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Les 6 conseils de Vincent Tomis pour préserver la qualité du sol
from Terre-net Le Magazine n°97
by NGPA
Tasser le sol a pour principale conséquence d’en diminuer la qualité, et donc le potentiel agronomique. Avec l’augmentation constante du poids des machines, sans adaptations mécaniques, le tassement augmente. Cependant, ce n’est pas une fatalité, dans la plupart des cas, les effets ne sont pas irréversibles. Vincent Tomis, spécialiste en agronomie et en structure de sol chez Agro-Transfert, donne des solutions pour prévenir et même effacer les dégâts, de quoi préserver la qualité de vos terres.
1Éviter d’intervenir en situation humide
Même si les fenêtres d’intervention (en conditions optimales) sont de plus en plus courtes, ne pas travailler en conditions humides est conseillé. Sous peine de compacter le sol. Bien connaître ses parcelles est en outre nécessaire afin de déterminer comment le terrain va réagir et quelle est sa portance.
2Maximiser la surface de contact pneu/sol
Pour limiter l’impact du matériel agricole, il ne faut pas hésiter à augmenter la surface de contact entre le pneu et le sol. Le poids de l’engin est ainsi réparti sur une plus grande surface, conséquence directe: moins de tassement en profondeur. Afin d’y parvenir, chausser les engins de pneus dits «basse pression» s’avère nécessaire. Ils sont capables de travailler en étant gonflés à seulement 0,8bar. Pour les plus high-tech qui bénéficient du télégonflage, adapter la pression de gonflage en arrivant au champ suffit. En sortant, le tracteur regonfle à la valeur optimale pour circuler sur la route.
3Décomposer les chantiers
En surface, la compaction est liée au nombre de passages. Plus ils sont nombreux, plus le sol se retrouve tassé. Décomposer les chantiers se révèle donc préférable, dès que cela est possible. Mieux vaut passer plusieurs fois avec de faibles charges plutôt que d’atteler un maximum d’outils pour économiser des passages. En découle un tassement en profondeur moins important.
4Respecter la charge à l’essieu
La charge à l’essieu agit directement sur le tassement en profondeur. Par exemple, une arracheuse automotrice dont le poids à l’essieu est de 24t va compacter davantage qu’un ensemble tracteur+benne. Alors attention de ne pas excéder le seuil critique fixé à 17t/essieu! Au-delà, en sol limoneux ou humide, le tassement dépassera 30cm.
5Recourir au CTF (controlled traffic farming)
La technique du CTF est un peu compliquée à mettre en œuvre à l’échelle d’une exploitation agricole, notamment au regard de l’investissement. Mais le principe est simple: concentrer le tassement sur une zone de la parcelle pour en réduire le pourcentage. Autrement dit, seuls les passages de roues sont tassés, car les machines circulent toujours au même endroit. Ces surfaces sont sacrifiées au profit du reste du terrain pour optimiser le potentiel de rendement.
6Travailler le sol quand les conditions sont réunies
Le travail du sol, combiné à l’action du climat et à l’activité biologique, est un levier intéressant pour rectifier les problèmes de compaction. En système labouré, le volume de sol fragmenté est important et efface rapidement le tassement superficiel (dix-huit mois environ). Le décompactage fonctionne plutôt bien, même s’il dépend davantage de l’humidité du sol au moment de l’intervention. Seule certitude, travailler un sol humide ne bénéficie pas à sa structure. Mieux vaut avoir en tête que régénérer le tassement profond prend du temps et peut s’avérer complexe. La régénération biologique par les vers de terre est efficace. Mais le parc matériels doit être adapté afin de diminuer le tassement sur le long terme. Sans oublier de moins remplir la trémie des machines de récolte et des bennes, en particulier à l’automne. ■