Marseille Marché(e) - Séminaire - Abdelmoula Ynès

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MARSEILLE MARCHÉ(E) YNÈS ABDELMOULA

Marciano Rémy & Jaubert François S9_ SEMINAIRE LAB43_ MÉTROPOLE CARNET CURIEUX _ 2015/2016


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2015 Métropole Carnet Curieux 2016 Studio R. Marciano - F. Jaubert

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MARSEILLE MARCHÉ(E)

Le Petit Dictionnaire des Marchés Marseillais

Ynès Adelmoula Rémy Marciano & François Jaubert S9 - SEMINAIRE LAB43 - MÉTROPOLE CARNET CURIEUX - 2015/2016



CITÉ : n.f, Communauté politique indépendante. Groupe d’hommes libres constituant une communauté politique indépendante, ayant son gouvernement, ses lois, sa religion et ses mœurs propres. Agglomération de maisons ou d’immeuble à destination particulière.

ILLÉGALITÉ: n.f, Caractère illégal de (quelque chose), caractère de ce qui est contraire aux dispositions de la loi. TOLÉRER (ÉE): vb. Ne pas user, souvent avec condescendance, du pouvoir, de l’autorité que l’on détient pour interdire quelque chose, pour empêcher de faire quelque chose. Faire preuve de mansuétude, d’indulgence Supporter avec patience, souffrir, endurer, admettre Supporter sans réactions fâcheuses

PASTICHE : n.m, Ouvrage d’imitation, imitation du style d’une époque ou d’un genre. Œuvre littéraire ou artistique dans laquelle l’auteur imite en partie ou totalement l’œuvre d’un maître ou ‘un artiste de renom par exercice, par jeu ou dans une intention parodique.

PARKING: n.m, Emplacement affecté au stationnement des véhicules automobiles. Empr. à l’angl. parking, dér. de to park «mettre dans un parc» d’où, au xxes., «garer (un véhicule)», du subst. park issu lui-même du fr. parc. Désignant l’action de parquer, l’angl. parking est att. dep. le xvies. mais il a pris un sens spéc. en anglo-amér. pour désigner un lieu, un espace préservé de la circulation, généralement engazonné ou parfois planté d’arbres, devant les habitations ou au centre d’une rue sans qu’il s’agisse de l’espace réservé expressément au stationnement des véhicules, pour lequel existent des expr. telles que parking lot, parking place etc.

SOUK : n.m, Marché public d’un pays arabe, ensemble de rues commerçantes ( parfois couvertes), chacune de ces rues où les artisans et commerçants sont regroupés par corporation. Lieu agité et bruyant, lieu où règnent le désordre et la confusion.

TROTTOIR : n.m, Passage surélevé établi pour la circulation des piétons d’un ou des deux côtés d’une rue, d’un pont, d’un quai, comprenant ne bordure et une banquette dallée, bitumée ou asphaltée, et dont la hauteur et la largeur sont habituellement réglementées.

URBAIN : adj, De la ville, qui est relatif, qui appartient à la ville, aux villes. Qui fait preuve d’urbanité, qui témoigne d'un grand usage du monde.

VILLAGE: n.m, agglomération rurale, groupe d’habitants assez important pour former une unité administrative, religieuse ou tout au moins pouvant avoir une vie propre. Quartier d’une ville quand il est considéré comme formant un tout homogène avec une vie propre, des habitudes, des relations étroites entre les habitants. VILLAGEOIS : adj. Qui appartient au(x) village(s), au(x) villageois. Lourd, d’une grande force, robustesse ou vigueur.


AVEC 1,5 MILLIONS DE DÉPLACEMENTS GÉNÉRÉS PAR JOURS, LE MOTIF «ACHAT» EST LE PREMIER MOTIF DE DÉPLACEMENT DANS LA MÉTROPOLE 6


