YEGG SEPTEMBRE 2014

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N°28 SEPTEMBRE 2014

YEGGMAG.FR

LE FÉMININ RENNAIS

YEGG . . .

ÉDUCATION À L’ÉGALITÉ

L’ENJEU DE LA TRANSMISSION PAGE 12

IT GRATU N O U V E L L E G É N É R AT I O N


© CÉLIAN RAMIS


Celle qui

À

a la fibre sociale

25 ans, Domitille Favreau a déjà un beau CV ès altruisme. Licenciée en sociologie, future assistante sociale, membre actif du GENEPI (CF. YEGG n°24, p.8), elle déniche ses jobs étudiants dans l’humanitaire. « Je suis tombée dedans quand j’étais petite ! Ma mère est déléguée syndicale, mon frère aide-soignant et ma sœur éducatrice de jeunes enfants. J’ai toujours été attirée par le milieu associatif et le respect des droits, que j’ai abordé avec Amnesty International lorsque j’étais recruteuse de donateurs », confie-t-elle. Domitille s’intéresse notamment à la question de l’incarcération. Ainsi, pour le GENEPI, elle anime sur Canal b l’émission « 94 degrés à l’ombre » - tous les dimanches de 12h à 14h - qui permet de transmettre des messages intra et extra muros. Ils arrivent de toute la France, la diffusion se faisant aussi sur Internet. « Le concept est intéressant, car la prison rompt le lien, pour cause d’enfermement mais aussi géographiquement », note-t-elle. Pour sa troisième et dernière

année, la jeune femme devient secrétaire de l’association, pour avoir une vision plus globale. La suite, Domitille l’envisage sereinement. Se spécialiser dans le travail avec les détenus, c’est sûr, mais pas tout de suite. « J’ai d’abord envie de voir d’autres choses. C’est tellement vaste comme domaine le social ! », livre-telle. Elle aimerait ainsi partir en mission humanitaire en Mongolie, « ça me tient à cœur depuis longtemps ». Et quand on lui demande pourquoi le social ? Domitille sourit, « ça me semble naturel. Quand on entame de telles études, il y a une grosse remise en question sur soi et sur ses motivations. Moi, je m’épanouis là ». Elle aime le contact, l’humain. « C’est le sujet le plus intéressant, il y a tellement de diversités, et sans voyeurisme aucun ! Il ne faut pas trop ramener les choses à soi, réagir avec ses propres codes, mais se mettre à la place des autres. J’aime me décentrer complètement, aller voir de l’autre côté. Les différences m’enrichissent », conclut-elle. I MORGANE SOULARUE

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ÉDITO l L’ÉGALITÉ FAIT SA RENTRÉE

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PAR MARINE COMBE, RÉDACTRICE EN CHEF

ans son numéro de septembre 2014, le magazine féminin Causette publie la dernière interview de Najat VallaudBelkacem en tant que ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports (elle est depuis le 26 août, date du remaniement ministériel composant le gouvernement Valls II, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche). Elle déclare alors : « La rentrée pour les droits des femmes rimera (…) aussi avec mixité des métiers. On s’est fixé un objectif ambitieux : là où, aujourd’hui, seuls 12% des métiers sont mixtes, on souhaite atteindre 30% d’ici à 2025. » Elle souhaite également mettre à profit ses « nouvelles responsabilités ministérielles pour avancer en politique de la Ville sur la place des femmes dans les quartiers. On les y sait particulièrement absentes de l’espace public, et encore plus au chômage qu’ailleurs. » En ce qui concerne la politique de la Ville, on veut naïvement croire que son souhait sera exaucé par son successeur au poste, Patrick Kanner. Quant à la mixité des métiers, banco ! Même si on regrette que le pourcentage espéré soit encore si infime, mieux vaut tard que jamais et mieux vaut 30% que 12%. Bref, le combat continue comme on dit ! Et quelle meilleure arme que celle de l’éducation à l’égalité ? Véritable cheval de bataille de l’égalité filles-garçons (lire p.12), elle est la clé de la dissolution des stéréotypes et des idées reçues en matière de différences entre les sexes. Plus encore, elle est indispensable et indissociable de la quête du Graal. L’égalité fait donc sa grande rentrée sur les bancs de l’école. Une école qui devrait être obligatoire pour tous les adultes…

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a série 2.0 « Femmes contre Féminisme » est un vrai feuilleton digne d’un soap que l’on adore détester. Cet été, il a fallu être assidu-e-s pour suivre le bras de fer entre Women Against Feminism – tumblr né aux Etats-Unis il y a un an proposant aux femmes de poster des photos d’elles portant un panneau explicatif quant à leur rejet du féminisme – et Je n’ai pas besoin du féminisme (quoique) – tumblr francophone parodiant l’adversaire édité au début de l’été. « Je n’ai pas besoin du féminisme parce que tous les hommes ne sont pas des violeurs, je ne suis pas une victime, je ne suis pas oppressée, les hommes ont aussi des problèmes », poste une jeune américaine, le 20 août (ulcère en lisant ces lignes). En moyenne, elles ont entre 18 et 25 ans, mariées pour la plupart et mères de famille. Et l’amalgame entre féminisme et anti-hommes va bon train… La confusion d’une égalité déjà acquise aussi… On se ravit de la riposte estivale, digne parodie cinglante et cynique. « Je n’ai pas besoin du féminisme car j’adore me faire traiter de « pute » quand je porte une jupe », « Les femmes adorent que je gagne 25% de plus qu’elles. Elles trouvent ça viril. » Alors, bien évidemment on a ri de ce second degré. Mais à la fin de l’été, cette série a comme un goût amer et on se dit qu’on en a ras-le-bol et qu’on voudrait bien que certaines femmes réfléchissent davantage au sens des choses… I MARINE COMBE

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CG CONTRE

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epuis 2010, les assistantes maternelles, ou asmat, peuvent créer des Maisons d’Assistantes Maternelles, dites MAM. Pour ne plus exercer seules chez elles et dissocier lieu de travail et lieu de vie. « Cela encourage les vocations chez les jeunes et donc crée de nouvelles places de garde », confie Stéphanie Batti, fondatrice de la MAM Poppins à la Courrouze. Mais le Conseil Général (CG) d’Ille-Et-Vilaine – qui octroie les agréments – semblerait ne pas l’entendre de cette oreille. « Ouvrir notre MAM a été long, pénible et très contraignant, il a fallu 2 ans et demi de bras de fer avec le CG qui n’a eu de cesse de nous mettre des bâtons dans les roues (CF. YEGG n°27, p.8) », confie Stéphanie qui aurait eu des échanges tendus et musclés avec la personne en charge des MAM au CG. Celle-ci lui aurait même envoyé les tracts de l’association « pas de bébé à la consigne »… D’autres asmat déclarent avoir récemment rencontré les mêmes difficultés à Janzé et à la Chapelle-des-Fougeretz. Les raisons de ce bras de fer ? Politiques peut-être. La loi émanant de la droite… C’est ce que pensent celles qui se sont frottées à la désapprobation farouche du CG. Quoi qu’il en soit, cette attitude est déplorable et navrante. Juger une loi mauvaise, c’est un droit, mais l’institution publique sort ici de son rôle si elle s’oppose ainsi aux asmat, et par là même à la création d’emplois et de places de garde. Minable. I MORGANE SOULARUE

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SOMMAIRE l SEPTEMBRE 2014

La tête et les pieds dans le social . page 2 Conflit au sommet . page 6 Histoire d’écluses . page 8 La politique en bref . page 9 Elles/Ils portent la jupe . page 10 Éducation à l’égalité : le zéro pointé ? . page 12 Culture sexiste . page 22 La culture en bref . page 24 Femmes sur toile . page 25 Verdict . page 26 Dans le frigo de . page 27 YEGG & the city . page 28

