5 minute read
Menacés par les armes et par l’eau
” Je continuerai à aller à l’école. Tuez-moi si vous voulez ”, a dit Rizwan à l’homme qui braquait un fusil sur sa tempe. L’homme voulait le forcer à quitter l’école pour aller rejoindre les champs du landlord (le propriétaire terrien, en anglais) avec les autres enfants contraints d’y travailler pour rembourser des dettes. Cette histoire illustrant le courage de Rizwan a circulé et a donné à d’autres familles le courage d’envoyer leurs enfants à l’école.
Quatre ans plus tard, Rizwan a été secouru lorsqu’une grande inondation, causée par le changement climatique, a rasé la maison de sa famille et tué leurs animaux.
’’Mon grand-père Shamla est né esclave, il travaillait pour rembourser les dettes de mon arrière-grandpère, qui avait contracté un prêt auprès du propriétaire. C’est ainsi que l’on rentre dans le système de la servitude pour dettes et que le propriétaire peut forcer toute la famille à travailler dans ses champs. Mais quand mon grand-père est devenu adulte, il a réussi à régler les dettes de notre famille.
Le propriétaire ne permettait pas aux enfants du village d’aller à l’école, alors mon père a dû aller à l’école dans le village de ma grand-mère. Mon grand-père a également aidé un autre garçon du village, Naveed, à aller dans cette même école. Plus tard, Naveed est revenu au village et a lui-même ouvert une école. Quand le propriétaire l’a découvert, il est
Les frères menacés venu ici dans sa jeep avec des hommes armés et a ordonné de fermer l’école.
Deux hommes armés de fusils ont menacé Rizwan et son frère aîné Sami Ullah alors qu’ils se rendaient à l’école. Depuis l’inondation les deux frères vivent dans les tentes que l’on aperçoit derrière eux.
Les villageois ont soutenu Naveed et le propriétaire a dû partir, très en colère.
Un an plus tard, un homme a abattu Naveed devant ses élèves. De nombreux villageois ont pris peur et n’ont plus autorisé leurs enfants à aller à l’école. Mais mon frère et moi allions dans une autre école, à cinq kilomètres de là.
Au travail !
C’était l’année suivant le meurtre de l’instituteur, j’avais dix ans. Nous nous sommes levés à quatre heures et avons chercher de l’eau, avant de nous rendre à la mosquée pour prier. Après avoir pris le petit déjeuner, du pain et des pommes de terre, nous sommes partis à l’école.
Soudain, deux hommes armés de fusils nous ont arrêtés. Mon grand frère s’est enfuit, mais moi, je voulais savoir ce qu’ils voulaient. L’un des hommes m’a
Les murs se sont effondrés attrapé le bras, l’autre a mis son fusil sur ma tempe et m’a dit :
Alors que le soleil se levait, Rizwan a vu le premier mur s’effondrer sous les �lots d’eau.
– Si tu ne vas pas travailler dans les champs, je te fais un trou dans la tête. Tu es un mauvais exemple pour les autres enfants.
– Je continuerai d'aller à l'école. Tuezmoi si vous voulez ! ai-je dit. Des gens sont arrivés, alors les hommes sont partis et je suis allé à l’école. Quand je suis rentré à la maison, mon frère m’a demandé : – Pourquoi tu ne t’es pas enfui ? J’ai cru qu’ils allaient te tuer.
Mon père et d’autres hommes du village sont allés chez le propriétaire pour lui parler, mais il a prétendu ne pas connaître les hommes.
Jamais libres
Toutes les familles de notre village, y compris celle de mon oncle, sont obligées de travailler pour rembourser leurs dettes au propriétaire terrien. Nous
Le nettoyage
Après l’effondrement de la maison de sa famille, Rizwan nettoie le site.
Ici, il transporte une des portes.
Pas un esclave
La plupart des enfants du village doivent travailler et ne peuvent pas aller à l’école. Rizwan ne travaille que dans le petit champ de la famille avant d’aller à l’école.
Rizwan, 14 ans, Pakistan
Rizwan représente les enfants qui voient leurs droits bafoués en raison du changement climatique et d’autres dégradations environnementales.
CE QUE JE PRÉFÈRE : aller à l’école.
