apprentis à 31 000 € brut par an, soit… 1 000 €/an de plus que les autres diplômés. Pas mal ?

8 écoles. Parmi elles, trois écoles basée à Nancy (ENSGSI, EEIGM, et ESSTIN), Polytech’Orléans, Polytech’Nice-Sophia, ou l’EIVL Blois par exemple. Les CPP. Il existe trois cycles préparatoires polytechniques à Grenoble, Nancy et Toulouse. Les bacheliers y travaillent deux ans avant d’avoir la possibilité d’intégrer (par contrôle continu) 21 écoles, de niveau très disparate. On y trouve, entre autres, l’Ensimag Grenoble, cotée en informatique. Le CPI. Le cycle préparatoire intégré repose sur le même principe que le CPP, mais il est réservé à 17 écoles de chimie de la Fédération Gay-Lussac. Quelques-unes sont plus cotées que les autres, comme l’Insa Rouen, CPE Lyon, l’ENSCP Paris, l’Ensic Nancy ou l’Ensiacet Toulouse.

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INGENIEUR SANS PREPA contourner les prépas Les admissions parallèles pour diplômés des filières courtes ou profils universitaires.

V

ous êtes allergique aux classes prépas, ou vous n’avez pas réussi à y être admis? Rien n’est perdu, grâce aux admissions parallèles, les étudiants issus de l’université, de BTS et de DUT ont aussi leur place en école d’ingénieurs… à condition d’être de bons élèves. Les écoles d’ingénieurs sont prêtes à piocher dans tous les viviers. Pour cela, elles ont créé les admissions parallèles, des recrutements spécifiques, le plus souvent par la voie de concours dédiés. Des chemins de traverse qui marchent de mieux en mieux : selon une récente étude du ministère de l’Education nationale, les étudiants issus de classes préparatoires représentent à peine 46 % des effectifs. Il y a bien sûr les écoles qui accueillent leurs élèves au sortir du bac, 20 % des futurs ingénieurs ont emprunté cette voie ; quant aux titulaires de DUT ou de BTS, ils représentent désormais 13 % des admis. Il serait donc dommage de ne pas tenter sa chance. D’autant que même les établissements les plus prestigieux regardent aujourd’hui du côté des « non-prépas ». En 2006, 10 étudiants ont pu franchir les portes de Polytechnique, les Ponts ont accueilli 15 parallèles en deuxième année, et les Mines de Paris ont ouvert leurs portes à 15 admis sur titre en première année, 21 en deuxième année, et 32 en troisième année. Les écoles d’ingénieurs recrutent en effet à bac +1, bac +2, bac +3 et bac +4, mais la grande majorité des admissions parallèles sont accessibles à bac +2. Mais gare aux désillusions ! Mieux vaut savoir que les « parallèles » doivent aussi compter avec les élèves de classes prépas pour intégrer certaines écoles après bac. Pour corser le tout, la compétition dépasse parfois les frontières. Depuis trois ans, les Mines de Paris recrutent aussi ses parallèles à l’étranger. Mais la voie est ouverte, et il y a des places à prendre. Chaque année, ce sont plus de 3000 places qui restent vacantes dans les écoles.

COMMENT S’Y RETROUVER Oubliez les généralités. Si les admissions parallèles sont contrôlées par la CTI (Commission des titres d’ingénieurs), elles


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QUESTION A : ALAIN JENEVEAU, directeur de l’EPF et président de la commission Formation à la Conférence des grandes écoles LES ÉCOLES INTÈGRENT ACTUELLEMENT DES ÉTUDIANTS TITULAIRES D’UNE LICENCE AU MÊME NIVEAU QUE LES ÉTUDIANTS DE PRÉPA. OR, LES PREMIERS ONT ACQUIS, AVEC LA RÉFORME LMD, DAVANTAGE DE CRÉDITS ECTS. POURQUOI NE PAS PRENDRE EN COMPTE CETTE DIFFÉRENCE ? Sur les 180 crédits acquis, combien participent de la formation d’ingénieur ? Si le parcours antérieur est parfaitement adapté, il n’y a pas de problème pour tout valider. Mais c’est rare. En effet, certains crédits peuvent être dédiés à des matières qui n’intéressent pas l’école d’ingénieurs. On ne peut pas additionner des choux et des carottes ! Pour caricaturer, soixante crédits en droit ne permettent pas d’entrer dans une école d’ingénieurs.

ATTENTION ! > DANS LA PLUPART DES ÉCOLES D’INGÉNIEURS,

les étudiants titulaires d’une licence sont intégrés au même niveau que les bac +2 : l’année supplémentaire passée à l’université n’est pas prise en compte. Pour éviter cette décote, certaines écoles d’ingénieurs repensent leurs recrutements. Affaire à suivre…

ne font pas l’objet d’une règle unique: chaque école décide du diplôme requis, de la méthode de sélection, et de l’année d’entrée dans la formation. Bref, chacune concocte sa propre procédure. Certaines choisissent plutôt des licences, d’autres exclusivement des BTS ou DUT, d’autres enfin se servent un peu dans chaque profil. Cependant, deux tiers des admissions parallèles se font au niveau bac +2. On peut citer le concours Archimède, le concours des ENI, celui des ESIEE, des Insa ou encore la sélection UT. Le concours des ENI par exemple s’adresse aux L2 (ex-Deug), BTS, DUT, et pour les étudiants ayant un niveau équivalent à bac +2, notamment les élèves de classes prépas deuxième année. Ici, la sélection s’effectue sur dossier et entretien. Par contre, CPE Lyon, l’une des écoles du réseau Fesic, ajoutera un contrôle de langues à l’examen du dossier et à l’entretien de motivation. Il faut donc plonger dans les notices de chaque concours pour vérifier les conditions et restrictions d’admissions des écoles. A noter : il existe des concours spécifiques pour les BTS et DUT comme la banque d’épreuves DUT-BTS ou le concours ATS. Le premier rassemble 21 écoles qui recrutent plus de 800 étudiants ; le second est réservé aux titulaires d’un BTS ou d’un DUT qui ont fait une année de classe préparatoire ATS, année spéciale de préparation pour les techniciens supérieurs. En théorie, toutes les formations scientifiques donnent accès aux écoles d’ingénieurs. Dans les faits, les étudiants augmentent leurs chances en choisissant l’école qui se rapproche le plus de la spécialité de leurs études. Les L2 (ex-Deug) avec les mentions SM, Mias et, dans une moindre mesure, STI,

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sont les plus recherchées. Les L2 SV et STU orientent plutôt vers les filières spécialisées en agronomie-agriculture-biologie ou sciences de la terre-géologie. Pour les BTS, une quarantaine de spécialités donnent accès aux écoles d’ingénieurs mais, cursus plus spécialisé oblige, ils ont en général plus de difficultés que les DUT. Plus généralistes et comprenant un volume horaire plus important en maths et physique, les DUT offrent en effet une préparation plus prisée que celle des BTS. Mais avec une nuance tout de même : si toutes les spécialités industrielles du DUT ouvrent les portes des écoles, celles qui marchent le mieux sont orientées vers la chimie, la physique, l’informatique industrielle, le génie civil, le génie mécanique et la productique, les sciences et génie des matériaux, et le génie thermique. Pour les bac +3, bac +4 et plus, les places sont moins nombreuses, mais elles concernent les établissements les plus prestigieux comme les cinq Centrales ou les trois Mines (Paris, Nancy et Saint-Etienne). La licence permet ainsi d’accéder à une soixantaine d’écoles, et avec le niveau M1 (ex-maîtrise), les opportunités sont multipliées par trois!

COMMENT SE PREPARER Bonne nouvelle : les différentes préparations aux concours d’écoles d’ingénieurs se multiplient. Il y avait déjà les prépas universitaires sous forme d’options, et pour les BTS et DUT, les prépas ATS, un sas de rattrapage accéléré. Il y a dorénavant les prépas à la fac. Plus de 700 élèves sont concernés cette année par ces parcours partagés entre les écoles et les universités. Son atout? Préparer un diplôme universitaire tout en jouant son entrée dans une école d’ingénieurs en contrôle continu, moyennant quelques cours supplémentaires. Les enseignements ont lieu à la fac ou dans les locaux de l’école. Inaugurée en 2003, la formule fait des émules. Une vingtaine d’établissements proposent cette solution. Mais à chacun son vocabulaire : l’Ensiame (du réseau Polyméca), en partenariat avec l’Institut des sciences de l’université de Valenciennes, parle ainsi de « cursus d’intégration », quand le réseau Polytech’ ouvre un PIP (parcours ingénieur Polytech’) pour les bacheliers scientifiques. Et le plus intéressant, c’est que ça marche. A Polytech’ Tours, par exemple, le taux de réussite dans ce parcours atteint 87 % contre 30 % pour les étudiants en licence scientifique classique. Alors, prêt à tenter la sélection ?


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Fac, mode d’emploi Les inscriptions ouvertes dans les universités françaises ne garantissent pas la réussite automatique… au contraire. L’écrémage se fait au fur et à mesure et de nombreux étudiants échouent. Conseils pour réussir en fac.

a première rentrée à la fac, Vincent s’en souvient comme si c’était hier. « C’était il y a deux ans, je venais tout juste de décrocher mon bac et j’étais heureux d’entrer en première année d’histoire. La joie passée, ça été un véritable choc ! Tout était déroutant : la taille et l’impersonnalité des lieux, la difficulté à trouver des infos. » Comme de nombreux nouveaux bacheliers, Vincent a rapidement compris que son inscription « de droit » à la faculté ne lui garantirait aucunement la réussite. En effet, le changement par rapport à l’univers du lycée est radical. « L’université répond exactement au cliché qu’on lui accorde », reconnaît Vincent. « On y jouit d’une très grande liberté, on est totalement livrés à nousmêmes et si l’on n’y prend pas garde, le piège se referme : en effet, c’est l’échec assuré. » Effectivement les méthodes de travail changent et les étudiants doivent faire preuve d’une grande autonomie pour tracer leur route. A la rentrée 2005, 1 426 500 étudiants se sont inscrits dans les universités françaises. Mais le nombre de nouveaux bacheliers à faire ce choix pour poursuivre leurs études est en légère baisse : 47,9 %, soit moins d’un sur deux. Depuis la rentrée 2005-2006, la dernière vague d’universités a basculé aux formations Licence-Master-Doctorat (LMD) et la réforme a complètement chamboulé les cursus. Les études universitaires « classiques », c’est-à-dire en dehors des filières dites professionnelles : DUT, Deust, licence professionnelles, etc. sont désormais formatées sur un cursus de trois, cinq ou huit ans, et non

S

plus en premier, deuxième et troisième cycles. Les passerelles vers les concours et les possibilités de poursuite d’études en écoles spécialisées sont nombreuses… A condition d’avoir l’info ! Schématiquement les cursus sont découpés ainsi : Un premier cycle de trois ans (L1, L2 et L3) qui débouche sur une licence (niveau bac+3). Dans certaines facultés, la deuxième année permet encore de décrocher un Deug, mais cet échelon est voué à disparaître à court terme. Un deuxième cycle de deux ans (M1 et M2) qui conduit à un master (niveau bac +5). La maîtrise peut encore être délivrée en fin de quatrième année, mais elle aussi est promise à la disparition. Un troisième cycle durant trois à quatre ans (D1, D2 et D3) et qui débouche sur un doctorat (niveau bac +8). A noter : ce découpage ne s’applique pas aux écoles d’ingénieurs universitaires, ni aux facultés de médecine et de pharmacie ni encore aux IUT).

LES INSCRIPTIONS S’inscrire en première année de faculté quand on est Francilien ne soulève pas de dilemme cornélien, puisque la sectorisation joue d’office. En clair, l’université la plus proche de votre lycée est tenue de vous accueillir. En revanche, en province, choisir sa fac dès la première année est possible. Le nombre de places est suffisamment élevé pour permettre à chacun d’intégrer la filière de son choix, même si chaque année quelques élèves se retrouvent dans l’embarras. Il n’y a donc aucune sélection à l’entrée des facs. En La cote des diplômes

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UNIVERSITE

DES PRES-INSCRIPTIONS DES JANVIER POUR LUTTER CONTRE L’ÉCHEC MASSIF EN PREMIER CYCLE le gouvernement incite les universités à mettre en place, dès le mois de janvier, une procédure de pré-inscription. Sur la base des bulletins de première et terminale et la licence visée, les lycéens recevront un avis favorable ou non, qu’ils resteront cependant libre de suivre ou d’ignorer. « Concrètement, cela ne modifiera pas les procédures de recensement des vœux », précise Jacques Laban au rectorat de Paris, en charge du dispositif Ravel. Une vingtaine d’universités seraient déjà prêtes à se lancer dès cette année : « Nous sommes très volontaristes sur cette mesure qui va vraiment dans le bon sens », explique Yannick Vallée, vice-président de la Conférence des présidents d’université, « même si sans doute la mise en œuvre ne va pas être simple ».

REPARTITION DES ETUDIANTS

fait, il n’y en a pas jusqu’en deuxième année de master, sauf pour quelques cursus qui l’imposent dès la première année de master (bac+4). A noter : si la plupart des filières exigent le bac, certaines octroient des dispenses aux non bacheliers qui possèdent un équivalent, le DAEU (diplôme d’accès aux études universitaires) ou la capacité (pour les cursus de droit). Histoire, philo, maths, droit, médecine, gestion, Staps… Toutes les matières ou presque sont dispensées à l’université, des plus scientifiques aux plus littéraires. Si vous ne savez pas exactement où vous inscrire, pas de panique : les facs converties au LMD permettent souvent de passer quelques semestres en tronc commun, ce qui laisse un peu de temps pour se décider, à l’intérieur toutefois d’un domaine donné. A l’université de Marne-la-Vallée par exemple, les matières du premier semestre sont communes à l’ensemble des mentions du vaste domaine Sciences et technologies. Et les deux premières années sont communes à tous les parcours de la mention Sciences de la matière. En fait, le choix plus précis du parcours (Chimie et applications, Environnement…) s’effectue seulement en troisième année.

Source : Education nationale, 2005

PAR FILIÈRES

LETTRES, SCIENCES HUMAINES ET LANGUES SCIENCES SCIENCES ÉCONOMIQUES,

AES DROIT SANTÉ STAPS TOTAL

42% 19% 14% 13% 8% 4% 100%

L’ARRIVEE A LA FAC LE LABYRINTHE Les premiers jours, gare au dépaysement ! « Je me souviens d’une réunion de rentrée au milieu de 3 000 autres étudiants, raconte Vincent qui étudie à la faculté toulousaine du Mirail avec…

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quelque 25 000 autres étudiants ! Dans ce contexte pas question d’attendre que l’information tombe toute cuite, il faut en permanence aller la chercher. » Les universités françaises sont plus ou moins impressionnantes, mais dans les grandes villes ou leurs banlieues, il faut souvent s’attendre à tomber sur un ensemble d’interminables labyrinthes faits de bric et de broc (bâtiments modernes et anciens, préfabriqués…), regorgeant d’une multitude de bureaux, de labos, d’amphithéâtres… Quant aux indications, elles sont généralement plus que succinctes. Un cours annulé ou reporté? Des dates ou des résultats d’examen dont il faut prendre connaissance ? Autant de « détails » qu’il conviendra de gérer tout seul, sous peine de passer tout simplement à côté de l’info. Qu’on se rassure cependant : quelques mois suffisent pour apprendre à se diriger vers les salles qui vous concernent. Par ailleurs, il existe des dispositifs pour permettre aux nouveaux arrivants de surnager. Certaines facs mettent en place des journées portes ouvertes ou des semaines de prérentrées encadrées dans le cadre de tutorat. Pour Florian, nouveau carabin de 19 ans, la rentrée en fac de médecine n’a pas été traumatisante. « Nous avons bénéficié d’une prérentrée organisée en tutorat. Pendant une semaine, des étudiants de deuxième année nous ont expliqué le fonctionnement de la fac et des cours. Ils nous ont appris à nous repérer dans les locaux et surtout indiqué où trouver l’information. » De quoi désamorcer bien des angoisses… Dans certaines facs, une fois la rentrée effectuée, il est possible de se faire aider par un tuteur – généralement un étudiant en troisième année - qui donne de précieux repères… Mais là encore, la démarche pour bénéficier d’un tuteur devra parfois venir de vous. En première année de droit Gaëlle, trouvait la formule séduisante, elle n’a pourtant jamais réussi à en bénéficier. « Ce n’était pas du tout accessible », regrette-t-elle. « Je me demande si des brochures distribuées aux étudiants en début d’année ne seraient pas plus efficaces. »

UN « HALL DE GARE » La faune qui déambule dans les couloirs risque elle aussi de surprendre : vous


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croiserez des jeunes, des vieux, des Français, des étrangers parlant toutes les langues... Selon les universités l’ambiance est d’ailleurs très différente. S’il n’est pas rare de croiser des étudiants en costard cravate et des filles en tailleurs, dans les facs de droit, l’ambiance des facs de lettres et de sciences humaines est bien plus décontractée. « Chez nous l’ambiance ressemble à celle des classes littéraires en première et terminale, on fait des rencontres, on s’invite dans les conversations… Il y a un côté très humaniste », décrit Vincent. Malgré tout, certains ont du mal à se faire des amis ! Pour remédier au spleen universitaire, un conseil : se rendre dans les lieux de sociabilité active comme les associations, les syndicats étudiants, etc. « Les foyers sont des lieux de passages obligés pour se faire des amis », conseille Vincent. « On y joue aux cartes et aux échecs, et au passage, on obtient plein d’infos sur la fac, on se sent beaucoup moins seul. Au Mirail, les fêtes de fin de semestres dans certains foyers sont même réputées dans toute la ville », raconte-t-il. Faire du sport, participer à la rédaction d’un fanzine, assister aux séances d’un ciné-club sont aussi de bons moyens pour nouer des amitiés.

LES COURS PAS DE CLASSES, DES OPTIONS Sauf exception, en fac, il n’y a pas de classes regroupant un nombre donné d’élèves passant tous leurs cours ensemble. Chaque étudiant passe de classe en classe, où il retrouvera des visages plus ou moins familiers de sa matière. Les seuls moments passés ensemble sont les cours magistraux obligatoires donnés en amphithéâtre ; mais ils regroupent une telle masse d’individus qu’il est souvent bien difficile de s’y sentir partie prenante d’un groupe. Un autre élément est radicalement nouveau : une proportion plus ou moins importante des matières n’est pas imposée par un emploi du temps préétabli, mais choisie par les étudiants. Depuis le passage au LMD, chaque université fait un petit peu comme elle l’entend : certaines offrent des possibilités très étendues d’établir son « menu » en piochant dans diverses matières option-

TROIS TYPES DE COURS LES COURS MAGISTRAUX (CM) sont théoriques et se déroulent souvent en amphithéâtre. Ils sont optionnels (on les choisit) ou communs à tous les étudiants d’une promotion. La présence des étudiants n’y est pas contrôlée : cela ne signifie pas qu’ils faille les négliger… LES TRAVAUX DIRIGÉS (TD) se déroulent en petits groupes. Ils servent à approfondir concrètement des points soulevés en CM. Le travail y consiste en des exposés oraux, des exercices au tableau ou des devoirs à la maison. La présence des étudiants est le plus souvent contrôlée. LES TRAVAUX PRATIQUES (TP) : réservés aux expérimentations en laboratoires pour les scientifiques.

nelles, d’autres imposent des cursus plus rigides. On peut trouver formidable de choisir une partie de ses cours. Mais la médaille a un revers : certains modules sont littéralement pris d’assaut (de par leur intitulé attractif ou la réputation excellente de leur professeur) et doivent écarter les prétendants. Dans ce cas, c’est le premier arrivé qui est le mieux servi…

UN ECREMAGE PROGRESSIF Vous comprendrez très rapidement une chose : contrairement aux grandes écoles (d’ingénieurs, de commerce…) les universités ne pratiquent pas de sélection à l’entrée. Mais cela ne signifie nullement qu’un diplôme universitaire soit facile à décrocher ! Et l’image de l’étudiant qui réussit en « glandant » en fac relève du mythe. Car la sélection universitaire existe bel et bien, simplement elle ne dit pas son nom : au lieu de trier les candidats dès après le bac, l’université les écrème progressivement, à l’usure… Un chiffre : le taux de réussite des bacheliers au Deug (niveau bac +2) s’élève à 76 % en 2003. Mais ce chiffre global cache bien des choses : primo, ne sont comptabilisés que les étudiants réinscrits en deuxième année d’université (ceux qui abandonnent en cours de première année sont « oubliés »). Secundo, moins d’un inscrit sur deux passe son Deug sans redoubler, en deux années. Enfin, tous les bacheliers ne se situent pas, loin s’en faut, sur un pied d’égalité : le taux de réussite d’un bachelier scientifique est de 91 %, celui d’un bachelier économique et so-

> UN ÉTUDIANT DOIT AVOIR UNE DÉMARCHE AUTONOME pour réfléchir à son orientation. C’est vrai aussi bien concernant le choix des options que les poursuites d’études possibles.

ATTENTION > DEPUIS 2004, l’université

Paris-IX Dauphine est la seule à pratiquer une sélection sur dossier à l’entrée, car elle a adopté le statut d’université de technologie. La cote des diplômes

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NOTES ET CREDITS : COMMENT S’Y RETROUVER ? Chaque semestre regroupe plusieurs unités d’enseignements (UE), c’est-à-dire des matières. Pour bien comprendre le système, il faut distinguer deux univers, fonctionnant en parallèle : l’univers des crédits et l’univers des notes. Dans l’univers des notes, il faut avoir la moyenne (10/20) par semestre. Point positif : les notes de chaque UE se compensent les unes les autres. Par exemple, avoir obtenu 10 à une UE, 8 à une autre et 12 à la troisième permet de décrocher son semestre. Dans l’univers des crédits, c’est différent. Avoir la moyenne permet d’obtenir un certain nombre de crédits par UE. Avoir 12, 14 ou 19 n’y change rien : on obtient le même nombre de crédits tant qu’on a 10. Si l’on n’obtient pas la moyenne (dans notre exemple, l’UE à 8), pas de crédits. Or, en théorie, il faut décrocher 30 crédits par semestre, 180 crédits pour une licence, 300 pour un master et 480 pour un doctorat. On serait tenté de croire qu’il faut avoir la moyenne partout, sinon, pas de licence ! Mais le système LMD est en général plus souple que cela. Certains jurys de fac observent les moyennes des UE plus que les crédits. Et peuvent ainsi accorder la licence aux étudiants qui n’ont pas décroché toutes les matières si, par exemple, ils ont obtenu la moyenne à chaque semestre pendant trois ans. Bref, finies les matières qui empêchent d’avoir une licence à cause d’une minuscule UE ratée faisant barrage !