PRÉAMBULE

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e Carnet Curieux de la métropole, est l’occasion de parler de la métropole en attirant notre curiosité sur un certain nombre de singularités quotidiennes. Pourtant, une première question élémentaire s’impose naturellement à savoir : Qu’est ce que la métropole ? Intuitivement, la métropole consiste en une organisation négociée d’un territoire qui se veut unitaire mais qui est loin de l’être en réalité autant sur les plans politiques, économiques, sociaux ou même culturels. Seconde question, de quoi se compose cette métropole ? Lorsqu’on parle de métropole, on pense à grande échelle, notamment de flux, d’échanges, d’économie, de rapidité, d’infrastructures autoroutière, de réseaux ferroviaires, d’efficacité, du port autonome, d’industrie, de consommation... La consommation parlons en, plus d’une centaine de supermarché uniquement à Marseille, notre métropole serait-elle une métropole de supermarchés ? Des super-marchés comme si ils consistaient en une évolution du marché classique, passant ainsi à la catégorie supérieure devant super puis hyper. Faisant passer le marché pour désuet ou obsolète à l’heure de la consommation frénétique, dans les rayons en libre service, puis encaissé par des machines pour éviter les contacts humains. Une supermétropole dans laquelle un schéma se dessine alors, pour une journée typique d’un métropolitain lambda : maison > travail > voiture > parking > caddie > supermarché > rayons > queue > caisse > carte bancaire > ticket de caisse > parking > voiture > maison. Une journée passée sans poser un pied sur l’espace public, sortant de chez lui dans sa voiture, entrant sur son lieu de travail grâce au badge sur son pare brise, puis pénétrant sur le parking privé du supermarché avant de rentrer chez lui. Est -ce cela la métropole de demain ? Bien évidement ce schéma étant raccourcis pour exagérer les traits bien que les données soient réelles, plus de 60% des déplacements automobiles sont effectués pour des achats, la consommation étant donc le premier motif de déplacements métropolitains . D’après David Mangin, 70% des affaires sont réalisées en périphéries des villes, 10 % dans les quartiers et 20% des les centres-ville. C’est sur les derniers 30% que notre attention se portera dans ce mémoire, une occasion d’aller au plus proche des métropolitains qui font nos villes, qui dynamisent 7


70% 10%

20%

CENTRE

QUARTIERS

PERIPHERIE

Répartition des achats entre la périphérie, les quartiers et le centre-ville selon David Mangin, La ville Franchisée.

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ces centre villes et ces quartiers à l’occasion des marchés. Marseille avec ces 111 quartiers et son absence de périphérie est donc le territoire idéal pour explorer ces phénomènes aussi complexes que diversifiés. De l’Estaque à Frais Vallon en passant par la Madrague ou Noailles, nous verrons que le marché peut être un réel espace de sociabilisation, d’intégration à un quartier, et peut même dans certaines situations bien identifiées être la seule solution économiquement viable pour tout un quartier et de ce fait permettre à de nombreuses familles de survivre. C’est dans ce sens que nous aborderont la problématique du marché à Marseille, non pas comme un énième lieu de consommation, mais bien comme un espace fédérateur, d’échange, de solidarité et comme un modèle alternatif pour la métropole, proposant des lieux de vie, des espaces publics conviviaux et appropriés par les habitants. Favorisant de fait, les déplacements en communs et une dynamique de proximité en contradiction avec le modèle global.

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10 000 PERSONNES SE RENDENT À GRAND LITTORAL CHAQUE WEEKEND

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100 000 PERSONNES SE RENDENT AU MARCHÉ AUX PUCES CHAQUE SEMAINE

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Cité de La Rose

Cité de Frais Vallon Marché de Frais Vallon

Commerces de proximité

Ligne de métro 1, arrêt Frais Vallon

Lignes de bus, toutes directions

Passerelle automobile L2

Cité : n.f, Communauté politique indépendante. Groupe d’hommes libres constituant une communauté politique indépendante, ayant son gouvernement, ses lois, sa religion et ses mœurs propres. Agglomération de maisons ou d’immeuble à destination particulière.

