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• La jeunesse du vrai Kosovo • Mon usine a été délocalisée

• Portfolio : Quelle différence entre un pigeon ?

De la vie hors de Paris ?



La délocalisation de l'hirondelle dansante de la campagne kosovare

Par Alexandre Marchand, rédacteur en chef

Editorial

Horreur, mon horoscope m’annonce un changement de dernière minute : Jupiter est passé devant Uranus dans le calendrier astral ! J’en suis tout chamboulé et je sais bien que tu l’es aussi, cher lecteur. Oui, tu ne t’attendais pas au choc de telles révélations en ouvrant ce magazine. Oui, à côté de cela le Watergate n’est qu’un fait divers de seconde catégorie. Mais un bon journaliste se doit de dire la vérité à ses lecteurs, aussi cruelle soit-elle. Bref, comment voulez-vous que je me concentre pour écrire un édito dans de si éprouvantes conditions astrales ? « Quelque chose en rapport avec le journal ». C’est la seule consigne de cette tribune. Tiens si je racontais comment se fait un numéro ? Brave garçon, tout le monde s’en moque ! Tant pis, on fera le making-of quand on sera riches et célèbres (c’est-à-dire dans une autre vie). D’ailleurs nous-mêmes ignorons comment arrive à tourner ce satané magazine. A chaque fois ça passe. In extremis, mais ça passe. Et puis avec parfois cette envie de tout plaquer type « bon allez je pars en voyage, on se revoit dans un mois ». « Tu rêves, on sort un numéro dans six jours et on l’a même pas commencé !». Le sort des rédacteurs de LINTERVIEW.fr est décidément bien sombre. Poussons une petite larme sur leur triste vie : ayant refusé des apprentis journalistes russes en stage (l’ego est flatté mais quand même…), ils n’auront pas droit à la blonde sulfureuse au large décolleté les suivant partout. En bon petits citadins, nous avons toujours été tiraillés par une question existentielle : la vie existe-t-elle hors des villes ? La réponse à cette question nous a été apportée par une autochtone venue vers nous avec ce reportage drôle et décalé sur sa peuplade : les campagnards. Beaucoup moins drôle mais qui semble être le summum du chic tendance en ce moment : les délocalisations. Nous sommes allés voir comment ces évènements sont vécus sur le terrain. Et puis à LINTERVIEW.fr, comme on a visiblement rien d’autre à faire dans la vie, on vous raconte nos vacances au Kosovo ! Ou alors on vous donne le mode d’emploi pour monter des radios dans les pays en guerre. Juste au cas où… [Quelques mois plus tard] Les flashs crépitent, les applaudissements fusent, la musique résonne, tous les regards sont tournés vers moi, l’émotion noue mon estomac, je monte sur la scène la larme à l’oeil : j’ai gagné la palme de l’édito le plus inutile de l’année!


Sommaire Reportage La jeunesse du vrai Kosovo

Médias Monter une radio en temps de guerre 8 Culture Est Société De la vie hors de Paris ? Portfolio Quelle différence entre un pigeon ? 
 Actualité Mon usine a été délocalisée

Etudiant du monde Juan Diego Garcia Torralba

Etats généraux de la presse jeune Wasabi p37

Journal LINTERVIEW.fr / 32 rue de Montholon 75009 Paris / redaction@linterview.fr / 06-65-35-56-99 Fondateur, directeur de la rédaction : Louis Villers / Directeur de publication : Jean Massiet / Rédacteur en chef : Alexandre Marchand. Rédactrice en chef de « Culture Est Société » Alice Beauquesne Journalistes : Nadège Abadie (Photographies)/Nicolas Combalbert/Basile Scache/William Buzzy/Marie Camier/Baptiste Gapenne/Alan Kaval/Vanessa Ferrere/Margaux Bergey/Caroline Gorge/Maria Martin Guitierez/Raphael Miossec/ Mise en page : L.V. Association LINTERVIEW.fr : Siège social : 32 rue de Montholon, 75009 Paris. Président : Louis Villers / Vice Président : Jean Massiet / Responsable financier : Alexandre Chavotier / Secrétaire : Alexandre Marchand Photo de Une : Marie Camier


La jeunesse du vrai Kosovo Parti une semaine au Kosovo, notre journaliste nous ĂŠloigne des chars et des camps militaires pour nous montrer le vĂŠritable visage de la jeunesse kosovare. Textes et photos : Louis Villers


Ils sont des milliers. Hurlant, riant, embrassant les policiers. Les pétards et les feux d’artifices résonnent dans toute la ville. La bière coule à flot, l’odeur de frites et de hamburgers envahit la grande rue piétonne, où s’improvisent des dizaines de petits concerts. Les magnifiques kosovares viennent narguer, du haut de leurs talons, les garçons vêtus de cuirs ou de survêtements. Les chauffeurs conduisent des voitures bondées et couvertes de drapeaux en criant « Happy Independence ! ». Des familles entières sont venues fêter ce premier anniversaire autour de leurs chanteurs préférés qui, ce soir, donneront un concert géant. Cette joie, cette unité d’un peuple, cette fierté est si immense que même un étranger voudrait se sentir kosovar. Et pourtant… Au même moment, un journaliste anglais commente cette journée, en direct du Kosovo… Devant un char. Vous l’aurez donc compris, je suis au Kosovo. À Pristina, plus exactement. Ce 17 février 2009, à trois heures du matin, devant une gare fermée par moins dix degrés, j’en viens, comme beaucoup de journalistes de LINTERVIEW.fr, à me demander ce que je fous ici. J’essaie de me rassurer : « Allez, ne t’inquiète pas, rien que le nom « Kosovo » dans le titre de ton reportage, c’est déjà la classe ». C’est vrai que « Kosovo », dans l’imaginaire collectif, rime avec « guerre ». J’ai d’ailleurs eu droit à tout avant de partir : « Quoi ?! Mais, ne vas pas là- bas, tu vas te faire tuer ! », « Tu as intérêt à m’envoyer un mail par jour ! » ou encore « tu vas te faire prendre en otage ». D’un coté, je l’avoue, j’en rêvais aussi de mon petit direct en face d’un char. À 19 ans, c’est pas mal. Seulement voilà : en cinq jours, j’ai découvert autre chose. Une jeunesse vivante, souriante, belle, pleine de volonté et d’espoir. Bref, aucun char, aucun mutilé, pas de maisons détruites. Un défi s’est donc offert à moi. Un défi journalistique. Montrer la réalité de la jeunesse kosovare. Ne pas me focaliser uniquement sur ce qui fait vendre : la guerre, les morts, l’horreur. Alors humblement, je tente le contraire. La jeunesse kosovare, donc. La vraie. Quand on n’a aucun contact, il faut des idées. Et la première, la plus évidente, c’est… d’aller dans une école. Un lycée plus exactement : Dardania School. Sur place, je suis accueilli par des élèves rencontrées la veille. Elles s’empressent de me présenter au directeur, qui tient absolument à ce que j’assiste au spectacle de l’école, qui a lieu dans… Quelques minutes…

« Seulement voilà : en 5 jours, j’ai découvert autre chose »



