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le magazine interactif des étudiants de Sup de Pub Bordeaux

Numéro 0

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EDIT Copier-coller Cloner, c’est copier. Se pose alors la question légitime et pourtant stérile : « où est l’original ? ». Qui porte le matériel génétique primaire, d’où vient l’idée, le concept, lorsqu’il s’agit de photo, de pub ou de scenarrio ? Chute vertigineuse, infinies possibilités créatives, mais qui se reflètent dans les miroirs aux alouettes des concepts soit disant novateurs. Une seule solution : assumer. Jouer avec les ombres, les reflets, les ressemblances, et ne pas tomber dans les poncifs du double maléfique, du jumeau obscur, de l’alter ego raté, du comique de répétition ou du siphonage décomplexé d’idées, originales, elles... Joe la pompe l’a bien compris puisqu’en octobre dernier il donnait une conférence intitulée « Publicités jumelles : copies ou coïncidences ? ». Il sera notre invité en Janvier à Sup de Pub Bordeaux, et nous apportera un éclairage sur la publicité, ses clones assumés ou non, et la communication où son absence au sein de groupes créatifs… WideOpen va être cloné, chaque mois, mais avec un matériel génétique différent. Le but ? Offrir une vision non exhaustive de ce qu’il se passe au sein de SupdePub, et plus largement dans le domaine graphique et artistique. Chaque mois, une nouvelle thématique, pour fournir du matériel de réflexion, des repères, des axes de recherches grâce à des rubriques évolutives : Photo, cinéma, art, publicité, graphisme, musique, et un cahier tendance… Pourquoi un numéro 0 ? Car nous voulons poser les bases d’une série que nous espérons prospère, offrir à de nouveaux intervenants, étudiants, professionnels, la possibilité d’y participer. En attendant le mois prochain, nous vous souhaitons, au nom de toute la rédaction, d’avoir le regard et l’esprit « wide open ».. Olivier Noyelle

MAGAZINE MENSUEL // DECEMBRE 2013 // N°0 Wide Open c’est avant tout le travail des étudiants de Sup de Pub Bordeaux, sans lesquels ce magazine n’existerait pas.

SUP DE PUB

Fondée il y a 26 ans, notre école spécialisée en communication, publicité et création n’a de cesse d’aller de l’avant.

(en savoir plus) 2  Wide Open

CRÉATION GRAPHIQUE, RÉDACTION, DIRECTION ARTISTIQUE : Roman Albou Orane Bray Steven Daout Olivier Noyelle Mathilde Roy Mathilde Tuffigo Salomé Voldoire


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S

MMAIRE

06  Ce Mois-Ci à Sup de Pub

44  Publicité

28  Le tuto du mois

48  Photo

38  Expo / Jo Brouillon

52  Art

42  Conférence / Joe la pompe

58  Cinéma

66  Cahier tendance 4  Wide Open

70  La playmate du mois


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Ce M

is-ci à Sup de Pub

Chaque mois, Wide Open ouvre quelques pages pour vous faire profiter de ce que font les étudiants à Sup De Pub en création graphique, recherches visuelles ou tout simplement démarches artistiques. Ces pages sont aussi l’occasion de donner la parole à un élève pour qu’il vous donne quelques secrets de confection, un tutoriel personnalisé ou l’explication de sa démarche créative.

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Affiches minimalistes Tendance graphique forte de ces deux dernières années, nombre d’artistes, connus ou amateurs, se réapproprient des affiches de films célèbres ou non, en reprenant un élément clef, symbolique du film. Cela devient également une nouvelle tendance en publicité, que ce soit sur un support média ou print. Les élèves, dans la série présentée, ont eux aussi joué le jeu, et se sont réapproprié des films, en partant de concepts ou d’éléments clefs, exprimés parfois dans leur plus pure simplicité. Les difficultés n’étant pas techniques mais conceptuelles, toutes les années ont du s’y coller : MANAA, DG1 / DG2 / SPCOM CREA / SP4 DA. Voici une sélection de ces travaux.

