THANKS FOR PURCHASE MORE SPACE LOREM
le magazine interactif des étudiants de Sup de Pub Bordeaux
Numéro spécial : UCHRONIE
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EDITO Wide Open : le retour.
Wide Open : le retour. Refaire le monde autour d’un clavier. Et si j’avais écrit un édito ? Au fond c’est ça, l’Uchronie. La journée de demain aurait été différente, et celles d’après également, les lecteurs auraient eu un élément pour les guider en ouvrant le premier Wide Open de cette année. Ils auraient été ravis d’apprendre que nous revenions en force cette année, plus nombreux. Déterminés à mettre de la vie dans ces pages digitales. Ils auraient sans doute mis un nom sur le continuum espace-temps de Doc ou les péripéties de Watchmen. Tant en littérature qu’en jeux vidéo, ils auraient découvert la beauté complexe, subtile et avouons-le, un peu inutile, de l’Uchronie. Toujours au conditionnel, ils en auraient appris davantage sur ce genre inventé en 1857 par le philosophe français Charles Renouvier –paix à son âme- et largement utilisé dans tous les milieux artistiques et créatifs aujourd’hui. Si j’avais écrit un édito, les lecteurs auraient compris pourquoi certains des articles qui l’auraient suivis n’auraient eu ni queue ni tête. Avec des si, on mettrait Wide Open en carafon. Au fond c’est ça, l’Uchronie. Mathilde Roy
MAGAZINE BIMENSUEL // DÉCEMBRE-JANVIER 2014 // N°3 Wide Open c’est avant tout le travail des étudiants de Sup de Pub Bordeaux, sans lesquels ce magazine n’existerait pas.
SUP DE PUB Fondée il y a 26 ans, notre école spécialisée en communication, publicité et création n’a de cesse d’aller de l’avant.
LES CRÉAS: Thibault Chancerelle Christophe khorsi Damien Gimeno Florian Chouekh
Alexei Girard Roman Albou Steven Daout Manon Touchard Alice Scarbonchi Juliette Labadie
LES RÉDACS:
Mathilde Roy Olivier Ferrière Paul Austin Sarah Harmach Baptiste Bouyrat Hugo Botela Marlène Renard
ENSEIGNANTS: Olivier noyelle Nicolas F. vargas
Faut plus se creuser là tête
Divers projets DG1 : UCHRONIE
SOMMAIRE RENCONTRE AU SOMMET
GEORGES LUCAS
Itinéraire d’une course en trois tournants
10-13 Ce qu’il s’est passé à Sup de Pub
6
Léonard- créateur de tendances
14
Dis-moi qui est la plus belle...
20
Inglourious Basterds
24
Où étiez-vous le 22/11/1963?
26
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16-19
RED OUT
AND THE OSCAR GOES TO...
HISTOIRE À SUIVRE
22-23
40-41
Alexandre et la potion magique
28
Quatres bonnes raisons de refaire l’histoire en publicité
30
What if...the amazing Spiderman hadn’t marry Mary jane?
32
Ma rencontre avec Block 109
34
Assassin’s creed unity
38
Tuto spécial: effet de miroir sous photoshop
42
LE PLAYBOY DU MOIS
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CE QU’IL S’EST PASSÉ À SUP DE PUB
MANAA : Visite de Bordeaux et du musée de la Création Franche pour les nouvelles recrues de créatifs – Septembre Générations d’idées avec application aux outils de jardinage Black&Decker – Septembre DG1 : Les 24h de la création, un défi sur fond de Tabasco caféiné - Octobre
MANAA, DG1 : : Séminaire de rentrée “la Maison Eco-Citoyenne de Bordeaux” DG1, DG2, SP3 : Conférence de David Rault sur les Couleurs et les Typographies – Octobre
SP2 : Conférence d’Anne Magnien, journaliste spécialisée, fondatrice de l’émission Culture Pub avec Christian Blachas – Octobre SP3 : Premier passage stressant devant un jury intransigeant, suite au séminaire de génération d’idées sur le thème du Livre de poche – Septembre Effervescence créative dans les couloirs de l’école pendant le séminaire audiovisuel pour la marque Osez Bordeaux -Octobre
SP4 : Les étudiants en direction artistique du MBA travaillent avec David Rault dans le cadre d’une Masterclass Typographie. - Septembre
SP1 : Séminaire de rentrée “Brand me Beautiful” – Septembre
Conférence de Grégory Egremont sur le métier d’Idea Designer - Septembre 6 | WIDE OPEN #3
Conférence Grégory Pouy Stratégie d’influence digitale - Septembre
ndlr : Cette double page n’est pas une uchronie Pour tout le monde 04/11/14: Inseec Business Week, Conference Michel & Augustin 13/11/14 : Vernissage Impressionist Expérience Les étudiants en Conception Rédaction travaillent avec Adeline Caffin de DDB, dans le cadre d’une MasterClass spot radio, avec enregistrement au studio DMS le 03/11/14 Workshop vidéo Antoine Lassort et Sebastien Cordon – Novembre Compétition éprouvante pour l’ONG Action Contre La Faim - Novembre SP5 : Séminaire événementiel digital & interactif animé par Florence Lepage – Septembre Compétition pour l’association “Diversity Emancipation” - Novembre
11/12/14 : Vernissage Marco Bros 18/11/14 : Journée Portes Ouvertes
Un avant-goût de ce qui vous attend : Une compétition full english, la visite de l’institut Bernard Magrez, les photos de classe, des vernissages, Futur Pub, une conférence Marc Dorcel, la visite de la cité Fruges le Corbusier, des compétitions, des workshops numériques, rencontre avec des anciens élèves et de la créativité. Mathilde Roy
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CE QU’IL S’EST PASSÉ À SUP DE PUB
TRAVAUX RÉALISÉS PAR LES ÉLÈVES
ZOOMETAMORPHE... Comment évoquer l’animalité avec distance et ironie ? Le “less is more” de Mies Van der Rohe n’est pas très loin! Tout est le jeu et l’enjeu de ce questionnement reste notre capacité à produire de l’image et faire ressource d’ éléments du quotidien. Les étudiants de Design graphique de deuxième année explorent le registre animalier avec créativité et proposent leurs propres projections des métamorphoses d’Ovide.
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Uchronies en liberté
GEORGE LUCAS Itinéraire d’une course en trois tournants
perpétuelles et la fragilité Ford n’apprécie guère la Brentwood du jeune George, elle ne le présence de viande soûle CALIFORNIE quittera plus. devant son lieu de travail. 25 Mai 1962: Le jeune George Lucas rentre seul chez lui, soulagé. A 18 ans, il vient de refuser un stage chez Francis Ford Coppola, cinéaste encore méconnu. Passionné de sports automobiles, il décide solennellement d’y consacrer sa vie. Plus rien ne pourra l’arrêter.
