WAS Magazine • We Are Strasbourg • N°00

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WAS MAGAZINE WE ARE STRASBOURG

GRATUIT

Numéro Zéro

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CULTURE l MUSIQUE l MODE l SORTIES l LITTÉRATURE l ARTS l RENCONTRES l PHOTOS l IDÉES l ADRESSES l CRITIQUES...

Novembre/Décembre 2011


INOVENCE Notre nouvelle agence est ouverte depuis le 04 Octobre 2011. Agent Général christophe.kaesser@mma.fr

Agence Strasbourg 32 Bld Clémenceau 67000 Strasbourg Tel. 0820 205 207 Fax : 03 88 25 04 75

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C’EST QUOI CE MAGAZINE ? We Are Strasbourg débarque sur la ville. Une seule idée en tête, vous mettre entre les mains un magazine culturel, pratique et fun. Des infos, des insolites, des idées, un petit guide pour vous en apprendre tout en vous divertissant. Où aller, que faire, quoi découvrir, écouter, porter, lire, voir... De quoi tenir bon malgré cette rude rentrée !

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OURS

WE ARE STRASBOURG L’ÉQUIPE WAS PUBLICATION ET DE RÉDACTION • Mathieu Wolfersperger DIRECTEUR PHOTO • Vincent Muller RÉDACTRICE MODE • Marie-Catherine Brandstetter GRAPHISME/MAQUETTE • Alban Secula / Sven Lallart RELECTURE ET CORRECTION • Sasha Kaesser

CONTRIBUTEURS RÉDACTEURS • Mounir Belhidaoui / Xavier Lacombe / Axelle Hoffmann Mylène Specklin / Nicolas Hecquet / Sasha Kaesser / Vivien Zell Volkan Dulkadir / Éric Genetet / Rachelle Sturtzer / Candice Soler-Couteaux PHOTOGRAPHES • Vincent Muller / Henri Vogt / Kilian Fritsch Candice Soler-Couteaux / Nicolas Hecquet / François Klein ASSISTANTE PHOTO • Juliette Simon ILLUSTRATEUR • Gilles Dillenseger MAQUILLAGE • Charlotte Gavet-Durr COIFFURE • Ludovic Dollé pour Foreign MANNEQUINS • Marie Hauss / Hélène Dossman / Ludovic Distel DIFFUSION • L’équipe WAS Crédit couverture Frédéric Beigbeder : Photo par : François Klein Ce bimestriel est édité par Untamed’Press 1, rue de l’Épine - 67000 Strasbourg - S.A.R.L au capital de 2000 euros Impression : Tezida - 10, rue Viskyar Planina - 1407 Sofia - Bulgarie www.tezida.com - office@tezida.com

Dépôt légal : Octobre 2011 Exemplaires : 5 000 SIRET : 533 892 66700015 - ISSN : En cours

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SOMMAIRE

NUMÉROZÉRO

SOMMAIRE 10 / ÉDITORIAL 12 / BEIGBEDER / LIBERATI 14 / STRASBOURG BY WAS 16/19 • Lomographie 20/21 • La Place Kléber 22/23 • La Place du Marché Gayot

24 / RENCONTRES 24/37 • Des visages, des noms, des idées !

38 / CULTURE 40/48 • Daniel Payot 43/48 • Littérature 49/54 • Musique 55/64 • Art

65 / WAS THAT ? 70 / MODE 70/79 • Tradi-chic 80/81 • Vend’homme

82 / MA WAS IN... 84 / DOSSIER WAS 86/89 • The place to goûter 90/95 • Sur le pouce

96 / LE MONDE BY WAS 98/103 • Fritsch Kilian 104/113 • Muller Vincent

114 / SÉLECTION WAS 120 / DES MOTS DE RACHEL 126 / WAS DATES

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ÉDITORIAL

ÉDIT RIAL La rentrée est un moment de souffrance. Votre bronzage déserte au fil des heures. Vous pleurez parfois de tristesse, lorsque vous retrouvez un peu de sable dans les poches de vêtements qu’il faudra bientôt enfouir dans vos armoires. Vous tremblez, de froid et de désarroi, rangeant votre maillot de bain, dans un dernier adieu.

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TOL

Vous reniflez quelques larmes, regardant les photos de vous sur la plage, vous dans l’eau, vous la gueule de bois, vous bronzé(e), vous et votre bonheur révolu. Il va encore falloir quelques somnifères pour traverser la nuit à venir, et des tonnes de laine pour l’automne qui approche. Oh bien sûr, il reste bien quelques terrasses, quelques soirées sans pull. Mais vous sentez déjà rôder le désenchantement qui succède aux douceurs de l’été. N’ayez pas peur de le dire, vous avez peur. Peur du travail, du froid, de la ville, du tram et de l’épidémie de gastro qui ne va pas tarder. WAS s’est soucié de votre santé, de votre moral en berne, de votre teint pâle à l’approche d’une nouvelle année de travail. N’ayez crainte, nous avons pensé à vous. Pour cette rentrée 2011, We Are Strasbourg s’occupe de vous, et lance son magazine. Un regard nouveau sur votre ville et ses habitants. Un magazine sur les gens, ceux qui travaillent, ceux qui créent, ceux qui oeuvrent dans l’ombre sans que vous ne les voyiez, ceux qui s’exhibent, ceux qui s’amusent, ceux qui veulent améliorer votre quotidien, ceux qui n’ont pas de place dans la presse gratuite. WAS va à leur rencontre. Les artistes, les commerçants, les créateurs de mode, les protagonistes de la culture, les écrivains, journalistes, étudiants, modèles, musiciens de quoi en apprendre sur Strasbourg, vous faire découvrir un lieu, une anecdote. Avec une touche de culture, sans prétention mais toujours juste, vous avez enfin entre vos mains un agenda complet des activités et soirées à ne pas manquer. Que vous soyez plutôt fougueux, en éternelle quête du lieu où « ça va bouger » ce week-end, ou que vous scrutiez l’évènement culturel à ne pas manquer, WAS est le magazine qu’il vous faut. Parce que de la culture au divertissement, de la mode au savoir, il n’y a qu’un pas, la rédaction met un point d’honneur à aiguiser votre savoir tout en suscitant votre intérêt. Un zoom sur la ville, une nouvelle vision de ce qui vous entoure. Un seul mot d’ordre, l’émergence ! WAS met entre vos mains la tendance d’aujourd’hui et de demain. 132 pages qui vous ressemblent. Détendez-vous, c’est WAS qui régale !

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EN COUVERTURE

BEIGBEDER/LIBERATI Lors de leur venue pour les Bibliothèques Idéales organisées par la ville, Frédéric Beigbeder ainsi que son ami et auteur Simon Liberati, qui signe « Jayne Mansfield 1967 » ont accepté notre invitation à discuter autour de leurs livres. Décontractés et plutôt d’humeur joviale, la conversation se lance sur une quête de… Bar à Striptease. Photos par : Vincent Muller

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Au delà de l'hommage aux auteurs contemporains, et vivants de surcroit, on pourrait croire que le " Premier Bilan après l’apocalyspe " de Frédéric Beigbeder est un nouveau livre mégalo et inutile, puisqu'il s'agit d'une liste subjective de livres. Il y dresse en effet une liste de cent ouvrages, accompagnée d’une brève biographie. Pour choisir les ouvrages, l’auteur nous livre 10 critères qui semblent, à ses yeux, de bonnes motivations de « rencontrer » les auteurs à travers leurs livres. La tronche de l’auteur, l’arrogance, le snobisme ou encore l’érotisme font partie des critères incontournables. Mais outre l'essai dans sa globalité il faut se pencher sur le Making of, préface qui semble être la partie la plus importante du tout, et sans doute les seules pages qu'il nous faudrait sauver de l'apocalypse. Un climat de guerre pour le livre donc, un combat dans lequel s'est lancé Beigbeder pour sauver le papier, « l'objet auquel pense l'auteur durant son projet d'écriture ». Combat pour l'édition, les librairies, les bibliothèques. Pour parler des librairies justement, il utilise l'imparfait. Car si c'est en homme apaisé qu'il se présente à nous, il reste néanmoins concerné par la question de l’avenir du livre en tant qu’objet. Comme si une page avait été tournée dans le monde du livre… signant sa fin programmée selon lui, dans quelques années. Mais très vite, la discussion dévie vers moins de sérieux, lorsque Liberati s'inquiète lui, de la fin des fromages. Une manière de relativiser, sans doute. Nous abordons alors avec Simon Liberati la question de la description de cadavres et l'analyse de la vie de Jayne et très vite ils reprennent leur sérieux. L’auteur de « Jayne Mansfield 1967 » nous livre les motivations de son roman : " Jayne est un de mes vieilles passions. j'avais 7 ans à l'époque de sa mort et j'en ai encore un souvenir très frais. " C'est une véritable icône a ses yeux, du fait ses 14 salles de bains, 40 chiens, son parc automobile, ses perruques, son mode de vie, sa mort ou encore la taille de son bonnet de soutien gorge... Dont il précise bien qu’il n’en fait que très peu allusion.

Au départ, il voulait faire un livre morbide, « macabre », avec une description de cadavre, cette fameuse voiture dans laquelle Jayne trouva la mort, frappée par un camion et quasi décapitée. Mais petit à petit, au fil des recherches, il a redécouvert la vie de son héroïne et est sorti du « fétichisme cadavérique pour tendre vers plus de romantisme ». Roman descriptif, hommage, et biographie d’une icône. Un livre qui part de la mort pour aller vers la vie, et qui a nécessité plusieurs mois de recherches. La recherche, c’est un point de divergence entre les deux auteurs. Quand Frédéric Beigbeder n’a foi que dans les livres, et encore doit-il les trier, Liberati lui, fait ses recherches sur internet. Name dropping et google earth ont construit ce livre, lui évitant des déplacements. On en apprend donc sur les auteurs en lisant leurs livres. D’un côté un essai, avec le bilan de Beigbeder, pessimiste sur l’avenir du livre, et de l’autre un livre grave abordé avec légèreté par l’auteur lui même. Deux livres a mettre dans la liste de ceux que vous devriez, vous aussi, sauver de l’apocalypse !

Frédéric Beigbeder, Premier bilan après l’apocalypse, Grasset. Simon Liberati, Jayne Mansfield 1967, Grasset.

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STRASBOURG BY WAS Comment regardez-vous votre ville ? L’oeil de WAS sur quelques éléments de notre chère capitale. De la lomographie à un historique de la Place Kléber, sans oublier la très célèbre et vénérée Place du Marché Gayot, vous allez tout voir, et tout connaître des secrets de Strasbourg. Photo par : Vincent Muller

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LOMO GRAPHIE Les appareils « Lomo » présentent une technique rudimentaire mais offrent des capacités sans limites. Les photos qui suivent illustrent chacune un effet que l'on peut obtenir, souvent sans le vouloir, et qui fait tout le charme de la lomographie. Photos et textes par : Nicolas Hecquet

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LE VIGNETTAGE MAMCS / Holga 120 GCFN Ce sont les bords foncés et flous aux coins des photos. Dû aux lentilles « bon marché » de ces appareils, le vignettage permet néanmoins un effet assez sympathique, entre intemporalité et onirisme. Un cliché totalement inattendu, une superposition manquée et l’utilisation d’un flash coloré qui ont donné un vignettage aux nuances indigo rares.

FUITES DE LUMIÈRE Champs de tournesols / LOMO LC-A Ces appareils souffrent d’une finition assez lamentable mais qui n’est pas sans charme ! Les boîtiers peuvent laisser passer la lumière, ayant pour effet de voiler la pellicule. Le développement des photos offre alors un aspect assez mystique au cliché. Ici un voile jaune vient brouiller un champs de tournesols.

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LA SUPERPOSITION Quartier Broglie / Lubitel 166 Universal Très simple à réaliser et avec un rendu toujours surprenant, la superposition d’images est un procédé que les lomographes affectionnent. Réfléchie ou inattendue (si l’on oublie d’avancer la pellicule) ,la superposition permet des correspondances et des allusions intéressantes entre les différents clichés. Ici, un bel entrelacs de toits qui se fondent progressivement dans le ciel.

FORMES & COULEURS Rue du Hohwald / Holga 120 GCFN Les Lentilles installées peuvent interférer les lignes géométriques et les couleurs. On peut alors noter des effets concaves et des couleurs saturées. C’est ce que l’on remarque sur le cliché. La régularité des plans est altérée mais la déformation des lignes laisse aussi le regard apprécier les touches bleues et vertes. L’immeuble pris en photo est un coin de Strasbourg que j’aime beaucoup. Le cliché en donne une représentation sensible que j’apprécie tout autant.

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LA PLACE KLÉBER

Propos de : Volkan Dulkadir Photo par : Vincent Muller

Combien de fois passez-vous, lorsque vous êtes au Centre-ville, par cet endroit ? N’avez-vous jamais croisé quelques bons amis ; donné rendez-vous à d’autres aux pieds de la statue du général qui semble garder un œil à la fois sévère et bienveillant sur le monde qui passe ? Le maintien toujours aussi noble, les cheveux flottants dans le vent lui donnant des airs de héros romantique.

la Révolution, en 1792, que le général fera montre de son talent lors des batailles de la « grande guerre » vendéenne. S’en suivront les batailles de Fleurus en 1794. L’apogée et la fin du brillant général eut lieu lors de la célèbre campagne d’Égypte menée par Napoléon Bonaparte qui lui confia le commandement suprême de l’armée. Ce dernier signera une convention avec l’amiral britannique Sidney Smith, l’un des belligérants de cette guerre qui vit s’affronter les deux puissances Mais, vous, connaissez-vous européennes et l’Empire ottoman. vraiment son histoire ? « Soldats, on ne Mais le Britannique ne respectera pas cet accord et ordonnera aux Français Comme son nom l’indique, cette répond à une telle baisser les armes et de se rendre place est dédiée au général insolence que par des de esclaves, c’est alors que Kléber lança Jean-Baptiste Kléber. Né le 9 mars 1753 à Strasbourg dans victoires, préparez- cette phrase devenue célèbre et immorsous le bas-relief représentant la la rue du Fossé des Tanneurs. vous à combattre ». talisée bataille d’Héliopolis au pied de la staLe petit Jean-Baptiste fera ses tue sur la Place Kléber : « Soldats, on ne études au Gymnase Jean Sturm, répond à une telle insolence que par des victoires, avant de s’engager une prepréparez-vous à combattre ». Lors de cette bataille, le général mière fois, en 1769, à l’armée dans le 1er régiment de hussards remporta une ultime victoire alors qu’il défit 30 000 Ottomans. avant de retourner à Strasbourg pour poursuivre ses études à l’école de dessin pour les arts et métiers. Le 14 juin 1800, le général est assassiné au Caire par un étudiant syrien. Une peinture d’Antoine-Jean Gros représentant cette scène est exposée au musée historique de Strasbourg. Dans En 1777, soit huit années après ses premiers pas dans l’armée, Jean-Baptiste Kléber retourne à l’armée. Deux ans plus tard, il l’esprit des Strasbourgeois, ce ne sera pas cette fin ternie par des actions ignobles qui demeurera, mais celui d’un enfant du Pays sera nommé sous-lieutenant, mais décidera de quitter l’armée qui s’investit avec un talent peu commun dans la défense de sa autrichienne, n’espérant plus aucune promotion. C’est après Quiconque a voyagé ou vécu à Strasbourg connaît la place Kléber. En effet, cette place est considérée par bon nombre de nos concitoyens comme le cœur de notre ville : toutes les grandes animations susceptibles d’être organisées y tiennent place, le centre-ville lui-même semble être articulé autour de cette place qui, aujourd’hui encore, sonne avec cette douce vigueur qui rappelle une gloire passée. Cette place est devenue peu de temps après son édification un pôle vivant et attractif de Strasbourg, si bien que bon nombre de nos ancêtres la considéraient comme représentative de l’âme de la ville.

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« PRÉPAREZ-VOUS À COMBATTRE ».

Strasbourg est la septième ville de France et l’une des seules villes au monde dont le centre soit entièrement classé patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. WAS vous fait découvrir sa place centrale : la Place Kléber en quelques lignes

Elle date du XVIIIe siècle. Jadis elle fut nommée Barfüsserplatz (Place des va-nu-pieds). Elle porte son nom de Place Kléber depuis le 24 juin 1840, date de l’inauguration du mausolée à la gloire de Jean-Baptiste Kléber (cf page de gauche). Durant la guerre, elle fut renommée Karl Roos Platz du nom de l’autonomiste Karl Roos exécuté par les soldats français en 1940. C’est Guy Clapot qui l’a réaménagée en 1994. Dès 1886 et jusqu’en 1960, elle a été le cœur du réseau de l’ancien tramway. Son dernier aménagement date de 2007, conjointement à la restructuration de l’Aubette).

patrie. Après sa mort, les Strasbourgeois demandèrent à récupérer les restes du général pour l’édifice qu’ils voulaient dresser en son honneur. Sous cette statue sculptée par le Phillipe Grass en 1838 repose désormais le général. Pendant l’Occupation, le culte voué au général était toujours vivace. Il était de coutume de fleurir chaque année la tombe de l’enfant du pays.

Les Allemands qui avaient dans un premier temps interdit cette manifestation faite par le bon peuple, s’étaient résignés et avaient fini par laisser les Strasbourgeois célébrer la mémoire de Kléber qui représentait, sans doute, un espoir de liberté.

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« PMG », VALETUDINARIUM, OU COUR-BRÛLÉE, À VOTRE GRÉ ! Propos de : Axelle Hoffmann Photo par : Henri Vogt

Espace emblématique de la vie strasbourgeoise, au charme pittoresque et située en plein cœur du centre historique, la “Am Verbrennte Hoft”, ou Place du Marché-Gayot, est l’une des places les plus courues de Strasbourg.

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« On raconte qu’au XVIIIème siècle étaient logés ici les nains du cardinal de Rohan (...) »

Au cours du XVIIème siècle, le centre strasbourgeois s’éloigne des quartiers jadis centraux devenus malsains, et se déplace vers le secteur de la place Broglie. Des hôtels somptueux accueillent l’afflux de la noblesse française, Strasbourg appartenant à la France depuis 1681. La vieille ville est ainsi délaissée. À l’ère de l’urbanisme

Histoire(s) Pourtant, son histoire ne laissait en rien présager une telle destinée ! Aussi loin que remontent les archives de la Ville, son origine romaine est attestée : à Argentoratum, le Strasbourg antique, l’hôpital des légionnaires – Valetudinarium – y avait ses quartiers. Plus tard, à la Renaissance, elle accueille l’Hôtel canonial des chanoines de Brunswick, chapitres(1) de Strasbourg sur plusieurs générations. Dès le XVIIème siècle, l’Hôtel est encerclé d’un essaim de maisons, pour la plupart insalubres, au centre desquelles trône une chapelle faisant partie de l’Auberge du Perdreau (Zum Rebhum) où s’arrêtent les coches assurant le service de Paris à Strasbourg. En 1682, un incendie déclaré dans l’auberge ravage le quartier : tous les résidents y périssent, les habitations sont entièrement détruites, en particulier l’Hôtel de Brunswick. L’espace devient un terrain vague, alors communément appelé « Cour-brûlée » (Der Verbrennt Hof).

Du XVIIIème au XIXème siècle, les villes françaises se lancent dans des projets d’assainissement de leur centre historique. À Strasbourg, c’est le plan de l’architecte-urbaniste Jean-François Blondel, approuvé par Louis XV en 1768, qui est adopté. La transformation de la Cour-brûlée est confiée en 1769 au prêteur royal François-Marie de Gayot (1763-1768) : elle prend le nom de place du Marché-Gayot, en l’honneur de son créateur et afin de spécifier son nouveau statut de place du marché aux Herbes et à la Volaille. Peu à peu, elle s’entoure de boutiques, puis de petites maisons d’habitation à un ou deux étages aux détails insolites : les maisons du côté de la rue du Chapon et de la rue des Sœurs ont, par exemple, des portes très basses. Le poète JeanPaul Klée en donne l’explication suivante(2) : « on raconte qu’au XVIIIème siècle étaient logés ici les nains du cardinal de Rohan, vous savez, les fous et bouffons qui amusaient le prince, danseurs, acrobates ou musiciens, ils jaillissaient à l’imprévu d’un buisson, d’un paravent, d’un escalier ou d’un vol-au-vent, d’une fontaine de liqueurs ou d’un pâté oriental recouvert de plumes de paon !...»

Une nouvelle vie commence pour la désormais rebaptisée « PMG » ! Même les artistes s’en préoccupent : le 27 juin 2003, à l’initiative du CEAAC (Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines), est installée une œuvre de l’artiste parisien Daniel Pontoreau créée en 1992. La monumentale Pierre trouée (dédiée à Jean Clareboudt)(3), irrégulière pièce de fonte d’environ 4 tonnes, trône au centre de la place, entourée de terrasses toutes plus attractives les unes que les autres, se disputant la clientèle, estudiantine en majorité. La Place du Marché-Gayot mérite bien aujourd’hui son statut de secteur sauvegardé (arrêté ministériel du 17 janvier 1974), et de site inscrit et classé par l’UNESCO au Patrimoine Mondial de l’Humanité sous l’appellation « Strasbourg Grande île » (1988). Successivement centre hospitalier, religieux, politique, et commerçant, la PMG est devenue un lieu incontournable où se pressent, sur ses pavés rhénans aux couleurs chamarrées, les étudiants, touristes, amoureux de patrimoine, de l’Histoire ou des histoires, les friands de déjeuners ou de soirées animés, curieux et riverains.

Des marchés aux terrasses Au fil des décennies, les différents marchés qui s’y succèdent (marché de volailles, de viandes en tout genre…) laissent place au stationnement automobile, tronquant le caractère folklorique et populaire de l’espace. La place du Marché-Gayot est cependant rendue bien vite aux piétons et aux multiples enseignes de restauration qui profitent de son image contemporaine mais toujours et paradoxalement typiquement alsacienne.

(1) Le chapitre est un collège de clercs appelés chanoines, attachés à une cathédrale ou à une collégiale. (2) Jean-Paul Klée, Rêveries d’un promeneur strasbourgeois, Éditions de la Nuée-Bleue, 1997. (3) Artiste français (1944-1997)

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RENCONTRES We Are Strasbourg, c’est aussi vous, eux. Rencontres avec des habitants de la ville. Vous les connaissez sans doute. Parfois de vue, parfois parce que vous en avez ­entendu parler. Le cas échéant, ça ne va pas tarder. Zoom sur les visages qui sont Strasbourg : artistes, créateurs de mode, commerçants, écrivains et bien d’autres. Rencontres avec ces visages de la culture et de la détente. Photo par : Vincent Muller



RENCONTRES

ELECTRIC SUICIDE CLUB Propos recueillis par : Marie-Catherine Brandstetter Photo par : Vincent Muller

Groupe phare de la scène strasbourgeoise composé d’un trio guitare-basse-batterie, Electric Suicide Club affiche déjà trois ans d’existence, un album en vente à la Fnac et en écoute sur Deezer ainsi qu’un nombre incalculable de concerts dans toute l’Europe.

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INTERVIEW WAS : Vous avez passé une bonne partie de votre été en tournée, est-ce que cette année avait une importance particulière pour vous ? ESC : Ça a été une année importante dans le sens où on a concrétisé pas mal de projets et on a pas mal bougé (sortie de notre album, tournée de 38 concerts en 45 jours). Ça a aussi été l’année où nous avons pris la décision d’arrêter nos activités parallèles.

WAS : Quels sont vos endroits préférés à Strasbourg ? Simon : Personnellement j’aime bien me balader à La Petite France et boire des verres au Kitsch’n’bar ou au Phonographe. J’aime bien manger aussi, je vous recommande le Soul Meat pour les amateurs de viande. Morgan : Mon van. Julien : Un peu comme Simon, sinon le Mudd Club pour danser. WAS : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

WAS : Est-ce que vous sentez un changement au niveau de vos auditeurs par rapport à vos débuts ? ESC : On peut dire que maintenant on a des gens qui viennent aux concerts en sachant ce qu’ils viennent y voir. C’est plus juste un public qui découvre. Il y a même des gens qui connaissent les paroles de certains morceaux. WAS : Lequel d’entre vous a le plus de groupies ?