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«A la manière de» Afin de booster la créativité des élèves, plusieurs concepts phares ont été présentés. Ces concepts sont aussi diversifiés qu’étalés dans le temps et ont su renouveler régulièrement les techniques de création graphique. Découpage, idéogrammes, tatoos, tampons, abstraction, mouvement, composition florale, décalcomanies... Tous ces thèmes ont été placés dans une boite en carton, et chaque élève en a pioché un au hasard. Il devait par la suite faire une affiche présentant une société qu’il à créée et dont il a fait le logo, en utilisant les techniques.. Voici quelques morceaux choisis et les thèmes associés

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Pierrick Tiffonnet // Spcom Créa

Superposition Jouer avec l’encre est en soi une démarche créative. Lorsque des artistes, des graphistes ou des simples curieux se réapproprient des tirages d’imprimerie pour y ajouter leur propre touche graphique, on peut appeler le résultat un palimpseste.

Paul rand a également beaucoup joué avec les encres, leur opacité, leur transparence... Graphiste américain très connu, on lui doit énormément de principes visuels innovants.

Il existe de nombreux autres graphistes s’étant appropriés les techniques de superposition Plusieurs graphistes ou artistes se sont visuelle ou d’encres...Voici quelques images... fait connaître en utilisant la technique de superposition d’encre ou de messages. En voici quelques uns : Bradbury Thomson et sa série très connue pour Weswaco. Il fut également le créateur de la police «alphabet 26», une police où les Capitales et minuscules étaient identiques, seulement distinguées par leur grosseur.

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Mathilde Roy // Spcom Créa

Noir et rouge El Lissitzky fut le précurseur d’une et à toute propagande de régime totalitaire, tendance graphique lorsqu’il réalisa en 1919 une affiche osant le contraste marqué entre le rouge et le noir. Depuis, tous les graphistes à un moment donné ou à un autre se sont retrouvés en train d’œuvrer sur la continuité de cette thématique.

surtout dans les années 30-40.

Petit à petit cependant, ces couleurs serviront un tout autre discours, libéré de ces atours de propagande...

A la base né d’un mouvement révolutionnaire, opposant le rouge des forces progressistes, au noir de l’obscurantisme tsar; cette tendance graphique a vite dépassé l’usage de la propagande ou anti propagande pour devenir une proposition forte visuellement. Les deux couleurs sont tellement en contraste et en harmonie qu’il devient relativement naturel d’y ajouter des formes abstraites, des figures géométriques, véritable incarnation d’idées.... Bien entendu, il fut une période ou ces couleurs étaient associées au fascisme, aux portraits officiels d’homme tels que Lénine

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Astrid Billot // Spcom Créa

Rétro J’ai choisi de donner un style rétro années 50 à mon affiche, pour cela j’ai retravaillé une Pin-Up typique des année 50 de l’artiste Gil Elvgren. Le fond avec des pois et les motifs rappelle les tissus de l’époque. Les flèches attirent l’oeil sur le logo à la façon des enseignes lumineuses. Pour les couleurs, j’ai joué sur un camaïeu de beige, pour le coté ancien et délavé, ainsi que de rouge et de noir, ces deux dernières couleurs étant celles du logo. Le slogan est quant-à lui dans une typographie 50’s et donne le ton des réclames de cette époque. A.Billlot

Le mois prochain Wide Open vous invite à découvrir d’autres tendances phares du graphisme et leur origine, ainsi que

l’appropriation par les élèves de Sup de Pub de ces tendances graphiques...

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Roman Albou

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EXP Samedi 25 janvier 2014, à l’occasion de la journée Portes Ouvertes de Sup De Pub, l’artiste Jo Brouillon sera notre invité.

« Foisonnement ou l’histoire sans fin du trait et des teintes » Jo sait de ses aventures graphiques, ouvrir les portes de narrations, celles des métissages expérimentaux et des mélanges heureux. Une pâte académique d’une grande finesse, sur aplats de couleurs terribles et anciennes palettes recyclées, Jo joue et rejoue tout, il sample, il improvise, du bout de son regard aigu. Les vieilles icônes Rock and Folk, les grands classiques de l’art, les dessins d’enfant, les nostalgiques revues italiennes, les extraits d’intime, les carnets d’écolier, son propre trait sans cesse apprivoisé. Jo fait ses gammes le long des sentiers battus pour mieux s’en défaire au premier accident. Jo pioche une main osée.