Houston TEXAS 11 Juillet 1969 George suit sa première course de Nascar en tant que cameraman. Le soirmême il fête l’évènement dans un bar minable des bas-fonds de la ville. Il y rencontre Marcia, alors chef-monteuse pour une chaîne de télévision locale. Séduite par les rêveries
Las Vegas VADA
NE4
Août 1976: Enième course, énième victoire de Richard Petty, pilote légendaire qui éclabousse chaque circuit américain de son talent. La force du champion renvoie George à sa solitude. Ce soir-là il erre dans les rues de Vegas. Marcia garde les enfants, Marion et Indiana, dans le petit pavillon familial de Modesto, en Californie. Les nouvelles familiales se font rares, la vie du couple est affectée par les dettes de jeu de George. Ivre et hagard, il s’endort à l’aube devant la porte d’un garage automobile de Madison Avenue. Le réveil est brutal. Un jeune mécanicien du nom d’Harrisson
George y laisse deux dents, mais un déclic se fait chez lui, c’en est fini du jeu et de la boisson.
Seattle WASHINGTON 11 Février 1982: L’Hiver est particulièrement rude cette année-là, pourtant ni George, ni sa famille n’en souffre. Il vient de faire breveter le système holographique D2, qui permet aux écuries automobiles de repérer et résoudre les pannes en temps réel, et encaisse son premier million de dollars. Il lance sa propre écurie de Formule 1: Dagoba Racing. Le soir du cocktail d’inauguration, George est absent. Convoqué au conseil de classe de son fils
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Indiana, il échange 4 heures durant avec le professeur de musique de son fils, un dénommé John Towner Williams. L’objet de la discussion ? L’incidence des fréquences oscillatoires sur les sportifs de haut niveau. « La course automobile est une histoire de rythme, si on ne suit pas un tempo précis, on finit dans le décor... » soutient Williams. George Lucas embauche aussitôt le professeur de musique chez Dagoba Racing. Son rôle ? L’aider à développer une méthode de préparation mentale des pilotes, axée sur l’effet parallèle de la rythmique dans les œuvres symphoniques, à l’attaque du virage en épingle.
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Qui aurait pu croire aux liens pourtant étroits qui unissent les courbes du circuit de Singapour aux accords de la neuvième de Beethoven ? Qui aurait fait le lien entre les riffs Knopfleriens de « Money for nothing » et la succession de virages de l’Albert Park ? Baptisée méthode « J.E.D.I », elle assurera un succès et une reconnaissance mondiale aux deux hommes, ainsi qu’à l’écurie. Hugo Botela
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LEONARD Créateur de tendances
Elle attire toutes les convoitises et reçoit même des lettres enflammées. Chaque jour, 20 000 visiteurs viennent l’admirer : Touristes toujours plus prompts à dégainer, mitrailler, défourailler à coups de Canon, experts de tout poils narrant et commentant en toutes langues, midinettes amoureuses prenant la pause, universitaires érudits silencieux. Si vous saviez…
majeurs de l’italien. Poursuivons : Francesco Del Giocondo aurait donc offert cette œuvre à sa femme pour la naissance de leur dernier enfant. Honorée par le présent, elle l’aurait accroché au mur de leur maison, dans la pièce principale. Le temps et les rayons du soleil auraient estompés les couleurs, et à la mort du couple, leur fils ainé en aurait hérité.
La toile la plus célèbre au monde cache pourtant bien précieusement son secret, ou plus exactement l’aura conservé jusqu’en 2006. En octobre de cette année-là les examens réalisés au scanner laser 3D par le centre national de recherches du Canada et le conseil de recherche et de restauration des musées de France rendent leur verdict. Implacable.
Une chose est sûre, ni les midinettes promptes au selfie, ni les acharnés de la tablette, ni surtout François 1er qui en 1517 déboursa 15 kg d’or pour acquérir l’œuvre ne se seraient manifesté pour le portrait banal d’une jeune mère de famille en robe xxl, cheveux ramassés en chignon.
Mona Lisa est vêtue d’une robe de femme enceinte ou venant d’accoucher. Elle a d’abord été représentée coiffée d’un bonnet et portant un chignon. Si Léonard De Vinci ne l’avait pas modifiée, la face de la Terre n’en aurait-elle été changée, comme le dit si bien Blaise Pascal à propos du nez de Cléopâtre ? Cette œuvre aurait ressemblé alors à toute les autres, tombant facilement dans l’oubli après avoir été délivrée à son commanditaire. Le maître ne l’aurait certainement pas gardée pour lui. Aujourd’hui nous irions tous admirer La Cène ou encore L’homme de Vitruve, autres tableaux
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Or Léonard De Vinci en optant finalement pour un style avant-gardiste : cheveux libres et lâchés, sourire étudié n’avait-il pas pour projet de lancer une nouvelle mode lorsqu’il décida de modifier son œuvre ?
Marlène Renard
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LA TOILE LA PLUS CÉLÈBRE AU MONDE CACHE POURTANT BIEN PRÉCIEUSEMENT SON SECRET, OU PLUS EXACTEMENT L’AURA CONSERVÉ JUSQU’EN 2006.
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DOSSIER SPÉCIAL
RENCONTRE AU SOMMET Lundi 11 Juin 2014: Jeudi 14 Juin 2014: l’entreprise et aux nombres de ses salariés. La découverte La révélation Près de trois semaines après mon arrivée sur Paris, mon stage au sein de Publicis commence enfin. Appréhension, stress, perte de confiance spontanée, mon rythme cardiaque est à son apogée dès l’instant où je pénètre pour la première fois dans le bâtiment des Champs-Elysées. Après une brève rencontre avec mon maître de stage, me voilà seul face à mon ordinateur, dans un vaste open space où sont réunis plus d’une cinquantaine de personnes, qui ne semblent même pas avoir remarqué ma présence. Ambiance …
Mercredi 13 Juin 2014: L’attente Deux journées se sont déjà écoulées et seulement trois personnes m’ont adressé la parole, dont deux stagiaires, qui sont très vite devenus mes « copains clopeurs ». N’ayant toujours pas eu le moindre travail à effectuer, nous échangeons autour d’une blonde nos premières impressions, de l’interaction quasi-inexistante avec nos « collègues » dans l’openspace, au nombre indécent de touristes présent sur les Champs-Elysées durant la période estivale. Passionnant…
Enième pause clope sur les Champs-Elysées, l’un des stagiaires avec qui j’ai désormais l’habitude de fumer me parle de LA terrasse du 5ème étage. N’étant dans l’entreprise que depuis seulement quelques jours, et cantonnés à l’étage où nous travaillons ( le deuxième), nous sommes assez excités à l’idée d’imaginer une terrasse privative, où les différents collaborateurs se retrouveraient pour discuter, travailler, fumer ou simplement prendre une pause au soleil. Malgré une certaine appréhension, nous décidons spontanément que notre prochaine cigarette se consumera en altitude.
Mardi 19 Juin 2014: La première fois Une fois sur place: déception. Quid du jacuzzi, de la fontaine de Coca-Cola géante et du distributeur de cigarettes gratuites? On se retrouve quasiment entassés; le soleil étant victime de son succès, à chercher tant bien que mal une place convenable pour entretenir nos cancers respectifs. Fiers de notre réussite, nous n’en sommes pas moins ahuris de sa taille désuète, proportionnellement à la grandeur de
Nous nous en retournons alors et appelons un ascenseur pour regagner notre étage. Les portes s’ouvrent, toujours en pleine discussion, nous pénétrons dans la cabine... Un accent anglais des plus mauvais nous fait relever la tête, et reculer instinctivement d’un pas. Je lève la tête. Le grand Maurice Lévy est en face de moi.