ESC : On s’est rencontrés à une convention de films de Kung Fu. Morgan était plutôt fan de Jackie Chan tandis que Julien et moi on aimait Bruce Lee. Finalement on a trouvé un terrain d’entente au stand Jet Li. WAS : Votre rêve ? Ce qu’on pourrait vous souhaiter ? ESC : Faire une tournée mondiale avec un groupe dont on est fan ou remplir le stade de la Meinau.

ESC : Gary Coleman. (ndlr : le petit gros dans Arnold & Willy, RIP) WAS : C’était quoi votre rêve de gosse ? WAS : Quel est votre meilleur souvenir de tournée ? Simon : Difficile d’en choisir un en particulier mais les meilleurs souvenirs sont souvent précédés d’une grosse galère qui les rend inoubliables. Morgan : Comme la fois où nous étions morts de faim, que plus rien n’était ouvert et que nous avons trouvé par hasard un distributeur de hamburgers. Julien : Ouais on roulait dans Bilbao, et là je dis aux autres : « Hey, y a une machine à burgers ». Personne ne m’a cru mais en fait c’était bien un distributeur de snacks chauds.

Morgan : Jouer au festival de musique actuelle de notre ville et faire un kickflip en skate. Simon : Avoir une piscine de boules et un château gonflable. Julien : Jouer en NBA. WAS : Qui citeriez-vous comme influence ? Julien : Blink 182. Simon : Cinoque « Les Goonies ». Morgan : R.L. Stine.

WAS : Le pire ?

WAS : Quels sont vos projets à venir ?

Morgan : Sans hésiter la fois où j’ai été mordu par un chien alors que j’essayais de le caresser. Simon : Mon pire souvenir c’est la fois où je marchais dans la rue avec des chaussures de ski. Là le maire de Clermont Ferrand est arrivé avec un arrêté municipal interdisant le port des chaussures de ski. Pas de chance, c’est ce que je portais. Julien : La fois où j’ai dû me cacher sous un lit pour échapper au service d’ordre d’un hôtel.

ESC : Continuer à tourner autant qu’on peut et préparer notre premier album.

Electric Suicide Club www.myspace.com/electricsuicideclub De gauche à droite : Julien, Morgan et Simon

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RENCONTRES

YVES BRUA, 26 ANS, CHEF DE MEUTE Bercé d’influences diverses allant du cinéma impressionniste des années 30 à des références esthétiques populaires des années 90, en passant par le charme des séries B des années 70/80, il a commencé la vidéo avant, pendant et après ses études, terminées en 2007. Il a ensuite fait ses armes dans un collectif de sociétés de production audiovisuelle très créatif avant de se mettre en indépendant en 2009. Aujourd’hui il travaille pour différentes structures : sociétés de production, associations, labels, chaînes de télévision...Programmes télévisuels, clips musicaux, vidéos institutionnelles, fictions ou concepts alternatifs ; selon les projets, il conçoit, réalise, cadre, monte mais sa spécialité s’est orientée sur la post-production (compositing, animations, effets spéciaux, étalonnage). Yves, quelles sont tes différentes réalisations ? Elles sont diverses et variées, j’ai travaillé sur beaucoup de projets différents. S’il faut en citer quelques uns : Le clip « About the Trauma Drum » de Lyre le temps réalisé avec le graphiste Maxime Kaelbel (http://cargocollective.com/viandefraiche), le clip de « Find my Place » des Plus Guest co-réalisé avec Robin Pfrimmer (www. citeezen.com), le programme musical R(e)play, la web série Just another Day, le marathon vidéo 48h depuis 2010... Ces réalisations se sont chacune faites au sein du collectif La cité de la Prod. Tes projets d’avenir, réalisations perso, pro... Nous continuons nos projets de série en cours : Just Another Day, R(e)play. Il y a aussi des clips prévus au sein du collectif, pour le label Deaf Rock Records. Nous revenons également de tournée avec Colts Silvers et Plus Guest à New York et Montréal pendant presque un mois où nous avons réalisé un suivi vidéo promo. Je vais également faire un encadrement pédagogique et éducatif d’un atelier vidéo pour enfants et leur apprendre les effets spéciaux homemade et cheap !

Propos recueillis par : WAS Photo par : Vincent Muller

Yves est un peu considéré comme le chef de meute du collectif La Cité de la Prod’. Longue vie à eux !! (Retrouvez un dossier complet sur la cité de la Prod et ses protagonistes dans le prochain numéro de WAS !)

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lemaudit.fr : site perso lacitedelaprod.com : site du collectif justanotherday.fr : le site de nos événements préférés, vu par le collectif !


LA PERFORMANCE ET LA PROXIMITÉ. Après avoir réalisé 10 sessions cet été au festival des Francofolies avec notamment Lilly Wood & The Prick, Concrete Knives, ou encore Yael Naim ils préparent la suite de leur saison 2. Depuis le 14 septembre dernier, vous pouvez en suivre la diffusion sur leur site : www.scenedebain.com Qui n’a pas rêvé de voir un de ces groupes ou artistes favoris débarquer chez soi pour un concert privé ? Ce concept, Mathieu et Clément l’ont créé. Depuis janvier 2011, l’association Scène de Bain fait venir des groupes… dans votre salle de bain ! « On chante tous sous la douche, certains mieux que d’autres, alors pourquoi ne pas organiser des concerts privés, pour un petit public privilégié ? » nous confient-ils. Dans la mouvance des concerts en appartement, Scène de Bain se démarque, et prend de l’ampleur. De retour des Francofolies qui les ont contactés, installant une salle de bain au beau milieu du festival pour des tournages en direct, les deux Strasbourgeois exportent leur concept hors de la région. Tout cela autour d’un échange, mettez à disposition votre salle de bain, et ils feront venir un groupe, peut-être “le groupe” dont vous êtes fans. De Strasbourg à Paris, Rennes, St-Nazaires, Metz, Bruxelles et plus encore, ce sont des groupes et artistes tels que June & Lula, Yael Naïm, We Were Evergreen mais aussi Colt Silvers, Cocoon ou encore Yules qui se sont prêtés au jeu de la « SCÈNE DE BAIN, C’EST salle de bain. (Un coup d’oeil sur leur site et vous comprendrez la popularité de Scène de LA POSSIBILITÉ D’UNE Bain, un nombre impressionnant d’artistes a PROXIMITÉ AVEC LE participé, certains même leur demandent !)

Photo par : Vincent Muller

GROUPE, UN SET ACOUSTIQUE ORIGINAL, UNE VÉRITABLE EXCLUSIVITÉ. »

N’hésitez pas à confier votre salle de bain, grande ou petite, avec ou sans baignoire, à Mathieu et Clément, qui se chargeront de vous procurer des moments inoubliables.

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RENCONTRES

2 ENSEIGNES AU GOÛT DE PARADIS. L’un concocte des smoothies parfumés aux mille saveurs et l’autre traite des commandes de clients avides de bien manger, avec des produits frais. Voyage dans le monde merveilleux de la gastronomie...

Com’ O resto 38 rue de Zurich 67000 Strasbourg Tél : 03 88 35 45 30 comoresto.com Smooth’Up ! 4 rue de la Lanterne 67000 Strasbourg Tél : 03 88 38 81 06 smooth-up.fr

Rue de la lanterne, au « Smooth’up », nom aussi énergique que le patron, Daniel de son prénom, l’accueil est d’emblée chaleureux, quand d’autres attendraient des lustres pour vous offrir ne serait-ce qu’un sourire. Les présentations faites, on me propose une dégustation rapide d’une recette créée il y a peu par le patron. Résultat : délice, une sorte de paradis gustatif dont je savoure encore les délicieuses odeurs dans les recoins de mon palais. Je sourie, il remarque, arguant que ses smoothies, il ne sait pourquoi, arrachent pratiquement tout le temps des sourires aux passants venus ici prendre un moment : « Tous les gens qui viennent ici, même sinistres, repartent avec le sourire, je mets du soleil dans mes recettes. Et si ils en veulent, c’est ici ! »

Chez Manu, à Com’ O Resto, c’est aussi le produit que l’on viendra chercher. Si vous faites le choix du produit frais et de qualité, vous connaissez déjà cette enseigne de la mini-ville de la Krutenau. On y mange bon et pas cher, à partir de 4,50 euros le sandwich composé sous vos yeux, et jusqu’à une quinzaine d’euros pour les mets les plus raffinés. Chez Manu : nouvelles recettes toutes les semaines ! Il y en a pour tous les appétits, et quoi de plus réjouissant que de voir un chef concocter votre plat devant vous. Du boeuf de Coutancie en tartare aux fleischkrutenau, des sandwichs aux frites maison, parmentiers de boudins et sandwichs au saumon et kiri, sans oublier l’ambiance sympa et comme à la maison, Com’O Resto à des airs de repère entre amis, d’adresse idéale pour manger bon et frais, autant pendant la pause déjeuner que sur le chemin du retour du boulot. Lorsqu’on lui parle, on sent transparaître chez lui la passion, la volonté de servir les gens et de faire perpétrer la tradition du bien manger. Des marchés à ses locaux, Manu ne compte pas les kilomètres, ni les moyens, pour proposer à tout un chacun un repas à prix abordable et d’une qualité indéniable.

« Tous les gens qui viennent ici, même sinistres, repartent avec le sourire »

Le « smooth’up » est donc une fabrique de bonheur, comme il en existe de moins en moins dans notre capitale à la dimension européenne. Bar à fruits dont l’éclectisme culinaire n’est plus à redire, où le talent du jeune homme parti de rien lui permet de « s’éclater » avec des fruits juteux, vivants et colorés comme cet artisan de nos zygomatiques. Un exemple : le « mielissime », que j’ai pu tester pour vous, lecteurs (les joies du journalisme), cocktail explosif et langoureux fait à base d’orange, de fraise, de miel et d’un peu de yaourt. Le mélange est si bon qu’on croirait s’envoler. C’est un bar à fruits, lieu authentique, comme on en fait de moins en moins. Quelle meilleure idée que de liquéfier le bonheur ? Avec Daniel, on sait prendre le temps d’attendre quelques minutes, parce que la qualité du produit servi en vaut la chandelle.

Entre ces deux personnes, la cuisine est une musique, un concert savamment orchestré pour faire sourire le spectateur. Du smoothie au tartare de bœuf il n’y a désormais qu’un pas : celui du contentement, de la joie dans la solidarité. Plus que des produits, ce sont des rencontres, de la bonne humeur que vous proposent les deux amis.

Propos recueillis par WAS/communiqué Photo par : Henri Vogt

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Daniel Manu


RENCONTRES

DEAF ROCK ? LES VIEUX MECS EN ‘STACHES ? OUAIS, C’EST DU ROCK QUOI !

Propos recueillis par Vivien

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Pourquoi Deaf Rock ? Parce qu’on voulait jouer fort en live. Tout pour le live. Et c’est encore le cas »… Peu importe la forme, la connotation ou la marque du sac banane qu’on porte à l’épaule, tout le monde aujourd’hui en a déjà ne serait-ce qu’entendu parler ou aperçu les glorieuses bacchantes collées un peu partout sur les affiches de concert de Michel Sardou (oui encore lui)… Ceux qui ont tout compris et sont allés chercher un peu plus loin ne sont sans doute jamais ressortis indemnes d’une de leur performance scénique (dans un club du coin ou plus loin). Brassant un rock brut et braillard qui se veut teenage assumé ou plus mature voire pop,

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sentant (bon) la sueur sur le marcel porté une semaine Deaf Rock est partout, même derrière une paire de platine pour un DJ set furieux… Colt Silvers, Plus Guest, Electric Suicide Club, 1984 et La Mort de Darius soufflent tous dans la voile de ce label strasbourgeois qui a le vent en poupe et monte. Monte… Deaf Rock est un label qui est né il y a 2 ans de la rencontre de Julien (musicien et manageur) et Christophe (ingénieur son) rejoints très vite par Thibault (musicien et administrateur). Jouissant d’une notoriété certaine en terres (conquises) alsaciennes, leurs groupes se produisent désormais partout en Europe et outre-Atlantique... À la veille de leur tournée canadienne Thibault (Plus Guest) nous éclaire sur le label et ses projets.

« C’est vrai que depuis 2010 les choses s’enchainent beaucoup. Live au Printemps de Bourges pour Plus Guest et aux Eurockéennes pour les Colts en 2010. Live aux Eurockéennes pour Electric Suicide Club cette année. Les Colts sont aux states, Electric Suicide Club en Allemagne, nous on embraye avec le Canada et l’Allemagne derrière. Belle release Party cette année pour ESC pour leur album à la Maroquinerie (Paris) où on a ouvert de nouveaux bureaux (avec une boîte d’édition à venir…) suite à plusieurs échanges avec des professionnels pour les contacts et la com’ ». Deaf Rock a donc tout de l’enfant hyperactif, et s’en suivent donc logiquement plusieurs projets bientôt mûrs… « Avec les Plus Guest on a mixé notre album qui


Photo par : Vincent Muller

sortira sans doute fin 2011. Les Colts eux tiennent toujours leur ciné-concert avec Blade Runner initié par Hiéro Colmar et ont déjà plusieurs maquettes très intéressantes, on en fera un single avant leur second album en 2012 avec le clip réalisé par La Cité de la Prod’ devenus aujourd’hui des partenaires plus que privilégiés. EP à venir pour La Mort de Darius, le fameux « Shraaak EP » prévu pour la rentrée. On espère un studio à venir prochainement pour les Electrics. Album de 1984 sans doute produit par Steven Ansell (Blood Red Shoes) prévu pour début 2012 ». Déjà sévèrement implantés à Strasbourg, où en l’espace de quelques années ils sont devenus complètement incontournables, ayant conquis leur public en Allemagne aussi. « À Berlin tu vois

on à déjà pu jouer 5 fois, et toujours avec un public de dingue super réceptif » ! C’est désormais au Canada et aux Etats-Unis que Plus Guest et Colt Silvers s’attaquent. De la suite dans les idées donc pour le label strasbourgeois à suivre… Mais sérieusement là, quand même une dernière chose : Pourquoi la moustache ? Ouais, bien que c’était « le come back hipster 2008 », c’est juste que lors de la création de Deaf Rock, tous les imberbes du label en avaient une. Elle est juste restée.

Merci à Thibault Dutt (Plus Guest). Et Vend’homme http://www.myspace.com/deafrockrecords

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RENCONTRES

CLUB QUALITÉ ! Le Rafiot fait figure d’établissement Club très prisé depuis 2005. À sa tête, Alexis Prévot, gérant ( à droite sur la photo ), et Samuel Alizadeh ( à gauche sur la photo ), responsable commercial. Outre son emplacement stratégique et son identité, le Rafiot Club offre une des plus grandes terrasses de Strasbourg, avec plus de 200 places assises et près de 100 de plus prochainement ! Sans oublier le Pack Mojito, servi sur son plateau ! Pour vous présenter le Rafiot Club, WAS Mag’ est parti à la rencontre de Sam’ ! Rencontrer Sam’ n’est pas chose facile. Cet hyperactif, responsable commercial du Rafiot Club depuis 5 mois n’a pas une seconde à perdre. Armé de ses 2 téléphones, de son ordinateur portable, de son agenda, papiers sous le bras, il court…

‘‘ Avec 25% de remise sur les plats du jour et la carte pour les étudiants, car certains d’entre vous ignorent encore que le Rafiot propose de la restauration, on y boit et y mange les pieds sous la table. Une carte variée et pas des moindres, produits de qualité, copieusement servis par une équipe issue de l’hôtellerie professionnelle. ’’ Propos de : Samuel Alizadeh recueillis par : WAS Photo par : Henri Vogt

Le Rafiot Club http://www.rafiot.net Traiteur Kieffer http://www.kieffer-traiteur.com

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Nous avons donc fait subir à notre équipe de rédaction un entraînement intensif d’endurance afin de le rattraper pour lui poser nos quelques questions. Une fois que nous avons réussi à l’immobiliser, il nous a parlé du Rafiot comme il raconterait une histoire d’amour. De son « effet plage », avec ses transat’, de son glacier qui arrivera dès l’été prochain. Du grand pont, des canapés lounge, de son service de restauration, livré par le traiteur Kieffer. De la grande salle du bas qui accueille des milliers de frénétiques chaque mois. On connaissait tous les soirées à thèmes en semaine, on savait que le Rafiot est un des seuls établissements qui permette de faire la fête jusqu’à 7’ du mat’ le weekend avec du pur son électro et des Djs de tous horizons. Le dimanche matin en été, on peut rester et attendre quelques heures pour prendre son brunch au soleil ! Avalanche de produits frais pour se revitaliser. Mais le Rafiot Club ne s’arrêtera pas là et a beaucoup de projets : Développement de banquets, réceptions (le pot de certains membres de la délégation italienne) y a eu lieu, et on oubliera pas le set de Monsieur Ariel Wizman. Bientôt vous pourrez, excusez du peu, privatiser jusqu’aux quais pour organiser vos soirées. Vous pourrez vous installer sur le grand pont couvert, qui offrira 80 places supplémentaires en terrasse avec chauffage si vous avez oublié votre laine. Le rafiot acceuille aussi bien vos soirées privées, buffets (pour entreprises ou particuliers), anniversaires, que des défilés de mode. Sans oublier les soirées étudiantes et leurs Mojitos avec 6 cl de Rhum Spécial ambré qui font sa célébrité, le Rafiot mise sur la qualité. On a pas fini d’être surpris par le travail de cette équipe qui n’a décidément pas pour projet de se reposer sur des acquis qui font pourtant déjà la réputation de l’établissement !


LIBRAIRIE QUAI DES BRUMES

Propos recueillis par : Mounir Belhidaoui Photo par : François Klein

Le « quai des brumes », un nom nuageux pour une librairie en plein envol. Le calme, une fois pénétré dans l’enceinte, est de mise. Le silence forme d’emblée un doux récital accompagné du bruissement espiègle des feuilles des grandes œuvres. Une librairie bien citadine, au cœur du centre-ville Strasbourgeois, dont on parle peu mais dont le charme n’est plus à vanter. Et ces photos d’auteurs qui trônent en bonne place, marquant définitivement de leurs noms notre extraordinaire patrimoine littéraire. L’émotion, donc, et des questions.

INTERVIEW WAS : Bonjour, pouvez-vous tout d’abord vous présenter pour les lecteurs du magazine ? S.B : Alors je m’appelle Sylvie Bernabé et je dirige la librairie quai des brumes avec mon mari Francis Bernabé. WAS : Depuis quand cette librairie existe-t-elle ? Quels étaient les objectifs de départ ? S.B : Depuis 1984 nous essayons de faire une librairie de qualité avec des choix assumés et aussi personnels, en proposant un choix de lecture de grande qualité, original. L’idée était que nous nous devions aussi de proposer des rencontres avec des auteurs, des artistes, des éditeurs, en revendiquant une personnalité à travers un fonctionnement particulier. WAS : Attardons-nous le temps d’un instant sur ces rencontres. Comment les faites-vous connaître ? S.B : A travers une newsletter envoyée régulièrement à plusieurs milliers de personnes, à travers un affichage aussi que l’on met souvent à jour en vitrine. Sans compter les flyers, les prospectus...

WAS : Qu’avez-vous prévu pour la rentrée littéraire ? S.B : On participe aux bibliothèques idéales. On a organisé une soirée avec un éditeur local : « La dernière goutte » qui fait un remarquable travail littéraire. Le programme des rencontres de notre librairie avec des auteurs va sortir. En octobre une soirée « psy » va être organisée en l’honneur de Jacques Lacan (psychiatre et un psychanalyste français mort en 1981), et dans quelques semaines une soirée philosophie va être organisée avec la venue d’un philosophe, en la personne de Charlotte Erfray, reconnue et déjà maintes fois publiée. Le programme va donc être dense avec une quantité d’événements. WAS : Avez-vous, et j’en arrêterai là, des perspectives, des souhaits, d’autres ambitions pour votre librairie ? S.B : Oui, c’est de continuer à satisfaire notre clientèle, garder l’âme de la librairie intacte, d’avoir une équipe toujours aussi performante, car j’ai des libraires exceptionnels, ça je tiens à le dire et, peut-être, de s’agrandir, pourquoi pas ?

WAS : Quels sont les auteurs qui ont déjà honoré de leur présence cette librairie ? S.B : Des auteurs que déjà nous avons choisi d’inviter. Nous avons invité des auteurs qui sont devenus de grands écrivains renommés, il faut dire qu’à l’époque on les connaissait peu, voire pas, c’est là qu’on se dit que sans doute nous ne nous sommes pas trompés sur la « marchandise littéraire ». Je pense à Philippe Claudel et Ismail Khadaré, ce dernier étant venu chez nous il y a peu. Ils ont émergé après être passés chez nous, ce qui a le mérite d’être gratifiant.

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RENCONTRES

RBS 91.9

RADIO BOSSLER STÉPHANE ? Stéphane Bossler, responsable d’antenne depuis 2003, dirige la programmation et la rédaction, tout en présentant tous les jours une émission éponyme. RBS fait partie des 600 radios associatives françaises. Depuis 1979, Radio Bienvenue Strasbourg impose son style. Du bon son, de la liberté d’expression. Une affaire de passion de la radio !

INTERVIEW WAS : Comment définirais-tu l’identité de RBS ? S.B : RBS se positionne là où les autres radios ne se risquent pas, pour des questions de rentabilité. Il s’agit d’une radio de complément. On va là où d’autres ne vont pas, défendant notre liberté de ton et une nouvelle approche des sujets, pour répondre à une demande qui n’est pas assouvie ailleurs. WAS : Cette liberté de ton, la proximité de la radio avec ses auditeurs, marque bien une volonté de faire des émissions qui ne sont pas nécessairement rentables, mais qui correspondent aux auditeurs. RBS répond-elle à une demande ? S.B : Depuis toujours, l’éthique de RBS a permis d’avoir des auditeurs qui ont quitté d’autres radios. Du fait de trop nombreuses annonces publicitaires et de musique trop commerciale. RBS s’axe sur la recherche de sons pointus et sur le triage d’ informations plutôt que la course au buzz. C’est tout l’esprit RBS depuis la fin des 70’s lorsque nous étions encore une radio pirate. C’est une affaire de passionnés, que ce soit pour l’underground ou la musique classique contemporaine, les bénévoles transmettent leur passion et les auditeurs le ressentent. WAS : En effet, on constate que tout le monde connaît RBS et l’écoute pour des raisons différentes. La proximité avec les auditeurs, le ton, le fait de permettre aux bénévoles d’être eux-mêmes y joue pour beaucoup. Chacun s’est approprié jusqu’au nom de la radio. On entend Radio Banlieue Strasbourg, Radio Beur Strasbourg, Radio Bonjour Strasbourg, Radio Bon Son... S.B : Il est vrai que chacun a ses raisons d’écouter RBS, qui est une radio sociale de proximité. Les auditeurs ne sont pas forcément touchés par d’autres médias. De plus nous sommes une radio intergénérationelle, tant sur le plan des écoutes que des protagonistes. Nos idéaux vont au-delà des intérêts économiques. RBS c’est... 1979 fondation de la radio pirate. 9600 auditeurs par heure entre 8h et 20h. Une nouvelle autorisation de diffuser en 2010, encore 5 années de radio au moins ! Propos recueillis par : WAS / Photos par : WAS WAS 36


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CULTURE Strasbourg consacre près de 25% de son budget à la culture. Multitude de musées, de librairies, d’associations d’artistes, de salles de concerts... WAS tente ici de vous en faire découvrir un peu plus sur tout ces trésors que réserve la ville. De la littérature à la musique, un petit guide sans prétention, quelques pistes, juste au cas ou vous ne sauriez pas quoi faire durant les prochaines semaines. Photo par : Vincent Muller



RENCONTRES

DANIEL PAYOT INTERVIEW WAS : Avec près de 9 000 manifestations et événements, la vie culturelle strasbourgeoise a encore été très riche. Quel bilan en tirez-vous ? Daniel Payot : La saison 2010-2011 a été conforme à nos espérances. Il n’est pas facile d’établir un bilan global, parce que les acteurs sont nombreux et différents. Certaines manifestations dépendent directement de la Ville, d’autres d’institutions fortement soutenues par elle, d’autres enfin d’associations, subventionnées ou non. La vie culturelle à Strasbourg est une œuvre collective. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la démonstration a été faite une fois encore de la vitalité de l’ensemble ! WAS : À titre personnel, quels événements vous ont le plus marqué ? D.P : Beaucoup de manifestations m’ont apporté des satisfactions particulières. En faire la liste serait fastidieux. Permettez-moi de m’en tenir à deux exemples, très différents, parmi un très grand nombre : le Crépuscule des dieux à l’Opéra national du Rhin, avec un Orchestre Philharmonique de Strasbourg dirigé par Marko Letonja, son prochain directeur musical ; et la douzième édition d’Osophère, au Pôle Seegmuller, dont la qualité a été exceptionnelle aussi bien par sa programmation que parce que pour quelques jours le lieu s’est mis à revivre et à démontrer qu’il était porteur à la fois de souvenirs et d’avenir. WAS : Au fil des saisons, on commence à percevoir une certaine régularité dans la forme que prennent les manifestations. La ville n’a-t-elle pas les moyens d’innover et de se détacher d’une « formule qui marche » un peu trop rôdée ? D.P : Vous parliez à juste titre de cette douzième édition de l’Ososphère qui a vraiment été un moment fort ! Je ne suis pas sûr que nous soyons réellement en présence d’un train-train de ce genre. En réalité, la vie culturelle strasbourgeoise est faite d’une grande diversité d’interventions, elle sollicite des publics diversifiés, elle leur propose des formes souvent renouvelées. Bien sûr, chacun opère des choix et donc simplifie

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en fonction de ses affinités. Pour rendre compte de ce qu’il se passe vraiment, il faudrait donner la parole à tous, suivre des traces très différentes, des trajectoires très contrastées. Mais vous avez raison, l’image est encore trop « conservatrice » et nous ne savons pas encore assez la corriger. Deux types d’actions s’y efforcent : une communication qui valorise les initiatives les plus audacieuses, un dialogue constant avec les institutions et les associations pour les encourager dans cette voie. Et croyez-moi, la plupart des acteurs, dans les milieux artistiques, sont désireux de contribuer à construire une image de la culture à Strasbourg qui corresponde mieux à sa réalité, c’est-à-dire à sa vitalité. WAS : L’offre est abondante mais beaucoup disent que Strasbourg peine à imposer une image de grand pôle culturel. Est-ce qu’il ne manque pas un événement majeur au rayonnement international comme il y en a à Angoulême pour la bande dessinée ou à Avignon pour le théâtre ? D.P : Strasbourg est de fait un grand pôle culturel, qu’on prenne le terme en un sens traditionnel ou qu’on mette en avant plutôt la création. Où est alors le problème ? Pas, à mon sens, dans l’absence de manifestations notoires : il y en a beaucoup, de Musica aux Giboulées de la Marionnette, d’Ososphère à Jazz d’or, des Artefacts à Premières, et j’en oublie beaucoup. Le problème, c’est qu’il se passe tellement de choses, tout au long de l’année, qu’il est difficile d’extraire tel ou tel temps fort. La situation est très différente de celle des villes identifiées de manière plus ou moins « mono-culturelle » vous dites Angoulême, vous pensez bande dessinée, vous dites Strasbourg, vous pensez… à des centaines d’offres de grande qualité. Sur ce terreau là, tellement grouillant, cela aurait-il un sens de superposer un « grand événement » de plus ? WAS : Y a-t-il un choix à faire entre une offre vaste quotidienne et une grande manifestation éphémère ?