Samedi 25 janvier // 10h-17h // 91 quai des chartrons, dans les locaux de Sup de Pub

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« Le foisonnement des œuvres d’art cramponnées de partout aux murs à rétréci peu à peu l’espace disponible ; on n’y circule que selon des cheminements précis, aménagés par l’usage, en évitant au long de sa route les branches, les lianes et les épines d’une sente de forêt », Julien Gracques, de l’atelier d’André Breton.

boulimiques, déboulonnés, débordants, insatiable : dans la marmite de Jo les iconographies s’entrechoquent sans hiérarchie, dinosaures, aquarelles et Matisse soudain voisins de palier, sur l’étagère comme sur le papier. L’élitisme aurait bien de la peine à creuser un sillon entre ces fragments follement plastiques. Rien n’est pauvre pour autant : la figuration soulève, la cohabitation des Rien de tel qu’un fil surréaliste pour tenter mots évoque, les juxtapositions hasardeuses, de cerner de quelques mots, l’abondant « achèvent de distiller un surplus de sens. Du appartelier » de Jo Brouillon, et tisser l’histoire palier des choses simples on plonge soudain, sans fin du trait et des teintes qui nous y est dans un insoupçonné couloir étymologique, contée. Manet et Van Eyck sous ratures de mômes. Compositeur, explorateur confirmé, Jo fait Car chez Jo, si le dessin cherche la fin ce ses gammes le long des sentiers battus pour n’est que, pour mieux l’évincer de justesse. mieux s’en défaire au premier accident : Le trait se joue d’une éternelle pénultième vanités passées au miroir déformant, copies fois, foisonne, encercle ou gicle. Les formats revisitées, dessins cassés, doublés, cryptés ont envahi les murs au rythme des tâches dans le kaléidoscope des esthétiques. de peinture au sol. Tetris d’histoires, Pandore de références, des carnets garde-manger aux Dans les boîtes à malice collectives, l’inventivité tiroirs débordés, Jo sait de ses aventures du mail art, la force de l’art brut et le chaos graphiques, ouvrir les portes de narrations, de la figuration libre, Jo pioche, une main osée celles des métissages expérimentaux et des sans cesse misée sur le tapis toilé, parfois, la mélanges heureux. Une pâte académique table rase. d’une grande finesse, sur aplats de couleurs terribles et anciennes palettes recyclées, Jo Pas de doute : gribouiller c’est faire, faire avant joue et rejoue tout, il sample, il improvise, du tout, et tous les jours. Abondante et vorace, bout de son regard aigu. Les vieilles icônes son œuvre riche de méthodes humbles n’est Rock and Folk, les grands classiques de l’art, pas un brin avare pour autant. Et c’est avec une les dessins d’enfant, les nostalgiques revues générosité formidable que Jo invite, à boire la italiennes, les extraits d’intime, les carnets sève des cadavres exquis dans son Brouillon d’écolier, la scène politique, son propre trait cube. sans cesse apprivoisé. Car le trait du Brouillon ne prend jamais, le congé des acquis ; triplé, soigné ou maladroit, passé à gauche, puis à droite, puis à gauche, frappé, superposé, trempé. La main s’impose protocoles et handicaps pour chercher un peu plus loin encore, le bégaiement primaire, le dessin derrière le dessein. L’instant où l’oeuvre échappe, n’appartient plus. Le cerne se fait ombre ou simple trace, fragile puis assassin, le repentir se dévoile, pour un épuisement du motif qui jamais n’advient. Le brouillon toujours, nous sauve de la fin, lignes et textures ouvrent sans cesse, de nouveaux à venir possibles. Chaque accident, chaque bavure, chaque déchirure : autant de prétextes à genèse fraîche et ludique, autant de théâtres pour pièces à inventer.