Mardi 19 Juin 2014 Bis : La rencontre Lancé dans une discussion avec l’un de ses collaborateurs américain, Maurice Lévy; face à nos mines déconfites, nous propose naturellement de prendre l’ascenseur en leur compagnie. Quelle force de la nature ! Je suis totalement déstabilisé face à l’une des personnes les plus influentes du XXI ème siècle. Etonné de pouvoir assister à un tel échange, nous tentons de faire mine de continuer notre discussion… Rien à faire. Fils d’un professeur d’anglais, passionné par la langue de Shakespeare, ce court instant se révèle être pour moi une torture linguistique sans précédent. Comment l’un des personnages médiatiques les plus respectés, patron le mieux rémunéré du CAC 40, peutil à ce point massacrer la
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DOSSIER SPÉCIAL
dre au dernier étage du bâtiment le lendemain. On ne peut pas être plus clair dans les informations factuelles, pas plus vague quant à la raison de ma convocation. Après maintes relectures du courrier laconique, l’angoisse m’envahit. Non seulement je connais très bien la raison pour laquelle je suis convoqué, et en plus, je suis déjà persuadé d’en connaître l’issue. Mon monde s’écroule. Pesante sensation de partir à l’abattoir. Mieux, la chemise orange que je porte me ramène directement à celle d’un condamné dans le couloir de la mort. Que faire ?
Mercredi 20 Juin 2014: L’angoisse Préoccupé par ma rencontre de la veille, je pénètre dans l’open-space ce matin-là plombé par une certaine appréhension, redoutant une mise à pied sans préavis, signifiant la fin immédiate de mon stage, qui aurait pour répercussion la non-validation de ma 3 ème années d’études. En effet, quel stagiaire aurait-il assez de culot pour reprendre l’anglais approximatif de Mr Lévy? Je sens des regards pesants, des chuchotements et des ricanements à l’endroit de mon passage. Moi qui voulais trouver ma place dans cette boîte, je commence déjà à préparer mon départ. Enfin arrivé à mon bureau, j’y trouve une enveloppe sans cachet, probablement issue du service interne de transmission. À l’heure du digitale et du « tout internet », j’avoue ne pas être à l’aise au moment d’entamer la lecture du courrier. Très succinct, il m’invite simplement à me ren18 | WIDE OPEN #3
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JE SENS DES REGARDS PESANTS, DES CHUCHOTEMENTS ET DES RICANEMENTS À L’ENDROIT DE MON PASSAGE.
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langue la plus parlée au monde ? Feint-il un niveau d’anglais médiocre pour mieux cerner la personnalité de ses collaborateurs ou est-il réellement aussi mauvais que le pire élève de ma classe d’anglais de terminale ? Par pur réflexe, je m’entends reprendre le plus naturellement du monde la syntaxe de Mr Lévy, comme s’il était devenu le temps d’une seconde, un simple camarade de lycée ! Le regard effaré que me lance son collaborateur me rappelle en un instant à la réalité. Silence absolu pendant une seconde qui me semble éternelle rompu par un seul haussement de sourcils du géant de Publicis. Mon rythme cardiaque s’accélère . Qu’est ce qui à bien pu me passer par la tête ?
Jeudi 21 Juin 2014: Le dénouement Nous y voilà. Le corps est raide. L’appréhension du 1er jour semble bien lointaine au moment de traverser le sas d’entrée. Jamais été aussi mal. Complètement désemparé. Mon optimisme légendaire a laissé place à une détresse absolue. J’atteins péniblement l’ascenseur et commande malgré moi un aller simple pour l’enfer. Arrivé au 7 ème étage, tout semble plus beau. Marbres, boiseries d’époques et ornements dorés jonchent l’allée qui mène à l’accueil : je me dis que cela serait un bel endroit pour une cérémonie posthume. Je me manifeste timidement auprès de l’hôtesse
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COUTUMIER DE CE TYPE D’ATTITUDE TOUT AU LONG DE SA CARRIÈRE, MR LEVY SEMBLE SÉDUIT DE MON AUDACE ET SOUS LE CHARME DE MES COMPÉTENCES LINGUISTIQUES. COMME UN CLIN D’ŒIL AU d’accueil, celle-ci m’annonce d’une voix monotone qu’elle va m’accompagner dans le bureau de Mr Lévy. Lentement, j’emboîte les pas de l’hôtesse, tente de respirer calmement. Inéluctablement, mon coeur s’emballe de plus en plus vite. Une dizaine de secondes à la suivre qui me semblent être des siècles, nous arrivons enfin. Devant une double porte en chêne massif, Maurice Lévy, étonnamment souriant. Intrigué par la nonchalance et la désinvolture de mon intervention en anglais, Mr Levy m’a fait venir dans son bureau pour me proposer de devenir son interprète officiel, à seulement 22 ans. Mon insolence aura eu raison de son obstination à continuer à travailler sans traducteur attitré. Honteux de son piètre niveau d’anglais, ce magnat de la publicité m’avoue avoir particulièrement apprécié le culot dont j’avais fait preuve la veille. Coutumier de ce type d’attitude tout au long de sa carrière, Mr Levy semble séduit par mon audace et sous le charme de mes compétences linguistiques. Comme un clin d’œil au passé, lorsqu’il fut lui-même embauché très tôt par Marcel Bleustein-Blanchet , en tant que directeur informatique, il me propose de le suivre au quotidien.
PASSÉ, LORSQU’IL FUT LUIMÊME EMBAUCHÉ TRÈS TÔT PAR MARCEL BLEUSTEIN-BLANCHET , EN TANT QUE DIRECTEUR INFORMATIQUE, IL ME PROPOSE DE LE SUIVRE AU QUOTIDIEN.
ciations âpres et disputées, je vis au quotidien les difficultés et les soubresauts liés à l’activité de Publicis à l’international. Aujourd’hui, et malgré tout ce que l’on peut dire, le niveau d’anglais de Maurice a nettement progressé, mais qu’en aurait-il été si la porte de l’ascenseur s’était refermée? Paul Austin
Lundi 1er Septembre 2024: Plus de 10 années se sont écoulées depuis ma merveilleuse rencontre avec Maurice. « Lift Story » comme on en parle aujourd’hui en rigolant. En dépit d’une certaine nostalgie, je suis heureux et fier du parcours accompli en étroite collaboration avec Maurice, « Momo » comme je m’amuse à l’appeler de temps à temps, en souvenir d’un certain culot à l’origine de notre parcours commun. Riches de centaines de voyages à travers le monde, de rencontres extraordinaires et de négoWIDE OPEN #3 | 19
DIS-MOI QUI EST LA PLUS BELLE... Ils vécurent séparément et se partagèrent la garde des enfants..
Les contes adaptés par Disney présentent une version stéréotypée de la princesse, l’art de José Rodolfo Loaiza Ontiveros en est une démystification complète. Blanche-Neige, abandonnée par son prince, n’aurait peut-être jamais accepté de se soumettre à son infâme belle-mère, préférant qu’on lui propose un bon Big Mac plutôt qu’une pomme trop mûre bourrée de pesticides.
La princesse chez Disney est une femme élégante, douce et pleine de bonne volonté, on lui trouve également un côté ingénu, presque enfantin. Passive et incapable de s’en sor-
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tir par elle-même, elle attend patiemment –et en chantant généralement avec une voix très aigue- le secours de son prince charmant. À son arrivée il chante aussi, et à l’entendre, il n’a jamais touché une Gitane maïs de sa vie. Il est beau, riche et galant, les tourtereaux tomberont amoureux avant même de se connaître et vivront heureux, fidèles, hétéros et fertiles, on connait l’histoire. Mais si la princesse Disney n’était plus l’idéal à atteindre ? Blanche-Neige, lâchée par son prince au profit de la belle-doche, s’imagine sans doute un meilleur avenir. Pour elle, sortir de son château et atterrir en plein milieu d’une société totalement décousue, c’est le choc. On ne lui demande plus simplement d’être belle et de se taire, mais de s’émanciper. Non seulement elle doit se comporter en femme active, indépendante et sûre d’elle, mais doit être belle, manger bio, avoir un avis sur tout et correspondre aux idéaux contemporains, devenir une « super vénus ». Elle comprend désormais que le nom « baiser » est devenu un verbe, transitif qui plus est. Mais elle n’y est pour rien
la petite, c’est la société qui la pervertie (et sa rupture aussi, il parait que ça n’a pas été facile, pas mal d’histoires concernant l’héritage et apparemment elle n’a pas touché un kopek). Plongée dans sa vulnérabilité sociale, elle apprend rapidement que les réseaux sociaux permettent aux gens de se sentir exister, #yolo. Inspirée par les Femen et le Bee Challenge de Twitter, elle commence à s’exprimer –c’est ce qu’on lui demande finalement- tout en s’adaptant à l’hypersexualisation sociétale qu’elle peut observer au quotidien. La princesse, mal renseignée sur la portée de ses publications internet, assume ce que les Nicki Minaj et autres Miley Cyrus appellent féminité, et partage désormais ses selfies vulgaires sur internet. Pour découvrir d’autres princesses aux destins brisés et d’autres blasphèmes Disney, allez fouiller dans les créations de José Rodolfo Loaiza Ontiveros, un nom qui se copie-colle plus qu’il ne s’écrit. Mathilde Roy
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… Ai-je vraiment besoin de ça ?
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Uchronies en liberté
AND THE OSCAR GOES TO … L’un des acteurs les plus célèbre et reconnu de la génération est sacré.
Calm down ! Just take a breath.Respire. Respire mon pote …Waouh…Really? I mean vraiment? Après 20 ans ? Hey Jennie, sweet Jennifer Lawrence…Tu viens vraiment de prononcer mon nom ? Du mal à y croire. Pourtant sûr de passer encore une fois à côté. Les votants de l’Académie des Awards sont tous des mecs de plus de 60 ans. Qu’est-ce qui leur a pris ? A moins que, Jordan Belfort leur ai donné envie de s’endormir dans une paire de fesses pulpeuses, le nez enneigé… Quel honneur ! La fierté dans le regard de Scorsese qui m’applaudit… Reconnaissance ultime et incontestable en tant qu’acteur, artiste et homme. Comment je fais ? J’ai aucun speech ! “Léo ?” implore Jennifer Lawrence. Fuck, j’ai réfléchi trop longtemps. Get up man! get up !.Je quitte mon siège avec un petit sautillement et me dirige droit vers la scène. 20 ans de carrière me bombardent le cerveau. Comme si chacun de mes rôles m’accompagnait jusqu’à la statuette, Arnie dans Gilbert Grape, Romeo, Rimbaud, Louis XIV, Amsterdam Vallon dans Gangs of New York, Jack du Titanic, Richard
de la Plage, Billy des Infiltrés, et tous les autres m’accompagnent sur le chemin…Franck des Noces Rebelles, Teddy de Shutter Island, Gastby, Calvin dans Django et ce Jordan Belfort du Loup de wall Street. Une, deux, trois marches me voilà devant la gloire. Jennifer me tend ma statuette “ Congratulations Leo, you deserve it”. Je saisis l’Oscar et regarde impressionné l’hommage que me rend le monde du cinéma. Tellement de fois passé au travers, tellement que j’ai fini par hérité du surnom de Leo di No Oscaro… Sympa non ? C’est le moment du discours, allez je me lance. « Je voulais tous vous remercier pour cette merveilleuse récompense. J’ignorais que l’Académie appréciait la poésie moderne. Me voilà ici, vingt ans après ma nomination pour Gilbert Grape, neuf ans après Aviator, puis trois ans après Blood Diamond… Je croyais vraiment que le Leo bashing ne s’arrêterait jamais… » ( rires dans la salle )
Tout lui réussit et un jour BAM tout s’écroule … I don’t wanna be like him.” Long silence, Le public me regarde d’un air ému.
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… AI-JE VRAIMENT BESOIN DE ÇA ? DI CAPRIO, L’OSCAR 2014 ? JE NE PENSE PAS ÊTRE QUE ÇA. JE SUIS L’HOMME LE PLUS
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Yeah! f**king s**t ! F**k you all ! I got it ! I got it I got it ! I have to call mum !!
HEUREUX.
Je repose le micro, rends l’oscar à Jennifer et salue la salle. Je n’entends plus rien, fais juste un signe à Toni dont la robe blanche me rappelle celle de Kate dans les Noces Rebelles. « Rejoins-moi dehors sweetie », c’est ce que mon regard lui dit et je sais qu’elle comprend. Je traverse les coulisses, allume une cigarette en arrivant dehors. Le tapis rouge est détrempé. La pluie rafraîchit mon visage. Sarah Harmach
“ ….Vous vous rappelez, lorsque Jordan Belfort, se trouve, à ce qui lui semble être l’apogée de sa vie. Milliardaire, une belle blonde, deux adorables filles.
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CINÉMA
INGLORIOUS BASTERDS L’uchronie au service de l’Histoire.
Dans Inglorious Basterds (2009), Quentin Tarantino plonge le spectateur dans le monde de la Seconde Guerre mondiale, mais l’agrémente d’un décor uchronique, qui brise nos repères historiques. Le scénario se déroule en France et narre la vengeance d’une jeune juive, Shosanna Dreyfus, dont la famille a été assassinée par les représentants du III ème Reich, ainsi que la création d’un commando de soldats juifs Alliés dont le but est d’éliminer le plus de nazis possibles. Désormais propriétaire d’un cinéma de quartier sous une nouvelle identité, Shosanna se retrouve par un hasardeux concours de circonstances maîtresse de cérémonie d’une soirée qui doit servir la propagande nazi à travers la diffusion d’un film, La fierté de la Nation.
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Portée par une haine viscérale envers les nazis, elle n’hésite pas à mettre en péril son cinéma et sa vie pour parvenir à ses fins, éliminer un maximum d’officiels nazis et leurs dirigeants. Ici, l’uchronie apparaît comme un moyen pour Tarantino de réparer les atrocités liées à l’Histoire et lui permet de légitimer le sentiment de vengeance qui l’anime tout au long de sa filmographie. Paul Austin
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LITTÉRATURE
QUE FAISIEZ-VOUS LE 22/11/1963 ? Le 28 Février 2013 sortait “22/11/63”, le dernier roman de Science-Fiction de Stephen King. L’occasion pour le grand maître de l’épouvante de répondre à une question : “Comment aborder un des événements les plus traumatisants que l’Amérique ait jamais connu?” Bien loin du raid dans le passé de Marty McFly, King s’attaque à une question bien plus épineuse : l’assassinat de JFK. Jake Epping, professeur d’Anglais dans l’état du Maine, se retrouve ainsi plongé dans le passé. Son but : Neutraliser Lee Harvey Hoswald, assassin présumé du président américain. Ralenti par des quiproquos inattendus, sa présence générant des futurs alternatifs, le personnage principal démêle le vrai du faux au péril de sa vie.