D.P : La question a occupé la municipalité depuis le début du mandat, avec des analyses, des appréciations, des propositions différentes. En ce qui me concerne, je crois qu’il faut surtout que nous trouvions le moyen de valoriser l’existant, parce qu’il le mérite non seulement quantitativement, mais par sa qualité. Si telle initiative doit se développer au point de devenir un événement-phare, comme le sont déjà Musica, l’Ososphère et quelques autres, tant mieux ! Je ne vois donc pas d’opposition entre le quotidien et l’exceptionnel. Ma conviction est plutôt que l’exceptionnel naît d’un quotidien très riche. C’est vrai dans tous les domaines artistiques, en musique comme au théâtre, dans les arts plastiques comme en littérature. WAS : Est-ce aussi un problème de budget ? D.P : La question est aussi budgétaire, mais pas seulement. Bien entendu, si nous voulions lancer un « événement majeur » à Strasbourg, il faudrait que nous trouvions quelques centaines de milliers d’euros, en prenant le risque que la greffe ne prenne pas : on ne décrète pas comme ça qu’une manifestation va devenir l’équivalent du Festival d’Avignon, et il a fallu quelques années au Festival d’Avignon avant de devenir la manifestation mondiale qu’il est. Pouvons-nous lancer un défi de ce genre, y consacrer l’argent qu’il faut et se donner plusieurs années pour voir si ça marche ? Comme vous le savez, l’heure n’est pas tellement aux paris de ce genre et la discipline budgétaire est plus que jamais nécessaire, dans le domaine culturel comme dans les autres. Mais cette donnée, incontestable, n’est pas la seule à prendre en compte : en plus de ces questions d’argent, c’est aussi une analyse fine de la situation strasbourgeoise, de ses points forts, points faibles, possibilités de mise en réseau, etc. qui peut amener la conviction qu’il faut partir de l’existant, le diversifier, le valoriser, le faire connaître.


DANIEL PAYOT Adjoint au Maire, chargé de l’action culturelle à Strasbourg a répondu à nos questions.

WAS : Strasbourg dépense près d’un quart de son budget à la culture et c’est pourtant par faute de financement que la 7ème édition du festival Premières a dû être annulée. Il est dommage que le TNS, seul théâtre national de province, ne dispose pas d’un budget adéquat, vous ne trouvez-pas ? D.P : Vous mettez en relation deux phénomènes qui ne sont pas directement liés. Certes, le budget culture de Strasbourg est, en fonctionnement, important. Mais le Festival Premières n’est pas directement financé par la Ville. Il l’est, certes, indirectement, par le biais de la subvention qu’elle accorde au Maillon, l’un des deux partenaires. Mais il se

trouve que ça n’est pas de ce côté-là que sont apparus les problèmes. S’il a fallu différer (et non annuler) la 7ème édition de Premières, c’est parce que le TNS, théâtre national dont le budget est entièrement à charge de l’Etat, a estimé qu’il ne pouvait pas dégager les fonds correspondant à sa part, en raison principalement du fait que le festival n’est pas mentionné dans la Lettre de mission que le Ministère de la culture lui impose et qu’il n’a pas été possible de bénéficier d’une rallonge. La 7ème édition aura bien lieu, en 2012, et pour la suite des réflexions sont en cours, côté TNS et côté Maillon, ainsi que des recherches conjointes de financements complémentaires. Nous les aidons, parce que nous sommes convain-

cus de la pertinence du festival Premières, consacré à la jeune création théâtrale européenne. Les dimensions de jeune création et de création européenne sont des points forts qui devraient permettre une notoriété accrue et des soutiens nouveaux. Des contacts existent bien sûr avec des partenaires européens, en particulier allemands, dans l’aire du Rhin supérieur. Ils devraient se concrétiser dès la prochaine édition.

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RENCONTRES

‘‘ À Strasbourg, nous avons à la fois des initiatives qui relèvent du patrimoine, du répertoire, de la présentation de formes artistiques héritées de l’histoire, et une vitalité s’exerçant sur de nouveaux territoires, visant à de nouvelles formes ou modes d’expression... ’’

WAS : Strasbourg doit-elle justement travailler davantage avec les régions allemandes et suisses qui l’entourent ? D.P : Par principe et par nécessité, il est évident que la vie culturelle strasbourgeoise est en lien avec nos voisins allemands et suisses et que ces relations sont appelées à s’amplifier. Le développement des arts, de leurs médiations, les évolutions des comportements des publics potentiels, tout fait que l’échelle à laquelle nous travaillons n’est pas cantonnée à un territoire restreint. Cette échelle n’est d’ailleurs pas unique : selon les modes d’expression, les types d’initiatives, les objectifs visés, ce sont des circonscriptions très différentes : locales parfois, européennes voire mondiales à d’autres moments. Dans cette palette, la région du Rhin supérieur est une réalité de plus en plus actuelle. Elle présente des particularités très diversifiées. WAS : Mais cette situation pose aussi un problème : celui de la concurrence entre les régions. C’est par exemple le cas avec la Spielhauss à Baden-Baden qui vient rivaliser avec l’orchestre philarmonique, ou encore la Fondation Beyeler à Bâle face au MAMCS... D.P : Dans certains secteurs, il y a en effet concurrence – c’est vrai pour l’art contemporain à Bâle, pour l’opéra à Baden, etc. – dans d’autres, des complémentarités importantes sont déjà effectives. Regardez la collaboration entre musées, par exemple, ou entre les écoles d’art de Strasbourg et d’Offenburg, ou le domaine du design, de Karlsruhe à Bâle en passant par Strasbourg et Mulhouse et vous verrez qu’il se passe beaucoup de choses intéressantes et pas seulement dans l’éphémère. WAS : Aujourd’hui, entre la culture classique et moderne, n’y en a-t-il pas une qui imprègne Strasbourg plus que l’autre ? D.P : Je ne sais pas s’il faut faire une distinction aussi tranchée entre cultures « classique » et « moderne ». À Strasbourg, nous avons à la fois

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des initiatives qui relèvent du patrimoine, du répertoire, de la présentation de formes artistiques héritées de l’histoire, et une vitalité s’exerçant sur de nouveaux territoires, visant à de nouvelles formes ou modes d’expression. Pour moi, il n’y a pas de hiérarchie à imposer : nous voulons tout ! Il peut d’ailleurs y avoir beaucoup de créativité dans les façons d’actualiser les répertoires, en musique, au théâtre, à l’opéra ou ailleurs ; parallèlement, dans les modes d’expression les plus contemporains, il y a aussi des sédimentations, des expériences accumulées, des références. Il n’y a pas d’un côté la cathédrale, de l’autre les dernières tendances de la culture urbaine et rien entre les deux ! Notre image, c’est vrai, est encore, vue de l’extérieur, plutôt « patrimoniale » ; j’aimerais contribuer à la corriger, en valorisant la création, mais je suis surtout convaincu qu’il n’y a pas d’opposition entre les deux, et que le vrai atout de Strasbourg réside dans la diversité de son offre culturelle, qui correspond à une population ellemême très diversifiée, par ses origines, ses âges, ses goûts.

‘‘ Il n’y a pas d’un côté la cathédrale, de l’autre les dernières tendances de la culture urbaine et rien entre les deux ! ’’ WAS : 4 353 cartes Atout Voir ont été vendues. C’est le meilleur chiffre depuis le début de l’opération. La Culture pour les jeunes est-elle la pierre angulaire de toutes vos actions ? D.P : Clairement oui ! Vous le savez, nous avons tenu en 2009-2010 ce que nous appelons des « Assises de la culture ». A l’issue de cette phase d’intenses réflexions, formulations partagées, analyses et propositions, le Maire a indiqué

pour la politique culturelle trois grands axes : contribution à la notoriété internationale de Strasbourg, valorisation de la jeunesse, recherche de synergie et amélioration des fonctionnements permettant à budget constant de maintenir une part prédominante consacrée à l’artistique. Dans ce programme, la question de la jeunesse est, vous le voyez, centrale. Ici aussi, il ne s’agit pas seulement de corriger une image trop « classique », mais surtout de travailler à une juste répartition de l’offre culturelle sur l’ensemble du territoire et à la reconnaissance de formes d’expression nouvelles. L’effort en faveur de la jeunesse est au centre d’un dispositif visant à faire de la culture un ferment de dialogue social, interculturel et intergénérationnel. C’est une question d’équité en général : favoriser l’expression de la jeunesse, c’est se donner les moyens de rendre vivants les arts et la culture, sans exclusive. WAS : Quelques mots enfin sur la nouvelle saison pour aguicher nos lecteurs ? D.P : Elle sera aussi diversifiée et passionnante que la précédente. Deux adresses pour en savoir plus : la Boutique culture, place de la cathédrale, pour savoir toute l’année ce qui se passe et pour réserver des places dans un grand nombre de lieux : du mardi au samedi de 12 à 19 heures, 03 88 23 84 65, boutiqueculture@strasbourg.eu ; la page culture du site de la Ville, www.strasbourg. eu/culture.

Propos de : Daniel Payot Recueillis par : Nicolas Hecquet Photo par : Jérôme Dorkel

Boutique culture Du mardi au samedi De 12h à 19h 03 88 23 84 65 www.boutiqueculture@strasbourg.eu www.strasbourg.eu/culture.


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RENTRÉE LITTÉRAIRE Propos de : Mounir Belhidaoui

Déjà, tout comme chez WAS, quelques scribouillards insolents songent à tromper l’amertume d’une fin de vacances avec l’appel orgasmique de la rentrée artistique. Eh bien oui, parlons-en de la rentrée.

Fin août, début septembre, la fin est déclarée. Vous pouvez toutes et tous ranger vos compils de Brigitte Bardot et Gilbert Montagné. Mortes les plages ensoleillées, les coquillages s’en sont retournées à la mer, dociles et goguenards, les maillots de bain sont au placard, les grasses matinées aux oubliettes. Il y a ceux qui, eh oui, regretteront les vacances, le sable chaud, les vêtements transparents, les figures estivales au sourire serein ou encore les onctueuses glaces à la pêche au goût de paradis. D’autres trépigneront à l’idée de reprendre le boulot, bien décidés à reprendre leur flirt avec les petits bruits de couloirs au bureau, les rumeurs, les fêtes bondées, l’effervescence de vie des grandes villes. Oui, pour tout ça il y aura, c’est certain, des heureux. D’autres iront reprendre leurs activités artistiques, culturelles, essayant, pour une année encore, de transgresser les codes et les genres, afin de mieux propager la vérité de l’art, de manière abrupte, sauvage, presque érotique. C’est le cas des écrivains. Il existe un phénomène en France, courant septembre, éminemment littéraire. Il faut dire que chacun a droit à sa rentrée, même les écrivains, qui pourtant écrivent leurs livres tous les jours; des romans jamais terminés dans un coin de leurs mémoires tourmentées. Zoom sur quelques livres qu’il faut avoir dans sa poche, et ce dès les mois qui viennent. Sélection WAS pour la rentrée.

SÉLECTION WAS

Le professeur Rollin, spécialiste de la littérature caustique, nous raconte, dans « Le Ravissement de Britney Spears », chez P.O.L, qu’un groupuscule islamiste menacerait d’enlever la jeune chanteuse pour prépubères. Paru au mois d’août. Attendu pour avril 2011, le nouvel ouvrage de Frédéric Beigbeder, spectaculairement intitulé « Premier bilan après l’apocalypse » paraîtra, chez Grasset, au courant du mois de septembre. Voir pages 12/13. Et puis, les inévitables, que l’on ne vous présente pas, ou plus, Amélie Nothomb avec « Tuer le père » chez Albin Michel ou encore Emmanuel Carrière et « Limonov » , un roman qui évoque l’opposant russe fondateur du parti-national bolchevique. A noter que Mazarine Pingeot, la fille de l’ancien roi électif François Mitterrand, celui qui a cultivé autour de lui le souvenir brumeux d’une histoire légendaire, va publier ses mémoires très intimes, chez Juliard. Intitulé judicieusement et sobrement « Pour mémoire ». Il ne vous reste plus qu’à feuilleter.

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MARCHEZ AUX LIVRES Il n’est pas rare de voir certains visages, au centre-ville, installer des stands renfermant des romans, des affiches, qui étancheront la soif culturelle de milliers de passants désireux de renouer avec un monde fantasque, délirant et fantastique : celui de la culture. 1989 : année de naissance du marché aux livres et reliures anciennes, celui des tableaux d’art, de Renoir et de Braque, de publicités vantant les mérites d’un parfum disparu, côtoyant de près quelques affiches de films en vogue à Strasbourg, du temps où la culture n’était pas mondialisée. C’est tout un panel de choix que nous offrent les marchands de la place Kléber. Par temps de pluie ou sous un soleil radieux, ils installent leurs stands renfermant d’innombrables trésors, littéraires, publicitaires, artistiques, culturels. Rabelais peut librement reposer ses lettres libertaires auprès du romantisme discret d’Alfred de Musset. L’engagement politique de Soljenitsine peut, tranquillement, rire des blagouilles sémantiques de Raymond Queneau. Ils sont là pour vendre de la culture à prix modique (1, 50 euro le livre, hors ouvrages anciens et rares), malgré un contexte de plus en plus difficile.

Marchands errants de par les occasions de tenir des stands, ils courent les brocantes, braderies et autres marchés aux puces pour vendre, rencontrer, mais aussi, et peut-être surtout, pour vivre.

‘‘ Ils ne sont pas commerçants au sens propre du terme... ’’ Clément, amateur fréquentant régulièrement le marché aux livres, nous explique : « Ils ne sont pas commerçants au sens propre du terme, ils n’ont pas de lieu de vente fixe, ils sont presque obligés de suivre la population afin d’être proche d’eux et d’établir ainsi un sentiment de proximité, c’est en ça qu’ils sont là, à la fois pour eux-mêmes, pour gagner leur vie, mais aussi pour les autres, afin de les sortir un peu du cheminement de l’achat d’un livre commercialisé en magasin. »

Il y aurait donc, chez eux, le Mardi, Mercredi et Samedi, comme un parfum de révolte dans les ruelles citadines de notre capitale européenne. Regarder avec défi les librairies et s’ériger ainsi en rempart contre les livres s’étant plié à l’exigence des maisons d’édition. Combat vain ou noble cause ? Le débat est lancé. Toujours est-il que le fait de s’arrêter, 3 jours sur 7, le temps d’une pause ou à midi, regarder, songeur, les milliers d’histoires différentes contenues dans chaque ouvrage, peut procurer à la population strasbourgeoise désireuse de s’évader une intense envie de gloutonnerie littéraire. Avec ces marchands, de Duras à Sagan en passant par Sollers et Beigbeder, il n’y a qu’un pas, qu’un seul coût, et surtout, qu’une sensation d’appartenir à un monde : celui de l’histoire.

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LITTÉRATURE

KAOUTAR HARCHI LE TALENT DU SACCAGE

Propos recueillis par : Mounir Belhidaoui Photo par : Henri Vogt

Comment conter l’histoire troublante de quatre jeunes hommes aux destins si différents, mais qui vont pourtant se rejoindre sous le détestable abri de la misère ? Jusqu’où peut-on aller dans l’incommensurable amour que chaque homme peut éprouver pour une femme ? Et d’où cela nous vient-il ? Les secrets d’une nouvelle époque orientale se dessinent allègrement sous la plume légère et talentueuse de Kaoutar Harchi, jeune romancière qui publie son deuxième roman « L’ampleur du saccage », aux éditions Actes Sud. Pour WAS, elle a accepté de nous confier ses certitudes, craintes et doutes, ses espoirs et ses déceptions concernant la déesse de mouvement et de son, qu’on appelle communément « femme ».

INTERVIEW WAS : Le roman commence très fort avec une sorte de confession d’un des personnages principaux : Arezki. S’ensuit un crime impardonnable qu’il commet, à savoir un viol. Quelle en est la cause ? Kaoutar Harchi : Le viol puis le meurtre, car l’acte est poussé jusqu’au meurtre de la jeune femme par Arezki. Acte qui pourrait s’expliquer de manière caricaturale si nous nous en tenions au raisonnement typique que peut tenir un jeune homme en pleine misère sexuelle et affective. Il éprouve des sentiments, très paradoxaux, complexes, ambigus lorsqu’il rencontre des femmes au hasard de sentiers et de ruelles : l’amour, le désir mais aussi la colère, l’instinct de vengeance, une forme de rancœur tenace. Il peut y avoir une volonté de passer à un acte de vengeance au lieu d’ un acte sexuel « traditionnel ».

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WAS : Est-ce par une addition de frustrations qu’on peut être en mesure de perpétrer ce type de crimes ? Kaoutar Harchi : C’est une frustration teintée d’un désir, poussée à son paroxysme, qui prend des allures de meurtre. Il ressent le besoin d’exprimer sa violence la plus profonde, étant véritablement enfermé dans une solitude et dans une vie quotidienne insoutenable qui est faite de pauvreté, de misère, de silences, avec son étrange tuteur qu’est Si Larbi. Il est immergé, noyé, dans un univers parallèle, dans un « ailleurs » qu’il a du mal à nommer. Il est victime de ses pulsions.


WAS : Tu dépeins ici une société orientale très lourde de secrets et de non-dits. Que faudrait-il pour en sortir ? La révolution arabe a-t-elle oubliée d’être aussi une révolution sexuelle ?

WAS : Le rapport que tu décris entre un fils et une mère est à la limite de l’incestueux. Tu vas au plus profond des choses. A-t-on des tabous qu’il faut à tout prix tuer ?

Kaoutar Harchi : Alors, la question des pays arabes est une question compliquée, c’est pour cela d’ailleurs que je l’évoque de manière très légère, je n’affirme pas que cette histoire se déroule dans une société arabo-musulmane « typique » ou dans une culture qui serait la culture arabe au sens propre. J’évoque la femme voilée, la question algérienne. Il y a une atmosphère qui pourrait faire penser à l’atmosphère de ces pays. Ce qui m’intéresse, c’est la question du non-dit, du secret, et des rapports hommes-femmes, traversés par des problématiques qui sont gérées par des individus. Et la question est de savoir quelles sont les solutions que ces individus-là apportent au quotidien. Comment vit-on lorsque la virginité est imposée aux jeunes femmes ? Et qu’un jeune homme désirant se marier doit fournir un certain nombre de renseignements concernant ses origines sociales.

Kaoutar Harchi : La limite qui permet de définir toute civilisation ou qui permet à toute civilisation de se construire va être littéralement franchie. Une forme de dépassement qui va faire tomber les barrières les plus élémentaires à toute vie sociale basée sur le respect d’autrui. Sur la question des sociétés arabes, on a trop souvent tendance à présenter la figure maternelle comme une figure sacrée, tutélaire, qui bénéficierait d’une allégeance considérable. C’est vrai, ce qui m’intéressait surtout était que la questions sexuelle dans certaines sociétés était posée de manière presque traumatique aux individus, ces derniers sont amenés à établir des rapports intra-familiaux qui deviennent problématiques. Ce qui m’intéressait c’était l’omniprésence de la sexualité alors que mon personnage est le premier à en être privé. WAS : Ton roman s’articule autour de quelques leitmotivs, comme la frustration, le rapport mère-fils. Sont-ce des thèmes qui reviendront dans tes prochains romans ? Kaoutar Harchi : C’est quelque chose qui était présent dans mon précédent roman (« Zone cinglée », paru aux éditions Sarbacane, ndlr), même si pour le coup les formes étaient différentes. Ce qui est intéressant c’est que finalement je choisis très peu les thématiques à travailler. Ce sont des thématiques qui s’imposent à moi. Quelque chose qui peut relever de l’attirance pour ces questions-là, tout simplement parce que ce sont des questions qui sont au carrefour de toutes les autres questions de société. La question des rapports hommes-femmes et de la propriété du corps. Il y a quelque chose de psychanalytique dans tout ça. Les schémas familiaux se muent en schémas sociaux, ainsi tout ceci participe à dessiner des motifs qui sont passionnants et j’essaye d’en faire quelque chose de littéraire. WAS : Dans ce même rapport mère-fils et cette espèce d’attirance que ressent le fils pour sa mère au fur et à mesure de ses réflexions, survient une volonté de destruction, ou une auto-destruction lorsqu’il n’arrive plus à supporter son esprit, ses désirs... Kaoutar Harchi : Sur le plan individuel, rien n’est jamais rattrapable. C’est dramatique, tout est perdu d’avance. La solution qu’on peut espérer, c’est sur les générations. Chaque génération va pouvoir profiter des erreurs commises par les aînés et des solutions qui ont pu être trouvés. Finalement, ces hommes-là forment une espèce de filiation maudite qui va se transmettre âge après âge.

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LITTÉRATURE WAS : Il y a aussi une critique lucide mais un peu amère sur la condition des femmes dans la société civile. Elles sont innocemment belles mais dangereuses, ce qui pousse les mâles à les fantasmer, à vouloir les toucher. Ce qui les poussent donc, paradoxalement, à « saccager » leur beauté, d’où le titre du livre... Kaoutar Harchi : La question des femmes dans l’imaginaire collectif, un inconscient qui est marqué par cette image d’une femme dévorante, à la sexualité insatiable, et réduirait les hommes à une incapacité à satisfaire ces femmes d’une incroyable voracité. Dans la réalité, tout ceci subit un contre sens total : car l’homme, conscient du danger que pourrait représenter sa femme, trouve comme solution concrète et matérielle la distanciation ou la mise à l’écart, ce qui peut poser la question de la répudiation, du voilement. La femme, à fortiori la femme arabo-musulmane, n’est pas un mythe, pas même une mythologie, pour la simple raison qu’elle doit être respectée à sa juste valeur. WAS : Nous sommes le premier magazine Strasbourgeois à avoir eu l’honneur de t’interviewer. Est-ce que tu vas revenir dans notre capitale alsacienne présenter ton livre ? Kaoutar Harchi : J’espère revenir le plus vite possible bien sûr, si tant est que l’on m’invite !