« J ‘en suis là. Et je ne sais pas ce que je peindrai demain. »

Brouillons à foison, gribouillis bouillonnants,

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Joe la pompe

Le 25 janvier, Joe la pompe sera à Sup De Pub Bordeaux, à l’occasion de la journée portes-ouvertes. Il y donnera une conférence : « Publicités jumelles : copies ou coïncidences ? »

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Conférence Joe la pompe

Le vengeur masqué de la pub Mardi 29 octobre, un vengeur masqué pas comme les autres était invité dans l’amphi de Sup de Pub Paris. Cet homme, qui ne sort jamais sans sa cagoule, fait trembler les agences de publicité et suscite la curiosité dans toute la profession : il s’agit de Joe La Pompe.

ment, et ce partout dans le monde. Ce manque de créativité s’expliquerait par une paresse intellectuelle, une méconnaissance des pistes déjà explorées et le manque de temps du fait de deadlines très courtes. Deuxième raison : les récompenses décernées dans de nombreux festivals encourageraient l’uniformatisation des créations. Troisième Le visage dissimulé, ce mystérieux blogueur a don- raison : la moyenne d’âge en agence provoquerait né une conférence intitulée « Publicités jumelles : un manque de culture créative. copies ou coïncidences ? » à l’attention des étudiants de 4e année (SP4). Joe La Pompe a également pointé du doigt pluIl a tout d’abord présenté sa démarche à son assistance, captivée. Son mode d’action : repérer et mettre en avant sur son blog les similitudes frappantes qu’il peut exister entre des publicités. L’objectif derrière tout cela étant de rendre à César ce qui appartient à César, de faire réfléchir la profession et de ramener un peu d’humilité dans le milieu. Pour ce faire, il se limite aux prints et vidéos qui concourent à des festivals récompensant les meilleurs créatifs, les meilleures idées, les meilleures stratégies… Au cours de la conférence, Joe La Pompe s’est également confié sur ses débuts, il y a déjà 14 ans. A cette époque explique-t-il, il a l’idée de pointer du doigt les « copieurs », dans un esprit rebelle, afin d’embêter et de critiquer. Mais les créatifs ne comprenant pas sa démarche et se sentant personnellement attaqués, il décide de changer d’angle d’attaque. Finie la dénonciation, place à l’explication. Il tente depuis d’expliquer pourquoi de telles répétitions d’idées existent dans le monde de la publicité.A cette question, il a avancé plusieurs éléments de réponse lors de son échange avec les étudiants. Première raison selon lui : beaucoup de personnes ont les mêmes idées au même mo-

sieurs phénomènes : la « triche » qui peut-être exercée en agence, mais aussi l’absence de communication entre des agences d’un même groupe, qui retranscriront sans le savoir le même projet créatif à l’autre bout du globe.

Conférence Joe la pompe pour les étudiants de sup de pub bordeaux, vendredi 24 janvier 16h30. Conférience ouverte à tous le 25 janvier au 91 quai des chartrons, locaux supdepub, à 15h.

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Double Print Depuis 2011 les filles ont elles aussi leur journée, qui se fête le 11 octobre de chaque année. Née sous la houlette de l’Assemblée Nationale des Nations Unies, cette initiative œuvre pour le rééquilibrage des droits fondamentaux, bien souvent non respectés dans les pays défavorisés (transports, éducation, accès auxtechnologies).

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Double Print

le projet 160 girls

Le 11 octobre dernier, le projet 160 girls de BBDO Toronto honore les 160 filles kenyanes victimes de viol avec un print sobrement efficace. Affiches minimalistes au sens poignant, ou comment utiliser le Less is more dans un environnement loin de l’effervescence consumériste. Comment faire réagir les opinions dans un monde en jupon armé et dans un pays où un enfant est violé toutes les trente minutes ?

Le slash, ou barre oblique pour les fervents patriotes, est la preuve qu’un signe peut tout changer et, pour la petite anecdote, il a été peint par le sénateur du Méru (province kényane). Certains caracoleront qu’on ne voit, sur cette affiche, pas d’appel au dons bla-blabla, n’en reste pas moins qu’une idée sobre mais pertinente, en l’occurrence le slash rose, vaut parfois mille mots. Roman Albou

BBDO ne s’essouffle pas en répondant à cette question pour Equality Effect et offre ces prints dans lesquels la primauté revient, avec les honneurs s’il-vous-plaît, au message. Message simple et puissant qui met en scène une même phrase qui se voit dépourvue de son sens avec la magie de la ponctuation. Initialement lu « La justice n’est nulle part pour les enfants victime de viol », il se transforme en « La justice est maintenant là pour les enfants victime de viol ». 45  Wide Open


CV DUPLICATION Attirer l’œil, se démarquer pour briller lors d’un premier contact sont des notions élémentaires dans un contexte d’embauche où la concurrence est un ennemi féroce.