LA RÉDACTION l NUMÉRO 28

YEGG l 7 RUE DE L’HÔTEL DIEU 35000 RENNES

MARINE COMBE l RÉDACTRICE EN CHEF, DIRECTRICE DE PUBLICATION l marine.combe@yeggmag.fr CÉLIAN RAMIS l PHOTOGRAPHE, CRITIQUE CINÉMA l celian.ramis@yeggmag.fr MORGANE SOULARUE l JOURNALISTE l morgane.soularue@yeggmag.fr CHLOÉ RÉBILLARD l JOURNALISTE l chloe.rebillard@yeggmag.fr LAURA LAMASSOURRE l JOURNALISTE l laura.lamassourre@yeggmag.fr SOPHIE BAREL l MAQUETTISTE & ILLUSTRATIONS l sophie.barel@yeggmag.fr PHOTO DE UNE l CÉLIAN RAMIS

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société

ÉCLUSIÈRES D’ANTAN ET DE MAINTENANT

© CÉLIAN RAMIS

Dans l’imaginaire collectif, un homme serait plus à même d’exercer le métier d’éclusier qu’une femme. Pourtant en parcourant le halage du canal d’Ille-et-Rance, les éclusières que vous y croiserez sont nombreuses. Hasard ? Pas si sûr...

À

l’ouverture du canal, en 1832, tous les éclusiers sont des hommes. La fonction requiert de la force afin de bouger les portes d’écluses à la main et à la manivelle. L’État préfère donc nommer des hommes. Pourtant dès 1850 des éclusières sont mentionnées dans des témoignages. C’est le cas de la « Mère Gautier », femme de poigne qui obtient le « droit de pacage », c’est-à-dire, le droit de faire brouter ses vaches sur les talus du halage. Le glissement d’éclusier à éclusière se fait progressivement. Les maris sont embauchés à l’entretien du canal, et les femmes restent à l’écluse afin de faire passer les bateaux. Les femmes-éclusières gagnent le titre « d’auxiliaires de la navigation intérieure » et les hommes ne sont maintenus que dans les écluses avec des vannes, difficilement maniables. Tout au long du XXème siècle les témoignages ne parlent presque plus que d’éclusières, le mot éclusier semblant disparaitre du vocabulaire. De véritables dynasties se créent et les écluses passent de mères en filles. Ces femmes-éclusières n’étaient pas payées rondement jusqu’en 1987. Date à laquelle elles sont titularisées et deviennent des agents d’État. Désormais, foncSeptembre 2014 / yeggmag.fr / 08

tionnaires comme les autres, elles ont des jours de congés, une possibilité de déroulement de carrière... Ce changement de statut sonne aussi le retour des hommes. Aujourd’hui la parité n’est pas tout à fait respectée, 18 hommes occupant la fonction sur le canal d’Ille-et-Rance contre 12 femmes. « Notre hiérarchie pense que les femmes c’est bien pour l’accueil des touristes, et que les hommes sont bons en technique. » explique Nelly Vannier, éclusière à Chevaigné. « Pourtant, il existe des éclusières plutôt bourrues ! », ajoute-t-elle en souriant. L’hiver, lorsqu’ils travaillent en équipe à l’entretien du canal, « il y a certaines tâches qu’on ne fait pas, on les laisse aux hommes car c’est trop dur. » Question de force mais aussi d’âge : « On ne peut pas demander la même chose à une jeune femme, qu’à nous, les anciennes. C’est ça qui manque surtout sur le canal aujourd’hui : des jeunes. » Homme ou femme, les réalités du métier sont les mêmes, et ce n’est pas toujours facile, notamment en période hivernale. Mais Nelly confie : « On se retrouve tous ensemble à travailler et on rigole bien. Il y a une véritable solidarité entre nous. » I CHLOÉ RÉBILLARD


société bref

bref chiffre

DROITS DES FEMMES, ON OUBLIE ?

Alors que la nomination de Najat Vallaud-Belkacem, ex-ministre aux Droits des femmes, à l’Éducation crée la surprise lors de la composition du gouvernement Valls II le 26 août dernier, une autre nouvelle nous laisse sans voix : le ministère des Droits des femmes fusionne avec celui des Affaires sociales et de la Santé. Une rétrogradation au statut de secrétariat d’État est dénoncée par les féministes qui y voient (à juste titre) un recul terrifiant en matière de droits des femmes.

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classes supplémentaires devraient faire leur rentrée en ce mois de septembre dans les 81 établissements scolaires publics de la ville de Rennes.

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LE MOUVEMENT HF RECRUTE

À la rentrée, le mouvement HF Bretagne passe à l’action. Après sa création en novembre dernier, dans l’optique de signaler les disparités femmes/ hommes dans les arts et la culture, le collectif recrute un-e chargé-e d’étude. L’objectif de sa mission sera d’établir le diagnostic des inégalités femmes/hommes dans le secteur des arts visuels et du spectacle vivant en Bretagne afin de créer une prise de conscience collective autour de cette problématique (lire p.22). bref

bref

le tweet du mois sur

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Je regarde le rugby féminin, finalement on dirait des femmes durant les soldes.

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Abdelovitch @abdelovitch / 01/08/2014 à 21H22

L’ACTU FÉMININE

EST À SUIVRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX !

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@Yeggmag sur

Yegg Mag Rennes sur

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ALEXIA GIANNERINI

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PHOTOGRAPHE ET CO-FONDATRICE DU COLLECTIF STOP HARCÈLEMENT DE RUE À RENNES En juin dernier, avec Maud Renusson, elles lancent à Rennes la branche du collectif parisien, Stop harcèlement de rue. Les deux jeunes femmes s’associent pour diffuser sur les réseaux sociaux à la fin de l’été, la campagne photographique « Ma jupe ne veut pas dire oui ! ». Pourquoi avoir créé Stop harcèlement de rue à Rennes ? Pendant longtemps cette question restait intériorisée par toutes mais depuis quelques temps, sur les réseaux sociaux notamment, la parole s’est en quelque sorte libérée sur le sujet et le concept même de harcèlement de rue commence doucement à être admis. Nous avons voulu tout d’abord créer un dialogue, recevoir des témoignages de femmes qui comme nous ont subi ce sentiment de honte au quotidien. En ce qui concerne les hommes, nous avons pu remarquer à travers les réactions et commentaires sur notre page Facebook que nombre d’entre eux se posent la question de la limite entre la drague et le harcèlement : quelles paroles et/ou actes font que certains dépassent les bornes ? Nous ne voulons pas que tous les hommes soient catégorisés comme harceleurs, c’est pourquoi nous nous déclarons comme un collectif mixte.

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Le harcèlement de rue n’est pas qu’une question d’habits, pourquoi avoir choisi de baser cette campagne sur la jupe ? À mon sens, la jupe est le symbole de ce sentiment de honte, de regret, que nous avons toutes ressenti un jour après une insulte ou une réflexion déplacée, mais aussi par expérience personnelle. On m’a craché dessus dans un transport en commun un jour où je portais une robe et j’ai été choquée du fait que personne n’ait réagi. C’est en grande partie le but de notre campagne, il faut éduquer les hommes, les femmes, les jeunes, pour que les témoins de harcèlement réagissent et prennent conscience de ce à quoi ils viennent d’assister, parce que la rue ne doit pas être un endroit d’insécurité. Faire poser un garçon en jupe était pour faire sourire mais aussi pour montrer au public que la question concerne aussi bien les femmes que les hommes.