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CITÉ

E MARCHÉ DE LA CITÉ

13 013 . Le marché de Frais Vallon Gris, tout est gris aux pieds des tours. Des parkings, des scooters, des voitures, du béton, des grilles et le métro. Paradoxalement, ici le métro fait limite, c’est la limite entre le quartier ancien de Frais Vallon, et les tours de la cité ; il faut choisir son camp . Il fait aussi la limite entre ce quartier et le centre ville, au bout de la ligne 2. Ce centre ville trop loin et trop cher pour s’y rendre, personne ne prend la peine de payer son ticket pour voir la ville. Seules les personnes du quartier de la Rose se déplacent jusqu’à Frais Vallon les jours de marché. Le marché est un oasis parmi les tours, un lieu de vie dans un contexte arride, il fait entrer la vie et les couleurs dans cette cité. Tous les mercredis matin les voisins se rencontrent sur la petite place du métro, habituellement déserte comme tous les espaces entre les bâtiments. Le marché donne du sens à l’espace, il le rend public et convivial. Quand le marché complète l’épicerie et la boulangerie, les mères de famille se réunissent, échangent les potins de la semaine, les grands père et les jeunes investissent la terrasse du café comme si tout le monde attendait le jour de marché pour se retrouver.

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ILLÉGALITÉ: n.f, Caractère illégal de (quelque chose), caractère de ce qui est contraire aux dispositions de la loi. TOLÉRER (ÉE): vb. Ne pas user, souvent avec condescendance, du pouvoir, de l’autorité que l’on détient pour interdire quelque chose, pour empêcher de faire quelque chose. Faire preuve de mansuétude, d’indulgence Supporter avec patience, souffrir, endurer, admettre Supporter sans réactions fâcheuses

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ILLÉGALITÉ TOLÉRÉE

ILLÉGALITÉ TOLÉRÉE

13 015 . Le marché aux puces

Depuis l’extérieur l’espace est hiérarchisé. L’enceinte officielle du marché aux puces est normalisée, monnayable, standardisée. L’espace s’organise de manière circulaire autour d’un grand hangars métallique d’une vingtaine de mètres de hauteur. C’est le plus haut, le plus cher aussi. C’est le pavillon brocante, des pièces uniques se mêlent aux vestiges ruraux tels que des fers à repasser en fonte et aux œuvres des plus grands designers de la période bénite des sixties. Au rez de chaussée, une galerie d’art, où pièces rares et œuvres contemporaines hors de prix se défient. Ce hangar semble être en total décalage avec l’ambiance générale, la quiétude et la poussière y règnent en maîtres. Un café, espace de calme et de sociabilité est aménagé à la limite entre le dedans et le dehors, la populace n’entre pas dans la galerie ! En effet, elle reste dehors, là où les stands s’agglutinent les uns aux autre, réglés par les repères de peinture blanche qui rythment l’asphalte autour de la brocante. Des parasols s’alignent et recouvrent l’espace de vente, ils protègent les boucles d’oreilles et les montres en toc, les vêtements synthétiques et asiatiques, les bibelots de chez mémé dont on veut se débarrasser, les produits d’entretien pour la bonne ménagère et les produits cosmétiques d’origine douteuse... Les fruits et légumes sont vendus dans la corne d’abondance qu’est la grande halle, on y trouve aussi des olives, des pâtisseries orientales, des boulangeries, des délices d’origines diverses et tout au fond, dans l’obscurité, de l’électroménager, des ordinateurs et des téléviseurs sans doute tombé du camion ou maintes fois réparés puis revendus à prix sacrifiés. Enfin, un peu en retrait, Moustapha Slimani, boucher de viande halal, (La confiance en plus ! ) domine, diffusant en boucle des offres promotionnelles sur le kilos de viande d’agneau. Plusieurs boucheries sont ainsi disposées sur la partie nord du marché.

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PETITS COMMERCES

BOUCHERIES MOUSTAPHA SLIMANI

TROTTOIR & PASSERELLE VENTE ILLEGALE

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HALLE PRINCIPALE BOUTIQUES DIVERSES

BROCANTE GALERIE D’ART CAFE ZONE DE VENTE NORMALISEE

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Zones de ventes à la sauvette Limites officielles du marché Zone impactée par l’activité du marché ( ventes illégales, stationnement, déchets ...)

