Chargeurs, transporteurs, fabricants : les palettes de la discorde

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AU SOMMAIRE ❚ LA PALETTE DE A À Z LE BOIS DOMINE LE MARCHÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 36 GÉOPOLITIQUE DE LA PALETTE

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CHARGEURS-TRANSPORTEURS-FABRICANTS

LES PALETTES DE LA DISCORDE L’Europe peut être fière de son système d’échange-palettes. Il est plus économique que la location et repose sur l’entente des acteurs : industriels, transporteurs et distributeurs. En France, les entreprises de transport sont prises en otage et ne parviennent pas à sortir d’un engrenage infernal. Résultat, elles menacent de tout laisser tomber à l’occasion des États Généraux du transport et de la logistique. L’Union nationale des transporteurs frigorifiques (UNTF) avance des propositions concrètes. RÉALISÉ PAR HUBERT HEULOT

a palette, vieille ritournelle. En 2007, STEF-TFE le n°1 du transport frigorifique mettait pour la pre m i è re fois les pieds dans le plat. Pour faire face à l’explosion du coût de l’échange palette, ce service idéal sur le papier, de récupération par le transporteur chez le distributeur du même nombre de palettes que celles livrées, en principe de même qualité, pour les ramener à leurs propriétaires. À l’époque, STEFTFE avait décidé de facturer 1 euro la palette. Trop d’audace de la part d’un transporteur ? Ses clients, les industriels fournisseurs de la grande distribution, ont refusé en bloc. Ils ont fait le mort en déplorant le déséquilibre voire l’hypocrisie du système. Coincé entre la grande distribution et ses

L

fournisseurs, le transporteur paie l’entretien et le remplacement des palettes. L’initiativede STEF-TFE a eu au moins la vertu de mettre le doigt sur le problème. Sans rien changer dans les faits. Pas question pour les fournisseurs de la grande distribution de payer ce nouveau « pied de facture», fût-il le leader du transport frigo. CENT FOIS SUR LE MÉTIER L’Union nationale des transporteurs frigorifiques (UNTF) remet le sujet sur le tapis cet automne. Les modalités d’action sont encore à étudier. L’UNTF doit rassembler ses « métiers » : les fruits et légumes, les produits frais, le surgelé, le poisson. Les responsables ne sont pas encore tous d’accord sur la manière de s’attaquer à cette ques-

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grande distribution, les réclamer à ses chauffeurs, les rendre à ses clients.

La palette figure au menu des discussions du groupe « contrat de performance » des États Généraux du transport.

tion, une des plus difficiles dans la profession. Mais l’UNTF a travaillé à la rédaction d’un « Livre noir» de la palette afin de dresser un état des lieux objectif dans le cadre des États Généraux du t ra n s p o rt. La palette figure au menu des discussions du groupe « contrat de performance ». Tous les supports de manutention sont susceptibles de l’accompagner : ro l l s, crochets, bacs, caisses. Les circuits de distribution en utilisent sans les payer. Jean-Michel Orst, responsable des Transports Plein Sud à Donzère (26)et président de la commission palettes de l’UNTF pointe du doigt la déri ve : « Dans la grande distribu tion, les entrepôts se multiplient, la casse et la dégradation des pa lettes augmentent. Résultat, elles nous sont de moins en moins res t i t u é e s, explique-t-il. La ligne pèse dans nos comptes d’exploi tation. Po u rquoi devons-nous subir ce re n o u vellement de pa lettes ? Pourquoi, sur 100 palet tes livrées, s o m m e s - n o u s , e n théorie, toujours responsables, année après année, de rendre 100 palettes ? Pourquoi ceux qui les expédient ne les ve n d ra i e n t - i l s pas à ceux qui les réceptionnent ?» Ce dirigeant pose les questions mille fois entendues chez les transporteurs. Il souhaite mobiliser ses confrères. « Nous espé rons les convaincre de la nécessité de différencier la question des pa lettes des autres problèmes avant même de proposer des solutions», plaide-t-il. Parce que le coût d’ e xploitation des palettes parle de lui même.

