YEGG OCTOBRE 2014

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N°29 OCTOBRE 2014

YEGGMAG.FR

LE FÉMININ RENNAIS

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IT GRATU N O U V E L L E G É N É R AT I O N

SPORT FÉMININ

CARTON ROUGE POUR L’ÉGALITÉ PAGE 12


© CÉLIAN RAMIS


Celle qui

L

Est une Sélecta rock !

a légende raconte qu’elle serait la fille du sosie d’Elvis à Fourqueux (78). Et que c’est en mettant de la musique dans sa baraque à frites qu’elle se serait faite repérer. La vérité d’Edith Presley est toute autre : « Ça vient des soirées chez mes potes. Je voulais toujours choisir ce qu’on écoutait. Un jour, on m’a demandé de venir faire ma maligne au Bar’Hic. Je ne faisais pas la fière… Mais c’était génial ! » Quelques mois plus tard, la djette figure dans la programmation des Bars en Trans et est alors repérée par Jean-Louis Brossard qui fait d’elle une résidente à l’Ubu et lui propose un Dj set aux Transmusicales 2013. Son personnage évolue, elle devient la petite sœur des Ramones, djette talons aiguilles et veste en cuir. On pourrait croire que ce sont les nanas de The Hole, L7 ou du Tigre qui l’ont inspirées, c’est au contraire des « Madames » de la soul comme Nina Simone ou Aretha Franklin qui l’ont amenées à la musique. Elle mentionne tout de même des grandes du rock comme la chanteuse, Nico, de Velvet Underground, Lydia Lunch – qui a enregistré avec Sonic Youth – ou encore Blondie (Debbie Harry). « J’adore les pin-up, les années 50, les rondeurs et les femmes qui s’émancipent ! », explique-t-elle. Ce qu’elle préfère, c’est jouer là où elle veut et quand elle le veut. « Je

garde le plaisir, la créativité et l’originalité, et je profite des moments intenses. ». Ainsi, elle a pu faire la 1ère partie d’Aggrolites à Paris et des BB Brunes à Rennes. Pour elle, pas besoin « des remix et du boum boum » pour faire danser et vibrer le public, les originaux suffisent. Qualifiée sélecta, elle passe les morceaux rock en l’état. Et pour cela, elle essuie les reproches et critiques de certains djs. Être femme dans ce milieu n’est pas tâche aisée. Un moral d’acier, un entourage solide, Edith Presley ne se démonte pas et continue à cultiver sa particularité et son amour de la musique. « On découvre l’histoire de la chanson, de la musique et on va sans arrêt plus loin », explique-t-elle, prise dans le sillage de sa passion. Le 4 octobre dernier, elle a relevé un nouveau défi au festival Le Grand Soufflet, à Rennes lors de l’Electro Swing Party, dans laquelle elle troquait sur le papier son perfecto contre une robe charleston, accompagnée de la performeuse burlesque Candy Scream et de la reine du hula hoop Anossens. Et elle fera un Dj set le 11 octobre à Saint-Coulomb avec le Balluche de la Saugrenue. Des propositions originales auxquelles la rockeuse adhère avec fierté.

Portrait complet sur yeggmag.fr I MARINE COMBE

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ÉDITO l POTEAU ENTRANT EN OCTOBRE PAR MARINE COMBE, RÉDACTRICE EN CHEF

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uelle jolie surprise cet été de découvrir l’élan et l’entrain collectif qu’a suscité la Coupe du monde de rugby féminin. Et quelle joie de voir ce XV de France monter sur la 3e marche du podium, encore une fois. Pourtant, le sentiment de frustration et le doute nous assaillent. Quand reverra-t-on des sportives sur les chaines nationales ? Quand leur offrira-t-on la visibilité qu’elles méritent ? Brandi par ci, brandi par là, l’argument des finances semble conclure toutes les conversations à ce sujet. Le sport féminin serait moins vendeur. Entrainé dans un cercle vicieux – peu vendeur car peu médiatisé, peu médiatisé car peu vendeur – il a la vie dure et éprouve depuis longtemps – on n’ose dire depuis toujours - des difficultés à s’imposer. Et Najat Vallaud-Belkacem, à l’époque où elle fut brièvement ministre des Sports, au milieu d’autres ministères, a eu beau impulser sur les réseaux sociaux une nouvelle dynamique autour des diverses pratiques sportives portées par les femmes, les préjugés sexistes subsistent. Le bras de fer de l’égalité dans le sport est engagé mais semble relégué au second plan, pour ne pas dire en deuxième division, puisque le niveau de ce dernier est encore bien haut pour décrire la réalité. Heureusement, sur le terrain rennais, ce sont des femmes fortes, fières et investies que l’on rencontre. Elles évoluent à haut niveau pour la plupart et partagent l’instant d’un Focus leur passion et leurs déceptions.

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humeurs

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ì FEMMES AU PROGRAMME

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PRIVÉES DE CONTRACEPTION

e scandale « Diane 35 » a-t-il éveillé la conscience de certaines femmes ? Une étude de l’Ined et l’Inserm montre que, depuis 2010, les Françaises rejettent la pilule contraceptive. Elle recule de 9 points chez les 15-49 ans (de 50 % à 41%). De révolution émancipatrice, elle devient source de gênes et de dangers. Car se bourrer d’hormones de synthèse, qui ébranlent le corps et ses rythmes naturels, est loin d’être anodin. Ainsi, les femmes sont de plus en plus nombreuses à opter pour le stérilet en cuivre. Malheureusement, de nombreux gynécologues sont encore trop frileux et refusent la pose de ce contraceptif si la femme n’a pas eu d’enfant. Agaçant ! Plus grave encore, le recul de la pilule est aussi liée à la crise économique : les plus démunies ne pouvant plus avancer le prix de la consultation. Elles adoptent alors les méthodes naturelles (retrait, températures, Ogino et Billings…). Peu fiables, celles-ci haussent le risque de grossesse et donc les IVG, qui, en 2013, auraient crû de près de 5 % en un an. Inquiétant. On savait que les plus précaires ne soignaient plus leurs dents ni leurs yeux, voilà que les femmes se privent maintenant de contraception et de l’indispensable contrôle gynécologique, mettant leur santé en péril. Révoltant. I MORGANE SOULARUE

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N A T U R E L

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e sexisme est latent ; dans la culture comme dans de nombreux domaines. Si on perçoit une évolution positive, l’égalité des sexes n’est pas encore partout au rendez-vous. Mais certains lieux de culture osent parler de celui dont on ne doit pas prononcer le nom : le genre. La MJC Bréquigny fait heureusement partie de ceux-là. « Hommes et/ou femmes, qu’est-ce que c’est que ce genre ? » se compose de plusieurs événements distillés tout au long de l’année. Parce que ce n’est pas un sujet que l’on ressort uniquement lors de la journée internationale des Femmes ! Les propositions sont intrigantes et alléchantes. Véronique Durupt, artiste bien connue de la MJC, interrogera la question du genre en lien avec le territoire à travers des ateliers dont les contenus seront restitués lors d’une exposition finale. Elle mettra également en scène l’histoire d’une libération, celle de la femme qui s’affranchit de son oppresseur. D’autres artistes aborderont la question du genre avec un monologue en un acte pour un transformiste, un cabaret autour de l’encyclopédie de la femme ou encore « Théâtre forum » et « Être sans son destin », ces deux dernières manifestations impliquant le lycée de Bréquigny. Parce qu’on le dit et on le répète : l’éducation à l’égalité, c’est pas que pour les prunes ! I MARINE COMBE