A l’origine de ce livre ? Un rapport d’autopsie assez gênant, qui ne mentionne pas les blessures crâniennes de l’ancien président, mais signale une blessure béante à la gorge. Plus troublant encore, le cerveau de Kennedy, qui aurait disparu pendant l’autopsie. Et si Kennedy avait été sauvé ? Et si son assassin avait été interpellé ? King nous propose ici un cassetête haletant, comme un embryon de réponse dévoilé à la face du monde. Hugo Botela
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ALEXANDRE ET LA POTION MAGIQUE Un choc entre deux des empires les plus puissants de l’histoire : sauvé in extremis de la mort, Alexandre Le Grand porte son appétit de conquête vers l’occident pour affronter la menace montante de Rome. Ce n’est pas le scénario du dernier Spielberg mais bel et bien le résumé d’un livre de Javier Negrete. Le réalisme du récit le rend parfois dur à dissocier de l’Histoire. Et si l’œuvre de l’auteur hispanique avait en fait été un roman historique ? Tout commence un sombre soir de juin 323 avant Jésus Christ. Trahi par son épouse Roxanne et un amant assoiffé de pouvoir, l’un de ses commandants généraux, Alexandre Le Grand s’enfonce dans les voutes de la mort. Mais ce jour-là à Babylone, l’empereur de Macédoine sera sauvé de l’empoisonnement par un mystérieux guérisseur qui devient son conseiller le plus proche. Quelques années plus tard, le souverain Macédonien est plus que jamais remis de son court passage dans l’au-delà, jetant son dévolu sur l’Europe jusqu’à devoir affronter le grand empire Romain ! Un scénario inspiré de nombreux faits historiques.
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Javier Negrete emploie alors un procédé semblable à celui utilisé par Sprague De Camp dans son roman ‘A l’aube des ténèbres’ en mettant en scène un personnage au savoir anachronique pour changer le cours de l’histoire. Ainsi, Nestor le guérisseur vient sauver Alexandre III de Macédoine d’une fin inévitable à Babylone cette année-là. Cet événement devient le point de départ de l’uchronie car, dans les faits, l’empereur périra ce jour-là. L’œuvre se poursuit alors de manière romanesque sur une nouvelle obsession de conquête de la part du héros qui, las d’avoir conquis la majorité de l’Orient, jette son dévolu sur l’Occident et sa puissance principale de l’époque: l’Empire Romain. Enrichissant, sans utiliser de registre trop didactique, ce récit prend vite une tournure historique à travers le réalisme des mentalités des peuples occidentaux de l’époque et des décors exposés par un écrivain aux connaissances importantes. On apprend ainsi beaucoup de choses sur les pratiques cultuelles, les superstitions, la philosophie, la science et l’art de la guerre dans l’antiquité. Cet univers recréé par l’auteur tend à augmenter le réalisme du roman jusqu’à perdre le lecteur entre fiction et réalité… Olivier Ferrière
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PUBLICITÉ
QUATRE BONNES RAISONS DE REFAIRE L’HISTOIRE EN PUBLICITE #4 POUR PALLIER LE MANQUE DE BUDGET
#3 POUR METTRE EN AVANT LA VALEUR AJOUTÉE D’UN PRODUIT
Pour les américains le Superbowl c’est sacré !
C’est donc dans le même registre que Newcastle Brown Ale a décliné cette année toute sa campagne de communication basée sur un thème très uchronique : ‘Et si l’Angleterre avait gagné la guerre d’indépendance des Etats-Unis’ ou ‘If we won’.
N’ayant pas eu les fonds suffisants pour figurer dans le prestigieux encart publicitaire de la finale de football américain 2014, Newcastle Brown Ale, marque de bière anglaise réputée aux Etats-Unis, a eu la bonne idée de rattraper le coup de manière originale. Pour cela, rien de tel qu’une vidéo virale à l’humour très british sur le thème : ‘Et si nous avions eu le budget suffisant pour faire un spot TV à l’occasion du Superbowl’. Réalisé sous forme de storyboard raconté par une voix-off, la vidéo est une parodie des publicités SuperBowl traditionnelles. Le message et le ton restent cohérents avec la stratégie globale de la marque de bière qui est de critiquer de façon provoquante mais humoristique l’ ‘American Way of Life’ afin de vendre des bières anglaises.
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Ainsi, des spots TV plus délirants les uns que les autres mettent en exergue un présent imaginaire où les américains utilisent les mêmes mots que les anglais, ont les mêmes rituels, et mangent la même cuisine. Pleins d’imagination et d’honnêteté publicitaire, ces spots simples de réalisation n’en restent pas moins de petits chefs d’œuvre. L’objectif de cette insolence : convaincre les américains de boire de la bière anglaise. Le positionnement est, certes, risqué, surtout face à des américains que l’on pense nationalistes, mais grâce à une ironie et un humour British tournant tout le discours en ridicule, la publicité plaît aux américains ! Retrouvez l’ensemble de la campagne sur www.ifwewon. com !
#2 POUR ÉTOFFER SON IMAGE DE MARQUE Décidément, les anglais se plaisent à réécrire l’histoire… Parti de sa forte signature ‘What dreams are made of’ soit ‘Ce dont les rêves sont faits’, ITV a dévoilé en 2012 une campagne passionnément uchronique en préparation à l’Euro 2012. Fervente supportrice de l’équipe d’Angleterre, la chaîne alors 100% British réécrit un moment tragique du football anglais : la demi-finale de l’Euro 96 perdue au penalty face à l’Allemagne. Afin de redonner espoir aux anglais pour la prochaine édition du tournoi, la chaîne imagine alors un scénario où Gareth Southgate n’aurait pas manqué son penalty. L’idée ne va pas plus loin, pas de lever de la coupe ni de grand titres dans les journaux, juste une signature pour laisser libre cours à votre imagination : ‘C’est de ça que les rêves sont faits’.
#1 POUR FAIRE ENTRER UN PRODUIT DANS LA LÉGENDE Un Big Mac se cacherait-il derrière le sourire de la Joconde ? Le spot TV ‘Mona Lisa’ de McDonald’s reste un classique dans le genre de l’uchronie. Pour ceux qui ne l’auraient jamais croisé à la télévision, le synopsis est simple : Leonard De Vinci est insatisfait de l’expression de Mona Lisa jusqu’à ce que celle-ci croque à pleine dent dans un Big Mac et revête un sourire rayonnant. Mais cette réalisation qui semble au premier abord n’être que l’ancêtre du ‘Concept Perle de lait’ est rendue ingénieuse par la chute, un message inattendu : ‘Big Mac. Part of the legend’. La marque utilise ainsi un procédé décalé pour rappeler que le Big Mac est là depuis longtemps parce que les consommateurs l’aiment et qu’il se doit d’être traité comme une légende.