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CV Duplication

Le CV duplication, le narcissisme pour se vendre

Dans l’inventaire non exhaustif des candidatures originales, celle-ci a le toupet de se poser ici et de boursoufler le cortex de tout créatif qui tente de frôler l’originalité. Nous en avons tous rêvé, nous l’avons au moins imaginé une timide fois et, comme une dreadlock dans la soupe Liebig, cet homme l’a fait. Quoi de mieux pour se présenter que d’envoyer une fidèle copie de soi-même à ses employeurs, qu’importe l’utilité lui étant destinée ? Jens Lennartsson, photographe suédois, manifestement atteint du très regrettable syndrome de Peter Pan, a décidé de se représenter sous la forme d’une figurine produite à l’aide de l’impression 3D et du-

pliquée 400 fois, quatre-cent-fois, quatre fois cent fois. Bien que le concept ait cette fâcheuse tendance à friser la mégalomanie, flirter avec Narcisse, il n’en reste pas moins une idée audacieuse pour faire le buzz et, pourquoi pas, décrocher le job de ses rêves. Enième surenchère mégalomane d’une créativité qui se veut distinctive ou réelle motivation ? Roman Albou

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Double Chic On connaît le goût immodéré des publicitaires pour tout ce qui chatouille les sens des consommateurs. L’utilisation de jumeaux en fait partie. En 1965, Coca-Cola avait déjà compris l’intérêt de l’utilisation de la gémellité dans ses campagnes.

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Photo

Cette pratique n’est ni récente ni rare, elle permet non seulement un impact visuel intéressant, mais éveille la curiosité et renforce l’attention sur le visuel. Le « double » publicitaire entraîne un certain nombre de questions : S’agit-il d’un photomontage, d’un maquillage soigné ou mieux de véritables jumeaux ? L’illusion n’est pas toujours destinée à la perfection. L’esthétisme des images réside parfois dans le simple effet de mimétisme des mannequins, et suffit volontiers à capturer de précieuses secondes d’encéphale disponible. Certains photographes sont fidèles aux marques, en particulier lorsque ces dernières sont prestigieuses. C’est le cas de l’américain Steven Meisel, photographe attitré de la maison Ferretti. A noter que Steven Meisel a shooté toutes les couvertures de Vogue Italie depuis 1988. Les clichés de Steven Meisel mettent fréquemment en scène des couples de jumelles, des reflets opposés entre les mannequins, parfois subtilement saupoudré d’érotisme. En voici un extrait chronologique : Mathilde Roy

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Art

S’il ne ressort pas encore de réponse claire à la question « Tous Artistes ?», on sait au moins que certains digital natives ont su d’avantage exploiter leurs capacités artistiques que d’autres. C’est ainsi que pendant que quelques midinettes s’exercent à gribouiller des moustaches sur leurs selfies, Kyle Lambert est devenu célèbre grâce à son index. Lui, c’est un britannique spécialisé dans l’illustration et l’animation, qui travaille notamment pour Apple, Adobe, la BBC, le magazine GQ et les studios Paramount.

Pro create ». Pour un rendu aussi fin, il a fallu 200 heures de tapotage d’écran, et on a plus tendance à honorer sa patience et son perfectionnisme que son statut d’artiste. Son goût pour le portrait hyper réaliste lui vient de l’admiration qu’il voue aux premiers travaux de Chuck Close. La vidéo a dépassé la barre des 10 millions de vues en à peine une semaine, et ce n’est assurément qu’un début. Sur son site internet, on peut lire la phrase suivante : « YouTube videos showcasing my work have received over 2 million views. » Il peut mettre à jour ses informations

Ce virtuose du numérique a généré le Voici un aperçu non exhaustif de ses trabuzz le 2 décembre 2013 grâce à une vi- vaux sur Ipad : déo de « finger painting » photoréaliste, entièrement réalisée avec un Ipad. La peinMathilde Roy ture, qu’il décrit lui-même comme « The world’s most realistic finger painting. » est une représentation fidèle de Morgan Freeman, réalisée grâce à l’application «

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Kyle Lambert Jamais la créativité des individus n’a été autant sollicitée et mise en avant que depuis le développement massif d’applications favorisant l’expression de soi.

