Carrefour duJMM : la France est un marché émergent pour la demande croisière

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Politique Le PLF 2012 selon le député Jean-Yves Besselat

Technique Sobrena : les institutionnels se penchent sur son sauvetage

L’ h e b d o m a d a i r e d e s a c t i v i t é s m a r i t i m e s e t p o r t u a i r e s

JMM - N° 4796 - 11 novembre 2011

Carrefour du Journal de la Marine Marchande

La croisière,

un marché émergent en progression en France


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La France est un marché émerg ent Les croisiéristes français (maritimes) devaient dépasser les 150 000 en 1997. Ils sont environ 400 000 treize ans plus tard, loin derrière l’Italie ou l’Espagne, moins peuplées. À la recherche de relais de croissance, Royal Caribbean Cruise s’installe en nom propre en France.

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enu le 27 o c t o b re, le 1 e r C a r refour du JM M consacré à la cro i s i è re a permis de confirmer la tendance déjà constatée en 1996 : la demande française de cro i s i è re maritime est la plus faible d ’ Eu ro p e . En 2010, selon les chiffres collectés par Paul Touret, d i recteur de l’Isemar, auprès de l’ECC/IRN Research, les Britanniques – 63 millions d’habitants (Mhab) en 2010 – sont toujours devant avec 1,5 Mpax, toujours 8

talonnés par les Allemands (81,5 Mhab) avec 1,2 Mpax. L’Italie (60,4 Mhab) frôle les 9 0 0 000 pax, l’Espagne ( 4 6 Mhab) atteint les 645 000 pax. Et la France (65 Mhab), 387 000. Ex p r imée en part de marché, la demande française est passée de 8 % en 2003 à 7 % en 2 0 1 0 . Celle de la Gra n d e Bretagne a baissé de 38 % à 31 % durant la même période. L’Allemagne a augmenté, passant de 21 % à 23 % . L’Espagne est stable autour de 12 % ainsi que l’Italie, autour de 17 %. Chacun peut donc voir le verre comme il le souhaite. Ainsi, Frédéric Martinez, dire c t e u r g é n é ral de Royal Caribbean Cruises Ltd, qui vient de s’installer en nom propre, explique que sa maison mère américaine, 2e opérateur mondial, a besoin de relais de croissance car le marché nord-américain est « mature. La croissance est ailleurs, en Eu rope et dans les pays émerg e n t s . Tout petit, le m a rché français est celui d’un pays émerg e n t ». En 2012, le paquebot Brillance-of-the-Seas

 Paul Touret, directeur de l’Isemar.

doit faire des escales régulières au Havre, et le Liberty-of-the-Seas à Toulon.

L’Italie et l’Espagne en pole position Si la demande française est modeste, le « volume » port u a i re est meilleur mais reste très inférieur à celui de l’Italie, de l’Espagne et, dans une moindre mesure, de la Grande-Bretagne. Ainsi, en 2010, 1,9 Mpax ont e m b a rq u és dans les ports italiens, plus de 1,1 Mpax en Espagne et plus de 800 000 pax en Grande-Bretagne. Les embarquements (141 000) via les ports français classent la pre m i è re

Perspectives Lors de ce forum organisé du 11 au 14 octobre 1996 par Croisimer, défunte association de promotion du tourisme maritime, les croisiéristes fra nçais maritimes étaient estimés à 137 000 ; les Italiens étaient au même niveau. Les Britanniques caracolaient en tête avec 352 000 passagers (pax), devant les Allemands, 308 000 pax.

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destination touristique du monde en 7e position derrière la Grèce, l’Allemagne et le Danemark (un peu plus de 200 000 pax). Cela se retrouve dans le classement européen des ports tête de ligne : en 2011, Southampton est tête de ligne pour 16 paquebots et devrait voir monter et descendre 627 000 passagers ; Barcelone, 16 têtes de ligne pour 670 000 pax ; Gênes et Savonne, 14 pour 394 000 pax. À l’avant-dernière place figure Copenhague, 6 pour 2 190 000 pax ; et à la dernière, Marseille, 6 mais seulement 78 000 pax. La situation française s’améliore en ce qui concerne la fréquentation en transit des ports français : un million en 2005. Le double en 2010, sachant que le même passager est compté deux fois : une première fois lorsqu’il descend à terre, une autre lorsqu’il regagne le bord. Il n’existe aucune norme internationale ou nationale en


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 Frédéric Martinez, directeur général de Royal Caribbean Cruises Ltd.

matière de comptage des passagers, ce qui permet de bien des affirmations. Marseille arrive en tête ave c 681 000 pax en transit en 2010. Suit le range Nice, Villefranche, Cannes avec 672 000 pax, et loin d e r r i è re, Toulon (268 000 pax). Le Havre (127 000 pax) ouvre la marche de la façade MancheAtlantique, devant Cherbourg (63 000 pax). Mais de Calais à Bayonne, les paquebots en tra nsit égrènent leurs passagers en mal d’exotisme. Ainsi, plus de la moitié des croisiéristes en transit au Havre sont allemands.