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SOMMAIRE l OCTOBRE 2014

La tête dans le casque . page 2 Genre et nature . page 6 L’art de la nudité . page 8 La politique en bref . page 9 Les femmes entreprennent aussi . page 10 Va y avoir du sport . page 12 Elles disent Fuck à l’Europe . page 22 La culture en bref . page 24 Femmes d’opéra . page 25 Verdict . page 26 Dans le frigo de . page 27 YEGG & the city . page 28

LA RÉDACTION l NUMÉRO 29

YEGG l 7 RUE DE L’HÔTEL DIEU 35000 RENNES

MARINE COMBE l RÉDACTRICE EN CHEF, DIRECTRICE DE PUBLICATION l marine.combe@yeggmag.fr CÉLIAN RAMIS l PHOTOGRAPHE, CRITIQUE CINÉMA l celian.ramis@yeggmag.fr MORGANE SOULARUE l JOURNALISTE l morgane.soularue@yeggmag.fr CHLOÉ RÉBILLARD l JOURNALISTE l chloe.rebillard@yeggmag.fr MARIE LE LEVIER l JOURNALISTE l marie.lelevier@yeggmag.fr LAURA LAMASSOURRE l JOURNALISTE l laura.lamassourre@yeggmag.fr SOPHIE BAREL l MAQUETTISTE & ILLUSTRATIONS l sophie.barel@yeggmag.fr PHOTO DE UNE l CÉLIAN RAMIS

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MODÈLES VIVANTES : MUSES À MI-TEMPS.

© CÉLIAN RAMIS

Sur un piédestal ou sur une simple planche; dans un atelier ou une école d’arts; pour des élèves en arts ou pour des cours du soir, elles posent toujours dans le plus simple appareil. Muses d’un jour, elles sont les héroïnes cachées de l’art.

«

Pour un dessinateur, un nu, c’est comme faire ses gammes pour un musicien », explique Marianne, 25 ans, modèle vivante et musicienne. « Ils ne peuvent rien faire sans nous, nous sommes l’un des chainons essentiels de leur apprentissage.», enchaîne-t-elle. Passionnée par ce métier, elle a le statut d’auto-entrepreneur pour effectuer plus d’heures de pose. Elle se considère mitemps étudiante, mi-temps modèle. Lucie, 27 ans et photographe, partage cette passion : « C’est très valorisant, une fois on m’a applaudi à la fin d’une séance de pose. » Leur rapport au corps est sans complexe, mais les amalgames sont nombreux sur leur activité. « Je trouve ça triste les gens qui associent sexualité et nudité, reprend Lucie, triste pour eux. » L’ambiance est studieuse dans la salle de l’atelier Pool d’art lors d’un cours de modelage. L’élève se concentre afin de reproduire les courbes du corps. En face, la modèle se concentre pour tenir la pose. La profession de modèle n’est régie par aucun statut. La coordination des modèles d’art revendique depuis 2008 un statut afin d’être mieux protégés. Les contrats s’enchainent sans lien les uns avec les Octobre 2014 / yeggmag.fr / 08

autres : CDD, vacations, factures... « J’ai rendu mes fiches de salaires à Pôle emploi, ils sont perdus. », déclare Marianne. À Rennes, impossible de faire un temps plein : trop de concurrence et pas assez de structures recourant au nu. Les modèles sont des personnes précaires payées selon la bonne volonté de leurs employeurs. Elles s’imposent elles-mêmes des limites : « Je ne prend pas en-dessous de 14€/h, assène Marianne, mais je sais qu’aux Beaux-arts de Paris, ils payent 11€. » Et d’autres récriminations émergent : manque de considération de certaines structures qui n’offrent pas d’espace pour se changer, manque d’hygiène car le drap n’est pas systématiquement changé entre les séances. Sans compter qu’il n’est pas simple de rester dans la même position sans bouger. Le corps est soumis à des tensions et le risque de se blesser est réel. Si une modèle se blesse, aucune aide ne lui sera accordée. Une autre viendra la remplacer. Malgré ces difficultés, Marianne et Lucie comptent bien continuer de poser. Le plaisir éprouvé par ce métier primant sur ces défauts. « N’est-ce pas ce que tout le monde attend de son travail, y prendre I CHLOÉ RÉBILLARD plaisir ? », interroge Marianne.


société bref

bref chiffre

PROJET DE LOI AVORTÉ

Voilà une annonce qui ne peut que nous ravir : mardi 23 septembre, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy a confirmé le retrait du projet de loi sur l’avortement. Ce projet - qui en décembre avait créé, à raison, une grande polémique visait à la réduction du droit à l’avortement, le restreignant aux cas de viol ou de danger pour la santé physique ou psychique de la mère.

mois

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84%

des jeunes femmes entre 25 et 34 ans ont conscience de l’importance du « zéro alcool pendant la grossesse », selon l’Observatoire Ireb 2014.

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chiffre

bref

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SAUVONS NOS SEINS

À l’occasion de Tout Rennes Court et d’Octobre rose, le centre commercial Colombia organise, comme chaque année, une course exclusivement féminine pour les femmes nées en 2000 ou avant, le 12 octobre à 14h50 (départ donné rue Tronjolly à Rennes). Cette manifestation, course à pied de 3,300 km, intervient au profit de la prévention et du dépistage du cancer du sein. www.trc.rennes.fr bref

le tweet du mois la

Ma mère « j’ai du mal à d’écrire écrivaine, auteure, entraineure » Moi « Question d’habitude. On a – de mal avec caissière ou assistante ».

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Sophie G. @Sophie_Gourion / 15-09-2014 à 11H58

L’ACTU FÉMININE

EST À SUIVRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX !

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@Yeggmag sur

Yegg Mag Rennes sur

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société

ANNAÏCK MORVAN

3

DÉLÉGUÉE RÉGIONALE AUX DROITS DES FEMMES ET À L’ÉGALITÉ

Le 4 septembre, la région Bretagne, la Préfecture et la Caisse des dépôts signaient le second Plan d’Actions Régional pour l’entreprenariat des femmes. L’occasion pour Annaïck Morvan de faire le bilan du premier PAR, voté en 2010, et de nous éclairer sur les caractéristiques du second. Quel bilan peut-on faire du premier PAR pour l’entreprenariat féminin en Bretagne ? En Bretagne, dans le domaine de la création d’entreprise, que ce soit pour les hommes ou les femmes, beaucoup d’acteurs sont impliqués. Ce premier plan a mis l’accent sur les problématiques des femmes face à l’entreprenariat, notamment dans le domaine des prêts et a permis de décider d’une stratégie régionale de financements. Le PAR a ainsi pu financer des projets de création d’entreprise mais aussi l’accueil de ces femmes, pour entre autres, les former à la défense de leurs idées, à l’assurance. La Bretagne, sur cette question, est extrêmement dynamique et renouvelle ce plan alors que d’autres régions n’en ont pas encore mis en place. Avec des résultats d’environ 30% d’entreprenariat féminin aujourd’hui, nous voudrions arriver aux 40% en 2017.