BIOGRAPHIE Kaoutar Harchi s’est noyé dans l’écriture gracieuse pour ne plus jamais en sortir. Strasbourgeoise d’origine, elle s’est très tôt laissé envoûter par les sirènes de la littérature. De Jean Genet à Albert Camus en passant par Sartre et Anouilh, elle voulait, elle aussi, décrypter la société tourmentée dans laquelle nous évoluons tous. Elle est fille des anges de l’orient qui l’ont bercé au son des mythes séculaires. Professeur parisienne à notre grand dam, elle a quitté Strasbourg, cette terre culturelle, pour retrouver les lumières antiques mais résolument modernes de la capitale française. Un vrai écrivain, a la plume mélancolique et fière, un mélange de Sagan et de Duras, une mixture littéraire d’un féminisme nouvelle génération et d’une prose combattive dont elle seule détient le secret. Il faut vite inscrire Kaoutar dans le panthéon des écrivains nouveaux, c’en devient une urgence, elle dont les yeux respirent la bonté et la chaleur, elle qui nous somme de nous recentrer sur l’essentiel. Sur fond de tragédie mystique dans un orient algérien secoué par la pièce sanguinaire que ce pays a interprété avec la France, elle nous raconte comment les Hommes, dans leurs frustrations, peuvent aller au bout.

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MUSIQUE

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MUSIQUE

RENTRÉE MUSICALE À STRASBOURG ? ON COMMENCE PAR LES BONNES OU LES MAUVAISES NOUVELLES ?

Mouvementées. Voila le premier mot qui me vient concernant les dernières semaines… Sérieusement, cet été l’excitation était palpable lorsque les annonces de concert et de programmations diverses tombaient au fur et à mesure… Puis le tout s’est calmé lorsque tout aussi vite, les mauvaises nouvelles sont arrivées, laissant cette rentrée qui s’annonçait pourtant sans précédent un peu plus mitigée… Rassurez-vous ! Ecouter et voir de la musique à Strasbourg ne se résume pas à claquer 50 euros pour voir Michel Sardou avec des mini-jumelles dans un Zénith bétonné. Loin de là ! Le gros (parce qu’elle est grosse) de la vie musicale strasbourgeoise est régi par bon nombre d’associations en tout genre mettant en avant autant de styles musicaux différents dans bien des salles, bars et autres galeries…

de la meilleure moitié des années 60 (Rolling Stones, Jefferson Airplane…) et qui a su passer le stade des 27 ans (chose rare encore actuellement…) pour nous faire partager un bout de son époque. Finalement la laiterie n’aura pas laissé en reste les fans d’électro et autres clubbers (loin de là) avec l’accueil prévu de Carte Blanche le 1er octobre dernier, duo de choc formé par le regretté DJ Mehdi et Riton. Première mauvaise nouRentrée mouvementée pour La Laiterie, salle de concert strasbourvelle : DJ Mehdi nous quittait le 13 Septembre à Paris geoise qui peut se targuer de faire mouche sur bien des plans mulaissant derrière lui une immense carrière de DJ et de sicaux. On commence à avoir l’habitude tout doucement, à coup de producteur notamment au cotés de Justice, Cassius guichets fermés à tout-va (en une après midi avec une affiche telle et Busy P formant le Club 75 puis aux cotés de Riton que Queens of the Stone Age). En ce début de saison, de l’électro ampour le duo Carte Blanche qui a enchainé ces deux biant en passant par une figure de proue sixties des plus cultes, la dernières années les EP et singles (Black Billionaires, rentrée de la laiterie se veut éclectique comme à chaque fois, mais de Gard du Nord, White Man on the Moon), le tout siqualité croissante : on aime. Ayant essuyé bien des qualificatifs dougné bien sur chez leur papa parisien Ed Banger. Si teux à l’instar de Toro Y Moi ou Neon Indians (on ne parlera pas de chilça s’annonçait gros, c’est aussi parce que Carte lwave ici s’il vous plait), la synth pop de Ernest Greene, alias Washed Blanche sortait accompagné pour l’occasion… Out plongera la grande salle de la laiterie dans l’atmosphère particulière Tout simplement par l’autre clique parisienne de son dernier album Within and Without. A la première écoute, Washed de la french touch 2.0, anciennement signée sur Out simule à merveille un lendemain de cuite à regarder Derrick en slip le label Institubes, dorénavant nommée Marble, sur son canapé, mais on devient vite accro et on aime cet album. Les emmenée par son fer de lance Surkin qui ramène critiques sont unanimes, le label Sub-Pop nous présentera son nouveau dans la foulée ses potes Bobmo et Para One. Le petit protégé le samedi 29 octobre dans la grande salle. Laiterie, encore tout suivant l’ouverture du bal avec un DJ set des pour mettre tout le monde d’accord cette fois ci avec Patti Smith de passtrasbourgeois de La Mort de Darius (Deaf Rock sage ce 9 Novembre. Oui oui, elle est toujours là et apparemment n’a pas : Bim), on attend avec impatience de connaitre dit son dernier mot. Je ne ferais pas l’affront ici de présenter cette artiste, l’évolution de la soirée du 1er octobre… tant rock que poète, qui fut une source d’inspiration pour bien des groupes

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Entrevue avec Dorian Darius : C’est quoi ce nom de groupe ? Dorian Darius : Ce nom décrit notre meute de loups affamés, avançant lentement sous la lumière de la lune… Vous vous situez où dans la scène électro française ? D.D. : On prend plus en compte la scène internationale en général, évidemment nous sommes de très grands fans de Daft Punk mais la scène électro actuelle est tellement vaste qu’il serait difficile de te donner une position uniquement française. Vous auriez du jouer aux cotés de Carte Blanche, un petit mot concernant la disparition de DJ Mehdi ? D.D. : Nous avons été très surpris et nous sommes très attristés par le décès de DJ Mehdi. C’est une immense perte pour la musique électronique. Il a en tout cas laissé son emprunte grâce à son travail de qualité et nous tâcherons de lui rendre hommage lors de nos prochains DJ Set !

UN CONSEIL AUX PERSONNES QUI VIENDRONT VOUS VOIR ? PORT DU CASQUE PEUT-ÊTRE ? Un EP en cours non ? Une date de sortie ? D.D. : Oui exact nous sortons notre premier EP intitulé « SHRAAAK ! EP » sous le label Strasbourgeois Deaf Rock Records. Il est sorti fin septembre et est disponible sur toutes les plates-formes de téléchargements. C’est notre premier EP, et nous l’espérons le début d’une longue série ! On l’espère ! www.myspace.com/lmddarius

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MUSIQUE

Strasbourg ne jure évidemment pas que par la laiterie (et heureusement, faut bien sortir les soirs où Julien Doré et Bénabar y passent hein…) et toute l’année ce sont des dizaines d’associations qui donnent des rendez vous tout aussi immanquables dans bien des lieux de la ville. Les superlatifs ne manquent pas pour quantifier le nombre d’associations s‘impliquant dans la vie musicale strasbourgeoises, alors lorsqu’elles co-organisent des soirées, s’entraident, s’entrecoupent dans les mêmes endroits on a vite à faire à une consanguinité palpable compliquée et difficile à suivre. Premier tour d’horizon avec Jeress, président hyperactif d’une association qui n’a plus à faire ses preuves : Pelpass. Pelpass à acquis une certaine renommée maintenant, depuis combien de temps ça existe et comment ça à évolué ? Jeress : On l’a montée en 2006 en regroupant plusieurs bandes de potes. À la base je n’étais pas président, et le regroupement de plusieurs énergies diverses nous a vite emmené vers quelque chose de plus régulier mais toujours dans la ligne de mire festive. Puis j’ai commencé à bosser dans la culture, vu d’autres choses et aujourd’hui on vise toujours à mettre en avant des découvertes musicales tout en proposant toujours cette étiquette festive qui est ancrée à Pelpass. Mais on reste avant tout une bande de copains.

Comment tu vois la musique à Strasbourg ? Y a-t-il un réel public constant qui vous suit ou il se renouvelle beaucoup ?

Tu gères comment ta programmation ? Jeress : J’aime pas cloisonner les choses et parfois c’est dur. Mais en première partie tu peux faire jouer un groupe de hip-hop comme Foreign Beggars et du hardcore en seconde partie. Un truc que les gens n’auraient jamais vu dans un autre cadre, et ils ont aimé ! Et en ce moment ? Tu fais tes cahiers de vacances ? Jeress : On est amené à faire beaucoup de choses. Là tu vois, ce soir : réunion et on vise à passer 13 groupes avant décembre. Ah quand même ouais ! Jeress : S’il y a l’énergie pour le faire, OK on le fait. On ne cherche pas à comprendre, et généralement elle est toujours là ! Ça nous fait avoir un rythme de croisière avec près de 5 groupes par mois ! Sans compter les à-côtés ou on collabore beaucoup entre associations et généralement dans les bars de la ville ou d’autres endroits. Ouverture de la saison le 24 octobre avec la Fanfare en Pétard. Des projets ? Jeress : Chaque année on fait un « Paie ton Noël ». La 6ème édition cette année sera folle ! On va faire ça sur une semaine (du lundi 12 au samedi 17 décembre ndlr), la Fanfare en Pétard en ouverture. Avec du beau monde et une ambiance festive !

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Jeress : De ce que j’ai pu voir, pour chaque asso’ il y a toujours son petit groupe qui est présent et qui les suit. Mais Strasbourg est une ville étudiante, il faut donc refaire son public, et avec le bouche à oreille le réseau monte vite ! Aujourd’hui t’envoies un mail, t’as au moins 80 personnes qui viennent. Aussi depuis 3 - 4 ans, les bars font beaucoup plus de concerts. Le Mudd Club, Kitsch’N’Bar, Troc’afé… Et vu qu’ils sont au centre les gens ne vont pas spécialement venir découvrir un truc à La Laiterie ou au Molodoï et se confinent au centre. Mais nous avons une dynamique à effet de serre, du coup on s’y retrouve la plupart du temps. En plus d’organiser, tu prends aussi directement part à la culture musicale strasbourgeoise en tant que DJ il me semble, axé sur une playlist digne des CD cadeaux offert dans les paquets de Frosties (rires). Jeress : Ha ha ! Nan mais c’est juste une grosse blague hein ! Dans plusieurs soirées j’ai vu que les vielles musiques et les trucs pourris faisaient marrer les gens. Aux Lez’art scénique par exemple (festival qui s’est tenu du 14 au 16 juillet à Sélestat) j’ai fait danser 150 métalleux sur la Macarena ! Europe et la Macarena ! Hum… Quelque chose de solide quoi ! Un titre à mettre en avant pour avertir les gens sur ce qu’ils risquent d’entendre en te croisant derrière les platines ? Jeress : Andy Kayes : coup de cœur de ces deux dernières semaines.


ASSOCIATION DEVENUE HYPERACTIVE DISTILLANT TOUT AUSSI BIEN DES FANFARES QUE DU HIP HOP, DE L’ÉLECTRO APRÈS DE LA CHANSON FRANÇAISE OU DU FOLK, PELPASS ARBORE CETTE FUSION TOTALE DE TOUS LES GENRES DANS UNE AMBIANCE PLUS QUE CONVIVIALE.

chose… Je fais passer des groupes aussi bien folk, pop ou plus noise. Et tant que ça reste économiquement viable, je continue.

La découverte sera leur mot d’ordre servie chaude toute l’année (avec des knacks de temps en temps) dans la salle du Molodoï, entre autres. Sous le cachet de la Fédération Hiéro Strasbourg visant à mutualiser les efforts, se cache une pléiade d’associations travaillant ensemble la plupart du temps à l’instar de Pelpass, on notera aussi le Collectif Kim, les Enfants de la Pluie ou encore Komakino. Et justement, deuxième mauvaise nouvelle. Sur le site de Hiero Strasbourg on pouvait lire : « Komakino 1999 à 2011 (RIP) », suivi de « Sous la pression de la Sacem, nous sommes obligés de dissoudre l’association. Merci aux bénévoles, groupes, associations copines, et spectateurs pour cette belle aventure de 12 ans. 12 ans d’autofinancement, durant lesquels les groupes ont joué le jeu en acceptant un défraiement. La Sacem réclamant un forfait de 70 EUR par concert, nous ne pouvons plus défrayer les groupes, donc nous ne pouvons plus organiser de concerts. Les événements programmés sont maintenus et seront pris en charge par une autre association » Mon entrevue avec Pierre Komakino avait été faite cet été, fin Juillet, et là encore c’est un discours plein d’espoir que tenait Pierre. Il a tenu à ce que l’entrevue apparaisse sans en changer quoi que ce soit, puis il est revenu sur la dissolution forcée de son association. Propos recueillis les 20 juillet dernier : Rencontre avec Pierre Komakino, brasseur de groupes noise, folk et rock indépendants depuis 12 ans maintenant (en même temps ce pseudo en dit déjà long sur les influences…). Trouvant refuge dans la galerie Stimultania le plus fréquemment ces temps-ci, c’est au beau milieu d’une expo photo que la scène est montée. Charmant. On aura aperçu au cours de cette fin d’année, Moon Duo, Die ! Die ! Die ! Ou encore Papercuts défilants le temps d’un concert dans ce lieu atypique et accueillant.

Comment tu fais ? Tes concerts font partie des moins chers de la ville, 3 EUR pour le visiteur, gratuit pour le membre Hiéro… P. K. : Je pars sur un break faible, les entrées paient les groupes et le bar ainsi que les autres frais (Hôtel, repas…). Ca reste des petits concerts assez intimes et ça change les relations avec les groupes.

J’imagine que le nom de ton asso n’est pas une référence au groupe de techno allemand des années 90 qui jouait sur un char à la love parade... Pierre Komakino : Je ne le connais même pas celui là. Komakino c’est un single de Joy Division, t’es fan ? Ouais ! Bon, alors Komakino fait quoi ? Et pour qui ? P. K. : Tu peux voir ça comme un diffuseur. Je fais des concerts en autofinancement depuis décembre 1999 sous une esthétique particulière, tu peux parler de « rock indé » même si c’est un truc qui ne veut pas dire grand-

C’est vrai que la capacité de la galerie Stimultania limite. P. K. : Oui c’est sûr, mais en moyenne on arrive à attirer beaucoup de personnes par concert. Ça reste assez intime comme tu dis… P. K. : Tu estimes à combien les personnes en moyenne ? Je ne sais pas, 40 ? P. K. : T’es plutôt du coté police pour les estimations toi ! On est à 70 à 80 personnes en moyenne par soirée. Ça monte à plus de 100 pour certains concerts mais là, on atteint les limites de la galerie. Avant tu tenais Surfer Rosa, un disquaire indépendant à Strasbourg. Comment ça s’est passé ? P. K. : Avant pour moi, il manquait trois choses essentielles à Strasbourg : une radio, un club et un disquaire. A partir de ce constat, j’ai tenté l’aventure en 2004 avec Surfer Rosa. J’ai dû fermer en 2006 et cette année là, c’est plus de 5 disquaires qui ont fermé à Strasbourg en même temps. Aujourd’hui je reste convaincu que ce sont ces trois choses essentielles qui manquent encore à Strasbourg. Si tu regardes une ville comme Nantes qui n’est pas beaucoup plus grande, ils ont tous ces éléments. J’ai entendu dire que tu voulais peut être ouvrir un club à Strasbourg… Toujours d’actu ? P. K. : Je cherche toujours quelque chose. Mais avec une identité propre. Je reste persuadé qu’il manque un lieu avec une ligne artistique singulière. Un club ou tu fais passer des groupes, mais où tu peux aussi te poser, écouter des disques, boire un café… Je cherche donc mais au centre ville de Strasbourg ça reste compliqué en termes de nuisances sonores… Après si tu vois un peu plus loin... Le Hot Boat par exemple me fait rêver ! Bon restons clair, j’ai jamais mis les pieds dedans, mais du point de vue club, ce serait un lieu idéal

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pour y faire des concerts et autres. Les clubs qui ont marqué comme le CBGB ou la Factory ont commencé comme ça : on fait un concert dans un lieu qui ne s’y prête pas forcément puis un deuxième, et c’est parti ! Ça même si ce n’est pas la ligne directrice première du lieu. Des projets pour te développer ? P. K. : Je vais reprendre les concerts au CEAAC (Centre Européen d’Action Artistiques Contemporaines). C’est un cadre singulier, un bâtiment art-déco avec des colonnes en fer forgé, un très beau lieu. J’essaie d’y passer une musique plus calme, plus feutrée car le lieu s’y prête.

AVANT POUR MOI, IL MANQUAIT TROIS CHOSES ESSENTIELLES À STRASBOURG : UNE RADIO, UN CLUB ET UN DISQUAIRE. AUJOURD’HUI JE RESTE CONVAINCU QUE CE SONT CES TROIS CHOSES ESSENTIELLES QUI MANQUENT ENCORE À STRASBOURG.

Aucune liste exhaustive ici on l’aura compris. Un premier tour d’horizon avec son lot de changements mais qui reste des plus prometteurs en cette rentrée musicale à Strasbourg. Tout ce petit monde peut être largement suivi sur plusieurs réseaux sociaux ou à défaut sur les différents sites internet des lieux où ils se produiront : Stimultania donc mais aussi Molodoi, La Laiterie (on l’aura compris), Hall des Chars, Mudd Club, Troc’afé, Kitsch’N’Bar… Il est aussi désormais possible de faire jouer des groupes dans votre salle de bain avec « Scène de Bain ». Le concept est des plus simples, on invite chez soi un groupe et on lui prête la salle de bain le temps d’un concert. Novateur c’est sur, mais les vidéos des scènes de bain passées montrent sur leur site qu’ils n’ont pas fini de faire parler d’eux ! Même esprit pour « Folk in da House » qui se décrit lui-même sur son blog : « C’est un concept d’organiser des concerts acoustiques dans mon appartement situé en plein cœur de Strasbourg. Le principe et de faire jouer des artistes de la «scène indépendante» dans une ambiance intime et conviviale». Tant de lieux qui se verront habités par autant d’artistes toute l’année.

Komakino a-t-il une longue vie devant lui ? P. K. : Oui je crois ! (rires) Je ne me pose pas la question en fait. Je reste indépendant et autofinancé, à partir de là rien ne m’empêche d’arrêter. Ni de continuer. Là, j’ai envie de continuer… Force est de constater que l’interview finissait sur une note optimiste qui ne laissait pas présager cet arrêt brutal sur lequel Pierre revient deux mois plus tard : « Pendant 12 ans Komakino s’est évertuée à la promotion des esthétiques singulières et des cultures émergentes, permettant ainsi à des artistes de rencontrer le(s) public(s) strasbourgeois. C’est en toute conscience du contexte (manque de lieux, manque de reconnaissance de ces pratiques et esthétiques, équilibre budgétaire plus que précaire…) que l’association a mené cette aventure. Quasiment tous les concerts étaient déficitaires, malgré le fait que l’association ne fasse appel qu’à des bénévoles et que les artistes ne réclament qu’un défraiement, considérant que ces concerts, du fait des conditions techniques et financières tiennent plus de la promotion (showcase) que des classiques concerts en salle. Ceci a permis à l’association de ne pas solliciter l’aide des collectivités publiques, et de s’autofinancer, grâce aux dons des bénévoles. Pendant 12 ans, le personnel de la Sacem avait compris le côté désintéressé et altruiste de l’action de l’association et de ses conditions (voir plus haut). Un changement de personnel fait que maintenant la Sacem ne tient plus compte de ces éléments et réclame un forfait de 68 EUR (sur un budget de 300 EUR). L’association ne peut supporter ce surcoût, et n’a de choix que de déduire ce forfait du défraiement des artistes (ce qui est ridicule), ou d’arrêter. Face à cette absurdité, Komakino cesse son activité. »

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La plupart de ces événements sont couverts par les objectifs avisés de Polaroid Corp et Lomography Corp (mais aussi beaucoup d’autres) prenant tous deux soin d’archiver ces soirées sur leur photos que l’on retrouvera sur leurs blogs respectifs. Magnifique. Grace à eux, preuve à l’appui, on en est certain : Strasbourg est une ville musicale. Vivien Pour (beaucoup) plus d’infos http://www.laiterie.artefact.org http://www.molodoi.net http://www.pelpass.net http://www.komakino.org http://hiero.eu/site http://www.stimultania.org http://www.ceaac.org/ http://www.myspace.com/lmddarius http://www.scenedebain.com http://folkyou.over-blog.com

Et pour les belles photos où l’on peut retrouver la plupart des lieux cités elles nous ont été aimablement fournies par Lomography Corp et Polaroid Corp http://polaroidcorporation.blogspot.com http://lomographycorporation.blogspot.com Ainsi que par Olivier Vax.


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UN DYNAMISME CULTUREL EN ZONE INDUSTRIELLE… IMPOSSIBLE ? IMPOSSIBLE N’EST PAS WÜRTH !

Erstein. Une zone industrielle. Juste à côté du siège français du groupe allemand Würth et d’une immense plate-forme logistique qui fabrique et vend des outils de fixation et d’assemblage, trône un immense édifice de béton et de verre d’une grande sobriété. À l’intérieur, dans un décor minimaliste assumé, 3500 m2 accueillent 800 m2 de surface d’exposition. Le Musée Würth France Erstein, centre privé d’art moderne et contemporain, est le premier musée d’entreprise français ouvert en janvier 2008. Construit et financé par Reinhold Würth, il héberge les œuvres de sa collection. Reinhold Würth, un entrepreneur collectionneur et mécène Né le 20 avril 1935 à Öhringen en Allemagne, Reinhold Würth fait son entrée dans l’entreprise de visserie en gros de son père à Künzelsau en 1949, en tant que deuxième employé et premier apprenti. En 1954, à 19 ans, il reprend la direction de l’entreprise après le décès prématuré de son père. En quelques décennies, il transforme la société régionale en une multinationale active dans le monde entier. Würth France est, pour sa part, créée en 1967 à Erstein. Parallèlement à sa réussite professionnelle incontestable, Reinhold Würth a investi, depuis les années 1960, dans une de ses passions : l’art moderne et contemporain. Il a réuni aujourd’hui une collection de plus de 15 000 œuvres : peintures, dessins, gravures et sculptures s’acoquinent. Les courants les plus divers, allant de Monet ou Munch à Baselitz ou Lüpertz, en passant par Picasso, Kupka ou Arp s’entremêlent. Collectionneur, donc, mais également mécène, il ouvre son premier musée en 1991 à Künzelsau, berceau de l’entreprise. Reinhold Würth choisit ainsi de prendre un tournant tout à fait singulier et novateur pour exposer sa collection, basée en Allemagne : la fondation d’espaces d’exposition en zone industrielle.

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Suivront, toujours aux côtés de ses implantations industrielles, l’installation d’autres musées en Allemagne, Norvège, Suisse, Danemark, Autriche, Italie, Belgique, Pays-Bas, Espagne. Celui d’Erstein, le treizième, est le premier érigé sur le sol français. Le Musée Würth France Erstein Le Musée Würth France Erstein tient son originalité de l’ambition originelle de son fondateur : « établir un lien entre l’art et le monde du travail », tant en attirant le grand public amateur d’art qu’en sensibilisant les salariés du groupe à sa collection. Mais l’objectif est aussi commercial : le Musée permet de travailler sur l’image du groupe Würth. Dirigé par Marie-France Bertrand, il fonctionne avec deux expositions annuelles, thématiques ou monographiques, dévoilant les œuvres de la collection, et déterminant la programmation culturelle. S’y sont succédées ainsi Un monde à part, François Morellet. Raison et dérision, Coups de cœur, L’ombre des mots. Günther Grass/Gao Xingjiang, et Paris-Karlsruhe-Berlin. Vents d’est et d’ouest. L’exposition en cours consacrée à Anselm Kiefer, très présent dans la collection, a pris fin le 25 septembre. Le Musée a rouvert ses portes avec Éclats ! Le musée se met au verre du 15 octobre 2011 au 4 mars 2012 pour une exposition inédite dans le cadre de la Biennale internationale du verre 2011. Les expositions s’accompagnent d’une large gamme de manifestations et d’activités pédagogiques, proposée à tous les publics. S’efforçant d’être en lien avec l’exposition en cours, la programmation mêle savamment tous les domaines culturels et artistiques pour un nouveau regard, une nouvelle expérience de l’espace d’exposition.