Source : Education nationale 2005.

cial de 78 % et de 77 % pour un littéraire. Il s’élève à 40 % pour les bacheliers technologiques et chute à… 15 % pour les bacheliers professionnels ! Et puis, il ne suffit pas de passer ces deux années pour se croire enfin sorti d’affaire. En effet, pour un bachelier s’inscrivant à l’université, la probabilité d’accéder en troisième année de l’enseignement supérieur universitaire ne dépasse pas 61 % !

TAUX DE RÉUSSITE GLOBAL AU DEUG EN 2003 SERIE DU BAC LITTÉRAIRE ECONOMIQUE SCIENTIFIQUE TECHNOLOGIQUE PROFESSIONNEL TOUS BACS

77% 78% 91% 40% 15% 76%

LA NECESSITE D’ETRE AUTONOME Parmi ces étudiants qui sont en situation d’échec, quelques-uns découvrent que la faculté ne les intéresse pas et d’autres encore doivent interrompre leur scolarité pour des raisons personnelles. Mais bon nombre d’entre eux, bien que volontaires, se laissent tout simplement engloutir par la masse de travail, notamment parce qu’ils s’appuient sur une mauvaise méthode, qu’ils ne savent pas s’organiser seuls. Car on dit souvent que la fac exige de l’« autonomie ». Qu’est-ce que cela signifie ? En clair, qu’il faut se débrouiller tout seul !

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Un étudiant, contrairement à un lycéen, n’est pas tenu de venir à tous les cours et n’est guère « poussé » par les professeurs. Cette liberté peut entraîner des conséquences catastrophiques si l’on ne parvient pas à se prendre en main immédiatement. « Chacun des cours compte : je l’ai d’ailleurs appris à mes dépens… Et il ne faut jamais se contenter d’un cours tout seul, les bibliographies distribuées par les enseignants sont très importantes. Il faut les approfondir, compléter ses cours par des fiches et des lectures », explique encore Vincent. Autre secret pour réussir : accorder toute leur importance aux travaux dirigés (TD), ces cours en plus petit comité (environ 50 étudiants…). « Ils donnent vraiment l’occasion d’approcher les enseignants de plus près et d’approfondir certaines notions », détaille Gaëlle qui a décroché ses deux premières années de droit haut la main ! Et puis, un étudiant doit savoir rechercher seul des informations, non seulement dans les cours, mais aussi en furetant à la bibliothèque et en apprenant à utiliser les outils informatiques mis à sa disposition.

LE RYTHME D’UNE ANNEE Une année universitaire ne commence pas en septembre comme au lycée, mais à la mi-octobre et s’achève à la fin du moins de juin. Chaque année est rythmée par des contrôles continus qui accompagnent les modules choisis (devoirs à la maison, exposés en classe…) et généralement par deux sessions de devoirs sur table : - La session de janvier se déroule après les vacances de Noël (les révisions se font durant les vacances) et achève le premier semestre. - La session de mai-juin termine le second semestre. Depuis la réforme LMD, les facs concoctent les examens à leur sauce, ce qui rend toute généralisation un peu périlleuse : certaines permettent à qui n’a pas la moyenne de passer une session de rattrapage en septembre. D’autres ont supprimé cette étape. Dans quelques universités, un étudiant obtenant 70 % des crédits peut passer à l’année supérieure. D’autres comptabilisent par semestre uniquement… Bref,


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pour s’y retrouver, se renseigner sur les usages de son université est chaudement recommandé ! A noter : en général, les filières permettent aux étudiants qui travaillent d’être dispensés de contrôles continus et de se contenter de passer les examens terminaux. Mais le taux d’échec de cette formule est souvent fort important, et beaucoup d’universités tentent de la limiter.

APRES LA LICENCE Licence en poche, il faut le dire : les diplômés de lettres et sciences humaines et ceux des sciences dites « dures » ne sont pas du tout logés à la même enseigne. Si bien des possibilités sont ouvertes aux scientifiques - notamment de poursuivre en master professionnel ou en doctorat - les littéraires (à l’exception des diplômés de droit et de gestion) ont des perspectives plus étroites : peu de masters professionnels leur sont destinés, les études doctorales leur offrent des perspectives souvent médiocres et une grande proportion d’entre eux optent pour le corps professoral ou la fonction publique (lire encadré).

LE MASTER Le master dure deux ans et s’intègre à niveau bac+3. En théorie, la première année de master (dite « M1 ») n’est pas sélective et donc normalement ouverte aux licenciés de la même matière. Attention notamment au sortir des licences professionnelles, après lesquelles il est bien difficile de poursuivre. Certains cursus affichent officiellement la sélection en M1 ou L3, notamment les anciens IUP (institut universitaires professionnalisés) et quelques maîtrises professionnelles dans certaines facs (maîtrise de sciences et techniques, maîtrise en méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises…) établissent une sélection dès la première année. La deuxième année de master est elle toujours sélective. Certaines sont d’ailleurs fort demandées et bien difficiles à intégrer. Il existe deux types de M2 : Les masters professionnels (appelés encore DESS dans certaines facs) sont destinés aux étudiants désirant rece-

LES GRANDES PASSERELLES VERS D’AUTRES FORMATIONS

Au niveau Deug, licence et maîtrise, on peut intégrer les écoles d’ingénieurs et de commerce en « admission parallèle », et achever le cursus en quelques années : on en sort avec un niveau bac +5 et un diplôme souvent fort coté sur le marché du travail. Une licence permet également d’envisager de passer les concours A de la fonction publique (réservées aux bac +3). Mais devant l’afflux des candidats, quelques licenciés jugent plus sûrs de passer aussi les concours B (ouverts aux simples bacheliers). Les étudiants en droit et en économie sont généralement les plus avantagés. Mais il existe des formations universitaires permettant de décrocher une licence d’administration publique (LAP) : les instituts de préparation à l’administration générale (Ipag). Les étudiants y reçoivent un enseignement formaté pour convenir à la plupart des concours. Une grande partie d’élèves de Lap échouent aux concours de catégorie A et poursuivent en maîtrise (MAP). Dernier débouché important pour les licences, les IUFM (institut universitaires de formation des maîtres) qui permettent de passer les concours de professeurs des écoles, de collège et de lycée.

voir une formation opérationnelle pour intégrer le marché du travail. Tous les masters « pro » ne se valent pas, mais certains, fort cotés, permettent de prétendre à des fonctions très recherchées en entreprise. Les masters de recherche (ou DEA) sont ouverts à ceux qui veulent poursuivre leurs études jusqu’au doctorat.

LE DOCTORAT Le doctorat (niveau bac +8) dure trois ou quatre ans (parfois plus). Il est à réserver aux férus de recherche, car c’est un parcours de longue haleine, qui, sur le plan professionnel, ne rapporte souvent pas plus qu’un bon master (voire moins : le taux du chômage des docteurs est en moyenne supérieur à celui des DEA !). Mais il offre des possibilités que ne permettent pas le master : celle d’enseigner à l’université (très peu de postes pour beaucoup de candidats), de rejoindre un organisme de recherche, type CNRS ou Inserm (là encore, les places sont chères). Beaucoup de chercheurs français, bloqués dans leur ascension par un marché de l’emploi exsangue, se résignent à aller exercer leurs talents audelà de nos frontières : Etats-Unis, Chine, Royaume-Uni… Si vous ne craignez pas le dépaysement, foncez ! La cote des diplômes

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Masters professionnels : le bac +5 qui paye Nombre de ces programmes, en gestion ou en informatique par exemple, garantissent l’embauche presque à tous les coups. Un vrai filon donc, à condition de débusquer les bons créneaux.

xit les DESS. Depuis la réforme du LMD, les diplômes de niveau bac +5 s’appellent désormais masters, qu’ils soient universitaires ou estampillés grandes écoles… Et en la matière, la fac n’a pas à rougir ! Elle recèle en effet quelques pépites, principalement en gestion, sciences et techniques, qui mettent la barre très haut. Promotions de taille réduite, grande proximité avec le monde de l’entreprise et… sélection drastique des candidats. Ils font des étincelles sur le marché de l’emploi. Leurs diplômés sont chassés et embauchés à prix d’or par de grandes entreprises, des cabinets d’audit ou de consulting ; à l’égal de ceux des grandes écoles.

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DE BONNES PERFORMANCES Et même si tous les masters ne peuvent évidemment pas s’enorgueillir de telles performances, dans l’ensemble, la plupart jouissent aujourd’hui d’une bonne réputation auprès des recruteurs. Un bémol, tout de même : les PME se montrent pour l’instant statistiquement plus ouvertes aux profils universitaires que les grands groupes. Et les étudiants se bousculent toujours au portillon. Mais si les performances à la sortie valent celles des écoles, les places y sont tout aussi chères, si ce n’est d’avantage. Pour être admis en master professionnel, il faut compter non seulement avec un examen attentif du dossier, mais aussi un entretien et parfois des épreuves écrites. Certaines facs, comme Paris-IXDauphine, y adjoignent encore un mémoire d’une vingtaine de pages à rédiger : « Nous cherchons par ce biais à

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vérifier que les candidats ont compris la problématique de notre diplôme, mais aussi qu’ils savent s’exprimer et rédiger », explique Laurent Batsch, le directeur du très prestigieux master Management de l’immobilier. Les masters Comptabilité, contrôle, audit, ont même fait le choix de sélectionner leurs candidats via l’épreuve nationale commune Message (voir encadré page 98) dès la dernière année de licence dite L3. Pour d’autres encore, il importe avant tout d’avoir su mettre les bonnes cordes à son arc en entrant à l’université. Ainsi, les 20 masters du réseau Miage accueillent exclusivement des profils de gestionnaires et de scientifiques (voir page 100). Un principe qui laisse sur le carreau tous ceux qui n’ont pas choisi les bonnes options dès le début de leur parcours universitaire.

BIEN VISER DES LA LICENCE Pour les étudiants, la difficulté est donc double. Il s’agit d’une part de se faufiler dans le labyrinthe des filières universitaires et de choisir dès l’année de L2 la bonne option ou de flairer le bon intitulé, celui qui permettra ensuite de postuler dans le master de son choix. Il faut d’autre part débusquer les cursus qui jouissent d’une véritable reconnaissance sur le marché. Car dans certaines facs, un même master peut comporter jusqu’à 20 spécialités différentes en deuxième année (M2), et à la sortie toutes n’offrent pas la même qualité d’insertion. Première difficulté : choisir la filière qui vous permettra ensuite de postuler dans le master de votre choix. Pas évident, car si la réforme permet en théorie de postuler en première année de


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master (M1) avec n’importe quelle licence (L3), dans les faits, les choses ne sont pas si unifiées. « Effectivement, on ne peut pas dire aujourd’hui que tout titulaire de L3 entre en M1 », reconnaît Olivier Sénéchal, vice-président de l’université de Valenciennes. « Il est indispensable qu’il y ait une correspondance entre l’intitulé ou, en tout cas, en termes de domaine de compétences entre L3 et M1. Pour les candidats qui ne sont a priori pas dans le bon domaine, chaque demande est examinée au cas par cas », confie-t-il. Ainsi, vous pourrez faire pencher la balance en votre faveur, à condition d’avoir cumulé plusieurs expériences professionnelles dans le domaine du master que vous souhaitez intégrer…

PARTIR A POINT Autre aspect à surveiller : les critères d’admission des masters entre la première et la deuxième année (M1 et M2). En effet, certains masters recrutent le gros de leurs troupes en M1 et de façon marginale en M2. Dans ce cas, et si vous visez un master qui n’est pas dans votre université d’origine, mieux vaut postuler dès le M1 pour multiplier les chances d’être pris dans la spécialité de votre choix en M2. Une précaution qui ne peut malheureusement pas s’appliquer à toutes les universités. A Dauphine, par exemple, c’est tout l’inverse. Classée grand établissement depuis 2004, l’université sélectionne en toute légalité les bacheliers au moment de leur entrée en première année universitaire. Puis à nouveau avant l’entrée en L3. En revanche, aucun étudiant n’entre en première année de master (M1), tandis qu’un certain nombre de places est ensuite réservé aux… très bons candidats extérieurs à l’entrée de M2. Pour autant, tous les masters ne sont pas des sésames pour l’emploi, tous n’ont pas la même aura auprès des recruteurs, tous ne visent pas des secteurs porteurs. En lettres, sciences humaines, culture, seule une poignée de programmes permettent véritablement de faire ses premiers pas dans les métiers visés, et encore faut-il savoir sortir des sentiers battus pour s’intéresser à des niches souvent moins glamour que les métiers paillettes dont rêvent la plupart des étudiants. Il faut aussi distinguer les masters professionnels tels que l’on vient de les décrire des

LES MAGISTERES FONT DE LA RESISTANCE « POURQUOI SE CONTENTER D’UN MASTER QUAND ON PEUT AVOIR UN MAGISTÈRE ? » Alain Cordier, le président de l’Agrema (Association générale des responsables de magistère), défend cette formation qui recrute des bac +2 et délivre un diplôme bac +5, au bout de trois ans. Pas toujours bien connue des étudiants et des recruteurs, cette filière universitaire d’excellence, créée en 1985, a pourtant survécu à l’instauration du système LMD. De 65 on est passé aujourd’hui à 48 cursus différents, soit scientifiques soit économiques, ou encore dans le domaine juridique et social. Et les candidats à l’entrée sont en augmentation depuis deux ans. Mais attention, la scolarité est exigeante : elle est réservée aux élèves très motivés et de bon niveau, en majorité issus de classes préparatoires aux écoles de commerce ou d’ingénieurs. On compte entre trois et dix candidats pour une place, selon les magistères. Sélectionnés sur dossier et entretien, ils intègrent des promos d’une trentaine d’étudiants. « Ce n’est pas une promenade de santé : ils suivent le nombre d’heures obligatoires en master, et près de 200 heures de cours supplémentaires chaque année », précise Alain Cordier. Une formation renforcée qui n’oublie pas la professionnalisation, avec des stages obligatoires (entre six mois et un an). Elle est souvent orientée vers la recherche, en particulier pour les scientifiques, dont 60 % continuent en doctorat. Et l’insertion professionnelle est bonne selon Alain Cordier, également responsable du magistère Physique d’Orsay : « Dans ma formation, il n’y a pas de diplômés au chômage ! » Ailleurs, c’est un peu plus variable…

masters de recherche (anciens DEA) avec des contenus et des débouchés parfois éloignés des réalités du marché. Si les deux sont en théorie des filières distinctes, certaines facs militent au contraire pour un rapprochement… C’est le cas de l’u iversité de Cergy-Pontoise, dans le master Finance internationale. Le master pro s’appelle Gestion des instruments financiers, option Gestion de risques bancaires ; tandis que le master de recherche a été baptisé Gestion des risques, mention finance et assurance… Les étudiants des deux filières suivent d’ailleurs une bonne partie de leurs cours en commun. Résultat, il n’est pas évident de faire la différence du premier coup entre les deux. « Les intitulés se ressemblent mais les profils ne sont pas du tout les mêmes », assure pourtant François Pernot, président du Cevu (Conseil étudiant et vue universitaire) de Cergy. « Le premier forme des traders, le second des analystes. » Pour faire la part des choses, mieux vaut dans ce cas se renseigner en amont sur les débouchés réels, se faire préciser les La cote des diplômes

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S’Y RETROUVER AVEC LES SIGLES DE LA REFORME DEPUIS LA MISE EN PLACE DE LA RÉFORME DU LMD, CHAQUE ANNÉE A SON NOM DE CODE. LICENCE : BAC +3. Les chiffres et les lettres L1, L2, L3, constituent les trois années de licence et correspondent au premier grade universitaire. La licence comprend 6 semestres d’enseignement (180 crédits européens). Elle est ouverte aux bacheliers en première année, mais il est aussi possible d’entrer directement en deuxième (L2) ou troisième année (L3) avec un bac +1 ou un bac +2. C’est aussi le cas pour les licences professionnelles, ouvertes aux bac +2. MASTER : BAC +5. Il correspond au deuxième grade institué par la réforme. La scolarité en master dure deux ans après une licence, M1 et M2, soit quatre semestres (équivalents à 120 crédits européens). DOCTORAT : BAC +8. C’est le troisième grade de la réforme et le plus élevé. Le doctorat se prépare en trois ans et il est accessible aux titulaires d’un master de recherche. La scolarité dure six semestres (180 crédits), elle est sanctionnée par une soutenance de thèse.

entreprises partenaires qui seront susceptibles d’embaucher par la suite des diplômés, ainsi que la part de professionnels qui interviennent dans l’enseignement et consulter l’annuaire des anciens, s’il existe… Autant de détails qui présagent (…ou non !) d’une insertion optimale.

MASTER DE GESTION : faire le bon choix ! Ces cursus sont une valeur sûre, surtout si l’on vise les spécialités porteuses. Précautions à prendre, et astuces à privilégier. aire un master de gestion ne veut pas dire grand-chose. Ou plutôt, faire un master de gestion englobe des réalités bien différentes… En effet, les nombreux diplômes qui fleurissent sous cette bannière dans les universités françaises regroupent des spécialisations en marketing, en finance, en management, en stratégie internationale, en comptabilité, en ingénierie bancaire ou encore en audit… La liste, digne d’un inventaire à la Prévert, est très révélatrice ! En réalité, selon leur spécialité, ces mas-

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ters ne préparent pas aux mêmes métiers ; et ils offrent à leurs diplômés des perspectives d’insertion variables. Une chose est néanmoins certaine : chaque fac ou presque s’est dotée de son master en gestion. Même offre foisonnante au sein des IAE (les instituts d’administration des entreprises), dans ce réseau de 29 instituts, rattachés à des universités, on trouve près de 250 masters professionnels. Pas facile donc pour l’étudiant lambda de faire son marché et sa sélection. D’autant que tous les masters ne s’inscrivent pas dans la même logique. Certains sont une véritable cinquième année (M2) de double compétence, cultivant volontiers un recrutement diversifié. C’est le cas du très sélect master Management de l’immobilier de la fac de Dauphine. « Nous revendiquons cette diversité d’origine et de contenu d’enseignement », explique Laurent Batsch, son directeur, qui accueille chaque année des diplômés de sciences politiques, d’écoles de commerce, mais aussi des architectes ou des ingénieurs en travaux publics, soucieux d’ajouter une forte coloration Finance à leurs diplômes d’origine.

DE VERITABLES CONCOURS Autre intitulé, autre politique, dans le master Ingénierie financière et stratégie fiscalité de Philippe Raimbourg à Paris-I, la spécialité star de l’UFR de gestion. L’an dernier, 230 candidats se sont disputé les 30 places proposées et, pour gagner leur galon, ils n’ont pas hésité à plancher pendant sept semaines sur « les avantages et inconvénients des titres super-subordonnés ». Objectif : passer avec succès l’épreuve du mémoire de sélection. « Pour postuler chez nous il est indispensable d’avoir fait une première année de master en finance », explique le directeur. Ici, le master 2 s’apparente à une année d’approfondissement et de spécialisation. Au menu : finance, droit et fiscalité se mélangent. A la sortie 100% de la promotion se case immédiatement, en grande majorité dans des grandes banques françaises ou londoniennes à des salaires minimum de 35 000 €/an. Ce recrutement soigné, digne des plus grandes écoles de commerce, pratiqué dans ces filières, est donc payant. Voilà qui explique sans doute que les candidats soient prêts à tous les sacrifices pour en être…


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SUIVRE LES TENDANCES Mais pour tirer au mieux leur épingle du jeu parmi cette foultitude de formations, ils ont aujourd’hui particulièrement intérêt à tenir compte des dernières exigences des recruteurs. Le must du moment : accrocher à son diplôme une expérience internationale, sous la forme d’un stage significatif ou d’un passage dans une université étrangère. « Ce que veulent les entreprises, c’est de l’international », reconnaît Jacqueline de la Bruslerie, directrice du département Gestion à Dauphine. Et au-delà de la pratique linguistique, c’est surtout l’expérience en entreprise qui est valorisée au moment de l’embauche. Les étudiants du master Marchés financiers, marché de gestion des risques et matières premières, à Paris-IX-Dauphine (encore !), plus connu sous le code 203, l’ont bien compris : un tiers des cours qu’ils suivent sont dispensés en anglais et un tiers d’entre eux n’hésite pas à choisir l’étranger pour effectuer un stage de six mois. Une pédagogie qui semble porter ses fruits, puisque la formation est très connue à Londres et à Francfort, pour la plus grande fierté d’Hélyette Géman qui dirige la filière. Ainsi, à l’embauche, les salaires des jeunes diplômés oscillent entre 40 000 et 45 000 €/an. Parmi les niches, il faut encore citer le master International franco-chinois de l’IAE de Nantes, une formation hyper sélective qui accueille 25 étudiants en M2, pour deux ans. Objectif : leur inculquer une double compétence, directement transposable au marché chinois. Chaque année, environ 120 candidats de tous horizons postulent ; mais pour avoir une chance d’être sélectionnés, ils doivent avant tout faire preuve d’une grande adaptabilité et d’une importante capacité de résistance au stress. La première année se déroule à Nantes ; la seconde, qui est une année d’insertion professionnelle, en Chine. A la sortie, 60 % des diplômés restent en Chine, en poste ou en VIE, où ils offrent leurs services à de grandes entreprises françaises qui s’installent dans l’Empire du milieu… NEC PLUS ULTRA : L’APPRENTISSAGE Autre astuce pour donner une valeur ajoutée à ces diplômes déjà hauts de gamme : l’apprentissage. C’est ce qui est proposé chaque année à une petite