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Quelles modifications, nouveautés, ont été apportées au nouveau plan ? Il est en fait dans la continuité du premier. Il est important d’assurer la pérennité des dispositifs déjà créés comme par exemple « Entreprendre au féminin », mais aussi de permettre la mise en place de nouvelles structures. Le but est de rendre visibles ces femmes mais aussi de réussir à toucher les plus jeunes, c’est pourquoi une grande partie de ce plan vise à maintenir et augmenter l’aspect collectif de l’entreprenariat, le partage d’expérience entre ces femmes mais également de renforcer leur suivi avec l’aide de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la région Bretagne. Il a été vérifié que plus un projet est accompagné, plus il va perdurer et dans le cas de ceux montés par le premier plan, on observe une certaine longévité.

© CÉLIAN RAMIS

Comment inciter de manière concrète les femmes à entreprendre ? Il faut impérativement sensibiliser et former les personnes qui sont amenées à accueillir ces femmes ainsi que leur suivi. Il ne faut pas laisser quelqu’un s’embarquer dans quelque chose qui n’a pas de chance de fonctionner. On peut avoir très envie de créer sans avoir la culture nécessaire à l’entreprenariat, c’est pourquoi il faut inciter ces femmes à se lancer mais pas n’importe comment. Je pense qu’il va falloir renforcer la communication autour de l’entreprenariat et montrer les projets qui fonctionnent à travers des portraits ou des rencontres par exemple. Les structures d’aide et d’accompagnement sont une très vaste nébuleuse et ça peut facilement donner le tournis à qui souhaite monter un projet. Il faut trouver un moyen d’harmoniser ces accompagnateurs. I LAURA LAMASSOURRE


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Les sportives pas sur la touche !

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ans le manuel de bonnes pratiques N°2 sur l’égalité homme-femme dans le sport, son auteure Clotilde Talleu choisit de citer, pour commencer son introduction, la résolution du Parlement européen « Femmes et sports », adoptée le 5 juin 2003 : « Le sport féminin est l’expression du droit à l’égalité et à la liberté de toutes les femmes de disposer de leur corps et de s’inscrire dans l’espace public, indépendamment de la nationalité, de l’âge, du handicap, de l’orientation sexuelle, de la religion ». Voilà qui est dit mais pas acquis. Si le sport féminin gagne du terrain dans les mentalités, à travers la diffusion restreinte des matchs – que ce soit à Roland Garros, aux Jeux Olympiques ou lors des Mondiaux de foot ou de rugby – et récemment de divers documentaires sur les sportives (ou de campagne publicitaire telle que la dernière d’Always qui a créé un véritable buzz sur la toile), les stéréotypes et idées reçues subsistent. L’égalité des sexes a donc la vie dure, le sport n’étant pas une exception à Rennes et en France comme ailleurs, et les femmes pâtissent d’un manque de reconnaissance et de visibilité dans les médias. Pourtant, elles véhiculent fièrement des valeurs identiques à celles des hommes, que ce soit en loisirs ou à haut niveau. Les valeurs de respect, d’entraide et d’esprit collectif. Reportages croisés dans le milieu féminin rennais du handball, du rugby, du tennis, du volley et du football.

I PAR MARINE COMBE ET CHLOÉ RÉBILLARD I PHOTOGRAPHIES DE CÉLIAN RAMIS I INFOGRAPHIES DE SOPHIE BAREL


focus

Le match SANS FIN ?

© CÉLIAN RAMIS

« Allez les roses », crie le speaker du club pression monte pour les spectateurs, invités à forSaint-Grégoire Rennes Métropole Handball. Ce tement soutenir leur équipe. Doucement mais asdimanche 21 septembre, l’équipe de Nationale 1 surément, les bretonnes avancent au rythme des rencontre Bergerac, à domicile, salle de la Ricotambours qui secouent les gradins et vibrent dans quais. À l’appel de leur nom, elles entrent sur le la salle. Les échanges se font de plus en plus terrain, se tapent dans les mains et saluent leur rapides et les tentatives pour percer la défense public. D’une capacité de 600 places assises, s’enchainent. Bergerac ouvre le score. Cartons la structure est quasiment remplie, les handbaljaunes, penaltys, temps morts, minutes de pénalileuses disputant leur premier match de la saison. té, score serré… le match est cadencé par un jeu « On a repris la préparation sur le terrain, cet été, stratégique et combattif. L’intensité du suspens dès le 4 août. Depuis on s’entraine 4 fois par seexplose les dix dernières minutes. Le public s’emmaine et dès maintenant on joue les matchs de balle, encourage les bretonnes, tape des pieds et Coupe de France tous les week-ends », explique des mains, maintient sa respiration jusqu’au coup Morgane Loirat, lors d’un entrainement quelques de sifflet final. Le SGRMH s’impose 24 à 22, et jours plus tôt. Les enceintes ouvre ainsi la saison sur une On apprend crachent les notes hérissées victoire méritée. « On est sule respect des autres et de « The final countdown », céper contentes ! Il y avait un le fair-play ! lèbre chanson d’Europe, et la bel état d’esprit au sein de

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focus l’équipe, beaucoup de rigueur et de dialogue. », commente Mélina Rolland, capitaine, après avoir félicité son homologue bergeracoise. Les sportives se congratulent, s’enlacent, s’allongent et s’étirent pour certaines. Pour d’autres, c’est l’heure des autographes. À l’entrée de la salle, des cartes postales de chaque joueuse sont à disposition des spectateurs. Ainsi, filles et garçons, d’un très jeune âge pour la plupart, descendent des tribunes pour approcher les handballeuses.

RESPECT & FAIR-PLAY

Cartes des joueuses, affiches placardées dans les abribus, calendriers, soirée de présentation de l’équipe le 10 septembre dernier, les filles de Nationale 1 sont volontairement érigées au premier plan puisqu’elles évoluent à niveau élevé, fruit d’une réelle volonté du club. En 2006, Rennes Métropole Handball fusionne avec l’US Acigné Handball pour renforcer équipes et compétences. Six ans plus tard, le RMH rejoint Saint-Grégoire et prend ses quartiers à la Ricoquais, un équipement sportif de qualité. « C’est la première fois que je me sens aussi « starisée ». Le club investit beaucoup pour nous mettre en avant », ressent Morgane Loirat, 24 ans et handballeuse depuis 17 ans. À ses côtés, Elise Delorme, 18 ans, joue depuis 6 ans. Ensemble, elles partagent leur passion pour ce sport qui enseigne « le respect des coéquipières, des adversaires, des arbitres, et le fair-play ». Collectivité et combattivité en sont les maitres mots. Des notions que l’on retrouve également sur le terrain de la salle Courtemanche à Rennes. C’est ici qu’est implanté le REC Volley, dont une équipe féminine évolue en Nationale 2. Le premier week-end de septembre est réservé au tournoi amical de rentrée, pour une reprise en douceur. Rennes face à Nantes. Ici, le public est en nombre restreint et les gradins, qui ont à peine un tiers de la capacité de la Ricoquais, sont désertés. Mais les sportives n’y prêtent pas attention. Les échanges se prolongent, les effluves de joie se font entendre à chaque point marqué, les accolades et les encouragements au sein de l’équipe sont systématiques, symboliques d’un esprit fort bâti à raison de 3 entrainements par semaine et d’un match par week-end. Floriane Prévert a goûté au volley à l’âge de 17 ans et n’en a pas démordu depuis. « Je suis arrivée au REC depuis 8 ans, à

l’époque nous étions en N3. Ce qui me plait, c’est l’esprit d’équipe et la stratégie de défense », précise-t-elle. La communication intense est exigée. « On discute pour savoir qui réceptionne, puis on se replace. Tout de suite les filles, tout de suite. Go go go go ! », scande l’entraineur de l’équipe nantaise, qui trépigne sur le banc en voyant Rennes creuser l’écart lors de la seconde période. À l’autre bout de la ville, le stade Alain Crubillé accueille l’entrainement des sportives du Stade Rennais Rugby. Un jeudi soir de septembre, 3 équipes se partagent le même terrain. Parmi elles, les joueuses du Top 8, plus haut niveau national du rugby féminin. « Sport co », « respect »

