YO! #3 / 2012

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YOUTH OPINION - #.03 / 2012

FREE / GRATUIT

It's geopolitics ! / C'est de la geopolitique ! IN THIS ISSUE : A Youth Resolution in the UN Security Council? / Yugonostalgia / Euro_ Arab Youth Cooperation / Youth leaders in the 50s / Occuprint - DANS CE NUMERO: Une résolution sur la jeunesse au Conseil de Sécurité de l'ONU ? / Yougonostalgie / Coopération euro-arabe de la Jeunesse / Les responsables de jeunesse dans les années 50 / Occuprint


EDITORIAL TEAM / EQUIPE ÉDITORIALE Giuseppe Porcaro – Editor in Chief / Rédacteur en Chef Letizia Gambini – Editor / Rédactrice Thomas Spragg – Assistant Editor / Assistant Rédacteur ˇ – Editor-at-large / Rédacteur régulier Peter Matjašicč Anne Debrabandere – Translator / Traductrice

CORRESPONDENTS / CORRESPONDANTS Aleksandra Maldžiski - Organising Bureau of European School Students Unions - OBESSU Carmen Paun – European Confederation of Youth Clubs - ECYC ˇ - World Organisation of the Scout Movement - WOSM Hana Pasic Irene Fazio – European Youth Press – EYP Lelde Kaunese – Latvijas Jaunatnes Padome - LJP Tena Prelec – European Students’ Forum - AEGEE Vidmanteė Dubickaite – Lietuvos Jaunimo Organizaciju Taryba - LIJOT Triin Adamson - Youth for Exchange and Understanding - YEU Editorial Design and Art Direction / Design Editorial et Direction Artistique Gabriele Trapani / Ruby Miah, www.gabrieletrapani.com Cover graphics / Couverture graphique : Louis Dourado, www.luisdourado.net YO! Mag Concept / Concept du magazine : Vincenzo Onnembo, www.aspecialperson.com

INFO Join our Pool of Correspondents / Rejoins notre Equipe de Correspondants : Join our Pool of Artists / Rejoins notre Equipe d’Artistes : youthopinion@youthforum.org European Youth Forum 120, rue Joseph II 1000, Bruxelles Belgium – Belgique www.youthforum.org with the support of / avec le soutien de: The European Commission / La Commission européenne The European Youth Foundation of the Council of Europe / le Fonds européen pour la Jeunesse du Conseil de l’Europe

ISSN : 2032-9938 2012 European Youth Forum


giuseppe.porcaro@youthforum.org The French Geographer Yves Lacoste wrote in 1976 La géographie ça sert d'abord à faire la guerre (geography is first used to make war). Back then, the book changed the perception of the discipline from an innocent and old fashioned subject to a strategic discourse of power. What makes Yves Lacoste’s writings relevant for youth work and activism? At some point, Lacoste demonstrates that in formal education systems the ‘geography of professors’ crystalises the point of view of power and does not provide students the skills to gain a critical territorial understanding. He pleas then for geographical knowledge to switch from a military-political strategic tool towards the democratic empowerment of people. Knowing about the place ones lives is very much a pre-requisite to be part of its change. In my local scout group, I learned about the space surrounding me by exploring the town, the region, the continent and the planet I live in. It was a powerful element that contributed to give me an understanding of the world, giving me orientation on where I could act, therefore making me an active citizen. Many of you that have been or are still active in a youth organisation can probably tell a similar story. So I don't think it is exaggerating to say that youth work is a geopolitical tool in the hands of millions of young people, that can change the world for the better. It’s not just the educational part though. When working with young migrants, when running a peace project or when establishing co-operation in sensitive areas of the world, youth organisations are to be fully considered as Geopolitical actors. This last issue of YO! Mag in 2012 will go deeper into this topic and will make you discover that Geopolitics is not only a matter to be dealt with in the diplomatic rooms of international relations, or by modern James Bonds, but also by young activists. Enjoy the read!

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editorial

Giuseppe Porcaro

En 1976, le géographe français Yves Lacoste écrivait “La géographie ça sert d'abord à faire la guerre.” A l'époque, le livre a changé la perception de la discipline; la faisant passer d'un sujet innocent et démodé à un discours stratégique de pouvoir. Qu'est-ce qui fait qu'Yves Lacoste est toujours pertinent pour le travail et le militantisme de la jeunesse ? Dans une certaine mesure, Lacoste démontre que dans les systèmes d'éducation formelle, la “géographie des professeurs” crystallise le point de vue du pouvoir et ne fournit pas aux étudiants les compétences nécessaires pour acquérir une compréhension territoriale critique. Il plaide ensuite pour que les connaissances géographiques passent d'un outil stratégique militaro-politique à un outil de responsabilisation démocratique des peuples. La raison en est que le fait de connaître l'endroit où l'on vit est une condition prérequise pour faire partie de son changement. Dans mon groupe local de scouts, j'ai découvert l'espace qui m'entourait en faisant l'expérience de la ville, de la région, du continent et de la planète où je vis. C'est un élément puissant qui m'a aidé à comprendre le monde et à m'orienter vers là où je pouvais agir; faisant de moi un citoyen actif. Beaucoup d'entre vous qui avez été ou êtes toujours actifs dans une organisation de jeunesse direz probablement la même chose. Je ne pense donc pas qu'il soit exagéré de dire que le travail de la jeunesse est un outil géopolitique entre les mains de millions de jeunes qui peuvent améliorer le monde. Cependant, il ne s'agit pas uniquement de la partie éducative. En travaillant avec de jeunes migrants, en dirigeant un projet pour la paix, ou en établissant une coopération dans des zones sensibles du monde, les organisations de jeunesse doivent être pleinement considérées comme des acteurs géopolitiques. Ce dernier numéro du YO!Mag 2012 approfondira la question et il vous fera découvrir que la géopolitique n'est pas seulement une question qui doit être gérée dans les salles diplomatiques des relations internationales ou par les James Bond des temps modernes, mais aussi par les jeunes militants. Bonne lecture !


CONTRIBUTORS

YOUTH OPINION

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Luis Dourado Illustrator / Illustrateur

Rob Hornstra Photographer/Photographe

27, born in Porto, Portugal, Luis works mainly in Visual Arts, with transversal experiences in Design, Photography or Music. Exploring mainly themes like control, memory and illusion, Dourado’s personal work has been published in international magazines and publications in more than twenty countries in four different continents.

37, is a Dutch documentary photographer and self-publisher of documentary work. In 2012, his reportage on Russian Caucasus won the World Press Photo award. He is also the founder and former artistic director of FOTODOK – Space for Documentary Photography. Hornstra is represented by INSTITUTE and Flatland Gallery.

27 ans, né à Porto, Portugal. Luis travaille principalement dans les Arts visuels, avec des expériences transversales en Design, Photographie ou Musique. Explorant de nombreux thèmes parmi lesquels le contrôle, la mémoire et l'illusion, le travail personnel de Dourado a été publié dans des magazines internationaux et publications dans plus de vingt pays de quatre continents différents.

37 ans, Hollandais, photographe documentaire et auto-éditeur de travaux documentaires. En 2012, son reportage sur le Caucase russe a remporté le Prix World Press Photo. Il est également le fondateur et ancien directeur artistique de FOTODOK – Espace pour la Photographie Documentaire. Hornstra est représenté par INSTITUTE et la Galerie Flatland.

www.luisdourado.net

www.borotov.com / www.thesochiproject.org

Johanna Nyman Writer / Auteure

Thomas Alboth Photographer / Photographe

23, born in the small town of Vasa, Finland. She is a biology student at Helsinki University, specialising in climate. Her passion for youth policy brought her to work as chairperson for the Committee of International Affairs in the Finnish Youth Co-operation Allianssi and as an activist in the Scouts.

33, is co-founder of the Berlin based web design company undkonsorten. He has two beautiful daughters (Hanna&Mila) and a journalist wife (Anna); together they are The Family Without Borders, a traveling family that speaks Polish, German and English.

23 ans, née dans la petite ville de Vasa en Finlande. Elle étudie la biologie à l'Université d'Helsinki, spécialisation climat. Sa passion pour la politique jeunesse l'a amenée à présider le Comité des Affaires internationales de Finnish Youth Co-operation Allianssi et à militer chez les Scouts.

33 ans, co-fondateur de la société berlinoise de webdesign undkonsorten. Il a deux magnifiques jeunes filles (Hanna & Mila) et une épouse journaliste (Anna). Ensemble, ils sont la Famille sans Frontières ; une famille itinérante qui parle le polonais, l'allemand et l'anglais. www.thefamilywithoutborders.com

Melhem Mansour Writer / Auteur

Marco Pavan Photographer/Photographe

31, Syrian, he has worked on many UN, Council of Europe and EU projects on youth employment, youth policies, education for sustainable development and other youth issues since 2000. Before the Syrian upheaval, he worked on the establishment of the Syria Youth Parliament.

28, photographer and freelance journalist born in Treviso, Italy. In 2009 he travelled to the Balkans to produce After Jugo, a multimedia reportage on the consequences of the war on the young generations. Since May 2012, he works for Fabrica, the creative research centre of Benetton.

31 ans, Syrien. Il travaille pour de nombreux projets des Nations Unies, du Conseil de l'Europe et de l'UE sur l'emploi des jeunes, les politiques jeunesse, l'éducation au développement durable et d'autres questions jeunesse depuis 2000. Avant le soulèvement en Syrie, il travaillait sur l'établissement du Parlement syrien de la Jeunesse.

28 ans, photographe et journaliste freelance né à Trévise en Italie. En 2009 il a voyagé dans les Balkans pour produire After Jugo, un reportage multimédia sur les conséquences de la guerre sur les jeunes générations. Depuis mai 2012, il travaille pour Fabrica, le centre de recherche en communication de Benetton. www.marcopavan.com


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INFO FORUM News from our Members / Nouvelles de nos Membres

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YOUTH POLICY WATCH News from youth policy in Europe / Nouvelles sur la politique jeunesse en Europe.

.10 YOUTH RIGHTS .10

YOUTH – THE UNTAPPED RESOURCE IN STRIVING FOR WORLD PEACE / LES JEUNES – UNE RESSOURCE INEXPLOITÉE POUR LA PAIX DANS LE MONDE International Law of Youth Rights / Droit international sur les Droits des Jeunes

.14 DOSSIER .14 .16

INTRO - YOUTH: A NEW GEO-POLITICAL ACTOR? / LES JEUNES : DE NOUVEAUX ACTEURS GÉOPOLITIQUES ? CHILDREN OF THE REVOLUTION / LES ENFANTS DE LA RÉVOLUTION

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YUGONOSTALGIJA / YOUGONOSTALGIE

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ARTEK: MY SOCIALIST CHILDHOOD DREAM / ARTEK : MON RÊVE D'ENFANCE SOCIALISTE

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GROWING INTO A FIGHTER / DEVENIR LUTTEUR

.30 HOTPOT The Sochi Project / Le Projet Sotchi

.38 GRAPHIC JOURNALISM .38

#OCCUPRINT SELECTA


.01 AEGEE_Zaragoza EuroSD

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YOUTH OPINION

INFO FORUM News from

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CEJA_Europe

Future Food Farmers

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EFIL_Brussels ECTP Camp

our Members / Nouvelles de nos Membres From 8th - 12th February, the event aims at empowering International Youth NGOs to participate actively in the Structured Dialogue process and submit inputs for each round of consultations within the framework. This is the first step to create a European Working Group for the Structured Dialogue. Du 8 au 12 février, l’événement aidera les ONG internationales de jeunesse à participer activement au processus de Dialogue structuré et à soumettre des contributions à chaque tour des consultations dans ce contexte. C’est la première étape de la création d’un Groupe européen de travail pour le Dialogue structuré. www.aegee.org

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Worried about the decreasing numbers of young farmers, which today only consists of 6% of the total farming population, a campaign is going to be launched this autumn that aims to ensure that generational renewal is considered a key priority of the European Union and Member States in the future Common Agricultural Policy. Find out more and sign the pledge! S’inquiétant du nombre décroissant de jeunes agriculteurs qui ne représentent aujourd’hui que 6% de la population totale d’agriculteurs, une campagne sera lancée cet automne pour garantir que le renouvellement générationnel soit considéré comme une priorité clé par l’UE et les Etats membres dans la future Politique agricole commune. En savoir plus et signer la pétition ! www.futurefoodfarmers.eu The European Citizenship Trimester Programme is a host-family and school-based exchange programme which provides to 15 - 18 year old participants an immersion in another culture for 3 months. At the end of the exchange, just before coming back to their home country, all participants meet at the ECTP Camp in Brussels to share their experience, attend workshops and visit the EU institutions. Le Programme trimestriel pour la Citoyenneté européenne est un programme d’échange scolaire et en famille d’accueil qui permet aux 15-18 ans de s’immerger dans une autre culture pendant 3 mois. A la fin de l’échange, juste avant de réintégrer leur pays d’accueil, tous les participants se réunissent au Camp ECTP à Bruxelles pour partager leurs expériences, assister à des ateliers et visiter les institutions de l’UE. www.efil.afs.org