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Art

La pièce “The Old Woman” est une adaptation du texte de l’écrivain russe Daniil Kharms. Elle a connu un joli succès lors de la 42ème édition du Festival d’Automne à Paris, au Théâtre de la Ville.

et géométriques. Un rendu presque spectral du duo Mikhaïl Baryshnikov et Willem Dafoe. Ces inquiétants visages de marbre transmettent un vide émotionnel poignant au photographe. Les mouvements de ces deux clowns tristes semblent être tantôt aimantés les uns aux autres, tantôt reflétés en miroirs, toujours coordonnés. L’ambiance créée par Robert Wilson apparaît très sombre. Comme si son univers confessait une solitude voilée par l’ombre d’un ami imaginaire, ou simplement d’une copie non conforme. Mathilde Roy

L’œil de Lucie Jansch nous fait pénétrer dans l’univers scénique de Robert Wilson à travers une série de photographies froides

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« The Old Woman », Mikhaïl Baryshnikov et Willem Dafoe -Mise en scène Robert Wilson -Photographies Lucie Jansch

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Faux-semblants De David Cronenberg Avec Jeremy Irons, Geneviève Bujold, Stephen Lack, Heidi von Palleske .... 1988 Réédition DVD : 3 juillet 2013

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Ciné

Faux Semblants

Scénario : Deux vrais jumeaux, Beverly et Elliot Mantle, gynécologues de renom, partagent le même appartement, la même clinique, les mêmes idées et les mêmes femmes. Un jour, une actrice célèbre vient les consulter pour stérilité. Les deux frères en tombent amoureux mais si pour Elliot elle reste une femme parmi tant d’autres, pour Beverly elle devient la femme. Pour la première fois les frères Mantle vont penser, sentir et agir différemment.

de façon identique dans leurs appartements respectifs. Cronenberg considère se film comme étant le point d’orgue de la trilogie amorcée avec Dead Zone puis «la Mouche», avec comme point commun la fin tragique du héros.

A l’époque le défit technique était réel, pour faire croire à deux Jeremy Irons coexistant sur des plans de caméras mobiles. On savait depuis longtemps diviser un écran avec incrustation, mais le mouvement de caméra couplé avec cette fameuse zone de raccord, uniquement possible avec l’informatique, va venir servir le sujet et l’esthétisme du film.

«la séparation peut être une chose t e rr i f i a n t e » . Cette citation du film pourrait résumer à elle seule la lente chute esthétique et malsaine du film de Cronenberg. A travers le rapport au corps, thématique préférée du réalisateur, Jeremy Irons nous plonge dans la lente découverte de l’horreur. Plus le heros devient unique, et donc humain, plus le Jumeaux ou triplé ? Personnalité disspectateur veut se distancier du film, tincte ou Gestalt ? Cette troisième permais sans pouvoir y parvenir. sonne, qu’on voit d’ailleurs apparaitre sur l’affiche, formée avec les deux viA l’origine du film, un roman de Bari sages originaux, émerge petit à petit de Wood : «twins». L’histoire parallèle de cette séparation / fusion des deux Jerejumeaux, les premiers étant des siamois my irons. «Two bodies. Two spirits. One séparés par une opération, les deu- soul». xièmes étant des gynécologues, morts

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Cronenberg va une fois de plus donner libre cours à sa passion pour le corps humain et les organes. Quand on lui demande sa plus grande frustration, il répond «ne pas avoir encore réussi à faire un porno». Tout est dit, ou plutôt, tout est distillé, insinué. Des plans sur la chair, des phrases et des idées choc, comme le concours de beauté pour les organes

internes, jusqu’a l’invention de ce terrible appareil : l’écarteur Mantle. Bien entendu, la dissociation deviendra le point d’orgue, la partition de cette lente symphonie de l’horreur que Cronenberg compose tout au long du film.

frère. La clinique devient le lieu du cauchemar, le seul endroit ou le film est saturé en couleur, rouge sang évidemment. C’est aussi ici que le fantastique commence, puisque l’élément perturbateur, la femme qui les séparera, est une mutante génétique : elle a deux vagins.