L’UNTF s’appuie sur la logique économique pour établir son constat. « Il y a de l’amer tume parce que les choses ne changent pas », martèle JeanPaul Meyronneinc, le délégué général de l’UNTF. Dans le « Livre noir », il y aura aussi des chiffre s. « Je suis persuadé qu’une grande partie des industriels et des transporteurs ne connaissent pas les détails de la situation. » «Combien de rotations accomplit une palette ? 14 ? En y regardant de plus près, on découvre que c’est plutôt 7, nuance Je a n - Mi c h e l Orst. Cela peut modifier le taux de freinte (de casse), le pourcen tage de palettes que notre client ne nous oblige pas à ramener. » Plus globalement, l’UNTF a chiffré le coût réel des palettes à la charge des transporteurs : en moyenne, il représente 1 à 1,5 % du coût de revient du transport.

Faut-il rappeler qu’en 2003, le cabinet conseil Cap Gémini avait déjà publié une étude d’impact économique. D’après leurs calc u l s, les consultants assuraient que la rotation d’une palette coûtait entre 3,65 E sans logisticien et 4,74 E avec logisticien. La part moyenne, acquittée par le trans-

L’UNTF A CHIFFRÉ LE COÛT RÉEL DES PALETTES À LA CHARGE DES TRANSPORTEURS : EN MOYENNE, IL REPRÉSENTE 1 À 1,5 % DU COÛT DE REVIENT DU TRANSPORT.

porteur, s’établissait à 2,4 E « Les transporteurs sponsorisent le sys tème d’échange pour le plus grand intérêt des chargeurs et des logisticiens », concluait le cabinet conseil. C h ez le loueur de palettes Chep, Marianne Richeux vient de démonter à son tour la chaîne de valeur. Selon elle, le système coûte 3,40 E par palette : 1,20 E pour l’industriel ; entre 1,60 et 2E pour le tra n s p o rteur ; de 0,60 à 0,90 E pour le distributeur. Le transporteur apparaît bien comme le principal payeur de l’échange-palette. Dans le ra pport de force, il paie plus que l’industriel qui achète néanmoins la palette — à 11 euros pièce aujourd’hui — et plus que le distributeur, le destinataire. En fait, 1,60 E pour le transporteur, c’est Claude Renaud, P-dg des Transports un coût minimal si et seulement Renaud (17) : « On demande à mes si il est bien organisé dans la supconducteurs de passer livrer à qua tre heures alors que le service palet - ply-chain : collecter « ses» palettes dans les entrepôts de la tes n’ouvre qu’à huit heures. »

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MULTIPLICATION DES « MESSIEURS PALETTES » No r b e rt De n t ressangle a choisi d’économiser 2 ME, l’année où il a recruté un «Monsieur Palettes». De nombreux tra n s p o rteurs en ont fait autant. Cette année, les Transports Fri g o rifiques Renaud (500 salariés) à Pons (17) ont réduit leurs frais de plus de la moitié après avoir demandé à deux de leurs collaborateurs de surveiller la gestion des palettes; l’un basé à Toulouse, l’autre à Nantes. L’entre p rise y a consacré 1,2 % de son chiffre d’ a f f a i res en 2009 (600 000 E). Cette année, elle table sur 0,5%. Même économie chez les Tra n s p o rts Ageneau (200 camions), multi-spécialiste, à Cholet (49) : 30 000 E de budget palettes en 2009, 15 000 E cette année en affectant une personne à 80 % au sein de la salle d’exploi-

tation. Et Je a n - Paul Me y ro nneinc d’ajouter : « Parmi nos adhérents, un transporteur pos sédant 40 véhicules doit détacher un salarié à temps plein ». Jean de Vulliod, un fin observateur du monde de la palette et négociant à Angers (Planetpal.net) c o n f i rme la rentabilité de ce type d’investissement. « Des palettes, il y en a partout.Aussi,dès que l’on met en place une méthodologie un peu stricte pour les récupérer, les économies sont énormes. Mais elles ne sont plus du même ordre l’année suivante. Les « Messieurs Palettes » perdent de leur prestige dans l’entreprise. Souvent,on ou blie qu’ils font gagner de l’argent et les dérives resurgissent ». DES DÉRIVES CROISSANTES Bon an mal an, cependant, les conditions dans lesquelles les transporteurs ont à gére r l’échange-palette se dégradent. Faute de pouvoir rembarquer le