CE QUE JE N’AIME PAS : la manière dont les propriétaires terriens traitent les gens pauvres.
LE PIRE : la grande inondation.
MON OBJECTIF : aider ma famille à assurer son avenir.
menacer mon frère et moi avait pour but de nous faire quitter l’école, afin que les autres enfants ne s’imaginent pas qu’il soit possible d’aller à l’école.
Les propriétaires terriens sont très cruels. Ils n’hésitent à pas à casser un bras ou une jambe à leurs travailleurs. Si quelqu’un proteste, le propriétaire ordonne au contremaître de le tuer. Personne n’ose le dénoncer, car c’est dangereux. Et il n’y a pas de police ici. Les pauvres n’ont aucun droit. Cela me révolte. Ils maltraitent également les femmes et les filles.
Le propriétaire possède des milliers d’hectares de terres, mais les familles endettées ne reçoivent que du blé et du riz et très peu d’argent, afin qu’elles ne puissent jamais s’acquitter de leurs dettes.
L’eau monte ...
J’avais terminé mes devoirs avant le coucher du soleil, car nous n’avons pas d’électricité ici. Pour le dîner, Maman avait fait du pain avec des carottes.
La réserve à riz
Sauvés par des tonneaux
Rizwan et les onze membres de sa famille, comme les enfants sur la photo ci-dessous, ont pu être sauvés de la noyade en prenant place dans deux grands tonneaux, qui servent normalement à fabriquer du sucre.
J’ai été réveillé au milieu de la nuit par les cris de papa. Il y avait de l’eau partout. Je pensais que l’eau allait nous tuer. L’eau continuait à monter et mon oncle a dit qu’il fallait sauver nos familles. En pleurant, ma mère a demandé :
– Mais comment sauver tout le monde ?
Papa nous a demandé de l’aider à porter deux grands bols jusqu’à la porte. Ils nous servent à fabriquer du sucre à partir de cannes à sucre. Nous avons mis sept personnes dans l’un et cinq dans l’autre. Mon papa et mon oncle ont réussi à patauger dans l’eau, en poussant les bols devant eux.
J’ai vu un mur s’effondrer. J’ai pensé à nos animaux et au fait que notre chien allait mourir. Mes larmes coulaient sans s’arrêter.
Dormir sur la route Papa et mon oncle ont nous ont poussé dans les tonneaux sur quatre kilomètres, jusqu’à une route située en hauteur. Les deux premières nuits, nous sommes restés assis à regarder l’eau, puis avons dormi sur la route. Le jour, le soleil tapait et la nuit, de gros moustiques nous piquaient. On nous a donné deux tentes et quelques couvertures, donc la troisième nuit, nous avons pu dormir à l’abri. Nous sommes restés là pendant 22 jours.
Rizwan va chercher du riz dans la réserve qui se trouve dans la cour. L’inondation a détruit toute la nourriture de la famille.
J’avais toujours envie d’aller à l’école et je me rappelle combien de temps j’ai dû attendre avant d’y retourner, deux mois et huit jours !
Nous avions 10 poules, 24 poulets, 3 chèvres, 2 agneaux et 2 vaches. Quand nous sommes revenus à la maison, ils s’étaient tous noyés et avaient été emportés par l’eau. c
Les glaciers fondent
Le Pakistan est gravement touché par le changement climatique, qui a un impact majeur sur les glaciers de l’Himalaya. Les 7 000 et quelques glaciers que compte le pays fondent rapidement. Comme le pays est situé en aval de l’Himalaya, il souffre de graves inondations. En 2022, un tiers du pays a été inondé et les pluies de la mousson sont venues aggraver ces inondations. Dans la province du Sindh, 680 mm de pluie sont tombés en un jour.
Les inondations ont affecté 33 millions de personnes et 1 700 personnes sont mortes.
Défier le propriétaire
Le propriétaire veut que tous les enfants travaillent dans ses champs, mais Rizwan, lui, va à l’école tous les matins.
Le chien a survécu
Les 10 poules, 24 poulets, 3 chèvres, 2 agneaux et 2 vaches de la famille ont été emportés par l’inondation. Mais son chien avait survécu.