On trouve une réelle esthétique dans la naration visuelle du film. Les ombres, les miroirs, les reflets sont bien plus que des éléments de décors, mais deviennent des éléments de narration. Les miroirs sont omniprésents et lorsque Cronenberg met en avant un des jumeaux, c’est Même lorsqu’ils sont seuls, les jumeaux l’ombre de l’autre que l’on voit le plus sont ensemble, comme le prouve la souvent. Ce systématisme va renforcer scène ou Eliot, recevant des jumelles, l’ambiguité tout au long du film. demande à l’une de l’appeler par son prénom, et à l’autre par celui de son Jusqu’a la scène de la séparation, ou le

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spectateur se fait berner par un jeu de miroir et un cadrage nous faisant penser à des reflets, alors que Beverly va finir par se lever, laissant Eliot immobile, ventre ouvert, à l’arrière du plan. Peut être un des seuls films où la gemelité n’est pas un concept comique ou policier (voir le dossier dans les pages suivantes). Il devient le point central du film, magistralement servi par Jeremy Irons, qui donnera de la profondeur à Eliot comme à Beverly, nous faisant oublier qu’ils sont joués par une seule et même personne. Olivier noyelle

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Clones, Copies et Jumeaux au cinĂŠma


Ciné

Morceaux CHoisis

Source infinie, puisque duplicable, de concept narratif, les clones, jumeaux et copies se sont multipliés aux cinéma. Mais, au fil de cette filmographie ciblée, un constat, peut être amer, s’impose : alors que le clone sert souvent des films à l’ambiance lourde, fantastique la plupart du temps, celui des jumeaux est cantonné à deux catégories : la comédie et le policier (avec dans ce dernier cas un dérivé du jumeau , le double maléfique) à l’exception remarquable et remarquée du film «faux semblant» de David Cronenberg.

ewan Mc Gregor // real : Michael Bay. Au milieu du 21eme siècle, Lincoln Sixecho vit avec ses autres camarades dans une pseudo utopie souterraine. Il va tenter de s’échapper en compagnie de Jordan Rwo-Delta, vers le monde extérieur...Ils y découvriront la terrible vérité : ils sont tous des clones de personnalités célèbres, et ils servent de banque d’organe vivante...

Trouble 2005 / real Harry Cleven. Benoît Magimel, Natacha Régnier...

C’est parti donc pour quelques morceaux choisis au cinéma :

Matyas est orphelin et pense mener la vie rêvée. Mais il va découvrir l’existence de sa mère et de son frère juLe Dr Denfer, ennemi d’Austin meau, Thomas, lors d’une convocation Powers, et le fameux «mini moi».Aus- chez un notaire.Thomas et Mathias vont tin Powers, (real Jay Roach), avec Mike alors tenter de se reconstruire. Mais Meyers, le nanar totalement gratuit mais plus ils se rapprochent, plus les pièces qui nous offre quelques répliques cultes du puzzle qu’est leur vie s’assemblent, et des morceaux de bravoure. plus Matyas sombre dans les ténèbres.... Thématique classique, l’autre moi, plus sombre, puis l’inversion des rôles, sorte Voir la bande annonce The island : (Scarlett Johansson / de bipolarité sauvée par le jeu d’acteur de Benoît Magimel.

Star Wars, l’attaque des clones (2002). Real : Georges Lucas. Les soldats clones, devant servir la République contre le comte Dooku, font partis d’un plan machiavélique plus vaste fomenté par l’Empereur Palpatine.... On comprend mieux pourquoi les troupes de l’empire portent tous des casques, masquant ainsi, pour qui ne le sait pas, que ce sont tous des clones.

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Jumeaux 1989 real ivan Reitman. conforme à son image. Dans cette quête

Avec Arnold Schwarzenegger, Danny de de la personnalité vouée à l’échec, les effets spéciaux servent la thématique. Vito. Un peu surchargée, et noyant malheuOn retrouve donc, dans la catégorie reusement le scénario au passage. «comique lourdingue», sur fond d’expérience génétique, le résultat d’un accouchement douloureux aussi bien pour la mère de ces jumeaux que pour le réa- Alien, résurrection. 1997 real : lisateur...... Ce film est assez embléma- Jeunet. tique de ce que l’on retrouvera régulièrement quant à l’utilisation du principe narratif comique autour de la gémellité. Différences, répétitions, personnalités... Bref, avant tout un jeu d’acteur qu’on apprécie.. ou non...

