Yann Lévy - catalogue

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Yann Lévy mmxii



Yann Y. Lévy http://yannlevy.net tél. mobile : 06 70 50 91 76 ylvy05@yahoo.fr Né en 1975, vit à Lyon

1992-1999

école d’art de Grenoble et ERBA Valence (DNSEP obtenu en 1999 à l’ESAD Valence) Expositions personnelles

2011

Mouvements de fonds, agence Gan patrimoine, Lyon Poum, une petite mine, L’attrape-couleurs, Lyon (résonance biennale de Lyon) Le plus faible état de cohésion, INSA, Lyon

Expositions collectives

2013

Silk me back, Tokyo (en prévision) Manigances, Poctb, Orléans (en prévision)

2012

Silk me back, galerie de Nesle, Paris Silk me back, musée des soieries Bonnet, Jujurieux Silk me back, musée des Tissus et ÉC Bullukian, Lyon

2009

2008

On est d’dans, Échanges Culturels Bullukian, Lyon

Le complexe Rittberger, Glassbox hors les murs, Paris Tout doit disparaître, galerie Caroline Vachet, Lyon

2007

2008

Chlore & Environs, Musée de la Chimie, Jarrie

2005

Improbable, espace Vallès, Saint-Martin-d’Hères Permutations, 40 artistes-01 musée vide, Musée de Valence

2005

2007

2003

2005

G, Clinique de Monplaisir, Lyon proposition de la galerie Esca, 4 Barbier, Nîmes

Big Crazy, collectif HAK, Chantier Public, Lyon

Habitus, Ricochets centre d’art, Viviers Ce qui Pousse les Murs, la Galeru, Fontenay-sousBois meduse aux yeux fermes, Cité des arts, Paris

V.O., Travail et Culture, C.I.E. Rhodia, Roussillon

2002

2002

Habitus, Subsistances, Lyon

2003

KunstCollezione, MKA, Nîmes Potlatch 4, Ramdam, Sainte-Foy-Les-Lyon


Éditions

Collections publiques

2010

Riens du tout, édition Fondation Bullukian

Artothèque, BM Lyon Artothèque, CAP Saint Fons

Publications (sélection)

Ventes aux enchères

2012

2013

Silk me back, catalogue

2011

Zéroquatre (N° 9), article

2008

Zéroquatre(N° 3), article Permutations, Musée de Valence, catalogue

2007

J & A, faits et nouvelles Arkema Jarrie (N° 188), article

2005

été 2004, Moly Sabata, Fondation Gleizes, catalogue

Collection Silk me back, au profit de la KNK Japon ou ESF et le Furusato Project (en prévision)

2011

Chaise réalisée à partir de la chaise série 7 de Jacobsen, Artcurial et RBC, au profit de l’Enfant Bleu Rhône Résidences

2011

L’attrape-couleurs, Lyon

2003

2010-2011

2002

2006

Habitus, édition Ricochets, catalogue Viva (N° 159), article

Ateliers Lacassagne, ADERA, Lyon Brise-Glace, Grenoble

2004

Moly Sabata de la Fondation Albert Gleizes Bourses

2003

2012

Cité Internationale des Arts, Paris

2008

Subsistances, Lyon

Prix des arts plastiques de la ville de Grenoble Aide à l’acquisition de matériel, DRAC Rhône-Alpes