Elle a conservé son marché de niche qui est les grands yachts de luxe d’une capacité maximale de 200 pax. Disposant de navires renforcés glace qui proposent des croisières proches des pôles, la Compagnie du Ponant est, selon son directeur général JeanEmmanuel Sauvée, le leader mondial sur ce segment étroit. Après avoir demandé deux paquebots en Italie, JeanEmmanuel Sauvée « regrette »

 Jean-Emmanuel Sauvée, directeur général de la Compagnie du Ponant.

qu’il soit possible pour une compagnie française de bénéficier d’une aide à l’exportation italienne lorsqu’elle commande chez un chantier italien, alors qu’elle ne bénéficierait directement ou indirectement d’aucune aide fra nçaise si elle devait commander en France. « L’aide au financement est essentiel pour le choix du chantier », a souligné JeanEmmanuel Sauvée qui, en m a t i è re de financement, a fait

preuve d’une innovation audacieuse : appel public à l’épargne défiscalisée grâce à la loi Pons. Pour Jacques Hardeley, directeur général STX France, actionnaire m a j o r i t a i re des Chantiers de l’Atlantique, la taille des paquebots devrait se stabiliser, vo i re même diminuer. Par contre, leur capacité en passagers devra i t p o u r s u i v re sa croissance afin d’augmenter les recettes. Selon toute vraisemblance, le

La compagnie du Ponant, premier opérateur mondial en zones froides Les compagnies françaises de croisières maritimes se comptent sur quelques doigts. Créée par de jeunes officiers de la marine marchande touchés par la crise des années 1985, la Compagnie (des îles) du Ponant a survécu d’autant plus facilement qu’elle a pour actionnaire majoritaire le groupe CMA CGM depuis 2004.

 Jacques Hard e l e y, Frédéric Martinez, Jean-Emmanuel Sauvée et Hervé Deiss. JMM 4796 vendredi 11 novembre 2011

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Une activité croisière en p La deuxième table ronde du Carrefour du Journal de la Marine Marchande a eu pour thème « l’élément touristique et l’hinterland portuaire ». Les trois intervenantes ont notamment souligné l’importance d’un travail en partenariat entre tous les acteurs locaux concernés par les croisières pour favoriser l’essor de cette activité.

 Jacques Hardeley, directeur général ST X France.

paquebot (X32) commandé par la compagnie libyenne GNMCT aux Chantiers de l’Atlantique, aujourd’hui défaillante, devra i t finir dans l’escarcelle de MSC, la m e i l l e u re cliente de l’industrie française (hors aéronautique) depuis une dizaine d’années. Outre ses commandes de paquebots neufs, Gianluigi Aponte a également saisi quelques oppor-

tunités de rachat de paquebots à la barre du tribunal comme les Eu ro p e a n - Vi s i o n et EuropeanSinfonia, rachetés en 2004 à la suite de la disparition de la compagnie Festival. D’une valeur de plus de 500 ME, le X32 doit être livré en décembre 2012. Il est le jumeau du futur MSC-Divina, livrable en mai prochain.  Michel Neumeister

Les premiers pas d’une communauté Dans ses conclusions, Francis Vallat, président du Cluster maritime français, est largement revenu sur les différents points exposés lors des débats et notamment sur la notion de communauté ou de cluster. « Il existe une véritable communauté d’intérêt entre les différents intervenants de la croisière, comme l’ont montré les débats d’aujourd’hui », a souligné Francis Vallat. Et il a suggéré la création d’un cluster de la croisière. Une idée émise par J e a n - Paul Pagès, consultant port u a i re et co-rédacteur d’un ra p p o rt pour le conseil national du tourisme sur la croisière en France qui a souligné l’importance de continuer à chercher de nouveaux débouchés pour cette dernière. « D’autant plus que la paix sociale retrouvée dans les ports est facteur de dynamisme pour ce secteur », a continué Francis Vallat. Enfin, il a abordé la question de la sécurité de ces navires aux dimensions gigantesques. « Que se passera-t-il quand un navire de plus de 5 000 passagers devra être évacué ? Une question qu’il faut aborder en amont. » Une question qui a son importance à cinq mois d’un triste anniversaire, celui du naufrage du Titanic dans la nuit du 14 au 15 avril 1912.