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même nombre de palettes que celui qu’ils ont livré — principe original de l’échange-palette — les chauffeurs repartent à vide. Ils reviennent aussi à vide quand les « stocks de palettes » sont disponibles chez les distributeurs. Les transporteurs font circuler ainsi des «camions de palettes » gratuitement. Aujourd’hui, le système se grippe. Les conducteurs parviennent de moins en moins à récupérer ces fameuses palettes. Ils accumulent des « bons palettes » signés par les plateformes de distribution. L’« encours palettes» est une star de la chaîne du tra n s p o rt, dans des pro p o rtions qui deviennent ingérables. «Des adhérents possèdent jusqu’à 10 000 palettes d’“encours palet tes”sur une plateforme», confesse Je a n - Paul Me y ronneinc de l’UNTF. À raison de 500 à 600 palettes par véhicule, il faudrait un nombre incalculable de voyages pour évacuer la montagne. Ainsi, le système se détra q u e. Mais même avant d’en arriver là, les transporteurs rachètent depuis des lustres des palettes pour les rendre à leur propriétaire. Le hic c’est que cela ne figure pas dans leur contrat. Empêtré dans les rapports de force commerciaux, l’échangepalette dérape. Les enseignes ne réceptionnent pas la marc h a ndise si elle n’est pas livrée sur une palette « blanche », autrement dit de première qualité. Des industri e l s, fournisseurs de la grande distribution deviennent pointilleux sur la qualité des palettes de retour. Ils les refusent même si le

« Je suis persuadé qu’une grande partie des industriels et des transporteurs ne connaissent pas les détails de la situation », affirme Jean-Paul Meyronneinc, délégué général de l’UNTF.

transporteur n’y est pour rien: ce dernier reste tributaire de ce qu’il récupère auprès des grandes surf a c e s. En conséquence, il débourse davantage que ses partenaires. « On se fait arnaquer sur la palette ! », peste Philippe Ageneau, directeur général des transports éponymes (49). Il a fini par faire le tri parmi ses « clientspalettes ». L’un d’eux, en juillet, voulait faire charger 66 palettes par véhicule. Le dirigeant a préféré décliné cette demande. En revanche, ces confrères n’hésitent pas et acceptent jusqu’à 200 palettes avec les sous-couches. Autant de « bois » transporté sans rétribution. « Sur un chargement de 12 tonnes, on trouve 6 tonnes de produits alimentaires, 2 tonnes de carton, 4 tonnes de bois et 800 kg de clous », a calculé un adhé-

Les Transports Renaud (17) ont réduit leurs frais de plus de la moitié après avoir demandé à deux de leurs collaborateurs de surveiller la gestion des palettes.

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rent de l’UNTF. Dans la mesure où la crise économique se traduit par une plus grande frilosité économique, un système aussi fragilisé que celui de l’échange-palette ne peut résister. Fait marquant, les dérives observées font complètement abstraction du système. « Pa r exemple, on demande à mes conducteurs de passer livrer à quatre heures alors que le serv i c e palettes n’ouvre qu’à huit heures », rapporte Claude Renaud. Les acteurs eux-mêmes font comme si l’échange-palette n’existait plus. Des fournisseurs de la gra n d e d i s t ribution leur rachètent des palettes qu’ils ont déjà payées puisqu’ils en sont les propriétaires. Autre pratique, ils fêtent l’ouverture d’un nouveau magasin en offrant des palettes neuves. Cela fait partie des marges arri è re. Autant de signes qui laissent penser que le système de l’échangepalette a vécu. Autant dire que la charte « palettes » éditée en 1998 et l’ a rticle 6 du contrat type, lequel prévoit un contrat spécifique pour la prestation de palette sont bien loin. Jamais appliqué et sans doute inapplicable. Dans ce c o n t e x t e, le système de l’échange-palette peut-il disparaître ? « Pourquoi pas ? Même si j’exprime une position person nelle nous ne pouvons pas conti -

Selon Jean-Louis Louvel, dirigeant de PGS : « Le prix de la palette Europe neuve va s’élever rapidement à 10 Ä en 2011. Les 15 Ä seront vite atteints.»

