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Le rêve de Shannen s’est ré

Shannen rêvait d’avoir une vraie école dans sa petite ville d’Attawapiskat, au nord du Canada. Mais elle allait à l’école dans des installations mobiles glaciales placées sur des terres contaminées. Après avoir rencontré le ministre pour tenter de régler le problème, Shannen prit la tête de Students helping Students, la plus grande campagne menée par des enfants au Canada.

Pour arriver à Attawapiskat, qui signifie « peuple de la séparation des roches » en cri, la langue de Shannen, il faut aller tout au nord, avant de prendre un petit avion. Là, il n’y a presque aucune route, sauf l’hiver, lorsque les lacs et les rivières gèlent et que les véhicules peuvent rouler sur la glace. Shannen Koostachin était une enfant de la Première Nation crie. La nuit, lorsqu’elle levait les yeux vers le ciel, elle voyait les mêmes étoiles que ses aïeux il y a des milliers d’années. Cela la rendait heureuse, mais elle était aussi souvent triste, car elle n’allait pas dans une bonne école.

Depuis des milliers d’années, les aînés transmettaient le savoir appris de leurs aïeux, les humains et les animaux ayant vécu avant eux. Mais pour pouvoir devenir avocate, comme Shannen en rêvait, elle devait avoir accès à une bonne éducation. Et c’était impossible à Attawapiskat.

La vie à Attawapiskat

Grâce au rêve de Shannen, sa petite ville natale d’Attawapiskat possède maintenant une belle école et une nouvelle maison des jeunes. Mais de nombreux problèmes demeurent. Un bon nombre de familles vivent dans des maisons délabrées, des tentes ou des cabanes sans isolation, électricité ou eau potable. L’eau du robinet est pleine de produits chimiques dangereux et les habitants doivent aller chercher de l’eau potable. Mais on trouve aussi maintenant des traces de produits chimiques toxiques dans cette eau. Le réseau électrique et les égouts sont en très mauvais état. Parfois, la ville est inondée par les eaux usées et une boue nauséabonde. Ces conditions de vie di�iciles et l’absence d’espoir en l’avenir désespèrent les enfants comme les adultes. Certains d’entre eux boivent ou se droguent. Quelques-uns en arrivent même à se suicider. Il est bien plus courant pour les enfants des Premières Nations de se donner la mort qu’ailleurs au Canada. Mais nombreux sont les habitants d’Attawapiskat, parents, enseignant et dirigeants, qui se battent pour aider les enfants malheureux et empêcher les suicides.

Une école toxique Une vingtaine d’années avant la naissance de Shannen, Attawapiskat eut sa première vraie école, joliment peinte, avec des classes bien éclairées et un gymnase. Tout le monde était heureux. Peu après, les enfants et les enseignants commencèrent à avoir des maux de tête et à se sentir fatigués et malades. Les parents se plaignirent, mais il fallut vingt ans avant que les autorités n’inspectent le terrain de l’école. On découvrit alors une fuite, causée par un tuyau qui avait dû être percé lors de la construction de l’école. Depuis, des dizaines de milliers de litres de diesel s’étaient écoulés, empoisonnant la terre et les enfants. L’école ferma et des préfabriqués mobiles gris furent installés dans la cour de l’école. C’était une solution temporaire selon les politiciens, mais neuf ans plus tard, les enfants attendaient toujours leur nouvelle école.

Souris et moisissure

Lorsque Shannen entra en première année, les baraques mal isolées étaient déjà vétustes. À Attawapiskat, les hivers sont très froids et de la glace se formait parfois

SON RÊVE : des écoles sûres et confortables

MÉTIER RÊVÉ : avocate

Elle n’aimait pas : les promesses non tenues

SURNOM : Shan Shan

ELLE AIMAIT : danser

ELLE ADORAIT : sa famille et ses amis sur les murs des classes. Shannen et les autres enfants devaient enfi ler parka, bonnet et gants pour changer de classe ou aller aux toilettes. En cas de panne d’électricité, après une forte tempête par exemple, il n’y avait plus ni lumière ni chauffage. Les enseignants faisaient de leur mieux, mais ils manquaient de livres ou de matériel, car l’école ne recevait pas assez d’argent de l’État pour fonctionner. La situation empira tellement que des enfants d’à peine neuf ans commencèrent à décrocher. Shannen savait pourquoi :

– Quand ta classe est glacée, que des souris bondissent sur ton déjeuner et qu’il n’y a pas de bibliothèque ni de labo de chimie, c’est difficile de croire que tu vas pouvoir faire quelque chose de ta vie en grandissant. Ailleurs au Canada, les enfants ont de bonnes écoles. Impossible de

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