© CÉLIAN RAMIS

Quelle est la prochaine étape pour « Ma jupe ne veut pas dire oui ! » ? Malgré quelques débats et amalgames qui n’ont pas lieu d’être, nous avons eu des retours super positifs sur la campagne photo et les affiches. C’est pourquoi nous aimerions dans les semaines et mois qui viennent les imprimer afin de les faire circuler dans Rennes. Le but pour nous n’étant absolument pas de faire de la propagande mais bien de la prévention. Nous voulons faire passer un message et c’est pour cela que nous allons organiser des réunions avec les personnes qui nous ont contactés sur les réseaux sociaux, pour les rencontrer d’une part mais pour rendre cette initiative plus conviviale et permettre l’arrivée de nouvelles idées d’autre part. I LAURA LAMASSOURRE


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L'égalité, sur


, les bancs de l'éducation

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umeurs, journées de retrait de l’école, récupération politique, enterrement de l’ABCD de l’égalité fin juin – qui renaitra de ses cendres, début juillet, sous le nom de Plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école – et on en passe… Côté éducation, le thème de l’égalité a été secoué au fil des différentes actualités qui ont bouleversé le 1er semestre 2014. La question du genre fait frémir quelques partisans de la Manif pour tous, emportés par Farida Belghoul et le sms terrifiant – qui ferait un bon titre de bouquin pour la littérature jeunesse – prédisant des cours de masturbation enseignée directement par les professeurs de l’Éducation nationale. On aurait pu penser que le léger réaménagement des rythmes scolaires mis en place dès cette rentrée prendrait la relève, niveau polémique. Mais c’était sans compter les nouvelles péripéties de la fin août qui bousculent le gouvernement, qui nomme Najat Vallaud-Belkacem, jusqu’alors ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, au ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Au royaume de l’Éducation, la nouvelle reine imposera-t-elle l’égalité comme priorité ? Une chose est sûre, les professionnels de la question n’ont pas attendu pour potasser leurs leçons et tenter de les appliquer concrètement au quotidien. Mais la prise de conscience, elle, est loin d’être généralisée.

I PAR MARINE COMBE ET MORGANE SOULARUE I PHOTOGRAPHIES DE CÉLIAN RAMIS I INFOGRAPHIES DE SOPHIE BAREL


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les cervos eaux

Finies les représentations de la petite fille en princesse esseulée et du petit garçon en sauveur de ces demoiselles en détresse. La cloche a sonné et avec elle, le temps de la prise de conscience concernant l’impérative éducation à l’égalité des sexes dès le plus jeune âge. Les filles seraient plus littéraires et les garçons plus scientifiques. Les filles seraient guidées par leur intuition, les garçons par leur sens de l’orientation. Les filles seraient plus douées pour la gestion du foyer et des tâches ménagères, les garçons pour la vie professionnelle et les postes à responsabilité. C’est du moins ce que nous dictent l’Histoire et la Science. Foutaises ! Le cerveau n’a pas de sexe. C’est ce que démontre et défend la neurobiologiste et directrice de recherches de l’Institut Pasteur, Catherine Vidal, dans sa conféSeptembre 2014 / yeggmag.fr / 14

rence « Le cerveau a-t-il un sexe ? ». « Le bébé nait avec 100 milliards de neurones qui ne vont pas cesser de se multiplier. Mais il faut savoir qu’à la naissance, seulement 10% des neurones sont connectés entre eux », nous expliquait la neurobiologiste le 16 mai dernier, lors de la Biennale de l’égalité femmes-hommes organisée à Lorient. Ainsi, les 90% restants se fabriqueraient durant la petite enfance et tout au long de notre existence. Elle est catégorique : « Hormis l’hypothalamus qui active chaque mois des neurones afin de dé-


focus clencher l’ovulation chez la femme, il n’y a pas de différence entre les sexes pour les fonctions cognitives. » Les connexions s’effectuent alors intrinsèquement en fonction de l’environnement, social et culturel, fréquenté. « Jusqu’à 2 ans et demi, l’enfant n’est pas capable de s’identifier au masculin ou au féminin. Il n’a pas conscience de son sexe », affirme Catherine Vidal. L’enfant est donc inconsciemment formaté par les éléments qui l’entourent, que ce soit la déco de sa chambre, les couleurs de ses habits ou encore ses jouets. La neurobiologiste conclut alors sur l’importance de l’éducation et de l’apprentissage, ainsi que sur la nécessité pour les biologistes de s’engager auprès des sciences sociales.

NOURRIS AUX INÉGALITÉS

Les stéréotypes et les idées reçues sont donc ingérés par les tout-petits, avant même qu’ils n’aient conscience de leur sexe. « Entre 5 et 7 ans, on comprend la norme, et cela devient invariable », met en garde Rozenn Moro, co-formatrice, spécialiste techniques d’animation et éducation populaire auprès de l’association féministe Questions d’égalité, à Rennes. La structure entre dans le vif du sujet et propose une formation « Mettre en place l’égalité filles-garçons dans le secteur de la petite enfance : pourquoi ? Comment ? », dont la première sera organisée les 8 et 9 décembre. La session de juin ayant été reportée faute de participants suffisamment nombreux. Pourtant, nombreux sont les discours établissant la corrélation entre les adultes travaillant au contact des petits et la transmission de certaines idées reçues à l’enfant. L’objectif de l’association est alors de dresser un état des lieux des inégalités distinguées, de comprendre la reconstruction des rôles « traditionnellement masculins et féminins » dans les interactions adultes-enfants et d’établir des actions éducatives concrètes à mettre en place. Sans chercher à culpabiliser les pros ou les familles, des phases d’observations, d’échanges et de travail sur divers supports vont s’alterner afin de comprendre la nature de ce qui nous conditionne en tant que femmes et hommes. La représentation de la figure maternelle, allouée aux tâches domestiques et quotidiennes, et de la figure paternelle, orientée vers le jeu et l’autorité, la construction de l’environnement avant la naissance du nourrisson, la manière de s’adres-

ser aux petites filles et aux petits garçons… Les comportements diffèrent selon le sexe de l’individu. Mi-mai, Questions d’égalité invitait Elsa Arvanitis et Sophie Collard, sociologues de formation qui ont fondé Artémisia à Toulouse dans l’optique d’analyser ces problématiques auprès des structures dédiées à la petite enfance et de sensibiliser les professionnel-le-s. « Elles sont parties d’un constat très parlant : Les petites filles sont souvent encouragées sur leur apparence, tandis que les petits garçons sont encouragés sur leurs performances, sachant qu’on leur accorde plus d’importance, on les réprimande davantage », résume Rozenn. Lors de la Biennale, Nicole Abar, ancienne footballeuse internationale, chargée de l’animation de l’expérimentation ABCD de l’égalité en 2013/2014, orientait son discours dans la même direction : « En me rendant dans les écoles, j’affichais une grande feuille blanche contre le mur et je demandais aux enfants d’aller dessiner ce qu’ils voulaient. Ce que je voyais était effarant. Les garçons se jetaient sur la feuille et prenaient un grand espace pour leurs dessins tandis que les filles attendaient qu’on les pousse à aller griffonner une toute petite fleur. C’est très révélateur. » L’heure n’est donc plus au bilan mais bel et bien à la prise de conscience et à l’action.

Jusqu’à 2 ans et demi, l’enfant n’identifie pas le masculin et le féminin. Il n’a pas conscience de son sexe.