Sur le terrain, on se transforme…

et « fair-play » sortent de toutes les bouches des interviewées. Qu’il s’agisse de la capitaine, la doyenne du club ou de la fraichement arrivée, elles évoquent toute une aventure humaine. Un épanouissement qu’elles puisent dans l’ambiance conviviale offerte par les sports d’équipe. « Quand je suis arrivée à Rennes, j’ai commencé à faire du foot. Je ne m’y retrouvais pas. Avec le SRR, j’ai compris qu’il y avait de vraies relations humaines à construire et à découvrir. Je voulais absolument monter dans le bateau ! », s’émerveille Anne-Sophie Demoulin, arrivée en 2000, soit un an après la naissance du club, actuellement présidente du bureau. Mêmes propos, à quelques mots près, de la part d’Anne Berville, nouvelle capitaine. Pour cette ingénieure-animatrice de formations en élevage, le rugby permet d’exprimer son dynamisme. « Je suis assez calme dans ma vie. Quand je suis sur le terrain, on me dit que je transforme », rigole-t-elle.

MUTATION SUR LE TERRAIN Et ce n’est pas la seule à évoquer ce phénomène. Blanka Szeberenyi, nouvelle recrue du SGRMH en contrat pro, est une des meilleures buteuses de sa catégorie : « Le hand, c’est du combat, c’est physique, c’est la défense du territoire. Quand on est sur le terrain, on change complètement. ». Pour elle, la comparaison avec ses homologues masculins n’a pas lieu d’être et semble n’avoir aucun mal à passer outre les commentaires sexistes. Toutes évoquent la différence de Octobre 2014 / yeggmag.fr / 15


focus potentiel physique. Les hommes sont reconnus pour leur force de frappes. Sans faire abstraction des caractéristiques de chaque sport, le hand féminin serait « plus subtil » pour Elise Delorme, « plus dans la créativité » pour Morgane Loirat. Le volley, « plus dans l’échange », selon Floriane Prévert. Maryse Scarfo joue au tennis depuis 20 ans, « pour le plaisir de faire des beaux coups ». Elle a rejoint en tant que licenciée le pôle tennis du Cercle Paul Bert il y a 2 ans. De l’autre côté du filet, Amélie Murie, présidente de la section tennis féminin, lui renvoie la balle. L’objectif de l’exercice étant de forcer l’adversaire à attaquer. Si ce sport de raquette paraît moins piqué par les réflexions misogynes, les sportives ne sont néanmoins pas exemptes de certaines maladresses et lourdeurs. « Ce n’est pas propre au tennis, et tous les hommes ne sont pas comme ça, mais on entend souvent des compliments sur le physique des joueuses. Les commentateurs et médias parlent de la belle Sharapova par exemple. On ne dit pas des hommes qu’ils sont beaux, mais qu’ils sont forts… », souligne-t-elle. Pour leur entraineur, Nicolas Civadier, la qualité du jeu ne réside pas dans la force et il est important de ne créer aucune distinction sexuée : « Ce que l’on demande aux joueuses, on le demande aussi aux joueurs : assiduité, respect, écoute, rigueur et envie ! Et le dimanche quand il faut jouer – championnat départemental - on joue ! » L’état d’esprit semble identique sur la pelouse du stade Alain Crubillé. Les premières minutes de l’entrainement sont houleuses. « Je dis des choses précises. Tu as le droit de te tromper une fois mais pas deux fois », crie l’entraineur, très méticuleux sur les indications et consignes à suivre. « Super, tu l’as », lance-t-il l’instant suivant. Toutefois, les filles sont envoyées aux exercices physiques, le temps de se mettre en condition. Sans pression palpable, les joueuses du Top 8 s’exécutent dans les rires et la sueur. « Il y a une bonne ambiance dans l’équipe, c’est un peu une famille sportive. Le rugby apprend ça aussi : on n’est rien les unes sans les autres », explique la présidente du SRR. Et elles gardent le sourire quand on aborde les clichés vicieusement ancrés dans les mentalités sur les représentations viriles des femmes sportives. « Les monstrozaures… On entend dire qu’on est des bonhommes. Le sport modifie nos gabarits mais notre demande est de rester féminine. Et Octobre 2014 / yeggmag.fr / 16

dans la société, en dehors du terrain, on montre que l’on est femmes. L’essentiel, c’est d’être bien dans notre corps », s’esclaffe Anne Berville. Un discours en parfait accord avec celui des handballeuses, qui expliquent de moins en moins pâtir des stéréotypes autour de leur condition. « C’est surtout quand on est jeune qu’on a des commentaires. Il y a moins de jugement je trouve », conclut Morgane Loirat. À force d’entrainement, de séances de musculation et de critiques essuyées, elles apprennent à accepter que leur corps ne s’aligne pas tous sur la norme imposée par l’actuel dictat de la minceur. Venue d’Italie pour ses études, Marta Ferrari arrive à toute allure sur le terrain. Elle était avec le kiné du club pour une tension à l’épaule. « Vous avez toutes les épaules en avant, comme les mecs », lui dit-il, en la caricaturant, avant de préconiser des rotations latérales et des exercices de stretching. La mine empreinte de bonne humeur, la joueuse enfile son tee-shirt « Peroni, la birra del rugby ». « En Italie, le cliché de la fille qui ne peut pas faire de sport de combat est encore plus fort. Il faut être réaliste, on fait des mêlées, on plaque, on court sur la même superficie de terrain. On doit accepter de travailler nos corps et modifier nos gabarits pour les besoins du sport », confie-t-elle. À 23 ans, Marta Ferrari se moque des critiques adressées aux sportives : « On travaille pour nous, parce qu’on aime ça – et heureusement parce qu’on est


focus pas payées - pour la reconnaissance de l’effort ».

LES MANQUES PERSISTENT

Et au SRR, la valeur du travail et de l’effort est capitale. Dans cette équipe de haut niveau, seule la motivation compte. La rémunération n’étant pas au rendez-vous, tout comme la médiatisation, malgré la présence de plusieurs joueuses recrutées par le XV de France féminin, qui a disputé la Coupe du monde de rugby cet été. « Cet événement a fait du bien à notre discipline. Les gens s’y sont intéressés », se réjouit la capitaine. Et pourtant des zones d’ombre les tracassent comme la probable baisse de leurs subventions «à cause d’une réévaluation des critères d’attribution de subventions (pas encore effective, ndlr)», précise Anne-Sophie Demoulin... dont la mission va être prochainement de se plonger dans les dossiers. Ou encore l’absence de structure, de club house. « Nous sommes des SDF de terrains et de structures d’accueil », plaisante Anne Berville, sur fond de vérité puisque le stade du Vélodrôme connaît actuellement quelques travaux. Le SRR doit alors composer avec les disponibilités des terrains et des salles de muscu, à partager avec plusieurs associations et clubs de la ville de Rennes. Le REC Volley regrette aussi de son côté le manque de visibilité accordée à la pratique féminine. « Déjà que le volley masculin n’attire pas les foules… Alors les filles ! C’est très difficile de