MSG, IUP, DEUX ESPECES EN VOIE D’EXTINCTION « LES MSG ?... » Pour Pascal Louret, directeur du master Finance de l’IAE de Grenoble, la question semble totalement hors sujet ! « C’est fini, nous ne distribuons plus ce diplôme, la dernière promo de MSG est sortie en 2004. » Aujourd’hui, l’IAE de Grenoble fait partie des universités qui ont totalement joué la carte du LMD et sacrifié ces diplômes professionnels de niveau bac +4 qui jouissaient pourtant d’une excellente réputation auprès des entreprises, au profit de bac +5 plus spécialisés. Politique inverse à Bordeaux-IV, à Montpellier ou même à Dauphine, où la MSG continue d’être délivrée comme une simple équivalence et un diplôme supplémentaire à accrocher à son CV, à la fin de la première année de master (M1). La MSG, quand elle existe encore, devient ainsi un tronçon du cursus master. Dans certains cas (comme Bordeaux ou Montpellier) le recrutement continue pour l’heure de se faire par la banque d’épreuves Message en L3. « Les Miage et les ex-MSTCF ont réussi à obtenir des labels qui les identifient auprès des entreprises », reconnaît Hubert de la Bruslerie, président de MSG France. « Ce n’est pas notre cas, nous sommes désormais un diplôme de mi-parcours, c’est dommage. » Les Miage ont en effet été labellisés masters et les MSTCF sont devenus des masters CCA (Comptabilité, contrôle audit). Ce n’est plus le cas des MSG, littéralement englouties par de nombreuses dénominations de masters. Même déconfiture du côté des IUP, ces filières professionnelles en quatre ans n’ont pas obtenu l’habilitation master (sauf en Miage ), certaines fac continuent donc de délivrer le double diplôme IUP pour la forme, mais la grande majorité de ces filières seront d’ici peu dissoutes dans la masse. Dommage…

quinzaine d’étudiants triés sur le volet du master Audit et contrôle à l’IAE de Grenoble. « Chez ces étudiants, nous recherchons un esprit d’ouverture, de la rigueur et surtout d’importants prérequis en gestion, car ces étudiants doivent être opérationnels immédiatement en entreprise », explique Nathalie Gonthier qui dirige le master. Les diplômés sont d’ores et déjà tous casés dans de grandes entreprises de la région Rhône-Alpes, parmi lesquelles HP, Schneider ou encore France Télécom. Attention en revanche au mirage du marketing qui attire chaque année de nombreux étudiants. Cette spécialité s’est développée comme une traînée de poudre dans le catalogue des masters, mais elle garantit des débouchés plus aléatoires avec des temps d’insertion plus longs. Pour les diplômés de ces spécialités, les stages traînent en longueur et ne se transforment pas toujours en embauche ferme. La cote des diplômes

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PASSEZ LE MESSAGE L’épreuve Message est commune à près d’une quarantaine d’universités françaises. Objectif ? Homogénéiser les recrutements à l’entrée des parcours Gestion et comptabilité des universités. Ainsi, les masters Comptabilité, contrôle, audit (exMSTCF) et certains masters Gestion, sélectionnent les candidats dès L3, par le biais de cette épreuve. L’an dernier, près de 6 000 candidats ont passé le concours Message qui comporte différentes épreuves sous forme de QCM dans les matières suivantes : Culture générale sur les grands domaines du droit, de l’économie, de l’histoire de la pensée économique, ou encore de la théorie des organisations. Raisonnement logique et mathématique, afin de mesurer les qualités de logique des candidats. Droit et économie, à partir d’un texte ayant trait à la vie économique. Objectif : apprécier la culture économique et juridique des candidats. Certaines universités, complètent ces épreuves par un test de langue. Tous les détails et les modalités d’inscription sur HTTP://MESSAGE.MSGFRANCE.ORG/

SALAIRES > UN JEUNE JURISTE D’ENTREPRISE (0 à 3 ans d’expérience) peut espérer débuter avec un salaire entre 26 500 et 32 500 € brut annuel. Par ailleurs, les CDI représentent 77 % des recrutements en 2006. (Source AFJE.) > CHEZ LES DIPLÔMÉS DE L’ECOLE DE FORMATION DU BARREAU DE

PARIS, les disparités sont grandes : si 41 % touchent plus de 3 000 € par mois, 15 % perçoivent moins de 2 000 €. (Enquête de juillet 2006.)

MASTERS EN DROIT : cultiver sa différence Dans cette filière encombrée où s’engouffrent chaque année plusieurs milliers d’étudiants, il faut savoir se démarquer pour réussir son insertion. a comparaison est un peu osée, mais « faire son droit », c’est un peu comme participer à « Koh Lanta », ce jeu de télé-réalité où, pour survivre et gagner, le candidat réaliser le meilleur parcours du combattant. Mais pas découragés pour autant, bien au contraire, ceux qui choisissent cette filière sont toujours plus nombreux chaque année. A la rentrée 2005, les effectifs ont encore grimpé de plus de 5 %. La filière est largement saturée, mais le prestige de la magistrature et les carrières rémunératrices des avocats d’affaires font toujours rêver. Pourtant, derrière cette vitrine dorée de la profession se cache une réalité plus sombre : les juristes pointent deux fois plus longtemps à l’ANPE que les autres diplômés à bac +5. Et à l’Ecole de formation du barreau de Paris (EFB) qui accueille les futurs avocats, la dernière promo n’a guère le moral. Selon une enquête réalisée en juillet

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dernier, plus de la moitié (56 %) juge le marché de l’emploi « difficile », et plus d’un tiers estime qu’il est « saturé ». Michaël fait partie de ceux-là. Diplômé en 2005 de l’EFB, il a trouvé une collaboration dans un cabinet orienté droit des affaires après six mois de recherche : « Le marché est extrêmement tendu : il ne peut absorber tous les avocats formés par l’école. Les annonces s’adressent pour la plupart à des conseils ayant au moins un an d’expérience. » Le nombre de titulaires du Capa, le Certificat d’aptitude à la profession d’avocat, a en effet explosé. En moins de dix ans, le nombre d’avocats est passé de 32 000 à plus de 45 600 en janvier 2006. Pour tirer son épingle du jeu, il s’agit donc de peaufiner sa stratégie le plus tôt possible.

SE DIFFERENCIER « Beaucoup de diplômés restent sur le carreau. Le simple master juridique n’est pas suffisant. Face à une multitude de profils similaires, il faut un élément différenciateur », insiste Rémi Fouilloy, directeur de la direction juridique et fiscale de Michael Page. « Il ne faut pas faire comme tout le monde. Il faut se donner des spécificités. Il ne suffit plus de faire du droit des affaires », confirme Louis Vogel, le responsable du master Droit européen des affaires de Paris-II. Pourtant titulaire du Capa, Julien en a fait les frais : après avoir envoyé plus de 200 curriculum vitae à des cabinets d’affaires et passé des dizaines d’entretiens, il a finalement élargi ses recherches à l’entreprise. Dix candidatures spontanées plus tard, il est embauché comme juriste chez Nike, pour huit mois. « Ceux qui s’en sortent le mieux ont le label international, ou affichent une double compétence », précise Rémi Fouilloy. Ceux qui allient l’Ecole du barreau et une école de commerce par exemple sont bien cotés tout comme ceux qui donnent une dimension internationale à leur CV. L’anglais n’est plus « un plus » mais « un must », et le semestre ou l’année à l’étranger constituent un réel bonus : « Les candidats qui ont décroché un Master of Laws (LLM) aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, comme celui d’Harvard, de Yale, de MacGill, ou de la London School of Economics par exemple, sont les plus re-


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cherchés dans les cabinets d’avocats », confirme Rémi Fouilloy. Moins onéreux et tout aussi efficaces pour son « international touch », les masters de droit binational de Paris-I. Les élèves recrutés sur bac ou bac +2 passent alors deux ans à Londres, Cologne, New York ou Madrid selon l’option choisie. Autre possibilité, le magistère Juriste d’affaires européen de Nancy-II. Ses étudiants, souvent passés par deux pays différents, partent un semestre ou une année à l’étranger. Ils affichent également un stage de cinq mois minimum, dont trois à l’international.

VISER LES BONNES SPECIALITES Pour optimiser ses chances d’insertion, il faut tout d’abord savoir déjouer les fausses bonnes idées, comme par exemple, le droit de la propriété intellectuelle. Si la niche était intéressante au départ, les cursus se sont multipliés trop vite. Résultat, avec 300 à 400 diplômés qui arrivent chaque année sur le marché, il y a surpopulation. Reste ensuite à miser sur un bon créneau. Comme la fiscalité internationale, le droit social, ou encore, dans une moindre mesure, le droit environnemental. Mais là aussi, tous les diplômes ne sont pas égaux. Certains sont plus connus des recruteurs que d’autres. En fiscalité internationale, le

TEMOIGNAGE GUILAIN DECROP, diplômé du master Management de l’immobilier à Dauphine Son diplôme d’ESTP en poche, Guilain voulait se spécialiser en immobilier. « J’avais entendu parler de Dauphine, et c’est sur ce master que mon choix s’est porté : aujourd’hui je ne le regrette pas. » En effet, le jeu en valait la chandelle, après plusieurs mois passés à partager ses semaines entre la fac et l’entreprise, il a été immédiatement embauché au sortir de son master. « J’avais choisi mon stage judicieusement, je voulais qu’il me donne une opportunité d’embauche. » Pari gagné : après six mois passés au service Investissement d’une filiale d’AXA, Guilain est embauché au sein de l’entreprise pour travailler sur un fonds d’investissement. « On est loin de la technique et du produit », reconnaîtil. « Aujourd’hui, je fais essentiellement de la finance et je travaille à 99 % en anglais. Mais mon objectif est atteint : je me suis ouvert des horizons grâce au master, et j’ai vraiment donné un coup d’accélérateur à ma carrière. Je considérais que l’année de master devait m’apporter 10 % de plus en termes. C’est le cas, puisque j’ai été embauché à un salaire annuel de 37 000 €. »

diplôme de Paris-II remporte les suffrages. Celui de Paris-I, dédié à la banque, finance, assurance, a su également se tailler une bonne réputation. Egalement prisé, le master Droit de l’entreprise et des affaires, ex-DJCE (diplôme de juriste

8 EXEMPLES DE MASTERS EN GESTION DIPLÔMES/FAC Master Ingénierie financière stratégie et fiscalité/Paris-I Management de l’immobilier /Paris-IX-Dauphine Comptabilité, contrôle, audit/Paris-V Management international francochinois/IAE Nantes (deux ans) Audit et contrôle/IAE de Grenoble Comptabilité, contrôle, audit/Montpellier Management Financier/ Bordeaux-IV Marchés financiers, marchés de gestion des risques et matières premières/Paris-IX-Dauphine

OUTILS

PART D’EN-

HEURES

SEIGNANTS CADRES EN ENTREPRISE

DE COURS/ AN

EN MOIS OU APPRENTISSAGE

MÉS AYANT UN EMPLOI À LA SORTIE

SALAIRE MOYEN DES DÉBUTANTS (EN €/AN)

60 %

400

3 à 6 mois

100 %

35 000

DU

oui

non

33 (M2)

85 %

500

6 mois

100 %

38 000

DU

oui

oui

346 (L3)

31 (L3)

50 %

3 mois/M2 (3)

100% (**)

35 000

DU

oui

oui

120 (M2)

25 (M2)

30 %

630/M1 525/M2 (2) 480

6 mois

80 %

20 000

1 140 1re an. DU, 2e an. DU + 800 fac. DU

oui

oui

non NC

oui NC

DU

NC

NC

DU

oui

non

NBRE CANDIDATS RE 1 ANNÉE

NBRE PLACES RE 1 ANNÉE

230 (M2)

30 (M2)

95 (M2)

DURÉE STAGE

PART DIPLÔ-

(*)

80 (M2) 197 (M2)

25(M2) 38

250 (M2) 25 (M2) (1)

60 % 60 %

300 360

3 mois min. (3) 4 mois

80 % 82 %

40 %

330

4 mois

100 % (***)

28 000 30 000

FRAIS DE SCOLARITÉ

E AIR NU S AN NCIEN A

AIDE RECH. EMPLOI

32 000 280 (M2)

40 (M2)

40 %

700

4 mois

90 % (***) 40 000 à 45 000

(1) Et 15 en apprentissage (2) + 200 h de chinois en France et 320 h de chinois en Chine (3) Ou apprentissage (*) Salaire chinois (**) Dans les 3 mois (***) A 6 mois - NC : non communiqué. DU : droits universitaires.

La cote des diplômes

99


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MASTERS conseil en entreprise). Créé par l’université de Montpellier, 11 universités le délivrent : Aix-Marseille-III, Caen, CergyPontoise, Montpellier-I, Lyon-III, Nancy-II, Paris-II, Poitiers, Rennes-I, Strasbourg-III et Toulouse-I. En droit social, le DPRT, le master Droit et pratique des relations au travail, fait un carton, celui de Paris-II en tête. Enfin, à noter également, les diplômes situés sur des marchés de niche comme celui de Paris-XI, en Droit des activités spatiales et des télécoms par exemple, qui profite actuellement de l’essor du secteur des télécoms.

POSTULER EN MASTER 2 MIAGE > DANS LE RÉSEAU MIAGE, L’ENTRÉE EN

M2 n’est ouverte qu’aux membres des autres Miage, mais elle n’est pas automatique. Il faut dans un premier temps indiquer ses vœux sur le site www.miage.org, ensuite tous les directeurs de masters se réunissent au sein d’une réunion nationale et examinent chaque demande à la loupe.

PASSER LES MAILLES DU FILET Dénicher les pépites ne suffit pas, il faut encore être sélectionné. Or, les meilleurs cursus sont pris d’assaut. Au DJCE de Rennes-I, 250 candidats se disputent 30 places. Au master Droit européen des affaires de Panthéon-Assas, on frôle les 400 candidats. Idem du côté du DPRT de Paris-II. Sur certains diplômes, la concurrence peut même dépasser les frontières. C’est le cas du master Droit des activités spatiales et des télécoms, qui n’a que deux autres diplômes équivalents dans le monde, au Canada et aux Pays-Bas : « On vise aussi les pays émergents comme les pays de l’Est, la Chine et l’Inde. La moitié de la promotion est internationale », prévient Philippe Achilleas, le responsable du master. Mais le jeu en vaut la chandelle : « Cette année encore, près d’un tiers de la promotion était déjà recruté avant la sortie. Trois semaines après l’obtention du diplôme, ils étaient tous casés », précise Bernard Teyssié, le responsable du DPRT de Paris-II. Ses anciens sont même la proie de chasseurs de têtes : « La chasse atteint un pic au mois de juin, au moment de la sortie de notre nouvel annuaire. Un grand cabinet de recrutement est même venu le chercher au sortir de l’imprimerie, pour l’avoir une journée avant les autres », raconte, encore amusé, le responsable de ce master très couru. Même insertion réussie du côté du DJCE de Rennes-I : « Mon problème, c’est de toucher les anciens. J’ai beaucoup plus de propositions que de diplômés », explique Danièle Mélédo-Briand, la responsable. « De plus, avec nos trentecinq ans d’existence, certains de nos

100 Le Nouvel Observateur Etudiants n° 8

diplômés sont aujourd’hui arrivés à des postes à responsabilité, poursuitelle, ce qui facilite parfois l’insertion des nouvelles promotions. » Et de citer par exemple le « manager partner » du cabinet Denton Wilde Sapte, le directeur Fiscalité monde de Sodexho, ou le directeur juridique du groupe Vallourec. Pas mal, non ?

MASTERS MIAGE : gestion + maths = jackpot ! Ces masters forment des spécialistes très recherchés. Ceux qui ont en plus opté pour une Miage en apprentissage valent de l’or. u grand pays de la réforme du LMD, tout va pour le mieux dans la filière Miage… Ce cursus professionnel qui bénéficiait déjà d’une belle aura auprès des recruteurs, n’a vu sa réputation en rien entachée par la réforme, au contraire... « Nous sommes constitués en réseau, et nous délivrons désormais à nos étudiants un master (bac +5) labellisé Miage, contre un bac +4 auparavant, ce qui ne gâche rien », confie Daniel Marquié, président de la Conférence des directeurs de Miage. Exit donc au passage les IUP Miage devenus des masters ! Mais sans rien changer à la recette, un peu comme un produit qui aurait modernisé son packaging, sans toucher au goût… A cheval sur deux grands secteurs, la Miage forme en trois ans (entrée en L3, assortie de deux années de master professionnel) des spécialistes des systèmes informatiques adaptés à la gestion des entreprises, fort appréciés dans les SSII et les services informatiques des grandes structures. Ce qui plaît ? Leur ouverture d’esprit, leur double compétence et des connaissances particulièrement en phase avec les besoins du marché… 1 100 « miagistes » déboulent ainsi chaque année sur le marché du travail, parmi les 5 000 à 6 000 diplômés de bac +5 en informatique (masters et écoles d’ingénieurs) ; ils n’ont visiblement rien à envier aux diplômés des grandes écoles.

A


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SE PREPARER DES L’ENTREE EN LICENCE Si, en théorie, tous les étudiants ayant validé un L2 peuvent postuler, ceux qui n’ont pas choisi les bonnes options au départ auront peu de chances d’être sélectionnés, des pré-requis en gestion et/ou en maths et informatique étant indispensables. Ainsi, l’étudiant en sciences éco a intérêt à suivre assidûment l’option informatique, ou base de données Web, ou encore système d’information. Quant à l’étudiant en informatique, il devra viser l’option Gestion des organisations… Pour rendre les choses plus transparentes, certaines facs réfléchissent à la mise en place de parcours préparatoires pendant les deux premières années dont l’objectif serait d’aider les étudiants à mieux s’orienter. Ces premiers écueils évités, les candidats doivent encore franchir avec succès le cap de la sélection qui comprend dans chaque Miage un examen de dossier et un entretien. « Nous recherchons chez eux l’étincelle d’intérêt, car nous voulons être certains qu’ils seront prêts à s’investir dans une discipline qui n’est pas la leur au départ », prévient la directrice de la Miage de Bordeaux, Johane Hamet. La pédagogie en Miage n’a ensuite pas grand-chose à voir avec une filière classique, « chez nous, il n’y a pas de dif-

TEMOIGNAGE ALAN DENIS, diplômé du master Miage de Grenoble Après son BTS, Alan n’était pas vraiment décidé à entrer sur le marché du travail. En se renseignant sur les possibilités de poursuites d’études, il découvre les Miage et postule, séduit par la formule. « Aujourd’hui je ne regrette pas mon choix car c’est un diplôme bien reconnu dans le monde industriel. » Après une année d’alternance dans une SSII grenobloise, Team Log, la proposition d’embauche tombe tout naturellement. « J’étais même en position de force car le marché était un peu tendu, j’ai donc demandé à être embauché sans période d’essai à un salaire de 31 000 € brut annuel… Le lendemain, la proposition de contrat était sur mon bureau. »

férence entre les TD et les cours, les groupes sont restreints à environ 30 étudiants et le volume horaire avoisine les 500 heures de cours/an », décrit Philippe Adair, directeur de la Miage de Paris-XII. Une rigueur qui n’est pas pour déplaire à certains : « C’est exactement cet encadrement et cet aspect “école” que je recherchais », explique Vanessa, aujourd’hui diplômée de Paris-XII.

QUELQUES VARIANTES Il faut quand même préciser que, selon les universités, il peut y avoir quelques variables dans le contenu des enseigne-

5 EXEMPLES DE MIAGE NBRE PLACES 1RE ANNÉE

PART D’EN-

Créteil-Paris-XII

227

87

44 %

Bordeaux

112

49

33 %

Grenoble

200

20

20 %

Paris-XI-Orsay

102

37

30 %

532/L3 551/M1 441/M2 456/L3 551/M1 ; 409/M2 642/L3 594 /M1 480/M2 500

Toulouse

250

55

20 %

700

SEIGNANTS CADRES EN ENTREPRISE

HEURES DE COURS/ AN

DURÉE STAGE EN MOIS OU APPRENTISSAGE

3 mois/L3 ; 4 mois/M1 ; 5 mois/M2 ou apprentissage 2 mois/L3 4 mois/M1 6 mois/M2 2 mois/L3 3,5 mois/M1 apprentissage/M2 9 mois M1 et M2 confondus ; apprentissage 5 mois/L3 5 mois/M1 5 mois/M2

PART DIPLÔMÉS AYANT UN EMPLOI À LA SORTIE

SALAIRE AN. MOYEN DES DÉBUTANTS

100 %

34 000 €

98 %

FRAIS

E AIR NU S

OUTILS

AN NCIEN

AIDE RECH. EMPLOI

DU

oui

NC

26 000 €

DU

oui

oui

95 %

28 000 €

DU

oui

non

100 %

34000 €

DU

oui

oui

95 %

30 000 €

DU

non

oui

DE SCOLARITÉ

A

La cote des diplômes

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DU : droits universitaires. NC : non communiqué.

NBRE CANDIDATS 1RE ANNÉE

DIPLÔMES


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MASTERS

A LIRE > LE GUIDE DES TROISIÈMES CYCLES,

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par Yaël Didi et Violaine Miossec, L’Etudiant, 10,90 €. Forcément un peu général, mais il offre une bonne compréhension des DESS et masters après la réforme LMD. > L’hebdomadaire USINE NOUVELLE, consultable en ligne (WWW.USINENOUVELLE.COM). Un panel d’offres d’emplois, des dossiers par secteurs de l’industrie et une revue de presse, pour jeunes diplômés de masters pros.

ments, en particulier en dernière année de licence. A Bordeaux par exemple, la pédagogie Miage (avec cours en petits effectifs et forte présence de professionnels) n’est véritablement appliquée qu’à partir de la première année de master (M1). Jusque là, un certain nombre de cours sont mutualisés avec les filières classiques d’informatique et de sciences éco. Le seul point de discernement pour les étudiants de Miage est une option informatique de gestion. Du coup, les cours de gestion notamment sont dispensés dans des amphithéâtres regroupant parfois jusqu’à… 250 étudiants. « Une formule qui n’est pas des plus avantageuses », reconnaît Johane Hamet, « l’an dernier sur les 46 étudiants de L3 Miage, 10 ont abandonné à l’issue du premier semestre. » Heureusement, en M1, tout change avec la généralisation des cours en petits effectifs et la présence de 30 à 40 % de professionnels parmi les enseignants : la proximité avec le monde de l’entreprise devient réelle. Pour l’accentuer encore, de nombreuses Miage ont opté pour l’apprentissage. A Grenoble par exemple, toute la promo (soit 24 étudiants) effectue la deuxième année de Master en apprentissage. « C’est une excellente formule pour glisser vers le monde du travail », confie Cyrille Desmoulins le responsable du master 2, « tous nos étudiants sont embauchés dès la fin de leur formation, à des salaires qui avoisinent les 28 000 € brut annuel. » Aujourd’hui, 11 des 20 filières Miage proposent l’apprentissage, souvent en Ile-de-France et en Rhône-Alpes, des régions où les bassins d’emplois se prêtent bien à la formule. Mais celles de Bordeaux et de Toulouse devraient s’y mettre prochainement. Pourquoi un tel engouement, alors que ces filières marchent déjà si bien? « Parce que l’insertion des apprentis est encore bien meilleure », confie Daniel Marquié à Toulouse. A Paris-XII, Philippe Adair évalue même une différence à l’embauche de l’ordre de 3 000 à 4 000 € annuels à la faveur des apprentis. Chez lui, la formule est proposée de la première à la dernière année, et elle a largement fait ses preuves… Muriel Dierick, chargée du recrutement chez Essilor, ne tarit pas d’éloges, « je recrute environ 40 nouveaux apprentis miagistes par an et à l’issue de trois

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ans d’apprentissage un quart environ sont définitivement embauchés. Nous apprécions particulièrement ces candidats pour leur ouverture d’esprit. Nous les plaçons aussi bien dans notre direction informatique que dans notre direction logistique, en recherche et développement ou en architecture et développement. » C’est le cas de Vanessa, aujourd’hui architecte technique d’application chez Essilor, un poste pourtant confié d’habitude à des seniors et plutôt à des hommes… « J’ai décroché ce poste parce que j’étais la bonne personne au bon moment… Et surtout, au bout de trois ans d’apprentissage, j’avais fait mes preuves et j’avais acquis une bonne connaissance de la culture de l’entreprise. » Résultat, un salaire d’embauche à peine négocié à… 40 000 € brut par an… De quoi faire pâlir d’envie plus d’un jeune diplômé.