Une jeunesse fière de son pays Assis au premier rang, ma première constatation s’impose d’elle-même : ces jeunes sont fiers de leurs pays. Les uns après les autres, ils viennent lire un passage de l’histoire du Kosovo : de l’Antiquité à l’Empire Ottoman, en passant par la Yougoslavie. Mais c’est surtout sur les dernières années qu’ils s’attardent : ces années où le Kosovo n’était qu’une région de la Serbie, puis cette année 2008, où tout un peuple a décidé de proclamer son indépendance, unilatéralement, créant d’évidentes tensions et d’inévitables affrontements. Ils parlent de ce qu’ils voient : les soldats de la KFOR, les tensions entre serbes et albanais... Ils parlent de ce dont ils rêvent : l’Union Européenne, une reconnaissance unanime… Ces extraits de l’histoire sont entrecoupés par des morceaux de musique, des sketchs d’enfants imitant le premier ministre et des présentations de peintures. Vu par un français, ce spectacle semble être du « bourrage de crâne nationaliste ». Le directeur de l’école s’en défend : « Par la télévision, la famille ou les soldats, les enfants sont constamment portés vers l’international. C’est le rôle de l’école que de leur faire prendre conscience de leur culture et de leur pays qui, je vous le rappelle, est encore tout jeune ». Des étudiants… comme les autres Spectacle terminé, direction la classe avec mes trois guides : Nora, Vanessa et Albiona. Toutes les trois sont âgées de 16 ans. Elles font partie de la première génération d’élèves à être rentrés en cours après la guerre. Souriantes et habillées

comme de vraies petites minettes parisiennes, elles me présentent les locaux. Une école, tout simplement : nombreuses salles de cours, cantine, gymnase, salle de musique, d’arts plastiques… L’entrée en classe ne pouvait être plus remarquée. La rumeur annonçant la présence d’un jeune journaliste français ayant déjà fait le tour de l’école, c’est une véritable explosion de cris et d’applaudissements qui m’accueille. Je tiens d’ailleurs à m’excuser auprès de la professeure d’anglais qui a eu beaucoup de mal à faire cours en ma présence… Du fond de la classe, j’ai l’impression de revivre ma seconde : mêmes livres, même ambiance, mêmes cours... Le professeur d’histoire, le plus sévère et redouté de tous, laisse de côté le débarquement en Normandie pour me poser des questions. Parlant bien le français, il traduit mes réponses aux élèves : « Vous entendez ce que dit Louis ? Pour les français et pour le reste de l’Europe, nous sommes presque un pays en guerre ». Il a réellement l’air affecté, affection transmise aux élèves par son charisme naturel. Les inters cours, eux aussi, ont tout des inters cours français… Des petits groupes se forment, les filles se racontent leurs histoires, les mecs viennent les embêter. Je commence à regretter de m’être assis au fond de la classe. Je ne respire plus, une vingtaine de personnes surexcitées me posent des questions dans un anglais bancal. Je distribue mon adresse mail et récolte des noms pour les retrouver sur… Facebook. Eh oui, au Kosovo aussi les jeunes posent la désormais fameuse question : “T’es sur Facebook ?” !


Révisions avant une interrogation d’histoire.

Page de gauche : Le spectacle des élèves.

Dans la salle des profs, le lendemain de l’ « Independence Day »


Boîtes, filles et drague… Comme tous les jours, les cours finissent à 18 heures. Sauf qu’aujourd’hui, c’est vendredi, le jour de la sortie. « Il y a une rue spéciale réservée aux teenagers, on y trouve des bars très sympas et des boîtes de nuit, mais il faut que tu reviennes l’été, car les gens sortent toute la nuit. ». Direction les cafés branchés, juste en dessous du « Grand Hotel », ancien QG de la presse pendant de la guerre. Les filles se sont faites belles : maquillage, jeans, et sac à main. Malicieux, les étudiants m’emmènent au « Café Paris », qui ne porte pas si mal son nom. Ambiance sombre et tamisée, une seule différence : le prix, et pour une fois, j’en profite : « Allez, je vous invite tous ! ». Résultat : moins de 5€ pour sept boissons… Vers 21h, ce sont des étudiants de l’université de Pristina que je retrouve. Un peu plus âgés, ils prévoient d’aller en boîte. Quelle sensation que de se dire, quelque peu éméché, que je suis en train de danser dans une boîte de nuit kosovare ! Plus de rap et de musique traditionnelle adaptée à la techno qu’en France, mais une chose reste sûre : pas moins de jolies filles au Kosovo… Les filles. Rarement dans un pays j’en ai vu d’aussi belles. Albiona regarde son téléphone portable et ne peut s’empêcher de pousser un cri… Immédiatement, une horde d’adolescentes se rue sur elle, puis, après avoir lu le message, se met à crier et pouffer (dix jeunes françaises ne les auraient pas battues au decibèlomètre…). Le serveur de la cafétéria de l’école vient de lui déclarer sa flamme. Il a dix ans de plus qu’elle. Elle, bien sûr, ne l’aime pas, elles sont d’ailleurs toutes d’accord avec moi quand je leur dis quelles n’ont pas de chance : proportionnellement, il y a bien plus de jolies filles que de beaux garçons au Kosovo. Avis personnel, cela va de soit… C’est en tous cas la première fois que je comprends le voyageur revenant au bras d’une autochtone…

« Quelle sensation que de se dire, quelque peu éméché, que je suis en train de danser dans une boite de nuit kosovare ! »
 Photo : Alex Anger



Ah, la politique… C’est cette même Albiona, qui, en cours d’anglais, assomme la professeure de “Can I say something, teacher?” La main levée au plus haut, elle ne peut s’en empêcher, c’est plus fort qu’elle… Ses amies l’appellent « l’homme politique ». Déléguée de classe, peut-être, mais femme politique, sûrement pas, car comme tous les jeunes de ce pays, Albiona est dégoûtée par la politique : « Ce sont tous des menteurs, ils sont tous pourris. Si tu vois une belle voiture dans la rue, tu peux être sûr que c’est un homme politique ». Et dieu sait si nous en croisons, des « Hummers » ou des « 4x4 BMW » dans les rues de Pristina. Peut-être plus que des camions de la KFOR ! « J’ai beaucoup de rêves, je veux un monde sans guerre, une vie plus belle, moins grise », continue-t-elle, « Ici, nous sommes à Pristina, c’est la capitale, et nous vivons mieux qu’ailleurs. Dans certaines régions, des familles meurent de faim, le taux de chômage atteint les 50% et les droits de l’homme ne sont pas toujours respectés ». C’est vrai, il faut être lucide, il y a moins de dix ans, le Kosovo était un pays attaqué. Des centaines de familles ont dû se réfugier, beaucoup de jeunes filles ont été violées et des milliers de personnes ont été tuées. Ces drames sont dans toutes les mémoires, mêmes dans celles de ces jeunes filles de 16 ans, et aujourd’hui encore, la présence des forces armées des Nations Unies est indispensable. Mais depuis un an, tous regardent vers l’avenir. Un avenir plus ou moins certain, plus ou moins clair… Avec la Serbie, qui, politiquement et financièrement, exerce toutes les pressions possibles pour s’opposer à son indépendance, le Kosovo sait bien qu’il a besoin du reste du monde, mais surtout de l’Europe, pour s’en sortir… Ouverts sur le monde, tant bien que mal… Car tous ces jeunes kosovars sont ouverts, parfois malgré eux, sur le monde. Les seules chaînes de télévisions potables sont américaines, ils connaissent les clubs européens de football par cœur et les soldats de la KFOR (Français, Anglais, Italiens, Allemands) sont visibles dans chaque ville. Mais surtout, suite aux massifs exodes dus à la guerre, toutes les familles comptent des proches à l’étranger (principalement en Allemagne, en Suisse et en Italie). Le monde leur est donc tout proche, du moins, sur le papier. Car en pratique, pour voyager, c’est un peu plus compliqué : un kosovar possédait en effet un passeport yougoslave, invalide car pays disparu. Ce passeport yougoslave a été