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BD
WHAT IF… THE AMAZING SPIDER-MAN HADN’T MARRY MARY JANE ? Le ton est d’emblée donné aux lecteurs dans cette histoire en deux volets de Danny Fingeroth et Jim Valentino à propos du mariage de Spider Man et de Mary Jane. Dans la première partie Peter Parker fait sa demande à Mary Jane Watson mais réalise peu de temps après que sa double vie sera toujours un danger pour sa belle. Que va faire notre héros ? Rien de plus que planter la belle rousse devant l’autel… Outch ! L’homme araignée n’est pourtant pas fait pour la solitude… Il revient vers son amour d’antan, Felicia Hardy , alias , « The Black Cat » et les deux décident alors de convoler en justes noces (sous des identités secrètes toutefois, pour protéger leurs proches, à l’exception du Vautour qui ayant vent de l’affaire décide de s’attaquer à Tante May).
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Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, le charisme arachnéen fait ronronner à merveille la Catounette jusqu’au moment où Pete apprend que Cat n’a pas su garder sa langue… (comprendre : Le secret de leur idylle) Hum… pas happy du tout l’araignée, au point de rompre le fil qui la liait à sa chatounette chérie. Affolée mais rédemptrice, Cathy (qui considère toujours MJ comme sa concurrente déloyale) se retrouve confrontée au devoir de sauver Mary Jane de la chute d’un immeuble. Conséquence directe : Elle se fait shooter par l’Homme Sable qui n’est nul autre que… Paladin ( Celui même qui avait tué l’oncle de Spider Man). Comprenne qui pourra dans cette uchronie plus proche des Feux de l’amour que de l’univers Marvel. Sarah Harmach
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BD
MA RENCONTRE AVEC BLOCK 109 Vendredi 31 octobre 2014, comme chaque jour je me dirige vers la salle de cours. 11H30, notre professeur de culture Art et Design nous annonce le sujet du jour : La Bande Dessinée. Je prends une feuille, mon stylo, j’écoute attentivement. Je me rends compte que je ne connais pas grand-chose à ce qu’on appelle le neuvième art, ma voisine non plus apparemment. Astérix et Obélix, Black et Mortimer, le festival d’Angoulême, voilà tout ce que je peux en dire. Je décide alors d’aller découvrir sur la toile ce qui se fait de nos jours. C’est ainsi que je tombe sur Block 109. Qu’est-ce que je peux vous en dire ? Cet album créé par Vincent Brugeas est une BD uchronique apparue en 2010. Block 109 est le premier d’une série de 6 tomes avec à chaque fois des récits indépendants. Enfin, les dessinateurs sont Ronan Toulhoat et Ryan Lovelock. C’est à peu près tout ce qu’on trouve d’intéressant sur un fameux site où l’on va en premier lieu pour se renseigner. Je décide alors d’approfondir mes recherches. L’histoire commence avec ...
le bouleversement de l’histoire telle que nous la connaissons. 22 mars 1941, Adolphe Hitler est assassiné à Munich lors d’une grand-messe du régime nazi. Surprise, n’est-ce pas ? Seulement si le Führer meurt, c’est tout le régime nazi qui devrait tomber avec logiquement, mais ce n’est pas ce qu’a décidé l’écrivain. Certains membres du parti vont aussi succomber tels que Hess ou Goering. C’est alors Heinrich Himmler qui devient Chancelier. Pour ceux qui ne savent pas, oui cet homme a réellement existé. Il était l’un des plus hauts dignitaires du troisième Reich. Dans la BD, Himmler crée le Nouvel Ordre Teutonique et met au point l’arme nucléaire avant de bombarder la GrandeBretagne et les Etats-Unis en juin 1945. En lisant cela sur mon écran d’ordinateur je ne peux m’empêcher d’imaginer dans quel monde nous serions si une telle horreur s’était produite. Mais je me replonge vite dans mes recherches pour connaître la suite.
tête du pouvoir. Ce nom ne me dit rien : Google. Alors ? Non, il n’existe pas. Et après avoir lu ce qu’il nous réserve je me dis qu’on a de la chance. Il demande à des savants de mettre au point un sérum permettant de faire de ses hommes des super soldats. Finalement ils vont inventer un virus qui transforme les hommes en monstres cannibales. Est-ce la fin du monde ? Je pense que c’est à vous de le découvrir en lisant la BD. Block 109 est intriguant, il utilise des faits réels, apportant une certaine crédibilité à l’histoire avant de devenir un récit de science-fiction. Il soulève une question presque philosophique : L’homme sera-t-il l’auteur de sa propre destruction ? Pour vous faire une idée, plongez-vous dans la lecture des autres tomes : Étoile rouge, Soleil de plomb, NewYork 1947, Ritter Germania et S.H.A.R.K. Marlène Renard
La situation se complique pour les allemands. Les soviétiques se rapprochent dangereusement. 1953, Himmler meurt. Hochmeister Zytek accède à la
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JEUX VIDÉOS
HOMEFRONT, UN JEU DÉRANGEANT En 2010, le développeur américain Kaos studios nous présentait un jeu à faire frémir l’Amérique: Homefront. Le synopsis débute avec le décès de Kim Jong-Il en 2012. C’est alors son fils, Kim Jong-Un, qui accède au pouvoir. L’année suivante il décide d’envahir la Corée du Sud pour créer la Grande République Coréenne. Pendant ce temps, l’Irak et l’Arabie Saoudite entrent en guerre, entrainant la destruction des réserves de pétrole. Les forces américaines sont alors contraintes de retirer leurs flottes du Pacifique et leur puissance militaire se voit réduite par le manque de pétrole. En 2025, la Corée lance une bombe à impulsion électromagnétique sur les Etats-Unis avant de les envahir.
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Vous êtes alors projeté dans un univers sombre où l’Amérique n’est plus que l’ombre d’ellemême. L’armée est démantelée, les villes sont dévastées et abandonnées, les stades sont devenus des centres de détention et les centres commerciaux abritent des véhicules militaires. Votre rôle ? Entrer dans la résistance et vous battre pour la liberté. Mais attention rebel, il te faut avoir au moins 18 ans pour participer à l’aventure. Marlène Renard
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Aux grands hommes, la patrie reconnaissante
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JEUX VIDÉOS
ASSASSIN’S CREED UNITY Assassin’s Creed Unity, le dernier né d’une série pêchue de réalisme, revient toujours plus criarde de précision. C’est un sentiment de félicité grandiose qui animera un joueur agréablement surpris à confondre pixel et réalité dans la confusion d’une ville reproduite à la perfection par le développeur Ubisoft. Bien que ce 8ème opus suscite les polémiques concernant ses ralentissements saugrenus, il n’en demeure pas moins, quelques anachronismes écartés, une fidèle reproduction du Paris de 1791. LeMonde.fr s’est d’ailleurs amusé à comparer la fiction à la réalité avec le jeu des 7 erreurs, parmi lesquelles figurent le chant de la marseillaise (dont les couplets ne sont rédigés qu’en 1792), ou encore l’inscription « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante » trônant sur le Panthéon seulement à partir de 1793.