nuer ainsi », affirme Jean-Michel Orst, le président de la commission palettes de l’UNFT. De son côté, Jean de Vulliod considère que la profession pourrait s’organiser elle-même et assurer le rapatriement des palettes. À l’instar de ce que font — à une plus grande échelle — des gro u p ements comme Astre, Fl o, Evolutrans ou des grandes entreprises comme Mo ry qui s’appuient sur un réseau de lieux de reconditionnement et des ateliers agréés par les normes de qualité. 15 Ä LA PALETTE NEUVE Les solutions émanent des fabricants et des réparateurs de palettes. Comme PGS (Palettes Ge s-

tion Services), le numéro un français de la fabrication et Epalia, spécialiste du recyclage et de la réparation. «Qu’attend le client ? Pas qu’on lui vende de la palette. L’achat et la vente, dans 15 ans, n’existeront plus à eux seuls. Ce qui comptera, c’est le service lo gistique, autour de la palette, qui s’appuiera sur un ensemble : fa brication, reconditionnement, mise à disposition, repositionne ment », analyse Je a n - L o u i s Louvel, le dirigeant de PGS. C’est la raison pour laquelle, le dirigeant a lancé un système de gestion de palettes virtuelles. Il le propose aux transporteurs, identifiés comme le maillon faible de la chaîne. Son système permet d’aider quelques entreprises pour le moment. De son côté Epalia (filiale du groupe Suez) off re un service de relocalisation

LA VRAIE QUESTION EST DE SAVOIR COMMENT RECENTRER L’ÉCHANGEPALETTE DANS LE CADRE DE LA RÉORGANISATION DES FLUX EN COURS ? des palettes. PGS a lancé son service il y a trois ans en collaboration avec la société allemande Paki Logistics dont le repositionnement des palettes est le cœur de métier. L’entre p rise Paki a été créée en Allemagne en 1973 par

Pour reconnaître le travail des transporteurs, l’UNTF souhaite donner force de loi à l’article 6 du contrat type ; la palette ferait ainsi l’objet d’une prestation annexe.

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des industri e l s, lesquels n’aimaient guère louer et préféraient rester maîtres de leurs palettes. Outre-Rhin, Paki fonctionne un peu comme une banque dont la monnaie d’échange est la palette. La société se cantonne à la palette Europe. Le transporteur met à sa disposition des encours de palettes. Il n’existe pas de cotisation de départ : l’intermédiaire est facturé à la prestation, celle du rapprochement virtuel et de l’éventuel reconditionnement. Les camions iront en fait chercher des palettes déposées par un transporteur à proximité. Par e x e m p l e, un tra n s p o rteur de l’Est, se rendra ou fera chercher par Paki des palettes en banlieue de Nancy, en nombre et en qualité équivalente à celles qu’il a laissées à Pa ri s. Le but étant toujours de réduire les distances de

tra n s p o rt. Paki Logistics est implantée dans 20 pays européens ; elle est en passe de changer de nom et s’ a p p e l l e ra en 2011 Pooling Partners afin de mettre en avant la force de son réseau et le développer en Espagne. En France, le réseau est en pleine croissance sur l’ensemble du territoire ; il s’appuie depuis le mois de janvier sur le part e n a riat exclusif signé avec PGS. Lequel met à disposition sa trentaine d’usines de fabrication, de re c o n d itionnement qui sont autant de lieux d’entreposage. Les tra n sporteurs paraissent séduits par la nouvelle proposition. STEFTFE, STG, Delanchy, des logisticiens comme FM Logistics à Ph a l s b o u rg dans la Meuse ont déjà signé. « La prestation leur coûte moins cher que d’organiser eux-mêmes leurs voyages de pa lettes. Ce rtains s’entendent ave c leurs clients industriels pour se partager plus équitablement le coût de la gestion qui est moindre s’ils travaillent avec nous », note Alain Agasse, le représentant de Paki Logistics en France. À l’évid e n c e, les tra n s p o rteurs sont condamnés à trouver de nouvelles solutions parce que le prix des


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Dans l’établissement du Contrat global de performance, la question des palettes figure parmi les « surcoûts induits » au chapitre de la relation chargeurs-transporteurs.