SCIENCES : des filons à foison L’informatique, le BTP et de nombreuses spécialités industrielles ont le vent en poupe. Et ces diplômés ont toujours la possibilité de rebondir ailleurs. onnez donc des scientifiques ! Un peu partout sur la planète retentit le même cri, car la pénurie de matheux fait désormais rage un peu partout. Et rien que dans l’Hexagone, de plus en plus de secteurs recherchent activement ces jeunes diplômés. En tête, les informaticiens mais aussi les spécialistes du génie civil pour le bâtiment et les travaux publics, ou encore la pharmacie, l’imagerie médicale. Du côté des SSII, les sociétés de services informatiques, c’est déjà la surchauffe et les recruteurs s’arrachent les débutants, tout comme dans les sociétés de conseils, souvent chasse gardée des grandes écoles mais où certains cursus universitaires ont aussi la cote. En revanche, les chimistes, les biologistes et quelques autres peinent à décrocher un job dans leur spécialité. Selon l’Apec (Association pour l’emploi des

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cadres), ils comptent même parmi les bac +5 qui se casent le moins facilement. Mais il s’agit bien là de l’exception qui confirme la règle, car dans la plupart des disciplines, ces scientifiques ont aujourd’hui le vent en poupe et, de toute façon, ceux qui ne trouvent pas dans leur discipline rebondissent ailleurs sans trop de peine. Le rapport 2006 de l’Ofipe (Observatoire des formations, des insertions professionnelles, évaluations) de l’université de Marne-la-Vallée est un bon indicateur des tendances nationales. Il estime que deux ans après la fin de leurs études, 86 % des jeunes diplômés en sciences occupaient un emploi stable avec une rémunération moyenne mensuelle nette qui tourne autour de 2 000 €. Et au vu de la faible affluence à l’entrée de ces cursus universitaires, quand le marché du travail se montre lui de plus en plus friand de ces profils, ces bonnes performances devraient se maintenir.

PLUS DE 700 PROGRAMMES Il existe aujourd’hui plus de 700 masters professionnels scientifiques et techniques, accueillant chaque année près de 12 000 étudiants. Ils préparent

à un grand nombre de spécialités dans des domaines très variés, de l’informatique à l’agroalimentaire en passant par l’optique ou la chimie. Et dans la foule de ces cursus, il faut bien sûr faire son marché avec soin, car tous, loin s’en faut, ne se valent pas. La toute dernière enquête du Céreq (Centre de recherches et d’études sur les qualifications) révèle ainsi que les troisièmes cycles en sciences décrochent dans l’ensemble de moins bons salaires que ceux de lettres, commerce et gestion (une catégorie un peu floue où doit exister de grands écarts entre les salaires obtenus par les humanistes et les autres). A savoir : 2 310 euros brut par mois pour ces derniers, contre 2 268 seulement pour les scientifiques. En revanche, la proportion de cadres est plus élevée : 77 % contre 68 % et le taux de contrat à durée déterminée identique : 82 %.

GARE AUX ERREURS D’AIGUILLAGE Encore faut-il arriver à bon port et ne pas se tromper de cursus. « Chaque année, nous recevons en entretien les lycéens de terminale désireux de s’inscrire chez nous. Et il n’est pas rare

VILLE/INTITULÉ MARNE-LA-VALLÉE/Ingénierie de la production et de la conception de produits LA ROCHELLE/BTP Mécanique génie civil, génie industriel JUSSIEU/Matériaux polymères LYON-I/Ingénierie biochimique LILLE-I/Système d’information pour l’industrie TOULOUSE/Intégration des circuits électroniques et microélectroniques EVRY/Génie mécanique CAEN/Application médicale de l’imagerie BORDEAUX-I/ Automatique mécatronique ORSAY/Outils et systèmes de l’astronomie et de l’espace

AIDE À LA RECHERCHE D’EMPLOI

TAUX DE DIPLÔMÉS EMBAUCHÉS DÈS LA SORTIE

COÛT DE LA SCOLARITÉ EN EUROS

SALAIRE ANNUEL BRUT MOYEN (EN €)

en cours

oui

éval. en cours

DU

30 000 à 32 000

40 %

non

non

60 %

6 mois 6 mois 4 mois

5% 100 %

non non

NC non oui

50 % ap. 6 m. éval. en cours non déterminé

230 + sécu 200 DU DU

25 000 à 35 000 20 400

618 h

3 mois

85 %

oui

oui

40 % à 60 %

DU

-

446 25

1 100 h 394 h

6 mois 6 mois

0,3 % 90 %

non non

oui NC

75% 100 %

DU 250

24

61

450 h

20 %

non

oui

40 %

DU

25

50

420 h

5 à 7,5 mois 5 mois

27 500 30 000 à 36 000 30 000

50 %

oui

oui

30 %

DU

NBRE D’HEURES DE COURS

DURÉE MINIMUM DU STAGE

TAUX DE PROFS CADRES

ANNUAIRE

150-200

M2 : 300 h

21 sem.

-

120

250

930 h

-

50 20 20

678 60 35-40

300 h 275 h 300 h

26

130

100 18

NBRE

NBRE

DE PLACES

DE CANDIDATS

40

DIPLÔMÉS

25 000 à 30 000

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10 EXEMPLES DE MASTERS PRO EN SCIENCES


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TEMOIGNAGE EMERIC, 27 ans, master pro Outil et système de l’astronomie et de l’espace à Paris-VII Après son bac S option Physique à Limoges, Emeric intègre un Deug math et informatique. « Je voulais être prof de maths. » Un projet qui tenait aussi à son manque d’informations sur les autres débouchés de cette filière. Une visite de laboratoire organisée par la fac le fait changer d’avis et opter pour une licence et maîtrise en électronique. Mais après une maîtrise dans cette spécialité, il découvre que sa vieille passion qu’est l’astronomie peut le mener à un master professionnel. Direction Paris-XI. Depuis, il a été embauché sur son lieu de stage chez Imagin’optic, une PME de haute technologie. « L’industrie me faisait peur, mais on y fait la même chose que dans un labo de recherche. » La suite, c’est peut-être un CDI après son contrat nouvelle embauche, pour lequel il gagne 2 200 € brut par mois. Sinon, il rebondira ailleurs. Il n’est plus frileux.

LISTE DES MASTERS > WWW.ONISEP.FR/NATIONAL

/ATLAS/HTML/ATLAS_SUP/NIV/ CADRENIV5.HTM

qu’ils visent une licence sans rapport avec le métier qu’ils souhaiteraient exercer ! », raconte ainsi Jean Fournié, directeur du département de premier cycle en sciences de la vie à l’université Paris-VII. Passer d’une licence de chimie à un master orienté en physique des matériaux, par exemple, ne sera pas aisé. Sans compter tous ceux qui ne viennent à la fac que parce qu’ils n’ont pas été pris ailleurs, sans réaliser qu’ils n’ont pas vraiment le niveau nécessaire, notamment les bacheliers technologiques. Pour eux, mieux vaut viser les années de mise à niveau proposées par certaines universités, notamment Paris-VII. Et comme dans toutes les formations qui ont la cote, la sélection est drastique à l’entrée des masters, parfois bien plus que celle d’une école d’ingénieurs ! Les dossiers scolaires des candidats sont épluchés avec minutie. Et la concurrence peut être rude.

L’ENSEIGNEMENT Il existe deux types de masters : Ceux qui permettent de se spécialiser dans un domaine ultra précis. Exemple : un DESS en matériaux en milieux marins ou en acoustique des transports. Ils peuvent constituer une chance de « se caser » rapidement et à un bon salaire, si la niche concernée est effectivement porteuse. Mais c’est

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aussi prendre le risque de n’être pas polyvalent – le recyclage est difficile – si l’offre de travail fléchit ou si le métier évolue rapidement. Cependant, la notion d’ultra spécialisation reste relative car les entreprises réclament des compétences de plus en plus précises. En clair, certains programmes qui semblent pointus préparent en fait à une large palette de professions. D’autres cursus, dits de « double compétence », permettent, en plus de la formation technique, d’acquérir des notions de gestion et de management. Celles-ci seront précieuses tout au long d’une carrière pour occuper des fonctions d’encadrement. Le master conception industrielle globalisée d’AixMarseille-II offre par exemple cette double compétence. L’atout principal de la formation, ce sont les trois à six mois de stage en entreprise, que les étudiants doivent dénicher (avec l’aide de leurs enseignants). Même s’ils ne débouchent pas toujours sur une embauche ferme, ces passages dans le monde professionnel sont absolument essentiels.

LES MENTALITES CHANGENT Les titulaires de troisièmes cycles scientifiques ont de sérieux rivaux : les jeunes diplômés d’écoles d’ingénieurs. Ces derniers bénéficient en effet d’une formation plus généraliste, pas forcément meilleure, mais qui est souvent davantage reconnue par les employeurs. Mais de l’avis de nombreux responsables, les mentalités changent, notamment en PME. Selon Olivier Raynaud, directeur de la division ingénieurs et techniciens chez Michael Page, cabinet de conseil en recrutement de cadres, : «Un universitaire qui sait défendre son choix a toutes ses chances face à un recruteur. » Claude Agami, responsable du master professionnel Matériaux polymères à Paris-VI, va plus loin : « Nos étudiants n’ont rien à envier à ceux des écoles d’ingénieurs. Et certaines entreprises les affectionnent car ils ont la réputation d’être plus débrouillards. » RECONNAITRE LES BONS MASTERS Les programmes techniques, dont les spécialités sont proches du marché de


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l’emploi (sciences de l’ingénieur, génie civil, industrie…) ne sont pas en cause. Mais il faut exercer sa vigilance sur les domaines plus abstraits qui n’offrent pas toujours les débouchés espérés. Damien en a fait les frais : après une maîtrise de physique-chimie à l’université d’Orsay, il intègre le master pro de Metz Méthodes avancées d’analyses physico-chimiques et imagerie. « Ce master pro survole les notions trop larges d’environnement, de techniques des lasers et enfin de l’imagerie », lance-t-il. Bilan : il doit bifurquer vers un master plus spécialisé. Avant d’opter pour un programme, il est donc utile de mener l’enquête. Pour cela, il faut effectuer une inspection minutieuse des sites Internet des diplômes et y repérer le pedigree des professeurs, les partenariats avec les entreprises, la clarté et la richesse des informations, l’existence d’une association des anciens voire d’un observatoire de l’insertion… Si, à l’inverse, le site n’a pas été « rafraîchi » depuis plusieurs années, c’est un indice certain d’immobilisme ! Vous pouvez également vous rendre aux journées portes ouvertes afin de cuisiner les professeurs, contacter d’anciens élèves (on les trouve plutôt facilement sur le Net), consulter les tendances du marché sur le site de l’Apec… Autre critère : le volume de cours techniques. Pour déceler un bon master pro en électronique, par exemple, « il faut comparer le nombre d’heures de cours théorique et technique. A bac +5, ce qui manque aux étudiants, c’est la technique », note un enseignant. Les matières annexes comme la gestion, l’anglais, la communication, peuvent aussi représenter un atout. « Pour se constituer un vrai profil d’ingénieur », estime le professeur Denis Agostini, membre du master Application médicale de l’imagerie à l’université de Caen. L’Association BernardGrégory, qui s’est spécialisée dans le recrutement de chercheurs, va même jusqu’à conseiller « aux étudiants issus de masters pros d’opter pour un master recherche ». Une façon d’allier des compétences techniques à la recherche. Un profil recherché par les grandes entreprises.

MASTERS EN LETTRES ET SCIENCES HUMAINES : viser les niches Pas facile de trouver sa place sur le marché du travail pour ces disciplines qui mènent le plus souvent à l’enseignement et à la recherche. a figure de « l’intello précaire », un bac +26 qui galère pour trouver un emploi et, au mieux, cumule CDD à répétition, missions ponctuelles ou contrats d’auteur occasionnels est désormais emblématique dans l’univers des lettres et des sciences humaines. Non sans raison. L’Apec (Association pour l’emploi des cadres) constate ainsi qu’un quart des bac+ 4 et +5 qui ont choisi les métiers littéraires sont toujours sans emploi deux ans après avoir décroché leur diplôme. Pourtant, pour les plus motivés, prêts à sortir des sentiers battus, des possibilités existent.

L

LA TRADUCTION, UN FILON POSSIBLE Ainsi, dans la filière des Lettres, le secteur de la traduction offre des débouchés, à condition de s’éloigner des stéréotypes. Car les possibilités existent surtout dans des « niches » et des activités pointues. « 90 % du volume de traduction mondial concerne en fait des domaines techniques, commerciaux, juridiques et publicitaires, que ce soit pour des documents écrits ou audiovisuels », souligne Isabelle Lavault-Olléon, responsable du master Traduction spécialisé multilingue de Grenoble-III. Ce cursus sélectionne les candidats sur dossier et entretien et mieux vaut déjà avoir effectué des séjours longs à l’étranger pour avoir ses chances. Il enseigne la traduction depuis et vers deux langues étrangères (anglais, allemand, espagnol, italien, russe), plus éventuellement une troisième langue en option. Les étudiants acquièrent des connaissances générales mais aussi spécialisées dans un domaine (scientifique, technique ou juridique). Ils apprennent aussi à travailler avec les outils informatiques et les nouvelles technologies : publication assistée par ordinateur, traduction automatique et traduction assistée par ordinateur. Bien souvent, ils effectuent un stage de

SALAIRE > Salaire brut mensuel

moyen, trois ans après la sortie : 2 268 €. La cote des diplômes

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A LIRE > LES MÉTIERS DES LANGUES, Hélène Le Courtois et Amina Yala, Guide L’Etudiant, 2005. 10,90 €. Des infos sur les débouchés diversifiés : professeur en formation continue, traduction technique ou littéraire, interprétation, communication, etc. > LES INTELLOS PRÉCAIRES, Anne et Marine Rambach, Fayard, 2001. 18,25 €. Une enquête vivante et une chronique non dénuée d’humour sur les bataillons de nonsalariés surdiplômés.

six mois et travaillent pour des entreprises par l’intermédiaire de la junior entreprise de traduction, créée en 1995 et autogérée par les élèves. Autant d’occasions de se forger une bonne expérience professionnelle qui est toujours valorisante face aux employeurs potentiels. Une étude, menée en 2003 sur les diplômés en 2000, 2001 et 2002, montre que 75 % exerçaient la profession de traducteur avec des revenus mensuels très variables : très bas dans les agences de traduction mais corrects dans les services de traduction des grandes entreprises, voire élevés dans les organisations internationales. « Environ 20 % de nos diplômés qui exercent en tant que traducteurs sont installés à leur compte, avec des revenus variables, explique Isabelle Lavault-Olléon. Mais ils ont plus de liberté et Internet leur permet d’avoir des clients dans le monde entier. Un quart des anciens étudiants se sont dirigés vers d’autres métiers, comme assistant commercial trilingue ou formateur en langue de spécialité en entreprise. » Les meilleurs débouchés se situent dans la traduction financière (assurance, banque) ou informatique. Mais aussi dans la traduction technique à partir de l’allemand, constate Isabelle Lavault-Olléon : « Tous nos étudiants germanistes se placent immédiatement. Ceux des deux dernières promos ont souvent trouvé des postes bien rémunérés en Suisse, dans les offices fédéraux ou les banques, et en Allemagne, dans l’industrie, notamment automobile. » A l’université de Strasbourg, l’Institut de

traducteurs, d’interprètes et de relations internationales (ITI-RI) propose une large palette de formation, allant de l’interprétation de conférence à la traduction audiovisuelle ou littéraire. Il est bien placé, proche des institutions européennes, et ancré dans la réalité professionnelle : des cours pratiques enseignent comment s’établir à son compte, remplir un contrat, etc. « En effet, la plupart des traducteurs sont installés en libéraux, note la responsable du département Traduction, Helen Schnelzauer-Sontag. Quand on s’installe tout de suite à son compte, il faut près de deux ans pour se faire une clientèle. Pour décrocher un poste salarié, cela prend entre six mois et un an. Pour intégrer les institutions européennes et internationales, c’est long et difficile car les concours n’ont lieu que tous les deux à cinq ans. »

EMBELLIE SUR LE RECRUTEMENT De même, dans l’édition, les débouchés sont à chercher ailleurs que dans la littérature : l’univers des livres pratiques, scolaires ou pour la jeunesse est plus porteur. Mais c’est un tout petit monde qui regroupe, en tout, 10 000 salariés à peine. L’une des formations les plus cotées chez les employeurs et les étudiants est dispensée à Paris-XIII : c’est le master Politiques éditoriales, créé en 1985. Les diplômés reçoivent des enseignements théoriques et pratiques qui englobent tout le processus d’édition : conception et conduite de projets, études et mise en marché, techniques de production, droit

DU : droits universitaires. NC : non communiqué. ND : non déterminé.

5 EXEMPLES DE MASTERS EN LSH UNIVERSITÉ/DIPLÔME

NBRE DE PLACES

Grenoble-III/Traduction spécialisée 20 multilingue Paris-IV-Celsa/Communication des 28 entreprises et des organisations internationales Strasbourg/Communication 15 à 20 internationale Paris-XIII/Politiques éditoriales 25 Paris-III/Lettres appliquées aux techniques éditoriales et à la rédaction professionnelle

19

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ENS. DU

SALAIRE MOY.

DURÉE DE STAGE MINIMALE

PROFIL DES ADMIS

BRUT DÉBUTANTS (EN €/AN)

DÉLAI D’EMBAUCHE

75 %

3 mois

NC

DU

66 %

3 mois

30 à 50 % après le stage ; puis de 2 à 6 m. 63 % à la sortie ; sinon moins de 6 mois

70 %

5 mois

250

DU + 3 900 DU

70 %

3 mois

Langues étrangères appliquées IEP, droit, lettres et sciences humaines, histoire Sc. politiques, communication, LEA, sc. humaines Toutes les filières

250

DU

50 %

3 mois

NBRE DE CANDIDATS

COÛT PAR AN

MONDE PROFESSIONNEL

65

DU

230

75

Lettres, histoire, communication

27 000

19 200

1 à 6 mois

20 000 à 25 000 ND

Moins de 6 mois Moins de 6 mois


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et gestion, etc. Ils travaillent ensuite dans l’édition papier ou multimédia comme assistants d’un éditeur, chefs de produits ou responsables d’édition. Bien maîtriser une langue étrangère, en particulier l’anglais, est un atout indéniable. Quant aux cursus en communication, extrêmement nombreux tant à l’université que dans le privé, il faut viser ceux qui ont su acquérir une réelle notoriété et qui peuvent apporter la preuve de leurs liens avec le monde professionnel. Comme le Celsa, qui dépend de Paris-IV-Sorbonne. Il propose notamment un master réputé en Communication des entreprises et des organisations internationales. La moitié des effectifs est issue de la première année de master au sein du Celsa et l’autre est recrutée par concours ouvert aux bac +4 minimum. Cette formation a tissé des liens étroits avec le monde professionnel, sous des formes très diverses. Les élèves travaillent sur des études de cas avec de grandes entreprises (Accor, L’Oréal) ou des organisations comme l’Unesco, l’Unicef, Médecins sans frontières, etc. Ils réalisent aussi, en équipe et en situation réelle, un audit de communication commandé par une ONG ou des multinationales comme Ikea et Peugeot-PSA. En moyenne, ils partent de cinq à six mois en stage. Et à la sortie, ils peuvent profiter d’un solide réseau et des services de l’association des anciens. Selon Isabelle Le Breton, la directrice pédagogique, le marché de l’emploi bénéficie d’une certaine embellie et les recrutements sont plus nombreux dans le secteur privé : « Les agences de communication et les cabinets de conseil prennent beaucoup de stagiaires dans nos promos et les embauchent souvent après. Mais il y a aussi les grands groupes qui ne sont pas en reste, comme LVMH, Clarins, et surtout les banques. » Même démarché du côté des sciences humaines où les masters professionnels sont très peu nombreux, que ce soit en sociologie, en psycho ou encore en géographie. Quelques niches existent, à scruter avec soin, menant notamment à des emplois dans les collectivités territoriales ou encore dans l’animation et le milieu associatif. C’est en psycho que les possibilités sont les plus nombreuses, avec notamment des spécialisations en ressources humaines, mais il faut enquêter avec soin car d’un master à l’autre les performances sont très

disparates. A savoir, les spécialisations autour de l’enfance ou de l’univers clinique sont en ce moment moins porteuses que la psycho-gérontologie ou la psychologie du travail, qui surfe sur l’engouement pour le coaching, la formation, etc.