C’est une activité trendy de comparer, sous couvert de différents médiums, réalité et fiction. François Dourlen, connu pour l’intégration d’images véhiculées par iPhone dans la réalité, a ouvert la voie à différents artistes. Parmi ceux-ci, c’est le chef de projet infographie du magazine Sciences Avenir qui nous rapporte un comparo criant de pertinence de la capitale et d’Assassin’s Creed Unity. J’aimerais profiter de l’inconsciente liberté qui m’est offerte ici pour glisser une analyse aussi pertinente que personnelle : ça déchire plus que les pieds de mouton au Martini arrosés de Shnaps. Roman Albou
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HISTOIRE À SUIVRE
RED OUT En voiture sur les quais au niveau du Skate Park. Circulation fluide, c’est rare. Devant moi une vieille Polo bleue. Juste en dessous de la lunette arrière, un sticker noir sur lequel se détache clairement un « NON » écrit en rouge suivi d’un point d’exclamation s u r d i m e n s i o n n é . Une négation si fortement affirmée éveille ma curiosité au point d’en venir à souhaiter que le feu passe au rouge. Je pourrai ainsi lire les lettres plus petites écrites en dessous, qui expliquent assurément les raisons de ce « NON ! » « NON ! Le cheval ne se mange pas, non à l’hippophagie ! » Les mots formés de terminaisons grecques m’ont toujours posé problème, sans doute parce qu’il me faut du temps pour être sûr de les comprendre. Par exemple, je confonds toujours phobe, phage et phile. Je suis obligé de me dire xénophobe, téléphage et pédophile,
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mots dont je connais le sens, pour en déduire à coup sûr la signification de la terminaison, avec un doute encore à ce jour : le pédophile, c’est quelqu’un qui aime ou qui n’aime pas les enfants ? Sans savoir pourquoi, à la lecture du mot hippophagie, je me représente immédiatement un cheval en train de péter, et presque simultanément je me corrige, en réalisant pour la première fois qu’aérophagie signifie « manger de l’air » et que l’on confond fréquemment les causes et les conséquences d’un même acte. Au même moment je me questionne : est-il préférable de manger de l’air ou du cheval ? D’être aérophage ou hippophage ? A contrario, est-ce qu’« hippophile » s’utilise pour parler d’un passionné de petits chevaux et peut-on employer « aérophobe » pour quelqu’un qui ne supporte pas les courants d’air ?
J’en suis là de mes pérégrinations sémantico lexicales, lorsque je suis frappé par la révélation suivante « Il y a quand même des personnes surmotivées. » C’est vrai, ce slogan à l’arrière de cette voiture présuppose d’un enchaînement de convictions et d’actes incroyablement volontaires : d’abord il faut se sentir concerné par le problème de la boucherie chevaline, ce qui n’est pas d’une évidence première ; je n’y pense pas tous les jours et même en état d’ivresse avancée, il est rare que j’embraye sur le drame de l’hippophagie. Le type dans sa Polo, il faut déjà qu’il soit sensible à ces histoires de chevaux morts et cuisinés. Ce n’est pas tout, parce qu’il pourrait y songer comme ça et puis voilà… Un peu comme lorsque l’on revient d’un voyage dans le Sud Est asiatique et que l’on dit aux gens qui nous félicitent de notre bonne
mine « une misère, tu n’as pas idée, les gosses dans les rues, livrés à eux-mêmes, dur à voir » avant de rajouter deux phrases plus loin « on s’est tapé des homards grillés pour 10 euros ! », on s’en soucie des gosses et de la misère, mais un peu comme de l’hippophagie, ça ne dure jamais très longtemps. Admettons cependant, que l’homme y pense vraiment, à ce que d’autres se permettent de consommer du cheval, et qu’il trouve cela intolérable ; il faut ensuite qu’il rencontre des individus aussi écœurés que lui et prêts à s’engager, parce que l’air de rien, le sticker ne s’est pas fait tout seul ! Cela signifie donc qu’en France, des personnes se sont réunies et ont décidé de monter au créneau. Ils ont réfléchi, pensé, imaginé, se sont galérés sur Photoshop sont allés voir un imprimeur, ont investi de l’argent, ont sans doute fait du porte à porte pour vendre les stickers en question. Le type à la Polo bleue en a acheté un, non seulement il l’a acheté, mais il a pris le soin de le coller sur sa voiture. Il a même sans doute été chercher un chiffon pour dépoussiérer la carrosserie, pour que ça adhère bien, que cela ne fasse pas de bulles. Il ne l’a pas placé n’importe où, juste sous la lunette arrière, en prenant garde de ne pas le disposer de travers. Il en est fier, il se sent impliqué, il dit ce qu’il pense, un vrai citoyen. Et tout d’un coup je me demande « mais à qui donc va l’argent des stickers ? » Il y a forcément une association derrière, type loi 1901, avec un président, une secrétaire consciencieuse, un trésorier, qui prévient à chaque réélection du bureau que c’est la dernière année qu’il se présente, qu’il n’est pas là pour courir
après les cotisations et faire des mails de relance sans arrêt! Ils organisent des assemblées générales, prévoient des méchouis au mois de juin, mènent des actions coup de poing, font des sitin en s’enchaînant devant les boucheries chevalines, se filment, postent sur Youtube, ont leur page Facebook. Je me demande sans trop savoir pourquoi : le gars devant dans sa Polo, ça lui arrive de jouer au tiercé ? Je rentre enfin chez moi, le repas est déjà prêt. Clémence ne dit rien dit mais justement cela veut dire « T’en as fichu du temps, je te signale que c’est encore moi qui ai baigné les gosses, tu m’excuseras, je ne t’ai pas sorti d’assiette, je ne savais pas si tu rentrais dîner, de toutes façons avec toi on ne sait jamais ». En une fraction de seconde, je vois la soirée se dérouler. Genre, pendant que j’aide à débarrasser la table « Allez au lit les enfants. Non pas d’histoires il est tard, il y a école demain. Va vite te laver les dents Camille » fourchette récalcitrante qui tombe au fond du lave-vaisselle. Galère pour la récupérer, cravate qui pend dans la casserole où a cuit la sauce tomate avant de se rendre compte qu’il n’y a plus de pastilles de lavage. Oui je sais c’était à moi d’en prendre je n’y ai pas pensé. Canapé. Télé. Puis « Tu baisses le son, je vais me coucher ». Bonne nuit. Bonne nuit.