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More diversity in children’s and youth organisations / Une plus grande diversité dans les organisations d’enfants et de jeunes


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YOUTH OPINION

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news

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Between November 2012 and February 2013 a series of workshops will be organised aimed at boosting diversity in youth organisations. The participants come from ÖJV’s member organisations and will act as multipliers within them, using the experiences and methods gained throughout the project. Among other actions, plans will be developed in order to identify how the organisations involved can be more inclusive. De novembre 2012 à février 2013, une série d’ateliers seront organisés sur la diversité dans les organisations de jeunesse. Les participants sont issus des organisations membres d’ÖJV et ils y agiront en tant que multiplicateurs grâce aux expériences et méthodes acquises pendant le projet. Des plans d’action seront notamment élaborés pour identifier comment les organisations impliquées peuvent être plus inclusives. www.jugendvertretung.at

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SCI_On-line

You(th) can volunteer II

In March 2013, SCI organises its second edition of the live talk show. Through an interactive talk show online, volunteers and experts will talk about SCI’s work camps and volunteering worldwide. Videos and pictures from volunteering projects are shown and the viewers will have the unique opportunity to ask online questions, related to the live discussion. En mars 2013, SCI organisera la 2ème édition de son talk show en direct. Grâce à un talk show interactif en ligne, des bénévoles et des experts parlent des chantiers et du volontariat du SCI à travers le monde. Des vidéos et photos de projets de volontariat sont montrées, et les spectateurs ont l’occasion unique de poser des questions en ligne par rapport aux discussions en direct. www.sciint.org


YOUTH POLICY The European Youth Forum Youth Policy Watch is a bi-weekly bulletin that provides the latest news in relation to youth policy in Europe. To receive it directly in your mailbox subscribe by sending an email to: Le Youth Policy Watch du Forum européen de la Jeunesse est un bulletin bimensuel d’informations relatives à la politique jeunesse en Euorpe. Pour le recevoir directement dans votre boîte mail, envoyez un email à : subscriptionypw@youthforum.org

June 2012 European Council Conclusions / Conclusions du Conseil européen de juin 2012 In the June European Council Summit, an agreement was reached on a European Growth Pact. €120 billion will be invested in immediate measures to alleviate the economic and financial crisis. Central to the package is quality job creation, labour market structural reforms and investment in human capital. As such, the package contains imperative measures to address youth unemployment, particularly through youth guarantee initiatives (where young people would receive employment, continued education or an apprenticeship or traineeship), and the creation of a quality framework for such traineeships and apprenticeships. The Council also sees the need for the greater facilitation of labour mobility within the EU and for the recognition of professional qualifications and language skills to be improved. Lors du Sommet du Conseil européen de juin, un accord a été atteint sur un Pacte européen de croissance. 120 milliards € seront investis dans des mesures immédiates pour alléger la crise économique et financière. Essentiels dans ce paquet sont la création d’emplois de qualité, les réformes structurelles du marché de l’emploi et l’investissement dans le capital humain. Il contient des mesures impératives pour aborder le chômage des jeunes, en particulier au moyen de l’initiative de garantie pour la jeunesse grâce à laquelle les jeunes se verront offrir une offre d’emploi de qualité, la poursuite d’études ou un stage/apprentissage, et la création d’un cadre de qualité pour les stages. Le Conseil envisage également la nécessité de faciliter la mobilité laborale au sein de l’UE, et l’amélioration de la reconnaissance des qualifications professionnelles et des compétences linguistiques.

European Parliament Rejects ACTA in Europe / Le Parlement européen rejette l'ACTA en Europe Much debate has been held on the Anti-Counterfeiting Trade Agreement (ACTA) over the past number of months in the European Parliament. This culminated on the 4th of July in a plenary session in Strasbourg when the European Parliament rejected the agreement. European citizens and MEPs alike raised concerns over the proposal, due to the potential threat ACTA could pose to the enjoyment of civil liberties. Trade Commissioner in charge of ACTA, Karel de Gucht has stated that he will not withdraw his request and wait on opinion of the European Court of Justice. Once the Court’s opinion has been drawn up, the Commission will draw conclusions from it and consult with other signatories of ACTA, with a view to adopting a new approach on protecting intellectual property rights internationally. Beaucoup de débats autour de l’Accord Commercial Anti-Contrefaçon (ACTA) ces derniers mois au Parlement européen. Point culminant, le 4 juillet pendant la session plénière à Strasbourg lorsque le Parlement européen a voté contre l’accord avec défi. Les citoyens européens et les MPE ont soulevé leurs préoccupations par rapport à la proposition, vu la menace potentielle que l’ACTA représenterait pour la jouissance des libertés civiles. Le Commissaire au Commerce chargé de l’ACTA, Karel de Gucht, a déclaré qu’il ne retirera pas sa demande d’avis de la Cour de Justice européenne. Dès que l’avis de la Cour aura été rédigé, la Commission en tirera des conclusions et consultera d’autres signataires de l’ACTA en vue d’adopter une nouvelle approche de la protection des droits intellectuels au niveau international.


On 30th August, the Cypriot Presidency hosted an Informal Meeting of Ministers and State Secretaries for European Affairs dedicated to the negotiations on the Multiannual Financial Framework (MFF) for 2014 - 2020. The outcome of the discussions will determine the expenditure ceilings for seven years, and sets out the future possibilities for action and investments. For the first time, delegates of the European Parliament were present during the discussions. When looking at the outcomes, there seems to be a general push to reduce the total budget, despite recommendations of the European Commission. It was also announced that an extraordinary European Summit on the topic would be take place in November this year. Le 30 août, la Présidence chypriote accueillait une réunion informelle des Ministres et Secrétaires d’Etat aux Affaires européennes consacrée aux négociations sur le Cadre financier pluriannuel (CFP) pour 20142020. L’issue des discussions déterminera les plafonds des dépenses pour sept ans, et établira les futures possibilités d’action et d’investissements. Pour la première fois, des délégués du Parlement européen étaient présents lors des discussions. En étudiant les résultats, il semble qu’il y ait un élan général pour réduire le budget total en dépit des recommandations de la Commission européenne. Il a également été annoncé qu’un Sommet européen extraordinaire sur le sujet aurait lieu en novembre cette année.

Call for Preparatory Action on the Youth Guarantees / Appel à une action préparatoire sur les garanties pour la jeunesse An estimated 7.5 million young people are currently not in employment, education or training (NEET). To tackle this problem, many propositions have been made in the last years, of which the youth guarantee is the most tangible. The idea behind this measure is to ensure a form of employment or training for young people within four months after becoming NEET. The European Commission has now called for preparatory action to be undertaken on the youth guarantee. This will be carried out through partnerships on national, regional or local level, with relevant actors in Member States where youth unemployment rates are above the EU average. 7,5 millions de jeunes seraient aujourd’hui sans emploi, ne suivraient ni études ni formation (NEET). Pour tenter de remédier à ce problème ces dernières années, de nombreuses propositions ont été faites parmi lesquelles la garantie pour la jeunesse semble la plus tangible. L’idée sous-jacente à cette mesure consiste à garantir une forme d’emploi ou de formation pour les NEET quatre mois après qu’ils aient arrêté les études. La Commission européenne a lancé un appel à une action préparatoire sur la question. Il sera réalisé par le biais de partenariats aux niveaux national, régional et local, avec les acteurs concernés dans les Etats membres où les taux de chômage des jeunes sont inférieurs à la moyenne de l’UE.

Cypriot Presidency Welcomes Youth Recommendations on Inclusion / La Présidence chypriote se réjouit des recommandations des jeunes sur l’inclusion The process of Structured Dialogue is the main institutionalised process for participatory youth policy-making in the European Union. On 11th - 13th September, the second cycle came to a head during the youth conference in Cyprus when youth delegates, representatives of youth organisations and ministerial representatives debated extensively on the topic of ‘youth participation and inclusion’. National recommendations on the topic were discussed throughout a series of workshops, which led to a set of joint recommendations. The conclusions of the youth conference recognise the pivotal role of youth organisations in fostering social inclusion. In order to ease their role as facilitators, they should be supported politically, legally and financially. Le processus de Dialogue structuré est le principal processus institutionnalisé pour l’élaboration participative de politiques jeunesse dans l’Union européenne. Du 11 au 13 septembre, le second cycle a débuté pendant une conférence jeunesse à Chypre où des représentants de jeunes, d’organisations de jeunesse et de ministères ont débattu en long et en large du sujet “la participation et l’inclusion des jeunes”. Des recommandations nationales sur le sujet ont été discutées lors d’une série d’ateliers pour donner lieu à une série de recommandations conjointes. Les conclusions de la conférence jeunesse reconnaissent le rôle essentiel que jouent les organisations de jeunesse pour améliorer l’inclusion sociale. Pour que leur rôle soit facilité, elles doivent être soutenues politiquement, légalement, et financièrement.

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Informal meeting on the Future of the EU’s Budget / Réunion informelle sur l’avenir du Budget de l’UE

YOUTH OPINION

WATCH


.010 YOUTH OPINION


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Towards a resolution on Youth, Peace and JOHANNA NYMAN Security in the United Nations / Vers une résolution Finnish Youth Co-operation (Allianssi) des Nations Unies sur les Jeunes, la Paix et la Sécurité johanna.erika.nyman@gmail.com “Let us acknowledge and celebrate what youth can do to build a safer, more just world”, said United Nations Secretary General Ban Ki-Moon in 2010. In one sentence, he expressed a concept that so far has been largely unexplored and that could be a huge step towards a sustainable future for us all: merging Youth, Peace and Security. On several occasions, Ban Ki-Moon wished that young people would be more involved in policies that shape the future (for them and their communities). Can this happen in practice?How can we merge Youth, Peace and Security in one concept? There are two complementary ways: first of all, participation of young people in solving armed conflict and post-conflict situations as well as participation in peace building is important. Secondly, making sure that young people’s human rights are fulfilled and that full democratic participation of young people is realised in society can help prevent conflict. Young people are not only passive victims of conflicts, but are an integral part of society

as well. They can influence change and be a part of solving problems, building confidence and raising awareness. Young people as individuals or as a part of youth organisations / movements can be great actors for change in a conflict or post-conflict situation. The question is however, is how to empower young people to be the change, to take an active part in the peace work and be a part of the social capital needed for creating peace.

Young people are not only passive victims of conflicts, but are an integral part of society as well. Les jeunes ne sont pas que des victimes passives des conflits; ils font également partie intégrante de la société.

From theory to practice Finnish Political Parties for Democracy, Demo Finland, functions as a co-operative organisation for Finnish parliamentary parties. It seeks to enhance democracy by carrying out and facilitating collaborative projects between Finnish political parties and political movements in developing countries. Demo Finland has a project in Tunisia that seeks to enhance the representation and role of young people in politics. Together with three other organisations (Centre des Etudes Méditerranéennes et Internationales, Netherlands Institute for Multiparty Democracy and Bulgarian School of Politics), Demo has launched the Tunisian School of Politics. The School brings together young members of different political parties and offers them practical tools for engaging in political activity. The goal is to empower the young people to have their say in political decisionmaking, while learning to collaborate across the party lines. The programme is still in a start-up phase, but the initial results are promising. ‘At this stage it is still too early to assess the progress towards the programme’s overall

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Youth – the untapped resource in striving for world peace / Les jeunes – une ressource inexploitée pour la paix dans le monde

youth rights

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Why not a United Nations Security Council resolution on Youth, Peace and Security?