MASTERS CULTURELS : beaucoup d’appelés mais peu d’élus Les diplômes dans ce domaine se sont multipliés, plus vite que les emplois existants, souvent précaires et peu rémunérés. Gare aux désillusions. ravailler dans le domaine des arts et de la culture, c’est le rêve de nombreux jeunes et cet engouement n’est pas nouveau. Ce qui l’est davantage, c’est la multiplication des cursus universitaires : il en existerait près de 300 dans toute la France, de niveau licence ou master, et beaucoup sont apparus ces dernières années, en plus de ceux, nombreux, qui existaient déjà… Une évolution logique car le niveau d’exigence des employeurs est résolument à la hausse et les autodidactes ont désormais le plus grand mal à se faufiler dans ce secteur : parmi les professionnels de la culture, 55 % disposent au minimum d’un bac +2, contre 28 % pour l’ensemble de la population active occupée. Revers de la médaille, le décalage entre niveau de formation et salaires : il est plus important que dans d’autres secteurs car les rémunérations sont peu élevées dans ce milieu. « Depuis les années 1980, ces emplois sont certes mieux payés, mais ce sont surtout les postes précaires qui ont progressé », explique Jean-Pierre Saez, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles, organisme qui accompagne la réflexion sur la décentralisation. De très fréquents CDD donc, qui s’accompagne d’une explosion du nombre d’intermittents : en 1983, ils étaient 27 000 et aujourd’hui 140 000 à bénéficier d’allocations. Les entreprises culturelles, souvent de petite taille (95 % des entreprises ont moins de 10 salariés) et ont par conséquent peu d’emplois à pourvoir à temps plein tout au long de l’année.

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MASTERS MOINS D’EMPLOIS AIDES

A CLIQUER > Site du ministère de la

Culture, avec des bases de données permettant de recueillir les coordonnées de nombreux pros : WWW.CULTURE.GOUV.FR > Renseignements sur les

concours pour intégrer des postes dans le domaine de la culture au sein des collectivités territoriales : WWW.CNFPT.FR > Site de l’Observatoire

des politiques culturelles : WWW.OBSERVATOIRECULTURE.NET

Autre motif d’inquiétude, le ralentissement récent de la croissance du marché du travail dans la culture, note Jean-Pierre Saez: « De nombreux emplois aidés ont été abandonnés. Par exemple, l’effet des emplois jeunes, qui touchait beaucoup les DESS, va disparaître. Or, parallèlement, toutes les régions se sont dotées de formations culturelles universitaires. Mais l’ensemble des employeurs ne peut pas accueillir autant de nouveaux professionnels ! Surtout qu’ils sont très concentrés d’un point de vue géographique. » Le contexte économique n’est donc pas très rose, mais la culture et les arts ont toujours de l’avenir ! Surtout dans nos sociétés de loisirs… Cependant, pour percer dans ces métiers, il faut mettre de son côté tous les atouts possibles, à commencer une vocation infaillible, une motivation à toute épreuve et, bien sûr, une formation adaptée.

ENQUETER SUR LE TERRAIN L’avantage des cursus universitaires artistiques et culturels, c’est qu’ils sont souvent ouverts aux étudiants venus de tous les horizons : écoles d’art, lettres, histoire, droit, sciences politiques, écoles de commerce, etc. Revers de la médaille : les candidats sont nombreux, donc la concurrence est forte! Pour juger de la qualité d’une formation, il faut considérer la solidité de ses liens avec le monde de l’entreprise. Question: est-elle connue des professionnels ? Un petit sondage express n’est jamais inutile…

Autre vérification : possède-t-elle une association ou un annuaire des anciens, un réseau développé avec les employeurs ? Et surtout, quelle est la place réservée aux stages ? Car ces expériences de terrain sont essentielles pour comprendre le fonctionnement d’un métier, se constituer un carnet d’adresses et bien s’orienter en fonction de ses affinités. Souvent, c’est un coup de pouce voire un éventuel tremplin vers une embauche, mais surtout un CDD… Ainsi, le master Documentaire de création de Grenoble-III a noué un partenariat avec une société de production, ce qui permet aux élèves de partir huit mois en stage. «En fait, nous concevons cette expérience comme un véritable parcours pédagogique en insertion professionnelle, souligne Vincent Sorrel, le responsable. Tous les étudiants suivent le même apprentissage au sein de cette entreprise : réalisation d’une œuvre collective et d’un film de fin d’études ; série d’ateliers pratiques avec les interventions de techniciens, réalisateurs et producteurs. » Faire un stage à l’étranger est aussi un atout, car même les festivals les plus modestes essaient de développer leur dimension internationale. Autre exemple, les spectacles coproduits par plusieurs pays. La politique culturelle ne se pense plus à l’échelle de l’Hexagone, elle est européenne. D’ailleurs, le master Décentralisation et administration des entreprises culturelles de l’université de Reims familiarise ses étudiants avec les collectivités territoriales et leurs

DU : droits universitaires. NS : non significatif. NC : non communiqué. (*) Beaux-Arts, danse, musique.

5 EXEMPLES DE MASTERS EN CULTURE UNIVERSITÉ/DIPLÔME Lyon-II/Développement culturel et direction de projet Paris-Dauphine/Management des organisations culturelles

NBRE DE

NBRE DE CANDIDATS

COÛT PAR AN

MONDE PROFESSIONNEL

30

500

DU

25

Plus de 200

Reims/Décentralisation et adminis- env. 20 tration des entreprises culturelles Grenoble-III/Documentaire de 12 création Valenciennes/Management de la communication audiovisuelle

ENS. DU

PLACES

25

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SALAIRE MOY.

DURÉE DE STAGE MINIMALE

PROFIL DES ADMIS

50 %

3 mois

DU

66 %

3 mois

Une centaine Plus de 100

DU

50 %

3 mois

DU

80 %

8 mois

132

DU

40 %

6 mois

Sc. humaines et sociales ; formations artistiques (*) 40 % de gestionnaires, 20 % d’IEP, 40 % de cursus en histoire, lettres, art, sciences Dr. public, sc. politiques, sc. humaines et sociales Sc. humaines ou politiques, écoles d’art, communication, cinéma Sciences et technologies, information et communication, médiation culturelle

BRUT DÉBUTANTS (EN €/AN)

20 000

DÉLAI D’EMBAUCHE

NS

66 % en moins de 6 mois 50 % dans les 3 mois et l’autre moitié en 6 mois 6 mois en moyenne NS

15 000

NC

De 18 000 à 30 000 20 000


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rapports avec l’Etat et l’Union européenne. Ces masters en management culturel sont en vogue et mènent à des métiers divers : administrateur, responsable de la communication, médiateur culturel, assistant de programmation… L’université de ParisDauphine est l’une des premières à avoir créé, en 1985, ce type de parcours, appelé Management des organisations culturelles. Il repose sur un important réseau d’anciens, mise sur les stages et panache cours techniques et pratiques (fiscalité, droit, gestion de production, marketing) et enseignements plus généralistes. Un parti pris payant, puisque tous les diplômés trouvent un emploi en moins de six mois. Autre master ancien et réputé, celui de Lyon-II, intitulé Développement culturel et direction de projet et lancé voilà dix-huit ans. La scolarité est basée sur des cas concrets, insiste son responsable, Jacques Bonniel : « On ne se centre pas sur les disciplines mais sur des problématiques : processus de l’œuvre, direction de projet, mondialisation et action internationale...» Résultat : les deux tiers des diplômés intègrent un poste en moins de six mois. Mais attention, la situation est différente d’un cursus à l’autre. L’insertion professionnelle est aussi facilitée pour les jeunes qui possèdent une double compétence : une formation culturelle et généraliste combinée à un savoir plus technique (maîtrise de langues étrangères, diplôme en droit, administration ou gestion…). Ceux qui ont de bonnes connaissances informatiques sont très demandés, constate aussi Jean-Pierre Saez, de l’Observatoire des politiques culturelles: « Les jeux vidéo, les effets spéciaux, l’audiovisuel numérique, les métiers culturels autour d’Internet et du multimédia constituent des débouchés porteurs. » Autre secteur dynamique, les collectivités territoriales, portées par la décentralisation de la culture et des arts. Elles regroupent près de 100 000 salariés dans ce domaine, qu’ils occupent des fonctions administratives ou techniques, sur un total général de 500 000 emplois culturels en France (soit 2% de la population active). « Du fait des nombreux départs en retraite dans les prochaines années, les collectivités territoriales vont générer de l’emploi », anticipe Fabrice Thuriot, enseignant-chercheur du master Décentralisation et administration des entreprises culturelles, à Reims. « En plus, ces structures portent un intérêt croissant aux activités culturelles, en par-

TEMOIGNAGE THEO HERMANTIN, ingénieur et MAE Après trois ans de classe préparatoire, Théo aurait pu se contenter de décrocher le diplôme d’ingénieurs de l’ENSMA, école spécialisée dans la mécanique et l’aérotechnique. « Avant d’entamer ma dernière année, je me suis rendu compte qu’hormis un peu d’initiation à la gestion de projet, je n’avais pas de double compétence au sens où on l’entend sur le marché du travail », expliquet-il. Le voilà parti en quête d’une formation de gestion et management, à suivre en même temps que sa dernière année d’école d’ingénieurs. « J’ai hésité avec un mastère spécialisé d’école de commerce, mais les mastères spécialisés apportent aussi une spécialisation. Or, j’ai déjà une spécialité, ingénieur en mécanique. J’ai préféré faire le MAE de Poitiers, à cinq minutes en voiture de l’ENSMA. » Les deux écoles sont un peu surprises, mais le soutiennent. Au point que son stage final diplômant sera le même pour les deux écoles : « Il m’a fallu trouver une mission à la fois technique pour valider l’école d’ingénieurs, et managériale pour valider le MAE », se souvient-il. Il s’occupera de la gestion de la logistique des chantiers à la SNCF, mais la proposition d’embauche qui lui est faite n’est pas assez séduisante. « J’ai postulé sur le site Internet d’Alsthom qui cherchait clairement des profils “double compétence”, et j’ai signé mon CDI quinze

ticulier les regroupements de communes.» Les petites villes aussi construisent de plus en plus souvent une véritable politique culturelle et créent de petits services pour la gérer. Certes, ce sont des niches mais toutes ces créations de poste additionnées permettent de maintenir un certain dynamisme… et des perspectives pour les plus motivés et les plus débrouillards.

MAE : l’atout double compétence Ingénieur, littéraire, architecte, comment se former au management ? Grâce au master Administration des entreprises. ouble compétence, voilà un quasi sésame sur le marché de l’emploi. Etre technicien et savoir gérer une équipe et un projet. Etre vétérinaire ou laborantin et être capable d’occuper un poste dans un grand groupe pharmaceutique ou in-

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MASTERS QU’EST-CE QU’UN IAE ?

TEMOIGNAGE

Dans les années 1950, il y avait des écoles de commerce en France, mais pas de filière de gestion au sein de la fac, plutôt fâchée avec le mot « entreprise ». En 1955, les IAE sont créés sur le modèle des Business Schools américaines : il s’agit de former à la gestion les ingénieurs français, de les rendre capables de mener des équipes au moment où le pays est à reconstruire et où s’amorcent les Trente glorieuses. Ils délivrent un diplôme, le CAAE. « Baptisé MAE avec la réforme LMD, notre diplôme de double compétence n’a pas pris une ride, même si l’offre des IAE s’est beaucoup diversifiée depuis : nous proposons aujourd’hui des masters en finance, achat, logistique – de nombreux domaines de la gestion », explique Pierre Louart. Mais si les masters professionnels des IAE se préparent en deux ans, le MAE est resté fidèle à l’esprit des origines : ce diplôme de double compétence se déroule en un an.

NADEGE KEUER, 26 ans, responsable de rayon chez Conforama Elle s’occupe de l’univers « petits meubles et décoration » du Conforama de Belfort, et est responsable de 1 000 m2 de rayons sur les 3 500 m2 que compte le magasin. Nadège encadre également 5 personnes, gère l’animation commerciale et le « merchandising » (l’assortiment), avec un salaire tout à fait sympathique : 1 950 € brut par mois. « J’ai été recrutée à la fin de mon contrat d’apprentissage et avant de recevoir mon diplôme de licence pro en Distribution-Distech. L’alternance, pour moi, c’est un conte de fées », assure-t-elle. Un conte de fées qui avait pourtant mal commencé : en fac, où elle a d’abord préparé un Deug d’administration économique et sociale. Nadège se sentait livrée à elle-même, dans un univers impersonnel. Elle a décidé de se réorienter, et de s’inscrire en BTS Action commerciale. « J’avais le choix, j’ai opté pour l’apprentissage. Cela m’a tellement plu que j’ai continué pour la licence », avoue-t-elle. Quand on lui demande si l’apprentissage, c’est difficile, car il faut être à 100 % investi dans ses cours et dans l’entreprise, elle répond : « C’est peut-être un choc brutal pour certains, mais moi, cela m’a réveillée ! »

QU’APPREND-ON EN MAE ?

dustriel plutôt que dans un cabinet médical. Voilà de véritables atouts pour séduire un employeur et mener carrière ! C’est tout cela que permet le master Administration des entreprises (MAE), ex-CAAE (certificat d’aptitude à l’administration des entreprises). « Le MAE est un format totalement unique en France: en une année, nos élèves apprennent la gestion de l’entreprise. Ils savent aussi manager une équipe. C’est un tremplin et un accélérateur de carrière », explique Pierre Louart, directeur de l’IAE (institut d’administration des entreprises) de Lille et du réseau des IAE.

Lire un bilan comptable, comprendre le fonctionnement des différents services qui composent une entreprise, organiser le travail en équipe, être capable de parler en public : voilà des compétences que les étudiants acquièrent en une année de MAE. « Après un diplôme de Science Po obtenu en 1999, le CAAE de l’IAE d’Aix m’a permis de savoir comment ça marche, une entreprise. Et d’être crédible auprès de mon premier employeur, Peugeot », explique François, 30 ans qui, entretemps, est passé à la concurrence. Sur cette base commune, les établissements ont mis en place des spécificités. A l’IAE d’Aix-en-Provence, justement, il est possible de suivre le MAE en « english track », c’est-à-dire entièrement en anglais! Ou en apprentissage, ce qui est appréciable car

5 EXEMPLES DE MAE ETABLISSEMENT IAE Poitiers IAE Aix-en-Provence IAE Toulouse IAE Rennes IAE Lyon

NBRE

ANNÉE DE

NBRE DE

CRÉATION

CANDIDATS

DE PLACES

1956 1955 1956 1955 1955

205 250 230 152 200

60 130 60 75 50

DU : droits universitaires. NC : non communiqué.

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DURÉE DU STAGE

5 mois 3 à 6 mois 6 mois 4 à 6 mois 3 mois min.

SÉJOUR OU STAGE OBLIGATOIRE À L’ÉTRANGER

TAUX DE DIPLÔMÉS RECRUTÉS

SALAIRE MOYEN BRUT €/AN

COÛT DE LA

DÈS LA SORTIE

non non non non non

47 % 86 % au bout de 6 mois 35 % 62 % 60 %

Selon formation initiale 30-35 000 Variable 29 177 25000-35 000

DU NC 900 € DU DU

FORMATION


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l’école est payante. Ou encore d’opter pour une option « Europe ». Idem à l’IAE de Grenoble qui a créé en 2004 le MAE Management international avec cours en anglais et stage obligatoire à l’étranger. Quant à l’IAE de Paris, il a ouvert un master CAAE-MBA en Chine, en plus de son MAE qui accueille 250 étudiants en formation initiale!

LE RECRUTEMENT ET LE PLACEMENT On l’aura compris, le MAE peut compléter judicieusement bien des parcours, hormis bien sûr celui des diplômés d’écoles de commerce. Mais il ne suffit pas d’avoir le bon profil ou de souhaiter acquérir une double compétence pour être sélectionné dans ces programmes sélectifs où on retient un candidat sur deux, voire trois. « Nous sommes attentifs au projet professionnel du candidat, il doit savoir ce qu’il souhaite faire et argumenter sur la façon dont le MAE peut l’aider », explique Daniel Pemartin, enseignant à l’IAE de Caen. Certains instituts, comme celui de Paris, ont mis en place des tests écrits de sélection (résumé de texte, questionnaire à choix multiple) et dont la préparation implique la lecture de deux ouvrages. Ensuite, une fois recruté, il faudra travailler, notamment en équipe et sur des cas concrets. Car la pédagogie est beaucoup axée sur les travaux collectifs de terrain. « Le développement personnel occupe une place de choix : mieux se connaître, découvrir ses collaborateurs, c’est la base du management », remarque Daniel Pemartin. Avec ces atouts en main, l’insertion se passe dans de bonnes conditions. Il n’existe pas d’étude nationale, mais plusieurs établissements affichent des résultats engageants (voir tableau page 110). Le niveau de salaire dépend beaucoup de la formation suivie. Traditionnellement, les ingénieurs sont ceux qui obtiennent les meilleurs salaires. Le diplôme, en tout cas, bénéficie d’une bonne notoriété auprès des entreprises. Et puis, les IAE bénéficient d’associations d’anciens, parfois de personnes dédiées à la recherche de stages et au placement. Sans doute ce qui explique l’engouement toujours d’actualité pour ce diplôme qui fêtera ses cinquante ans cette année. Car les responsables des programmes ne le crient pas sur les toits, mais le rappellent à leurs candidats et élèves : le MAE, c’est un mini MBA au prix de la fac, ou presque…

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MASTERS APPRENTISSAGE A LA FAC : oubliez les clichés ! Formule méconnue, l’alternance à l’université offre de multiples atouts. Bonne nouvelle, le nombre de places devrait fortement augmenter. 24 ans, après un IUP de Management et plusieurs stages, Thierry Ly avait déjà une idée de l’entreprise, mais une idée fausse : « J’avais peur du monde du travail qui m’apparaissait moins enrichissant que l’université – un endroit plus aride, plus dur. » Après une année en apprentissage chez Total en qualité de contrôleur de gestion budgétaire dans le cadre du master Comptabilité, contrôle, audit de l’université de Clermont-Ferrand, son regard a changé : « Mon tuteur en entreprise est pédagogue, je suis véritablement intégré à une équipe et pas un stagiaire de passage, et je suis payé 1 300 € net par mois pour apprendre un métier de façon concrète, en complément des cours», souligne-t-il.

A

DE PLUS EN PLUS DE FORMATIONS L’offre de diplômes universitaires accessibles par apprentissage s’est en tout cas beaucoup diversifiée ces dernières années: au début des années 1990, on ne comptait qu’une poignée de DESS, de diplômes d’ingénieurs et de DUT. « Puis, en 2000, il y a eu une deuxième vague, celle des licences professionnelles. Depuis deux ou trois ans, de plus en plus de masters, et des plus prestigieux, s’y mettent aussi, et pas seulement dans les filières technologiques », souligne Jean Deprez, directeur du CFA Union, partenaire qui gère les contrats d’apprentissage des universités de Paris-X, Cergy-Pontoise, Paris-Sud. Décrocher un bac +3 ou un bac +5 dans l’univers de la gestion, des technologies ou des services, par la voie de l’apprentissage, c’est aujourd’hui possible : master Finance à Paris-II-Panthéon-Assas, licence Aménagement du territoire et urbanisme à Grenoble-I, master Management des ressources humaines et responsabilité sociale de l’entreprise à l’IAE de Paris (université Panthéon-Sorbonne), master Imagerie industrielle à l’université Paris-VI, master

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Commerce et vente à l’université du Havre… La liste est longue, et les performances d’insertion des plus prometteuses. Selon l’enquête réalisée dans l’Obs Etudiant spécial « Pépites de la fac », 50 à 80 % des promos d’apprentis sont recrutés directement par leur entreprise d’accueil et les autres trouvent dans les mois qui suivent. Avec des salaires supérieurs de 10 à 20 % aux diplômés des cursus classiques, grâce à l’expérience professionnelle déjà acquise.

FILIERE SELECTIVE C’est sans doute pourquoi les places sont chères : une place pour trois candidats, voire dix pour certains masters. « Dans le supérieur, et surtout à bac +5, l’apprentissage, ce n’est pas pour les mauvais élèves mais pour les meilleurs », explique Elisabeth Alma, responsable du master Comptabilité, contrôle, audit de ClermontFerrand. « Nous retenons les étudiants qui présentent un bon dossier scolaire, mais cela ne suffit pas. Ils doivent aussi être prêts à s’engager dans la vie professionnelle », explique Sylvie Kipen Rivenc, responsable de la section apprentissage de l’Ifips, école d’ingénieur de Paris-Sud. L’inscription dans le programme ne devient d’ailleurs définitive que lorsque le candidat a trouvé une entreprise pour signer le contrat. Et après cette double étape du recrutement, la cadence sera « double» elle aussi : cours à l’école et travail à temps plein en entreprise, absence de vacances scolaires, révisions en rentrant du travail ne sont pas propices à ceux qui manquent de motivation et de sens du concret.

DES PREJUGES TENACES Rude mais efficace, la formule séduit : pendant que le nombre des étudiants de CAP et BEP formés par l’apprentissage diminue, ceux du supérieur augmente lentement mais sûrement : + 6,5 % de 2004 à 2005. « Pourtant, soupire Jean Deprez, quand je passe dans les amphis parler d’apprentissage, les profs disent “les mauvais élèves, restez, cela peut vous intéresser”. L’apprentissage, dans le supérieur, c’est encore toujours trop connoté », regrette-t-il. Aujourd’hui, sur 1,5 million inscrits à la fac, on compte à peine 14 000 apprentis. Une goutte d’eau dans l’océan. Voilà quelques mois, le ministère a cependant annoncé son intention de porter ce chiffre à… 100 000 ! Bon à savoir.


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Doctorats et post-diplômes

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ous trouverez dans les pages qui suivent des cursus pour coureurs de fond que n’effrayent pas six années minimum d’études après le bac. Ils mènent pour la plupart à des profes-

sions valorisantes et passionnantes. Médecine, recherche… ou bien ils permettent d’emprunter des raccourcis afin d’atteindre le sommet de la pyramide dans les entreprises.

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MBA

MBA : l’ascenseur vers le sommet Après quelques années de passage à vide, le seul diplôme connu dans le monde entier recommence à attirer les candidats. Mais attention, tous les MBA n’ont pas la même côte auprès des recruteurs.

ans quelques mois, Amir, 27 ans, posera ses valises à Chicago. Objectif : décrocher le MBA de la Chicago GSB, la célèbre école de business américaine où il vient d’être admis après un an d’intense préparation. « Présenter un MBA américain demande beaucoup de temps et de sacrifices », explique ce diplômé d’une petite école de commerce qui a fait ses armes dans l’assurance et le conseil et cherche désormais à se spécialiser dans la reprise d’entreprise. « Il faut bien comprendre ce qu’on attend de vous, rencontrer les responsables des admissions sur les salons, remplir les dossiers de candidatures... Cela nécessite d’assimiler la culture de l’école où l’on postule ainsi que l’art du “writing” à l’anglosaxonne. » Car le processus de sélection des business schools reste parfaitement normé. Pour avoir une chance réelle, il faut en apprendre les codes bien avant de candidater. Une leçon qui vaut pour tous les MBA, tant il est vrai qu’un tel cursus ne s’improvise absolument pas.

