Guide médical des sports de montagne

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U. Hefti, D. Walter, A.G. Brunello, M. Walliser

Formation

U. Hefti, D. Walter, A.G. Brunello, M. Walliser

Guide médical des sports de montagne

Premiers secours, maladies, prévention et entraînement

Gebirgs- und Outdoormedizin

Impressum

Toutes les informations contenues dans ce livre ont été rédigées par les auteurs en toute bonne foi et ont été vérifiées avec soin par eux-mêmes ainsi que par la maison d’édition. Des erreurs de contenu ne peuvent toutefois pas être exclues. Toutes les informations sont donc fournies sans garantie. Ni les auteurs ni la maison d’édition ne peuvent être tenus responsables d’éventuelles incohérences.

Tous droits réservés, y compris ceux de reproduction partielle ou électronique.

© 2023 Weber Verlag AG, CH-3645 Thoune/Gwatt

2e édition complètement remaniée 2023

Direction/Conception : Urs Hefti

Photos/Illustrations : voir crédit photo page 324

Illustration couverture : villard.biz, Worblaufen

Conception graphique de base : Egger AG, Frutigen

Weber Verlag AG

Conception de la couverture : Shana Hirschi

Composition : Shana Hirschi, Simon Rüegg, Michelle Utiger

Traduction par membres du Groupe d’Intervention Médicale en Montagne GRIMM : Yannick

Arlettaz, Manon Gay-Crosier, Alex Kottmann, Emmanuel Putallaz, Manuel Schilling, Aurélie

Seguin, Perrine Truong

Autres traductions: Syntax Übersetzungen AG

Les Editions Weber Verlag bénéficient d’une contribution structurelle de l’Office fédéral de la culture pour la période 2021-2024.

ISBN 978-3-85902-456-4

www.weberverlag.ch

U. H efti / D. Walter / A.G. Brunello / M. Wall iser

Gebirgs- und Outdoormedizin

Guide médical

Erste Hilfe, Krankheit, Prävention und Training

des sports de montagne

Premiers secours, maladies, prévention et entraînement

Ausbildung

3 Auflage

Formation

2e édition

Projektleiter SAC: Bruno Hasler In Zusammenarbeit mit SAC Verlag

Table des matières

Groupe d’Intervention

Médicale en Montagne

Le GRIMM (Groupe d’Intervention Médicale en Montagne), créé en 1981, est une association Valaisanne active dans les domaines de la médecine de montagne et du secours en montagne.

L’association compte actuellement près de 400 membres participants activement à la médicalisation des secours en montagne terrestres et héliportés (en collaboration avec Air Glaciers SA), ainsi qu’à la médicalisation d’événements sportifs régionaux majeurs.

Le GRIMM est également un centre de référence dans le domaine de la médecine d’altitude et d’expédition ; il accompagne des expéditions et il se charge de la formation médicale de multiples intervenants en montagne comme les médecins, les ambulanciers, les guides de haute montagne, les accompagnateurs en montagne ou encore les gardiens de cabane.

Il est reconnu par des sociétés suisses et internationales telles que SSMUS, ISMM, UIAA, CISA-IKAR pour la qualité des formations dispensées dans les domaines de la médecine d’urgence pré-hospitalière et la médecine d’expédition. Pour ce faire, le GRIMM est actif dans l’organisation de congrès, dans la recherche spécialisée, la publication d’articles scientifiques et autres travaux concernant les aspects médicaux des secours. Toutes ces compétences du GRIMM sont le fruit de la diversité de ses membres qui font la richesse de l’association par leurs qualifications variées.

www.grimm-vs.ch

Avant-propos

Une personne en détresse doit recevoir une aide médicale de qualité optimale, quel que soit le lieu de l’événement. La médecine de montagne et de plein air se distingue à bien des égards de la médecine hospitalière ou de cabinet médical : le terrain peut être impraticable et le temps rude, les distances parfois longues lorsqu’un sauvetage rapide par hélicoptère n’est pas possible.

Notre société exige forme et performance des jeunes comme des moins jeunes – et beaucoup d’entre nous peuvent se permettre, d’un point de vue socio-économique, de pratiquer des activités de plein air sous une forme ou sous une autre, de près ou de loin, jusqu’à un âge avancé. Par conséquent, les personnes en bonne santé sont plus nombreuses et souvent plus âgées à s’éloigner de la civilisation. Les accidents et les urgences médicales surviennent souvent de manière inattendue, tant sur le plan temporel que géographique. Il convient donc de s’y préparer à l’avance, c’est-à-dire d’acquérir les compétences nécessaires pour pouvoir prodiguer les premiers soins dans les situations d’urgence avec les moyens à disposition. Une mise à jour à ce sujet n’est jamais inutile.