« Si tu vois une belle voiture dans la rue, tu peux être sûr que c’est un homme politique »


Mitrovica, ville coupĂŠe en deux : au nord, les Serbes, au sud, les Albanais, au centre, un pont, gardĂŠ par la KFOR (Kosovo Force)


remplacé par un passeport de la UNMIK (United Nations Mission In Kosovo), reconnu par l’Union Européenne mais pas par la Serbie, la Serbie qui impose un passeport serbe non reconnu par le Kosovo qui s’apprête à créer le sien, non reconnu d’avance par la Serbie et les pays ne reconnaissant pas le Kosovo. Vous n’avez rien compris, c’est normal… La seule chose à comprendre, c’est que pour voyager, c’est la merde… Silvia Marcoccio, présidente de l’association « European Rails of Peace » (EU.R.O.PE), m’explique, bière à la main, l’exploit qu’elle a réalisé : « Nous avons convaincu la Serbie d’autoriser des jeunes kosovars à venir à Belgrade puis à les faire voyager en Europe. » avant de préciser : « La moitié de la population kosovare a moins de 25 ans, elle doit rencontrer d’autres jeunes européens pour construire, établir des liens. ». Mjellma – le cygne en Français - a fait partie de ces jeunes. Quand elle rencontre des européens, ce sont toujours les mêmes questions qui fusent : « Tu te souviens de la guerre ? », « Il n’y pas trop de tensions dans ton pays ? ». Et toujours les mêmes réponses : « C’est du passé, sortez des clichés, si je suis

en face de vous, c’est que nous nous bougeons et que nous sommes tournés vers l’avenir ! ». Elle veut changer l’image que les européens et le reste du monde ont de son pays. Elle a parcouru l’Europe avec des serbes, des belges, des italiens… Elle a passé des heures avec moi pour tenter de me montrer la vraie jeunesse du Kosovo. Alors, j’ai écouté et j’ai vu. J’ai hésité avant d’en parler. Pff, la jeunesse Kosovare, franchement, c’est un peu barbant. Il n’y a pas un bon petit sujet sur les viols pendant la guerre ? Sur le trafic de voitures volées ou de filles des pays de l’est ? Sur la destruction des églises orthodoxes ? Mais ces jeunes sont plus forts. Leur espoir est plus fort. Alors tant pis, vendeur ou pas, je parle d’eux. Je parle du vrai Kosovo. Pour Mjellma et les autres, qui liront cet article, humblement, j’ai tenté. PS : Vous aussi, allez au Kosovo ! ParisBelgrade (aller retour) : 124€. Arrivé à la gare de Belgrade, demandez un billet pour Pristina : 15-20€, il y en a tous les soirs, mais attention, vous arrivez tôt ! Pas de problèmes de papiers si vous êtes français. Sur place : auberges à 10€, et pas plus de 10€ par jour (repas, transports, alcool et sortie).



Monter des radios en temps de guerre De la fondation… LINTERVIEW.fr : Pouvez-vous vous présenter? Jean-Marie Etter : Je suis président exécutif de la Fondation Hirondelle. Je suis journaliste. J’ai fait toute ma carrière de journaliste à la Radio Suisse Romande ; j’ai été présentateur, reporter surtout sur les événements internationaux, entre autres lors de guerres ou de catastrophes naturelles. J’ai dirigé des services et été membre de la rédaction en chef. Puis j’ai pris le chemin des ressources humaines et de la direction. LITW : Comment est née la Fondation Hirondelle? J.-M. E. : Il y a une quinzaine d’années, j’étais secrétaire de la section suisse de Reporters sans frontières. L’un des membres de notre section, Philippe Dahinden, avait été en reportage au Rwanda en 1994 et était revenu bouleversé par ce qu’il avait vu – il a été l’un des premiers à parler de génocide. Il n’a simplement pas pu rentrer en Suisse et dire : « J’ai fait mon travail, je passe à autre chose ». Nous nous sommes dit : « Les médecins peuvent soigner, par solidarité avec les victimes. Nous, nous sommes journalistes : peut-être que du journalisme solidaire sera utile ». Après de longues semaines passées à chercher des financements, un lieu d’où émettre (parce que pour émettre, il faut une concession), des journalistes, du matériel, nous avons lancé une radio à Bukavu, à l’est de ce qui s’appelait alors le Zaïre et qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo. Puis, plus tard, Reporters sans frontières a constaté que cette radio grandissait, poursuivait son existence ; or, faire de la radio n’était pas la

« Les médecins peuvent soigner, par solidarité avec les victimes. Nous, nous sommes journalistes : peutêtre que du journalisme solidaire sera utile ».


raison d’être de Reporters sans frontières. J’ai alors créé, avec Philippe Dahinden et le journaliste qui était président de la section suisse et de RSF internationale, François Gross, une fondation, la Fondation Hirondelle. LITW : Quels sont les principes de la Fondation? J.-M. E. : La Fondation Hirondelle tente de créer des médias indépendants, forts et professionnellement rigoureux dans des zones de crises. Par zones de crises, il faut comprendre des pays où il y a des guerres ou des conflits violents, des pays soumis à des régimes autoritaires, des pays où l’extrême pauvreté empêche tout développement. Dans ces zones, ce ne sont pas prioritairement les journalistes qui manquent : ce sont des médias où ces journalistes peuvent travailler conformément à leurs principes éthiques et professionnels. Le problème, ce ne sont pas les journalistes, ce sont les médias. Les besoins sont immenses : dans ces zones, les rumeurs, la désinformation, la propagande sont génératrices de peur, d’instabilité, de dépréciation de soi, parfois de haine. L’information crédible est à la fois un droit fondamental et un besoin fondamental, constitutif de la citoyenneté et de l’estime de soi : c’est pour cela que la Fondation Hirondelle s’appelle « media pour la paix et la dignité humaine ». Pourquoi les Européens, les Américains auraient-ils le droit, grâce aux