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Vente normalisée ( stands) Vente illégale ( ordinateurs d’occasion, contrefaçons ...)

sée ( stands)

Vente à la sauvette, non contrôlée

( ordinateurs d’occasion, contrefaçons ...)

uvette, non contrôlée

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Au milieu de la foule il n’est pas rare de croiser un bénévole recueillant des fonds pour la construction d’une mosquée, celle du treizième arrondissement de Marseille ce jour là. Une économie alternative, celle de la solidarité et de l’entraide est effective au marché aux puce, il n’est pas rare non plus de voir un acheteur offrir son reste de monnaie à un mendiant. Beaucoup de marseillais ou de métropolitains dépendent de cette économie parallèle, surtout dans les arrondissements les plus pauvre, là ou près de la moitié des habitants vit sous le seuil de pauvreté. Cette économie alternative se traduit autour du marché par une infinité de vendeurs à la sauvette. Installés sur les trottoirs et même les voies de circulation, avec la passerelle automobile en guise de toiture, des voitures comme murs, la marchandise d’occasion est déposée sur un morceau de tissus à même le sol se recréant ainsi un espace de vente avec les moyens du bord. L’espace public devient le marché de ceux qui ne peuvent pas s’offrir un emplacement à l’intérieur, le passage sous la passerelle devient une échoppe de prêt à porter. Complètement investi, approprié, il ne répond qu’aux règles des habitués, plus au code de la route ni au code civil, la police fait acte de présence en guise de prévention, elle n’a pas les capacité de faire respecter l’espace public. C’est ainsi que ce dernier prends tout son sens, rendu aux habitants, il répond pour une fois à leur besoins. L’étalement ne s’interrompt qu’à la fin de la passerelle au nord et au sud. A l’est, le début de la rue de Lyon est trop urbanisé pour toléré ce bazar et marque naturellement la fin de la vente. C’est ainsi tous les week-ends, chaque semaine, toute l’année durant.

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Arret de bus

Parking gratuit aménagé en semaine et le samedi

Parking gratuit aménagé en semaine et le samedi

Ancien terrain mis à disposition pour le stationnement, utilisé Ancien terrain aujourd’hui mis à disposition pour lepour stationnement, aujourd’hui utilisé pour l’entropsage de conteneurs l’entropsage de conteneurs Aire de stationnement sauvage lié à l’activité du marché le dimanche

Aire de stationnement sauvage lié à l’activité du marché le dimanche

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Pour pouvoir se rendre au marché aux puces de la Madrague il convient d’avoir à son actif un certain nombre de pré-requis. Le premier étant une agilité et une souplesse suffisante pour pouvoir enjamber la glissière de sécurité séparant les deux doubles voies de circulation. À la sortie du marché, pour pouvoir rejoindre sa voiture de l’autre côté, il faut franchir cet obstacle. La séquence d’entrée n’étant pas adaptée, l’accompagnement du public est inexistant créant ainsi des situations dangereuses pour les usagers. Une observation expérimentale d’une minute au niveau de l’entrée principale du marché a mis en évidence plus d’une trentaine de personnes pas tous égaux sur le plan physique: un vieillard chargé de ses sacs de courses doit faire une pause entre les deux enjambées, s’essuyer le front, remettre ses lunettes, déposer ses sacs trop lourds, un couple doit faire preuve de coordination pour soulever la poussette, une mère porte son enfant à bout de bras tout en guettant la voiture qui approche un peu trop rapidement, une dame en jellaba levant difficlement la jambe, des jeunes inconscients du danger... tous enjambent cette glissière «de sécurité» faute de passage piéton aménagé.

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Marché au poisson Esplanade du Vieux-port

PASTICHE : n.m, Ouvrage d’imitation, imitation du style d’une époque ou d’un genre. Œuvre littéraire ou artistique dans laquelle l’auteur imite en partie ou totalement l’œuvre d’un maître ou ‘un artiste de renom par exercice, par jeu ou dans une intention parodique.