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A QUI LES MBA S’ADRESSENT-ILS? Première question à se poser: un MBA, pour quoi faire? Traditionnellement, les « Masters of Business Administration » s’adressent à des diplômés qui ont au moins trois ans d’expérience professionnelle. Il est donc peu recommandé de postuler avant d’atteindre ce cap. « Un MBA apporte une valeur ajoutée à un CV seulement s’il s’additionne à un premier diplôme de formation initiale et à une période en entreprise, note Bernard Cotnoir, responsable du

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nouveau programme MIB/MBA de l’université de Nice. Pour nous, les stages entrent dans le décompte de l’expérience professionnelle car en France, ils prennent une place importante dans la formation. » Si chaque programme a ses propres règles en matière de recrutement, la maturité sera partout fondamentale. Inutile d’envisager un MBA prestigieux sans un parcours très solide en entreprise auparavant. Mais le cœur de la démarche reste le projet du candidat. Un MBA est un diplôme qui coûte cher, il doit donc « rapporter » gros : évolution salariale et/ou hiérarchique, réorientation de carrière, nouveau départ... Les raisons de vouloir faire un MBA sont nombreuses. Premier profil « type » : les jeunes cadres de la finance ou du conseil, secteurs friands de MBA, qui cherchent à « booster » leur carrière : « Aux Etats-Unis, 40 % des étudiants de MBA travaillent dans le conseil en stratégie, résume Hubert Silly, fondateur des MBA Centers, qui préparent des étudiants de toute l’Europe à intégrer ces business schools. C’est un secteur où le mode de recrutement est proche de celui appliqué à l’entrée des MBA. Sur le fond, c’est aussi la même matière : l’étude de cas, les recommandations aux entreprises, c’est le travail d’un cabinet. » Ceux-là visent les meilleurs programmes, les champions des classements mondiaux. Certaines grandes entreprises s’abreuvent tellement aux mêmes sources que leur nom s’associe automatiquement à celui de l’école : ainsi, difficile de viser un poste de haut niveau chez McKinsey sans passer par


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Wharton! La banque, l’industrie et toutes les entreprises très présentes à l’international sont aussi de gros employeurs de MBA. Second public visé : les scientifiques, ingénieurs, pharmaciens, médecins ou informaticiens à la recherche d’une double compétence. Catalogués comme « techniciens » au sein de leur entreprise, ils veulent pouvoir évoluer vers des postes de management. Même motivation pour des spécialistes en marketing qui souhaitent changer de fonction. Le MBA est avant tout une formation très généraliste, qui comble les lacunes des CV trop monolithiques. « Il y a aussi la catégorie des candidats qui ont entre dix et quinze ans d’expérience et qui cherchent à rebondir ou à changer de secteur d’activité, ou encore les licenciés qui utilisent le MBA comme outil d’outplacement », précise David Butler, directeur des programmes post-graduate à l’ESC Rouen. Une classe peut donc regrouper des participants aux parcours et aux âges très variés, en provenance de divers pays, ce qui en fait un lieu privilégié pour l’échange d’expérience. Les cours de MBA sont d’ailleurs basés sur la discussion entre participants et professeurs. « Pour moi, le MBA est le diplôme de la seconde chance, reprend Hubert Silly. A 25-26 ans, on se pose vraiment la question de ce que l’on veut faire de sa vie et on se connaît mieux qu’au début de ses études. » Sans compter la dimension « signe extérieur de respectabilité » que confère un MBA, surtout s’il est délivré par une institution prestigieuse. Mais attention aux mirages, aujourd’hui plus qu’hier. La ruée sur ces diplômes, au début de la décennie, a incité nombre d’écoles plus ou moins recommandables à créer leur propre MBA, un sigle qui n’est pas officiellement protégé. L’offre a vite excédé la demande et, la conjoncture aidant, le diplôme a perdu de sa superbe aux yeux des employeurs. Bien choisir son MBA est donc la seconde étape indispensable à un parcours réussi.

COMMENT CHOISIR SON MBA? France ou étranger ? Le choix du pays est le premier à déterminer. S’il s’agit de rester en France par la suite, il n’est

TEMOIGNAGE PATRICK DUPIN, 27 ans, directeur de travaux, titulaire du MBA des Ponts et Chaussées « J’avais un background technique, DUT et licence en génie civil, puis cinq ans d’expérience en tant que maître d’œuvre dans la construction, avec des responsabilités de chef d’équipe. Mais je sentais que je faisais les choses de manière intuitive. J’avais besoin de mettre des mots là-dessus. Je voulais aussi légitimer la direction de chantiers plus importants, voire, plus tard, une direction de PME. Vu mon secteur, l’ENPC s’est imposée d’elle-même. A la fin du MBA, j’étais déjà préembauché. Mon salaire est passé de 37 000 à 75 000 € annuels, et j’ai pu rajouter un zéro sur le montant des travaux que je dirige ! Pour résumer ce que le MBA m’a apporté, je dirais que lorsqu’on finit ses études, on a tracé une horizontale “x ” ; quand on travaille, on commence à se repérer sur deux axes, x et y. Le MBA m’a donné un axe “z” : ma vision de l’entreprise est devenue globale, je vois les conséquences de mes choix dans toutes leurs dimensions. »

pas indispensable d’investir dans un très onéreux MBA américain (compter 60 000 dollars l’année tout compris pour un bon programme). Mais pour travailler à l’international ou intégrer un groupe étranger, mieux vaut éviter un environnement trop franco-français. Au-delà des marchés anglo-saxons, les MBA sont aussi très valorisés en Asie et en Russie, le nom de l’institution délivrant le diplôme restant primordial. « Les business schools sont essentiellement des marques », écrit ainsi Hubert Silly. Or, la principale mission d’une marque, c’est de susciter la confiance chez ses clients. Voilà pourquoi le système des accréditations connaît un tel succès sur le marché dérégulé des MBA. Pour faire le tri entre les bons programmes et les autres, employeurs et étudiants font confiance aux trois organismes internationaux chargés d’auditer les écoles (Equis et AACSB) ou les programmes (AMBA), et de leur délivrer ou non leur label. « Depuis deux ans, sur les salons, le critère de l’accréditation est de plus en plus pris en compte par les étudiants, témoigne David Butler. Il est vrai qu’une institution qui se plie aux exigences de ces processus longs et compliqués est forcément sérieuse. » Entrent ensuite en considération le for-

A CLIQUER > SITES INTERNET DES JOURNAUX RÉALISANT DES CLASSEMENTS : www.businessweek.com www.economist.com www.ft.com www.wsj.com > LISTE DES ÉTABLISSEMENTS ACCRÉDITÉS À VOIR SUR : www.aacsb.edu www.mbaworld.com

La cote des diplômes

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MASTERES SPECIALISES mat et la durée du MBA : un programme à temps plein oblige à quitter son emploi, une contrainte qui a fait fuir de nombreux candidats ces dernières années. Les « part-time » se portent en revanche très bien, organisés en soirée, le week-end ou sur des semaines bloquées. La spécialisation est aussi un critère à examiner. Même si la plupart des grands MBA, surtout en Europe, restent généralistes, il est intéressant de parcourir l’annuaire des anciens : à la sortie, le réseau jouera son rôle.

L’Insead de Fontainebleau est ainsi le chouchou des cabinets de conseil, tandis que l’IMD de Lausanne a des connexions dans les milieux financiers. Et sur le très mature marché américain, les écoles se sont encore davantage spécialisées. En France, des MBA dédiés à un secteur d’activité ont vu le jour, comme l’Aérospace MBA à l’ESC Toulouse ou l’Automotive MBA de l’ICN. Ceux-là s’adressent à des cadres déjà en poste dans ces secteurs ou à ceux qui voudraient y entrer.

Mastères spécialisés : chers,mais efficaces Les mastères spécialisés peuvent compléter en beauté un parcours académique… à condition d’être choisis à bon escient et d’y mettre le prix !

Ç

a y est, la réforme LMD est en place. Quel avenir pour le mastère spécialisé, créé il y a vingt ans pour acquérir expertise et double compétence en une année, et afficher le niveau bac +6 ? Il devient un « Post Graduate Program », c’est-à-dire un grade obtenu après le master. Chic sur le CV… et efficace ! Car sur un marché de l’emploi complexe, obéissant à des logiques de double compétence, de niches d’expertise, le mastère peut accomplir des prouesses. Créé par la Conférence des grandes écoles, ce label n’est pas un diplôme de l’Education nationale, mais une marque déposée qui bénéficie d’une bonne notoriété auprès des recruteurs, notamment dans les grands groupes. Mais s’il n’a pas été englouti par la réforme LMD, il n’a pas non plus semé ses concurrents. Il y a le MSC, le mastère en sciences, également proposé par les écoles de commerce et d’ingénieurs. Ce programme en anglais

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s’adresse prioritairement aux étrangers de niveau bac +4, mais il peut aussi recruter à bac +5 des étudiants français. Il y a aussi le Master of Business Administration qui s’adresse aux cadres bénéficiant d’une expérience professionnelle. Mais là encore, la frontière peut être mince, tant il est vrai que certains MS sont positionnés sur la double compétence et drainent aussi un public en formation continue… un peu comme des mini-MBA. Et surtout, il y a les masters de l’université (voir page 95) dont certains peuvent rendre peu ou prou les mêmes offices à un coût bien moindre ! Certains programmes universitaires qui placent leurs diplômés à des postes et des salaires très élevés ne dépassent pas les simples droits universitaires, soit 200 € environ quand le coût d’un MS peut dépasser 10 000 €.

QU’EST-CE QU’UN MS AU JUSTE ? Un MS repose sur un savant dosage pédagogique d’enseignements théoriques


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et pratiques, d’où le coût de la formation, entre 6 000 et 14 000 €. Les cours doivent comporter 350 heures d’enseignement au minimum, mais en réalité, la plupart des MS sont à plus de 500 heures de cours par an. Quant à l’enseignement pratique, il s’agit d’un stage minimum de trois mois, très souvent porté à cinq ou six mois par les responsables de programme. L’ESC de Lille et Reims Management School proposent ainsi des mastères spécialisés compatibles avec un stage long en alternance (sans rémunération obligatoire). Mieux, certaines écoles ont mis en place des cursus en apprentissage « nos huit mastères spécialisés sont en apprentissage, c’est une façon très efficace d’aider le jeune à acquérir une première expérience professionnelle », explique Jean-François Fiorina, directeur de Grenoble Ecole de management. Avec un joli bonus : cette formule permet de diminuer de deux tiers les frais de scolarité. Les mastères spécialisés permettent, comme leur nom l’indique, de se spécialiser sur un secteur d’activité – le vin, le droit, la finance, le marketing, les relations internationales – tout en acquérant des notions solides de management. Car on l’aura compris, à bac +6, il s’agit d’accéder directement à des fonctions d’encadrement. C’est ainsi que le mastère spécialisé séduit tous les profils : les diplômés d’école de commerce, aussi bien que les diplômés d’école d’ingénieurs, sans oublier ceux de la fac !

BIEN CHOISIR SON PROGRAMME Pas facile de faire son marché – surtout à prix là ! – dans le foisonnement des programmes. A la dernière rentrée, un peu moins de 95 écoles proposaient quelque 366 MS. Chaque année, pour coller aux attentes des entreprises, des MS ferment et d’autres se créent. Ainsi, exit le MS Intégrer Internet-Intranet dont Télécom INT estimait qu’il n’est plus suffisamment novateur et pointu ou le MS Multimédia-Hypermédia de Télécom Paris. Parmi les derniers-nés de cette rentrée, citons Management et protection des données à caractère personnel à l’Isep de Paris, Directeur technique du spectacle vivant à l’Insa de Lyon, Management de la mode et du

TEMOIGNAGE PIERRE-LOUIS BESCOND, 26 ans, chef de projet externalisation, groupe Alcan Après trois années d’école d’ingénieurs en apprentissage, Pierre-Louis avait déjà une vision de l’entreprise « mais il s’agissait de trois années dans une PME et je rêvais de travailler dans un grand groupe », explique-t-il. Pour élargir son champ de compétence en management et « mieux comprendre les arcanes des grands groupes », il se rend à un salon des troisièmes cycles et jette son dévolu sur le MS Management de projets et programmes de l’ESC Lille, une des rares écoles de commerce à s’être spécialisée à ce point sur la conduite de projet. Son analyse se révèle payante. « Une fois inscrit, j’ai vu une annonce du groupe Alcan cherchant un ingénieur avec un troisième cycle de management de projet. Je leur ai proposé de me prendre en stage en même temps que je suivais mes cours ». Et voilà Pierre-Louis alternant trois semaines en entreprises et trois semaines en cours. Une année difficile, mais payante : avant même d’être diplômé, Alcan le recrute comme chef de projet externalisation pour sa filiale ECL vendant des usines à aluminium. « Mon MS s’est révélé d’une grande efficacité, j’ai pu intégrer un poste de management sans expérience professionnelle, dans le grand groupe dont je rêvais », s’exclame-t-il. Depuis, deux autres diplômés sont venus étoffer les équipes du département Projet, jeune et en pleine expansion…

luxe à HEC, Qualité et certification dans les industries de la santé au Ceram Sophia-Antipolis… Par ailleurs, pour qu’un MS ne soit pas une ligne supplémentaire sur le CV, il est important de bien penser à la cohérence du parcours. S’il est clair qu’un diplômé de la fac va se rapprocher du monde du travail et apporter un vrai plus à son CV en affichant un nom prestigieux d’école, les diplômés d’école d’ingénieurs doivent privilégier la double compétence, surtout s’ils affichent déjà une expertise technique sur leur diplôme. Quant aux diplômés d’école de commerce, leur intérêt tient surtout à se spécialiser sur des niches porteuses ou émergeantes dans les nouvelles technologies, le management du sport ou par exemple le marketing de l’enfant et de l’adolescent.

LES PLUS QUI FONT LA DIFFERENCE Privilégiez les mastères spécialisés adossés à des chaires de recherche ou des pôles de compétence de l’école : La cote des diplômes

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MASTERES SPECIALISES

> L’APPRENTISSAGE peut permettre de financer jusqu’au deux tiers un MS.

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Sur le site de la Conférence des grandes écoles, vous trouverez toutes les infos sur le MS, leur liste complète et des liens vers les sites des écoles.

Certains établissements prestigieux se sont unis pour proposer des programmes qui font appel au pôle d’expertise de chaque partenaire. Par exemple, HEC et ESCP-EAP, bien que concurrentes, proposent ensemble le MS Management et droit international. Il est plus courant de voir une école de commerce s’unir à une école d’ingénieurs. L’Ensam s’est associé, entre autres, avec Bordeaux-II : une touche d’université ne peut que séduire des ingénieurs. Parfois, on assiste à une surenchère : quatre écoles pour un MS (Ingénierie aéronautique et spatiale). Mais la grande nouveauté vient de Grenoble Ecole de management qui s’est associée à… une école d’entreprise, l’Académie Accor Services, pour son nouveau MS Management des activités de service ! Difficile d’être plus près du monde du travail.

ainsi, le mastère spécialisé Marketing de l’enfant et de l’adolescent à l’ESC Rouen est adossé à un observatoire national. L’ouverture internationale proposée peut également faire la différence d’un programme à l’autre. Parmi les quelque 5 800 élèves inscrits à la rentrée 2006 en MS, 25 % en moyenne sont étrangers, ce chiffre pouvant être plus ou moins important d’un établissement à l’autre. En tout cas, quasiment toutes les écoles peuvent permettre à leurs étudiants inscrits en MS de bénéficier de leurs programmes d’échange avec les universités et les écoles étrangères, si toutefois l’étudiant en fait la demande. Parfois, on peut même décrocher un double diplôme : c’est le cas du MS Entreprendre et innover en Europe, qui est co-accrédité par l’université de Varsovie et Reims Management School.

12 EXEMPLES DE MASTERES SPECIALISES

NC : non communiqué (1) En alternance. (2) En apprentissage. (3) En cours de création. (4) Par rapport au salaire initial.

DIPLÔME/ECOLE MS Réseaux et services de mobiles/ENST Bretagne MS Ingénierie aéronautique et spatiale/Ensam avec ENSEIRB, ENSCPB, BEM, Matmeca, Bordeaux-2 MS Management et technologies/Groupe Eseo avec groupe ESSCA MS Management de la maintenance/ Ensam MS Gestion intégrée des risques en industries agro-alimentaires/ Ecole agronomique Montpellier, avec Ecole vétérinaire de Lyon MS Project and Program Management/ESC Lille MS Droit et management international/HEC avec ESCP-EAP MS Management des projets internationaux/ ESCP-EAP MS Achat et logistique industrielle/Grenoble Ecole de management MS Analyse financière internationale/Reims Management School MS Audit et expertise/ ESC Pau MS Communication d’entreprise/ ESC Rouen

% DES DIPLÔMÉS EMBAUCHÉS DANS L’ENTREPRISE DU STAGE

SALAIRE ANNUEL

DES DIPLÔMÉS

50

oui

50

38 000

6 150

6

30

non

NC

NC

9 200

400

6

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oui

50

33 000

7 000

30

350

6

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oui

50

+15% (4)

10 000

8

10

510

6

75

(3)

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24 à 28 000

7 900

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110

30

480

12

40

oui

55

37 000

11 000

1990

95

38

590

5

45

oui

56

49 000

14 000

1986

270

53

480

4

30

oui

nc

40 000

12 750

1998

200

70

1660

12 (2)

70

oui

50

35 500

11 070

2005

50

25

568

10 (1)

50

oui

50

39 000

10 500

1994 2003

319 85

20 32

380 410

6 10 (1)

100 80

oui oui

60 60

35 000 35 000

9000 10 000

NBRE D’HEURES DE COURS PAR AN

DURÉE MINIMALE DU STAGE OBLIGATOIRE (EN MOIS)

% DES ENSEIGNANTS VENANT DE L’ENTREPRISE

10

640

4

11

15

515

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70

20

1989

64

2005

ANNÉE

NBRE

NBRE

DE CRÉATION

DE CANDIDATS

DE PLACES

1997

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ANNUAIRE

À LA SORTIE (EN €)

COÛT DE LA FORMATION (EN €)


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DOCTORATS

LA SELECTION On comprendra qu’il ne suffit pas de payer pour entrer dans un mastère spécialisé ! La sélection est rude, une place pour deux ou trois candidats seulement. Outre le dossier scolaire, il est souvent demandé de remplir un dossier où l’on expose son projet professionnel, et parfois de réaliser de petites études de cas. Ensuite, le jury d’admission comporte des enseignants, mais aussi des professionnels puisque ces programmes sont créés à leur demande et qu’ils surveillent de près le contenu pédagogique. La motivation sera mise à l’épreuve, ainsi que la cohérence du projet. Ceux qui semblent rechercher

une année d’étude supplémentaire par peur d’affronter le marché de l’emploi seront écartés. C’est sans doute pourquoi la décision d’effectuer un mastère spécialisé ne doit pas s’effectuer à la légère. Par contre, tous ceux qui visent des compétences appropriées à leur parcours et à leur objectif professionnel auront la chance d’accéder à un vrai réseau d’anciens : les écoles ne ménagent pas leurs efforts de placement, ni la place dans leur annuaire. Ce n’est pas tout : créé en 1986, le mastère spécialisé compte désormais 60 000 diplômés qui travaillent, le plus souvent à des postes de décision…

Doctorats : vocation indispensable La France a besoin de chercheurs, mais elle investit toujours trop peu dans ce domaine, tant en ce qui concerne l’Etat que les entreprises. Résultat, les places sont chères au sortir des huit années d’études nécessaires à l’obtention d’un doctorat…

i l’on s’en tenait aux discours des hommes politiques, la situation des chercheurs serait idyllique ! Tous s’accordent à dire qu’il faut injecter de l’argent et des moyens dans ce domaine stratégique. De plus, le papy boom s’apprête à éclaircir considérablement les rangs, laissant forcément des places vides. Une étude de l’Ined (Institut national des études démographiques) indique que presque la moitié des chercheurs et enseignants-chercheurs français vont prendre leur retraite d’ici à 2014. Ces 265 000 emplois ne pourront être remplacés qu’au rythme de presque 3 000 postes créés par an, mais rien n’indique que les recrutements atteindront bien ce niveau dans les années à

S

venir. Car même si les revendications des chercheurs ont été en partie entendues, la situation de la « matière grise » française est alarmante : gel des crédits des labos, ralentissement des embauches, précarisation des jeunes chercheurs… Sur les 10 000 docteurs diplômés chaque année, seul un quart rejoint le secteur public et, malgré des promesses répétées, le nombre de postes offerts tant à l’université que dans les grands organismes de recherche n’évolue guère, dépassant rarement 2 500 postes chaque année. Ce qui est nouveau en revanche, ce sont les stages post-doctoraux mis en place par le ministère au sein des différents organismes, des contrats à durée déterminée. Heureusement le secteur privé redresse La cote des diplômes

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DOCTORATS

SALAIRES MENSUELS DES CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS CHERCHERURS DÉBUT DE CARRIÈRE : 2 027 € BRUT

(chargé de recherche 2e classe ou maître de conférence 2e classe) FIN DE CARRIÈRE : 5 205 € BRUT (directeur de recherche ou professeur des universités) Source : Education nationale, 1er janvier 2006

A CLIQUER > La Confédération des étudiants-chercheurs : HTTP://GARP. UNIV-BPCLERMONT.FR/CEC > Le site de la Guilde des doctorants donne tous les trucs pour réussir une thèse : HTTP://GUILDE.JEUNESCHERCHEURS.ORG > Tout sur l’emploi des jeunes chercheurs : WWW.RECHERCHE.GOUV.FR/ JEUNCHER.HTM et WWW.EDUCATION.GOUV.FR/ PERSONNEL/ENSSUP/ANTARES > Tout pour aider les post-doc : WWW. EMPLOI-SCIENTIFIQUE.INFO

un peu la tête. A l’Association BernardGregory, qui aide à y placer les jeunes chercheurs, Fabrice Martin, journaliste spécialisé, constate une hausse de 18 % du nombre d’offres déposées en 2005. Et la tendance se poursuit pour cette année. Sans compter que quand le marché national fait grise mine, les possibilités ne manquent pas pour ceux qui ne craignent pas d’exercer aux EtatsUnis, en Chine ou au Royaume-Uni, se livrant à une véritable « chasse » aux cerveaux. Néanmoins, s’engager sur la voie du doctorat doit être un choix mûrement réfléchi. Certes, la carrière d’un docteur en sociologie ou en astrophysique fait rêver. Mais malgré un besoin croissant d’innovation, il y a toujours en France trop de docteurs pour le nombre de postes à pourvoir, malgré la reprise récente des recrutements dans le domaine de la recherche et développement en entreprises, qui favorise en premier lieu les ingénieurs.