reporters internationaux et aux agences de presse, de savoir ce qui se passe par exemple en Afghanistan mieux que les Afghans eux-mêmes ? Si l’information est constitutive du pouvoir citoyen, cette information revient d’abord aux Afghans eux-mêmes. La Fondation Hirondelle est uniquement au service de la population, des auditeurs, des victimes. C’est pourquoi les radios parlent dans les langues du pays, parfois dix-huit langues pour une seule radio ; nos collaborateurs sont des gens du pays où nous travaillons, excepté, au début, pour l’encadrement et pour lancer les projets. Nous faisons des radios généralistes, dans l’esprit des radios de service public européennes, avec des caractéristiques propres aux zones de crises : par exemple, les commentaires sont interdits sur les antennes de la Fondation Hirondelle. Nous visons aussi à quitter un endroit où nous avons travaillé en laissant sur place un média économiquement viable, solide, crédible et indépendant. Une gageure. LITW : Quelles ont été les différentes actions de la Fondation? J.-M. E. : Après Radio Agatashya, la première, celle de Bukavu, il y a eu l’agence de presse auprès du Tribunal pénal international à Arusha, Star radio au Libéria, Radio Blue Sky, en partenariat avec les Nations Unies, au Kosovo, la construction du service public de radio et


télévision à Timor, Radio Ndeke Luka en République centrafricaine, Radio Okapi en République démocratique du Congo, Radio Miraya au Soudan, Cotton Tree News en Sierra Leone, un programme d’aide à Radio Népal pendant les élections… LITW : Pourquoi ce genre d'initiative n'a-t-elle pas existé auparavant? J.-M. E. : Il y a eu beaucoup d’initiatives soit dans le domaine des médias, soit dans le domaine de l’aide humanitaire et de la négociation en zones de crises. Ce que la Fondation Hirondelle a initié, c’est l’accent mis sur le rôle central de l’information indépendante et professionnelle. C’est aussi la volonté de créer des médias nationaux, qui couvrent l’ensemble d’un territoire national, et pas seulement une ville ou une zone limitée. Je pense que cette nouveauté est due en partie au fait que la Fondation est une organisation de journalistes, et que nous avons un point de vue de journalistes sur notre rôle social ; le défaut qui va avec, c’est que nous ne sommes pas des professionnels de la négociation, de la gestion de projet ou du développement.

« Dans ces zones, les rumeurs, la désinformation, la propagande sont génératrices de peur, d’instabilité, de dépréciation de soi, parfois de haine. L’information crédible est à la fois un droit fondamental et un besoin »


… a la pratique LINTERVIEW.fr : Pourriez-vous présenter ? Yves Renard : Je m’appelle Yves Renard, je suis actuellement le directeur du département international de l’école supérieure de journalisme de Lille (ESJ). Précédemment j’étais le rédacteur en chef de Radio Okapi pendant 4 ans. LITW : En quoi consiste la Fondation Hirondelle ? La Fondation Hirondelle est une fondation qui a été créée par des journalistes suisses qui ont été frappés par ce qu’il s’est passé au niveau des médias lors du génocide rwandais. Ils ont décidé, pour répondre aux médias de la haine, d’essayer d’influencer plutôt l’entente entre les gens en créant des médias de la paix. C’est l’objectif de cette Fondation. LITW : Vous avez été rédacteur en chef de Radio Okapi pendant trois ans et demi, comment en êtes-vous arrivé à vous investir dans ce projet ? Y. R. : Je connaissais déjà les gens de la Fondation Hirondelle car j’avais travaillé pour eux en 1999 juste après la guerre au Kosovo. La Fondation Hirondelle était à l’époque en train de créer une

radio avec les Nations Unies qui était exactement sur le même principe : favoriser le dialogue entre les différentes composantes d’une communauté. En l’occurrence la radio là s’appelle Radio Blue Sky et émet en albanais, en turc et en serbe. C’était la même idée que Radio Okapi mais à une échelle plus modeste. Je pense que c’est cette expérience-là qui a amené les gens de la Fondation Hirondelle à me recontacter plusieurs années après pour le projet Radio Okapi. LITW : Dans quel contexte s’est monté Radio Okapi ? Radio Okapi s’est monté dans le contexte de la fin de la guerre qui a eu lieu en République démocratique du Congo (RDC) au tout début des années 2000 qu’on a appelé la « Première Guerre Mondiale Africaine ». C’est une guerre qui a marqué la fin du règne du président Mobutu, au pouvoir pendant 30 ans en RDC, qui a été renversé par un guérillero qui s’appelle LaurentDésiré Kabila, un compagnon d’armes de Che Guevara dans les années 60. Laurent-Désiré Kabila était proche du gouvernement rwandais. Il


s’est disputé avec lui, a fait appel à d’autres alliés, d’autres pays africains. Cela a provoqué une guerre qui était à la fois une guerre civile entre différentes factions congolaises et une guerre classique entre différents pays car il y avait de nombreux pays impliqués dans cette guerre. Au bout d’un moment, les différents belligérants n’ont pas réussi à trouver une solution, qu’elle soit militaire ou pacifique. Ils ont donc accepté une médiation internationale. Les Nations Unies ont donc proposé d’envoyer une mission de Casques bleus sur place pour favoriser le dialogue entre eux. Ils ont proposé de mettre en place une transition politique puis d’aller vers des élections. La mission de Casques bleus, la MONUC, est toujours sur place en ce moment. C’est la plus grosse mission que les Nations Unies aient jamais mise en place avec 17 000 soldats. Cette mission s’appuie également sur un volet civil. Parmi ces personnels civils, ils ont une section de l’information qui a une radio à sa disposition, Radio Okapi. La Fondation Hirondelle a passé un contrat avec les Nations Unies pour amener une expertise sur le terrain éditorial. LITW : Quel était le rôle de Radio Okapi ? Y. R. : C’était la grande originalité de ce qu’a proposé la Fondation Hirondelle et ce qui a fait le succès de la radio : une couverture de l’actualité du processus de paix en donnant la parole à tout le monde, sans parti pris et toujours en essayant de favoriser les éléments qui pouvaient amener à un dialogue, un retour de la paix. Une ligne éditoriale en faveur de la paix donc. Cela a extrêmement bien marché car la population, de n’importe quel pays et qui est soumise à une situation de guerre, souffre. Les Congolais ont donc énormément apprécié cette radio qui donnait la parole à tout le monde. LITW : Comment était structuré le réseau de Radio Okapi ? Y. R. : C’était une radio avec beaucoup de moyens, dont une grosse partie venait de la Fondation Hirondelle. Elle couvrait tout le territoire avec près de 200 salariés, une émission dans cinq langues, une dizaine de rédactions locales, des liaisons par satellite et le tout entièrement numérisé. C’est un énorme projet à l’échelle du Congo. Cette ligne éditoriale plus ces moyens, tout cela a contribué au succès de la radio : près de 20 millions d’auditeurs par jour ! LITW : Quels étaient les sujets que la radio abordait ? Y. R. : La radio abordait vraiment tous les sujets, c’était le principe de la ligne éditoriale. On parlait absolument de tout mais toujours avec un parti pris de modération et en donnant la parole à tout le monde. Si il y avait, par exemple, un combat, nous essayions de contacter les différents belligérants toujours en orientant le sujet sur

« Pourquoi est-ce que vous vous tirez dessus ? Que faudrait-il faire pour que cela s’arrête ? ». LITW : Y avait-il des tensions au sein de la radio entre les journalistes ? Y. R. : Il y avait des tensions comme dans n’importe quel média mais je dois dire que les Congolais m’ont toujours beaucoup impressionné par leur capacité à s’abstraire des clivages ethniques, en particulier à la radio. Au Congo il y a beaucoup d’ethnies différentes. Dans l’ensemble, ce sont tous des peuples bantous, la grande ethnie d’Afrique centrale, mais ils sont tous divisés en tribus. Beaucoup de raisons potentielles de se déchirer donc. Les journalistes à la radio ont toujours été exemplaires par rapport à ça.