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es paquebots ont fait leur retour au Grand port maritime du Havre (GPMH) au milieu des années 1990, a souligné la première intervenante de la deuxième table ronde du Carrefour du JMM, Valérie Dubuc, de l’office de tourisme du Havre, avec une moyenne d’une cinquantaine d’escales chaque année. En 2010, cette activité a renoué avec la croissance en affichant 70 escales et 128 000 passagers. En 2011, le nombre de 80 escales et 180 000 passagers devrait être atteint. Et les prévisions pour 2012 sont posit i ves avec une estimation de 126 escales et 240 000 passagers. La grande nouveauté pour le

GPMH est d’être devenu en 2011 un port de tête de ligne en plus de son rôle de port d’escale, a expliqué Valérie Dubuc. Il en va de même pour le Grand port maritime de La Rochelle (GP MLR), a indiqué Marie Guégan, chargée de la communication. En 2011, MSC a en effet effectué des e m b a rquements partiels et d’autres sont déjà programmés pour 2012 par la même compagnie. Les investissements prévus pour aménager le terminal cro isières de La Rochelle devraient accentuer cette tendance dans les années à venir, permettant au GP MLR d’être actif sur les deux secteurs. En 2011, le GPMLR a éga-


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sière en progression dans les ports français

 Valérie Dubuc, directrice croisière de l’office de tourisme du Havre.

lement battu son record de fréquentation avec 23 escales et 36 400 passagers. Grâce à ces résultats, La Rochelle constitue le premier port d’escale de cro isières en nombre de passagers sur la façade atlantique française, a souligné Marie Guégan. La hausse de l’activité croisière est régulière depuis le début des années 2000. Les caractéristiques

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nautiques du port, l’un des seuls en eau profonde sur la façade atlantique française, expliquent en partie cette performance tout comme la possibilité d’accueillir des navires de plus de 300 m. Un t ra vail de fond pour fédérer et c o o rdonner tous les acteurs locaux concernés par les cro isières et une grande attention p o rtée aux besoins des compagnies sont les autres raisons du succès du GPMLR dans cette activité. Au Havre également, le travail en commun a facilité l’essor de l’activité croisière avec un partenariat noué entre le Grand port maritime du Havre (GPMH) et l’office du tourisme. Du côté de Marseille, le Club de la Croisière rassemble pour sa part toutes les institutions locales actives dans la filière en plus du port. Bien sûr, dans le succès grandissant de l’activité croisières, il ne faut pas oublier les attraits touristiques des trois cités. Le classement au patrimoine mondial, la proximité des plages du débarquement et de la région capitale pour Le Havre. L’Île de Ré, les vignes pour La Rochelle. Notre-Damede-la-Garde, les îles, les calanques, la Provence pour Marseille.

 Marie Guégan, chargée de communication au GMPLR.

En 2010, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) a accueilli un total de 382 escales et 700 000 passager dont 269 000 passagers en tête de ligne et 431 000 en transit. L’activité crois i è res du GPMM est en progre ssion depuis le milieu des années 1990. Neuf opérateurs de cro isières proposent de l’embarquement à Marseille. Dans cette cité, les paquebots sont présents toute l’année, a précisé Christelle Maubec, responsable promotion du Club de la cro i s i è re de Marseille, avec des pics entre les mois d’avril et de novembre. Cette

intervenante de la deuxième table ronde du Carrefour du JMM a mis également en avant les atouts logistiques de la cité phocéenne pour la réussite de l’activité cro isières comme son accessibilité aérienne, ferroviaire et routière en plus de la qualité des infrastructures portuaires et des terminaux dédiés. Le GPMM, comme La Rochelle, peut accueillir des navires sans limite de taille. Et parmi les projets de développement figure la réalisation d’un nouveau terminal dédié aux croisières à Marseille.  Clotilde Martin

 Christelle Maubec, responsable promotion du Club de la croisière de Marseille. JMM 4796 ve n d redi 11 novembre 2011

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