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PASTICHE PROVENÇAL

E PASTICHE PROVENÇAL

13 001 . Le marché du Vieux-Port

Arrivés à l’aube par la mer, les cagettes pleines de poissons frais, les pêcheurs installent leur étals bleu clair le long du quai des belges là où est amarré leur bateau puisqu’il n’y a aucun périmètre réservé pour eux. Flottant sur l’esplanade désertique du vieux port, ils tentent d’attirer l’attention des passants avec quelques parasols de l’office du tourisme. Oui, le marché au poisson est un élément pittoresque, qui fait partie du tableau provençal que l’on veut vendre pour attirer les touristes. Il n’attire finalement que les goélands qui dansent au dessus d’eux, s’approchant parfois pour négocier un poisson. Pourtant les pêcheurs sont authentique, ils ont l’amour de la mer et de leur métier allant jusqu’à venir vendre leur pêche du jour même en étant sous oxygène, branchés à des tuyaux pour continuer à respirer. La mer les maintient en vie, comme beaucoup de marseillais. Leur mains sont marquées par l’histoire de leur filets, les visages sont bronzés, les bottes sont iodées et le poisson plus rare qu’à l’époque mais toujours de qualité. Ce sont donc les histoires de ces marseillais qui ont fait celle de Marseille mais ils sont pourtant délaissés, sans statut dans un non espace.

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SOUK : n.m, Marché public d’un pays arabe, ensemble de rues commerçantes ( parfois couvertes), chacune de ces rues où les artisans et commerçants sont regroupés par corporation. Lieu agité et bruyant, lieu où règnent le désordre et la confusion.

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SOUK

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13 002 . Le marché du Soleil Tu verrais la joncaille, les perles et les diamants Des sourrires en pagaille, un peu tous les accents Ca sent le poulet frit sous la vieille sono Elle joue parfois du chaabi Il fait toujours beau Viens avec moi au marché du soleil Près de la mosquée de marseille Dans ses ruelles On se depeche pour acheter Viens avec moi au marché du soleil On vient de tout coté de la Méditerrannée Tout le monde est occupé Tout le monde est employé Tout le monde est affairé Ceux qui viennent buisnesser Et ceux qui vont retraverser Reprendre des paquets Les bateaux remplis de toutes ces denrées Bientôt les calles seront pleines à craquer Quand la côte phocéenne se sera éloignée Les boutiques du marché seront deja fermées Viens avec moi au marché du soleil On y vient pour voyager On y vient pour palabrer On y vient pour se rencontrer, Pour occuper sa journée On y vient pour respirer On y vient pour échanger On y vient sans se presser On prend le temps pour savourer Aujourd’hui les marseillais de toutes communautés Ont besoin d’espaces pour se rencontrer Si on voulait vraiment embellir notre cité Il faudrait un marché du soleil dans chaque quartier Au Marché du Soleil, Massilia Sound System, 2008

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Installation du marché sur l’Avenue du Prado TROTTOIR : n.m, Passage surélevé établi pour la circulation des piétons d’un ou des deux côtés d’une rue, d’un pont, d’un quai, comprenant ne bordure et une banquette dallée, bitumée ou asphaltée, et dont la hauteur et la largeur sont habituellement réglementées.

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TROTTOIR

E MARCHÉ TROTTOIR

13 006 . Le marché du Prado

Les fourgons et les cartons empilés de chaque côté du trottoir forment une muraille qui délimite l’espace du marché. Ce trottoir habituellement très large se retrouve encombré de mille et une choses durant les jours de marché, il est alors impossible de circuler normalement à moins de changer de trottoir. La promiscuité est très forte, le rythme est ralenti, et invite les passants à prendre leur temps, faire une pause dans le rythme effréné de la ville. Le mouvement des piétons contraste avec celui des voitures lancées à toute allure sur la deux fois deux voies de l’Avenue du Prado. Contraste saisissant lorsqu’on se trouve de l’autre côté et qu’on prend le temps d’observer ce qu’il se passe. Entre les fourgons les gens se croisent, se parlent, comparent leurs achats, certains appellent même des proches pour leur demander leur avis sur le prix des produits, est-ce une affaire ? On ne trouve que très peu de produits comestibles sur le Prado, on y voit surtout des produits de contrefaçon comme des sacoches, des ceinture et des lunettes et des boubous bariolés vendus par des africains ou des faux sacs en faux cuir italien vendus eux, à prix d’or, par un homme aux cheveux gominés et chemise un peu trop déboutonnée. Pour accueillir le marché plusieurs fois par semaine, le stationnement est régulé, le sol est matricé, millimétré pour accorder à chaque camelot un périmètre égal. Chacun se l’approprie alors, rivalisant d’inventivité, déployant toute sorte de parasols, tables pliante, cartons empilés en guise de support ou encore des toiles tendue rose bonbon façon tente berbère revisitée.