« Il faut balancer entre la nécessité d’aller chercher les informations sur le terrain et essayer de minimiser au maximum les risques »
 LITW : Comment s’organisait la journée de travail d’un rédacteur en chef d’une radio comme celleci ? Y. R. : Le début de la journée, vers 6 heures, consistait à écouter les informations, à la fois celles produites par la radio et celles des autres médias disponibles dans le coin. Après c’est au bureau de préparer la journée, d’animer les conférences de rédaction : quels sont les sujets disponibles ? Quels sont les thèmes centraux ? Il faut voir que ce qui peut faire l’objet d’un dossier, l’objet d’un direct, voir ce qui peut être mis directement en chantier pour le journal de la mi-journée…etc. LITW : En tant que rédacteur en chef, avez-vous déjà subi des pressions ? Y. R. : Je n’ai pas subi plus de pression en tant que rédacteur en chef que j’ai pu en subir dans des médias classiques. Je n’étais pas un personnage public, je faisais bien attention à cela justement. Je ne faisais pas de relations publiques, je n’allais pas dans les dîners en ville, je n’apparaissais pas moi-même à l’antenne. J’avais un rôle en arrièreplan. Si des gens avaient eu envie de faire pression sur moi, ils auraient eu du mal à m’identifier, à me trouver. Sinon des pressions cela existait bien évidemment, sur les journalistes : menaces, attaques, incarcérations…Pendant que j’y étais, tout à fait à la fin, il y a eu un assassinat. Il y a encore eu un récemment. LITW : Est-ce qu’on a parfois peur pour ses journalistes dans ce genre d’entreprise ?


Y. R. : C’était quelque chose que j’avais constamment à l’esprit. Cela faisait vraiment parti du travail au quotidien : balancer entre la nécessité d’aller chercher les informations sur le terrain tout en essayant de minimiser au maximum les risques. Quand l’analyse montrait qu’il y avait effectivement un risque, nous n’envoyions pas les gens au-devant de problèmes tout à fait prévisibles. C’était une préoccupation constante. Nous avons eu énormément de problèmes de sécurité. LITW : Quelle est l’expérience qui vous a le plus marqué ? Y. R. : Les élections. Les premières élections qu’il y avait dans ce pays depuis trente ans. C’est un processus qui a été vraiment adopté par la population. Les gens se sont déplacés, y compris ceux qui vivaient dans des villages excentrés, des coins enclavés. Les gens ont marché pendant des jours entiers pour voter, en transportant presque leur maison sur leur dos, de quoi subvenir à leurs besoins pendant plusieurs jours. Pour la radio cela a été un moment très fort avec soixante envoyés spéciaux sur tout le territoire, parfois dans des conditions logistiques très complexes. Nous avons fait trois jours et trois nuits de direct où nous avons créé un format type France-Info. LITW : Quel a été votre plus mauvais souvenir de ces années-là? Y. R. : L'assassinat d'un des journaliste de la radio,

Serge Maheshe, abattu par deux hommes armés de fusils Kalashnikov à Bukavu dans le Sud Kivu, le 13 juin 2007, quelques semaines avant que je quitte Radio Okapi. LITW : Après cette expérience, porte-t-on un regard différent sur le journalisme? Y. R. : Oui. Pendant 3 ans et demi presque chaque jour nous avons eu 2 ou 3 sujets qui feraient la "Une" pendant des semaines en France. Souvent des actualités extrêmement délicates à traiter. Cela m'a amené a me rapprocher encore davantage des "standards" professionnels : une couverture factuelle de l'actualité, sans commentaires, en citant plusieurs sources, en donnant la parole aux différentes parties. Un traitement non spectaculaire de l'information. Je me suis aussi rendu compte que dans des circonstances comme celles-là, journaliste est un métier très utile, l'accès à une information fiable est un besoin fondamental pour la population. LITW : Avez-vous un regard plus critique sur vos confrères qui dissertent sur la liberté de la presse confortablement assis derrière leur bureau parisien ? Y. R. : Non. La liberté de la presse est un élément fondamental de la démocratie, à Paris comme à Kinshasa. Propos recueillis par Alexandre Marchand.


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«Plutôt mourir en ville que vivre en campagne.» Woody Allen


De la vie hors de Paris ? Textes et photos : Marie Camier

Bienvenue à Soignolles-en-Bire, petit village rural situé entre deux champs et composé de 3600 âmes, 150 chevaux, 1 âne et deux chèvres. Vous serez séduit par son église médiévale où la messe est célébrée dans la plus grande piété chaque dimanche pour les sages du village, vous serez ému par le charme du bar PMU-Supérette, votre œil connaisseur ne saura résister à l’esthétisme de la boulangerie fermée un jour sur deux… Vous l’aurez compris, Soignolles-en-Brie — ou Soignolles pour les intimes—c’est un monde isolé, loin de la foule, des embouteillages et de la pollution. Bref, à première vue, un village chiant à mourir. Description des aléas d’une vie à 40 kilomètres de Paris. Se faire une identité au milieu d’un groupe d’amis parisiens n’est pas mince affaire lorsque vous murmurez timidement –parce qu’on vous l’a demandé trois fois– que vous habitez en « Seine-et-Marne, loin, près de… Non, tu ne connaîtras pas. ». Ca n’a pas la classe du « J’habite à Notre-Dame-deLorette » ou du « La cour de l’appart’ de ma mère donne sur Bastille ». Un complexe, non, ce n’en est pas un. Après tout, les avantages de la campagne sur la ville sont nombreux, même s’ils sortent toujours de la bouche d’un citadin. L’air y est plus pur, disent certains, le calme y est reposant, affirment d’autres, les campagnards sont moins stressés… Pourtant on n’est pas loin des clichés. Habiter à Soignolles-plage ne sous entend pas forcément porter une salopette, une chemise à carreaux à la mode de Clark Kent, mettre du foin aux vaches le matin, commander sa baguette avec un accent prononcé le midi, labourer les champs le soir et dire à son fils, une tige de blé dans la bouche : « Plus tarrd, tu rreprrendrras la ferrme. » Vivre dans un village de petits propriétaires qui votent Le Pen et crient « Au bûcher! » à la « racaille qui brûle des voitures là-bas », dans le 93, c’est plutôt paralysant.