LUTTER CONTRE LE SEXISME

Chez Questions d’égalité, on regrette qu’aucune crèche pilote en terme d’égalité des sexes n’existe. Une structure comme celle qui se développe à Saint-Ouen (93) depuis 2009, la crèche Bourdarias - établit sur le modèle suédois - qui lutte contre les stéréotypes de genre en adoptant une méthode éducative non-différenciée. Les enfants sont amenés à participer à des jeux, ateliers, lectures, etc. sans attribuer de sexe à l’objet ou à l’animation. Pour remédier au manque de lieux expérimentaux et progressistes, l’association rennaise, qui serait alors formatrice et accompagnatrice, lance un appel à projets pour lancer une crèche pilote, la fiche informative étant à leur soumettre avant le 15 novembre. De son côté, l’association féministe rennaise Septembre 2014 / yeggmag.fr / 15


focus Mix-Cité dénonce le sexisme des jouets, dans un mini-catalogue intitulé « Pas de cadeaux pour le sexisme », et y décrypte les comportements forgés par les objets de loisirs. D’une part, des outils de bricolage, armes, jeux de guerre ou expériences scientifiques ; les garçons sont influencés par la virilité, la violence et la réflexion. De l’autre, des Barbies, des dinettes, des poupons et des tables de repassage ; les filles sont alors formées à la passivité et au rôle de femmes au foyer. « Les jouets en eux-mêmes ne sont pas sexistes, ce sont leur utilisation et les représentations auxquelles nous les faisons correspondre qui sont sexistes », informe le dépliant, qui invite à être attentif à nos propres préjugés que l’on véhicule à nos petites têtes blondes. Des alternatives sont alors proposées sur les choix de jeux collectifs, de construction, de découverte et d’éveil ou encore de lectures. Ces dernières étant particulièrement décriées à l’heure actuelle par les spécialistes de la littérature jeunesse (lire notre interview, p.1920). Dans le même esprit, le 25 juin, à l’occasion de la conférence de l’auteure Jessie Magana à la

MJC Bréquigny, la bibli Clôteaux-Bréquigny proposait une sélection d’albums, documentaires, romans et BD – empruntables dans toutes les bibliothèques de Rennes – recommandés en terme d’égalité filles-garçons puisqu’ils bousculent les représentations de genre dans un domaine très impacté par le sexisme ordinaire. Un élément fondamental selon les spécialistes qui établissent indéniablement un lien entre ses fameuses représentations de genre – maman aux fourneaux, papa aux activités ludiques et pédagogiques, ou encore maman au foyer, papa médecin, pompier, directeur, etc. – et les orientations scolaires choisies selon le sexe, les filles osant moins se destiner à des carrières « prestigieuses », les laissant inconsciemment aux hommes.

OBJECTIF FORMATION ET APPRENTISSAGE

Nombreux sont celles et ceux qui prônent l’éducation à l’égalité. À tort ou à raison, le rôle de l’école et de l’apprentissage serait donc fondamental. Au

La ville forme ses agents Quelle est la politique de la ville en matière d’égalité filles-garçons, femmes-hommes ? Quels sont les outils mis à disposition des fonctionnaires municipaux ? Quels sont les programmes établis par la ville ? Des interrogations que la rédaction est allée soumettre aux élues de la ville de Rennes, en charge de ces questions, Lénaïc Briéro, adjointe déléguée à l’éducation et aux politiques mémorielles, et Geneviève Letourneux, chargée des droits des femmes et de l’égalité. Récemment élues (début avril), elles n’avaient pas encore eu le temps, mi-juillet, de prendre pleinement connaissance de leurs nouveaux dossiers. De surcroît, leurs agendas ne leur laissent que peu de temps pour répondre aux journalistes. Néanmoins, elles ont rapidement rappelé que cette préoccupation n’est pas récente à Rennes, que l’égalité s’inscrit « dans l’ADN de la ville » et que la nouvelle municipalité « poursuit la dynamique impulsée il y a plusieurs années ». Concrètement ? Côté éducation, Lénaïc Briéro annonce que « Nous

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commencerons par une sensibilisation de notre personnel dans les écoles aux luttes contre les discriminations filles-garçons. Cela devrait se poursuivre par des formations ». Quand ? Bientôt sans doute… Côté droits des femmes, Geneviève Letourneux signale que « Pour ainsi dire, il y a la dimension de la formation du personnel d’accueil, qui est importante ». Elle ajoute : « Nous avons entrepris un gros travail institutionnel, qui est fondamental pour faire la preuve par l’exemple, de sensibilisation des employés municipaux ». Un bon début. La promesse la plus notable concerne le personnel municipal de la Petite Enfance. Ainsi, en mars dernier, lors de la journée pédagogique qui lui est consacrée, a été mise en place une formation continue sur l’égalité filles-garçons. « Cela devrait permettre de donner des habitudes de travail qui irriguent le quotidien », se félicite Geneviève Letourneux. Encourageant, certes. Reste à savoir si cela sera pérennisé et suivi d’effets.


focus premier ou au second degré, les alertes se sont multipliées pour sonner l’alarme et l’urgence de la mission, et le gouvernement s’est emparé du dossier. Tout d’abord, avec Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes de mai 2012 à août 2014, qui avait alors fait de ce sujet un cheval de bataille en instaurant l’ABCD de l’égalité en expérimentation dans 10 académies françaises, soit 247 écoles, à la rentrée 2013. Début 2014, les événements s’enchainent et se bousculent, le sms de Farida Belghoul embrasent les esprits échauffés et terrifiés à l’idée de soi-disants cours de masturbation dès 4 ans et autres rumeurs qui poussent certains parents à retirer leurs enfants des établissements scolaires à l’occasion des Journées de retrait de l’école. La machine est en route et la ministre, en lien avec Benoit Hamon, alors ministre de l’Éducation nationale, enterrent cet outil qui ne disparaît pas tout à fait et revient sous le nom de Plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école. 4 axes se sont dégagés de l’ABCD de l’égalité, salué par l’inspection générale de l’Éducation nationale (IGEN). Dans les mesures principales du Plan figurent la formation du personnel éducatif inscrite dorénavant dans les écoles supérieures du professorat - et du personnel déjà en activité - la mise en place d’une mallette pédagogique à destination des enseignants, l’information aux parents ou encore l’intégration de séquences pédagogiques dans les programmes (EPS, éducation morale et civique, français, géographie et histoire). Un point qui ne devrait pas déplaire à Nicole Lucas, agrégée et docteure en histoire, licenciée en histoire de l’art, membre associée du laboratoire CERHIO/CNRS/UMR 6258 – Université Rennes 2, qui a orienté ses études, depuis plusieurs années, sur les manuels scolaires, l’enseignement de l’histoire et la place des femmes dans l’Histoire. « Elles ne sont pas totalement absentes mais leur place est minime. En 2008, les manuels scolaires ont intégré les femmes médiévales, Emilie de Chatelet et les femmes dans la Première guerre mondiale. Sinon rien n’a bougé », scande-t-elle. Selon la spécialiste, l’espace accordé à la gente féminine dans les livres scolaires est dramatique. Quatre ou cinq textes de femmes sur une centaine, « c’est pire que de ne pas les voir apparaître ! » Indignée, elle nous montre les chiffres publiés, sous forme d’un tableau, dans son ouvrage Éducation des femmes – Héritages, expériences, identités, co-écrit avec Danielle Ohana : pour exemples, dans un manuel édité chez Magnard en 2010, pour une classe de 2nde, sur 20 auteurs, seulement 3 femmes ! Ou encore dans un manuel édité chez Hachette, la même année pour le même public, aucune bio de femmes sur 48. « Pour que ce soit vendeur, les femmes se trouvent en couverture de

L'inspection académique fait l'autruche En février dernier, la rédaction de YEGG contactait l’Inspection Académique dans le cadre d’un Décryptage sur l’ABCD de l’Égalité. À l’époque, de vilaines rumeurs se diffusaient via sms, prétendant que cet ABCD n’était rien d’autre qu’une théorie du genre, que les enseignants allaient dispenser des cours de masturbation aux enfants et faire d’eux des homosexuels… etc, et incitant les parents à des journées de retrait de l’école. La droite extrême et la droite dure se sont empressées d’envenimer les choses. Face à cela, l’Inspection Académique a choisi de pratiquer la politique de l’autruche, pensant que moins on parlerait de l’ABCD de l’Egalité, plus les parents d’élèves oublieraient la rumeur. Elle a donc refusé de répondre à nos questions. Or, on sait que la communication sur des sujets aussi sensibles est toujours meilleure que le silence. En outre, ce programme n’avait rien de révolutionnaire (cf. Décryptage N°23) et il aurait été intelligent de mettre les points sur les « i » une bonne foi pour toutes. L’ABCD de l’Egalité abandonné par le ministre de l’Education, à l’époque, Benoît Hamon en juin dernier, la rédaction a fait une nouvelle demande d’entretien à l’Académie, pour évoquer plus largement l’éducation à l’égalité à Rennes, connaître les dispositifs déjà mis en place dans la ville. Nouveau refus. Sans explication. Une attitude navrante dont les esprits malveillants à l’origine des rumeurs sur les conséquences potentielles de la théorie du genre se délectent et se réjouissent..