2004

Aide à la création, DRAC Rhône-Alpes

2002

Aide à la vocation, Fondation de France

2002


Présentation La peinture sera chez moi utilisée comme un outil d’observation, d’appréhension de ce qui nous environne. Il me faut partir de sensations : sensations de l’étendue, du vide entre les choses, de ce qui peut les tenir. Des corpus de pièces seront alors constitués, par étapes successives, comme autant de filtres, prélevant à chaque fois ce que j’aurai pu juger d’essentiel. Je suis allé sur le motif afin de me confronter physiquement à la chose vue et observée, voulant m’assurer de la réalité, ou tout du moins de la réalité de mon point de vue, nourri d’interrogations et rempli d’envie de savoir. Un sujet sera alors ciblé et un maximum de points de vue en sera démultiplié. À la recherche d’indices, je mène une enquête autour/ dans le sujet mis en question. Ainsi, à force de répétitions, couches accumulées, lentes opacifications du support, changement de point de vue, je m’attacherai à reconstruire avec obstination du regard (amener l’oeil à retourner voir, encore, et dans tous les sens). Les travaux que je propose ne sont pas lisibles dans l’immédiateté, mais jouent du déplacement et du temps des regards. J’ai exploré des productions, plus ou moins visibles, tangibles de l’industrie (chimie, extraction minière...). Embrassant d’un même oeil personnes et environnements des sites fréquentés, le devenir des produits (leur circulation, transformation, traces, contenants) ainsi que ma propre place -ma subjectivité-. Peu à peu, je semble élaborer de vastes cartographies d’un monde gazeux, rongé, tremblant, ouvert, suspendu, fragmenté, sans limite.



2002 __________________________

Habitus Habitus rassemble au sein d’un même espace des vêtements représentés dans deux états distincts. Une représentation intime et une représentation publique se font face. Cette installation est d’abord constituée de deux fois 17 peintures. Chaque vêtement est vu isolément et droit. Le procédé de réalisation est la rentabilisation, la démultiplication et la (re)production de ce qui fut improvisé, imaginé et expérimenté précédemment (durant la représentation de ces mêmes vêtements groupés et étendus à l’envers comme s’ils étaient dans un lieu domestique). Outre une recherche plastique sur les limites des plis et des ombres, l’accent est mis sur la circulation d’un objet dans l’espace (sociale, économique, sensible). La mise en suspend d’une zone public face à une zone intime est élaboré via le procédé de réalisation et est fondé sur un certain usage économique de la peinture. Ainsi, la totalité de ces pièces ne seront plus dissociées et toujours présentées ensemble.

____ réalisé et présenté aux Subsistances Lyon (direction artistique Klaus Hersche)



2002 __________________________

Habitus 17 peintures huile sur tule et alminium _ 80 x 80 cm 17 peintures huile sur papier et aluminium _ 80 x 80 cm 1 peinture huile sur papier et bois _ 500 x 140 cm 4 peintures hule sur tule et bois _ tailles diverses 9 impressions sur calques _ 30 x 40 cm

Vues d’exposition thÊâtre de Viviers


HABITUS [abitys] n. m. -1586 ; mot lat. « manière d’être » 2. SOCIOL. Manière d’être d’un individu, lié à un groupe social, se manifestant notamment dans l’apparence physique (vêtements, maintien, voix, etc ...). Le nouveau Petit Robert, éd. 1993












VOILE ET CONTOUR « Il faut [...] s’appliquer à ce tracé des contours et pour l’obtenir parfaitement, je crois qu’on ne peut rien trouver de plus pratique que ce voile que j’ai l’habitude d’appeler « intersecteur » et dont le premier j’ai inventé l’usage. Il est fait de cette manière : c’est un voile de fils très fins, tissé lâche, [...] tendu sur un cadre. Je le place entre le corps à représenter et l’oeil, de façon que la pyramide visuelle pénètre à travers les jours du voile. Cette intersection du voile offre de nombreux avantages, d’abord parce qu’elle présente toujours les mêmes surfaces immobiles puisque, après avoir placé tes repères, tu retrouve aussitôt la même pointe de la pyramide qu’auparavant, ce qui est très difficile à obtenir sans l’intersecteur. »1 Alberti notait sur le voile le visible. Il décrivait son sujet de manière quasi mécanique afin de rendre la stricte vérité tout en éloignant les traces de la pensée. Le processus qu’à mis en place Yann Lévy est le même. Son intersecteur est un plastique transparent. Devant cet écran, le sujet installé, puis reproduit, fut d’abord des lignes croisées de vêtements étendus sur de fils comme s’ils venaient d’être lavés. Ensuite, Yann Lévy a repassé un à un les vêtements. Puis, il les a réexposés, ouverts et droits, à l’intersecteur. On peut reconnaître dix-sept effets. Du moins au plus intime, se sont révélés chemises, jupes, robes, pantalons, débardeurs, chaussettes, caleçon, culottes et soutiens-gorge. Revenons à cette métamorphose : méconnaissable et pendu sur un fil, le vêtement a été déplié puis aplati. Il a regagné pour ainsi dire une forme mais devenu plat celui-ci n’offre plus que son contour, ses lignes. Enveloppes vides et plates appellent alors un manque : « le corps à représenter ». Saint Barthélemy a qui on avait ôté la peau, la portait pliée sous son bras comme un manteau. Cette peau isolée fut alors le prétexte