Outre la randonnée en montagne classique, le ski, le snowboard, les randonnées en raquettes, l’escalade et l’escalade de bloc sont des activités sportives très appréciées de la population suisse active. De plus en plus, d’autres activités de montagne et de plein air telles que le VTT (avec ou sans électricité), le trail running, mais aussi le parapente, le hike-and-fly, le canyoning et bien d’autres complètent la palette de possibilités. Certaines activités sont pratiquées pour le plaisir, d’autres de manière très professionnelle, voire en compétition. « Médecine de montagne et de plein air » traite les aspects médicaux de principales activités sportives de montagne. Il est possible d’en déduire de nombreux éléments pour d’autres sports en raison de circonstances similaires.

Les voyages de trekking, tout comme les expéditions en haute altitude, nécessitent toujours une préparation approfondie. La nouvelle méthode de pré-acclimatation dans une tente hypoxique est abordée dans cette 2e édition, tout comme l’entraînement pour les sports d’endurance et de performance en montagne.

Les auteurs de « Médecine de montagne et d’extérieur » transmettent ainsi un savoir renommé en matière de médecine de montagne et d’altitude, qui a été

créé et documenté depuis le 19e siècle. Au tout début du 20e siècle, la Capanna Regina Margherita sur le Mont Rose a été transformée en laboratoire scientifique sous la direction de savants italiens. La Suisse était également ambitieuse en matière de recherche alpine : l’achèvement de la ligne de chemin de fer jusqu’au Jungfraujoch (3457 m d’altitude) en 1912 devait marquer le début d’une recherche scientifique précieuse en médecine d’altitude. Cependant, les choses n’ont pas toujours été faciles : au sein du CAS, la création d’une commission scientifique (proposition de R. Campell) a été rejetée en novembre 1935 lors de l’assemblée des délégués. Mais la contre-proposition du Comité central a finalement été acceptée, et la promotion de la recherche en haute montagne dans différents domaines a été reconnue comme une tâche du CAS.

A la fin du 20e et au début du 21e siècle, des médecins passionnés de montagne et issus de différentes disciplines ont établi la médecine de montagne en Suisse : Bruno Durrer, Urs Wiget et Hans Jacomet ont posé la première pierre en condensant les connaissances existantes et en fondant la « Commission médicale du CAS » (MedCom CAS) : Celle-ci s’est notamment engagée pour la formation des médecins en médecine de montagne, mais aussi pour la formation médicale des guides de montagne et des spécialistes du Service de Piste et de Sauvetage. Le manuel « Premiers secours pour les randonneurs et les alpinistes » qu’ils ont rédigé a longtemps été l’ouvrage de référence en Suisse.

Les connaissances acquises dans différents domaines spécialisés (notamment la physiologie de la performance, la médecine intensive, la chirurgie vasculaire, la pneumologie, le sauvetage en montagne) ont permis d’élargir les connaissances en Suisse dans le domaine de la médecine de montagne et d’altitude ainsi que dans celui du sauvetage en terrain difficile. Les spécialistes médicaux Oswald Oelz, Marco Maggiorini, Bengt Kayser, Beat Walpoth, Tobias Merz, Susi Kriemler, Jacqueline Pichler, Bruno Jelk et bien d’autres ont joué un rôle important dans ce domaine.

Enfin, diverses expéditions de la Société suisse de médecine de montagne (SSMM), dont certaines sous la direction d’Urs Hefti, ont également contribué à des découvertes scientifiques pionnières dans le domaine de la médecine de montagne et d’altitude.

Le présent livre de formation des Éditions du CAS « Guide médical des sports de montagne, premiers secours, maladies, prévention et entraînement » est la deuxième édition, entièrement révisée, du livre de Brunello/Walliser/Hefti paru pour la première fois en 2010. Il s’adresse à nouveau aux spécialistes et aux profanes qui souhaitent se pencher sur des thèmes médicaux en montagne. L’objectif de ce livre est de présenter des relations complexes de manière simple et facile à retenir, également pour la formation.

Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir à la lecture de ce livre !

