SUNDAY* Sunday
Le numéro zéro du fanzine Sunday* est consacré au photographe New-Yorkais Chad Moore.
Jeune américain de 23 ans originaire de Floride et ancien champion de BMX il a délaissé la compétition
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et la photo de compétition pour une pratique de la photographie bien plus personnelle.
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IN TRODUC TION Sunday* est un fanzine hebdomadaire édité et mis en page par Xavier Lecuyer. L’idée est simple, publier un fanzine conçu en une journée chaque dimanche. Pourquoi ? Conserver l’instantanéité du moment. Ce projet est né un dimanche pluvieux d’été où pour comblé l’ennui j’ai décidé de me lancer dans un projet d’édition hebdomadaire traitant d’artistes et photographes que j’apprécie, composé de contenu trouvé sur internet, du travail de mes amis, d’histoires de voyages, de rencontres etc… Le but étant simplement de partager et surtout s’amuser tout en faisant de ce fanzine un terrain d’expression graphique. SUNDAY* sera pour le moment composé uniquement en bichromie pour des raisons financières ( autopublication oblige ) c’est pourquoi je vous encourage à consulter les sites internets des artistes, photographes, illustrateurs etc. Le nombres de tirage est limité et les finitions sont exécutés a la main ( reliure etc.) . Chaque exemplaire est numéroté.
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Chad Moore, jeune américain de 23 ans originaire de Floride, est un ancien champion de BMX qui a délaissé la compétition et la photo de compétition pour une pratique de la photographie bien plus personnelle. Il débarque à New York en 2008 sur un coup de tête, vit tout d’abord dans un squat avant de devenir assistant de Ryan McGinley. En parallèle il continue à photographier sans relâche pour lui-même et nourrit son blog et son site. Journal intime aux couleurs flamboyantes, la photographie de
Chad Moore ne peut laisser indifférent. Amis, soirées, flirts, sexe, nature, tout l’inspire. Mais cet oeil a pour lui une qualité rare: la tendresse. Au delà du talent éblouissant, libéré, qui vrille chaque image, au delà de la capacité à capter une luminosité rare aux couleurs vibrantes, c’est une infinie douceur qui se dégage de cette oeuvre en mouvement et en progrès constants. Chad Moore ne recherche pas la sensation forte, il documente avec amour et chaleur chaque minute d’une vie pleine, lancée à toute vitesse.
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J’ai grandi à Tampa (Floride), avec un petit passage par Calédonia dans le Mississipi. Je vis actuellement à New York. J’y ai déménagé il y a environ deux ans. J’ai déménagé à New York parce que je me sentais bloqué… En fait je n’étais pas bloqué du tout. Mais je voulais avancer plus loin que tout ce que les gens autour de moi faisaient. Cela faisait longtemps que je prenais des photos et je pense que je voulais voir si ça pouvait marcher pour moi, et New York est le seul endroit pour ça. J’étais fatigué d’aller dans le mur à l’école, je voulais m’en aller. Je voulais rencontrer des gens créatifs, qui me ressembleraient.
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Pourrais-tu me citer 5 chansons qui me parleraient de ton travail? Hmm, elle est dure cette question. J’ai l’impression que la majorité des mes chansons préférées ne s’appliquent pas vraiment à mon travail. Mes photos parlent de liberté et d’amusement, mais j’écoute beaucoup de chansons tristes, mêmes si elles sonnent de façon entraînantes! Il y a tant de musique qui parle de tristesse que ce serait dur de comparer mon travail à des chansons. Je vais te donner mes cinq chansons préférées quand même! Alkaline Trio “Goodbye Forever” Voxtrot “The Start of Something” Belle and Sebastian “The Loneliness Of a Middle Distance Runner” Lucero “Across the River” The Smiths “Cemetary Gates” Quel est ton état d’esprit actuel? Excité. Il a neigé cette nuit pour la première fois de l’année. Ca n’a pas vraiment tenu mais c’était joli. Je ne supporte pas le froid mais c’est agréable pour le moment.