de distribution éclatés, insiste Je a n -Louis Louvel. Sinon, il de vient trop coûteux d’organiser des ramassages spécifiques pour al ler les récupérer. En revanche,lors que des flux de palettes conve r gent vers des gros clients, le système locatif tro u ve sa perti nence. » La vraie question est de s a voir comment re c e n t re r l’échange-palette dans le cadre de la réorganisation-massification des flux en cours ? À l’UNTF, Jean-Paul Meyro nneinc avance plusieurs pistes pour mettre en valeur le travail accomDEUX TONNES SOULEVÉES pli par les transporteurs ou pour PAR JOUR corriger les mauvaises pratiques Dans un tel contexte, les discus- en cours. La première consiste à sions au sein des États Généraux donner force de loi à l’article 6 du du tra n s p o rt et de la logistique contrat type qui impose que la paprennent toute leur importance. lette fasse l’objet d’une prestation Dans l’établissement du Contrat annexe. La seconde concerne l’utiglobal de performance, la ques- lisation abusive des palettes. «Si tion des palettes figure parmi les on traite les sous-couches, on éli « surcoûts induits » au chapitre mine 2/3 du problème», indiquede la relation chargeurs-trans- t-il. Celles-ci comportent trois inporteurs. « Ils atteignent au total convénients majeurs : pour 3 à 5 % », rappelle St é p h a n e l’hygiène lorsque se succèdent sur Levesque qui ces travaux pour une même palette produits danTLF. Les acteurs auront à s’inter- gereux et alimentaires ; pour la roger sur l’ a p p o rt économique santé lorsqu’un conducteur coldu système d’échanges-palette lecteur de palettes porte facileet éventuellement sur son amé- ment 2 tonnes par jour ; pour l i o ration. Mais les Ét a t s l’ e n v i ronnement parce que la G é n é raux n’ont pas pour seul multiplication des camions sur objectif de dégager une feuille les routes n’est pas une solution de route, et de dresser une liste vraiment «propre». L’UNTF soude négociations à ouvrir par la haite faire partager ses thèses à suite. « N’oublions pas que le sys - l’ensemble de la pro f e s s i o n . tème d’échange-palette possède Toute la question est de savoir si, toute sa pertinence économique l’automne venu, elle communiquand il s’agit de rapatrier des quera encore sur un « Livre noir » palettes en provenance de lieux de la palette. ● H. H. palettes risque d’augmenter. La valeur de la palette neuve, environ 8,5 Ä (11,5 Ä transport compris) a progressé de 30 % depuis le début de l’ a n n é e. La palette d’occasion se situe 30 % en dessous de ce prix. « On entre dans une période de pénurie de bois. Il n’y a plus assez de sciages et le bois représente 80 % du prix total d’une palette , analyse Jean-Louis Louvel, le P-dg de PGS. Le prix de la palette Europe neuve va donc s’élever rapidement à 10 Ä en 2011.Les 15 Ä seront vite atteints.»

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❚ LA PALETTE DE A À Z

LE BOIS DOMINE LE MARCHÉ En France, 95 % des palettes en circulation sont en bois ; la palette « Europe » ou « blanche » en pin ou en peuplier s’impose dans certains secteurs comme l’agroalimentaire. En tendance, deux procédés coexistent pour acheminer les marchandises : les loueurs d’une part et le système d’échange-palette d’autre part. À 8,50 Ä le coût de la palette « Europe » demeure compétitif par rapport au plastique (31 Ä). n France, 90 % des produits voy agent sur palettes. On estime à 700 millions le nombre de mouvements de palettes chaque année. Le volume de palettes est d’environ 120 millions. Il est stable mais les fabricants en produisent et en réparent 70 millions. Dans 95 % des cas, elles sont en bois, les autres en carton, en plastique, voire en aluminium. Le prix explique l’ultra - d omination du bois. Un produit classique en bois, comme la palette Eu rope (800 mm x 1200, 2 tonnes de charge) s’achète à 8,50 Ä, sans frais de transport. En plastiq u e, pour des performances identique, même sur un site de promotion sur internet comme RAJA.fr, elle est vendue 31 Ä. La durée moyenne de vie d’une palette en bois dépend de ses caractéristiques d’origine et de ses conditions d’utilisation. El l e oscille entre 8 à 10 ans lorsqu’elle appartient au pool d’un loueur de palettes qui les en-

E

La durée de vie d’une palette en bois dépend de ses caractéristiques et de ses conditions d’utilisation.

tretient bien ; et de 4 à 5 ans si ce n’est pas le cas (source : SYPAL, syndicat de l’ i ndustrie et des services de la palette). En effet, les palettes en bois, obéissent à deux

modes d’emploi. Pour 5 à 6 % d’ e ntre elles, elles sont dites «perdues». Elles ne servent à livrer une marchandise qu’une fois. Elles font en quelque sorte partie du pro-