Daniel Walter, pour les auteurs, en décembre 2022

1. Accidents et blessures

1.1 Généralités

Lors d’un accident il y a souvent un état de peur, de panique et d’agitation. En plus de la sensation de perdre le contrôle de la situation, un état de stress important peut se manifester : des réactions bizarres, désordonnées voire absurdes et même contreproductives peuvent être observées. En plus, d’autres facteurs comme la fatigue, la dynamique de groupe et l’environnement peuvent encore compliquer la situation.

MESURES IMMÉDIATES

Afin de réagir de manière adéquate dans des telles situations de stress, il est important de connaitre à l’avance les algorithmes de prise en charge et les phrases-clés.

Les sauveteurs professionnels se servent également de tels moyens comme l’ABCDE du patient polytraumatisé ou d’autres algorithmes dans les salles d’urgence.

Le premier principe en cas d’accident, c’est : SÉCURISER – ÉVALUER – RÉFLÉCHIR – AGIR

Sécuriser : La sécurité est la priorité principale. Quelle est ma situation et celle de mes camarades ? Y a-t-il un danger immédiat ? Faut-il prendre des mesures de sécurité : assurer sa position, celle des accompagnants, assurer le matériel, avertir d’autres personnes à proximité.

„ Se mettre soi-même et le patient hors de la zone de danger, s’assurer pour éviter le suraccident.

„ Sécuriser le lieu de l’accident.

„ Protéger le patient contre le froid et les rayons du soleil.

„ Le sauvetage doit se dérouler rapidement et de la manière la plus calme possible. Ce n’est qu’une fois en sécurité que les premiers secours peuvent être prodigués au blessé, à l’abri des dangers.

Evaluer : Il faut se faire une idée générale de la situation. Que s’est-il passé exactement ? Y a-t-il des dangers objectifs ? Évaluation des risques pour les blessés, mais aussi pour les personnes non blessées : risque de chute, chutes de pierres, éboulements de glace, avalanches. Il faut également évaluer le nombre de blessés et la gravité des blessures. Puis finalement identifier les ressources à disposition et les compétences et capacités des personnes présentes sur place.

Réfléchir : Cela vaut la peine d’investir du temps pour rassembler les idées avant d’élaborer une stratégie et de planifier le déroulement du sauvetage. Le sauvetage dépend des dangers objectifs, de l’ampleur de l’accident et des blessures ainsi que des ressources humaines et matérielles disponibles. Si plusieurs personnes non blessées sont présentes sur le lieu de l’accident, le choix rapide de la personne la plus compétente est le facteur central pour une résolution ciblée et coordonnée du problème. La répartition des missions au sein d’un groupe permet de mieux utiliser les compétences de chacun, d’améliorer l’efficacité du sauvetage, l’application de mesures immédiates aux blessés et permet de décharger également le leader. Si le groupe de secouristes n’arrive pas à s’organiser de manière constructive, cela entraînera indéniablement des répercussions négatives sur la capacité d’agir des secouristes, et donc sur la qualité du sauvetage

Dans une situation exceptionnelle il faut désigner un leader.

Agir : C’est seulement après avoir évalué la situation et réfléchi à l’organisation des secours que le problème peut être abordé de la manière la plus ciblée possible. Il est très important de ne pas se mettre en danger ou de mettre en danger les membres du groupe encore capables de collaborer en agissant de manière précipitée.

Evaluer

Réfléchir

Avoir une vue d’ensemble

Garder son calme

Que s’est-il passé ?

Qui est impliqué ?

Reconnaître les dangers

Dangers pour les patients ?

Dangers pour les secouristes ?

Dangers pour les autres personnes ?

Agir

Se mettre hors de la zone de danger

Alerter les secours

Sécuriser le lieu de l’accident

Apporter les premiers secours

C’est pourquoi le deuxième principe en cas d’accident est : ALERTER –

SÉCURISER – METTRE À L’ABRI – PREMIERS SECOURS

Alerter : En montagne, la vitesse à laquelle l’alarme est donnée est l’un des facteurs les plus importants. Plus l’alarme est donnée tôt, plus les secours professionnels arrivent rapidement sur le lieu de l’accident. Lorsqu’il n’y a qu’un seul secouriste sur le lieu de l’accident, il est encore plus important de donner l’alerte au plus vite, même si l’on ne dispose que de peu d’informations. Cela diminue le risque que l’alarme soit retardée ou même oubliée en raison des ressources limitées.

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