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focus livres. Mais pas trop dans les textes… Ou alors on fait un dossier sur elles. Ce n’est pas bon, il faut les intégrer dans le continuum de l’Histoire.», précise-t-elle. Le sujet est terrifiant, la conversation passionnante. Car c’est une passionnée Nicole Lucas, qui nous liste les femmes oubliées – volontairement ?! - des manuels : celles de l’Antiquité, du Moyen-âge, les aristos, les abbesses (« qui avaient autant de pouvoir que les hommes »), les paysannes… « Toutes avaient un rôle dans la société. On fait comme si elles n’apparaissaient qu’au XXe siècle ! Les manuels nous enseignent une histoire d’hommes… Ma formule, c’est : Une histoire mixte et équilibrée », rigole-t-elle. L’auteure de Dire l’histoire des femmes à l’école reconnaît alors les défaillances des manuels scolaires, soumis à des programmes, les problèmes de formation des enseignant-e-s et la frilosité des professeur-e-s et des familles à s’attaquer à ce sujet. Toutefois, elle se ravit de voir que la question interroge et attise la curiosité des professionnel-le-s – Magali Hardouin, de l’Université Rennes 2 également, loin d’être la seule, a publié, en 2012, un rapport sur la représentation des femmes dans les manuels de géographie – mais aussi des élèves.

La preuve avec la pétition d’Ariane Baillon, 17 ans, envoyée à Benoit Hamon, en août, s’indignant de constater qu’une seule femme figurait au programme de philosophie en terminale : Hannah Arendt. Mi-août, elle avait déjà récolté plus de 12 000 signatures. Elle précise également, dans un article écrit pour Rue89 Bordeaux, son indignation face à la présentation des femmes, en lettres par exemple : à travers leurs liaisons avec les « grands hommes ». La prise de conscience est initiée. Espérons qu’elle ne se perde pas en chemin. Une certitude pour Nicole Lucas : « Il faut des outils multipolaires à l’école, pour les professeur-e-s et les élèves. Les manuels restent un support pour l’enseignant comme pour l’enfant. Des femmes, il faut en parler à tous les âges ! » Parce que l’égalité des sexes n’est pas que dans les livres…

Les manuels nous enseignent une histoire d’hommes... Ma formule : une Histoire mixte et équilibrée !

L'égalité, pas que dans les livres. . . « Nous n’avons que très peu de temps pour faire de nos élèves des citoyens intelligents humainement », explique Ronan Chérel, professeur d’histoire-géographie au collège Rosa Parks, à Rennes. L’an dernier, il a participé avec un groupe 8 élèves – 6 filles et 2 garçons - de 3e, aux Olympes de la parole, un concours annuel organisé par l’Association françaises des femmes diplômées des universités, sur le thème suivant : « De nos jours, le sport est-il un facteur d’émancipation des filles et des femmes dans la société ? Tous les sports individuels ou collectifs sont-ils ouverts aux filles et aux femmes ? » Pour le professeur rennais, le programme scolaire permet de canaliser les énergies vers du positif. C’est ensuite la sensibilité de l’enseignant qui mène à traiter le thème de l’égalité, dont l’égalité des sexes. Se saisir des opportunités offertes par l’Institution, comme le concours

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d’éloquence, est alors capital pour leur donner matière à « plaider des choses civiquement, démontrer une réflexion, une implication, un militantisme naissant, peu importe. Pour construire leur humanisme. » Il reviendra plus tard dans la discussion sur les programmes scolaires : « La présence des femmes y est encore sous évaluée. Personnellement, je suis pour saisir les situations exemplaires dans l’Histoire, à travers les hommes ou les femmes. Celui ou celle qui illustre le mieux notre propos. » Il conclut alors sur la situation actuelle, celle d’une démarche personnelle de la part des enseignants qui souhaitent en apprendre davantage sur les sujets. « Nous n’avons pas une connaissance universelle des choses, les manuels n’enseignent pas tout. C’est donc à nous de nous renseigner. Mais notre enseignement mériterait que l’on nous y aide », précise-t-il.


focus

Jessie Ma gana, l’égalité à to ut prix Rennaise d’adoption, éditrice et auteure, Jessie Magana a fait de l’égalité filles-garçons son cheval de bataille. Dans ses ouvrages – Comment parler de l’égalité filles/garçons aux enfants, Editions du Baron Perché et Les mots indispensables pour parler du sexisme aux Editions Syros, co-écrit avec Alexandre Messager - elle livre des pistes éducatives pour y parvenir. Rencontre. YEGG : Pourquoi l’éducation à l’égalité vous tient-elle tant à cœur ? Jessie Magana : Tout le monde pense que l’égalité des sexes est réalisée, mais non ! Elle n’existe pas dans les esprits. Et les chiffres le prouvent 80 % des tâches ménagères exécutées par les femmes, 16 à 20 % d’écart de salaires, 14% de femmes maires en France…etc. Depuis Olympe de Gouges et les suffragettes, les choses ont bougé. Il y a eu de gros jalons historiques, 1945, les années 1970, et ce qui en a découlé est fort. Juridiquement, il y a eu des leviers puissants, comme la loi sur la parité, mais ça n’a pas été suffisant pour que les mentalités évoluent. Les femmes elles-mêmes sont conditionnées. Comment peut-on faire évoluer les mentalités ? La société projette des rôles avant même la naissance, il faut donc commencer à travailler avec les parents et les professionnels de la petite enfance sur les représentations, en s’affranchissant des stéréotypes notamment, sans pour autant tomber dans la neutralité. Mon travail consiste à clarifier les choses de façon raisonnée, expliquer que le sexe biologique, le sexe culturel et l’orientation sexuelle sont trois choses bien différentes. Et toutes les combinaisons sont possibles ! On peut être très féminine et chef de chantier. On peut être très féminin et hétéro ! Septembre 2014 / yeggmag.fr / 19


focus Le débat dépassionné est donc essentiel ? Oui ! La confusion totale liée à l’ignorance et la crainte pose problème aujourd’hui. Nous sommes là pour discuter, mettre en perspective les choses, mais c’est très dur dans ce monde de l’immédiateté où les médias jouent sur les effets d’annonce. Il faut donc faire un travail pédagogique, malheureusement contré par les groupuscules anti-genre (Alliance Vita…etc.) qui jouent sur l’affect et la passion, eux.

Quel est l’âge le plus critique ? L’adolescence. S’il n’y a pas d’ouverture maximale, les ados restent sur le modèle ancestral qui prétend que le sexe est un besoin physique de l’homme comblé par la femme. On a noté que dès la classe de 3e les filles s’imposent elles-mêmes des limites. Elles choisissent, spontanément, des domaines d’études en sciences humaines, psycho… Se disant, à tort, que les matières scientifiques ne sont pas pour elles.