« Seine-etMarne, loin, près de… Non, tu ne connaîtras pas. »




Je ne crois pas exagérer en affirmant qu’en Seine-et-Marne, la vie sociale d’un jeune ainsi que son épanouissement culturel ne peuvent avoir lieu qu’après l’obtention du permis. Avant cette bénédiction divine, nul espoir de pouvoir se déplacer, car si le département vante des « investissements » dans le domaine des transports, on n’en voit pas la couleur. Une envie de vous balader sur les quais de Seine à Paris, de visiter le musée du Louvre ? Il vous en coûtera 20€ et 3h30 de transport aller-retour. Cela, sans le permis, si le bus est à l’heure et si l’alignement de la lune avec la terre coïncide avec votre thème astral. De telles difficultés à l’accession à la culture développent chez les jeunes des réactions chimiques plus ou moins étranges. Le lycée est alors le théâtre de ces bizarreries. On y trouve de tout : de la future bachelière fan de manga qui fait des cosplays tous les week-ends et qui répète « Kawaiiii ! » (« Mignooon ! ») à tour de bras, au groupe de mecs qui jouent aux cartes « Magic », assis dans les couloirs, en passant par le clan des gothiques qui se fournissent à Châtelet et qui arborent clous, New Rocks et lentilles rouges, sans oublier les racailles, les durs en Sergio Tacchini et Nike Air, démodés depuis 10 ans déjà… Un problème d’affirmation d’identité, me direz-vous ? Probablement, sauf qu’ici, cela semble leur passer beaucoup plus tard qu’ailleurs. Heureusement, il y a toujours des rescapés. Des lycéens normaux, qui parlent de sexe, commencent à avoir une conscience politique. Décident de se raconter dans un journal, espérant sauver les âmes des autres… Le fait d’habiter loin d’une grande ville ne requiert-il pas plus d’investissement personnel, plus de curiosité, lorsqu’il s’agit de se cultiver ? Renier son isolation et se

fondre dans la masse de la capitale, supporter les odeurs dans le métro alors qu’on s’est habitué aux engrais naturels, voir les pigeons comme des ennemis alors que les mésanges viennent picorer dans votre jardin, ces efforts semblent considérables, lorsque vous venez des champs. Hélas, ils sont nécessaires. On en comprendrait presque les parisiens qui décident de s’installer à la campagne. Pourtant, on s’y ennuie si facilement. Pour certains, récemment installés en lotissement, la sortie du week-end se résume en une virée… à Val d’Europe. Oui, le grand centre commercial à côté de Disneyland Paris. Amis de la culture, bonjour ! Alors, vivre à la campagne aujourd’hui, un bien, un mal, une solution ? Il est aisé de citer les avantages de la vie de proximité dans les petits villages : dans les écoles maternelles et primaires, les enfants sont extrêmement bien encadrés, les habitants se connaissent entre eux, les paysages sont variés, photogéniques, tout comme les animaux. Chevaux, biquettes et petits lapins sauvages se laissent approcher et caresser par les enfants… Mais surtout par les parechocs des voitures pour les derniers. Et puis, le prix de l’immobilier n’y est pas aussi révoltant qu’à Paris, Paris où il est possible de travailler puisque des RERs la desservent, comptant 600€/an de pass Navigo et 100€/an d’amende parce que vous vous serez garé sur une place handicapée à la gare surpeuplée… Non, vraiment, une bonne affaire, vous dis-je ! Bien sûr, un travail dans la capitale n’est pas chose aisée à conserver quand les sources de retard sont aussi nombreuses que surprenantes… Un jour, votre chien s’est enfui dans les champs derrière chez vous sans vouloir rien entendre, un autre, vous


avez glissé sur une plaque de verglas, soufflé naïvement pendant 10 minutes dans la serrure de votre voiture pour l’ouvrir, mis 10 autres minutes à gratter chaque parcelle givrée de votre pare-brise pour ne réaliser qu’une fois lancé dans la rue que votre voiture faisait du sur-place à cause du givre... Il semblerait que débuter sa vie loin de la ville contraigne à faire certaines concessions, alors le choix entre le colza et le béton ne dépend plus que du tempérament et des besoins d’un chacun. Ainsi que de ses fréquentations. Il y a une nette nuance entre le fait d’être dans le groupe Facebook « I love rien, I’m parisien » et le groupe « Tu sais que tu viens du 77 quand... ». Vous évaluez facilement le fossé qui vous sépare de votre interlocuteur parisien, lorsque vous lui dites que non, dans la campagne profonde, vous n’allez pas chercher votre eau dans un puits, vous ne vous lavez pas dans la rivière la plus proche, ni ne courez dans la cabane au fond du jardin lors d’une envie pressante et vous n’avez pas non plus besoin de pédaler sur un vélo pour faire chauffer votre micro-onde– on a accès à cette technologie de réchauffement de la nourriture depuis déjà 6 mois ! Allons, cessons de plaisanter sur ma pauvre campagne. Parce que cette ruralité, je l’adore aussi. Pour ces champs de coquelicots du printemps, pour mon feu de cheminée d’hiver, pour ces chevaux qui se chamaillent dans un paddock en ruant, pour son vent, le chant des oiseaux à l’aube, son absence de sirènes, pour l’impression d’immensité que je ressens lorsque je cherche des yeux la fin d’une prairie. Qu’elle est belle, cette campagne seine et marnaise, une fois apprivoisée. Je rejoins là l’opinion de Ferdinand Bac, qui assurait que « Pour certains citadins, la campagne est intolérable parce que son silence rejoint leur vide intérieur. » A bon entendeur…

« Non, dans la campagne profonde, vous n’allez pas chercher votre eau dans un puits, vous ne vous lavez pas dans la rivière la plus proche, ni ne courez dans la cabane au fond du jardin lors d’une envie pressante et vous n’avez pas non plus besoin de pédaler sur un vélo pour faire chauffer votre micro-onde »



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Quelle différence entre un pigeon ? Pièce créée par la compagnie de danse contemporaine « Les Embardés »

« Titre (pas si) absurde. Il n'y a rien à comprendre... Juste à éprouver... Cette danse se regarde comme un paysage que l'on contemplerait depuis un train, changeant petit à petit, sans autre sens immédiat que celui du parcours... Avec en filigrane, la question de l'identité, qu'expriment la gestuelle, la dynamique, l'imaginaire et la sensibilité spécifiques à chacun des danseurs... »

Photographies : Nadège Abadie


LaĂŤtitia, AĂŻda, Charles, Darius, Mathilde & Clarisse



A誰da & Darius


A誰da & Clarisse


Mathilde


Charlotte


Clarisse & Darius


A誰da & Clarisse


Mathilde


Clarisse


« C’est très dur d’être jeté comme ça » Denis Romang, 44 ans, opérateur sur machine à l’usine FASA OM de Bitche (57), sous-traitant de BOSCH, qui vient d’être délocalisée en République Tchèque.

LINTERVIEW.fr : Ca faisait longtemps que tu travaillais à la FASA ? Quel a été ton parcours ? Denis Romana : Avant la FASA je travaillais en Allemagne, ce qui faisait que j’étais bien payé. L’ambiance était très bizarre parce qu’on nous faisait bien savoir qu’on était venu en Allemagne pour voler le pain des Allemands. Donc à un certain moment j’en avais marre et une connaissance à moi m’a dit « Denis, tu veux pas venir à la FASA ? ». La FASA a commencé en 1999 et en 2001 ils étaient en pleine expansion et ils avaient même embauché 40 ou 60 personnes. Donc j’ai dit oui, et j’ai commencé à travailler à la FASA le 6 juin 2001. Ce qui fait que j’y ai travaillé 7 ans et 8 mois, et ça se prolonge puisque je ne suis toujours pas licencié… LITW : Qu’est-ce que tu faisais précisément dans l’usine ? D. R. : Moi quand j’ai commencé là-bas, vu que j’avais déjà un petit parcours dans la mécanique, notamment dans les scieries, on m’a donné deux machines et j’étais opérateur sur machine : je devais changer les outillages, faire des corrections, un suivi qualité… Au début quand j’ai travaillé là-dedans le boulot n’était pas contraignant : sur huit heures de travail effectif, tu travaillais peut-être une heure. Il y avait une très très mauvaise gestion du personnel et des machines. On voyait très bien qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, ce qui fait qu’au début, j’ai dit à ma femme : « je crois que j’ai fait une grosse bêtise ».