pour les arts à toutes les déformations des traits humains. Mais traité comme pure surface, l’homme n’était plus. D’un autre côté, on utilisa le corps décharné pour représenter les premiers écorchés qui servirent de modèles dans les Académies. Dés lors, le corps de Barthélemy ne se retrouva plus dans son entier. L’écorché servit à l’enseignement de l’anatomie ou le savoir représenter justement les volumes. La peau permit aux artistes d’explorer la ligne et la surface. Il semblerait que c’est la partie qu’a choisie Yann Lévy. Sur le plastique, les contours achevés ont subi une autre opération de calque. Posé à même le plastique, un voile tendu a reçu un second dessin plus épuré. Le voile comme un tamis a retenu ce qu’il y avait de plus précieux. En accolant ensuite ce voile a du papier blanc, le dessinateur procéda à une seconde opération de filtrage. Sur le tissu posé sur le papier, il est revenu avec de la peinture sur les lignes désormais réduites à l’essentiel. Puis, le détachement du voile et du papier a provoqué l’éclatement de la ligne en multitude de points séparés. La peinture restée sur le papier n’est plus que celle qui a traversé les mailles du tissu. Ainsi, nous sommes passés du volume à la surface, de la surface à la ligne, de la ligne au point. Avec l’aide du voile, Alberti n’exigeait « pas du peintre un travail infini, mais [attendait] qu’une peinture semble en relief et qu’elle ressemble le plus possible aux corps réels ». Pour Habitus, le voile a servi à une désagrégation et peut être à la disparition du corps. Les voiles et les papiers sont exposés dans l’espace. Témoins de la désubstanciation, ils font face au mot « SOLDES » décliné selon ses anagrammes du désespoir. Catherine Obinu 1

ALBERTI (Léon Battista), De la peinture. De Pictura (1535), Paris, Macula, 1992, p. 147.



2004 __________________________

Site chimique I Je découvre à Monoprix des capuches-pluie (fragiles bonnets en plastiques dont usent les dames âgées afin de protéger leurs permanentes de la pluie). La légèreté et la souplesse de cet objet ready-made m’incite à la mobilité. Je vais sur le motif ; je deviens peintre-paysagiste. Je l’utilise afin de décrire la plate-forme chimique de Roussillon. Objet fini, en fin de chaine de production, la capuche est alors ramenée à un lieu probable de sa fabrication. L’usine modèle le paysage, le tissu urbain et les voies de circulations. Plus spécifiquement, et bien que dangereuse et fragile (sensible), l’industrie chimique est à la base de l’ensemble de mon environnement domestique. Cette industrie, à partir de matières premières informes, fabriquent des gaz évanescents qui serviront à produire la quasi-totalité des matériaux que je retrouve chez moi, jusqu’à la formation de mon propre corps (compléments alimentaires, pharmacie, hygiène). Les capuches-pluie sont suspendues et, comme de petites serres, renferment des points de vues du site. L’ensemble forme une étendue qui joue du proche et du lointain et, comme Habitus, "appelle un corps manquant".