Le but ? Aboutir à une société plus juste où chacun se respecte, s’épanouit indépendamment de son orientation sexuée, accepte l’autre, est ouvert. Cela permettrait aussi de faire baisser les violences faites aux femmes. Si on continue de voir la sexualité de l’homme comme un besoin que la femme doit assouvir, alors il y aura toujours autant de viols et d’agressions.

Comment détruit-on les stéréotypes ? Je fais des parallèles avec le racisme ou je demande « tu n’as jamais été confronté à une injustice dans ta vie ? » Il faut aussi inverser les rôles, parler aux gens de leur enfance, faire émerger des choses de cette période, qu’ils se souviennent de ce qu’ils ont vécu, ressenti alors. Il faut questionner leurs représentations. Mais aborder l’identité sexuée c’est toucher au très intime, c’est donc très complexe.

Quel est le meilleur âge pour cela ? Tous ! C’est mieux si on intervient tôt. Jusqu’à 2 ans, l’enfant ne sait pas s’il est fille ou garçon. C’est son entourage qui agit en fonction de son sexe. Il faut alors déconditionner les adultes. De 2 à 5 ans, les enfants construisent leur identité sexuée, en imitant l’adulte. On doit les laisser faire, les laisser jouer ensemble, favoriser la mixité. À 6-7 ans, ils restent entre sexes, et entrent dans la représentation. Là, il faut travailler sur les images, répondre à leurs interrogations. C’est l’âge où l’on prend conscience du jugement des autres. Les adultes ont alors peur du regard de la société sur l’enfant, il ne faut pas, il faut laisser ouvert le champ des possibles. C’est plus facile pour les filles, car elles sont déjà dévalorisées. Les revaloriser est primordial afin que les garçons acceptent et accèdent à leurs jeux, sans se sentir pour autant rabaissés, voire humiliés. Ils n’ont pas le droit de jouer à la poupée, de pleurer, d’être faible… Quelle ânerie ! Enfin, chez les adolescents, le sexe est la question centrale. Or l’éducation sexuelle n’est pas faite. À l’école, on n’évoque que la prévention et la reproduction, et les parents ont du mal à discuter sur le sujet. Jamais on ne parle aux ados du sexe sous son aspect plaisir, relation avec l’autre. Résultat, ils filent vers le porno. L’âge moyen du visionnage du premier film porno est 13 ans ! Septembre 2014 / yeggmag.fr / 20

Que pensez-vous de l’abandon de l’ABCD de l’Egalité ? Quel dommage ! Car il y a là du boulot, les enseignants sont inconsciemment conditionnés, comme nous tous. ABCD ou pas, ce qui m’importe c’est la prise de conscience de l’égalité à tous les niveaux, de la crèche à la fac, qu’elle soit au cœur de l’éducation, de la société, des mentalités. Que tous les intervenants soient formés, que l’on travaille sur les stéréotypes, à des jeux sur les métiers avec les enfants, des jouets mixtes. On doit former les enseignants et leur fournir des outils afin que cela fasse partie de leur quotidien, soit au centre de leur enseignement. Les manuels scolaires doivent être revus, mais aussi la littérature jeunesse, et toute la culture. L’effort doit être fait pour mettre en valeur des figures féminines en littérature, en histoire. Cette année, au brevet des collèges, les élèves ont eu un texte de Charlotte Delbo ! Ce sont les enseignants qui l’ont choisi, ce qui prouve qu’ils sont des têtes de pont. L’égalité des sexes est une fragile révolution, balbutiante et remise en cause. Il faut y travailler à tous les niveaux de la société, à tout instant.


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SAISON CULTURELLE : PROGRAMMATIONS MISOGYNES À RENNES ? Les apéros-plaquettes, organisés par le collectif HF Bretagne, ont pour objectif de répertorier la proportion de femmes dans les programmations culturelles bretonnes. Ils ont débuté le 1er juillet, et après une pause estivale, voilà les membres du collectif de nouveau prêts à compter pour la rentrée.

© CELIAN RAMIS

I

l n’y a pas de technique révolutionnaire pour mesurer la parité hommes/femmes dans le monde du spectacle: « On prend les plaquettes de programmation et on compte le nombre de femmes et le nombre d’hommes. », expliquent Marion Poupineau et Grégoire Le Divelec, tous deux membres du collectif HF. Pour rendre les comptes plus simples, ils ont créé des grilles, dans lesquelles ils rentrent les données récoltées. Nombre de chaque représentant d’un sexe bien sûr, mais aussi le domaine artistique, et la place occupée dans la hiérarchie : tout cela est répertorié soigneusement afin de rendre l’enquête plus précise. Et les apéros plaquettes alors ? « C’est pour rendre le truc plus sympa, on a vite fait de s’ennuyer à compter. Donc quelqu’un a eu l’idée de se retrouver tous ensemble en buvant des coups ! », glisse Marion Poupineau. Septembre 2014 / yeggmag.fr / 22

RÉSULTATS ET OBJECTIF

« En Bretagne, c’est la première fois que l’on fait ça », confie Grégoire Le Divelec. Il enchaîne : « Quand on a commencé, en fin d’année, toutes les programmations n’étaient pas encore sorties, on n’a pas encore tous les résultats. Mais je vais vous éviter trop de suspens : comme partout les femmes sont sous-représentées. » Quelques chiffres sont néanmoins sortis de ce premier défrichement à l’échelle de la Bretagne. Pour les programmations théâtrales, le TNB fait figure de mauvais élève cette année : seulement 10% de sa programmation correspond à des textes écrits par des femmes. Même le bon élève, le théâtre de Brest, le lieu avec le plus de spectacles écrits par une plume féminine, n’atteint pas la parité, mais seulement 39% de sa programmation. Autre constat : les femmes sont


culture

nombreuses aux postes d’administration des lieux de spectacles puisqu’elles sont présentes à 73%. Mais ce poste ne concerne que les numéros 2 des lieux de culture. Le fameux plafond de verre est très visible, puisqu’au poste numéro 1, celui de direction, elles ne sont plus que 18%. Rennes et la Bretagne présentent pourtant un terreau féministe, favorable à la parité. Apparemment pas suffisant pour assurer l’égalité dans le monde du spectacle. « Nous, les membres du collectif, on connaît les résultats par avance, c’est partout les mêmes : les femmes représentent moins d’un tiers des artistes ou des employés de la culture. Si on fait ce recensement c’est pour prouver aux gens de la profession qu’il y a un problème. », déclarent les deux membres de HF. Chiffres à l’appui, il est plus simple d’engager une discussion. Les personnes qui travaillent dans le spectacle et qui se perçoivent eux-mêmes comme des gens très ouverts rechignent parfois à admettre le sexisme de leur milieu. C’est du moins le constat de Grégoire Le Divelec: « Je me rends compte que c’est parfois plus facile de discuter avec les

politiques qu’avec les professionnels du monde du spectacle ! » La question est sensible. Pour beaucoup, expliquer la réussite professionnelle d’un(e) artiste est une question de talent. Mais face à de telles inégalités, Marion Poupineau le définit comme « un écran de fumée ». L’objectif du collectif étant de dissiper cet écran de fumée : faire admettre à tous qu’il subsiste un problème. « Nous n’avons pas de solutions toutes faites pour arriver à la parité, et ce n’est d’ailleurs pas notre objectif. Les solutions, ce n’est pas à nous de les trouver mais aux acteurs du monde du spectacle et aux politiques. Nous sommes là pour prouver qu’il y a des freins à l’égalité et que cela soit pris en compte par tout le monde. Si vous regardez les plaquettes, les directeurs ne font pas toujours ce qu’ils veulent : ils doivent avoir tel pourcentage de programmation locale, par exemple. Pourquoi ne pas faire entrer le critère du sexe dans ces politiques ? », interroge Grégoire Le Divelec. Le collectif HF n’en est pas encore là mais ils espèrent faire un pas en avant lorsque les apérosplaquettes auront permis de chiffrer l’inégalité en Bretagne. I CHLOÉ RÉBILLARD

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L’ÉQUIPE DE YEGG VOUS SOUHAITE UNE BONNE RENTRÉE !

