La Fleur de Juin À la recherche d’une qualité supérieure, d’une expérience total, de la beauté extrême. Ce qui rentre par tout les sens n’est pas ce par quoi les yeux se doivent se fier en premier. Méfiants, ils sont vigiles de dramatismes et tragedismes injustifiés pour excuser notre état d’alerte. Hyper-vigilance, l’état d’une société qui coince les individus dans des choix tribalement algorythmés. Sans échappatoire autre mais ce qui est prédit dans ses obligations de contrat social et de loyauté. Malgré moi, je me jette sur celles qui sont les plus opulentes et abondantes de pétales ; aux géométries inexplicables et couleurs indescriptibles. Et je tombe de mes attentes à voir que la réalité est mensongère. Dissociation, entre ce que je voit et ce que je sens. Une réalité en trompe-l’œil, à laquelle je fais naïf confiance, et pour quoi donc ? Elles sont toutes les mêmes et pourtant des fois elles se dissolvent en idées qu’on ne sait plus distiller de l’essence recherché. Les attributs ont été génétiquement modifiés pour devenir domestiques hybrides à nos guises esthétiques. Belles et sans qualités autres que celle du plaisir des yeux indélébiles au temps ; tendres elles restent fermes à tout jamais jusqu’à qu’un jour l’avilissement leur dépose avenant. D’un jour à l’autre, elles sont oubliées sous la décomposition des saisons jusqu’à nouveau jour être remplacées par autres aussi invraisemblables qu’elles. Parmi tout les ressemblances et différences, y en as qui valent la peine d’être recueilli sous mon aile. Sweet Sarah, Marie Curie, Solitaire, Tarde Gris, Betty Harkness, Argovia, Margaret Merill, Vesalius ; et toutes ces autres que j’ai laissé faute d’espace dans mon intérieur pour les prendre en soin et toutes ces autres qui ont pourris sous ma main anxieuse de jardinage sans savoir. Je ne pouvais pas toutes les avoir, il me faudrait de la terre, de l’espace, de l’horizon, du temps et un avenir solide où pouvoir les reloger. Égoïstement, je les ai bouturé pour leur essence, leur couleurs et leur particularités olfactives. Pour en faire des bouquets extraordinaires à celles que je vais aimer et j’aime avec mon cœur profondément. Hélas, ma maladroitesse m’a valut quelques spécimens pour le vouloir bien faire, le vouloir tout faire, les vouloir fort en noyas une dizaine. Je m’en suis voulut de ne pas avoir su avant comment faire pour les aimer mieux, leur donner du temps de se faire pousse et écouter attentivement leur besoin. L’art recherché de la qualité se labre avec le temps et les échecs, le faire et le refaire, l’attention méticuleuse porté à la culture de la vie. J’ai décidé de leur donner mon sang et mon urine comme eau pour quels deviennent gnardes de mon entièreté, je les nourris à l’excès de mes minérales.
Le meilleur de moi leur appartient et le meilleur d’elles appartiendras à celles à qui des bouts cœur j’ai donné. C’est ainsi que l’héritage romantique se transmet, de goutte en bout, de bout en pousse, de pousse en tige, de tige en feuille, de feuille en bourgeon, de bourgeon en pétale, de pétale en fleur, de fleur en bouquet, de bouquet en geste, de geste en émotion, d’émotion en engagement, d’engagement en présence, de présence en histoire, d’histoire en souvenir, de souvenir à jamais. On pourrait se faire séduire par leur beauté ou par le geste romantique, somptueux et abondant, attentionné et considérant, plein de théâtralité. Hélas, le manque d’essence et d’un geste sans intention deviennent preuve de mortalité. La qualité de la chair n’équivaux pas la vie entière et l’amour peut s’en passer de matérialité. Arracher la fleur pour en faire symbole de misérabilité. Mais encore, qu’en est-il de la simplicité ? Regodées de leur renommé, moussées par leur célébrité, des intentions qui cachent des blessures, des gestes poussées par des peurs, seules sans savoir quoi faire de toute cette peine qui n’arrive à se transformer et métastase en actes manqués. Comment avons nous accès à soi ? Qu’en est-il de l’amour désintéressée ? Qu’en est-il des pensées ? Qu’en est-il de l’immatérialité de notre présence ? Pourquoi pas se suffire à nos mots? Devoir à faire des odes à nos yeux mais qu’en est-il du sentir? Qu’en est-il de l’invisible ? Qu’en est-il de tout ce qui existait déjà et à quoi on ne doit ôter de vie ? Qu’est devenu l’amour ? Que-sommes nous ? Dépendre d’une fleur pour donner raison à une existence lasse. Rester en vie pour la voir fleurir. Provoquer les mots pour leur histoires et nous voyager à l’opposer de l’oublie. S’engager dans des relations pour voir ce qu’elles sont prêtes à nous faire sentir. S’embarquer dans l’amour, puisqu’il n’y a que ça de méconnu. Je ramasse mes larmes, ma sueur, mon urine et mon sang comme oblation aux conséquences du mythe. Je vous donne, une partie de mon être, de mon temps, de ma sagesse pour éprouver l’éternité. Je fabrique les artefacts de mes gestes pour rester en vie. Je me labre en temps de pétales, je traverse les saisons comme je peux pour me rendre à vous encore un printemps. Je découle de ma dévotion pour vous donner l’essence de ce à quoi j’aspire. Devenir amour à jamais, mémoire indélébile. L’expérience de la vie.