Quelles sont les figures clés de ta mythologies personnelle, et de quelle façon penses-tu qu’elles influent sur ton travail? Une personne à laquelle je reviens sans cesse est Richard Avedon. Il a été l’un des premiers à faire le lien entre la photo de mode et exposer dans les galeries. Toute sa façon de travailler est incroyable. Il y a un documentaire excellent à son sujet “Darkness And Light” et c’est fou et inspirant de le voir travailler. Même si mes photos sont complètement différentes des siennes, il est ma plus grande influence en art et en photo. Son travail est intemporel.
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Comment passe-t-on de coureur BMX pro à photographe? Qu’est-ce qui t’a intéressé au départ dans la photo et quand as-tu décidé de t’y consacrer? De plein de façons, le BMX et la photo vont de pair. Dans chaque équipe de coureurs, il y a toujours eu quelques personnes pour prendre des photos. Pour moi ç’a été mes amis Ryan Bailey et Scott Marceau. J’ai toujours aimé l’idée de prendre des photos de cyclistes, mais tout le processus technique des différentes lumières, des mètres, ça ne me disait rien. J’ai acheté un appareil photo dans l’idée de prendre des photos de vélo, et puis en fait j’ai divergé vers des photos plus fortuites de mes amis cyclistes. Je crois que je me suis mis à la photo plus sérieusement juste après le lycée quand un ami qui me devait de l’argent m’a donné un Yashica T4. Ca a changé les choses parce que je pouvais avoir un appareil photo partout où j’allais, alors qu’avant c’était tellement pénible de devoir transporter un SLR partout. Après avoir photographié beaucoup de mes amis pendant deux ans, j’ai réalisé que les photos n’étaient pas juste des clichés mais de l’art, et que faire des photos pouvait peut-être devenir mon métier pour le reste de ma vie. Qu’essayes-tu de capturer? L’émotion, j’ai l’impression que c’est une réponse évidente. L’émotion est la chose la plus importante quand je prends des photos. Mes photos ne sont pas mises en scène ou organisées, donc l’émotion est un facteur clé. Un autre aspect important c’est la jeunesse. J’adore photographier la délicatesse… Il y a quelque chose de si délicat pour moi dans la jeunesse. C’est tellement fugace que ça doit être pour ça que c’est si fascinant de la capturer en photo.
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Qu’est-ce que le mot “jeunesse” veut dire pour toi? Ce n’est pas facile à définir. Je ne veux pas avoir l’air niais mais pour moi ce n’est pas un âge, plutôt un état d’esprit. J’ai l’impression d’avoir 16 ans tout le temps. Je pense que jeune veut dire insouciant, ça veut dire avoir toujours la faculté de s’enthousiasmer. Ca veut dire expérimenter tout ce qu’on peut. La plupart des gens vieillissent si vite. Tant de gens avec qui j’ai été au lycée, ont eu leur diplôme, ont été à la fac et ont eu leurs examens, et maintenant ont un boulot horrible, sûrement pour le reste de leur vie, juste parce qu’ils pensent que c’est plus sûr. Vivre à New York et voyager partout n’est pas toujours facile, mais honnêtement, pourquoi pas? Est-ce que tu as un appareil/film préféré? Je n’ai pas d’appareil préféré. J’ai toujours utilisé un tas d’appareils différents; des Yashica et des Contax, des Leica et des SLR de Canon. Toujours avec des films très sensibles parce que je photographie en lumière naturelle et mon sujet est souvent quelqu’un qui bouge rapidement. C’est peut-être un cliché mais je suis d’accord avec cette citation “ce n’est pas l’appareil qui prend la photo”. Il y a tant de grands photographes qui utilisent des appareils pourris. L’important c’est la vision. Il y a quelque chose dans ton travail que je pourrais nommer “la tendresse pour le sujet”; quelque chose de complètement opposé au cynisme, qu’est-ce que tu en penses? Ca me plaît que tu penses à mon travail de cette façon. Je suis complètement d’accord avec cette phrase. La relation que j’ai avec les sujets de mes photos est profondément personnelle, et je pense que c’est important pour faire quelque