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YOUTH OPINION

Alors pourquoi pas une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU sur les Jeunes, la Paix, et la Sécurité?

objective to contribute to strengthening inclusive democracy and youth participation in politics in Tunisia,” says Johanna Poutanen from Demo Finland. “However, with the extremely talented first levy of students, the School has already accomplished the first steps towards increasing politically active youth’s capacity and contributing to young politicians becoming more proactive in shaping the political agenda’. The success of the project can be seen through the fact that students have made steps forward in their respective political parties, and are now more and more responsible for the parties’ political agendas. What’s more, many of the students have been able to claim some space in the media. The active involvement of several of the young politicians in party scission developments may be the best visible impact of the students on the political agenda. When young Tunisian politicians have the necessary means to advance issues important to young Tunisians in politics, such issues will gain a more central place in Tunisian politics and awareness among young people in the democratic system and political parties will be enhanced. Furthermore, the multiparty method of the School can be seen as contributing to the peace and stability of Tunisia’s transition process, as young leaders from different political backgrounds are learning to collaborate with each other. ‘I connected with all students and this helped me reveal prejudices I had against several parties; the School changed the negative opinions I had’, says Mohammed, one of the participants. High mountains to climb A global evaluation, undertaken by Save the Children Norway, found that young people face several obstacles when participating in peace-building efforts. Based on a con-

clusion from a workshop in Guatemala, the greatest obstacles were found to be ‘intolerance, violence, mistrust, adult attitudes, lack of support from authorities and the lack of a culture of peace’. These might sound like high mountains to climb, but with the proper support from authorities and institutions, as well as empowerment on the local level, making young people active participants in society is not such an impossible task. In the words of Olof Palme, ‘politics is about wanting’. As civil society representatives we need to make politicians want something enough to achieve real change. A UN Security Council resolution on Youth? The United Nations Security Council resolution 1325 on Women, Peace and Security was adopted in 2000. This resolution was a great step forward for the women’s lobby and has had a positive impact on women’s role as victims in conflict situations. Why not a United Nations Security Council resolution on Youth, Peace and Security? This would be a very concrete step to take in order to achieve a greater involvement and impact of young people in building peace and preventing conflict. The resolution should acknowledge that young people do not live in a bubble, but are an active part of society, thus also a potential agent for conflict. The root causes of conflict must also be tackled from the perspective of young people, causes such as poverty, discrimination, inequality, violation of human rights, violence and corruption. It is a shown fact that young people as a demographic group is very vulnerable. According to the 2012 UN World Youth Report, the global unemployment rate amongst young people in 2010 was 12.6%, compared to the global adult unemployment rate of 4.8%. In Middle East and North Africa youth unemployment was even higher, at 25.5% and 23,8% respectively. To effect real change we must realise – and make others realise as well – that young people are not a part of a homogenous group. If we stand together in protecting each others’ rights we will have stronger say in policy making. A United Nations Security Council resolution on Youth, Peace and Security would be a clear step forward to engage young people across the globe to find new instruments advocating the rights of young people. This is the right time!


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YOUTH OPINION

© UN Photo / Evan Schneider

“Reconnaissons et célébrons ce que peuvent faire les jeunes pour construire un monde plus sûr et plus juste”, déclarait le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-Moon en 2010. En une phrase, il exprimait un concept très peu exploré jusqu’ici et qui pourrait représenter un grand pas en avant pour un avenir durable pour tous : fusionner la Jeunesse, la Paix et la Sécurité. A plusieurs reprises, Ban Ki-Moon a souhaité que les jeunes participent davantage aux politiques qui façonnent l’avenir (pour eux et leurs communautés). Cela peut-il se faire concrètement ? Comment fusionner les Jeunes, la Paix et la Sécurité en un seul et même concept? Il existe deux moyens complémentaires : le premier, la participation des jeunes dans la résolution de situations de conflits armés et de post-conflits et dans la construction de la paix est importante. Le second, garantir que les droits humains des jeunes soient respectés et que la peine participation démocratique des jeunes soit réalisée dans la société afin de prévenir les conflits. Les jeunes ne sont pas que des victimes passives des conflits; ils font également

If we stand together in protecting each others’ rights we will have stronger say in policy making. Si nous nous battons ensemble pour protéger nos droits nous aurons bien plus de poids dans l’élaboration politique.

partie intégrante de la société. Ils peuvent influencer le changement, faire partie de la solution, et contribuer à l’avènement d’un climat de confiance et une certaine sensibilisation. Les jeunes en tant qu’individus ou faisant partie d’organisations/mouvements de jeunesse peuvent être de grands acteurs du changement dans une situation de conflit ou de post-conflit. Toutefois, la question qui se pose est comment renforcer la capacité d’action des jeunes pour qu’ils incarnent le changement, qu’ils participent activement

au travail pacifique et qu’ils fassent partie du capital social nécessaire pour créer la paix. De la théorie à la pratique Demo Finland, les partis politiques finlandais pour la démocratie, fonctionne comme une organisation coopérative pour les partis parlementaires finlandais. Elle cherche à favoriser la démocratie en menant à bien et en facilitant des projets de collaboration entre les partis et mouvements politiques finlandais dans les pays en voie de développement. Demo Finland a un projet en Tunisie qui cherche à améliorer la représentation et le rôle des jeunes dans la politique. Associée à trois autres organisations (le Centre des Etudes Méditerranéennes et Internationales, L’Institut hollandais pour la démocratie multipartite, et l’Ecole bulgare de Politique), Demo a lancé l’Ecole tunisienne de Politique. Cette Ecole rassemble des jeunes membres de différents partis et leur offre des outils pratiques pour s’engager dans une activité politique. Le but consiste à autonomiser les jeunes pour qu’ils aient leur mot à dire dans les prises de décisions politiques tout en apprenant à collaborer avec les différentes tendances des partis. Le programme en est encore à ses balbutiements, mais les premiers résultats sont prometteurs.


“ll est encore trop tôt à ce stade pour évaluer les progrès de l’objectif général du programme qui consiste à contribuer au renforcement de la démocratie inclusive et de la participation des jeunes dans la politique en Tunisie”, déclare Johanna Poutanen de Demo Finland. “Cependant, grâce à la première fournée d’étudiants extrêmement talentueux, l’Ecole a déjà franchi les premières étapes pour augmenter la capacité des jeunes politiquement actifs et contribuer au fait que les jeunes politiciens soient plus proactifs dans l’élaboration du programme politique.” Le succès du projet peut être observé par le fait que les étudiants ont progressé dans leurs partis politiques respectifs et qu’ils sont de plus en plus responsables des programmes politiques des partis. De plus, bon nombre d’entre eux ont pu s’approprier un certain espace dans les médias. La participation active de plusieurs des jeunes politiciens dans les développements de scission de partis est sans doute l’impact le plus visible des étudiants sur le programme politique. Lorsque les jeunes politiciens tunisiens dis-

poseront des moyens nécessaires pour faire passer des questions importantes pour les jeunes Tunisiens dans la politique, ces questions acquérront une place plus centrale dans la politique tunisienne, et davantage de jeunes seront sensibilisés au système démocratique et aux partis politiques. En outre, la méthode multipartite de l’Ecole peut contribuer à la paix et à la stabilité du processus de transition en Tunisie car les jeunes dirigeants de différents milieux politiques apprennent à collaborer les uns avec les autres. “Je me suis mis en relation avec tous les étudiants et cela m’a aidé à comprendre les préjugés que j’avais à l’égard de certains partis; l’Ecole a changé les opinions négatives que j’avais”, a déclaré Mohammed, l’un des participants.

mala, les plus gros obstacles sont “l’intolérance, la violence, le manque de confiance, les comportements des adultes, le manque de soutien de la part des autorités, et l’absence d’une culture de la paix.” Ca a l’air de sommets quasi infranchissables, mais avec le soutien adéquat des autorités et des institutions, et l’autonomie au niveau local, cela ne devrait pas être mission impossible de transformer les jeunes en participants actifs de la société. Selon Olof Palme, “la politique c’est vouloir”. En tant que représentants de la société civile, ce qu’il faut c’est que nous intéressions suffisamment les politiciens pour aboutir à un réel changement. Une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la jeunesse ?

De hauts sommets à gravir Une évaluation mondiale entreprise par Save the Children Norvège a permis de découvrir que les jeunes font face à plusieurs obstacles en participant à des efforts de construction de la paix. Si l’on en croit les conclusions d’un atelier organisé au Guaté-

La résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU 1325 sur les Femmes, la Paix et la Sécurité a été adoptée en 2000. Cette résolutiobn a marqué un pas important dans le plaidoyer pour les femmes, et elle a eu un impact positif sur le rôle des femmes en tant que victimes dans les situations de conflit.


International Law of Youth Rights / Droit international sur les Droits des Jeunes WORDS BY

JAAKKO WEURO / en

jaakko.weuro@scout.fi

Review of the legal materials within the compilation clearly show that promoting equal opportunities and the well being and development of young people is not (only) a matter of global policy, but a substantial part of International Law. This is not to say that the protection and implementation of these rights would not be without challenges and therefore a need for a new instrument to address the systematic discrimination young people face in enjoying their legal rights can be identified.

Pour amener de véritables changements, nous devons réaliser – et faire que les autres aussi réalisent- que les jeunes ne font pas partie d’un groupe homogène. Si nous nous battons ensemble pour protéger nos droits nous aurons bien plus de poids dans l’élaboration politique. Une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU sur les Jeunes, la Paix et la Sécurité représenterait un grand pas en avant pour engager les jeunes à travers le globe à trouver de nouveaux instruments pour défendre les droits des jeunes. Le moment est venu!

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Alors pourquoi pas une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU sur les Jeunes, la Paix, et la Sécurité? Cela représenterait une démarche très concrète à entreprendre pour aboutir à une plus grande participation et à un plus grand impact des jeunes dans la construction de la paix et la prévention des conflits. La résolution devra reconnaître que les jeunes ne vivent pas dans une bulle, mais qu’ils font bel et bien partie de la société et qu’ils sont donc également des agents potentiels de conflits. Les causes premières des conflits (pauvreté, discrimination, inégalité, violation des droits humains, violence et corruption) doivent également être abordées dans la perspective des jeunes. Il est un fait avéré que les jeunes en tant que groupe démographique sont très vulnérables. Selon le Rapport mondial sur la Jeunesse 2012 de l’ONU, le taux mondial du chômage des jeunes en 2010 était de 12,6% comparé au taux mondial du chômage des adultes de 4,8%. Au Moyen Orient et dans l’Afrique du Nord, le chômage des jeunes était même plus élevé, 25,5% et 23,8% respectivement.

What are Youth Rights, legally speaking? Is there something that can be referred to as International Law of Youth Rights? The European Youth Forum is working on fully revising a compilation of historical and current legal sources to answer this question. This is notably through three types of legal instruments; the universal human rights instruments that protect all humans regardless of age; instruments explicitly dealing with young people and instruments that do not explicitly refer to young people, but deal with matters that significantly affect young people in particular, even if they would not have a scope of application with regards to age.

Que sont les droits des jeunes légalement parlant ? Existe-t-il quelque chose à quoi se référer en terme de droit international sur les droits des jeunes ? Le Forum européen de la Jeunesse qui travaille actuellement sur une compilation révisée des sources légales historiques et contemporaines répond à cette question en citant trois types d’instruments légaux : les instruments universels sur les droits humains qui protègent tous les êtres humains indépendamment de leur âge, les instruments qui traitent explicitement des jeunes, et les instruments qui ne font pas explicitement référence aux jeunes mais traitent de questions qui affectent considérablement les jeunes en particulier, même s’ils n’ont pas de champ d’application relatif à l’âge. Un examen des divers éléments légaux de cette compliation révèle clairement que la promotion de l’égalité des chances, du bien-être et du développement des jeunes n’est pas (uniquement) une question de politique globale, mais bien une partie considérable du droit international. Cela va sans dire que la protection et la mise en application de ces droits ne se feraient pas sans problèmes et par conséquent, le besoin d’un nouvel instrument qui aborderait la discrimination systématique dont les jeunes font l’objet dans la jouissance de leurs droits légaux peut être identifié.


dossier intro Words by ˇ Peter Matjašic President, European Youth Forum / Président du Forum européen de la Jeunesse peter.matjasic@youthforum.org

Youth: a new geo-political actor ? / Les Jeunes : de nouveaux acteurs géopolitiques ?


Le dictionnaire de Merriam-Webster définit la géopolitique comme “une étude de l’influence de facteurs comme la géographie, l’économie et la démographie sur la politique, et en particulier sur la politique étrangère d’un Etat”, alors qu’une définition commune de la politique jeunesse est “la somme de toutes les initiatives destinées aux jeunes citoyens, tout ce qui affecte les jeunes de n’importe quelle façon”. Se basant sur ces définitions, et en étudiant la réalité des jeunes à travers le globe aujourd’hui, nous pouvons affirmer le lien qui existe entre ces deux notions et la complexité des relations internationales dans lesquelles le pouvoir des jeunes et le rôle des organisations de jeunesse sont devenus d’importants acteurs.

The geopolitical framework in which the European Youth Forum operates is made of EU neighbourhood policy and Council of Europe reality, conflict areas near and far, interdependence and diplomatic relationship between countries and regions of the world, youth cooperation with youth organisations and regional youth platforms in Africa, Asia, Latin American and the Caribbean. Today it is crucial to understand the general geopolitical framework in order to understand the global impact of the international youth cooperation. If young people are at the forefront of the major changes happening in the world today, it is crucial to see how young people as ‘geo-political actors’ are embedded into the bigger framework of geo-politics, how they shape and/or are shaped by such developments and to reflect on the role of the youth sector of civil society in the uncertain political and economic worldsystem of the XXI century.

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This is why our Dossier aims at contextualising youth movements in the world system (youth organisations and geo-politics: from the 1950s to the 2010s), looks at the current state of affairs of the Euro-Arab youth dialogue in the aftermath of the Arab Spring and explores the reality of the so called ‘Yugonostalgic’ youth in the Balkans: food for thought!

La géopolitique et la politique jeunesse ne sont pas des mots qui sont naturellement associés dans notre esprit. Cependant, la politique jeu-

Le contexte géopolitique dans lequel le Forum Jeunesse opère est constitué de la politique de voisinage de l’UE et de la réalité du Conseil de l’Europe, de zones en conflits proches et moins proches, d’interdépendance et de relations diplomatiques entres des pays et régions du monde, de la coopération jeunesse avec les organisations de jeunesse et les plates-formes régionales de jeunesse en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Aujourd’hui, il est esentiel de comprendre le cadre géopolitique général pour pouvoir comprendre l’impact global de la coopération internationale de la jeunesse. Si les jeunes sont au premier rang des grands changements qui se produisent dans le monde aujourd’hui, il est fondamental de voir comment les jeunes en tant qu’acteurs géopolitiques sont incorporés dans le cadre plus grand de la géopolitique, comment ils forment et/ou sont formés par de tels développements, et de réfléchir au rôle du secteur jeunesse de la société civile dans le système mondial politique et économique incertain du XXIème siècle. C’est pourquoi le Dossier de ce numéro tente de placer les mouvements de jeunesse dans le contexte du système mondial (les organisations de jeunesse et la géopolitique : de 1950 à 2010), d’analyser la situation actuelle du dialogue euroarabe de la jeunesse après le Printemps arabe, et d’explorer la réalité des jeunes “yougonostalgiques” dans les Balkans : il y a matière à réflexion !

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According to Merriam-Webster’s dictionary the definition of geo-politics is ‘a study of the influence of such factors as geography, economics, and demography on the politics and especially the foreign policy of a state”, while one common definition of youth policy is that it is “the sum of all the initiatives aimed at young citizens, everything that affects young people in any way’. Based on these definitions and by looking at the reality of young people across the globe today, we can very much assert the link between these two notions and the complexity of international relations in which the power of youth and role of youth organisations have become important actors.

YOUTH OPINION

nesse et le travail jeunesse, en particulier en Europe, sont le résultat de la nouvelle situation géopolitique des années allant de l’après 2ème guerre mondiale à la chute du mur de Berlin, et ils ont eu un impact profond sur les développements historiques. Les organisations de jeunesse ont joué un rôle essentiel dans tous les grands processus du XXème siècle, y compris dans les mouvements de décolonisation et de démocratisation, dans l’élargissement de l’Union européenne, et dans la construction d’une société civile plus forte et indépendante.

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Geo-politics and youth policy are not phrases that come to our minds as naturally linked. Youth policy and youth work however, especially in Europe, are both a result of the changing geopolitical situation from the post-WWII years to the fall of the Berlin Wall and have had a profound impact on the historical developments. Youth organisations played a key role in all major processes of the XX century, including decolonisation and democratisation movements, enlargement of the European Union and building stronger, independent civil society.


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YOUTH OPINION

CHILDREN OF THE REVOLUTION / LES ENFANTS DE LA RÉVOLUTION the saga of the post-war generation of youth leaders / ou l’histoire de la génération des responsables de jeunesse de l’après-guerre Words by Giuseppe Porcaro

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giuseppe.porcaro@youthforum.org Valencia Street, San Francisco, August 2012. I sit on the terrace of a hipster bar. Bianchi’s bikes parked on the sidewalk, organic food served, the latest artwork from occuprint.org displayed. A typical combination of sustainable awareness, healthy lifestyle, the art scene and political engagement. While sipping my coffee I read a blog entry of 82 year old professor Immanuel Wallerstein: ‘We are living in a chaotic world situation. When the world-economy stagnates and real unemployment expands considerably, it means that the overall pie is shrinking. The fluctuations in everything are large and rapid. This applies as well to social protest. The geography of youth-led protests constantly shifts. Tahrir Square in Cairo and Wall Street yesterday, unauthorized massive marches

We are living in a chaotic world situation. When the world-economy stagnates and real unemployment expands considerably Nous vivons dans un monde chaotique. Alors que l’économie mondiale stagne et que le chômage en chiffres réels continue de progresser

with pots and pans in Montreal today, somewhere else (probably somewhere surprising) tomorrow. The groups in power can repress popular unrest harshly, and many do. Or, if the unrest is too strong for their repressive mechanisms, they can try to co-opt the protestors by seeming to join them and limiting real change’. In the moment in which we try to create a change in the mainstreamed policy mindset that investing in youth should actually be part of the solution and not a burden for the actual crisis, the words of the professor are particularly interesting. What makes them even more relevant is the fact that Wallerstein was a prominent youth activist himself, a world federalist and Vice President of the World Assembly of Youth (WAY) from 1954 - 1958. He was part of the generation of youth leaders


YOUTH OPINION

.019 1964: Martin Luther King at the WAY General Assembly / Martin Luther King à l'Assemblée Générale du WAY.

in the decade following World War II. For many months I tried to speak with him but he declined any requests for interviews on the topic. I suspect because of the reputation of WAY, being one of the C.I.A. funded organisations during the cold war. To dig more in that past, in April I met with David Wirmark, an 86 years old former Secretary General of WAY from 1958 - 1964. Sitting in his apartment in Jakobsberg, Sweden, we had a long chat surrounded by old documents and pictures. The first memory brought me back to his first international meeting in 1951, when he did not only meet a young Wallerstein but also the inspiring Eleanor Roosevelt. His story got more and more passionate when he recalled the General Assembly of WAY in New Delhi, India, August 1958. David was elected as Secretary General

there, and the organisation positioned itself officially against colonialism in the context of the Algerian war. The WAY president of the time, Antoine Lawrence from Guinea Conakry, loyal to the French Youth Council, protested by leaving the room theatrically hoping to stop the debate, but immediately Wallerstein took over the debate as Vice President, and the Assembly decided to support and encourage youth organisations in the ‘non-self-governing’ countries in their struggle to attain independence. Following this episode, a few years later, David built very good relations with the African liberation movements. His first meeting with Oliver Tambo is a good example of how things worked at the time. ‘It was April 1960 in connection with our first Pan-African seminar in

Tunis’ - David recalled - ‘Tambo was then the Vice President of the ANC in South Africa and the Sharpeville massacre had just taken place. The situation was very tense. In the Guardian I read Oliver Tambo escaped by car to Bechuanaland (Botswana). I telegraphed immediately Chief Seretse Khama who governed this British protectorate as I knew he was a friend of the ANC. I requested him to ask Oliver whether he would be willing to come to Tunis. At the same time we sent him an air ticket. After a couple of days Khama replied that he gave the ticket to Tambo. The speech he made at the seminar was unforgettable. In the middle of a grim description of the South African repression he underlined that there was only one possible way out: equal rights and opportunities for everybody!’


1951: Eleonore Roosevelt discusses with the delegates of the WAY/ Eleonore Roosevelt discute avec les délégués du WAY.

The actions of those young leaders however, was not limited to Africa. It was truly global and impressive for the time. For example ,in January 1964, David met the military junta in Ecuador. He asked for the release of the student activists who were arrested because they demanded an agrarian reform. When David argued that they had only expressed their opinion and said that it was their democratic right to do so, the president of the junta replied: ‘It is the Ecuadorians that govern in Ecuador, not the Swedes! Agrarian reform is not my field, I am an admiral!’ Just a few months after the mission in Quito, David’s mandate ended. Probably the best way to end his term was for him to listen to the words of Robert Kennedy on 7th August 1964 at the WAY General Assembly in Armherst, Minnesota: ‘Do we have the capacity to make that wealth meaningful to the poor of the world? these problems are not for the individuals to solve. They are not even for individual Nations to solve unaided. As

There was only one possible way out: equal rights and opportunities for everybody! La seule issue possible est une égalité de droits et d’opportunités pour tous.

our problems grow more complex our world grows smaller and our need for solutions becomes common’. While I finish my coffee, I turn again my eyes at the hipster posters and at the current state of youth movements in the world and what can we learn from the past. Memories from this generation show me clearly how international youth work had a crucial impact in the geopolitical arena back then, particularly on three levels. Firstly, in training political leaders. Especially in the case of liberation struggles, international youth movements were essential in their political development. Secondly, in their intellectual development. For Wallerstein, it was fundamental to later develop the world systems analysis - a multidisciplinary, macro scale approach to world history and social change. World systems analysis stresses that the world system (and not nation states) should be the primary (but not exclusive) unit of social analysis. Thirdly, young people


Valencia street, San Francisco, août 2012 : je suis assis à la terrasse d’un bar branché, les vélos Bianchi sont garés le long du trottoir, on y sert des plats bio, les murs sont ornés des derniers posters de occuprint.org. C’est une combinaison typique d’une sensibilité pour le développement durable, d’un style de vie sain, du monde artistique et de l’engagement politique. En buvant mon café, je lis un blog du Porfesseur Immanuel Wallerstein, âgé aujourd’hui de 82 ans : «Nous vivons dans un monde chaotique. Alors que l’économie mondiale stagne et que le chômage en chiffres réels continue de progresser, force est de constater que notre richesse recule. Les fluctuations en tout genre sont importantes et rapides. Ceci vaut aussi pour les contestations sociales. Les zones où les jeunes expriment leur mécontentement se déplacent sans cesse. La Place Tahir au Caire et Wall Street hier, des manifestations de masse violentes non autorisées aujourd’hui à Montréal, et ailleurs demain (là où on ne s’y attend peut-être pas). Les forces au pouvoir ont parfois recours à la répression violente pour calmer les ardeurs du peuple (et certains ne s’en privent pas). Ou si l’agitation dépasse leur capacité ou mécanisme de répression, ils peuvent donner l’impression de comprendre les manifestants et de se ranger à leurs côtés pour limiter les réformes ». Au moment où l’on tente de provoquer un changement dans le mode de pensée dominant en suggérant qu’investir dans la jeunesse devrait en fait être vu comme une contribution à la solution de la crise et non comme un fardeau supplémentaire pour celle-ci, les paroles du Professeur Wallerstein sont particulièrement intéressantes. Et ce qui les rend d’autant plus d’actualité est que le Professeur était lui-même un militant de jeunesse important, un fédéraliste au niveau mondial, et le Vice-Président de la WAY (l’Assemblée mondiale de la Jeunesse) du 1954 à 1958. Il faisait partie de la génération des responsables de jeunesse dans les dix ans qui ont suivi la seconde

Pour me plonger encore un peu plus dans le passé, en avril j’ai rencontré David Wirmark, âgé de 86 ans et ancien Secrétaire général de la WAY de 1958 à 1964. Nous étions assis dans son appartement à Jokobsberg en Suède et nous avons eu une longue conversation avec à l’appui d’un nombre

d’anciens documents et photos d’époque. Le premier souvenir qu’il évoquait remonte à sa première réunion internationale en 1951, où il a non seulement rencontré le tout jeune Immanuel Wallerstein, mais aussi Eleonor Roosevelt, une source d’inspiration pour beaucoup de jeunes à l’époque. Son récit devenait de plus en plus passionnant lorsqu’il évoquait l’Assemblée générale de la WAY à New Dehli (Inde) en août 1958. David y fut élu Secrétaire général, et l’organisation y prenait officiellement position contre le colonialisme dans la guerre d’Algérie. Le Président de la WAY à l’époque, Antoine

1958: ImmanuelWallertsein (ontheleft/àgauche) & DavidWirmark (ontheright / àdroite). YOUTH OPINION

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A youth policy that is not sectorial but works for a wider societal, political, intellectual, and economic change: 60 years later we still need it!

guerre mondiale. Pendant plusieurs mois, j’ai essayé de le rencontrer, mais il déclinait toute demande d’interview sur ce sujet. Je suppose que son refus était dû à la réputation qu’avait la WAY, c-à-d une organisation financée par la C.I.A pendant la guerre froide.

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were at the forefront of human rights and emancipatory movements already in the end of the 1950s.

1964 : DavidWirmarkvisitsRamonCastroJijon,PresidentoftheMilitaryJuntaofEcuador / David Wirmark visite Ramon Castro Jijon, Président de la junte militaire d'Équateur.


YOUTH OPINION

.022 1964: 5th WAY General Assembly in Amherst, USA / 5ème Assemblée Générale du WAY à Amherst, USA.

Lawrence (Guinée Conakry) qui se rangeait du côté du Conseil national de la jeunesse de France, marquait sa contestation en quittant la salle de manière très ostentatoire et théâtrale, espérant ainsi bloquer le débat, mais immédiatement Wallerstein prit la parole en tant que Vice-Président, et l’Assemblée décida de soutenir et encourager les organisations de jeunesse dans les pays où ne régnait pas « l’auto-détermination » dans leur lutte vers l’indépendance. Suite à cet épisode, quelques années plus tard, David réussi à développer de bonnes relations avec les mouvements de libération en Afrique. Sa première réunion avec Oliver Tambo est un bon exemple de la manière dont les choses se passaient à l’époque. « C’était

en avril 1960, en marge de notre premier séminaire panafricain à Tunis - se rappelle David - Tambo était à cette époque Vice-Président de l’ANC en Afrique du Sud et le massacre de Sharpeville venait d’avoir lieu. La situation était très tendue. Dans le journal « The Guardian », je venais de lire qu’Oliver Tambo avait fui en voiture vers le Bechuanaland (actuellement le Botswana). J’ai immédiatement envoyé un télégramme au Chef Seretse Khama qui gouvernait ce protectorat britannique, car je savais qu’il était proche de l’ANC. Je l’invitai à demander à Oliver de venir à Tunis. Dans le même temps nous lui envoyions un billet d’avion. Après quelques jours, Khama me confirmait qu’il avait donné le billet d’avion à Tambo. Le discours qu’il a prononcé au séminaire est inoubliable. Après une description

sinistre de la répression sud-africaine, il tirait la conclusion suivante : « la seule issue possible est une égalité de droits et d’opportunités pour tous ». Les actions de ces jeunes dirigeants d’organisations ne se limitaient pas à l’Afrique. Leurs actions se situaient déjà au niveau mondial, ce qui est impressionnant pour l’époque. Par exemple, en janvier 1964 David a rencontré la junte militaire en Ecuador. Il réclamait la libération de militants d’organisations d’étudiants qui avaient été arrêtés parce qu’ils revendiquaient une réforme agraire. Lorsque David argumentait qu’ils n’avaient fait qu’exprimer leur opinion et qu’il était de leur droit de le faire, le président de la junte


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YOUTH OPINION

/dossier

1964: Carlos Delgado (then President of WAY) addressing the 5th General Assembly of WAY, with, at left, Robert Kennedy and right, David Wirmark / Carlos

lui répondit : « Ce sont les Equatoriens qui gouvernent en Ecuador, pas les Suédois ! La réforme agraire n’est pas mon domaine, je suis amiral ! » Quelques mois après la mission à Quito, le mandat de David prenait fin. Le meilleur souvenir de la fin de son mandat fut le discours de John F. Kennedy le 7 auût 1964 lors de l’Assemblée générale de la WAY à Armherst (Minnesota). Kennedy déclarait : « Avonsnous les moyens de mettre cette richesse à la disposition des plus pauvres de ce monde ? Ce sont des problèmes qui ne doivent pas être résolus par des personnes à titre individuel, ni même par des Nations à elles seules. Au fur et à mesure que nos problèmes deviennent plus complexes, notre monde se restreint, et

le besoin de trouver des solutions s’impose à tous ». Alors que je finissais mon café, je tournai les yeux vers les posters hipsters et je songeai à la situation actuelle des mouvements de jeunesse dans le monde et aux leçons que l’on peut tirer du passé. Les souvenirs de cette génération m’ont ouvert les yeux sur l’impact qu’ont eu les activités internationales de jeunesse sur la situation géopolitique de l’époque, et notamment à trois niveaux : premièrement pour la formation des responsables politiques, principalement dans les mouvements de libération où les organisations de jeunesse ont joué un rôle de soutien important. Deuxièmement pour leur développement intellectuel. Pour le Professeur Wallers-

tein, ces activités ont été essentielles pour développer par la suite sa capacité d’analyse des systèmes mondiaux, une approche multidisciplinaire et à grande échelle de l’histoire et des changements sociaux. Une analyse des systèmes mondiaux met en évidence que c’est le système global (et non les Etats nations) qui devrait constituer la référence primaire (mais non exclusive) d’une analyse sociale. Et troisièmement, les jeunes étaient en première ligne dans les mouvements de défense des droits humains et des mouvement d’émancipation dès le début des années 50 . Une politique de jeunesse non sectorielle revendiquant des changements sociétaux, politiques, intellectuels et économiques : 60 ans plus tard, nous n’y sommes toujours pas !

Thanking note / Remerciements I wish to thank David Wirmark who dedicated time and effort to meet with me, and professor Joël Kotek, who made the connection with David possible and provided precious documentation for the article. / Je tiens à remercier David Wirmark qui a pris le temps et l’énergie deme rencontrer, et le Professeur Joël Kotek qui m’a mis en contact avec David et m’a fourni des documents précieux pour la rédaction du présent article.


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/ DOSSIER


WORDS BY

Aleksandra Maldžiski

Organising Bureau of European School Students Unions – OBESSU, aleksandra@obessu.org

Hana Pasic ˇ World Organisation of the Scout Movement – WOSM hanapasic@gmail.com

Tena Prelec

YUGONOSTALGIJA / YOUGONOSTALGIE / en

A country that has a youth like this does not have to worry for its future. Josip Broz Tito, President of Yugoslavia, 1945-1980 / Un pays qui compte des jeunes pareils n’a aucun souci à se faire pour son avenir. Josip Broz Tito, Président de la Yougoslavie, 1945-1980 Adnan is 25 and was born in Yugoslavia. ‘Many of us are nostalgic for those times because the break-up of Yugoslavia also caused the loss of the Yugoslav spirit’, he says while we are sitting in Café Tito near the university, enjoying our local Sarajevsko pivo beer. In the recent years, this cafè is ‘the place to be’ in Sarajevo. The walls are full of pictures of Tito with Kennedy or Arafat, there is a huge single starred flag of Yugoslavia just behind the bar. ‘The war brought changes in the structure of the population and hence this spirit could not remain unchanged’, sighs Adnan. Tito, the beloved lifetime president of the Socialist Federative Republic of Yugoslavia, today represents a symbol of specific type of nostalgia – Yugonostalgia. Particularly evident in younger generations, which have not experienced much of Yugoslavia, except from its dramatic breakdown, Yugonostalgia takes many forms and is expressed in the life philosophy and beliefs, political orientation and day-to-day habits

these young people have.

deep in people’s hearts’, continues Ivana.

Every year Café Tito organises a huge gathering on the 25th of May, the day known as the ‘Day of Youth’ in former Yugoslavia. Hundreds of people, many of them whom do not live in Sarajevo anymore, but still feel a strong drive to come every year, even from abroad, and celebrate what was once the biggest event for youth in Yugoslavia. They gather in a park right next to the café, wearing their pioneer hats with fivepointed stars and red scarves, symbols of the ‘good old times’.

The spirit of brotherhood did not survive the disintegration of the country however and many of the things that remained are blocks of concrete as a clashing testament to that period of unity and prosperity.

Most of the 900,000 people who still declare their nationality as ‘Yugoslav’ live in today’s Serbia, and many of them are young people. Ivana was born in 1985 and has hardly ever lived Yugoslavia. ‘What fascinates me about Yugoslav society is the widespread will to contribute to the common good that existed’, she tells while we stroll in Belgrade, the once capital of the former Yugoslavia. ‘I do not think this was something imposed from above: it happened rather naturally, and its roots were

Free university education, youth employment, housing and freedom of movement are some perceptions of the Yugoslav time that a certain kind of youth looks at with envy today. Petar lives in Macedonia. When he was little, his family used to go to Bar, in today’s Montenegro, for holidays. Today, he has to cross two countries before getting there. ‘It is mostly pain and grief that bring up Yugonostalgia in me’, he says, ‘I feel it especially when I need to wait at border crossings every other hour on my way to the sea... Those borders, which not long ago did not exist at all, prevent so many things from happening’. ‘I always think how lucky were my parents

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info@marcopavan.com

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PHOTOS BY

Marco Pavan

/dossier

European Students’ Forum – AEGEE tenaprelec@gmail.com


YOUTH OPINION

.026 and grandparents to have lived in Yugoslavia’, says Deniza, also from Macedonia. ‘I am Yugonostalgic for something that I haven’t experienced, but I know it existed: the freedom to travel, the high value of common ideals, the greater living standard and the sense of belonging to a strong and stable state – none of this exists anymore’, she says. Slovenia is often perceived as the least Balkan of former Yugoslavia Countries. You would expect young Slovenians to identify themselves more with the hard-working ethos of their Austrian neighbours, rather than with the chaotic cheerfulness of their former Yugoslav cousins. As often happens though, opposites attract. If you ever spent New Year’s in Belgrade, you will have probably witnessed this phenomenon

Young generations are overcoming the problems of the last decades, and finally feel their Balkan background with pride Les jeunes générations surmontent les problèmes des dernières décennies et pour finir ils ressentent leur origine balkane avec fierté

yourself: every late December, Slovenian partygoers invade their winter Mecca, Belgrade, to let their hair down through mad celebrations. ‘As a young person born during war times, I cannot say that I feel Yugonostalgic. I never saw Yugoslavia’, says Marko, 24, from Zagreb. ‘Yugonostalgia for me is my grandparents’ stories: how they keep talking about the great time they had, the abundance of work and money, the general happiness…’ Is Yugonostalgia therefore only a wonderful trip along the sweet memories of the past? Not at all. What happens is that young generations are overcoming the problems of the last decades, and finally feel their Balkan background with pride. It is once again perfectly normal for young


Singing that beautiful melody in a language we all grew up with, a language much closer to our hearts than the impersonal English we were using, feels like lifting a big barrier. We feel a more intimate connection, as if a very profound form of friendship had just bonded us for good, it’s the Yugoslav spirit.

Tito, le président adoré de la République fédérative socialiste de Yougoslavie représente aujourd’hui le symbole d’un type spécifique de nostalgie – la Yougonostalgie. Particulièrement présente chez les générations plus jeunes qui n’ont pas connu beaucoup de la Yougoslavie, mis à part son éclatement dramatique, la Yougonostalgie revêt de nombreuses formes, et elle s’exprime dans la philosophie de vie et les croyances, dans l’orientation politique, et dans les habitudes quotidiennes de ces jeunes.

La majorité des 900.000 personnes qui déclarent toujours avoir la nationalité yougoslave vivent dans la Serbie d’aujourd’hui, et beaucoup sont des jeunes. Ivana est née en 1985 et elle n’a presque jamais vécu en Yougoslavie. “Ce qui me fascine dans la société yougoslave, c’est la volonté générale de contribuer au bien commun qui existait”, nous raconte-t-elle tandis que nous nous promenons dans Belgrade, la capitale de l’ex-Yougoslavie. “Je ne pense pas que c’est quelque chose qui était imposé d’en haut: cela se faisait plutôt naturellement, et c’était profondément ancré dans le coeur des gens” poursuit-elle. L’esprit de fraternité n’a cependant pas survécu à la désintégration du pays et bon nombre des choses qui sont restées sont

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Depuis quelques années, ce café est devenu “le” lieu branché à Sarajevo. Les murs sont remplis de photos de Tito aux côtés de Kennedy ou d’Arafat, et un énorme ancien drapeau de la Yougoslavie est accroché derrière le bar. “La guerre a engendré des changements dans la structure de la population et donc cet esprit ne pouvait pas rester le même”, soupire Adnan.

Chaque année, le Café Tito organise un grand rassemblement le 25 mai connu pour être la “Journée de la Jeunesse” en ex-Yougoslavie. Des centaines de personnes dont la plupart ne vivent plus à Sarajevo, mais sentent toujours ce dynamisme viennent chaque année, même de l’étranger, et elles célèbrent ce qui était le plus grand événement pour la jeunesse en Yougoslavie. Ils se réunissent dans un parc juste à côté du café, arborant leurs chapeaux de pionniers aux cinq étoiles et leurs écharpes rouges; symboles du bon vieux temps.

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Adnan a 25 ans, il est né en Yougoslavie. “Nous sommes nombreux à avoir la nostalgie de cette époque car le morcellement de la Yougoslavie a aussi causé la perte de l’esprit yougoslave”, nous dit-il alors que nous sirotons notre bière locale Sarajevsko pivo au Café Tito à côté de l’Université.

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Although the horrors of the war are not forgotten, open-mindedness, a glass of wine and a guitar can make all tensions crumble down. We are sitting with Maja, a SerboCroatian youth activist, in Pristina, the capital of Kosovo, where tensions are still high. Despite all speaking Serbo-Croatian, ‘nas jezik’ (‘our language’), we have been very careful to speak only in English the whole day. So in the evening, while we sit around a table and start singing together, we propose classic Beatles or Radiohead hits. It is with our great surprise that our friends ask to play some ‘Jugoslavche’, the old songs from the Yugoslav time. Our friend Jeton starts strumming the chords of Tamara by Djordje Balasevic, and we all sing together.

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people to listen to Macedonian or Serbia singers, to go to Sarajevo on a weekend trip or to Ljubljana for shopping! Mental borders are getting weaker day by day.


des blocs de béton; testament dissonnant par rapport à cette période d’unité et de prospérité.

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YOUTH OPINION

L’enseignement universitaire gratuit, l’emploi des jeunes, le logement et la liberté de mouvement sont quelques unes des perceptions de l’époque yougoslave qu’un certain type de jeunes envie aujourd’hui. Petar vit en Macédoine. Lorsqu’il était petit, sa famille avait l’habitude d’aller en vacances à Bar, dans le Monténégro actuel. Aujourd’hui, il doit traverser deux pays avant d’y arriver. “C’est surtout de la peine et du chagrin qu’évoquent en moi la Yougonostalgie” dit-il, “Je le ressens particulièrement lorsque je dois attendre toutes les deux heures pour pouvoir traverser … Ces frontières qui n’existaient pas du tout il y a longtemps empêchent tellement de choses.” “Je me dis tout le temps que mes parents et mes grands-parents ont dû être tellement heureux d’avoir vécu en Yougoslavie” raconte Deniza, de Macédoine également. “Je suis Yougonostalgique de quelque chose que je n’ai pas vécu, mais je sais que ça a existé : la liberté de voyager, la valeur incommensurable des idéaux communs, le niveau de vie plus élevé, et le sentiment d’appartenir à un état solide et stable – plus rien de tout cela n’existe aujourd’hui” nous dit-elle. La Slovénie est souvent perçue comme le moins balkanique des pays d’ex- Yougoslavie. Vous vous attendriez à ce que les jeunes Slovènes s’identifient davantage à l’esprit travailleur de leurs voisins autrichiens plutôt qu’à la gaieté chaotique de leurs anciens cousins yougoslaves. Pourtant, comme c’est souvent le cas, les opposés s’attirent. Si vous avez un jour passé le Nouvel An à Belgrade, vous aurez sans doute pu observer ce phénomène de vos propres yeux : chaque année à la fin du mois de décembre, les sorteurs slovènes envahissent la Mecque d’hiver, Belgrade, pour se défouler et faire la fête. “En tant que jeune né en période de guerre, je ne peux pas dire que je me sente Yougonostalgique. Je n’ai jamais connu la Yougoslavie” nous dit Marko, 24 ans, de Zagreb. “Pour moi, la Yougonostalgie ce sont des histoires de mes grands-parents : comment ils parlent encore du bon temps qu’ils ont eu, de l’abondance de travail et d’argent, du sentiment de bonheur général...”. La Yougonostalgie est-elle donc seulement un voyage merveilleux dans les doux sou-

venirs du passé? Pas du tout. Ce qui se passe, c’est que les jeunes générations surmontent les problèmes des dernières dé-

"I am Yugonostalgic for something that I haven’t experienced, but I know it existed" "Je suis Yougonostalgique de quelque chose que je n’ai pas vécu, mais je sais que ça a existé"

cennies et que pour finir ils ressentent leur origine balkane avec fierté. Il est une fois encore tout à fait normal pour les jeunes d’écouter des chanteurs macédoniens ou serbes, de passer le week-end à Sarajevo ou d’aller à Ljubljana pour faire du shopping ! Les frontières mentales s’estompent jour après jour. Bien que les horreurs de la guerre ne soient pas oubliées, l’ouverture d’esprit, un verre de vin et une guitare peuvent apaiser toutes les tensions. Nous sommes en compagnie de Maja, une jeune militante serbocroate, à Pristina au Kosovo, où les tensions sont toujours palpables. Malgré que tous parlent le serbo-croate, “nas jezik” (“notre langue”), nous avons fait très attention de ne parler qu’en anglais pendant toute la journée. Alors en soirée, alors que nous sommes assis autour d’une table et que nous commençons à chanter ensemble, nous proposons des morceaux classiques des Beatles ou de Radiohead. Nous sommes surpris que nos amis demandent de jouer du “Jugoslavche”, les vieilles chansons de l’époque yougoslave. Notre ami Jeton commence à jouer les accords de Tamara de Djordje Balasevic, et nous chantons tous en choeur. Le fait de chanter cette belle mélodie dans une langue dans laquelle nous avons tous grandi; une langue bien plus proche de nos coeurs que l’anglais impersonnel que nous utilisions nous donne l’impression de soulever une énorme barrière. Nous ressentons une connexion plus intime, comme si une forme très profonde d’amitié venait de nous lier pour toujours, c’est ça l’esprit yougoslave.


YOUTH OPINION

.029 notes on the authors / Notes sur les auteurs Aleksandra is Serbian, she works and lives in Belgrade; Tena is Croatian, she grew up between Trieste and Rijeka (Fiume) and now works in London; Hana is Bosnian, grew up in Zenica and is now studying in Geneva. They cooperated in writing this article, bringing together the Yugoslav spirit and sharing the experiences and stories of their friends and families. / Aleksandra est Serbe, elle travaille et vit à Belgrade; Tena est Croate, elle a grandi entre Trieste et Rijeka (Fiume) et travaille aujourd'hui à Londres; Hana est Bosniaque, elle a grandi à Zenica et étudie aujourd'hui à Genève. Elles ont coopéré pour rédiger cet article, ravivant l'esprit yougoslave, et partageant les expériences et histoires de leurs amis et familles.


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WORDS BY MELHEM MANSOUR x2011ccj@stfx.ca

MATTHIAS B. B. CHRISTENSEN

/ en

The Euro - Arab Youth Corporation on Shaping the Region / La Corporation euro-arabe de la Jeunesse façonne la Région When Kissinger in the early 1970s, asked the Chinese Premier Zhou Enlai what the consequences of the French revolution were, he famously replied ‘it’s too early to tell’. We doubt the consequences for our region will take quite as long as this, but currently we do not know the exact outcome of such challenging times and in reality, we will be largely unaware for the next few years. In December 2010, a small demonstration was organised in Sidi Bouzid, Tunisia. No one could predict that this was the start of an enormous uprising that would change the political leadership in a number of Arab countries. The simplicity of the protesters’ demands was perhaps one of the main reasons as to why the protests spread like wildfire and changed political and social landscape of the Arab world. Even though Egypt, Syria, Yemen, Libya, Bahrain and Tunisia have been making all the headlines, leaders were faced with people demanding change in all Arab countries. In some countries leaders took pre-emptive political action in order

to avoid being faced with similar angry crowds as in Tunis or Cairo. In the eyes of many, young people led the Arab Spring, but so far, this has failed to place them in decision-making positions to shape the future they want. Thus, the dream goal of creating better societies in which young people are at the centre of development is yet to be achieved. These movements are not likely to evaporate quickly however, as for the first time in their lives; young people have implemented radical change. The road is still long and Arab youth still have many battles to fight in order to fully achieve a new open and democratic society. A civil society movement is emerging after the Arab Spring and young people have proven that they want to be pro-active citizens. The Arab youth unfortunately lack however, the organisations and the civil society structures that exist in many European countries.

A strong and independent civil society is crucial for any democracy. Europe has a long tradition of independent youth structures that are able to communicate the needs of young people to political actors. Structures like these are spaces that could build a generation of young Arab leaders who would be important actors in shaping our societies in the right direction. In light of the new reality of Euro-Arab youth cooperation, a youth leaders meeting was organised by the European Youth Forum and the Italian National Youth Council, Forum Nazionale Giovani, in Rome in May 2012. The aim was to restart the cooperation in light of the radical changes. Recognising the political changes, the organisers made great effort in trying to reach out to Arab youth who had not previously engaged in EuroArab meetings. Perhaps for the first time, the cooperation is composed of actors who meet as equal partners in a network of organisations that have the same aims: working on youth issues to improve their

YOUTH OPINION

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Oasis in a New Era / Une Oasis dans une Nouvelle Ere

dossier

matthias.christensen@youthforum.org


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YOUTH OPINION

Recognising the new political reality in the region, European youth organisations seek to shape new partnerships with the youth of the Arab world. The first step in doing so is to investigate the new situation on the ground, finding the new civil society forces, getting in touch with new youth organisations and movements and individuals and groups who have emerged in the latest years. Young people can change things dramatically if they want to. The youth of both our regions should take this on their shoulders and shape the future societies that they want to see. While the Arab world is being shaken by revolutions, Europe is witnessing a deep economic crisis. Crises are not only negative though, they can be seen as an opportunity to build something new and sustainable. The impetus of these times can-

A civil society movement is emerging after the Arab Spring and young people have proven that they want to be pro-active citizens.

/ fr

societies. Arab participants expressed themselves very clearly: they had come to this meeting as proud citizens, representing a generation who had changed things, and done so in a dramatic fashion.

Lorsque, au début des années 1970, Kissinger demandait au Premier ministre chinois Zhou Enlai quelles étaient les conséquences de la révolution française, sa fameuse réponse était “il est trop tôt pour se prononcer”. Nous doutons que les conséquences pour notre région prennent autant de temps, mais actuellement nous ne connaissons pas l’issue exacte de ces temps de troubles et, en réalité, nous en serons largement inconscients pendant les quelques années à venir.

Un mouvement de la société civile est en train d’émerger après le Printemps arabe, et les jeunes ont démontré qu’ils sont prêts à être des citoyens actifs.

En décembre 2010, une petite manifestation était organisée à Sidi Bouzid en Tunisie. Personne ne pouvait prédire que ce serait le début d’un énorme soulèvement qui allait modifier le pouvoir politique dans un certain nombre de pays arabes. La simplicité des requêtes des manifestants était peut-être l’une des principales raisons qui explique pourquoi les manifestations se sont propagées comme des feux de broussaille pour modifier le paysage politico-social du monde arabe.

not be underestimated. If a strengthened partnership in search for democracy, human rights and socio-economic development is formed during times of crisis, it is more likely to endure in the more prosperous days.

Même si l’Egypte, la Syrie, le Yémen, la Libye, le Bahrein et la Tunisie ont fait tous les gros titres, c’est dans l’ensemble des pays arabes que les dirigeants se sont trouvés face à un peuple revendiquant le changement. Dans certains pays, des dirigeants ont entrepris des actions politiques préventives pour éviter de devoir affronter des


dossier YOUTH OPINION

.033 foules en colère comme à Tunis ou au Caire. Aux yeux de beaucoup, ce sont les jeunes qui ont dirigé le printemps arabe, mais jusqu’à aujourd’hui, cela ne leur a pas permis d’occuper des postes décisionnels pour façonner l’avenir comme ils le souhaitent. Par conséquent, l’objectif idéal de créer de meilleures sociétés où les jeunes seraient au centre du développement n’a pas encore été réalisé. Toutefois, il est peu probable que ces mouvements s’évaporent rapidement car, pour la première fois de leur vie, les jeunes ont mis en place un changement radical. Le chemin est encore long, et les jeunes Arabes ont encore de nombreuses batailles à livrer pour aboutir à une nouvelle société ouverte et démocratique. Un mouvement de la société civile est en train d’émerger après le Printemps arabe, et les jeunes ont démontré qu’ils sont prêts à être des citoyens actifs. Malheureusement, les jeunes Arabes manquent cependant d’organisations et de structures de la société civile telles qu’elles existent dans de nombreux pays européens. Une société civile puissante et indépendante est essentielle pour toute démocratie. L’Europe possède une longue tradition de structures indépendantes de jeunesse à même de communiquer les besoins des jeunes aux acteurs politiques. De telles structures sont des espaces qui pourraient construire une génération de jeunes dirigeants arabes qui seraient d’importants acteurs pour fa-

çonner et orienter nos sociétés dans la bonne direction. A la lumière de la nouvelle réalité de la coopération euro arabe de la jeunesse, une réunion de responsables de jeunes a été organisée par le Forum européen de la Jeunesse et Forum Nazionale Giovani à Rome en mai 2012. Cette réunion avait pour but de

Young people can change things dramatically if they want to. Les jeunes peuvent faire bouger les choses de façon spectaculaire s’ils le veulent.

relancer la coopération à la lumière de ces changements radicaux. Reconnaissant les changements politiques, les organisateurs ont redoublé d’efforts pour intéresser les jeunes Arabes qui n’avaient jamais participé à des rencontres euro-arabes. Pour la première fois peut-être, la coopération est composée d’acteurs qui se rencontrent en tant que partenaires égaux au sein d’un réseau d’organisa-

tions qui ont les mêmes objectifs : travailler sur les questions jeunesse pour améliorer leurs sociétés. Les participants arabes se sont exprimés très clairement : ils sont venus à cette réunion comme de fiers citoyens représentant une génération qui avait changé les choses de manière spectaculaire. Reconnaissant la nouvelle réalité politique dans la région, les organisations européennes de jeunesse cherchent à élaborer de nouveaux partenariats avec la jeunesse du monde arabe. La première étape consiste à sonder la nouvelle situation sur le terrain, à trouver de nouvelles forces de la société civile, à entrer en contact avec de nouvelles organisations et de nouveaux mouvements de jeunesse, et avec des individus et des groupes qui sont apparus ces dernières années. Les jeunes peuvent faire bouger les choses de façon spectaculaire s’ils le veulent. Les jeunes de nos deux régions doivent assumer cette vérité et modeler les futures sociétés qu’ils veulent voir naître. Tandis que le monde arabe est secoué par des révolutions, l’Europe vit de son côté une profonde crise économique. Les crises ne sont toutefois pas seulement négatives, elles peuvent être perçues comme une occasion de construire quelque chose de nouveau et durable. L’élan de cette époque ne peut être sous-estimé. Si un partenariat renforcé à la recherche de démocratie, de droits humains et de développement socio-économique est établi en ces temps de crise, il est plus que probable qu’il tiendra dans les périodes plus prospères.


/ HOTPOT

ARTEK: MY SOCIALIST CHILDHOOD DREAM / ARTEK : MON RÊVE D'ENFANCE SOCIALISTE

WORDS AND PHOTOS BY

THOMAS ALBOTH

The Family Without Borders / La Famille sans Frontières thomas@alboth.net


The Artek pioneer camp was founded in 1925 and was situated in the middle of the stunning Crimean landscape , with ten kilometers of beach, nestled between the Bear Mountain and the rocky clif fs. As the climate is so mild, the camp was soon opened all year long. Khrushchev enlarged the camp in the 60s to a little well planned city with parks, stadiums, schools, medical centers, a f ilm studio, and huge monuments to pray to in the mornings. Up to 27,000 well selected pioneers came to the socialist heaven every

Up to 27,000 well selected pioneers came to the socialist heaven every year C’est ainsi que 27.000 pionniers triés sur le volet se rendaient dans ce paradis socialiste chaque année new bible ‘Glasnost and Perestroika’ and the USSR fell apart, the Crimean peninsula, together with Artek, suddenly (and luckily) fell into the hands of the newly independent Ukraine. Artek is still a place you can go to, but with the new bibles and new rules, how

As the Ukrainian state is giving out less and less money, the prestigious Artek was nearly closed down as in 2008/09, the administration could not pay the bills anymore. In 2009 Artek was shook by a scandal on child abuse, which was not proven in court. Due to this scandal and because we are neither rich nor poor, nor kids anymore, it was – understandably – not so easy to get in, but – as you can see – in the end it was possible, even without asking anybody. All in all, Artek is still a beautiful place, with a newly renovated building on the waterfront, collapsing monuments here and there, a lot of old buildings, which seemed to be forgotten or not needed over the years. Ever ything is framed in an amazing green, which would take over ever ything if people wouldn’t f ight for their buildings.

/hotpot

Af ter Gorbachev(who’s summer house was not so far away from the camp), wrote the

can one get into this kids’ heaven? The doors to the camp are ver y open these days, either for winners or losers of the new system. To enter, either your parents have to pay $2.000 for a golden piece of summer holidays or, more probably you have to have nothing. Through this method, Ukraine is helping their kids and pays for the stay.

YOUTH OPINION

Even though I gave it my all, I could never sit at the campf ire and sing songs in the Crimean Young Pioneer camp with our socialist brothers from Russia, China, Vietnam, Cuba and of course, East Germany. So I had to go back there now, as an adult.

year and if you were lucky you could even have met gods like Castro, Ho Chi Minh, Juri Gagarin or Indira Ghandi.

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/ en

Artek, since my school time and Russian lessons, was for me a place very close to heaven. The place you will be only able to reach if you lived a good life by behaving well, getting good marks, being a good socialist boy, always helping mama, standing up for older people on the tram and being friendly with Russian soldiers. There was no heaven in a socialist world, so Artek was the highest point you could ever reach as a boy like me.


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/ fr

So Artek is today less heroic, less pathetic, less planned, but with a calm, sweet and dif ferent charm. Kids are still walking around in their uniforms, but somehow relaxed, chatting, walking hand in hand and talking on their mobile phone with their mamas. The group leaders are just a bit older and they look like you could meet them on any other youth camp in Europe. Maybe it was always like this, there was always just boys and girls there, like you and me. Maybe they even haven’t been as good pioneers like we tried to be?

Depuis ma période scolaire et mes leçons de russe, “Artek” c’était presque comme si j’étais au paradis. L’endroit que tu ne pourras atteindre que si tu as mené ta vie dans le droit chemin en étant poli, en ayant de bons résultats à l’école, en étant un brave garçon socialiste, en aidant tout le temps maman, en cédant ta place aux personnes âgées dans le tram, en étant gentil avec les soldats russes, etc. Le paradis n’existait pas dans un monde socialiste, “Artek” était donc le

point le plus élevé qu’un garçon comme moi aurait jamais pu atteindre.

frères socialistes de Russie, de Chine, du Vietnam, de Cuba et d’Allemagne de l’est. C’est pourquoi il a fallu que j’y retourne maintenant, en tant qu’adulte.

So Artek is today less heroic, less pathetic, less planned, but with a calm, sweet and different charm.

Le Camp des Pionniers “Artek” a été fondé en 1925 et il était situé au beau milieu d’un paysage sensationnel de Crimée, avec dix kilomètres de plages, et niché entre le Mont de l’Ours et des escarpements rocheux. Le climat y est si doux que le camp a très vite été ouvert toute l’année. Dans les années 60, Khrouchtchev a agrandi le camp en petite ville bien organisée, avec des parcs, des stades, des écoles, des centres médicaux, un studio de cinéma, et de gigantesques monuments où prier le matin. C’est ainsi que 27.000 pionniers triés sur le volet se rendaient dans ce paradis socialiste chaque année, et si vous aviez de la chance, vous pouviez même y rencontrer des dieux comme Castro, Ho Chi Minh, Youri Gagarine ou Indira Ghandi.

Aujourd’hui, Artek est donc moins héroïque, moins pathétique, moins bien organisé, mais il a un charme tranquille, doux et différent.

Pourtant, même si j’ai fait de mon mieux, je n’ai jamais pu participer aux feux de camp des Jeunes Pionniers de Crimée et chanter des chansons à côté de nos

Ensuite, après que Gorbatchev -dont la résidence d’été n’était pas loin du campait rédigé la nouvelle Bible “Glasnot et Perestroïka” et que l’U.R.S.S se soit ef-


fondrée, la péninsule de Crimée et “Artek” sont subitement (et heureusement) tombés entre les mains de la nouvelle Ukraine indépendante. Artek existe toujours, mais avec les nouvelles bibles et les nouvelles règles, comment entrer dans ce paradis des enfants ? Les portes du camp sont tout ouvertes de nos jours, mais elles ne s’ouvrent que pour les gagnants ou les perdants du nouveau système. Pour y entrer, soit tes parents doivent payer jusqu’à 2.000$ pour une partie de vacances d’été en or, soit tes parents n’ont rien du tout et c’est le moyen le plus probable pour y entrer car dans ce cas, c’est l’Ukraine qui aide les enfants et paie leur séjour. Or, vu que l’Etat ukrainien donnait de moins en moins d’argent, cet endroit prestigieux a failli fermer ses portes en 2008-2009 parce que l’administration ne parvenait plus à payer les factures. Puis, en 2009, il a été secoué par un scandale d’abus d’enfant qui n’a f inalement pas pu être prouvé au tribunal. A cause de ce scandale et aussi parce que nous ne sommes ni riches ni pauvres, et que nous ne sommes plus des enfants non plus, ce n’était plus -et on le comprend biensi facile d’y entrer, mais – comme vous pouvez le constater- f inalement c’était faisable, même sans en demander l’autorisation à quiconque. En bref, Artek est toujours un endroit magnif ique, avec un bâtiment fraîchement rénové en front de mer, des monuments qui s’ef fondrent ici et là, énormément d’anciens bâtiments qui semblent avoir été oubliés ou qui n’étaient plus nécessaires au f il des ans, le tout emballé dans un vert resplendissant qui recouvrirait absolument tout si les gens ne se battaient pas pour leurs bâtiments. Aujourd’hui, Artek est donc moins héroïque, moins pathétique, moins bien organisé, mais il a un charme tranquille, doux et dif férent. Les enfants s’y promènent toujours en uniforme, mais détendus en quelque sorte, ils marchent main dans la main, discutent, parlent à leurs mères sur leur GSM. Les responsables du groupe sont juste un peu plus âgés et vous pourriez les rencontrer dans n’importe quel autre camp de jeunes en Europe. Peut-être que ça a toujours été comme ça, peut-être qu’il n’y a toujours eu que des garçons et des f illes, comme vous et moi. Peut-être qu’ils n’ont même pas été d’aussi bons pionniers que nous essayions de l’être ?


GROWING INTO A FIGHTER / DEVENIR LUTTEUR Words by

TENA PRELEC

European Students’ Forum, AEGEE tenaprelec@gmail.com

Photos by

ROB HORNSTRA

© ROB HORNSTRA / INSTITUTE. COURTESY FLATLAND GALLERY


Wrestling is many Caucasian countries’ national sport. In Russian (still largely a vehicular language in the region), ‘wrestling’ is translated simply as ‘bor’ba’, ‘fight’. The ones who wrestles, fights; the one who fights, survives. There is nothing simpler than to fight. Two men, barehanded, seeking to achieve supremacy over each other, using strength and cunning. In the Caucasus, people fight, for centuries; squeezed between the three mighty Russian, Persian and Ottoman empires, they have always fighted. In recent years, the escalation of violence has brought to the region war, destruction and oppression. In 2000, Russian control over Dagestan was restored as an outcome of a bloody war within Chechnya. In 2004, the Beslan school siege took place, where over 380 people were killed, mostly children. Less then four years later, while Beijing was hosting the summer Olympics, it was the turn of the Russian-Georgian war to break out. ‘Wrestling is a metaphor of the Caucasus itself’, says Arnold van Bruggen, a young writer and filmmaker, ‘a hospitable but violent region’. It is almost a matter of genetic makeup. ‘Wrestling is perhaps at the core of raising children in the Caucasus. Children might start wrestling aged 7 or 8. Still, it is never just a game, but a serious fight between two men’. At the London Olympics this year, Russians suddenly realised that their team had a non-Russian face. Their North Caucasian athletes won 20 medals, out of which 5 were gold. In power sports, Caucasian fighters simply dominated the stage.

Vladimir Putin’s visit to the London Olympics ended triumphantly for the recently re-elected president, with the -100kg judo final attended

YOUTH OPINION

Think ‘wrestling’ and your mind will probably display an image of a spandex-clad Hulk Hogan jumping with all his might over an equally ridiculously dressed opponent, and then tearing his shirt as he shouts to the adoring crowd, in a haze of lights and sounds. Now forget this. Think of mountains with never-melting tops, of tiny countries surrounded by other countries. In constant danger. Under the steady risk of aggression. Here, it’s the survival of the fittest.

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In Europe, every kid wants to become a football player; in many Caucasian counties, they want to become wrestlers. For young people from Ossetia to Dagestan to Chechenya, fighting has been just a way of life - but still, a second class life in Russia.


The next Olympic games in sight will be hosted by Russia. The 2014 Winter Olympics are to take place in Sochi: a rather unusual winter town, located next to the sea and in the south, at the very border with Georgia. Given the melting pot of peoples and the complexity of the political situation, great concerns have been raised over the safety of the games.

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Wrestlers will not take part in it, but the fighting spirit of the Caucasian peoples certainly will.

En Europe, tous les enfants veulent devenir des joueurs de foot; dans beaucoup de pays du Caucase, ils veulent devenir des lutteurs. Pour les jeunes d’Ossétie en passant par le Daghestan ou la Tchétchénie, la lutte a toujours été une façon de vivre – mais n’empêche que c’est une vie de seconde classe en Russie. Pensez “Lutte” et dans votre esprit apparaîtra sans doute l’image d’un Hulk Hogan revêtu d’élasthanne qui saute de tout son poids sur un opposant au costume tout aussi ridicule et qui déchire sa chemise en criant face à la foule passionnée, dans un brouillard de lumières et de sons. Oubliez ça. Pensez plutôt à des montagnes aux sommets constamment enneigés, à de minuscules pays entourés d’autres pays, en danger permanent, risquant l’aggression à tout moment. Ici, c’est la survie du plus fort. La lutte est le sport national de nombreux pays du Caucase. En russe (qui est toujours une langue véhiculaire de la région), le mot “lutte” se traduit simplement par “bor”ba”, “combat”. Celui qui lutte se bat; celui qui se bat survit. Rien de plus simple que de se battre. Deux hommes, mains nues, cherchant à dominer l’autre par la force et la ruse. Dans le Caucase, les gens luttent depuis des siè-

Wrestling is a metaphor of the Caucasus itself, a hospitable but violent region.

Les prochains Jeux Olympiques seront accueillis par la Russie. Les Jeux Olympiques d’hiver se dérouleront à Sotchi: une ville plutôt inhabituelle située en bord de mer et dans le sud, à la frontière avec la Géorgie. Vu la mixité des peuples et la complexité de la situation politique, d’énormes préoccupations ont été soulevées quant à la sécurité des Jeux.

La lutte est la métaphore même du Caucase, une région hospitalière mais violente.

Les lutteurs n’y participeront pas, mais une chose est sûre : l’esprit combattif des peuples du Caucase y sera palpable.

cles; entassés entre les trois puissants empires russe, perse et ottoman, ils se sont toujours battus. Ces dernières années, l’escalade de la violence a amené la guerre, la destruction et l’oppression dans la région. En 2000, le contrôle de la Russie sur le Daghestan a été restauré suite à la guerre sanglante avec la Tchétchénie. En 2004 se déroulait le siège de l’école de Beslan où plus de 380 personnes étaient tuées, principalement des enfants. Moins de quatre ans plus tard, alors que Beijing accueillait les Jeux Olympiques d’été, c’est la guerre entre la Russie et la Géorgie qui éclatait. “La lutte est la métaphore même du Caucase, une région hospitalière mais violente”, déclare Arnold van Bruggen, jeune écrivain et réalisateur. C’est presque une question de constitution génétique. “La lutte est probablement au coeur de l’éducation d’un enfant dans le Caucase. Les enfants peuvent commencer à faire de la lutte dès l’âge de 7 ou 8 ans. Pourtant, il ne s’agit jamais uniquement d’un simple jeu mais bien d’un combat entre deux hommes”.

THE SOCHI PROJECT / LE PROJET SOTCHI / en

Back in Russia, Caucasians do not always get the same warm treatment. The ultra-nationalist youth group Nashi, very close to the ruling party United Russia, have been accused of repeated and deliberate beatings of youngsters of Caucasian ethnicities. After the apartment bombings of 1999, which immediately preceded the war with Chechnya and Vladimir Putin’s rise to power, a strong anti-Caucasian sentiment sneaked into certain Russian circles.

jeunes d’origines ethniques caucasiennes. Après les bombardements d’appartements en 1999 qui ont eu lieu juste avant la guerre avec la Tchétchénie et l’avènement de Vladimir Poutine au pouvoir, un fort sentiment anti caucasien s’est subrepticement introduit dans certains cercles russes.

Aux Jeux Olympiques de Londres cette année, les Russes ont soudain réalisé que leur équipe avait un visage non russe. Leurs athlètes du nord du Caucase ont remporté 20 médailles dont cinq d’or. Dans les sports de puissance, les lutteurs caucasiens ont tout simplement dominé la discipline. La visite de Vladimir Poutine aux Jeux de Londres s’est terminée en triomphe pour le président récemment réélu, lorsque la finale des -100kg au judo, à laquelle il assistait aux côtés de David Cameron, a été remportée par un athlète russe. Poutine n’a pas manqué l’occasion de se réjouir publiquement pour son pays, embrassant la médaille d’or Tagir Khaibulayev, un jeune Avar de 27 ans. En Russie, les Caucasiens ne bénéficient pas tous du même traitement chaleureux. Le groupe de jeunes ultra nationalistes Nashi, très proche du parti Russie unie au pouvoir, a été accusé de tabassage répété et délibéré à l’encontre de

In 2014, the Olympic Games will take place in Sochi, Russia. Never before have the Olympic Games been held in a region that contrasts more strongly with the glamour of the Games than Sochi. In the five years leading up to the Games, photographer Rob Hornstra and writer Arnold van Bruggen will travel through the region uncovering the stories no one else is telling. With their work they have won numerous prices, amongst others World Press Photo 2012. Their project is made possible by a combination of crowd funding and sales of self-published books and newspapers. You can support their work by ordering publications or become a donator at www.thesochiproject.org

/ fr

by him and David Cameron, was won by a Russian athlete. Putin did not miss the opportunity to publicly rejoice for his country, bear hugging gold medal Tagir Khaibulayev: a 27 year old of Avar descent.

En 2014, les Jeux Olympiques se dérouleront à Sotchi en Russie. Jamais auparavant les Jeux Olympiques n’ont eu lieu dans une région en si grand contraste que Sotchi avec le glamour des Jeux. Pendant les cinq années qui précéderont ces Jeux, le photographe Rob Hornstra et l’écrivain Arnold van Bruggen parcourront la région pour dévoiler des histoires que personne d’autre ne raconte. Leur travail leur a permis de remporter de nombreux Prix parmi lesquels le World Press Photo 2012. Leur projet existe grâce à une combinaison de financements collectifs et à la vente de livres et journaux auto édités. Vous pouvez soutenir leur travail en commandant des publications ou en devenant donateur sur www.thesochiproject.org


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YOUTH OPINION

© ROB HORNSTRA / INSTITUTE. COURTESY FLATLAND GALLERY


graphic journalism

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YOUTH OPINION

SELECTA

Occuprint collects, prints and distributes posters from the worldwide Occupy movement. The poster and content reflect the values and concerns of the grassroot and mainly youth-led Occupy Movement that spawned it. Since autumn 2011, they have been sent in by relatively unknown designers from all over the world in support of the various political aims that have sprung from the Occupy Movement, including ‘We are the 99%’, the ballooning costs of higher education, the subprime mortgage crisis, as well as May Day. Political posters f irst appeared in the early 20th centur y as a result of technological advances in lithography during prior decades that enabled the production of inexpensive, mass produced, large format prints, which were displayed in public spaces. Posters continue to be an ef fective means of reaching the public. Occuprint posters feature a variety of historical art influences in their imager y, from Russian Constructivism to Latin American political graphic art to Pop Art. They are intended for public use and the individual images can be downloaded for free on Occuprint.org’s website. As highlighted by Occuprint organising member Jesse Goldstein, ‘submissions were catalyzed by the iconic poster The Beginning is Near, submitted by Alexandra Clotfelter… which opened a floodgate of enthusiasm. We received hundreds of posters of var ying quality, but we valued them all as part of the movement and decided to post them on a website for free access and download’. Occuprint continues to receive images on a regular basis, which are curated with regard to certain criteria in group meetings with open debate.

Occuprint récolte, imprime et distribue des posters du mouvement mondial Occupy. Le poster et son contenu reflètent les valeurs et les préoccupations engendrées par le mouvement Occupy de base, principalement dirigé par des jeunes. Depuis l’automne 2011, ces posters ont été envoyés de partout dans le monde par des graphistes relativement peu connus pour soutenir les dif férents objectifs politiques apparus à partir du mouvement Occupy, notamment “Nous sommes les 99%”, les frais gonflants de l’enseignement supérieurs, la crise des crédits immobiliers à risque, et aussi la fête du travail. Les posters de nature politique ont fait leur apparition au début du 20ème siècle suite aux progrès technologiques dans la lithographie réalisés des décennies plus tôt, qui ont permis la production en masse d’imprimés bon marché et de grand format qui étaient af f ichés dans des lieux publics. Les posters continuent d’être des moyens ef f icaces d’accrocher le public. Les posters Occuprint comportent une variété d’influences artistiques historiques dans leur imagerie, allant du constructivisme russe à l’art graphique politique latino américain ou au Pop Art. Ils sont destinés à l’usage public, et les images individuelles peuvent être téléchargées gratuitement sur le site web Occuprint.org. Comme le souligne un membre organisateur d’Occuprint, Jesse Goldstein, “le catalyseur des soumissions a été “The Beginning is Near” (le début est proche) soumis par Alexandra Clotfelter qui a déclenché une marée d’enthousiasme. Nous avons reçu des centaines de posters de qualités diverses, mais nous les avons tous mis en valeur comme faisant partie du mouvement, et nous les avons postés sur un site web pour accès et téléchargement gratuits.

www.occuprint.org Occuprint reçoit encore régulièrement des images qui sont cataloguées en fonction de certains critères lors de réunions de groupe à débat ouvert. www.occuprint.org


Alexandra Clotfelter

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YOUTH OPINION

/graphic

journalism


Rich Black

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Joakim Sm책ngs

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Matt Huynh

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Brian Tatosky

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Colin Smith

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Bizhan Khodabandeh

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YOUTH OPINION


MEMBER ORGANISATIONS OF THE EUROPEAN YOUTH FORUM

Full members

National Youth Councils ( NYCs ) Suomen Nuorisoyhteistyö Allianssi ry - ALLIANSSI (Finland); Belarusian Union of Youth and Children's Public Associations – BUYCPA RADA (Belarus); British Youth Council - BYC (Great Britain); Conférence Générale de la Jeunesse Luxembourgoise - CGJL (Luxembourg); Consejo de la Juventud de España - CJE (Spain); Comité pour les Relations Nationales et Internationales des Associations de Jeunesse et d’Education Populaire - CNAJEP (France); Conselho Nacional de Juventude - CNJ (Portugal); Consell Nacional de la Joventut de Catalunya - CNJC (SpainCatalonia); Consiliul National Al Tineretului Din Moldova – CNTM (Moldova); Comité pour les Relations Internationales de Jeunesse - CRIJ (Belgium, French-speaking Community); National Youth Council of Switzerland SAJV/CSAJ (Switzerland); Cyprus Youth Council– CYC (Cyprus); Deutsches Nationalkomitee für Internationale Jugendarbeit - DNK (Germany); Dansk Ungdoms Fællesråd - DUF (Denmark); Eesti Noorteühenduste Liit ENL (Estonia); National Council of Hellas - ESYN (Greece);

Forum Nazionale dei Giovani - FNG (Italy); Nationale Jeugdraad – JEUGDRAAD (Netherlands); Kunsill Nazzjonali Taz-Zghazagh - KNZ-Malta (Malta); Lietuvos Jaunimo Organizaciju Taryba - LIJOT (Lithuania); Latvijas Jaunatnes Padome - LJP (Latvia); Landsrådet for Norges barne - og ungdomsorganisasjoner - LNU (Norway); Landsrådet för Sveriges ungdomsorganisationer - LSU (Sweden); Landssamband æskulýðsfélaga - LÆF (Iceland); Croatian Youth Network - MMH (Croatia); Mladinski Svet Slovenjie MSS (Slovenia); National Assembly of Youth Organisations of the Republic of Azerbaijan – NAYORA (Azerbaijan); National Council of Youth Organisations of Georgia – NCYOG (Georgia); National Youth Council of Armenia – NYCA (Armenia); National Youth Council of Ireland NYCI (Ireland); National Youth Council of Russia - NYCR (Russia); Österreichische Kinder- und Jugendvertretung - ÖJV (Austria); Rada Mládeže Slovenska - RMS (Slovakia); Vlaamse Jeugdraad - VJR (Belgium, Flemish-speaking Community).


International Non-Governmental Youth Organisations ( INGYOs ) ACTIVE - Sobriety, Friendship and Peace; Association des Etats Généraux des Etudiants de l'Europe – AEGEE Europe; Alliance of European Voluntary Service Organisations - ALLIANCE; International ATD Fourth World Movement ATD-Quart Monde; Democrat Youth Community of Europe - DEMYC; European Bureau of Conscientious Objection EBCO/BEOC; Young European Socialists - ECOSY; European Confederation of Youth Clubs - ECYC; European Democrat Students - EDS; European Educational Exchanges - Youth for Understanding - EEE-YFU; European Federation for Intercultural Learning - EFIL; The National Unions of Students in Europe - ESIB; Erasmus Student Network – ESN; European Trade Union Confederation - ETUC Youth; EU Federation of Youth Hostel Associations - EUFED; European Union of Jewish Students - EUJS/UEEJ; Ecumenical Youth Council in Europe - EYCE; International Federation of Catholic Parochial Youth Movements - FIMCAP; Federation of the Young European Greens - FYEG; International Federation of Liberal Youth - IFLRY; International Falcon Movement - Socialist Educational International - IFM/SEI; International Federation of Medical Students’ Association – IFMSA; International

Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Youth and Student Organisation - IGLYO; International Union of Socialist Youth - IUSY; International Young Naturefriends - IYNF; International Young Catholic Students - International Movement of Catholic Students - JECI-MIEC; Young European Federalists - JEF; European Liberal Youth - LYMEC; International Movement of Catholic Agricultural and Rural Youth - MIJARC-Europe; Organising Bureau of European School Student Unions - OBESSU; Rural Youth Europe – Rural Youth Europe; Service Civil International - SCI; World Organisation of Young Esperantists - TEJO; World Association of Girl Guides and Girl Scouts - WAGGGS; World Organisation of the Scout Movement (European office) - WOSM; European Region of the World Student Christian Federation - WSCF-Europe Region; Youth Action for Peace - YAP; Youth for Development and Co-operation - YDC; Youth and Environment Europe - YEE; Youth of European Nationalities - YEN ; Youth of the European People’s Party - YEPP; Youth for Exchange and Understanding - YEU; European Alliance of Young Men’s Christian Associations - YMCA; Young Women’s Christian Association - YWCA.

Observer members

Candidate members

NYCs

NYCs

Rat der Deutschsprachigen Jugend - RDJ (Belgium, German-speaking Community).

INGYOs European Council of Young Farmers – CEJA; European Confederation of Independent Trade Unions – CESI-Youth; Don Bosco Youth Net; European Free Alliance Youth – EFAY; European Non-Governmental Sports Organisation Youth Committee – ENGSO Youth; European Youth Press – EYP; International Federation of Training Centres for the Promotion of Progressive Education - FICEMEA; International Coordination of Young Christian Workers – ICYCW/CIJOC; International Federation of Hard of Hearing Young People - IFHOHYP; Jeunesses Musicales International - JMI; Pax Christi International - Pax Christi; Red Cross Youth – RCY; Youth Express Network – Y-E-N.

Consiliul Tineretului Din Romania - CTR (Romania); Czech Council of Children and Youth - CRDM (Czech Republic); Ukrainian Youth Forum – UYF (Ukraine).

INGYOs

CISV International; Freedom, Legality and Rights in Europe - FLARE.


recycled paper


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