___ réalisé à Moly Sabata de la Fondation Gleizes (direction artistique Jean Claude Guillaumon)



séance de gymnastique oculaire À la manière d’un peintre paysagiste, Yann Lévy sillonne les environs de la Fondation Albert Gleizes, à la recherche du motif. Sur le porte-bagages de sa bicyclette, un étrange pied d’appareil photographique -un assemblage de bois en forme de parapluie réduit à l’état d’esquisse de son inventionfait fonction de chevalet. Ses toiles transparentes tiennent littéralement dans la poche, bien pliées au carré dans leur enveloppe : les supports utilisés par Yann Lévy pour apposer ses dessins sont en fait des capuches de protection capillaire anti-pluie en plastique. Que la matière soit transparente et lui permette de croquer in situ les architectures visualisées est somme toute ordinaire dans son usage «décalcographique». En revanche, que ce même matériau autorise une surface courbe - en forme de serre pour couver et faire éclore les tracés légèrement colorés des esquisses de bâtiments industriels atteste d’une vision artistique singulière. Les images bidimensionnelles révélées au travers et sous couvert d’un fond en forme de dôme, jouent d’une manière saisissante avec l’effet stéréoscopique que peut procurer une vision simultanée du proche et du lointain. Et, comme pour accentuer davantage les formes en relief, Yann Lévy alterne naturellement le rouge et le bleu,le vert et le noir pour rehausser ses dessins. La toile en forme de capuche a par ailleurs une autre fonction pour le peintre­ photographe, celle de l’abri, propice aux guetteurs et autres chasseurs d’images. Semblable à ces derniers, Yann Lévy a besoin de permis pour dresser son état des lieux des usines ciblées. Il dit s’être fait expulser de ses champs d’études par des vigiles en mal de viriles empoignades. Les autorisations dûment signées par quelque dircom hargneux évitent à Yann Lévy ces contacts un peu trop directs avec le personnel para-entreprise.

Revenus à l’atelier, les dessins sont retendus sur des armatures identiques à celle, pliable, de l’étrange lutrin, et s’imposent comme une vaste cartographie de la France industrielle. Sans légende, chaque architecture aux lignes légèrement en tremblé s’éloigne dès lors qu’on doit coller son nez contre la paroi de la cagoule pour en suivre les contours. Le champ visuel volontairement réduit qui donne accès à ses «encres» explicite la phénoménologie de la perception artistique chez Yann Lévy : la tridimensionnalité du monde n’est perceptible qu’à la condition de pouvoir en saisir tous les contours volumétriques. Or, ce qui se présente à l’œil et se forme sous le trait dessiné sans artifice technique est nécessairement plat. Restituer la totalité formelle de la chose existante ne peut se réaliser sans la convergence en un seul mouvement perceptif du tout et de la partie. En cela, les dessins du chasseur d’images industrielles feraient le bonheur d’un orthoptiste chargé de rééduquer en les musclant les nerfs optiques d’un patient au regard divergent. D’ailleurs, les traits nervurés qui irriguent les paysages de Yann Lévy forgent le spectateur à une discipline visuelle. Pour une gymnastique oculaire hissée au rang des Beaux-arts.

Trân Diep Quang-Tri



2004 __________________________

99 dessins encres indélébiles sur capuches-pluie _ 20 x 20 x 30 cm Vues d’atelier





2004 __________________________

258 photographies _ 22 x 30 cm 5 exemplaires









2006-2011 __________________________

Site chimique II Le sujet de l’industrie chimique étant riche, je réitère l’expérience au sud de Grenoble. De la même façon que l’on comprinme les gaz afin d’en faire des matières, j’ai accumulé dessins et photographies et concentré mes points de vues jusqu’à ce que j’atteigne de vastes étendues de regards, déformant les traditionnelles formats d’images. Les gaz ; ces “corps fluides indéfiniment expensibles occupant tout le volume dont ils disposent”. Par la suite, je retranscrirai ces mêmes relevés sur des surfaces transparentes en explorant matières molles et traversables puis rigides. Les volumes qui apparaîtront (bâtis à partir des dessins) seront comme des projections de l’œil dans le dehors. J’ai tenté de construire des pellicules pouvant reçevoir ces paysages. J’ai replié les surfaces afin qu’elles puissent freiner la dilution du regard dans l’étendue du monde. Et plutôt que de poser des frontières franches, j’ai cherché des formes hybrides entre intérieur et extérieur, entre l’espace clôt et l’ouverture du paysage, en interrogeant ainsi ces substances plus ou moins nocives, plus ou moins bénéfiques et plus ou moins diluées dans nos vies.