Photo par : © Erick Saillet

De nombreuses lectures, dont certaines faites par les artistes eux-mêmes, plusieurs spectacles et pièces de théâtre, des concerts (jazz, musique classique, musique électronique), des conférences, la participation à plusieurs événements (Festival Jazz d’Or, Week-end de l’art contemporain/Télérama, Nuit des Musées, Journées du Patrimoine…), la projection de films... ont déjà animé les murs du Musée Würth.

Musée Würth France Erstein Z.I Ouest Rue Georges Besse BP 40013 67158 ERSTEIN

La qualité et la diversité des expositions occupant la vaste superficie baignée de lumière que propose l’a chitecture du musée, son auditorium, son espace pédagogique, sa librairie spécialisée, ses cycles de programmation culturelle… sont les acteurs d’un dynamisme remarquable malgré un isolement géographique certain.

Tél : +33 (0)3 88 64 74 84 Fax : +33 (0)3 88 64 74 88 mwfe.info@wurth.fr http://www.musee-wurth.fr

Incontestablement, le Musée Würth France Erstein est un espace culturel qui s’inscrit dans la nouvelle veine du musée envisagé comme un lieu vivant, unique et novateur.

11h à 18h Du mardi au dimanche Fermé tous les lundis, ainsi que les 1er janvier, 1er mai, 14 juillet et 25 décembre.

Axelle Hoffmann

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POP SHOP LA GALERIE OÙ ON N’ A PAS PEUR D’ENTRER WAS est parti à la découverte de la galerie Pop Shop implantée au pied de la cathédrale. Depuis un peu plus d’un an, l’enseigne dédiée au pop art fait son trou dans le paysage branché strasbourgeois.

L’idée fondatrice du Pop Shop germe à l’été 2009. Elle se trouve confirmée lors d’un voyage américain avec la volonté de retranscrire l’esprit du Pop Shop New Yorkais. Pop Shop Strasbourg ouvre en mars 2010, l’objectif est de rendre l’art accessible à tous et, notamment, aux jeunes, souvent rebutés à l’idée d’entrer dans une galerie d’art. Suivant cette logique, l’enseigne pratique des prix pour toutes les bourses allant de 35 à 5000 euros.

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En vitrine des tableaux petits formats arborant des messages percutants, humoristiques aspirent le badaud. Une fois au sein de la galerie, il découvre des oeuvres plus intellectuelles mais dont le message reste facilement compréhensible. La boutique est scindée en deux espaces matérialisés par les couleurs blanche et noire. Le blanc est consacré aux petits formats à prix abordables tandis que le second, plus intimiste, est réservé à des oeuvres de plus grandes envergures dont l’achat peut nécessiter réflexion.


Pop Shop, c’est des idées simples et originales qui séduisent. Par exemple, lors de votre premier achat vous ressortirez avec votre oeuvre lovée dans une boîte à pizza. Hervé Aeschbacher, inspirateur du Pop Shop, voit à long terme et craint l’effet de mode. Pour cette raison, il renouvelle régulièrement ses tableaux, ainsi, les petits formats sont enrichis de nouveautés toutes les 3 semaines. Pop Shop fonctionne à l’affect et choisit les artistes exposés au gré de coups de coeur; inutile d’être renommé pour accéder à la galerie si votre travail est jugé digne d’intérêt, vous avez toutes les chances d’intégrer le club. Parfois, les artistes sont provoqués c’est à dire que les oeuvres sont imaginées spécialement pour l’enseigne.

En galerie, vous trouverez des oeuvres de Jean Vandevelde, spécialiste du détournement d’objets du quotidien, La Dinde et son humour ravageur, Mabouty et bien d’autres encore. Voici les ingredients de la recette Pop Shop qui s’apprête à ouvrir une enseigne parisienne en novembre 2011. Courez-y !

Propos de : Marine Haefele recueillis par : Xavier Lacombe Photos par : Vincent Muller

Pop Shop 29, Place de la Cathédrale 67000 Strasbourg 03 90 24 98 66 www.pop-shop-strasbourg.com info@pop-shop-strasbourg.com

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L’ART DE S’APPROPRIER LA RUE. Photos et visuels par : Démocratie Créative Propos recueillis par : Mylène Specklin

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La conscience collective a souvent tendance à penser que l’art nous est accessible par une connaissance préalable de la matière et dans une structure bien précise communément appelée « musée ». L’association artistique strasbourgeoise Démocratie Créative brise ces idées préconçues.

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Créée en 2008 par Florian Rivière, Démocratie Créative est l’art à la portée de tous dans la rue, l’espace public comme base expérimentale. Une idée originale suite à des interventions basiques que chaque citoyen a déjà pu contempler dans sa ville sous forme de stickers, pochoirs et autres tags ou graffitis transformant nos murs gris. Une tendance appelée « Street Art » qui fait fureur depuis la fin des années 2000. C’est en faisant plusieurs expérimentations et en gagnant en maturité que le collectif s’est positionné exclusivement sur l’espace public pour sa gratuité, permettant un échange avec les citoyens. Cette année, tous les membres de l’association ont décidé de détourner l’ensemble des richesses de la ville pour exploiter son potentiel au maximum et l’utiliser pour des performances artistiques. C’est justement pour effacer cette idée que l’art n’est accessible que dans une structure bien définie ou dans des galeries pour initiés que le collectif artistique a naturellement et spontanément usé de la rue. Une manière de perturber les habitudes et trajets quotidiens de « l’homme de la ville ». Démocratie Créative veut également, à travers ses actions, faire prendre conscience aux citoyens strasbourgeois qu’ils peuvent exploiter leur ville en transformant son usage. Une sorte de redécouverte comme un enfant saurait le faire. Ne plus se limiter aux usages premiers de ce qui se trouve à notre portée, sortir du conditionnement de la ville. Démocratie Créative n’est pas une association avec des membres fixes. Bien qu’il y ait cinq personnes au cœur du collectif, il peut y avoir une centaine d’artistes qui viennent se joindre à eux selon les actions et les appels à projets. Des graphistes, designers, architectes… Ce que recherche avant tout l’association c’est le côté créatif ; qu’importe l’univers artistique. Cependant se faire connaître dans le milieu de l’art n’est jamais facile ; surtout dans ce genre d’expérimentations artistiques. Grâce à l’ère de l’internet et des réseaux sociaux, mais aussi par des liens d’amitiés, Démocratie Créative a réussi à se procurer une légitimité nationale voire européenne. En effet, plusieurs artistes de toute la France mais encore de l’Allemagne ou de l’Italie s’engagent avec le collectif. C’est aussi grâce à ces nombreux intervenants (à hauteur d’environ 300) que l’association a su créer un véritable buzz depuis 2008.

‘‘ Effacer cette idée que l’art n’est accessible que dans une structure bien définie ’’

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ART Le blason de Démocratie Créative est également basé sur un élément urbain. C’est en effet toute une symbolique de la ville qui est reprise dans leurs travaux. La connotation « d’art urbain » n’enchante pas trop Florian Rivière directeur de Démocratie Créative. Pour lui, on a trop souvent tendance à s’imaginer qu’il ne s’agît que de tags ou de graffitis. Pourtant, ce dernier reconnait que « la première exposition du collectif était basée sur ce principe. » C’est en voulant ouvrir ces frontières, afin d’ancrer dans l’art urbain tout une palette de domaines que Démocratie Créative s’est engagée à mélanger la peinture, la danse, le graffiti etc… suivant les artistes qui veulent participer à leur activisme, tout respectant la structure des projets de Démocratie Créative qui se déploie sous 3 grands axes : Usage et regard : Il s’agît de transformer le regard que peuvent avoir les habitants sur la ville par les actions des artistes qui font des installations et des performances sur ce qu’ils trouvent dans la rue.

Ce que vous avez peut-être déjà vu :

Activisme :

/La Twall

Les gens peuvent s’approprier ou se réapproprier la ville de manière collective avec un respect certain et non dans une dimension de dégradation.

A été un projet de peinture sur le mur rue Thomann sous l’espace Insight. Une peinture qui changeait tous les mois sous les mains d’un nouvel artiste. Après la construction de la banque, La Twall a été déplacée rue de l’Aimant et a fortement évoluée. Ce n’est plus uniquement de la peinture mais également des collages, de la danse, des concerts, des projets participatifs qui permettent de créer des échanges.

/Le Chant des Sirènes

Habiter : Autour d’un cadre social, créer un lieu de convivialité avec les habitants. Inviter un public à participer aux actions à l’échelle d’un quartier, le plus souvent comme l’action « La Twall » où les habitants peuvent observer et découvrir de nouvelles peintures : des interventions éphémères et participatives dans l’idée d’offrir à la rue un maximum de possibilités.

Dont l’idée majeure provient d’une volonté de détourner l’usage des cabines téléphoniques en les faisant sonner. Remarquant que les cabines téléphoniques sont de nos jours très peu exploitées, ils ont décidé de renouveler leur utilisation en appelant pour y raconter des blagues, chanter ou encore réciter des poèmes. Deux publics ont ainsi été visés : les personnes invitées à appeler et celles qui étaient invitées à répondre.

/Spielplatz Une expérimentation datant de février suite à une demande de la ville. La démarche avait pour but d’établir une nouvelle façon de se déplacer dans la rue par une attitude de jeu. Plusieurs activités sont proposées : basket, marelle, labyrinthe, sauts etc, tout en utilisant ce que la ville offre déjà. Inscriptions sur le sol aux arrêts de tramways : « En cas de grève de tram fais la course ». Un moyen de passer le temps tout en s’amusant. Le collectif est un véritable trésor artistique qui embelli et transforme l’espace urbain pour le plus grand plaisir des citoyens. À découvrir ou à redécouvrir d’urgence dans toutes les rues de Strasbourg.

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Démocratie Créative Se trouve aussi sur Facebook (Démocratie Créative) ainsi que Twitter (twitter.com/democratiecrea). www.democratiecreative.com


WAS THAT ?!

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LITTÉRATURE

PIMP & MILF CHOISIR SON CAMP

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Propos de : Volkan Dulkadir Photo par : Vincent Muller


PIMP MILF WAS se permet ici de lancer un avertissement à ses lecteurs. Dans le soucis de vous permettre de conserver une famille unie, et une certaine humilité, un seul conseil... Ne présentez pas mémé à vos amis. Sachez que désormais l’âge de celle-ci peut faire écho à son potentiel sexuel. Imaginez seulement Mamie dans les bras d’un copain du collège...

Robert Beck alias Iceberg Slim était un célèbre proxénète du Chicago des années 40-50. Froid et sans pitié, il n’a qu’un rêve lorsqu’il débarque dans la ville : « devenir le plus grand mac des États-Unis ». Repenti et sevré d’une addiction à l’héroïne, il livre ce qu’a été sa vie pleine de violence, de crime, drogue et d’argent. Dans « PIMP », celui qui est désormais une grande figure de la littérature américaine, se livre sans concessions et met à nu la vie et les pensées du proxénète qu’il a été. Dans cette œuvre autobiographique, Iceberg Slim narre crûment le faste, le luxe, mais également la violence et l’angoisse liés à ses anciennes activités, son enfance et son éducation qui l’ont, selon lui, conduits à ce terrible avenir. Aux euphories des premiers succès qui marquent son entrée dans « le monde des macs » jusqu’à la désillusion, lorsqu’il se retrouve sans rien, ce roman expose sans excès de morale et sans fascination pour le crime la vie du plus célèbre mac des États-Unis.

Depuis le 13 mars dernier, la France possède enfin sa Miss Cougar. Jaine Boisselier 58 ans, cheveux rouge flamme, du cuir, du léopard, grrrh du hot !

Robert Beck écrivit avant tout cette oeuvre pour expliquer à la communauté afro-américaine, dans un pays où le racisme et la discrimination étaient encore chose courante, que la drogue et les activités illégales ne constituent pas un bon choix d’avenir.

Ringards les couples vierges jusqu’au mariage, les sexfriends, ringards les amoureux romantiques. Il faut passer outre les rides, les seins au niveau du nombril, les fesses au niveau des mollets. Après vos 5 fruits et légumes par jour, croquez le fruit mûr par excellence ! Goûtez donc Mamie ! Ouverte et forte de son expérience, plaisir garanti.

Des méthodes du « grand livre des macs » aux altercations avec la police, en passant par les histoires de drogues. « PIMP » est un livre à lire absolument. À la fois témoignage d’une époque, d’une activité illégale, ce roman est devenu célèbre dans la culture urbaine afro-américaine (pensons aux rappeurs comme Ice-Cube dont le nom s’inspire du pseudonyme du célèbre proxénète ou aux paroles de certaines chansons de gangsta-rap qui énumèrent des lieux communs du proxénétisme directement issus de l’oeuvre de Robert Beck).

A vous de juger si c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les soupes les plus chaudes !

Ce témoignage, par son réalisme, met également un terme à toutes les illusions sur le système prostitutionnel, révèle la complicité et la corruption des autorités, du milieu des finances, le racisme et l’odieuse exploitation sur laquelle se base cette activité qui croît et se repaît de la misère.

PIMP de Robert Beck Paru aux éditions « Points » 1969 67 WAS


WHO LET THE DOGS OUT ?

WELCOME BACK, BICHON ! Photos par :Vincent Muller

Non non, le bichon n’est plus le chien des petites vieilles bourgeoises de la promenade des Anglais et du festival de Cannes. Le bichon n’est pas un caniche. Il n’est plus la pépette à mémère, plus Choupette dont on ne distingue plus le cucul de la tetête. On ne trimballe plus son bichon dans son sac à chien, sous le coude. Le bichon, c’est le chien qu’il vous faut !

tra du vernis sur les pieds. Messieurs, n’hésitez On ne doit pas cette propagande pro-bichon pas à dresser ce chien très joueur à vous chercher uniquement au célèbre clip de Julien Doré, ni à une bonne bière dans le frigo, à ouvrir la porte Téquila, le bichon de Patricia Kaas (référence ulet payer le livreur de pizzas pour pouvoir rester time en terme d’has been). Le bichon, c’est tout dans le canapé devant France un art. Idéal pour les citadins, le - Irlande. Le bichon peut vous bichon n’a pas besoin de se déVotre copine veut un accompagner à bicyclette, finir penser outre mesure, une petite enfant ? Un bichon c’est votre assiette et faire la vaisselle promenade, le temps d’exhiber tellement mieux ! de sa petite langue rose. Le bivotre it-dog, et il ira dormir le reste de la journée.N’attendez pas que Paris Hilton ait un bichon pour être à la mode ! Soyez la mode. Vous vous imaginez déjà, en train de brosser ses poils d’un blanc immaculé, caressant sa petite tête aimante, ramassant un petit vomi mignon. Il ira acheter votre presse à scandale, vous met-

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chon, un ami pour la vie. Votre copine veut un enfant ? Un bichon c’est tellement mieux, et tellement moins cher ! Et tellement plus facile à éduquer. Elle pourra lui acheter des petites robes, des petits colliers. Elle pourra jouer avec, l’allaiter ?! Imaginez seulement tous les avantages de la bête !

Plus de crainte de se faire cambrioler : le bichon est le chien de garde par excellence. Plus rien à craindre en sortant tard le soir, le bichon est plus efficace qu’une bombe lacrymogène. Le bichon, c’est mignon, vous aurez vos petits sacs à caca, votre petite laisse mignonne, son petit panier près du canapé.Tout est si tout petit mignon trognon trop mignon vraiment. WAS a voté : les enfants c’est ringard, longue vie au Bichon !


SAC À CACA : UN INVESTISSEMENT, UN GESTE MILITANT

n.m : objet rare servant à ramasser les excréments de votre bichon trop mignon.

Considérez donc le sac à caca comme de véritables accessoires de mode...au même titre que le dernier Vuitton. Comme toute fashionista/ fashionisto qui se respecte vous ne résisterez pas à l’envie, que dis-je à l’irrépressible besoin d’exhiber fièrement votre dernier it-bag pour rendre nos rues plus propres. 7 EUR les 150 sacs à caca... 125 EUR l’amende en cas de défécation sauvage de votre compagnon à 4 pattes, le compte est vite fait ! 1/1OOe du prix du it-bag de la saison et même pas de liste d’attente comme chez Fendi ! Mais pensez également à la valeur que peuvent prendre ces sacs à caca, comme chacun le sait, un sac digne de ce nom c’est comme du bon vin,

© john lee - Fotolia.com

Avez-vous déjà ressenti les regards écœurés des badauds quand votre chien défèque et que vous ne ramassez pas ? Avez vous déjà fusillé duregard des propriétaires de canidé ne ramassant pas les cacas ? Pour en finir avec votre honte/dégoût investissez/militez ! ça se bonifie avec le temps. Prenez l’exemple des sacs Hermès : les sacs à caca sont en passe de devenir les nouveaux sacs de légende. Hé oui Mesdames et Messieurs, certains (barjots ?) les collectionnent et se battent pour en dénicher de nouveaux modèles. Exactement comme les it-girls/ it-boys cherchant sans relâche L’ACCESSOIRE qui leur permettra de poser fièrement dans les rubriques « style-hunter » des magazines des prêtresses de la mode. Au delà de l’hygiène, ces accessoires indispensables à chaque propriétaire de toutou peuvent vous rapporter gros ou passer à coté de cette tendance vous coûter cher !

Par ailleurs, cher lecteur, outre sa vocation première, posséder un sac à caca peut s’avérer utile dans bien d’autres situations : • réceptacle à vomi après un abus de mojitos • bavette pour bébé • transports de substances illicites • préservatif (pour prétentieux !) • sac de courses réutilisable (la minute écolo...) • avec un trou peut servir de masque pour Halloween (ou cacher la tronche de votre laideron de plan cul). À bon entendeur... militons !

R.I.P AUX CHIENS LES PLUS LAIDS DU MONDE Chaque année, à Sonoma en Californie du Nord, on procède à l’élection du chien le plus moche du monde. Le gagnant remporte la somme de 500$, presque de quoi envisager une chirurgie esthétique. WAS tenait à rendre hommage à ces beautés disparues.

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MODE CONTRIBUTEURS PHOTOGRAPHE • Vincent Muller STYLISME • Marie-Catherine Brandstetter ASSISTANTE PHOTO • Juliette Simon MANNEQUINS • Marie Hauss / Hélène Dossman / Ludovic Distel MAQUILLAGE • Charlotte Gavet-Durr COIFFURE • Ludovic Dollé pour Foreign

BOUTIQUES Vend’homme / Gloss / Troc Mode Grunge Boutik / Le Canotier Illustration par : Gilles Dillenseger

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QUAND LE TRADI-CHIC PREND DU GALON Le mot d’ordre à retenir en cette rentrée 2011-2012 est : revisitez vos classiques! Tous les défilés nous le prouvent, les créateurs ont plongés dans l’essence même de la m ode pour en ressortir les pièces les plus traditionnelles qui soient et y injecter absolument toutes leurs fantaisies. C’est en partant des plus beaux vestiaires des années 50 que nous avons pu tracer un chassé-croisé des influences qui font la mode d’aujourd’hui.

Cette saison, une nouvelle fois, il sera impossible de passer à côté du revival 50’s. On imagine le besoin de féminité et d’élégance des femmes au sortir de la guerre et on boutonne sa chemise au ras du cou. Mais point d’austérité, le rouge à lèvre écarlate claque au dessus du col. On peut également rejouer l’émancipation féminine et on plie son cargo-pant au dessus de la cheville afin de laisser entrevoir juste ce qu’il faut de peau. Du côté masculin, on pense aux premières images d’hommes en jeans débarquant au milieu d’un Hollywood glamour et, tels James Dean ou Marlon Brando, on n’hésite plus à porter un jean plutôt qu’un pantalon à la coupe improbable. Ici, l’allure est modernisée grâce à la longueur au dessus du genou de la jupe ou à l’imprimé graphique sur du cachemire mais l’esprit années 50 reste présent. On quitte nos bas de laine pour en enfiler en soie telles Marylin Monroe ou Betty Page on s’inspire de la grâce des pin-up qu’on mélange à une bonne dose de pop.

La robe à crinoline fait son grand retour et la découpe fifties s’encanaille. Voilà une parfaite tenue glamour où les motifs viennent twister la silhouette rétro et casser son côté trop old-school. On plonge encore un peu plus dans le glamour à l’arrière d’une Mercedes où c’est en robe luxueuse et intemporelle que l’on prépare sa soirée, chicissime forcément. Mais puisqu’aujourd’hui tout est contraste, on fait place au total-look noir, accessoirisé de sequins, de plumes et de lamé pour créer son style nocturne façon oiseau de nuit qui ne rentrera pas avant l’aube. Et au quotidien que fait notre oiseau ? Il se pare d’une cape en écho à Courrèges, mais beaucoup plus prêt-à-porter, et se love dans une robe en laine au tombé impeccable. On a fait du chemin depuis les pois et les camaïeux automnaux pour en arriver à la chemise à carreaux, toujours sur le devant de la scène, mais avec une jupe à double-rangs de boutons, sixties évidemment.

Pantalon en laine et pull (Sessun 110 et 109 euros). Sac « Piou » (Sessun 90 euros) chez Gloss. Ballerines en cuir (Minelli 45 euros) chez Troc Mode.

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Cette saison, une nouvelle fois, il sera impossible de passer à côté du revival 50’s.

Chemisier et jupe en laine (Sessun 99 et 114 euros) chez Gloss. Sac moutarde en cuir (Karen Millen 225 euros) chez Troc Mode.

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Page de gauche : Robe à motifs pin-up vintages (Hell Bunny 89,50 euros) chez Grunge Boutik. Robe à pois et tutu (Hell Bunny 69,50 et 38,50 euros) chez Grunge Boutik. Page de droite : Robe boutonnée sur l’avant (Living Dead Souls 69,50 euros). Robe à pois (Hell Bunny 89,50 euros) chez Grunge Boutik.

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Page de gauche : 1. ELLE : Robe-pull en laine moutarde (Sessun 99 euros). Sac en cuir marron « Zita » (Sessun 190 euros) chez Gloss. LUI : Cardigan à empiècement en cuir et blason (Bill Tornade 149 euros). Chemise à carreaux (Eleven Paris 75 euros). Jean slim (Firetrap 129 euros) chez Vend’homme.

Page de droite :

2. Robe en laine camel et robe en laine carmin (Sessun 128 et 112 euros). Capes camel et noire (Sessun 190 euros) chez Gloss. 3. Robe (See U Soon 85 euros). Top à plumes et jupe à volants (See U Soon 45 et 56 euros) chez Gloss. Chapeau d’homme (Stetson 59 euros) chez Le Canotier.

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Robe échancrée vintage (Louis Vuitton 338 euros) chez Troc Mode.

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VEND’HOMME,

OÙ D’AUTRE ? UNE BOUTIQUE UNIQUE, UN TEMPLE DE LA MODE Depuis novembre 2010, les ruelles Strasbourgeoises sont hantées par ses t-shirts, chemises, vestes etc... Près d’un an après l’ouverture de la boutique Vend’homme, Vincent Morel-Chevillet nous reçoit. De France 3 à L’Express, personne n’a pu passer à côté de cette boutique au 3, rue de l’épine, devenue tout simplement incontournable en matière de mode. Rencontre avec Vincent. Du haut de ses 26 ans, cet originaire de Strasbourg est en pleine ascension. Côté mode ce sont des marques comme Eleven Paris (paye tes t-shirts introuvables à Strasbourg, et pour seulement 40 EUR), Everlife, Bill Tornade, Jim Rickey et Nixon pour les montres. Une boutique élégante et branchée. Dés qu’on y entre, on tend l’oreille et on comprend qu’il faut aussi compter sur le côté musical. En effet, ami avec tout ce qui se fait de plus talentueux sur la vitrine Strasbourgeoise, entre Deaf Rock Records et la Cité de la Prod’, Vincent a imposé son style. Il a d’ailleurs habillé toute une partie de la troupe du célèbre Label pour un shooting sauvage dans la cour à côté de la boutique ! Des t-shirts barrés (Lady Gaga à moustache) aux caleçons, on ressort de sa boutique rhabillé de la tête aux pieds. De la mode, du style, de quoi se démarquer. Enfin une boutique unique loin des marques surfaites et trop largement distribuées. Vend’homme n’a pas son pareil. Pour ceux qui désespéraient, de boutique en boutique, de trouver enfin une enseigne qui proposerait des surprises et des vêtements rares, Vend’homme sera une libération. De la nouveauté quasi chaque semaine, toute la boutique est en perpétuel mouvement. La sélection de Vincent satisfera quiconque entrera dans ses murs. Un seul conseil, dépêchez-vous, car les vêtements s’y arrachent.