trouver des partenaires pour elles dans des villes telles que Rennes. Le gros tissu économique est favorable aux hommes mais les femmes, ce n’est pas vendeur. Quel dommage ! », commente l’entraineur, Gildas Thanguy. Le club, conscient de la réalité du milieu, souhaite développer sa communication à destination des publics et des potentiels financeurs. « Nous essayons de faire des affiches, des calendriers », précise Floriane Prévert à la fin du tournoi. Idem pour le SRR qui pratique la parution des calendriers depuis plusieurs années maintenant ! « Nous nous rapprochons également du SGRMH qui ont une forte communication », dévoile la présidente du SRR. Côté handball, l’ambition a été affichée clairement avec la fusion des équipes et le recrutement de 3 nouvelles joueuses, réputées « gros calibres », comme Blanka Szeberenyi, citées précédemment. Flirter avec le haut du tableau ne devrait donc bientôt plus être un idéal mais une réalité afin de progresser en 2e division et accéder au haut-niveau dans un futur proche. Les volleyeuses, elles, ont l’ambition de figurer en N1 d’ici 3 ans. « Nos résultats doivent devenir plus attractifs et pour cela nous devons réaliser une saison plus régulière.», confie Gildas Thanguy. Concernant les rouges et noires du SRR, déjà à haut niveau, l’exigence est à la stabilisation des performances. « Ces dernières années ont été difficiles. L’objectif de l’an dernier était le maintien dans le Top 8. Pareil cette année, match par match », explique la capitaine de l’équipe qui va devoir redoubler d’effort, la saison ayant commencé sur des défaites. Heureusement, Anne-Sophie Demoulin se rattache à sa philosophie : « L’important, c’est les amitiés qu’on garde, les choses qu’on vit avec ces personnes là. Je préfère être championne de France avec des amies qu’avec des connasses ». Si l’ouverture des esprits progresse sur le terrain de l’égalité, des disparités subsistent. Une fois crampons et tenues rangés, les sportives ne semblent pas compter les points d’un match qui n’est pas prêt de prendre fin tant les stéréotypes sexistes sont imprégnés dans les mentalités.

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Rouge et noir

au féminin

Passionnées, elles le sont tout autant que les hommes, parfois plus. Drapées dans des écharpes rouges et noires, elles encouragent le Stade Rennais Football Club depuis les tribunes. Les supportrices du club des Socios ont chacune leur caractère, leur histoire, leur avis. Mais toutes ont la passion du football chevillée au corps et vibrent avec leur équipe favorite. YEGG les a suivi lors du match Rennes – Toulouse, le 23 septembre dernier. Femmes de supporters elles le sont parfois, mais leur dénominateur commun c’est d’être des supportrices avant tout. Les membres du club des Socios arrivent bien avant le match dans le bungalow qui leur est attribué sur le parking du stade. Un petit préfabriqué qui côtoie ceux des autres clubs de supporters. Face au stade qui se dresse tel une proue d’un immense paquebot dans la lumière descendante du début de soirée, il paraît minuscule. L’intérieur est chaleureux : un bar, quelques bancs et surtout des hommes et des femmes venus partager une passion. Le coup d’envoi est prévu à 21h. Dès 19h les supporters affluent par petits groupes. Parmi la majorité d’hommes, quelques femmes sont là. La volubile Marie-Hélène Delfosse fait partie du bureau de l’association depuis deux ans. Elle est derrière le bar à servir les arrivants. Coca ou jus d’orange, bière ou mousseux, les bouteilles s’ouvrent, les bulles pétillent et les yeux aussi. Toulouse est moins bien classée que Rennes qui joue à domicile. L’espoir d’une victoire gonfle les cœurs. L’ambiance est joyeuse, détendue. Certaines évoquent la défaite, 3 à 0 contre Marseille du week-end précédent à demi-voix : « On a pris une sacrée raclée quand même... » Le club des Socios fait partie des 3 principaux clubs de supporters du SRFC. Créé en 1992, Octobre 2014 / yeggmag.fr / 18

ses valeurs sont axées autour d’une ambiance conviviale et familiale. Il peine un peu à attirer des jeunes, mais dénombre un public nettement plus féminin que celui du Roahzon Celtic Kop, par exemple. Elles ont chacune leur histoire. Les plus âgées sont souvent arrivées au foot par leur conjoint ou leur fils. C’est le cas de Ginette Porée qui vient de Saint Lo, en Normandie. Elle explique : « Quand j’ai rencontré mon mari, à 18 ans, il était supporter du Stade Rennais. La première sortie que nous avons faite ensemble c’était pour aller voir un match au stade. » Betty Pitnain, elle, a récupéré l’abonnement de son fils lorsqu’il a eu des jumeaux et qu’il ne pouvait plus se déplacer. Les plus jeunes, ont souvent un parcours un peu différent. Audrey Desisles a entrainé sa mère dans les tribunes ce soir là. Elle explique: « Je voulais découvrir l’ambiance d’un stade. Ma tante avait une place et je me suis prise au jeu. Dans ma famille il y avait déjà des supporters, mon cousin, ma cousine, mon oncle et ma tante. Maintenant, c’est moi qui amène ma mère. » D’autres ont remporté des places à la radio et ont attrapé le virus du football.

DE PLUS EN PLUS DE FEMMES

Un constat émerge quant au nombre de femmes parmi les supporters : minoritaires mais de plus


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© CÉLIAN RAMIS

en plus nombreuses. Dans le bungalow elles sont présentes, boivent un verre et parlent de tout, foot ou pas. Plus tard, dans les tribunes, des femmes de tout âge et de toute condition sociale assistent au match. Elles râlent contre l’état du terrain et au fur et à mesure que le temps file, contre l’équipe de Rennes : « Mais ils ne jouent pas là ! », s’énerventelles. Elles ne connaissent pas encore tous les joueurs de la nouvelle équipe, onze changements ont eu lieu à la rentrée de la saison 2014. Elles s’insurgent tout de même : « C’est qui celui là ? Il ne peut pas faire ça ! » Score final : 3-0 pour Toulouse, Marie-Thérèse Lahaye nous glisse mi-triste, mi-amusée : « Faudra pas leur annoncer le score dans votre article... » Après le match, un détour par le bungalow s’impose pour tous les sympathisants du club, inscrits ou non. « Ils ne vont pas rester longtemps ce soir », analyse Marie-Hélène Delfosse. Les soirs de défaite, les gens repartent plus rapidement. Accoudée au bar avec son mari, Yaelle Pertuisel boit un café avant de reprendre la route. Avant le match elle était toute sourire; maintenant, elle tourne de grands yeux tristes vers nous : « Ah on est déçus quand même, mais on reviendra pour le prochain match à domicile. »

FOOTBALL FÉMININ

contrairement à l’Olympique Lyonnais ou au ParisSaint-Germain. Les femmes sont donc reléguées au rang de supportrices de l’équipe masculine à défaut de pouvoir exercer leurs talents sur le terrain. Une situation que déplore Sylvie Joly, supportrice depuis dix ans : « Ce serait bien que Rennes aille puiser dans les talents féminins. » Elle apprécie le foot féminin qu’elle trouve « plus fin, plus technique ». Toutes ne partagent pas ce constat. Marie-Hélène Delfosse s’en veut un peu de son discours : « Oh la la ça ne va pas vous plaire si je dis ça ! » Mais elle renchérit : « Je pense que les femmes devraient laisser le foot aux hommes. Au basket et au hand, d’accord, elles ont leur place, mais le foot, non, c’est plus viril. » Elle a déjà regardé des matchs de foot féminin et critique leur lourdeur sur le terrain. Betty Pitnain, retraitée, a été pendant 18 ans responsable du bar des Socios. Elle regarde beaucoup le foot féminin à la télévision et supporte l’équipe de France féminine notamment « parce qu’il y a deux bretonnes ». Toutes font néanmoins le même constat : l’absence de barrières entre les supporters masculins et féminins. Une bonne nouvelle pour un sport régulièrement entaché de scandales sexistes.