LITW : Tu n’avais pas quand même un attachement à cette usine après y avoir passé 7 années ? D. R. : Un attachement oui, parce que c’était près de Bitche, t’avais l’habitude tous les jours d’aller là-bas ; bon c’est clair il fallait faire trois postes… Attachement, spécialement non, je ne m’attache pas trop à un poste de travail, parce que je pense qu’un poste de travail c’est fait pour gagner des sous. Je ne suis pas un obsédé du boulot, à part s’il me plaisait vraiment, mais bon c’était un boulot comme un autre. Je suis parti maintenant, et ça ne me manque pas. LITW : Est-ce que vous vous attendiez à la délocalisation, au moment où c’est arrivé ? D. R. : A la délocalisation non. Par contre il y a deux ans et demi, on nous a dit de but en blanc que la direction avait vendu l’entreprise à l’allemand ETM. Ils ont dit « y’a rien qui changera, tout restera pareil », mais bon ça fait 20 ans que



je travaille et on sait bien que quand il y a une boîte qui rachète il va y avoir une restructuration, donc là j’avais peur. La restructuration s’est faite un an et demi après, par le fait d’un licenciement économique de neuf personnes. Il avait tout à fait le droit de le faire, sans se justifier de quoi que ce soit, en dessous de 9 personnes ; il avait dit qu’il avait perdu un contrat. Le fait était que trois mois après les américains ont doublé les commandes et les neuf personnes ont été rembauchées. Et à partir de ce moment on a commencé à faire des heures supplémentaires pendant deux ans. Il y avait même une équipe réduite qui travaillait le samedi et le dimanche sur les postes clés de l’entreprise. Il n’a jamais été question de délocaliser quoi que ce soit. Il y avait déjà une entreprise en Tchéquie qui faisait exactement la même chose que nous. On nous disait toujours que l’entreprise Bosch avait besoin d’un point de fabrication en France pour qu’ils puissent revenir chez nous s’il y avait une crise là-bas. Ca c’était le leitmotiv de la direction ; nous on les croyait. J’avais toujours de très bons contacts. Au début c’était un peu rugueux parce que les Allemands, ils sont beaucoup plus directs, les patrons ont beaucoup plus de droits qu’en France ; donc je leur ai fait savoir quels étaient mes droits à moi et leurs droits. Eux ils croyaient qu’ils pouvaient venir et licencier de but en blanc quelqu’un qui ne leur revenait pas. J’ai dit non, ça ne marche pas comme ça, il y a aussi des délégués du personnel, il faut les respecter. Il y a des lois en France, il fallait s’y plier. Par exemple quand il voyait les augmentations du SMIC, ça l’a choqué, et ça l’a vraiment embêté de payer 25% pour les heures supplémentaires. Mais délocaliser, jamais on aurait imaginé… LITW : Comment ça c’est passé au moment de la délocalisation ? Un matin vous vous réveillez, vous apprenez qu’il n’y a plus de machines ? D. R. : Non non, ça c’était le journal. Moi je suis délégué du personnel ; une réunion a eu lieu début décembre, et on nous a dit qu’il allait y avoir un plan social, avec quinze licenciements. Il m’a dit qu’il fallait délocaliser six machines. J’ai dit « moi en tant que délégué du personnel je ne cautionne pas ce truc là, ces six machines là sont celles qui font le plus de pièces et de meilleure qualité ; si vous voulez encore rester avec quinze personnes qui travaillent ici, il faut les garder ». Donc il a baissé à trois machines dont il avait besoin en Tchéquie pour fabriquer les pièces où on avait perdu les contrats ; j’ai dit que j’étais d’accord. A la deuxième réunion, ce qui s’est passé, c’est que les ouvriers se sont tous mis contre moi, je ne sais pas pourquoi, ils ont signé une pétition et ils ont dit qu’ils ne voulaient plus être protégés par moi. Le lundi matin, les ouvriers se sont mis devant les machines, ils ont dit stop, halte-là… Mais ce qu’a dit le journal c’était faux,

« Quand du jour au lendemain tu te retrouves avec rien, il faut que tu te justifies à tes enfants, qui ont aussi peur »
 c’était écrit noir sur blanc que les machines partaient. LITW : Qu’est-ce que ça fait de se retrouver du jour au lendemain sans activité ? D. R. : Dur, très dur. C’est par rapport déjà à sa famille, à ses enfants. Quand du jour au lendemain tu te retrouves avec rien, il faut que tu te justifies à tes enfants, qui déjà ont peur aussi, et je pense que c’est normal qu’ils aient peur. Les enfants ont peur pour nous, pour payer la maison… Quand tu travailles tous les jours, socialement tu es intégré, alors quand tu te retrouves seul à la maison… L’activité, je m’en fais moi-même. Mais c’est dur d’être jeté comme ça. Moi pour le moment je ne suis pas encore dans le cas, mais tu te retrouves à l’ANPE, et je dirais que tu es un moins que rien ou presque, surtout en ce moment avec la crise, tu sais pas ce que tu vas retrouver. Moi j’ai un petit projet de devenir aide soignant, mais c’est pas évident. Ca fait quand même déjà 27 ans que je travaille, je n’étais jamais au chômage… Faut que je me fasse une raison. J’ai été déçu par le syndicalisme, je me demande si le syndicat il n’est pas plus pour le patron que pour les


ouvriers. Le Sarkozy il fait tout pour tuer les représentants du personnel, et je pense que les syndicats en ce moment ils vont un peu dans son sens. Il y a des problèmes dans les entreprises avec des délégués du personnel qui se font licencier. A un moment c’étaient des ouvriers protégés, je pense que c’était normal parce que c’est eux qui sont toujours au front. Moi j’ai senti les problèmes au mois de septembre, j’ai alerté les collègues, j’ai alerté le syndicat, et ils ne m’ont pas écouté… LITW : Comment envisages-tu l’avenir ? D. R. : Parmi mes collègues, il y a beaucoup de jeunes. Certains ont déjà retrouvé du travail. Il y en a d’autres comme moi qui préfèrent attendre et utiliser le Contrat de Remplacement Personnalisé pour faire des stages, ou là je vais faire un concours d’entrée pour aide soignant si j’y arrive. Moi j’aimerais bien me lancer dans le social, aide soignant, auxiliaire de vie… Hier j’ai discuté avec la fille de la cellule de reclassement, je lui disais que c’est bien, mais que j’aimerais

aussi avoir une certitude que quand je sors de là je vais trouver une place. C’est pas le salaire qui me motive, je sais très bien que je gagnerai beaucoup moins en tant qu’aide soignant. J’aimerais bien être au contact des personnes. Les anciens, les personnes âgées, il faut quelqu’un qui les aide, qui soit là pour eux. Il y a des personnes qui ont juste besoin de parler, ou qu’on leur fasse à manger… Donc c’est un métier qui me plairait. Est-ce qu’il y a des débouchés ? Normalement oui… Et sinon j’irai de nouveau dans une usine. J’ai pas le choix, il faut bien que je gagne ma vie, et si je dois y aller pour le SMIC, j’irai pour le SMIC. Maintenant j’ai beaucoup plus de chances de le faire, il y a des formations qui sont payées par l’ANPE, par le pôle emploi. Avant quand je travaillais je pouvais pas me le permettre. Il faut payer la formation et les déplacements. Il faut que tu sois au chômage pour te réorienter dans une autre activité professionnelle. Ce qui me fait le plus peur c’est l’inconnu.