______ réalisé au Brise-Glace Grenoble et Lyon



2006 __________________________

146 photographies _ 22 x 30 cm 5 exemplaires







2006 __________________________

Description d’un site chimique

- Depuis un point de vue subjectif Livre 356 pages + 1 DVD _ 10 x 15 cm





2006 __________________________

154 dessins encres Tria sur transparents _ 30 x 40 cm


92 x 49 cm


2007 __________________________

Panoramiques 22 impressions 4 exemplaires + 1 ĂŠa _ encres UV sur Tyvek


130 x 51 cm



140 x 47 cm



118 x 39 cm



116 x 54 cm




revue Zéroquatre N°3



2008 __________________________

On est d’dans Vues d’exposition Fondation Bullukian



2007 __________________________

ça les regarde peinture à l’eau et graphite sur papier _ 150 x 150 cm

Velásquez _ XVIIe s.


Bronzino _ XIVe s.


Michel-Ange _ XIVe s.


Seurat _ XIXe s.


Fiammingo _ XIVe s.


Fiammingo _ XVIe s.


Man Ray _ XXe s.



2009

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Hor창n acrylique sur film fleuriste aluminium fil de fer aimants _ 200 x 350 cm (hauteur variable)



2007 __________________________

Bandes acrylique sur caoutchouc transparent _ 180 x 210 cm Vues d’exposition à Chantier Public Lyon _ commissariat collectif HAK



2010 __________________________

Bandes acrylique sur caoutchouc transparent _ 340 x 210 cm Vues d’atelier premier plan pièces de Gregory Cuquel



2007 __________________________

Bandes acrylique sur caoutchouc transparent _ 300 x 210 cm Vues d’atelier



2010 __________________________

Bardage acrylique sur plastique ondulé _ 400 x 210 cm Vues d’atelier





2010 __________________________

Replis huile sur pmma 4 mm cornière aluminium fil de fer fil nylon 5 modules _ 22 plaques 30 x 60 cm Vues d’atelier


photo Karim Kal


photo Aurélie Pétrel

photo Karim Kal


photo Karim Kal


photo Aurélie Pétrel


photo Karim Kal




2008 __________________________

Repli acrylique sur pmma 4 mm _ environ 160 x 60 x 60 cm




revue Zéroquatre N°9




2011 __________________________

liant alkyde et pigment sur pmma 2 mm _ 400 x 500 x 250 cm Vues d’exposition INSA de Lyon



Il y avait au dessus de la petite route de campagne, ce pont. Un pipe-rack, le nomment-ils. De part et d’autre de cette route filaient tuyaux, compresseurs, blocs de béton, colonnes de distillations, cuves, sphères de stockage... Bref, l’usine de gaz. Et ainsi, au dessus de ma tête, encore, les tuyaux (bleu pour l’eau, rose pour l’hydrogène, le jaune pour le chlore, violet le chlorure de méthyle, en rouge ce qui concerne incendie et sécurité...). Ils filaient le long de ce pipe-rack et avec, les salariés de l’usine, à pied (singulière et forte assimilation des corps et des produits !). Un grand pont qui sort et retourne de/à l’usine, et moi dehors, dedans du coup. Il a fallu en démultiplier les points de vue afin d’échapper à la fuite du regard devant les choses. Les dessiner, jamais complètement, les répéter encore et encore, dessiner le contour de la chose, ou alors la dessiner par l’intérieur, tracer d’une même ligne un objet du fond et un du premier plan, tenter de saisir des volumes par ce qu’ils peuvent contenir... Accumuler en somme... Vaine tentative ;

le corps ne cesse d’être en mouvement, incompréhensions et malentendus pointent le bout de leur nez. L’usine, sans cesse, contrôle de l’incontrôlable. Elle pressure les gaz afin d’obtenir du solide, du palpable, toutes les matières de nos mondes domestiques, jusqu’à nos corps mêmes avec la pharmacie ou l’alimentation. Dangereuse et sensible nourrice... Elle pressure ces “corps fluides indéfiniment expensibles occupant tout le volume dont ils disposent”. J’ai eu la tentation de la grande peinture américaine : Pollock, Stella, mais je n’y suis pas vraiment... Resserrer les points de vue prélevés directement sur le motif ; les superposer (le carton d’invitation) et les étendre (l’exposition). Il a fallu “traduire” tout cela en peinture. Mon mode de contrôle a été de découper le film de protection des plaques transparentes afin de laisser des zones sur lesquels je pouvais “lâcher” la peinture. Elle avait ainsi la possibilité de réagir à sa guise. J’ai utilisé des pigments et du liant sans les mélanger de façon homogène ; je réalisais alors de multiples textures possibles et parfois à la limite de toute adhérence. Finalement, sans rien à cacher, il s’agirait d’une lente expérimentation, un bricolage permanent qui ne cesserait de se situer entre la plénitude d’un regard continu et la curiosité d’explorer tous les recoins.