mande si elle préfère un steak de cheval à la place. Elle me répond « pourquoi pas manger du chien tant qu’on y est ! » Je lui explique que cela arrive parfois, notamment en Asie du Sud Est. Lucas, s’en mêle, rajoute que si on lui demandait son avis, à la place il préfèrerait du homard bio ! « Y’a des tas de gosses dans le monde qui aimeraient bien manger des épinards ! » Je hurle. Tout le monde lorgne mon assiette à laquelle je n’ai pas touchée. Je me défends en rappelant les épouvantables crises d’aérophagie que provoque chez moi l’ingestion de ce légume branchu et préfère quitter la table avant qu’une telle mauvaise foi ne provoque une contestation générale. Clémence me lance au vol qu’elle a repéré une Polo bleue d’occasion à bas prix et qu’il faut que je rappelle le type du PMU pour plus de détails. Rouge. Le feu passe au rouge. La Polo bleue devant moi décide de forcer l’allure et de le griller. Merde ! Je pile. Devant moi s’échappe le « NON ! » , il tressaute sur les pavés comme pour me narguer rapetisse et disparait. Je ne saurai jamais. Mon portable, d’une sonnerie cristalline, m’annonce un nouveau message. Clémence me demande de ne pas oublier de passer prendre du pain et des pastilles de lavage pour le lave-vaisselle… Nicolas F. Vargas
Je me suis attrapé une assiette. Je me reconnecte au réel. Camille a encore des traces de paillettes sur les joues, restes de l’anniversaire chez Zoé. Elle râle parce qu’il y a des épinards dans son assiette. Je lui de-
ne manquez pas la suite dans le prochain numéro
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TUTO SPÉCIAL: EFFET DE MIROIR SOUS PHOTOSHOP
Christophe Khorsi
01
COMMENCER LA COMPOSITION
Ouvrez un nouveau document (ctrl/cmd+N), puis importez la photo du jeune homme de dos. Servez vous de l’outil plume (p) afin de détourer proprement le personnage.
03
AJOUTER DES ÉLÉMENTS DE DÉCOR
Créez une forme rectangulaire pour créer le miroir puis remplissez-la d’un dégradé linéaire alternant du cyan et du blanc. Déformez la forme pour qu’elle épouse la perspective de la composition. Dessinez à l’aide de la plume la guirlande qui servira de support
il est important de définir votre source lumineuse pour qu’elle suive la perspective. De cette façon, vous pouvez concevoir le reste de la scène avec une
lumière et un angle parfaits.
02
C R É E LE DÉCOR
R
Importez une texture de mur ainsi qu’une texture de lino pour créer le sol. Ajustez les deux calques de manière à conserver toujours la même perspective. Utilisez (CTRL/CMD+T) d’ajuster correctement deux calques.
afin vos
aux luminaires.
04
AJOUTER LES LUMIÈRES
Créez un nouveau calque (CTRL/CMD+SHIFT+N) puis peignez (à l’aide de l’outil pinceau réglé en blanc et en dureté minimum), des points de lumière. Créez un nouveau calque, passer ce calque en masque d’écrêtage, puis peignez en noir et faible opacité certaines zones de la guirlande de manière à lui donner du volume et une esthétique plus réaliste.
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Ici en plus du réglage des balances, nous avons ajouté un calque de filtre réchauffant (85).
05
INTÉGRER LE REFLET
Importez l’image de l’homme d’affaires dans un nouveau calque puis déformez ce calque afin qu’il épouse la forme du miroir. Passez le calque en mode densité linéaire + puis dupliquez-le et passez la copie en mode incrustation.
Attention ne fusionnez pas ces deux calques au cours de la composition car vous perdriez l’effet souhaité grâce à la juxtaposition des deux modes de fusion.
06
TRAVAILLER LES COULEURS
Le travail des couleurs est sans doute une des parties les plus importantes pour réussir et donner une véritable ambiance à chaque composition. Commencez par créer un calque de réglage de courbes et réglez-le en fonction de vos envies. Ouvrez un nouveau calque de réglage de balance de couleurs et réglez-le en fonction de l’ambiance que vous souhaitez donner à votre compositing.
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07
L A son décor. Chaque élément réagit donc en fonction de sa texture et de son emplacement de manière différente à la lumière SPÉCULARITÉ ambiante.
La spécularité est sans aucun doute la partie la plus importante d’une bonne photo-manipulation.
DONNER DU RÉALISME À SA COMPOSITION.
Il est essentiel que chaque élément de votre œuvre soit parfaitement intégré dans
Passez ce calque en mode éclaircir. Répétez cette manœuvre plusieurs fois afin de créer un dégradé sur les parties éclairées.
Ouvrez un nouveau calque et peignez avec l’outil pinceau les éléments éclairés en blanc.
Faire de même mais cette fois-ci en peignant les parties non éclairées en noir.
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L’UTILISATION D’UN DERNIER FILTRE DE COULEUR
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PERMET D’HARMONISER LA COMPOSITION
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LE PLAYBOY DU MOIS
INTERNATIONAL BUSINESS MACHINE
International Time Recording Company (ITRC), Computing Scale Company (CSC), puis Computing Tabulating Recording Company (CTRC), et enfin International Business Machines (IBM). La grande multinationale informatique américaine est née en 1888, elle a connu plusieurs fusions de sociétés entre 1891 et 1924 Ce qui a donné différents noms à ce géant de l’informatique. Durant la seconde guerre mondiale, IBM s’est lancé dans les technologies informatiques. En 1952, Thomas J. Watson Jr. récupère la direction à son père, directeur général depuis près de 40 ans. Déterminé à faire d’IBM une institution en matière de nouvelles technologies, Watson engage Eliot Noyes, un architecte et graphiste d’intérieur. Ainsi, il supervisera la transformation de la communication visuelle, le graphisme des produits, la fabrication et l’architecture d’IBM.
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En 1956, Noyes engage Paul Rand afin d’établir un programme d’identité visuelle. Le premier changement apporté par Paul Rand a consisté à échanger une police avec empattement gras par une autre : Beton Bold Condensed a donc été remplacé par City Medium. Peu à peu, Rand continue de modifier le logo et a introduit une version toute en contours pour alléger la lourdeur des lettres. Ce n’est quand 1962 que la célèbre version à bande a été utilisée pour la première fois par Rand (elle a été officiellement introduite en 1972) alors qu’il cherchait à consolider les lettres discordantes via un ensemble unifié de lignes qui se prolongeaient d’une lettre à l’autre. Du point de vue conceptuel, les bandes ont été inspirées par les fines lignes parallèles utilisées dans les documents légaux pour protéger les
signatures de la contrefaçon ; elles symbolisent une certaine autorité. Le lignage horizontal du logo va aussi connoter le dynamisme et la vitesse, référence au chargement des images (à l’époque des modems). Pour la première fois de son histoire, le logo adopte une couleur, ce sera le bleu, qui lui vaudra le surnom de Big Blue. Rand a créé deux versions du logo, l’un à 8 et l’autre à 13 lignes. Pendant près de 30 ans, jusqu’en 1991, Rand surveille la mise en œuvre du logo et de l’identité visuelle à travers l’ensemble des applications IBM, du packaging jusqu’aux rapports annuels, en passant par les standards imposés à l’équipe des graphistes internes via des documents comme le IBM Logo Use and Abuse (« Bonnes et mauvaises utilisations du logo IBM »), manifeste de la flexibilité et de la créativité
du logo. Les identités visuelles d’entreprise des années 1960 et 1970 disparaissent peu à peu, nous verrons peut-être poindre une nouvelle version du logo d’IBM d’ici peu, et totalement dépourvue de bandes. Et si Watson avait chargé Franck Robinson de l’identité visuelle de IBM, celui-ci aurait utilisé sa propre fonte Spencerian Script au lieu de Beton Bold Condensed, et les mythiques lignes n’auraient jamais existé. Et si Robinson avait décidé que le logo d’IBM serai rouge et pas bleu, son surnom aurait été « big red » ?
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CAHIER TENDANCE : UCHRONIE
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