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Boutique Vend’homme 3, rue de l’épine 67 000 Strasbourg.


Photo par : Vincent Muller

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MA WAS IN LA CHRONIQUE D’ÉRIC GENETET

MA WAS IN... Éric Genetet

est l’auteur de : Le fiancé de la lune (Éditions Héloïse D’Ormesson) et Chacun son Foreman (Le verger Éditeur). Son troisième roman sortira en 2012.

... contribue à ma bonne humeur, pas toujours naturelle, lorsque je quitte mon appartement après avoir écouté les news à la radio. Ma WAS in n’a pas la télé. Elle ne regarde ni les chaînes infos, ni les JT de 13 et 20 heures, mais elle est au courant des affaires qui agitent notre pays, notre monde ou notre quartier Strasbourgeois. Elle surfe sur Internet et lit la presse. J’la croise tous les matins, son gobelet de café à la main, comme une actrice américaine, avant que son tram elle ne prenne (en exclusivité, la prochaine chanson de Jean-Jacques Goldman…) Hier, elle râlait parce qu’elle ne pouvait pas se garer normalement, à cause de la foire européenne au Wacken. Elle rouspétait avec le sourire, comme les gens qui ont toujours du recul sur les événements. Après, elle a parlé de la crise, du chômage, de DSK et d’Anne Sinclair qui ne gagneront pas le titre du couple de l’année, elle a pesté contre la spéculation en disant qu’elle n’y comprenait rien, elle a ajouté qu’elle ne voulait pas payer plus d’impôts quand des plus riches qu’elle en payent moins. Mais, en fait, elle n’accorde pas trop d’importance à tout ça ; elle dit qu’il faut prendre les hommes pour ce qu’ils sont : un mystère absolu. Je suis assez d’accord avec ma WAS in. Elle assure que la folie de l’espèce humaine est sans limites. Elle croit aussi que dans ce monde-là, trouver un amoureux est devenu très compliqué : « J’aimerais rencontrer un homme qui ne court plus, un homme qui en a fini avec ses fantômes, qui n’a pas besoin de moi, mais qui m’aimera et qui remplira mon gobelet de café every morning. » Elle est super bilingue ma WAS in, une vraie working girl, avec le gobelet de café… Elle dit que la vie va bien finir par pencher du bon côté, qu’elle ne s’inscrira jamais sur Meetic ou Attractive Word. Elle est douce et intelligente, elle aime le cinéma et les livres de David Foenkinos qu’il faudra que je découvre un jour. Ma WAS in a 40 ans sous ses cosmétiques, 35/36 apparemment. Avec un profil comme celui-là, elle ferait un carton sur un site de rencontres pour célibataires exigeants. Ma WAS in passe un peu de temps sur Facebook. Elle n’a que 21 amis, et dit que c’est déjà beaucoup. Moi, je vais bientôt pouvoir remplir le Palais des Congrès et je me demande si j’inviterai tout le monde à mon anniversaire, j’aime beaucoup être entouré de mes proches pour les grandes occasions. Vous croyez que je peux avoir les Weepers Circus maintenant qu’ils travaillent avec Michel Rocard et Jean Rochefort ? Ma WAS in clique sur « j’aime » à chaque fois que j’écris quelque chose sur mon mur Facebook.

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Il faut sauver le cinéma Star à Strasbourg, il pourrait bien disparaître à cause d’une augmentation de loyer exorbitante, signez la pétition > J’aime. Expo Buren à Metz > J’aime. Le Racing club de Strasbourg retrouve le stade de la Meinau devant presque 10000 personnes, au 5e échelon français > J’aime. D’après un membre du gouvernement, en France, dès qu’un enfant vient au monde, il contribue à la hausse du chômage > J’aime. Envie de voir une comédie romantique à New York > J’aime. J’écoute le nouvel album des Weepers Circus > J’aime. Le colonel Kadhafi n’aura pas le temps de passer Général > J’aime. Même quand j’aime pas, ma WAS in aime : J’aime pas la rentrée > J’aime… La rentrée est un spam pour la déprime… J’aime. Je bois un Coca dans le troquet d’en bas > J’aime. Parfois, elle ajoute un commentaire : tu peux boire en toute liberté, nous sommes en France ? NON ? Tu as le droit d’avaler un soda taxé. Apprécie-le à sa juste valeur, tu contribues à réduire la dette. Et pendant ce temps, certains continuent de se sucrer… Je suis certain que ma WAS in cliquera sur « J’aime » lorsque Kadhafi sera jugé pour ses crimes, lorsque la loi Sueur (qui permet aux communes d’attribuer des subventions à des entreprises privées ayant pour objet l’exploitation des salles de spectacle cinématographique) aura sauvé le Cinéma Star, lorsqu’elle aura rencontré l’homme de sa vie et le Racing la Ligue 1, lorsque l’on aura prouvé par A + B que le niveau du chômage en France ne s’explique pas par le fort taux de natalité, et que Frédéric Lefebvre arrêtera de trouver des conneries à raconter pour faire parler de lui. Ma WAS in là aussi n’a pas manqué de donner son avis sur Facebook : ne plus faire d’enfants pour rectifier le chômage ? Bien sûr ! Dans trente ans nous vivrons dans un pays de vieux. C’est Sarko qui payera les retraites ? Ou De Villepin pour le prix d’un. Lui, elle irait bien le rectifier aussi, elle ne l’aime plus du tout depuis un entretien sur France Inter début septembre. Elle l’a trouvé démago, ce qui en matière de politique nationale est un euphémisme, pour ma WAS in. Dans la cage d’escalier, nous y sommes allés de notre petit commentaire avec le WAS un du dessus : « Pourquoi vouloir changer le système ? Ceux qui pourraient être à l’origine d’une nouvelle ère, où les pauvres ne seraient pas de plus en plus pauvres, sont de plus en plus riches justement ». Il était très remonté le WAS un, puis il est remonté. Il sentait un peu la transpiration. Ma WAS in m’a dit que l’on devrait peut-être lui indiquer l’existence d’un nouveau déodorant L’Oréal pour homme 96 heures…

Quatre jours ! Ouah ! Le truc le plus dur c’est de se laver partout sauf sous les bras pendant 4 jours, j’ai répondu à ma WAS in qui a bien ri. Je me suis demandé si elle n’en pinçait pas un peu pour moi qui me savonne sous les bras, et ailleurs, chaque matin. En arrivant à mon bureau, j’ai trouvé des infos sur le sujet : dans l’ensemble les entreprises du CAC ont vu leurs résultats progresser de 11 % sur le premier semestre, à 46 milliards d’euros. J’en conclus que le système est tellement profitable aux malins financiers, qu’ils n’ont aucune raison de changer quoi que ce soit. En France, certains ont des scrupules ; les plus imposables ont demandé à Sarko de les taxer davantage, histoire de moins culpabiliser ? Histoire de dire : « Vous voyez, NOUS être riche, mais NOUS avoir bon cœur ». Ils recommandent que cette contribution soit « calculée dans des proportions raisonnables, dans le souci d’éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l’accroissement de l’évasion fiscale ». Des grandes fortunes sont prêtes à payer des d’impôts supplémentaires, mais pas trop quand même. Ma WAS in a trouvé ça ignominieux, elle a vraiment dit ça, elle est trop forte en mot super long. Elle a écrit sur son mur avec son I phone : JeanPaul Agon, PDG de L’Oréal. Patron français le mieux rémunéré en 2010, gagne 10 millions d’euros par an. C’est incontestablement ignominieux. Pensez-vous qu’un type à la tête d’une société qui vend des déo 96 heures se lave sous les bras ? Le lendemain ma WAS in a posté une citation du Dramaturge et conteur irlandais William Butler Yeats : « Je suis pauvre, et mes rêves sont mes seuls biens. Je les déroule sous tes pas. Marche doucement, car tu marches sur mes rêves... » J’ai pris une douche, je me suis mis du déodorant 24 heures et je suis allé lui acheter des fleurs sans attendre la fête des WAS un, un bouquet d’insouciance dans notre monde si mystérieux, ou les rêves n’ont rien à voir avec le cinéma américain, même si les héroïnes se rendent à leur travail avec un gobelet de café dans les mains.

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THE PLACE TO GOÛTER

THE PLACE TO GOÛTER Do you speak goûter ? WAS oui et je peux vous assurer qu’à la fin de cet article, vous aussi ! Il paraît que le goûter est délaissé par les « grands »… Pour éviter cette négligence, voici un petit guide des lieux underground du goûter strasbourgeois.

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BISTROT & CHOCOLAT Le numéro 1 du goûter qui propose des formules telles que la 400 coups ou plus « simplement » un croque-chocolat ou une gaufre accompagnée d’un coulis Valrhona ou de mangue. Je vous recommande tout particulièrement cet endroit, aussi bien pour ses plats du jour végétariens que pour ses sucreries à tout moment de la journée, ses brunchs, ses boissons maisons et les produits d’épicerie fine à emporter. Tout y est délicieux! De plus le décor est rétro et la terrasse donne sur la cathédrale. 8 rue de la Râpe bistrotetchocolat.net

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THE PLACE TO GOÛTER

AU FOND DU JARDIN Contigu de notre numéro 1, voici Au fond du Jardin ! Endroit insolite dont les propriétaires peuvent se vanter d’avoir créé une madeleine pour le Prince William himself qui l’aurait adorée, faisant de notre pâtissier local le fournisseur de Buckingham. On vous recommande donc les madeleines de toutes sortes ainsi que les scones, tout est fait maison et exquis. En revanche, n’oubliez pas de réserver à l’avance, ils sont très prisés. 6 rue de la Râpe aufonddujardin.fr

SALON DE THÉ GRAND’ RUE Situé en bas de la Grand Rue, ce salon de thé vous propose un large choix de part de tartes et gâteaux, toutes plus appétissantes les unes que les autres, relevées d’un accompagnement au choix tel que des fruits rouges, de la chantilly, de la crème anglaise… Le lieu semble tout droit sorti d’une illustration de conte de fées, desserts féeriques compris! Nous avons craqué pour la part de tarte au fromage blanc et framboises, une des spécialités de la maison. Réservez une place dans votre estomac, les quantités sont copieuses. 80 Grand Rue salondethegrandrue.fr

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CHRISTIAN Qui a dit « c’est pour les mamies » ? Cette institution strasbourgeoise est un pâtissier, chocolatier et glacier que vous pouvez trouver rue de l’outre, la façade est facilement reconnaissable à la beauté de son trompe-l’œil, et devant la cathédrale. Nous avons une préférence pour le deuxième salon de thé, situé à l’arrière de la boutique, en haut d’un escalier de pierre et joliment décoré. Nous vous recommandons les entremets au chocolat, ils sont tous très jolis mais personnellement je préfère ceux qui ne contiennent pas de crème au beurre, n’en déplaise à ma grand-mère. 10 rue Mercière christian.fr

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THE PLACE TO GOÛTER

JEANNETTE ET LES CYCLEUX Vous connaissez peut-être déjà ce bar pour ses apéros-planchettes ? Il demande à être connu pour son milk-shake au Nutella ! Le seul, l’unique, le vrai, l’incomparable qui me fait fondre rien que d’écrire son nom. Certains d’entre vous se souviennent peut-être de la période de désespoir où le shaker était cassé ? Rassurez-vous, il est plus en forme que jamais ! On n’oubliera pas le fondant au chocolat ou la tartelette au citron qui font plaisir à déguster au milieu des motocyclettes. 30 rue des Tonneliers lenetdejeannette.com/

LE THÉ DES MUSES Pour les « théophiles », cet endroit se révélera parfait. En effet, on a rarement vu un tel choix de thés, du plus sobre au plus parfumé. Nous vous conseillons de l’accompagner d’une part de tarte aux noix, à déguster sur la terrasse ensoleillée. 51 Rue du Fossé des Tanneurs www.blogger.com/profile/07149019561463554774

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À L’ATELIER D’GRAND PÈRE Derrière les Galeries Lafayette s’étend la terrasse du célèbre Atelier de Grand Père, qui propose en plus de ses traditionnelles tartines la possibilité de bruncher jusqu’à plus faim ou de prendre un petit goûter. On vous recommande le Latte Macchiato ou le granité bleu, selon la saison, ainsi que la tartine de l’emparleur à base de guimauve et de chocolat noir, humm… Quoi que vous preniez, vous ne serez pas déçus! 11 rue Sainte Barbe resto-latelierdgrandpere.com

Propos : Marie-Catherine Brandstetter Photos :Vincent Muller / Henri Vogt Illustration : Gilles Dillenseger

S OÛTER URS G E L L I E S ME AR UN UT DE VÉS P T EZ TO U V O A R S P S N PEU AP ! VOU ÉS ET NIR , O I T F S E R T VOILÀ U BIEN OIS, ! PO ROITS URGE EURS D O S N B S I E S A A N UES STR S CON UELQ LACE DE FIN DER Q S LA P E A N P P A I T U M N ÉQ RECOM PEUR RITAIE VOUS Z PAS NE MÉ E E I R V U O ’A Q C IS SN EN I VOU ES MA CHOCO TER. S THIQU TOUTÛ A S O P E G M L SY DU ERO MPLE ROFIT LES P LE TE S Z N E T A D EN N TES, T ERSIO OURIS T S E Z LA V HI. D E C T N S A E FR E, T NT ACIER ANAD IL SAI DU GL OURN L’ ESPL F E U D D IN E LE CO DIANT T ÉTU DANS N E M RE ER. CULIÈ EU CH P T E PARTI APIDE IAS, R MATTH

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SUR LE POUCE

SUR LE POUCE Déprimant la rentrée ? Mais non, WAS a testé pour vous les meilleurs endroits où manger sur le pouce, de quoi transformer votre pause déjeuner en un dépaysement total. Vous connaissez tous les fast-foods, voici leur version saine et insolite. En version « à emporter » / « street food » pour profiter des derniers rayons de soleil sur les quais.

BAGELSTEIN ADRESSE : rue des Orphelins (Krutenau) & 5 rue St-Etienne (place St-Etienne) CONCEPT : Bagelstein propose des bagels à l’américaine, sandwichs ronds qui se déclinent en version salée ou sucrée. L’ambiance du restaurant est détendue, la déco rappelle celle des vieux bars américains. La plupart des produits sont faits maison y compris les desserts comme les muffins ou les doughnuts. PRODUIT PHARE : le bagel ! Avec un nouveau sandwich star par mois, vous aurez de quoi goûter. De plus, n’hésitez pas à poster vos suggestions sur le site internet, vous verrez peut-être le bagel de vos rêves devenir réalité… PRIX : Le bagel de base est à 3,90 EUR. Le menu bagel & boisson à partir de 4,70 EUR et si vous êtes partant pour la totale avec dessert et chips, ce sera à partir de 6,70 EUR. LE PLUS : On retrouve le vrai goût de l’Amérique en particulier grâce au cream-cheese. L’endroit est dépaysant et l’équipe très accueillante. HORAIRES : De 7h45 à 20h toute la semaine et de 10h à 18h le dimanche.

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MADE IN FRANCE ADRESSE : 7 place Saint-Nicolas-aux-Ondes (Krutenau) & 53 rue du Fossé des Tanneurs (centre) CONCEPT : Si vous posez la question à un trentenaire strasbourgeois de ce qu’il a préféré de sa vie étudiante, 9 fois sur 10 il vous répondra : Le Made in France. En effet, à la fin des années 90 ce restaurant de « street-food » ouvre une franchise en bordure du campus où la variété et la consistance des sandwichs proposés sont immédiatement un succès. PRODUIT PHARE : le sandwich ! On ne compte plus les inconditionnels de l’Edam-burger, avalé entre la bibliothèque et le sport ! Et pour les moins nostalgiques, vous avez la possibilité d’agrémenter chaque sandwich selon vos goûts grâce au choix de crudités, d’accompagnements et de sauces, toutes très bonnes. Les plus téméraires tenteront le « Big boss » avec son fromage de chèvre inattendu. PRIX : Sandwich à partir de 3,90 EUR et formules différentes selon les saisons. HORAIRES : Du lundi au samedi, de 11h à 21h. 91 WAS


SUR LE POUCE

MEZZO DI PASTA ADRESSE : 9B rue des Frères (cathédrale), 22 rue des Balayeurs (Krutenau), 111 Grand’Rue (centre), 4 rue Sébastopol (centre) & 76 rue de la Plaine des Bouchers CONCEPT : Des cups de pâtes à emporter. Choisissez la taille de votre cup, le type de pâte (simples ou fourrées), la sauce et le fromage. Des plus traditionnelles bolognaises ou carbonaras (chaudement recommandées) aux recettes éphémères, Mezzo di Pasta ravira tous les amateurs de pâtes. PRODUIT PHARE : les pâtes ! Personnellement, j’ai un faible pour celles farcies ricotta-épinard avec une sauce au pesto. Ainsi qu’un tiramisu en dessert… Prix : Cup medium à partir de 5 EUR et menu à partir de 6,50 EUR. HORAIRES : selon les restaurants, l’ouverture se fait entre 9h et 11h et la fermeture entre 20h et 21h45, du lundi au samedi.

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CROQ’SAVEURS ADRESSE : 7 place Saint-Nicolas-aux-ondes (Krutenau) & 3 rue de l’Arc-en-ciel (cathédrale) Concept: Ici aussi tout est fait maison, de la préparation du poulet aux desserts et le pain est commandé tout spécialement « Au Pain de Mon Grand-père » (58 Rue de la Krutenau). PRODUIT PHARE : On peut citer le « Misto » avec son pesto maison ou le « Cévenol » que vous trouverez tous deux parmi les Pan’Olive, sandwichs légèrement toastés. Les desserts ne sont pas en reste puisque en plus d’être faits maison, ils sont particulièrement bien servis (et oui, 250 g de panacotta ça ne s’invente pas). PRIX : Vous trouverez un bon choix de sandwichs dès 3 EUR ainsi que des menus entre 4,80 EUR et 6,90 EUR pour un sandwich avec une boisson et un dessert ou une petite salade. LE PLUS : Le choix de sandwichs chauds et froids est impressionnant et les produits sont d’excellente qualité malgré les prix peu élevés. HORAIRES : De 7h30 (pour le petit-déjeuner) à 15h30. 93 WAS


SUR LE POUCE

LE MIXEUR ADRESSE : 57 rue de Zürich (Krutenau) CONCEPT : L’idée de départ du Mixeur était de proposer des soupes et des jus de fruits faits maison à partir d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. Puis le concept s’est élargi et le bar propose maintenant des quiches, salades, tartes, cakes et desserts en plus des traditionnels jus. Tout est toujours bio et fait maison, la carte change tous les jours et même les contenants sont biodégradables. PRODUIT PHARE : la soupe ! Vous en trouverez plusieurs sortes durant l’hiver ainsi que des gaspachos en été. Pour ma part, j’ai été attirée par le gâteau au chocolat depuis l’autre bout de la rue… PRIX : À partir de 2,50 EUR la soupe et des menus entre 6 et 9 EUR. LE PLUS : l’impression de manger vraiment bon et équilibré à la fois. L’accueil ultra sympathique. La possibilité de se restaurer sur place ou en terrasse. Et pour ceux qui n’arriveraient plus à se passer de leurs plats, l’option buffet-traiteur ! HORAIRES : Du lundi au samedi de 8h30 à 19h30.

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ET AUSSI... SUBWAY

SUSHI-SHOP

ADRESSE : 9 rue des Frères (cathédrale), 47 rue du Fossé des Tanneurs (centre) & place de l’Esplanade. CONCEPT : le groupe Subway bien connu aux Etats-Unis est depuis peu implanté dans la capitale alsacienne. Le concept est simple et efficace : vous choisissez la taille de votre sandwich, le pain que vous voulez, les ingrédients et la sauce. PRODUIT PHARE : le sandwich ! Et pour ceux qui pensent que Subway ne rentre pas dans la catégorie « nourriture saine », voici l’exemple d’un menu super équilibré : Un sandwich « végétarien » ou « poulet teriyaki » avec du pain complet et une sauce « moutarde et miel » accompagné d’eau et d’un yaourt en dessert, voire même un cookie pour les plus fous et vous aurez ingurgité un bon déjeuner bien équilibré. PRIX : Le sandwich du jour est à 2,90 EUR et si vous avez la veine d’être étudiant vous pourrez prendre un menu avec un sandwich de 15 cm, une boisson et un dessert ou des chips pour moins de 6 EUR. (Sinon vous pouvez aussi prendre le menu mais c’est plus cher… ce sera 6,20 EUR) HORAIRES : Tous les jours de 8h30 - 23h sauf pour le restaurant de l’Esplanade qui a un rythme un peu plus étudiant.

ADRESSE : 15 rue du 22 Novembre (centre) CONCEPT: Un restaurant de sushis basé autant sur la tradition due au savoir-faire de ses cuisiniers que sur l’originalité via la création de pièces inédites aux ingrédients étonnants. PRODUIT PHARE : le sushi ! Ainsi que tous ces dérivés : spring rolls, califorinia rolls, maki, temaki… PRIX : si vous confectionnez votre menu vous-même, les prix démarrent à 3,50 EUR pour deux sushis ou six makis de base. Il existe également un menu pour le déjeuner à 11,90 EUR composé d’un plateau au choix parmi six propositions, une salade & un riz ou une soupe et un dessert pour 2 EUR de plus. LE PLUS : Sushi Shop est le seul restaurant de sushis strasbourgeois à proposer des créations totalement nouvelles, à base de produits qu’on ne trouve traditionnellement pas dans la préparation des pièces. Certaines sont même entièrement confectionnées sans poissons ni algues telles le « sushi foie gras » ou le « tulip cheese & concombre », délicieux. HORAIRES : tous les jours de 11h à14h30 et de 18h à 23h.

PURÉE ET CÆTERA ADRESSE : 15 place Saint-Etienne (cathédrale) CONCEPT : Comme son nom l’indique, Purée et Cætera propose des purées et plus généralement toute sorte de délices à base de légumes ou de fruits. Chacun crée son menu sur mesure à base de purées au choix et peut y ajouter un accompagnent, une sauce et une garniture. Le principe est le même avec les salades et les desserts. PRODUIT PHARE : la purée ! De la traditionnelle purée de pommes de terre à celle à base de légumes que vous ne soupçonnez même pas, il y a de quoi se laisser surprendre. PRIX : Le jus de fruits frais pressé juste devant vous est à 2,50 EUR avec tellement de jolis fruits que si c’était une cascade on plongerait dedans. Le premier menu est à 4,50 EUR pour les étudiants, un menu complet vous reviendra à peu près à 8,50 EUR. LE PLUS : On aime le concept déclinable à l’infini grâce à la grande variété de produits, tout est bio, local ou équitable. Et parce que vous êtes un Alsacien, un vrai, vous allez accompagner votre purée de saucisses grillées et vous avez bien raison. Parce que vous tenez à garder votre silhouette estivale, vous allez plutôt opter pour du tofu et vous rendre compte qu’en fait, des fois, le tofu c’est bon. HORAIRES : 11h30 – 18h en semaine, 12h-15h le samedi et fermeture le dimanche.

Propos : Marie-Catherine Brandstetter Photos :Vincent Muller / Henri Vogt

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MODE

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LE MONDE BY WAS Il arrive à WAS de sortir de Strasbourg pour voir le monde. Quelques photos de voyages, entre carnet de route et initiation. De quoi garder l’oeil ouvert. À suivre, Madagascar pour l’un, la Turquie et la Roumanie pour l’autre ! Bon voyage ! Photo par : Vincent Muller

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KILIAN FRITSCH 25 ans, habitant Strasbourg, titulaire d’un master de droit. Petit, il jouait avec l’appareil reflex de son père, qu’il lui a finalement donné. Depuis, il est « mordu » de photo et nous livre un voyage en noir et blanc passant de la Turquie à la Roumanie. Photos par : Kilian Fritsch

www.kilianfritschphotographie.com

Turquie : Passant de 3000 mètres au niveau de la mer d’une traite, la descente des monts Taurus vers la côte méditerranéenne nécessite quelques arrêts. Et la plupart du temps, qui dit arrêt dit rencontre. L’homme vendait du thé en bordure de route. Après quelques échanges, il accepta une prise de vue, et me laissa ses coordonnées pour l’envoi des images. Aujourd’hui ce portrait habille probablement sa demeure.