Le Stade Rennais n’a pas d’équipe féminine, Octobre 2014 / yeggmag.fr / 19


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Danielle Autin,

le tennis par passion

Arrivée dans le tennis sur le tard, après en avoir longtemps rêvé, Danielle Autin est vice-présidente de la ligue de tennis de Bretagne et présidente de la commission au tennis féminin. Elle livre bataille depuis quelques années afin d’attirer plus de filles et de femmes dans les clubs. Rencontre. Pourquoi avoir eu besoin de créer une commission au tennis féminin ? En tennis, on compte 1 femme pour 2 hommes et seulement 1 fille pour 4 garçons. Pourtant le tennis a énormément d’atouts pour séduire les femmes. Avant elles n’avaient pas beaucoup de place. Les règles du jeu étaient faites en fonction des pratiquants masculins. Aujourd’hui les choses sont en train de changer. La création d’une commission répond à une demande de représentation de la part des femmes. La ligue de Bretagne est assez réactive sur cette question. C’est d’ailleurs l’une des seules ligues avec une présidente et une vice-présidente. Quelles sont les actions de la commission ? Premièrement, il y a des actions fédérales qui sont déclinées sur un plan régional. Par exemple les « raquettes FFT » sont une compétition qui s’adresse à des femmes avec des petits niveaux. Elles jouent par équipe de 4. Deuxièmement, j’ai mis en place des actions spécifiques à la Bretagne afin d’amener des petites-filles ou des ados vers ce sport. « J’amène ma copine » est une action sur une journée. C’est un moment festif où des jeunes pratiquantes peuvent amener Octobre 2014 / yeggmag.fr / 20

© CÉLIAN RAMIS

une proche afin de leur faire découvrir le tennis. J’ai aussi travaillé avec des éducateurs afin d’aller vers des gens qui n’ont pas accès au sport. J’ai vu des femmes qui n’avaient jamais pratiqué prendre rapidement plaisir au tennis. J’essaye d’ouvrir à d’autres sports : on a fait des animations de tennis-zumba ou de tennis-fitness. Il ne faut pas attendre qu’elles viennent au club mais il faut organiser des actions pour les faire venir. Le tennis est-il paritaire ? L’équitation est loin devant tous les sports, mais le tennis est très féminin aussi. Pourtant les femmes ne cessent de devoir se bagarrer. À ce titre, les médias jouent un rôle : au moment de Roland Garros, il est rare de voir un match féminin retransmis. Mais ça bouge. Le fait qu’Amélie Mauresmo soit l’entraineur des meilleures joueuses françaises a montré qu’il n’y avait pas que les hommes qui pouvaient entrainer. Il faut aller voir les femmes et montrer ce que le tennis peut leur apporter en bien-être et en plaisir. Ce que j’aime dans ce sport c’est qu’il est transgénérationnel et que c’est une bonne école de la vie, où l’on apprend à se respecter.


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culture

FUCK YOU EU.RO.PA ! UN SPECTACLE MUSICO-THÉÂTRAL RARE Quand le Mur de Berlin est tombé, la dramaturge Nicoleta Esinencu était enfant. En Moldavie, son pays natal, coincé entre Roumanie et ex-URSS, elle rêve d’Europe et de liberté. Elle déchante vite et crie sa rage dans un texte fort et corrosif, Fuck You Eu.Ro.Pa ! mis en scène par le Théâtre Ostinato à La Paillette, les 2 et 3 octobre.

© CELIAN RAMIS

U

n après-midi de septembre. Le soleil darde sur les pans de verre et de bois de la Paillette. Il est 14h15 et dans la grande salle, Le Théâtre Ostinato répète. Romain Coquelin, musicien, accorde sa guitare électrique. Cahier posé sur le bord de la scène, Rozenn Tregoat, metteure en scène, relit ses notes consignées la veille. En coulisses, Christelle Kerdavid, comédienne, revêt son costume et chauffe sa voix. « Ce n’est pas le monologue qui m’éprouve, mais la musique de Romain est amplifiée, il faut que je parle fort », confie la jeune femme en avalant une cuillère de miel. Car la particularité de cette jeune troupe rennaise est d’intégrer la musique au jeu. « On la convoque sur scène et elle devient un personnage à part entière. Romain compose en même temps que nous créons, il accompagne le propos, l’accentue, intensifie Octobre 2014 / yeggmag.fr / 22

les moments clés… », décrit Rozenn. Ici, il a fallu trouver les connexions texte-musique, en faire un « monologue électrique pour une comédienne et un guitariste », puisque le texte de Nicoleta Esinencu ne le prévoit pas. Pourtant, véritable clameur protestataire, il se compose comme un morceau de rock. Il est le chant rageur d’une enfant née dans une république soviétique, qui rappelle à son père l’absurdité d’un monde où rien n’était permis si ce n’est l’amour de la patrie. Elle l’interpelle : « Papa, il faut que je te dise quelque chose », et cette phrase ponctue sans cesse le propos. Leitmotiv d’une complainte hurlée dans la précipitation et la confusion, teintée de provocation et d’humour noir. Parce que l’héroïne de la dramaturge - qui se défend d’avoir écrit son autobiographie - suffoque. Ses plaies sont à vif et ses maux profonds, ses souvenirs


culture s’entrechoquent avec fracas, elle crache sa fureur acide en scandant ses mots d’enfant, d’adolescente, puis de jeune adulte désenchantée. « Il y a dans l’écriture de Nicoleta une énergie coup de poing, c’est à la fois ciselé et brut », souligne Rozenn.

UN SPECTACLE ÂCRE ET INTENSE

La metteure en scène connaît bien, pour l’avoir étudié à la fac, le théâtre engagé de la nouvelle génération d’auteurs de l’Est. « Ce sont nos voisins et nous ne les connaissons pas, mais nous véhiculons beaucoup de clichés sur eux. Ils abordent souvent des thèmes durs avec un humour grinçant. Ballotés de régimes totalitaires en désillusions politiques, ils se demandent en qui croire, à quelle idéologie, comment se construire et trouver son identité. On méconnait ces régions très proches et pourtant il y a des résonnances chez nous et des ponts culturels », révèle Rozenn. Ce n’est pas pour autant qu’on trouve ici folklore ou théâtre documentaire. Non, la mise en scène, la scénographie, le jeu et la musique sont aussi précis, lucides, énergiques, subtils et acérés que le texte de Nicoleta Esinencu. 14h45. Rozenn propose de répéter un passage précis, puis de faire un filage dans la foulée. « Bonne idée, comme ça je ne suis pas refroidie, sinon c’est pas bon », confirme Christelle. La scénographie d’Anthony Gouraud