MENACE DE BLOCAGE POUR UN INSECTE Un insecte parasite, appelé le nématode du pin fait vivre des angoisses au métier de la palette et lui fait livrer une bataille technique avec Bruxelles. « Notre grande crainte c’est le blocage massif de marchandises du fait de l’immobilisation des pa lettes pour traitement phytosanitaire », indique Jean-Marie Tanguy, le délégué général du Sypal, le syndicat de l’industrie et des services de la palette. Connu des forêts de conifères en Chine, à Taïwan, et en Amérique du Nord, l’insecte ne se développait pas, jusqu’à récemment en Europe. Il

a fait son apparition au Portugal à l’occasion de la sécheresse de 1999 ; les grandes chaleurs lui étant favorables. Il a décimé des forêts notamment de chêneslièges. L’Union européenne a donc décidé d’appliquer au Portugal le même traitement, concernant le bois, qu’à un pays de l’extérieur de l’UE. Pas question de risquer la déforestation dans d’autres pays d’Europe. Chaque «bout de bois» sortant du Portugal est donc traité depuis lors contre le nématode du pin. Mais comment tout

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contrôler, la moindre palette épargnée représentant un danger? En fait, l’UE applique , partout sur son territoire, la norme phytosanitaire internationale relative à la réglementation des matériaux d’emballage bois NIMP15. Adoptée en mars 2002 à Bruxelles, cette réglementation a été rendue obligatoire en France par un texte publié au Journal Officiel en août 2003. Compte tenu des conditions climatiques, le nématode du pin risque de se développer au Portugal, en Espagne et en France au sud de la Loire. L’UE

exige que toutes les palettes soient traitées contre le nématode du pin. Jusqu’à présent, Il existait deux méthodes, l’une chimique, l’autre thermique. Pour les professionnels, des «progrès» dans l’application de cette règle ont été réalisés grâce à l’abandon de la méthode chimique. Désormais, il suffit que le bois soit chauffé et séché. En outre, les loueurs de palettes, propriétaires d’énormes quantités, souhaitent simplifier encore le process. Mais la Commission européenne tire la

sonnette d’alarme. Leur donner encore un an (jusque fin 2011) pour tout traiter ferait courir trop de danger aux États membres concernés. Les groupes de location réalisent des études d’impact pour démontrer qu’une palette qui a déjà beaucoup circulé loin de sa forêt d’origine ne pourrait plus être contaminée par l’insecte. Des stocks entiers de palettes n’auraient donc plus besoin d’être traités. Ce dossier, à suivre, ne va pas faire baisser le prix des palettes pour autant. H. H.


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sées et gérées de deux façons. 44% d’entre elles appartiennent à des loueurs, qui les mettent à disposition de fabri c a n t s, puis les récupèrent pour leur propre usage auprès des distributeurs. Ces palettes apparaissent dans les parcs sous une couleur différente selon le loueur : bleu pour CHEP le leader mondial de la palette, rouge pour La Palette Rouge (LPR) et marron pour IPP-Logipal. Le reste des palettes en circulation (50 %) sont dites « blanches », de couleur bois en réalité. Elles appartiennent aux fabricants mais sont gérées par le système d’échange-palette. Les transporteurs en charge des livraisons doivent les ramener à leurs propriétaire s. Les destinataires des livraisons (les distributeurs), chaque fois qu’ils reçoivent des marchandises sur palettes sont tenus d’en restituer le même nombre et la même qualité aux transporteurs. 95% des palettes en circulation sur le territoire français sont en bois.

duit. Ce mode de « palettisation » que l’on peut qualifier de « one shot » tend à disparaître. Il consomme énormément de ressources au moment où les normes enviro n n ementales, en général, s’imposent de plus en plus. La majeure partie des palettes (95 %) ne sont pas « perdues ». Elles sont réutili-