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bref LA DANSE, JUSTE POUR LES FILLES ?!

Questions d’égalité se penche sur les stéréotypes et les idées reçues nichées confortablement dans le domaine artistique de la danse. Quelles sont les normes de genre dans les spectacles et comment les repérer ? Le sujet sera décrypté par Hélène Marquié, danseuse, chorégraphe et chercheuse au Centre d’Études de genre à l’université Paris 8, le 25 septembre à 20h, dans le quartier Beauregard ou Villejean, le lieu étant encore à déterminer à l’heure où nous bouclons ce magazine.

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mois

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30 ans

d’existence déjà pour la radio Canal B, qui fêtera l’événement de septembre 2014 à septembre 2015. Le premier rendezvous, Tout Rennes Danse – 18 septembre à partir de 18h – sonne bon le barathon musical !

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bref SOUFFLET UN GRAND COUP, ÇA VA SWINGUER !

Le Grand Soufflet revient pour une 19e édition, du 2 au 11 octobre, et installe dorénavant son chapiteau dans le parc du Thabor. Cette année, les accordéons s’accorderont au rythme du swing et de l’électro-swing, et inviteront les spectateurs à danser l’euphorisant Lindy Hop. À noter : Edith Presley prendra les manettes de la soirée Electro Swing Party le 4 octobre, entourée de la performeuse burlesque Candy Scream et de la reine du hula hoop, Anossens. Ça promet… bref

bref

yegg aime à

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FUCK YOU, EU.RO.PA !

à

La Paillette Rennes – 2 et 3 octobre à 20h

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culture

HASTI AKHAVAN, PEINTRE AU PINCEAU BIEN TREMPÉ Après trois expositions à Téhéran et une à Lyon, c’est dans la fraicheur rennaise que l’artiste iranienne Hasti Akhavan prépare sa nouvelle exposition articulée autour de la figure féminine.

© CÉLIAN RAMIS

I

nspirée de la femme iranienne, Hasti Akhavan peint dans ses toiles une figure plus large de la condition féminine, sans visage, pour une vision plus universelle. « C’est ce que je connais le mieux, l’Iran, mais, concernant les femmes, partout dans le monde il y a encore du travail… », explique-t-elle. Représentées en position assise, elles sont une allégorie de la passivité des femmes. Pour Hasti, « elles sont en attente… On dirait qu’elles n’ont pas le pouvoir de changer leur vie. Je retrouve cela chez ma mère et chez beaucoup d’autres. Elles acceptent leur rôle, ce qui creuse les inégalités même si ces dernières existent réellement ». L’artiste n’hésite pas, dans sa peinture, ni dans ses paroles, à exprimer ce qu’elle pense du monde qui l’entoure. « À l’époque de mes premières expositions, je ressentais beaucoup de limitations. Dans la société et dans la famille. J’étais alors plutôt dans l’abstrait. », précise celle venue en France en 2009 pour ses études de chimie, d’abord à Lyon puis à Rennes. Aujourd’hui, Hasti jouit d’une grande aisance avec la peinture, son père l’ayant inscrite toute petite dans des cours : « J’ai pas mal changé

de prof, jusqu’à ce que j’en choisisse un. C’est avec lui que j’ai trouvé mon style, que je suis devenue autonome, indépendante… » Un élément nécessaire à sa construction personnelle qui lui permet d’appréhender son art comme un jeu, et ainsi de transposer, sur toile ou sur papier, les couleurs et les formes, à l’acrylique, aux pastels ou aux crayons, selon ses envies, ses besoins et ses ressentis. « Quand je fais un tableau, je ne m’organise pas avant. Je peux signer une toile et y revenir un an plus tard. Je trouve ça plus pur, plus libre », rigole-t-elle. Et c’est dans cette liberté que puise la jeune femme de 34 ans pour représenter sa pensée : « Si je dessine des choses sombres parfois, il y a toujours de l’espoir ». Une pointe d’optimisme qu’elle souligne également dans son nouveau projet : « En étant plus actives, les femmes auront plus de courage, j’y crois à cette évolution ! » Sa prochaine exposition devrait regrouper Femmes et Nature dans une scénographie pensée pour révéler une histoire commune, que l’on pourra découvrir à Saint-Germainsur-Ille, sous réserve d’une réponse favorable de la galerie des Arts d’Ille. I MARIINE COMBE Septembre 2014 / yeggmag.fr / 25


verdict musique

ANGUS & JULIA STONE

PARTY GIRL

ANGUS & JULIA STONE

M. AMACHOUKELI, C. BURGER & S. THEIS

AOÛT 2014

C’est au milieu de l’été que le frère et la sœur Stone ont choisi de sortir leur troisième album, Angus & Julia Stone. Après leur 2e opus, ils développaient chacun de leur côté des projets en solo et laissaient craindre qu’on ne les entendrait plus ensemble à nouveau. Julia annonçait la séparation définitive aux médias, point, à la ligne. Et pourtant, les voilà de retour en cette année 2014, avec un disque aérien, teinté de pop, et surtout de folk. Un mélange subtil qui nous donne envie de prendre le volant et de rouler fenêtres ouvertes, cheveux au vent, embarqué-e-s dans un road trip au milieu des plaines désertiques et arides qui laissent deviner au loin des reliefs montagneux vertigineux. Leurs voix s’unissent et s’enlacent, avec douceur et harmonie, pour un résultat planant et envoûtant. Ce troisième album prouve que les deux musiciens maitrisent l’art de la désinvolture en signant une ôde à la nonchalance West Coast. Et ça fonctionne ! I MARINE COMBE

DVD

SEPTEMBRE 2014

Angélique est une escort girl de 60 ans. Elle fait boire les clients dans un cabaret allemand frontalier dans lequel elle a ses habitudes. Elle aime la nuit, son monde et aime faire la fête en compagnie des hommes. Les clients se faisant plus rares, Angélique se résout tardivement à se ranger. Son mariage avec un de ses anciens clients toujours amoureux d’elle est le fil conducteur du film. La rupture avec le monde de la nuit va être difficile pour cette femme qui toute sa vie n’a connu que ce milieu. Elle boit beaucoup et, malgré un mari aimant et une famille tolérante, l’acclimatation à une vie plus conventionnelle reste un défi qu’elle ne semble pas complètement prête à relever. Les filles du cabaret lui manquent, mais au-delà de cela c’est toute une vie qu’il faut abandonner et c’est avec un sentiment d’angoisse qu’elle doit se résigner à rejeter ce mode de vie résolu. Les réalisateurs nous transbahutent sans délicatesse et facilité inutile au sein d’une famille dans laquelle chacun y joue son propre rôle. Une famille qui tient une histoire, celle-ci arquée par les choix de vie de la matriarche. Un scénario fort tout prêt d’un contexte autobiographique. Sans complaisance et dans l’instabilité permanente de l’émotion, Party Girl transpire le désir de romanesque. À la fois drame social, portrait coup de poing et fiction-documentaire, l’œuvre implique le spectateur physiquement. I CÉLIAN RAMIS