2007-2009 __________________________

11 ml & 7 kg de matière Je me promène à la Cité Internationale Universitaire de Paris en quête d’une proposition qui puisse répondre à l’invitation de Glassbox. Ma focalisation se fait rapidement sur la Fondation Avicenne (énorme masse opaque et suspendue au-dessus de cubes transparents). Je m’arrête en particulier sur l’arrière du bâtit, tout en bordure du périphérique parisien (limite de la Cité mais aussi de la capitale française). La limite, être au bord, sera le leitmotiv de ce travail. Je commence par partir à la limite d’un état, afin d’en ramener le paysage. Deux semaines de marches incessantes sur les crêtes montagneuses de la frontière en question me conduiront à des détritus ; de vagues emballages, enveloppes vidées de leur contenu, formes indéfinies au voisinage de la décomposition. Ce tas de déchets est dessiné puis peint pas à pas, de la même façon qu’une marche, toujours à la lisière du trait. Disposé aux confins de la Fondation Avicenne, il n’y a plus de démarcation entre le dedans et le dehors. Le hall d’attente de la fondation Avicenne devient le siège d’un état limite. Un clair/obscur est ici redéfini et la matière est montrée jusqu’à son plus simple appareil. Quelque chose situé très exactement entre un grand vide et un trop plein.

_____________ réalisé à Isola 2000 et Paris exposition Le complexe de Rittberger - ou la ronde infinie des obstinés Glassbox sans les murs _ commissariat : Anne Couzon Cesca, François & Arnaud Bernus



2008 __________________________

graphite sur papier _ 20 x 30 cm Dessins prĂŠparatoires



2009 __________________________

11 ml & 7 kg de matière huile sur polyester et pigments _ 17 laies de 127 x 283 cm Vues d’exposition à la Fondation Avicenne Paris








__________________________ Glassbox invite (U)LS à terminer l’exposition “Le complexe de Rittberger” en venant, à l’aide de l’édition d’Eric Watier “Il n’y a pas d’images rares. (Aphorismes pour un manifeste dérisoire)”, obturer les vitres, conditions d’existence de cette exposition.




2009-2011 __________________________

Poum

,

une petite mine

J’ai donc longtemps porté mon regard sur des usines chimiques (lieux où les matières produites passent un temps par leur dématérialisation), en intégrant les paysages environnant. J’ai voulu inverser le processus et me rendre là où l’industrie modelait directement la nature. Je vais au centre du plus beau et du plus grand lagon du monde (classé au patrimoine mondial de l’Unesco), sur un lieu d’extraction de matière première. Je suis sur une mine de nickel à ciel ouvert en Nouvelle-Calédonie. Je cible une des très nombreuses mines de l’île en raison de sa taille afin de pouvoir l’explorer à pied et quotidiennement. La mine est d’environ 25 km² ; elle n’est finalement petite qu’au regard des autres se trouvant à proximité. La commune où se trouve le site, à l’extrême pointe nord de l’île, se nomme Poum. Alors que je dessine, un vieux mineur me dit «dans quelques temps tous ces paysages n’existeront plus, on ne vous croira jamais quand vous direz que c’est ici». L’endroit est divisé en deux. Au nord, il n’a cessé d’être exploité depuis l’ouverture de la mine (apparition des roches volcaniques et anciennes - rouges, jaunes, ocres - et disparition des verts). Les lignes deviennent géométriques, l’espace est aride. Au sud, l’exploitation a cessé il y a 30 à 40 ans. Les routes s’effondrent (lignes brisées), les végétaux sont présents de façon anarchique. Il y a quelque chose de difficilement définissable entre ordre et chaos ; entre l’organisation humaine en voie de disparition et l’ordre naturel ébranlé qui reprend confusément place. Au cours de longues marches, je réalise 40 dessins et constitue trois ensembles. De retour à l’atelier, ces dessins deviendront peintures (travail de mémoire, retrouver les sensations perçues...). à force d’épaisseur et d’opacification, je perds peu à peu mes repères. Chaque Calédonien rencontré m’aura raconté une vérité différente. Dans l’hémisphère sud, tout est à l’envers, selon mon point de vue. La réalité est toute confondue. Les paradoxes s’enchaînent. Pragmatique, j’étais venu voir ces matières-énergies (le nickel sert, entre autre, à la fabrication de batteries) en me demandant quelles formes pouvaient produire leur déplacement. Et voilà que j’entre dans un invraisemblable territoire : j’avais imaginé que ces paysages seraient comme des châteaux, puissances poussées vers le haut. Mais face à l’ouverture du sol, au niveau des pierres lourdes, métalliques et des terres sèchent, rouges, friables, et glissantes, il ne s’agit que d’effondrement et d’écrasement. J’avais pensé que l’industrie aurait forgé la nature à son image (fortifications, bases solides et élévations), son opposé a surgi et les résurgences organiques m’ont conduit, de façon tout à fait imprévue, à quelque étrange figure, genre de singulière vanité.