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Urbain : adj, De la ville, qui est relatif, qui appartient à la ville, aux villes. Qui fait preuve d’urbanité, qui témoigne d'un grand usage du monde.

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URBAIN

E MARCHÉ URBAIN

13 001 . Le marché des Capuçins

Tout le monde sourit, tout le monde dit bonjour, tout le monde a l’air vivant ! Et ça, dans une grande ville ce n’est si pas courant ! Certes, les produits du marché sont importés d’Espagne, du Maroc, d’Italie ou de Tunisie mais leurs prix sont imbattalbes et la qualité est respectable. Le marché de Noailles est une caverne d’Ali baba, les ruelles alentours fourmillent, en perpétuelle animation, les odeurs invitent au voyage, les olives, les épices, les pains égyptiens, le thé à la menthe, la pizza la moins chère de Marseille, tout y est ! Le marché des Capuçins est au cœur d’un quartier les plus pauvre mais les plus vivant de Marseille. Il y a même un petit espace de terrasse reservé au petit café oriental qui fait l’angle entre la place des Capuçins, et La rue longue des Capuçins pour boire un café turc après avoir remplis son panier. Malgré cette spontanéité ambiante, ici pas de débordements, l’espace est géré par le mobilier urbain, des potelets empêchent les cagettes et les cartons de s’échapper, les stands sont fixes et pliables pour ne pas que les marchands grappillent quelques centimètres par-ci par-là. L’espace entre les allées correspond à la norme requise pour le passage d’un engin de nettoyage. Rien ne dépasse pourtant, le mouvement est incessant, la foule se déplace, se croise, se percute, s’excuse. En y regardant de plus près, on tombe sur de petites merveilles d’ingéniosité, les primeurs, en bons marseillais, se fabriquent des petits cabanons de palettes, de cagettes et de toiles et sans franchir les limites de leur emplacement désigné par l’agent de mairie. Ici le marché et les petits commerçants alentours nourrissent tout le quartier mais aussi celui de Belsunce et des Réformés, on y accède à pied, en tramway, en métro ou en bus. Plus qu’ailleurs, au marché des Capuçins, on dirait le Sud...

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Accès métro, Noailles, ligne 2 Vers Les Réformés

Accès Tramway, Rue de Rome Accès Bus, Canebière

Vers le Vieux-Port

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Limite officielle du marché Zone de débordements liés au marché Ligne de métro Ligne de bus

Limite officielle du marché

Ruelles commerciales (boucherie, épiceries, quincailleries ...) Zone deprimeur, débordements liés auboulangerie, marché Ligne de métro ou de tramway Ligne de bus Ruelles commerciales (boucherie, primeur, épiceries, boulangerie, quincailleries ...)

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Marché de l’Estaque

Parking gratuit

Bar et restaurants attenants, commerces de proximité

Promenade en bord de mer

Parking gratuit

Lignes de bus, toutes directions

Village: n.m, agglomération rurale, groupe d’habitants assez important pour former une unité administrative, religieuse ou tout au moins pouvant avoir une vie propre. Quartier d’une ville quand il est considéré comme formant un tout homogène avec une vie propre, des habitudes, des relations étroites entre les habitants. Villageois : adj. Qui appartient au(x) village(s), au(x) villageois. Lourd, d’une grande force, robustesse ou vigueur.