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MADAGASCAR carnet de route Photos par : Vincent Muller

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VINCENT MULLER De retour de Madagascar, ce jeune photographe de 29 ans nous livre un carnet de route photographique chargé de souvenirs. De son voyage restent ces images que WAS à l’honneur de publier. Une rencontre avec un photographe guidé par l’envie de rencontrer les gens, de découvrir le monde. Un monde qu’il fige sans relâche au travers de son objectif.

Propos recueillis par : WAS

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INTERVIEW WAS : Comment choisis-tu tes destinations de voyage ? Vincent Muller : J’ai choisi Madagascar pour la diversité des cultures, des personnes et des paysages. On y retrouve des influences venues d’Asie, d’Afrique mais également d’Europe du fait de sa colonisation par la France jusqu’en 1960. Il y a un condensé d’histoire sur la « Grande Île » qui rend cette destination exceptionnelle et notamment d’un point de vue photographique.

WAS : Peux-tu nous parler de cette photo de l’enfant avec l’oiseau sur l’épaule ? Vincent Muller : Cette photo a été prise à Manakar, sur la côte Est de l’île. La photo retrace une coutume locale : encore petits, une partie de l’aile de l’oiseau est coupée ce qui le rend dépendant de l’enfant. Plus tard, les ailes repoussent et après son envole, l’oiseau revient naturellement chez l’enfant, qui l’a donc apprivoisé. WAS : Quelle est la prochaine destination qui te fait envie ?

WAS : Est-ce la photo qui t’as donné goût au voyage ? Ou le voyage qui t’as amené à la photo ? Vincent Muller : Un peu des deux. J’ai toujours eu envie de bouger et voir ce qu’il se passait ailleurs. Alors si en plus je pouvais cumuler ma passion pour la photo et gagner ma vie, je serais comblé. WAS : Quelle est l’image que tu aurais aimé capter à Madagascar mais que tu n’as pas pu prendre ? Vincent Muller : Une image me vient tout de suite en tête. J’étais dans le train, qui relie Fianarantsoa à Manakar (le seul train de toute l’île). Des enfants s’amusaient dans les différentes gares à s’accrocher aux wagons et sautaient du train en marche. L’un d’entre eux était en face de moi et a fait mine de tomber en arrière pour se rattraper au dernier moment. L’image de ce gamin en lévitation et du train en marche était irréelle, et l’absence de mon appareil à ce moment là était malheureusement bien réelle.

Vincent Muller : Le prochain voyage sera certainement un pays d’Asie. Ne me demandez pas pourquoi, j’ai juste envie d’aller voir ce qu’il s’y passe. WAS : Quel avenir pour la photo ? Vincent Muller : Il y aura toujours des images partout, et de plus et plus de photographes, le but est de se créer sa propre identité pour réussir à se démarquer. Je fais encore beaucoup de photo argentique et à l’heure du tout numérique je pense que c’est un plus. Cela me permet de garder une certaine valeur à chaque prise de vue, et de ne pas appuyer sur le déclencheur à tout bout de champ.

Vincent Muller Photographe indépendant Né le 11 avril 1982 à Mulhouse Vit et travaille en Alsace et ailleurs www.vincentmuller.fr contact@vincentmuller.fr

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OSEZ LA DÉCOUVERTE ! À 200 mètres de la cathédrale, depuis plus de 20 ans, le Village de la Bière est devenu incontournable. Écouter Alain, c’est tout un voyage, dans l’Histoire de la bière, du goût et de la passion. Depuis 13 ans, il tient Le Village de La Bière, qui recense pas moins de 400 sortes de breuvages ! De l’amère à la douce, de la belge à l’alsacienne de micro-brasserie, il y en a pour tous, des amateurs aux fins connaisseurs. C’est presque devenu un jeu de demander à Alain s’il connait telle bière finlandaise, ou s’il a goûté telle autre. Les bières aux noms quelque peu étranges et insolites, « Psaïko Déclic, Mort Subite, Raging Bitch, Doigt de Dieu ou encore La Pisse Du Caribou et la célèbre Duff » affublées d’étiquettes délirantes font mouche dans la petite boutique, qui connaît une fréquentation à la hausse dont près de 50% de femmes ! Alain maintient les bouteilles à une température de ° degrès. « La température idéale pour une bonne dégustation » selon lui, qui nous confie que « Trop de fraîcheur peut s’avérer être un cache-misère ou détourner le goût de la bière. » « Une bonne bière à l’apéro, une le soir, en lisant un bouquin. Boire moins pour boire mieux » sont ses préceptes ! Selon Alain toujours, la période est au retour de la bière quelque peu amère, chargée de goût, comme back de IPA « Indian Pale Ale » donc. Des touristes durant le marché de Noêl, aux habitués et novices, la boutique avale et libère sans cesse de nouveaux clients. Il n’est pas rare, à la veille d’un partiel, de voir un professeur d’université y interpeler un élève. « Osez goûter » et n’hésitez pas à demander conseil, Alain se fera un plaisir de contenter votre palais.

Village de la Bière, 22, rue des Frères 67 000 Strasbourg L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. photo par : Vincent Muller / communiqué

TOMI UNGERER « Un hommage à l’artiste » Après avoir exposé les illustrations pour enfants de Tomi Ungerer, ses dessins politiques, satiriques, ou encore son œuvre de l’époque canadienne, le Musée Tomi Ungerer a trouvé un nouvel axe porteur afin de témoigner de la foisonnante et semble-t-il inépuisable œuvre de l’artiste alsacien.

La Ville de Strasbourg fête, cette année, les 80 ans d’Ungerer. L’exposition Tomi Ungerer, « l’artiste aux multiples facettes » s’avère ainsi à propos. Elle célèbre son imagination féconde, sa curiosité et son inventivité sans limites. Comme un hommage à l’artiste, à l’homme, à l’esprit. Diversité est d’ailleurs le maître-mot de cette WAS 114

exposition : dessins de livres pour enfants des années 70 à aujourd’hui, dessins satiriques, dessins publicitaires de l’époque américaine, dont la fameuse campagne de publicité pour Bonduelle, collection de bijoux érotiques (pièces et projets), projets architecturaux, tous plus extravagants les uns que les autres – citons notamment l’illustre Aqueduc de Janus qui trône aux côtés de l’Opéra du Rhin à Strasbourg – constellent les murs de la Villa Greiner où habitent ses vitrines… On y retrouve également le projet, plus récent (2010), pour la « Roue de l’Énergie » pour la Fondation EDF, montré, excusez du peu, à l’Exposition Universelle de Shangaï. C’est enfin face à des dessins érotiques du célèbre, pour les habitués, mais confidentiel rezde-jardin, que se termine le parcours du visiteur : œuvres SM, fétichistes et/ou surréalistes s’y disputent la vedette.

Mêlant un graphisme pertinent et provocateur, des facéties truculentes et une réelle ingéniosité technique, cette nouvelle exposition du Musée Tomi Ungerer propose aux amateurs ou néophytes, petits ou grands, une nouvelle plongée dans l’univers « ungerien ». Afin de s’associer à la Ville de Strasbourg, le magazine WAS proposera dans le prochain numéro une grande rétrospective de la carrière de l’artiste strasbourgeois. Exposition Tomi Ungerer, l’artiste aux multiples facettes, au Musée Tomi Ungerer, Centre International de l’illustration, du 12 août au 31 octobre 2011. Axelle Hoffmann.


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LA SÉLECTION DE WAS

Propos : Vivien

Je suis condamné. 4h36 de co-voiturage m’emmenant jusqu’à Paris cet été ont surpassé les pires supplices vietnamiens à base de bambous et d’anus. Ces 4h36 de radio sur les ondes de NRJ m’ont insufflé la pire tumeur au cerveau qu’on aie vue depuis la sortie de Mars Attacks. Partant de ce constat je me suis dit qu’il fallait aider à faire pencher la balance du bon coté, ou au moins y contribuer. Quelques chroniques d’albums que je trouve bons ou décevants car oui, en 2011 on trouve encore des compilations Virgin-powered hideuses dans les bacs du Cora à coté des énièmes rééditions estivales de Francky Vincent. Et rien que pour ça, on espère donner raison aux Mayas pour l’année prochaine histoire de faire table rase et de partir sur des bases plus saines. Non, bon ok, faut pas déconner, il y a du bon en musique actuellement. Du très bon même ces derniers mois. Mais commençons par la déception...

SEBASTIAN - TOTAL SebastiAn : déception totale. Non sérieusement j’aime beaucoup ED Banger, et d’autant plus SebastiAn... Ses deux derniers EP du plus bel effet n’auront pas laissé beaucoup de monde indifférent. Mais quand le contenu de ses apparitions sur scène ne bougeait pas d’un poil en 5 ans, je me suis dit qu’il fallait qu’il fasse quelque chose s’il ne veut pas finir noyé dans les bouteilles d’alcool qu’il descend par paire en 1h de set. Joie et bonheur à l’annonce de la sortie de son premier LP. Attente longue et spéculatrice, pleine d’espoirs. Arrivée dans les bacs et Paf! : Déception. On dirait un best of sur 5 années de production avec des tubes qu’on prend encore (avec plaisir) comme des pavés dans la tronche (Walkman, Motor, Dog), mais avec du sable entre pour combler le reste de l’album. Et avec 22 titres il y a de quoi ouvrir un canisite... On notera quand même Love in Motion et Embody sortant du lot. Malgré ça, le titre de la dernière piste, Frustra, résume assez bien l’ensemble. Total au final c’est un peu comme un cri sous l’eau : un pet aurait produit plus d’effet... myspace.com/0sebastian0

YOUNG GALAXY - SHAPESHIFTING

THEE OH SEES - CASTLEMANIA

« On a imaginé ce que pouvait faire notre groupe dans un univers parallèle » à partir de là on se retrouve effectivement avec une appréhension aussi palpable qu’une prostate enflée. Ayant légèrement délaissé leur cordes pour des touches de clavier, avec un mixage de plus de 6 mois, Young Galaxy nous paient un disque froid mais mélodique, mélancolique voir triste ou noir mais bourré d’espoirs. Leur musique ne s’arrête pas aux frontières de leur univers parallèle, le notre les accueille à bras ouverts, surtout lorsqu’ils sortent une vidéo à la hauteur du clip de Blown Minded... On ne s’en lasse pas vraiment et on ressent très vite un manque lorsqu’on délaisse Shapeshifting trop longtemps. Sans concessions, un des meilleurs albums de l’année.

Quand j’écoute Thee Oh Sees j’ai juste envie de me raser les deux cotés du crâne, mettre une casquette trucker à l’envers, claquer la porte de chez moi, monter sur mon skate et tracer voler des Malabars au 8 à 8 à coté de chez moi. Me caler le tatouage offert sur l’intérieur de mon avant bras droit, partir accrocher des cadenas dans les écarteurs d’oreilles des émos, me faire un collier avec les clés de ces cadenas et tout poster sur YouTube sous le pseudo destroy67. Nan mais c’est cool j’te dis !

myspace.com/younggalaxy

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theeohsees.com


THE PAINS OF BEING PURE AT HEART BELONG

MOONFACE - ORGAN MUSIC NOT VIBRAPHONE LIKE I’D HOPED

Au lycée, mes potes arboraient déjà le Eastpack bourré de patches Korn, Iron Maiden et Metallica (Sepultura généralement écrit au Tipp-Ex) et moquaient sévèrement mon parti pris pour Pavement et les Smashing Pumpkins. Impossible de les convertir pendant tout ce temps : certains sont restés bloqués, les autres sont partis trop profondément dans les méandres d’un pseudo métal 2.0. Offre de seconde chance avec Belong. The Pains of Being Pure at Heart sort ici un superbe album qui mime à la perfection ce rock nineties, frisant les clichés de l’époque mais sans effleurer la contrefaçon. Pfff écouter ce disque me rappelle mes années 90, et quoi que vous en ayez fait, la Madeleine de Proust opérera. Encore faut-il le vouloir...

Projet solo du chanteur canadien Spencer Krug de Wolf Parade (groupe nous livrant un des meilleurs albums de 2010), Moonface sort cette année un deuxième disque : Pépite. 5 titres d’au moins 7 minutes en moyenne, synthés minimalistes (mais arrangés) comme unique source musicale de l’album... Si avec tout ça on ajoute la voix de Spencer Krug qui apporte une tension supplémentaire à chacun des titres de cet album, on atteint très vite une intensité et une densité musicale qui sont exceptionnelles. On peut comprendre (ou pas) là où Moonface veut nous emmener, j’irais même jusqu’à dire que ce n’est pas la peine. On se laisse trop vite emporter par son charme certain et omniprésent. À écouter de toute urgence donc, car il s’agit bien d’un disque de qualité, dans le haut du panier à mi-2011.- Sérieux t’es relou avec tes trucs que personne connait, on s’en fout là! T’as écouté le dernier David Guetta mec ? Ça tue ! - T’as entendu parler des Mayas déjà ?

thepainsofbeingpureatheart.com

moonface.ca

FABRICLIVE 59 - MIXED BY FOUR TET

SNOWMAN - ABSENCE

Non, on ne fait pas ici de sélection du meilleur artwork. Il reste évident que celuici est très loin en tête (…) pour sa cover mais aussi son contenu. Et c’est à base de vinyles (chose qui devient rare en electro, d’où la nécessité de le mentionner désormais…) que Four Tet à composé ce mix dans « l’esprit fabric », célèbre club londonien. On parle bien de perfection dans ce cas, dans un style qui certes ne parle pas à tout le monde, mais qui, agencé de manière optimale fait bien plus que taper fort et risque de perdurer... Me retrouvant avec un lobe temporal scarifié après la première écoute, je me sens dans l’obligation de vous conseiller fortement d’écouter cette perle de 76 minutes, ne serait-ce que pour les deux nouveaux morceaux de Kieran Hebden (Four Tet) himself.

Je pourrais écrire un truc à la con sur ce groupe australien qui vient de sortir son dernier album, un album magnifique qui ne ressemble à rien de ce qu’ils ont déjà pu faire, en faisant un inventaire de jeux de mots moisis genre « Pas la peine d’attendre le dégel puisqu’il nous arrive blanc comme neige et tout le monde fond pour Snowman qui nous file la carotte. Chapeau ! » Mais en fait non. Ou plutôt, si. myspace.com/thesnowmanempire

fabriclondon.com fourtet.net 117 WAS


LA SÉLECTION WAS

DJ SWA WAS : Quand as tu découvert ta passion pour le Dj-ing? Dj SWA : Tout à commencé en 1998 lors du live de NTM où je suis tombé sur le «Show Dj» de DJ James et Naughty J. Un kiff qui s’affirmera durant l’été 2001 à Landau alors que j’ assiste à la soirée «Trybal Prod». Je n’avais alors que 15ans. Dj Nelson est aux platines. Lorsque ce dernier pose ses mains sur la plaquette en métal précieux d’un gris-blanc, c’est le coup de coeur. A ce moment là, je tombe littéralement amoureux du Dj-ing. J’ai pété un cable, j’ai kiffé ! WAS : Quelles ont été tes premères acquisitions en terme de materiel ?

Artiste : DJ SWA Idendité : François Schwoebel Activité : DJ pour RBS Dj de TURNABLEAST Ville : Strasbourg

Dj SWA : C’est au lendemain de cette soirée, j’ai cherché toutes mes économies puis j’ai dit à ma mère: «Maman j’économise, je veux être Dj ! Rien à foutre.» Dj Nelson a vraiment été le déclic de ma carrière. Investir dans une table de mixage au top en étant jeune s’avère très difficile, j’ai fini par m’acheter fin 2001 mes premières platines en Allemagne. (référence CITRONICS PD1). (rires) Ma maman m’a offert mes premiers vinyles de chez Dj AZ (LE REZOH) la même année. (Ma benz NTM/ That’s my people/ St Denis’ style/ Fiesta de R Kelly/ Family Affair/ Usher... ) Je me suis enfermé dans ma chambre pour mixer. WAS : Quels sont tes modèles musicaux? Dj SWA : Mes modèles sont DJ Pone, Dj Premier, Dj Q-Bert, X-Ecutioners... et Dj Nelson bien sur! WAS : Quels ont été tes débuts en tant que DJ SWA? Au commencement, j’ai formé le groupe Alkay avec Nuance (Olivier Vizcaïno), Akira et NEKO (RIP). Mon nom de scène est officiellement DJ SWA. Ma première scène était en 2003, à Landau plus précisément durant une soirée NLS, ville de ma première rencontre avec Dj Nelson. Et puis les figurations s’enchainent, le travail s’amplifie et l’amour de la mu-

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Propos de : Dj SWA recueillis par : Fatiha Kabel Photo et visuel fournis par : Dj SWA

sique aussi. Octobre 2007 a été un moment important de ma carrière: Dj Nelson me contacte pour faire parti de TURNABLEAST. Son crew de Djs qui comprend aussi en Dj T-Killa, Dj P, Dj Rectape, Dj Q. Je vais faire notamment les premières parties de BOOBA, BUSTA FLEX, 20 SYL, DJ HI-TEK, et LA RUMEUR. WAS : Tu as lancé ta propre mixtape dans la région basée sur l’artiste NAS, peux tu nous en parler ? Dj SWA : C’est Kewin alias Neko (RIP) qui m’a fait découvrir Nas, en 2002. J’ai songé alors à une compile. Cette dernière sera la mixtape «NAS IS LIKE» en édition limitée. Je l’ai produite sur plusieurs années, elle retrace les morceaux et les instants musicaux d’une étoile du HIP HOP américain: NAS. WAS : Où peut on te retrouver à Strasbourg ? Dj SWA : Depuis 2007, ma voix résonne sur les ondes de RBS (Radio Bienvenue Strasbourg 91.9 FM), où j’anime mon émission «ONE LOVE» tous les mardis de 18h à 20h. J’anime aussi le NL Contest et plusieurs événements sur Strasbourg. WAS : Que ressens tu lorsque que tu es aux platines ? Dj SWA : C’est vraiment fou. Les gens sont devant toi et te donnent une énergie de dingue, c’est dans ces moments là que tu comprends pourquoi tu aimes ce métier. Et c’est ce qui te pousses à continuer !

La mixtape «NAS IS LIKE» en édition limitée.


BINCHSTUB

Propos recueillis par : Candice Soler-Couteaux Photo par : Candice Soler-Couteaux

La fin de l’apéro approche et vous cherchez une adresse strasbourgeoise gourmande et traditionnelle ? WAS vous a déniché le bon plan, tout proche de la PMG. Ce lieu insolite planqué dans une ruelle, à l’abri des touristes, c’est la BINCHSTUB. Ce petit resto décalé tenu par 3 garçons offre le privilège de pouvoir déguster une vraie tarte flambée croustillante en plein cœur de Strasbourg. Pour aborder la rentrée en douceur, asseyez vous au comptoir et commandez une bière servie dans une chope faite main. Régis, Albin et Jo vous proposent au menu une partie des recettes traditionnelles de la cuisine alsacienne. Pour eux, pas question de transiger sur la qualité des matières premières. Ils mettent un point d’honneur à servir des produits de la région. Régis, originaire de Sainte Marie aux Mines, puise chez les meilleurs producteurs de la vallée et ramène la ferme directement sur la table. Un délice de simplicité!

La BINCHSTUB, c’est sans aucun doute l’adresse à retenir pour les soirées d’automne à venir !

Informations : Rue du Tonnelet Rouge Pas de réservation

La fameuse flammekueche, cuite au feu de bois est cuisinée avec de la crème fraiche et du lard produits par un paysan du coin et gustativement ça change tout ! Si vous avez envie de fraîcheur, optez pour les salades à composer ( avec ingrédients frais et de saison ) si vous préférez grignoter, les planchettes de charcuteries et fromages feront votre bonheur. Cette prédilection pour le terroir alsacien se fait également sentir dans la sélection des vins qui fait la part belle à notre vignoble ! Les garçons vous conseillent d’accompagner la Tarte Flambée au munster d’un vin bio dynamique. Avis aux curieux !

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DES MOTS DE RACHEL

photo : henri vogt

J’ai trente ans. J’en ai passé dix à étudier, à rencontrer, à travailler, à sortir. J’ai des amies, de la famille, des collègues, des connaissances, des rencontres, des relations et un seul point commun à tout cela : l’amour, les histoires d’amour. Les pourquoi, les comment, les inimaginables, les incroyables, les insondables propos d’amour. L’amour que nous vivons, celui que nous ressentons est notre intimité et, paradoxalement, la seule chose que nous aimons à nous raconter, à analyser, à lire, à sonder, à comparer, à regarder. C’est ainsi qu’il m’est venu une idée. Puisque je perds un temps fou, un temps infini à débattre des comportements d’amour. Puisque c’est forcément un sujet qui sera abordé de quelque façon que ce soit lors d’une rencontre. Puisque c’est un puit sans fond et que cela nous lie tous, autant faire quelque chose de ce temps. Les Chroniques de Rachel sont des récits d’un instant, des récits qui m’ont été contés, des récits qui ont été, à un moment donné, au cœur de la vie d’une personne. Ils reflètent l’existence de mille et une expressions d’amour, autant que nous sommes de personnes à les vivre.

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D l’effet kiss cool E par Rachel Sturtzer

Après la psychothérapie, la thérapie comportementale, la thérapie de groupe, l’hypnothérapie, les séances intenses de coaching amical, l’optimisme familial, les ivresses révélatrices, la solitude salvatrice, les rires, les larmes, les coups de gueule, les élans mobilisateurs, il ne reste qu’une chose à faire : révéler à un public non averti, le principe même de l’effet Kiss Cool. C’est l’histoire d’une jeune femme qui souhaite être heureuse.Voilà déjà près d’un mois qu’elle actionne quotidiennement son téléphone portable, un rituel aussi frustrant qu’acharné. La fenêtre « Créer un nouveau message », le choix du destinataire, la petite barre qui clignote… Elle avait obtenu son numéro en des circonstances précipitées une nuit de grand froid où, lui proposant gentiment de la ramener elle et son amie Sophie, troublé par leur agitation, il a conduit sa voiture droit à la casse en brisant le radiateur. 5 heures du matin, - 7 ° C, un pont, une autoroute, deux jeunes filles légèrement vêtues et quelque peu confuses, un jeune homme très contrarié et un cerveau en pleine ébullition, cherchant la solution à cet unique problème : « faut absolument que j’ai son numéro, il est trop craquant ! ». Une chance qu’avec le dépannage, il fallut s’échanger les coordonnées pour le cas où les uns et les autres auraient quelques difficultés à rentrer chez eux. Numéro en poche. Seulement voilà, la dernière fois qu’ils s’étaient vus, il ne semblait pas très disposé au babillage et peut-être même qu’il la tiendrait pour responsable de ce malheureux accident. Une seule question restait donc en suspens : comment le contacter. Un mois et deux jours d’intenses stratégies largement communiquées : animosités amicales et familiales. Guide culinaire, tante opérée, séjours linguistiques… Eurêka : il travaille avec un ami sur le lancement d’un projet touristique. Quant à Manon, elle venait de prendre ses toutes premières marques en tant que responsable régionale d’une agence. Son devoir étant de créer un réseau et tisser des liens, absolument rien de suspect à ce qu’elle le contacte pour un éventuel partenariat… Et voilà qui fut fait, « rien de plus simple, se dit-elle, il a tout de suite été d’accord. Il va falloir que j’assure au niveau argumentation, c’est pour le bien de la boîte, cela va sans dire !!! ». Cette première rencontre fut réellement l’une des plus jolies qui lui ait été donné d’avoir. Une fin d’après-midi d’hiver dans un jazz-bar cosy. L’ambiance feutrée des éclairages, les murs de pierre d’un bar à la new-yorkaise, la musique parfaite et la conversation… Grandiose la conversation. Assis près d’une fenêtre enneigée, ils se sont confiés leurs amours, leurs passions, leurs cicatrices. Ils ont refait le monde et se sont amusés de leurs projets, de leurs rêves, de leurs espoirs… Grandiose la conversation. La soirée s’est poursuivie par une balade près des patinoires en plein air, entre cris des enfants, effluves de cannelle et d’orange, chants de Noël et ses yeux… parfaits à ses yeux. C’est ensuite qu’il l’a emmenée manger ses premiers sushis dans ce petit restaurant japonais dont seul cet homme avait le secret et qu’il lui a raconté les estampes et les voyages… la vie. En le regardant elle s’est dit : « enfin c’est lui, il est absolument tout ce que je recherchais ». Fini les guignols, les rustres, les faux-plans et à moi la vraie vie d’amour.