FACILITER LE PARCOURS Après un master de recherche (niveau bac +5, anciennement DEA), il faut en moyenne 3,8 années d’études pour soutenir sa thèse de doctorat selon l’Ofipe (Observatoire des formations, des insertions professionnelles, évaluations) de l’université de Marne-la-Vallée. Le sujet de la thèse est validé par un enseignant qui dirige la recherche jusqu’à la soutenance. Un parcours de longue haleine qui voit caler beaucoup d’étudiants en cours de route : près d’un quart des thésards en sciences exactes et plus de la moitié des sciences humaines, selon les dernières estimations. Au sein de la recherche française, qui ne se trouve déjà pas dans une forme olympique, la situation des lettres et

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sciences humaines est la plus précaire. On y constate une faiblesse de l’encadrement, parfois totalement absent, le manque de locaux, la pénurie du matériel… En sciences « dures », la situation est très variable selon les disciplines et les laboratoires, mais l’encadrement et les locaux ont au moins le mérite d’exister. Quelques précautions simples doivent être prises afin de ne pas s’engager dans une impasse à bac +8. Obtenir un financement : chaque année, 4 000 nouvelles allocations de recherche (1 410 € brut par mois) sont octroyées par les écoles doctorales. Les jeunes chercheurs revendiquent de longue date une importante revalorisation de cette somme, mais ils n’ont que très partiellement obtenu gain de cause, malgré des engagements successifs. Elles sont le plus souvent trustées par les scientifiques, seuls à pouvoir bénéficier des 3 000 autres subventions recensées par l’Association nationale des docteurs ès sciences (Andès). Résultat : près de 80 % des chercheurs scientifiques bénéficient d’un financement, contre 10 à 15 % pour les étudiants en lettres et sciences humaines. Or, les étudiants financés mettent moins de temps à achever leurs études. Choisir un sujet porteur, c’est-à-dire original et dans l’air du temps. Il faut donc se tenir informé en permanence, multiplier les contacts avec les entreprises et les administrations, demander des stages, courir les colloques, etc. La Confédération des étudiants-chercheurs ainsi que la Guilde des doctorants fournissent de précieux conseils en la matière. Ne pas s’inscrire en thèse après l’âge de 25 ans, car les organismes publics – comme de nombreuses entreprises – recrutent rarement après 30 ans. Choisir un patron de thèse renommé et dynamique, qui soit placé à la tête d’un laboratoire en pointe aux réseaux efficaces. Un bon directeur de thèse fait avancer, il permet même de publier le résultat de ses travaux. Et surtout, il ouvre les portes d’un monde académique qui a érigé la cooptation comme système. C’est une donnée essentielle que bien des étudiants mettent du temps à comprendre… à leurs dépens.


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LE DEROULEMENT DES ETUDES Il faut en général six mois de préparation pour peaufiner son sujet, deux ans d’expérimentation en laboratoire et six mois pour rédiger. Le cursus se déroule au sein des 317 écoles doctorales, établissements adossés à l’université et dont le fonctionnement vient d’être rénové, pour assurer notamment un meilleur encadrement des thésards. Après la thèse, les stages post-doctoraux (dits « post-doc ») attirent presque 1 docteur sur 5. Ces stages, d’une durée de un à deux ans, se déroulent très souvent à l’étranger. Dans certaines filières, comme les sciences de la vie, la chimie ou les sciences de la Terre et de l’univers, c’est un passage quasiobligé. Mais attention, il est essentiel de partir avec l’aval d’un labo public qui sera prêt à vous embaucher à votre retour. Car le privé, lui, prise peu les « post-doc », regardés comme des éternels étudiants, peu au fait des exigences de l’entreprise. LES DEBOUCHES Pour les employeurs, quantité n’égale pas qualité. Ainsi, selon une toute récente étude du Céreq (Centre d’études et de recherche sur les qualifications), le marché de l’emploi ne traite pas les docteurs mieux que les DESS (bac +5). En termes purement stratégiques, les trois ou quatre années d’études supplémentaires pour obtenir une thèse sont donc inutiles – et l’on ne parle pas des diplômés des écoles d’ingénieurs (à bac +5) qui, comparés aux docteurs, sont traités comme des rois ! Ainsi, en 2004, presque 11 % des docteurs étaient au chômage trois ans

après avoir terminé leur thèse… contre 12 % des DESS. Les premiers sont à peine mieux rémunérés que les seconds (1 980 € net par mois en moyenne contre 1 700 €) et leurs emplois ne sont pas plus stables : un quart des effectifs sont encore en CDD trois ans après la fin de leurs études, ce qui est aussi le cas des DESS. Mais attention, toutes les spécialités ne sont pas logées à la même enseigne. Les diplômés des sciences « dures » s’en sortent assez bien : ainsi, en 2004 et toujours selon le Céreq, chez ceux qui ont choisi les maths, la physique, ou les sciences de l’ingénieur (mécanique, électronique, informatique…), la proportion de chômeurs trois ans après avoir fini leurs études est aussi faible que celle des ingénieurs (autour de 7 %). Les sciences de la vie et de la Terre (biologie, géologie) restent relativement épargnées (13 %). En revanche, la situation frôle la catastrophe pour les chimistes, qui demeurent les plus précaires (un tiers sont en contrat à durée limitée, contre une moyenne de 24 %), mal rémunérés et très frappés par le chômage (presque 14 %). Mais ce qui « plombe » les statistiques des docteurs, ce sont surtout les diplômés de lettres et sciences humaines, dont la situation sur le marché reste difficile. Ainsi, les humanistes étaient 17 % à être au chômage trois ans après avoir achevé leurs études… soit plus que l’ensemble des jeunes sortis en 2001 ! Mais il faut nuancer : les diplômés en droit, en économie et en gestion s’en sortent relativement bien (11 % de chômage après trois ans). C’est que ces derniers choisissent plus souvent

LES DOCTEURS TROIS ANS APRES LA THESE

Maths, physique Mécanique, électronique, informatique Chimie Sciences et vie de la Terre Droit, sciences éco., gestion Lettres et sciences humaines Ensemble des docteurs

DE CHÔMAGE

TAUX D’EMPLOI À DURÉE LIMITÉE

TAUX DE CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS-

7% 6% 14 % 11 % 11 % 17 % 11 %

21 % 13 % 30 % 32 % 24 % 24 % 24 %

56 % 43 % 43 % 45 % 50 % 49 % 47 %

TAUX

CHERCHEURS DANS LE PUBLIC

TAUX DE CHERCHEURS DANS LE PRIVÉ

SALAIRE MENSUEL

22 % 32 % 30 % 20 % 18 % 5% 19 %

2 000 2 100 2 000 1 950 1 830 1 900 1 980

NET MÉDIAN (EN €)

La cote des diplômes

Source : Céreq 2006.

DISCIPLINE

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DOCTORATS EVOLUTION DES SALAIRES BRUTS MENSUELS D’EMBAUCHE DANS LE PRIVE

2000 : 32 800 € 2001 : 33 850 € 2002 : 33 800 € 2003 : 33 700 € 2004 : 34 700 €

Source : ABG, 2005

de travailler dans le secteur privé, alors que les autres humanistes visent en effet presque uniquement des postes de la fonction publique, de plus en plus inaccessibles : ils représentaient plus de 60 % des débouchés des docteurs en 2004 (contre seulement 53 % en 2001). Et il faut le savoir : parmi ces diplômés entrant dans le public, une partie ne parvient pas à décrocher un poste d’enseignant-chercheur à la faculté ni de chercheur dans les organismes publics (de type CNRS). Bon an mal an, ils se résignent souvent par enseigner dans le primaire ou le secondaire. Ainsi, en sciences humaines, 74 % des jeunes docteurs occupent un poste dans le public, mais seulement 49 % dans la recherche. Dans le secteur privé, la moitié des embauches de personnel scientifique concerne les services de recherche et de développement où, évidemment, les sciences « dures » tirent presque exclusivement leur épingle du jeu. Mais la concurrence reste particulièrement rude avec les ingénieurs. Mieux connus des employeurs et jouissant du prestige de leur école (que peu d’universités possèdent), on leur prête un sens pratique et une capacité à diriger des équipes qui feraient, pense-t-on, défaut aux docteurs…

DEVENIR ENSEIGNANT-CHERCHEUR L’université compte trois grades parmi ses enseignants : les assistants-titulaires, les maîtres de conférence et les professeurs d’université. Selon ses besoins

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propres, chaque établissement organise lui-même des sélections pour un ou plusieurs postes par discipline, qui prennent alors l’allure de véritable concours. Avant toute chose, il faut «candidater », c’est-à-dire être autorisé à postuler par le Conseil national des universités. Ensuite, c’est une commission d’universitaires qui auditionne les candidats et examine leurs mérites, les travaux personnels et les publications étant évidemment déterminants. Mais il faut surtout compter avec un système qui fait la part belle au mandarinat ainsi qu’à ses dérives : 40 % des jeunes enseignants sont recrutés dans l’université où ils ont préparé leur thèse… Deux bonus pour entrer à l’université et devenir professeur dans le supérieur : Le monitorat. Parallèlement à sa thèse, le moniteur anime 64 heures de travaux dirigés en premier cycle universitaire ou 96 heures de travaux pratiques. C’est l’université qui le désigne et le rémunère. Désormais, il s’agit seulement d’un complément de revenu qui vient s’ajouter à l’allocation de recherche, d’un montant de 335 € par mois. Le monitorat constitue un atout pour une future carrière d’enseignant-chercheur. L’Ater. Le statut d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche (Ater) est mieux rémunéré que celui de moniteur (1 969 € brut mensuel, plus une prime annuelle de 1 193 €). Il doit aussi gérer un emploi du temps plus lourd : 128 heures de cours par an ou 192 heures de travaux dirigés ou 288 heures de travaux pratiques. Ce contrat d’un an, renouvelable une seule fois, sur sélection du rectorat et de l’université, est souvent attribué en fin de parcours ou même une fois la thèse en poche. On le voit, à l’université, il ne faut pas craindre de ronger son frein plusieurs années dans des emplois précaires et mal rémunérés avant – peut-être – de décrocher la timbale.

DEVENIR CHERCHEUR AU SEIN D’UN ORGANISME CNRS, Inserm, Inria… Tous ces employeurs prestigieux, mais aux budgets resserrés, recrutent depuis plusieurs années au compte-gouttes. La sélection s’opère par concours, selon le grade et la discipline, et elle donne lieu à une


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compétition acharnée où les déçus sont nombreux. En 2006, à peine plus de 400 postes fixes de chercheurs ont été ouverts au CNRS et 2007 ne n’annonce pas mieux. A ces postes statutaires s’ajoutent environ 500 CDD répartis dans les grands organismes de recherche. Encore, cette toute petite embellie n’a été possible que grâce à la détermination de chercheurs soutenus par l’opinion publique. Mais les prochaines années ne seront peut-être pas si généreuses en postes.

POUVOIR EXERCER DANS LE PRIVE Selon l’Association Bernard-Gregory (ABG), les débouchés dans le privé sont les plus stables : en 2004, 71 % de ses sondés ont en effet décroché un CDI dans le privé… contre seulement 25 % dans le public. Comment connaître le monde de l’entreprise ? En participant par exemple aux « doctoriales » qui sont des stages d’initiation au monde de l’entreprise. Ces journées de séminaires, où interviennent des cadres et des consultants, ont le mérite de dessiller les yeux de bien des docteurs qui connaissent encore fort mal les débouchés professionnels que leur cursus peut leur offrir. Depuis quelques années, les contacts entre laboratoires et entreprises se sont accrus, notamment en permettant tout simplement aux chercheurs de prêter leur concours à des sociétés, en favorisant leur mobilité vers le privé et, par dessus tout, en les encourageant à fonder leur société sans rompre pour autant les ponts avec leur laboratoire d’origine. Des incubateurs, où naissent les projets d’entreprises high-tech, continuent à se mettre en place dans les organismes publics. Chacun y est conseillé, soutenu et financé afin de pouvoir voler de ses propres ailes en rejoignant des pépinières ou des locaux industriels. Un bon plan à ne pas négliger, ce sont les Conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre) qui permettent aux thésards de travailler en partenariat avec les entreprises. Près de 1 200 conventions Cifre ont été passées en 2006. Dans une Cifre, trois partenaires s’associent pour trois ans : un diplômé, une entreprise, un laboratoire.

INFOS L’Association nationale des docteurs ès-sciences réédite régulièrement son Guide des aides aux formations doctorales et post-doctorales (disponible en ligne) : 16, rue Claude-Bernard, 75231 Paris Cedex 05. Tél. : 01 43 37 51 12. Fax : 04 72 72 64 48 ; WWW.ANDES.ASSO.FR

Associations pour aider les docteurs à s’insérer (surtout en entreprise) : Association Bernard-Gregory, 239, rue Saint-Martin, 75003 Paris. Tél. : 01 42 74 27 40. Fax : 01 42 74 18 03 ; WWW.ABG.ASSO.FR

Arborescience (offres d’emploi), WWW.ARBORESCIENCE.COM

Conventions Cifre, Association nationale de la recherche technique : (Service Cifre) 41, bd des Capucines, 75002 Paris. Tél. : 01 55 35 25 60. Fax : 01 55 35 25 55 ; WWW.ANRT.ASSO.FR

Atout pour le doctorant : il travaille sur des missions de recherche concrètes et acquiert une expérience en entreprise qui « booste » grandement son CV. Par ailleurs, il touche un salaire (négociable) pendant toute la durée de ses études. Salaire minimum : 20 215 € brut par an (salaire moyen : 24 500 €). Plus des trois quarts (77 %) des étudiants Cifre finissent d’ailleurs par exercer dans le secteur privé. Et leur insertion est excellente, indique une récente étude du Céreq. « Les docteurs ayant été financés durant leur thèse par une bourse Cifre ont particulièrement bien résisté aux difficultés » du marché. « Leur taux de chômage (…) est resté stable depuis 1999. Il est comparable à celui des diplômés d’école d’ingénieurs, mais leur rémunération est plus élevée. » Voilà une thèse qui rapporte ! La cote des diplômes

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Etudes médicales : surfez sur la pénurie Les besoins en blouses blanches sont criants. Résultat, le nombre de places offertes aux concours est en hausse. Bonne nouvelle… pour les très bons élèves, très motivés !

vis aux candidats aux études médicales, la profession ouvre les vannes, notamment en médecine où le numerus clausus, c’est-à-dire le quota qui réglemente l’accès à la profession, a doublé en cinq ans. Pour 2006, il a été fixé à 7 000 places et il ne devrait plus baisser jusqu’en 2010 ! Les raisons d’une telle ouverture du secteur ? La pénurie annoncée chez les médecins. La situation est déjà qualifiée de préoccupante par certains, mais le pire serait à venir : le pic est annoncé à l’horizon 2015 avec de nombreux départs en retraite. C’est le moment où jamais de se lancer dans des études médicales : les hôpitaux manquent déjà de bras, et dans certains cabinets de ville il n’est pas rare d’attendre un rendez-vous pendant plusieurs mois. Mais si le nombre de places a augmenté, le nombre de candidats a suivi. Car en ces temps de chômage et de déclassement, les études médicales ont tout pour séduire : carrière assurée, grande liberté associée à l’image de profession libérale et salaires attrayants… Gare au mirage, l’an passé, certains campus ont littéralement explosé sous l’afflux de nouveaux inscrits dont certains n’avaient absolument pas le profil, à savoir un bac scientifique, de préférence avec mention. Car au terme du premier cycle d’études médicales (PCEM 1), une année commune aux étudiants en médecine, dentaire et sage-femme, le concours reste impitoyable. Dans certaines facultés, cette année commune regroupe aussi des candidats à des formations paramédicales (manipulateur radio, kinésithérapeute, ergothérapeute…). Pour contourner ce système sélectif, certains n’hésitent pas à s’exiler en

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DE PLUS EN PLUS DE FEMMES > Aujourd’hui, 38 %

des médecins sont des femmes. Une proportion qui devrait atteindre 52 % en 2025.

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Belgique ou en Suisse où études médicales, paramédicales et vétérinaires sont, pour l’instant, plus accessibles… Ces deux pays envisagent la mise en place de quotas pour restreindre la proportion d’étudiants français dans leurs amphis. Chaque étudiant inscrit en PCEM 1 émet un vœu d’orientation par filière mais, au final, il est orienté en fonction de son classement. Ainsi, il est possible de viser médecine et de se retrouver en dentaire ou en école de sage-femme… « Les étudiants ont environ une chance sur trois d’exercer une profession de santé », estime Jean-Luc Debru, vice-président Santé de l’université Joseph-Fourier-Grenoble-I. Bon à savoir, à ceci près que d’un métier à l’autre salaires et statuts varient notablement… Pour ceux qui parviennent à décrocher le concours, les études sont longues et comportent toutes un volet pratique considérable au travers de stages en milieu hospitalier. Il faut compter quatre ans pour devenir sage-femme, six pour devenir pharmacien ou dentiste, huit pour devenir généraliste et jusqu’à onze ans pour certaines spécialités médicales pointues. Toujours motivés ?

MEDECINE : plus de places, mais encore plus de candidats Pénurie ou pas, inutile de se lancer dans cette voie sans une solide motivation. e nombre de places offertes chaque années aux jeunes aspirants médecins a presque doublé en cinq ans… Et

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cela se sait : les candidats sont chaque année plus nombreux à se bousculer dans les amphis de médecine. « Quand nous avons 10 places supplémentaires au concours, ce sont 100 candidats de plus qui s’inscrivent », évalue JeanLuc Debru, le vice-président Santé de l’université de Grenoble-I. Cette année, à Grenoble, 1 206 candidats se sont ainsi partagés 166 places. Ils étaient 1 929 à Bordeaux pour 355 places. D’une académie à l’autre, on le voit, les chances de réussite varient sensiblement. Un point à prendre en considération au moment de s’inscrire ici ou là. Au total, 7 000 places sont à prendre en 2006.

LE TRAVAIL, ENCORE ET TOUJOURS Pour passer le cap de cette première année, en théorie ouverte à tous les bacheliers, mais en réalité fréquentée par 95 % de bac S (le plus souvent avec mention), il n’y a qu’une seule recette : le travail ! « Et plus particulièrement, le potentiel de travail », corrige Michel Bismuth, généraliste et enseignant à la faculté de Toulouse. En première année de médecine, il faut être capable de travailler sept jours sur sept de 8 heures à 20 heures. Pour y parvenir, plusieurs paramètres comptent : une bonne hygiène de vie, un milieu familial porteur, et surtout la capacité à se créer tout seul un cadre de travail, ce qui n’est pas au programme de la fac ! La plupart des matières étant totalement nouvelles (génétique, anatomie, histologie embryologie, biochimie, biophysique), tout le monde se retrouve à égalité. Mais si le programme est national, chaque fac est libre de l’appliquer comme elle l’entend. Il faut donc se renseigner auparavant sur la façon dont l’enseignement est organisé. Pour accompagner les étudiants de première année, plusieurs universités ont mis en place une formule de tutorat dispensé par des étudiants de deuxième ou troisième année. La méthode a fait ses preuves et évite à certains de perdre pied dans les deux mois… A l’université Joseph-Fourier de Grenoble, depuis la rentrée 2006, une réforme pédagogique modifie considérablement le déroulement de la première année. Son objectif est de « favoriser l’interactivité entre enseignants

A SAVOIR MEILLEUR QUE MEILLEUR Pour réussir le concours de PCEM 1, il ne suffit pas d’être bon, il faut être le meilleur ! Ainsi les étudiants qui obtiennent un minimum de 10/20 au concours mais ne sont pas admis dans le numerus clausus sont considérés comme des reçus-collés. Ils ont alors le choix entre retenter leur chance l’année suivante ou se réorienter en fac de sciences où ils bénéficient d’équivalences. A titre d’exemple, en 2005, à l’université de Grenoble, plus de 60 % de l’effectif a été reçu-collé avec plus de 10 au concours…

REPÈRE Une réforme visant à mettre en place une première année commune pour les 14 professions de santé est toujours dans les cartons. L’objectif ? Faciliter les réorientations des candidats qui échouent en médecine vers des professions médicales ou paramédicales qu’ils n’avaient peut-être pas envisagées.

et étudiants », explique Jean-Luc Debru. Il s’agit de distribuer aux étudiants des cours pré-enregistrés par les enseignants sur DVD. « Un système qui ne remplace pas forcément la prise de notes, mais qui garantit au moins de travailler à partir de données exactes. » Exit donc les traditionnels cours magistraux dans lesquels les étudiants captaient un mot sur deux dans des amphis bondés… Le tout est complété par des séances de TD sous forme de questions-réponses par groupes intermédiaires de 200 étudiants ; puis par des travaux pratiques en petits groupes de 35 personnes dispensés par des tuteurs.

UN LONG PARCOURS En médecine, ceux qui passent le cap de la première année ont une carrière assurée, mais ils ne sont pas encore au bout de leur peine. Il faudra encore huit ans à ceux qui décident de devenir généralistes et jusqu’à onze ans de plus pour certaines spécialités pointues. En effet, à l’issue du concours, les étudiants effectuent cinq années de tronc commun au cours desquelles il leur suffit désormais d’avoir la moyenne pour passer en année supérieure. « Il y a encore plus de travail qu’en première année », prévient Michel Bistmuth. Virginie, aujourd’hui étudiante en troisième année, se souvient : « En quantité de travail, c’est équivalent, mais on gère tout différemment, car il y a

A LIRE > LES MÉTIERS DE LA MÉDECINE ET DE LA PHARMACIE

Laétitia Brunet, collection l’Etudiant, 11,5 €. MÉDECIN DE BANLIEUE Marc Antoine de Peretti, chez Michel Lafon. 18 €. Loin de l’ambiance feutrée des cabinets du centre-ville, le témoignage de ce médecin de banlieue illustre la réalité parfois pénible de l’exercice de la médecine. A mettre entre toutes les mains des futurs praticiens.