EPAL : LE LOBBY DE LA PALETTE « EUROPE » Pa rmi ces palettes « blanches », l’une d’ e lles, d’une taille et d’une qualité particulières s’est imposée dans l’agroalimentaire. C’est la palette dite «Europe», de 1200 x 800 mm x 144 mm (10 % des palettes en bois) en pin ou en peuplier, capable de supporter une charge de deux tonnes et déclinée en quelques au-

tres dimensions notamment 1000 x 1200 et 1000 x 1200. Elle est surtout « défendue » par un système de surveillance de sa qualité, Qualipal, le comité français de l’EPAL (association de la palette Europe). Non seulement, Qualipal agrée les fabricants et les réparateurs de cette palette Europe mais il effectue une importante promotion auprès des utilisateurs, au nom de la qualité et de la sécurité. La palette Europe a progressivement été certifiée par l’AFNOR (norme NF) puis par le Comité européen des No rmes (norme EN) et par l’ISO (In t e rnational Standardization O rganization). À l’origine, dans les années 1950, la palette Eu rope permettait, grâce à ses dimensions, de couvrir le sol d’un wagon du chemin de fer autrichien. Aujourd’ h u i , elle n’a pas changé de taille mais on fait plutôt référence au nombre d’entre elles qui se logent sur le plancher de la re m o rque d’un camion, soit 33. Ce nombre étalon est pris en compte par les fabricants de remorques pour dimensionner les paniers, placés sous chaque re m o rque et destinés à perm e t t re aux transporteurs de ramener les palettes à leurs propriétaire s, hors cargaison. À l’évidence, cet espace n’est plus suffisant. Il y a longtemps que chaque chargement utilise un nombre supérieur de palettes que ces 33 unités logeables au sol. ● H. H.

GÉOPOLITIQUE DE LA PALETTE es chiffres mondiaux circ ulant à propos des palettes n’ont rien d’officiel. Aucun org anisme mesure les flux. Ce sont des estimations avancées par les associations régionales ou de fab ri c a n t s. Les statistiques sont d’autant plus difficiles que la palette est un produit par définition éphémère. Du moins, elle a des vies successives puisqu’elle est réparable. Cela dit, le nombre de palettes en circulation à travers le monde est estimée à 4 milliards. Dans plus de 90% des cas, comme en France, c’est un produit bois. Toutes matière s confondues, la production annuelle de nouvelles palettes dans le monde est évaluée à 850 millions. En 2008, le fabricant autrichien de palettes en plastique, Hirsch Servo, estimait par exemple le marché annuel mondial de palettes plastiques à 18 millions d’unités En Europe, la « palettisation » des produits s’est accélérée depuis une quinzaine d’années. Le

L

Chep s’impose comme le leader mondial de la palette locative.

nombre de palettes produites a cru de 25 % passant de 280 à 370 m i l l i o n s, sous l’impulsion des deux grands systèmes de gestion qui se livrent une concurrence forte : la location d’une part, sous l’impulsion de groupes intern ationaux comme le leader mondial Chep et la pro p riété avec échange de palettes, principalement représentée par la palette Europe. En raison de la crise économique, la location a perdu des

parts de marché ; la palette Europe offrant un coût de gestion et d’acquisition inférieur au justeprix. Deux phénomènes accentuent cette tendance, la contrefaçon d’une part et les trafics liés au détournement du système de l’échange-palette d’ a u t re part . Chep, le leader de la palette locat i ve a même été contraint de fermer des sites de pro d u c t i o n . Toutefois, la forte hausse en vue du prix d’achat de la palette, exi-

geant un investissement accru de la part des propriétaires va redonner un avantage à la location. En France et en Be l g i q u e, les deux grands systèmes se part agent quasiment le marché à égalité. Deux pays de l’UE ont des pratiques extrêmes : l’Allemagne d e m e u re rétive à la location ; l’Angleterre est le territoire par excellence des palettes locative s. L’Epal, l’association européenne des palettes Eu rope continue de s’étendre à de nouveaux pays euro p é e n s, notamment à l’Est : L i t u a n i e, Ru s s i e, Sl ovénie, Tu rquie. L’association estime que 63 millions de nouvelles palettes Eu rope ont été fabriquées en 2009. Officiellement, 60 millions en Allemagne et 3 millions en France. Toutefois, pour des raisons historiques de rattachement à des réseaux ferrés, les statistiques des pays d’Europe de l’Est sont intégrées à l’ A l l e m a g n e. L’ Eu rope de l’Est se révèle aussi la championne de la contrefaçon de palettes “Europe”. ● H. H.

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