_________________________________ réalisée à Poum et Lyon exposition à L’attrape-couleurs - Résonnance XIe Biennale de Lyon une terrible beauté est née commissariat : Lucja Ramotowski-Brunet, Raphaël Boissy, Matt Coco



2009 __________________________

impression numĂŠrique monochrome _ 440 x 100 cm



2011 _________________

Poum

une petie mine

huile sur polyester fils aimants _ 8 & 6 peintures de 127 x 127 cm 1 tirage jet d’encre sur Dibond _ 54 x 80 cm

Vues d’exposition



















2009 __________________________

impression _ 330 x 100 cm



2011 _________________

Poum

une petie mine huile sur polyester fils aimants _ 6 peintures de 127 x 127 cm







2011-2012 __________________________

Aurore Une chose hors de proportion, invisible, inodore. Une chose dont chaque mesure est infini, sidéral, insensé. Tout demeure pourtant. Il n’est question ni de ruine, ni de destruction, mais de lente assimilation et déformation vers l’inconnu, l’imprévisible. Cela semble extrêmement lointain et touche ce qu’il y a de plus commun, de plus proche comme les nuages, la mer ou les enfants. À l’instar des poètes et des chamans, bricolages et empirisme sont les méthodes des scientifiques et des industriels. Comment imaginer ? Expérience : agitation brutale d’un liquide savonneux et représenter l’émulsion qui en résulte avec peu de matière (24 ml de peinture) sur une étendue de 5,13m2 (surface d’un kimono déplié). La peinture est ensuite doublée comme s’il y avait là un couple initiant la possibilité d’innombrables répliques et variations.

Le 11 mars 2011, un séisme d’une magnitude de 9,0 a été enregistré au large de l’île de Honshu engendrant un tsunami qui a ravagé totalement ou partiellement de nombreuses villes et zones portuaires. Ce tsunami fit vingt et un mille morts ou disparus. Quatre centrales nucléaires ont été particulièrement exposées à la violence du tremblement de terre et au déferlement du tsunami. Comment être solidaire d’un tel drame ? C’est la question que soulève le projet « Silk me back ». Initié, au lendemain de la catastrophe, par Isabelle Moulin, ce projet trouve son origine dans les relations diplomatiques franco-japonaises nouées au XIXe siècle, dont l’établissement coïncide avec une série de catastrophes biologiques survenues en Europe, qui ont menacé la production de soieries. L’association Silk me back a donc sollicité une vingtaine d’artistes qui ont accepté de créer un kimono en souvenir de la catastrophe du 11 mars 2011.

_____________________________ Présentations 2012 de la collection : Musée des Tissus et Fondation Bullukian, Lyon - Musée des Soieries Bonnet, Jujurieux - Galerie de Nesle, Paris.







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