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TEMOIGNAGE VIRGINIE, étudiante en 3e année « J’hésite encore entre l’hôpital et le cabinet. Quand je me suis inscrite en médecine, je voulais absolument faire de la chirurgie orthopédique. Aujourd’hui, après un stage infirmier réalisé dans un service d’obstétrique, et un autre dans un service de cardiologie, les choses sont moins arrêtées. Je me dis que la pédiatrie ou même la médecine générale, c’est bien aussi. De même, j’hésite entre l’hôpital et le cabinet. Je trouve qu’à l’hôpital on passe trop de temps dans les paperasses. En revanche, quand j’ai la possibilité d’échanger avec les malades et avec les internes ou les médecins sur des questions médicales, j’apprécie. Une chose est sûre, je choisirai des conditions d’exercice qui me permettront de composer avec ma vie privée. »

A CLIQUER > Le site du conseil national de l’ordre des chirurgiens dentistes : WWW.ORDRE-CHIRURGIENSDENTISTES.FR

moins de pression. » Pendant le deuxième cycle, les étudiants découvrent véritablement les matières médicales et ils effectuent des stages hospitaliers qui leur permettent de se rendre compte des réalités du métier. « C’est le moment où l’on sent qu’on devient vraiment étudiant en médecine. On entre dans le vif du sujet », raconte Virginie, aujourd’hui en stage tous les matins dans un service de cardiologie à Lyon. Très prochainement un stage en cabinet devrait venir compléter la panoplie des stages en hôpital, un bon moyen d’informer les étudiants sur cette spécialité qu’ils sont nombreux à dénigrer. A l’issue de la sixième année, les étudiants passent les épreuves «classantes» nationales (ECN), un examen qui remplace depuis 2004 le fameux concours de l’internat. Désormais, la médecine générale est donc une spécialité à part entière. Les ECN sont des épreuves rédactionnelles de cas cliniques. Chaque étudiant choisit une spécialité et une ville en fonction de son classement pour exercer son internat ; un principe qui garantit même au dernier du classement de devenir médecin (mais sans choisir ni spécialité ni affectation). A ce stade, les étudiants deviennent internes en médecine et sont rémunérés entre 1 600 € et 2 000 € brut par mois.

QUELLE SPECIALITE ? Parmi les voies les plus prisées : les spécialités médicales (dermatologie,

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radiologie, cardiologie, gynécologie, pédiatrie…), « elles attirent parce qu’il n’y a pas d’urgence », détaille Michel Bismuth, suivies par des spécialités chirurgicales « soft » comme l’ophtalmologie et, en dernier lieu, la médecine générale. « Spécialité qui souffre du cliché du médecin corvéable à merci dans la campagne profonde », poursuit-il. Ainsi, en 2004, 33 % des postes ouverts en médecine générale n’ont pas été pourvus. Pour exercer, les jeunes médecins ont le choix entre l’installation en cabinet ou l’hôpital. Mais la tendance actuelle est à tester des modes d’exercices différents avant de choisir. Ainsi, beaucoup préfèrent enchaîner des remplacements ou faire de la médecine d’urgence avant de visser leur plaque. Ceux qui s’installent sont désormais près de 44 % à s’associer, pour concilier plus facilement travail et mode de vie. Pour les mêmes raisons, les hôpitaux peinent à recruter en particuliers des chirurgiens ou des anesthésistes, des spécialités réputées lourdes en termes de nombre d’heures et de responsabilités.

DENTAIRE : la tête et les mains La profession garantit toujours des salaires attrayants et des horaires un peu moins pénibles que chez les médecins. Maladroits s’abstenir. entiste, voilà encore une profession qui fait recette ! Mais les purs matheux n’ont qu’à bien se tenir et garder à l’esprit que le métier de dentiste nécessite également une grande dextérité et des qualités manuelles pour soigner en douceur les bouches de leurs patients. Bien sûr, pour embrasser une carrière de dentiste, il faut d’abord franchir le cap du difficile concours de PCEM 1 (commun aux futurs médecins et sages-femmes), puis encore effectuer un parcours jalonné de stages qui dure de cinq à sept ans (selon la spécialisation choisie), pour obtenir enfin le diplôme tant convoité de docteur en chirurgie dentaire.

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DE LA THEORIE A LA PRATIQUE La première année, strictement scientifique, est consacrée à l’acquisition de connaissances générales et est sanctionnée par ce fameux concours commun qui laisse de nombreux candidats sur le carreau… En 2005-2006, le numerus clausus qui réglemente l’accès aux facultés d’odontologie était fixé à 977 places, identique à celui de l’année précédente. Ceux qui décrochent le sésame effectuent d’emblée un stage infirmier d’une durée de un mois en milieu hospitalier afin d’apprendre quelques gestes de base : prise de tension, prise de sang… Obligatoire avant l’entrée en deuxième année. Là, ils seront sans doute frappés par le changement radical d’ambiance. Dans les 16 facs d’odontologie, les étudiants de deuxième année bénéficient naturellement de coups de pouce ou de tutorat de la part d’étudiants de troisième ou de quatrième année, fini l’ambiance concours et la pression ! Le programme comprend encore une part importante de matières théoriques et scientifiques telles que la physique, la biophysique, le traitement de l’image et plus particulièrement médicales comme l’anatomie, la bactériologie, la virologie, l’hématologie ou l’oncologie fondamentale. Plusieurs matières consacrées aux disciplines odontologiques permettent aux étudiants d’entrer dans le vif du sujet. Elles sont assorties des premiers travaux pratiques effectués sur des dents… en résine. C’est en troisième année que les matières spécifiques prennent tout leur poids, orthopédie dento-faciale, parodontologie, imagerie… Dans le même temps, les étudiants continuent à se faire la main sur des masques en plâtre ou en résine. Au cours des deuxième et troisième années les étudiants accomplissent 100 à 150 heures de stages cliniques dans des services d’odontologie. En quatrième année, ils commencent à s’exercer sur de vrais patients dans des centres de soins, sous l’œil attentif de leurs enseignants. C’est aussi au cours de cette année qu’ils effectuent plusieurs stages cliniques : en service odontologique, dans un service de réanimation ou aux urgences et enfin un stage d’initiation à la vie professionnelle d’une durée de

REVNU ANNUEL NET MOYEN EN EUROS PAR SPECIALITE, MEDECINS LIBERAUX

ANESTHÉSISTE-RÉANIMATEUR RADIO-ÉCHOGRAPHE CHIRURGIEN OPHTALMOLOGISTE CARDIOLOGUE GASTRO-ENTÉROLOGUE ORL PNEUMOLOGUE GYNÉCOLOGUE-OBSTÉTRICIEN RHUMATOLOGUE DERMATOLOGUE MÉDECIN GÉNÉRALISTE NEUROPSYCHIATRE PÉDIATRE MÉDECIN REMPLAÇANT

vingt-cinq demi-journées chez un chirurgien dentiste ou un stomatologiste. A l’issue de cette dernière année du second cycle, les étudiants passent le certificat de synthèse clinique et thérapeutique (CSCT). Ce diplôme national leur permet d’exercer par le biais des remplacements, mais pas encore de s’installer, car la thèse est indispensable pour cela. Les étudiants s’inscrivent ensuite en troisième cycle. Ils ont alors le choix entre le troisième cycle court et l’internat troisième cycle long. Le troisième cycle court dure un an et il est choisi par la grande majorité des étudiants qui souhaitent ouvrir leur cabinet. Ils y complètent leurs connaissances sur l’économie de la santé, la psychologie, l’ergonomie, la déontologie et la réglementation professionnelle et acquièrent des notions de gestion et de comptabilité. Ce cycle court se termine par la soutenance d’une thèse. Ceux qui optent pour l’internat troisième cycle long (trois ans) doivent passer le concours national de l’internat. Comme en médecine, les reçus choisissent selon leur rang de classement le centre hospitalier et le poste dans un service de soins. Pendant ces trois années, ils effectuent six stages hospitaliers d’un semestre chacun. Ils valident leur internat par l’obtention de l’attestation d’études approfondies (AEA). Les internes se destinent ensuite à des carrières hospitalières,

130 975 118 255 108 499 104 519 101 331 86 791 78 291 74 947 71 056 70 784 65 859 64 926 60 223 59 633 32 747

LES TROIS PLUS FORTES DENSITES DE DENTISTES > PARIS : 1 pour

637 personnes > ALPES-MARITIMES : 1 pour

761 personnes > HAUTE-GARONNE : 1 pour

868 personnes

LES TROIS PLUS FAIBLES DENSITES DE DENTISTES > ORNE : 1 pour 2 477 personnes > CREUSE : 1 pour 2 489 personnes > SOMME : 1 pour 2 514 personnes

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TEMOIGNAGE NATHALIE a choisi l’officine « Dès ma première année de pharma, je savais que je voulais me diriger vers l’officine. Je me suis quand même reposée la question tous les ans, mais mes premiers stages ont achevé de me convaincre ! Je me suis sentie comme un poisson dans l’eau tout de suite. J’apprécie tout particulièrement le contact avec les clients, ainsi que l’aspect gestion d’une petite entreprise. Car un pharmacien ne fait pas que distribuer des médicaments, il gère aussi les stocks, son équipe et il fait le lien entre le médecin et le patient. Je suis faite pour ça ! »

LES PHARMACIENS EN CHIFFRES > 71 747 pharmaciens

étaient inscrits à l’ordre au 1er janvier 2006, dont 65 % de femmes et 35 % d’hommes. > 39 % sont titulaires d’une officine. > 36 % sont adjoints (salariés) dans une officine. > 5 % travaillent dans l’industrie. > 11 % sont pharmaciens biologistes. > 9 % autres.

ou encore à l’enseignement ou à la recherche. Ceux qui souhaitent se spécialiser dans l’orthodontie doivent obtenir le CECSMO (certificat d’études cliniques spéciales mention orthodontie), un diplôme qui s’obtient en quatre ans après le doctorat.

PHARMACIE : de belles places à prendre En officine, dans l’industrie, à l’hôpital ou en labo, les pharmaciens ont la garantie d’une belle carrière. Avis aux amateurs… es études de pharmacie, accessibles elles aussi par concours et soumises à un numerus clausus, sont un peu plus ouvertes que celles de médecine ou d’odontologie. La raison ? Des candidats moins nombreux qu’ailleurs. Ils étaient 8 000 pour 2 990 places en 20052006 (200 places de plus que l’an passé), soit un taux de réussite de 37 %. Ce n’est évidemment pas pour autant une promenade de santé. Les études sont longues : six ans pour travailler en officine et neuf pour l’internat qui mène à une des carrières hospitalières, dans des collectivités, ou dans des laboratoires en ville. Les programmes sont, quant à eux, intenses et chargés en chimie et en biologie. Mais le jeu en vaut largement la chandelle car, à la sortie, les possibilités sont nombreuses que ce soit en milieu hospitalier, en labo-

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ratoire ou dans l’industrie pharmaceutique. Un secteur qui a le vent en poupe et que les étudiants choisissent d’ailleurs volontiers.

UN CONCOURS DIFFICILE Mais le cap indispensable à franchir pour devenir pharmacien reste le fameux concours à l’issue du « premier cycle d’études pharmaceutiques » (PCEP 1). Une année où l’ambiance est bien sûr celle d’un concours, mais nettement moins tendue que dans les facultés de médecine. La concurrence est moins exacerbée, néanmoins il faut travailler de façon régulière si l’on veut avoir une chance de décrocher sa place en deuxième année. Nathalie, membre de l’association des étudiants en pharmacie inscrite en quatrième année à Marseille, se souvient : « La première année n’est pas plus facile qu’en médecine. Avant de s’inscrire, il faut être certain que l’on arrivera à travailler seul. Sinon, c’est l’échec assuré. » Au programme : la chimie sous toutes ses formes (minérale, organique, analytique…), mais aussi de la physique, des maths, des statistiques, de la biologie cellulaire ou encore de la génétique. Lors du concours, les étudiants sont évalués sous la forme de questionnaires à choix multiples ou de questionnaires à réponse ouverte courte. Selon les universités, la préférence est donnée à l’un ou l’autre de ces deux modes d’évaluation. Pour faciliter les révisions des étudiants, certaines ont mis en place, comme en médecine, un système de tutorat. Une formule qui permet à chacune d’évaluer son niveau tout au long de l’année. Ceux qui décrochent le concours arrivent en deuxième année, et il leur suffira désormais d’un dix de moyenne générale pour passer au niveau supérieur. Même chose pour l’accès en quatrième année. « De nombreux étudiants relâchent la pression en deuxième année et ils passent leurs examens en septembre », prévient toutefois Nathalie. Ces années soutenues font la part belle aux travaux pratiques. Les étudiants y apprennent à séparer des produits, à extraire des composés, à concocter poudres et pommades. La théorie tient aussi une large place, c’est le moment d’acquérir toutes les notions de com-


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position des médicaments, leurs molécules, leurs propriétés… En quatrième année, les étudiants choisissent deux unités d’enseignement en fonction de leur future orientation, l’officine ou l’industrie… parmi une quinzaine d’options. En cinquième année, appelée hospitalo-universitaire et qui correspond au début du troisième cycle court, les étudiants se confrontent enfin réellement au métier. Tout au long de l’année, en effet, ils passent leurs matinées en stage à l’hôpital et leurs après-midi en cours. Pour obtenir enfin leur diplôme de docteur en pharmacie, ils devront au cours d’une sixième et dernière année valider leurs ultimes unités d’enseignement à la fac, effectuer un stage de six mois (en officine ou dans l’industrie) en fonction de l’orientation choisie et soutenir une thèse de fin d’études. Ceux qui optent pour l’internat présentent quant à eux le concours en général à la fin de la quatrième année. Ils se lancent alors dans un troisième cycle long. Quatre années au cours desquelles ils effectuent six semestres de stages à l’hôpital et rédigent une thèse. En internat, les étudiants ont le choix entre quatre filières distinctes, biologie médicale (pour travailler dans un laboratoire d’analyses), pharmacie hospitalière et des collectivités, pharmacie industrielle et biomédicale (qui mène à l’industrie) et enfin la pharmacie spécialisée (pour faire de la recherche et enseigner).

VETERINAIRE : des étudiants triés sur le volet Les places offertes au concours sont rares et les études ardues : l’accès à ce métier reste réservé à des passionnés. e concours qui permet d’entamer des études vétérinaires compte parmi les plus sélectifs de tout l’enseignement supérieur. L’accès à la profession est en effet régi par un numerus clausus plus qu’étroit avec 372 places seulement à la dernière rentrée pour près de 2 000 candidats. Le concours

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qui mène à l’une des quatre écoles vétérinaires françaises (Lyon, MaisonsAlfort, Nantes, Toulouse) se prépare dans une quarantaine de classes préparatoires publiques (et donc gratuites !) dans toute la France. C’est le concours A. Mais les écoles de vétérinaires recrutent aussi les titulaires d’un Deug de Sciences mention Sciences de la vie (concours B), ceux d’un BTS ou d’un DUT (concours C), ou encore les médecins, pharmaciens, dentistes (concours D).

DES COURS PLUS CONDENSES Depuis trois ans la classe préparatoire, intitulée Biologie-chimie-physiquesciences de la vie et de la Terre (BSPST), accueillent les étudiants de véto et ceux d’agronomie. Elle ne dure donc plus une année, mais deux. L’intérêt de cette réforme ? Permettre aux étudiants qui ratent finalement le concours de vétérinaire de se réorienter vers les écoles d’ingénieurs en agronomie. Revers de la médaille, ceux qui intègrent une des quatre écoles effectuent désormais leur cursus en quatre ans au lieu de cinq. Un détail qui a rendu les études de vétérinaires incompatibles avec le système du LMD… Et il faut désormais enseigner en quatre ans ce qui se faisait en cinq, « nous avons perdu 25 % du volume enseigné », explique-t-on à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort. Les cours sont donc plus condensés et pour les étudiants la charge de travail est supérieure. Certaines matières comme la génétique et la biologie moléculaire ont ainsi été regroupées, englobant dès le début des notions de génétique pure. Les travaux pratiques d’anatomie et de dissection sont aussi au menu de cette première année. Dès la deuxième année, les étudiants commencent à s’entraîner dans les modules cliniques sur de vrais animaux sous l’œil attentif d’étudiants en dernière année. Ils passent ainsi l’équivalent d’une semaine par trimestre dans les différentes cliniques des écoles qui sont par ailleurs ouvertes au public. Ils apprennent tous les gestes de leur futur métier : la chirurgie, la parasitologie, la vaccination… Et poursuivent leur apprentissage en troisième année. La quatrième année est celle de la spé-

A CLIQUER > Le site de l’Ordre des

vétérinaires, WWW.VETERINAIRE.FR

La cote des diplômes

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TAUX DE REUSSITE AU CONCOURS VETERINAIRE 2005 > Concours A

(véto-agro) 184 admis pour 1 341 inscrits > Concours B (Deug) 20 admis pour 331 inscrits > Concours C (BTS-DUT) 15 admis pour 148 inscrits > Concours D (médecins, pharmaciens, dentistes) 2 admis pour 41 inscrits Source DGER.

cialisation (canine, mixte, équin…) à l’issue de laquelle les étudiants ont le choix de s’arrêter et de se lancer sur le marché du travail ou de rempiler pour trois années supplémentaires afin de se spécialiser dans un domaine pointu (ophtalmologie, cancérologie, chirurgie…). Actuellement près de 80 % des diplômés exercent en libéral et, parmi eux – 84 % sont des hommes –, la moitié a opté pour la spécialité canine (pour soigner les animaux de compagnie) qui est largement saturée. On manque surtout de vétérinaires ruraux ou à même d’exercer dans l’industrie agroalimentaire. Et, dans certaines régions, le marché est franchement saturé : c’est le cas de l’Ile-de-France, la Région Paca, Rhône-Alpes ou encore la Bretagne. C’est pourquoi il est vivement conseillé aux jeunes diplômés d’effectuer une sérieuse étude d’implantation dans la région ou le département convoités avant de s’y installer.

SAGE-FEMME : la pénurie grandit Plus que jamais on manque de professionnels de l’accouchement dans les hôpitaux, mais là encore, le concours reste sélectif. n l’ignore souvent, mais pour entrer dans une école de sage-femme, il faut avoir réussi le concours de première année commun aux études de pharmacie et dentaire… Et comme les autres professions médicales, l’accès est soumis à un numerus clausus. Après avoir pas mal augmenté ces dernières années, il est fixé désormais à 1 000 places. Impossible d’indiquer précisément le taux de réussite, puisque les étudiants sont orientés en fonction de leurs vœux et que le ministère n’en communique pas le détail.

O

A CLIQUER > Site de l’Ordre national

des sages-femmes : WWW.ORDRE-SAGESFEMMES.ORG

UNE FORMATION A ECHELLE HUMAINE Le métier s’apprend dans une des 35 écoles agréées par l’Etat. Ici, rien à voir avec les grands amphis de dentaire,

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pharma ou médecine, les promo sont réduites (en moyenne 30 étudiants), et les profs connaissent les étudiants par leur prénom. La scolarité dure quatre ans, elle est organisée en deux cycles distincts. Pendant ces cycles les apprenties sages-femmes ingurgitent de nombreuses matières théoriques (anatomie, pharmacologie, embryologie, santé publique) associées à des matières plus spécifiques au métier (obstétrique, gynécologie, pédiatrie, puériculture, néonatalogie…). Les étudiants apprennent aussi les gestes infirmiers : prise de sang, pose de cathéter, et alternent stages et cours à l’école. A la fin de la deuxième année, les futures sages-femmes sont capables de réaliser un accouchement sous la responsabilité d’une sage-femme expérimentée. Le deuxième cycle est plus largement consacré aux pathologies aux grossesses à risques. Quant à la quatrième et dernière année, elle fait une large place aux stages, elle comprend aussi la rédaction d’un mémoire de fin d’études obligatoire pour l’obtention du diplôme. On comptabilisait, fin 2004, 17 750 sages-femmes inscrites au Conseil de l’ordre. Parmi lesquelles 79 % exercent en structure hospitalière (qu’elle soit publique ou privée), 14 % en cabinet et 4 % en PMI. Mais dans les rangs de la profession, les esprits s’échauffent. Françoise Bicheron, la présidente de l’Ordre confirme « un déficit de 3 000 sagesfemmes en milieu hospitalier ». Pourtant, la raison invoquée au ministère pour geler le numerus clausus est le manque de terrain de stage pour accueillir les étudiants. « Une aberration ! », pointe la présidente, « quand on sait que la France accueille de nombreux étudiants belges sur son territoire. » Car après le plombier polonais voilà la sage-femme belge. « Elles ne sont pas sages-femmes, mais infirmières accoucheuses, et leur formation théorique ne leur donne pas un champ de compétences identique au nôtre, nous avons d’ailleurs beaucoup de mal à les utiliser dans les hôpitaux français », affirme la spécialiste. En effet, la Belgique délivre une formation plus ouverte, sans concours, avec un simple examen final, très courue d’ailleurs par les étudiants français…


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Rejoindre une École présente dans 10 pays… ….Se préparer aux métiers du management international.

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Rejoindre une École innovante ... se préparer aux métiers du management dans les environnements technologiques. • Les bases du management, la dimension technologique en plus • La préparation aux nouveaux métiers du management • Des méthodes de travail innovantes et originales • Les moyens d’une Grande École de Management • Une 5ème année : > à l’étranger - “Master IPBS” dans 2 pays > en Management et Technologie à l’École Centrale de Paris RECRUTEMENT Bac + concours TEMA 59 rue Pierre Taittinger - BP 302 51061 Reims Cedex - France Tél. : 33 (o)3 26 77 47 47- Fax : 33 (o)3 26 04 69 63 service.com@reims-ms.fr

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Pluridisciplinaire et ouvert sur le monde : Bienvenue au Groupe ESC Troyes International Management

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EMVOL, Ecole Internationale de Tourisme Bac+3/+5 accessible après le bac ou un bac+2/+3/+4 ESAA, Ecole Supérieure d'Arts Appliqués Bac+3 accessible après le bac ou un bac+2 Management du sport

MBA, Business Culture in South America and Europe Programmes Master : Ingénierie et Management du Sport (Master Diplôme d'Etat)* Ingénierie des Connaissances et Management des Communautés (Master Diplôme d'Etat)* Executive Education : Formation continue Chaire : Innovation and Entrepreneurial Management avec la Technopole de l'Aube en Champagne *Accessible dans le cadre du double-diplôme ESC Master Grande Ecole en partenariat avec l'Université de Technologie de Troyes

www.groupe-esc-troyes.com Contact : Stéphanie Bonnet : +33 (0)3 25 71 22 22 ou par email : infos@groupe-esc-troyes.com - web : www.groupe-esc-troyes.com Groupe ESC Troyes : 217, avenue Pierre Brossolette - BP 710 - 10002 Troyes Cedex - France


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