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VILLAGEOIS

LE MARCHÉ VILLAGEOIS

13 016 . Le marché de l’Estaque Le port de plaisance laisse flotter un air de vacances toute l’année, la promenade aménagée offre un point de vue dégagé sur le large et le marché. Une assise accompagne le visiteur, lui proposant un endroit pour flâner, profiter du soleil et déguster ses produits juste acheté au marché. Une famille pique nique sur son bateau avant de prendre la mer, le drapeau tricolore ondule joyeusement au vent. Les façades modestes apportent de la couleur, du rouge brique, de l’ocre, du jaune rosé à la mode de chez nous, des tuiles, des volets persiennés vert olive ou couleur bois rythment les façades, des balustrades de fer forgé peintes en blanc courent le long des balcons. Au rez-de-chaussée, les façades se mettent en retrait, libérant des terrasses pour les bistrots, le bar le Soleil, le bar des pêcheurs, l’étincelle ou encore le restaurant la plage, toutes les terrasses sont pleines, les gens profitent du doux soleil de novembre. Illustration parfaite des privilèges de la Méditerranée. A l’ Estaque, le marché n’est alors qu’un prétexte pour les riverains pour se retrouver, discuter des enfants, des voisins, du mari hospitalisé... Une ambiance de village règne dans l’unique allée du marché. Tout le monde se parle parce que tout le monde se connaît. Les produits à vendre ne sont que des petites choses de la vie, des vêtements made in Bangladesh, des poêles et casseroles de toutes tailles « garanties à vie », des paellas servies chaudes tandis qu’ un petit poste radio émet les tubes du moment, l’ambiance est bonne enfant et familiale.

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PORTRAITS DE MÉTROPOLITAINS

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CONCLUSION

Marché alimentaire, forain, marché aux puces, marché de Noël, brocante ou encore marché aux fleurs, ils ne maquent pas à Marseille et pourtant. Peut être en faudrait-il d’avantage ? En effet les marchés comme celui des Capucins dans le quartier de Noailles sont un poumon économique, offrant une large plage horaire, des produits accessibles dans un quartier les plus pauvres de la ville, et reste accessible par tous les transports en commun. De plus il fonctionne en harmonie avec les échoppes des ruelles environnantes.Il est au terme de cette étude l’exemple à suivre en terme de fonctionnement, il représente ce que devrait être un marché dans un contexte urbain. Il en va de même pour le marché aux puces ou encore le marché du soleil qui sont des institution dans leur quartier, et même à l’échelle de la ville. Ils proposent des produits spécifiques à des besoins d’une population d’un quartier précis. Si il y avait plus de marché, tous avec une identité en adéquation avec leur quartier, peut être qu’une économie alternative aux supermarchés fonctionnerait, dynamisant ainsi la ville, créant des échanges entre les différents quartiers. Chacun irait chercher ce dont il a besoin dans tel ou tel endroit de la ville tout en ayant un choix suffisamment important de produit pour subvenir aux besoin des riverains. Promouvoir une économie plus proche des habitants, évitant de trop grands déplacement qui sont polluants, et aussi promouvoir un partage, des échanges entre les gens qui dans certains quartiers ne se connaissent pas. En effet à l’inverse des quartiers nord dans lesquels une solidarité existe entre voisins ou à Mazargues où tout le monde se connaît, dans les quartiers les plus urbains comme ceux du centre bordant la rue Paradis, ou ceux trop explosés comme dans le dixième arrondissement les gens se croisent mais ne se connaissent pas par faute d’endroit pour se rencontrer. Nous avons pu constater grâce à ce reportage photographique qu’à plusieurs reprises, le piéton prends l’avantage sur la voiture, reprenant ainsi l’avantage sur l’espace de la rue. Au marché aux puces de la Madrague par exemple, quand les camelots ne peuvent s’offrir un emplacement à l’intérieur de l’enceinte légale du marché, ils s’installent alors dans la rue, empiétant ainsi sur l’espace de la voiture. Le quartier se piétonnise presque entièrement et ce, de manière spontanée. Les utilisateurs s’approprient alors l’espace public, ils l’adaptent à leur besoins . Quand cette possibilité est offerte par les autorités, cela donne naissances à des systèmes qui fonctionnent de manière autonome. Cependant, parfois il conviendrait de mettre un cadre un peu plus précis à ces pratiques, non pas pour les réprimer ou les contenir mais seulement pour les parfaire et les accompagner dans leur démarche. Cela pour65