Propos recueillis par Baptiste BLOCH


Etats généraux de la presse jeune en partenariat avec Jets-d’encre.

Qui est « Jets d’Encre » ? Avec ou sans moyens, avec ou sans structure d’accueil, mais toujours avec la rage et le plaisir de s’exprimer, les jeunes prennent la parole et créent des journaux dans les lieux de vie qui sont les leurs. Phénomène unique et majeur, cette presse originale reste néanmoins confrontée à de nombreuses barrières, de l’indifférence à la censure, qui sont autant d’atteintes au droit d’expression des jeunes. C’est pour cela que Jets d'encre consacre son activité à la reconnaissance et à la défense des expériences de presse écrite réalisées par les jeunes. L’association se fixe pour objectif de fédérer, de valoriser, de développer et de défendre les expériences de presse écrite réalisées par les jeunes, qu’elles aient pour origine le cadre scolaire (collège, lycée) ou non (conseil d’enfants et de jeunes, maison de quartier, association).


Etats gĂŠnĂŠraux de la presse jeune


« La meilleure expérience que j'ai vécue, c'est, sans hésitation Expresso »
 LINTERVIEW.fr : Peux-tu te présenter? Jonas Vuitton : Je suis Jonas Vuitton, rédacteur à Wasabi. J'occupe également la place de rédacteur en chef. Je rédige par exemple les comptes-rendus des réunions. Comme la plupart des jeunes de la rédaction, je suis de l'aventure de Wasabi depuis le début. LITW : Comment est né Wasabi? J.V. : Le début, c'est à dire au printemps 2007. A la base de l'épopée, la documentaliste du collège, très attirée par la presse et avec l'envie de faire partager sa passion au plus grand nombre, place sur la porte du CDI, une affiche : elle propose aux personnes intéressées de noter leur noms. Quelques semaines plus tard, une première réunion a lieu. Avec d'abord quelques cours sur la rédaction d'un article, nous sommes vite passés à la construction du journal lui

même. Et puis, en mai 2008, nous avons participé à Expresso, le festival de la presse jeune organisé par Jets d'encre. LITW : Quels sont les sujets abordés par Wasabi? J.V. : A Wasabi, nous sommes assez centrés sur l'actualité locale. Nous avons également une rubrique qui annonce aux lecteurs des nouveautés ou informations au niveau du collège. Aussi, nous réservons une page « dernière minute ». C'est à dire que chaque journaliste rédige une brève sur un fait d'actualité récent. Enfin, une place assez importante concerne la culture : cinéma, livre... Du fait de la longueur de la période de rédaction, nous ne pouvons pas proposer d'actualité très chaude. LITW : Comment se fait le journal? J.V. : Nous nous réservons en moyenne un cycle scolaire (6 semaines) pour réaliser un exemplaire. Nous nous réunissons une heure par semaine, le midi. C'est l'occasion de faire le point sur l'avancement du journal. On y lance également les idées de sujets. Nous communiquons beaucoup par mail et ainsi que par le biais d'un site Internet se basant sous la forme d'un forum privé. On envoie nos articles via ce site. La plupart des articles sont rédigés chez nous puis corrigés par les professeurs. Un des élèves s'occupe des dessins. Cela permet de garder une ligne graphique similaire entre les différents numéros. LITW : Quelle est ta meilleure expérience de cette aventure? J.V. : La meilleure expérience que j'ai vécue, c'est, sans hésitation Expresso. C'est vraiment le moment dont je me


rappelle le plus. Malgré tout, Wasabi c'est beaucoup de fou rires et de bons moments passés. J'ai également participé à un journal en direct sur le thème de la vie privée sur Internet, lancé par la Défenseure des enfants. Le JED (Journal En Direct) consiste à réaliser un journal lors d'un événement. C'était vraiment un très bon moment. Je ne garde que de bons souvenirs de Wasabi. LITW : Quel regard portent des collégiens sur le journalisme ? J.V. : Comme partout, il y a les élèves qui s'intéressent à ce qu'on fait alors que d'autres froissent le journal devant nos yeux. On ne peut rien y faire. Malgré tout, la plupart des jeunes respectent ce que nous faisons même si parfois ils pensent qu'on perd notre temps. Nous, ça nous plait. Je ne pense pas « perdre » mon temps puisque je vis de bonnes expériences.

« Comme partout, il y a les élèves qui s'intéressent à ce qu'on fait alors que d'autres froissent le journal devant nos yeux »



Juan Diego Garcia Torrabla E t u d i a n t

LINTERVIEW.fr : Peux-tu te présenter en quelques mots? Juan Diego Garcia Torralba : Je m’appelle Juan Diego Garcia Torralba, j’ai 24 ans. J’ai fait un parcours classique : 6 ans de primaire, 4 ans de collège, la segunda obligatoria, puis 2 ans de lycée instituto ou bachillerato. Je suis partis en fac d’agriculture bio, et en ce moment, je fais le Service Volontaire Européen en Italie. LITW : En quoi le système éducatif espagnol est différent du système français? J. D. G. T. : La différence fondamentale: les horaires des cours. On commence à 8 ou 9 heures le matin, et on enchaîne tous les cours jusqu’à 14 ou 15 heures, avec une pause de 30 minutes vers midi. De plus, dans la plupart des collèges et lycées, ce sont les professeurs qui changent de classe et non les élèves. LITW : Quels sont les avantages du système espagnol? J. D. G. T. : Les horaires. Terminer les cours si tôt dans l’après midi permet d’avoir une vie après

e s p a g n o l e

l’école. On peut pratiquer des activités, sportives ou autres. Le rythme de la semaine est moins soutenu. Du coup on a moins de vacances. En février et en avril par exemple, on a pas de vacances comme en France. A la Toussaint non plus. On a simplement 15 jours à Noël et une semaine pour la « semaina blanca » en mars. LITW : Et les inconvénients? J. D. G. T. : Le niveau est très bas. Les cours sont souvent de mauvaise qualité. Les années d’universités sont très dure, avec beaucoup de stress. Si on veux avoir un bon niveau dans une matière, il faut prendre des cours particuliers, ce qui fait perdre du temps, et vu le prix, ce n’est pas ouvert à tout le monde. LITW : Qu’en est-il de l’insertion professionnelle? J. D. G. T. : En ce moment c’est très compliqué en Espagne. Si tu ne travaille pas dans le tourisme, tu as peu de chances de trouver un emploi. D’ailleurs beaucoup de gens qui ont du mal à se faire embaucher dans leur branche travaillent l’été dans des hôtels, des restaurants, ou sur les plages.


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