est minimaliste mais efficace. Sur une estrade, la comédienne plante de petits drapeaux rouges dans des pommes de terre qu’elle dispose en rond. Derrière elle, des murs bleus couverts d’une vieille tapisserie déchirée. Les premiers riffs de guitare résonnent, les premières phrases sont récitées, et déjà Rozenn interrompt la répétition pour donner des indications, sur la position du corps, les intonations et les intentions. Christelle et Romain les intègrent instantanément et font des propositions. Quand Rozenn lance : « Ici il faudrait trouver un lien entre vous », Christelle et Romain lâchent leurs idées. L’ambiance est joyeuse, ils rient, se taquinent. Puis, l’instant d’après, les voilà concentrés à nouveau. À quelques jours du grand soir, et même s’ils ont déjà joué le spectacle en janvier au Théâtre de Poche de Hédé - co-producteur avec le théâtre de La Paillette - la troupe ajuste le moindre détail. 15h30, le filage commence. Christelle est d’une justesse saisissante. La musique de Romain est l’écho exact de l’intensité du texte. Une heure durant, on est happé par la puissance des mots et du spectacle, on sourit, on se crispe, on se souvient - tantôt avec amertume tantôt avec tendresse - on a envie de danser… Au fond de la salle, Rozenn rit et rythme le monologue de « oui, c’est ça », convaincue, à raison, de la pertinence de sa mise en scène.. I MORGANE SOULARUE

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VOUS SOUHAITE UNE BONNE CHASSE AUX CHAMPIGNONS.

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bref FEMMES ELECTRONI(K)

Le festival d’arts, musiques et technologies Maintenant, organisé par l’association Electoni(k), débarque à Rennes pour une nouvelle édition du 14 au 19 octobre. Si les femmes ne sont pas nombreuses dans la programmation, elles sont tout de même présentes avec, entre autres, la rennaise Elsa Quintin, Pauline Saglio ou encore Sandrine Estrade-Boulet. www.electroni-k.org

16/10

notez le rendez-vous dans vos agendas : le duo extravagant Brigitte revient avec un nouvel album au Carré Sévigné, à Cesson-Sévigné, à 20h30.

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LA MARMAILLE EN FÊTE

Le festival jeune et tout public Marmaille se déroule du 14 au 24 octobre à Rennes et en Ille-et-Vilaine. Et les femmes répondent présentes dans la programmation ! Entre des spectacles de danse, de marionnettes, de théâtre, des cinés-concerts ou encore des ateliers parentsenfants, Lillico, structure organisatrice, ravira petit-e-s et grand-e-s. www.lillicojeunepublic.fr

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LE TEMPS DES LIBERTINAGES

Musée des Beaux-Arts de Rennes – Jusqu’au 1er février.

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L’INTERPRÉTATION FÉMININE À L’OPÉRA DE RENNES Ce mois-ci, coup d’œil sur la programmation de l’Opéra de Rennes. Quelles grandes figures féminines seront présentes pour cette saison 2014/2015 ? Marion Etienne, responsable de l’action culturelle à Rennes y répond.

© CÉLIAN RAMIS

Q

uelle réjouissance de découvrir le nouveau programme de l’opéra de Rennes : les personnages féminins y sont si nombreux ! Les sept pièces de cette année contiennent des rôles de femmes, sans compter les concerts « Révisez vos classiques » qui présentent des extraits de l’opérette Véronique d’André Messager, La favorite de Gaetano Donizetti et Turandot de Giacomo Puccini. Dans les œuvres, les figures féminines sont héroïques ou secondaires, mais qu’importe, elles font vibrer le public. Pour Marion Etienne, « les voix de soprano sont emblématiques, presque surnaturelles. Et lorsque la femme apparait, c’est un moment de grâce musicale. » Elle se démarque. Parmi les grands noms féminins de l’Opéra, le public peut découvrir cette saison La Cenerentola de Rossini, d’après le conte de Charles Perrault. Une pièce poétique et drôle dont l’intrigue est centrée sur l’héroïne. L’œuvre la plus féminine. D’ailleurs, selon la responsable de l’action culturelle à Rennes « les grandes héroïnes sont davantage présentes dans les opéras romantiques du 19ème siècle ». Puis, dans un

registre dramatique, Dialogue des Carmélites de Francis Poulenc fait aussi son entrée. Un opéra en trois actes sur le destin tragique de religieuses « sacrifiées sur l’autel de leur foi », commente la jeune femme. Mais ô combien déterminées ! Tout comme Elena de Cavalli. Une personnalité sensuelle et forte. Pourtant l’opéra est un art qui a longtemps renvoyé une image patriarcale de la société. L’homme y détenait l’autorité pour aller à l’encontre du désir féminin. Aujourd’hui, les choses ont évolué. Dans la dramaturgie contemporaine, les metteurs en scène sont sensibles au principe de liberté et apportent ainsi une vision plus féminine des œuvres. Dans l’opéra-bouffe Barbe bleue d’Offenbach, les femmes sont alors en puissance. La paysanne Boulotte est revendicatrice, décidée à déjouer les manipulations des hommes. Et le personnage romantique de Marianne dans Les caprices de Marianne d’Henri Sauguet, a un idéal d’amour, bien plus complexe qu’on ne l’imagine. Une approche moderne de la femme pour un opéra qui se veut davantage accessible à tous. I MARIE LE LEVIER Octobre 2014 / yeggmag.fr / 25


verdict musique

À BOUCHE QUE VEUX-TU

JEANNE HERRY

SEPTEMBRE 2014

Elles étaient attendues et elles sont de retour. Et les deux parisiennes de Brigitte savent – et ça nous n’en doutions pas - soigner leur entrée. Elles reviennent fin août avec « À bouche que veux-tu », nouveau single et premier extrait de leur prochain album, qu’elles dévoileront en intégralité à l’automne. À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune date officielle de sortie n’est encore rendue publique. Mais nous n’aurons pas à patienter très longtemps puisqu’elles seront au Carré Sévigné, à Cesson-Sévigné, le 16 octobre prochain. Dans le clip, le duo s’affiche quasi en sœurs siamoises en robe longue, fendue, noire, à paillettes et chevelures brunes, raides, à franges. Sylvie Hoarau et Aurélie Saada, qui se sont faites connaître grâce à leurs reprises originales de « Ma Benz » (NTM), « Allumez le feu » (Johnny Hallyday) ou encore leur titre « Battez-vous », nous embarquent, guidés par la sensualité de leurs voix, dans un disco aux mélodies harmonieuses. Le temps se fige, la douceur nous envahit et après 6 minutes de plaisir intense, on en redemande encore. I MARINE COMBE

OCTOBRE 2014

Muriel est esthéticienne. Elle est mère de famille divorcée et mène une vie assez banale. Pour certainement améliorer son quotidien, Muriel ment et invente des histoires farfelues. Ce qui pourtant la caractérise le plus c’est sa passion pour Vincent Lacroix, un chanteur dont elle suit au plus près la carrière depuis plus de 20 ans. Muriel est une fervente admiratrice et la vedette occupe presque toute sa vie. Lorsqu’un soir son idole sonne à sa porte et vient lui demander un service. La star est venue solliciter une de ses plus grandes fans afin de l’aider au sein d’une entreprise macabre inattendue. Fascinée par cette rencontre, elle accepte. Sa vie va alors basculer dans une dimension qui va la dépasser. Jeanne Herry signe une petite merveille d’écriture et de dialogues. Pour parfaire l’ensemble les interprétations, principalement de Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte, sont époustouflantes. Le jeu est vraisemblable ce qui en fait une comédie dramatique lourde de sens. Une formidable démonstration de réactions en chaine aux conséquences dévastatrices qui vont à jamais bouleverser la vie et la personnalité des deux protagonistes. Le rythme est bien mené, on ne s’ennuie pas et on adore le suspens tragicomique du dénouement. Un premier film percutant et audacieux.