La cité des enfants perdus

(1994) Jeunet / Caro. Avec Ron Perlman, Judith Vittet, Daniel Emilfork, Dominique Pinon (les clones)

Voir la vidéo On retrouve Jean Pierre Jeunet, décidément inspiré par la thématique, puis qu’après la cité des enfants perdu, le revoici au commande de cet alien, assez différent des précédents. Sigourney Weaver est le résultat d’une expérience de clonage, la 8ème pour être plus précis. En son sein, la génétique c’est un peu affolée, et elle est à présent à demi Alien Matrix Realoaded (2002) et elle même, ce qui donne une toute Matrix Revolution (2003). real : autre profondeur au personnage et un Wachowski. Keanu Reeves, Laurence Fi- rapport pour le moins ambigu face à shburne, Hugo Weaving (le clone) «l’ennemi». On notera aussi la présence d’un androïde, qui se fait démasquer par Le clone est ici virtuel, mais, plus impor- une phrase anodine mais qui questionne tant, il est un virus. Il se propage, tel une « tu étais forcément un robot, car tu es maladie. Il veut prendre le contrôle, et trop sensible»... L’humour de Jeunet et faire en sorte que tout le monde soit Outre l’esthétisme visuel et les jeux quasi infinis du réalisateur sur cette thématique, avec comme esprit de ruche le cerveau en bocal, il y a une interrogation, comique au début, anxiogène ensuite de la part de tous les clones «qui est l’original» ?

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son esthétisme travaillée au scalpel ap- empoisonné, puis l’enfant ressemblera portent une ambiance déroutante pour comme deux gouttes d’eau à sa mère, cette série... avec un développement psychique et physique anormalement rapide, et surClones (2010) real : Jonathan Mostow tout une prédilection malsaine à la manipulation mentale. On aurait pu tomber Deux agents du fbi enquêtent sur un dans l’écueil de la morale et de l’éthique meurtre. Rien que de plus banal, si ce par rapport à une pratique interdite du n’est que l’enquête nous révélera pe- clonage, mais le film s’attarde plutôt aux tit à petit comment s’est imposée une répercussions du résultat au sein de la invention troublante, sorte de fontaine famille, ce qui amène le spectateur là où de jouvence anxiogène du futur : le il ne pensait pas aller. clone-robot. Les gens peuvent vivre une Olivier Noyelle vie via un robot, double d’eux même, jeune, qu’ils contrôlent à distance. Ils ne vivent plus que par eux, pendant que leur corps reste cloitré chez eux. Le rapport humain à -t-il besoin de chair pour s’établir ? La socialisation peut elle se faire virtuellement ? Voilà des questions auxquelles le spectateur va être confronté en même temps que les agents du fbi. Parfois un peu lourd dans les insinuations et la morale sousjacente, ça n’en reste pas moins un film avec de bonnes trouvailles narratives et visuelles.

A ton image (2002) real Aruna Viliers

Grace à la complicité d’un docteur en génétique, Thomas va offrir à sa femme, Mathilde, ce qu’elle ne peut plus avoir : un enfant. Mais ce cadeau se révélera

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Cahier Tendance

Copies / Clones / Jumeaux Depuis la nuit des temps, l ’homme a rêvé son éternité. Il n’a eu de cesse de travailler à son immortalité. De se libérer des griffes du temps. A défaut de ne pouvoir perdurer, l’homme s’est perpétué. Il y a eu la création et la procréation. Il y a eu l’art. Puisqu’il était impossible d’atteindre à l’éternel, l’homme s’est voulu géniteur, et créateur de commencements. Sans cesse et comme une chaîne. Inventant sans répit les maillons qui lui permettaient de se prolonger. Une façon détournée de déjouer l’éternité. Créer le mouvement perpétuel de la vie. Il y a eu un jour le clonage. C’était inévitable. Et c’était un pas de plus vers le rêve de l’immortalité. Frédérique Bouet

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ETERNITE CLONAGE

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REPETITION JUMEAUX

DUPLICATION

IMMORTALITE

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La Playmate du

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M

IS

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Open est une réalisation du groupe Graphik de Sup de Pub Bordeaux


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