Livre UNE RENCONTRE LIZA AZUELOS SEPTEMBRE 2014

Si Sophie Marceau était en crise relationnelle mère-fille dans LOL, on retrouve cette fois l’actrice vedette de Liza Azuelos aux commandes d’une embarcation sentimentale qui navigue à vue. Coup de cœur pour un homme et perturbation au programme. Entre objet du désir, épanouissement et quête de liberté, l’amour trouvera-t-il sa place sans pour autant semer le trouble ? L’idée de la réalisatrice est de nous indexer sur les instants T de ces deux êtres qui œuvrent à la réalisation de possibilités toutes suspendues à des actes de décisions. Un défi relevé mais probablement pas réussi à l’écran. Une esthétique pourtant entrainante et sophistiquée fait briller la sensualité des personnages à l’image. Au-delà des stéréotypes bien connus des comédies romantiques à la française clairement affichés, le film se gargarise d’un suspens tantôt haletant tantôt embarrassant. Le film se perd dans sa volonté de brouiller les pistes. Se concrétisera ? Se concrétisera pas ? Le mélange fantasme/réalité et futur/présent dissipe la lecture du jeu et la compréhension de l’histoire pour une mise en valeur assez peu efficace. Si on écarte les clichés et la mélasse, on pourra être emballé par la très séduisante Sophie Marceau conquise par un François Cluzet sous exploité bien malgré lui. I CÉLIAN RAMIS

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cinéma

Livre

LA PETITE PRINCESSE DE SAINT-EX PEF

JUIN 2014

De génération en génération, Pierre Elie Ferrier, alias Pef, n’a de cesse de ravir la littérature jeunesse. Plus jeunes, on avait adoré Rendez-moi mes poux ou encore Monstre-moi, et cet été, on a replongé dans l’univers de cet auteur-illustrateur grâce aux aventures de la petite Marcelle qui, un jour de novembre 1928, voit atterrir un avion derrière la ferme de ses parents, près de Toulouse. Le pilote qui descend de l’engin n’est autre que Antoine de Saint-Exupéry, alors illustre inconnu. Pef raconte – à travers la narration d’un cheval – ce fabuleux souvenir d’une petite fille qui à l’époque avait 4 ans et, sans le savoir, assistait à de grands bouleversements industriels et sociaux. Aujourd’hui, elle en a 90 et a confié le témoignage de cet instant à l’auteur, également passionné d’aviation et de littérature, partageant ainsi des passions communes avec celui qui signera quelques années plus tard Le petit prince. En hommage à ce dernier, Marcelle devient la petite princesse de Saint-Ex, un statut emprunt de douceur et de poésie. I MARINE COMBE


dans le frigo de Le sage a dit «mange un bagel»

FLORA BARDOUX

Bagel Chinatown

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Ingrédien

- 4 Bagels ia ou autre - Philadelph (type st ais fromage fr Môret) de poulet - 2 blancs d’ail - 3 gousses gembre gin - 3 cm de frais sésame - Huile de de sésame - Graines

de - Cassona soja e d ce - Sau s cives ou - 2 oignon ons blancs petits oign nouveaux - 2 carottes n o tr - 1 ci le (ou gin - Citronnel gembre) bre - Concom fraîche - Coriandre

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Yum

Émincez finement le poulet, coupez le gingembre en ôtant le cœur fibreux, émincez très finement les oignons (garder les belles tiges vertes), râpez les carottes et la citronnelle. Et tranchez des rondelles de concombre. Mixez le gingembre, l’ail épluchée, 3 càs d’huile de sésame et un peu de sauce soja. À côté, mélangez les carottes, la citronnelle, le jus du citron avec un peu de sel et/ ou sauce soja. Faites griller à sec le sésame jusqu’à coloration (pas trop chaud pour éviter qu’il saute !). Faites rapidement revenir les oignons dans de l’huile de sésame, légèrement chauffée. Colorez le poulet, à feu moyen, puis ajoutez la marinade. Une fois celle-ci absorbée, parsemez de cassonade puis de sauce soja. Mélangez alors le poulet au sésame et aux oignons. Coupez les bagels en 2 dans l’épaisseur puis faites les toaster sous le grill du four préalablement chauffé, porte ouverte. Les garder moelleux ! Tartinez les 2 faces avec du Philadelphia. Recouvrez la base avec le poulet encore chaud, puis les carottes râpées et le concombre. Répartissez la coriandre fraîche. Fermez le bagel et dégustez. I RECUEILLIE PAR CÉLIAN RAMIS

kes Bagels & aCuadrairie, Rennes 12 rue B 62 18 02 56 51 Se

est tempsun e l d an end « Qurri, pr proverbe u o » p pluie is para renna © CÉLIAN RAMIS

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& © CÉLIAN RAMIS

YEGG & THE CITY

Episode 12 : Quand j’ai appris à récolter du miel mais pas vraiment…

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n se voyait déjà enfiler les combinaisons et chapeaux blancs et partir à l’assaut des ruches qui composent le rucher – depuis 1988 – de l’Écomusée de Rennes, qui proposait le 31 août, plusieurs animations autour de l’abeille et de la récolte annuelle de miel. Mais en toute logique, l’ouverture des ruches et la levée des hausses contenant la production ne peuvent s’effectuer en présence d’un public. Ainsi, pour ne pas énerver davantage les abeilles, le travail a été réalisé la veille. Ravis de ne pas croiser le dard avec les insectes, nous assisterons néanmoins à l’extraction de la substance sucrée en présence de l’apiculteur, Eugène Battais, qui entretient les ruches logées au fond du jardin, dans la ferme de la Bintinais. « Tout d’abord nous enlevons la cire qui retient le miel dans les alvéoles – elles font cela pour le conserver – et on met les

Septembre 2014 / yeggmag.fr / 28

cadres dans l’extracteur qui extrait donc le produit grâce à la force centrifuge. Puis on récupère le miel par le robinet… », explique le professionnel, en même temps qu’il tend un bol de miel frais à tous les curieux qui s’empressent de venir savourer. Quelques mètres plus loin, un autre apiculteur, de Saint-Aubin d’Aubigné, propose également une dégustation de différents miels frais de fleurs ou de forêt, dont les multiples bocaux attisent la gourmandise des uns et des autres. Durant l’après-midi, on découvrira également que les femelles, l’été durant, obligent les faux bourdons à quitter la ruche, la reine étant suffisamment fécondée. Ceux qui s’y refusent seront piqués à mort. Et l’idée d’une société dirigée par les gardiennes, ouvrières, architectes ou encore butineuses et qui n’accordent au mâle que le rôle de procréation fera doucement rire le public… I MARINE COMBE


CAROLE BOHANNE CÉLINE JAUFFRET ANA SOHIER ANNE-KARINE LESCOP

ANNE LE RÉUN BÉATRICE MACÉ ANNE CANAT SYLVIE BLOTTIERE ÉVELYNE FORCIOLI YUNA LÉON BRIGITTE ROCHER FANNY BOUVET MARIE-LAURE COLAS GAËLLE AUBRÉE DORIS MADINGOU KARINE SABATIER ARMELLE GOURVENNEC MARIA VADILLO GAËLLE ANDRO VÉRONIQUE NAUDIN NADINE CORMIER ESTELLE CHAIGNE ALIZÉE CASANOVA DOMINIQUE IRVOAS-DANTEC FRÉDÉRIQUE MINGANT MATHILDE & JULIETTE

LAURENCE IMBERNON

NATHALIE APPÉRÉ ANOUCK MONTREUIL NATHALIE APPÉRÉ ÉMILIE AUDRENMARIE HELLIO CÉLINE DRÉAN VALÉRIE LYS

ISABELLE PINEAUMARINE BACHELOT CHLOÉ DUPRÉ ANNE LE HÉNAFF GÉRALIDINE WERNER DOROTHÉE PETROFF

GWENAËLE HAMON MARION ROPARS

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CHAQUE MOIS DANS YEGG YEGG

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