DVD Livre PAS SON GENRE LUCAS BELVAUX OCTOBRE 2014

Clément, jeune professeur de philosophie et auteur à succès se sent parisien dans l’âme. Il sera affecté en province, à Arras une ville qu’il ne connaît pas et pour laquelle il n’éprouve de prime abord qu’assez peu d’intérêt. Clément s’ennuie. Il traîne nonchalant tel un dandy déraciné jusqu’au jour où par hasard il va rencontrer Jennifer une jolie coiffeuse, blonde pétillante et pleine de spontanéité. Rapidement les deux se séduisent et vont devenir amants. Quand Jennifer lui raconte ce qu’elle tire des magazines people, Clément lui, épilogue sur Kant et Proust. La fille simple et le garçon compliqué que tout éloigne vont vivre les prémices de leur histoire d’amour malgré la différence. L’interprétation d’Émilie Dequenne est fine et juste et d’une belle énergie nait un personnage attachant. Pourtant Lucas Belvaux met plus souvent en évidence le regard de Clément qui a beaucoup de mal à sortir des conventions. Souvent étonné par l’ardeur de Jennifer mais aussi parfois gêné par sa franchise. Amour merveilleux mais impossible, la volonté d’apprendre de l’être aimé suffira-t-elle à rompre les barrières sociales et culturelles ? On retrouve bien chez l’auteur ce regard critique récurant du tissu social et des différences intrinsèques à la culture de classe. Une comédie romantique surprenante et rafraichissante portée par deux belles interprétations. I CÉLIAN RAMIS

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cinéma

ELLE L’ADORE

BRIGITTE

I CÉLIAN RAMIS

Livre

CALIBAN ET LA SORCIÈRE SILVIA FEDERICI JUIN 2014

« Dès le début du mouvement des femmes, les militantes et théoriciennes féministes ont perçu que le concept de « corps » était fondamental pour comprendre l’origine de la domination masculine et la construction de l’identité sociale féminine », établit Silvia Federici dans l’introduction de Caliban et la Sorcière, traduit de l’anglais en juin par le collectif Senonevevo, aux éditions Entremonde. L’enseignante (New-York), universitaire et militante féministe dite radicale convoque ici philosophes et grands penseurs de l’Histoire comme Foucault et Marx pour débuter un argumentaire avec lequel il est difficile de composer tant les concepts et théories s’accumulent. Pourtant, le discours et la démonstration sont passionnants. Elle revisite l’histoire du capitalisme depuis son origine sous l’angle de l’histoire des femmes et de la chasse aux sorcières, pour en comprendre la base de l’exploitation sociale et économique. Un ouvrage qui offre une nouvelle réflexion profonde sur l’histoire des discriminations basées sur le corps, la reproduction et la sexualité. I MARINE COMBE


dans le frigo de SOLENN NUÑEZ

Carrot Cake

ts pour Ingrédien 8 parts :

- 4 œufs ucre - 180 g de s farine - 400 g de carottes - 200 g de râpées oix - 80 g de n e s à café d - 2 cuillère levure

Alle z filles les !

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çage: Pour le gla fromage - 400 g de ) Philadelphia frais (type ce la ucre g - 130 g de s

Préchauffez le four à 210°C. Fouettez les œufs avec le sucre, ajoutez la farine et la levure tamisées, puis les carottes, les noix, la cannelle, le miel et enfin le beurre fondu. Enfournez la préparation pour 40 minutes à 210°C. Laissez refroidir un instant. Vous pouvez ensuite procéder au glaçage. Fouettez le fromage frais avec le sucre glace, puis étalez-le de manière uniforme sur le gâteau à l’aide d’une spatule, décorez votre Carrot Cake comme bon vous semble. Au Café Albertine, on aime le faire avec des noix !

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I RECUEILLIE PAR CÉLIAN RAMIS

e Café Albertin Lanjuinais, 10, rue de Rennes 3 04 02 99 51 0

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YEGG & THE CITY

© CÉLIAN RAMIS

Episode 13 : Quand j’ai suivi un atelier d’écriture créative sur les chats

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ennes, lundi 15 septembre, 18h30, à la Maison Bleue. Le premier atelier de l’année va commencer. Certaines suivent déjà ce cours depuis plusieurs mois ou plusieurs années. Céline Feillel, écrivaine, anime les 2h d’écriture créative. Ici, à la Maison Bleue, mais également à l’hôpital sur d’autres créneaux. Pour résumer le calendrier de l’année : des séries de 5 séances thématiques, une rencontre avec Pierre Dubois, un elficologue « pour le conte, le féérique, l’imaginaire. » et des « à côté ». Tous assis autour d’une grande table, nous débutons les exercices. « J’aime quand/Je n’aime pas quand », « Chat des villes/Chat des champs », « Le chat qui… », « Liste des noms du chat », « Carte d’identité du chat »… les 5 jeux tournent autour de l’animal mais aussi autour du concret, de l’abstrait, du possible, de l’improbable et des stéréotypes.

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Chaque consigne donnée génère une angoisse. Une angoisse de ne savoir quoi écrire. Et cet atelier s’attache à contrer ce sentiment de panique de vide intellectuel. « Il s’agit ici de se détendre, de lâcher prise et de déstresser face à la page blanche. Pour l’instant, on ne s’intéresse pas au style, on l’améliorera au fil des séances », nous rassure Céline Feillel. Après quelques dizaines de minutes, et plusieurs lectures des diverses productions sans jugements, le plaisir découle de la satisfaction de vaincre la page blanche et du divertissement procuré par l’effort réalisé pour composer avec les contraintes imposées. À la fin de l’année un ouvrage regroupant tous les textes des un-e-s et des autres est publié. Et à feuilleter les pages du bouquin édité l’an dernier, Bienvenue sous ma couette !, on en a l’eau à la gueule. Miaou… I MARINE COMBE


CAROLE BOHANNE CÉLINE JAUFFRET ANA SOHIER ANNE-KARINE LESCOP

ANNE LE RÉUN BÉATRICE MACÉ ANNE CANAT SYLVIE BLOTTIERE ÉVELYNE FORCIOLI YUNA LÉON BRIGITTE ROCHER FANNY BOUVET MARIE-LAURE COLAS GAËLLE AUBRÉE DORIS MADINGOU KARINE SABATIER ARMELLE GOURVENNEC MARIA VADILLO GAËLLE ANDRO VÉRONIQUE NAUDIN NADINE CORMIER ESTELLE CHAIGNE ALIZÉE CASANOVA DOMINIQUE IRVOAS-DANTEC FRÉDÉRIQUE MINGANT MATHILDE & JULIETTE

LAURENCE IMBERNON

NATHALIE APPÉRÉ ANOUCK MONTREUIL NATHALIE APPÉRÉ ÉMILIE AUDRENMARIE HELLIO CÉLINE DRÉAN VALÉRIE LYS

ISABELLE PINEAUMARINE BACHELOT CHLOÉ DUPRÉ ANNE LE HÉNAFF GÉRALIDINE WERNER DOROTHÉE PETROFF

GWENAËLE HAMON MARION ROPARS

CATHERINE LEGRAND

JEN RIVAL

LES FEMMES QUI COMPTENT,

CHAQUE MOIS DANS YEGG YEGG

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