chose d’honnête. Les sujets n’interagissent pas avec l’appareil photo, ils ne posent pas, ils interagissent avec moi et leur environnement. Comment envisages-tu ton blog, est-ce que tu penses qu’il aide à faire avancer ton travail? J’ai une relation d’amour/haine avec lui. D’un côté je prend constamment des photos et j’ai toujours envie de les partager avec les gens. Internet a rendu les gens en demande permanente de nouveauté, et je suis aussi comme ça, j’adore voir de nouvelles choses tout le temps. Et en même temps, je pense souvent à l’arrêter et à sortir une série de photos, par exemple pour une exposition ou comme faire un nouveau livre tous les six mois ou chaque année, mais il y tant de choses que j’ai envie que les gens voient. Peux-tu choisir une photo qui compte pour toi et me dire pourquoi? Cette photo s’intitule “Jonas (glissade du toit)”. Je l’ai prise en juillet 2009 à Glenwood Springs dans le Colorado. J’étais en voyage pour un travail avec Ryan Mcginley, avec quelques uns de mes meilleurs amis, et le voyage se terminait à Glenwood Springs, donc une partie de l’équipe est allée à ce bar pourri et s’est bourré la gueule. C’était plutôt drôle parce que Glenwood Springs est une toute petite ville et il y avait tous ces beaufs au bar qui nous traitaient de pédés, je suppose qu’ils n’avaient jamais vu de gens comme nous! Bref, le bar allait fermer, nous sommes tous sortis et il pleuvait à verse. Nous avons essayé d’attendre un peu mais il pleuvait toujours, alors certains d’entre nous sont rentrés à l’hôtel, mais mes amis Nicky, Jonas et moi nous sommes partis dans la direction opposée, dans une allée derrière le bar. Je crois que Jonas a été le premier à grimper sur le toit du bar grâce à un camion poubelle. Tu te rappelles, je t’ai dit
qu’il pleuvait à torrent. Le toit du bar était en pente, une vraie mare et alors nous avons décidé de nous mettre tout nu et de faire du toboggan avec. C’était dingue parce qu’il y avait quelques barres au bout du toit et si tu ne t’y accrochais pas tu tombais en bas. Ca faisait une demi-heure qu’on glissait et la pluie a commencé à ralentir. On allait remettre nos vêtements quand je vois un phare se braquer sur nous. Quelqu’un avait appelé la police. Deux flics sont monté sur le toit et n’ont pas su quoi penser. Ils nous ont séparé Jonas et moi de Nicky, et l’ont fait descendre pour parler avec une femme policier. Apparemment ils pensaient qu’on la violait ou quelque chose de taré. Quand ils ont compris qu’on étaient juste en train de s’amuser ils ont parlé au patron du bar qui a décidé de ne pas porter plainte car nous avions dépensé beaucoup d’argent ce soir-là à son bar, et nous avons pu partir. Il y a bien eu dix minutes de panique quand nous avons pensé que nous allions aller en prison dans cette petite ville du Colorado. Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment? J’écoute toujours tellement de trucs, mais mon ami Ryan m’a fait découvrir ce groupe de San Francisco, Girls, et je les ai beaucoup écouté, ainsi que l’indispensable Taylor Swift. Quels sont tes projets? J’ai plein de choses en cours, mais un projet sur lequel je travaille dur c’est un nouveau livre avec, je l’espère, une exposition de mes photos sur la vie à downtown New York. J’espère que ce sera pour ce printemps. Interview Geraldine Ancri.
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Merci Ă Chad Moore pour ces photos et aux dimanches. www.chad-moore.com
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Mis en page et édité par Xavier Lecuyer. Relié manuellement et tiré à 20 exemplaires.
CONTACT :
Xavier Lecuyer xlecuyer@gmail.com +33 6 25 26 11 46
www.sundayfanzine.tumblr.com