Voilà exactement ce qu’elle s’est dit à ce moment précis. Que penseriez-vous d’un homme qui, lorsque pour votre deuxième rendez-vous, invité chez vous à manger un plat bien trop compliqué pour vos maigres talents de cuisinière – et surtout pour la sommaire installation kitchenette mini frigo, deux plaques un évier de votre studio- et à regarder votre film favori et qu’il reste confiné dans votre petit nid avec vous deux jours et deux nuits durant en respectant votre désir de ne pas brûler les étapes ? Cet homme à ce moment là est devenu pour Manon l’incarnation même de tous ses espoirs, au présent et au futur. Il était le respect et la force, “quelqu’un de bien“. Les rencontres amoureuses des copines célibataires sont, pour les copines casées et comblées, l’occasion de vivre par procuration des élans amoureux, des grands-huit passionnels, des rebondissements de sentiments sans en avoir à ressentir les éventuelles conséquences désastreuses. Ainsi, bien qu’elles soient présentes et compatissantes, les unes ne pourront jamais prendre la place des autres lors des retours de bâtons, des surprises désagréables et des brûlures affectives. Mais nous n’en sommes pas si loin et c’est donc ainsi que conversent deux amies : - Alors cette soirée ? - C’est un garçon vraiment intéressant, ça faisait longtemps que je n’avais pas envisagé de pouvoir faire des projets avec quelqu’un. Je crois qu’avec lui ce sera possible. - C’est cool. Vous vous êtes vus longtemps ? - Devines quoi, en fait il est venu jeudi soir pour manger chez moi et on n’est plus sortis de chez moi jusqu’au samedi matin, obligés car je devais bosser. - Non ! Vous n’êtes même pas sortis. - On a dormi ensemble mais il ne s’est rien passé. C’était vraiment très agréable. Je me suis sentie respectée et en confiance. - C’est cool, je suis contente pour toi. Tu vas le revoir quand ? - En fin de semaine je pense, dans trois jours c’est mon anniversaire. 3 décembre, l’anniversaire de Manon. Le premier depuis bien longtemps dont elle se réjouit de pouvoir le partager avec quelqu’un. Et quel quelqu’un ! 19h 30 et il est là, devant sa porte. En lui cédant la place pour entrer, elle s’est dit que ce geste là deviendrait bientôt le plus beau de ses rituels. Le laisser entrer chez elle, le laisser partager ses peurs, ses angoisses, le laisser prendre ses paris sur l’avenir, le laisser être là et prendre une place… - Je suis fâché, dit-il d’un gentil ton de reproche tout en s’asseyant sur le lit et en ôtant ses gants et son bonnet. Tu ne m’a dis que c’était ton anniversaire. Je ne t’ai rien acheté, je n’ai pas eu le temps de trouver une idée. - Je ne voulais pas t’imposer quoi que ce soit sous prétexte que c’est mon anniversaire... - J’ai réservé une table dans un bon restaurant, nous allons fêter vos 25 ans comme il se doit mademoiselle. Les yeux de Manon étincelaient du bonheur de pouvoir enfin humaniser un rêve parfait. Dehors il faisait

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DES MOTS DE RACHEL

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froid et il neigeait. Inutile de vous rappeler à quel point ce cadre hivernal était romantique, le choix de ce restaurant était parfait et le repas délicieux. Tout dans cette soirée ne fut qu’enchantement. Une dégustation pour chacun de leur sens. Le son de leurs voix et les éclats de leurs rires, le goût du vin, l’alchimie parfaite de leurs parfums, la vision de cet avenir commun dont ils parlaient déjà. Tout à coup, la lumière s’est éteinte et le silence fut… Manon se retrouva devant un moelleux au chocolat et une bouteille de champagne allègrement accompagnés par un JOYEUX ANNIVERSAIRE chanté par l’ensemble des clients présents dans la salle. Autant vous dire qu’en temps normal, c’est-à-dire si elle avait été au restaurant avec ses parents, ses frères, sa sœur et son beau-frère, Manon n’aurait pas du tout mais alors pas du tout apprécié cette petite mise en scène. Elle l’aurait trouvée ringarde et en aurait été humiliée. Mais là, c’était une toute nouvelle affaire. Imagine, d’un coup la lumière qui s’éteint, les gens qui chantent et qui applaudissent, et devant moi, un fondant au chocolat et une bouteille de champagne !!!! C’est trop mignon, il est trop mignon ce garçon. Hmmm. La voilà cachée au fond des toilettes du restaurant, appelant d’urgence la première d’entre ses confidentes qui répondra au téléphone. - … ??? Heuuuu…. Ouais, c’est… trop mignon en effet. Sophie l’écoute lui raconter sa soirée, un sourcil levé, comprenant que Manon vit à présent dans un monde de choux à la crème et d’amour rêveur. Tant mieux pour elle se dit-elle, il était temps !!! Tout en dégustant ce merveilleux fondant, les fous rires s’enchaînèrent à une vitesse folle et la soirée au restaurant s’acheva sur une note d’éternité. On fait quoi maintenant ? Depuis ce succulent repas, le vin s’était tout doucement instillé dans ses veines, lui procurant cette douce sensation d’insouciance et cette chaleur. Est-ce le vin ou lui ? Probablement le résultat de cette parfaite alchimie. Elle se laissa donc envieusement tenter par un : On rentre à la maison ? Si l’on considère que d’une part, Manon avait toujours eu beaucoup de mal à appeler son appartement une maison et que d’autre part, l’emploi de l’adverbe « on » ne lui ait pas vraiment été familier, cette phrase constituait à elle seule une prometteuse conclusion à cette sortie d’anniversaire. La réponse ne fut pas longue à attendre et l’excitation de la soirée fit place à l’excitation du “retour à la maison”. - Merci pour cette jolie soirée, c’était une très gentille attention. J’aurais voulu faire plus pour tes 25 ans mais je n’ai pas eu plus de temps. Je suis content que ça t’aies plu. Un peu gauches ils s’enlacèrent… Comme toutes les premières fois de la rencontre de deux intimités, les pudeurs et les craintes rendent les gestes confus, les regards anxieux, les sensibilités accrues. C’est également là tout le charme des découvertes et n’en enlève en rien la construction de l’amour. C‘est du moins ce que pensait Manon en s’endormant au creux de ses épaules, attendant impatiemment le lendemain de son anniversaire… En ces longues nuits d’hiver, les réveils sont douillets et chauds, prenant leur temps avant d’affronter les sorties frisquées et les longues journées sans soleil. Manon attendait sagement le réveil de son amoureux en se demandant ce qu’ils pourraient bien faire aujourd’hui. Peu importait d’ailleurs, du moment qu’ils étaient tous les deux. « Les premières fois avec quelqu’un sont toujours tellement stressantes » se ditelle « il faut se dévoiler, se mettre à nu, ce n’est pas rien, c’est éprouvant tout de même. Heureusement qu’on apprend à se connaître sur ce plan là également, c’est ça la construction de l’amour. Je vais préparer un bon café et je compte sur lui pour nous trouver quelque chose de sympa à faire

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dans la journée. Qu’importe sinon, nous resterons là à se tenir chaud. Le voilà qui se réveille. Si il n’est pas trop beau !!! » - Bonjour, bien dormi ? Ses yeux ne traduirent pas de grande émotion et Manon mis cela sur le compte d’une petite nuit et du fait qu’elle ne lui avait même pas laissé quelques minutes pour rassembler ses esprits. Trop impatiente, elle s’était immédiatement précipitée pour lui parler. Elle reprit donc un peu de réserve et alla faire fonctionner sa machine à café. - Il fait froid tu ne trouves pas ? Si tu as froid je vais augmenter le chauffage, il est vrai que je n’ai pas l’habitude de chauffer beaucoup lorsque je dors. Couvres toi en attendant le café. C’est ainsi qu’elle présenta deux tasses de café et des brioches. - C’est gentil mais je n’ai pas faim. - Moi je suis morte de faim, dans ce cas bois ton café. - Non mais faut que j’y aille. - Ah bon ? Le voilà qui se lève et enfile ses vêtements tout en passant à la salle de bain. Quelque peu surprise, Manon attend au moins une explication à ce départ précipité, elle patiente donc silencieusement. Le voilà qui lui fait une bise et se retrouve sur le pas de la porte. - Je vais chez le coiffeur, je t’appelle ! Cette phrase a été dite le 4 décembre 2010, en date du 12 septembre 2011, l’appel n’a pas encore abouti… Peut-être que les lignes sont occupées… Ou peut-être qu’il lui est arrivé quelque chose en allant chez le coiffeur. Après avoir passé la journée à attendre impatiemment l’appel de son amoureux, voilà une Manon qui à présent patiente fébrilement, alternant les coups de fils entre Sophie et sa sœur de manière à se défouler équitablement sur l’une et sur l’autre. Heureusement pour elle qu’elle dispose de l’option double appel sans quoi elle serait obligée de garder toute cette anxiété et ses questions pour elle. « Attends quand même je ne peux pas me planter à ce point, j’ai pas rêvé. Du jeudi soir au samedi matin et RIEN. Et là, une nuit, un matin et il va chez le coiffeur ! Il lui est sûrement arrivé un truc, je vais l’appeler. » Petit coup de fil à ses amies pour les informer de ses intentions et enfin coup de fil à Monsieur… qui bien sûr ne répondit pas. - Bon alors, tu l’as eu ? S’enquit Sophie. - Non, il n’a pas décroché. Je lui ai laissé un message en lui demandant ce qu’il s’était passé, si j’avais fait quelque chose qui ne lui convenait pas auquel cas, j’aimerai qu’il me rappelle pour qu’il me permette de m’expliquer… - Je suis pas trop d’accord que tu te rabaisse comme ça, ce n’est pas forcément toi qui aurait fait quelque chose qui ne lui plait pas. Mais bon, si ça t’as soulagé de lui dire ça… - Oui, maintenant je n’ai plus qu’à attendre. - Ca va aller ? - Je n’ai pas le choix en plus avec les fêtes de Noël, ça va être déprimant d’attendre toute seule. Enfin, ça ira, j’espère qu’il va vite rappeler, tout ce que j’aimerai, c’est savoir ce qu’il se passe et pouvoir m’expliquer le cas échéant. - J’espère pour toi qu’il va t’appeler très vite, j’en suis sûre tu verras. Je te fais un gros bisou, appelle-moi si ça ne va pas. - Ok, merci, bisous. Manon était étonnée, confuse. La situation s’était si vite renversée qu’elle avait encore du mal à réaliser que ça faisait maintenant trois jours qu’il n’avait pas rappelé. Avec le temps et l’expérience, on comprend que


D l’effet kiss cool E

les deux premiers jours d’une attente dans l’incompréhension ne sont pas vraiment le reflet de la détresse et du vide que l’on peut ressentir après. Au début, on est encore plein d’espoirs. On espère qu’il a connu des difficultés logistiques, on pense qu’il nous prépare une petite surprise. Chaque mouvement extérieur nous fait sursauter avec cette boule au creux de l’estomac qui nous charge en adrénaline et nous amène mille et une belles images à l’esprit. À partir du troisième jour, cela devient une autre affaire. On comprend que ce n’est plus là un délai acceptable, d’autant qu’on l’a passé en tentant de le joindre, que se soit par des appels et/ou des textos et qu’il n’y a jamais répondu. Si Manon se sentait horriblement mal et culpabilisait d’une hypothétique action ou parole qui aurait pu être à l’origine de cette disparition sans laisser de trace, elle avait néanmoins beaucoup d’amour propre ce qui fait qu’hormis le message qu’elle a laissé sur son répondeur le soir de son départ, elle n’a tenté de le joindre qu’une seule autre fois. Au bout de cinq sonneries, tombant sur son répondeur, elle n’y laissa plus aucun message et s’en arrêta là dans ses tentatives de le recontacter. Rongée pas les questions et la frustration de ne pouvoir savoir, elle se sentait encore plus seule que lorsqu’elle l’était avant de l’avoir connu. Mais cela ne faisait que trois semaines qu’ils se fréquentaient me direz-vous, à quoi bon ? Si il est une chose qu’il faut savoir sur ce célibat, c’est que c’est ça aussi les ravages des opportunités. Les opportunités, cher public non averti, les opportunités vous font toujours rêver beaucoup plus grand et beaucoup plus haut à tel point que la chute, même si elle n’est que de trois semaines, ne sera pas sans conséquences. Manon est une personne passionnée. Elle ne sait que vivre parmi les hauts et les bas, elle bifurque toujours devant les lignes droites. Manon aime les courbes, les emmêlages, les démêlages, les mots forts, les larmes épaisses, les vraies cuites, les fous rires clinquants, les disputes déchirantes et les longues discussions de réconciliation. Ainsi, chaque opportunité sera toujours pour elle l’Opportunité qu’elle n’a jamais eut auparavant et qu’elle ne retrouvera plus jamais. C’est immuable. C’est tout simplement comme ça. Lorsque cette vision des choses l’affecte tant qu’elle reste parfois pleine d’angoisses et sans motivation durant plusieurs semaines, elle se dit ensuite que lorsque cela va redémarrer, ce sera sur des chapeaux de roue. Une passionnée se tempère-t-elle ? Peut-être faut-il juste réduire les amplitudes afin de maintenir une certaine stabilité. On verra cela plus tard ! Pour l’instant, Manon se sent vulnérable et a une impression de vide. 11 décembre. Le téléphone sonne. Son ami Thomas s’inquiète pour elle. Sachant qu’il était son ami et par là même, qu’il allait être moins compatissant envers son amoureux, elle ne lui avait parlé qu’à demi mot de son aventure-mésaventure. Les voilà face à face devant une tasse de thé et Manon comprenait que la vérité n’allait pas tarder à fuser. Thomas semblait particulièrement bien remonté cet après-midi. - Y avait pas un truc qui clochait ? - Tu rigoles ou quoi c’est l’homme de ma vie et moi tout ce qui je trouve à faire c’est le faire fuir. - Putain mais t’es grave, arrête !! Quand un mec s’intéresse à une fille, il l’appelle, il part pas chez le coiffeur. - Peut-être qu’il est allé voir sa famille, sa tante a été opérée, peut-être qu’elle est morte. - Ouais et peut-être que lui il s’est fait couper une oreille chez le coiffeur qui lui a aussi bouffé son téléphone et l’a séquestré avant de le torturer et de le jeter aux chiens dans l’arrière cour de la boutique.

- Crois ce que tu veux mais passe à autre chose, il ne reviendra pas. Manon s’était levée et dirigée vers l’évier, tout ce qu’elle voulait c’était tourner le dos à cette vérité qui claquait si fort. Pourtant elle-même s’en était rendu compte, il n’appellera plus et c’est Thomas qui avait raison. Ce qui la mettait en colère n’était pas tant les actes en eux-mêmes ou encore le déroulement de cette aventure. Ce qui la mettait en colère, c’était de ne pas avoir d’explications. Elle ne saurait jamais réellement quels étaient les tenants et les aboutissants de cette histoire et c’est ce qui la faisait souffrir. Il avait le droit de ne plus vouloir la revoir mais il n’avait pas le droit de ne pas l’en tenir informée. C’était injuste. Manon a son amour-propre. Elle n’est pas du genre à réclamer l’amour à corps et à cris. Si l’autre se montre ferme et sait ce qu’il veut, s’il lui dit qu’il ne veut plus la voir, elle respectera sa décision. Malheureusement ici, il fallait faire sans. - Je suis désolé si j’ai été un peu dur avec toi mais il faut bien que tu arrêtes de culpabiliser et d’espérer. Quand on aime, on aime et on revient quoi qu’il se passe. Tu le sais bien. Là ce n’est pas le cas. - Oui, je sais, j’avais déjà compris, il fallait juste mettre des mots dessus et tu l’as fait. Pas la peine de t’en vouloir, je t’en suis reconnaissante. Il ne reste plus qu’à digérer. - Si tu réfléchis un peu en écartant tes bouffées d’hormones et tes rêves à l’eau de rose tu trouveras peut-être ce qui clochait. La dernière phrase de Thomas fit écho en Manon si bien que lorsqu’il fut parti, elle s’attela objectivement à ses souvenirs… Et c’est là qu’elle dégota le hic. Si pour elle, l’absence d’explications était difficile à digérer, elle réalisa tout à coup que toutes les fois où ils s’étaient vus, c’est lui qui devait être barbouillé. Ainsi, si l’on faisait les comptes de ses commandes personnelles. : Première soirée, le jazz-bar : quatre bières. Le restaurant : un Martini, une bouteille de rosé dans laquelle elle avait trempé ses lèvres. Le premier bar : deux whiskys. Le second bar : deux whiskys. Seconde soirée : une bouteille de vin qu’il avait ramené. Les deux jours et deux nuits furent obligatoirement sans alcool puisqu’il n’y en avait pas chez elle. La soirée d’anniversaire, au restaurant : un whisky glace, une bouteille de rouge de laquelle elle but deux verres, un irish coffee, une bouteille de champagne de laquelle elle but une gorgée, un digestif pour la route. Il ne faisait plus aucun doute maintenant qu’à l’instar de leur relation, les fous rires qu’ils ont eu étaient artificiels, générés par son ridicule stress amoureux à elle et son état bien plus qu’avancé d’ébriété à lui. Voilà peut-être pourquoi il ne s’était rien passé de sexuel lorsqu’il a dormi chez elle au début, il n’était pas bourré !!!! Ce constat n’était certainement pas le plus probant et il aurait fallut bien plus de matière à Manon pour en valider le hic. Quoi qu’il en soit, les journées suivant la cassure et les quelques fois ensuite où elle se surprit à rêver à cet homme, Manon se raisonna en se disant : « Il n’était pas du tout fait pour moi ». Et ça la soulagea. Pas d’effet Kiss Cool, il faut bien une exception qui confirme la règle, la suite vous en dira tant. A moins qu’il ne soit vraiment mort.

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WAS DATES

EXPOSITIONS/ MUSÉES

Musée archéologique Strasbourg-Argentorate, Un camp légionnaire sur le Rhin, jusqu’au 31 décembre 2011.

Musée Tomi Ungerer Centre international de l’illustration. Tomi Ungerer, L’artiste aux multiples facettes, jusqu’au 31 octobre 2011. Hommage à la diversité de création de l’artiste à l’occasion de ses 80 ans.

Musée Historique

MAMCS L’Europe des Esprits ou la fascination de l’occulte 1750-1950, du 8 octobre 2011 au 5 juillet 2012. Une exposition qui exploite l’emprise de l’occulte chez les artistes, penseurs et écrivains dans toute l’Europe lors de l’époque de la modernité.

Les Frères Réunis, une loge maçonnique engagée ; du 14 octobre 2011 au 5 février 2012. Une Exposition pour découvrir la maçonnerie strasbourgeoise au XIXè siècle. Des collections constituées de mobiliers de temples, de bijoux maçonniques, de tabliers, cordons pour un témoignage important de la vie maçonnique de Strasbourg.

Opéra National du Rhin La Bohème, Giacomo Puccini. Scènes lyriques en quatre tableaux. Dimanche 23 octobre à 15h, dimanche 30 octobre à 15h, mercredi 2 novembre, vendredi 4 novembre et mardi 8 novembre à 20h. Die Fledermaus, Johann Strauss fils. Opérette en trois actes. Samedi 10 décembre, lundi 12 décembre, samedi 17 décembre, lundi 19 décembre à 20h, lundi 26 décembre à 15h et mardi 27 décembre à 20h.

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OPÉRAS/


Notes :

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WAS DATES

THÉÂTRES/ Théâtre de la Chouc’ Revue satirique. Du 18 novembre au 25 mars.

TNS Ce qui Évolue, ce qui demeure, du 18 octobre au 10 novembre. El Viento en un violin du 15 novembre au 26 novembre. La Omision de la Familia Coleman R du 29 novembre au 4 décembre. Roméo et Juliette du 22 novembre au 10 décembre.

LE KAFTEUR

Frédérik Sigrist du 3 novembre au 12 novembre. Wally 17 au 19 novembre et du 23 au 26 novembre. Pas a Pas ( jeune public ) du 29 Novembre au 3 décembre. L’ice cream était presque parfait du 8 au 17 décembre.

ZÉNITH/

Concerts Birdy Nam Nam le 18 novembre à 19h30. George Michael le 23 novembre à 20h30. Jamiroquai le 25 novembre à 20h30. Rammstein le 1er décembre à 20h00. Dani Lary le 4 décembre à 16h. Le Grand Cirque de Noël le 17 décembre à 14h00.

EN VRAC/ Samedi 12 et dimanche 13 novembre 2011 : Animation par l’association « Place des Arts », Place Broglie. / Musique dans les Carpates, Samedi 5 novembre à 11H salle Bastide. Jazz for Christmas, Samedi 3 décembre à 11h, salle Ponnelle. Exposition Orientale Expo Samedi 12 Novembre au Zénith. Salon Bio & Construction Saine du 29 octobre au 1er Novembre au Wacken. Congrès du sommeil : du 24 au 26 Novembre au Palais des Congrès. Marchés de Noël : du 26 novembre au 31 décembre. WAS 126


Notes :

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CARNET D’ADRESSES

CARNET D’ADRESSES CULTURE : Musée Würth - rue Georges Besse - ZI Ouest 67158 Erstein • La Laiterie - 13, rue Hohwald - 67000 Strasbourg • Librairie Quai des Brumes - 120, Grand’Rue - 67000 Strasbourg • Libraririe Kléber - 1, rue des Francs Bourgeois 67000 Strasbourg • Pop Shop - 29, place de la Cathédrale - 67000 Strasbourg MODE : Troc Mode - 38, rue du Jeu des Enfants - 67000 Strasbourg • Vend’homme - 3, rue de l’Épine - 67000 Strasbourg • Grunge Boutik - 10, rue du Faisan - 67000 Strasbourg • Gloss - 26, rue de l’Écurie - 67000 Strasbourg • Le Canotier - 2, rue du Fossé des Tailleurs - 67000 Strasbourg ACCESSOIRES : Zoé Love Shop - 17, rue des Moulins - 67000 Strasbourg COIFFEUR : Foreign - 18, rue des Sérurriers - 67000 Strasbourg RESTAURATION ET SORTIES : Smooth’up - 4, rue des Sérurriers - 67000 Strasbourg • Com O Resto - 38, rue de Zürich - 67000 Strasbourg • Christian - 10, rue Mercière - 67000 Strasbourg • Bistrot & Chocolat - 8, rue de la Râpe - 67000 Strasbourg • Au Fond du Jardin - 6, rue de la Râpe - 67000 Strasbourg • Le Thé des Muses - 51, rue du Fossé des Tanneurs - 67000 Strasbourg • Salon de thé Grand’Rue - 80 Grand Rue - Strasbourg • L’Atelier d’Grand Père - 11, rue Sainte Barbe - 67000 Strasbourg • Jeannette et les Cycleux - 30, rue des Tonneliers 67000 Strasbourg • Le Mixeur - 57, rue de Zürich - 67000 Strasbourg • Bagelstein - rue des Orphelins et 5, rue St-Étienne 67000 Strasbourg • Made In France - 7, place Saint-Nicolas-aux-Ondes et 53, rue du Fossé des Tanneurs • Sushi Shop - 15, rue du 22 Novembre - 67000 Strasbourg • Subway - 9, rue des Frères et 47, rue du Fossé des Tanneurs et Place de l’Esplanade - 67000 Strasbourg • Croq’Saveurs - 7, place Saint-Nicolas-aux-Ondes et 3, rue de l’Arc-En-Ciel • Le Rafiot - Quai des Pêcheurs - 67000 Strasbourg • Mezzo Di Pasta - 9 B, rue des Frères et 22, rue des Balayeurs et 111, Grand’Rue et 4, rue Sébastopol et 76, rue de la Plaine des Bouchers - 67000 Strasbourg DIVERS : Village de la Bière - 22, rue des Frères - 67000 Strasbourg • Storari Carlo - 4, rue des Jacinthes - 67000 Strasbourg

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01 / 2012


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LA NAISSANCE D’UN MAG’

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Photo par : François Klein

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