rait se formaliser par un système de traitement des déchets à la fin du marché ou une certaine mise en valeur de ce marché afin de montrer au gens qu’ils comptent pour leur ville, leur donner le sentiment d’exister et d’être considéré à leur juste valeur, car le marché est une institution marseillaise et qu’on le veuille ou non , ce marché apporte aussi beaucoup à la ville. Dans les quartiers nord, nous avons pu voir qu’à Frais Vallon, le marché sert de prétexte à la sociabilité, il invite les gens à sortir de leur tour de béton et à pratiquer ce non espace qui devient une fois par semaine un espace public de qualité à l’occasion du marché. Grâce au métro, il permet aussi de rencontrer des personnes des quartiers voisins en toute quiétude. C’est en étudiant tous ces exemples que nous en arrivons à la conclusion que le marché en tant que programme est une belle occasion pour un architecte ou un urbaniste de le penser en tant qu’espace de vie, il peut pour beaucoup de quartiers déshérités être une solution pour dédramatiser la peur de la rue en le pensant en tant qu’espace partagé, lui donnant un statut, des qualité afin d’inviter les habitants à se l’approprier et à le vivre. Cela questionne aussi le rôle de l’architecte dans le processus d’appropriation de l’espace par l’usager, toute la difficulté étant d’offrir une liberté d’action tout en supposant un cadre minimum au projet pour son fonctionnement. Un marché peut être un projet extrêmement généreux, et va bien au delà d’un simple espace de vente. Il peut sans aucun doute redonner confiance en l’espace public, et être le théâtre de scène de vie en toute simplicité et convivialité, il peut créer du lien social en valorisant les personnes qui le pratiquent. Donner de la valeur aux gens, c’est donner de la valeur à la métropole, car rappelons le, « Le grand monument de Marseille, c’est sa population » ! *

* Lanaspeze Baptiste, Marseille: Ville sauvage, essai d’écologie urbaine, Ed.Actes Sud, 2012, 192p

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NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

INSPIRATIONS: Littérature: SAND George, Voyage dit du midi,1861 ( 19 février – 29 mai), les ateliers du patrimoine, Ville de la Valette-du-var, 1991, LA Garde, 133p. Photographie et art contemporain: Jean françois rauzier http://www.rauzier-hyperphoto.com/portfolio/marches/ Martin Parr: http://www.martinparr.com/ RYU Bi-Ho, Euphoric Drive, 2008, maquettes en carton, plantes en plastique,vidéo, dimensions variables. Architecture: MERCADO DOS ENCANTOS BARCELONE b720 Fermín Vázquez architectes OUVRAGES: LANASPEZE Baptiste, Marseille: Ville sauvage, essai d’écologie urbaine, Ed.Actes Sud, 2012, 192p PERALDI Michel, Duport Claire, Samson Michel,Sociologie de Marseille, coll. Repères, édition La découverte, Paris, 2015, 121p GEHL Jan, Life Between Buildings – Using Public Space, éditions The Danish Press, 6eme éd, Danemark, 2006, 200p KOOLHASS Rem, Junkspace, éditions Manuels Payot, Paris, 2001, 121p MANGIN David, La ville Franchisée, RESSOURCES INTERNET: AGAM: La métropole en chiffre http://www.agam.org/fileadmin/ressources/agam.org/ressources_et_donnees/ chiffres-cles/M%C3%A9tropole_en_chiffres-bd.pdf AGAM: Marseille en chiffre http://www.agam.org/fileadmin/ressources/agam.org/ressources_et_donnees/ chiffres-cles/WEB-Marseillenchiffres-2015.pdf Mémoire sur le marché aux puces de Marseille: http://www.centrecommerciallespuces.com/historique-CC-lespuces.pdf

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Qu’est- ce qu’un marché ? Le marché est par définition un lieu public, couvert ou de plein air, où se tiennent toutes sortes de marchands qui exposent et vendent des denrées alimentaires, des articles de bazar et des objets d’usage courant. Mais le marché est avant tout un lieu de sociabilisation, de rencontres et d’échanges entre les habitants d’un quartier, ou d’une ville, il peut être un lieu d’étude privilégié en ce qui concerne les comportements des habitants d’un quartier, leur relation à l’espace public et à leur ville. L’espace du marché peut aussi être le témoin de la politique urbaine et sociale d’une ville, une vitrine sur les déviances d’un certains nombres d’individus qui profitent du système ou de l’abandon de la ville sur ces territoires. Ainsi, le marché est un sujet riche d’enseignement pour les architecte et les urbanistes, un prétexte pour penser à la qualité des espaces publics qu’ils projettent afin d’y introduire du partage et de la convivialité tout en répondant à des besoins ciblés d’une population localisée.

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