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Introduction: Des choses merveilleuses à découvrir

DES CHOSES MERVEILLEUSES À DÉCOUVRIR…

Un grand engagement en faveur de leurs vignes et de leurs vins : voilà le dénominateur commun de tous ces propriétaires de châteaux, de manoirs et de domaines que nous avons visités. Une part importante des propriétaires de domaines viticoles décrits dans ce livre gagnent leur vie en tant que viticulteurs et vinificateurs, certains d’entre eux avec beaucoup de succès, comme Thierry Grosjean au château d’Auvernier dans le canton de Neuchâtel, Johannes Meier au château de Bachtobel dans le canton de Thurgovie, les Grisons père et fils von Tscharner au château de Reichenau ou encore Gaby Gianini du Castello di Morcote. D’autres confient le travail dans les vignes ou dans la cave à des spécialistes. Dans tous les cas, ils sont fiers de leurs vins, sur l’étiquette desquels figure souvent leur château. Dans ces familles établies de longue date, le sens de la tradition est très marqué : il s’agit, en effet, de préserver ce qui a été hérité et de le transmettre si possible au sein de la famille. Voilà pourquoi toutes ces familles sont particulièrement attachées à leur « terre ». Elles en prennent soin. Pas étonnant dès lors qu’un grand nombre d’entre elles s’engagent dans la culture biologique. Avec son domaine de plus de cinquante hectares à Auvernir, la famille de Montmollin est même le plus grand domaine viticole de Suisse certifié Bio-Suisse.

Tous ces viticulteurs répondent à la demande croissante d’aliments bio produits de manière durable. L’offre de vins bio augmente en conséquence. Pour le Prix suisse du vin bio 2021, 90 producteurs ont envoyé plus de 450 vins pour une dégustation à l’aveugle. Par rapport à 2014 – première année où le prix a été décerné - cela correspond à une offre multipliée par sept ! La station de recherche suisse en agriculture, Agroscope, qui cultive des cépages résistants aux champignons, appelés Piwis, que de plus en plus de viticulteurs se consacrent à cultiver, a largement contribué à ce succès.

La viticulture biologique demande beaucoup plus de travail que la méthode de culture classique avec des produits de protection synthétiques. Au lieu de trois ou quatre traitements, les viticulteurs bio doivent pulvériser jusqu’à vingt fois leurs souches d’herbes non invasives pour obtenir un effet protecteur suffisant. Voilà pourquoi aussi, pour des raisons de coût, certains viticulteurs hésitent encore à se convertir à l’agriculture biologique.

Mais même dans la culture traditionnelle, la conscience écologique augmente. Autrefois, les feuilles de vigne et les raisins verdâtres étaient monnaie courante en raison de l’utilisation abondante de cuivre contre le mildiou. Aujourd’hui, le cuivre n’est plus utilisé qu’en très petites quantités. En outre, Agroscope mène des recherches intensives sur un substitut au cuivre.

Si nous avons volontairement renoncé à évaluer les vins, nous pouvons cependant constater que, dans la plupart des cas, la qualité est excellente ; certains vins font partie des meilleurs de Suisse. Ce que certains connaisseurs de vin observent ne nous a pas échappé. L’écart de prix entre la Suisse alémanique et la Suisse romande est parfois considérable. C’est particulièrement vrai pour le pinot noir, le cépage rouge le plus planté en Suisse. Une explication, la demande : ce qui est vrai pour la bière – le client préfère les brasseries locales ou régionales – l’est aussi pour le vin. Qui recherche un vin local, l’achètera également, dans la mesure du possible, dans sa propre région ou dans une région proche.

En Suisse romande, les surfaces cultivées sont importantes et la demande dépasse souvent l’offre. Par contre, en Suisse alémanique l’offre est relativement plus restreinte. Une autre raison explique ces différences de prix : la réticence des viticulteurs romands envers les vins à dominante boisée. Les barriques françaises, coûteuses, sont beaucoup moins utilisées en Suisse romande pour l’élevage des vins rouges, en particulier du pinot noir, que dans la Bündner Herrschaft, en Thurgovie ou sur les rives du lac de Zurich, ce qui se répercute sur les coûts de production.

Parlons encore du fossé viticole qui sépare la Suisse romande de la Suisse alémanique – comme le rösti… On ne peut que regretter la réserve des buveurs de vin alémaniques à l’égard du chasselas. Bien qu’il existe, depuis longtemps, d’excellents chasselas, et qui plus est bon marché, le Gutedel – comme ce cépage se nomme en allemand – a du mal à s’imposer dans le nord et à l’est du pays. Dommage, car le bon est si proche ! Une situation qui a, à notre avis, une double raison : d’une part, il manque, en Suisse alémanique, l’envie de découvrir des nouveautés de son propre pays. Et d’autre part, la commercialisation des vins romands en Suisse alémanique a encore un beau potentiel d’augmentation. Cela se voit bien sur les étiquettes… Le design romand, souvent coloré et opulent, ne semble pas du tout compatible avec l’esthétique des étiquettes de Suisse alémanique, à la tendance sobre et dépouillée.

Combler ce fossé ? Nous espérons que notre livre y contribuera un peu… Car il y a des choses merveilleuses à découvrir dans les deux parties du pays.

CHÂTEAU DE VUFFLENS

12

DOMAINE DE LUZE LA MOTTAZ 22

CHÂTEAU DE TRÉVELIN

28

CHÂTEAU DE CRANS

38

CHÂTEAU DE LA BÂTIE

52

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