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Famille de Luze

DOMAINE DE LUZE LA MOTTAZ

FAMILLE DE LUZE

DE MARCHANDS DE TISSUS À VITICULTEURS

La famille de Luze est originaire de la Charente, dans l’ouest de la France. En 1685, le roi catholique Louis XIV supprime la liberté de culte. Comme les de Pourtalès, les de Coulon et de nombreux autres Français protestants, les de Luze émigrent dans la partie francophone de la Suisse actuelle. Jacques de Luze, un marchand de draps, s’installe à Neuchâtel où il épouse une bourgeoise d’Auvernier ; il sera naturalisé en 1691. Il avait appris aux Pays-Bas la fabrication des étoffes de coton imprimées, appelées indiennes. Il mettra son savoir-faire au service de Jean Labram, qui en lance la première production neuchâteloise à Pré-Royer. Jean-Jacques, le fils de Jacques de Luze, ouvre ensuite sa propre manufacture au Bied, près de Colombier. La fabrication de ce type d’étoffes étant interdite en France à partir de 1686 favorisa les importations clandestines à partir de Genève et de Neuchâtel. Les fabricants d’indiennes mettent ainsi en place un commerce lucratif qui ne tardera pas à faire des émules dans la partie germanophone de la Confédération. Les de Luze sont surtout actifs dans le commerce. Ils fournissent aux manufactures les matières premières telles que le coton, les couleurs et le caoutchouc, puis reprennent aux producteurs d’étoffes la marchandise finie et la commercialisent. En 1759, la France rouvre ses frontières, ce qui accentuera encore la demande d’indiennes. A cette époque, il existe une dizaine de manufactures à Genève et à Neuchâtel, qui emploient jusqu’à 10000 hommes, femmes et enfants. Les de Luze en possède une. Elle assure à la famille une prospérité considérable pendant plusieurs générations.

Les de Luze font rapidement partie des milieux aristocratiques de Neuchâtel. Le petit-fils de l’immigré Jacques, Jean-Jacques de Luze-Warnery, y sera banneret, une fonction honorifique à laquelle est liée l’attribution du titre de baron héréditaire par le roi de Prusse Frédéric le Grand. La fille du baron Jean-Jacques de Luze, Rose Augustine, épouse en 1769 son cousin JacquesLouis de Pourtalès. Ce dernier a fait son apprentissage dans l’entreprise de Luze, Chaillet et Pourtalès. Il deviendra plus tard le plus riche des Neuchâtelois. Le fils de Rose Augustine et de Jacques-Louis, Louis de Pourtalès, deviendra militaire et homme politique et sera considéré à son époque comme l’homme le plus puissant de la principauté, au point d’être surnommé « le Grand

En haut : Tout entouré d’arbres, le manoir du Domaine la Mottaz. A gauche : Alfred de Luze (1797–1880) s’établit comme viticulteur à Bordeaux où, plus tard, il achète le Château Paveil de Luze. A droite : Au bord du lac de Neuchâtel, à Le Bied, la manufacture d’indiennes de de Luze au 18e siècle.

Pourtalès ». Lui aussi a été formé dans la manufacture de son oncle au Bied. La Prusse accordera à Pourtalès le titre héréditaire de comte.

La demande d’indiennes diminue sensiblement à partir de 1790 ; les guerres et le protectionnisme font chuter les exportations qui, dans les meilleures années, représentaient jusqu’à 95 pour cent de la production totale. Les de Luze transfèrent la fabrication d’étoffes imprimées à Thann, en Alsace, et certains membres de la famille devront trouver de nouvelles occupations.

Emigré à Bordeaux C’est ce que font Alfred de Luze et son frère Philippe, fils de Charles-Henri de Luze et d’une baronne de la famille de banquiers von Bethmann à Francfort, où les deux garçons ont grandi. En 1817, ils quittent Bordeaux pour New York où ils fondent une société d’importation. Alfred revient à Bordeaux où il s’établit comme négociant en vin en 1820, à l’âge de 23 ans seulement. Deux ans plus tard, il crée le Cognac de Luze, encore en vente aujourd’hui, qui deviendra l’une des eaux-de-vie les plus prisées.

La marque est passée entretemps dans les mains d’une autre famille française. L’exportation de vins de Bordeaux et de cognac à New York chez son frère fera la fortune des deux de Luze. Francis, l’un des fils d’Alfred, reprend l’entreprise de vin et de cognac florissante de son père. Marié à sa cousine aristocrate Marie de Mandrot de Morges, Francis décide en 1862 de proposer son propre vin du Bordelais. A Soussans, une commune de l’appellation Margaux, il acquiert un domaine viticole de 32 hectares qu’il baptise Château Paveil de Luze. Toujours propriétaire de cette superbe propriété, la branche française de la famille continue de vinifier sous ce nom, et ce depuis six générations.

L’un des frères aînés de Francis de Luze, William, épousera également une femme de Morges, Elise de Venoge. Cette noble dame apporte dans son mariage le charmant Château d’Echichens ainsi que l’élégant manoir de La Mottaz à Chigny. Les deux propriétés sont situées au-dessus de Morges. C’est ici, à La Mottaz, qu’habite le baron Charles-Henri de Luze, arrière-arrière-petit-fils d’Alfred de Luze, qui s’était jadis installé dans le Bordelais.

Il possède les vignes du Château d’Echichens, que sa mère avait vendu, ainsi que les vignes autour de La Mottaz. Comme son père, Charles-Henri est avocat au barreau de Lausanne. Il préside également le Conseil communal de Chigny et, passionné de chasse, la Fédération des sections vaudoises de la Diana.

Pierre, Chantal et Arnaud Duruz du Domaine Les Tilleuls à Monnaz cultivent les vignes du Château d’Echichens dont le raisin est vinifié par la Cave de la Côte.

LES VINS DE MONSIEUR LE BARON

Charles-Henri de Luze possède sept hectares de vignes autour de sa maison de maître « La Mottaz » à Chigny, au-dessus de Morges. Ces parcelles, plantées de chasselas et de pinot noir, sont louées au groupe Bolle, qui transforme les récoltes en ses propres vins dans son Domaine du Plessis à Vufflens-le-Château. Bolle fait partie du groupe Schenk, de loin le plus grand groupe viticole de Suisse. Un nombre limité de bouteilles, un chasselas et un pinot noir, sont étiquetées « Mont de Chigny, Domaine de Luze, La Mottaz » et livrées à Charles-Henri de Luze à titre de réserve du château pour son usage privé.

Le véritable siège familial des de Luze, originaire de Neuchâtel, était l’élégant Château d’Echichens, également situé près de Morges. La mère de Charles-Henri de Luze vendra certes le château, mais le baron de Luze gardera pour lui les neuf hectares de vignes qui en font partie. Ces vignes sont cultivées par la famille Duruz à Monnaz, non loin de là. Celle-ci livre le raisin à la coopérative Cave de la Côte à Tolochenaz, qui vinifie quatre vins différents sous l’appellation Château d’Echichens : deux blancs, le chasselas et le viognier, ainsi que deux rouges, un pinot noir et un assemblage puissant de galotta, diolinoir et gamaret, élevé pendant 24 mois dans de grands fûts de bois.

Le Château Paveil de Luze dans le Margaux appartient à la branche française de la famille.

WWW.CAVEDELACOTE.CH

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