4 minute read

Décryptage: cette France qui moissonne du vent

Next Article
Shopping

Shopping

Une éolienne produit en moyenne l’équivalent de la consommation électrique de 800 ménages.

ÉNERGIE ÉOLIENNE Cette France qui moissonne le vent

Composante du plan de transition énergétique pour la France, l’énergie éolienne suscite des objectifs de progression encore ambitieux. Voici quelques points stratégiques de cette filière renouvelable indissociable du foncier agricole.

1Puissance

En 2020, l’énergie éolienne représentait 8,9% de la production électrique française, selon le Panorama de l’électricité renouvelable publié par RTE1. Au 31décembre, la France comptait 8500 éoliennes réparties sur 1500 parcs, pour une puissance totale de 17,6 GW. Notre pays s’est fixé l’objectif de doubler sa capacité éolienne d’ici 2028. Les développements futurs devraient être assurés pour deux tiers par l’éolien terrestre et pour un tiers par l’éolien off-shore. Les prix de rachat de l’électricité se négocient autour de 60€/MWh (éolien terrestre) pour les parcs futurs.

2Dimensions

Les éoliennes installées actuellement affichent une puissance de 2 à 4MW et une hauteur bout de pale de 150 à 200m. Chacune produit en moyenne la consommation électrique de 800 ménages, selon le ministère de la Transition écologique. L’emprise du socle de béton au sol atteint 20 à 30m de diamètre, sur une profondeur de 2,5m à 3m.

3Développeurs

La mise en place d’un projet éolien exige plusieurs étapes. Les développeurs (une cinquantaine

en France, dont de grands groupes énergéticiens) se chargent en amont de trouver les financements, de sécuriser les baux, de conduire les études, de présenter le dossier aux installations classées et de faire valider les projets avec les communes et les riverains. L’étape du développement dure au minimum cinq à huit ans.

4Attaques

«Les projets sont presque systématiquement attaqués en justice. Mais dans 90% des cas, les requêtes sont infructueuses», selon un chef de projet éolien. En effet, mis à part l’impact visuel, l’éolien a peu de conséquences sur les écosystèmes. L’association nationale Animaux sous tensions alerte, quant à elle, sur le risque pour les élevages de circulation de courants vagabonds et de tensions parasites. Elle milite pour des études géologiques plus poussées.

5Exploitants

Une fois le projet construit (5 principaux fournisseurs d’éolienne actifs en France), le parc est confié en gestion à un prestataire exploitant (17 en France, dont Engie, EDF, Boralex, RES, Valemo, Total, etc.) pour une durée de vie des éoliennes de vingt à trente ans. Celles en fin de vie sont recyclées et le plus souvent renouvelées au même endroit.

6Finance

Il faut compter au total environ 3M€ par éolienne. Le coût total d’un parc atteint régulièrement les 15M€. «Les banques financent jusqu’à 80% d’un projet, sur une durée de vingt ans voire un peu plus», explique Jérôme Jacquemin, du cabinet d’expertise Everoze. Reste malgré tout aux investisseurs à trouver 3M€ de fonds propres pour un tel parc.

7Agriculteurs

L’éolien terrestre s’appuie beaucoup sur le foncier agricole. «Les propriétaires et exploitants en fermage se partagent des loyers bruts de 3000à 4000 € par an et par MW», indique l’expert. Pourtant, l’essentiel de la valeur échappe aux agriculteurs et aux territoires ruraux. Néanmoins,

DR

CE QU’ILS EN PENSENT

Pascal Chaussec, agriculteur sur 112ha à Edern (Finistère)

«Partager la valeur entre des acteurs du territoire rural»

« Avec 14 membres fondateurs majoritairement agriculteurs et riverains, nous avons pour projet d’installer un parc de six éoliennes sur une ligne de crête à 200 m d’altitude, dans le Finistère. Le projet est très capitalistique et son coût s’élève à 9 M€. Nous y associons des acteurs du territoire rural et nous ouvrirons à terme 20 % du capital aux citoyens et habitants. Nous avons choisi le moyen éolien, car ces installations ne répondent pas aux contraintes des installations classées. La puissance unitaire des éoliennes sera d’environ 0,8 à 1,5 MW, pour une hauteur de 78 m bout de pale. Nous voulons démontrer par l’exemple que l’éolien mérite d’être mis au service des territoires ruraux bien plus qu’il ne l’est actuellement. »

DR Philippe Pancher, agriculteur sur 140ha et éleveur de poulets de Loué à Conlie (Sarthe)

«Construire des projets en concertation avec la population»

« Je suis installé depuis 1998 en grandes cultures avec un élevage de poulets de Loué dans la Sarthe. Avec la coopérative d’élevage, nous avions le projet depuis les années 2000 de produire autant d’énergie que la filière en consomme. Nous y sommes parvenus en majeure partie grâce aux éoliennes. En 2013, nous avons implanté en cogérance avec Total-Quadran un premier parc, puis un second en 2019. Je suis directement concerné par le second projet avec deux éoliennes implantées sur des terres que je loue. J’en retire un loyer et profite du chemin d’exploitation. Les deux projets ont été menés en concertation avec les riverains et comprennent un volet de financement participatif. Jamais nous n’aurions imposé ce projet contre l’avis de la population ».

«L’éolien terrestre s’appuie beaucoup sur le foncier agricole. Les propriétaires et exploitants se partagent des loyers qui peuvent atteindre 3000à 4000 € par an et par MW.»

JÉRÔME JACQUEMIN, du cabinet d’expertise Everoze

des projets de financements participatifs voient parfois le jour.

8Place

L’accroissement de l’éolien en France est freiné par le manque d’emplacements. La puissance militaire aérienne du pays, par exemple, restreint les zones éligibles. La hauteur – et donc la puissance – installée est parfois encadrée. Cependant, les lignes réglementaires peuvent toujours bouger. Les développeurs militent également pour moduler les prix de rachat de l’électricité en fonction des conditions de vent dans les régions. Le seuil de rentabilité serait atteint dans de nouvelles zones, favorisant ainsi la répartition des installations sur l’ensemble du territoire.

9Avenir

L’éolienne est une source d’énergie renouvelable présentant un coût de production très compétitif. La difficulté principale de gestion est liée à la variabilité du vent. Des réflexions sont engagées pour adapter la demande à l’offre et stocker l’énergie à grande échelle. ■

This article is from: