kamikaze numéro 1

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sept 2009

LE JOURNAL QUI VA SE CASSER LA GUEULE

fouilles a l’ecole, rafles d’enfants, Lois securitaires:

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n

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ON LEUR DOIT

TOUT!

entretiens

jerome savary daniel morin cestac-teule lavilliers sine et le test ultime:

EtEs voUs [Encore] dE gaUche?

g.kervern-morbak-pixel vengeur-berth-lasserpe-barros-lerouge- etc...


sommaire

4

les astuces de G.Kervern

7

Daniel morin entretien

8

confession intime reportage

edito

charlie schlingo

10 hommage

maddye jones 13 entretien

« l’avantage avec la provo à deux balles, c’est son prix qui la rend accessible à tous. »

SINE

18 entretien etes vous (encore)

22 de gauche?

grand test ultime

25 zero

l’actu à la moulinette

30 la necrophilie coming out

33 la famille bodin’s entretien

37 lavilliers backstage

40 communiste man entretien

44 the great dictator tir à vue

46 le bizutage reportage

52 savary

entretien magic

60 mec plus ultra tir à vue

Couverture : Pat et Julie-anne (photo : Patrick Fouque)

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KAMIKAZE


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anti-crise

Gustave Kervern

ustave Kervern a décidé de vous aider à maintenir votre pouvoir d’achat, grâce à quelques

Gidées qu’il a depuis longtemps mises en pratique au sein de son foyer et qui lui ont permis,

tenez-vous bien, de garder le train de vie d’un cadre moyen! Incroyable non? Présenté sous la forme d’un véritable rapport, composé de 50 propositions toutes plus fantasques les unes que les autres, ce livre s’affirme comme l’antidote humoristique idéal aux multiples recettes-miraclesnotamment le rapport Attali, qui s’accumulent sur le bureau du président Sarkozy. Quelques exemples des nombreuses propositions que vous suggère Gustave...

Les huitres Il pleut. Vos enfants s’ennuient et tournent en rond chez vous. Que faire pour les occuper intelligemment ? Le midi, mangez des huîtres (pour les plus fortunés) et surtout ne jetez pas vos coquilles ! Pour les autres, faites les poubelles de l’écailler le plus proche. Ensuite, quoi de plus rigolo que de recoller les huîtres en famille ? Après avoir bien mélangé les coquilles, amusez-vous à retrouver les deux qui vont s’imbriquer parfaitement. Ensuite, utilisez un peu de colle forte pour refabriquer deux douzaines d’huîtres. En début d’après-midi, changez de quartier. Installez une table pliante aux abords d’un marché. Mettez un tablier, une casquette de capitaine et prenez l’air bourru. Revendez vos huîtres (vides) et foutez le camp. Conseil : si vos enfants s’emmerdent vraiment, n’hésitez pas à leur faire « refaire » des crevettes. Reconstituezles en bourrant les carapaces vides de papier mâché. L’illusion sera parfaite.

Television ecran plat Comme n’importe qui au monde, vous rêvez d’un écran plat ! Mais vous avez déjà un crédit sur votre voiture, sur votre appartement et votre canapé en cuir de vache folle. Impossible de demander encore une facilité de paiement à qui que ce soit. D’autant que vous êtes « interdit bancaire » et même « interdit mont-depiété » depuis que vous avez essayé d’y gager l’un des reins de votre compagne. Alors, nous avons, pour vous, les damnés de la banque, la solution idéale pour rester sur le strapontin du TGV de la société de consommation. Construisez un faux mur en plâtre (pour les plus fortunés), ou en carton peint pour les autres, bref une cloison qui ne laissera dépasser que l’écran de votre

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ancien téléviseur mastoc qui prenait tant de place. Enfin ça y est! Vous avez votre écran plat, pour le bonheur de votre femme et de vos enfants qui commençaient à penser que vous étiez un minable.

Nourriture Comme tous les enfants, votre enfant ne mange rien de ce qu’on lui propose à la cantine! Il n’aime rien : ni les carottes, ni les lentilles, ni la salade, ni les côtes de porc, encore moins le poisson. Le nigaud, on lui proposerait du foie gras qu’il n’en mangerait pas! Alors, s’il ne les aime pas, qu’il rapporte ses plats à la maison! Vous, vous les mangerez bien volontiers. Suggérez-lui de verser, une fois que la Illustrations : Lefred Thouron


Quand arrive la pause de midi, vous foncez chez la famille pour qui vous exercez le poste de «découpeur de pamplemousse» et de «décortiqueur de noix de cajou». 13h30. Il est l’heure de repartir à votre vrai travail. En fin d’après-midi, vous êtes attendu chez un vieux monsieur âgé de 114 ans qui vous a engagé comme «déstresseur de chien». Pendant un quart d’heure, vous offrez votre jambe au petit chien pour qu’il se soulage. Vite, vous êtes en retard pour votre prochain emploi de «désemballeur de CD neuf».

surveillante a tourné le dos, le contenu de ses assiettes dans une trousse. Si l’espace n’est pas suffisant, qu’il mette le reste dans les poches de son survêtement ou dans sa capuche. De retour à la maison, ce sera l’occasion pour vous de tester de nouveaux plats : steack à la crème caramel, poisson au camembert, jambon à la pêche au sirop. Du vol? Tu parles! Jusqu’à preuve du contraire c’est vous qui payez!

Multifonction Tout le monde est d’accord là-dessus : on ne peut vivre décemment avec un Smic (à moins de ne pas aimer aller au cinéma, de ne pas aimer manger, de s’asseoir par terre chez soi, de préférer vivre dans le noir, de n’avoir aucun ami, d’aimer regarder le plafond le soir et de partir en vacances au Maroc à pied). Et malgré les efforts louables du gouvernement pour obtenir 1 % d’augmentation annuelle de ce minimum salarial - soit à peu près 1,20 euro que vous pouvez soit empocher, soit transformer en bon pour un café gratuit au comptoir - vous n’y arrivez pas! Alors la seule solution, c’est de cumuler les emplois.

Voici l’exemple d’une journée type que vous devrez appliquer si vous voulez continuer à vivre comme un nabab en mangeant des pâtes tous les jours. Debout à 7 heures, parcourant les rues, vous exercez votre première activité, à savoir « rémouleur de rasoirs jetables ». Dans ce secteur en pleine expansion, vous faites revivre des rasoirs qui sont, hélas, jetés trop rapidement sous prétexte qu’ils sont engorgés de poils et de mousse. Non, il n’y a pas de fatalité : un rasoir jetable ne devra plus être jeté, nom d’une crotte de (baron) Bic ! Dès 8 heures, vous allez vous faire chier tranquillement à votre travail normal.

Ensuite, chez une dame âgée de 105 ans, vous êtes rémunéré en tant que «tordeur de cintres de pressing» que vous jetez ensuite à la poubelle. Il pleut dehors. Cela justifie votre job de «porteur de parapluie» auprès de cette gentille dame âgée de 107 ans qui vous emploie également comme «effrayeur de pigeons» qui viennent chier sur son balcon. Enfin la journée est finie. Vous pouvez rentrer chez vous avec un joli complément de salaire en poche, à savoir 3,54 euros. Si vous vous en sentez le courage, vous pouvez, en plus, faire comme certains qui, le soir, travaillent comme «changeur de chaînes de télévision» quand une télécommande est cassée ou comme «descendeur de poubelles», ou encore «remplisseur de bouillottes». Après une telle journée de labeur, c’est dur, en plus, de bosser la nuit, mais faut savoir ce qu’on veut : c’est-à-dire mettre des épinards dans les épinards.

Rapport Gustave Kervern illustré par Lefred Thouron

« 50 propositions pour sauver votre pouvoir d'achat »

éditions Danger Public.

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à partir de 1000 € (frais de port compris, livraison à domicile sous 48 jours en quatre fois, dans la limite des stocks disponibles), Ecopart et prime à l’emploi comprises, payable en 10 mensualités d’heures supplémentaires exonérées de charges patronales. Déductible des impôts pour les bénéficiaires du bouclier fiscal et de l’ISF.


entretien

daniel morin

n le retrouve chaque matin sur les ondes de France Inter dans l’émission de Stéphane Bern O “Le fou du roi”, et chaque matin il nous donne quelques minutes de bonheur à l’écoute de ses chroniques désopilantes. Daniel Morin est une espèce rare, sa voix est envoutante et son

humour fait mouche à chaque fois. Il était urgent de donner un visage à un des seuls humoristes vivant pouvant rivaliser avec Desproges. Le temps d’ouvrir une bière, d’allumer le dictaphone et c’est parti... deux millions d’auditeurs, il faut faire attention, on ne peut pas dire n’importe quoi. Mais c’est un bon exercice, ça oblige à une certaine rigueur.

k: Tu t’autocensures? Je n’appellerais pas ça comme ça, je suis plus exigeant. En fait, quand on dit qu’on se lâche un peu, c’est plus de la facilité qu’autre chose, ça donne un souci d’exigeance qui est plutôt bien je trouve.

k: Tenir une chronique dans une émission de télé ne te donne pas envie?

kamikaze:Comment

prépares-tu tes chroniques ? Tu les écris le matin, le soir, en mangeant des nouilles, dans les toilettes?

Daniel Morin Je m’y prends toujours la

veille. Je regarde un peu ce qui se passe à la télé, sur le net, pour rester en accord avec l’actualité. Je mets, en règle générale, entre quatre et cinq heures pour écrire mon papier. Ce qui fait que je sors très peu le soir.

k: Tu n’as jamais peur d’être en panne d’inspiration?

Non, justement ce qu’il y a de bien, c’est de ne pas avoir le choix, on est obligé d’y aller, on se met devant le papier et on le fait, ça vient plus ou moins rapidement. Pour l’instant je n’ai pas encore eu trop la trouille que ça ne marche pas. Il est arrivé parfois que ça mette du temps à venir, notamment une fois où je venais juste de terminer un papier et en le relisant je me suis dit que c’était juste pas drôle ! Alors je l’ai refait et il était à peine terminé que je devais aller à l’antenne...

k: Pour savoir si le papier est marrant tu le lis à une personne en premier?

Pas du tout, j’arrive à avoir assez de recul pour savoir si c’est drôle ou si c’est du remplissage!

k: Depuis que tu es sur France Inter, ta notoriété a dû grimper, tu signes des autographes sur la poitrine des jeunes filles dans la rue? Je suis passé d’une radio locale, Ouï FM, à une grosse nationale, alors forcément, mais c’est un exercice très différent, je me permets plus de facilité entre guillemets. Comme il y a

C’est vrai que pendant un moment, je trouvais ça super tentant, mais finalement je pense que sur des grandes chaines comme TF1, France 2 ou Canal +, il y a des cadences infernales, et au niveau de liberté de parole c’est pas si évident que ça. La grande liberté sur France Inter est que Stéphane Bern me fait confiance et ne relit jamais mes papiers. Si je me plante ou que je fais une maladresse, il m’en parle en fin d’émission. J’ai des amis qui ont été chroniqueurs à la télé, on relisait leur papier leur disant ce qu’il fallait dire ou pas, en enlevant des morceaux, par des gens qui ne sont pas des humoristes et qui se permettent de juger ce qui est drôle ou pas! Je serais partant de m’essayer à l’exercice mais sur une chaîne de la TNT par exemple, qui me laisserait une totale liberté, je ne veux pas être frustré.

k: Justement, il y a déjà eu des plaintes à

Inter suite à tes chroniques?

Forcément quand tu touches autant de monde il y en a toujours qui réagissent de façon plus épidermique que d’autres. Comme exemple, je pourrais te citer les gens pro-écologie, commerce équitable etc... Comme c’est un sujet qui prête à la plaisanterie, enfin pour moi, dès que je déconne là-dessus les mecs deviennent très violents et je me fais insulter de tous les noms !

k: Que penses-tu de l’arrivée de Philippe Val aux manettes de France Inter?

Je pense que pour les humoristes c’est très bien, il était quand même à la tête d’un journal satirique avant de quitter Charlie Hebdo...

k: Et tu penses que pour ton ami Didier

Porte, qui écrit aussi à Siné Hebdo, il n’y a pas de souci à se faire? Je vois pas en quoi il devrait être inquiété, ils ont déjà travaillé ensemble à la radio. Après en ce qui concerne les désaccords entre Siné et Val, ça ne concerne pas Didier. Il n’y aucune animosité entre eux, il bosse à Siné Hebdo c’est la vie. Inter c’est quand même une grosse boîte, on ne s’en sert pas pour des petites rancœurs personnelles.

k: Quand aurons-nous le bonheur de voir tes chroniques publiées? Normalement en janvier 2010, on va laisser

passer septembre pour ne pas être noyé dans la rentrée littéraire et faire de l’ombre aux autres ! (rires)

k: Et un nouveau spectacle? Je suis en pleine écriture, mais comme je suis assez flippé à l’idée d’aller sur scène je veux toujours tout changer. Je ne suis jamais assez content de moi et pas pour les meilleures raisons du monde. En fait je me chie un peu dessus! (rires) Je manque de confiance en moi. Je pense que tous ceux qui montent seuls sur scène ont une trouille verte de se prendre un gadin, mais il faut franchir le pas, sinon tu passeras ta vie à t’en vouloir.

k: Il y a t-il un clin d’œil à Desproges dans l’intro de tes chroniques dans «Le fou du roi»? Justement on me l’a fait plusieurs fois remarquer, mais c’était pas pour copier, je voulais juste une intro différente des autres. Du coup, j’ai re-écouté le «Tribunal des flagrants délires», et il est vrai que ça s’approche de l’entrée en matière de Desproges. Il est clair qu’inconsciemment, ça a dû m’influencer. C’est comme quand je revois d’anciens film où j’entends des angles que j’ai repris dans des sketchs sans le faire exprès! Je m’inspire à mort de certains axes de mes films cultes sans faire attention, c’est sûr.

k: Est-il arrivé que des invités de la gente féminine tombent sous ton charme face à tes déclarations d’amour viriles?

Non! (rires) Elles me regardent en rigolant, au départ elles doivent se dirent : c’est qui ce connard qui me parle de cette façon? Après, quand elles s’aperçoivent que c’est du dixième degré, elles se marrent et ça ne va pas plus loin que ça... Sauf une fois, j’ai eu un ticket, avec Régine!! Mais on en est resté là, même si le personnage me fait marrer, car elle a un parcours impressionnant.

k: Ta femme aussi doit avoir de l’humour quand elle entend ce que tu dis d’elle dans tes chroniques! Oui, ça la fait beaucoup rire, mais il arrive qu’elle n’écoute pas toujours mes interventions, et elle sait quand même si je l’ai traînée dans la boue grâce à la pluie de textos qu’elle reçoit ! Elle se dit : il a encore dû dire que je m’épilais à la tronçonneuse! (rires)

k:

Tu dois sûrement recevoir des demandes en mariage, des petites culottes par courrier? Je recois des lettres d’auditrices qui pestent et veulent savoir à quoi il ressemble ce mec qui pousse des cris et des râles à son micro. Il a quelle gueule? Alors elles viennent assister aux enregistrements quand on se déplace et Stéphane Bern me présente : «Alors, vous voyez? ça, c’est Daniel Morin, ça fait moins rêver non?» (rires) Entretien réalisé par Marc Bihan

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Reportage

confession intime

ujourd’hui, les églises se vident, quelques grenouilles de bénitier viennent encore rendre A visite au Don Camillo du village, mais les jeunes ont déserté la messe dominicale pour l’apéro estival... Un membre du clergé, le Père Derin, a trouvé l’astuce pour remettre les brebis

égarées sur le bon chemin. Il va directement les confesser à la source, c’est à dire au bistrot! Notre journaliste, monsieur Morbak, qui passe la moitié de sa vie dans ces endroits de débauche, a rencontré pour nous ce curé des temps modernes qui va le cuisiner sur ses sept pêchés capitaux... Monsieur Morbak: Bonjour mon père, avant de commencer notre entretien, j’aimerais une petite faveur. Comme je sais que Notre Seigneur arrive à transformer l’eau en vin et multiplier les pains, pouvez-vous lui demander de transformer mon verre vide en bière pleine et de faire péter les cacahuètes? Père Derin:Je pense que de s’adresser au tenancier de l’estaminet devrait suffire mon fils... Tes yeux sont bien enflés, serait-ce dû à une consommation excessive d’alcool ou a un pêché de paresse ? Non padré, c’est à force de regarder TF1 en boucle, ce sont les effets secondaires, ça commence par les globes oculaires qui gonflent, la cervelle qui se liquéfie, un léger filet de bave apparaît à la commissure des lèvres, puis on rigole bêtement devant des jeux télés stupides pour finir complètement autiste, écrasé dans son canapé, une télécommande à la main.... Là, je suis en cure de désintoxication, je commence à m’en sortir, je regarde la chaîne du Sénat et Equidia mais c’est pas encore ça. Père Derin: Au moins, pendant ce temps, là tu ne t’adonnes pas à la luxure avec des filles de petites vertues...

Il m’arrive quand même de me taper un petit porno sur Canal + entre une série américaine et une émission sur la pêche, je suis un homme, mon père! Tout comme vous, ne me dites pas que de temps à autre, vous ne vous astiquez pas le cierge et qu’il n’y a pas de carte de France dans votre Saint-Suaire!! Mais dès que je reçois mon RMI, c’est la grosse Brigitte qui a le droit à mes poussées de testostérones. Etant donné ses K tarifs, je vide mes bourses une seule A fois par mois, c’est la crise, il faut se M serrer le kiki. I K A Père Derin: C’est bien, au moins, tu Z n’as pas de faiblesse de gourmandise, E

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tu sais te contenter du minimum, c’est un début... C’est surtout que j’ai pas le fric, sinon je baiserais à couilles rabattues, j’adore bouffer des culs, c’est ma passion, certains aiment le modélisme ou la poésie, moi c’est fourrer ma langue et le reste dans chaque orifice disponible! Mais attention je sais rester un gentleman, j’offre deux ou trois binouzes au Balto avant d’aller au champs de courses! Voilà, le tiercé est à Omar Sharif ce que la galipette est pour moi, c’est mon dada! Bon, c’est pas le tout mon Père mais tu pourrais remettre une bière, il fait soif! Père Derin: Tu en es à la sixième mon fils, je sens l’ivresse te gagner, et ton vocabulaire commence à déraper. De

plus, pour l’instant, je suis le seul à règler les consommations, l’avarice ne serait-il pas un de tes autres vices? (Je commence à être saoûl...) Tu me prends pour un vioque ou quoi? Des varices à mon âge! Et pourquoi pas l’andropause tant que tu y es! J’ai pas besoin de Viagra pour contenter la bougresse moi, je suis pas Eddy Barclay, d’ailleurs toutes ses veuves sont les bienvenues, ça va les changer des années Baclées! ha! ha! ha! Père Derin: L’envie est un vilain défaut mon fils, il ne faut jamais convoiter les femmes de ton prochain....(il fait certainement référence aux Années Barclay).


(je rote et commande un autre demi) Arrête cureton, de quoi tu me causes, t’y connais quoi aux donzelles? Continues de caresser tes enfants de coeur et viens pas me donner des conseils sur la vie de ma biroute. Si ça continue je vais finir par t’en coller une, tu vas voir des étoiles, comme ça tu t’approcheras du bon Dieu ! (rire d’ivrogne) Tiens, vas foutre de la musique dans le juke-box, ça m’évitera d’entendre tes conneries,

surtout me mets pas les Poppys ou je te fais bouffer ton béret! Père Derin: Je pense avoir touché un point sensible, ton orgueil a dû en prendre un coup, laisses-toi aller, confies-toi, je t’écoute, mon enfant ... Mon enfant!? Je croyais que tu baisais pas, moi? T’es psy ou cureton? Commences pas à m’embrouiller avec tes salamalecs, je suis pas une de tes

ouailles illuminées qui vient écouter ta bonne parole, tu vas pas me la jouer à l’envers, déjà un mec qui fout une robe, c’est pas très normal... Installestoi une buvette dans ta paroisse et viens pas nous les briser menues avec tes sermons de bonimenteur, je me casse au comptoir au moins avec Bébert (le patron) je suis certain qu’il s’en tape de ma vie! Père Derin: Ne t’énerves pas, la colère est la pire des manifestations de tes émotions, penses à Dieu, il est amour et paix... (je manque de tomber en me levant et renverse mon verre) T’es content, tu m’as fait renverser mon eau bénite! Retournes fissa à ton clocher et rapportes-moi trois boutanches de ta piquette de vin de messe pour mon repas de ce soir, ça m’évitera de te filer un bourre pif... Je vais directement aux toilettes soulager ma vessie sans même que le père Derin ne me donne l’absolution. L’église dans les troquets, c’est pas encore gagné... K A M I K A Z E

con-fessé par Morbak

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hommage

Charlie schlingo

e livre raconte la vie de Charlie Schlingo, auteur de bande dessinée “ culte ” - en clair, auteur C étincelant qui plafonne à 112 exemplaires, et il est trop riche pour se laisser résumer. On l’avale d’une traite, médusé, et on en sort chaviré pour un bon moment. Car Charlie Schlingo - optimiste autant que désespéré, pochtron agressif, irrésistiblement drôle, ingérable, délicat et gentil - est un personnage d’une rare élégance, bien qu’il passe la moitié de l’album à gerber sur les genoux de tout un chacun. Quant au livre, plein de fous rires et de détresses affreuses, il restitue sans en rajouter (la vérité suffit largement) cette joyeuse descente aux enfers. Sans voix-off qui donnerait son avis sur la chose, sans commentaire superflu, Jean Teulé raconte, d’une traite, sur un fil et “sur le nerf“, après avoir amassé une tonne de témoignages. Florence Cestac, au mieux de sa forme, met toute son humanité, toute son affection complice à redonner vie aux exploits de cette boule de désespoir et de loufoquerie. Une osmose parfaite, fruit d’une collaboration idyllique. Rencontre avec les deux auteurs. Cestac : Jean était mon préfacier préféré et j’avais envie de faire un truc avec lui. Il n’y avait plus qu’à trouver l’idée. Teulé : Dans La Véritable Histoire de Futuropolis, Florence avait écrit : “La vie de Charlie, il faudrait en faire un album.” Un jour, on s’est dit que c’était ça, l’idée, et on a foncé.

généralement sur les salades de l’épicier kabyle. Il est vraiment allé chez ses parents, à 12 kilomètres, en marchant sur les mains. TOUT est vrai, dans ce

Quel est la genèse de cet album? Teulé : On a commencé par rencontrer ses parents...

Comment vous est venue l’idée de faire une bande dessinée sur la vie de Charlie Schlingo en collaboration?

Cestac : Il appelait sa mère : “La nèfle” et son père : “L’hippopotame”... Après, on a vu son copain Grosagro, avec qui on a épluché le quartier où il habitait, à côté de la “Librairie chevaline”, ça ne s’invente pas. Teulé : Après, j’ai vu tous ses copains dessinateurs et les musiciens de son groupe de rock. J’ai communiqué par mail avec son ami Stéphane Rosse, parti en Finlande avec sa Finlandaise. Je suis même allé voir un copain de baston... Cestac : Lui, c’était juste pour la baston. Schlingo l’appelait et hop, ils allaient tout casser dans des bistrots à coups de barre à mine. Teulé : Après, j’ai tout rassemblé, j’ai écrit le scénario très vite et Florence a dessiné très vite. Il y a des anecdotes incroyables dans sa vie, tout est véridique?

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Teulé : Il a vraiment accroché Choron au portemanteau pour se faire payer les 6 mois qu’il lui devait. C’est vraiment en balançant son dealer par la fenêtre qu’il a arrêté la came. Il pissait vraiment par la fenêtre de sa chambre et ça tombait

livre. Y compris les dédicaces d’albums genre “ pour Laurent, qui m’a l’air d’être un sacré connard “, et sa petite chienne qui entrait dans tous les bistrots après sa mort. Il avait un fort penchant pour l’alcool? Cestac : Quand il était bourré, il était très agressif avec les mecs, il les cherchait et il les trouvait. Il faisait peur aux gens qui ne le connaissaient pas, mais quand on le connaissait, il était tellement touchant qu’on craquait.

“Tout le monde lui doit au moins une rigolade.” Teulé : Un jour, il démolit le portrait d’un mec qui a mis une claque à une fille, parce qu’il a horreur de la brutalitude (sic), il déclenche une bagarre générale, et après, il écrit ce petit mot à Franck et Golo : “ Je sais que ce n’est pas bien de taper sur la tête des copains ou de les étrangler. “ C’est désarmant.


Cestac : Il s’est fait éditer partout à cause de ce qu’il était, lui. On aimait beaucoup ses bandes dessinées, mais son 30/40 chez Futuro, on a dû en vendre trois... C’est un des mecs qui m’a le plus fait rire, dans la vie, et je ne suis pas la seule. Tout le monde lui doit au moins une rigolade. Quand il venait à Futuro, nos chiennes jouaient ensemble et on parlait chiens, Popeye et tout ça. Il restait toute la journée et là, il était bien. Mais ça finissait toujours par la bouteille de calva cul sec. Il devait se torcher à un moment. Teulé : Il s’est même torché au vinaigre, quand il n’y avait rien d’autre. Il avait des moments heureux, et des moments de cafard à se foutre en l’air. Le titre “je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps“, c’est de lui...

Florence Cestac & Jean Teulé « Je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps»

éditions Dargaud.

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entretien

Maddye Jones

addye Jones est une artiste un peu à part... Elle n’a qu’une seule obsession : les testicules! M Elle les photographie sous tous les angles, de nombreuses stars sont au tableau de chasse de cette exposition qui se tient dans une des plus grandes galeries d’art de New-York. Pourquoi cette passion sans borne pour les burnes? C’est la première question que le plus couillu de nos journalistes lui a posée ... kamikaze: Bonjour Maddye, d’où te viennent cet amour et cette fascination pour les bourses masculines?

kamikaze: Comment as-tu réussi l’exploit de te procurer ces photos? Ils se sont portés volontaires?

Maddye: En voyant mon père sortir de la douche. J’étais toute petite, la vue de ses sacoches pendouillantes m’a marquée. En grandissant, c’est la première chose que je voulais voir chez un homme, je trouvais ça très mystérieux. Il y a quelque chose de très érotique dans la vision de ces poches à sperme. Moi, je suis très excitée à cette simple vue, je sais qu’il y a beaucoup de femmes qui n’aiment pas ça.

Maddye: Pas tous, certain ne savent mêmes pas que leurs parties intimes ont été photographiées pendant leur sommeil! Aujourd’hui, ils se retrouvent avec leurs couilles sur des panneaux de six mètres de haut! (rires) kamikaze: Tu as couché avec toutes ces stars?

kamikaze: Pourquoi avoir décidé de les prendre en photo ? Maddye: Car elles sont toutes différentes! C’est comme une empreinte génétique! Je suis certaine que rien qu’en voyant la paire de couilles d’une personne que je connais, j’arriverais à savoir le nom du propriétaire! Sur les photos pornos amateurs, si tu ne veux pas qu’on te reconnaisse, ce n’est plus le visage qu’il faut flouter mais plutôt les roubignoles!! (rires) Il y en a des petites, des grosses, des pendantes, des poilues, des bronzées, des flasques, des ridées..... Il y a une paire différente pour chaque homme, c’est une véritable source d’inspiration inépuisable pour moi. Tu me diras que j’aurais également pu m’attarder sur les verges, c’est la même chose, chaque bite est différente, c’est fantastique à découvrir ! Je passe tellement de temps à les scruter, les regarder, les admirer, que j’en oublierais presque de baiser ! (rires) kamikaze: Inutile de te demander ce que tu regardes en premier chez un homme, j’imagine que ce ne sont pas ses yeux? Maddye: J’adore les jeans moulants, je me fais tout de suite une idée de ce qu’ils contiennent, en général je ne me trompe pas trop sur les proportions... Par exemple, en ce qui te concerne, je pense que tu es pas mal, dans la moyenne, tu n’as pas à te plaindre, la nature ne t’a pas oublié...

kamikaze: (intimidé) Bon, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos roustons, pourquoi les photographier uniquement en noir et blanc ? Maddye: C’est plus beau à regarder, ça donne un côté fantastique, on ne reconnait pas immédiatement de quoi il est question, on pourrait penser à des photos lunaires, les cratères d’une planète inconnue. J’ai essayé la couleur, c’est trop vulgaire, ça fait vieux film de boules des années 70’, je fais de l’art, pas du cul ! kamikaze: Ce qui fait le grand succès de ton exposition, c’est la présence de couilles de stars. Quels sont les baloches les plus célèbres que l’on puisse admirer? Maddye: Il y en a un certain nombre du cinéma comme de la musique, parmi les plus connues tu peux découvrir celles de : Charles Branson, Dany Devito, Marylin Manson, Mick Jagger, Tom Cruise, Pete Doherty, Léonardo DiCaprio etc... Il y en a une quinzaine au nombre.

Maddye: Non, pas avec toutes, mon âge ne me le permettant plus! Le déclic s’est fait le soir où je me suis tapée Mel Gibson, c’est lui qui insistait pour qu’on fasse des photos de nos ébats, ça l’excitait, j’ai pris son trou de balle, ses burnes, son sexe, j’ai plus de 100 clichés de cette soirée!! Ce soir là, Mad Max avait une autre allure avec son gode martinet planté dans le cul! (rires) Ensuite quand j’ai eu des aventures avec des célébrités, j’ai toujours gardé des photos souvenirs.... Par la suite je me suis mise en contact avec des groupies qui passent leur temps à vouloir coucher avec des stars; en échange de photos de boules, je leur donnais un petit défraiement, c’est de cette façon que j’ai réussi à me concocter cette merveilleuse collection! kamikaze: Tu as des projets? Photographier des anus de stars par exemple? Maddye: Non, leurs tronches de trous du cul sont déjà assez présentes à la télévision! (rires) Ma prochaine exposition sera consacrée à des cadavres d’animaux en décomposition avec chaque étape de la mort : les mouches, les vers qui en font leurs repas, le corps vidé, la vie quoi!!

entretien réalisé par: Morbak

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anti-crise

l’emmerdeur atrice est l’emmerdeur de notre équipe. Il ne passe pas une journée sans prendre la tête à P l’un de ses collègues de travail, sans s’embrouiller avec un habitant du quartier, sans faire pleurnicher un pauvre gamin qui malencontreusement va croiser son chemin... Bref, c’est un sérial-connard, et qui mieux que lui pouvait alimenter cette rubrique? Il nous livre quelques-unes de ses astuces pour bien faire chier son prochain et on ne peut pas dire qu’il ne s’applique pas!! au cafe

Pour jouer avec les nerfs d’un garçon de café, c’est très simple. Installez-vous sur la terrasse d’une belle brasserie très chic où les consommations sont hors de prix. Lors de la commande demandez-lui un verre de lait-citron, mais du citron pressé pas en sirop. Il reviendra avec votre boisson. Attendez quelques minutes, le temps que le citron fasse son effet, et interpelez le serveur avec colère : “C’est quoi cet établissement! Vous me refilez du lait tourné, c’est à gerber, je vais faire venir l’inspection alimentaire dans votre gourbi....” Devant ce début de scandale, le serveur va se confondre en excuses, et vous raporter la même boisson, en faisant bien attention d’ouvrir une nouvelle bouteille de lait bien fraîche. Après quelques minutes, même constatation, le lait vire avec l’effet du citron, cela en est trop pour vous, après une dernière esclandre prouvant vos talents d’acteur, vous quittez ce lieu de standing sans débourser un euro et avec les excuses du taulier ! hi! hi! hi!

K A M I K A Z E

14 sept 2009

en soiree

Ne sortez jamais dans une virée nocturne sans avoir sur vous un bon rouleau de scotch. Il est 3h du matin, le dernier rade vient de fermer et vous devez rentrer chez vous à pied (si, comme moi, vous avez perdu vos derniers points sur votre permis de conduire suite à un accident sous l’emprise de l’alcool ayant entrainé la mort de 12 touristes japonais dans l’incendie d’un bus). C’est toujours long de retrouver son domicile avec 3 grammes dans le sang, alors autant passer le temps en s’amusant! Comment? Le long du chemin qui vous mène à votre lit, arrêtez-vous à chaque porte muni d’une sonnette. Avec votre adhésif, scotchez le bouton de telle sorte que la sonnerie se fasse en continu. Vous serez déjà avec morphée que d’autres seront obligés de se lever le cul du lit pour aller éteindre leur maudit carillon! arf! arf!

au travail

Un jeune plein d’ambition vient de rejoindre votre entreprise. Il a les dents longues, et vous commencez à vous faire du souci pour votre place qu’il convoite déjà à peine arrivé. Il n’a pas encore rencontré de DRH. Expliquez-lui afin de préparer ce rendezvous que le patron est très dur d’oreille, et qu’il n’hésite pas à parler très fort afin de bien se faire comprendre. Prévenez-le bien que le big-boss se vexe facilement si on lui cause de son problème, il faut donc éviter d’aborder le sujet, et continuer de donner de la voix même

si ce dernier demande à ne pas gueuler comme un putois. Si tout se passe bien vous devriez garder votre poste encore un bon moment avant que votre nouveau collègue devienne le chouchou du patron !

au carrouf’

Quand le samedi vous faites les courses avec votre femme à Carrefour, c’est pour vous un supplice insurmontable. Comment prendre du plaisir et s’amuser dans un endroit si peu enclin à la rigolade? Plusieurs solutions s’offrent à vous: 1- Munissez-vous d’une télécommande universelle, rejoignez le rayon hifi-vidéo, et, le plus discrètement possible, éteignez les 40 postes de télévision qui forment un mur d’images, vous constaterez un grand soulagement une fois le silence revenu. 2- Toujours marrant d’ajouter ni vu ni connu des articles dans les caddies de consommateurs, un DVD de film porno dans celui de cette dame très BCBG, des capotes dans le panier de cette jeune adolescente venu prendre ses fournitures scolaires, des tampons périodiques parmi les articles de cette vieille mémé presque centenaire! 3- Enlever un maximum de codes barres sur des CD ou autres produits et collez-en partout sur les gens, glissez-les où vous le pouvez. Ça foutra un tel bordel aux caisses qui sonneront de partout, que du coup vous pourrez le plus simplement du monde franchir les portillons avec des achats non règlés sans la moindre inquiétude...

avec tes voisins

Vous avez des voisins coincés du cul, un patron dont la femme ressemble plus à Françoise Verny qu’à Angelina Jolie, un membre de la famille qui veut entrer dans les ordres, bref, mettre un malaise dans une vie de couple, créer des prises de tête! Sur internet, tapez adameteve.fr, sur ce site vous pouvez commandez un très beau catalogue avec un grand choix de


tenues très sexy, de sextoys, de films X, d’accessoires en tout genre, et en cadeau vous recevrez un string du plus bel effet! Il vous suffit de passer autant de commandes que vous le désirez en inscrivant à chaque fois l’adresse d’une de vos victimes! C’est entièrement gratuit et qui sait, peut-être ferez-vous des heureux!

avec ta femme

Comment savoir si votre femme est vénale ou non? Pas très compliqué. Munissezvous du canard publiant le dernier tirage du Loto, faites une grille avec ces mêmes numéros. Arrivé à la maison déposez sur la table du salon votre journal et votre bulletin de Loto (dont le tirage est pour le lendemain). Occupé dans la cuisine, demandez à votre tendre épouse de vérifier votre bulletin avec le tirage du journal. Si cette dernière après consultation vous dit: “ Tu n’as encore rien gagné chéri, au fait je t’ai pas dit mais je dois m’absenter quelques temps chez ma mère qui est malade...” Deux solutions s’offrent à vous, soit vous lui foutez ses valises dans la gueule, soit vous êtes trop con!

avec ta bellefamille

la sieste pour enfiler les victuailles dans des endroits insoupçonnés (trou de tringle à rideau, bouche d’aération etc...) ...de façon à ce qu’il soit impossible de deviner la cachette! Une fois la décongélation effectuée, l’odeur de putréfaction ne se fera pas attendre. Il sera alors impossible de rester à table sans vomir tellement le fumet de poisson pourri sera omniprésent. Gagné, votre femme ne demandera plus à passer ses fins de week-end chez ses vieux!

au p’tit dej’

Pas une matinée sans que votre gonzesse vous brise les tympans dès le saut du lit en vous traitant de fainéant sous prétexte que vous êtes au RMI depuis 8 ans et que vous ne décoincez pas du plumard avant midi. Prouvez-lui que vous aussi êtes matinal et étonnez-la en vous levant dès l’aube pour prendre votre douche. Une fois votre lavage hebdomadaire effectué, profitez-en pour dévisser le pommeau de douche et y introduire deux cubes de bouillon de poule. De cette façon votre nana qui aime se pomponer avant d’aller faire sa poulette au bureau en aura aussi l’odeur!

aux chiottes

Vous trouvez que votre secrétaire passe trop de temps en pause WC, et vous aimeriez bien savoir ce qu’elle y fait. Elle y fume sa clope? Téléphone à son petit ami? Consulte son horoscope dans Voici? Fait réellement des grosses commissions? Pour le savoir tendez un grand film plastique alimentaire sous la cuvette des toilettes, attention à ne pas faire de faux plis pour ne pas qu’elle se rende compte de la supercherie. Si vous l’entendez gueuler car elle a de la merde plein les fesses c’est qu’elle ne profite pas des pauses pipi pour glander... Si toi aussi tu as des combines afin de rendre dingue ton pire ennemi ou tout simplement pour faire chier le monde par pur plaisir sadique. envoyez-les a : morbak.kamikaze@gmail.com

Vos beaux parents sont de gros cons, vous les détestez, impossible de refuser le repas dominical dans leur pavillon de banlieue, sinon votre femme va vous faire une scène de ménage qui va encore réduire votre vaisselier de moitié. Profitez de ces beaux dimanches en famille pour sournoisement organiser une vengeance terrible... Pour ce faire, congelez quelque temps avant du poisson (comme du hareng ou des anchois par exemple). Munissez-vous de vos aliments lors de votre passage chez belle-maman et beau-papa, profitez qu’ils se balladent dans le jardin, ou qu’ils fassent Illustrations: Mabic

K A M I K A Z E sept 2009

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fiche technique

K A M I K A Z E

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entretien

sine

Siné, c’est Siné massacre, L’Enragé, et maintenant Siné-hebdo, la révolte au coeur et le coeur de la révolte. Il manie le crayon comme une mitrailleuse, et le verbe comme de la nitroglycérine. Irrémédiablement incurable, Siné déverse sa haine des cons. Voici pour Kamikaze un entretien avec Siné, l’un des plus grands dessinateurs de presse français...

kamikaze: Dans le livre Ma vie, mon œuvre, mon cul... , parlant de la seconde Guerre Mondiale, vous écrivez : «c’était une époque à chier, gâchée, foutue, funèbre et dramatique, mais je n’avais que quatorze ans et demi et, malgré le marasme ambiant, je réussissais à bien me marrer avec mes nouveaux copains d’école.» Est-ce que Hara-Kiri n’est pas le prolongement logique de cette guerre des boutons ?

K A M I K A Z E

Siné : Je ne sais pas. J’ai pris Hara-Kiri en marche. Je n’étais pas là au début. C’est Reiser qui m’a tanné pour que j’y aille. Je ne sais pas pourquoi, je n’étais pas très chaud pour y aller. Je trouvais que ce n’était pas assez politique et que ça déconnait trop. Et je trouvais que ce n’était pas assez de gauche. J’avais sûrement tort. C’est Reiser qui m’a dit, de toutes façons, on te foutra la paix. Moi je me méfiais un peu, je les trouvais un peu écolos, peace and love. Ce n’était pas mon truc. D’ailleurs la première fois, j’ai fait un papier sur le Portugal, et crac, Cavanna m’a censuré. Parce qu’il trouvait que c’était un appel au meurtre. Parce que j’avais dû dire qu’il fallait

18 sept 2009

flinguer les flics, la police portugaise, le PID, etc. Finalement, je lui ai dit, si tu me censures, je ne viens plus... C’est mon premier et dernier essai. Donc, il ne m’avait pas censuré, mais il avait ajouté en surimpression rouge l’inscription «je ne suis pas d’accord avec Siné». Ça a assez mal commencé, puis ils m’ont foutu la paix. Partout où je suis passé, j’ai eu des problèmes de censure. J’en ai eu à l’Express, à Rouge, à l’Huma, jusqu’à Charlie Hebdo.

recevait comme complice, et la semaine suivante, il me recevait comme directeur de la publication, en me demandant pourquoi j’avais publié un tel dessin. Je lui disais parce que j’aime beaucoup les dessins de Siné, ils me font marrer. C’était vraiment du Alfred Jarry, la folie (rires). Finalement, j’ai été condamné et j’ai perdu le droit d’être directeur de la publication. Là j’étais peinard. Mais c’est vrai que lorsqu’on fait ça soi-même, on peut dérouiller assez vite.

k: Il est de plus en plus dur de rire de tout?

k: Tu as déjà été condamné en ton nom propre? Sur la période Sinémassacre?

C’est très difficile aujourd’hui de faire de l’humour. Tout est passé au peigne fin. Est-ce que ce n’est pas anti-ça ou... merde! Après tout on a le droit de secouer les gens, même si ça choque! Qu’est-ce qu’on en a à foutre? A condition de ne pas être raciste ou ordurier, ça me paraît logique. Tout le monde devrait se faire engueuler. Les intellos comme les autres! Même les prolos! Quand ils votent Le Pen, je ne vois pas pourquoi je dirais, ah ce n’est pas de leur faute, c’est un vote de protestation. Mon cul, c’est un vote de connards, il faut le dire. Mais maintenant, tout est tabou, il faut faire gaffe à tout. Ça m’horripile et ça devient de pire en pire. k: En même temps, est-ce qu’il n’y a pas, pour les dessinateurs, une sorte d’immunité qui fait qu’il peuvent y aller presque en roue libre, car celui qui prend derrière, c’est le directeur de publication? Pour la justice, je suis l’unique responsable et les autres que «complices». Le vrai responsable, c’est le mec qui publie. Quand je faisais Sinémassacre j’ai été inculpé deux fois. Un coup, le juge me

Oui, avec l’Enragé. A Sinémassacre, je payais tout. À l’Enragé, c’était Pauvert. Ils m’ont accusé d’avoir écrit «CRS=SS» (rires). Je leur disais qu’on pouvait lire ça sur tous les murs. Mais ils avaient trouvé que l’écrire dans un journal, c’était scandaleux. Et ils ont cherché à me faire chier par tous les moyens. Je crois que c’était surtout pour me faire fermer ma gueule. Ce n’était pas tant pour me condamner, car ils ne pouvaient pas aller trop loin, même pas en taule. C’était juste pour me faire peur. Par rapport à cette époque, en comparaison, aujourd’hui les condamnations semblent plus importantes, en tout cas économiquement. Comme pour la revue Zoo d’Eric Martin, qui a disparu, assommée par des amendes atteignant plusieurs centaines de milliers de francs. L’humour vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Récemment, avec William Guyot, le deuxième fondateur des éditions Hermaphrodite, on a entarté dans le cadre d’un colloque universitaire sur la provocation, le président de l’Université de Nancy 2, Herbert Néry. Résultat des


courses, il a porté plainte deux mois plus tard, et on a été condamnés pour «Violences volontaires aggravées en réunion» à payer 1800 euros et des brouettes, ce qui fait cher la tarte à la crème. k: Le cours de l’humour connaît une augmentation en flèche au CAC 40 de la liberté d’expression?... Ouais, quand même... Godin a été condamné pour Chevènement. C’est vrai que ça fait chier. Tu peux ruiner un mec. En ce moment, c’est le journaliste qui a fait un truc sur Clearstream (NDLR:Denis Robert). Il est complètement ruiné, alors qu’aucun des mecs qu’il dénonce n’a été inquiété. C’est quand même dingue, les vrais truands qui perdent des milliards d’euros... et lui le pauvre, il prend tout sur la gueule. C’est dégueulasse et puis les gens le laissent tomber.

sa verve. Les autres me font moins rire.

k: Tu fréquentais la bande ?

k: Pour revenir à Hara-Kiri, quel est l’héritage d’Hara-Kiri ?

Oui, parce que ça se passait rue des 3 portes et que souvent les dessinateurs collaboraient aux deux, donc je connaissais bien l’équipe et je me marrais bien d’ailleurs. Ils sont sympas. C’est juste le résultat que je contestais et je n’avais pas envie de faire partie du groupe. C’est tout. On peut être copains et ne pas aimer tout ce que les autres font.

Hara-Kiri, je lui faisais un reproche, c’était vulgaire surtout. Moi, il y a des trucs qui me choquaient, mais c’était mon éthique. Quand il y a des gros dégueulis sur les pages, je faisais, orrfff !!! J’étais pas choqué moralement, mais c’étaient mes yeux qui ne s’habituaient pas... des grosses bites, des colombins, cette culture de la merde... ça me faisait pas trop rire et je trouvais ça dégueulasse.

Non, non. Au contraire, je me considérais un peu seul. k: Même Choron ? Choron, il déconnait. Il était surréaliste... enfin il était plus près des entarteurs, de ces mecs-là, mais pas politique. La politique, tout le monde s’en foutait. Wolinski n’en avait rien à branler. Les autres non plus ne parlent pas politique finalement. Cavanna non plus... Choron était plutôt réac à la limite.

k: Il a un vrai soutien sur le net avec pléthore de dessinateurs qui mettent leurs dessins aux enchères. Ouais, heureusement. Mais ce sont des copains. Ce ne sont pas les journalistes. Il devrait y avoir une levée de bouclier beaucoup plus importante avec des directeurs de presse. Car là, LefredThouron, Martin, c’est normal, c’est la confraternité, mais ça devrait venir des directeurs de journaux. k: Il y a quand même le Canard enchaîné pour sortir des affaires... Mais là, il faut du pognon. Le Canard a des infos de mecs au gouvernement qui téléphonent au canard pour balancer un copain. Ils ont des flics aussi. Ils ont un grand réseau. Alors qu’à Siné Hebdo, ce ne sont que des amateurs comme moi. Il n’y a pas de vrais journalistes, ce sont des chroniqueurs et des dessinateurs. C’est pour ça que c’est marrant d’ailleurs... L’investigation, on sait la faire, mais on n’est pas équipés pour. Le Canard, c’est bien pour ça. Il faut les deux. Moi je n’aime pas le Canard, je n’aime pas le lire, ça ne me fait pas marrer. C’est mal foutu, les dessins sont mal présentés, ça fait truc d’avant-guerre. Ça n’a pas changé depuis que je suis môme, ça continue avec toujours les mêmes petits canards, et pan sur le bec... Ça ne me fait pas rire, même les dessins qui sont bons sont noyés par un tas de texte autour... Dans Siné Hebdo, c’est quand même mieux foutu. Place au dessin! Ce que je préfère en dessin politique, c’est Willem dans Libé. C’est toujours très efficace, bien dessiné, marrant, avec de bonnes idées. Je le trouve très fort Willem et finalement, il tient le coup, parce que ça fait longtemps qu’il fait ça. Il n’a pas perdu

k: As-tu eu l’impression quand tu es arrivé à Hara-Kiri de trouver une confrérie de résistants du rire ?

k: Ils sont peace and love ?

k: Le côté scato, ça te gène, alors qu’il y a quand même chez les dessinateurs d’Hara-Kiri, toi le premier avec Wolinski, une obsession du cul. Ouais, mais c’est pas scato, le cul c’est propre, il y a pas de trucs qui dégoulinent (rires). Moi, c’est le côté merde et vomi, les boutons scrofuleux, et en couleur en plus. Il y avait une volonté d’être sale. Alors je comprends que pour choquer le bourgeois... Moi, j’étais choqué aussi et ça ne me faisait pas rire en plus. Le porno, j’aime bien par contre. Il n’y a pas de tabou bien sûr. Mais je préfère nettement Bellmer, des gens qui dessinent bien, un peu tordus, que des trucs dégueulasses.

Ouais presque tous. Même Reiser était parfois limite beauf. La famille Oboulot... Il se foutait de la gueule des prolos. C’est surtout les prolos qui étaient sa cible, pas tellement les bourges. Moi, je ne me sentais pas beaucoup d’affinités avec eux, sauf que je partageais certains de leurs points de vue. k: Tu riais avec eux quand même ? Oui, oui, moi je suis bon public. Et je ne tiens pas à ce que tout le monde soit aussi politisé que moi. Après tout chacun fait ce qu’il veut.

k: Hara-Kiri, ça se revendiquait comme trivial et vulgaire. Quand j’étais gamin, à douze, treize ans, il y avait un bouquiniste chez qui j’allais et j’achetais des vieux exemplaires d’Hara-Kiri à cause des couvertures, et je croyais que c’était des revues porno ! Ouais, il y avait des fois des nichons ou des chattes, mais elles étaient toujours vilaines, t’avais pas envie de les sauter, c’était des gros poils bruns (rires). C’est plutôt débandant qu’autre chose.

sept 2009

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k: Qu’est-ce qui était le plus marrant dans Hara-Kiri, qui a fait que tu y as traîné tes guêtres ?

Je ne sais pas, c’était assez sinistre, la fin de sa vie. Ils se sont tous arrachés ses collections. Il devait de l’argent à tout le monde, au fisc, ou je ne sais quoi. Je me souviens d’une émission de radio où l’on nous disait : Michel Simon est enfermé dans sa propriété, il est cerné... alors, je ne sais pas si c’était par des flics ou des huissiers... Alors, ils avaient un hautparleur et ils lui parlaient. Et il faisait Fort Chabrol (rires), il ne voulait pas qu’on vienne lui piquer je ne sais quoi... k: Sa collection de godemichés d’un mètre cinquante en bois?...huhu.

C’était Choron. Vuillemin aussi qui est arrivé après. Gébé aussi qui était très agréable. k: Tu as rencontré Boris Vian aussi? Oui, lui, c’était autre chose, il était plus politisé. C’était une autre équipe. Je le voyais avec Prévert. Comme ils habitaient sur le même palier à peu près, on sortait de chez l’un pour aller boire des coups chez l’autre. Et ils avaient une terrasse commune sur le Moulin rouge. L’été, c’était superbe, on était dehors, il y avait toujours le pastaga ou le vin rouge suivant les heures, et je rentrais à chaque fois chez moi un peu défoncé. Pas Boris, mais Jacques picolait beaucoup. Il y avait Raymond Queneau, c’était une autre équipe assez marrante aussi, mais ils étaient plus dans le coup. C’est vrai que le dessin m’a bien aidé à connaître un tas de mecs comme ça que je n’aurais jamais pu approcher. D’avoir le loisir de rencontrer ces gens-là, c’était un réel bonheur. Michel Simon... je passais des soirées grandioses. C’est des mecs dont je rêvais, quand j’étais môme. Jamais, je m’étais dit, je pourrais un jour les rencontrer. Et ils étaient tous charmants. Ils aimaient tous bien ce que je faisais, donc j’avais du pot. k: Michel Simon était un bel érotomane. Il faisait de petits films. Il avait une collection. Oui, il était vraiment obsédé. Il amenait des putes K pour faire des photos lui-même, il était A très branché cul. M I K k: Je crois qu’à sa mort, sa maison A a été pillée et que tout a été laissé à Z l’abandon... E

20 sept 2009

Lui aussi était réac, carrément de droite, mais ça ne veut rien dire, il était tellement gentil. Il y a des gens de gauche qui sont ignobles. La gauche l’avait fait chier et l’avait accusé d’avoir fricoté avec les allemands, ou quelque chose dans le genre, et ils l’ont fait chier à la libération, alors que je ne crois pas qu’il ait jamais collaboré avec les chleus. k: Au niveau de la reconnaissance de ce que tu fais, Jean Genet, un autre de tes amis, disait : «- Mon cher Bob, vous me ressemblez à bien des égards : vous et moi n’aurons jamais la Légion d’honneur! Prévert peut-être... Brassens aussi... Sartre sûrement... mais nous pas!» As-tu déjà eu des signes de reconnaissance de la nation française? Non jamais. Sauf quand ils m’invitent à venir dans les jardins de l’Elysée, mais à chaque fois, je leur réponds de manière furax... ça me fait chier d’être inscrit parmi les enculés... ça y est, je me suis fait mon trou, ils ne me font plus chier maintenant... sauf de temps en temps... k: Revenons à la période Hara-Kiri. Cavanna disait, «c’est 68 qui est né de Hara-Kiri, et non l’inverse», ou «jusqu’à la mort, on aura des choses à dire, et encore on aura rien dit, mais les gens ne veulent plus les entendre» (paroles prononcées à l’émission de Polac, Droit de réponse après la mort de Charlie-Hebdo).

donnait peut-être une imagerie triviale et vulgaire à l’opposé du bon goût et qui pouvait choquer le bourgeois. Maintenant, on retrouve un peu cet esprit chez Delépine et Martin, les mecs de Groland. Je suis allé à leur festival, et là, il y en avait des mecs bourrés, du pet, des rots (rires). Ça me plait assez, je ne me sens pas choqué quand je suis avec eux. C’est vrai que parfois, quand je vois certains passages dans l’émission, je me dit orrhhh... moi, je l’aurais pas mis, j’aurais pas osé. Je dois être trop bien élevé. Je suis comme les bourges, il doit y avoir un truc qui coince. Il faut que je me force (rires). k: De tout ce que tu as fait, de quoi es-tu le plus fier? C’est d’avoir une vie sympa. Je n’aurais pas rêvé mieux. Je n’ai pas l’impression de m’être fait chier. Ce sont les émotions qui me marquent, un concert de Coltrane ou un bal avec James Brown... le pied que j’ai pris. J’ai du pot, j’ai que les bons souvenirs qui me restent. Les hostos et tout le barda, hop je les ai oubliés. Ce n’est pas une volonté, je fais le tri et il me reste que les bons trucs. J’ai un bon caractère, alors que je vois toute la misère du monde et tous les enculés partout, ça n’atteint pas profondément mon moral. Je suis un optimiste-pessimiste car je ne me fais quand même pas trop d’illusions, je ne crois plus au Grand soir, mais il faut toujours gueuler, c’est une façon de se tenir en bonne santé. C’est comme de boire un coup.

Propos éthyliques recueillis par Philippe Krebs

Cavanna est moins vaillant parce qu’il est fatigué, mais il tient encore le coup, il ne s’est pas laissé dévorer, c’est un type bien, solide. Quand il écrit, il tient le coup. Il n’a plus la force de hurler, mais il en a envie. C’est un type bien. Sur la religion, il a écrit des trucs vachement bien, il a été très loin dans ce domaine. J’aime bien Cavanna. k: Dans Hara-Kiri, on a l’impression d’avoir affaire à des anti-héros, non plus des rock star mais des héros prolos avec le gros jaja qui tâche, qui

Siné Hebdo taille dans le gras tous les mercredis chez votre marchand de journaux.



etes vous [(enco [(enco

grand test ultime

g aucho, gauchistes, socialos, bobos, gauche-caviar, gauchepétard…Mais pourquoi donc s’acharner à trouver tant de noms pour tenter de nommer ce qui n’est plus ? Il est

pourtant de notoriété publique que la socialie s’est faite envahir par les idées de la droite, et que toute la gauche est occupée…Toute ? non car il doit bien rester –quelque part- d’irréductibles gauchistes qui résistent encore et toujours à l’envahisseur, voici un petit test pour savoir si vous en êtes (encore).

1. Combien gagnez vous par mois ? A-Vous ne comptez plus, votre comptable personnel s’en charge. B-Plus de mille euros par mois. C-moins de mille euros par mois D-moins de mille euros par mois, sans compter les aides de l’état.

2. Dans cette liste, qui est de gauche

d’après vous ?

A-Bernard tapie. B- Steevy Boulay. C-François Mitterrand. D-Léon blum.

3.

Aux dernières avez voté pour :

C-Rêve général. D-les femmes et les enfants d’abord !

A-d’accord avec Val. B-d’accord avec Dieudonné . C-d’accord avec Siné. D-en accord avec vous-même.

10. Pour vous la télé, c’est rien :

6. 1981-2002, pour vous c’est : A-une faille temporelle. B-. vos plus belles années. C-la naissance et mort du Parti Socialiste.

A-qu’un outil de communication, comme les autres, à la disposition du gouvernement en place. B-qu’un ramassis de conneries. C-qu’un vieux truc qui prend la poussiére dans le salon. D-qu’une taxe de plus.

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élections, vous

A-Nicolas Sarkozy. B-Ségoléne Royal. C- personne, vous êtes privé de vos droits civiques depuis que vous avez égorgé votre patron à l’aide d’un tesson de bouteille . D-passer le temps.

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. Lorsqu’un SDF vous demande de l’argent dans la rue, vous lui dites : A-«d’aller travailler espèce de feignasse assisté.» B-«de ne pas s’en faire, la gauche va te sauver et tu pourras -toi aussi-, te payer un écran plat.» C-«Pense à tous ces pauvres petits tibétains qui ne vivent de presque rien,et qui n’ont même pas le cable en plus, sale K egoïste!» A D-«file moi ta thune sac à vin, j’ai une M famille à nourrir moi.» I K A Z E

22 sept 2009

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. Par rapport au conflit israëlopalestinien, vous êtes plutôt :

. Lorsque vous achetez un quotidien, la première chose que vous regardez, c’est : A-les cours de la bourse. B-les gros titres. C-la rubrique nécro, pour voir si le P.S est toujours là. D-le prix du journal.

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. D’après vous, un militant de gauche, se reconnaît grâce : A-Ses cheveux longs , ses idées courtes et sa mauvaise odeur. B-un signe codé et mystérieux, connu d’eux, et d’eux seuls. C-à son emploi du temps, il est toujours en grève. D-à son incapacité à reconnaitre qu’il est de gauche.

9. Votre slogan, c’est : A-travailler plus, pour travailler plus, pour encore travailler plus et encore travailler plus.. B-A gauche toute!

. En faisant vos courses, au détour d’un rayon, vous tombez nez à nez avec Nicolas Sarkozy, vous : A- faites une génuflexion en prenant soin de toujours paraître plus petit que lui. B-sifflotez l’international en battant la mesure avec votre pied. C-levez le bras bien haut en criant « HEIL SARKO ! » D- faites une photo de lui au rayon slip kangourou pour la revendre à Voici.

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. Pour fêter noël en famille, vous préférez : A- le faire au Fouquet’s, c’est plus sympa, et on y mange très bien . B-faire quelque chose de simple, dans la cuisine autour d’un cassoulet et d’une bûche en saucisse de toulouse. C-allez au Macdo, vous êtes un athée pur et dur. D-Vous ne fêtez plus noël en famille depuis que vous vous êtes engueulé avec vos parents socialistes.

Dessin Gaël. (tiré des «40 commandements du militant de gauche».ed.Wygo)


ore]) de gauche? 13

. Pour vous, le parti Socialiste, ce n’est rien : A- qu’une bande de bobos arrivistes. B- que des mecs de droite qui s’assument pas. C-qu’un vieux souvenir.

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. Le candidat idéal pour représenter la gauche aux présidentielles de 2012, pour vous, c’est : A-Nicolas Sarkozy B-Ségoléne Royal, ou Martine Aubry, ou benoit Hamon, ou…etc. C-n’importe qui pourvu qu’il ne soit pas de gauche. D-une bonne question.

15. Selon vous, être de gauche, c’est: A-perdre son temps. B-résister. C-avoir peut-être une chance de rencontrer Ségolène Royal et de lui rouler une pelle. D-risquer de se prendre des coups de matraques lors des manifestations.

resultats: resultats: Un maximum de A : L’ouverture vous file des boutons, pour vous, même Tapie est encore trop à gauche, et Rocard un sale bolchévik à la solde du KGB, vous ne comprenez d’ailleurs toujours pas pourquoi la gauche s’obstine encore à vouloir tenter d’exister, pour vous la gauche c’est rien que magouilles et compagnie, une bande de conspirateurs paranoïaques, idéalistes, et un danger potentiel pour la démocratie. Vous n’êtes pas de gauche, définitivement, et manifestement vous ne l’avez jamais été, vous seriez même ce que les gauchistes appelle entre eux « un gros connard de droite ».

Un maximum de B et de C : Vous n’êtes pas un gauchiste convaincu, vous êtes convaincu d’être gauchiste. Vous avez une vision manichéenne des choses, selon vous , le mal étant incarné par la droite, il a bien fallu trouver quelqu’un pour incarner le bien, vous vous êtes donc converti au socialisme. Cela vous rassure et à au moins le mérite de vous guider un peu, même si vous ne savez pas toujours où cela vous ménera. En bref, pour vous, le socialisme c’est un peu comme une religion, vous avez plusieurs apôtres, mais vous ne savez pas trop à quel saint vous vouer.

Un maximum de C et D : Vous êtes encore de gauche, mais vous ne le saviez peu être pas vousmême. Le soir à la lueur des bougies, on lit dans vos yeux mouillés , la mélancolie qui vous envahit, vous y aviez cru pourtant, fut un temps, puis vous vous êtes battu pour y croire par la suite, et désormais vous n’avez plus que de vieux souvenirs de jeunesse comme unique héritage de ces années de lutte. Mais ce qui fait de vous , peut-être l’un des derniers vrais gauchistes, ce n’est pas votre résignation, non, c’est cette petite lueur d’espoir qu’on lit dans vos yeux, le soir, à la lueur des bougies. sept 2009

K A M I K A Z E

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w actu

zero n#1

BANZAi! Periode benie pour

nos dessinateurs et chroniqueurs, qui non content de pouvoir mettre un peu de sel dans leurs epinards, n'ont plus trop a se casser le cul pour trouver des idees de gags, le gouvernement s'en charge pour eux. Vive la France qui se leve tard! Vive la censure! Vive les epinards! Vive les gouvernements de droite!

K A M I K A Z E

avec:

Lasserpe-BerthLerouge-BarrosMorbak et Gael.

sept 2009

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actu

je te vois, sale con!

Marseille-France- Un marseillais de 47 ans vient d’être condamné à une amende de 100 euros pour «tapage injurieux diurne troublant la tranquillité d’autrui». Le délit s’est passé dans une gare, en pleine heure de pointe, alors qu’il assistait à un contrôle d’identité plutôt musclé par des policiers «virils». Il s’est alors mis à crier « Sarkozy je te vois! » en direction des forces de l’ordre, créant une hilarité générale des badauds assistant à la scène. Vexés, les gardiens de l’ordre porteront plainte, histoire d’emmerder le plaisantin. En résumé, nous retiendrons que le mot « Sarkozy » est considéré comme injurieux, et que, maintenant il suffira de remplacer enculé, enflure, crevard ou tas de merde par Sarkozy lors d’une altercation avec un autre individu. Nous constaterons également qu’il n’est plus possible de gueuler «Taxi!» dans une gare, sans se faire alpaguer par deux molosses pour «tapage diurne»! Pour finir, souvenez-vous que l’homme qui a brandit la pancarte «Casse-toi pov’con » à Sarkozy n’a eu « que » 30 euros d’amende,nous en conclueront qu’ il est donc finalement bien plus rentable de l’appeler pauvre con que par son nom de famille ! (source Le parisien)

26 sept 2009


grippe a comme arnaque

Monde- Lorsque que le gouvernement américain à besoin de fric, il déclare une bonne ptite guerre, histoire de renflouer les caisses, ça relance l’industrie de l’armement, de l’automobile, ça crée des emplois, ça renforce le patriotisme exacerbé des contribuables, bref c’est formidable, et tout le monde est trés content, ici, en France, on est plus petit, quand l’etat est en faillite, il lance une alerte à la grippe. Certes ça donne une légitimité à notre ministre de la santé, ça relance l’industrie pharmaceutique, celui des masques et des gants en caoutchouc également, mais ça alimente aussi une psychose qui - relayée avec insistance par les médiasmonopolise l’attention des contribuables, ce qui est bien pratique en période de crise économique, soit. Mais ça reste malgré tout quand même petit. Rappelons que la grippe espagnole à fait plus de 30 millions de morts en une année contre moins de deux mille pour la grippe A, alors statistiquement, ça risque de prendre pas mal de temps avant de devenir crédible, et stratégiquement , il ne leur faudra pas beaucoup de temps avant de se rendre compte que ça va finir par devenir aussi difficile qu’une guerre d’irak à justifier.

Tete de turc

Paris-France-Dans un entretien accordé à un grand magazine people, le businessman Christian Audigier parle sans complexe de sa fortune. Il affirme organiser des fêtes plus extravagantes que Puff Daddy, payer Michael Jackson pour qu’il assiste à son anniversaire, avoir une vie de nabab aux Etats-Unis, faire plus de 600 millions de dollars de chiffre d’affaire, ne pas connaître le montant de son compte en banque et rêve de créer sa propre compagnie aérienne... Il a pour meilleur ami Johnny Hallyday, ce qui aurait dû nous mettre la puce à l’oreille, car lorsque le journaliste lui parle de la crise et lui demande si elle l’affecte, il a pour réponse : «Évidemment, qu’estce que vous croyez? C’est dur pour tout le monde, je suis même obligé de licencier.» L’homme à la tête de mérou, surnom qu’il doit à son visage au traits tirés, mais pas par la fatigue..., aura au moins fait une bonne action, me motiver pour les prochaines élections à accomplir mon acte citoyen : voter afin de ne plus entendre de tels crétins ! (source Backchich info) sept 2009

K A M I K A Z E

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actu zizi

Dijon-France- Un élève de CM1 passait son temps à sortir son petit robinet du pantalon afin d’en faire profiter ses camarades de classe, qui voudraient s’essayer à la plomberie. Suite aux plaintes d’élèves allergiques à sa tuyauterie, le maître d’école va voir l’apprenti exhibitionniste, et sous forme de boutade, lui montrant un cutter, lui déclare :«Je coupe tout ce qui dépasse!». Les parents de l’élève choqué que l’instituteur puisse compromettre la future carrière de plombier de leur enfant,ont porté plainte, le maître d’école a été condamné à 600 Euros d’amende avec sursis. (source Rue 89)

K A M I K A Z E

28 sept 2009


zero de conduite

New-york-Etats-Unis- Bernard Madoff vient d’être condamné à 150 ans de prison, et va peut être bientôt crever et comme si ça ne suffisait pas, Jerry Openheimer vient de sortir un livre assassin sur sa jeunesse, histoire d’achever définitivement (le mythe de) «l’homme qui volait des milliards».On y apprendentre autres-, que «Bernard Madoff a été un menteur déviant et un tricheur depuis le jour où sa mère l’a mis au monde», mais surtout, qu’il était incapable de calculer le décalage horraire, car :« il ne maîtrisait ni les additions ni les soustractions.» Et bien il va avoir le temps de réviser maintenant.(source yahoo actualités)

cellule 34

Hérault-France- Plusieures personnes ont été misent en garde à vue dans l’affaire du corbeau «cellule 34». Mais qui est dérriére cette mystérieuse

organisation qui envoi des lettres de menaces de mort- accompagnés de balles de différents calibres - à des personalités politiques, ainsi qu’à notre sarkozy national? Des tireurs d’élite mal outillés qui envoient leurs balles par la poste pour être surs d’atteindre leurs cibles? des assassins pacifistes? ou bien est-ce encore un coup du service com’ de l’Elysée?...

K A M I K A Z E

sept 2009

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coming-out ous vivons dans une société ouverte et tolérante, pensez-vous ? Eh bien détrompez-vous ! N Il y a des sexualités encore tabous, parfois considérées comme des perversions sexuelles, qui obligent certains hommes et certaines femmes à vivre cachés. Heureusement, COMING

OUT est là pour les aider à mieux assumer leur sexualité et pour permettre aux autres de mieux les comprendre. Et pour commencer, nous allons parler de la

Necrophilie Et d’abord, toi, jeune homme, jeune fille possédée par le démon du sexe, sais-tu qui tu es vraiment ? As-tu des tendances nécrophiles ? Quand tu vois sur le bord de l’autoroute le cadavre d’un animal fauché par une voiture : 1/ Tu pousses un cri d’horreur ? 2/ Il te prend l’envie de le caresser ? 3/ Tu fais pipi dans ta culotte, c’est chaud et c’est bon. Et quand tes parents te servent de la cervelle de singe au dîner : 1/ Tu demandes à sortir de table ? 2/ Tu as envie de te toucher un peu ? 3/ Tu fais caca dans ta culotte, c’est chaud et c’est bon. Et lorsque tu vois un super film de vampire à la télé ? 1/ Tu frémis avec la victime lorsqu’elle se fait sucer goulûment. 2/ Tu frémis avec le vampire quand il plante ses crocs dans la chair de sa victime. 3/ Tu fais pipi et caca dans ta culotte, c’est chaud et c’est bon. Si tu as une majorité de réponses 2/ à ce mini-questionnaire, tu as des tendances nécrophiles et tu découvriras avec bonheur dans les lignes qui vont suivre que tu n’es pas tout seul. Si tu as une majorité de réponses 3/, ne t’inquiète pas, nous te consacrerons une autre rubrique la prochaine fois. K A M I K A Z E

Et d’abord, quelle est la définition de la nécrophilie ? Le dictionnaire Larousse de la psychologie donne la définition suivante :

30 sept 2009

“Perversion s e x u e l l e caractérisée par l’attirance morbide exercée sur un sujet par les cadavres. Celui-ci les contemple, les palpe, et va jusqu’à pratiquer le coït avec eux. Il semble que ce soit la vue du corps d’un parent défunt, très aimé par un jeune enfant, qui se trouve à l’origine de cette perversion, plus connu sous le nom de vampirisme.” Voilà problablement pourquoi les dernières soirées gothiques auxquelles j’ai assisté sur Paris se sont immanquablement terminées au cimetière ! Cool... Pour finir, citons le cas du plus célèbre des nécrophiles, le sergent Bertrand, déterreur de cadavre, jugé devant une cour militaire en 1849 parcequ’il ne respectait pas les consignes de ses supérieurs : violer d’abord et égorger ensuite ! Extraits1 : “Ce n’est qu’à l’âge de huit ou neuf ans que j’ai commencé à penser aux femmes ; mais cette passion ne devint réellement

forte qu’à l’âge de treize ou quatorze ans (...) En me masturbant, je me transportais en imagination dans une chambre où des femmes se trouvaient à ma disposition ; là, après avoir assouvi ma passion sur elles et m’être amusé à les tourmenter de toutes les manières, je me les figurais mortes et j’exerçais sur leurs cadavres toutes sortes de profanation.” Comme tout un chacun, le nécrophile à des fantasmes et de l’imagination... “Me voyant dans l’impossibilité d’avoir des corps humains, je recherchai des corps morts d’animaux que je mutilais (...) Je leur fendais le ventre et après avoir arraché les entrailles, je me masturbais en les contemplant...”


Le nécrophile aime les animaux, il peut exercer une saine activité dans une association de protection de la nature tant qu’ils sont en vie, et avoir une vie sexuelle épanouie après le travail. “... Je creusai la fosse avec mes mains ; elles étaient en sang, mais rien ne pouvais m’arrêter, je ne sentais pas la douleur ; n’ayant pu découvrir que la partie inférieure du corps, je la mis en pièces...” Le nécrophile est volontaire, il peut exercer les métiers les plus difficiles sans jamais se plaindre (par exemple dans le bâtiment ou dans le travail social, voire dans le monde de l’édition) “M’étant laissé entraîner un jour au cimetière du Père-Lachaise, cette solitude me plut, la facilité d’y pénétrer me fit prendre la décision de m’y rendre dans la nuit (...) Pendant une quinzaine de jours, j’allais à ce cimetière presque tous les soirs (...) Je me masturbais d’une main, tandis que je serrais convulsivement de l’autre une partie quelconque du cadavre, mais plus particulièrement les entrailles.” Voilà une superbe idée de fête ! Si vous êtes fan de Doors, plutôt que d’aller dégueuler votre bière sur la tombe de Jim à la date anniversaire de sa mort, offrez-lui plutôt un dernier tour de piste ! Vous aurez couché avec une star et elle ne le vous reprochera pas ! “ J’ai toujours aimé les femmes à la folie, je n’ai jamais permis à qui que ce fût de les insulter en ma présence.”

Comme quoi on peut avoir une vie sexuelle débridée et rester galant. “... Je déterrais une femme âgée d’environ soixante ans, et un enfant de deux ou trois ans au plus. Après avoir emporté ces deux cadavres sur une tombe assez éloignée de la fosse commune, je profanai et mutilai celui de la femme sans toucher à celui de l’enfant.” Le nécrophile peut faire du baby-sitting sans aucun danger ! Avez-vous besoin d’autres preuves de ses capacités d’intégration sociale ? Allons allons... Voilà. Si vous êtes nécrophile et n’osez pas l’avouer à vos parents, ou si vous vous sentez isolés, écrivez au journal. Nous vous mettrons en relation les uns avec les autres et vous offrirons notre Guide Quichelin 2008 des cimetières de France.

tirés du “recueil de confessions et observations psycho-sexuelles” de M. Heine. 1

La prochaine fois, COMING OUT abordera le narcissisme

propos déterrés par Docteur D.

sept 2009

K A M I K A Z E

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imposture

allo ? c’est le docteur... T

oujours à la recherche de l’inaccessible pigeon, de l’éternel idiot du village, notre imposteur-maison passe ses journées et ses nuits à traquer le gogo de service, le combiné téléphonique greffé à l’oreille. Parfois drôle, souvent stupide mais toujours égal à lui même. Monsieur Morbak nous livre ici sa dernière cuvée d’ignominies et de bêtises. - Bonjour Docteur Tubar au téléphone, puis-je parler au juge F..., s’il vous plaît ? - Je suis désolée docteur, le juge F... est actuellement au Tribunal et il ne sera pas possible de le joindre avant ce soir. Vous désirez que je lui laisse un message? (mal à l’aise) C’est à dire que c’est un peu délicat, j’aurais préféré lui parler directement, surtout que c’est assez urgent. Vous êtes sa secrétaire personnelle? - Oui, depuis douze ans, vous pouvez me faire totalement confiance pour la discrétion, il n’y aura aucun problème. - Très bien, mais il faudrait que vous lui fassiez parvenir très rapidement un message au Tribunal, c’est possible? - Ca ne va pas être facile, il n’aime pas trop qu’on le dérange pendant une audience, il faut vraiment que ce soit important. - Je vous explique, votre patron désire une greffe d’organe car il a un trop petit sexe, ce qui est très handicapant pour un homme de pouvoir comme lui, il ne mesure que huit centimètres en érection, vous étiez au courant?

matos rare de 28 centimètres que nous avons à sa disposition. Il est actuellement dans un bocal de formol sur mon bureau, mais nous devons faire la greffe dans la journée, sinon elle ne sera plus opérationnelle passé ce délai. - Je comprends docteur, je vais lui faire parvenir l’information, je vais prendre note, je vous écoute... - Donc il faut qu’il vienne au plus vite à la clinique de la Verge Fleurie pour l’opération de son nouveau penis, il faut qu’il sache que sa prochaine biroute n’aura pas la même couleur que l’original, le donateur étant d’origine étrangère. S’il le désire nous pouvons empailler son ancien membre afin qu’il en garde un souvenir pour ses petits enfants.

avec sa femme pour effectuer un élargissement vaginale, elle risque sinon un déchirement vu la taille du gourdin. Vous avez bien tout noté? - Oui docteur. - Quand pouvez-vous lui faire parvenir le message? - Dès qu’il sera en délibération, en fin de matinée je pense... - Parfait, je compte sur vous. Et si votre petit ami a besoin d’une petite rallonge n’hésitez pas à me contacter, je vous ferai un petit prix !! - Merci docteur c’est très gentil, au revoir.

- Je dois également noter pour l’empaillage? - Oui, naturellement, surtout prévenez-le qu’il lui faudra prendre une semaine d’arrêt de travail suite aux brûlures et démangeaisons postopératoires. Qu’il vienne également

MORBAK médecin véreux

(elle retient son rire) Non, nous ne sommes pas intimes à ce point... - Toujours est-il que nous venons de recevoir le sexe d’un jeune homme qui vient de décéder suite à un accident de la route, et c’est du bon

K A M I K A Z E

32 sept 2009

Illustrations : Lerouge


entretien

la famille bodin’s A vec 500 000 DVD vendus, des salles combles, des fans qui se déplacent en bus pour suivre cette famille infernale, il est indéniable que les Bodin sont la preuve que le bouche à oreille fonctionne sans les médias, quand on a du talent! Pour mieux cerner ces drôles de personnages, dont les aventures au cinéma comme sur les planches sont des succès mérités, direction la ferme des Bodin, afin de rencontrer la mère et le fils, ou plus exactement Vincent Dubois (Maria Bodin) et Jean Christian Fraiscinet (le fils Bodin), auteurs des Bodin’s. leur cousine Maria à la campagne? Ce serait rigolo! Les Bodin’s: Même si on aime bien les Vamps, puisque ce sont des copines (Nicole qui joue la Lucienne est presque une voisine de Vincent en Touraine), on a plus cherché à « dévampiser » les Bodin’s que le contraire…En effet, au début de la carrière des Bodin’s, la presse avait tendance à nous comparer systématiquement aux Vamps, à cause du stéréotype, et ça nous agace plutôt qu’autre chose. Notre travail n’a pas grand-chose à voir et on préfère être comparé aux Deschiens, c’est plus proche de notre travail. Tout ça pour dire, pas de duo prévu avec les Vamps, si ce n’est qu’on aime bien faire les fous ensemble quand on mange les uns chez les autres.

kamikaze: Comment présenter Christian et M’man Bodin’s aux lecteurs qui n’auraient pas encore la chance de vous connaitre ? Les Bodin’s: Maria est une vieille campagnarde solide de 87 printemps , un mélange de Carmen Cru, Tatie Danielle et Ma Dalton, une jolie fleur dans une peau de vache…Elle a la langue bien pendue, la main leste, la dent dure, mais un grand cœur. Christian Bodin, est un vieux gars de 50 ans, resté dans les jupons de sa mère… Une sorte de Tanguy des champs. «La crème des crèmes, mais couillon comme une île flottante». Comme dit sa mère quand elle est en colère après lui : «Y’en a qui naisse avec les yeux bleus, lui, il est né con!» Les Bodin’s sont issus de notre imagination, mais surtout de rencontres avec tous ces gens de la terre qui ont bercé notre enfance campagnarde (en Touraine pour Vincent Dubois, la mère Bodin et dans le Berry, pour JeanChristian Fraiscinet, le fils Bodin). Comme tous ces gens de la campagne profonde, ils ont un bon sens terrien à toute épreuve. kamikaze: Avez-vous imaginé de faire un spectacle en duo avec les Vamp’s qui viendraient rendre visite à

kamikaze: Comment expliquezvous un tel enthousiasme du public à suivre les aventures de votre famille? Les Bodin’s: D’abord parce que ça fait rire, mais pas seulement, ces personnages sont aussi touchants. Ce sont de petites gens, ordinaires, avec des vies extraordinaires… Même si les feuilletons et les films américains sont distrayants, un moment, y’en a marre quand même des héros à deux balles, le public a envie de voir gagner les petites gens, les gens comme tout l’monde! Les Bodin’s sont universels, ils causent à tout l’monde, pas parce que les gens se reconnaissent dans les Bodin’s, mais parce que tout l’monde connaît un Bodin quelque part (à la ville ou à la campagne) c’est comme les brèves de comptoir. C’est aussi, que notre parcours, c’est le contraire « des Escarres Académiques », on en est arrivé là, tout doucement, en 20 ans, sans courir après la gloire, comme des artisans, à force de travail et de patience, en prenant toujours le même plaisir, à jouer dans des salles des fêtes ou des Zenith. Faut pas oublier d’où on vient, faut pas se trahir, quand on se trahit soi-même, on trahit ceux qu’on aime…Tout ça les gens le sentent, et ils y sont sensibles. C’est grâce au public qu’on en est là aujourd’hui, c’est pour ça qu’on a pas envie de le décevoir notre public, et pas

seulement artistiquement, mais aussi dans nos engagements, nos dires et nos actes. kamikaze: On compare souvent votre spectacle au film “Bienvenue chez les cht’is” version campagnarde, vous acceptez l’assimilation? Les Bodin’s: Bien sûr qu’on accepte cette assimilation, elle nous honore, d’abord parce que ce film est un succès populaire « non césarisé » mais aussi et surtout parce que Dany Boon sait aussi d’où il vient, qu’il ne l’a pas oublié et que son film en est le reflet. kamikaze: Quels souvenirs gardez-vous de votre périple à la capitale? Les Bodin’s: Un très bon souvenir. Bien sûr, on est pas des Parisiens dans l’âme, mais, il ne faut pas cracher dans la soupe, quand on est comédien, Paris est une ville formidable, il y a plein de choses à voir, plein de théâtres, de musées, de cinés, plein d’amis comédiens à retrouver, plein de rencontres à faire. Et puis, à chaque fois que l’on a fait Paris, le public et la presse nous ont honorés…Le dernier Palais des Glaces (théâtre de Jean-Pierre Bigard, notre Ami et producteur, qui compte beaucoup pour nous), on devait rester 3 mois, finalement, devant le succès, on a prolongé pendant 8 mois… En général, quand on est à l’affiche d’un théâtre parisien pendant plusieurs mois, on se renferme toute la journée et on en profite pour écrire un nouveau spectacle ou un nouveau film. Chose quasi-impossible à faire en tournée. À Paris, on a juste beaucoup de mal à supporter le stress, le rythme de fou et toute l’agressivité qui se dégage de cette si belle ville…Et puis tous ces pauvres gens qui souffrent, du froid et de la faim au milieu de tout ce pognon! kamikaze: Vous avez-fait l’Olympia, c’est la consécration pour un spectacle aussi peu médiatisé? Les Bodin’s: Ce sont des moments inoubliables, des cadeaux du ciel…

K A M I K A Z E

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Sûrement l’un de nos plus grands tracs, mais ça valait l’coup d’avoir les pétoches à zéro, quelle ambiance de fou! Le lendemain, en se réveillant, on se demandait si on avait bien vécu tout ça ou si on l’avait rêvé. kamikaze: La version grand écran, avec le film “Mariage chez les Bodin’s” a été un carton sans aucune publicité, le DVD de ce long métrage s’est vendu comme des petits pains et selon un classement des films les plus rentables financièrement, vous êtes juste derrière Danny Boon et ses Cht’is! Maintenant que vous êtes riches, vous allez pouvoir acheter une belle mobylette pour remplacer le vélo de Maria? Les Bodin’s: D’abord, Maria ne changerait son Vélo-solex pour rien au monde, c’est un cadeau de son défunt Raymond! Ensuite, pas de fausse info, il faut remettre les choses à leur place, ce n’est pas parce que notre film s’est classé 2ème en terme de rentabilité en 2008, entre « les Ch’tis et la Palme d’or » qu’on est devenu millionnaires. On fait dire ce qu’on veut aux chiffres, c’est parce que notre film n’a pas coûté cher qu’il est sorti avec 15 copies et qu’il a quand même fait 120 000 entrées, qu’on se retrouve dans ce classement. C’est un joli pied de nez à cette grosse industrie qu’est le cinéma que d’en être arrivé là, et c’est plutôt plein d’espoir de penser qu’on peut encore faire des choses comme ça. J’aime cette phrase de Mère Thérésa qui dit qu’ «on ne fait jamais de grandes choses, seulement des petites avec un grand amour»!

écrevisses et des fromages de chèvres… Comme nous ! Maria aussi en a bavé, la vie lui a joué des vacheries, c’est sûrement pour ça qu’elle a la rage et la «niac»! Pour la naissance : Christian faisait 5Kg 200, à l’époque y’avait pas de « perdrix durale » : 16 heures pour sortir la tête et 2 jours pour sortir les épaules…2 jours à bramer comme un cerf! kamikaze: Vieux garçon tardivement marié à Claudine, Christian a-t-il eu quelques aventures sexuelles dans son passé que sa maman ignorerait? Les Bodin’s: Avec les catalogues de la Redoute ou des 3 Suisses! kamikaze: Comment était M’man Bodin’s dans sa jeunesse : avaitelle beaucoup de succès avec les garçons? Les Bodin’s: C’était une tombeuse, une tombeuse d’hommes et de gibiers, elle est restée une grande «braconniére»! kamikaze: La mère Bodin’s a-t-elle un lien de parenté avec la toute aussi charmante Carmen Cru, qui comme elle ne se déplace qu’à l’aide de son vélo et sa cagette sur le porte bagage?

kamikaze: En regardant vos désopilantes aventures au cinéma, on pense immédiatement à l’émission culte de France 3 “Strip-tease”. Ce magnifique programme télé vous a-til inspiré ?

K A M I K A Z E

Les Bodin’s: Christian en a bavé très jeune, il a perdu son père à 7 ans. Avant ça, il a eu une enfance de rêve, une enfance campagnarde, au milieu des champs, des bois, des lapins, des

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Les Bodin’s: C’est le thème du nouveau film, on vient de terminer l’écriture, il devrait être tourné à la fin de l’année et sortir en 2010… Si tout se passe bien. kamikaze: Avec le succès de la famille Bodin’s, y a t-il des fans qui vous demandent en mariage, vous envoient des culottes ou de longues déclarations d’amour? Les Bodin’s: Non, en revanche depuis le film, la Maria se fait taxer ses gaines sur son fil à linge, et à cause des paparazzis qui rodent autour de la ferme ça dérange les chèvres et elles donnent moins de lait…Ca commence à la gaver, ça, la Maria…Ca va finir mal, si ça continue «ça va fritter sec dans les tournesols»! kamikaze: Quelles seront les prochaines aventures de la famille Bodin’s? Les Bodin’s dans l’espace? Les Bodin’s chez les Rothschild? Christian Bodin’s Président de la République? Les Bodin’s: Y’a pas tout faux, les Bodin’s dans l’espace et les Bodin’s en politique, on y a pensé. Pour l’instant, nos projets, c’est le nouveau film, une ambiance assez onirique, à la Tim Burton, la vie rocambolesque des Bodin’s vue par les yeux d’une enfant, ou le fabuleux destin d’Amélie Bodin… Et un nouveau duo pour la scène… Y’a du boulot et c’est très bien on aime notre travail passionnément. kamikaze: Comment seront les Bodin’s dans 20 ans? Les Bodin’s: Les Bodin’s, c’est comme Zorro, ils ne vieillissent pas, c’est nous et surtout notre planète qui risquent de mal vieillir si on continue « les couneries », j’suis papa et ça m’inquiète!

Les Bodin’s: Oui, on est fans, c’est une émission belge, ils sont balaises ces belges…On aime aussi «C’est arrivé près de chez vous» de l’ami Poelvoorde, un autre Belge! kamikaze: On aimerait en savoir un peu plus sur la jeunesse de Christian et sa maman, quel est le plus beau souvenir que Christian garde de son enfance? Et Maria de la naissance de son fils unique?

kamikaze: Christian aimerait-il devenir papa car l’horloge biologique tourne? Et Maria serait-elle heureuse de devenir grand-M’man Bodin’s?

Les Bodin’s: Effectivement, j’adore Carmen, c’est un boulot de dessins et de textes magnifiques, des ambiances formidables et des réparties diaboliques… Carmen Cru est encore plus méchante que Maria Bodin, c’est une teigne incroyable! Lelong, le créateur et dessinateur de Carmen était Tourangeau, d’après ce qu’on m’en a dit, il avait rencontré une Carmen avenue de la Tranchée à Tours… Y’a pas de hasard, on raconte bien que des bouts de sa vie.

Interviewés par Marc Bihan


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Le site internet : www.les-bodins.com Juin 2009

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backstage

lavilliers

Lavilliers Chante Ferré”, un DVD du concert hommage à Léo Ferré que Bernard Lavilliers ” a enregistré le 24 Octobre 2006 à l’auditorium Maurice Ravel de Lyon. Dans les dernières années de la vie du libertaire Léo, Lavilliers et Ferré étaient devenu amis. Normal donc que le premier s’essaye à rendre, en passant de l’essentiel au moins connu de son répertoire, le souffle furieux de l’hirsute poète.

kamikaze: Pour commencer, n’est ce pas de grosses nuits d’angoisse de vouloir chanter Ferré devant un public ? Bernard Lavilliers : Je l’avais déjà fait par petits bouts. De temps en temps, je le faisais dans mes concerts, puis des hommages avec d’autres artistes, mais c’est vrai que faire tout un spectacle, c’est différent. Enchaîner quelques chansons un peu cabaret puis poursuivre avec 4 musiciens de mon groupe pour la période psychédélique de Ferré et après s’envoyer 90 musiciens pour vous pousser : cela file le trac en général. En plus les textes que j’ai choisi étaient compliqués. Ce n’était pas le trac de me planter ou de l’imiter car il y a longtemps que je ne chante pas du tout comme Léo. Ma manière d’interpréter est plus sobre, il traînait les notes longtemps, c’était sa manière de chanter. Je sais pas mais je pense que s’il avait vu ce spectacle, cela lui aurait fait plaisir. Le trac venait de mon rapport avec les musiciens dit classiques qui peuvent être chaleureux ou très distants. kamikaze: C’est franchement très plaisant à regarder et écouter . Bernard Lavilliers : Merci mais vous savez, il y avait pourtant pleins de trucs qui s’opposaient au concert. J’avais mes parents dans la salle, mon ingénieur du son qui avait mis un remplaçant car il devait se rendre sur Paris et je vous assure que c’est le concert live le plus live que je connaisse. Il n’y a pas eu 2 prises. Vous l’avez de A jusqu’à Z, en entier, exactement comme si vous étiez dans la salle ce soir là. Il n’y a aucune retouche. kamikaze: C’est d’ailleurs plaisant de vous entendre donner les clefs pour certaines chansons Bernard Lavilliers : Les seconds degrés de Ferré ne sont pas toujours compris et je tenais à mettre les choses dans leurs contextes. Il y avait des textes qui dataient et pourtant semblent très moderne. C’était un challenge ce projet. J’y ai travaillé 6 mois pour 12 concerts. J’étais à

qu’il y a toujours ce maquillage, cette lumière pour se rendre compte que finalement, il considère le public comme la mer. Quelque chose à voir avec la nature, la puissance des souvenirs sans cesse renouvelée, et la puissance de la mer poétique. Il y a quelque chose de théâtral dans ce texte. La mettre au début de la partie symphonique qui est à peu près à la moitié du spectacle, est voulu. kamikaze: Vous avez pris le risque aussi de proposer un tour de chant audacieux?

Beyrouth quand les mecs m’ont dit qu’ils avaient trouvé l’argent pour le faire. Il faut savoir qu’il y avait un boulot considérable : entre l’orchestre, le chef d’orchestre, l’orchestration classique. Il fallait travailler avec mon pianiste, mon groupe de rock et eux pour en faire quelque chose de cohérent. C’est assez ambitieux en définitive : l’intimité du piano, puis passer à la période plus populaire de Ferré passant dans les boites avec « C’est Extra » en 68 (le slow le plus costaud au niveau du texte que j’ai pu entendre) et après se dire on va enchaîner avec « Préface » un texte sans musique et l’orchestre qui arrive sans transition sur « La Mémoire et la Mer. kamikaze: On a l’impression que c’est « La Mémoire et la Mer » qui vous a permis d’oser ce challenge plus que vos autres reprises antérieures, comme si les clefs de cette chanson vous avez ouvert des portes ? Bernard Lavilliers : Il y a quelque chose de métaphysique avec ce titre. J’avais essayé de la comprendre en la chantant, c’est extrêmement métaphorique. Je me suis rendu compte qu’outre sa maison, il y avait une comparaison avec la scène. Parce

Bernard Lavilliers : Les gens dans la salle étaient des amateurs de Léo Ferré essentiellement, alors la seule crainte que je pouvais avoir, c’était qu’ils pensent que j’imitais ou que je dénaturais l’œuvre. Je sens bien que le public attendait des chansons qu’ils connaissaient comme «Avec le Temps» mais j’ai justement proposé plus et de manière différente. kamikaze: Pour moi Ferré est un aboyeur de douceur, Est-ce que c’est cet orchestre symphonique qui vous a obligé à adapter votre voix, qui est très sensuelle sur ce répertoire ? Bernard Lavilliers : Je l’ai adapté dès le départ de cette manière, sans forcer. Léo était un ténor d’opéra : il forçait sa voix car il avait une admiration pour la musique symphonique. Mais nous, avec mes musiciens et le chef d’orchestre, nous avons beaucoup travaillé pour épurer les chansons, surtout celles des années 60-70, où il y avait des arrangements assez copieux. Je voulais aller plutôt vers le coté Debussy et Ravel, qui sont des références pour Ferré mais en les rendant moins tragiques. Les originaux de ses chansons, c’était Wagner et Beethoven à la fois (rires) avec beaucoup de cœurs et de cuivres. On a essayé de trouver un équilibre pour détourner des mélodies qui sur la distance se ressemblent. Sur 40 ans d’écriture. Dans « Les poètes »

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qui se trouve au début on retrouve « L’étrangère » une autre chanson majeure. On voulait prendre chaque chanson comme une pièce en elle-même et ne pas la faire ressembler à la suivante.

kamikaze: En regardant les compléments au DVD, je fus surpris d’apprendre que vous avez découvert Ferré à la limite de l’enfance et de l’adolescence, ce qui est assez rare finalement ?

kamikaze: Pourquoi avoir attendu presque 3 ans pour proposer ce répertoire?

Bernard Lavilliers : Vous savez dans mon public j’ai des enfants assez jeunes également. Ils ne comprennent pas tout, ils ne peuvent pas analyser, ni parler des détails d’une chanson mais ils peuvent aimer dans ce choix du « C’est bien » ou « merdique ». Pour moi, Léo Ferré et par exemple « Thank You Satan » était obscure avec son histoire personnelle chez les jésuites mais je pouvais apprécier la chose dans son ensemble.

Bernard Lavilliers : En tant que producteur je n’avais plus un rond alors j’ai demandé à Universal d’assumer l’enregistrement de ce DVD. Je n’ai pu le faire qu’une fois d’ailleurs. Après j’ai sorti « Samedi soir à Beyrouth » et je ne voulais pas que tout se mélange. De toute manière, c’est eux qui décident la date pour sortir les albums. Soit on sortait ce DVD aussitôt après, soit il fallait attendre. De toute manière, l’important c’est de le sortir. Cela donne une idée exacte de ces 3 concerts symphoniques : celui de Paris, de Toulouse et le dernier de Lyon. Vous êtes dans une sorte de reportage intemporel.» kamikaze: Ce qui m’a impressionné, c’est la qualité poétique de Ferré que vous soulignez bien ? Bernard Lavilliers : C’est un énorme travail de mémoire. Des textes complexes comme ceux de Rimbaud. J’ai fait un dosage entre Ferré : auteur compositeur et le Ferré qui se penchait sur des poètes pour les mettre en musique. kamikaze: Pensez vous que notre société ait perdu 3 choses essentielles : la poésie, le rêve et l’insoumission et que ces 3 caractéristiques étaient tout Léo ? Bernard Lavilliers : Complètement ! D’ailleurs ce DVD aurait pu s’appeler ainsi. kamikaze: Selon moi, Ferré en 2009 n’aurait pas eu la possibilité de se faire entendre, avez-vous trouvé des descendants qui vous font penser quelque part à lui ?

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Bernard Lavilliers : Ferré était à la fois un chansonnier, car il pouvait faire des trucs très drôles sur la société comme « La Mafia », mais aussi être quelque chose comme un prophète de la société qui faisait swinguer ses rimes … Alors vous voyez : il n’y a pas grand monde aujourd’hui. Maintenant

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kamikaze: Ferré était quant à lui plein de paradoxes?.

au bout d’un album, les artistes ont déjà 2 hommes d’affaires, un avocat, ils ont déjà signés avec Carrefour et cela n’a rien à voir avec ma génération et surtout celle de Léo. Ce n’était pas des générations préoccupées par le bizness.

Vous connaissez kamikaze: Serge Rezvani, qui est dans le même univers que Ferré ? Bernard Lavilliers : Oui, ils devaient se connaître je pense. Il y a une similitude. C’était des artistes complets qui n’en avaient pas grand-chose à foutre du succès. Il fallait qu’ils en aient mais cela ne les guidait pas. Je vois pas mal d’artistes qui sont pragmatiques. C’est le contraire de la poésie et du rêve. Ils comptabilisent leurs disques : j’en ai vendu 300 000, il faut que j’en vendent 500 000 sur le suivant ou alors maintenant, ils pensent au web. Ils pensent chiffres et images. Pareil à des hommes politiques. kamikaze: Votre dernier album à vous, a très bien marché, le soin particulier que vous avez mis sur cet album est il la clef du succès ? Bernard Lavilliers : C’était un bel objet cartonné ayant de la gueule. Maintenant, on croit qu’il suffit de vous refiler une clef USB qui ressemble à un briquet pour triompher. Au niveau esthétique, on n’est pas dans la même dimension.

Bernard Lavilliers : Il n’a jamais caché ceci. Dans les années 70, quand on lui reprochait de gagner de l’argent avec ses disques il disait « Monsieur Fiat ou Monsieur Ford envoient leurs ouvriers dans les usines et font du pognon avec et moi j’envois mes idées dans la rue et je fais du pognon avec ». C’est une formule mais en même temps, il n’exploite personne. Personne n’était obligé d’acheter ses disques. Il n’a finalement acheté qu’un mas en Toscane avec des vignes autour pour 40 ans d’écriture de chansons. Ce ne sont pas les propriétés de Mickael Jackson. kamikaze: Imaginons qu’un jour un artiste chante Lavilliers pour un album hommage, qu’aimeriez vous qu’il dise de vous et comment voudriez vous qu’il aborde votre univers ? Bernard Lavilliers : J’aimerais qu’il n’oublie pas la rage de mes chansons, le voyage aussi. Il y a aussi l’humour. On a tellement d’images de moi depuis « Les Barbares » que j’aimerais qu’ils fouillent sur ce coté 3ème degré. C’est ce qu’on fait les Fatal Picards, qui se sont foutu de ma gueule. Moi cela m’a fait rire et c’est pour ça que j’ai joué dans leur clip. Et le goût pour les musiques latines aussi. C’est quelque chose que je défends. La plupart des artistes d’aujourd’hui sont encore sur des vieilles histoires anglosaxonnes qu’on traîne comme des complexes. Alors que l’on est latin et qu’on a toute la musique latine comme champ d’action. C’est énorme. Interview de Pierre Derensy


«Lavilliers chante Ferré» CD-DVD- Zone 2 Barclay- mai 2009.


entretien

Tu es le super heros des pauvres, pourquoi avoir choisi ce role dangereux qui est celui d'aFFRonter les riches, les patrons et les chefs d'etats ? C’était un soir d’apéro chez Gégé, qui est Rmiste depuis six ans. Nous avons tapé le poing sur la table et décidé de prendre l’avenir des ouvriers de France en main ! Nous avons vidé quelques bouteilles le temps de mettre au point notre programme et nos actions à venir. Comme il n’y avait plus rien à picoler et que notre projet n’était pas encore totalement au point, nous avons foncé chez moi ; il me restait quelques bières au frais, et nous avons finalisé notre plan.

Qui est l'artiste qui a conFectionne K cette maGniFique tenue que tu A portes ?

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C’est l’oeuvre de Martine, la soeur de ma femme ; elle est cuisinière à la cantine de l’école de mes gosses, mais

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elle passe son temps libre à faire de la couture. Elle a fait un travail d’orfèvre, elle aurait sa place dans les grandes maisons de couture parisiennes ; il ne sait pas ce qu’il loupe Jean-Paul Gaultier ! (rires) Pour le caleçon, j’ai pris le collant de danse de ma fille, je l’ai déjà craqué trois fois ! Mais bon, ça a de la gueule non ?

(il hurle) Tremblez bourgeois !! (ses voisins tapent au mur alors que son petit dernier se met à pleurer)

Quelles vont etre tes premieres actions militantes ? L’interdiction de fumer dans les lieux publics ! Ce sont les prolétaires, les chômeurs et les SDF qui fument le plus ; déjà qu’ils nous prennent un maximum de pognon sur le prix des clopes après nous avoir drogués et rendus bien accros. Là c’est la goutte d’eau qui noie le Ricard ! J’ai donc décidé de frapper un grand coup. Je vais me rendre dans le PMU de mon quartier, je vais aller au comptoir et m’allumer une Gitane en guise de contestation. Si il y a la moindre remarque venant du patron, ça ne fera ni une ni deux, je lui dirai clairement : “ Ok, je ne peux plus fumer chez toi le matin en buvant mon petit kir ? Et bien mon ardoise


A

lors quE la gAuchE Est A tErrE, quE lE parti communistE n’’(ExistE pour ainsi dirE plus,, quE JEan JaurEs Est réEcupéErEé par Nicolas Sarkozy,, quE l’Esprit de la luttE des classEs Est abandonnEEé de tous,, un seul homme a déEcidEé de sauvEr notrE mondE du capitalismE et dE la mondialisation : Super CommunistEman!! ! C’’Est lEs yEux bandEés qu’il nous a conduit dans son appartEmEnt de la banliEuE de ValEnciEnnEs, afiffiifin dE gardEr son anonymat Et dE nE pas mEttre sa viE En dangEr. PEndant quE sa fEmme,, CommunistEgirl,, rangE sEs coursEs dE chEz Lidl dans lE frigidairE, il nous sErt un vErrE dE vodka avant dE sE mEttrE Aà tablE...

calmer)

de 650 euros, tu peux te la foutre au cul !” On ne va quand même pas se laisser enculer non ! Aaaarrrgggg ! (son cri de haine fait hurler le chien et réveille son gamin qui venait de se

Tu n'as pas de missions de plus hautes envergures que celle la ? Bien sûr que si ! Dès que j’ai mes congés payés je prends le train et direction la capitale, ça va chier, hhhuuuuuuueeree (son grognement exaspère sa femme qui vient de sortir en claquant la porte sur la queue du chien qui se remet à hurler) Je vais aller voir le nain de l’Elysée et il va devoir m’écouter, fini les privilèges. Ils vont tous habiter en HLM comme leurs électeurs et bouffer chez Flunch le dimanche, fini le Fouquets. Je vais remettre de l’ordre dans tout ça ! Je vais réinstaurer la guillotine pour les patrons qui délocalisent leurs usines, pour ces millionnaires qui font des délits d’initiés, pour les vendeurs d’armes, les politichiens qui magouillent, pour ceux qui planquent leur fric sur des comptes en Suisses, pour les esclavagistes et d’autres encore... Avec tout le sang qui va couler, on va pouvoir en faire du boudin pour nourrir le tiers monde ! (rire caverneux).

En dehors de ce merveilleux costume qui te va si bien, tu as de supers pouvoirs ? Oui, j’ai une urine si acide que je peux désintégrer un horodateur rien qu’en pissant dessus ! J’ai des yeux qui arrivent à voir à travers une vitre, mais ça il parait que je ne suis pas le seul. J’ai une ouie super sensible ; quand les huissiers déboulent dans l’escalier je les entends deux étages avant. J’ai aussi un fluide de savoir dans mes mains. Par exemple, quand mon fils ne connait pas sa leçon, je lui file une baffe et tu peux être certain qu’un quart d’heure plus tard, par miracle, il la connait!!

(c’est au son de ce grognement d’ogre que nous quittons notre révolutionnaire rouge)

Propagande recuillie par Morbak

Quelle serait pour toi ta plus grande victoire ? Le jour où j’arriverai à dissoudre complètement le MEDEF et son armée de patrons exploiteurs. Je viens d’apprendre qu’ils avaient une caisse noire de plusieurs millions d’euros pour faire face en cas de grève. Mais je crains que mon urine ne suffisse pas à les faire disparaitre. J’aurai beau leur pisser dessus jour et nuit, le libéralisme a encore de beaux jours... BBooouaaarrggggg!!

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fiche technique

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tir a vue

e vacancier est le mal et doit être rééduqué pour ne plus polluer les paysages du pays qu’il L salit de ses pieds engoncés dans ses sandales avec ses chaussettes de sport et son bob dont la marque de cet alcool qui se précipite sous l’action de l’H2O est vomitive dans son excès et son tee-shirt FRAM offert dans son package de bon petit soldat marchant au pas sous les lazzis du GO du club (le Gentil Oberfürher). Et pourtant... Et pourtant... Dans un délire masochiste, j’ai essayé de te connaitre, toi, vacancier de base... Une semaine durant, j’ai tenté de rentrer dans ton biotope, j’ai essayé d’intégrer ton groupe en suivant ta migration vers le Sud, endroit privilégié de tes envies tellement basiques. J’ai tenté de me sustenter dans tes gargotes immondes, au point que mon colon, dans son extrême irritation, m’a fait comprendre ma folie en expulsant dans une diarrhée libératrice cette nourriture de

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bord de mer ou de même à ras de terre, diarrhée salvatrice qui m’a permit de voir que l’assimilation de ces «aliments» n’est possible que rectalement, le gout étant assez proche de celle-ci. J’ai du supporter le gout de ton vin rosé estampillé «Côtes de Provence» mais dont la saveur me rappelle l’escroquerie faramineuse des vignerons qui, comme pour cette horreur appelée «Beaujolais Nouveau», ne sert qu’à écouler le trop plein de cette surproduction coupé à l’antigel. Tes conversations insipides, franchouillades sur le prix de la pomme de terre, du juif arrogant, de l’arabe voleur, de l’espagnol qui pue, de l’italien qui parle trop fort, de la gauche molle et de la droite méchante, du «jev o te - p a s - FN - m a i s ils-ne-disent-pasque-des-conneries», de Bescancenot «qui a une bonne tête» et du dernier album de la première Dame du pays et accessoirement, de ton équipe de foot et des JO, dont tes commentaires sont aussi élevés qu’un QI de poule atteinte de microcéphalie Ta musique tonitruante qui sort des baffles 18 000 Watt de ta voiture

customisé par tes soins et qui n’a rien à envier à une roulotte de cirque, qui crache le dernier tube débilitant de l’été, entre-coupé de Djohnny (bien prononcer le «D», ça fait américain!) et de Patrick Sébastien. Avec bien sûr, le bras au dehors, le regard caché sous tes fausses Ray-ban achetée à l’africain du coin pour faire «staïle». J’ai du supporter tes enfants élevés sous la férule de la mère du chansonnier Yvan-Chrysostome Dolto et du docteur Benjamin Spock (pas celui avec des oreilles pointus mais avec des idées qu’il aurait dû tailler de même, histoire de se les mettre dans son auguste fondement). Tes mômes qui hurlent, qui crachent, qui chialent, qui répondent, qui, comme un mauvais alcool frelaté, nous soulent, nous font bourdonner les oreilles, nous font serrer les dents et nous donnent mal à la tête. Ton espèce de meute que tu ne sais pas gérer, vacancier, en critiquant celle des autres et riant, te scandalisant en sachant que ton éducation Doltoïde en feront des futurs petits tyrans sous ta démission scandaleuse. Bien qu’ayant un nom de chiotte (dixit Desproges), WC Field disait à juste cause: «Quelqu’un qui n’aime pas les enfants ne peut pas être tout à fait mauvais» et sur quoi je rajouterais cette phrase de Jules et Edmond de Goncourt: «Les enfants sont comme la crème: les plus fouettés sont les meilleurs» haaaa et ta Méditerranée, vacancier, celle que tu chéries, que tu vois danser le long des golfes clairs, comme le chantait illustrations de Lasserpe


le vieux pervers, celle où tu prends plaisir à faire tes ablutions estivales est d’abord un superbe bouillon de culture où se croisent le doux et syphilien virus et le tendre bacille Kochien sur la nappe graisseuse que le bateau, au loin, a permit grâce à son subtil dégazage. Voir ton pitoyable essai de nage papillon entre deux sacs plastique surnageant, côte-à-côte avec le protège slip délicat. Avec un peu de chance, tu pourras connaitre le plaisir brûlant de la caresse de la méduse puis tu te feras brunir sous le soleil ardent, donnant une raison de plus aux médecins de guérir ton futur cancer qui s’implantera dans ton derme dru comme couenne de porc avec ta femelle aux seins tombant qu’elle exposera en tout impudeur, tel la guenon demandant sa saillie pour polluer la Terre de ton espèce sous-évoluée.

Vacancier, tu critiques le 06, toi qui vient du 59 mais je te rassure, seul le chiffre change car le branleur n’a pas pas de limites ni de frontières départementales. Tu es le branleur du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. J’ai essayé, vacancier, de me mettre à ton niveau... J’ai échoué à tant de médiocrité. Vacancier, tu es le bubon de mon été, du juillettiste à l’aoûtien, tu me répugne avec ta peau rose et tes idées préconçues, ton besoin de suivre la foule comme le petit agneau allant à l’abattoir sans réflexion. Vacancier, je te conchie et accessoirement, je t’emmerde. K A M I K A Z E

Diatribe de TGD

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Reportage

BIZUTAGE E

n septembre c’est la rentrée des classes, l’occasion pour les potaches rigolos de s’adonner aux traditionnels bizutages. Monsieur Morbak, toujours en quête de scoops, a rencontré pour vous Florence C. une victime des bizutages et Patrick O., chef d’une équipe de bizuteurs scatophiles d’une grande école de commerce à Paris. Il nous explique ses techniques et ses astuces, on en redemande ! Le bourreau Alors cette année sera t - elle une bonne cuvée ? Je pense que oui, à en croire toutes les inscriptions en première année ! Nous avons plusieurs innovations, nous leur réservons pour la rentrée un grand cru. Beaucoup d’établissements jalousent nos bizutages, ils envoient même des espions pour connaitre nos dernières trouvailles... Peut - on avoir quelques indices de ce qui attend nos chers têtes blondes estudiantines ? Nous leurs avons concocté de bonnes pâtisseries à base d’étrons de chiens,

un régal, j’en salive déjà, hou! hou! hou! (rire gros et obscène). Pour les filles un thé de bienvenue, à base de décoction de tampons périodiques usagés. C’est pour fêter leur arrivée, histoire de les mettre à l’aise tout de suite, nous avons un minimum de savoir vivre !

sinon l’anus de sa camarade de promotion se transformera en un vrai cratère, que même Haroun Tazzief s’en retournerait dansh sa tombe !

Avez-vous des spécialités à nous recommander ?

Elles sont nombreuses, je me souviens par exemple d’un étudiant auquel nous avions mis une cigarette dans la bouche et nous avions forcé une jeune innocente à lui aspirer le trou du cul jusqu’à ce qu’elle aspire une bouffée de fumée, elle n’a jamais réussi la pauvre ! (rires) Ou bien encore ce jeune homme à qui nous avions donné un gros biberon remplis de vomi bien chaud, il devait aspirer tout le liquide jusqu’à ce qu’il ne reste plus que du solide dans le biberon ! On a tellement rigolé que pour ne pas rester sur notre faim, on lui a quand même fait avaler le restant de la gerbe ensuite ! (rires gras)

L’année dernière la bougie infernale a eu énormément de succès. Il s’agissait de mettre une bougie allumée dans le cul d’une jeune fille et un garçon placé à un mètre, attention nous sommes strictes sur la distance, devait l’éteindre en urinant dessus ! C’était bon enfant, cette année nous avons compliqué le défi, un énorme pétard à mèche remplacera la bougie et le garçon aura seulement trente secondes pour l’éteindre,

Quelles ont rigolades ?

été

vos

plus

belles

Vous faites participer les enseignants à vos plaisanteries ? Non, ou alors indirectement. Une fois nous avons forcé un étudiant à chier devant la porte du directeur et à sonner à sa porte pour lui demander du papier, c’est la seule participation que nous ayons eu de leur part ! Les viols sont-ils une légende dans le bizutage ?

K A M I K A Z E

46 sept 2009

Tout à fait, on se l’interdit, nous ne sommes pas des sauvages ! Sauf une fois il y a eu une dérive, un accident, une malheureuse boulette... Alors que nous forcions une jeune novice à branler un chien à l’aide d’un gant de boxe, ça a excité un de nos collègues. Il a ensuite coincé la jeune fille dans une salle de classe et l’a prise par derrière comme une chienne ! Mais il a été sanctionné, nous ne lui avons pas rendu son gant de boxe. Illustrations: Berth


Vous êtes-vous mis à la technologie d’aujourd’hui ? Bien évidement, nous vivons avec notre époque. Le jour de la rentrée nous fournissons à tous les parents des petits nouveaux notre e-mail, de cette façon ils peuvent assister en direct sur Internet au bizutage de leur enfant qui est filmé ! On n’arrête pas le progrès.gniark!gniark! (rire sadique) Avez-vous un dernier message pour vos futures victimes ? N’ayez pas peur, nous ne sommes juste qu’une bande de joyeux plaisantins et puis l’année prochaine ce sera votre tour de vous venger, c’est toujours une compensation. Et puis ça soude, ça forme un esprit de corps. Enfin je vous jure que pour mettre les gens à l’aise dès le début de l’année, c’est parfait... Enfin pour ceux qui restent ! (rires) Surtout le premier jour n’oubliez pas de mettre un slip propre.

La victime Florence, raconte-nous le calvaire de ton bizutage ? C’était abominable, un vrai viol, ils m’ont mise nue et enduite d’huile végétale pour ensuite m’obliger à mettre un préservatif sur le sexe d’un pauvre élève affolé, c’était écoeurant, ça glissait de partout et le garçon n’arrivait pas à avoir d’érection d’où la difficulté... Les autres qui m’encourageaient à tout faire pour le mettre dans de meilleurs dispositions, m’ont contrainte à le sucer, j’ai pu lui enfiler le machin et c’était fini. Quand on entre dans une grande école, on laisse sa pudeur et ses complexes au vestiaire... C’est marrant d’imaginer que l’élite de la Nation est aussi passé par ce genre d’épreuves. Et ensuite ? Le cauchemar a continué, ils m’ont forcée à me faire lécher les fesses par un Labrador après avoir tartiné mon cul de Canigou. Pour finir ils m’ont condamné à aller dans l’école catholique proche de la nôtre, habillée en pute et seins nus, pour demander à la Mère Supérieur si elle connaissait un bordel dans le quartier ! La honte de ma

vie... J’ai heureusement été refoulée à l’entrée, mais j’en ai quand même pleuré. Et tes camarades, ils ont eu le droit au même sort ? Pire pour certain, j’ai une amie qu’ils ont déshabillée avant de lui bander les yeux pour la contraindre à sucer des concombres et de vraies bites, c’était à elle de dire quand il s’agissait d’une vraie... Elle a fini avec le concombre planté dans l’anus. C’était abject. Quel souvenir garderas-tu de ces moments inoubliables ? Une haine, une envie de meurtre, un dégoût total pour les hommes, je préfère devenir lesbienne que de coucher avec ces porcs, j’ai des envies de castration. Un petit conseil pour les futures victimes ? Piégez-vous le cul, que ça leur saute à la gueule !

propos receuillis par un Morbak hilare.

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entretien magique

savary

kamikaze: Jean-Michel Ribes dit, le rire de résistance, c’est ma patrie. Quelle est ta patrie à toi? Jérome Savary: Moi, je suis internationaliste. Le ministre de la culture cubain m’a remis un jour une médaille, et il a dit que j’étais un Ché Guevara culturel. Je suis internationaliste, c’est-àdire que je suis contre les patries. Je suis pour les territoires. k: Je pense qu’il voulait surtout dire qu’il se sentait bien avec les résistants du rire, des gens comme Topor...

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Absolument, ils font partie de la famille. Topor avait un rire extraordinaire, il riait comme une hyène. C’était un homme d’une extrême mélancolie et d’une grande tendresse. Je crois que le rire ne peut aller qu’avec la sensibilité. Je n’aime pas le comique sans sensibilité. C’est comme le noir et blanc, le rire est le partenaire de la mélancolie. C’est à partir d’une certaine mélancolie ou d’un certain humanisme que le rire devient intéressant. Topor, ce n’était pas particulièrement drôle ce qu’il écrivait ou dessinait, c’était très scatologique, et c’était un type qui

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traînait sur lui les pogroms. Il était fils de juifs polonais avec des gens de sa famille qui sont morts dans les camps. Même chose pour un type comme Reiser. Son rire était non pas un rire de résistance, mais un rire de combat. Il combattait la connerie. Moi, j’aime le rire quand il est subversif, et pas quand il est seulement moqueur. Pierre Dac par exemple était un résistant. Il a été à Londres et il envoyait des émissions comiques. C’était très intéressant que ça ait existé dans une période noire, sombre. Je trouve que De Gaulle a eu plus d’humour pendant la guerre qu’il n’en a eu après, quand il était au pouvoir. Pierre Dac disait, l’avenir est devant nous, mais si on se retourne, on l’a dans le cul. Il faut que le rire soit humaniste, mais il faut aussi qu’il soit philosophe. Le rire est une forme de philosophie. Et faire rire par le dessin est difficile. Tu as seulement le droit à trois mots, ou même pas de mots du tout comme chez Plantu... k: Ou plein de mots comme chez Wolinski... Oui. Pour moi, le Pape de cet humourlà, c’est Gotlib. Je milite d’ailleurs pour

que Gotlib entre à l’Académie française. Je ne comprends pas qu’en 2009, il n’y ait pas encore un siège à l’Académie française réservé à cet art quand même assez ancien qu’est la bande dessinée. C’est hallucinant. Il y a les cinéastes, les peintres, les militaires, et pas un type de bande dessinée. Alors que Gotlib est un grand auteur, il a produit quantité de belles choses et de beaux écrits. J’ai monté Superdupont avec lui, on a monté une comédie musicale. C’est un type qui devrait rentrer à l’Académie française. Comme Topor qui, comme dessinateur, est l’équivalent... k: ...d’un Jacques Callot [1] Oui, vraiment. C’est un extraordinaire dessinateur. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’émergence de ce rire ne vient pas de mai 68. Il a précédé mai 68. Topor dessinait déjà en 1963/64. J’ai commencé aussi en 1963/64. C’est un rire qui est venu en réaction au gaullisme culturel. Il n’y avait pas de radio ni de télé privée et toutes les institutions culturelles comme l’ORTF étaient tenues par des mandarins, souvent talentueux, issus de la résistance. Et nous, on était dans la Beat Generation, on était les pauvres


cons qui n’avaient pas fait la guerre. Comme dans Est of Eden, le frère de James Dean est un héros, et lui est un beatnick. Nous on était les beatnicks de cette chape culturelle qui a été aussi symbolisée par Malraux, ministre de la culture. Les institutions, la radio, la télé et les grands théâtres étaient totalement cadenassés par des générations qui avaient fait la guerre, ou soi-disant la résistance. Car comme dit Pierre Dac, 98% des français ont été collabos jusqu’au jour de la libération où ils se sont retrouvés résistants miraculeux. Ce qu’on appelle les résistants de la dernière heure. k: Ça n’a pas véritablement changé, car tous les gens qui ont fait mai 68 se sont aussi retrouvés propulsés à la tête du pouvoir culturel. Souvent, la révolte n’est, pour beaucoup, rien d’autre qu’un moyen de s’intégrer au système. Mais ça, c’est un juste retour des choses. Les générations prennent le pouvoir. La génération qui pris le pouvoir après, que ce soit Serge July, Mouchkine, Arias ou moi, tous ces gens-là, nous n’avions pas du tout la même culture. Nous étions au contraire des anars, des provocateurs. Avec le Magic Circus, quand j’ai commencé, il y avait des villes où des pétitions circulaient pour interdire mes spectacles. Ils étaient interdits aux moins de 18 ans, alors que c’était des spectacles pour enfants. Dans ces années-là, on jouait dans la rue, mais c’était interdit. Les flics te ramassaient et te ramenaient au poste. Alors que maintenant, ce sont les flics qui mettent des nez de clown pour humaniser la circulation aux carrefours. Le théâtre de rue est devenu institutionnel. Et il faut savoir aussi que la culture a été dominée jusque dans les années 60 par la littérature, le mot. Le théâtre était un théâtre de mots et c’est pour ça qu’une des réactions a été d’aller vers la bande dessinée. Et Copi, qui était mon meilleur copain, a commencé le théâtre avec moi. Il dessinait et était comédien chez moi. On a joué ensemble en espagnol. Les premières pièces de Copi, on les jouait lui et moi. Il est passé à un théâtre extrêmement visuel après, un théâtre très bande dessinée. Ce théâtre de rire des années 60 est très inspiré par la bande dessinée, c’est-à-dire qu’on ne s’exprime pas seulement avec les mots, mais avec des images. Quand je relis les textes de Zartan, il y a plus de description d’actions, d’images, d’effets que de dialogues à proprement parler. Les didascalies ont plus d’importance presque que le texte. C’est ce qu’on appelait à l’époque le théâtre total.

k: Tu as eu plusieurs compagnies... Oui, il y a eu la Compagnie Savary, le Théâtre panique, le Panic Circus et en 68, on s’est appelé le Magic Circus. k: Vos happenings étaient plus festifs que ceux des paniques qui étaient plus sanguins, plus sud-américains... Je raconte cet épisode dans mon dictionnaire amoureux du spectacle [2]. Au Centre Américain, boulevard Raspail, lors de happenings, Jodorowsky égorgeait des moutons. Un jour, il annonce qu’il va se crucifier, se suicider sur scène. Alors le tout-Paris s’est précipité pour le voir. Et en fait, il ne s’est pas suicidé. Il n’était pas con Jodorowsky (rires). Les gens sont sortis de la salle extrêmement déçus, en disant que son spectacle n’est pas terrible. Il nous annonce un suicide sur scène et il ne fait que s’asperger. L’aspect happening est très important. Notre théâtre dépendait énormément de la réaction du public. Je me souviens qu’un jour Fellini voulait faire les clowns. Il a demandé qu’on lui donne une représentation privée. On a loué un théâtre et on lui a donné une représentation privée.

‘‘ a partir du moment ou tu es dans une societe extremement permissive, la provocation, ca devient un peu de la coquetterie. ‘‘ Ça a été une catastrophe absolue. Il n’y avait plus le partenaire qu’est le public, que j’insultais, que je faisais rire. Lors de nos spectacles, on foutait le public à poil, et les gens venaient pour ça. Maintenant quand je fais Joséphine, c’est beaucoup plus structuré, c’est une comédie musicale, mais l’interpellation du public reste très importante. Et ce ping-pong avec le public a été la base de tous les humoristes. Coluche par exemple est passé au Magic Circus. Il était très intelligent. Il a très vite compris qu’il ne se ferait pas un rond à l’intérieur d’une troupe. Tout de suite, il est parti en solitaire. J’avais pour lui le plus profond mépris. Je lui ai dit, tu es vraiment un enfoiré... évidemment tu gagnes du fric, mais t’abandonnes les copains, t’es tout seul, il n’y a pas de jolies filles... C’était un comédien remarquable, mais il est très vite parti dans la solitude. Le précurseur de ce rire solitaire, c’est Lenny Bruce que j’ai très bien connu. J’ai partagé une maîtresse avec lui quand j’avais dix-huit ans et Lenny Bruce a

été l’ancêtre de Coluche, Desproges et de ces gens-là. Lenny Bruce disait « Fuck you » sur scène. C’était interdit et il terminait immanquablement la nuit au poste. Ce qui fait que lorsqu’il partait dans le Middle West, il ne louait jamais de chambre d’hôtel quand il partait en tournée. Ça faisait partie d’un rituel : une amende et la nuit au poste. k: L’ordre moral a évolué depuis. À l’époque, tout le monde pouvait se mettre à poil. On n’imagine plus aujourd’hui des couples faire l’amour dans l’herbe comme lors de vos spectacles... On a fait très souvent le streaking. On s’amusait à suivre les tendances. C’est une évolution de réaction aux héros de la dernière guerre mondiale et de la guerre précédente. Ceci dit, dans les années folles, les années 20, que j’évoque dans Joséphine... tu avais quand même Cocteau qui fumait de l’opium à la terrasse du Dôme... Pas un flic ne l’arrêtait. Ils ne savaient même pas ce que c’était. Tu avais Colette qui se baladait déguisée en mec. Je dis toujours que la provocation doit s’adapter à la société dans laquelle tu vis. À partir du moment où tu es dans une société extrêmement permissive, la provocation, ça devient un peu de la coquetterie. Aux gens qui me disent, t’es plus aussi provocant que dans les années 60, je réponds que la cible n’est plus la même. Aujourd’hui, les enfants zappent. À cinq ans, ils voient des films pornos. Même si tu as des verrouillages, ils savent les faire sauter. Donc, déjà les tabous sexuels, ça n’existe plus. La religion c’est pareil, les gens ne vont plus à l’église. Moi, c’était mon fond de commerce la religion. J’avais des christs en croix partout qui se cassaient la gueule de la croix parce que les clous étaient mal fixés, des trucs comme ça. k: Maintenant les tabous, c’est l’Israël et la Palestine, des trucs comme ça. Oui, intouchables. k: Et c’est un peu le piège... Chomsky parle d’un état qui censure les gens, du coup les gens ont peur, et au final les gens s’autocensurent euxmêmes... L’état n’a même plus besoin d’agir... À peine as-tu une pensée subversive que tu vois débouler la semelle du GIGN sur ton velux... On le voit avec Joséphine Baker. Elle avait les seins nus en 1925. Et dans K mon spectacle, mon américaine a des A perles. Ce qui n’est d’ailleurs pas une M I mauvaise chose. C’est le féminisme, K la Ligue de protection des femmes qui A fait que tu hésites à mettre des femmes Z E sept 2009

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Je suis contre l’humour au détriment des enfants et des homosexuels en général. Par contre, dans le théâtre, c’est sûr qu’aujourd’hui les gens veulent se marrer et rigoler. Malheureusement pour certains, et surtout pour les auteurs, le public n’a pratiquement plus envie d’écouter un texte, il a envie de s’amuser.

nues sur scène. Je raconte toujours l’histoire suivante... On a joué sous Franco en Espagne, la censure est venue voir le spectacle et la mère de mes filles, Mona, dansait à poil. Elle n’avait pas le droit de montrer sa chatte. Alors elle a été dans une boutique pour touristes où elle a acheté des autocollants avec des têtes de chat qu’elle se mettait sur le sexe. Et là, la censure a laissé passer. De toute façon le public lui aussi a changé. Je suis toujours assez effaré, car j’ai été taxé toute ma vie de vulgarité. Je rappelais au gens qui me taxaient de vulgaire, que ça venait du mot vulgus, le peuple, c’est-à-dire populaire. Et j’ai largement dépassé dans la vulgarité par un certain nombre d’humoristes. Je suis effaré... peut-être que j’ai vieilli... mais tu as des mecs qui font des sketchs sur la pédophilie... Moi ça ne me fait pas rire du tout, le père qui baise sa fille... des trucs abominables, hallucinants... Il y en a un célèbre où ça va vraiment très loin : c’est un père qui encule son fils et il se fait sucer par sa fille après, en disant, tiens c’est du chocolat. k: C’est Bigard, ça non ?

K A M I K A Z E

Je ne veux pas citer. C’est là où je dis que ça manque de philosophie et de poésie. Moi, je suis papa d’une fille qui a cinq ans et je n’aimerais pas qu’elle écoute ce genre de trucs. Il y a une chose, c’est le sexe. Par exemple, tu as une plaisanterie : la petite fille qui revient de l’école et qui dit à sa mère, maman, il y a un petit garçon qui m’a dit que pour faire des enfants, il fallait mettre le zizi du garçon dans la bouche de la fille, et la mère dit, ah non, ça c’est pas pour avoir des enfants, ça c’est pour avoir des bijoux. Là, à la limite, ça va, car c’est un truc sur le sexe, mais tout ce qui concerne la pédophilie... y compris l’homosexualité... La moitié de ma troupe, ça toujours été des homosexuels... encore aujourd’hui...

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k: Une phrase de toi que j’aime bien, et qui date de janvier 1972, dit : « On est plutôt pour la fête permanente. Quand on parle de fête, on ne peut pas dire forcément la grosse rigolade. La fête, pour nous, c’est avant tout la liberté, pour tous, de s’exprimer comme ils l’entendent. C’est le droit pour les enfants de marcher sur le gazon. C’est le droit pour tous de chanter et de faire de la musique dans la rue et les parcs, en dehors des catafalques culturels et des syndicats de la trompinette..., etc., autant dire que la fête est pratiquement impossible. » (janv. 72)

‘‘ j’ai trouve normal que notre generation prenne le pouvoir ’’ C’est marrant, j’ai écouté des interviews que j’ai fait il y a quarante ans, j’ai la même voix et j’ai toujours dit exactement la même chose. Sauf que j’ai basculé dans les grandes entreprises culturelles. J’ai quand même dirigé Chaillot pendant douze ans et là l’Opéra-Comique. Mais c’est comme pour July, le patron de Libération, j’ai trouvé normal que notre génération prenne le pouvoir. Et je me suis bien amusé. Plutôt que de diriger ces établissements prestigieux, je les ai squattés je dirais. En tout cas, le Comique, je l’ai squatté parce que j’ai fait que ce que j’avais envie de faire, et là je m’en vais à la fin de l’année. Vraiment, je me suis fendu la gueule. Et je réponds toujours la phrase de Gainsbourg quand les gens me disent que je me suis embourgeoisé et que je travaille dans le subventionné. Gainsbourg disait, j’ai retourné ma veste, le jour où j’ai vu que la doublure était en vison. Je ne suis absolument pas contre les gens qui retournent leur veste. J’ai surtout découvert que sans subvention, tu ne pouvais pas t’exprimer, en tout cas dans des spectacles d’un certain niveau. J’ai toujours utilisé des musiciens live. Je suis l’auteur de cette phrase fameuse : aller voir une comédie musicale en playback, c’est comme aller faire l’amour avec une poupée gonflable. Et ça, ça coûte très cher déjà. Sans subvention, tu ne peux quasiment rien faire. L’espérance de vie d’une troupe a été calculé, c’est

six mois, c’est-à-dire un spectacle. k: Il y a quand même des exemples... Le Magic Circus montre bien qu’à l’époque vous étiez partis sans argent... Oui, mais attends, on a quand même été en procès un nombre inconsidérable de fois, avec l’URSSAF. On a été en faillite très souvent. On a été sauvés par l’étranger. Parce qu’on faisait un théâtre, bien avant Jérôme Deschamps, où le mot n’était pas important, donc on allait aux Etats-Unis tous les ans, on jouait deux mois par an en Angleterre, au Rond House, et c’est ça qui nous sauvait. Parce qu’on avait pas à payer d’URSSAF ni de charges sociales. On ramassait du fric à l’étranger. Quand j’ai dissous le Magic Circus, j’ai payé des dettes pendant quinze ans. Tout ce que j’ai gagné dans les années qui ont suivi en faisant les mises en scène et tout ça, a servi à payer les dettes. C’est un exemple de survie tout à fait exceptionnel. Il faut dire aussi qu’on était une quarantaine et que la plupart étaient des étrangers, des types qui se foutaient de tout ça. Il n’y avait pas d’intermittents à l’époque ni de protection sociale. On partageait entre nous. J’avais même fait un système comme pour les impôts. Ceux qui avaient des enfants avaient une part en plus. Le nombre de types qui se sont trouvés des enfants illégitimes, c’était hallucinant (rires) ! Un jour Pablo vient, et me dit, tou sé, yé ne té pas dit, yé oun pétite garçon en Uruguay (rires). On a essayé tous ces trucs un peu utopistes. C’est extrêmement difficile aujourd’hui. Il faut savoir aussi que dans les années soixante, quand tu as eu ce mouvement, la presse elle-même se libérait. C’est là que sont nés des journaux comme Le Nouvel Observateur, L’Express, etc.... C’était le début de la presse magazine à l’anglo-saxonne. Elle consacrait des pages entières à des spectacles d’avant-garde, c’est-à-dire le chic du chic. Quand j’ai eu deux pages dans l’Obs, ça a lancé le Magic Circus. Aujourd’hui, les pages culturelles sont réduites quasiment au néant, et sont remplacées par les pages Télé. Tu n’as pas du tout l’aide de la presse. k: Ou alors la page Portrait dans Libé ... Oui voilà, tu as la page Portrait dans Libé, car Libé consacre essentiellement des pages à chier sur les spectacles, ce que je ne comprends pas. La surface se réduit et au lieu d’encourager les gens à aller au théâtre en disant, ça c’est bien, ils passent leur temps à écrire des trucs en disant, c’est de la merde. Bref, à l’époque, on était soutenus par les médias et la presse écrite, et puis c’était les trente


glorieuses, le chômage n’existait pas. Je me souviens quand ils ont créé, du côté de Nancy, pour la sidérurgie, la première A.N.P.E., tout le monde a éclaté de rire. Il y avait UN mec inscrit pendant six mois. On a dit, c’est quoi ce truc ? Nous quand on allait faire les gugusses, on avait du boulot le lendemain. Si j’étais dans la merde, j’avais du boulot le lendemain. Il y avait une génération de directeurs artistiques qui, curieusement, ont tous eu le prix Goncourt. Un mec qui s’appelait Yves Navarre qui travaillait chez Publicis, Combescot... c’était des potes et ils me commandaient des campagnes de pub et c’était payé des fortunes. Déjà l’absence d’inquiétude du chômage te donne beaucoup plus de pêche pour faire les gugusses. Aujourd’hui, les jeunes sont un peu écrasés. k: Aujourd’hui tout le monde est tenu par les couilles. Les gens marchent dans la rue comme si on leur pressait les couilles... Ah ben ouais (rires). Déjà, mes enfants n’ont pas d’enfants. Moi j’ai une fille de cinq ans. Comme disait Jacques Martin, mes petits-enfants, je les fais moi-même. J’ai une fille qui a vingt-six ans. Mon fils, lui, a trente-cinq ans, mais l’idée de faire un enfant ne l’effleure même pas. Il n’arrive pas à croûter, il est cinéaste. Tous mes enfants sont intermittents du spectacle, leur maman aussi. Je n’ai jamais touché un jour de chômage dans ma vie. J’aurais pu de temps en temps, mais je ne l’ai pas fait. On est une génération qui n’a pas connu ça. On n’a pas connu l’assistanat, mais en même temps, on était hyper boostés par des gens comme Delfeil de Ton. Moi Delfeil de Ton, il m’a fait. Il faisait dix lignes dans Charlie-Hebdo et il m’amenait mille personnes par soir. C’était un gourou ce mec. Et un jour, il vient me voir, et il me dit, j’ai moins aimé ton nouveau spectacle, qu’est-ce que je fais ? Je lui dit, je t’en supplie, ne dis rien...

Circus. C’est sûr. Je vois en Espagne où on a joué il n’y pas longtemps, leur truc du botellon c’est effrayant. Pendant vingtquatre heures, ils se saoulent la gueule. La fête par essence, ça ne doit pas être à date fixe. k: La fête de la musique en est un parfait exemple... Je vois les pauvres petits (rires) qui attendent la fête de la musique pour aller faire tsing-boum-boum, alors qu’ils devraient le faire toute l’année. De toute façon, les combats qu’on doit mener aujourd’hui sont des combats pour l’éducation artistique à l’école. En France, tu n’as as une Faculté qui a un théâtre sérieux. Aux Etats-Unis, chaque campus a un théâtre équivalent au théâtre de la ville, moderne avec fosse d’orchestre, etc. L’américain Spielberg a commencé par exemple avec une caméra de l’université prêtée pour les cours de fin d’année. En France, on enseigne que la théorie, ceux qui fait que les jeunes qui sont intéressés par le théâtre sont orientés à devenir critiques, c’est-à-dire à chier sur les spectacles, à dire ça j’aime, ça j’aime pas, parce qu’ils n’ont pas d’outils pour pratiquer. C’est comme si tu avais une école de menuiserie, mais pas de sabots, de scie et de bois. Tu apprends la menuiserie dans l’abstrait. Le grand problème de la France, c’est qu’on ne pratique pas les arts à l’école ou très très peu, y compris le dessin, la musique n’en parlons pas, donc tu as des enfants qui deviennent adolescents, puis adultes et qui n’ont aucune formation artistique. Le niveau de la formation artistique du public français est extrêmement bas par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne par exemple ou les Etats-Unis.

k: Une autre phrase de toi : « Le Circus est dans les spectateurs comme un poisson dans l’eau ».

‘‘ Le vrai mouvement alter mondialiste, ca devrait consister a essayer d’avoir une contre force contre la puissance extraordinaire de la tele. ’’ C’est un critique anglais très célèbre qui s’appelle Harold Holdson qui disait, « je suis allé voir le spectacle de Mouchkine, le public est pour les comédiens de Mouchkine comme des meubles sur lesquels ils risquent de se faire mal, alors que chez Savary on a l’impression qu’ils sont comme des poissons dans l’eau. » On avait des travelos qui s’asseyaient sur les mecs, des filles à poil qui volaient les portefeuilles des spectateurs. La première règle que j’ai toujours enseigné aux comédiens qui jouent chez moi, c’est de ne pas avoir peur du public, et au contraire de se sentir bien et ça c’est un art. Il ne suffit pas de jouer au milieu du public et on a appris ça en jouant dans la rue, car quand tu joues dans la rue, tu as la lumière du jour qui est d’une extrême cruauté... tu vois tous les boutons... tu es à la proximité des gens... si ton costume pue, le public sent l’odeur de ton costume... et donc, tu dois apprendre à ne pas avoir peur du public... et cela n’est pas enseigné, à tort, dans les écoles. Car le spectacle vivant survivra si il y a du public. J’ai dit aussi, un théâtre populaire vide, c’est une aberration. Et pour ça, il faut dialoguer avec le public. Parce que le type qui va prendre une douche, mettre une chemise, prendre le métro, dépenser entre 20 et 40 euros pour aller se faire

k: ...Ferme ta gueule ! Ferme ta gueule oui (rires)... et il l’a fait. Quand tu passais à TF1, lors d’une émission en direct en pleine aprèsmidi, et que le chaperon rouge se faisait baiser par le loup sur scène, De Gaulle a téléphoné et a viré le mec de l’émission. Si tu veux, il y avait un vrai mouvement dans les magazines et la presse, une espèce de liberté, alors qu’aujourd’hui on les a toutes gagnées les libertés... à part les caricatures sur Mahomet, t’écris ce que tu veux, tu fais ce que tu veux, et tu sais plus où aller... Du coup, on revient à un esprit de sérieux et on a perdu le côté festif, on ne sait plus faire la fête comme à l’époque du Magic

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chier dans un théâtre, c’est aberrant. Tu dois aller au théâtre comme tu irais à une fête, avec plaisir, en te disant, je vais vivre quelque chose d’unique. En dehors des one man show qui sont les purs produits de la télé, au théâtre aujourd’hui, un spectacle sur deux, c’est les mecs qu’on voit à la télé, Ruquier, etc. Je crois que la nouvelle résistance devrait consister à réagir contre ça, mais pour ça il faut former un public, il faudrait qu’il y ait une forme d’écologie. Le vrai mouvement alter mondialiste, ça devrait consister à essayer d’avoir une contre force contre la puissance extraordinaire de la télé. Moi, je ne suis pas contre. Quand on m’invite chez Sébastien, j’y vais, car j’ai compris qu’il fallait sortir du ghetto culturel, mais ce contre-pouvoir devrait être une forme d’écologie et passer par l’enseignement des arts à l’école, à la maternelle, aux petits. Il ne faut pas avoir peur d’être un has been, car il vaut mieux être un has been qu’un never has been. Et quand je serai fatigué, j’irai sous le pont des Arts, et là, je ne me poserai pas la question de savoir si les arts me sont reconnaissants, parce que l’art, il ne faut pas en parler, il ne faut pas y penser, il faut le faire et puis c’est tout. k: Que réponds le Savary d’aujourd’hui au Savary de trentedeux ans qui disait : « Je ne crois pas à l’immortalité des talents, peut-être que dans dix ans, je serai complètement dépassé » ?

K A M I K A Z E

C’est possible. De toute façon, en art, il est absolument indispensable d’intégrer la notion d’échec. L’artiste par essence ne déploie son énergie que pour triompher. Le métier de metteur en scène de théâtre est un métier militaire. On dit la troupe, on

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emploie beaucoup de termes militaires. Napoléon caressait la tête des grognards en leur disant nous allons au triomphe, alors qu’il savait très bien qu’il les envoyait se faire massacrer sur l’aile gauche pour pouvoir contourner l’ennemi par l’aile droite. Au théâtre, c’est pareil, tu passes ton temps à dire, on va faire un tabac, on va casser la baraque, et le lendemain de la première, les acteurs ne se saluent même plus car un journal a écrit qu’il y en avait un qui était génial et l’autre à chier, alors qu’ils ont été ensemble en communauté pendant deux mois. La notion d’échec est indispensable et aussi ne pas se prendre au sérieux. Je crois que les gens qui ont duré et résisté sont des gens qui ne se préoccupaient pas trop de savoir s’ils allaient passer à la postérité. Cézanne on lui chiait dessus, Picasso, on lui chiait dessus, on disait que c’était de la merde. C’est la différence entre l’art pompier, le mec institutionnel qui disparaît aux oubliettes et le type qui a le courage de ne pas chercher à plaire, à être en phase avec ce qui se passe, mais à trouver un groupe d’amis et prendre son pied. Il ne faut pas chercher à plaire, il faut chercher à avoir un langage propre, à s’exprimer soi-même, et puis après ça vient ou ça ne vient pas. Je dis toujours aux artistes qu’ils ne sont pas professionnels. Un artiste professionnel, c’est comme un président de la République. Il faut réhabiliter la notion d’amateurisme. La seule chose qui m’intéresse, c’est de gagner ma vie en essayant de m’amuser. k: Peux-tu raconter à un jeune de mon âge en quoi le Magic Circus était important ? Déjà, il y avait une notion de tribu, il y avait une solidarité extraordinaire. On était très nombreux dès le début. Le Magic Circus a plu très vite à des gens comme Delfeil de Ton, comme Colette Godard qui étaient dans l’avant-garde. On est très vite devenus au théâtre une référence internationale. Raconter le Magic Circus, c’est des gens qui sont des clowns et en même temps des poètes. Il y a énormément de mélancolie. Ce sont des numéros, mais pas de la magie ni du cirque, puisqu’on s’appelait le Magic Circus et ses animaux tristes. Les animaux ce sont les hommes. L’homme est un animal triste car il a perdu le sens de l’animalité. Ce n’est pas du cirque, ce n’est pas du music-hall, mais il y a toujours eu de la musique, il y a toujours eu des chansons. C’est une forme de théâtre pas du tout

d’avant-garde qui a été perçu comme d’avant-garde en réaction à un théâtre colonisé par la littérature. Mais ce que faisaient Molière, Shakespeare, c’était pareil, le mélange de texte, de numéros de cirque, d’images, d’effets de magie, de pyrotechnie. Ce qui est important dans ce mouvement, c’est que nous n’étions pas les premiers de la classe, plutôt les cancres. Tu avais à côté les meilleurs de la classe, Chéreau, les mecs qui sortaient de Science Po, etc. Des gens comme Topor, Wolinski, c’étaient les cancres. Il y avait un côté cancre au départ. Vitez, lui, parlait cinq langues, était prof d’université. On a été une génération vernie. Il n’y avait pas le sida encore. Quand le sida est arrivé, j’ai énormément de copains qui en sont morts. Copi s’il avait vécu six mois de plus, il serait encore vivant avec la trithérapie. Ça a été une chape de plomb terrible, l’arrivée du sida. On n’avait pas le sida et on avait déjà la contraception. Je me suis même battu et j’ai été mis au poste car je défendais la liberté d’avorter. On a vraiment été vernis. Pas de chômage, pas de sida. La


pilule. On s’envoyait en l’air comme des bêtes. Chaque fois qu’on jouait, il y avait trois filles quim’attendaient à la sortie. Je choisissais ma compagne du soir. C’était un autre monde et le public était joyeux aussi. Il n’y avait plus la guerre d’Algérie, il y avait du boulot. C’était l’explosion des vacances, de l’automobile. J’appelle ça la génération Sergent Papers, Lonely hard club band, ce qu’on écoutait à Ibiza. C’est d’ailleurs très bizarre que sur le plan culturel ou musical, quand tu vois que Polnaref fait cinq Bercy complets, c’est assez désespérant (rires). On ressort les vieux mammouths. Les mecs, Mick Jagger, 65 ans... ça prouve que cette génération-là a été extrêmement créative, mais c’est pas seulement du aux artistes, c’est du aussi à la société, à l’environnement. Ce sont des générations qui sont particulières comme les années 30 quand il y a eu la dépression aux Etats-Unis ça a été l’âge d’or de la comédie musicale. Il faut dire aussi, qu’en période d’euphorie économique, les gens prennent beaucoup plus de risques. Ils vont vers l’avant-garde, voir des spectacles en banlieue. Maintenant les gens vont vers des choses sûres car d’abord ils n’ont pas beaucoup de fric. Quand tu vas à un spectacle, tu vas à un spectacle où tu es sûr de te marrer. C’est pour ça que je remplis les salles, les gens me disent, c’est peut-être pas bon, mais on se fait jamais chier. En période de crise économique, les gens ont envie de rêver. C’est comme dans les années 30 avec la comédie musicale, les gens n’avaient pas envie d’aller au théâtre voir l’histoire d’un chômeur qui se pend dans son chiotte. Ils ont envie d’aller voir Walt Disney, etc. La prospérité favorise l’avant-garde et la crise favorise le commercial, le rêve.

[1] Dessinateur et graveur lorrain du 18 e siecle. [2] Dictionnaire amoureux du spectacle, Jérôme Savary, éditions Plon, 2004. Le site de Jérôme Savary : www.laboiteareves.fr

K A M I K A Z E

interviewé par Philippe Krebs

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imposture - Non, la 6 ça capte super mal, sur Canal y’aurait pas un bon film de boules ? - Excusez-moi ?? - Un film de cul ! Je suis fan de Laure Sinclair, faut que je me pignole, en prison je devais me palucher en mattant la miss météo, ça va me changer ! (vraiment énervé) Ecoutez votre vie intime ne me regarde pas, sur Canal c’est un film avec Daniel Auteuil «The lost song», maintenant faîtes ce que vous voulez... - Allô, monsieur Simon ? - Oui, lui même. - Excusez-moi de vous déranger, je suis votre nouveau voisin, je viens d’emménager ce matin dans l’immeuble. - Ah ! C’est vous qui avez repris le petit studio du deuxième ? - Exactement, je ne voulais pas vous déranger mais ce soir j’aimerais regarder la télé et je ne trouve plus mon Télé 7 Jours, il doit se trouver dans un de mes cartons, mais je ne les ai pas encore tous ouverts. Alors je me suis dit que vous pouviez peutêtre me renseigner sur les programmes ? - Il n’y a aucun problème, je vous demanderais juste deux minutes, le temps d’aller chercher mon programme. (il s’en va) - Magne toi quand même le cul j’ai pas que ça à branler ! (il revient) Comment ? Vous disiez ? - Je disais que vous étiez bien aimable... - Bon, ce soir il y a «Les enfants de la télé» avec Arthur sur la première chaîne. - Je ne regarde jamais ce genre de grosse merde, c’est du lèchage de cul entre pote sur fond de «Vidéo Gag», il nous refourguedu mille fois vu, c’est pour les beaufs, sur france 2 y’a quoi ? Et grouillez-vous j’ai ma soupe sur le feu...

- Il est pas bandant lui, ça raconte quoi ce film ? - J’ai plus le temps monsieur, c’est un bon film d’après la critique, il a eu un prix. - Ouais, je vais me faire ça. Vous avez Canal? - Oui, pourquoi ? - Moi pas, vous pouvez me prêter votre décodeur pour ce soir ? (hors de lui) Vous vous foutez de ma gueule ou quoi ? Il ne faudrait tout de même pas exagérer ! Je suis gentil mais il y a des limites, là j’ai l’impression que vous me prenez pour un con. - Pas du tout, juste pour un enculé de voisin qui ne veut pas rendre service à un autre voisin. C’est beau la solidarité ! Ne comptez pas sur moi si votre femme a besoin de sel ou si votre fils cherche du shit, c’est à coups de pompes dans le cul qu’ils seront accueillis. (furieux) Vous êtes un malade mental!! je préviendrai le syndic de notre conversation! je... - C’est ça, si je te croise dans l’escalier je t’éclate la tronche, je te fais bouffer tes dents, attends je descends j’arrive on va s’expliquer... (il raccroche)

MORBAK voisin irrascible.

(légèrement irrité) Moi aussi monsieur je suis à table et mon repas refroidit pendant que je vous renseigne. Alors sur la 2 vous avez un reportage sur la police dans les banlieues... - Putain de bordel de merde, je viens de sortir de taule il y a tout juste un mois, c’est pas pour me farcir un reportage sur les K poulets ! Il n’y a pas de film ce soir dans A cette télé à la con ?

M I K A Z E

- Attendez, je regarde...sur la 3 c’est un match de foot...sur la 6 par contre vous avez un film d’action si ça vous intéresse.

58 sept 2009

Illustrations : Pixel Vengeur


pour eviter que

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tir a vue

e

tre mec. Avoir des poils au menton, et se raser en rotant très fort ne suffit plus pour affirmer sa virilité, non, être mec implique beaucoup plus de sacrifices qu’un simple rituel capillaire occasionnel, être mec c’est bien plus que ça.

Paradoxalement aujourd’hui, pour affirmer sa masculinité, il faut savoir être femme avant tout, l’apanage de l’homme moderne passant par savoir tenir une maison, tout en étant coquet, sensible, attentionné, propre sur soi, intelligent, sexy, drôle et poli. Et si en plus tu peut être foutu comme un mannequin de la redoute et baiser comme un dieu, c’est encore mieux.

K A M I K A Z E

Un vrai parcours du combattant pour celui qui aime à se gratter les couilles, en slip dans le salon en s’matant la télé. Le tour de force consistant à allier les deux bien sur, le mâle prédominant du 21e siècle ayant la particularité de gérer sa schizophrénie latente sans broncher. Cette instabilité hormonale ayant pour effet de rendre le plus endurci des machistes perplexe, hésitant entre l’icône immuable du mâle protecteur et luisant de sueur, et celle de la soubrette soumise et compréhensive…mais à force de se faire rabâcher les oreilles avec la nécessité sociale d’une telle œuvre de salut public, ainsi que du potentiel de séduction indéniable de cette démarche, achevera de convaincre les chasseurs de mammouths en rut que nous sommes. (les chasseurs en rut, pas les mammouths hein.) Les filles n’échappent pas à cette symbiose générationnelle, elles non plus. Affichant avec arrogance leurs bonnes grosses paires de bollocks, tel un étendard significatif de leur féminité retrouvée, bousculant par la même occasion les codes d’un carcan oppressant imposé par quelques siècles de soumission(s). Aujourd’hui, pour se séduire, les filles

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sont mecs, et les mecs se doivent d’être filles, comme si le constat de la différence entre les hommes et les femmes d’où résulte une incompréhension insoluble, avait donné lieu à une réponse ultime et pragmatique ; soyons tous égaux en étant tous pareils, comme ça au moins y’aura plus d’emmerdes. Ma perception de ce phénomène

social, que je prenais jusqu’ici pour une évolution des mœurs presque naturelle et evidente,(car malgré tout, influencée par une société consumériste, qui a vu là l’opportunité d’étendre son marché aux deux sexes), s’est littéralement effondrée lorsque que j’ai eu un fils. Moi qui le pensait jusqu’ici épargné par les aléas de cette affirmation de soi consensuelle et forcenée, m’appliquant à lui donner une éducation neutre, lui laissant le choix de choisir son sexe

en cours de route, l’ouvrant ainsi aux méandres insondables de l’art, la nature, et le bon gout. Je fus le premier à être surpris de constater que ce petit con suait la testostérone à pleines gouttes, et sur mon tapis en alpaga en plus, saloperie. Malgré tout mes efforts, mon ptit bonhomme que je croyais vierge de toute influence comportementale, s’avére être le prototype même du petit mec macho dans toute sa splendeur. Cette petite brute d’à peine deux ans et demie, refuse obstinément d’admettre qu’il puisse y avoir des choses plus intérressantes dans la vie, qu’une grosse voiture rouge, objet unique de son attention, reniant par là même l’influence paternelle, qui circule à vélo ce gros ringard, et qui n’a même pas son permis en plus, ce vieux plouc. J’ai beau lui expliquer qu’on n’est pas non plus obligé de se battre cinq fois par jour pour s’épanouir physiquement, mais son taux d’hormones excédant la moyenne nationale, ce petit morveux n’entend rien aux subtilités du Tai-chi, et confond Feng-shui, et Kungfu. Je ne sais pas non plus d’où lui vient cette passion pour le foot, pas plus que sa fâcheuse propension à rire grassement de ses pets sonores, et c’est sûrement pas à la crèche, antre de la douceur féminine, et creuset de la délicatesse sirupeuse et de l’adoucissant parfumé, que mon rejeton à appris ses mauvaises maniéres. Ses camarades subissant eux-mêmes les resultats de la conception toute particuliére que se fait mon fils d’une bonne partie de rigolade, à savoir se foutre sur la gueule à grands coups de lego surdimensionnés, bien plaçé entre les gencives, le tout avec le sourire en plus. Son rapport à la bouffe n’a d’égal que celui d’une autopsie de médecin légiste


après le passage du « boucher des quat’pattes», non content d’en mettre autant sur les murs que dans son estomac insatiable, il privilégie la viande rouge aux légumes bios que j’ai l’outrecuidance de lui proposer, non sans m’être reculé de dix pas, avant de me preparer à éviter le traditionel baptême de l’air légumifére de son écuelle virevoltante. A propos de son rapport avec le sexe opposé, quand il n’est pas en train de lui tataner la gueule, mon trésor ne s’embarasse pas non plus avec les régles de bienséance qui ont rendu si compliqué un acte aussi simple, et s’en va se servir lui-même, avec, ou sans consentement de l’heureuse élue. J’aurais aimé pouvoir lui inculquer les préceptes de la nature humaine sans avoir a changer ce qui fait toute sa personnalité, lui apprendre qu’être un homme ce n’est pas nécessairement affirmer sa virilité dans chacun de ses gestes, qu’il peut aussi faire preuve de sensibilité sans heurter celles des autres à coups de grandes baffes dans la tronche, ou encore que le concept de « chochotte » n’est pas forcément un sacerdoce, que de nos jours, il faut savoir tirer les leçons du passé, et qu’il va devoir supporter le poids de la culpabilité de plusieurs centaines de décennies de dictature masculine si il veut pouvoir se taper des gonzesses à couilles rabattues dorénavant. Si j’avais pu au moins lui faire comprendre que le futur de l’homme réside dans sa capacité à juguler ses instincts primaires et ancestraux sans avoir à brider son tempérament naturel, pouvoir lui faire entendre que de faire semblant était déjà une preuve de compréhension envers la gente féminine, si j’avais put lui transmettre tout ça, j’aurais au moins la satisfaction personnelle de pouvoir présenter mon fils comme étant le fruit d’une éducation saine et équilibrée, et par conséquent asseoir mon rôle d’homme du futur d’hier. Mais non, mon fils n’est pas douceur et compréhension, mon fils ne sera pas le gendre idéal, ni le prince charmant de demain, et à l’instar d’une mère de staracadémicienne, je ne puis fonder les espoirs de notre génération sacrifié sur l’autel du féminisme éxacerbé, sans commencer par lui apprendre à mentir aux femmes. Les lendemains qui chantent auront la voix éraillé du mec qui à trop picolé la veille. Bref, suite à mes observations, et malgré mes vaines tentatives d’éducation pour tenter d’en faire l’idéal masculin selon l’oréal et Marie-Claire, et de réussir là ou j’ai moi-même échoué, j’en suis venu à l’évidente conclusion que d’être un gros bourrin ne s’apprenait pas, c’est inné chez nous. Soit. Mon fils n’est pas une tapette donc. par Gaël.

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copinages volontiers festifs, provocateurs, rompus aux ficelles médiatiques. Les auteurs les ont suivis dans leurs combats. Laurent Jeanneau et Bastien Lernould Les nouveaux militants éd.Les Petits Matins-12€.

Didier Porte, «Porte flingue», ce jeu de mots à hurler de rire est le titre du dernier livre de Didier Porte, paru le 7 mai, en vente pour la somme dérisoire de 17 euros. C’est moins cher que des Ray-Ban ou qu’une pince à moule signée Nadine de Rothschild. Pour ce qui est du contenu, la couverture est assez parlante. Et on ne fera pas de commentaire sur le mot pires (du genre: « Oui-oui, on confirme »). Le dernier, avec son collègue Daniel Morin, à nous faire pisser de rire tout en réfléchissant !

Le petit livre de merde, Autant de questions sur la merde des animaux que vous ne vous êtes certainement j a m a i s p o s é e s , par pudeur ou simple retenue. De la bouse au crottin en passant par la fiente et le guano, plus de 50 déjections étudiés içi avec humour et intelligence, ce petit livre de merde est tout sauf un livre à chier ! Matt Pagett Le petit livre de merde éd.Chifflet et Cie.2009-9,95€.

Didier PORTE Ses pires chroniques du «fou du roi» éd.Ramsay.2009-17€.

Rien n’arrête Berth, aucun sujet n’est tabou, son humour corosif ne connait pas de limites et c’est pas près de s’arranger! Berth, c’est l’humour qui tache, celui qui gicle bien comme il faut, là ou il faut.On se vautre avec plaisir dans le vomi, le sang et le foutre seché. Un livre à lire en cachette aux chiottes en chiant. Berth. C’est facile de se moquer. éd.Chien Rouge-8€.

Merlot part pour une escapade en solo-hiphopofolko-reggaebluesy avec un ovni appelé «Chansons d’amour... et de haine». Manu devient Merlot le temps de quelques chansons d’humeurs et révèle une plume noire et drôle entre NTM et Boby Lapointe, entre 50 Cent et Jean Ferrat. Ce n’est pas de la nouvelle chanson française, ni du ragga old school, ni du arrènebi, c’est de la poésie de comptoir, de la prose de trottoir, des rimes de banlieusard... chansons d’amour et de haines.Merlot-16,35€.

K A M I K A Z E

Les nouveaux militants Qui sont ces activistes d’aujourd’hui, adeptes du «coup d’éclat permanent» ? Pourquoi ont-ils tourné le dos aux luttes politiques et syndicales traditionnelles ? Leurs actions, ciblées, sporadiques, sontelles voueées à s’éteindre aussi vite qu’elles ont surgi ? Peuvent-ils réellement changer la société ? Ce sont les nouveaux militants,

62 sept 2009

Pixel Vengeur prend, une fois de plus, un malin plaisir à tordre le coup à nos bonnes vieilles idoles d’antan.Cette foisci c’est Flash Gordon qui s’en prend plein la djeule, toujours incarné par notre Dingo Jack national, une aventure bien déjantée, pleines de nazis fous, de savants crétins et de monstres à poils ras. Pixel Vengeur. Mongo Fury.. éd.Vents des Savanes 2008-13,90€.

Les Ramoneurs de Menhirs, deux sonneurs bretons, Eric et Richard avec un chanteur, Maurice qui revisitent les airs traditionnels celtiques sur fond de boite à rythmes et accompagnés des riffs de Loran (ex-bérurier noir). Du pogo, du biniou et la fête !! Dans an diaoul. Les ramoneurs de menhirs-19,35€.


v ours Staff Editrice: Teresa Pimentel-Robledo. Directeur Publication: César Mark Möeller. Directeur de la Rédaction & Rédacteur en Chef: Marc Bihan. marc.kamikaze@gmail.com Directeur Artistique: Gaël Denhard. gael.kamikaze@gmail.com Directrice Production: E de Monzac. Pour tout envoi de dessins-textes et photos envoyez à :KAMIKAZE 58, rue du chateau-landon-75010 Paris. contact m@il: gael.kamikaze@gmail.com

Vous pouvez également nous écrire à courrierdeslecteurs.kamikaze@gmail.com

Ont participé à ce numéro: Textes Gustave kervern - John Bollocks Philippe Krebs - Docteur D Pierre Derensy - The Great Dictator Gaël - Mr Morbak et Marc Bihan. Dessins et illustrations Pixel Vengeur - Lefred Thouron Lerouge - Berth - Barros Lasserpe - Mabic et Gaël. Photomontages Morbak - Gaël. Photos: Notimart - Patrick Fouque. Maquette: Clem et Gaël. merci à Ben, Edith ainsi qu’à la mère à J.C et à Dédé pour le studio.

Kamikaze N°1 Mensuel tiré à 45000 ex est une publication du group Taïpan Média Press Ltd 72, New Bond Street - London édité par: Loxias Media Presse 37, Bd des Batignolles -75008 Paris. Bureau du sud 15, rue du Gers - 31400 Toulouse

K

A. imprimé par Roularta en Belgique

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I le prochain numero de K kamikaze sortira A Z en octobre 2009 E Juin 2009

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2009 kamikaze N°1- septembre 2009.imprimÊ en belgique.


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